Speaker #0En escalade, il y a ceux qui osent prendre des risques et ceux qui veulent tous tâter. Bienvenue sur Esprit Vertical, le premier podcast des grimpeurs qui veulent repousser leurs limites à chaque compétition. Ici, on parle mental et performance pour t'aider à grimper plus haut dans ta tête comme en compétition. Je suis Antoine Mougel, préparateur mental et entraîneur d'escalade à Chambéry. Depuis plus de 10 ans, j'accompagne des grimpeurs jusqu'au plus haut niveau national et international chez les jeunes. Dans ce podcast, je t'emmène au cœur de mes séances, là où se jouent les prises de conscience. Je vais t'aider à relever les défis cachés derrière chaque mouvement. On parlera résilience, engagement et confiance en soi. L'idée, rendre ton mental aussi affûté que les réglettes que tu sers. Alors prépare-toi à explorer ton mental sous un nouvel angle et à en porter des pépites à chaque épisode. Avec Esprit Vertical, tu arrêtes de laisser les tops des autres déterminer si t'en es capable ou non. Alors Ausha, c'est parti ! Aujourd'hui j'ai envie de te partager une expérience un peu plus personnelle. Comment je suis passé de la pire séance de grimpe de l'année à la meilleure séance de grimpe de l'année. Et qu'est-ce qui s'est passé pour moi entre ces deux séances là et surtout comment j'ai vécu l'une et l'autre. En fait, je vais grimper le mardi et là je suis en énergie genre complètement basse, je me sens fatigué. Fatigué mentalement, fatigué émotionnellement, fatigué même physiquement. Parce que d'un coup, il fait plus froid. Il s'est passé des petits trucs dans ma vie perso qui font que je suis moins prêt à me battre aujourd'hui. Donc je m'échauffe, jusque là tout va bien, je cherche mes sensations, ça va. Et plus je rentre dans ma séance, plus je sens que je suis incapable de me donner à fond en fait. Genre, je vais dans tous les blocs d'échauffement de d'habitude, ça va bien. mais dès que je vais dans des bollocks que j'ai déjà travaillé ou un peu plus projet, genre je me sens à la rue, à la rue complète. Et à ce moment-là, je serais pu totalement me dire « Ouah, je suis devenu nul, ça va pas du tout, comment ça se fait que je sois aussi nul que ça ? » Et en fait, juste avec le temps, j'ai appris à prendre en considération où j'en suis au début de la séance et d'adapter en fait mes attentes par rapport à cette séance. Pas de me dire « Ah ok, je suis... » fatigué donc j'attends rien de cette séance, mais de me dire ok mon 100% où il est aujourd'hui et de me fixer sur ok est ce que j'arrive à dépasser ce 100% ou pas et si j'arrive pas à le dépasser ben au moins est ce que j'arrive à l'atteindre et l'exploiter. Du coup plus la séance avance plus je grimpe avec un ami à moi à ce moment là et en fait plus je me rends compte que ben j'ai zéro repère dans l'espace, dès qu'il faut être dynamique je suis mou Mes doigts, ils tapent toujours à côté des petites prises et je sens que je ne suis pas du tout à mon niveau normal. Et à ce moment-là, pour me rendre compte vraiment du niveau que j'ai ce jour-là, ce que je fais, c'est que je vais dans un bloc projet que je travaille en ce moment et dès le premier move, je me sens mais incapable de le faire, à des années-lumières. Et ça, pour moi, ça se joue comme un déclencheur de ne pas me flageller, mais au contraire de me dire « Ok, c'est ça mon niveau d'énergie du jour » . Et en même temps, dans ma tête, je ne me sens pas du tout prêt. à force et fort à me faire mal ce jour-là. Donc plutôt que, encore une fois, me culpabiliser, plutôt que de me dire « Non mais Antoine, ça va pas du tout, t'es nul si tu réussis pas ces blocs. En plus, y'a ton pote qui te regarde, qu'est-ce qu'il va penser de toi ? » Ou alors j'aurais pu me dire « Non mais Antoine, si là tu t'entraînes pas à fond, en fait jamais tu vas réussir à atteindre tes objectifs parce que ça te nécessite tellement de niveaux que là, si t'y es pas aujourd'hui, t'y seras jamais. » Et en fait, juste... je me dis, je sais que je suis capable de beaucoup mieux, juste si là, je ne peux pas le faire, c'est que ce n'est pas le bon niveau d'énergie aujourd'hui. Je n'ai pas ce qu'il faut aujourd'hui pour le faire. Et peut-être que toi, ça t'arrive aussi dans tes entraînements à, tiens, comme vouloir toujours performer et genre faire la meilleure séance de ta vie. Et justement, tu sors super frustré parce que tel jour à l'entraînement, tu n'as pas réussi à faire tel ou tel bloc. Sauf que... Si tu te juges à chaque séance par rapport à est-ce que tu as fait la performance de ta vie, ce qui va se passer, c'est que tu vas détruire toute la confiance que tu as créée, que tu as construit en toi. Puisque dès que tu ne vas pas être dans les standards maximum ou dans ce que tu penses être capable de faire, là tu vas dire, ah mais en fait je suis devenu super nul, ah en fait mon objectif j'y arriverai jamais. Et là ce qui se passe, c'est que tu détruis toute la confiance que tu as créée en toi. Pour éviter ça, moi ce que je suis allé chercher lors de cette séance, C'est plutôt la confiance dans mes process. C'est-à-dire que, ok, j'ai fait mon bon échauffement, j'ai activé tout ce que je devais Bon, là, ça ne répond pas. C'est juste qu'en fait, mon corps ou mon état d'esprit m'empêche de le faire. Ce n'est pas que je ne suis pas capable de le faire dans l'absolu. Seulement, aujourd'hui, l'état actuel de mon énergie ne me permet pas de le faire. Et ça, ça fait une différence fondamentale pour moi. Parce que mon job et ton job à l'entraînement, c'est d'aller à fond avec ce que tu as le jour J. La question que tu dois te poser, c'est as-tu été capable d'utiliser 100% de tes moyens du jour ? Si la réponse est oui, bravo, tu as fait ton maximum, tu peux être fier de ça. Ok, oui, ce maximum, il peut être différent un autre jour. Mais ce que tu as fait aujourd'hui, c'est ce dont tu étais capable ce jour-ci et tu as été capable d'aller le chercher. Et ça, ça a de la valeur. Et ça a encore plus de valeur parce que c'est quelque chose qui va être reproductible. Alors que ton niveau d'énergie, il est fluctuant en fait. Il ne sera jamais le même. Il y a des fois, tu es plus en forme, des fois, tu es moins en forme, Des fois, tu n'as pas de temps. trop le choix de ça. Alors bien sûr, t'as le choix de bien dormir, t'as le choix de bien t'entraîner, t'as toute la programmation qui est faite pour ça, pour être en forme le jour J, mais sauf que c'est fait pour être en forme le jour J. Les jours d'avant aux entraînements, les compétitions intermédiaires, t'as pas le choix d'arriver avec l'énergie que t'as aujourd'hui. Mais ton job, c'est comment tu fais pour aller chercher le 100% que tu as là maintenant. Et une fois que c'est reproductif pour toi, et ben ça, ça apporte énormément de confiance dans ta grimpe parce que tu sais qu'à n'importe quel moment, tu es capable d'aller chercher ton max, ta performance. Imagine, demain, tu es au début d'une compétition, tu ne te poses même plus la question de « Ah, est-ce que je suis en forme aujourd'hui ? Est-ce que ça va être suffisamment bien ? » etc. Non, tu es tellement sûr de tes process, tu es tellement sûr de comment tu t'actives pour exploiter le maximum de tes capacités, et bien en fait, là, d'un coup, tu n'as plus qu'à choisir à jouer à p****. profiter de ce que tu es en train de faire, c'est-à-dire ton sport favori. Du coup, je continue ma séance et en vrai, je fais ce que je peux. Je fais ce que je peux dans tous les blocs. Je revois le niveau d'intensité dans lequel je peux grimper. Même à la fin, avec mon ami, on termine sur la kilter. Et d'habitude, je suis capable de travailler des blocs en 7C et 8A. Et là, même un 7B, ça me demande énormément d'énergie. Je galère vraiment à chaque mouvement. Et en fait, c'est ça que je voulais aller chercher aujourd'hui. Du coup, je me dis, ok, j'ai ce niveau-là d'énergie. Comment je peux le maximiser ? Qu'est-ce que je peux potentialiser ? Et en fait, je m'en fous de tomber, de rater le bloc. Moi, ce qui m'intéresse à ce moment-là, c'est est-ce que j'arrive à m'activer ? Est-ce que j'arrive à aller chercher des détails ? Et si je n'y arrive pas, en fait, tant pis. Au moins, j'aurais essayé. Au moins, j'aurais donné à fond ce que j'avais à donner aujourd'hui. et ça, ça m'a amené à la fin de la semaine où je retourne grimper dans cette même salle, et là je sens que je suis vraiment en énergie beaucoup plus haute. Genre dans ma tête c'est activé, les connexions se font, et je survole ma séance. Genre tous les blocs durs dans lesquels je travaillais, je les flash au premier essai dans la séance, et à ce moment-là j'aurais pu me dire « Ah mais en fait ça y est, je suis devenu un super-héros, etc. » Non en fait, à ce moment-là, ce que je me dis, c'est la même chose que la séance où j'étais en basse énergie. Ok. mon niveau d'énergie, il est super élevé. Tiens, je continue à travailler sur mes process. Qu'est-ce que je mets en place là pour m'activer, pour aller chercher tel bloc, pour être ultra précis, ultra efficace à chaque essai ? Et en fait, c'est cette confiance dans ces process de me dire, mardi, tu vois le travail que tu as fait, quand tu étais fatigué, il paye aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, dans une situation plus facile, plus favorable, je peux profiter de mes process pour aller encore plus loin. plus haut dans mes performances. Et quand tu les travailles justement quand c'est dur, c'est là où ça devient plus facile sur le terrain. Entraîne-toi toujours plus dur que le jour J des compètes. Si tu attends le jour J quand ça va mal, quand c'est plus technique, pour te mettre justement face à comment tu sais gérer ça, c'est là où ça peut être très très challengeant. Alors qu'à l'inverse, si tu vas chercher ces challenges tous les jours à l'entraînement, tu fais face et tu acceptes de nager avec le courant plutôt que toujours contre le courant. utiliser cette énergie-là pour aller chercher les petits trucs qui font la différence, ça pour moi c'est une des vraies clés de la performance. Ce que j'avais envie de te transmettre à travers cet épisode, c'est que premièrement, bienveillance ne s'oppose pas avec exigence. Être exigeant, c'est utiliser 100% de tes capacités du jour. Être exigeant, ce n'est pas aller dans la cotation qui te fait rêver. Ça, c'est ton égo qui parle. Donc, être bienveillant... C'est lucide dans « Ok, qu'est-ce que je suis capable de faire aujourd'hui ? » C'est quoi mon 100% du jour, mon niveau d'énergie ? Et qu'est-ce que je mets en place, où je mets mon exigence dans mes process pour aller chercher ce 100% ? Et ça, c'est vraiment la clé d'un entraînement pertinent et d'un entraînement qui va faire grandir la confiance en toi. Ce qui m'amène au deuxième point que j'avais envie d'aborder aujourd'hui avec toi. La confiance, ça se construit. On n'est pas confiant, on le devient. Et on le devient parce qu'on accumule des réussites, on accumule des succès. Ces succès se construisent chaque jour à l'entraînement par ce qui est maîtrisable uniquement par toi. Et ce qui est maîtrisable uniquement par toi, ce sont tes processus de performance. Qu'est-ce que tu mets en place pour utiliser le maximum de tes capacités et de l'énergie que tu as là maintenant ? Grâce à ça, tu n'auras plus l'impression de jouer à un jeu de hasard, mais tu auras de la certitude dans ta capacité à te donner à 100%. On dit souvent que les victoires se jouent au mental. Et pourtant, combien de grimpeurs prennent vraiment le temps de l'entraîner ? En écoutant jusqu'ici, tu as compris que tes plus gros succès se construisent d'abord dans ta tête avant tes avant-bras. T'as donné à ton mental l'attention qu'il mérite de grimper à son meilleur niveau et ne plus jamais avoir l'impression d'être plus fort à l'entraînement que le jour de la compétition. Et je le sais que c'est au pied des voies et des blocs qu'on partage nos meilleures méthodes. Alors j'espère que tu partageras esprit vertical à ceux qui en ont vraiment besoin. Comme ça, on sera de plus en plus nombreux. à ne pas juste avoir de gros biceps, mais aussi un gros mental. Alors à bientôt sur Esprit Vertical.