- Speaker #0
Il y a des histoires qui bouleversent par leur brutalité, et d'autres qui bouleversent par la force qu'elles révèlent. Celle de Léaline commence un jour comme un autre avec un simple rendez-vous médical. Une boule détectée au sein, des examens, puis ce mot que personne n'est jamais prêt à entendre, le semi-aigu l'infoblastique de type T. Du jour au lendemain, sa vie bascule. Les murs de l'hôpital remplacent le quotidien. Les chimiothérapies deviennent le rythme de ses journées. Et parfois, l'espoir semble s'éloigner. Et pourtant, au milieu de la peur, de la fatigue, des cicatrices visibles ou invisibles, Léaline choisit la lumière. Dans sa voix, il y a cette force tranquille que connaissent celles et ceux qui se battent, cette lumière fragile mais tenace qui dit « oui, c'est dur, oui, j'ai mal, mais je continue » . Cet épisode, c'est pour elle, mais c'est aussi pour toutes les personnes qui vivent ou ont vécu une leucémie, pour celles et ceux qui se battent en silence, pour les proches qui soutiennent, et pour tous ceux qui refusent de laisser la maladie voler leur espoir. À 21 ans, Léaline nous offre une leçon de vie, celle de croire en soi, de faire confiance à la vie. Même quand tout semble s'effondrer, vous êtes sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. Excellente écoute.
- Speaker #1
Bonjour à tous, moi c'est Léaline, j'ai 21 ans et aujourd'hui je vais vous parler de ma maladie qui est la leucémie aiguë lymphoblastique de type T. Alors de base, moi tout arrive bien dans ma vie, jusqu'au jour où j'ai eu rendez-vous avec un chirurgien dans le but de faire une réduction mammaire qui sent une boule à la palpation à mon sein gauche et de là il m'envoie faire des examens complémentaires, dont une biopsie de cette fameuse boule qui s'avère avoir des cellules cancéreuses. mais on ne sait pas encore exactement. Et à partir de cette biopsie, de là, tous les ganglions, ils ont commencé à gonfler dans le cou, en dessous des bras, derrière le crâne, au niveau des plélinguinaux, enfin vraiment partout, partout, partout. Et j'ai réalisé un TEP scan quelques semaines après qui a dévoilé que j'étais remplie de ganglions de la tête, au pied, mais littéralement. De là, on me dirige alors vers des médecins spécialisés dans le sang, dont mon hématologue à l'heure actuelle. actuelle, qui me fait des examens complémentaires, donc une biopsie de la moelle osseuse qui va révéler exactement quel type de cancer c'est et quel type de leucémie c'est car il y en existe mais des milliers et des milliers. Du jour au lendemain, en fait, elle m'appelle et puis elle me dit comme ça, écoute, voilà, donc on a trouvé la leucémie que t'as, donc c'est la leucémie aiguë lymphoblastique de type T. Tu prends tes affaires, en fait, parce que là, tu vas être hospitalisé pour cinq à six semaines chez nous en service d'hématologie. Alors là, c'est un peu le coup de massue qui nous tombe sur la tête. Enfin, le coup de massue, oui et non, parce qu'on savait que j'étais malade, on savait que c'était grave, on savait que c'était un cancer du sang, mais on ne savait pas la gravité, que c'était une leucémie très rare. Alors du coup, moi au début, je ne réalisais pas vraiment. En fait, je prenais un petit peu ça à la rigolade. Je ne prenais pas ça au sérieux du tout, parce que je ne réalisais pas. En fait, j'étais complètement dans le déni. Ma maman l'a très mal vécue, très très mal vécue. Elle a pris un coup de massue aussi, c'est une maman. Heureusement que mon beau-père était derrière pour la soutenir, pour l'épauler, pour la relever, parce que ce n'était pas vraiment une épreuve facile pour elle. Et pareil, mes frères, ils étaient très tristes. Tout le monde ne réalise pas. On ne réalise pas, on se dit, mais comment c'est possible ? On pense toujours que ça n'arrive qu'aux autres. Donc de là, je m'ai hospitalisée pendant 5 à 6 semaines avec des chimiothérapies presque tous les jours. Honnêtement, à l'heure d'aujourd'hui, je ne compte plus les chimiothérapies. Et à l'heure d'aujourd'hui, je suis encore sous chimiothérapie. Mais voilà, là, de ce que j'ai passé, j'ai passé un gros mois où tous les jours j'avais de la chimiothérapie. Et ensuite, j'ai eu deux blocs de trois chimios dans chaque bloc, donc six chimios au total. Là, à l'heure actuelle, je suis repartie pour un mois de chimio et ensuite il me reste encore un bloc de trois chimios avant de pouvoir enfin passer sur un an où est-ce que j'aurai qu'une chimiothérapie par mois. Après encore un an, où est-ce que j'aurai que la chimiothérapie à l'oral ? Alors c'est un... c'est super long, c'est vraiment super long et c'est super lourd, mais ça va, on tient le coup. Moi qui n'avais pas l'habitude de prendre des médicaments en plus, alors là j'ai été... là c'était le summum.
- Speaker #0
J'ai pas eu d'effet secondaire,
- Speaker #1
ne serait-ce que des nausées. J'ai pas eu d'effet secondaire, style vomissement, diarrhée... Enfin, tous ces trucs-là, je n'ai pas eu, à part des nausées. En soi, ma première grosse hospitalisation, elle s'est plutôt bien passée, parce que comme je vous ai dit, j'étais dans le déni, alors je ne me rendais pas compte. Et c'est passé super vite, jusqu'au jour où je suis allée en réanimation, à cause d'une chimiothérapie, en fait, qui m'a créé une pancréatite. Donc je suis allée en réanimation, ou de là, je suis remontée, allez, peut-être une semaine ou deux après. dans ma chambre en hématologie. Et là, ça a été le coup de ma suie. C'est là où je me suis vraiment rendue compte de ma maladie. C'est là où je me suis vraiment rendue compte qu'on me prenait une partie de ma vie, une partie de ma liberté, une partie de ma jeunesse, tout simplement. Et là, ça a été dur. Là, ça a été dur parce qu'à chaque hospitalisation, je pleurais. En sachant que j'étais toujours hospitalisée, je pleurais toujours. J'ai vu une psychologue de l'extérieur qui est venue me voir, qui m'a fait du bien. Mais voilà, c'était le moment le plus dur pour l'instant. C'était quand je suis remontée de réanimation. Avec tout ça, avec tout ça, donc mon passage en réanimation et tout, j'ai perdu 30 kilos au total. Enfin, pour l'instant, parce que ce n'est pas encore fini. J'ai perdu 30 kilos et d'un côté, je suis contente parce qu'on se dit Summer Body pour l'année prochaine. Et d'un autre côté, on se rend compte que ce n'est pas... cool de perdre autant de kilos comme ça d'un coup, car du coup, on a tout qui pend, ça fait moche, il faut se réaccepter. On fait un poids qu'on a déjà fait, mais quand on était beaucoup plus jeune, parce que je tournais autour de 95 kilos avant d'être malade. Et là, de se retrouver à 65 kilos, ça fait tout drôle, ça fait beaucoup plus malade, surtout quand je ne suis pas habillée, en fait, ça me fait très bizarre. Mais ça, ça va. On passe au-dessus. Et puis la santé, malheureusement, ça se dégrade. C'est un grand mot. Il y a le diabète qui fait partie maintenant d'une des maladies que j'ai également. Le diabète, en plus de la pancréatite qui est toujours là un petit peu. C'est très dur de garder le moral, en fait. Parce que plus on avance vers la fin et plus c'est compliqué de... d'attendre, de patienter, d'être hospitalisé pendant plusieurs jours, plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Le temps, il paraît tellement long. D'un autre côté, on se dit que c'est l'extérieur, ça y est, c'est la fin, c'est la dernière ligne droite. C'est le dernier gros mois, là, personnellement, d'hospitalisation que j'ai et après, je serai tranquille, enfin tranquille entre guillemets. Mais c'est comme ça que j'ai le moral. C'est aussi en voyant ma famille.
- Speaker #0
Mais malgré ces moments très durs et très compliqués, c'est un petit peu plein d'émotions qui remontent.
- Speaker #1
On garde quand même espoir, car après on repasse des examens, des tests, donc ça s'appelle un médulogramme, qui nous annonce qu'au final, on n'a pas besoin de la greffe. Et donc ça, c'est bon signe. Donc ça fait un parcours en moins, en fait. C'est une épreuve en moins à passer du fait qu'on n'ait pas besoin de cette greffe, d'une demoiselle osseuse. Et donc là, ça fait du bien, ça donne espoir. Ça nous donne aussi une vision sur plus tard. On se dit, ben voilà, il reste autant de mois à tenir avec tes grosses chimios à haute fréquence. Après, ça sera plus cool, ça sera plus light. Et ça, voilà, ça redonne le sourire, ça redonne de l'espoir, ça redonne de la joie de vivre, en fait. Je n'ai pas forcément de message pour des personnes qui traversent la même chose que moi. Parce que je pense que... On aura beau nous dire n'importe quel mot, on aura beau nous dire n'importe quelle phrase qui peuvent nous réconforter, en fait, je pense qu'il n'y a rien qui peut nous réconforter à part nous-mêmes. C'est nous les battants, c'est nous qui sommes en première ligne. Alors ouais, ça fait plaisir d'avoir des petits mots gentils, ça fait plaisir de voir qu'il y a beaucoup de monde derrière nous, de voir qu'il y a beaucoup de monde qui nous suivent, qui prennent de nos nouvelles, qui nous donnent de la force. Mais le rôle principal, c'est nous qui l'avons. Et je trouve que c'est le plus important. Alors, il faut croire en vous, donc croire en nous. Moi, je crois en moi. Et je me dis que ça va aller. Et que de toute façon, on n'a pas le choix de passer par les étapes compliquées. On n'a pas le choix, c'est comme ça, c'est la vie. Tout est écrit et ça va aller. Ça va bien se passer, il faut faire confiance. Il faut faire confiance à la vie et puis voilà.