Speaker #0En escalade, il y a ceux qui osent prendre des risques et ceux qui veulent tout stater. Bienvenue sur Esprit Vertical, le premier podcast des grimpeurs qui veulent repousser leurs limites à chaque compétition. Ici, on parle mental et performance, pour t'aider à grimper plus haut dans ta tête comme en compétition. Je suis Antoine Mougel, préparateur mental et entraîneur d'escalade à Chandigou. Depuis plus de 10 ans, j'accompagne des grimpeurs jusqu'au plus haut niveau national et international chez les jeunes. Dans ce podcast, je t'emmène. au cœur de mes séances, là où se jouent les prises de conscience. On parlera résilience, engagement et confiance en soi. L'idée ? Rendre ton mental aussi affûté que les règlettes que tu sais. Avec Esprit Vertical, tu arrêtes de laisser les tops des autres déterminer si t'en es capable ou non. Alors Ausha, c'est parti ! C'est la reprise et déjà les premières compétitions ont commencé. C'est le moment de te questionner sur quel est ton objectif pour cette année, et même c'est quoi ton objectif pour la prochaine compétition. Alors je sais que c'est un exercice qui n'est pas facile, voire même pour certains, qui peut faire peur. Peut-être que l'année dernière tu as vécu ces moments où tu t'étais mis à un objectif, et t'étais sorti frustré, en colère de ne pas avoir atteint ton objectif de résultat. Et peut-être même t'avais essayé de mettre en place, vu que tu n'arrivais pas à avoir cet objectif, et que à chaque fois que tu t'en mettais un, tu ressortais encore plus frustré, encore plus énervé de ne pas y être, ou même qu'à certaines compétitions, tu t'es dit, ok, j'arrête d'avoir un objectif, juste je prends du plaisir, je me donne à fond, et ça a marché. Ça a marché certaines fois. Ça a marché jusqu'au moment où l'enjeu a repris le dessus. Jusqu'au moment où le bloc, où la prise à atteindre, est devenue si importante que tu en avais oublié de prendre du plaisir. et de donner le maximum de toi. Et du coup, le problème à chaque fois, c'est qu'à ce moment-là, tu as uniquement en tête un objectif de résultat. Et aujourd'hui, on va voir pourquoi avoir uniquement cet objectif de résultat, c'est limitant. On va voir comment te fixer un objectif clair et structuré qui va te permettre d'utiliser l'enjeu à ton avantage et enfin jouer le jeu de la compétition. Tu sortiras de chacune d'elles avec une idée claire de comment ça s'est passé et qu'est-ce que tu vas mettre en place pour la suivante et ça va te servir comme un tremplin, comme des expériences qui vont renforcer ta progression ainsi que ta confiance en toi. Tiens, quand tu te fixes un objectif de résultat, t'es-tu déjà demandé est-ce qu'il dépend uniquement de moi ? Non, ton objectif de résultat ne dépend pas uniquement de toi. Il va dépendre premièrement Merci. des autres. Et là, tu peux commencer à voir l'incohérence dans avoir uniquement un objectif de résultat, puisqu'il dépend aussi de la performance des autres. Ça veut dire que tu fixes des attentes envers toi, qu'en fait, tu ne peux pas maîtriser, qui sont dans les mains des autres. Alors, c'est normal qu'à la fin d'une compétition, tu te sentes impuissant, tu te sentes énervé, parce que ben, en fait, c'est pas toi qui as la main là-dessus. Et être uniquement sur cet objectif de résultat, renforce encore ce sentiment d'impuissance et, littéralement, fait exploser ton stress au moment où l'enjeu augmente. Et tu vois très bien de quel moment je parle. Tiens, d'ailleurs, ça me fait penser, un des athlètes que j'accompagne me dit un jour « Mais Antoine, moi j'ai besoin de ça. Moi, quand je réussis un bloc et que les autres ne le font pas, mais ça me booste de ouf ! » Et à ce moment-là, je lui demande « Tiens, qu'est-ce qui se passe ? » Quand à l'inverse, les autres réussissent, se bloquent et toi justement, tu n'y arrives pas. Il me dit, là je me sens trop mal, je me sens trop nul, je me dis que je n'y arriverai jamais. Et donc à ce moment-là, tu peux voir que ce qui joue en lui, c'est son égo. Quand il réussit et que les autres ne réussissent pas, il se sent super bien, il se sent pousser des ailes et il a l'impression d'être trop fort. Et à l'inverse, quand les autres réussissent et que lui non, à ce moment-là, il devient... trop nul. Et en fait, ce que tu peux voir, c'est que c'est les deux facettes de la même pièce. Et vouloir gérer ta compétition avec l'ego, c'est comme vouloir faire décoller une montgolfière avec de la poudre à canon. C'est ingérable. Tu ne pourras jamais doser parfaitement, ton ballon va exploser et toi, tu vas te cracher. T'as donc pas le choix de la perf des autres. Et te juger par rapport à elle, c'est normal que en fait, ça te rende impuissant et ça te déstabilise. Parce qu'en fait, tu n'as pas la main dessus. Donc toi, ton job, c'est de gérer ce qui dépend uniquement de toi. Et ce qui dépend uniquement de toi, c'est comment tu fais. pour être performant dans ce bloc, dans cette voie. Tu as le choix de ce que tu mets en place. Autre chose qui ne dépend pas uniquement de toi, tiens, c'est les blocs, les styles de blocs, les styles de voies, l'intensité et les pas proposés. Ça, tu n'as pas le choix, ce sont les ouvoirs qui décident. Et si tu estimes, avant même d'y aller, que ça va être facile pour moi, ou alors ça, ce n'est pas du tout mon style, ça va être trop dur pour moi, Et bien, qu'est-ce qui va se passer quand tu vas aller dans le bloc dur ou dans la voie dure ? À ce moment-là, tu vas te dire, oh, c'est beaucoup trop dur pour moi, je ne peux pas y arriver. Avant même de partir, tu auras déjà décidé que tu as perdu. Avant même de partir, tu vas déjà te sentir en situation d'échec. Et bien, clairement, tu le sais toi-même, tu ne pourras pas donner ton maximum à ce moment-là. Et en partant défaitiste, du coup, tu t'empêches d'utiliser toutes tes capacités. Et à l'inverse, quand tu fonctionnes comme ça, et que tu vas dans un bloc qui est censé être plus facile pour toi, ou que tu as lu plus facile, ou une voix que tu as lu facile pour toi, ce qui se passe, c'est que tu ne mets pas vraiment l'intensité ou l'énergie, ou du moins la concentration nécessaire, puisque tu dis, oh, c'est bon, ça, je vais y arriver facilement. Et là, qu'est-ce qui se passe ? Tu zippes, tu tombes, tu fais une erreur technique, tu penses à autre chose, tu n'es pas d'intensité, tu te fais surprendre. Du coup, qu'est-ce qui se passe ? Tu te remets en question ta... ta capacité à même ne serait-ce que faire une voie facile, un bloc facile. Tu n'arrives plus du tout à faire les blocs durs et tu es même incapable de faire ce qui est facile. Tu as l'impression de ne plus savoir grimper. Et là, tu peux remarquer dans quel piège tu es tombé. Tu évalues qui tu es par rapport à est-ce que tu as topé, est-ce que tu as fait ce mouvement et tu es incapable de voir, ah tiens, est-ce que finalement je n'ai pas sous-estimé ou sur-estimé le bloc ? Est-ce que finalement je n'ai pas mis la bonne intention, la bonne intensité là où il fallait ? Et ça, ça te met des œillères qui t'empêchent de voir où est vraiment ton pouvoir là-dessus. Donc oui, tu n'as pas le choix des voies, des blocs, de l'intensité, mais tu as encore une fois le choix de comment tu te comportes avec ça. Comment tu te comportes face à ça. Et le jeu de la compétition, il est justement là. Les ouvreurs t'ont prévu un cadre de jeu. Comment toi tu joues avec ça ? Comment tu fais pour défier les pronostics ? Comment tu fais pour te dépasser quoi qu'il arrive ? Un autre élément qui ne dépend pas uniquement de toi, c'est par exemple l'arbitrage. Tu n'as pas le choix des décisions des arbitres, voire même des fois tu ne peux pas les contester. Alors oui, ça peut paraître injuste et oui, des fois peut-être qu'ils ont tort, mais ce qui se passe, c'est que quand tu mets ton énergie là-dessus où tu n'as pas de choix, où tu ne peux pas agir, ce qui se passe, c'est que tu perds toute ta capacité à réfléchir sur « Ok, comment je peux faire pour que la prochaine fois... » ils ne puissent plus avoir d'ambiguïté. Comment je fais pour que mon prochain essai, si c'était en bloc, je fais pour que c'est sûr que la prise finage la tienne et qu'il n'y ait plus d'ambiguïté pour aller chercher. Tu vois, voire même, là peut-être que tu te racontes une histoire comme « Ah, c'est pas de chance, j'y étais et lui il ne me l'a pas raconté. » Ou alors, tu peux voir la chose d'une autre façon de dire « Ok, en fait j'y suis. » Donc si j'y suis, c'est que je suis capable de le refaire. qu'est-ce que j'ai mis en place pour y retourner. Et ça... ça te donne de la confiance dans ce que tu es capable de faire. Et je me rappelle très bien une Coupe de France l'année dernière. Une des athlètes que je coach à ce moment-là, elle tombe tout en haut du bloc, c'était une dalle, tout en précision, tout en concentration. Et à la toute fin, au moment où elle ramène, son pied commence à s'ouvrir et tout doucement, elle prend une porte. Et la juge lui refuse le bloc. Et à ce moment-là, elle est en colère, elle est frustrée. Je sais qu'elle n'a pas le choix de vivre cette émotion-là. Donc, je vois avec elle, on met des mots sur cette émotion, et ensuite, je demande à la juge, OK, qu'est-ce qu'elle a vu ? Pas pour justifier, pas pour critiquer, juste pour que, OK, elle écoute de la part de la juge ce qu'elle a vu. C'est quoi la décision qu'elle a prise ? Et ça, ça me permet une chose, ça me permet de, OK, on n'a plus le choix, le juge a pensé ça de cette situation. Mais on a le choix de comment on fait pour remettre un run de qualité et surtout construire la confiance que si elle était capable d'y aller une fois, ce n'est pas un coup de chance, mais elle a mis des choses en place pour y arriver. Donc c'est là-dessus qu'on va s'appuyer. Au final, elle retourne dans le bloc et elle le tope. Là où on aurait pu la perdre tout au long de la compétition, en deux minutes, elle s'est reconcentrée, remobilisée et repartie avec le couteau entre les dents. On pourrait continuer encore longtemps comme ça pour décrire tout ce qui ne dépend pas uniquement de toi, comme encore l'horaire, les heures de passage, l'ordre de passage. Si c'est le matin, si c'est le soir, ce que ça influe sur ta nutrition, etc. En fait, tu as compris que tout cet environnement-là, le jeu de la compétition, fait que tu joues dans un environnement qui ne dépend pas uniquement de toi. Et en fait, on vient te chercher sur toi, ta capacité à t'adapter à cette situation-là. C'est ça qui fait finalement le sel de la compétition. Tu n'as pas le choix de l'ordre à laquelle tu passes, tu n'as pas le choix des blocs. Mais c'est comment toi, tu fais à ce moment-là pour être performant. C'est ça le vrai jeu. Et pour reprendre l'analogie de la montgolfière, tiens, peut-être t'es-tu déjà demandé pourquoi elles ne volent pas tout le temps ? Pourquoi on ne les voit pas tous les jours ? Pourquoi on ne les voit que les matins, les soirs, à certaines périodes de l'année ? Eh bien, tout simplement, tout simplement parce que l'environnement influe sur leur capacité à monter, à s'élever dans les airs. Et leur job, c'est justement de repérer ces bonnes conditions et d'agir sur ce qui dépend uniquement d'elles. Ok. Donc à ce stade de l'épisode, tu as compris que ton objectif de résultat dépend pas uniquement de toi, mais toi, ton job, c'est d'agir sur ce qui dépend uniquement de toi. Donc maintenant, quand tu te fixes une attente de résultat, fixe-toi ensuite comment tu fais, qu'est-ce que tu mets en place qui dépend uniquement de toi pour te donner le maximum de chances de l'atteindre. Et là, très clairement, ce qui vient en premier, c'est ta performance à toi. Comment tu fais toi pour être performant ? Comment tu fais pour... prendre du plaisir. Parce que souvent, quand tu prends du plaisir, tu es beaucoup plus performant. Tu peux atteindre ce qu'on appelle aussi l'état de flot. Et là, une compétition, ça ne revient plus à « Ah, je suis en bas de la montagne » et tu te dis « Je veux aller là, il faut que j'aille là » ou « Je ne dois pas aller là » ou « Je ne dois pas tomber là » , mais devient un plutôt. Mais la question se résume par « Tiens, c'est quoi le pas que je dois faire en avant ? » Parce que je veux aller jusque là-haut. Qu'est-ce que je fais là maintenant pour faire un pas de plus, pour me rapprocher à centimètre après centimètre de mon objectif ? Ce sont tes objectifs de processus. Donc on a tout en haut tes objectifs de résultat, au milieu tes objectifs de moyens, c'est-à-dire être performant, et enfin tout en bas tes objectifs de processus. Ce sont ceux-là, ces indicateurs-là, qui vont te permettre d'être performant et qui vont te permettre... d'aller chercher ton résultat. En identifiant ainsi tous tes processus qui te rendent performant, ça va te donner de la clarté sur qu'est-ce que tu m'emplaces, qu'est-ce qui fonctionne, qu'est-ce qui ne fonctionne pas et ça, ça t'apporte énormément de confiance face à l'adversité. Un exemple qui me vient en tête à ce moment-là, et peut-être que tu sais que je suis fan de foot et notamment du Paris Saint-Germain, tu sais c'est cette équipe qui pendant longtemps était juste une somme de stars, mais pas une vraie équipe. Et bien maintenant, depuis avec leur nouvel entraîneur, c'est devenu une équipe qui sait à chaque instant comment faire circuler la balle, où est-ce qu'ils doivent se placer pour déstabiliser l'adversaire. Et ça, tu peux le comparer un peu à tes processus de comment tu fais pour être performant. C'est leur style de jeu, toi c'est ton style de grimpe. Et ça, ça leur apporte énormément de confiance. Ce qui fait que même dans les matchs où ils sont menés au score, ils jouent toujours le même jeu. Quoi qu'il se passe, ils sont... toujours dans leur process à eux, comment ils font pour faire mal à l'adversaire. Comment toi, tu fais pour être performant dans tes blocs et dominer les moves qui te sont proposés. Et petite anecdote en plus sympa avec le Paris Saint-Germain, tu vois tout à l'heure on parlait d'arbitrage, et bien justement leur entraîneur a l'entraînement leur siffle volontairement des fautes qui n'existent pas. Pourquoi ? Pour les habituer à se concentrer sur ce qui dépend d'eux, uniquement leur jeu. Quoi qu'il se passe, quoi que les arbitres décident, qu'il y ait un carton ou non, qu'il y ait une faute ou pas, sifflé ou non sifflé en leur faveur, ils continuent à jouer leur jeu. Et c'est ça qui les rend performants, qu'importe l'adversaire, qu'importe les décisions envers eux. Quand tu organises ta compétition, non plus à partir de ton résultat attendu ou que tu espères avoir, mais à partir de tes processus, je te garantis qu'à la fin de chaque compétition, tu arrêteras de les vivre soit comme une vie. victoire soit comme un échec, mais tu les vivras comme une expérience qui te fera grandir, d'apprendre ce qui a marché. et ce que tu dois faire évoluer pour que la prochaine fois tu puisses utiliser tout ton potentiel et t'exprimer à ton maximum. On dit souvent que les victoires se jouent au mental, et pourtant, combien de grimpeurs prennent vraiment le temps de l'entraîner ? En écoutant jusqu'ici, tu as compris que tes plus gros succès se construisent d'abord dans ta tête, avant tes bras. T'as donné à ton mental l'attention qu'il mérite, alors bravo ! Ma mission, c'est de permettre à chaque athlète de grimper à son meilleur niveau et ne plus jamais avoir l'impression d'être plus fort à l'entraînement que le jour de la compétition. Je sais que c'est au pied des voies et des blocs qu'on partage nos meilleures méthodes. Alors j'espère que tu partageras Esprit Vertical à ton binôme d'entraînement ou à un ami qui en a vraiment besoin. Comme ça, on sera de plus en plus nombreux à ne pas juste avoir de gros biceps, mais aussi un gros mental. A bientôt sur Esprit Vertical.