- Speaker #0
Hello et bienvenue dans Entre nous, le podcast où nous explorons les secrets du management et du leadership à travers les parcours uniques de celles et ceux qui sont sur le terrain. Je suis Magali Vanet, coach, consultante et formatrice spécialisée en management et gestion d'équipe. Le monde du travail est en constante évolution. Nous devons sans cesse nous adapter et développer de nouvelles ressources pour trouver notre place. Et c'est un vrai challenge. Je vous embarque avec moi pour découvrir comment mes invités façonnent le monde de l'entreprise et relèvent ses défis dans leur quotidien de manager. Ce podcast, c'est aussi une invitation, à travers les thématiques et les histoires partagées, de se questionner sur ses propres pratiques et de se laisser inspirer de l'expérience des autres pour mieux prendre sa propre place. L'idée n'est pas de reproduire un schéma de management, mais bien de dessiner son propre chemin et surtout de vous sentir à l'aise dans votre rôle et à libérer votre potentiel. Merci. Comme j'aime le dire, chaque parcours de manager est unique. Par contre, s'inspirer, se nourrir de l'histoire et des expériences des autres est une vraie richesse pour son propre parcours. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Anne-Isabelle Dupré pour parler de son propre parcours, de ses défis et de sa vision du management. En 1998, à seulement 19 ans, elle se lance dans l'entrepreneuriat et crée, avec Patrick Lebas, la société Patrick Location, active dans la location de véhicules. Dix ans plus tard, Anne-Isabelle quitte l'entreprise. Elle y revient en 2022 pour reprendre la direction de cette PME active en Suisse romande. Alors, hello Isabelle !
- Speaker #1
Hello Magali !
- Speaker #0
Merci infiniment d'avoir accepté cette invitation, mon invitation à venir sur le podcast Entre Nous.
- Speaker #1
Merci à toi de m'avoir invitée, c'est un vrai plaisir.
- Speaker #0
Je me réjouis de passer ces prochaines minutes avec toi.
- Speaker #1
Oui, moi aussi.
- Speaker #0
Et peut-être pour démarrer, avant d'entrer dans le vif de sujet de ton parcours, de ton histoire, peut-être de nous présenter en quelques mots la société Patrick Location.
- Speaker #1
Oui, avec plaisir. Alors, Patrick Location, à la base, s'appelle Garage Location Patrick S1. Elle est devenue une SA en 2003 et puis maintenant depuis 2022 j'ai repris la direction seule, ce qui a été un grand défi pour moi. Nous sommes dix collaborateurs en tout, répartis sur trois sites. Il y a le site principal qui est Bussigny, il y a le site secondaire en niveau importance de chiffre d'affaires qui est Genève. qui est actuellement au Petit-Lancy, et puis l'agence de Nyon, qui est plus petite, mais qui est historiquement importante, parce que c'est là où est le siège social. Donc nous sommes actifs dans la location de véhicules, utilitaires en principe, en activité principale, pardon, et puis aussi on a les voitures, là plutôt dirigées sur des voitures à prix adaptatif, et pour les petits budgets surtout. Donc on a des citadines et depuis l'année passée, on a commencé à avoir les familiales, qui sont des joggers, convertibles à cette place.
- Speaker #0
En 98, tu crées la société avec Patrick Lebas. Peut-être, si on revient dans cette période-là, qu'est-ce qui vous a amené à créer cette société ? Et toi, tu avais seulement 19 ans, donc très très jeune. Quels ont été les points de départ finalement de cette histoire de Patrick Location ?
- Speaker #1
Alors ça vient surtout de M. Lebas, parce que lui il a toujours eu, quand je l'ai connu j'étais très jeune, j'avais 16 ans, lui ça a toujours été la passion des automobiles et puis surtout de retaper des vieilles voitures pour les revendre en fait. Donc c'est parti de ça, d'où la location de véhicules d'occasion à la base. Et puis il a eu en 1995, il a essayé de lancer son propre garage. qui n'a pas fonctionné. Il s'est retrouvé assez rapidement endetté. Il a été en faillite personnelle. Et toujours dans cette volonté, en fait, moi, je l'ai suivi. C'était vraiment, comment on peut dire, jeune et puis amoureuse. Donc, du coup, j'ai suivi ce jeune homme dans sa démarche entrepreneuriale. Et puis, lui, comme il n'y arrivait pas, finalement, on a été assez complémentaires. Lui avec les idées de base et moi avec ma... ma façon d'être plus rigoureuse, plus anticipative de certaines choses.
- Speaker #0
Comment vous avez fonctionné au démarrage ? Vous étiez deux personnes très différentes, tu l'as suivi dans cette aventure. Comment vous avez fonctionné ? C'était une toute petite entreprise, vous n'avez commencé que les deux. Oui. À partir de quel moment, peut-être, vous avez engagé un ou... Alors, plusieurs collaborateurs ?
- Speaker #1
Justement, le concours de circonstances, c'est qu'on avait un local à Écublan. Lui avait engagé un mécano qui retapait les véhicules. Et en fait, le mécano a mis le feu à une voiture en soudant. La voiture a embrasé le... le local à l'époque. Et puis, comme lui était en faillite personnelle, c'est moi qui avais toutes les assurances à mon nom. Donc on a touché de la part de l'ECA, enfin j'ai touché de la part de l'ECA une somme, et puis ce qui nous a fait en fait notre fonds de commerce. Le hasard, un des choses, a voulu qu'on tombe sur une annonce pour la reprise de véhicules d'une personne qui était aussi en faillite, à Dange, qui avait justement la location d'utilitaire. C'est en ayant pu racheter son fonds de commerce grâce à l'argent de l'ECA qu'on a pu fonder Patrick Location à Dange. Et toi,
- Speaker #0
comment, dans cette première expérience que tu as fait chez Patrick Location, comment tu as pris ta place ? Qu'est-ce que tu as appris de ces premières années entrepreneuriales ?
- Speaker #1
Alors ce qui était bien c'est quand même vraiment des rôles assez naturellement définis. Ben moi en fait ayant pu un petit peu faire des études, je suis pas allée très très loin mais j'ai quand même fait le gymnase. J'ai vraiment appris le business en lui-même. En fait, il y a tout un côté très intuitif chez moi. Il y a quelque chose qui est visiblement inné à la base, ça je ne peux pas l'expliquer, qui fait que je me suis toujours sentie très à l'aise dans l'organisation, dans l'administration, dans la gestion. C'est vraiment quelque chose d'inné, donc je ne peux pas expliquer ça. Et puis c'est vrai que... Je me suis sentie bien là-dedans, et puis vraiment comme si j'étais dès le départ à ma place. Et vraiment, c'est M. Lebas qui avait plutôt, Patrick, qui avait vraiment ces idées de se dire, on va se développer là. Et puis moi, j'étais toujours un peu, si on peut imaginer la chose, quand on a un côté le petit diablote, et puis le petit ange, chacun sur une épaule. Moi, j'avais plutôt le côté petit ange, attention, les risques. Et puis lui, le petit diablotin à vouloir des fois aller dans des chemins de traverse pas toujours, comment dire, clairs en fait. Donc on fonctionnait vraiment comme ça.
- Speaker #0
Qu'est-ce que ça t'a amené ces années où tu as eu différentes fonctions, différentes fonctions différentes, dans des entreprises différentes ? Donc voilà, si tu as envie de nous partager un petit peu cette période entre tes deux expériences de Patrick Location.
- Speaker #1
Alors déjà le départ de Patrick Location en 2008 n'a pas été volontaire, je tiens absolument à le souligner.
- Speaker #0
C'est bien, merci de nous le partager.
- Speaker #1
Voilà, c'est vraiment la conséquence de la séparation avec M. Lebas. Du coup, lui a estimé qu'on ne pouvait pas continuer à être séparés et diriger la société aux deux. Et comme c'est lui qui était déteneur du pouvoir et des parts de Patrick Location, donc il a décidé de me licencier. Pour moi, ça a été très difficile après 14 ans d'avoir monté cette boîte. C'était mon deuxième bébé parce qu'entre temps, il y a eu Gaël qui est né en 2003. Mais on va dire que Patrick Location était mon premier bébé, Gaël mon second. Donc ça a été un choc et vraiment quelque chose de très difficile, une passe très compliquée.
- Speaker #0
Finalement, ça montre aussi que quand on est dans une affaire familiale, c'est une entreprise familiale créée à deux. Et puis ensuite... Malheureusement, les circonstances de la vie avec une séparation font que le business ne pouvait plus se poursuivre à deux.
- Speaker #1
Non, c'est très difficile. Après, je veux dire, ce serait une intelligence assez émotionnelle de pouvoir se dire, de continuer à deux cette entreprise. Mais je veux dire, la décision avec le recul, elle ne pouvait pas être autre. Je ne pense pas que ça aurait été viable de continuer comme ça. Il y en a un qui a un peu plus souffert que l'autre ou du point de vue, je pense, à l'époque de Monsieur Lebas, lui, ça a été une souffrance, on le guillemet, émotionnelle par rapport à son mariage. Ça, je peux l'entendre. Mais c'est vrai que pour moi, ça a été 14 ans. Il faut s'imaginer que j'étais toute jeune quand on a commencé, j'avais 16 ans. J'ai parallèlement toujours avancé autant avec mon gymnase, mon apprentissage. J'avais un travail et puis j'ai toujours fait... enfin, travailler à Patrick Location en parallèle et pour que ça devienne mon activité principale.
- Speaker #0
Donc, pendant une quinzaine d'années, tu as eu différentes expériences après avoir rebondi, après ton départ de Patrick Location. Qu'est-ce qu'elles t'ont apporté, sans revenir spécifiquement sur les différentes expériences, mais ces 15 ans hors de Patrick Location, après on va rentrer dans ton expérience actuelle, mais qu'est-ce que ça t'a apporté pour ton parcours ?
- Speaker #1
Alors plein d'expériences différentes parce que comme je l'ai dit, on repart du bas de l'échelle en fait, sans savoir forcément non plus progresser et puis arriver à des postes de management. Ça m'a permis de voir beaucoup de choses. Par contre, ce qui est sûr, ce que ça m'a permis de constater, c'est que je n'ai jamais été à ma place dans tous les postes que j'ai fait.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Speaker #1
Disons que j'ai changé très régulièrement. C'était maximum une année, je crois le plus longtemps que j'ai fait dans un poste, c'est deux ans, deux ans, même pas deux ans et demi. Je ne me suis jamais sentie vraiment à ma place. Il y a toujours cette chose innée qui dit, ah oui, mais voilà, ça je vois que ça ne fonctionne pas, donc il faudrait faire comme ça, puis de ne pas avoir des chefs à l'écoute. En ce moment donné, je me suis toujours trouvée coincée dans mon poste en disant je ne peux pas évoluer. Puis moi, j'ai besoin d'évoluer.
- Speaker #0
Et tu avais l'impression, quand tu vivais ça, que ce n'était pas normal dans un parcours, de se dire je change assez régulièrement parce que j'ai de la peine à trouver ma place ?
- Speaker #1
C'est surtout mon entourage qui me l'a fait sentir en disant, mais bon, tu as un problème, tu es tout le temps en train de changer de poste, il y a quand même un truc qui ne va pas chez toi. Alors ça, ça a été aussi quelque chose de très difficile de la part de l'entourage, de se dire c'est moi le problème. Et ce n'est pas forcément l'environnement qui était mon problème. Donc, oui, voilà, ça, ça a été quelque chose qui a été très, très dur pour moi.
- Speaker #0
Donc, comment tu as géré finalement ces différentes fonctions que tu as occupées peu de temps ? Ton entourage te le faisait ressentir que ce n'était pas forcément normal que tu changes aussi souvent ?
- Speaker #1
Déjà, ce qui est assez drôle quelque part, c'est que ça ne m'a jamais empêchée de retrouver du travail. Parce que quand même, même en changeant très souvent, j'ai finalement toujours trouvé. Donc quelque part, ça prouve que j'avais des compétences et que j'étais reconnue pour ces compétences. Donc c'est vrai que maintenant, avec le recul, si j'avais fait complètement abstraction de mon entourage, finalement, je n'aurais pas perdu toute cette confiance en moi. Parce que ça m'a fait perdre quelque part quand même pas mal de confiance en moi. Et d'un autre côté, ça m'a fait acquérir... énormément d'expérience, ce qui est juste génial. J'ai vu des styles de management différents, j'ai vu des entreprises différentes, à taille différente, dans des domaines différents aussi. Alors, ça m'a apporté énormément de connaissances, ça m'a apporté beaucoup aussi de relations humaines. Donc, avec le recul, c'est juste enrichissant. Il n'y a pas d'autre mot. Enrichissant, et puis maintenant que j'ai aussi beaucoup évolué, ça m'apporte une confiance en me disant, Non, oui, mais... J'ai réussi à surmonter tout ça, à passer par tellement de postes différents, donc je me sens encore plus valide dans le poste actuel.
- Speaker #0
Et comment ça s'exprime dans ton poste actuel, le fait que tu te sentes à ta place, que tu te sentes bien là où tu es, parce que tu es en confiance par rapport aussi à ton parcours, ton passé ?
- Speaker #1
Je ne cache pas qu'il y a quand même toujours un petit peu ce syndrome de l'imposteur qui est toujours en arrière-fond du fait, je dirais, beaucoup de ce que les gens te disent autour de toi et puis de ce que tu peux vite être déstabilisé. En fait, c'est les décisions que je prends. C'est la confiance de mes collaborateurs aussi, parce qu'à savoir qu'il y a des collaborateurs qui sont toujours dans l'entreprise que j'avais engagée en 2006, et même notre apprenti mécanicien qui est toujours resté, qui est maintenant chef d'atelier. Donc, d'avoir leur retour à eux. Ça me permet, malgré mes doutes, de me dire, ok, si eux ils croient en moi, pourquoi moi je ne crois pas en moi ?
- Speaker #0
Qu'est-ce qu'ils te disent, ce qui te fait dire qu'ils croient vraiment en moi, mes collaborateurs ?
- Speaker #1
Alors l'avantage c'est d'avoir eu une autre direction avant moi, qui n'a pas toujours fait des choix judicieux, qui ont eu un style de management complètement différent, qui ont vraiment fait des choses vraiment différentes de ma manière d'être et de faire. Et puis, en fait, c'est bien, c'est qu'ils ont un point de comparaison.
- Speaker #0
Ça a été quoi ta stratégie ? Quels ont été tes premiers pas en revenant en 2022 ?
- Speaker #1
Alors déjà, de faire un état des lieux. de voir ce qui a été fait. C'est pour ça qu'il y avait eu deux audits de ce qui avait été demandé. Donc déjà, juste pour revenir un tout petit peu en arrière, j'ai pu revenir pourquoi ? Parce que Gaël a eu 18 ans. Donc comme M. Lebas est décédé en 2011, Gaël a touché les actions de son père et son père, par testament, avait placé des personnes dans l'entreprise, dont un curateur qui est devenu aussi le directeur de la société. Donc voilà, ça c'est juste pour remettre un petit peu le contexte. Donc en 2011, enfin 2021, quand Gaël a repris, a touché les actions, il était majoritaire, donc actionnaire majoritaire, et il m'a demandé déjà de venir au conseil d'administration. Et au conseil d'administration, avant toute chose, je pense que le plus important, avant de venir dire de nouveau une question d'humilité, en disant oui, c'était mon ancienne boîte, j'arrive, maintenant on dégage et tout le monde, c'est de dire ok. Soyons humbles, je n'ai pas la science infuse, peut-être qu'ils ont fait des choses bien, je n'avais aucune idée. Donc l'idée c'était déjà de faire un état des lieux. Donc on a fait un état des lieux, on a demandé une audite organisationnelle, une audite financière. Et puis c'est là en fait, en regardant ce qui avait été fait, de se dire ok, est-ce que ça me convient, est-ce que ça ne me convient pas, est-ce que ça me convient à Gaël ? Parce que finalement Gaël est aussi...
- Speaker #0
Comment tu l'as impliqué Gaëlle ? Avec ta place, sa place à lui, comment t'as fait ?
- Speaker #1
C'est assez naturel parce que quelque part, de nouveau, je veux dire, c'est l'héritage, quelque part c'est aussi mon héritage qu'il a eu. Et puis je ne voyais pas les choses autrement. Qui suis-je finalement pour dire oui, je suis sa maman, c'est une chose. Mais pourquoi est-ce que je devrais le spoiler et puis dire non, t'as rien à faire ? là dedans alors oui il y a ce côté maman qui dit toujours bah il doit vivre ses rêves et puis pas être attaché finalement aux rêves de son père ou ce qui était les miens à l'époque ça c'est hyper important mais d'un autre côté je pense que s'il a la volonté aussi de savoir ce qui s'est passé c'est son héritage familial qu'ils puissent aussi avoir le libre choix.
- Speaker #0
Donc tu fais cet état des lieux au début de ton retour à la direction. Qu'est-ce qui se passe ensuite ?
- Speaker #1
Alors il y avait toujours le curateur-directeur qui était en place. Je me suis dit, on va voir comment on arrive à travailler ensemble. A savoir qu'on a un contentieux émotionnel entre les deux qui n'est pas extraordinaire.
- Speaker #0
Il y a beaucoup, c'est une histoire familiale, donc il y a beaucoup d'émotionnel aussi. Quand tu... Voilà, quand on gère une entreprise familiale, on doit tant gérer le côté business, ce côté très émotionnel. Comment tu fais, ou comment tu as fait en tout cas la reprise, et comment tu fais aujourd'hui ?
- Speaker #1
Alors, j'ai eu beaucoup de soutien, notamment grâce à toi. On a eu l'occasion de travailler ensemble en coaching, ce qui m'a permis aussi de prendre du recul. Donc, je te remercie aussi pour ce travail.
- Speaker #0
Mais est-ce que tu dis ce qui est intéressant ? Alors, une nouvelle fois, sans rentrer dans le détail de l'histoire, mais tu parles de développement personnel. Mais moi, en t'écoutant, ce que je me dis, c'est finalement, quand on est à la tête d'une entreprise, il y a aussi un énorme travail de développement personnel qu'on fait avant tout. Que ça soit quand on prend un poste tel que tu as maintenant, mais aussi tout le travail que tu as fait en amont, pendant ton parcours personnel et professionnel. On a tendance souvent à... à dissocier le côté un peu développement personnel et le côté management. Que moi je trouve, et en t'écoutant, finalement ça se rejoint passablement, c'est qu'il faut aussi beaucoup faire de développement personnel, travailler sur soi quand on a un poste à responsabilité, pour pouvoir aussi être bien, bien faire son travail dans son poste à responsabilité. T'en penses quoi ?
- Speaker #1
Moi je suis totalement pour. Je pense qu'on ne peut pas être à des postes de responsabilité sans avoir un minimum d'avoir fait du travail sur soi. Parce que sinon, on importe trop de nos blessures personnelles dans des prises de décisions où on n'arrive pas justement à prendre ce recul nécessaire, qu'il soit émotionnel, ou des fois de se rendre compte au niveau contextuel, comment on se comporte dans des circonstances, parce qu'immanquablement, notre vie personnelle vient dans le professionnel. Celui qui prétend le contraire, je ne le crois pas. Moi je ne peux pas me dire oui mais moi j'arrive à dissocier. Déjà rien que là en se disant ah oui la dissociation, donc ok quand on sait le fonctionnement de la dissociation et de quoi ça vient, on se dit attends mais attends à la base il y a quelque chose de grave, alors si tu arrives complètement à dissocier les choses. Je veux dire de prendre du recul, moi je n'appelle pas ça la dissociation, mais de se dire ok. Par exemple, je te donnais l'exemple hors micro de cette interview. Je disais, je rentre à la maison, je te dis, je dissocie. Non, en fait, ce n'est pas une dissociation. Je me dis simplement, je prends du recul quand je suis en week-end. J'essaye de ne pas trop intégrer mon professionnel, bien que quand on est manager. Et surtout, quand on est à la tête d'une petite PME, il y a toujours des choses qui nous trottent dans la tête. Je pense que même le directeur Nestlé, il ne faut pas me faire croire que... Vu qu'on est à côté de Nestlé, il peut totalement se dire je ne pense pas à certains aspects du business quand je suis en congé. Donc immanquablement, mais c'est de pouvoir justement avoir fait tout ce travail en amont en se disant ok maintenant je suis à la maison, j'essaye de profiter, de voir où je peux me ressourcer.
- Speaker #0
Un exemple concret, parce que moi je trouve que c'est hyper important ce que tu es en train de dire quand on parle de prise de décision, prise de recul, parce que c'est aujourd'hui l'essence d'un manager, c'est que ça soit... d'être dirigeante de PME comme tu l'es, mais d'un manager, d'un manager de proximité, d'un manager d'un cadre intermédiaire. Donc, je dirais à tous les niveaux de management, aujourd'hui, cette notion de prise de recul, prise de décision, c'est essentiel. Surtout dans un monde qui est très incertain, des crises à répétition.
- Speaker #1
Donc,
- Speaker #0
comment tu fais ? Et puis, si tu as un exemple à nous partager. vraiment pour prendre ce recul et comment ça impacte ta prise de décision. Avec un exemple vécu... Et on a tous les jours, d'après ce que tu me racontais tout à l'heure.
- Speaker #1
Disons que c'est vrai que le contextuel, depuis deux ans, je peux le dire qu'il me manage beaucoup, il me challenge beaucoup. On est vraiment dans une période très... depuis le Covid, je pense, il y a beaucoup de choses, le monde a beaucoup changé. Déjà, j'en aurais plein. On a eu tout récemment, je pense le plus récent, c'est l'augmentation des primes pour les assurances des véhicules, où j'ai eu la surprise d'apprendre que notre assurance nous augmentait de 30% nos primes, ce qui est énorme. Il y a déjà eu pas mal d'augmentation depuis maintenant deux ans. Et là, la première chose, c'est de se dire, non mais ce n'est pas possible. Comment on peut augmenter de 30% ? Je pense que le plus important déjà, c'est de libérer l'émotionnel. C'est vraiment, quitte à exploser, aller exploser les choses qui vont vous justement venir toucher vos blessures, d'évacuer tout ce qui peut impacter émotionnellement les annonces qu'on vient vous faire, en fait. Et de le laisser évacuer, puis de se dire, de reconnaître déjà ses propres émotions par rapport à ça. Je pense que ça, c'est le... Le plus important, c'est vraiment de reconnaître ses émotions. Et ça,
- Speaker #0
c'est déjà une partie du chemin, quand on reconnaît ses émotions. Ça permet déjà de faire un pas de recul.
- Speaker #1
Exactement. Déjà de les reconnaître, déjà qu'on en a, qu'elles existent. Et puis de se dire, les accepter et de les analyser. Pourquoi ça m'a fait monter dans les rupteurs une telle prise ? Pourquoi ça me dit, quelle est la blessure qui vient là derrière ? Et puis après, c'est de le digérer. C'est Ok, là, j'ai reçu cette annonce, je me suis dit, c'est pas juste, c'est dégueulasse. Donc, j'ai mis mon côté guerrière. Il faut que je me batte contre ça. Allons-y, je vais faire ci, je vais faire ça. J'ai demandé, je ne suis pas d'accord. Allez protester. Ok, ok. Alors, c'est bien parce que finalement, j'ai réussi à obtenir une petite réduction. Alors, pas autant que ce qui serait souhaitable pour l'entreprise, mais j'ai pu obtenir quand même quelque chose. Puis après, par rapport à ça, c'est de se dire, ouais, mais je veux encore plus, parce que c'est vraiment pas juste. Puis, ok, stop. Stop, laisse passer le week-end, ou laisse passer deux, trois jours, analyse la chose, et puis de toute façon, qu'est-ce que tu peux maîtriser ? La question, elle est là, finalement. Qu'est-ce que tu peux maîtriser, et qu'est-ce que tu peux pas maîtriser ? Je ne peux pas maîtriser le monde actuel. Par contre, qu'est-ce que je peux maîtriser ? Ok, c'est de nouveau de la réduction de coûts. Où est-ce que je vais pouvoir aller chercher de l'optimisation ? J'aime pas le mot optimisation parce que ça c'est très le côté capitalisme. Comment je vais pouvoir voir...
- Speaker #0
Mais en même temps, tu es à la tête d'une PME, il faut la faire revivre cette PME. Oui. Voilà, il y a un côté relativement normal à ce...
- Speaker #1
Mais on peut le voir sur la longue durée. Bien sûr. Et moi, c'est ce que j'ai envie. Patrick Location, au-delà de la SA, ça fait quand même 25 ans qu'elle existe, cette société. Donc j'aimerais qu'elle dure encore 25, 50 ans, si c'est possible, que mes petits-enfants, ou pas mes petits-enfants, mais que finalement... ça perdure. Donc de toute façon, ça ne sert à rien que j'essaye maintenant, sur deux ans, de me dire oui, je me bats, je me bats, et puis mes primes, elles vont peut-être, je vais obtenir ce que je veux, mais à long terme, ça va réaugmenter. Il faut être réaliste. Donc c'est peut-être se dire, ok, maintenant si j'accepte, et puis que je l'intègre sur plusieurs années, comment je dois faire en fait les choses ? Donc au final, dans cette... prise de décision, je me suis dit bon ok, le plus sage c'est de se dire de toute façon j'ai pas le choix je peux pas maîtriser le monde actuel je vais devoir composer avec de toute façon on le sait et ça c'est aussi quelque chose d'intéressant et d'important ce que tu dis
- Speaker #0
Déjà, qu'est-ce qui est dans ma zone d'influence ? Et je pense que dans une décision manageriale, ce qui est important, c'est de dire qu'est-ce qui est en mon pouvoir, qu'est-ce qui fait partie de ma zone, ma sphère d'influence, et c'est de se concentrer aussi dans sa prise de décision sur ce qui est dans sa zone d'influence. Par contre, si on reste focus sur sa zone d'influence, sur ce que nous, on peut vraiment influencer, en tout cas moi, dans mes expériences de management, c'est ça qui était le plus important. Alors, des fois, j'avais aussi envie d'aller décider des choses. de changer quelque chose qui n'était pas du tout sous ma sphère d'influence, avant que je prenne ce recul. Tu as parlé aussi des fois de laisser passer un peu de temps, laisser passer le week-end, de ne pas réagir sous les aspects émotionnels, savoir justement temporiser les choses, puis ensuite c'est de se dire finalement, qu'est-ce qui est sous ma maîtrise, et j'agis et je décide là où c'est sous ma maîtrise. Et ça je pense que c'est quelque chose d'important et que tu soulèves par rapport à cet exemple que tu...
- Speaker #1
C'est vraiment ça en fait. C'est qu'est-ce que je peux maîtriser. Et puis ça aussi c'est hyper important, je l'ai expérimenté il y a un mois en arrière. Ça évite le stress. Parce que finalement, on sait qu'on est dans un monde changeant, qu'on ne peut pas influencer beaucoup de choses. Donc ça permet aussi de déstresser par rapport à beaucoup de choses.
- Speaker #0
Si tu devais décrire ton style de management, on parlait de style tout à l'heure. Alors, je ne suis pas non plus trop pour mettre dans des cases. On parle beaucoup des différents styles. Mais si tu devais décrire en termes de management, tu te décrirais comment ?
- Speaker #1
Alors, je prends le point de vue de mes collaborateurs parce que c'est toujours intéressant de voir justement ce qu'ils ont vécu et ce qu'ils vivent avec moi. Déjà, être à l'écoute. parce qu'ils ne se sentaient pas à l'écoute. Et je pense que c'est très important. Ensuite, c'est l'humilité, de nouveau. J'aime beaucoup ce mot-là, parce qu'il faut faire confiance à ses collaborateurs. Eux, ils savent ce que nous, on ne voit pas aussi, ce qu'eux, ils ont expérimenté. Donc, c'est hyper important. Voilà, d'être à l'écoute de ses collaborateurs. Alors j'entends bien que sur des grandes PME, ce n'est pas possible. On ne peut pas écouter chaque collaborateur. Vraiment,
- Speaker #0
tu penses que... Alors après, qu'est-ce que c'est l'écoute ? Comment tu la... Comment il se manifeste ? Comment tu fais ?
- Speaker #1
Disons que je discute beaucoup avec eux. Alors des fois, c'est... peut-être de la prise de temps sur d'autres choses, mais j'aime bien discuter le matin, leur demander comment a été le week-end, ou bien même quand il y a un événement qui arrive, alors bon, moi je suis basée à Bussigny, donc c'est beaucoup plus facile d'être, je parle de cette succursale-là, mais d'en discuter avec eux, de se dire, ben voilà, voilà ce qui se passe, et puis la transparence aussi, c'est très important, de prendre en considération le vécu de chacun. Ça aussi, de mon expérience, dans beaucoup d'entreprises, on n'est qu'un numéro. Moi, je n'ai pas envie de ça. Vraiment, ça, c'est quelque chose qui me tient à cœur. Et je leur dis toujours, s'ils ont un souci personnel, parce que de toute façon, il ne faut pas se leurrer. Le personnel influence toujours plus le professionnel. Ça,
- Speaker #0
on est complètement d'accord.
- Speaker #1
Mais il y a beaucoup de managers qui ne veulent pas en entendre parler. Et moi, je ne trouve pas juste. De nouveau, ça, c'est mon...
- Speaker #0
Je te comprends. Et effectivement, je pense qu'il y a beaucoup qui essayent de ne pas le voir ou de ne pas vouloir l'entendre parce que ça fait peur. Ça fait peur que le collaborateur vienne avec ses soucis et finalement souvent le manager, c'est ce que je ressens par rapport à mes différentes expériences, le manager ne sait pas trop comment traiter ça. Bien sûr qu'il n'a pas la solution pour les problèmes de ses collaborateurs, mais je pense que c'est vraiment un côté très émotionnel. Il y a beaucoup de peur là derrière qui fait que souvent ce côté écoute des problèmes personnels peut être un peu mis de côté.
- Speaker #1
Oui, et puis c'est clair qu'on n'aura pas la solution. Le collaborateur doit trouver sa propre solution. Par contre, de comprendre qu'en ce moment, il vit une période difficile, je trouve que c'est un peu ce côté social. Je ne suis pas quelqu'un de... comment dire... ce n'est pas le but, je ne travaille pas dans une société sociale. Mais... je trouve hyper important de comprendre ce que vivent les collaborateurs pour pouvoir, en tant que manager, s'adapter, d'avoir un peu de compréhension, sans avoir non plus une limite trop large, mais juste leur laisser un peu cet espace, de se dire, waouh, je peux respirer ici, je sais qu'on ne va pas me mettre trop de pression. Par contre, de nouveau, ça a une durée limitée dans le temps. C'est hyper important de mettre des limites à ses collaborateurs en disant, tu as le droit. de ne pas être bien aujourd'hui. Tu as le droit de ne pas être bien pendant une semaine. Par contre, tu peux aussi... avoir à ta disposition une aide en dehors du travail. Donc si tu n'es pas bien, il faut aller voir quelqu'un, et puis de lui mettre, en lui expliquant peut-être des solutions qu'il n'aurait peut-être pas vues, juste par l'écoute, en lui disant ce qu'il y a à ta disposition, tu peux aller voir ce genre de personnes. Là, si jamais moi j'ai des connaissances, quand on parlait du parcours professionnel, c'est tout ça. C'est tous ces petits points qui me permettent de leur apporter des solutions que... enfin, je ne donne pas là la solution, mais peut-être des éclairages, voilà, par rapport à leur situation personnelle.
- Speaker #0
Est-ce que tu as une situation où tu as dû être beaucoup plus cadrante, beaucoup moins peut-être à l'écoute, justement, parce que la situation, elle demandait ça, elle exigeait cela ?
- Speaker #1
Disons qu'on va dire, j'ai un exemple, j'ai commencé un style de management peut-être très ouvert et très... très social au tout début. Et puis, j'ai vu que les collaborateurs, ils profitaient de ça. Ok. Intéressant. Voilà. Donc, j'ai des collaborateurs qui ont eu des problèmes d'argent, qui ont eu des saisies de salaire. Donc, j'ai été assez compréhensive avec quelqu'un à qui j'ai mis un véhicule de location à disposition, gratuitement. Enfin, voilà. Et j'ai vu que... finalement, ça créait pas mal de jalousie aussi entre collaborateurs, le fait qu'il y en ait un qui soit plus aidé que l'autre. Donc au final, je me suis dit, OK, là, c'était un peu un no limit. Donc à un moment donné, j'ai dit stop. Je ne peux pas continuer comme ça parce que finalement, il faut trouver le réajustement en étant très ouvert ou trop fermé. Et là, j'ai dit, ok, là, c'est plus bon. Donc, vous savez que vous pouvez me parler de vos problèmes. Mais maintenant, si vous avez besoin d'aide, que ce soit financière, ça, ce n'est pas possible. Je veux dire, là justement j'ai dû mettre une limite.
- Speaker #0
T'as dû être très ferme.
- Speaker #1
Très ferme parce qu'on m'a demandé des avances de salaire. Alors ça j'ai autorisé un temps et de nouveau c'était après, ah bah tiens je vais m'acheter une nouvelle voiture. Donc est-ce que Patrick Location pourrait m'avancer trois salaires ? Donc là, c'est un exemple très concret. Où là, j'ai mis une stop, donc il n'y a plus d'avance de salaire. Malheureusement, ça a péjoré peut-être des personnes qui auraient eu besoin à un moment donné. Donc, ils savent qu'il n'y a plus d'avance de salaire, il n'y a plus de location ou de mise à disposition gratuitement de véhicules. Sauf qu'à Exceptionnel,
- Speaker #0
trouver ce juste équilibre en étant quelqu'un très dans l'écoute, donner aussi un peu un côté social à ton management, finalement... On peut vite tomber dans le trot ou se sentir que les gens dépassent les limites. Donc il faut recadrer. Et puis il faut essayer d'être juste par rapport aux autres collaborateurs. Donc ça demande des réajustements de son style. Oui, de trouver le... Moi je dis toujours, on est comme des équilibristes en termes de management. On marche sur un fil et puis il faut toujours tenir le meilleur équilibre possible. On n'a pas de baguette magique. mais c'est important de se rendre compte finalement aussi des fois dans les travers dans lesquels on peut tomber et puis de se réajuster, et puis c'est des apprentissages qu'on fait aussi par rapport à nos expériences.
- Speaker #1
Oui justement, et c'est dans ce parcours professionnel de nouveau, j'ai eu l'opportunité de faire du management de projet, donc j'ai fait une certification IPMA niveau D, donc assistante de projet, j'ai rencontré un professeur qui est devenu mon ami, et qui est maintenant administrateur chez Patrick Lecassion, donc là aussi... La vie est extraordinaire.
- Speaker #0
Les rencontres.
- Speaker #1
Les rencontres. Enfin voilà, c'est aussi quelque chose que je peux retenir. D'ailleurs, nous, on s'est rencontrés dans ce parcours. Oui,
- Speaker #0
exactement.
- Speaker #1
Donc c'est vraiment, voilà, c'est des fois, on se dit, oui, j'ai 14 ans de galère au niveau professionnel, mais c'est que des rencontres exceptionnelles. Donc voilà. Et justement, en faisant cette certification IPMA, j'ai découvert dans ce management de projet, qui est basé sur justement sur trois critères, qui sont le critère humain. Le critère contextuel et le critère technique. Et ça, c'est vraiment fabuleux parce que c'est quelque chose que je sers justement dans mon management actuel. Toujours réajuster ces trois parties. Pour moi, c'est toujours difficile de me dire qui es-tu en tant que manager. Moi, je suis Anne-Isabelle. Et puis, elle est autant privée, la même chose qu'au professionnel. Et je navigue plus, alors évidemment, dans mon professionnel, parmi ces trois aspects qui pour moi sont primordiaux. de ne pas rester sur une ligne de conduite qui finalement, le patriarcat, Patrick était ce domaine très patriarcal, ce management très patriarche, et puis moi je ne peux pas être comme ça.
- Speaker #0
Quelles seraient pour toi les trois qualités de management que tu juges les plus importantes aujourd'hui dans le monde dans lequel on est, et par rapport à ce que tu vis dans l'entreprise que tu diriges ?
- Speaker #1
Ça va reprendre du recul. ça c'est hyper important l'humilité je pense que je l'ai sortie au moins pendant cette interview je sais pas, pour moi c'est très important de garder cet esprit que finalement on est tous des êtres humains alors certes avec plus de connaissances avec peut-être plus d'intelligence émotionnelle que d'autres, mais chacun a sa valeur et c'est très important de pouvoir le... Et la trouver en fait, ce qui m'a manqué peut-être des fois dans des décisions très émotionnelles, c'est de voir que chacun reste un humain derrière son job. Ça c'est vraiment important. et puis de se faire confiance.
- Speaker #0
Une des choses fondamentales au début, quand on prend un poste de management, c'est d'abord savoir qui on est en tant que personne, respectivement après en tant que manager, avant d'essayer de connaître les autres. On a les autres et les personnes de notre équipe. Souvent, on a tendance à dire, ah oui, il est comme ça, il ou elle est comme ça, à juger finalement l'autre, avant déjà de se connaître soi-même. Et c'est... Je dis, une des choses fondamentales quand on devient manager, c'est déjà d'apprendre à se connaître soi-même.
- Speaker #1
Oui, ça c'est primordial. Et puis surtout de bien aussi, je pense, poser ses valeurs. et de savoir les transmettre, ça c'est quelque chose de primordial pour moi. Déjà là, si je me mets à la place de mes collaborateurs qui ont dû faire face en espace de deux ans à un style de management complètement différent par rapport à ce qu'ils ont connu, avec des valeurs mais complètement différentes. Et c'est vrai que je pense que ça c'est peut-être un petit tip que je pourrais donner en tant que manager, c'est transmettez vos valeurs. Il faut que vos équipes sachent quelles sont vos valeurs, quelles sont vos valeurs propres mais aussi les valeurs de l'entreprise. Qu'est-ce que vous voulez que votre entreprise transmette comme valeur, non seulement à vos clients externes, mais à vos clients internes ?
- Speaker #0
Et comment tu as fait justement, parce que tu es arrivé avec tes propres valeurs, comment tu as fait au départ pour les poser et les communiquer à tes collaborateurs ?
- Speaker #1
Déjà, c'est d'y aller petit à petit, parce que révolutionner la roue en une fois, ce n'est pas possible. Donc, il y a déjà eu tout un travail de réorganisation. Je pense que rien que la réorganisation interne, ce qui a changé fondamentalement, c'est d'avoir ouvert des postes qui n'existaient pas. C'est d'avoir fait du ménage, malheureusement j'ai été obligée d'en faire.
- Speaker #0
Ça fait partie des valeurs, une réorganisation,
- Speaker #1
des conditions difficiles. De voir des personnes qui n'adhéraient pas aux valeurs, en tout cas pas aux miennes, et ce que j'avais envie de transmettre, ça a été le premier pas. C'est déjà de sentir. intuitivement ou intrinsèquement de savoir les personnes qui vont matcher ou pas parce que ça c'est on peut pas garder des personnes qui ne sont pas sur la même ligne que vous faites donc ça c'est hyper important et puis ça s'est fait petit à petit déjà rien que la première valeur pour moi c'était la communication et la transparence ça s'est fait naturellement Donc, je dirais que je n'ai pas de conseils par rapport à ça. Finalement, chez moi, ce que je vois en deux ans, c'est qu'il y a beaucoup de choses qui se sont faites intuitivement et naturellement. Il n'y a pas eu de plan prédéfini en disant je vais prendre Patrick Location Donc, en step one, on va faire ça, en step two, on va faire ça. La seule chose qui a été faite, c'était les audits. Et après, par rapport à ça, c'est de voir, ok, donc il y a ça qui transparaît, qu'est-ce qu'on va en faire ? Et d'avancer,
- Speaker #0
stabiliser. Avec son intuition.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Avec la transparence nécessaire.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Une chose dont tu es particulièrement fière de toi.
- Speaker #1
D'avoir stabilisé l'entreprise en deux ans, je dirais. Je partais de loin. Alors, ce ne sera pas le point de vue de tout le monde. Je l'entends bien pour beaucoup de personnes. C'est une entreprise qui roulait, tout se passait bien. En tout cas, pas de mon point de vue.
- Speaker #0
C'est important, là, c'est de dire, finalement, qu'est-ce qui est important pour toi ? Qu'est-ce qui te rend fière ?
- Speaker #1
Ce qui me rend fière, c'est d'avoir vraiment réorganisé. Et puis... de vraiment avoir mis ma touche par rapport où je veux aller pour le futur. Donc ça, j'en suis vraiment fière. Je pense que là, on arrive. Il y a encore deux, trois petits ajustements à faire. Mais globalement, je pense que là, on est vraiment parti pour vraiment arriver à une organisation qui est vraiment une En tout cas, dans son organisation telle qu'elle est, c'est ce que j'aimerais garder pour ces prochaines années.
- Speaker #0
Et puis, le pendant, alors un peu plus négatif, mais si tu as une situation que tu as vécue comme un échec, ce qui est intéressant, si tu es d'accord de nous le partager, c'est aussi comment tu as rebondi, qu'est-ce que tu as appris de cet échec ?
- Speaker #1
C'est une bonne question. Je n'aime pas parler d'échec, c'est des expériences.
- Speaker #0
Alors, une expérience plutôt difficile, quelque chose qui était plutôt difficile pour toi. Puis voilà, ce qui est intéressant, c'est de voir comment tu t'es rebondie.
- Speaker #1
Ce qui a été difficile, on en avait parlé et peut-être que ça ne transparaît pas comme ça. Mais ce pour quoi on s'était vu, c'était de trouver sa place. Et puis, c'était tout le questionnement par rapport à l'ancienne direction. Ce n'est pas été une décision facile. Pour certains, je pense qu'aujourd'hui, ils diront oui, mais de toute façon, vous n'entendiez pas. Mais ça n'a pas été facile. J'ai quand même mis plusieurs semaines et mois à me dire, mais c'est un risque. Ça a tourné dix ans avec cette personne. Je reviens. Est-ce que ça va tourner la même chose avec moi ? Donc, ce n'est pas un échec. Non, de loin pas. Mais c'est une décision difficile. Et puis... je dirais comme expérience c'est de me faire confiance il y a deux trois fois où je me suis pas fait confiance et ben je peux vous dire que l'univers vous le remet en place il vous le dit ah ouais t'as pas voulu te faire confiance et ben tiens hop on te le remet deux fois plus fort maintenant tu vas comprendre et
- Speaker #0
par rapport à cette décision justement difficile par rapport à l'ancienne direction avec le recul hein bien sûr c'est toujours aussi En guillemets plus facile, mais qu'est-ce que t'en retires pour toi ?
- Speaker #1
J'ai pris la bonne décision. Malheureusement pour la personne, oui, j'ai pris la bonne décision. Parce que c'était comme je dis, M. Lebas à l'époque, avec le recul, il n'avait pas le choix. Enfin, si, il avait le choix, mais je veux dire que la décision, elle ne pouvait pas être autrement. On ne pouvait pas continuer comme ça. Et là, la même chose avec l'enseigne-direction, on ne pouvait pas être avec deux visions différentes, avec deux caractères complètement différents. Ce n'était pas possible de faire autrement. Donc voilà, je compatis quand même avec cette personne parce qu'il a vécu exactement la même chose que j'ai vécu en 2008, avec toutes ses difficultés, avec tout ce qui va avec.
- Speaker #0
Je pense que c'est le licenciement en tout cas de ce que moi j'ai vécu en tant que manager et aussi je vois les personnes que j'accompagne ou dans les formations aussi que je dispense, c'est souvent ce qui ressort comme un des actes de management le plus difficile, c'est de se séparer d'un collaborateur. Donc le licenciement.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
et là ça touche aussi beaucoup notre propre rapport et puis à notre émotionnel. Oui. Ce qui fait que des fois il y a des situations que certains managers pourraient avoir tendance à laisser pourrir dans l'entreprise, dans une entreprise, par peur justement de prendre la décision de licencier quelqu'un. Donc c'est vrai que je pense effectivement que, enfin je ne le pense pas, j'en suis persuadée que c'est un des actes de management les plus difficiles. Après, ça a aussi des conséquences sur l'humain qu'on licencie. Et de savoir, est-ce qu'on est dans le juste ? Est-ce que c'est faux ? Est-ce qu'on fait bien ? Est-ce qu'on ne fait pas bien ? Puis après, tout ce qui est de l'entourage aussi, le reste de l'équipe, qu'est-ce que ça signifie ? Est-ce que c'est juste par rapport à l'équipe ? Parce que de laisser pourrir une situation, ce n'est pas non plus juste par rapport au reste de l'équipe. Puis en même temps, il y a des injonctions d'autres personnes. Moi, je me souviens... J'ai eu dans mes expériences, j'ai dû à plusieurs reprises me séparer de collaborateurs, des fois des personnes qui disaient mais c'est moche ce que tu fais, c'est pas sympa, tu vas peut-être, voilà la personne après elle est foutue pour le reste de sa vie. Puisqu'on a une relation au travail qui est hyper forte, en tout cas dans toutes les générations. Donc voilà, c'est vrai que c'est quelque chose de se séparer qui est souvent une situation difficile de management. Et pour terminer, puisqu'on arrive gentiment au bout de cet échange, Isabelle, Anne-Isabelle, j'aimerais qu'on termine. Ça aussi, je trouve que c'est important pour les personnes qui nous écoutent. On aime toujours, quand on est manager, entendre des conseils des autres managers. Donc, si tu devais donner trois conseils aux managers qui nous écoutent, que ce soit des nouveaux managers ou des managers qui ont déjà quelques années d'expérience. Qu'est-ce que tu leur donnerais comme conseils ? Un, deux, trois conseils maximum.
- Speaker #1
Déjà, je pense qu'une des choses primordiales, c'est de bien s'entourer. Ça, c'est vraiment de bien identifier les bonnes personnes au bon poste ou même à l'extérieur, comme tu l'as fait pour moi, de garder cette humilité en se disant, moi, je ne sais pas tout. Puis des fois, on a besoin de se faire accompagner ou coacher. Le deuxième conseil, c'est de s'écouter. Alors je sais que des fois pour les filles c'est plus facile d'avoir son intuition et je pense que des fois le côté, alors je veux pas faire, c'est vraiment le côté masculin féminin, le ying et le yang, on parle à ce niveau là. Autant pour les femmes d'avoir ce côté guerrière, donc le yang, je crois que c'est le yang, je vais pas dire de bêtises. de mettre cette casquette en avant, autant pour les hommes d'écouter leur intuition, parce qu'ils en ont une très bonne, et il ne faut pas la réprimer. C'est un peu pour moi les deux choses primordiales. Après, la technique, techniquement, on n'est pas forcé d'être bon en tout. Donc non, c'est vraiment les deux conseils que je donnerais.
- Speaker #0
C'est intéressant, tu parles en dernier de la technique, parce qu'on dit aussi souvent, un manager, il devient manager, et il a une bonne compétence, Souvent, ça peut être parce qu'il a été un bon technicien avant, alors que ce n'est pas le même métier de manager ou d'être un spécialiste métier. Donc effectivement, les conseils que tu donnes sont plutôt des... compétences plus sociales, plus personnelles qui sont importantes pour un manager que des compétences métier pur.
- Speaker #1
Oui, parce que tu as beau avoir toutes les techniques métier, d'être le meilleur, je ne sais pas moi, je vais prendre le meilleur mécanicien du monde, tu sais réparer n'importe quelle voiture, mais tu ne peux pas travailler avec quelqu'un, tu as besoin d'être seul. Moi, je le verrais mal, le manager, où il va y avoir un turnover qui n'est juste pas possible. Donc, c'est bien d'avoir des compétences techniques dans certains domaines, mais pour moi, c'est de nouveau mon point de vue et ça n'engage que moi. Je ne veux pas non plus dire que la science s'infuse. Je trouve que de nouveau, le contextuel et le comportemental sont pour moi primordiales par rapport aux techniques. Le technique s'acquiert, tandis que si tu n'as pas les compétences humaines et que tu n'es pas un peu ce caméléon qui sait s'adapter au contextuel, ça risque d'être plus compliqué.
- Speaker #0
Merci Anne. pour ton partage.
- Speaker #1
Merci à toi.
- Speaker #0
En toute sincérité, en toute authenticité. J'ai vraiment été frappée par la richesse de ton parcours, mais aussi la profondeur de tes réflexions. Tu te fais beaucoup, beaucoup de réflexions sur toi. Et ça, ça t'a permis aussi durant plus de 25 ans d'évoluer dans ton parcours professionnel. Et je suis aussi persuadée que les personnes qui nous écoutent pourront en tirer des... des réflexions pour soi-même et des enseignements aussi pour leur propre parcours. Et donc merci vraiment infiniment de nous avoir partagé ton parcours avec sincérité. Et puis une dernière chose que j'aimerais que tu me dises, puisque tu sais que ce podcast s'appelle Entre nous. Donc j'aime bien poser cette question, c'est alors juste entre nous, entre toi et moi, comment tu te sens à la fin de cet épisode ?
- Speaker #1
Alors je te remercie beaucoup de m'avoir demandé de faire cet épisode parce que pour moi les valeurs de partage sont très importantes. Donc si j'ai encore l'occasion de pouvoir le faire dans un futur, c'est avec plaisir. Si des gens nous écoutent veulent prendre contact avec moi, c'est avec grand plaisir que je le fais parce que c'est très important la transmission. comme je le fais avec mon fils, c'est aussi quelque chose que je trouve très important.
- Speaker #0
Je mettrai le lien sur ton compte LinkedIn, sur le site internet aussi de Patrick Location, dans le descriptif de l'épisode. Avec plaisir.
- Speaker #1
Merci encore à toi Magali pour ce moment extraordinaire.
- Speaker #0
Moi j'aime le partage. C'était un grand plaisir. Un grand merci d'avoir écouté cet épisode d'entre nous. Pour ne rien manquer des prochains épisodes, vous pouvez sans autre vous abonner à ce podcast et bien sûr le partager autour de vous. Si vous avez des idées de sujets que vous aimeriez entendre dans ce podcast, n'hésitez pas à m'écrire. A très bientôt !