Speaker #1Bon, premièrement, il faut revenir loin. On ne peut pas revenir là, directement. Le Marciac, c'est un vignoble bourgeois. historiquement. Tous les gros, les grands, notables de Rodez ont un vignoble sur Marciac. C'est le vignoble qui a la meilleure réputation et tout ce qu'on voudra. Les choses commencent à se gâter. D'abord un peu à la révolution parce qu'on a créé des voies de transport meilleures donc il y a une concurrence plus forte, de la rentabilité devient moindre donc ça commence Pour réguler les relations entre les propriétaires et les vignerons, il y a un comice agricole qui se crée. Le comice agricole institue un système de contrôle des vignes fait par des vieux vignerons, qu'on appelle des experts, pour pacifier les relations entre les vignerons et les propriétaires. Dire qui a tort, qui a raison dans les disputes qu'il y a. Bon, le système se remet en place et fonctionne bien. Jusqu'à l'année noire. L'année noire, c'est 1883. 1883, on découvre la première souche de phylloxéra abréjoule et on identifie pour la première fois le mildiou et le black rot amartillac. A partir de là, la chute commence. Elle est aggravée. par la guerre de 1914, les propriétaires se désengagent parce que les vignobles ne rapportent plus, et les vignerons rachètent les vignes. Et c'est un travail de forçat que de replanter les vignes à la place des anciennes. Mais il y a un marché, c'est le marché des vins de Decazeville. À la place de devenir un vignoble de vins bourgeois, On devient un vignoble de vins de consommation courante et on vend à Decazeville. La seule chose c'est que la concurrence là encore est féroce, donc petit à petit le revenu des vignerons diminue, la pénibilité du travail elle ne diminue pas parce que c'est un vignoble qui n'est pas mécanisable et ça va de mal en pis. Arrivent les gelées de 1956. A 1956, Au mois de février, il y a trois vagues de froid et toutes les trois, on a des pointes à moins de 20 degrés. Donc, les vignes, toutes les vignes du bas des coteaux crèvent. Les vignes de milieu et de haut de coteaux, toutes les parties aériennes brûlées, mais généralement, on s'apercevra par la suite qu'elles peuvent repartir du pied. Et la journée de 1956, on suivit par... Une gelée de printemps, des plus fortes qu'on ait connues, en 57. Ce qui fait que la majorité des vignerons pendant deux ans ne vendent en jupin. Donc pour tout le monde, le Marciac, c'est fini. Personne ne s'en relèvera. Alors, tout le monde s'émeut de la situation. Monsieur le préfet, monsieur le ministre de l'agriculture qui a même tant mer de Rodes, Boscari-Monservin, toutes les autorités, tout le monde dit qu'il faut trouver quelque chose. Puisque la vigne s'est fichue, on va implanter les petits fruits. du cassis, des framboises, éventuellement des fraises, des choses comme ça. Bon, et on crée une coopérative fritière. Cette coopérative fritière, bien entendu, ne peut aller qu'à l'échec, puisqu'il n'y a pas la production. Mais les gens ont pris l'habitude de réfléchir que peut-être des formes de commercialisation en commun sont possibles. Dans cette fin de période, on est en gros en 1960, Mon frère est étudiant à Montpellier, en école d'agriculture spécialisation vin, et il a parlé du cas du vignoble de Marciac à ses professeurs. Et ses professeurs ont trouvé l'histoire de Marciac extrêmement intéressante et ont demandé à l'un d'eux de venir faire une mission d'expertise. Ce monsieur qui s'appelait Margaille a conclu que si on améliorait la vinification, Sion. créer des vignes mécanisables pour diminuer le coût et si on organisait la commercialisation, le sursaut du Marciac était possible. Alors il y a une équipe qui s'est constituée autour d'André Nérolle et de Lucien Quérouse. André Nérolle était le leader naturel des jeunes vignerons de l'époque. Lucien Quérouse s'est greffé après et après Lucien Quérouse avait une grande pensée. c'est-à-dire qu'en Marseillac, seule la vigne pouvait remplacer la vigne. Donc ces gens-là ont commencé à vinifier, faire une première tentative dans un tonneau de vin à Clairvaux. Ils étaient six ou sept à mettre du raisin dedans. Le vin a été tout à fait convenable et ils ont décidé de sauter le pas, de monter une structure de vinification en commun. Alors là, on a loué une étable à Valadie, d'un dénommé Fabre, et on a vignifié dedans. C'est pour ça que je répète sans arrêt à mes vignerons, nous aussi on est allés dans une étable. Ça a fonctionné pendant 2-3 ans comme ça. C'était de très bons vignerons, c'était pas des gestionnaires, c'était pas des commerciaux. Ils se sont rapidement... aperçu qu'ils allaient se planter et qu'il fallait qu'ils trouvent une solution. Donc ils se sont rapprochés de Kadoma à l'époque. Kadoma a dit pas de problème, nous on peut reprendre la cave sous forme de section 20 dans notre coopérative. Et ça s'est fait en 1966. Kadoma a dit on va investir, d'abord en matériel, puis après on construira une cave parce que manifestement là où c'est qu'on est, c'est trop petit. Et moi, j'ai été embauché par le président de la cave de l'époque, Étienne Bonofus, qui a débarqué un jour chez nous, au moment du repas, et après avoir salué mon père, s'est tourné vers moi, me disant « t'es calme, il y a même une maison de tu » . On n'a pas encore réussi à faire plus court comme en entretien d'embauche. Donc moi j'ai commencé à travailler à la cave en 1966 et puis mes patrons directeurs de Canoma ont trouvé que je me débrouillais pas si mal que ça, qu'ils avaient d'autres occupations, qu'ils leur prenaient beaucoup de temps et à partir de ce moment-là j'ai été responsable de la cave. Restait le problème donc, on a pris les conseils d'énologue et... compétents pour améliorer, on a investi en matériel. Restait le problème de la qualité du raisin, parce qu'on avait mécanisé en replantant au départ des vignes de bas de coteau, donc qualité moindre que ce qui était le Marciac au début. Et puis un jour, où je devais avoir certainement mal dormi, j'ai eu l'idée qu'il fallait faire comme dans les rizières de Thaïlande ou... ou d'Indonésie, des terrasses pour pouvoir mécaniser l'herbe. Ça a été un grand moment d'ailleurs quand on a discuté de ça. Finalement, les vignerons de l'époque, le président de la cave, ce n'était plus M. Bonnefousse, c'était M. Laurent, le père de Michel, a dit on va aller voir parce qu'il paraît qu'il y a quelque chose de ce genre-là à Irulégui. On va à Irulegui et ce qu'on avait trouvé a été parfaitement décevant, très loin de ce qu'on imaginait, et qui était des vignes absolument pas mécanisables et travaillables uniquement avec un motoculteur et une pompe à dos. C'est ce qu'on ne voulait pas. Bon, on a été voir notre vignoble dans les corbières, résultat aussi décevant, rien d'applicable, rien de... Dans les gens qui nous aidaient, il y avait un technicien viticole de la chambre d'agriculture, qui était M. Vallès. M. Vallès était d'Aguessac. Et M. Vallès, à Aguessac, avait planté des amandiers suivant les méthodes qu'appliquaient les pieds noirs en Algérie. Donc, en découpant des terrasses au bulldozer, pour qu'elles soient plates, mais il y avait de gros problèmes d'accès. Enfin, l'idée des terrasses d'Aguessac de Vallès nous a plu. On a discuté, on a dit mais le modèle est aménageable. Donc à la cave, on a décidé une première création. Cette création c'était chez Jean-Luc Moitat à Caldebrie, où c'est qu'on a fait les premières terrasses qui ont été découpées en martiaque. Jean-Luc Moitat à l'époque était adhérent de la cave. On a continué dans la foulée à quelques mois d'intervalle. par Costecalde qui est en dessous serre avec des vignes qui étaient portées par Laurent et Kérouze et ça a fonctionné comme ça pendant un an ou deux. Et là-dessus, le Dr Perrier, qui était conseiller général du canton, a dit « il y a des friches à Marciac, il faut mener un grand projet » . Donc on a monté un grand projet à Marciac. Ce grand projet a eu un démarrage un peu difficile, parce qu'une fois la création de terrasses faite, les preneurs ne se bousculaient pas parce qu'ils avaient un peu peur de beaucoup de choses, donc ça a un peu traîné, puis finalement on a trouvé des solutions, mais ça a été le seul grand projet collectif. Il y en a eu un autre beaucoup plus petit sur lequel il a deux maladies, et après il n'y a eu que des créations de terrasses individuelles. les terrasses ont permis très rapidement de faire remonter la qualité du raisin parce qu'on est revenu là-dedans. Donc à partir de là, on a essayé de mettre en place des circuits commerciaux qui tiennent la route. Les volumes ont augmenté très fort, il a fallu agrandir la cave. Le dernier agrandissement, c'est l'œuvre, j'allais dire l'enfant de Jean-Marc Gombert, qui nous a quittés il n'y a pas très longtemps. Après les gelées de 1956, les mansois qu'on avait, on ne savait faire du mansois que sur un porte-greffe qui s'appelle le riparia, qui n'est pas un porte-greffe vigoureux, donc les remplacements n'ont pas pu se faire. Et les remplacements dans les vignes gelées ont été faits avec des juransons, essentiellement, des valdéillés, et quelquefois au sacrilège même des hybrides. Ce qui fait que... de Can Tho Naen, et eu la reprise par Cadoma. Sur l'ensemble de la pelle à Sion, il n'y avait que 24 hectares de vignes dignes du VDQS qu'on venait d'obtenir, dont 12 à la cave. Maintenant, pour rappel, on est en gros à 200 hectares, et sur les 200 hectares, la majorité, c'est des terrasses. Il y a eu un gros effort qui a été fait par tout le monde, parce qu'au départ... Le syndicat historique était bien endormi. Le dynamisme du syndicat a été porté par la cave. Il y avait un peu confusion entre savoir si on était en réunion syndicale ou en réunion cave. Mais les jeunes viticulteurs qui se sont installés, que ce soit Philippe Tellier, Jean-Luc Boitac qui avait quitté la cave, ont apporté leur part de dynamisme. Donc le syndicat s'est remis à fonctionner d'une manière correcte. et là aussi On avait demandé en 1972 l'appellation à hausser. On nous a un peu baladé. On nous a dit que la délimitation parcellaire n'était pas faite, qu'on ne pouvait pas nous le donner de suite. En réalité, il y a eu beaucoup de gens qui voulaient qu'on traîne un peu. Et on l'a obtenu en 1990. Ça a été encore un coup d'accélérateur supplémentaire. À partir de là, le gros effort qualitatif chez tout le monde. Gros effort commercial chez tout le monde, que ce soit, je dis, cave et individuel. Et on en est arrivé à la situation qu'on est maintenant, où c'est que le vignoble, je dis, a atteint une certaine maturité.