- Speaker #0
Les grands entretiens du musée de la Sacem avec Philippe Barbot. Bonjour et bienvenue dans ce nouveau numéro de Flashback. On a souvent dit de lui qu'il était le dernier des géants. Le premier plutôt, tant la qualité et la longévité de sa carrière en ont fait le chanteur français le plus populaire dans le monde entier, à commencer par les Etats-Unis, qui, outre lui avoir offert une étoile sur Hollywood Boulevard, l'ont consacré chanteur le plus important du XXe siècle, devant Bob Dylan, Frank Sinatra et Elvis Presley. Avec plus de sept décennies d'activité artistique, il demeure, sinon un recordman du genre du moins, l'un des auteurs et compositeurs les plus influents de l'époque. Un artiste transgénérationnel aussi, Jamais atteint par les caprices de la mode ou les aléas du show business. Qui n'a jamais fredonné la bohème ou la mama ? Nous sommes au mois de février 1986, dans la petite ville de Colony, nichée sur les hauteurs de Genève. C'est là que Charles Aznavour a élu domicile depuis déjà deux ans, avec toute sa famille. C'est là qu'il nous reçoit, entre terrasse donnant sur le lac Léman et salon décoré de bois clair. Chaleureux, disèrent, il n'éludera aucune question, pas même celle de ses éventuels adieux à la scène, déjà à l'époque objet de nombreuses et incessantes rumeurs.
- Speaker #1
Mais à Dieu, pas du tout. C'est-à-dire que je n'ai plus de grands rentrés. Ça, c'est une autre histoire. Mais ca ne veut pas dire que je vais faire mes adieu. Il y a longtemps qu'il y a des pays où je ne fais plus de longue durée, d'abord parce que je n'aime plus faire de longue durée. J'aime bien faire des courtes durées plus souvent que de faire des longues durées pendant plus d'une fois tous les temps d'année. Pour les performances, moi, des performances de longue durée, j'en ai fait. J'ai fait Paris-Mouches-Somel une fois, parce qu'il me fait plus de courtes durées. avant des Piaf qu'il avait fait j'ai fait marseille un mois ce qui m'avait jamais été fait j'ai fait bruxelles en quatre semaines lorsqu'il a voulu les faits alors ça quand on a quand on est quand on est jeune on a envie de battre des records mais quand on en arrive à une certaine sérénité
- Speaker #0
dans une carrière on a plus envie de faire
Pas d'adieu prévu donc même pas de revoir même si le chanteur évoquera son éventuelle retraite à plusieurs reprises en 2001 2007 2009 ou 2011, quitte à faire sourire les gazettes. Quant au spectacle longue durée, comme il dit, il en fera bien d'autres, notamment une harassante tournée mondiale en 2014, suivie de 13 soirées au Palais des Sports de Paris à l'âge respectable de 90 ans. Infatigable, Charles Aznavour, qui, à l'heure où il nous accorde cette interview, prépare son 35e album, qui sortira l'année suivante, intitulé « Je bois » . Un album dont il ne veut rien nous dire, mais qui comportera une chanson intitulée « Tiens, tiens, je ne ferai pas mes adieux » en attendant une éventuelle intégrale ?
- Speaker #1
Le disque a toujours été mon secret. Et puis on m'a toujours reproché de ne pas dévoiler le disque avant d'en prendre en scène. Ce que les gens aiment faire, on aime bien savoir ce qui va se passer. Et puis moi, je l'admets, les disques arrivent un petit peu de manière secrète, alors on ne peut plus le faire. puisque les disques sont sortis avant d'entrer en scène. En tout cas, je ne vous en parlerai pas, pas avant la sortie du disque. L'intégral, est en on y pense. On y pense sérieusement, mais on n'a pas encore commencé même à travailler. J'ai écrit beaucoup pour les autres, alors vous ne m'en voyez pas chanter la plus belle pour aller danser. J'ai déjà chanté comme une disque, je ne peux pas faire les deux.
- Speaker #0
Écrire pour les autres. Si Charles Aznavour a enregistré plus de 1200 chansons, interprétées dans 9 langues différentes, Il en a écrit ou co-écrit plus de mille, que ce soit pour lui-même ou d'autres artistes. Parmi eux, outre Edith Piaf, Mireille Mathieu ou Edith Constantine, il faut évidemment citer Johnny Hallyday, dont la chanson « Retiens la nuit » contribua à lancer la carrière. Malgré cet éclectisme, Aznavour a toujours claironné son amour pour la langue française, quitte à être taxé de classicisme, et afficher son respect pour des artistes qui s'inscrivent dans cette tradition comme .Yves Dutail, Francis Cabrel et même Renaud.
Il y a des gens qui écrivent très vite. Il y a un équilibre de mots que j'aime garder. Et puis je n'aime même pas que quelqu'un d'ici à la place de ce mot-là, je leur préfère un autre mot. Je ne sais pas si c'est une mesure, je n'apprends pas très longtemps. Quand c'est sur mesure, j'apprends tout le moment le temps, mais ce n'est pas pareil quand ce n'est pas sur mesure. Je sais à peu près ce qu'il faut écrire pour la personne en question. J'ai déjà, sinon les sujets, pourquoi aucun nom ? Tandis que quand c'est pour moi-même, je n'ai ni le climat ni le sujet. Je trouve que c'est préserver une culture et une langue que d'essayer de préserver ses traditions en écriture. Si tout d'un coup les écrivains écrivaient différemment aujourd'hui et qu'on ne comprenait pas ce qu'ils racontent, on achèterait du livre. Puis la chanson, on la consommait immédiatement, je lui permets tout. Mais à partir du moment où quelqu'un a pris une assise, où quelqu'un a perdu la... le moment de folie parce qu'il y a un moment de folie dans un démarrage de carrière où tout marche où il chantait n'importe quoi, il criait n'importe quoi, tout marche, on sait pas pourquoi mais c'est comme ça et puis quand on a acheté beaucoup de disques de 7 artistes d'un coup on fait son choix Et si l'artiste continue à donner comme ça, comme dans un sac à provision à l'entrée du marché, alors il est perdu. Il est obligé lui aussi de faire le choix du public. Et le choix du public est toujours la qualité et la construction. finale parce qu'au début il aime tout il est tout c'est normal parce que la tour de choc c'est un son c'est une personnalité c'est ce qu'on attend c'est un âge c'est beaucoup de choses là je suis absolument d'accord avec ça mais je crois qu'il ya un moment où on perd un choix et ceux qui n'ont pas su faire le choix ont disparu. Je parle de la jeune génération bien sûr, puisque dans ma génération, ceux qui n'ont pas réussi à faire le choix ont disparu. Mais il y a les repos aux écoles parce qu'il y a quand même du thème qui est bref, qui est bien, qui est un indicateur parfait et puis il y en a d'autres. Mais même chez les autres. en fait ceux qui ne sont pas très exigeants, il y a quand même de plus en plus, on se rend compte, qu'il y a un cheminement vers le classicisme, avec des langues différentes, pas de transverses comme Renaud, mais par exemple, Renaud ne décrit rien qui désarcelle, des points de l'écriture. On accepte, je ne dirais pas on accepte, on reçoit son langage, on ne le reçoit pas, mais il y a... même si on ne le recevait pas, parce qu'il n'est pas mon cas, parce que je trouve qu'il écrit bien, même si on ne le recevait pas, on ne peut pas condamner sa manière d'écrire. Elle est assez classique finalement. C'était ce qu'on appelait de faire de l'argot dans le temps. Aujourd'hui, on ébut de l'argot, mais c'était ça la langue verte. L'argot, c'était un langage populaire, le langage de la rue que l'on amenait, parce que Bruyant, qu'est-ce qu'il a fait ? Il a fait ça. Alors aujourd'hui, on parle de Bruyant, mais Bruyant, c'était Renaud. Il ne faut pas se tromper. Il est un langage populaire. Et puis là, tout l'enfer a avancé. Non, parce qu'il y a deux écoles, et je crois que les deux cohabitent merveilleusement bien. Dès 1941, le jeune fils d'immigrés arméniens, Shanour Varinag Aznavourian, rebaptisé Charles Aznavour, admirateur de Maurice Chevalier et Charles Trenet, crée un duo en compagnie du chanteur et pianiste Pierre Roche, avec lequel il enregistrera 6 78 tours, avant de faire la connaissance d'une artiste nommée Edith Piaf. Malgré les critiques qui fustichent sa voix et sa petite taille, c'est le début du commencement d'une carrière, pas toujours en haut de l'affiche, mais comme il dit, sans concession.
- Speaker #1
La musique de la vraie poème, en même temps, c'était la musique qui n'était pas la musique de l'époque en France. La musique de la vraie poème, aujourd'hui, ça s'est mêlé. Mais le pop, le jazz, le côté rythmé, etc. C'était les azus qu'on disait dans le musée. pas des gens qui faisait du rythme alors on était bien en place j'ai parti dans tout un peu pire oui pendant longtemps on est parti comme ça mais qui ne risque rien à rien moi j'ai parlé pour les enfants pour une bonne raison c'est qu'au début personne ne voulait de moi alors il n'y a pas les que je me passe une place au soleil d'une manière ou d'une autre alors comme on n'engageait pas je m'engageais moi même et puis ensuite ça m'a servi énormément par la suite parce que d'abord Je ne devais rien à personne, ce qui est bien important. Donc, on ne pouvait pas me dire, fais-moi plaisir, moi je t'ai bien fait ceci, fais-moi cela. C'est-à-dire que je n'ai fait jamais, je n'ai fait aucune concession aux gens du métier qui ne m'en veulent pas, puisque c'est le jeu. On ne m'a pas engagé, je me suis engagé moi-même. Aujourd'hui, je ne dois rien à personne. Enfin, aujourd'hui, dix ans après, je ne dois rien à personne. Aujourd'hui, on ne m'en parle même plus.
- Speaker #0
La divinité de la pop française. C'est ainsi que le respecté critique musical américain Stephen Holden, spécialiste entre autres de Frank Sinatra, qualifiait notre international Frenchie dans les années 80. Pop Aznavour pourquoi pas ? Dans la première version de sa chanson « Les plaisirs démodés » en 1972, il s'essayait même à une intro très rock à coup de guitare électrique vrombissante. Intro supprimée par la suite car, après tout, être à la mode, c'est vite devenir ringard. Surtout quand, comme lui, on est intemporel.
- Speaker #1
J'ai supprimé en 1972, mais après j'ai mis en place cette version. Mais en fait, ça m'éloignait tellement qu'il y ait... Deux sociétés dans la chanson, qu'il y ait deux arts dans la chanson, qu'à partir d'après 25 ans, devenaient des croulants, ça m'énervait sérieusement, sachant pertinemment que ceux qui disaient ça devenaient des croulants deux ou trois ans plus tard. C'est ça qui est ridicule. Que j'ai écrit la chanson, je ne sais pas si c'est moi qui ai influencé ou si les gens sont devenus un petit peu plus raisonnables, mais tout à coup, cette espèce de mouvement contraire s'est arrêté. Et ça vaut beaucoup mieux parce que la musique, c'est la musique. Il n'y a que deux sortes de musique, on le sait bien. Non, non, parce qu'elles ne sont pas la même. J'ai fait des chansons de mode. Qui n'en a pas fait ? J'ai fait des chansons de mode. Parce qu'on est influencé par une musique, par un rythme, par un son. À l'époque, de temps en temps, on a envie de se compromettre dans autre chose. Moi, j'y promets dans le bon sens. Je le fais pas rarement parce que c'est pour mon langage. Mais je le fais pour d'autres. Parce qu'écrire, c'est un métier. Mais chanter, c'est un autre métier. Une autre manière de voir les choses, parce que quand on chante, on a une personnalité propre et on ne peut pas tenter de sauter dans le wagon en marche d'un autre. Tandis que dans l'écriture, on peut tout écrire. J'écris de moins en moins. J'ai tellement envie de retravailler. On a des chansons, particulièrement les chansons d'amour, puisque je reste quand même le grand spécialiste des rapports humains. Je deviens un petit peu Je suis très casanier. Mais je deviens un petit peu fainéant. J'en fais déjà beaucoup, alors en faire plus, on part. Je ne veux plus avoir le rythme que j'avais dans le temps.
- Speaker #0
En 1972 encore, Charles Aznavour défrait la chronique bien pensante avec une chanson intitulée « Comme ils disent » dans laquelle il met en scène un homosexuel. Thème encore tabou qu'il est le premier à explorer sans faux fuyant ni sarcasme, avec un texte d'une sobriété émouvante dans une langue qui ne désavoue pas ses influences littéraires. Mais le scandale Aznavour, comme Brassens, n'en a jamais eu cure.
- Speaker #1
J'ai utilisé l'orgasme pour un polémisme, parce qu'on ne l'avait pas encore abordé. Il fallait quelqu'un pour l'avoir. Mais les autos étaient une classique française ou pas. Et puis la fontaine, moi je peux vous rappeler une curiosité, 10 fois de la fontaine par chœur parce que ça découle de ça, on a envie de faire du jazz. Mais c'est vrai qu'à l'époque j'étais interdit sur les ondes, les chansons la plupart étaient interdites sur les ondes, et puis on en parlait. je regarde la main j'étais j'ai dit premier pornographe de la chanson oui parce que brassas on connaissait pas encore à sens au moment d'après la nouvelle croissance totalement d'un peu lui n'était je crois même pas à monter sur Paris J'ai le dernier optique de l'amour, il a été le pire mot grave de l'amour, de la chanson. Je crois qu'on a quand même apporté notre pierre à la chanson française.
- Speaker #0
Aznavour, chanteur réaliste, plutôt chantre de la réalité, capable de chanter l'amour comme on le sent, comme on le fait, comme on le souffre, selon les termes de son biographe Yves Salle. Car s'il est une chose que le petit Charles a toujours détestée, C'est la pudibonderie hypocrite. D'où son doute, son admiration pour l'auteur de la Javanèse. Après tout, jusque dans la sensualité et l'élégance, Aznavour et Gainsbourg, ça rime.
- Speaker #1
C'était sur le droit de la littérature, la peinture, la sculpture. J'étais environné d'artistes et de modes d'expression qui étaient totalement libérés, parce qu'on pouvait aller voir des statues d'hommes et de femmes nus en lancé, ou des bords nus de rodin. On voyait des films, quand même, le diable au Corps, etc., qui commençaient à aller de l'avant. Alors en littérature, on avait une émulée, on avait tout. Et puis tout d'un coup, je me rendais compte que la chanson que j'allais aborder, en jeune comédien, je me suis rendu compte que la chanson était prude. Elle était prude et elle était sectaire. Et elle tournait autour d'une telle ridicule de dites choses. Ça ne véhiculait rien, la chanson. J'étais jeune pourtant, j'ai pensé qu'il fallait véhiculer quelque chose. D'abord apprendre un language au gens, d'abord apprendre les mots en tout cas, et puis ensuite oser les mettre devant leur vie courante et leur réalité. ça a pris c'est non je comprends que celui qui a été moi ensuite le seul le seul qui a été loin avec un langage personnel c'est Gainsbourg c'est personne d'autre parce que les autres ils ont suivi ils ont suivi les aînés Gainsbourg il a inventé un langage et le moment les autres Dans ce genre, la chanson, disons, sensuelle ou érotique, on aura suivi deux personnes. On aura suivi Aznavour et Gainsbourg. Ça arrive, en plus. Mais personne ne le sait parce que où on va avec Gainsbourg, on retourne chez moi. Il n'y a pas autre chose. Ou alors, il faut faire la chanson pornograpique. Ça dépend comment on les amène, ça dépend comment c'est enveloppé, comment c'est encouré, comment c'est dit. La vulgarité, ce n'est pas un mot. c'est comment on emploie ce monde et où on le place. Et souvent, les gens qui croient imiter ou qui croient imiter
La chanson française, un art majeur qui lui tient à cœur et qu'il considère comme négligé, surtout dans les médias du pays qui l'a enfanté. Et le voilà qui évoque la possibilité de quotas de diffusion presque dix ans avant la loi qui les a instaurés. Précurseur àAznavour.
Oui,i l existe une chanson française, mais elle est niée, elle est refusée. Ce que je reproche un petit peu aux médias. c'est que ou c'est Radio-Montmartre ou c'est rien mais il y a une nouvelle chanson française, automatiquement une nouvelle chanson française pour qu'elle s'exprime il faut lui donner des ordres on ne donne plus des ordres dans la chanson française heureusement qu'il y a peut-être quelques affirmés qui sont dans la tradition tout en étant musicalement très modernes et tout à fait dans le cours Mais les jeunes n'ont pas d'entrée. Je ne suis pas partisan de aucune réglementation. Parce que moi, ça ne m'a jamais touché. Donc je ne suis pas partisan. Je suis partisan, par contre, d'une réglementation pour une seule raison, c'est parce que... Il y a des gens qui exagèrent dans leur programmation, finalement. Mais ça ne devrait pas exister, ça devrait tacitement, on devrait passer tant de ceci, tant de cela. Sinon, ça devient des protectionnistes. Mais ça, c'est affreux. Mais aux États-Unis... on passe pas les chansons étrangères pourquoi il ne passe pas c'est pas parce qu'il préfère leur propre musique c'est parce qu'ils pensent que c'est mieux on n'a pas besoin de leur donner un côté moral qui existe en france on n'a pas de ta morale c'est grave on est obligé de dire tant et tant. Je ne suis pas d'accord, moi, un jour, on est venu me dire, on va monter un mouvement, il y a un marre, il y a montant de ça. Il ne faut plus qu'il faut faire une grève, je ne sais pas trop quoi, il faut défiler, parce qu'il y a trop de chansons étrangères qui sont traduites. Et les gens qui m'ont envoyé ça, ils traduisent 100 chansons chacun, moi, j'ai traduit 10, mais à ma vie, j'ai traduit 10 jolies chansons, j'avais envie de les faire connaître au public français. il ne faut pas nier ce qui est bon à l'étranger. Bien sûr qu'il y a de l'excès dans le sens, parce qu'au contexte qu'il y a de très bonnes choses américaines et anglaises, on entend aussi la merde anglaise et américaine, je ne suis pas d'accord. Ce que eux-mêmes n'ont plus, pour le plus, nous on l'a ici. Parce que les Américains, il ne faut pas oublier qu'ils n'écoutent que 6 chansons et au maximum 40. C'est le top 10 et top 40. Ils en entendent entre 10 et 40, mais les 40, ils les entendent pas souvent, c'est les 10 qu'ils entendent. Alors, comme nous, on est plus un peuple de chansons, plus un peuple musical, il ne suffirait pas de 10 chansons, alors nous amènerons en pantomime. Quand en fait, il y a très jolies chansons françaises, il y en a très, très jolies, j'en entends des ravissantes, des fois, quand on entend une fois, on entend pas. Mais vous avez en Italie, vous entendez des chansons italiennes. Vous avez en espace en espagne de la chanson espagnole, vous venez en France, vous entendez la chanson étrangère. Et encore que, en disant chanson étrangère, là où je n'ai pas d'accord, bon, on entend la chanson étrangère, on entend autant de chansons étrangères. Mais pourquoi toujours des deux mêmes pays, qui sont des pays que j'adore ? Pourquoi n'entend-on pas de très belles chansons étrangères ? Mais elles sont italiennes, pourquoi on n'entend pas ? On entend une par hasard. Pourquoi, à part un succès, par hasard espagnol, on n'entend rien du tout ? Mais il y en a aussi d'autres pays. Parce que c'est d'ailleurs une espèce de snobisme et peut-être aussi une fénéantise, de chercher à faire, et même de chercher chez soi. Ok, voilà. Prenons le cas, on ne peut pas dire que, oui, mais il n'y a pas ce qu'ils font en France, la preuve c'est qu'on fait les Américains ou les Anglais qui nous apportent le meilleur matériel. Non, Sardou ne fait que des succès. On ne peut pas dire que Mancieste ne marche pas. Mireille Mathieu, elle a des succès. Souchon, il a des succès. Alors, bon, j'en ai cité quatre pour le moment. Renaud, c'est lui-même. Bon, alors, Cabrel, il fait... Je vous en ai cité six d'un seul coup. En ces six-là, ne chante pas de chansons étrangères, c'est quand même curieux. Alors, ce ne sont pas des voix particulières, ce sont des vedettes françaises, à part un tiers. Et finalement, les grandes vedettes françaises... sauf celles qui font beaucoup de publicités, les plus grandes vedettes françaises sont celles qui chantent français et qui chantent des chansons françaises parce que ça leur ressemble. Pour Catherine Larache, ce sont des chansons qui sont écrites, ce sont des chansons françaises. On en fait par exemple « Faire du rock et du pop » Qu'ils le fassent dans leur langue, avec leur nom de ville, les créateurs, ils vont en eux-mêmes. Ils vont en eux-mêmes. On ne va pas rendre un Springsteen ici, il le rendra lui-même. Il n'a besoin de personne pour ça. On ne va pas rendre un Elthon John, il le rendra lui-même. On ne va pas rendre quelqu'un.
- Speaker #0
Le travail, c'est la santé. Le thème vous rappelle quelque chose ? Si Charles Aznavour n'a jamais interprété la Peucha d'Henri Salvador, il a toujours vanté la vertu du travail, sans lequel le talent n'existe pas.
- Speaker #1
Vous voulez que je travaille ? Oui, oui, moi je crois qu'il y a un travail, moi je suis né dans le travail. J'ai mis des années à savoir me reposer. Je ne le savais pas, je ne le savais pas. Il y a des gens qui apprennent à travailler, il y en a d'autres qui apprennent à se reposer. Alors il faut apprendre à se reposer parce que sinon on est stressé et puis on finit avec un infarctus. Il y a un jour, comme on apprend à travailler, on apprend à se produire. Mais j'ai mis des années parce que je suis né dans une famille laborieuse, et que j'ai été un laborieux aussi.
- Speaker #0
Laborieux certes, mais pas toujours. L'une des nombreuses particularités de l'artiste, outre sa voix et son écriture unique, c'est qu'il déteste répéter avec l'orchestre qui l'accompagne sur scène, comme le font la plupart des chanteurs. Ce qui lui permet, dit-il, une plus grande disponibilité, sans perte de temps, en vocalise inutile. Une pratique qu'il instaurait aussi en studio, en enregistrant parfois ses chansons en une seule prise de voix.
- Speaker #1
Pourquoi je le fais ? Il y a des artistes qui répètent tout le temps, des artistes qui partent tout le temps répéter. Ils arrivent dans une ville, ils se précipitent, ils arrivent dans une ville, ils font le son. Mais je veux faire le son. Je ne dis pas mettre le son, j'arrive, je vais, je reste sur place, quand c'est pas prêt, j'attends, patiemment. tout le temps qu'il faut, des fois deux, trois heures, on répète une chanson, seulement on a envie de chanter, comme ça, pour faire l'instrument, pour voir l'automne dans la salle, pour voir s'il m'a mangé une grande place, puis c'est fini. On n'en a à peine pas, c'est-à-dire qu'on ne met rien dans le poing. je vous fait une orchestration comme ceci comme ceci voilà ce que je voudrais là c'est fini ce qui nous permet de faire des galas très vite en téléphone en fait il y a un gala important intéressant je peux le faire si les gars sont libres moi je suis libre on y en fait le gala combien de temps ils vous font on me dit mais ils ne font pas de temps il faut qu'on prépare la scène et puis on y va oui j'ai deux ou trois groupes mais c'est toujours les mêmes je n'ai pas un groupe attitré définitive apparemment chez le podcast. Enfin c'est toujours les mêmes qui viennent.
- Speaker #0
Avec un répertoire scénique de 250 chansons, il vaut mieux bénéficier d'une mémoire solide à défaut de prompteurs adéquats. D'autant qu'Aznavour est l'un des rares chanteurs français à interpréter certains titres en neuf langues. Français, anglais, italien, espagnol, allemand, arménien, napolitain, russe et même kabyle. Mais même dans ses versions éloignées de la langue de Molière, l'auteur Aznavour reste rigoureux. jusqu'à parfois rendre fous ses différents traducteurs, même les plus aguerris.
- Speaker #1
c'était moi, et je vais remettre ma retenue pour le grand déchiquier, je rappelle, avant de m'endormir, une chanson que je n'ai pas chantée depuis longtemps, et vous, je ne me souviens plus, alors il faut me la répéter, maintenant c'est comme un jour que je ne me souviens plus, il faut que je la réapplique. parce qu'il y a encore des jours heureux, je n'ai pas chanté en français depuis très longtemps, ce sont des chansons qui me semblent dans d'autres langues en plus, alors il faut que la mémoire revienne bien. Comme ils me disent, je n'ai pas chanté depuis très longtemps, je ne chante pas en anglais, quand même je ne chante pas en français, je m'en mends quand même. Alors dans les chansons que je chante en français, innuablement et dans n'importe quel pays, à la Normande, il y a la Marée de Montalboune, la Brest, il y a la Bohème. ça c'est en français mais toutes les autres sont traduites et les chantent dans différentes langues alors là je suis le plus emmerdant je dois en traduire mais par contre je suis tellement emmerdant que les auteurs deviennent tous des auteurs connus tous des auteurs qui ont des Oscars après tous des auteurs qui héritent d'affaires merveilleuses l'auteur avec lequel je travaille en anglais depuis des années est vraiment que j'ai emmerdé à mort merveilleux qui n'avait jamais fait rien d'important, vient de traduire le Misérable, parce qu'ils ont eu un mauvais traducteur pour commencer, et puis après ils ont dit, mais qui traduit Aznavour ? C'est anglais, qui traduit Aznavour ? Parce qu'il nous vient traduire du secret de Smer, et bien on engage un respect pour le Misérable. Le gars qui a écrit avec Stevie Wonder, qui a écrit beaucoup de chansons, c'est un auteur qui vraiment ne faisait rien du tout. Il m'a fait 12 traductions. Les plus belles que j'ai eues, c'est lui. et Bob Morrison et puis j'ai eu des gars comme Kirchhorn et Kasha qui après avoir travaillé avec moi se sont fait transescaler parce qu'ils apprennent une rigueur moi je suis avec une rigueur terrible et puis ça leur plaît je viens de travailler avec un chanteur il m'a traduit une chanson pour Domingo une chanson qui était faite pour lui et j'ai J'ai eu comme traducteur, on m'a présenté un garçon qui est un garçon qui a beaucoup de succès, qui est un chanteur country, qui est Tom Paxton. Tom a donc, il est venu, il m'a apporté le texte, et je lui ai dit Ça, c'est pas bon. Il m'a fait, mais non. Alors là, parce que les Américains, ils ont un truc, quand il y a un mot de plus ou un mot de moins, ça ne les dérange pas. J'ai une amende, ça va pas. Moi, je veux exactement ce qu'elle a commencé à avoir, à se mettre au travail. Et on a travaillé 48 heures chez moi dans le canic de quête, on a travaillé 48 heures lui et moi. Quand il est parti, il m'a dit, j'ai appris quelque chose que personne ne m'avait appris auparavant.
- Speaker #0
La voix de Charles Aznavou. Ce timbre si particulier qui fit jadis prédire à certains soi-disant professionnels que ce petit jeune homme n'avait aucune chance de devenir un jour chanteur. Une voix reconnaissable entre mille, qu'il entretient avec la même discipline qu'un sportif de haut niveau.
- Speaker #1
J'allais dire, enfin, la voix c'est comme le tennis. Je veux dire que si on regarde les matchs de tennis, souvent, on fait les progrès. Je sais parce que j'en ai fait en regardant ce moque-bois. Et la voie c'est pareil, pourtant les gens se rendent compte, on voit comment ils conduisent leur voie. Si on est attentif. Et j'ai fait attention, j'étais attentif et j'ai appris à conduire ma voie. Comme beaucoup de choses, comme moi j'ai les bras cassés, ça ne m'est jamais rendu compte. On pense, on trouve. Une manière de servir de son bras, de sa voix.
- Speaker #0
Au cours de sa carrière d'acteur, Charles Aznavour a joué dans plus de 60 longs-métrages, dont le célèbre « Tiré sur le pianiste » de François Truffaut, sans compter les films pour la télévision. Un métier, le premier qu'il ait envisagé, qu'il a pratiqué avec la même constance que la chanson, car pour lui, chanter, c'est jouer aussi.
- Speaker #1
Pour moi, la discipline est la même. Il n'y a pas de différence de discipline entre les deux. La seule différence, c'est qu'il faut être... Je viens de la comédie, je n'ai pas de la chanson. On peut être présent à l'heure sur un plateau et savoir son texte, ou être en bonne condition pour pouvoir livrer ce texte. Alors il n'y a pas pour moi de frontière entre les deux. Il n'y a pour certaines personnes des frontières entre les deux. Pour moi, il n'y en a pas.
- Speaker #0
Charles Aznavour nous a quittés le 1er octobre 2018, à l'âge de 94 ans. Si la France, sa culture et sa langue ont toujours été chères à son cœur, il a aussi célébré l'Arménie, le pays dont il est originaire, qui finira par lui accorder la citoyenneté et dont il deviendra le représentant permanent auprès de l'ONU. Showman infatigable, travailleur acharné, il n'aura cessé d'exercer ses passions jusqu'au bout, en 70 ans de carrière, avec 180 millions de disques vendus, dont une vingtaine de disques d'or. Mais peu importent les chiffres. Car à jamais, il reste en haut de l'affiche. Tout en haut. Merci d'avoir écouté ce podcast. Et à la prochaine fois.