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ÉTATS DAMES

Au cœur de la dépression post-partum après un bébé arc-en-ciel : entre joie et tempête intérieure

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1h30 |24/03/2023|

80

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Description

Découvrez l'histoire inspirante de Gwen, une jeune maman de 27 ans atteinte du SOPK et d'endométriose. Après 6 longues années de parcours PMA et la perte tragique de sa fille Calesse, Gwen a fait une pause dans sa quête de maternité. Mais un miracle s'est produit lors du dernier transfert de sa dernière FIV : son fils Samaël est né. Bien que Samaël apporte beaucoup de bonheur à Gwen et à sa famille, la perte de sa fille et les défis mentaux de la maternité peuvent être difficiles à gérer. Dans un prochain épisode, découvrez comment Gwen a surmonté sa dépression post-partum après sa grossesse arc-en-ciel. Une histoire de résilience et de courage à ne pas manquer. #maternité #endométriose #SOPK #PMA #miracle #dépressionpostpartum #résilience
#pma #deuilperinatal #mamange #bebearcenciel #pmette#wemoms


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous êtes sur Etat d'âme. Dans l'épisode du jour, vous découvrirez Gwen, 27 ans, maman d'un bébé de 16 mois, Samael. Samael fait le bonheur de Gwen et sa famille. Mais ce n'est pas toujours évident mentalement, car Samael est arrivé après le décès de sa sœur Kalless. Ma dépression postpartum, après ma grossesse arc-en-ciel, c'est le sujet du jour. Mesdames, avant de laisser la parole à Gwen, sachez que vous n'êtes pas seules. En parler, c'est s'entraider. Car vous allez voir, chaque femme est unique, mais certains parcours s'entremêlent. Bonjour Stéphanie, je tenais d'abord à te remercier d'accueillir mon témoignage. Effectivement, je traverse une période qui n'est pas très évidente pour moi en ce moment. Et j'espère vraiment que mon récit aidera d'autres mamans à se sentir moins seules et à comprendre que les difficultés peuvent vraiment faire partie de leur parcours de maternité. Donc de se déculpabiliser par rapport à ça. On est vraiment toutes différentes et ce que tu disais est juste. Partager nos histoires, ça nous permet parfois d'accepter un petit peu plus la situation. Donc pour répondre à ta question, moi j'ai dû faire appel à la PMA après deux années de décès bébé. Avec mon mari, on s'est rencontrés il y a une dizaine d'années maintenant. Et lorsque l'envie d'avoir un enfant est survenue, on ne s'attendait vraiment pas à ne pas y arriver. Et on a essayé pendant deux ans, deux ans d'essais infructueux. Donc sur les conseils de notre famille. On a fait appel à un gynécologue privé, un gynécologue dans son cabinet. Et ça, je vais le regretter quelques temps plus tard, parce qu'on n'a pas toqué aux bonnes portes, en fait. Mais tout de même, c'est comme ça qu'on a découvert mon SOPK. Donc, c'est le syndrome des ovaires micropolycystiques qui m'a diagnostiqué à ce moment-là. Et il nous a assuré que mon conjoint n'avait aucun problème. Il avait passé trois spermogrammes et d'après lui, rien d'alarmant. Donc il m'a prescrit une stimulation ovarienne simple par comprimé en première instance. Échec. Donc au bout de six mois, on est passé aux stimulations par injection. Échec également. Donc on a entamé un parcours de deux inséminations. Et ça a été des moments très difficiles. En fait, la première année d'essai en PMA, entre guillemets, m'a vraiment mis au plus mal. J'ai pris énormément de poids. J'ai dû prendre 30 kilos en un an. J'avais beaucoup d'injections. Tout ça évidemment sous contrôle échographique, prise de sang, toutes les 48 heures, tous les deux jours, pour vérifier qu'on ne fasse pas de bêtises en termes de dosage. Je ne me sentais pas bien parce qu'il fallait aussi avoir des rapports programmés. Ça, on ne le dit pas assez, mais c'est dur. Ça met à mal le couple, la complicité, l'équilibre personnel, hormonal. C'est difficile. Donc j'ai voulu lui dire à ce médecin qu'il fallait faire des examens complémentaires, ce qu'il a refusé. Donc un an s'était écoulé et il avait déjà fait des erreurs administratives de traitement. Je me suis vue, par exemple, une fois faire trois semaines d'injection. les contrôles échographiques, les prises de sang. On se présente au laboratoire, juste pour l'échantillon de mon conjoint, et le laboratoire nous refuse l'accès à la salle de prélèvement parce que le dossier administratif n'est pas complet. Mais mon médecin ne m'en avait jamais parlé. Donc je l'appelle en lui disant que ce n'est pas normal, et il me répond que de toute manière, j'ai été stimulée, donc je n'ai qu'à avoir un rapport avec mon mari. Les inséminations, c'est du luxe, la PMA aussi. Donc à partir de ce moment-là, j'ai compris en fait. Ça faisait trois ans qu'on essayait, déception sur déception, j'ai compris que ce médecin, il ne nous aiderait pas. Donc j'ai fait appel à un centre PMA, vraiment spécialisé dans ma région. Je suis tombée sur une gynécologue un peu froide, mais très professionnelle. Donc elle m'a bien diagnostiqué mon SOPK. Mais ce n'était pas vraiment la véritable raison de mon infertilité. Elle m'a appris que je suis atteinte d'endométriose à un stade avancé. Donc j'ai dessiné chez des adhérences, un peu partout autour de l'utérus, sur les intestins, derrière le cul-de-sac de Douglas. Depuis que je suis toute petite, j'ai des douleurs. Depuis toute petite, je saigne énormément au moment de mes règles, voire plus. Mais tous les gynécologues chez lesquels je suis passée n'ont jamais diagnostiqué ça. Ils m'ont toujours dit avoir mal pendant ces règles, c'est normal. Donc, je prenais des cachets et je pleurais. J'attendais juste que ça passe. Donc là, un médecin qui me dit, il y a quelque chose, ça fait du bien. On se sent entendus. Mais ce n'est pas tout. En fait, on l'apprend enfin. Mon mari est atteint d'un OATS. Donc, c'est un mot très barbare qui veut dire oligo-asténo-thérato-zoospermine. Ça veut dire qu'il n'y a pas beaucoup de... du spermatozoïde. Et quand ils sont là, ils ont un fort taux d'atypisme. Ils sont très atypiques. Ils ont de flagelles, de têtes. Ils tournent sur place. C'est quasi impossible. Donc, j'ai pleuré énormément parce que trois ans d'essai, quoi. Trois ans où on a fait tout ça pour rien. Et ça fait mal parce que quand on essaye un an et qu'on va consulter, on se dit bon, c'est un an, c'est pas grave, on s'est laissé le temps. Trois ans, c'est long. C'est vraiment très long. Elle nous a orientés vers une five. Tout de suite, elle m'a dit, il n'y a que comme ça que vous tomberez enceinte. On va prendre le spermatozoïde parfait et puis on va le... On va faire un petit embrayon parfait. Donc, c'est grâce à la FIV que je suis tombée enceinte quatre fois. J'ai fait la première grossesse, une fausse couche très précoce. On appelle une grossesse biochimique. On a eu un taux de bêta ACG qui est très vite monté et très vite s'est effondré. La deuxième, j'ai fait une fausse couche à deux mois de grossesse. La troisième, je suis tombée enceinte de calesse. Donc, ma fille, elle s'est malheureusement envolée alors que j'étais enceinte. Je rentrais dans mon cinquième mois de grossesse. Éprouvant parce que du coup, tu as dû la coucher quand même, vu que tu étais au cinquième mois. Tout à fait. En fait, j'ai perdu les os un soir de janvier. Alors, je sentais venir. C'est ça qui me donne une rage. J'ai toujours cette colère au fond de moi. C'est parce que j'avais des saignements depuis un moment, ce qui m'a amenée à consulter les urgences de ma ville, les urgences maternités, rapidement et très régulièrement. La dernière semaine, j'y allais tous les jours. On me disait de rentrer chez moi, que les douleurs que j'avais étaient des douleurs ligamentaires, que les saignements, c'était des petits saignements, et qu'il n'y avait aucune raison de m'inquiéter. Et en fait, mon col se raccourcissait. Mais ça, je ne l'ai su que bien plus tard en réclamant mon dossier médical. Et au moment où j'allais consulter, on me disait juste, recusez-vous, ça va. Déjà, tu n'as pas à culpabiliser parce qu'en plus, c'était ta première grossesse qui arrivait déjà à plus de deux mois. Et si en plus, les professionnels de santé te rassuraient en disant, c'est des douleurs ligamentaires. Je pense que déjà, il faut enlever cette culpabilité parce que c'est censé être des professionnels et du coup, on est censé croire un petit peu leurs paroles. Donc déjà, je tenais juste à te dire ça parce que tu as dit que tu le fais culpabiliser alors que tu n'as pas du tout le culpabiliser. C'est dur de ne pas culpabiliser quand, évidemment, le bébé est dans notre ventre. Donc je me dis, qu'est-ce que j'ai fait pour... Et c'est vrai qu'en réfléchissant, je ne pouvais pas faire plus. J'ai vraiment donné mon corps et mon bébé. Je me suis totalement laissée porter par le corps médical. Et ce n'est pas comme si je n'avais même pas consulté. J'y suis allée vraiment tous les jours. Mais voilà, après, c'est... Et puis ça a été dû. Parfois, pour eux, en fait, c'est des suppositions. Quand on dit qu'on a ci, qu'on a ça, qu'on ressent ci ou ça. Pour eux, en fait, c'est... pas assez concret et du coup, on ne va pas faire d'examen en plus parce que c'est juste des suspicions. On devrait prendre un peu plus les paroles des patientes en compte. Oui, c'est ça. Parce que moi, quand je suis arrivée aux urgences, je leur ai dit j'ai des contractions. Ils m'ont dit non, vous saurez quand ce sera une contraction. Ça n'est pas une contraction. Donc, je n'ai pas eu de monitoring, je n'ai pas eu de contrôle, j'ai juste eu une échographie. Donc, il montrait que ma fille, elle est très bien, pataugée là-dedans, son cœur battait la Ausha. Enfin, voilà, votre fille, elle est en vie, tout va bien, on vous saigne, c'est le col qui saigne un peu. Voilà, c'est tout. Donc, rentrez chez vous, reposez-vous, ça va aller. Donc, moi, quand j'ai perdu les os, j'ai tout de suite compris. J'étais dans mon canapé, mon mari travaillait. Je me suis levée, je me souviens, j'ai l'image en tête. Je me lève, j'en ai plein le collant, le canapé est trempé. Mon mari rentre, il me dit « qu'est-ce qui t'arrive ? » Je lui dis « il faut aller aux urgences, j'ai perdu les os » . Donc il me dit « mais vite, vite ! » Mais je lui dis « mais ça sert à rien en fait. Pas un deux se dépêcher, ça sert à rien, c'est fini. Je le sais. » Donc on y va quand même. Voilà, je me déplace, donc je leur dis « j'ai des contractions depuis une semaine, je saigne, je viens de perdre les os dans mon canapé. » Et on me dit… Ben non, c'est pas ça. Je pense que vous avez dû vous faire pipi dessus. Donc du coup, on va vérifier ça. Après, c'était peut-être pour me rassurer aussi. Mais moi, je l'ai pris pour vous attendre. Vous ne savez pas. Voilà. Nous sommes les teintes, vous ne savez pas. Donc, ils ont eu du temps à se rendre compte parce que du coup... Alors là, avant, je ne saignais pas beaucoup. Maintenant, c'est je saigne trop. Ah bah, vous saignez. Du coup, je ne vois pas le coton virau rose, mais bon, vous saignez, donc c'est rose. Je lui dis oui. Donc, quand elle fait le test, elle revient et elle revient avec tout, en fait. Les papiers... Enfin, c'était d'une violence horrible. Elle vient avec les papiers pour l'autopsie, le test en disant... C'est positif. Vous avez perdu les os, les papiers pour dire qu'est-ce que vous avez prévu pour l'enterrement. C'est d'une violence terrible. Il n'y avait pas vraiment de tact dans l'annonce ? Non, aucune. Et puis moi, je me souviens juste d'avoir signé les papiers et je n'ai pas entendu l'annonce à ce moment-là. Vraiment, je ne l'ai pas entendue. Parce que j'étais ahurie, en fait. J'étais complètement stoïque. Mon mari non plus. Donc on me dit, on va vous passer à l'échographie quand même, parce que peut-être que c'est juste une fissure. Vous n'allez peut-être pas rompre, franchement. Donc hop, un petit peu d'espoir, et moi j'entends que ça d'ailleurs. Je n'entends que ça. J'entends, ok, on va à l'écho, on va voir. Donc je vais à l'échographie, la sage-femme n'arrive pas à faire fonctionner sa machine. Elle me dit, le gynécologue n'est pas là, moi j'ai une toute petite maternité de ville. Les gynécologues ne sont pas, il n'y a pas de gynécologue la nuit. Donc, ce sont des gynécologues de garde. Moi, j'appelle le gynécologue. Donc, il arrive encore, limite, le tablier autour du cou, je me souviens. Il me dit, bon, qu'est-ce que c'est ? J'étais en train de manger, je suis à table, on me dérange. Donc, je sens que je suis la patiente qu'il ne veut pas voir. Il met la sonde sur mon ventre et je comprends tout de suite les images qui me sont présentées. Je vois ma fille qui est toute étriquée, en fait, qui bouge énormément, je la sens énormément bouger. je vois qu'il n'y a plus de liquide autour d'elle et je comprends en fait, je comprends que là c'est pas possible je sais pas ce qu'ils vont faire parce qu'à ce moment là je demande qu'une chose c'est de la sauver, mais je comprends qu'en tout cas je vais pas pouvoir continuer ma grossesse donc le médecin avec encore le moins de tact possible se tourne vers la sage-femme Et il lui dit, vous la montez en chambre, vous la préparez pour la période orale et on s'installe pour l'accouchement. Sans un... Non, non, il ne me regarde pas, il ne... Il ne s'adresse pas à moi, en fait, il s'adresse à ses collègues en leur disant, il faut le préparer. Donc là, je comprends. Et là, je hurle. Je hurle, j'essaye de me lever, je leur dis non, que je n'accouche pas, que... Ben, je suis... Je ne peux pas, qu'elle est trop petite. Et là, il me regarde droit dans les yeux, il repose la sonde sur mon ventre, il me recouche un peu de force et il me dit « Regardez votre bébé, il est en train de mourir, on ne peut rien faire » . C'est super violent. Donc, mon mari se met à s'effondrer. Je n'ai jamais vu pleurer autant de tout mon existant. J'ai l'impression que c'est une scène de guerre. Je jure, je dis « Mais je ne comprends pas, je ne peux pas sauver là » . Il me dit non, mais je dis mais elle est en vie là, donc il y a un moment, enfin non, je ne vais pas accoucher. Donc il me dit, bon, on regarde votre col. Si votre col est fermé, je peux espérer peut-être sur quelques jours avec des antibiotiques du repos, peut-être que votre liquide se reformera. Si votre col est ouvert, c'est fini. Donc il regarde et il me dit, elle est engagée. Allez, on monte. Donc voilà, je suis montée en chambre. Je n'ai pas de souvenir de cette nuit, en fait. Ça a été long, en plus. Ça a été très, très long. Je n'ai pas eu de monito. On m'a juste installée en chambre. On n'a pas... Enfin, c'était un accouchement qui a été... Ah, j'étais à l'endroit. Ouais, en silence. Je suis montée en chambre. On m'a mise dans une toute petite pièce au bout du couloir, dans le noir. On m'a dit « reposez-vous et quand vous avez trop mal, venez me voir. » On appellera l'anesthésiste pour poser l'apéritif. J'ai vu l'anesthésiste. Elle me dit « rappelez-moi dans la nuit. » Dès que ça commence à ne plus aller, on installe l'apéritif. Et vers 3h du matin, j'ai eu des douleurs vraiment terribles. C'était très très dur. Donc j'ai dit « il faut que vous veniez, il faut mettre l'apéritif. » On m'a dit « l'anesthésiste est rentrée. » Donc, on peut vous mettre de la morphine. Donc, j'ai eu de la morphine toute la nuit. Et... Vers 13h, on m'a dit de manger un peu. Le gynéco revient et m'a dit « Vous n'avez toujours pas accouché. » Donc, non. Donc, il m'a dit « Est-ce qu'on voulait qu'on vous aide un peu ? » Je lui ai dit « Oui. » En fait, je veux que ça s'arrête. Il faut que ça se termine. Donc, ils m'ont aidée. Ils m'ont mis un peu d'ocytocine. Ça a relancé les contractions. Et à 13h55, j'ai accouché de ma petite-fille. Donc, c'est indescriptible, en fait. C'était à la fois... Je ne sais même pas comment décrire. C'était à la fois le pire jour de toute ma vie et c'est vraiment le plus beau aussi. C'était vraiment, vraiment terrible. Parce que j'ai eu le premier bébé, sinon... En fait, de la voir, ça m'a complètement bouleversée. Je crois même quand on l'a vue avec mon mari, on a dû sourire en se disant, est-ce qu'elle est belle ? Et en même temps, c'était fini. Donc la douleur du corps, tout s'est arrêté d'un coup. On a pris le temps avec elle. Ils nous l'ont préparée, on l'a prise dans les bras. Je ne saurais même pas te dire si ça a duré une minute ou trois heures. Est-ce que le temps s'arrête ? Oui, je n'ai plus la notion du temps. C'est vraiment un moment qui restera quand même gravé en moi. Ça a été un accouchement super dural. J'en suis relativement fière parce que c'était mon projet de naissance. Et je me souviendrai de son visage toute ma vie. Ça restera à jamais mon petit-mère. D'être avec elle le plus longtemps possible, c'est peut-être pour ça aussi que ton cerveau s'est arrêté au niveau temporel. Et limite encore, quand j'y repends, je me dis, j'aurais dû passer plus de temps encore. Mais voilà, j'essaye de ne pas être trop dure avec moi sur ces moments-là parce que je me dis que c'est ce que j'ai pu vivre au moment où j'ai pu vivre. Là-dessus, j'apporte vraiment, parce que c'est pour elle, pour la respecter, pour ce qu'on a vécu toutes les deux. Oui, oui. Voilà, je sais que... Ce qui a été dur, c'est de tomber sur des professionnels qui n'ont vraiment pas été tendres au début. Par contre, je remercie vraiment les sages-femmes. J'avais même une puère qui était là, alors que la pauvre, elle n'a rien pu faire. Elle était juste là pour me tenir la main. Et je le remercie pour ça. C'est des petits gestes, mais qui font énormément de bien. Parce que là, ça n'a pas été facile. Déjà, ce que tu as vécu, c'est horrible. Et si en plus, tu as des professionnels de santé qui n'ont pas de tact, c'est rajouter de la douleur à l'innovable. C'est compliqué. Après, je ne sais pas. J'ai juste essayé de survivre. J'étais en mode survie. J'ai essayé de survivre à ça. et de garder son visage. C'était mon objectif. C'était ça, garder son visage. Je ne voulais pas l'oublier, en fait. Et parce qu'on m'avait dit, est-ce que vous voulez la voir ? Parce que quand j'ai accouché, on me l'a vite emportée, en fait. Et j'ai dit, non, non, mais enfin, ramenez-la à moi. On me dit, on vous la prépare, on vous la ramène. Mais d'accord, OK, on comprend. La seule question que j'ai posée, c'est, est-ce qu'elle est belle ? Parce que j'avais peur qu'elle soit abîmée par l'accouchement. On m'a dit, mais elle est magnifique. On vous l'apporte tout de suite. Et je ne regrette pas de l'avoir eu près de moi ces moments-là. Je ne les oublierai jamais. Tous les trois, on nous a mis un peu de musique. C'était très bizarre comme moment. Et en même temps, je n'enlèverai jamais ce moment de mon esprit. Ça se voyait qu'ils n'avaient pas l'habitude en plus. Rien n'avait été mis. D'ailleurs, je l'ai vu ensuite. Ça a été des petits regrets après. Mais ça se voyait qu'ils n'avaient vraiment pas l'habitude. Parce qu'avant d'accoucher véritablement, c'est-à-dire que j'ai eu une poussée, on m'a aidée, etc. J'avais demandé une césarienne, j'étais complètement dans le déni. J'ai dit je veux une césarienne, on m'a dit non, en fait ça va rajouter une cicatrice au corps alors que vous l'aurez déjà dans votre cœur, toujours. Donc, s'il n'y a aucune raison médicale, on ne fera pas de césarienne. Aujourd'hui, je leur remercie parce que j'ai... J'ai été une maman comme une autre. J'ai accouché comme une autre. Et je regrette. C'est dur. Quand on nous dit, par exemple, je ne sais pas si on m'avait dit, vous pouvez avoir un turtage, par exemple. On m'a dit, votre bébé est à 5 mois, ce n'est pas possible. Ça fait 500 grammes à ce stade-là, c'est très grand. Elle était très grande, elle faisait presque 25 centimètres. Ce n'est pas possible. On ne peut pas faire de turtage, de césarienne. Il faut juste pousser. Donc, c'est dur à vivre. Je ne le souhaite vraiment à personne. Ennemi, c'est la nuit. Je devais revenir en arrière. Non, bah oui, ils ont fait un bon choix. Enfin, voilà. Et c'était la bonne manière. Et c'est pour ça que je te parlais de culpabilité tout à l'heure. C'est que j'avais l'impression de ne pas avoir choisi la bonne équipe, le bon hôpital. C'était une petite maternité de vie. Ils n'avaient pas l'habitude de profil. Donc, voilà, quelqu'un qui a un peu mal au ventre et qui saigne un peu, en première instance, je peux comprendre que ça ne soit pas dramatique quand on lise sur le papier. Mais j'aurais aimé qu'il cherche un petit peu plus loin, qu'il vérifie, il ne serait-ce qu'un monito, voir si les douleurs étaient vraiment des coups de jonc. Et me guider, me transférer vers un hôpital. Voilà, de plus en plus compétent, de grade. Donc, c'est ça que je remets aujourd'hui. Et puis en plus, c'est quelque chose qui est un peu difficile à accepter parce qu'avant 12 semaines, la société ne reconnaît pas ou peut nous bébé. C'est-à-dire que, pour le dire, si on fait une fausse couche avant 12 semaines, voilà. C'est pas grave, je parle un peu vulgairement. Et puis, quand on accouche après 24, et que le bébé peut être sauvé, il a une existence, il est pris en charge rapidement, dans un hôpital de haut grade, mais entre 12 et 24, qu'est-ce qu'il se passe ? C'est ça. Et moi, j'étais entre les deux, c'est-à-dire que... J'avais un bébé qui était trop grand pour faire ce qu'ils appelaient une fausse couche classique. Pas assez grand pour accoucher prématurément et pouvoir sauver le bébé. Donc, ils s'appelent une fausse couche tardive. Et c'est d'une violence terrible parce que je n'ai vraiment pas la sensation d'avoir fait de fausse couche. Vraiment. Le bébé était là, donc ce n'est même pas un embryon. Là, c'est vraiment, tu as vu ta fille, donc c'est vrai que c'est... C'est ça, je l'ai eu dans mes bras, donc pour moi j'ai accouché, je l'ai nommé, j'ai organisé. C'est assez difficile, le drame est d'autant plus percutant que pour moi, dans ma tête, je passais 12 semaines, dans 6 mois j'avais mon bébé dans mes bras. Moi j'ai mis du temps quand même avant de reprendre mon parcours PMA, il m'a fallu au moins un an en fait. Il a fallu que je fasse un travail sur moi-même. ne serait-ce que sur l'envie d'avoir un autre enfant. Parce que pour moi, c'était impensable de pouvoir retourner enceinte. Je n'arrivais même pas à imaginer la possibilité d'avoir un autre bébé. C'était ma fille, je ne pensais qu'à ma fille, jour et nuit. Je ne pensais qu'à elle, je ne vivais qu'à travers elle. Ça a vraiment été une année qui a été remplie de douleurs. Je n'ai pas d'autres mots. De pleurs, je pleurais beaucoup. Tout me paraissait insignifiant. les soucis des autres me semblaient bien qu'ils soient aussi légitimes à mes yeux ne l'étaient plus en fait, donc c'était très difficile de garder la tête hors de l'eau donc je suis rentrée en dépression mon médecin, j'ai été traité pour ça j'ai eu un suivi, j'avais la totale j'avais antidépresseur anxiolytique, somnifère parce que je ne dormais plus Et j'ai accouché juste avant le démarrage du Covid. Donc, j'ai accouché le 4 janvier 2020. Et à partir du mois de mars, on n'a parlé que du Covid. Donc, moi, le Covid, ça ne m'impactait pas, en fait. J'étais juste chez moi, en boule. Je ne pensais qu'à ma fille et on ne me parlait que du Covid. Et je me suis sentie seule. Et ça a été assez difficile, finalement, cette double... situation parce qu'on était confinés, on voyait déjà pas grand monde et moi je me suis mise dans ma bulle, dans ma sphère. Et on pouvait pas m'atteindre. Et du coup, tu pensais à qu'elle est, tu pensais à ce que vous auriez pu faire si elle était là ? Tu pensais à quoi exactement ? Ah non, j'avais qu'une envie, c'était de ne plus être là. Moi, je ne voulais plus être auprès de ma fille. Je n'avais aucun regret, entre guillemets, ce que je voulais, c'était de ne plus vivre en fait. ça ne servait à rien. Je ne pouvais pas être maman. La seule fois où j'arrive à passer le stade un peu critique des 12 semaines, ben... Ça ne marche pas, mais ça ne sert à rien de continuer. Pour moi, je ne voulais pas d'un autre enfant parce que je me suis dit que ça allait recommencer. Je ne veux pas m'en remettre. J'étais vraiment dans cet esprit-là, qui est vraiment noir. Une année noire. Au bout d'un an, déjà toutes les dates clés sont un peu passées. Mine de rien, toutes les dates difficiles étaient passées. Mon médecin était vraiment très à l'écoute. J'ai rejoint des groupes de parole. Ça m'a beaucoup aidée. Et je me suis dit, il faut que j'aide les autres mamans. C'était mon leitmotiv. Je me suis dit, si j'aide les autres, ça va m'aider moi aussi à avancer. Donc, j'ai fait partie de groupe de parole. J'en ai animé quelques-uns. Ça m'a vraiment fait du bien. Les médicaments, on a pu les ralentir. J'ai pu retrouver le sommeil. J'avais plus d'idées noires. J'avais encore des crises d'angoisse que je garde encore aujourd'hui. Mais globalement, ça allait mieux. Au bout d'un an, mon esprit s'est un peu éclairci. Du coup, j'avais un petit espace où la discussion d'un autre enfant s'est à nouveau posée. On s'est dit avec mon conjoint, il faut juste prendre la décision. Ça va mieux aujourd'hui, mais est-ce qu'on veut toujours un enfant ou pas ? En fait, c'est juste ça. Et puis je me suis dit, bon, il nous reste une fille, ce serait presque dommage de la mettre à la poubelle. Donc je me disais OK, on s'est dit OK tous les deux. Mais j'avais commencé déjà dans mon cœur et dans ma tête à préparer un éventuel deuil de la maternité. Donc quand j'ai fait cette dernière ponction, je ne me souviens même plus très bien des conditions dans lesquelles je suis passée. J'en garde vraiment peu de souvenirs. C'est un peu comme si mon cerveau s'était protégé, en fait. Oui, on pouvait y aller, mais sans y aller, quoi. C'était complètement... Complètement. Je ne vivais pas le moment présent. Je me suis laissée porter. Je n'étais pas du tout actrice de mon parcours. Je me suis laissée faire. Et finalement, ça m'a peut-être un peu aidée. Parce qu'au fond de moi, je savais comme ça que... La déception, s'il y allait en avoir une, parce que j'étais dans ce schéma de déception sur déception, elle allait être un peu moins présente. Je me disais, j'y vais, si ça marche. Déjà, je ne me disais même pas que ça allait marcher. Je me disais, on fait la dernière, on se débarasse. Ce n'est pas grave, je pourrais vraiment entamer ma reconstruction à travers autre chose. Et puis en plus, durant cette période-là, j'ai perdu ma grand-mère. Donc voilà, mon esprit était vraiment focalisé sur autre chose. J'aidais beaucoup ma maman. Elle était dépassée aussi par les événements. Elle était dans une tristesse infinie. Donc moi, je n'avais pas le droit d'être triste. Je devais être celle qui console, qui soutient. Donc voilà, j'ai presque vécu ça comme une invitée. J'étais à côté, on me demandait « tu vas au rendez-vous ? » Ok, j'y allais, je me pointais juste au rendez-vous, je faisais les trucs. clé, mais je n'y mettais pas le cœur en tout cas. Et parce que tu ne croyais plus du coup au fond de toi ? Oui, totalement. On s'était mis d'accord, on fait la dernière five, mais moi j'avais déjà fait un bon bout de chemin mental. Au fond de mon cœur, je me disais, ben voilà, ce n'est pas grave. Et en fait, durant ce dernier transfert, j'ai fait ce qu'on appelle une hyperstimulation. J'ai été hospitalisée une quinzaine de jours, en fait, parce que j'étais au bord de l'embolie pulmonaire. J'ai du liquide des ovaires qui est remonté au niveau de l'acide, qui est remonté au niveau de mon abdomen et qui a commencé à envahir mon ventre et autour de mes organes vitaux. Donc, j'ai été hospitalisée et en fait, mon conjoint a eu très peur. Très, très peur. Moi aussi, j'ai vraiment eu très peur. Et c'est à partir... C'est ce jour-là, en fait, qui a marqué vraiment le fait que mon envie irrépressible d'avoir un enfant, je l'ai laissé derrière moi. Je me suis dit, je ne peux pas mettre ma santé en danger pour faire un enfant. Ce n'est pas possible. Donc, j'étais beaucoup plus apaisée dans ma tête. Je suis sortie de l'hôpital et dans mon cœur, je me suis dit OK. qu'Alaise sera notre unique et seule enfant. Et c'est OK. Je suis OK avec ça. J'étais prête, en fait, au bout de tant d'années de combats, de déceptions, de douleurs. baisser les armes. Je m'attendais aux tests négatifs. Je me suis dit ça ne va pas m'attrister. J'étais prête à cette idée. Et puis, incroyable, mais bref. Contre toute attente, je suis tombée enceinte. C'est quand on n'y croit plus que là. Oui. Et pourtant, je déteste cette phrase. J'aime pas quand on me dit tu ne penseras plus, ça va marcher. Mais en fait... Il y a ça, il y a plein de choses. La gynécologue a été très compréhensive et m'a dit qu'on va pousser quand même les examens un peu plus loin. Toutes les analyses au revenu de la grossesse de ma fille sont revenues négatives. J'avais une infection, mais ça, je saignais depuis un moment. Pas de pathologie particulière, elle était parfaite en tout point. Ce qui a été aussi dur à accepter, puisque pas de raison, forcément. à son départ, mais elle m'a dit on va vérifier qu'il n'y a pas une béance de col, donc j'ai eu quand même une hystéroscopie, j'ai eu une biopsie pour vérifier que je n'avais pas quelque chose au niveau de l'endomètre, et j'ai fait un examen qu'on appelle la matrice lab, et qui m'a permis de voir que j'avais une hyperactivité au niveau de l'endomètre, donc j'ai été mise quand même sous traitement sur cette dernière fibre, on avait mis vraiment toutes les chances de notre côté. J'avais des sous-traitements, j'avais des corticoïdes, j'ai eu de la progestérone, j'ai eu beaucoup de choses en fait. Elle a vraiment tout tenté. C'était la dernière five de l'espoir, on a vraiment tout mis, toutes les chances de notre côté. J'avais à la fois décroché un peu de cette envie répressible, j'avais peut-être lâché certaines tensions dans mon corps, c'est vrai. Mais c'est vrai que la gynécologue a été incroyable et a vraiment poussé. Elle m'a dit, on fait tous les examens qui soient possibles et inimaginables. On aura tout essayé. D'ailleurs, quand j'ai été hospitalisée pour mon hyperstimulation, les pompiers m'ont emmenée à l'hôpital où j'ai appelé ma fille. Je ne voulais plus mettre les pieds. J'ai supplié les pompiers de ne pas m'y emmener. On m'a dit, on n'a pas le choix. Et arrivé à l'hôpital, je suis tombée sur une urgentiste qui m'a dit, je comprends, j'appelle. Donc, elle a appelé ma gynécologue, le centre PMA. Et tout de suite, ils m'ont dit, vous nous la ramenez. J'ai été transférée à la clinique et c'était à la clinique qu'ils se sont occupés de moi. J'étais en déchocage et tout de suite, l'ambulance m'a emmenée en service de soins à la clinique. Ça s'est très bien passé. Vraiment, quand je dis que je leur dois beaucoup, je mettrais vraiment ma vie entre leurs mains. J'étais dans une ambivalence en permanent, du début à la fin de la grossesse. Je m'interdisais d'y croire. En me disant chaque semaine, la grossesse va s'arrêter. Et en même temps, je me suis mis en mode louvre. Je ne voulais absolument pas revivre ce que j'avais vécu. Donc j'ai décidé de ne plus bouger. À partir de la troisième semaine de grossesse à peu près, je dirais, donc autant dire dès le début, je ne me levais plus. Je me suis alitée, mais vraiment. Je ne me levais plus, ni pour manger, ni pour m'habiller. Vraiment, je me levais juste pour... pour prendre ma douche et aller faire pipi. C'était vraiment mon courant qui s'occupait de moi. Donc, il a vraiment été présent aux petits soins. Du coup, tu avais déjà cause de col sur raccourci ? Oui, tout à fait. J'avais peur, en fait, que ça recommence, que mon col sur raccourci se réouvre, que je perde les os. Donc, je me suis dit, je vais en faire le moins possible. J'étais arrêtée, je ne travaillais pas. Je me suis alitée. Je me suis dit, là, s'il arrête quelque chose, C'est vraiment pas de ma faute. En fait, c'était ça. Donc, ça a été quand même une grossesse très angoissante. J'ai eu des saignements encore. Donc, ça m'a fait revivre. À chaque fois que je saignais, je repensais. C'était en grossesse, les saignements. Dès la troisième semaine, j'ai commencé à avoir des petits saignements. Et ils se sont vraiment... Ils se sont intensifiés, je saignais, on va dire entre guillemets, un bon coup, une fois par semaine. À chaque fois que j'allais aux urgences, on me disait, cette fois-ci, rien, tout va bien. On regardait le cas, tu l'as vu, il battait bien, donc on lui était bien fermé. Et en fait, on s'est rendu compte au bout de la huitième semaine, enfin, que je faisais un hématome. Donc c'était un hématome que j'ai expulsé progressivement. Il se vidait, donc en fait, ça allait vers la bonne voie. pour moi les saignements, c'était des très gros saignements, ça m'a complètement, je me suis vu encore un dimanche soir. J'appelle mon conjoint, je lui dis, allez hop, on va à la maternité. Pourquoi ? Moi, je fais une fausse couche. Hop, voilà, on peut monter dans la voiture. C'était... Je n'y croyais pas. Pour moi, chaque nouveau symptôme un peu dramatique, comme un gros saignement, vraiment beaucoup de sang, c'était la fin de la grossesse. Eh ben non, il s'accrochait, le petit père. Donc, non, c'était un hématome. Et ça s'est arrêté. J'ai dû arrêter d'avoir mes saignements à la douzième semaine. Première échographie, enfin première. J'en avais eu des échographies, mais en tout cas, l'échographie officielle du premier trimestre et plus de saignements. Alors oui, j'ai été mis à réflexe dans la clinique avec laquelle j'avais eu toute mon histoire. Et elles étaient peu inquiètes. Là, bizarrement, elles m'ont dit, vous savez, l'infoderm ne tombe jamais deux fois au même endroit. Je n'étais pas du tout à l'aise avec cette idée. Vraiment, je voyais, mine de rien, on est sur les réseaux sociaux, on voit des témoignages. Moi, je voyais des mamans à qui c'était arrivé deux, trois fois. Je disais, je ne le ferai pas, je ne. Donc, c'est que ça existe, donc je ne peux pas. Et donc, j'ai été directement au CHU de la même ville, où on m'a dit, la clinique très gentille m'a dit, si vous souhaitez un deuxième avis, n'hésitez pas. allez-y, ils vous diront peut-être la même chose que nous, mais en tout cas, vous êtes libre, il n'y a aucun problème. Ça, c'est bien. Donc, on a été voir ce CHU et je suis tombée sur une personne qui était vraiment bien, un gynécologue vraiment très gentil, qui m'a dit, moi, je vais vous prendre dès aujourd'hui. Donc, j'étais enceinte de 12 semaines. Et elle me dit, on fait une échographie toutes les semaines. Exactement. Donc, elle me dit, de 12 semaines à la 24e semaine, donc à une échographie par semaine. et si on voit que votre col raccourci, on n'attend pas, on cercle. Oui. Donc moi, je voulais un cerclage d'avance. On m'a dit non, ça, on ne le fait pas parce que pour l'instant, il n'y a aucune raison qui nous indique que votre col va se réouvrir. Donc j'avais très peur. J'étais angoissée, en fait. C'était une grossesse très angoissante, mais on ne pouvait pas faire plus. Elle m'a dit, je vous vois toutes les semaines, on ne peut pas faire mieux que ça. Donc j'étais très... Très rassurée de la voir à chaque semaine, de voir un gynécologue, de revoir mon bébé en pleine visanté, voir que mon cône ne bougeait pas. Je vous ai noté tout ce qui s'était passé pendant la semaine éventuelle et puis après pouvoir en parler. C'est ça, exactement. Donc j'avais... puis j'étais une gynécologue, c'était un médecin qui me voyait toutes les semaines. Et voilà, on a vraiment créé un lien. Elle savait en fait, elle m'a dit... Je sais que je vais faire partie de votre vie pendant 9 mois. Je sais qu'on ne se verra plus après, mais je vais garder un petit souvenir particulier. Je dis, mais moi, je vais vous restaurer à tout jamais. C'est vraiment dans mon esprit et dans mon cœur. Parce que j'ai vraiment... Toutes les semaines, c'est pire que d'aller boire le café chez une copine. Tout le monde me connaissait comme le long blanc dans les locaux. Donc, ça m'a fait du bien. J'avais vraiment... On va dire que j'ai une nouvelle petite sérénité qui s'est installée à partir du moment où j'ai passé le terme fatidique où j'ai perdu le calais. Et j'avais tellement peur aussi que ça recommence. J'avais peur de me faire hospitaliser. Finalement, j'en faisais le moins possible. Je restais à la maison et je me disais chaque semaine de plus, c'est une semaine de gagné. Et le CHU est tellement, tellement doué. la gynécologue avait été adorable, elle m'avait dit là, si votre fils naît maintenant, finger in the nose, moi je vous le sauve. Rien que des cheveux. Elle savait très bien qu'elle m'a dit si votre col ne s'est pas ouvert maintenant, alors que votre bébé fait le même poids que sa soeur, etc. Il n'y a pas de raison. Ils se sauvent après. Donc déjà, je me suis dit, ok, je vais pouvoir commencer à souffler un petit peu. Est-ce que tu avais... préparer la chambre où justement tu n'osais pas encore. Alors ça a été un petit peu difficile. Les achats, aucun. Je n'ai pas réussi. J'ai commencé à acheter quelques meubles. J'avais gardé plein de choses de Calais et mon mari ne parle pas beaucoup mais il fait des gestes forts. Je m'en suis rendue compte enceinte de Samael où j'ai voulu récupérer des choses comme la poussette. comme sa chambre et en fait, il s'en était débarrassé. J'avais tout mis de côté et il s'en était débarrassé. Donc, passé les 24 semaines, j'ai quand même acheté la chambre. Je me suis dit, au moins, j'avais peur aussi qu'il naisse. Donc, je me suis dit, qu'il naisse, il faut qu'il ait quelque chose. J'avais mon petit syndrome d'humidification. Je pensais... Donc... C'est pas prêt, Foucault. C'est ça. Donc, si j'ai commencé un petit peu... Un petit peu, oui. Dès qu'on m'a dit, si vous accouchez, on prendra votre pépé en charge. Donc, j'ai commencé doucement à faire la chambre. J'ai acheté la poussette. Mais tout ce qui est vêtements, etc., je pense que tout n'était pas prêt, même quand j'ai accouché. Même que j'ai juste... ... J'ai juste eu une grosse angoisse parce qu'effectivement, les contractions sont revenues. Peut-être, oui, j'étais enceinte de 26 semaines, 27 semaines. J'ai commencé à avoir à nouveau des contractions. Ils m'ont passé du monde, mais vraiment des contractions. Et là, je savais maintenant à quoi m'attendre. Je les reconnaissais bien. Et ils ont tout de suite été très, très actifs parce qu'effectivement, j'ai été hospitalisée. On a réussi à stopper les contractions. Et finalement, j'ai dû être hospitalisée à partir de la 31e semaine pour avoir l'injection de Célestine pour la maturation des poumons de Samaël. Parce que les contractions ne s'arrêtaient pas. Donc, en fait, on s'attendait. J'allais donc à l'hôpital et on me disait, bon, c'est pas cette semaine. Ah, la semaine prochaine. Mais mon col s'ouvrait. Donc, j'ai fini ma grossesse avec un col ouvert. Mais des contractions tous les jours, Tu te rappelles, ton col était ouvert à combien ? J'étais à 2 cm. Ah oui, d'accord. C'était à 2 cm, ce qui n'est vraiment pas dramatique en soi. Mais à ce moment-là, on m'a dit que mon col était ouvert. Je me suis dit que c'était parti, je vais accoucher. Et en fait, non, il a resté ouvert à 2 cm jusqu'à l'accouchement. J'avais des contractions toutes les nuits. Ça a été assez difficile parce que j'étais fatiguée, je ne dormais plus. J'avais qu'une hâte. c'est qu'il naisse sans pète. Donc, j'étais dans l'ambivalence, j'avais tellement peur qu'il naisse trop tôt et j'avais tellement hâte qu'il naisse tout court. Donc, c'était très, très dur et je pense que je somatisais aussi beaucoup parce que j'étais tellement crispée, je me suis fait initiatique, j'étais bloquée toute du côté gauche. Ah oui ? Je ne dormais plus, j'étais tellement tendue que je contractais, mais je me faisais contracter. Tu t'es dit, bon ben... sur 10, au moins je suis à 2, c'est déjà ça au moins. Pour le jour où... Mais pas du tout, je me disais... Non, pas du tout, je me disais même pas ça. Tous les jours, je me disais, c'est pas aujourd'hui, on est allé à la maternité, je disais à mon mari, c'est aujourd'hui, il faut y aller. Il me disait, mais non, effectivement, non, ce n'était pas le cas. Et d'ailleurs, le jour où j'ai décidé d'y aller vraiment, ça a été aux injections, etc. et on m'a dit si vous voulez accoucher enfin si vous venez tous les jours vous avez des contractions on dirait que vous avez envie d'accoucher en fait mais il faut vous laisser le temps une grossesse ça dure 9 mois ça dure pas mais ça dure pas à 7 ça dure pas à 9 mois il faut vous laisser le temps et en fait j'ai eu justement là j'ai eu un psychologue parce que je ne voulais plus d'aller à l'hôpital et c'est normal non Oui, et donc on m'a dit, voilà, vous avez été sous traitement, vous avez l'injection, maintenant quand vous rentrez chez vous, s'il y a quelque chose, on n'arrêtera plus les contractions. Et j'ai dit, mais moi, je ne veux pas repartir de l'hôpital, je suis comme à une heure de condomicile et s'il y a quelque chose, je ne veux pas être pris dans la voiture. Je me souviens d'avoir dit ça. On m'a dit, est-ce que vous avez eu un suivi psychologique ? Et je lui ai dit, ben oui, pas depuis, ben qu'on cesse. Et donc, ils m'ont proposé un. parce que j'ai accepté. Et donc, je pensais vraiment livrer les angoisses de ma grossesse actuelle. Et en fait, j'ai déposé toutes mes angoisses de la grossesse précédente. Tout ce que je n'avais pas déposé sur la table, j'ai tout déballé, je me suis mise à pleurer, je n'ai pas compris. Ils m'ont dit, mais de quoi est-ce que vous avez peur ? Vous avez peur d'accoucher ? Vous avez peur de perdre ce bébé ? Vous avez peur de... De quoi vous avez peur ? parce qu'en fait j'avais peur mais j'étais incapable de dire de quoi j'avais peur mais en fait c'est un petit peu ce qui s'était passé c'est ça exactement et en fait on met les mots et il me dit vous voulez accoucher rapidement et je lui dis mais non mais en fait je veux juste un bébé en vie au bout donc chaque minute de plus dans mon ventre je me disais s'il part maintenant mais il aurait peut-être été mieux dehors enfin je J'avais vraiment cette hâte. J'étais pressée qu'il arrive. Et on m'a dit, le psychologue à ce moment-là m'a clairement exprimé le fait que j'étais dans ma tête déjà en train de prévoir son décès. Il me dit, vous êtes en train de vous dire que cette grossesse-là va finir de la même manière que votre grossesse précédente, mais ça n'est pas la même grossesse, ça n'est pas la même chose, vous n'êtes pas au même terme. Et du coup, il a fallu vraiment qu'il... qui me rassure en me disant si votre bébé naît maintenant, j'avais passé les 32 semaines, ça va aller. Chaque semaine de plus est une semaine de gagné, dites-vous que ça va aller. Donc je suis rentrée, j'ai fini par laisser l'hôpital tranquille et je suis rentrée finir ma grossesse à la maison. Et j'ai accouché à 37 semaines plus 2 d'aménorrhée. Donc le bébé n'était plus prématuré. Et comment s'est passé l'accouchement du coup ? L'accouchement a été très long. C'était encore une nuit où j'avais beaucoup de contractions, où je n'en pouvais plus. Ce n'était pas une nuit plus difficile qu'une autre, mais j'avais décidé, 37 semaines étaient passées, on avait normalement un déclenchement qui était prévu la semaine d'après, sur accord de ma gynécologue. Parce qu'en fait, le terme coïncidait, c'est-à-dire que le terme de Samaël était prévu le jour de la naissance de Calais. Ah oui, donc très... Oui, coïncidence particulière. J'ai pris ça comme un signe, mais ce n'était pas du tout envisageable pour moi. Il me partageait mon cœur entre ces deux dates, ce n'était pas possible. Donc là, la gynécologue a été très compréhensive et m'a dit, vous aurez votre bébé pour Noël. Voilà, vous aurez le... au moins chaque enfant aura sa date. C'est vrai que c'est assez perturbant quand même. Oui, totalement. Quand on m'a annoncé ça, j'avais dit mais je ne peux pas accoucher ce jour-là, ce n'est pas possible, je ne vais pas y arriver. Je ne me jure pas. C'est comme si c'était un peu une réincarnation. Oui, c'était très... Le déclenchement était programmé et en même temps, je n'avais pas bien envie d'être déclenchée. Donc... J'ai profité d'une nuit où les contractions étaient très douloureuses, où j'ai donc demandé d'aller à la maternité pour contrôler. Et les filles m'ont dit, encore vous madame, n'inquiétez pas, on va voir si c'est vraiment ça. Donc monitore, oui, j'avais bien des contractions. Et on m'a dit, allez marcher un petit peu, revenez. Mon col était toujours ouvert à deux. Et j'ai dû faire deux heures et demie, voire trois heures de marche. J'ai fait le tour de la maternité en large et en travers. Et en revenant, j'ai dû arriver à la maternité vers 1h du matin le dimanche, vers 6h. Donc elle avait bougé d'un centimètre. On me considérait officiellement en travail. Donc il a été long cet accouchement. D'où l'heure où la péridurale n'a pas fonctionné totalement. Elle a fonctionné que d'un côté. J'ai mis 36 heures à accoucher. Et là, ça a fini avec une ventouse. On était au bord de la césarienne. J'ai accouché le mardi matin à 5h. 5h28. Donc c'était long, très long. Très très long. Oui. Mais heureusement que ça s'est bien passé, que tu as pu avoir pas mal dans les bras. Et Azmi, tu as ressenti quoi du coup ? Alors, la naissance a été très particulière. J'ai poussé pendant trois quarts d'heure, donc j'étais épuisée. Et en fait, quand il est sorti, la première réaction, je me souviens, c'est « Oh, waouh, il est grand ! » Parce que tout de suite, j'ai fait le comparatif avec sa sœur et je me suis dit « Oh, il était dans mon ventre ! » J'ai été impressionnée en fait. J'ai été submergée de « Oh, waouh, c'est moi qui fais ça ! » Et quand ils l'ont posé sur mon ventre, l'angoisse est revenue. Ah mais comment ? endorphine down en mémoire, il ne pleurait pas. Ah oui, d'accord. Donc, je le frottais, elle le frottait, elle me disait toutes les huiles sur le visage, il a un petit peu de mal à atterrir, il a vu un peu de liquide, donc je lui... J'étais toute tremblante, je soufflais sur son visage. Je lui disais, allez bébé, respire. Mon mari me regarde avec des yeux. Il ne respire pas, il ne pleure pas, c'est normal. Qu'est-ce qu'il faut qu'on fasse ? On vous le prend tout de suite, on vous le ramène. Hop, il me l'embarque. Non, enfin, je me suis sentie tellement... Et pareil, le temps s'est arrêté. Je ne sais pas combien de temps ils me l'ont pris. Mon mari m'a dit que ça a duré une minute. Ils l'ont aspiré. Il est revenu, il a pleuré. Ça a été un tout petit « euh, euh » . Je suis là, maman, bonjour. Il me regarde avec des grands yeux, je me suis mis à pleurer, je me suis dit « ok, c'est bon » . Mais c'était parce qu'il n'arrivait pas à respirer. Il avait bu un peu de liquide, en fait. Il avait bu un peu la tasse, il avait du mal à cracher, il était encombré, en fait. D'accord. Ça allait, il était rose, il était beau, il respirait. En fait, j'avais tellement l'envie d'un bébé qu'on pose et qui… et qui crient, qui crient, personne que, ben, un bébé qui ne pleure pas, moi, c'est tout de suite, j'ai mon cerveau, voilà, qui réagit et qui dit, il doit pleurer. C'est, il faut l'éprouver. Oui, à part, c'est pas obligatoire que les bébés pleurent à la naissance. Oui, ben, je l'ai appris aussi, du coup, parce qu'effectivement, il n'a pas beaucoup pleuré ensuite, il a vraiment juste fait un petit bruit et puis, ben, il respire, il n'a pas du tout pleuré, du coup. On m'a dit, non, ne vous inquiétez pas, c'est normal. D'accord. Ah oui, donc ils t'ont assurée tout de suite, en fait. Voilà, tout de suite. Et elle est restée dans mes bras. Et c'est très bien. Moi, j'avais cette image d'un bébé qui pleure et que s'il ne pleure pas, dans les films à l'ancienne, il tapotait sur la flèche. C'est ça. Oui, c'est ça. Et du coup, je m'attendais aussi à ça. Donc, ça a été difficile. Après, il allait bien. Il a juste été un peu aspiré. Mais il n'y a pas... Il allait bien, en fait. C'était plus pour me rassurer. Ils sont venus et m'ont posé. Il n'a pas beaucoup plus pleuré. Ils m'ont dit qu'il avait bu un peu la tasse. Il respire, votre bébé. Regardez, tout va bien. Là, ça a dû être le grand soulagement pour toi et ton mari. En fait, on s'est regardé. Moi, je n'y croyais pas. J'étais là, sur moi. Je n'y croyais pas. J'ai eu comme un... de soulagement mais c'était comme si j'étais dans un film je ne réalisais pas le fait qu'il était là il me regardait, il me touchait je ne faisais que ça, le toucher l'embrasser, je me dis c'est lui on le fait réaliser madame je réalise pas en fait je n'arrive pas à réaliser ce qu'il est là donc ça a été un peu Ça a été quelques heures. Il a fallu quelques heures pour que je me fasse à l'idée que ce que je vivais était vraiment en train de se passer. Ce n'était pas un film, ce n'est pas un rêve. C'est la vérité. Ça a été fort, oui. Et après tout ça, comment tu t'es sentie mentalement le retour à la maison ? Est-ce que tu as pensé un petit peu aussi à Calais ? Alors, le retour à la maison, déjà, pendant la couffron, ça a été assez compliqué. Déjà, je pensais déjà à elle. J'essayais le temps de ne pas y penser, mais je pensais à elle. Il y a des moments un peu clés auxquels j'ai pensé. Quand tu me perçais la poche des os, notamment, j'ai reconnu tout de suite la sensation. Ça a été, vu que c'est ce qui m'avait marquée, en fait, dans la perte de ma fille, c'était vraiment ce moment. où j'ai perdu les os, mais là c'est exactement la même sensation, ça m'a complètement perturbée et je m'étais promis de dire non, je ne penserai pas ça a une sens, mais il y a des moments comme ça qui sont revenus quand la perfusion aussi de la péridurale n'a pas fonctionné et que d'un côté j'ai senti cette douleur un peu ce cercle de feu où vraiment je hurlais tellement ça me brûlait où j'avais cette envie irrépressible de pousser et J'ai ressenti tout de suite les mêmes sensations. C'était vraiment la même intensité, la même douleur. C'était la même chose. C'est pour ça que j'ai demandé à l'anesthésiste de revenir, remettre de la perdurale, ça ne fonctionne pas. Je pense que mon psychique avait pris aussi beaucoup de part dans la douleur. Et en fait, il m'a mis tellement de doses d'anesthésiant que je n'ai plus du tout senti mon corps. Je n'avais plus du tout de sensation. Mais qu'importe en fait, je voyais la... l'accouchement comme un outil, je me voyais comme un objet, c'est terrible, mais je me suis désolidarisée de mon corps en me disant, je veux un bébé en bonne santé et en vie à la fin, donc faites trop de moi, je ne suis plus actrice, je suis juste... En fait, il n'y a qu'à en pousser par rapport au ring. Donc j'ai regretté parce que j'étais très loin de l'accouchement physiologique, dans le week-end, je m'étais vraiment préparée pour l'accouchement de ma fille, et en même temps, j'étais prête à... tout pour Samuel. Je m'étais dit une césarienne, je sens plus mon corps péridural, c'est pas grave. Tant que je n'avais pas le même objectif santé. Oui. Donc, je regrette oui et non. Je n'ai pas mal vécu mon accouchement, bien qu'il y ait eu une ventouse, etc. Mais c'est sûr, dans l'idéal, vivre différemment. Mais j'avais tellement cet objectif d'un bébé. C'était mon objectif. Peu importe ce que je traversais, peu importe ce que je vivais, peu importe les douleurs, ce n'était pas grave. Donc, du coup, c'est vrai que ça a laissé des stigmates quand même, mine de rien. C'est sûr que... Je ne suis pas repartie avec un nouveau projet, tout plein d'entrailles, en me disant, allez, on va coucher dans la baignoire, tout va bien. Non, en fait, j'ai voulu surprotéger Samuel en me disant, vous hyper médicalisez tout, qu'il arrive quoi que ce soit. Du coup, je me suis complètement laissée porter. Du coup, l'arrivée à la maison a été un peu dans le même esprit. quand je suis déjà à la maternité. Parce que les premiers jours aussi, on peut dire que quand tu es à la maternité, ce n'est pas facile. On n'a pas l'habitude. Un bébé, on doit apprendre à s'en occuper. Moi, je me suis dit, OK, j'ai en charge un petit être. J'en ai la responsabilité complète, 24-24, et à la fin de la journée, je ne le rends pas en fait. Il est quand même bien. Donc à la maternité, ça m'a écloré déjà beaucoup, énormément. Et j'avais décidé d'allaiter. Et pendant six années, je me suis préparée à allaiter. Je ne voulais pas ne pas allaiter en fait. Donc ça a été dans la douleur parce que ça me faisait mal. Les auxiliaires, c'était en CHU, donc il y avait beaucoup de mamans. Elles avaient peu de temps et je comprenais. Mais du coup, elles n'étaient pas non plus si bien formées à l'allaitement. Elles n'arrivaient pas à m'aider, en fait. Donc, le bébé n'était pas très bien positionné au sein. Samuel t'était tellement à la demande, c'est-à-dire qu'il était 24-24 au sein, et quand il n'était pas, il pleurait. Donc, j'ai eu un niveau de fatigue tellement intense, tellement... Oui, je ne m'étais pas préparée à ne pas dormir, en fait. Est-ce qu'ils t'ont recommandé, par exemple, des bouts de seins, de la lanoline ? On m'a vraiment laissée moi et moi. Donc, non, non, j'ai... J'ai eu des crevasses tout de suite, parce qu'il était vraiment au 124-124, donc c'était... Et puis, j'avais de la lanoline que j'avais prévue dans ma petite trousse de maternité, mais bon, ça ne suffisait pas. J'avais vraiment les mamans en sang, c'était compliqué. Et j'ai fait ce que... que j'ai découvert avec joie. Je faisais de l'hyper... Je ne sais plus comment on appelle ça. L'hyper-vigilance maternelle. Ah oui. D'accord. Donc en fait, dès que je fermais les yeux, dès que mon corps s'effondrait de fatigue, je... Un petit bruit. Une minute trente, même pas. Mais même pas. Il n'y avait même pas besoin de bruit. En fait, mon corps refusait de s'endormir. Je ne pouvais pas m'endormir. Donc je me réveillais. En quatre jours, j'ai dû dormir. Je me suis vu dormir une heure et demie. Et tout le monde me disait, mais tu dois dormir quand il dort. Je ne pouvais pas. J'essayais de l'admire. C'est insupportable. La phrase qu'on dit aux mamans, dormez quand le bébé dort. Mais je sais que je regardais le bébé dormir. Oui, moi aussi, beaucoup, beaucoup. Et c'était vraiment difficile parce que je me réveillais en sueur, je me réveillais en panique. Et je disais à mon mari, j'ai dormi combien de temps ? Il me disait, bah, deux minutes. Donc il me dit, endors-toi, je gère. Mais je n'y arrivais pas. Je suis rentrée à la maison avec... Déjà, je suis restée longtemps à l'hôpital. J'ai accouché donc dimanche... Non, j'ai été hospitalisée dimanche soir. J'ai accouché mardi matin. Et je suis sortie samedi midi. pour tout mon séjour à l'internité a duré six jours. Et c'était long, très long. Et on ne voulait qu'une chose, c'était de rentrer pour pouvoir justement retrouver un peu notre maison, nos habitudes, nos odeurs. Puisque les auxiliaires n'étaient pas très disponibles, je m'étais dit à la maison, il faudrait massage fan. Donc, j'avais très hâte de rentrer. Et Sabelle ne prenait pas beaucoup de soin. Ma montée de l'aime du temps à se mettre en place. Donc, c'est ça qui a retardé un peu mon... C'est vrai qu'il ne laisse pas partir tant que le petit n'a pas repris assez de poids. C'est ça. Et en fait, j'ai été un peu dans le même état d'esprit à la maison. Samuel pleurait beaucoup. J'ai essayé d'allaiter. J'ai fini par tirer mon lait. On lui donnait toutes les quatre heures. Mon mari a essayé de prendre le relais, mais j'étais la tête dans le guidon. Je peux le dire avec du recul, je ne pense pas que je pensais à ma fille. Je n'y arrivais pas, j'étais trop fatiguée. Déjà, les premiers sentiments ambivalents sont arrivés à ce moment-là. Je me suis dit, pourquoi ? Pourquoi j'ai fait ça ? Je n'y arrive pas. Je me suis sentie incapable, en fait. Je me disais, je n'y arrive pas. Je ne dois pas être faite pour ça. pas une bonne maman. Dès les premiers jours, en fait. Ça a pris de la place. La fatigue m'a fait complètement délivrée, vraiment, vu que je dormais bu. J'avais plus la notion. Mon esprit était plus clair, en fait. Je me disais, mais pourquoi j'ai fait ça ? J'avais envie de déposer tout, mais un bagage enfant, là, et partir déjà loin, très très loin en fait. Je pense que ça a beaucoup de femmes avec la fatigue, le fait d'accueillir un nouveau bébé, c'est la première fois, quand il pleure, on ne sait pas exactement pourquoi, est-ce qu'on a fait quelque chose de mal, est-ce qu'il faut faire comme ci, comme ça, est-ce que... Ouais. Oui, en fait, j'apprenais aussi, j'avais une machine d'hormones, j'avais les premiers jours, c'est difficile. On avait beau me préparer, on avait beau me dire, tu vas voir, ça va être faux, ça va être hardcore. Mais on a beau être préparé, moi, je me suis vraiment fait percuter. J'ai pris ça en pleine poire. Je me disais, justement, j'avais cette image. de la maternité rêvée, je m'étais dit, je vais rentrer à la maison, mais ça va être un bonheur incommensurable. Oui, je ne vais pas dormir, mais qu'est-ce que c'est de se lever tôt le matin ? C'est pas grave, si il pleure la nuit. Je suis à côté en peau-dodo. Mais non, ça ne s'est pas passé comme ça du tout. Samuel dormait très peu et quand il ne dormait pas, il pleurait. Donc, c'était soit le sang, soit pleurer. Quand moi, je n'arrivais plus à donner le sang parce que vraiment, j'étais épuisée, papa se baladait. avec bébé dans le corps de bébé. Mais j'ai passé ces premières semaines, parce que ça a duré vraiment des premières semaines, avec quand même un peu de recul. J'arrivais à me dire, il est petit, c'est normal. C'est normal, il faut qu'on trouve notre rythme. La fatigue, c'est normal. On essaye de faire rempart de tous les deux. Moi et mon conjoint, on s'est dit, cette première année va être difficile. Il a aussi été beaucoup surpris par la fatigue, bien qu'il avait beaucoup plus conscience que moi de la difficulté. Il m'a toujours dit, mais toi, j'ai l'impression que tu as découvert que c'était dû au moment où tu es devenu maman. Et j'ai été honnête, j'ai dit, bah oui, je ne m'attendais vraiment pas à ce que ça soit si difficile, en fait. Le fait que les premières semaines, en fait, soient compliquées, moi, j'avais réussi à prendre quand même un petit peu de recul parce que je me disais qu'il était petit, en fait. Donc les premières semaines, je me disais mais forcément, ça va être dur. Et avec mon conjoint, on s'était dit, il faut faire rempart sous les dos, on doit se soutenir, faire relais le plus possible pour que l'un et l'autre puissent se reposer. Et du coup, mes trois premiers mois ont été vraiment, en termes de fatigue, les plus difficiles. Le temps aussi que l'allaitement se mette en place. Et à partir de trois mois, j'ai vraiment senti une amélioration au niveau notamment de... de l'allaitement. Et je me suis dit, bon, ça va aller mieux, en fait. On a passé... Voilà, c'était normal. On a eu une vie normale. Notre vie a été mise sur pause trois mois. C'est OK, ça va. Et en fait, pas du tout. Samaël a eu le Covid. Et dans la foulée, on l'a vacciné. Parce que du coup... sa première vaccination n'avait pas pu être faite parce qu'il avait eu le Covid. Donc, quelques semaines sont passées, on l'a vacciné et il a fait une grosse fraction allergique aux vaccins. C'est quelque chose qui est très rare, rarissime. Et du coup, on s'est rendu compte, on savait qu'il avait une intolérance au lactose et en fait, ça s'est confirmé par une allergie complètement. Donc, c'est un bébé qui avait beaucoup de reflux. qui ne dormaient vraiment pas beaucoup, qui pleuraient énormément. Et on a réussi à mettre en place un traitement, à avoir déjà des éléments de réponse. Donc je me suis dit, là aussi, ça va aller mieux. Donc je me suis laissée jusqu'à six mois. C'est six mois de vie. Et au bout de six mois, ça n'allait toujours pas mieux. Et c'est là où j'ai... où j'ai un peu vrillé. Où je me suis dit, ma vie maintenant, ça ne peut pas être ça. Ça ne peut pas être un bébé qui pleure en continu, avec juste moi qui essaie de survivre. Parce qu'au quotidien, un bébé qui pleure tout le temps, c'est des maux de tête. C'est moi qui vais aux toilettes avec un bébé qui pleure dans les bras. C'est moi qui ne mange plus. Et souvent, on a même envie de pleurer en même temps que le bébé. Oui, je pense avoir pleuré autant que lui, c'est sûr. Et le plus dur, c'était les nuits. Les nuits, parce que papa lui n'a jamais réussi à gérer les nuits. Et il a vraiment eu du mal, non pas qu'il dormait profondément, comme on peut dire, papa dormait profondément. Non, non. émotionnellement, c'était dur aussi pour lui. Il avait beaucoup plus de facilité à gérer la journée puisque, heureusement qu'il était là. Heureusement parce qu'en fait, il détournait son attention, il le portait en tant que bébé, il essayait de faire des activités. Et moi, toute la maternité dont j'avais rêvé, justement, les activités, les sorties, mais ne serait-ce que d'aller faire les courses, il pleurait. Donc, je me suis interdite de sortir. Les activités, ça partait en cacahuètes à chaque fois. Ça ne marchait pas comme le mec, ça fonctionne. Je m'énervais très vite et les pleurs se sont vite transformées en une irritation. J'étais irritée dès qu'il pleurait un peu ou dès qu'il montrait qu'il n'était pas très content ou qu'il y avait un inconfort. Je n'arrivais plus à avoir les idées claires. Je n'arrivais plus à voir qu'il était inconfortable. Je me souviens, une nuit, il avait une grosse poussée dentaire, mais je ne l'ai pas vue. Je me suis tellement énervée. Je me souviens. Je dis à mon mari, mais il faut qu'il dorme, il ne dort pas, mais pourquoi ? Et en fait, j'ai vu qu'il commençait à m'achouiller ses bras et je me suis mise à pleurer. Je dis, mais en fait, il a juste mal aux dents et comment je ne peux pas voir ça en fait ? Et vu que tous les jours, je me pose des questions, mille questions. Est-ce qu'il a trop chaud ? Est-ce qu'il a faim ? Il pleure, il a mal aux dents, il a des refus, il veut son médicament. Il faut mettre du Doliprane. En fait, j'essaie toujours de trouver une solution. ou pleure, j'y arrivais pas et donc parfois je me disais ok bah il pleure parce qu'il a envie de pleurer donc moi je lui laisse pleurer, j'arrive plus donc j'allais pleurer dans ma chambre en même temps que lui et puis j'essayais de faire des sasses comme ça de décompression on va rire, j'étais là maintenant faut que tu prennes, j'arrive plus et ça la nuit il arrivait pas en fait il arrivait pas lui non plus il me dit la nuit je suis entre guillemets c'est vrai Je ne lui donnais pas l'autorisation d'allumer la lumière et de jouer avec lui. Parce que moi, mon leitmotiv, c'était « il faut qu'il dorme » . Donc je ne veux pas que tu allumes la lumière, je veux que tu m'endormes en gros comme moi l'endormirais. Donc j'étais vraiment très toquée là-dessus. Je refusais qu'il détourne son attention. Donc il me disait « tu l'éreganes » . Moi, je n'arrive pas. Donc je pleurais beaucoup. J'attendais qu'il s'endorme, qu'on s'endormait tous les deux. dans les pleurs. Et ça a été vers l'âge de ces sept mois où je me suis dit, OK, je ne vais pas bien. Ce n'est pas une vie, en fait. Il ne faut pas que ça continue comme ça. Je pense que c'était par rapport au colique pour lui ou parce que ça a duré longtemps ? Mais aujourd'hui, encore aujourd'hui, je ne saurais pas te dire. Je sais que son reflux a été traité. Oui. J'ai vu une kinésiologue parce que j'ai fait de la... J'ai vu son médecin, évidemment, un pédiatre qui m'a dit « Votre bébé va être en pleine santé, il va très bien, il évolue très bien. » Je lui ai dit « Il pleure tout le temps. » « Ce n'est pas grave. » Et en fait, je pense que j'étais focalisée, moi, sur les pleurs. Et il y avait des moments où, effectivement, il y avait des petits sas de décompression. Je ne les voyais plus. parce que j'utilisais ces petits moments pour faire autre chose. Mon ménage, qui était là depuis mille ans, mon linge dormit aussi, parfois, parce que j'avais besoin de dormir. Et du coup, j'avais l'impression que c'était dormir, pleurer, dormir, pleurer. Quand lui ne pleurait pas, il dormait. Ou quand lui ne pleurait pas, moi, je dormais. Donc, j'avais l'impression qu'il pleurait tout le temps. Samaël, depuis qu'il est né, ne s'est jamais réveillé sans pleurer. Vraiment des grosses larmes, des gros cris. Donc, j'ai été voir une kinésiologue. J'ai voulu avoir au moins... Il y a une alternative, une médecine douce pour m'apaiser moi, l'apaiser lui, et elle me dit... En fait, le sommeil, c'est un peu le nerf de la guerre chez vous. Je lui dis oui, j'ai besoin, j'ai envie de dormir. Et Samuel dort vraiment peu, il ne dort pas de la journée déjà. Donc c'est difficile. Et la nuit, il va dormir quelques heures. Et surtout, quand il va se réveiller, c'est en pleurs. Il va rester réveillé deux, trois heures en pleine nuit. Et elle me dit, en fait, mais la nuit, c'est une angoisse pour vous comme pour lui. Dormir depuis que j'ai appris, mon corps me l'interdit. Je suis en hyper-vigilance en permanence. Elle me dit, pendant des mois et des mois, vous vous êtes empêchée de dormir et maintenant, vous êtes tellement fatiguée que vous voulez dormir. Mais je transmets énormément d'angoisse à sa mère. Dès que je veux aller me reposer, j'avais tellement peur de le voir endormi, de le voir les yeux fermés, que je transmettais cette angoisse. Ah oui, d'accord. J'essayais de lui dire que c'est OK de faire dodo, c'est OK, il n'a pas besoin de se reposer. Mais tellement c'est quelque chose qui l'angoissait, le mot dodo, le mot lit, dès que je lui propose le lit, c'est une catastrophe. Ça n'est pas serein, le moment du coucher n'est pas serein. Donc il a fallu, à partir de ce moment-là, elle m'a dit qu'il fallait vraiment aider. Elle m'a dit qu'il fallait mettre en place des rituels, ce que je ne faisais pas en fait. Il faut essayer de mettre en place des rituels et de créer votre propre rythme. Puisque du coup, j'essayais juste de survivre, de manger quand je pouvais, donc à pas d'heure, de dormir quand je pouvais, donc à pas d'heure. Et elle m'a dit, autant pour vous que pour lui, il va falloir essayer d'instaurer un rythme. Et c'est bien d'écouter votre bébé, mais il faut que vous écoutiez vous, parce que ça ne va pas. Et du coup, c'était une éponge, je crois. il sentait que j'étais pas bien donc il ne pouvait pas aller bien et c'est vrai que je sentais je rentrais dans sa chambre déjà avec une bouffée j'avais envie de pleurer déjà donc enfin on était tellement fusionnels tous les deux que voilà on pouvait pas aller mieux tous les deux c'était compliqué donc au mois d'août on a été j'ai été en voyage avec lui à la Réunion c'est là où je finis et pour le mariage d'une cousine, et j'y suis allée seule. Mon mari travaillait. Et je me suis dit, je veux me prouver à moi-même, puisque j'ai demandé à des proches, à de la famille très proche de ma compagnie. Ça m'a été refusé, il n'y a pas voulu, pour des raisons encore qui ne sont pas assez suffisantes à mon goût, mais bref, c'est aucune chose. Et du coup, je suis partie seule à l'ARM. Et j'y suis arrivée. Mais ça n'a pas été simple. Onze heures de vol allé, onze heures de vol retour. avec un bébé, un porte-bébé, ma valise de 23 kilos, mon sac à langer, ma poussette, enfin, un périple. Un périple terrible. Bon, s'il fallait le refaire, je ne le ferais pas. Mais je ne sais pas, je ne sais pas comment tu as fait toute seule. Ah ouais, mais moi non plus. Parfois, je reviens, je dis à mon mari, mais j'ai vraiment dit, oui, tu as été là-bas. Et ça a été dur, mais je me suis dit, Je suis capable, en fait. Et ça a été compliqué. Il a pleuré aussi quand même beaucoup là-bas. J'étais seule. J'ai pourtant de la famille là-bas, mais personne ne m'a accueillie. Donc, j'ai pris un hôtel. J'ai pris ma voiture de location. Enfin, vraiment toute seule, quoi. On a vécu 15 jours un peu en autarcie. Je suis restée beaucoup à l'hôtel. Je n'ai pas pu faire beaucoup de visites. Ça m'a un petit peu irritée aussi parce que je me disais, mince. Si je n'avais pas eu de bébé, ce n'était pas le moment. Ou s'il avait été plus grand, ou si je n'avais pas eu de bébé. En fait, non. Si j'y suis allée, c'est parce que j'avais envie d'y aller avec lui. Mais en fait, je n'arrivais plus à profiter des moments avec lui. Pour être au calme, j'allais toujours. Pour être au calme, on sait que ça, passer des journées au lit à l'hôtel. Lui contre moi, j'ai essayé de me reconnecter avec lui. Et je suis rentrée et j'ai compris. Je me suis dit, il faut que je retourne travailler. Ça faisait longtemps que je n'avais pas retravaillé depuis que Calès était parti. Et je voyais bien que papa, lui, ne ressentait pas la même chose que moi puisque quand il partait travailler, il a des grosses semaines, il travaille 50 heures semaine. C'est très connu pour lui. Mais quand il rentre, d'avoir un bébé exténué, une maman... qui est irrité. Et lui, sur ce qu'il veut, c'est profiter. Mais lui, je voyais bien qu'il était beaucoup plus disponible. Il était fatigué, mais émotionnellement, il avait hâte de nous retrouver. Donc, je me suis dit, OK, je m'étais donné un an de rester auprès de Samaël. Et en fait, ce n'était pas fait pour moi complètement. Peut-être qu'il faut juste que je lâche un coup de prise. Et donc, il faut que je reprenne le travail. Que tu aies aussi ton maman à toi. Et en fait, je me l'interdisais. Je me disais, pour être une bonne maman, il faut être auprès de son bébé. C'est comme ça. C'est ça, en fait, être une bonne maman. Et avec du recul, je me suis dit, non, être une bonne maman, c'est être disponible émotionnellement pour pouvoir justement gérer. Parce qu'effectivement, un bébé, ce n'est pas toujours sérignant et ce n'est pas toujours... Voilà, il y a des moments plus difficiles. Mais si moi, je ne suis pas disponible, ça va être difficile à gérer. Et puis surtout aussi, quand on va travailler, qu'on se change les idées ou même qu'on sort boire un verre avec une amie et que papa prend le relais, déjà, on se sent mieux et l'enfant, il va le ressentir aussi automatiquement. Oui, tout à fait. j'ai senti la différence il a donc commencé la crèche en septembre 2022 et moi j'ai repris le travail en octobre, on s'est laissé un mois pour essayer de s'organiser dans nos quotidiens et j'ai déjà senti la différence entre temps j'ai décidé de prendre rendez-vous avec mon médecin pour lui exprimer et à quel point cette année avait été difficile et que j'avais encore du mal, j'avais beaucoup de crises d'angoisse, que j'arrivais encore pas à dormir. Et donc, mon médecin traitant a vraiment écouté mon ressenti et m'a dit « Ce que vous faites, c'est une dépression de l'aspartame. » Et je me suis dit « Mais non, je suis juste mal organisée, en fait. Je suis juste une maman qui ne sait pas faire. » Et elle m'a rassurée, elle m'a dit « si vous savez faire » . Je lui ai tenu tête et je lui ai dit « non, je suis juste nulle en fait, Samuel aurait une maman bien meilleure que moi, qui ne pleure pas. Pourquoi je pleure ? Il est là, il est en bonne santé, il est en vie, pourquoi je pleure ? » Et il m'a dit « mais la maternité, ce n'est pas tout rose, et on ne le dit peut-être pas suffisamment, il faut trouver des salles de décompression et vous n'en avez aucun. » Donc il faut juste essayer, peut-être vous, d'aller un peu équilibrer de votre côté vos énergies, avoir du temps pour vous, avoir des moments avec lui, avoir des moments en famille. Mais peut-être que passer de 8h à 8h le lendemain matin à couler à votre fils, effectivement, c'est peut-être pas pour vous, mais c'est OK en fait. tout le monde finirait barjot avec des pleurs de risée 24h24, hey, fonçonneur ! Donc, en fait, elle m'a donné plein de conseils. J'ai repris contact avec la psychologue qui m'avait suivie quand j'ai perdu ma fille. Et elle m'a dit on va reprendre un suivi jusqu'à ce que ça aille mieux, jusqu'à ce que vous sentiez que ça va. Aujourd'hui, c'est... C'est pas encore ça. Mais Samaël dort mieux. Parce que moi, peut-être pas, mais moi je dors mieux. Samaël dort mieux. Et avec papa, on a trouvé une organisation. Je gère la nuit quand même. Quand Samaël se réveille, ça arrive. Parce qu'il est à l'été et que le sang, c'est pas que nourricier. S'il y a des moments où il a besoin, j'y vais. On a mis en place des petites astuces. Samuel, il est angoissé par le lit. Donc, on a mis en place un lit Montessori au sol. Comme le lit cabane ? Oui, un petit peu. Là, lui, il n'a pas trop de cabane encore, mais il est au sol et en fait, il a juste un petit rebord qui l'empêche de rouler, de rouler jusqu'à la chambre. Et du coup, il peut se lever lui-même et aller dans la chambre. En tout cas, il ne se sent pas enfermé. il a toujours des angoisses, c'est-à-dire que quand il se réveille et qu'il voit que ni l'un ni l'autre, nous ne sommes là, il va très vite pleurer, mais à ce moment-là, on a mis un petit matelas au sol à côté de lui, et on finit notre nuit quand il se réveille sur les coups de 4h30 ou 5h, ça ne nous gêne pas, on s'est dit c'est ok, l'un ou l'autre finit notre nuit auprès de lui, jusqu'à ce qu'il sente qu'on est juste à côté, et de vivre un peu plus sereinement les prochains mois, parce qu'il a encore... petit, il n'a pas tout à fait un an et demi et il a encore besoin de nous et du coup, à tout prix le vouloir mettre dans sa chambre, à tout prix le vouloir faire dormir, ce n'est pas la bonne solution. Donc, on essaye de s'organiser. Ça, c'est comme vous le sentez vous, parce que c'est vrai que souvent, en France, on se dit « Oh, il fait déjà ses nuits. Oh, il dort dans sa chambre. Oh, il... » Alors qu'en fait, non, chaque famille a son propre fonctionnement. Et si on a envie, par exemple, d'être bien et même de le mettre dans notre lit et que tout le monde dort bien comme ça, pourquoi pas, en fait ? C'est vrai qu'en France, on est très... Voilà, il faut que l'enfant aille dans sa chambre. Alors qu'au final, certains enfants ont besoin juste aussi d'être souvent rassurés. Du coup, en fait, nous, on fait un peu un mixte. Il finit souvent la fin de nuit dans notre lit. Mais là, grâce au matelas à côté de son petit lit, c'est nous qui finissons un peu dans le sien. Mais c'est pas grave. Parce que moi, je ne suis vraiment pas du matin. C'est ça qui est difficile. Et puis, je vais travailler le matin maintenant. Donc, du coup, papa, lui, j'ai... et moi je m'occupe de toute la nuit donc voilà on a réussi à trouver ce petit équilibre il y a parfois des moments où les grosses crises me prennent assez violemment au niveau de la poitrine je recommence à avoir des crises d'angoisse et on a mis en place un peu un long code avec Marine qui me fait comprendre qu'en fait ça monte parce que je ne me rends pas compte en fait je ne me vois pas monter oui Et du coup, il prend le relais. Et quand il n'est pas là, j'essaye de faire avec Samuel une technique de diversion, de lui proposer deux choses. Toujours, tu veux qu'on fasse ci ou ça, et je lui propose toujours deux choses différentes. Ça marche bien. Et puis moi, ça me permet du coup d'être un peu moins focalisée sur ses pleurs, parce que c'est ce que j'ai fait pendant un an, d'être focalisée que sur ses pleurs. Samuel, encore aujourd'hui, Il pleure, il a toujours son refus, il est toujours encombré. Donc c'est toujours un peu douloureux pour lui. Le plomb, ce n'est pas de sa faute. Mais du coup, j'essaye de surtout prendre les moments où ça va. Parce que je les avais oubliés, en fait. Et je ne mettais plus l'accent sur les moments où ça allait. Et pourtant, il y en avait, mais je ne les voyais plus. Là, dès que ça va et qu'il a des moments où il rigole, il éclate de rire, là, c'est l'inverse. Je pleure de joie. Je me dis que je n'ai pas tout raté. Il est heureux, ce bébé. Il va très bien. Et parfois, même quand moi, je ne vais pas bien, je suis assise au bord du canapé. Il va venir prendre mon visage entre ses mains. Mais je dis à ma mère, je me dis OK, c'est bon. Je crois que je n'ai pas trop tout raté. Il devrait aller. Du coup, ça a été un an d'ambivalence compliquée. J'essaye encore de me dire que tout ce que j'ai ressenti et ce que je ressens, c'est OK. Mais ce n'est pas simple parce qu'il y a toujours cette culpabilité. J'ai un profond respect énorme pour les mananges qui n'ont pas eu encore leur bébé arc-en-ciel. Vraiment, si tel est leur souhait, je leur souhaite que ça arrive très vite. Mais c'est vrai que quand on nous dit « Tu as la chance d'avoir ton bébé arc-en-ciel, tu n'as pas à être malheureuse » , sachez qu'on aimerait ne pas l'être. En fait, c'est comme si on avait trois personnes en face de nous qui nous montraient du doigt. On a les autres mamans qui nous disent « Ton bébé est en vie, en pleine santé, nous le nôtre est décédé. » Mais en fait, on sait, puisque le nôtre aussi. On a la personne en face de nous, nos familles, nos proches, la société. Et on a nous, en fait, en face de nous. Parce qu'on se dit tous les jours, on ne devrait pas ressentir ça. Ce n'est pas normal. On ne devrait pas être malheureuse. Alors, on n'est pas malheureuse, en fait. On est juste perdus dans les sentiments. Parce qu'entre la fatigue, le fait que la maternité, ça soit difficile pour toutes. Mais il y a des postpartum qui se passent mieux que d'autres. Et ce n'est pas parce que la voisine de ton postpartum a été super géniale que le vôtre va être au lait. Je ressens. Ouais. Donc, du coup, c'est OK que ça soit dur. Et ce n'est pas parce qu'on a eu un deuil périnatal avant qu'il va forcément ne pas l'être. Et si on traverse un postpartum difficile, même après un deuil périnatal, c'est OK. Parce que je pense qu'il y a de nombreuses mamans, peut-être, Et si elles m'écoutent, j'espère qu'elles pourront trouver peut-être des solutions. Surtout, ne vous dites pas que c'est parce que vous avez perdu un bébé. avant que forcément la maternité va être une évidence après. On part toutes du même niveau, c'est-à-dire qu'être maman, je pense que ce n'est pas inné, ça s'apprend, et quand on culpabilise, c'est au-delà de nous en fait, c'est plus fort que nous, donc il faut que quelqu'un soit derrière presque pour nous dire ne culpabilise pas, ça va aller. c'est pas si simple, c'est pas un bouton on off sur le gré, on appuie et il y a un vrai travail en fait à faire dessus donc moi je un conseil aux femmes justement qui ont vécu la même chose que toi et qui sont en dépression post-partum et culpabilisent un peu après avoir eu un bébé arc-en-ciel Qu'est-ce que tu leur dirais comme conseil ? Je leur dirais déjà qu'elles ne sont pas seules. C'est sûr et certain et que ce qu'elles ressentent, c'est OK. Si je pouvais leur donner des petits conseils pour essayer d'apaiser leur quotidien, c'est d'essayer de profiter des moments d'accalmie. Parce que moi, je ne les voyais plus et pourtant, il y en avait. Et de profiter de ces petits moments avec votre bébé. Parce que chercher à tout petit d'homme, par exemple, c'est... c'est pas la solution et quand il dort ne pas essayer de faire autre chose comme le ménage ou les courses ne pas attendre qu'il dorme pour faire ça en fait c'est pas grave ça le ménage les courses c'est secondaire profiter de ses moments avec lui profiter de de moments calmes en fait où il n'y a pas de voilà parce que ça grandit trop vite mais moi je sais enfin J'avais presque le nez tellement, parce qu'on a la tête dans le guidon, on a le nez sur nos problèmes et on oublie qu'on a des enfants incroyables, extraordinaires, qui sont dotés de qualité formidable. Et Samuel, il me le montre tous les jours. En fait, c'est un petit garçon qui est plein de joie, plein d'entrain. Je parle de lui depuis tout à l'heure, comme il est un soleil. C'est ça, et en fait, c'est un rayon de soleil. Il remet vraiment de la joie au cœur dans notre vie. Et vraiment... Il m'a donné envie de recours en la vie. Donc, c'est dur, mais ça va aller. C'est dur, mais ça va passer. Les enfants grandissent et c'est ces moments-là où vous ne les rattraperez plus jamais. Donc, c'est compliqué de se dire qu'il faut profiter. Mais malgré tout, dès qu'il y a un moment de calme, il faut les prendre. Et si on veut souffler, ne pas attendre expressément qu'ils dorment. Mais par exemple, laisser à quelqu'un de confiance. Et puis, voilà, pour, oui, se reposer, c'est OK, faire une sieste ou d'aller boire un café chez une copine ou de profiter, prendre soin de soi, d'essayer de se donner des rendez-vous, en fait, avec soi-même pour pouvoir être à nouveau émotionnellement disponible pour son enfant. Et puis surtout, moi, ce que je leur dirais, c'est que c'est de bonnes mamans, même si au quotidien, elles se disent que non, c'est vraiment des bonnes mamans. Quand le sentiment de culpabilité, il est trop intense, et je sais à quel point il est difficile de s'en défaire, mais pourtant, c'est de l'amour. Parce que si on culpabilise, c'est parce qu'on aime. Oui, et qu'on veut bien la faire. Exactement. Donc, à chaque fois qu'on culpabilise, on doit se dire que c'est parce qu'on aime. Et quand il y a de l'amour, on est une bonne maman.

  • Speaker #1

    Eh bien, ce sont sur ces mots que nous achevons cet épisode. Un grand merci à toi, Gwen. Et je vous souhaite plein de bonheur à toi et ta famille. et ta petite calesse qui sera toujours là à tes côtés dans ton cœur. Chère auditrice, merci de nous avoir écoutées.

  • Speaker #2

    Et ta dame, un podcast qui vous embarque dans l'esprit et le corps des femmes, avec des témoignages poignants, des histoires immersives prenantes et des interventions de professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques concernant le corps et l'esprit. Et ta dame, chaque femme est unique et chaque parcours de vie l'est aussi. Découvrez la femme dans tous ses états. Etat d'âme, un podcast de Stéphanie Jarry.

Description

Découvrez l'histoire inspirante de Gwen, une jeune maman de 27 ans atteinte du SOPK et d'endométriose. Après 6 longues années de parcours PMA et la perte tragique de sa fille Calesse, Gwen a fait une pause dans sa quête de maternité. Mais un miracle s'est produit lors du dernier transfert de sa dernière FIV : son fils Samaël est né. Bien que Samaël apporte beaucoup de bonheur à Gwen et à sa famille, la perte de sa fille et les défis mentaux de la maternité peuvent être difficiles à gérer. Dans un prochain épisode, découvrez comment Gwen a surmonté sa dépression post-partum après sa grossesse arc-en-ciel. Une histoire de résilience et de courage à ne pas manquer. #maternité #endométriose #SOPK #PMA #miracle #dépressionpostpartum #résilience
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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous êtes sur Etat d'âme. Dans l'épisode du jour, vous découvrirez Gwen, 27 ans, maman d'un bébé de 16 mois, Samael. Samael fait le bonheur de Gwen et sa famille. Mais ce n'est pas toujours évident mentalement, car Samael est arrivé après le décès de sa sœur Kalless. Ma dépression postpartum, après ma grossesse arc-en-ciel, c'est le sujet du jour. Mesdames, avant de laisser la parole à Gwen, sachez que vous n'êtes pas seules. En parler, c'est s'entraider. Car vous allez voir, chaque femme est unique, mais certains parcours s'entremêlent. Bonjour Stéphanie, je tenais d'abord à te remercier d'accueillir mon témoignage. Effectivement, je traverse une période qui n'est pas très évidente pour moi en ce moment. Et j'espère vraiment que mon récit aidera d'autres mamans à se sentir moins seules et à comprendre que les difficultés peuvent vraiment faire partie de leur parcours de maternité. Donc de se déculpabiliser par rapport à ça. On est vraiment toutes différentes et ce que tu disais est juste. Partager nos histoires, ça nous permet parfois d'accepter un petit peu plus la situation. Donc pour répondre à ta question, moi j'ai dû faire appel à la PMA après deux années de décès bébé. Avec mon mari, on s'est rencontrés il y a une dizaine d'années maintenant. Et lorsque l'envie d'avoir un enfant est survenue, on ne s'attendait vraiment pas à ne pas y arriver. Et on a essayé pendant deux ans, deux ans d'essais infructueux. Donc sur les conseils de notre famille. On a fait appel à un gynécologue privé, un gynécologue dans son cabinet. Et ça, je vais le regretter quelques temps plus tard, parce qu'on n'a pas toqué aux bonnes portes, en fait. Mais tout de même, c'est comme ça qu'on a découvert mon SOPK. Donc, c'est le syndrome des ovaires micropolycystiques qui m'a diagnostiqué à ce moment-là. Et il nous a assuré que mon conjoint n'avait aucun problème. Il avait passé trois spermogrammes et d'après lui, rien d'alarmant. Donc il m'a prescrit une stimulation ovarienne simple par comprimé en première instance. Échec. Donc au bout de six mois, on est passé aux stimulations par injection. Échec également. Donc on a entamé un parcours de deux inséminations. Et ça a été des moments très difficiles. En fait, la première année d'essai en PMA, entre guillemets, m'a vraiment mis au plus mal. J'ai pris énormément de poids. J'ai dû prendre 30 kilos en un an. J'avais beaucoup d'injections. Tout ça évidemment sous contrôle échographique, prise de sang, toutes les 48 heures, tous les deux jours, pour vérifier qu'on ne fasse pas de bêtises en termes de dosage. Je ne me sentais pas bien parce qu'il fallait aussi avoir des rapports programmés. Ça, on ne le dit pas assez, mais c'est dur. Ça met à mal le couple, la complicité, l'équilibre personnel, hormonal. C'est difficile. Donc j'ai voulu lui dire à ce médecin qu'il fallait faire des examens complémentaires, ce qu'il a refusé. Donc un an s'était écoulé et il avait déjà fait des erreurs administratives de traitement. Je me suis vue, par exemple, une fois faire trois semaines d'injection. les contrôles échographiques, les prises de sang. On se présente au laboratoire, juste pour l'échantillon de mon conjoint, et le laboratoire nous refuse l'accès à la salle de prélèvement parce que le dossier administratif n'est pas complet. Mais mon médecin ne m'en avait jamais parlé. Donc je l'appelle en lui disant que ce n'est pas normal, et il me répond que de toute manière, j'ai été stimulée, donc je n'ai qu'à avoir un rapport avec mon mari. Les inséminations, c'est du luxe, la PMA aussi. Donc à partir de ce moment-là, j'ai compris en fait. Ça faisait trois ans qu'on essayait, déception sur déception, j'ai compris que ce médecin, il ne nous aiderait pas. Donc j'ai fait appel à un centre PMA, vraiment spécialisé dans ma région. Je suis tombée sur une gynécologue un peu froide, mais très professionnelle. Donc elle m'a bien diagnostiqué mon SOPK. Mais ce n'était pas vraiment la véritable raison de mon infertilité. Elle m'a appris que je suis atteinte d'endométriose à un stade avancé. Donc j'ai dessiné chez des adhérences, un peu partout autour de l'utérus, sur les intestins, derrière le cul-de-sac de Douglas. Depuis que je suis toute petite, j'ai des douleurs. Depuis toute petite, je saigne énormément au moment de mes règles, voire plus. Mais tous les gynécologues chez lesquels je suis passée n'ont jamais diagnostiqué ça. Ils m'ont toujours dit avoir mal pendant ces règles, c'est normal. Donc, je prenais des cachets et je pleurais. J'attendais juste que ça passe. Donc là, un médecin qui me dit, il y a quelque chose, ça fait du bien. On se sent entendus. Mais ce n'est pas tout. En fait, on l'apprend enfin. Mon mari est atteint d'un OATS. Donc, c'est un mot très barbare qui veut dire oligo-asténo-thérato-zoospermine. Ça veut dire qu'il n'y a pas beaucoup de... du spermatozoïde. Et quand ils sont là, ils ont un fort taux d'atypisme. Ils sont très atypiques. Ils ont de flagelles, de têtes. Ils tournent sur place. C'est quasi impossible. Donc, j'ai pleuré énormément parce que trois ans d'essai, quoi. Trois ans où on a fait tout ça pour rien. Et ça fait mal parce que quand on essaye un an et qu'on va consulter, on se dit bon, c'est un an, c'est pas grave, on s'est laissé le temps. Trois ans, c'est long. C'est vraiment très long. Elle nous a orientés vers une five. Tout de suite, elle m'a dit, il n'y a que comme ça que vous tomberez enceinte. On va prendre le spermatozoïde parfait et puis on va le... On va faire un petit embrayon parfait. Donc, c'est grâce à la FIV que je suis tombée enceinte quatre fois. J'ai fait la première grossesse, une fausse couche très précoce. On appelle une grossesse biochimique. On a eu un taux de bêta ACG qui est très vite monté et très vite s'est effondré. La deuxième, j'ai fait une fausse couche à deux mois de grossesse. La troisième, je suis tombée enceinte de calesse. Donc, ma fille, elle s'est malheureusement envolée alors que j'étais enceinte. Je rentrais dans mon cinquième mois de grossesse. Éprouvant parce que du coup, tu as dû la coucher quand même, vu que tu étais au cinquième mois. Tout à fait. En fait, j'ai perdu les os un soir de janvier. Alors, je sentais venir. C'est ça qui me donne une rage. J'ai toujours cette colère au fond de moi. C'est parce que j'avais des saignements depuis un moment, ce qui m'a amenée à consulter les urgences de ma ville, les urgences maternités, rapidement et très régulièrement. La dernière semaine, j'y allais tous les jours. On me disait de rentrer chez moi, que les douleurs que j'avais étaient des douleurs ligamentaires, que les saignements, c'était des petits saignements, et qu'il n'y avait aucune raison de m'inquiéter. Et en fait, mon col se raccourcissait. Mais ça, je ne l'ai su que bien plus tard en réclamant mon dossier médical. Et au moment où j'allais consulter, on me disait juste, recusez-vous, ça va. Déjà, tu n'as pas à culpabiliser parce qu'en plus, c'était ta première grossesse qui arrivait déjà à plus de deux mois. Et si en plus, les professionnels de santé te rassuraient en disant, c'est des douleurs ligamentaires. Je pense que déjà, il faut enlever cette culpabilité parce que c'est censé être des professionnels et du coup, on est censé croire un petit peu leurs paroles. Donc déjà, je tenais juste à te dire ça parce que tu as dit que tu le fais culpabiliser alors que tu n'as pas du tout le culpabiliser. C'est dur de ne pas culpabiliser quand, évidemment, le bébé est dans notre ventre. Donc je me dis, qu'est-ce que j'ai fait pour... Et c'est vrai qu'en réfléchissant, je ne pouvais pas faire plus. J'ai vraiment donné mon corps et mon bébé. Je me suis totalement laissée porter par le corps médical. Et ce n'est pas comme si je n'avais même pas consulté. J'y suis allée vraiment tous les jours. Mais voilà, après, c'est... Et puis ça a été dû. Parfois, pour eux, en fait, c'est des suppositions. Quand on dit qu'on a ci, qu'on a ça, qu'on ressent ci ou ça. Pour eux, en fait, c'est... pas assez concret et du coup, on ne va pas faire d'examen en plus parce que c'est juste des suspicions. On devrait prendre un peu plus les paroles des patientes en compte. Oui, c'est ça. Parce que moi, quand je suis arrivée aux urgences, je leur ai dit j'ai des contractions. Ils m'ont dit non, vous saurez quand ce sera une contraction. Ça n'est pas une contraction. Donc, je n'ai pas eu de monitoring, je n'ai pas eu de contrôle, j'ai juste eu une échographie. Donc, il montrait que ma fille, elle est très bien, pataugée là-dedans, son cœur battait la Ausha. Enfin, voilà, votre fille, elle est en vie, tout va bien, on vous saigne, c'est le col qui saigne un peu. Voilà, c'est tout. Donc, rentrez chez vous, reposez-vous, ça va aller. Donc, moi, quand j'ai perdu les os, j'ai tout de suite compris. J'étais dans mon canapé, mon mari travaillait. Je me suis levée, je me souviens, j'ai l'image en tête. Je me lève, j'en ai plein le collant, le canapé est trempé. Mon mari rentre, il me dit « qu'est-ce qui t'arrive ? » Je lui dis « il faut aller aux urgences, j'ai perdu les os » . Donc il me dit « mais vite, vite ! » Mais je lui dis « mais ça sert à rien en fait. Pas un deux se dépêcher, ça sert à rien, c'est fini. Je le sais. » Donc on y va quand même. Voilà, je me déplace, donc je leur dis « j'ai des contractions depuis une semaine, je saigne, je viens de perdre les os dans mon canapé. » Et on me dit… Ben non, c'est pas ça. Je pense que vous avez dû vous faire pipi dessus. Donc du coup, on va vérifier ça. Après, c'était peut-être pour me rassurer aussi. Mais moi, je l'ai pris pour vous attendre. Vous ne savez pas. Voilà. Nous sommes les teintes, vous ne savez pas. Donc, ils ont eu du temps à se rendre compte parce que du coup... Alors là, avant, je ne saignais pas beaucoup. Maintenant, c'est je saigne trop. Ah bah, vous saignez. Du coup, je ne vois pas le coton virau rose, mais bon, vous saignez, donc c'est rose. Je lui dis oui. Donc, quand elle fait le test, elle revient et elle revient avec tout, en fait. Les papiers... Enfin, c'était d'une violence horrible. Elle vient avec les papiers pour l'autopsie, le test en disant... C'est positif. Vous avez perdu les os, les papiers pour dire qu'est-ce que vous avez prévu pour l'enterrement. C'est d'une violence terrible. Il n'y avait pas vraiment de tact dans l'annonce ? Non, aucune. Et puis moi, je me souviens juste d'avoir signé les papiers et je n'ai pas entendu l'annonce à ce moment-là. Vraiment, je ne l'ai pas entendue. Parce que j'étais ahurie, en fait. J'étais complètement stoïque. Mon mari non plus. Donc on me dit, on va vous passer à l'échographie quand même, parce que peut-être que c'est juste une fissure. Vous n'allez peut-être pas rompre, franchement. Donc hop, un petit peu d'espoir, et moi j'entends que ça d'ailleurs. Je n'entends que ça. J'entends, ok, on va à l'écho, on va voir. Donc je vais à l'échographie, la sage-femme n'arrive pas à faire fonctionner sa machine. Elle me dit, le gynécologue n'est pas là, moi j'ai une toute petite maternité de ville. Les gynécologues ne sont pas, il n'y a pas de gynécologue la nuit. Donc, ce sont des gynécologues de garde. Moi, j'appelle le gynécologue. Donc, il arrive encore, limite, le tablier autour du cou, je me souviens. Il me dit, bon, qu'est-ce que c'est ? J'étais en train de manger, je suis à table, on me dérange. Donc, je sens que je suis la patiente qu'il ne veut pas voir. Il met la sonde sur mon ventre et je comprends tout de suite les images qui me sont présentées. Je vois ma fille qui est toute étriquée, en fait, qui bouge énormément, je la sens énormément bouger. je vois qu'il n'y a plus de liquide autour d'elle et je comprends en fait, je comprends que là c'est pas possible je sais pas ce qu'ils vont faire parce qu'à ce moment là je demande qu'une chose c'est de la sauver, mais je comprends qu'en tout cas je vais pas pouvoir continuer ma grossesse donc le médecin avec encore le moins de tact possible se tourne vers la sage-femme Et il lui dit, vous la montez en chambre, vous la préparez pour la période orale et on s'installe pour l'accouchement. Sans un... Non, non, il ne me regarde pas, il ne... Il ne s'adresse pas à moi, en fait, il s'adresse à ses collègues en leur disant, il faut le préparer. Donc là, je comprends. Et là, je hurle. Je hurle, j'essaye de me lever, je leur dis non, que je n'accouche pas, que... Ben, je suis... Je ne peux pas, qu'elle est trop petite. Et là, il me regarde droit dans les yeux, il repose la sonde sur mon ventre, il me recouche un peu de force et il me dit « Regardez votre bébé, il est en train de mourir, on ne peut rien faire » . C'est super violent. Donc, mon mari se met à s'effondrer. Je n'ai jamais vu pleurer autant de tout mon existant. J'ai l'impression que c'est une scène de guerre. Je jure, je dis « Mais je ne comprends pas, je ne peux pas sauver là » . Il me dit non, mais je dis mais elle est en vie là, donc il y a un moment, enfin non, je ne vais pas accoucher. Donc il me dit, bon, on regarde votre col. Si votre col est fermé, je peux espérer peut-être sur quelques jours avec des antibiotiques du repos, peut-être que votre liquide se reformera. Si votre col est ouvert, c'est fini. Donc il regarde et il me dit, elle est engagée. Allez, on monte. Donc voilà, je suis montée en chambre. Je n'ai pas de souvenir de cette nuit, en fait. Ça a été long, en plus. Ça a été très, très long. Je n'ai pas eu de monito. On m'a juste installée en chambre. On n'a pas... Enfin, c'était un accouchement qui a été... Ah, j'étais à l'endroit. Ouais, en silence. Je suis montée en chambre. On m'a mise dans une toute petite pièce au bout du couloir, dans le noir. On m'a dit « reposez-vous et quand vous avez trop mal, venez me voir. » On appellera l'anesthésiste pour poser l'apéritif. J'ai vu l'anesthésiste. Elle me dit « rappelez-moi dans la nuit. » Dès que ça commence à ne plus aller, on installe l'apéritif. Et vers 3h du matin, j'ai eu des douleurs vraiment terribles. C'était très très dur. Donc j'ai dit « il faut que vous veniez, il faut mettre l'apéritif. » On m'a dit « l'anesthésiste est rentrée. » Donc, on peut vous mettre de la morphine. Donc, j'ai eu de la morphine toute la nuit. Et... Vers 13h, on m'a dit de manger un peu. Le gynéco revient et m'a dit « Vous n'avez toujours pas accouché. » Donc, non. Donc, il m'a dit « Est-ce qu'on voulait qu'on vous aide un peu ? » Je lui ai dit « Oui. » En fait, je veux que ça s'arrête. Il faut que ça se termine. Donc, ils m'ont aidée. Ils m'ont mis un peu d'ocytocine. Ça a relancé les contractions. Et à 13h55, j'ai accouché de ma petite-fille. Donc, c'est indescriptible, en fait. C'était à la fois... Je ne sais même pas comment décrire. C'était à la fois le pire jour de toute ma vie et c'est vraiment le plus beau aussi. C'était vraiment, vraiment terrible. Parce que j'ai eu le premier bébé, sinon... En fait, de la voir, ça m'a complètement bouleversée. Je crois même quand on l'a vue avec mon mari, on a dû sourire en se disant, est-ce qu'elle est belle ? Et en même temps, c'était fini. Donc la douleur du corps, tout s'est arrêté d'un coup. On a pris le temps avec elle. Ils nous l'ont préparée, on l'a prise dans les bras. Je ne saurais même pas te dire si ça a duré une minute ou trois heures. Est-ce que le temps s'arrête ? Oui, je n'ai plus la notion du temps. C'est vraiment un moment qui restera quand même gravé en moi. Ça a été un accouchement super dural. J'en suis relativement fière parce que c'était mon projet de naissance. Et je me souviendrai de son visage toute ma vie. Ça restera à jamais mon petit-mère. D'être avec elle le plus longtemps possible, c'est peut-être pour ça aussi que ton cerveau s'est arrêté au niveau temporel. Et limite encore, quand j'y repends, je me dis, j'aurais dû passer plus de temps encore. Mais voilà, j'essaye de ne pas être trop dure avec moi sur ces moments-là parce que je me dis que c'est ce que j'ai pu vivre au moment où j'ai pu vivre. Là-dessus, j'apporte vraiment, parce que c'est pour elle, pour la respecter, pour ce qu'on a vécu toutes les deux. Oui, oui. Voilà, je sais que... Ce qui a été dur, c'est de tomber sur des professionnels qui n'ont vraiment pas été tendres au début. Par contre, je remercie vraiment les sages-femmes. J'avais même une puère qui était là, alors que la pauvre, elle n'a rien pu faire. Elle était juste là pour me tenir la main. Et je le remercie pour ça. C'est des petits gestes, mais qui font énormément de bien. Parce que là, ça n'a pas été facile. Déjà, ce que tu as vécu, c'est horrible. Et si en plus, tu as des professionnels de santé qui n'ont pas de tact, c'est rajouter de la douleur à l'innovable. C'est compliqué. Après, je ne sais pas. J'ai juste essayé de survivre. J'étais en mode survie. J'ai essayé de survivre à ça. et de garder son visage. C'était mon objectif. C'était ça, garder son visage. Je ne voulais pas l'oublier, en fait. Et parce qu'on m'avait dit, est-ce que vous voulez la voir ? Parce que quand j'ai accouché, on me l'a vite emportée, en fait. Et j'ai dit, non, non, mais enfin, ramenez-la à moi. On me dit, on vous la prépare, on vous la ramène. Mais d'accord, OK, on comprend. La seule question que j'ai posée, c'est, est-ce qu'elle est belle ? Parce que j'avais peur qu'elle soit abîmée par l'accouchement. On m'a dit, mais elle est magnifique. On vous l'apporte tout de suite. Et je ne regrette pas de l'avoir eu près de moi ces moments-là. Je ne les oublierai jamais. Tous les trois, on nous a mis un peu de musique. C'était très bizarre comme moment. Et en même temps, je n'enlèverai jamais ce moment de mon esprit. Ça se voyait qu'ils n'avaient pas l'habitude en plus. Rien n'avait été mis. D'ailleurs, je l'ai vu ensuite. Ça a été des petits regrets après. Mais ça se voyait qu'ils n'avaient vraiment pas l'habitude. Parce qu'avant d'accoucher véritablement, c'est-à-dire que j'ai eu une poussée, on m'a aidée, etc. J'avais demandé une césarienne, j'étais complètement dans le déni. J'ai dit je veux une césarienne, on m'a dit non, en fait ça va rajouter une cicatrice au corps alors que vous l'aurez déjà dans votre cœur, toujours. Donc, s'il n'y a aucune raison médicale, on ne fera pas de césarienne. Aujourd'hui, je leur remercie parce que j'ai... J'ai été une maman comme une autre. J'ai accouché comme une autre. Et je regrette. C'est dur. Quand on nous dit, par exemple, je ne sais pas si on m'avait dit, vous pouvez avoir un turtage, par exemple. On m'a dit, votre bébé est à 5 mois, ce n'est pas possible. Ça fait 500 grammes à ce stade-là, c'est très grand. Elle était très grande, elle faisait presque 25 centimètres. Ce n'est pas possible. On ne peut pas faire de turtage, de césarienne. Il faut juste pousser. Donc, c'est dur à vivre. Je ne le souhaite vraiment à personne. Ennemi, c'est la nuit. Je devais revenir en arrière. Non, bah oui, ils ont fait un bon choix. Enfin, voilà. Et c'était la bonne manière. Et c'est pour ça que je te parlais de culpabilité tout à l'heure. C'est que j'avais l'impression de ne pas avoir choisi la bonne équipe, le bon hôpital. C'était une petite maternité de vie. Ils n'avaient pas l'habitude de profil. Donc, voilà, quelqu'un qui a un peu mal au ventre et qui saigne un peu, en première instance, je peux comprendre que ça ne soit pas dramatique quand on lise sur le papier. Mais j'aurais aimé qu'il cherche un petit peu plus loin, qu'il vérifie, il ne serait-ce qu'un monito, voir si les douleurs étaient vraiment des coups de jonc. Et me guider, me transférer vers un hôpital. Voilà, de plus en plus compétent, de grade. Donc, c'est ça que je remets aujourd'hui. Et puis en plus, c'est quelque chose qui est un peu difficile à accepter parce qu'avant 12 semaines, la société ne reconnaît pas ou peut nous bébé. C'est-à-dire que, pour le dire, si on fait une fausse couche avant 12 semaines, voilà. C'est pas grave, je parle un peu vulgairement. Et puis, quand on accouche après 24, et que le bébé peut être sauvé, il a une existence, il est pris en charge rapidement, dans un hôpital de haut grade, mais entre 12 et 24, qu'est-ce qu'il se passe ? C'est ça. Et moi, j'étais entre les deux, c'est-à-dire que... J'avais un bébé qui était trop grand pour faire ce qu'ils appelaient une fausse couche classique. Pas assez grand pour accoucher prématurément et pouvoir sauver le bébé. Donc, ils s'appelent une fausse couche tardive. Et c'est d'une violence terrible parce que je n'ai vraiment pas la sensation d'avoir fait de fausse couche. Vraiment. Le bébé était là, donc ce n'est même pas un embryon. Là, c'est vraiment, tu as vu ta fille, donc c'est vrai que c'est... C'est ça, je l'ai eu dans mes bras, donc pour moi j'ai accouché, je l'ai nommé, j'ai organisé. C'est assez difficile, le drame est d'autant plus percutant que pour moi, dans ma tête, je passais 12 semaines, dans 6 mois j'avais mon bébé dans mes bras. Moi j'ai mis du temps quand même avant de reprendre mon parcours PMA, il m'a fallu au moins un an en fait. Il a fallu que je fasse un travail sur moi-même. ne serait-ce que sur l'envie d'avoir un autre enfant. Parce que pour moi, c'était impensable de pouvoir retourner enceinte. Je n'arrivais même pas à imaginer la possibilité d'avoir un autre bébé. C'était ma fille, je ne pensais qu'à ma fille, jour et nuit. Je ne pensais qu'à elle, je ne vivais qu'à travers elle. Ça a vraiment été une année qui a été remplie de douleurs. Je n'ai pas d'autres mots. De pleurs, je pleurais beaucoup. Tout me paraissait insignifiant. les soucis des autres me semblaient bien qu'ils soient aussi légitimes à mes yeux ne l'étaient plus en fait, donc c'était très difficile de garder la tête hors de l'eau donc je suis rentrée en dépression mon médecin, j'ai été traité pour ça j'ai eu un suivi, j'avais la totale j'avais antidépresseur anxiolytique, somnifère parce que je ne dormais plus Et j'ai accouché juste avant le démarrage du Covid. Donc, j'ai accouché le 4 janvier 2020. Et à partir du mois de mars, on n'a parlé que du Covid. Donc, moi, le Covid, ça ne m'impactait pas, en fait. J'étais juste chez moi, en boule. Je ne pensais qu'à ma fille et on ne me parlait que du Covid. Et je me suis sentie seule. Et ça a été assez difficile, finalement, cette double... situation parce qu'on était confinés, on voyait déjà pas grand monde et moi je me suis mise dans ma bulle, dans ma sphère. Et on pouvait pas m'atteindre. Et du coup, tu pensais à qu'elle est, tu pensais à ce que vous auriez pu faire si elle était là ? Tu pensais à quoi exactement ? Ah non, j'avais qu'une envie, c'était de ne plus être là. Moi, je ne voulais plus être auprès de ma fille. Je n'avais aucun regret, entre guillemets, ce que je voulais, c'était de ne plus vivre en fait. ça ne servait à rien. Je ne pouvais pas être maman. La seule fois où j'arrive à passer le stade un peu critique des 12 semaines, ben... Ça ne marche pas, mais ça ne sert à rien de continuer. Pour moi, je ne voulais pas d'un autre enfant parce que je me suis dit que ça allait recommencer. Je ne veux pas m'en remettre. J'étais vraiment dans cet esprit-là, qui est vraiment noir. Une année noire. Au bout d'un an, déjà toutes les dates clés sont un peu passées. Mine de rien, toutes les dates difficiles étaient passées. Mon médecin était vraiment très à l'écoute. J'ai rejoint des groupes de parole. Ça m'a beaucoup aidée. Et je me suis dit, il faut que j'aide les autres mamans. C'était mon leitmotiv. Je me suis dit, si j'aide les autres, ça va m'aider moi aussi à avancer. Donc, j'ai fait partie de groupe de parole. J'en ai animé quelques-uns. Ça m'a vraiment fait du bien. Les médicaments, on a pu les ralentir. J'ai pu retrouver le sommeil. J'avais plus d'idées noires. J'avais encore des crises d'angoisse que je garde encore aujourd'hui. Mais globalement, ça allait mieux. Au bout d'un an, mon esprit s'est un peu éclairci. Du coup, j'avais un petit espace où la discussion d'un autre enfant s'est à nouveau posée. On s'est dit avec mon conjoint, il faut juste prendre la décision. Ça va mieux aujourd'hui, mais est-ce qu'on veut toujours un enfant ou pas ? En fait, c'est juste ça. Et puis je me suis dit, bon, il nous reste une fille, ce serait presque dommage de la mettre à la poubelle. Donc je me disais OK, on s'est dit OK tous les deux. Mais j'avais commencé déjà dans mon cœur et dans ma tête à préparer un éventuel deuil de la maternité. Donc quand j'ai fait cette dernière ponction, je ne me souviens même plus très bien des conditions dans lesquelles je suis passée. J'en garde vraiment peu de souvenirs. C'est un peu comme si mon cerveau s'était protégé, en fait. Oui, on pouvait y aller, mais sans y aller, quoi. C'était complètement... Complètement. Je ne vivais pas le moment présent. Je me suis laissée porter. Je n'étais pas du tout actrice de mon parcours. Je me suis laissée faire. Et finalement, ça m'a peut-être un peu aidée. Parce qu'au fond de moi, je savais comme ça que... La déception, s'il y allait en avoir une, parce que j'étais dans ce schéma de déception sur déception, elle allait être un peu moins présente. Je me disais, j'y vais, si ça marche. Déjà, je ne me disais même pas que ça allait marcher. Je me disais, on fait la dernière, on se débarasse. Ce n'est pas grave, je pourrais vraiment entamer ma reconstruction à travers autre chose. Et puis en plus, durant cette période-là, j'ai perdu ma grand-mère. Donc voilà, mon esprit était vraiment focalisé sur autre chose. J'aidais beaucoup ma maman. Elle était dépassée aussi par les événements. Elle était dans une tristesse infinie. Donc moi, je n'avais pas le droit d'être triste. Je devais être celle qui console, qui soutient. Donc voilà, j'ai presque vécu ça comme une invitée. J'étais à côté, on me demandait « tu vas au rendez-vous ? » Ok, j'y allais, je me pointais juste au rendez-vous, je faisais les trucs. clé, mais je n'y mettais pas le cœur en tout cas. Et parce que tu ne croyais plus du coup au fond de toi ? Oui, totalement. On s'était mis d'accord, on fait la dernière five, mais moi j'avais déjà fait un bon bout de chemin mental. Au fond de mon cœur, je me disais, ben voilà, ce n'est pas grave. Et en fait, durant ce dernier transfert, j'ai fait ce qu'on appelle une hyperstimulation. J'ai été hospitalisée une quinzaine de jours, en fait, parce que j'étais au bord de l'embolie pulmonaire. J'ai du liquide des ovaires qui est remonté au niveau de l'acide, qui est remonté au niveau de mon abdomen et qui a commencé à envahir mon ventre et autour de mes organes vitaux. Donc, j'ai été hospitalisée et en fait, mon conjoint a eu très peur. Très, très peur. Moi aussi, j'ai vraiment eu très peur. Et c'est à partir... C'est ce jour-là, en fait, qui a marqué vraiment le fait que mon envie irrépressible d'avoir un enfant, je l'ai laissé derrière moi. Je me suis dit, je ne peux pas mettre ma santé en danger pour faire un enfant. Ce n'est pas possible. Donc, j'étais beaucoup plus apaisée dans ma tête. Je suis sortie de l'hôpital et dans mon cœur, je me suis dit OK. qu'Alaise sera notre unique et seule enfant. Et c'est OK. Je suis OK avec ça. J'étais prête, en fait, au bout de tant d'années de combats, de déceptions, de douleurs. baisser les armes. Je m'attendais aux tests négatifs. Je me suis dit ça ne va pas m'attrister. J'étais prête à cette idée. Et puis, incroyable, mais bref. Contre toute attente, je suis tombée enceinte. C'est quand on n'y croit plus que là. Oui. Et pourtant, je déteste cette phrase. J'aime pas quand on me dit tu ne penseras plus, ça va marcher. Mais en fait... Il y a ça, il y a plein de choses. La gynécologue a été très compréhensive et m'a dit qu'on va pousser quand même les examens un peu plus loin. Toutes les analyses au revenu de la grossesse de ma fille sont revenues négatives. J'avais une infection, mais ça, je saignais depuis un moment. Pas de pathologie particulière, elle était parfaite en tout point. Ce qui a été aussi dur à accepter, puisque pas de raison, forcément. à son départ, mais elle m'a dit on va vérifier qu'il n'y a pas une béance de col, donc j'ai eu quand même une hystéroscopie, j'ai eu une biopsie pour vérifier que je n'avais pas quelque chose au niveau de l'endomètre, et j'ai fait un examen qu'on appelle la matrice lab, et qui m'a permis de voir que j'avais une hyperactivité au niveau de l'endomètre, donc j'ai été mise quand même sous traitement sur cette dernière fibre, on avait mis vraiment toutes les chances de notre côté. J'avais des sous-traitements, j'avais des corticoïdes, j'ai eu de la progestérone, j'ai eu beaucoup de choses en fait. Elle a vraiment tout tenté. C'était la dernière five de l'espoir, on a vraiment tout mis, toutes les chances de notre côté. J'avais à la fois décroché un peu de cette envie répressible, j'avais peut-être lâché certaines tensions dans mon corps, c'est vrai. Mais c'est vrai que la gynécologue a été incroyable et a vraiment poussé. Elle m'a dit, on fait tous les examens qui soient possibles et inimaginables. On aura tout essayé. D'ailleurs, quand j'ai été hospitalisée pour mon hyperstimulation, les pompiers m'ont emmenée à l'hôpital où j'ai appelé ma fille. Je ne voulais plus mettre les pieds. J'ai supplié les pompiers de ne pas m'y emmener. On m'a dit, on n'a pas le choix. Et arrivé à l'hôpital, je suis tombée sur une urgentiste qui m'a dit, je comprends, j'appelle. Donc, elle a appelé ma gynécologue, le centre PMA. Et tout de suite, ils m'ont dit, vous nous la ramenez. J'ai été transférée à la clinique et c'était à la clinique qu'ils se sont occupés de moi. J'étais en déchocage et tout de suite, l'ambulance m'a emmenée en service de soins à la clinique. Ça s'est très bien passé. Vraiment, quand je dis que je leur dois beaucoup, je mettrais vraiment ma vie entre leurs mains. J'étais dans une ambivalence en permanent, du début à la fin de la grossesse. Je m'interdisais d'y croire. En me disant chaque semaine, la grossesse va s'arrêter. Et en même temps, je me suis mis en mode louvre. Je ne voulais absolument pas revivre ce que j'avais vécu. Donc j'ai décidé de ne plus bouger. À partir de la troisième semaine de grossesse à peu près, je dirais, donc autant dire dès le début, je ne me levais plus. Je me suis alitée, mais vraiment. Je ne me levais plus, ni pour manger, ni pour m'habiller. Vraiment, je me levais juste pour... pour prendre ma douche et aller faire pipi. C'était vraiment mon courant qui s'occupait de moi. Donc, il a vraiment été présent aux petits soins. Du coup, tu avais déjà cause de col sur raccourci ? Oui, tout à fait. J'avais peur, en fait, que ça recommence, que mon col sur raccourci se réouvre, que je perde les os. Donc, je me suis dit, je vais en faire le moins possible. J'étais arrêtée, je ne travaillais pas. Je me suis alitée. Je me suis dit, là, s'il arrête quelque chose, C'est vraiment pas de ma faute. En fait, c'était ça. Donc, ça a été quand même une grossesse très angoissante. J'ai eu des saignements encore. Donc, ça m'a fait revivre. À chaque fois que je saignais, je repensais. C'était en grossesse, les saignements. Dès la troisième semaine, j'ai commencé à avoir des petits saignements. Et ils se sont vraiment... Ils se sont intensifiés, je saignais, on va dire entre guillemets, un bon coup, une fois par semaine. À chaque fois que j'allais aux urgences, on me disait, cette fois-ci, rien, tout va bien. On regardait le cas, tu l'as vu, il battait bien, donc on lui était bien fermé. Et en fait, on s'est rendu compte au bout de la huitième semaine, enfin, que je faisais un hématome. Donc c'était un hématome que j'ai expulsé progressivement. Il se vidait, donc en fait, ça allait vers la bonne voie. pour moi les saignements, c'était des très gros saignements, ça m'a complètement, je me suis vu encore un dimanche soir. J'appelle mon conjoint, je lui dis, allez hop, on va à la maternité. Pourquoi ? Moi, je fais une fausse couche. Hop, voilà, on peut monter dans la voiture. C'était... Je n'y croyais pas. Pour moi, chaque nouveau symptôme un peu dramatique, comme un gros saignement, vraiment beaucoup de sang, c'était la fin de la grossesse. Eh ben non, il s'accrochait, le petit père. Donc, non, c'était un hématome. Et ça s'est arrêté. J'ai dû arrêter d'avoir mes saignements à la douzième semaine. Première échographie, enfin première. J'en avais eu des échographies, mais en tout cas, l'échographie officielle du premier trimestre et plus de saignements. Alors oui, j'ai été mis à réflexe dans la clinique avec laquelle j'avais eu toute mon histoire. Et elles étaient peu inquiètes. Là, bizarrement, elles m'ont dit, vous savez, l'infoderm ne tombe jamais deux fois au même endroit. Je n'étais pas du tout à l'aise avec cette idée. Vraiment, je voyais, mine de rien, on est sur les réseaux sociaux, on voit des témoignages. Moi, je voyais des mamans à qui c'était arrivé deux, trois fois. Je disais, je ne le ferai pas, je ne. Donc, c'est que ça existe, donc je ne peux pas. Et donc, j'ai été directement au CHU de la même ville, où on m'a dit, la clinique très gentille m'a dit, si vous souhaitez un deuxième avis, n'hésitez pas. allez-y, ils vous diront peut-être la même chose que nous, mais en tout cas, vous êtes libre, il n'y a aucun problème. Ça, c'est bien. Donc, on a été voir ce CHU et je suis tombée sur une personne qui était vraiment bien, un gynécologue vraiment très gentil, qui m'a dit, moi, je vais vous prendre dès aujourd'hui. Donc, j'étais enceinte de 12 semaines. Et elle me dit, on fait une échographie toutes les semaines. Exactement. Donc, elle me dit, de 12 semaines à la 24e semaine, donc à une échographie par semaine. et si on voit que votre col raccourci, on n'attend pas, on cercle. Oui. Donc moi, je voulais un cerclage d'avance. On m'a dit non, ça, on ne le fait pas parce que pour l'instant, il n'y a aucune raison qui nous indique que votre col va se réouvrir. Donc j'avais très peur. J'étais angoissée, en fait. C'était une grossesse très angoissante, mais on ne pouvait pas faire plus. Elle m'a dit, je vous vois toutes les semaines, on ne peut pas faire mieux que ça. Donc j'étais très... Très rassurée de la voir à chaque semaine, de voir un gynécologue, de revoir mon bébé en pleine visanté, voir que mon cône ne bougeait pas. Je vous ai noté tout ce qui s'était passé pendant la semaine éventuelle et puis après pouvoir en parler. C'est ça, exactement. Donc j'avais... puis j'étais une gynécologue, c'était un médecin qui me voyait toutes les semaines. Et voilà, on a vraiment créé un lien. Elle savait en fait, elle m'a dit... Je sais que je vais faire partie de votre vie pendant 9 mois. Je sais qu'on ne se verra plus après, mais je vais garder un petit souvenir particulier. Je dis, mais moi, je vais vous restaurer à tout jamais. C'est vraiment dans mon esprit et dans mon cœur. Parce que j'ai vraiment... Toutes les semaines, c'est pire que d'aller boire le café chez une copine. Tout le monde me connaissait comme le long blanc dans les locaux. Donc, ça m'a fait du bien. J'avais vraiment... On va dire que j'ai une nouvelle petite sérénité qui s'est installée à partir du moment où j'ai passé le terme fatidique où j'ai perdu le calais. Et j'avais tellement peur aussi que ça recommence. J'avais peur de me faire hospitaliser. Finalement, j'en faisais le moins possible. Je restais à la maison et je me disais chaque semaine de plus, c'est une semaine de gagné. Et le CHU est tellement, tellement doué. la gynécologue avait été adorable, elle m'avait dit là, si votre fils naît maintenant, finger in the nose, moi je vous le sauve. Rien que des cheveux. Elle savait très bien qu'elle m'a dit si votre col ne s'est pas ouvert maintenant, alors que votre bébé fait le même poids que sa soeur, etc. Il n'y a pas de raison. Ils se sauvent après. Donc déjà, je me suis dit, ok, je vais pouvoir commencer à souffler un petit peu. Est-ce que tu avais... préparer la chambre où justement tu n'osais pas encore. Alors ça a été un petit peu difficile. Les achats, aucun. Je n'ai pas réussi. J'ai commencé à acheter quelques meubles. J'avais gardé plein de choses de Calais et mon mari ne parle pas beaucoup mais il fait des gestes forts. Je m'en suis rendue compte enceinte de Samael où j'ai voulu récupérer des choses comme la poussette. comme sa chambre et en fait, il s'en était débarrassé. J'avais tout mis de côté et il s'en était débarrassé. Donc, passé les 24 semaines, j'ai quand même acheté la chambre. Je me suis dit, au moins, j'avais peur aussi qu'il naisse. Donc, je me suis dit, qu'il naisse, il faut qu'il ait quelque chose. J'avais mon petit syndrome d'humidification. Je pensais... Donc... C'est pas prêt, Foucault. C'est ça. Donc, si j'ai commencé un petit peu... Un petit peu, oui. Dès qu'on m'a dit, si vous accouchez, on prendra votre pépé en charge. Donc, j'ai commencé doucement à faire la chambre. J'ai acheté la poussette. Mais tout ce qui est vêtements, etc., je pense que tout n'était pas prêt, même quand j'ai accouché. Même que j'ai juste... ... J'ai juste eu une grosse angoisse parce qu'effectivement, les contractions sont revenues. Peut-être, oui, j'étais enceinte de 26 semaines, 27 semaines. J'ai commencé à avoir à nouveau des contractions. Ils m'ont passé du monde, mais vraiment des contractions. Et là, je savais maintenant à quoi m'attendre. Je les reconnaissais bien. Et ils ont tout de suite été très, très actifs parce qu'effectivement, j'ai été hospitalisée. On a réussi à stopper les contractions. Et finalement, j'ai dû être hospitalisée à partir de la 31e semaine pour avoir l'injection de Célestine pour la maturation des poumons de Samaël. Parce que les contractions ne s'arrêtaient pas. Donc, en fait, on s'attendait. J'allais donc à l'hôpital et on me disait, bon, c'est pas cette semaine. Ah, la semaine prochaine. Mais mon col s'ouvrait. Donc, j'ai fini ma grossesse avec un col ouvert. Mais des contractions tous les jours, Tu te rappelles, ton col était ouvert à combien ? J'étais à 2 cm. Ah oui, d'accord. C'était à 2 cm, ce qui n'est vraiment pas dramatique en soi. Mais à ce moment-là, on m'a dit que mon col était ouvert. Je me suis dit que c'était parti, je vais accoucher. Et en fait, non, il a resté ouvert à 2 cm jusqu'à l'accouchement. J'avais des contractions toutes les nuits. Ça a été assez difficile parce que j'étais fatiguée, je ne dormais plus. J'avais qu'une hâte. c'est qu'il naisse sans pète. Donc, j'étais dans l'ambivalence, j'avais tellement peur qu'il naisse trop tôt et j'avais tellement hâte qu'il naisse tout court. Donc, c'était très, très dur et je pense que je somatisais aussi beaucoup parce que j'étais tellement crispée, je me suis fait initiatique, j'étais bloquée toute du côté gauche. Ah oui ? Je ne dormais plus, j'étais tellement tendue que je contractais, mais je me faisais contracter. Tu t'es dit, bon ben... sur 10, au moins je suis à 2, c'est déjà ça au moins. Pour le jour où... Mais pas du tout, je me disais... Non, pas du tout, je me disais même pas ça. Tous les jours, je me disais, c'est pas aujourd'hui, on est allé à la maternité, je disais à mon mari, c'est aujourd'hui, il faut y aller. Il me disait, mais non, effectivement, non, ce n'était pas le cas. Et d'ailleurs, le jour où j'ai décidé d'y aller vraiment, ça a été aux injections, etc. et on m'a dit si vous voulez accoucher enfin si vous venez tous les jours vous avez des contractions on dirait que vous avez envie d'accoucher en fait mais il faut vous laisser le temps une grossesse ça dure 9 mois ça dure pas mais ça dure pas à 7 ça dure pas à 9 mois il faut vous laisser le temps et en fait j'ai eu justement là j'ai eu un psychologue parce que je ne voulais plus d'aller à l'hôpital et c'est normal non Oui, et donc on m'a dit, voilà, vous avez été sous traitement, vous avez l'injection, maintenant quand vous rentrez chez vous, s'il y a quelque chose, on n'arrêtera plus les contractions. Et j'ai dit, mais moi, je ne veux pas repartir de l'hôpital, je suis comme à une heure de condomicile et s'il y a quelque chose, je ne veux pas être pris dans la voiture. Je me souviens d'avoir dit ça. On m'a dit, est-ce que vous avez eu un suivi psychologique ? Et je lui ai dit, ben oui, pas depuis, ben qu'on cesse. Et donc, ils m'ont proposé un. parce que j'ai accepté. Et donc, je pensais vraiment livrer les angoisses de ma grossesse actuelle. Et en fait, j'ai déposé toutes mes angoisses de la grossesse précédente. Tout ce que je n'avais pas déposé sur la table, j'ai tout déballé, je me suis mise à pleurer, je n'ai pas compris. Ils m'ont dit, mais de quoi est-ce que vous avez peur ? Vous avez peur d'accoucher ? Vous avez peur de perdre ce bébé ? Vous avez peur de... De quoi vous avez peur ? parce qu'en fait j'avais peur mais j'étais incapable de dire de quoi j'avais peur mais en fait c'est un petit peu ce qui s'était passé c'est ça exactement et en fait on met les mots et il me dit vous voulez accoucher rapidement et je lui dis mais non mais en fait je veux juste un bébé en vie au bout donc chaque minute de plus dans mon ventre je me disais s'il part maintenant mais il aurait peut-être été mieux dehors enfin je J'avais vraiment cette hâte. J'étais pressée qu'il arrive. Et on m'a dit, le psychologue à ce moment-là m'a clairement exprimé le fait que j'étais dans ma tête déjà en train de prévoir son décès. Il me dit, vous êtes en train de vous dire que cette grossesse-là va finir de la même manière que votre grossesse précédente, mais ça n'est pas la même grossesse, ça n'est pas la même chose, vous n'êtes pas au même terme. Et du coup, il a fallu vraiment qu'il... qui me rassure en me disant si votre bébé naît maintenant, j'avais passé les 32 semaines, ça va aller. Chaque semaine de plus est une semaine de gagné, dites-vous que ça va aller. Donc je suis rentrée, j'ai fini par laisser l'hôpital tranquille et je suis rentrée finir ma grossesse à la maison. Et j'ai accouché à 37 semaines plus 2 d'aménorrhée. Donc le bébé n'était plus prématuré. Et comment s'est passé l'accouchement du coup ? L'accouchement a été très long. C'était encore une nuit où j'avais beaucoup de contractions, où je n'en pouvais plus. Ce n'était pas une nuit plus difficile qu'une autre, mais j'avais décidé, 37 semaines étaient passées, on avait normalement un déclenchement qui était prévu la semaine d'après, sur accord de ma gynécologue. Parce qu'en fait, le terme coïncidait, c'est-à-dire que le terme de Samaël était prévu le jour de la naissance de Calais. Ah oui, donc très... Oui, coïncidence particulière. J'ai pris ça comme un signe, mais ce n'était pas du tout envisageable pour moi. Il me partageait mon cœur entre ces deux dates, ce n'était pas possible. Donc là, la gynécologue a été très compréhensive et m'a dit, vous aurez votre bébé pour Noël. Voilà, vous aurez le... au moins chaque enfant aura sa date. C'est vrai que c'est assez perturbant quand même. Oui, totalement. Quand on m'a annoncé ça, j'avais dit mais je ne peux pas accoucher ce jour-là, ce n'est pas possible, je ne vais pas y arriver. Je ne me jure pas. C'est comme si c'était un peu une réincarnation. Oui, c'était très... Le déclenchement était programmé et en même temps, je n'avais pas bien envie d'être déclenchée. Donc... J'ai profité d'une nuit où les contractions étaient très douloureuses, où j'ai donc demandé d'aller à la maternité pour contrôler. Et les filles m'ont dit, encore vous madame, n'inquiétez pas, on va voir si c'est vraiment ça. Donc monitore, oui, j'avais bien des contractions. Et on m'a dit, allez marcher un petit peu, revenez. Mon col était toujours ouvert à deux. Et j'ai dû faire deux heures et demie, voire trois heures de marche. J'ai fait le tour de la maternité en large et en travers. Et en revenant, j'ai dû arriver à la maternité vers 1h du matin le dimanche, vers 6h. Donc elle avait bougé d'un centimètre. On me considérait officiellement en travail. Donc il a été long cet accouchement. D'où l'heure où la péridurale n'a pas fonctionné totalement. Elle a fonctionné que d'un côté. J'ai mis 36 heures à accoucher. Et là, ça a fini avec une ventouse. On était au bord de la césarienne. J'ai accouché le mardi matin à 5h. 5h28. Donc c'était long, très long. Très très long. Oui. Mais heureusement que ça s'est bien passé, que tu as pu avoir pas mal dans les bras. Et Azmi, tu as ressenti quoi du coup ? Alors, la naissance a été très particulière. J'ai poussé pendant trois quarts d'heure, donc j'étais épuisée. Et en fait, quand il est sorti, la première réaction, je me souviens, c'est « Oh, waouh, il est grand ! » Parce que tout de suite, j'ai fait le comparatif avec sa sœur et je me suis dit « Oh, il était dans mon ventre ! » J'ai été impressionnée en fait. J'ai été submergée de « Oh, waouh, c'est moi qui fais ça ! » Et quand ils l'ont posé sur mon ventre, l'angoisse est revenue. Ah mais comment ? endorphine down en mémoire, il ne pleurait pas. Ah oui, d'accord. Donc, je le frottais, elle le frottait, elle me disait toutes les huiles sur le visage, il a un petit peu de mal à atterrir, il a vu un peu de liquide, donc je lui... J'étais toute tremblante, je soufflais sur son visage. Je lui disais, allez bébé, respire. Mon mari me regarde avec des yeux. Il ne respire pas, il ne pleure pas, c'est normal. Qu'est-ce qu'il faut qu'on fasse ? On vous le prend tout de suite, on vous le ramène. Hop, il me l'embarque. Non, enfin, je me suis sentie tellement... Et pareil, le temps s'est arrêté. Je ne sais pas combien de temps ils me l'ont pris. Mon mari m'a dit que ça a duré une minute. Ils l'ont aspiré. Il est revenu, il a pleuré. Ça a été un tout petit « euh, euh » . Je suis là, maman, bonjour. Il me regarde avec des grands yeux, je me suis mis à pleurer, je me suis dit « ok, c'est bon » . Mais c'était parce qu'il n'arrivait pas à respirer. Il avait bu un peu de liquide, en fait. Il avait bu un peu la tasse, il avait du mal à cracher, il était encombré, en fait. D'accord. Ça allait, il était rose, il était beau, il respirait. En fait, j'avais tellement l'envie d'un bébé qu'on pose et qui… et qui crient, qui crient, personne que, ben, un bébé qui ne pleure pas, moi, c'est tout de suite, j'ai mon cerveau, voilà, qui réagit et qui dit, il doit pleurer. C'est, il faut l'éprouver. Oui, à part, c'est pas obligatoire que les bébés pleurent à la naissance. Oui, ben, je l'ai appris aussi, du coup, parce qu'effectivement, il n'a pas beaucoup pleuré ensuite, il a vraiment juste fait un petit bruit et puis, ben, il respire, il n'a pas du tout pleuré, du coup. On m'a dit, non, ne vous inquiétez pas, c'est normal. D'accord. Ah oui, donc ils t'ont assurée tout de suite, en fait. Voilà, tout de suite. Et elle est restée dans mes bras. Et c'est très bien. Moi, j'avais cette image d'un bébé qui pleure et que s'il ne pleure pas, dans les films à l'ancienne, il tapotait sur la flèche. C'est ça. Oui, c'est ça. Et du coup, je m'attendais aussi à ça. Donc, ça a été difficile. Après, il allait bien. Il a juste été un peu aspiré. Mais il n'y a pas... Il allait bien, en fait. C'était plus pour me rassurer. Ils sont venus et m'ont posé. Il n'a pas beaucoup plus pleuré. Ils m'ont dit qu'il avait bu un peu la tasse. Il respire, votre bébé. Regardez, tout va bien. Là, ça a dû être le grand soulagement pour toi et ton mari. En fait, on s'est regardé. Moi, je n'y croyais pas. J'étais là, sur moi. Je n'y croyais pas. J'ai eu comme un... de soulagement mais c'était comme si j'étais dans un film je ne réalisais pas le fait qu'il était là il me regardait, il me touchait je ne faisais que ça, le toucher l'embrasser, je me dis c'est lui on le fait réaliser madame je réalise pas en fait je n'arrive pas à réaliser ce qu'il est là donc ça a été un peu Ça a été quelques heures. Il a fallu quelques heures pour que je me fasse à l'idée que ce que je vivais était vraiment en train de se passer. Ce n'était pas un film, ce n'est pas un rêve. C'est la vérité. Ça a été fort, oui. Et après tout ça, comment tu t'es sentie mentalement le retour à la maison ? Est-ce que tu as pensé un petit peu aussi à Calais ? Alors, le retour à la maison, déjà, pendant la couffron, ça a été assez compliqué. Déjà, je pensais déjà à elle. J'essayais le temps de ne pas y penser, mais je pensais à elle. Il y a des moments un peu clés auxquels j'ai pensé. Quand tu me perçais la poche des os, notamment, j'ai reconnu tout de suite la sensation. Ça a été, vu que c'est ce qui m'avait marquée, en fait, dans la perte de ma fille, c'était vraiment ce moment. où j'ai perdu les os, mais là c'est exactement la même sensation, ça m'a complètement perturbée et je m'étais promis de dire non, je ne penserai pas ça a une sens, mais il y a des moments comme ça qui sont revenus quand la perfusion aussi de la péridurale n'a pas fonctionné et que d'un côté j'ai senti cette douleur un peu ce cercle de feu où vraiment je hurlais tellement ça me brûlait où j'avais cette envie irrépressible de pousser et J'ai ressenti tout de suite les mêmes sensations. C'était vraiment la même intensité, la même douleur. C'était la même chose. C'est pour ça que j'ai demandé à l'anesthésiste de revenir, remettre de la perdurale, ça ne fonctionne pas. Je pense que mon psychique avait pris aussi beaucoup de part dans la douleur. Et en fait, il m'a mis tellement de doses d'anesthésiant que je n'ai plus du tout senti mon corps. Je n'avais plus du tout de sensation. Mais qu'importe en fait, je voyais la... l'accouchement comme un outil, je me voyais comme un objet, c'est terrible, mais je me suis désolidarisée de mon corps en me disant, je veux un bébé en bonne santé et en vie à la fin, donc faites trop de moi, je ne suis plus actrice, je suis juste... En fait, il n'y a qu'à en pousser par rapport au ring. Donc j'ai regretté parce que j'étais très loin de l'accouchement physiologique, dans le week-end, je m'étais vraiment préparée pour l'accouchement de ma fille, et en même temps, j'étais prête à... tout pour Samuel. Je m'étais dit une césarienne, je sens plus mon corps péridural, c'est pas grave. Tant que je n'avais pas le même objectif santé. Oui. Donc, je regrette oui et non. Je n'ai pas mal vécu mon accouchement, bien qu'il y ait eu une ventouse, etc. Mais c'est sûr, dans l'idéal, vivre différemment. Mais j'avais tellement cet objectif d'un bébé. C'était mon objectif. Peu importe ce que je traversais, peu importe ce que je vivais, peu importe les douleurs, ce n'était pas grave. Donc, du coup, c'est vrai que ça a laissé des stigmates quand même, mine de rien. C'est sûr que... Je ne suis pas repartie avec un nouveau projet, tout plein d'entrailles, en me disant, allez, on va coucher dans la baignoire, tout va bien. Non, en fait, j'ai voulu surprotéger Samuel en me disant, vous hyper médicalisez tout, qu'il arrive quoi que ce soit. Du coup, je me suis complètement laissée porter. Du coup, l'arrivée à la maison a été un peu dans le même esprit. quand je suis déjà à la maternité. Parce que les premiers jours aussi, on peut dire que quand tu es à la maternité, ce n'est pas facile. On n'a pas l'habitude. Un bébé, on doit apprendre à s'en occuper. Moi, je me suis dit, OK, j'ai en charge un petit être. J'en ai la responsabilité complète, 24-24, et à la fin de la journée, je ne le rends pas en fait. Il est quand même bien. Donc à la maternité, ça m'a écloré déjà beaucoup, énormément. Et j'avais décidé d'allaiter. Et pendant six années, je me suis préparée à allaiter. Je ne voulais pas ne pas allaiter en fait. Donc ça a été dans la douleur parce que ça me faisait mal. Les auxiliaires, c'était en CHU, donc il y avait beaucoup de mamans. Elles avaient peu de temps et je comprenais. Mais du coup, elles n'étaient pas non plus si bien formées à l'allaitement. Elles n'arrivaient pas à m'aider, en fait. Donc, le bébé n'était pas très bien positionné au sein. Samuel t'était tellement à la demande, c'est-à-dire qu'il était 24-24 au sein, et quand il n'était pas, il pleurait. Donc, j'ai eu un niveau de fatigue tellement intense, tellement... Oui, je ne m'étais pas préparée à ne pas dormir, en fait. Est-ce qu'ils t'ont recommandé, par exemple, des bouts de seins, de la lanoline ? On m'a vraiment laissée moi et moi. Donc, non, non, j'ai... J'ai eu des crevasses tout de suite, parce qu'il était vraiment au 124-124, donc c'était... Et puis, j'avais de la lanoline que j'avais prévue dans ma petite trousse de maternité, mais bon, ça ne suffisait pas. J'avais vraiment les mamans en sang, c'était compliqué. Et j'ai fait ce que... que j'ai découvert avec joie. Je faisais de l'hyper... Je ne sais plus comment on appelle ça. L'hyper-vigilance maternelle. Ah oui. D'accord. Donc en fait, dès que je fermais les yeux, dès que mon corps s'effondrait de fatigue, je... Un petit bruit. Une minute trente, même pas. Mais même pas. Il n'y avait même pas besoin de bruit. En fait, mon corps refusait de s'endormir. Je ne pouvais pas m'endormir. Donc je me réveillais. En quatre jours, j'ai dû dormir. Je me suis vu dormir une heure et demie. Et tout le monde me disait, mais tu dois dormir quand il dort. Je ne pouvais pas. J'essayais de l'admire. C'est insupportable. La phrase qu'on dit aux mamans, dormez quand le bébé dort. Mais je sais que je regardais le bébé dormir. Oui, moi aussi, beaucoup, beaucoup. Et c'était vraiment difficile parce que je me réveillais en sueur, je me réveillais en panique. Et je disais à mon mari, j'ai dormi combien de temps ? Il me disait, bah, deux minutes. Donc il me dit, endors-toi, je gère. Mais je n'y arrivais pas. Je suis rentrée à la maison avec... Déjà, je suis restée longtemps à l'hôpital. J'ai accouché donc dimanche... Non, j'ai été hospitalisée dimanche soir. J'ai accouché mardi matin. Et je suis sortie samedi midi. pour tout mon séjour à l'internité a duré six jours. Et c'était long, très long. Et on ne voulait qu'une chose, c'était de rentrer pour pouvoir justement retrouver un peu notre maison, nos habitudes, nos odeurs. Puisque les auxiliaires n'étaient pas très disponibles, je m'étais dit à la maison, il faudrait massage fan. Donc, j'avais très hâte de rentrer. Et Sabelle ne prenait pas beaucoup de soin. Ma montée de l'aime du temps à se mettre en place. Donc, c'est ça qui a retardé un peu mon... C'est vrai qu'il ne laisse pas partir tant que le petit n'a pas repris assez de poids. C'est ça. Et en fait, j'ai été un peu dans le même état d'esprit à la maison. Samuel pleurait beaucoup. J'ai essayé d'allaiter. J'ai fini par tirer mon lait. On lui donnait toutes les quatre heures. Mon mari a essayé de prendre le relais, mais j'étais la tête dans le guidon. Je peux le dire avec du recul, je ne pense pas que je pensais à ma fille. Je n'y arrivais pas, j'étais trop fatiguée. Déjà, les premiers sentiments ambivalents sont arrivés à ce moment-là. Je me suis dit, pourquoi ? Pourquoi j'ai fait ça ? Je n'y arrive pas. Je me suis sentie incapable, en fait. Je me disais, je n'y arrive pas. Je ne dois pas être faite pour ça. pas une bonne maman. Dès les premiers jours, en fait. Ça a pris de la place. La fatigue m'a fait complètement délivrée, vraiment, vu que je dormais bu. J'avais plus la notion. Mon esprit était plus clair, en fait. Je me disais, mais pourquoi j'ai fait ça ? J'avais envie de déposer tout, mais un bagage enfant, là, et partir déjà loin, très très loin en fait. Je pense que ça a beaucoup de femmes avec la fatigue, le fait d'accueillir un nouveau bébé, c'est la première fois, quand il pleure, on ne sait pas exactement pourquoi, est-ce qu'on a fait quelque chose de mal, est-ce qu'il faut faire comme ci, comme ça, est-ce que... Ouais. Oui, en fait, j'apprenais aussi, j'avais une machine d'hormones, j'avais les premiers jours, c'est difficile. On avait beau me préparer, on avait beau me dire, tu vas voir, ça va être faux, ça va être hardcore. Mais on a beau être préparé, moi, je me suis vraiment fait percuter. J'ai pris ça en pleine poire. Je me disais, justement, j'avais cette image. de la maternité rêvée, je m'étais dit, je vais rentrer à la maison, mais ça va être un bonheur incommensurable. Oui, je ne vais pas dormir, mais qu'est-ce que c'est de se lever tôt le matin ? C'est pas grave, si il pleure la nuit. Je suis à côté en peau-dodo. Mais non, ça ne s'est pas passé comme ça du tout. Samuel dormait très peu et quand il ne dormait pas, il pleurait. Donc, c'était soit le sang, soit pleurer. Quand moi, je n'arrivais plus à donner le sang parce que vraiment, j'étais épuisée, papa se baladait. avec bébé dans le corps de bébé. Mais j'ai passé ces premières semaines, parce que ça a duré vraiment des premières semaines, avec quand même un peu de recul. J'arrivais à me dire, il est petit, c'est normal. C'est normal, il faut qu'on trouve notre rythme. La fatigue, c'est normal. On essaye de faire rempart de tous les deux. Moi et mon conjoint, on s'est dit, cette première année va être difficile. Il a aussi été beaucoup surpris par la fatigue, bien qu'il avait beaucoup plus conscience que moi de la difficulté. Il m'a toujours dit, mais toi, j'ai l'impression que tu as découvert que c'était dû au moment où tu es devenu maman. Et j'ai été honnête, j'ai dit, bah oui, je ne m'attendais vraiment pas à ce que ça soit si difficile, en fait. Le fait que les premières semaines, en fait, soient compliquées, moi, j'avais réussi à prendre quand même un petit peu de recul parce que je me disais qu'il était petit, en fait. Donc les premières semaines, je me disais mais forcément, ça va être dur. Et avec mon conjoint, on s'était dit, il faut faire rempart sous les dos, on doit se soutenir, faire relais le plus possible pour que l'un et l'autre puissent se reposer. Et du coup, mes trois premiers mois ont été vraiment, en termes de fatigue, les plus difficiles. Le temps aussi que l'allaitement se mette en place. Et à partir de trois mois, j'ai vraiment senti une amélioration au niveau notamment de... de l'allaitement. Et je me suis dit, bon, ça va aller mieux, en fait. On a passé... Voilà, c'était normal. On a eu une vie normale. Notre vie a été mise sur pause trois mois. C'est OK, ça va. Et en fait, pas du tout. Samaël a eu le Covid. Et dans la foulée, on l'a vacciné. Parce que du coup... sa première vaccination n'avait pas pu être faite parce qu'il avait eu le Covid. Donc, quelques semaines sont passées, on l'a vacciné et il a fait une grosse fraction allergique aux vaccins. C'est quelque chose qui est très rare, rarissime. Et du coup, on s'est rendu compte, on savait qu'il avait une intolérance au lactose et en fait, ça s'est confirmé par une allergie complètement. Donc, c'est un bébé qui avait beaucoup de reflux. qui ne dormaient vraiment pas beaucoup, qui pleuraient énormément. Et on a réussi à mettre en place un traitement, à avoir déjà des éléments de réponse. Donc je me suis dit, là aussi, ça va aller mieux. Donc je me suis laissée jusqu'à six mois. C'est six mois de vie. Et au bout de six mois, ça n'allait toujours pas mieux. Et c'est là où j'ai... où j'ai un peu vrillé. Où je me suis dit, ma vie maintenant, ça ne peut pas être ça. Ça ne peut pas être un bébé qui pleure en continu, avec juste moi qui essaie de survivre. Parce qu'au quotidien, un bébé qui pleure tout le temps, c'est des maux de tête. C'est moi qui vais aux toilettes avec un bébé qui pleure dans les bras. C'est moi qui ne mange plus. Et souvent, on a même envie de pleurer en même temps que le bébé. Oui, je pense avoir pleuré autant que lui, c'est sûr. Et le plus dur, c'était les nuits. Les nuits, parce que papa lui n'a jamais réussi à gérer les nuits. Et il a vraiment eu du mal, non pas qu'il dormait profondément, comme on peut dire, papa dormait profondément. Non, non. émotionnellement, c'était dur aussi pour lui. Il avait beaucoup plus de facilité à gérer la journée puisque, heureusement qu'il était là. Heureusement parce qu'en fait, il détournait son attention, il le portait en tant que bébé, il essayait de faire des activités. Et moi, toute la maternité dont j'avais rêvé, justement, les activités, les sorties, mais ne serait-ce que d'aller faire les courses, il pleurait. Donc, je me suis interdite de sortir. Les activités, ça partait en cacahuètes à chaque fois. Ça ne marchait pas comme le mec, ça fonctionne. Je m'énervais très vite et les pleurs se sont vite transformées en une irritation. J'étais irritée dès qu'il pleurait un peu ou dès qu'il montrait qu'il n'était pas très content ou qu'il y avait un inconfort. Je n'arrivais plus à avoir les idées claires. Je n'arrivais plus à voir qu'il était inconfortable. Je me souviens, une nuit, il avait une grosse poussée dentaire, mais je ne l'ai pas vue. Je me suis tellement énervée. Je me souviens. Je dis à mon mari, mais il faut qu'il dorme, il ne dort pas, mais pourquoi ? Et en fait, j'ai vu qu'il commençait à m'achouiller ses bras et je me suis mise à pleurer. Je dis, mais en fait, il a juste mal aux dents et comment je ne peux pas voir ça en fait ? Et vu que tous les jours, je me pose des questions, mille questions. Est-ce qu'il a trop chaud ? Est-ce qu'il a faim ? Il pleure, il a mal aux dents, il a des refus, il veut son médicament. Il faut mettre du Doliprane. En fait, j'essaie toujours de trouver une solution. ou pleure, j'y arrivais pas et donc parfois je me disais ok bah il pleure parce qu'il a envie de pleurer donc moi je lui laisse pleurer, j'arrive plus donc j'allais pleurer dans ma chambre en même temps que lui et puis j'essayais de faire des sasses comme ça de décompression on va rire, j'étais là maintenant faut que tu prennes, j'arrive plus et ça la nuit il arrivait pas en fait il arrivait pas lui non plus il me dit la nuit je suis entre guillemets c'est vrai Je ne lui donnais pas l'autorisation d'allumer la lumière et de jouer avec lui. Parce que moi, mon leitmotiv, c'était « il faut qu'il dorme » . Donc je ne veux pas que tu allumes la lumière, je veux que tu m'endormes en gros comme moi l'endormirais. Donc j'étais vraiment très toquée là-dessus. Je refusais qu'il détourne son attention. Donc il me disait « tu l'éreganes » . Moi, je n'arrive pas. Donc je pleurais beaucoup. J'attendais qu'il s'endorme, qu'on s'endormait tous les deux. dans les pleurs. Et ça a été vers l'âge de ces sept mois où je me suis dit, OK, je ne vais pas bien. Ce n'est pas une vie, en fait. Il ne faut pas que ça continue comme ça. Je pense que c'était par rapport au colique pour lui ou parce que ça a duré longtemps ? Mais aujourd'hui, encore aujourd'hui, je ne saurais pas te dire. Je sais que son reflux a été traité. Oui. J'ai vu une kinésiologue parce que j'ai fait de la... J'ai vu son médecin, évidemment, un pédiatre qui m'a dit « Votre bébé va être en pleine santé, il va très bien, il évolue très bien. » Je lui ai dit « Il pleure tout le temps. » « Ce n'est pas grave. » Et en fait, je pense que j'étais focalisée, moi, sur les pleurs. Et il y avait des moments où, effectivement, il y avait des petits sas de décompression. Je ne les voyais plus. parce que j'utilisais ces petits moments pour faire autre chose. Mon ménage, qui était là depuis mille ans, mon linge dormit aussi, parfois, parce que j'avais besoin de dormir. Et du coup, j'avais l'impression que c'était dormir, pleurer, dormir, pleurer. Quand lui ne pleurait pas, il dormait. Ou quand lui ne pleurait pas, moi, je dormais. Donc, j'avais l'impression qu'il pleurait tout le temps. Samaël, depuis qu'il est né, ne s'est jamais réveillé sans pleurer. Vraiment des grosses larmes, des gros cris. Donc, j'ai été voir une kinésiologue. J'ai voulu avoir au moins... Il y a une alternative, une médecine douce pour m'apaiser moi, l'apaiser lui, et elle me dit... En fait, le sommeil, c'est un peu le nerf de la guerre chez vous. Je lui dis oui, j'ai besoin, j'ai envie de dormir. Et Samuel dort vraiment peu, il ne dort pas de la journée déjà. Donc c'est difficile. Et la nuit, il va dormir quelques heures. Et surtout, quand il va se réveiller, c'est en pleurs. Il va rester réveillé deux, trois heures en pleine nuit. Et elle me dit, en fait, mais la nuit, c'est une angoisse pour vous comme pour lui. Dormir depuis que j'ai appris, mon corps me l'interdit. Je suis en hyper-vigilance en permanence. Elle me dit, pendant des mois et des mois, vous vous êtes empêchée de dormir et maintenant, vous êtes tellement fatiguée que vous voulez dormir. Mais je transmets énormément d'angoisse à sa mère. Dès que je veux aller me reposer, j'avais tellement peur de le voir endormi, de le voir les yeux fermés, que je transmettais cette angoisse. Ah oui, d'accord. J'essayais de lui dire que c'est OK de faire dodo, c'est OK, il n'a pas besoin de se reposer. Mais tellement c'est quelque chose qui l'angoissait, le mot dodo, le mot lit, dès que je lui propose le lit, c'est une catastrophe. Ça n'est pas serein, le moment du coucher n'est pas serein. Donc il a fallu, à partir de ce moment-là, elle m'a dit qu'il fallait vraiment aider. Elle m'a dit qu'il fallait mettre en place des rituels, ce que je ne faisais pas en fait. Il faut essayer de mettre en place des rituels et de créer votre propre rythme. Puisque du coup, j'essayais juste de survivre, de manger quand je pouvais, donc à pas d'heure, de dormir quand je pouvais, donc à pas d'heure. Et elle m'a dit, autant pour vous que pour lui, il va falloir essayer d'instaurer un rythme. Et c'est bien d'écouter votre bébé, mais il faut que vous écoutiez vous, parce que ça ne va pas. Et du coup, c'était une éponge, je crois. il sentait que j'étais pas bien donc il ne pouvait pas aller bien et c'est vrai que je sentais je rentrais dans sa chambre déjà avec une bouffée j'avais envie de pleurer déjà donc enfin on était tellement fusionnels tous les deux que voilà on pouvait pas aller mieux tous les deux c'était compliqué donc au mois d'août on a été j'ai été en voyage avec lui à la Réunion c'est là où je finis et pour le mariage d'une cousine, et j'y suis allée seule. Mon mari travaillait. Et je me suis dit, je veux me prouver à moi-même, puisque j'ai demandé à des proches, à de la famille très proche de ma compagnie. Ça m'a été refusé, il n'y a pas voulu, pour des raisons encore qui ne sont pas assez suffisantes à mon goût, mais bref, c'est aucune chose. Et du coup, je suis partie seule à l'ARM. Et j'y suis arrivée. Mais ça n'a pas été simple. Onze heures de vol allé, onze heures de vol retour. avec un bébé, un porte-bébé, ma valise de 23 kilos, mon sac à langer, ma poussette, enfin, un périple. Un périple terrible. Bon, s'il fallait le refaire, je ne le ferais pas. Mais je ne sais pas, je ne sais pas comment tu as fait toute seule. Ah ouais, mais moi non plus. Parfois, je reviens, je dis à mon mari, mais j'ai vraiment dit, oui, tu as été là-bas. Et ça a été dur, mais je me suis dit, Je suis capable, en fait. Et ça a été compliqué. Il a pleuré aussi quand même beaucoup là-bas. J'étais seule. J'ai pourtant de la famille là-bas, mais personne ne m'a accueillie. Donc, j'ai pris un hôtel. J'ai pris ma voiture de location. Enfin, vraiment toute seule, quoi. On a vécu 15 jours un peu en autarcie. Je suis restée beaucoup à l'hôtel. Je n'ai pas pu faire beaucoup de visites. Ça m'a un petit peu irritée aussi parce que je me disais, mince. Si je n'avais pas eu de bébé, ce n'était pas le moment. Ou s'il avait été plus grand, ou si je n'avais pas eu de bébé. En fait, non. Si j'y suis allée, c'est parce que j'avais envie d'y aller avec lui. Mais en fait, je n'arrivais plus à profiter des moments avec lui. Pour être au calme, j'allais toujours. Pour être au calme, on sait que ça, passer des journées au lit à l'hôtel. Lui contre moi, j'ai essayé de me reconnecter avec lui. Et je suis rentrée et j'ai compris. Je me suis dit, il faut que je retourne travailler. Ça faisait longtemps que je n'avais pas retravaillé depuis que Calès était parti. Et je voyais bien que papa, lui, ne ressentait pas la même chose que moi puisque quand il partait travailler, il a des grosses semaines, il travaille 50 heures semaine. C'est très connu pour lui. Mais quand il rentre, d'avoir un bébé exténué, une maman... qui est irrité. Et lui, sur ce qu'il veut, c'est profiter. Mais lui, je voyais bien qu'il était beaucoup plus disponible. Il était fatigué, mais émotionnellement, il avait hâte de nous retrouver. Donc, je me suis dit, OK, je m'étais donné un an de rester auprès de Samaël. Et en fait, ce n'était pas fait pour moi complètement. Peut-être qu'il faut juste que je lâche un coup de prise. Et donc, il faut que je reprenne le travail. Que tu aies aussi ton maman à toi. Et en fait, je me l'interdisais. Je me disais, pour être une bonne maman, il faut être auprès de son bébé. C'est comme ça. C'est ça, en fait, être une bonne maman. Et avec du recul, je me suis dit, non, être une bonne maman, c'est être disponible émotionnellement pour pouvoir justement gérer. Parce qu'effectivement, un bébé, ce n'est pas toujours sérignant et ce n'est pas toujours... Voilà, il y a des moments plus difficiles. Mais si moi, je ne suis pas disponible, ça va être difficile à gérer. Et puis surtout aussi, quand on va travailler, qu'on se change les idées ou même qu'on sort boire un verre avec une amie et que papa prend le relais, déjà, on se sent mieux et l'enfant, il va le ressentir aussi automatiquement. Oui, tout à fait. j'ai senti la différence il a donc commencé la crèche en septembre 2022 et moi j'ai repris le travail en octobre, on s'est laissé un mois pour essayer de s'organiser dans nos quotidiens et j'ai déjà senti la différence entre temps j'ai décidé de prendre rendez-vous avec mon médecin pour lui exprimer et à quel point cette année avait été difficile et que j'avais encore du mal, j'avais beaucoup de crises d'angoisse, que j'arrivais encore pas à dormir. Et donc, mon médecin traitant a vraiment écouté mon ressenti et m'a dit « Ce que vous faites, c'est une dépression de l'aspartame. » Et je me suis dit « Mais non, je suis juste mal organisée, en fait. Je suis juste une maman qui ne sait pas faire. » Et elle m'a rassurée, elle m'a dit « si vous savez faire » . Je lui ai tenu tête et je lui ai dit « non, je suis juste nulle en fait, Samuel aurait une maman bien meilleure que moi, qui ne pleure pas. Pourquoi je pleure ? Il est là, il est en bonne santé, il est en vie, pourquoi je pleure ? » Et il m'a dit « mais la maternité, ce n'est pas tout rose, et on ne le dit peut-être pas suffisamment, il faut trouver des salles de décompression et vous n'en avez aucun. » Donc il faut juste essayer, peut-être vous, d'aller un peu équilibrer de votre côté vos énergies, avoir du temps pour vous, avoir des moments avec lui, avoir des moments en famille. Mais peut-être que passer de 8h à 8h le lendemain matin à couler à votre fils, effectivement, c'est peut-être pas pour vous, mais c'est OK en fait. tout le monde finirait barjot avec des pleurs de risée 24h24, hey, fonçonneur ! Donc, en fait, elle m'a donné plein de conseils. J'ai repris contact avec la psychologue qui m'avait suivie quand j'ai perdu ma fille. Et elle m'a dit on va reprendre un suivi jusqu'à ce que ça aille mieux, jusqu'à ce que vous sentiez que ça va. Aujourd'hui, c'est... C'est pas encore ça. Mais Samaël dort mieux. Parce que moi, peut-être pas, mais moi je dors mieux. Samaël dort mieux. Et avec papa, on a trouvé une organisation. Je gère la nuit quand même. Quand Samaël se réveille, ça arrive. Parce qu'il est à l'été et que le sang, c'est pas que nourricier. S'il y a des moments où il a besoin, j'y vais. On a mis en place des petites astuces. Samuel, il est angoissé par le lit. Donc, on a mis en place un lit Montessori au sol. Comme le lit cabane ? Oui, un petit peu. Là, lui, il n'a pas trop de cabane encore, mais il est au sol et en fait, il a juste un petit rebord qui l'empêche de rouler, de rouler jusqu'à la chambre. Et du coup, il peut se lever lui-même et aller dans la chambre. En tout cas, il ne se sent pas enfermé. il a toujours des angoisses, c'est-à-dire que quand il se réveille et qu'il voit que ni l'un ni l'autre, nous ne sommes là, il va très vite pleurer, mais à ce moment-là, on a mis un petit matelas au sol à côté de lui, et on finit notre nuit quand il se réveille sur les coups de 4h30 ou 5h, ça ne nous gêne pas, on s'est dit c'est ok, l'un ou l'autre finit notre nuit auprès de lui, jusqu'à ce qu'il sente qu'on est juste à côté, et de vivre un peu plus sereinement les prochains mois, parce qu'il a encore... petit, il n'a pas tout à fait un an et demi et il a encore besoin de nous et du coup, à tout prix le vouloir mettre dans sa chambre, à tout prix le vouloir faire dormir, ce n'est pas la bonne solution. Donc, on essaye de s'organiser. Ça, c'est comme vous le sentez vous, parce que c'est vrai que souvent, en France, on se dit « Oh, il fait déjà ses nuits. Oh, il dort dans sa chambre. Oh, il... » Alors qu'en fait, non, chaque famille a son propre fonctionnement. Et si on a envie, par exemple, d'être bien et même de le mettre dans notre lit et que tout le monde dort bien comme ça, pourquoi pas, en fait ? C'est vrai qu'en France, on est très... Voilà, il faut que l'enfant aille dans sa chambre. Alors qu'au final, certains enfants ont besoin juste aussi d'être souvent rassurés. Du coup, en fait, nous, on fait un peu un mixte. Il finit souvent la fin de nuit dans notre lit. Mais là, grâce au matelas à côté de son petit lit, c'est nous qui finissons un peu dans le sien. Mais c'est pas grave. Parce que moi, je ne suis vraiment pas du matin. C'est ça qui est difficile. Et puis, je vais travailler le matin maintenant. Donc, du coup, papa, lui, j'ai... et moi je m'occupe de toute la nuit donc voilà on a réussi à trouver ce petit équilibre il y a parfois des moments où les grosses crises me prennent assez violemment au niveau de la poitrine je recommence à avoir des crises d'angoisse et on a mis en place un peu un long code avec Marine qui me fait comprendre qu'en fait ça monte parce que je ne me rends pas compte en fait je ne me vois pas monter oui Et du coup, il prend le relais. Et quand il n'est pas là, j'essaye de faire avec Samuel une technique de diversion, de lui proposer deux choses. Toujours, tu veux qu'on fasse ci ou ça, et je lui propose toujours deux choses différentes. Ça marche bien. Et puis moi, ça me permet du coup d'être un peu moins focalisée sur ses pleurs, parce que c'est ce que j'ai fait pendant un an, d'être focalisée que sur ses pleurs. Samuel, encore aujourd'hui, Il pleure, il a toujours son refus, il est toujours encombré. Donc c'est toujours un peu douloureux pour lui. Le plomb, ce n'est pas de sa faute. Mais du coup, j'essaye de surtout prendre les moments où ça va. Parce que je les avais oubliés, en fait. Et je ne mettais plus l'accent sur les moments où ça allait. Et pourtant, il y en avait, mais je ne les voyais plus. Là, dès que ça va et qu'il a des moments où il rigole, il éclate de rire, là, c'est l'inverse. Je pleure de joie. Je me dis que je n'ai pas tout raté. Il est heureux, ce bébé. Il va très bien. Et parfois, même quand moi, je ne vais pas bien, je suis assise au bord du canapé. Il va venir prendre mon visage entre ses mains. Mais je dis à ma mère, je me dis OK, c'est bon. Je crois que je n'ai pas trop tout raté. Il devrait aller. Du coup, ça a été un an d'ambivalence compliquée. J'essaye encore de me dire que tout ce que j'ai ressenti et ce que je ressens, c'est OK. Mais ce n'est pas simple parce qu'il y a toujours cette culpabilité. J'ai un profond respect énorme pour les mananges qui n'ont pas eu encore leur bébé arc-en-ciel. Vraiment, si tel est leur souhait, je leur souhaite que ça arrive très vite. Mais c'est vrai que quand on nous dit « Tu as la chance d'avoir ton bébé arc-en-ciel, tu n'as pas à être malheureuse » , sachez qu'on aimerait ne pas l'être. En fait, c'est comme si on avait trois personnes en face de nous qui nous montraient du doigt. On a les autres mamans qui nous disent « Ton bébé est en vie, en pleine santé, nous le nôtre est décédé. » Mais en fait, on sait, puisque le nôtre aussi. On a la personne en face de nous, nos familles, nos proches, la société. Et on a nous, en fait, en face de nous. Parce qu'on se dit tous les jours, on ne devrait pas ressentir ça. Ce n'est pas normal. On ne devrait pas être malheureuse. Alors, on n'est pas malheureuse, en fait. On est juste perdus dans les sentiments. Parce qu'entre la fatigue, le fait que la maternité, ça soit difficile pour toutes. Mais il y a des postpartum qui se passent mieux que d'autres. Et ce n'est pas parce que la voisine de ton postpartum a été super géniale que le vôtre va être au lait. Je ressens. Ouais. Donc, du coup, c'est OK que ça soit dur. Et ce n'est pas parce qu'on a eu un deuil périnatal avant qu'il va forcément ne pas l'être. Et si on traverse un postpartum difficile, même après un deuil périnatal, c'est OK. Parce que je pense qu'il y a de nombreuses mamans, peut-être, Et si elles m'écoutent, j'espère qu'elles pourront trouver peut-être des solutions. Surtout, ne vous dites pas que c'est parce que vous avez perdu un bébé. avant que forcément la maternité va être une évidence après. On part toutes du même niveau, c'est-à-dire qu'être maman, je pense que ce n'est pas inné, ça s'apprend, et quand on culpabilise, c'est au-delà de nous en fait, c'est plus fort que nous, donc il faut que quelqu'un soit derrière presque pour nous dire ne culpabilise pas, ça va aller. c'est pas si simple, c'est pas un bouton on off sur le gré, on appuie et il y a un vrai travail en fait à faire dessus donc moi je un conseil aux femmes justement qui ont vécu la même chose que toi et qui sont en dépression post-partum et culpabilisent un peu après avoir eu un bébé arc-en-ciel Qu'est-ce que tu leur dirais comme conseil ? Je leur dirais déjà qu'elles ne sont pas seules. C'est sûr et certain et que ce qu'elles ressentent, c'est OK. Si je pouvais leur donner des petits conseils pour essayer d'apaiser leur quotidien, c'est d'essayer de profiter des moments d'accalmie. Parce que moi, je ne les voyais plus et pourtant, il y en avait. Et de profiter de ces petits moments avec votre bébé. Parce que chercher à tout petit d'homme, par exemple, c'est... c'est pas la solution et quand il dort ne pas essayer de faire autre chose comme le ménage ou les courses ne pas attendre qu'il dorme pour faire ça en fait c'est pas grave ça le ménage les courses c'est secondaire profiter de ses moments avec lui profiter de de moments calmes en fait où il n'y a pas de voilà parce que ça grandit trop vite mais moi je sais enfin J'avais presque le nez tellement, parce qu'on a la tête dans le guidon, on a le nez sur nos problèmes et on oublie qu'on a des enfants incroyables, extraordinaires, qui sont dotés de qualité formidable. Et Samuel, il me le montre tous les jours. En fait, c'est un petit garçon qui est plein de joie, plein d'entrain. Je parle de lui depuis tout à l'heure, comme il est un soleil. C'est ça, et en fait, c'est un rayon de soleil. Il remet vraiment de la joie au cœur dans notre vie. Et vraiment... Il m'a donné envie de recours en la vie. Donc, c'est dur, mais ça va aller. C'est dur, mais ça va passer. Les enfants grandissent et c'est ces moments-là où vous ne les rattraperez plus jamais. Donc, c'est compliqué de se dire qu'il faut profiter. Mais malgré tout, dès qu'il y a un moment de calme, il faut les prendre. Et si on veut souffler, ne pas attendre expressément qu'ils dorment. Mais par exemple, laisser à quelqu'un de confiance. Et puis, voilà, pour, oui, se reposer, c'est OK, faire une sieste ou d'aller boire un café chez une copine ou de profiter, prendre soin de soi, d'essayer de se donner des rendez-vous, en fait, avec soi-même pour pouvoir être à nouveau émotionnellement disponible pour son enfant. Et puis surtout, moi, ce que je leur dirais, c'est que c'est de bonnes mamans, même si au quotidien, elles se disent que non, c'est vraiment des bonnes mamans. Quand le sentiment de culpabilité, il est trop intense, et je sais à quel point il est difficile de s'en défaire, mais pourtant, c'est de l'amour. Parce que si on culpabilise, c'est parce qu'on aime. Oui, et qu'on veut bien la faire. Exactement. Donc, à chaque fois qu'on culpabilise, on doit se dire que c'est parce qu'on aime. Et quand il y a de l'amour, on est une bonne maman.

  • Speaker #1

    Eh bien, ce sont sur ces mots que nous achevons cet épisode. Un grand merci à toi, Gwen. Et je vous souhaite plein de bonheur à toi et ta famille. et ta petite calesse qui sera toujours là à tes côtés dans ton cœur. Chère auditrice, merci de nous avoir écoutées.

  • Speaker #2

    Et ta dame, un podcast qui vous embarque dans l'esprit et le corps des femmes, avec des témoignages poignants, des histoires immersives prenantes et des interventions de professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques concernant le corps et l'esprit. Et ta dame, chaque femme est unique et chaque parcours de vie l'est aussi. Découvrez la femme dans tous ses états. Etat d'âme, un podcast de Stéphanie Jarry.

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Description

Découvrez l'histoire inspirante de Gwen, une jeune maman de 27 ans atteinte du SOPK et d'endométriose. Après 6 longues années de parcours PMA et la perte tragique de sa fille Calesse, Gwen a fait une pause dans sa quête de maternité. Mais un miracle s'est produit lors du dernier transfert de sa dernière FIV : son fils Samaël est né. Bien que Samaël apporte beaucoup de bonheur à Gwen et à sa famille, la perte de sa fille et les défis mentaux de la maternité peuvent être difficiles à gérer. Dans un prochain épisode, découvrez comment Gwen a surmonté sa dépression post-partum après sa grossesse arc-en-ciel. Une histoire de résilience et de courage à ne pas manquer. #maternité #endométriose #SOPK #PMA #miracle #dépressionpostpartum #résilience
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous êtes sur Etat d'âme. Dans l'épisode du jour, vous découvrirez Gwen, 27 ans, maman d'un bébé de 16 mois, Samael. Samael fait le bonheur de Gwen et sa famille. Mais ce n'est pas toujours évident mentalement, car Samael est arrivé après le décès de sa sœur Kalless. Ma dépression postpartum, après ma grossesse arc-en-ciel, c'est le sujet du jour. Mesdames, avant de laisser la parole à Gwen, sachez que vous n'êtes pas seules. En parler, c'est s'entraider. Car vous allez voir, chaque femme est unique, mais certains parcours s'entremêlent. Bonjour Stéphanie, je tenais d'abord à te remercier d'accueillir mon témoignage. Effectivement, je traverse une période qui n'est pas très évidente pour moi en ce moment. Et j'espère vraiment que mon récit aidera d'autres mamans à se sentir moins seules et à comprendre que les difficultés peuvent vraiment faire partie de leur parcours de maternité. Donc de se déculpabiliser par rapport à ça. On est vraiment toutes différentes et ce que tu disais est juste. Partager nos histoires, ça nous permet parfois d'accepter un petit peu plus la situation. Donc pour répondre à ta question, moi j'ai dû faire appel à la PMA après deux années de décès bébé. Avec mon mari, on s'est rencontrés il y a une dizaine d'années maintenant. Et lorsque l'envie d'avoir un enfant est survenue, on ne s'attendait vraiment pas à ne pas y arriver. Et on a essayé pendant deux ans, deux ans d'essais infructueux. Donc sur les conseils de notre famille. On a fait appel à un gynécologue privé, un gynécologue dans son cabinet. Et ça, je vais le regretter quelques temps plus tard, parce qu'on n'a pas toqué aux bonnes portes, en fait. Mais tout de même, c'est comme ça qu'on a découvert mon SOPK. Donc, c'est le syndrome des ovaires micropolycystiques qui m'a diagnostiqué à ce moment-là. Et il nous a assuré que mon conjoint n'avait aucun problème. Il avait passé trois spermogrammes et d'après lui, rien d'alarmant. Donc il m'a prescrit une stimulation ovarienne simple par comprimé en première instance. Échec. Donc au bout de six mois, on est passé aux stimulations par injection. Échec également. Donc on a entamé un parcours de deux inséminations. Et ça a été des moments très difficiles. En fait, la première année d'essai en PMA, entre guillemets, m'a vraiment mis au plus mal. J'ai pris énormément de poids. J'ai dû prendre 30 kilos en un an. J'avais beaucoup d'injections. Tout ça évidemment sous contrôle échographique, prise de sang, toutes les 48 heures, tous les deux jours, pour vérifier qu'on ne fasse pas de bêtises en termes de dosage. Je ne me sentais pas bien parce qu'il fallait aussi avoir des rapports programmés. Ça, on ne le dit pas assez, mais c'est dur. Ça met à mal le couple, la complicité, l'équilibre personnel, hormonal. C'est difficile. Donc j'ai voulu lui dire à ce médecin qu'il fallait faire des examens complémentaires, ce qu'il a refusé. Donc un an s'était écoulé et il avait déjà fait des erreurs administratives de traitement. Je me suis vue, par exemple, une fois faire trois semaines d'injection. les contrôles échographiques, les prises de sang. On se présente au laboratoire, juste pour l'échantillon de mon conjoint, et le laboratoire nous refuse l'accès à la salle de prélèvement parce que le dossier administratif n'est pas complet. Mais mon médecin ne m'en avait jamais parlé. Donc je l'appelle en lui disant que ce n'est pas normal, et il me répond que de toute manière, j'ai été stimulée, donc je n'ai qu'à avoir un rapport avec mon mari. Les inséminations, c'est du luxe, la PMA aussi. Donc à partir de ce moment-là, j'ai compris en fait. Ça faisait trois ans qu'on essayait, déception sur déception, j'ai compris que ce médecin, il ne nous aiderait pas. Donc j'ai fait appel à un centre PMA, vraiment spécialisé dans ma région. Je suis tombée sur une gynécologue un peu froide, mais très professionnelle. Donc elle m'a bien diagnostiqué mon SOPK. Mais ce n'était pas vraiment la véritable raison de mon infertilité. Elle m'a appris que je suis atteinte d'endométriose à un stade avancé. Donc j'ai dessiné chez des adhérences, un peu partout autour de l'utérus, sur les intestins, derrière le cul-de-sac de Douglas. Depuis que je suis toute petite, j'ai des douleurs. Depuis toute petite, je saigne énormément au moment de mes règles, voire plus. Mais tous les gynécologues chez lesquels je suis passée n'ont jamais diagnostiqué ça. Ils m'ont toujours dit avoir mal pendant ces règles, c'est normal. Donc, je prenais des cachets et je pleurais. J'attendais juste que ça passe. Donc là, un médecin qui me dit, il y a quelque chose, ça fait du bien. On se sent entendus. Mais ce n'est pas tout. En fait, on l'apprend enfin. Mon mari est atteint d'un OATS. Donc, c'est un mot très barbare qui veut dire oligo-asténo-thérato-zoospermine. Ça veut dire qu'il n'y a pas beaucoup de... du spermatozoïde. Et quand ils sont là, ils ont un fort taux d'atypisme. Ils sont très atypiques. Ils ont de flagelles, de têtes. Ils tournent sur place. C'est quasi impossible. Donc, j'ai pleuré énormément parce que trois ans d'essai, quoi. Trois ans où on a fait tout ça pour rien. Et ça fait mal parce que quand on essaye un an et qu'on va consulter, on se dit bon, c'est un an, c'est pas grave, on s'est laissé le temps. Trois ans, c'est long. C'est vraiment très long. Elle nous a orientés vers une five. Tout de suite, elle m'a dit, il n'y a que comme ça que vous tomberez enceinte. On va prendre le spermatozoïde parfait et puis on va le... On va faire un petit embrayon parfait. Donc, c'est grâce à la FIV que je suis tombée enceinte quatre fois. J'ai fait la première grossesse, une fausse couche très précoce. On appelle une grossesse biochimique. On a eu un taux de bêta ACG qui est très vite monté et très vite s'est effondré. La deuxième, j'ai fait une fausse couche à deux mois de grossesse. La troisième, je suis tombée enceinte de calesse. Donc, ma fille, elle s'est malheureusement envolée alors que j'étais enceinte. Je rentrais dans mon cinquième mois de grossesse. Éprouvant parce que du coup, tu as dû la coucher quand même, vu que tu étais au cinquième mois. Tout à fait. En fait, j'ai perdu les os un soir de janvier. Alors, je sentais venir. C'est ça qui me donne une rage. J'ai toujours cette colère au fond de moi. C'est parce que j'avais des saignements depuis un moment, ce qui m'a amenée à consulter les urgences de ma ville, les urgences maternités, rapidement et très régulièrement. La dernière semaine, j'y allais tous les jours. On me disait de rentrer chez moi, que les douleurs que j'avais étaient des douleurs ligamentaires, que les saignements, c'était des petits saignements, et qu'il n'y avait aucune raison de m'inquiéter. Et en fait, mon col se raccourcissait. Mais ça, je ne l'ai su que bien plus tard en réclamant mon dossier médical. Et au moment où j'allais consulter, on me disait juste, recusez-vous, ça va. Déjà, tu n'as pas à culpabiliser parce qu'en plus, c'était ta première grossesse qui arrivait déjà à plus de deux mois. Et si en plus, les professionnels de santé te rassuraient en disant, c'est des douleurs ligamentaires. Je pense que déjà, il faut enlever cette culpabilité parce que c'est censé être des professionnels et du coup, on est censé croire un petit peu leurs paroles. Donc déjà, je tenais juste à te dire ça parce que tu as dit que tu le fais culpabiliser alors que tu n'as pas du tout le culpabiliser. C'est dur de ne pas culpabiliser quand, évidemment, le bébé est dans notre ventre. Donc je me dis, qu'est-ce que j'ai fait pour... Et c'est vrai qu'en réfléchissant, je ne pouvais pas faire plus. J'ai vraiment donné mon corps et mon bébé. Je me suis totalement laissée porter par le corps médical. Et ce n'est pas comme si je n'avais même pas consulté. J'y suis allée vraiment tous les jours. Mais voilà, après, c'est... Et puis ça a été dû. Parfois, pour eux, en fait, c'est des suppositions. Quand on dit qu'on a ci, qu'on a ça, qu'on ressent ci ou ça. Pour eux, en fait, c'est... pas assez concret et du coup, on ne va pas faire d'examen en plus parce que c'est juste des suspicions. On devrait prendre un peu plus les paroles des patientes en compte. Oui, c'est ça. Parce que moi, quand je suis arrivée aux urgences, je leur ai dit j'ai des contractions. Ils m'ont dit non, vous saurez quand ce sera une contraction. Ça n'est pas une contraction. Donc, je n'ai pas eu de monitoring, je n'ai pas eu de contrôle, j'ai juste eu une échographie. Donc, il montrait que ma fille, elle est très bien, pataugée là-dedans, son cœur battait la Ausha. Enfin, voilà, votre fille, elle est en vie, tout va bien, on vous saigne, c'est le col qui saigne un peu. Voilà, c'est tout. Donc, rentrez chez vous, reposez-vous, ça va aller. Donc, moi, quand j'ai perdu les os, j'ai tout de suite compris. J'étais dans mon canapé, mon mari travaillait. Je me suis levée, je me souviens, j'ai l'image en tête. Je me lève, j'en ai plein le collant, le canapé est trempé. Mon mari rentre, il me dit « qu'est-ce qui t'arrive ? » Je lui dis « il faut aller aux urgences, j'ai perdu les os » . Donc il me dit « mais vite, vite ! » Mais je lui dis « mais ça sert à rien en fait. Pas un deux se dépêcher, ça sert à rien, c'est fini. Je le sais. » Donc on y va quand même. Voilà, je me déplace, donc je leur dis « j'ai des contractions depuis une semaine, je saigne, je viens de perdre les os dans mon canapé. » Et on me dit… Ben non, c'est pas ça. Je pense que vous avez dû vous faire pipi dessus. Donc du coup, on va vérifier ça. Après, c'était peut-être pour me rassurer aussi. Mais moi, je l'ai pris pour vous attendre. Vous ne savez pas. Voilà. Nous sommes les teintes, vous ne savez pas. Donc, ils ont eu du temps à se rendre compte parce que du coup... Alors là, avant, je ne saignais pas beaucoup. Maintenant, c'est je saigne trop. Ah bah, vous saignez. Du coup, je ne vois pas le coton virau rose, mais bon, vous saignez, donc c'est rose. Je lui dis oui. Donc, quand elle fait le test, elle revient et elle revient avec tout, en fait. Les papiers... Enfin, c'était d'une violence horrible. Elle vient avec les papiers pour l'autopsie, le test en disant... C'est positif. Vous avez perdu les os, les papiers pour dire qu'est-ce que vous avez prévu pour l'enterrement. C'est d'une violence terrible. Il n'y avait pas vraiment de tact dans l'annonce ? Non, aucune. Et puis moi, je me souviens juste d'avoir signé les papiers et je n'ai pas entendu l'annonce à ce moment-là. Vraiment, je ne l'ai pas entendue. Parce que j'étais ahurie, en fait. J'étais complètement stoïque. Mon mari non plus. Donc on me dit, on va vous passer à l'échographie quand même, parce que peut-être que c'est juste une fissure. Vous n'allez peut-être pas rompre, franchement. Donc hop, un petit peu d'espoir, et moi j'entends que ça d'ailleurs. Je n'entends que ça. J'entends, ok, on va à l'écho, on va voir. Donc je vais à l'échographie, la sage-femme n'arrive pas à faire fonctionner sa machine. Elle me dit, le gynécologue n'est pas là, moi j'ai une toute petite maternité de ville. Les gynécologues ne sont pas, il n'y a pas de gynécologue la nuit. Donc, ce sont des gynécologues de garde. Moi, j'appelle le gynécologue. Donc, il arrive encore, limite, le tablier autour du cou, je me souviens. Il me dit, bon, qu'est-ce que c'est ? J'étais en train de manger, je suis à table, on me dérange. Donc, je sens que je suis la patiente qu'il ne veut pas voir. Il met la sonde sur mon ventre et je comprends tout de suite les images qui me sont présentées. Je vois ma fille qui est toute étriquée, en fait, qui bouge énormément, je la sens énormément bouger. je vois qu'il n'y a plus de liquide autour d'elle et je comprends en fait, je comprends que là c'est pas possible je sais pas ce qu'ils vont faire parce qu'à ce moment là je demande qu'une chose c'est de la sauver, mais je comprends qu'en tout cas je vais pas pouvoir continuer ma grossesse donc le médecin avec encore le moins de tact possible se tourne vers la sage-femme Et il lui dit, vous la montez en chambre, vous la préparez pour la période orale et on s'installe pour l'accouchement. Sans un... Non, non, il ne me regarde pas, il ne... Il ne s'adresse pas à moi, en fait, il s'adresse à ses collègues en leur disant, il faut le préparer. Donc là, je comprends. Et là, je hurle. Je hurle, j'essaye de me lever, je leur dis non, que je n'accouche pas, que... Ben, je suis... Je ne peux pas, qu'elle est trop petite. Et là, il me regarde droit dans les yeux, il repose la sonde sur mon ventre, il me recouche un peu de force et il me dit « Regardez votre bébé, il est en train de mourir, on ne peut rien faire » . C'est super violent. Donc, mon mari se met à s'effondrer. Je n'ai jamais vu pleurer autant de tout mon existant. J'ai l'impression que c'est une scène de guerre. Je jure, je dis « Mais je ne comprends pas, je ne peux pas sauver là » . Il me dit non, mais je dis mais elle est en vie là, donc il y a un moment, enfin non, je ne vais pas accoucher. Donc il me dit, bon, on regarde votre col. Si votre col est fermé, je peux espérer peut-être sur quelques jours avec des antibiotiques du repos, peut-être que votre liquide se reformera. Si votre col est ouvert, c'est fini. Donc il regarde et il me dit, elle est engagée. Allez, on monte. Donc voilà, je suis montée en chambre. Je n'ai pas de souvenir de cette nuit, en fait. Ça a été long, en plus. Ça a été très, très long. Je n'ai pas eu de monito. On m'a juste installée en chambre. On n'a pas... Enfin, c'était un accouchement qui a été... Ah, j'étais à l'endroit. Ouais, en silence. Je suis montée en chambre. On m'a mise dans une toute petite pièce au bout du couloir, dans le noir. On m'a dit « reposez-vous et quand vous avez trop mal, venez me voir. » On appellera l'anesthésiste pour poser l'apéritif. J'ai vu l'anesthésiste. Elle me dit « rappelez-moi dans la nuit. » Dès que ça commence à ne plus aller, on installe l'apéritif. Et vers 3h du matin, j'ai eu des douleurs vraiment terribles. C'était très très dur. Donc j'ai dit « il faut que vous veniez, il faut mettre l'apéritif. » On m'a dit « l'anesthésiste est rentrée. » Donc, on peut vous mettre de la morphine. Donc, j'ai eu de la morphine toute la nuit. Et... Vers 13h, on m'a dit de manger un peu. Le gynéco revient et m'a dit « Vous n'avez toujours pas accouché. » Donc, non. Donc, il m'a dit « Est-ce qu'on voulait qu'on vous aide un peu ? » Je lui ai dit « Oui. » En fait, je veux que ça s'arrête. Il faut que ça se termine. Donc, ils m'ont aidée. Ils m'ont mis un peu d'ocytocine. Ça a relancé les contractions. Et à 13h55, j'ai accouché de ma petite-fille. Donc, c'est indescriptible, en fait. C'était à la fois... Je ne sais même pas comment décrire. C'était à la fois le pire jour de toute ma vie et c'est vraiment le plus beau aussi. C'était vraiment, vraiment terrible. Parce que j'ai eu le premier bébé, sinon... En fait, de la voir, ça m'a complètement bouleversée. Je crois même quand on l'a vue avec mon mari, on a dû sourire en se disant, est-ce qu'elle est belle ? Et en même temps, c'était fini. Donc la douleur du corps, tout s'est arrêté d'un coup. On a pris le temps avec elle. Ils nous l'ont préparée, on l'a prise dans les bras. Je ne saurais même pas te dire si ça a duré une minute ou trois heures. Est-ce que le temps s'arrête ? Oui, je n'ai plus la notion du temps. C'est vraiment un moment qui restera quand même gravé en moi. Ça a été un accouchement super dural. J'en suis relativement fière parce que c'était mon projet de naissance. Et je me souviendrai de son visage toute ma vie. Ça restera à jamais mon petit-mère. D'être avec elle le plus longtemps possible, c'est peut-être pour ça aussi que ton cerveau s'est arrêté au niveau temporel. Et limite encore, quand j'y repends, je me dis, j'aurais dû passer plus de temps encore. Mais voilà, j'essaye de ne pas être trop dure avec moi sur ces moments-là parce que je me dis que c'est ce que j'ai pu vivre au moment où j'ai pu vivre. Là-dessus, j'apporte vraiment, parce que c'est pour elle, pour la respecter, pour ce qu'on a vécu toutes les deux. Oui, oui. Voilà, je sais que... Ce qui a été dur, c'est de tomber sur des professionnels qui n'ont vraiment pas été tendres au début. Par contre, je remercie vraiment les sages-femmes. J'avais même une puère qui était là, alors que la pauvre, elle n'a rien pu faire. Elle était juste là pour me tenir la main. Et je le remercie pour ça. C'est des petits gestes, mais qui font énormément de bien. Parce que là, ça n'a pas été facile. Déjà, ce que tu as vécu, c'est horrible. Et si en plus, tu as des professionnels de santé qui n'ont pas de tact, c'est rajouter de la douleur à l'innovable. C'est compliqué. Après, je ne sais pas. J'ai juste essayé de survivre. J'étais en mode survie. J'ai essayé de survivre à ça. et de garder son visage. C'était mon objectif. C'était ça, garder son visage. Je ne voulais pas l'oublier, en fait. Et parce qu'on m'avait dit, est-ce que vous voulez la voir ? Parce que quand j'ai accouché, on me l'a vite emportée, en fait. Et j'ai dit, non, non, mais enfin, ramenez-la à moi. On me dit, on vous la prépare, on vous la ramène. Mais d'accord, OK, on comprend. La seule question que j'ai posée, c'est, est-ce qu'elle est belle ? Parce que j'avais peur qu'elle soit abîmée par l'accouchement. On m'a dit, mais elle est magnifique. On vous l'apporte tout de suite. Et je ne regrette pas de l'avoir eu près de moi ces moments-là. Je ne les oublierai jamais. Tous les trois, on nous a mis un peu de musique. C'était très bizarre comme moment. Et en même temps, je n'enlèverai jamais ce moment de mon esprit. Ça se voyait qu'ils n'avaient pas l'habitude en plus. Rien n'avait été mis. D'ailleurs, je l'ai vu ensuite. Ça a été des petits regrets après. Mais ça se voyait qu'ils n'avaient vraiment pas l'habitude. Parce qu'avant d'accoucher véritablement, c'est-à-dire que j'ai eu une poussée, on m'a aidée, etc. J'avais demandé une césarienne, j'étais complètement dans le déni. J'ai dit je veux une césarienne, on m'a dit non, en fait ça va rajouter une cicatrice au corps alors que vous l'aurez déjà dans votre cœur, toujours. Donc, s'il n'y a aucune raison médicale, on ne fera pas de césarienne. Aujourd'hui, je leur remercie parce que j'ai... J'ai été une maman comme une autre. J'ai accouché comme une autre. Et je regrette. C'est dur. Quand on nous dit, par exemple, je ne sais pas si on m'avait dit, vous pouvez avoir un turtage, par exemple. On m'a dit, votre bébé est à 5 mois, ce n'est pas possible. Ça fait 500 grammes à ce stade-là, c'est très grand. Elle était très grande, elle faisait presque 25 centimètres. Ce n'est pas possible. On ne peut pas faire de turtage, de césarienne. Il faut juste pousser. Donc, c'est dur à vivre. Je ne le souhaite vraiment à personne. Ennemi, c'est la nuit. Je devais revenir en arrière. Non, bah oui, ils ont fait un bon choix. Enfin, voilà. Et c'était la bonne manière. Et c'est pour ça que je te parlais de culpabilité tout à l'heure. C'est que j'avais l'impression de ne pas avoir choisi la bonne équipe, le bon hôpital. C'était une petite maternité de vie. Ils n'avaient pas l'habitude de profil. Donc, voilà, quelqu'un qui a un peu mal au ventre et qui saigne un peu, en première instance, je peux comprendre que ça ne soit pas dramatique quand on lise sur le papier. Mais j'aurais aimé qu'il cherche un petit peu plus loin, qu'il vérifie, il ne serait-ce qu'un monito, voir si les douleurs étaient vraiment des coups de jonc. Et me guider, me transférer vers un hôpital. Voilà, de plus en plus compétent, de grade. Donc, c'est ça que je remets aujourd'hui. Et puis en plus, c'est quelque chose qui est un peu difficile à accepter parce qu'avant 12 semaines, la société ne reconnaît pas ou peut nous bébé. C'est-à-dire que, pour le dire, si on fait une fausse couche avant 12 semaines, voilà. C'est pas grave, je parle un peu vulgairement. Et puis, quand on accouche après 24, et que le bébé peut être sauvé, il a une existence, il est pris en charge rapidement, dans un hôpital de haut grade, mais entre 12 et 24, qu'est-ce qu'il se passe ? C'est ça. Et moi, j'étais entre les deux, c'est-à-dire que... J'avais un bébé qui était trop grand pour faire ce qu'ils appelaient une fausse couche classique. Pas assez grand pour accoucher prématurément et pouvoir sauver le bébé. Donc, ils s'appelent une fausse couche tardive. Et c'est d'une violence terrible parce que je n'ai vraiment pas la sensation d'avoir fait de fausse couche. Vraiment. Le bébé était là, donc ce n'est même pas un embryon. Là, c'est vraiment, tu as vu ta fille, donc c'est vrai que c'est... C'est ça, je l'ai eu dans mes bras, donc pour moi j'ai accouché, je l'ai nommé, j'ai organisé. C'est assez difficile, le drame est d'autant plus percutant que pour moi, dans ma tête, je passais 12 semaines, dans 6 mois j'avais mon bébé dans mes bras. Moi j'ai mis du temps quand même avant de reprendre mon parcours PMA, il m'a fallu au moins un an en fait. Il a fallu que je fasse un travail sur moi-même. ne serait-ce que sur l'envie d'avoir un autre enfant. Parce que pour moi, c'était impensable de pouvoir retourner enceinte. Je n'arrivais même pas à imaginer la possibilité d'avoir un autre bébé. C'était ma fille, je ne pensais qu'à ma fille, jour et nuit. Je ne pensais qu'à elle, je ne vivais qu'à travers elle. Ça a vraiment été une année qui a été remplie de douleurs. Je n'ai pas d'autres mots. De pleurs, je pleurais beaucoup. Tout me paraissait insignifiant. les soucis des autres me semblaient bien qu'ils soient aussi légitimes à mes yeux ne l'étaient plus en fait, donc c'était très difficile de garder la tête hors de l'eau donc je suis rentrée en dépression mon médecin, j'ai été traité pour ça j'ai eu un suivi, j'avais la totale j'avais antidépresseur anxiolytique, somnifère parce que je ne dormais plus Et j'ai accouché juste avant le démarrage du Covid. Donc, j'ai accouché le 4 janvier 2020. Et à partir du mois de mars, on n'a parlé que du Covid. Donc, moi, le Covid, ça ne m'impactait pas, en fait. J'étais juste chez moi, en boule. Je ne pensais qu'à ma fille et on ne me parlait que du Covid. Et je me suis sentie seule. Et ça a été assez difficile, finalement, cette double... situation parce qu'on était confinés, on voyait déjà pas grand monde et moi je me suis mise dans ma bulle, dans ma sphère. Et on pouvait pas m'atteindre. Et du coup, tu pensais à qu'elle est, tu pensais à ce que vous auriez pu faire si elle était là ? Tu pensais à quoi exactement ? Ah non, j'avais qu'une envie, c'était de ne plus être là. Moi, je ne voulais plus être auprès de ma fille. Je n'avais aucun regret, entre guillemets, ce que je voulais, c'était de ne plus vivre en fait. ça ne servait à rien. Je ne pouvais pas être maman. La seule fois où j'arrive à passer le stade un peu critique des 12 semaines, ben... Ça ne marche pas, mais ça ne sert à rien de continuer. Pour moi, je ne voulais pas d'un autre enfant parce que je me suis dit que ça allait recommencer. Je ne veux pas m'en remettre. J'étais vraiment dans cet esprit-là, qui est vraiment noir. Une année noire. Au bout d'un an, déjà toutes les dates clés sont un peu passées. Mine de rien, toutes les dates difficiles étaient passées. Mon médecin était vraiment très à l'écoute. J'ai rejoint des groupes de parole. Ça m'a beaucoup aidée. Et je me suis dit, il faut que j'aide les autres mamans. C'était mon leitmotiv. Je me suis dit, si j'aide les autres, ça va m'aider moi aussi à avancer. Donc, j'ai fait partie de groupe de parole. J'en ai animé quelques-uns. Ça m'a vraiment fait du bien. Les médicaments, on a pu les ralentir. J'ai pu retrouver le sommeil. J'avais plus d'idées noires. J'avais encore des crises d'angoisse que je garde encore aujourd'hui. Mais globalement, ça allait mieux. Au bout d'un an, mon esprit s'est un peu éclairci. Du coup, j'avais un petit espace où la discussion d'un autre enfant s'est à nouveau posée. On s'est dit avec mon conjoint, il faut juste prendre la décision. Ça va mieux aujourd'hui, mais est-ce qu'on veut toujours un enfant ou pas ? En fait, c'est juste ça. Et puis je me suis dit, bon, il nous reste une fille, ce serait presque dommage de la mettre à la poubelle. Donc je me disais OK, on s'est dit OK tous les deux. Mais j'avais commencé déjà dans mon cœur et dans ma tête à préparer un éventuel deuil de la maternité. Donc quand j'ai fait cette dernière ponction, je ne me souviens même plus très bien des conditions dans lesquelles je suis passée. J'en garde vraiment peu de souvenirs. C'est un peu comme si mon cerveau s'était protégé, en fait. Oui, on pouvait y aller, mais sans y aller, quoi. C'était complètement... Complètement. Je ne vivais pas le moment présent. Je me suis laissée porter. Je n'étais pas du tout actrice de mon parcours. Je me suis laissée faire. Et finalement, ça m'a peut-être un peu aidée. Parce qu'au fond de moi, je savais comme ça que... La déception, s'il y allait en avoir une, parce que j'étais dans ce schéma de déception sur déception, elle allait être un peu moins présente. Je me disais, j'y vais, si ça marche. Déjà, je ne me disais même pas que ça allait marcher. Je me disais, on fait la dernière, on se débarasse. Ce n'est pas grave, je pourrais vraiment entamer ma reconstruction à travers autre chose. Et puis en plus, durant cette période-là, j'ai perdu ma grand-mère. Donc voilà, mon esprit était vraiment focalisé sur autre chose. J'aidais beaucoup ma maman. Elle était dépassée aussi par les événements. Elle était dans une tristesse infinie. Donc moi, je n'avais pas le droit d'être triste. Je devais être celle qui console, qui soutient. Donc voilà, j'ai presque vécu ça comme une invitée. J'étais à côté, on me demandait « tu vas au rendez-vous ? » Ok, j'y allais, je me pointais juste au rendez-vous, je faisais les trucs. clé, mais je n'y mettais pas le cœur en tout cas. Et parce que tu ne croyais plus du coup au fond de toi ? Oui, totalement. On s'était mis d'accord, on fait la dernière five, mais moi j'avais déjà fait un bon bout de chemin mental. Au fond de mon cœur, je me disais, ben voilà, ce n'est pas grave. Et en fait, durant ce dernier transfert, j'ai fait ce qu'on appelle une hyperstimulation. J'ai été hospitalisée une quinzaine de jours, en fait, parce que j'étais au bord de l'embolie pulmonaire. J'ai du liquide des ovaires qui est remonté au niveau de l'acide, qui est remonté au niveau de mon abdomen et qui a commencé à envahir mon ventre et autour de mes organes vitaux. Donc, j'ai été hospitalisée et en fait, mon conjoint a eu très peur. Très, très peur. Moi aussi, j'ai vraiment eu très peur. Et c'est à partir... C'est ce jour-là, en fait, qui a marqué vraiment le fait que mon envie irrépressible d'avoir un enfant, je l'ai laissé derrière moi. Je me suis dit, je ne peux pas mettre ma santé en danger pour faire un enfant. Ce n'est pas possible. Donc, j'étais beaucoup plus apaisée dans ma tête. Je suis sortie de l'hôpital et dans mon cœur, je me suis dit OK. qu'Alaise sera notre unique et seule enfant. Et c'est OK. Je suis OK avec ça. J'étais prête, en fait, au bout de tant d'années de combats, de déceptions, de douleurs. baisser les armes. Je m'attendais aux tests négatifs. Je me suis dit ça ne va pas m'attrister. J'étais prête à cette idée. Et puis, incroyable, mais bref. Contre toute attente, je suis tombée enceinte. C'est quand on n'y croit plus que là. Oui. Et pourtant, je déteste cette phrase. J'aime pas quand on me dit tu ne penseras plus, ça va marcher. Mais en fait... Il y a ça, il y a plein de choses. La gynécologue a été très compréhensive et m'a dit qu'on va pousser quand même les examens un peu plus loin. Toutes les analyses au revenu de la grossesse de ma fille sont revenues négatives. J'avais une infection, mais ça, je saignais depuis un moment. Pas de pathologie particulière, elle était parfaite en tout point. Ce qui a été aussi dur à accepter, puisque pas de raison, forcément. à son départ, mais elle m'a dit on va vérifier qu'il n'y a pas une béance de col, donc j'ai eu quand même une hystéroscopie, j'ai eu une biopsie pour vérifier que je n'avais pas quelque chose au niveau de l'endomètre, et j'ai fait un examen qu'on appelle la matrice lab, et qui m'a permis de voir que j'avais une hyperactivité au niveau de l'endomètre, donc j'ai été mise quand même sous traitement sur cette dernière fibre, on avait mis vraiment toutes les chances de notre côté. J'avais des sous-traitements, j'avais des corticoïdes, j'ai eu de la progestérone, j'ai eu beaucoup de choses en fait. Elle a vraiment tout tenté. C'était la dernière five de l'espoir, on a vraiment tout mis, toutes les chances de notre côté. J'avais à la fois décroché un peu de cette envie répressible, j'avais peut-être lâché certaines tensions dans mon corps, c'est vrai. Mais c'est vrai que la gynécologue a été incroyable et a vraiment poussé. Elle m'a dit, on fait tous les examens qui soient possibles et inimaginables. On aura tout essayé. D'ailleurs, quand j'ai été hospitalisée pour mon hyperstimulation, les pompiers m'ont emmenée à l'hôpital où j'ai appelé ma fille. Je ne voulais plus mettre les pieds. J'ai supplié les pompiers de ne pas m'y emmener. On m'a dit, on n'a pas le choix. Et arrivé à l'hôpital, je suis tombée sur une urgentiste qui m'a dit, je comprends, j'appelle. Donc, elle a appelé ma gynécologue, le centre PMA. Et tout de suite, ils m'ont dit, vous nous la ramenez. J'ai été transférée à la clinique et c'était à la clinique qu'ils se sont occupés de moi. J'étais en déchocage et tout de suite, l'ambulance m'a emmenée en service de soins à la clinique. Ça s'est très bien passé. Vraiment, quand je dis que je leur dois beaucoup, je mettrais vraiment ma vie entre leurs mains. J'étais dans une ambivalence en permanent, du début à la fin de la grossesse. Je m'interdisais d'y croire. En me disant chaque semaine, la grossesse va s'arrêter. Et en même temps, je me suis mis en mode louvre. Je ne voulais absolument pas revivre ce que j'avais vécu. Donc j'ai décidé de ne plus bouger. À partir de la troisième semaine de grossesse à peu près, je dirais, donc autant dire dès le début, je ne me levais plus. Je me suis alitée, mais vraiment. Je ne me levais plus, ni pour manger, ni pour m'habiller. Vraiment, je me levais juste pour... pour prendre ma douche et aller faire pipi. C'était vraiment mon courant qui s'occupait de moi. Donc, il a vraiment été présent aux petits soins. Du coup, tu avais déjà cause de col sur raccourci ? Oui, tout à fait. J'avais peur, en fait, que ça recommence, que mon col sur raccourci se réouvre, que je perde les os. Donc, je me suis dit, je vais en faire le moins possible. J'étais arrêtée, je ne travaillais pas. Je me suis alitée. Je me suis dit, là, s'il arrête quelque chose, C'est vraiment pas de ma faute. En fait, c'était ça. Donc, ça a été quand même une grossesse très angoissante. J'ai eu des saignements encore. Donc, ça m'a fait revivre. À chaque fois que je saignais, je repensais. C'était en grossesse, les saignements. Dès la troisième semaine, j'ai commencé à avoir des petits saignements. Et ils se sont vraiment... Ils se sont intensifiés, je saignais, on va dire entre guillemets, un bon coup, une fois par semaine. À chaque fois que j'allais aux urgences, on me disait, cette fois-ci, rien, tout va bien. On regardait le cas, tu l'as vu, il battait bien, donc on lui était bien fermé. Et en fait, on s'est rendu compte au bout de la huitième semaine, enfin, que je faisais un hématome. Donc c'était un hématome que j'ai expulsé progressivement. Il se vidait, donc en fait, ça allait vers la bonne voie. pour moi les saignements, c'était des très gros saignements, ça m'a complètement, je me suis vu encore un dimanche soir. J'appelle mon conjoint, je lui dis, allez hop, on va à la maternité. Pourquoi ? Moi, je fais une fausse couche. Hop, voilà, on peut monter dans la voiture. C'était... Je n'y croyais pas. Pour moi, chaque nouveau symptôme un peu dramatique, comme un gros saignement, vraiment beaucoup de sang, c'était la fin de la grossesse. Eh ben non, il s'accrochait, le petit père. Donc, non, c'était un hématome. Et ça s'est arrêté. J'ai dû arrêter d'avoir mes saignements à la douzième semaine. Première échographie, enfin première. J'en avais eu des échographies, mais en tout cas, l'échographie officielle du premier trimestre et plus de saignements. Alors oui, j'ai été mis à réflexe dans la clinique avec laquelle j'avais eu toute mon histoire. Et elles étaient peu inquiètes. Là, bizarrement, elles m'ont dit, vous savez, l'infoderm ne tombe jamais deux fois au même endroit. Je n'étais pas du tout à l'aise avec cette idée. Vraiment, je voyais, mine de rien, on est sur les réseaux sociaux, on voit des témoignages. Moi, je voyais des mamans à qui c'était arrivé deux, trois fois. Je disais, je ne le ferai pas, je ne. Donc, c'est que ça existe, donc je ne peux pas. Et donc, j'ai été directement au CHU de la même ville, où on m'a dit, la clinique très gentille m'a dit, si vous souhaitez un deuxième avis, n'hésitez pas. allez-y, ils vous diront peut-être la même chose que nous, mais en tout cas, vous êtes libre, il n'y a aucun problème. Ça, c'est bien. Donc, on a été voir ce CHU et je suis tombée sur une personne qui était vraiment bien, un gynécologue vraiment très gentil, qui m'a dit, moi, je vais vous prendre dès aujourd'hui. Donc, j'étais enceinte de 12 semaines. Et elle me dit, on fait une échographie toutes les semaines. Exactement. Donc, elle me dit, de 12 semaines à la 24e semaine, donc à une échographie par semaine. et si on voit que votre col raccourci, on n'attend pas, on cercle. Oui. Donc moi, je voulais un cerclage d'avance. On m'a dit non, ça, on ne le fait pas parce que pour l'instant, il n'y a aucune raison qui nous indique que votre col va se réouvrir. Donc j'avais très peur. J'étais angoissée, en fait. C'était une grossesse très angoissante, mais on ne pouvait pas faire plus. Elle m'a dit, je vous vois toutes les semaines, on ne peut pas faire mieux que ça. Donc j'étais très... Très rassurée de la voir à chaque semaine, de voir un gynécologue, de revoir mon bébé en pleine visanté, voir que mon cône ne bougeait pas. Je vous ai noté tout ce qui s'était passé pendant la semaine éventuelle et puis après pouvoir en parler. C'est ça, exactement. Donc j'avais... puis j'étais une gynécologue, c'était un médecin qui me voyait toutes les semaines. Et voilà, on a vraiment créé un lien. Elle savait en fait, elle m'a dit... Je sais que je vais faire partie de votre vie pendant 9 mois. Je sais qu'on ne se verra plus après, mais je vais garder un petit souvenir particulier. Je dis, mais moi, je vais vous restaurer à tout jamais. C'est vraiment dans mon esprit et dans mon cœur. Parce que j'ai vraiment... Toutes les semaines, c'est pire que d'aller boire le café chez une copine. Tout le monde me connaissait comme le long blanc dans les locaux. Donc, ça m'a fait du bien. J'avais vraiment... On va dire que j'ai une nouvelle petite sérénité qui s'est installée à partir du moment où j'ai passé le terme fatidique où j'ai perdu le calais. Et j'avais tellement peur aussi que ça recommence. J'avais peur de me faire hospitaliser. Finalement, j'en faisais le moins possible. Je restais à la maison et je me disais chaque semaine de plus, c'est une semaine de gagné. Et le CHU est tellement, tellement doué. la gynécologue avait été adorable, elle m'avait dit là, si votre fils naît maintenant, finger in the nose, moi je vous le sauve. Rien que des cheveux. Elle savait très bien qu'elle m'a dit si votre col ne s'est pas ouvert maintenant, alors que votre bébé fait le même poids que sa soeur, etc. Il n'y a pas de raison. Ils se sauvent après. Donc déjà, je me suis dit, ok, je vais pouvoir commencer à souffler un petit peu. Est-ce que tu avais... préparer la chambre où justement tu n'osais pas encore. Alors ça a été un petit peu difficile. Les achats, aucun. Je n'ai pas réussi. J'ai commencé à acheter quelques meubles. J'avais gardé plein de choses de Calais et mon mari ne parle pas beaucoup mais il fait des gestes forts. Je m'en suis rendue compte enceinte de Samael où j'ai voulu récupérer des choses comme la poussette. comme sa chambre et en fait, il s'en était débarrassé. J'avais tout mis de côté et il s'en était débarrassé. Donc, passé les 24 semaines, j'ai quand même acheté la chambre. Je me suis dit, au moins, j'avais peur aussi qu'il naisse. Donc, je me suis dit, qu'il naisse, il faut qu'il ait quelque chose. J'avais mon petit syndrome d'humidification. Je pensais... Donc... C'est pas prêt, Foucault. C'est ça. Donc, si j'ai commencé un petit peu... Un petit peu, oui. Dès qu'on m'a dit, si vous accouchez, on prendra votre pépé en charge. Donc, j'ai commencé doucement à faire la chambre. J'ai acheté la poussette. Mais tout ce qui est vêtements, etc., je pense que tout n'était pas prêt, même quand j'ai accouché. Même que j'ai juste... ... J'ai juste eu une grosse angoisse parce qu'effectivement, les contractions sont revenues. Peut-être, oui, j'étais enceinte de 26 semaines, 27 semaines. J'ai commencé à avoir à nouveau des contractions. Ils m'ont passé du monde, mais vraiment des contractions. Et là, je savais maintenant à quoi m'attendre. Je les reconnaissais bien. Et ils ont tout de suite été très, très actifs parce qu'effectivement, j'ai été hospitalisée. On a réussi à stopper les contractions. Et finalement, j'ai dû être hospitalisée à partir de la 31e semaine pour avoir l'injection de Célestine pour la maturation des poumons de Samaël. Parce que les contractions ne s'arrêtaient pas. Donc, en fait, on s'attendait. J'allais donc à l'hôpital et on me disait, bon, c'est pas cette semaine. Ah, la semaine prochaine. Mais mon col s'ouvrait. Donc, j'ai fini ma grossesse avec un col ouvert. Mais des contractions tous les jours, Tu te rappelles, ton col était ouvert à combien ? J'étais à 2 cm. Ah oui, d'accord. C'était à 2 cm, ce qui n'est vraiment pas dramatique en soi. Mais à ce moment-là, on m'a dit que mon col était ouvert. Je me suis dit que c'était parti, je vais accoucher. Et en fait, non, il a resté ouvert à 2 cm jusqu'à l'accouchement. J'avais des contractions toutes les nuits. Ça a été assez difficile parce que j'étais fatiguée, je ne dormais plus. J'avais qu'une hâte. c'est qu'il naisse sans pète. Donc, j'étais dans l'ambivalence, j'avais tellement peur qu'il naisse trop tôt et j'avais tellement hâte qu'il naisse tout court. Donc, c'était très, très dur et je pense que je somatisais aussi beaucoup parce que j'étais tellement crispée, je me suis fait initiatique, j'étais bloquée toute du côté gauche. Ah oui ? Je ne dormais plus, j'étais tellement tendue que je contractais, mais je me faisais contracter. Tu t'es dit, bon ben... sur 10, au moins je suis à 2, c'est déjà ça au moins. Pour le jour où... Mais pas du tout, je me disais... Non, pas du tout, je me disais même pas ça. Tous les jours, je me disais, c'est pas aujourd'hui, on est allé à la maternité, je disais à mon mari, c'est aujourd'hui, il faut y aller. Il me disait, mais non, effectivement, non, ce n'était pas le cas. Et d'ailleurs, le jour où j'ai décidé d'y aller vraiment, ça a été aux injections, etc. et on m'a dit si vous voulez accoucher enfin si vous venez tous les jours vous avez des contractions on dirait que vous avez envie d'accoucher en fait mais il faut vous laisser le temps une grossesse ça dure 9 mois ça dure pas mais ça dure pas à 7 ça dure pas à 9 mois il faut vous laisser le temps et en fait j'ai eu justement là j'ai eu un psychologue parce que je ne voulais plus d'aller à l'hôpital et c'est normal non Oui, et donc on m'a dit, voilà, vous avez été sous traitement, vous avez l'injection, maintenant quand vous rentrez chez vous, s'il y a quelque chose, on n'arrêtera plus les contractions. Et j'ai dit, mais moi, je ne veux pas repartir de l'hôpital, je suis comme à une heure de condomicile et s'il y a quelque chose, je ne veux pas être pris dans la voiture. Je me souviens d'avoir dit ça. On m'a dit, est-ce que vous avez eu un suivi psychologique ? Et je lui ai dit, ben oui, pas depuis, ben qu'on cesse. Et donc, ils m'ont proposé un. parce que j'ai accepté. Et donc, je pensais vraiment livrer les angoisses de ma grossesse actuelle. Et en fait, j'ai déposé toutes mes angoisses de la grossesse précédente. Tout ce que je n'avais pas déposé sur la table, j'ai tout déballé, je me suis mise à pleurer, je n'ai pas compris. Ils m'ont dit, mais de quoi est-ce que vous avez peur ? Vous avez peur d'accoucher ? Vous avez peur de perdre ce bébé ? Vous avez peur de... De quoi vous avez peur ? parce qu'en fait j'avais peur mais j'étais incapable de dire de quoi j'avais peur mais en fait c'est un petit peu ce qui s'était passé c'est ça exactement et en fait on met les mots et il me dit vous voulez accoucher rapidement et je lui dis mais non mais en fait je veux juste un bébé en vie au bout donc chaque minute de plus dans mon ventre je me disais s'il part maintenant mais il aurait peut-être été mieux dehors enfin je J'avais vraiment cette hâte. J'étais pressée qu'il arrive. Et on m'a dit, le psychologue à ce moment-là m'a clairement exprimé le fait que j'étais dans ma tête déjà en train de prévoir son décès. Il me dit, vous êtes en train de vous dire que cette grossesse-là va finir de la même manière que votre grossesse précédente, mais ça n'est pas la même grossesse, ça n'est pas la même chose, vous n'êtes pas au même terme. Et du coup, il a fallu vraiment qu'il... qui me rassure en me disant si votre bébé naît maintenant, j'avais passé les 32 semaines, ça va aller. Chaque semaine de plus est une semaine de gagné, dites-vous que ça va aller. Donc je suis rentrée, j'ai fini par laisser l'hôpital tranquille et je suis rentrée finir ma grossesse à la maison. Et j'ai accouché à 37 semaines plus 2 d'aménorrhée. Donc le bébé n'était plus prématuré. Et comment s'est passé l'accouchement du coup ? L'accouchement a été très long. C'était encore une nuit où j'avais beaucoup de contractions, où je n'en pouvais plus. Ce n'était pas une nuit plus difficile qu'une autre, mais j'avais décidé, 37 semaines étaient passées, on avait normalement un déclenchement qui était prévu la semaine d'après, sur accord de ma gynécologue. Parce qu'en fait, le terme coïncidait, c'est-à-dire que le terme de Samaël était prévu le jour de la naissance de Calais. Ah oui, donc très... Oui, coïncidence particulière. J'ai pris ça comme un signe, mais ce n'était pas du tout envisageable pour moi. Il me partageait mon cœur entre ces deux dates, ce n'était pas possible. Donc là, la gynécologue a été très compréhensive et m'a dit, vous aurez votre bébé pour Noël. Voilà, vous aurez le... au moins chaque enfant aura sa date. C'est vrai que c'est assez perturbant quand même. Oui, totalement. Quand on m'a annoncé ça, j'avais dit mais je ne peux pas accoucher ce jour-là, ce n'est pas possible, je ne vais pas y arriver. Je ne me jure pas. C'est comme si c'était un peu une réincarnation. Oui, c'était très... Le déclenchement était programmé et en même temps, je n'avais pas bien envie d'être déclenchée. Donc... J'ai profité d'une nuit où les contractions étaient très douloureuses, où j'ai donc demandé d'aller à la maternité pour contrôler. Et les filles m'ont dit, encore vous madame, n'inquiétez pas, on va voir si c'est vraiment ça. Donc monitore, oui, j'avais bien des contractions. Et on m'a dit, allez marcher un petit peu, revenez. Mon col était toujours ouvert à deux. Et j'ai dû faire deux heures et demie, voire trois heures de marche. J'ai fait le tour de la maternité en large et en travers. Et en revenant, j'ai dû arriver à la maternité vers 1h du matin le dimanche, vers 6h. Donc elle avait bougé d'un centimètre. On me considérait officiellement en travail. Donc il a été long cet accouchement. D'où l'heure où la péridurale n'a pas fonctionné totalement. Elle a fonctionné que d'un côté. J'ai mis 36 heures à accoucher. Et là, ça a fini avec une ventouse. On était au bord de la césarienne. J'ai accouché le mardi matin à 5h. 5h28. Donc c'était long, très long. Très très long. Oui. Mais heureusement que ça s'est bien passé, que tu as pu avoir pas mal dans les bras. Et Azmi, tu as ressenti quoi du coup ? Alors, la naissance a été très particulière. J'ai poussé pendant trois quarts d'heure, donc j'étais épuisée. Et en fait, quand il est sorti, la première réaction, je me souviens, c'est « Oh, waouh, il est grand ! » Parce que tout de suite, j'ai fait le comparatif avec sa sœur et je me suis dit « Oh, il était dans mon ventre ! » J'ai été impressionnée en fait. J'ai été submergée de « Oh, waouh, c'est moi qui fais ça ! » Et quand ils l'ont posé sur mon ventre, l'angoisse est revenue. Ah mais comment ? endorphine down en mémoire, il ne pleurait pas. Ah oui, d'accord. Donc, je le frottais, elle le frottait, elle me disait toutes les huiles sur le visage, il a un petit peu de mal à atterrir, il a vu un peu de liquide, donc je lui... J'étais toute tremblante, je soufflais sur son visage. Je lui disais, allez bébé, respire. Mon mari me regarde avec des yeux. Il ne respire pas, il ne pleure pas, c'est normal. Qu'est-ce qu'il faut qu'on fasse ? On vous le prend tout de suite, on vous le ramène. Hop, il me l'embarque. Non, enfin, je me suis sentie tellement... Et pareil, le temps s'est arrêté. Je ne sais pas combien de temps ils me l'ont pris. Mon mari m'a dit que ça a duré une minute. Ils l'ont aspiré. Il est revenu, il a pleuré. Ça a été un tout petit « euh, euh » . Je suis là, maman, bonjour. Il me regarde avec des grands yeux, je me suis mis à pleurer, je me suis dit « ok, c'est bon » . Mais c'était parce qu'il n'arrivait pas à respirer. Il avait bu un peu de liquide, en fait. Il avait bu un peu la tasse, il avait du mal à cracher, il était encombré, en fait. D'accord. Ça allait, il était rose, il était beau, il respirait. En fait, j'avais tellement l'envie d'un bébé qu'on pose et qui… et qui crient, qui crient, personne que, ben, un bébé qui ne pleure pas, moi, c'est tout de suite, j'ai mon cerveau, voilà, qui réagit et qui dit, il doit pleurer. C'est, il faut l'éprouver. Oui, à part, c'est pas obligatoire que les bébés pleurent à la naissance. Oui, ben, je l'ai appris aussi, du coup, parce qu'effectivement, il n'a pas beaucoup pleuré ensuite, il a vraiment juste fait un petit bruit et puis, ben, il respire, il n'a pas du tout pleuré, du coup. On m'a dit, non, ne vous inquiétez pas, c'est normal. D'accord. Ah oui, donc ils t'ont assurée tout de suite, en fait. Voilà, tout de suite. Et elle est restée dans mes bras. Et c'est très bien. Moi, j'avais cette image d'un bébé qui pleure et que s'il ne pleure pas, dans les films à l'ancienne, il tapotait sur la flèche. C'est ça. Oui, c'est ça. Et du coup, je m'attendais aussi à ça. Donc, ça a été difficile. Après, il allait bien. Il a juste été un peu aspiré. Mais il n'y a pas... Il allait bien, en fait. C'était plus pour me rassurer. Ils sont venus et m'ont posé. Il n'a pas beaucoup plus pleuré. Ils m'ont dit qu'il avait bu un peu la tasse. Il respire, votre bébé. Regardez, tout va bien. Là, ça a dû être le grand soulagement pour toi et ton mari. En fait, on s'est regardé. Moi, je n'y croyais pas. J'étais là, sur moi. Je n'y croyais pas. J'ai eu comme un... de soulagement mais c'était comme si j'étais dans un film je ne réalisais pas le fait qu'il était là il me regardait, il me touchait je ne faisais que ça, le toucher l'embrasser, je me dis c'est lui on le fait réaliser madame je réalise pas en fait je n'arrive pas à réaliser ce qu'il est là donc ça a été un peu Ça a été quelques heures. Il a fallu quelques heures pour que je me fasse à l'idée que ce que je vivais était vraiment en train de se passer. Ce n'était pas un film, ce n'est pas un rêve. C'est la vérité. Ça a été fort, oui. Et après tout ça, comment tu t'es sentie mentalement le retour à la maison ? Est-ce que tu as pensé un petit peu aussi à Calais ? Alors, le retour à la maison, déjà, pendant la couffron, ça a été assez compliqué. Déjà, je pensais déjà à elle. J'essayais le temps de ne pas y penser, mais je pensais à elle. Il y a des moments un peu clés auxquels j'ai pensé. Quand tu me perçais la poche des os, notamment, j'ai reconnu tout de suite la sensation. Ça a été, vu que c'est ce qui m'avait marquée, en fait, dans la perte de ma fille, c'était vraiment ce moment. où j'ai perdu les os, mais là c'est exactement la même sensation, ça m'a complètement perturbée et je m'étais promis de dire non, je ne penserai pas ça a une sens, mais il y a des moments comme ça qui sont revenus quand la perfusion aussi de la péridurale n'a pas fonctionné et que d'un côté j'ai senti cette douleur un peu ce cercle de feu où vraiment je hurlais tellement ça me brûlait où j'avais cette envie irrépressible de pousser et J'ai ressenti tout de suite les mêmes sensations. C'était vraiment la même intensité, la même douleur. C'était la même chose. C'est pour ça que j'ai demandé à l'anesthésiste de revenir, remettre de la perdurale, ça ne fonctionne pas. Je pense que mon psychique avait pris aussi beaucoup de part dans la douleur. Et en fait, il m'a mis tellement de doses d'anesthésiant que je n'ai plus du tout senti mon corps. Je n'avais plus du tout de sensation. Mais qu'importe en fait, je voyais la... l'accouchement comme un outil, je me voyais comme un objet, c'est terrible, mais je me suis désolidarisée de mon corps en me disant, je veux un bébé en bonne santé et en vie à la fin, donc faites trop de moi, je ne suis plus actrice, je suis juste... En fait, il n'y a qu'à en pousser par rapport au ring. Donc j'ai regretté parce que j'étais très loin de l'accouchement physiologique, dans le week-end, je m'étais vraiment préparée pour l'accouchement de ma fille, et en même temps, j'étais prête à... tout pour Samuel. Je m'étais dit une césarienne, je sens plus mon corps péridural, c'est pas grave. Tant que je n'avais pas le même objectif santé. Oui. Donc, je regrette oui et non. Je n'ai pas mal vécu mon accouchement, bien qu'il y ait eu une ventouse, etc. Mais c'est sûr, dans l'idéal, vivre différemment. Mais j'avais tellement cet objectif d'un bébé. C'était mon objectif. Peu importe ce que je traversais, peu importe ce que je vivais, peu importe les douleurs, ce n'était pas grave. Donc, du coup, c'est vrai que ça a laissé des stigmates quand même, mine de rien. C'est sûr que... Je ne suis pas repartie avec un nouveau projet, tout plein d'entrailles, en me disant, allez, on va coucher dans la baignoire, tout va bien. Non, en fait, j'ai voulu surprotéger Samuel en me disant, vous hyper médicalisez tout, qu'il arrive quoi que ce soit. Du coup, je me suis complètement laissée porter. Du coup, l'arrivée à la maison a été un peu dans le même esprit. quand je suis déjà à la maternité. Parce que les premiers jours aussi, on peut dire que quand tu es à la maternité, ce n'est pas facile. On n'a pas l'habitude. Un bébé, on doit apprendre à s'en occuper. Moi, je me suis dit, OK, j'ai en charge un petit être. J'en ai la responsabilité complète, 24-24, et à la fin de la journée, je ne le rends pas en fait. Il est quand même bien. Donc à la maternité, ça m'a écloré déjà beaucoup, énormément. Et j'avais décidé d'allaiter. Et pendant six années, je me suis préparée à allaiter. Je ne voulais pas ne pas allaiter en fait. Donc ça a été dans la douleur parce que ça me faisait mal. Les auxiliaires, c'était en CHU, donc il y avait beaucoup de mamans. Elles avaient peu de temps et je comprenais. Mais du coup, elles n'étaient pas non plus si bien formées à l'allaitement. Elles n'arrivaient pas à m'aider, en fait. Donc, le bébé n'était pas très bien positionné au sein. Samuel t'était tellement à la demande, c'est-à-dire qu'il était 24-24 au sein, et quand il n'était pas, il pleurait. Donc, j'ai eu un niveau de fatigue tellement intense, tellement... Oui, je ne m'étais pas préparée à ne pas dormir, en fait. Est-ce qu'ils t'ont recommandé, par exemple, des bouts de seins, de la lanoline ? On m'a vraiment laissée moi et moi. Donc, non, non, j'ai... J'ai eu des crevasses tout de suite, parce qu'il était vraiment au 124-124, donc c'était... Et puis, j'avais de la lanoline que j'avais prévue dans ma petite trousse de maternité, mais bon, ça ne suffisait pas. J'avais vraiment les mamans en sang, c'était compliqué. Et j'ai fait ce que... que j'ai découvert avec joie. Je faisais de l'hyper... Je ne sais plus comment on appelle ça. L'hyper-vigilance maternelle. Ah oui. D'accord. Donc en fait, dès que je fermais les yeux, dès que mon corps s'effondrait de fatigue, je... Un petit bruit. Une minute trente, même pas. Mais même pas. Il n'y avait même pas besoin de bruit. En fait, mon corps refusait de s'endormir. Je ne pouvais pas m'endormir. Donc je me réveillais. En quatre jours, j'ai dû dormir. Je me suis vu dormir une heure et demie. Et tout le monde me disait, mais tu dois dormir quand il dort. Je ne pouvais pas. J'essayais de l'admire. C'est insupportable. La phrase qu'on dit aux mamans, dormez quand le bébé dort. Mais je sais que je regardais le bébé dormir. Oui, moi aussi, beaucoup, beaucoup. Et c'était vraiment difficile parce que je me réveillais en sueur, je me réveillais en panique. Et je disais à mon mari, j'ai dormi combien de temps ? Il me disait, bah, deux minutes. Donc il me dit, endors-toi, je gère. Mais je n'y arrivais pas. Je suis rentrée à la maison avec... Déjà, je suis restée longtemps à l'hôpital. J'ai accouché donc dimanche... Non, j'ai été hospitalisée dimanche soir. J'ai accouché mardi matin. Et je suis sortie samedi midi. pour tout mon séjour à l'internité a duré six jours. Et c'était long, très long. Et on ne voulait qu'une chose, c'était de rentrer pour pouvoir justement retrouver un peu notre maison, nos habitudes, nos odeurs. Puisque les auxiliaires n'étaient pas très disponibles, je m'étais dit à la maison, il faudrait massage fan. Donc, j'avais très hâte de rentrer. Et Sabelle ne prenait pas beaucoup de soin. Ma montée de l'aime du temps à se mettre en place. Donc, c'est ça qui a retardé un peu mon... C'est vrai qu'il ne laisse pas partir tant que le petit n'a pas repris assez de poids. C'est ça. Et en fait, j'ai été un peu dans le même état d'esprit à la maison. Samuel pleurait beaucoup. J'ai essayé d'allaiter. J'ai fini par tirer mon lait. On lui donnait toutes les quatre heures. Mon mari a essayé de prendre le relais, mais j'étais la tête dans le guidon. Je peux le dire avec du recul, je ne pense pas que je pensais à ma fille. Je n'y arrivais pas, j'étais trop fatiguée. Déjà, les premiers sentiments ambivalents sont arrivés à ce moment-là. Je me suis dit, pourquoi ? Pourquoi j'ai fait ça ? Je n'y arrive pas. Je me suis sentie incapable, en fait. Je me disais, je n'y arrive pas. Je ne dois pas être faite pour ça. pas une bonne maman. Dès les premiers jours, en fait. Ça a pris de la place. La fatigue m'a fait complètement délivrée, vraiment, vu que je dormais bu. J'avais plus la notion. Mon esprit était plus clair, en fait. Je me disais, mais pourquoi j'ai fait ça ? J'avais envie de déposer tout, mais un bagage enfant, là, et partir déjà loin, très très loin en fait. Je pense que ça a beaucoup de femmes avec la fatigue, le fait d'accueillir un nouveau bébé, c'est la première fois, quand il pleure, on ne sait pas exactement pourquoi, est-ce qu'on a fait quelque chose de mal, est-ce qu'il faut faire comme ci, comme ça, est-ce que... Ouais. Oui, en fait, j'apprenais aussi, j'avais une machine d'hormones, j'avais les premiers jours, c'est difficile. On avait beau me préparer, on avait beau me dire, tu vas voir, ça va être faux, ça va être hardcore. Mais on a beau être préparé, moi, je me suis vraiment fait percuter. J'ai pris ça en pleine poire. Je me disais, justement, j'avais cette image. de la maternité rêvée, je m'étais dit, je vais rentrer à la maison, mais ça va être un bonheur incommensurable. Oui, je ne vais pas dormir, mais qu'est-ce que c'est de se lever tôt le matin ? C'est pas grave, si il pleure la nuit. Je suis à côté en peau-dodo. Mais non, ça ne s'est pas passé comme ça du tout. Samuel dormait très peu et quand il ne dormait pas, il pleurait. Donc, c'était soit le sang, soit pleurer. Quand moi, je n'arrivais plus à donner le sang parce que vraiment, j'étais épuisée, papa se baladait. avec bébé dans le corps de bébé. Mais j'ai passé ces premières semaines, parce que ça a duré vraiment des premières semaines, avec quand même un peu de recul. J'arrivais à me dire, il est petit, c'est normal. C'est normal, il faut qu'on trouve notre rythme. La fatigue, c'est normal. On essaye de faire rempart de tous les deux. Moi et mon conjoint, on s'est dit, cette première année va être difficile. Il a aussi été beaucoup surpris par la fatigue, bien qu'il avait beaucoup plus conscience que moi de la difficulté. Il m'a toujours dit, mais toi, j'ai l'impression que tu as découvert que c'était dû au moment où tu es devenu maman. Et j'ai été honnête, j'ai dit, bah oui, je ne m'attendais vraiment pas à ce que ça soit si difficile, en fait. Le fait que les premières semaines, en fait, soient compliquées, moi, j'avais réussi à prendre quand même un petit peu de recul parce que je me disais qu'il était petit, en fait. Donc les premières semaines, je me disais mais forcément, ça va être dur. Et avec mon conjoint, on s'était dit, il faut faire rempart sous les dos, on doit se soutenir, faire relais le plus possible pour que l'un et l'autre puissent se reposer. Et du coup, mes trois premiers mois ont été vraiment, en termes de fatigue, les plus difficiles. Le temps aussi que l'allaitement se mette en place. Et à partir de trois mois, j'ai vraiment senti une amélioration au niveau notamment de... de l'allaitement. Et je me suis dit, bon, ça va aller mieux, en fait. On a passé... Voilà, c'était normal. On a eu une vie normale. Notre vie a été mise sur pause trois mois. C'est OK, ça va. Et en fait, pas du tout. Samaël a eu le Covid. Et dans la foulée, on l'a vacciné. Parce que du coup... sa première vaccination n'avait pas pu être faite parce qu'il avait eu le Covid. Donc, quelques semaines sont passées, on l'a vacciné et il a fait une grosse fraction allergique aux vaccins. C'est quelque chose qui est très rare, rarissime. Et du coup, on s'est rendu compte, on savait qu'il avait une intolérance au lactose et en fait, ça s'est confirmé par une allergie complètement. Donc, c'est un bébé qui avait beaucoup de reflux. qui ne dormaient vraiment pas beaucoup, qui pleuraient énormément. Et on a réussi à mettre en place un traitement, à avoir déjà des éléments de réponse. Donc je me suis dit, là aussi, ça va aller mieux. Donc je me suis laissée jusqu'à six mois. C'est six mois de vie. Et au bout de six mois, ça n'allait toujours pas mieux. Et c'est là où j'ai... où j'ai un peu vrillé. Où je me suis dit, ma vie maintenant, ça ne peut pas être ça. Ça ne peut pas être un bébé qui pleure en continu, avec juste moi qui essaie de survivre. Parce qu'au quotidien, un bébé qui pleure tout le temps, c'est des maux de tête. C'est moi qui vais aux toilettes avec un bébé qui pleure dans les bras. C'est moi qui ne mange plus. Et souvent, on a même envie de pleurer en même temps que le bébé. Oui, je pense avoir pleuré autant que lui, c'est sûr. Et le plus dur, c'était les nuits. Les nuits, parce que papa lui n'a jamais réussi à gérer les nuits. Et il a vraiment eu du mal, non pas qu'il dormait profondément, comme on peut dire, papa dormait profondément. Non, non. émotionnellement, c'était dur aussi pour lui. Il avait beaucoup plus de facilité à gérer la journée puisque, heureusement qu'il était là. Heureusement parce qu'en fait, il détournait son attention, il le portait en tant que bébé, il essayait de faire des activités. Et moi, toute la maternité dont j'avais rêvé, justement, les activités, les sorties, mais ne serait-ce que d'aller faire les courses, il pleurait. Donc, je me suis interdite de sortir. Les activités, ça partait en cacahuètes à chaque fois. Ça ne marchait pas comme le mec, ça fonctionne. Je m'énervais très vite et les pleurs se sont vite transformées en une irritation. J'étais irritée dès qu'il pleurait un peu ou dès qu'il montrait qu'il n'était pas très content ou qu'il y avait un inconfort. Je n'arrivais plus à avoir les idées claires. Je n'arrivais plus à voir qu'il était inconfortable. Je me souviens, une nuit, il avait une grosse poussée dentaire, mais je ne l'ai pas vue. Je me suis tellement énervée. Je me souviens. Je dis à mon mari, mais il faut qu'il dorme, il ne dort pas, mais pourquoi ? Et en fait, j'ai vu qu'il commençait à m'achouiller ses bras et je me suis mise à pleurer. Je dis, mais en fait, il a juste mal aux dents et comment je ne peux pas voir ça en fait ? Et vu que tous les jours, je me pose des questions, mille questions. Est-ce qu'il a trop chaud ? Est-ce qu'il a faim ? Il pleure, il a mal aux dents, il a des refus, il veut son médicament. Il faut mettre du Doliprane. En fait, j'essaie toujours de trouver une solution. ou pleure, j'y arrivais pas et donc parfois je me disais ok bah il pleure parce qu'il a envie de pleurer donc moi je lui laisse pleurer, j'arrive plus donc j'allais pleurer dans ma chambre en même temps que lui et puis j'essayais de faire des sasses comme ça de décompression on va rire, j'étais là maintenant faut que tu prennes, j'arrive plus et ça la nuit il arrivait pas en fait il arrivait pas lui non plus il me dit la nuit je suis entre guillemets c'est vrai Je ne lui donnais pas l'autorisation d'allumer la lumière et de jouer avec lui. Parce que moi, mon leitmotiv, c'était « il faut qu'il dorme » . Donc je ne veux pas que tu allumes la lumière, je veux que tu m'endormes en gros comme moi l'endormirais. Donc j'étais vraiment très toquée là-dessus. Je refusais qu'il détourne son attention. Donc il me disait « tu l'éreganes » . Moi, je n'arrive pas. Donc je pleurais beaucoup. J'attendais qu'il s'endorme, qu'on s'endormait tous les deux. dans les pleurs. Et ça a été vers l'âge de ces sept mois où je me suis dit, OK, je ne vais pas bien. Ce n'est pas une vie, en fait. Il ne faut pas que ça continue comme ça. Je pense que c'était par rapport au colique pour lui ou parce que ça a duré longtemps ? Mais aujourd'hui, encore aujourd'hui, je ne saurais pas te dire. Je sais que son reflux a été traité. Oui. J'ai vu une kinésiologue parce que j'ai fait de la... J'ai vu son médecin, évidemment, un pédiatre qui m'a dit « Votre bébé va être en pleine santé, il va très bien, il évolue très bien. » Je lui ai dit « Il pleure tout le temps. » « Ce n'est pas grave. » Et en fait, je pense que j'étais focalisée, moi, sur les pleurs. Et il y avait des moments où, effectivement, il y avait des petits sas de décompression. Je ne les voyais plus. parce que j'utilisais ces petits moments pour faire autre chose. Mon ménage, qui était là depuis mille ans, mon linge dormit aussi, parfois, parce que j'avais besoin de dormir. Et du coup, j'avais l'impression que c'était dormir, pleurer, dormir, pleurer. Quand lui ne pleurait pas, il dormait. Ou quand lui ne pleurait pas, moi, je dormais. Donc, j'avais l'impression qu'il pleurait tout le temps. Samaël, depuis qu'il est né, ne s'est jamais réveillé sans pleurer. Vraiment des grosses larmes, des gros cris. Donc, j'ai été voir une kinésiologue. J'ai voulu avoir au moins... Il y a une alternative, une médecine douce pour m'apaiser moi, l'apaiser lui, et elle me dit... En fait, le sommeil, c'est un peu le nerf de la guerre chez vous. Je lui dis oui, j'ai besoin, j'ai envie de dormir. Et Samuel dort vraiment peu, il ne dort pas de la journée déjà. Donc c'est difficile. Et la nuit, il va dormir quelques heures. Et surtout, quand il va se réveiller, c'est en pleurs. Il va rester réveillé deux, trois heures en pleine nuit. Et elle me dit, en fait, mais la nuit, c'est une angoisse pour vous comme pour lui. Dormir depuis que j'ai appris, mon corps me l'interdit. Je suis en hyper-vigilance en permanence. Elle me dit, pendant des mois et des mois, vous vous êtes empêchée de dormir et maintenant, vous êtes tellement fatiguée que vous voulez dormir. Mais je transmets énormément d'angoisse à sa mère. Dès que je veux aller me reposer, j'avais tellement peur de le voir endormi, de le voir les yeux fermés, que je transmettais cette angoisse. Ah oui, d'accord. J'essayais de lui dire que c'est OK de faire dodo, c'est OK, il n'a pas besoin de se reposer. Mais tellement c'est quelque chose qui l'angoissait, le mot dodo, le mot lit, dès que je lui propose le lit, c'est une catastrophe. Ça n'est pas serein, le moment du coucher n'est pas serein. Donc il a fallu, à partir de ce moment-là, elle m'a dit qu'il fallait vraiment aider. Elle m'a dit qu'il fallait mettre en place des rituels, ce que je ne faisais pas en fait. Il faut essayer de mettre en place des rituels et de créer votre propre rythme. Puisque du coup, j'essayais juste de survivre, de manger quand je pouvais, donc à pas d'heure, de dormir quand je pouvais, donc à pas d'heure. Et elle m'a dit, autant pour vous que pour lui, il va falloir essayer d'instaurer un rythme. Et c'est bien d'écouter votre bébé, mais il faut que vous écoutiez vous, parce que ça ne va pas. Et du coup, c'était une éponge, je crois. il sentait que j'étais pas bien donc il ne pouvait pas aller bien et c'est vrai que je sentais je rentrais dans sa chambre déjà avec une bouffée j'avais envie de pleurer déjà donc enfin on était tellement fusionnels tous les deux que voilà on pouvait pas aller mieux tous les deux c'était compliqué donc au mois d'août on a été j'ai été en voyage avec lui à la Réunion c'est là où je finis et pour le mariage d'une cousine, et j'y suis allée seule. Mon mari travaillait. Et je me suis dit, je veux me prouver à moi-même, puisque j'ai demandé à des proches, à de la famille très proche de ma compagnie. Ça m'a été refusé, il n'y a pas voulu, pour des raisons encore qui ne sont pas assez suffisantes à mon goût, mais bref, c'est aucune chose. Et du coup, je suis partie seule à l'ARM. Et j'y suis arrivée. Mais ça n'a pas été simple. Onze heures de vol allé, onze heures de vol retour. avec un bébé, un porte-bébé, ma valise de 23 kilos, mon sac à langer, ma poussette, enfin, un périple. Un périple terrible. Bon, s'il fallait le refaire, je ne le ferais pas. Mais je ne sais pas, je ne sais pas comment tu as fait toute seule. Ah ouais, mais moi non plus. Parfois, je reviens, je dis à mon mari, mais j'ai vraiment dit, oui, tu as été là-bas. Et ça a été dur, mais je me suis dit, Je suis capable, en fait. Et ça a été compliqué. Il a pleuré aussi quand même beaucoup là-bas. J'étais seule. J'ai pourtant de la famille là-bas, mais personne ne m'a accueillie. Donc, j'ai pris un hôtel. J'ai pris ma voiture de location. Enfin, vraiment toute seule, quoi. On a vécu 15 jours un peu en autarcie. Je suis restée beaucoup à l'hôtel. Je n'ai pas pu faire beaucoup de visites. Ça m'a un petit peu irritée aussi parce que je me disais, mince. Si je n'avais pas eu de bébé, ce n'était pas le moment. Ou s'il avait été plus grand, ou si je n'avais pas eu de bébé. En fait, non. Si j'y suis allée, c'est parce que j'avais envie d'y aller avec lui. Mais en fait, je n'arrivais plus à profiter des moments avec lui. Pour être au calme, j'allais toujours. Pour être au calme, on sait que ça, passer des journées au lit à l'hôtel. Lui contre moi, j'ai essayé de me reconnecter avec lui. Et je suis rentrée et j'ai compris. Je me suis dit, il faut que je retourne travailler. Ça faisait longtemps que je n'avais pas retravaillé depuis que Calès était parti. Et je voyais bien que papa, lui, ne ressentait pas la même chose que moi puisque quand il partait travailler, il a des grosses semaines, il travaille 50 heures semaine. C'est très connu pour lui. Mais quand il rentre, d'avoir un bébé exténué, une maman... qui est irrité. Et lui, sur ce qu'il veut, c'est profiter. Mais lui, je voyais bien qu'il était beaucoup plus disponible. Il était fatigué, mais émotionnellement, il avait hâte de nous retrouver. Donc, je me suis dit, OK, je m'étais donné un an de rester auprès de Samaël. Et en fait, ce n'était pas fait pour moi complètement. Peut-être qu'il faut juste que je lâche un coup de prise. Et donc, il faut que je reprenne le travail. Que tu aies aussi ton maman à toi. Et en fait, je me l'interdisais. Je me disais, pour être une bonne maman, il faut être auprès de son bébé. C'est comme ça. C'est ça, en fait, être une bonne maman. Et avec du recul, je me suis dit, non, être une bonne maman, c'est être disponible émotionnellement pour pouvoir justement gérer. Parce qu'effectivement, un bébé, ce n'est pas toujours sérignant et ce n'est pas toujours... Voilà, il y a des moments plus difficiles. Mais si moi, je ne suis pas disponible, ça va être difficile à gérer. Et puis surtout aussi, quand on va travailler, qu'on se change les idées ou même qu'on sort boire un verre avec une amie et que papa prend le relais, déjà, on se sent mieux et l'enfant, il va le ressentir aussi automatiquement. Oui, tout à fait. j'ai senti la différence il a donc commencé la crèche en septembre 2022 et moi j'ai repris le travail en octobre, on s'est laissé un mois pour essayer de s'organiser dans nos quotidiens et j'ai déjà senti la différence entre temps j'ai décidé de prendre rendez-vous avec mon médecin pour lui exprimer et à quel point cette année avait été difficile et que j'avais encore du mal, j'avais beaucoup de crises d'angoisse, que j'arrivais encore pas à dormir. Et donc, mon médecin traitant a vraiment écouté mon ressenti et m'a dit « Ce que vous faites, c'est une dépression de l'aspartame. » Et je me suis dit « Mais non, je suis juste mal organisée, en fait. Je suis juste une maman qui ne sait pas faire. » Et elle m'a rassurée, elle m'a dit « si vous savez faire » . Je lui ai tenu tête et je lui ai dit « non, je suis juste nulle en fait, Samuel aurait une maman bien meilleure que moi, qui ne pleure pas. Pourquoi je pleure ? Il est là, il est en bonne santé, il est en vie, pourquoi je pleure ? » Et il m'a dit « mais la maternité, ce n'est pas tout rose, et on ne le dit peut-être pas suffisamment, il faut trouver des salles de décompression et vous n'en avez aucun. » Donc il faut juste essayer, peut-être vous, d'aller un peu équilibrer de votre côté vos énergies, avoir du temps pour vous, avoir des moments avec lui, avoir des moments en famille. Mais peut-être que passer de 8h à 8h le lendemain matin à couler à votre fils, effectivement, c'est peut-être pas pour vous, mais c'est OK en fait. tout le monde finirait barjot avec des pleurs de risée 24h24, hey, fonçonneur ! Donc, en fait, elle m'a donné plein de conseils. J'ai repris contact avec la psychologue qui m'avait suivie quand j'ai perdu ma fille. Et elle m'a dit on va reprendre un suivi jusqu'à ce que ça aille mieux, jusqu'à ce que vous sentiez que ça va. Aujourd'hui, c'est... C'est pas encore ça. Mais Samaël dort mieux. Parce que moi, peut-être pas, mais moi je dors mieux. Samaël dort mieux. Et avec papa, on a trouvé une organisation. Je gère la nuit quand même. Quand Samaël se réveille, ça arrive. Parce qu'il est à l'été et que le sang, c'est pas que nourricier. S'il y a des moments où il a besoin, j'y vais. On a mis en place des petites astuces. Samuel, il est angoissé par le lit. Donc, on a mis en place un lit Montessori au sol. Comme le lit cabane ? Oui, un petit peu. Là, lui, il n'a pas trop de cabane encore, mais il est au sol et en fait, il a juste un petit rebord qui l'empêche de rouler, de rouler jusqu'à la chambre. Et du coup, il peut se lever lui-même et aller dans la chambre. En tout cas, il ne se sent pas enfermé. il a toujours des angoisses, c'est-à-dire que quand il se réveille et qu'il voit que ni l'un ni l'autre, nous ne sommes là, il va très vite pleurer, mais à ce moment-là, on a mis un petit matelas au sol à côté de lui, et on finit notre nuit quand il se réveille sur les coups de 4h30 ou 5h, ça ne nous gêne pas, on s'est dit c'est ok, l'un ou l'autre finit notre nuit auprès de lui, jusqu'à ce qu'il sente qu'on est juste à côté, et de vivre un peu plus sereinement les prochains mois, parce qu'il a encore... petit, il n'a pas tout à fait un an et demi et il a encore besoin de nous et du coup, à tout prix le vouloir mettre dans sa chambre, à tout prix le vouloir faire dormir, ce n'est pas la bonne solution. Donc, on essaye de s'organiser. Ça, c'est comme vous le sentez vous, parce que c'est vrai que souvent, en France, on se dit « Oh, il fait déjà ses nuits. Oh, il dort dans sa chambre. Oh, il... » Alors qu'en fait, non, chaque famille a son propre fonctionnement. Et si on a envie, par exemple, d'être bien et même de le mettre dans notre lit et que tout le monde dort bien comme ça, pourquoi pas, en fait ? C'est vrai qu'en France, on est très... Voilà, il faut que l'enfant aille dans sa chambre. Alors qu'au final, certains enfants ont besoin juste aussi d'être souvent rassurés. Du coup, en fait, nous, on fait un peu un mixte. Il finit souvent la fin de nuit dans notre lit. Mais là, grâce au matelas à côté de son petit lit, c'est nous qui finissons un peu dans le sien. Mais c'est pas grave. Parce que moi, je ne suis vraiment pas du matin. C'est ça qui est difficile. Et puis, je vais travailler le matin maintenant. Donc, du coup, papa, lui, j'ai... et moi je m'occupe de toute la nuit donc voilà on a réussi à trouver ce petit équilibre il y a parfois des moments où les grosses crises me prennent assez violemment au niveau de la poitrine je recommence à avoir des crises d'angoisse et on a mis en place un peu un long code avec Marine qui me fait comprendre qu'en fait ça monte parce que je ne me rends pas compte en fait je ne me vois pas monter oui Et du coup, il prend le relais. Et quand il n'est pas là, j'essaye de faire avec Samuel une technique de diversion, de lui proposer deux choses. Toujours, tu veux qu'on fasse ci ou ça, et je lui propose toujours deux choses différentes. Ça marche bien. Et puis moi, ça me permet du coup d'être un peu moins focalisée sur ses pleurs, parce que c'est ce que j'ai fait pendant un an, d'être focalisée que sur ses pleurs. Samuel, encore aujourd'hui, Il pleure, il a toujours son refus, il est toujours encombré. Donc c'est toujours un peu douloureux pour lui. Le plomb, ce n'est pas de sa faute. Mais du coup, j'essaye de surtout prendre les moments où ça va. Parce que je les avais oubliés, en fait. Et je ne mettais plus l'accent sur les moments où ça allait. Et pourtant, il y en avait, mais je ne les voyais plus. Là, dès que ça va et qu'il a des moments où il rigole, il éclate de rire, là, c'est l'inverse. Je pleure de joie. Je me dis que je n'ai pas tout raté. Il est heureux, ce bébé. Il va très bien. Et parfois, même quand moi, je ne vais pas bien, je suis assise au bord du canapé. Il va venir prendre mon visage entre ses mains. Mais je dis à ma mère, je me dis OK, c'est bon. Je crois que je n'ai pas trop tout raté. Il devrait aller. Du coup, ça a été un an d'ambivalence compliquée. J'essaye encore de me dire que tout ce que j'ai ressenti et ce que je ressens, c'est OK. Mais ce n'est pas simple parce qu'il y a toujours cette culpabilité. J'ai un profond respect énorme pour les mananges qui n'ont pas eu encore leur bébé arc-en-ciel. Vraiment, si tel est leur souhait, je leur souhaite que ça arrive très vite. Mais c'est vrai que quand on nous dit « Tu as la chance d'avoir ton bébé arc-en-ciel, tu n'as pas à être malheureuse » , sachez qu'on aimerait ne pas l'être. En fait, c'est comme si on avait trois personnes en face de nous qui nous montraient du doigt. On a les autres mamans qui nous disent « Ton bébé est en vie, en pleine santé, nous le nôtre est décédé. » Mais en fait, on sait, puisque le nôtre aussi. On a la personne en face de nous, nos familles, nos proches, la société. Et on a nous, en fait, en face de nous. Parce qu'on se dit tous les jours, on ne devrait pas ressentir ça. Ce n'est pas normal. On ne devrait pas être malheureuse. Alors, on n'est pas malheureuse, en fait. On est juste perdus dans les sentiments. Parce qu'entre la fatigue, le fait que la maternité, ça soit difficile pour toutes. Mais il y a des postpartum qui se passent mieux que d'autres. Et ce n'est pas parce que la voisine de ton postpartum a été super géniale que le vôtre va être au lait. Je ressens. Ouais. Donc, du coup, c'est OK que ça soit dur. Et ce n'est pas parce qu'on a eu un deuil périnatal avant qu'il va forcément ne pas l'être. Et si on traverse un postpartum difficile, même après un deuil périnatal, c'est OK. Parce que je pense qu'il y a de nombreuses mamans, peut-être, Et si elles m'écoutent, j'espère qu'elles pourront trouver peut-être des solutions. Surtout, ne vous dites pas que c'est parce que vous avez perdu un bébé. avant que forcément la maternité va être une évidence après. On part toutes du même niveau, c'est-à-dire qu'être maman, je pense que ce n'est pas inné, ça s'apprend, et quand on culpabilise, c'est au-delà de nous en fait, c'est plus fort que nous, donc il faut que quelqu'un soit derrière presque pour nous dire ne culpabilise pas, ça va aller. c'est pas si simple, c'est pas un bouton on off sur le gré, on appuie et il y a un vrai travail en fait à faire dessus donc moi je un conseil aux femmes justement qui ont vécu la même chose que toi et qui sont en dépression post-partum et culpabilisent un peu après avoir eu un bébé arc-en-ciel Qu'est-ce que tu leur dirais comme conseil ? Je leur dirais déjà qu'elles ne sont pas seules. C'est sûr et certain et que ce qu'elles ressentent, c'est OK. Si je pouvais leur donner des petits conseils pour essayer d'apaiser leur quotidien, c'est d'essayer de profiter des moments d'accalmie. Parce que moi, je ne les voyais plus et pourtant, il y en avait. Et de profiter de ces petits moments avec votre bébé. Parce que chercher à tout petit d'homme, par exemple, c'est... c'est pas la solution et quand il dort ne pas essayer de faire autre chose comme le ménage ou les courses ne pas attendre qu'il dorme pour faire ça en fait c'est pas grave ça le ménage les courses c'est secondaire profiter de ses moments avec lui profiter de de moments calmes en fait où il n'y a pas de voilà parce que ça grandit trop vite mais moi je sais enfin J'avais presque le nez tellement, parce qu'on a la tête dans le guidon, on a le nez sur nos problèmes et on oublie qu'on a des enfants incroyables, extraordinaires, qui sont dotés de qualité formidable. Et Samuel, il me le montre tous les jours. En fait, c'est un petit garçon qui est plein de joie, plein d'entrain. Je parle de lui depuis tout à l'heure, comme il est un soleil. C'est ça, et en fait, c'est un rayon de soleil. Il remet vraiment de la joie au cœur dans notre vie. Et vraiment... Il m'a donné envie de recours en la vie. Donc, c'est dur, mais ça va aller. C'est dur, mais ça va passer. Les enfants grandissent et c'est ces moments-là où vous ne les rattraperez plus jamais. Donc, c'est compliqué de se dire qu'il faut profiter. Mais malgré tout, dès qu'il y a un moment de calme, il faut les prendre. Et si on veut souffler, ne pas attendre expressément qu'ils dorment. Mais par exemple, laisser à quelqu'un de confiance. Et puis, voilà, pour, oui, se reposer, c'est OK, faire une sieste ou d'aller boire un café chez une copine ou de profiter, prendre soin de soi, d'essayer de se donner des rendez-vous, en fait, avec soi-même pour pouvoir être à nouveau émotionnellement disponible pour son enfant. Et puis surtout, moi, ce que je leur dirais, c'est que c'est de bonnes mamans, même si au quotidien, elles se disent que non, c'est vraiment des bonnes mamans. Quand le sentiment de culpabilité, il est trop intense, et je sais à quel point il est difficile de s'en défaire, mais pourtant, c'est de l'amour. Parce que si on culpabilise, c'est parce qu'on aime. Oui, et qu'on veut bien la faire. Exactement. Donc, à chaque fois qu'on culpabilise, on doit se dire que c'est parce qu'on aime. Et quand il y a de l'amour, on est une bonne maman.

  • Speaker #1

    Eh bien, ce sont sur ces mots que nous achevons cet épisode. Un grand merci à toi, Gwen. Et je vous souhaite plein de bonheur à toi et ta famille. et ta petite calesse qui sera toujours là à tes côtés dans ton cœur. Chère auditrice, merci de nous avoir écoutées.

  • Speaker #2

    Et ta dame, un podcast qui vous embarque dans l'esprit et le corps des femmes, avec des témoignages poignants, des histoires immersives prenantes et des interventions de professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques concernant le corps et l'esprit. Et ta dame, chaque femme est unique et chaque parcours de vie l'est aussi. Découvrez la femme dans tous ses états. Etat d'âme, un podcast de Stéphanie Jarry.

Description

Découvrez l'histoire inspirante de Gwen, une jeune maman de 27 ans atteinte du SOPK et d'endométriose. Après 6 longues années de parcours PMA et la perte tragique de sa fille Calesse, Gwen a fait une pause dans sa quête de maternité. Mais un miracle s'est produit lors du dernier transfert de sa dernière FIV : son fils Samaël est né. Bien que Samaël apporte beaucoup de bonheur à Gwen et à sa famille, la perte de sa fille et les défis mentaux de la maternité peuvent être difficiles à gérer. Dans un prochain épisode, découvrez comment Gwen a surmonté sa dépression post-partum après sa grossesse arc-en-ciel. Une histoire de résilience et de courage à ne pas manquer. #maternité #endométriose #SOPK #PMA #miracle #dépressionpostpartum #résilience
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous êtes sur Etat d'âme. Dans l'épisode du jour, vous découvrirez Gwen, 27 ans, maman d'un bébé de 16 mois, Samael. Samael fait le bonheur de Gwen et sa famille. Mais ce n'est pas toujours évident mentalement, car Samael est arrivé après le décès de sa sœur Kalless. Ma dépression postpartum, après ma grossesse arc-en-ciel, c'est le sujet du jour. Mesdames, avant de laisser la parole à Gwen, sachez que vous n'êtes pas seules. En parler, c'est s'entraider. Car vous allez voir, chaque femme est unique, mais certains parcours s'entremêlent. Bonjour Stéphanie, je tenais d'abord à te remercier d'accueillir mon témoignage. Effectivement, je traverse une période qui n'est pas très évidente pour moi en ce moment. Et j'espère vraiment que mon récit aidera d'autres mamans à se sentir moins seules et à comprendre que les difficultés peuvent vraiment faire partie de leur parcours de maternité. Donc de se déculpabiliser par rapport à ça. On est vraiment toutes différentes et ce que tu disais est juste. Partager nos histoires, ça nous permet parfois d'accepter un petit peu plus la situation. Donc pour répondre à ta question, moi j'ai dû faire appel à la PMA après deux années de décès bébé. Avec mon mari, on s'est rencontrés il y a une dizaine d'années maintenant. Et lorsque l'envie d'avoir un enfant est survenue, on ne s'attendait vraiment pas à ne pas y arriver. Et on a essayé pendant deux ans, deux ans d'essais infructueux. Donc sur les conseils de notre famille. On a fait appel à un gynécologue privé, un gynécologue dans son cabinet. Et ça, je vais le regretter quelques temps plus tard, parce qu'on n'a pas toqué aux bonnes portes, en fait. Mais tout de même, c'est comme ça qu'on a découvert mon SOPK. Donc, c'est le syndrome des ovaires micropolycystiques qui m'a diagnostiqué à ce moment-là. Et il nous a assuré que mon conjoint n'avait aucun problème. Il avait passé trois spermogrammes et d'après lui, rien d'alarmant. Donc il m'a prescrit une stimulation ovarienne simple par comprimé en première instance. Échec. Donc au bout de six mois, on est passé aux stimulations par injection. Échec également. Donc on a entamé un parcours de deux inséminations. Et ça a été des moments très difficiles. En fait, la première année d'essai en PMA, entre guillemets, m'a vraiment mis au plus mal. J'ai pris énormément de poids. J'ai dû prendre 30 kilos en un an. J'avais beaucoup d'injections. Tout ça évidemment sous contrôle échographique, prise de sang, toutes les 48 heures, tous les deux jours, pour vérifier qu'on ne fasse pas de bêtises en termes de dosage. Je ne me sentais pas bien parce qu'il fallait aussi avoir des rapports programmés. Ça, on ne le dit pas assez, mais c'est dur. Ça met à mal le couple, la complicité, l'équilibre personnel, hormonal. C'est difficile. Donc j'ai voulu lui dire à ce médecin qu'il fallait faire des examens complémentaires, ce qu'il a refusé. Donc un an s'était écoulé et il avait déjà fait des erreurs administratives de traitement. Je me suis vue, par exemple, une fois faire trois semaines d'injection. les contrôles échographiques, les prises de sang. On se présente au laboratoire, juste pour l'échantillon de mon conjoint, et le laboratoire nous refuse l'accès à la salle de prélèvement parce que le dossier administratif n'est pas complet. Mais mon médecin ne m'en avait jamais parlé. Donc je l'appelle en lui disant que ce n'est pas normal, et il me répond que de toute manière, j'ai été stimulée, donc je n'ai qu'à avoir un rapport avec mon mari. Les inséminations, c'est du luxe, la PMA aussi. Donc à partir de ce moment-là, j'ai compris en fait. Ça faisait trois ans qu'on essayait, déception sur déception, j'ai compris que ce médecin, il ne nous aiderait pas. Donc j'ai fait appel à un centre PMA, vraiment spécialisé dans ma région. Je suis tombée sur une gynécologue un peu froide, mais très professionnelle. Donc elle m'a bien diagnostiqué mon SOPK. Mais ce n'était pas vraiment la véritable raison de mon infertilité. Elle m'a appris que je suis atteinte d'endométriose à un stade avancé. Donc j'ai dessiné chez des adhérences, un peu partout autour de l'utérus, sur les intestins, derrière le cul-de-sac de Douglas. Depuis que je suis toute petite, j'ai des douleurs. Depuis toute petite, je saigne énormément au moment de mes règles, voire plus. Mais tous les gynécologues chez lesquels je suis passée n'ont jamais diagnostiqué ça. Ils m'ont toujours dit avoir mal pendant ces règles, c'est normal. Donc, je prenais des cachets et je pleurais. J'attendais juste que ça passe. Donc là, un médecin qui me dit, il y a quelque chose, ça fait du bien. On se sent entendus. Mais ce n'est pas tout. En fait, on l'apprend enfin. Mon mari est atteint d'un OATS. Donc, c'est un mot très barbare qui veut dire oligo-asténo-thérato-zoospermine. Ça veut dire qu'il n'y a pas beaucoup de... du spermatozoïde. Et quand ils sont là, ils ont un fort taux d'atypisme. Ils sont très atypiques. Ils ont de flagelles, de têtes. Ils tournent sur place. C'est quasi impossible. Donc, j'ai pleuré énormément parce que trois ans d'essai, quoi. Trois ans où on a fait tout ça pour rien. Et ça fait mal parce que quand on essaye un an et qu'on va consulter, on se dit bon, c'est un an, c'est pas grave, on s'est laissé le temps. Trois ans, c'est long. C'est vraiment très long. Elle nous a orientés vers une five. Tout de suite, elle m'a dit, il n'y a que comme ça que vous tomberez enceinte. On va prendre le spermatozoïde parfait et puis on va le... On va faire un petit embrayon parfait. Donc, c'est grâce à la FIV que je suis tombée enceinte quatre fois. J'ai fait la première grossesse, une fausse couche très précoce. On appelle une grossesse biochimique. On a eu un taux de bêta ACG qui est très vite monté et très vite s'est effondré. La deuxième, j'ai fait une fausse couche à deux mois de grossesse. La troisième, je suis tombée enceinte de calesse. Donc, ma fille, elle s'est malheureusement envolée alors que j'étais enceinte. Je rentrais dans mon cinquième mois de grossesse. Éprouvant parce que du coup, tu as dû la coucher quand même, vu que tu étais au cinquième mois. Tout à fait. En fait, j'ai perdu les os un soir de janvier. Alors, je sentais venir. C'est ça qui me donne une rage. J'ai toujours cette colère au fond de moi. C'est parce que j'avais des saignements depuis un moment, ce qui m'a amenée à consulter les urgences de ma ville, les urgences maternités, rapidement et très régulièrement. La dernière semaine, j'y allais tous les jours. On me disait de rentrer chez moi, que les douleurs que j'avais étaient des douleurs ligamentaires, que les saignements, c'était des petits saignements, et qu'il n'y avait aucune raison de m'inquiéter. Et en fait, mon col se raccourcissait. Mais ça, je ne l'ai su que bien plus tard en réclamant mon dossier médical. Et au moment où j'allais consulter, on me disait juste, recusez-vous, ça va. Déjà, tu n'as pas à culpabiliser parce qu'en plus, c'était ta première grossesse qui arrivait déjà à plus de deux mois. Et si en plus, les professionnels de santé te rassuraient en disant, c'est des douleurs ligamentaires. Je pense que déjà, il faut enlever cette culpabilité parce que c'est censé être des professionnels et du coup, on est censé croire un petit peu leurs paroles. Donc déjà, je tenais juste à te dire ça parce que tu as dit que tu le fais culpabiliser alors que tu n'as pas du tout le culpabiliser. C'est dur de ne pas culpabiliser quand, évidemment, le bébé est dans notre ventre. Donc je me dis, qu'est-ce que j'ai fait pour... Et c'est vrai qu'en réfléchissant, je ne pouvais pas faire plus. J'ai vraiment donné mon corps et mon bébé. Je me suis totalement laissée porter par le corps médical. Et ce n'est pas comme si je n'avais même pas consulté. J'y suis allée vraiment tous les jours. Mais voilà, après, c'est... Et puis ça a été dû. Parfois, pour eux, en fait, c'est des suppositions. Quand on dit qu'on a ci, qu'on a ça, qu'on ressent ci ou ça. Pour eux, en fait, c'est... pas assez concret et du coup, on ne va pas faire d'examen en plus parce que c'est juste des suspicions. On devrait prendre un peu plus les paroles des patientes en compte. Oui, c'est ça. Parce que moi, quand je suis arrivée aux urgences, je leur ai dit j'ai des contractions. Ils m'ont dit non, vous saurez quand ce sera une contraction. Ça n'est pas une contraction. Donc, je n'ai pas eu de monitoring, je n'ai pas eu de contrôle, j'ai juste eu une échographie. Donc, il montrait que ma fille, elle est très bien, pataugée là-dedans, son cœur battait la Ausha. Enfin, voilà, votre fille, elle est en vie, tout va bien, on vous saigne, c'est le col qui saigne un peu. Voilà, c'est tout. Donc, rentrez chez vous, reposez-vous, ça va aller. Donc, moi, quand j'ai perdu les os, j'ai tout de suite compris. J'étais dans mon canapé, mon mari travaillait. Je me suis levée, je me souviens, j'ai l'image en tête. Je me lève, j'en ai plein le collant, le canapé est trempé. Mon mari rentre, il me dit « qu'est-ce qui t'arrive ? » Je lui dis « il faut aller aux urgences, j'ai perdu les os » . Donc il me dit « mais vite, vite ! » Mais je lui dis « mais ça sert à rien en fait. Pas un deux se dépêcher, ça sert à rien, c'est fini. Je le sais. » Donc on y va quand même. Voilà, je me déplace, donc je leur dis « j'ai des contractions depuis une semaine, je saigne, je viens de perdre les os dans mon canapé. » Et on me dit… Ben non, c'est pas ça. Je pense que vous avez dû vous faire pipi dessus. Donc du coup, on va vérifier ça. Après, c'était peut-être pour me rassurer aussi. Mais moi, je l'ai pris pour vous attendre. Vous ne savez pas. Voilà. Nous sommes les teintes, vous ne savez pas. Donc, ils ont eu du temps à se rendre compte parce que du coup... Alors là, avant, je ne saignais pas beaucoup. Maintenant, c'est je saigne trop. Ah bah, vous saignez. Du coup, je ne vois pas le coton virau rose, mais bon, vous saignez, donc c'est rose. Je lui dis oui. Donc, quand elle fait le test, elle revient et elle revient avec tout, en fait. Les papiers... Enfin, c'était d'une violence horrible. Elle vient avec les papiers pour l'autopsie, le test en disant... C'est positif. Vous avez perdu les os, les papiers pour dire qu'est-ce que vous avez prévu pour l'enterrement. C'est d'une violence terrible. Il n'y avait pas vraiment de tact dans l'annonce ? Non, aucune. Et puis moi, je me souviens juste d'avoir signé les papiers et je n'ai pas entendu l'annonce à ce moment-là. Vraiment, je ne l'ai pas entendue. Parce que j'étais ahurie, en fait. J'étais complètement stoïque. Mon mari non plus. Donc on me dit, on va vous passer à l'échographie quand même, parce que peut-être que c'est juste une fissure. Vous n'allez peut-être pas rompre, franchement. Donc hop, un petit peu d'espoir, et moi j'entends que ça d'ailleurs. Je n'entends que ça. J'entends, ok, on va à l'écho, on va voir. Donc je vais à l'échographie, la sage-femme n'arrive pas à faire fonctionner sa machine. Elle me dit, le gynécologue n'est pas là, moi j'ai une toute petite maternité de ville. Les gynécologues ne sont pas, il n'y a pas de gynécologue la nuit. Donc, ce sont des gynécologues de garde. Moi, j'appelle le gynécologue. Donc, il arrive encore, limite, le tablier autour du cou, je me souviens. Il me dit, bon, qu'est-ce que c'est ? J'étais en train de manger, je suis à table, on me dérange. Donc, je sens que je suis la patiente qu'il ne veut pas voir. Il met la sonde sur mon ventre et je comprends tout de suite les images qui me sont présentées. Je vois ma fille qui est toute étriquée, en fait, qui bouge énormément, je la sens énormément bouger. je vois qu'il n'y a plus de liquide autour d'elle et je comprends en fait, je comprends que là c'est pas possible je sais pas ce qu'ils vont faire parce qu'à ce moment là je demande qu'une chose c'est de la sauver, mais je comprends qu'en tout cas je vais pas pouvoir continuer ma grossesse donc le médecin avec encore le moins de tact possible se tourne vers la sage-femme Et il lui dit, vous la montez en chambre, vous la préparez pour la période orale et on s'installe pour l'accouchement. Sans un... Non, non, il ne me regarde pas, il ne... Il ne s'adresse pas à moi, en fait, il s'adresse à ses collègues en leur disant, il faut le préparer. Donc là, je comprends. Et là, je hurle. Je hurle, j'essaye de me lever, je leur dis non, que je n'accouche pas, que... Ben, je suis... Je ne peux pas, qu'elle est trop petite. Et là, il me regarde droit dans les yeux, il repose la sonde sur mon ventre, il me recouche un peu de force et il me dit « Regardez votre bébé, il est en train de mourir, on ne peut rien faire » . C'est super violent. Donc, mon mari se met à s'effondrer. Je n'ai jamais vu pleurer autant de tout mon existant. J'ai l'impression que c'est une scène de guerre. Je jure, je dis « Mais je ne comprends pas, je ne peux pas sauver là » . Il me dit non, mais je dis mais elle est en vie là, donc il y a un moment, enfin non, je ne vais pas accoucher. Donc il me dit, bon, on regarde votre col. Si votre col est fermé, je peux espérer peut-être sur quelques jours avec des antibiotiques du repos, peut-être que votre liquide se reformera. Si votre col est ouvert, c'est fini. Donc il regarde et il me dit, elle est engagée. Allez, on monte. Donc voilà, je suis montée en chambre. Je n'ai pas de souvenir de cette nuit, en fait. Ça a été long, en plus. Ça a été très, très long. Je n'ai pas eu de monito. On m'a juste installée en chambre. On n'a pas... Enfin, c'était un accouchement qui a été... Ah, j'étais à l'endroit. Ouais, en silence. Je suis montée en chambre. On m'a mise dans une toute petite pièce au bout du couloir, dans le noir. On m'a dit « reposez-vous et quand vous avez trop mal, venez me voir. » On appellera l'anesthésiste pour poser l'apéritif. J'ai vu l'anesthésiste. Elle me dit « rappelez-moi dans la nuit. » Dès que ça commence à ne plus aller, on installe l'apéritif. Et vers 3h du matin, j'ai eu des douleurs vraiment terribles. C'était très très dur. Donc j'ai dit « il faut que vous veniez, il faut mettre l'apéritif. » On m'a dit « l'anesthésiste est rentrée. » Donc, on peut vous mettre de la morphine. Donc, j'ai eu de la morphine toute la nuit. Et... Vers 13h, on m'a dit de manger un peu. Le gynéco revient et m'a dit « Vous n'avez toujours pas accouché. » Donc, non. Donc, il m'a dit « Est-ce qu'on voulait qu'on vous aide un peu ? » Je lui ai dit « Oui. » En fait, je veux que ça s'arrête. Il faut que ça se termine. Donc, ils m'ont aidée. Ils m'ont mis un peu d'ocytocine. Ça a relancé les contractions. Et à 13h55, j'ai accouché de ma petite-fille. Donc, c'est indescriptible, en fait. C'était à la fois... Je ne sais même pas comment décrire. C'était à la fois le pire jour de toute ma vie et c'est vraiment le plus beau aussi. C'était vraiment, vraiment terrible. Parce que j'ai eu le premier bébé, sinon... En fait, de la voir, ça m'a complètement bouleversée. Je crois même quand on l'a vue avec mon mari, on a dû sourire en se disant, est-ce qu'elle est belle ? Et en même temps, c'était fini. Donc la douleur du corps, tout s'est arrêté d'un coup. On a pris le temps avec elle. Ils nous l'ont préparée, on l'a prise dans les bras. Je ne saurais même pas te dire si ça a duré une minute ou trois heures. Est-ce que le temps s'arrête ? Oui, je n'ai plus la notion du temps. C'est vraiment un moment qui restera quand même gravé en moi. Ça a été un accouchement super dural. J'en suis relativement fière parce que c'était mon projet de naissance. Et je me souviendrai de son visage toute ma vie. Ça restera à jamais mon petit-mère. D'être avec elle le plus longtemps possible, c'est peut-être pour ça aussi que ton cerveau s'est arrêté au niveau temporel. Et limite encore, quand j'y repends, je me dis, j'aurais dû passer plus de temps encore. Mais voilà, j'essaye de ne pas être trop dure avec moi sur ces moments-là parce que je me dis que c'est ce que j'ai pu vivre au moment où j'ai pu vivre. Là-dessus, j'apporte vraiment, parce que c'est pour elle, pour la respecter, pour ce qu'on a vécu toutes les deux. Oui, oui. Voilà, je sais que... Ce qui a été dur, c'est de tomber sur des professionnels qui n'ont vraiment pas été tendres au début. Par contre, je remercie vraiment les sages-femmes. J'avais même une puère qui était là, alors que la pauvre, elle n'a rien pu faire. Elle était juste là pour me tenir la main. Et je le remercie pour ça. C'est des petits gestes, mais qui font énormément de bien. Parce que là, ça n'a pas été facile. Déjà, ce que tu as vécu, c'est horrible. Et si en plus, tu as des professionnels de santé qui n'ont pas de tact, c'est rajouter de la douleur à l'innovable. C'est compliqué. Après, je ne sais pas. J'ai juste essayé de survivre. J'étais en mode survie. J'ai essayé de survivre à ça. et de garder son visage. C'était mon objectif. C'était ça, garder son visage. Je ne voulais pas l'oublier, en fait. Et parce qu'on m'avait dit, est-ce que vous voulez la voir ? Parce que quand j'ai accouché, on me l'a vite emportée, en fait. Et j'ai dit, non, non, mais enfin, ramenez-la à moi. On me dit, on vous la prépare, on vous la ramène. Mais d'accord, OK, on comprend. La seule question que j'ai posée, c'est, est-ce qu'elle est belle ? Parce que j'avais peur qu'elle soit abîmée par l'accouchement. On m'a dit, mais elle est magnifique. On vous l'apporte tout de suite. Et je ne regrette pas de l'avoir eu près de moi ces moments-là. Je ne les oublierai jamais. Tous les trois, on nous a mis un peu de musique. C'était très bizarre comme moment. Et en même temps, je n'enlèverai jamais ce moment de mon esprit. Ça se voyait qu'ils n'avaient pas l'habitude en plus. Rien n'avait été mis. D'ailleurs, je l'ai vu ensuite. Ça a été des petits regrets après. Mais ça se voyait qu'ils n'avaient vraiment pas l'habitude. Parce qu'avant d'accoucher véritablement, c'est-à-dire que j'ai eu une poussée, on m'a aidée, etc. J'avais demandé une césarienne, j'étais complètement dans le déni. J'ai dit je veux une césarienne, on m'a dit non, en fait ça va rajouter une cicatrice au corps alors que vous l'aurez déjà dans votre cœur, toujours. Donc, s'il n'y a aucune raison médicale, on ne fera pas de césarienne. Aujourd'hui, je leur remercie parce que j'ai... J'ai été une maman comme une autre. J'ai accouché comme une autre. Et je regrette. C'est dur. Quand on nous dit, par exemple, je ne sais pas si on m'avait dit, vous pouvez avoir un turtage, par exemple. On m'a dit, votre bébé est à 5 mois, ce n'est pas possible. Ça fait 500 grammes à ce stade-là, c'est très grand. Elle était très grande, elle faisait presque 25 centimètres. Ce n'est pas possible. On ne peut pas faire de turtage, de césarienne. Il faut juste pousser. Donc, c'est dur à vivre. Je ne le souhaite vraiment à personne. Ennemi, c'est la nuit. Je devais revenir en arrière. Non, bah oui, ils ont fait un bon choix. Enfin, voilà. Et c'était la bonne manière. Et c'est pour ça que je te parlais de culpabilité tout à l'heure. C'est que j'avais l'impression de ne pas avoir choisi la bonne équipe, le bon hôpital. C'était une petite maternité de vie. Ils n'avaient pas l'habitude de profil. Donc, voilà, quelqu'un qui a un peu mal au ventre et qui saigne un peu, en première instance, je peux comprendre que ça ne soit pas dramatique quand on lise sur le papier. Mais j'aurais aimé qu'il cherche un petit peu plus loin, qu'il vérifie, il ne serait-ce qu'un monito, voir si les douleurs étaient vraiment des coups de jonc. Et me guider, me transférer vers un hôpital. Voilà, de plus en plus compétent, de grade. Donc, c'est ça que je remets aujourd'hui. Et puis en plus, c'est quelque chose qui est un peu difficile à accepter parce qu'avant 12 semaines, la société ne reconnaît pas ou peut nous bébé. C'est-à-dire que, pour le dire, si on fait une fausse couche avant 12 semaines, voilà. C'est pas grave, je parle un peu vulgairement. Et puis, quand on accouche après 24, et que le bébé peut être sauvé, il a une existence, il est pris en charge rapidement, dans un hôpital de haut grade, mais entre 12 et 24, qu'est-ce qu'il se passe ? C'est ça. Et moi, j'étais entre les deux, c'est-à-dire que... J'avais un bébé qui était trop grand pour faire ce qu'ils appelaient une fausse couche classique. Pas assez grand pour accoucher prématurément et pouvoir sauver le bébé. Donc, ils s'appelent une fausse couche tardive. Et c'est d'une violence terrible parce que je n'ai vraiment pas la sensation d'avoir fait de fausse couche. Vraiment. Le bébé était là, donc ce n'est même pas un embryon. Là, c'est vraiment, tu as vu ta fille, donc c'est vrai que c'est... C'est ça, je l'ai eu dans mes bras, donc pour moi j'ai accouché, je l'ai nommé, j'ai organisé. C'est assez difficile, le drame est d'autant plus percutant que pour moi, dans ma tête, je passais 12 semaines, dans 6 mois j'avais mon bébé dans mes bras. Moi j'ai mis du temps quand même avant de reprendre mon parcours PMA, il m'a fallu au moins un an en fait. Il a fallu que je fasse un travail sur moi-même. ne serait-ce que sur l'envie d'avoir un autre enfant. Parce que pour moi, c'était impensable de pouvoir retourner enceinte. Je n'arrivais même pas à imaginer la possibilité d'avoir un autre bébé. C'était ma fille, je ne pensais qu'à ma fille, jour et nuit. Je ne pensais qu'à elle, je ne vivais qu'à travers elle. Ça a vraiment été une année qui a été remplie de douleurs. Je n'ai pas d'autres mots. De pleurs, je pleurais beaucoup. Tout me paraissait insignifiant. les soucis des autres me semblaient bien qu'ils soient aussi légitimes à mes yeux ne l'étaient plus en fait, donc c'était très difficile de garder la tête hors de l'eau donc je suis rentrée en dépression mon médecin, j'ai été traité pour ça j'ai eu un suivi, j'avais la totale j'avais antidépresseur anxiolytique, somnifère parce que je ne dormais plus Et j'ai accouché juste avant le démarrage du Covid. Donc, j'ai accouché le 4 janvier 2020. Et à partir du mois de mars, on n'a parlé que du Covid. Donc, moi, le Covid, ça ne m'impactait pas, en fait. J'étais juste chez moi, en boule. Je ne pensais qu'à ma fille et on ne me parlait que du Covid. Et je me suis sentie seule. Et ça a été assez difficile, finalement, cette double... situation parce qu'on était confinés, on voyait déjà pas grand monde et moi je me suis mise dans ma bulle, dans ma sphère. Et on pouvait pas m'atteindre. Et du coup, tu pensais à qu'elle est, tu pensais à ce que vous auriez pu faire si elle était là ? Tu pensais à quoi exactement ? Ah non, j'avais qu'une envie, c'était de ne plus être là. Moi, je ne voulais plus être auprès de ma fille. Je n'avais aucun regret, entre guillemets, ce que je voulais, c'était de ne plus vivre en fait. ça ne servait à rien. Je ne pouvais pas être maman. La seule fois où j'arrive à passer le stade un peu critique des 12 semaines, ben... Ça ne marche pas, mais ça ne sert à rien de continuer. Pour moi, je ne voulais pas d'un autre enfant parce que je me suis dit que ça allait recommencer. Je ne veux pas m'en remettre. J'étais vraiment dans cet esprit-là, qui est vraiment noir. Une année noire. Au bout d'un an, déjà toutes les dates clés sont un peu passées. Mine de rien, toutes les dates difficiles étaient passées. Mon médecin était vraiment très à l'écoute. J'ai rejoint des groupes de parole. Ça m'a beaucoup aidée. Et je me suis dit, il faut que j'aide les autres mamans. C'était mon leitmotiv. Je me suis dit, si j'aide les autres, ça va m'aider moi aussi à avancer. Donc, j'ai fait partie de groupe de parole. J'en ai animé quelques-uns. Ça m'a vraiment fait du bien. Les médicaments, on a pu les ralentir. J'ai pu retrouver le sommeil. J'avais plus d'idées noires. J'avais encore des crises d'angoisse que je garde encore aujourd'hui. Mais globalement, ça allait mieux. Au bout d'un an, mon esprit s'est un peu éclairci. Du coup, j'avais un petit espace où la discussion d'un autre enfant s'est à nouveau posée. On s'est dit avec mon conjoint, il faut juste prendre la décision. Ça va mieux aujourd'hui, mais est-ce qu'on veut toujours un enfant ou pas ? En fait, c'est juste ça. Et puis je me suis dit, bon, il nous reste une fille, ce serait presque dommage de la mettre à la poubelle. Donc je me disais OK, on s'est dit OK tous les deux. Mais j'avais commencé déjà dans mon cœur et dans ma tête à préparer un éventuel deuil de la maternité. Donc quand j'ai fait cette dernière ponction, je ne me souviens même plus très bien des conditions dans lesquelles je suis passée. J'en garde vraiment peu de souvenirs. C'est un peu comme si mon cerveau s'était protégé, en fait. Oui, on pouvait y aller, mais sans y aller, quoi. C'était complètement... Complètement. Je ne vivais pas le moment présent. Je me suis laissée porter. Je n'étais pas du tout actrice de mon parcours. Je me suis laissée faire. Et finalement, ça m'a peut-être un peu aidée. Parce qu'au fond de moi, je savais comme ça que... La déception, s'il y allait en avoir une, parce que j'étais dans ce schéma de déception sur déception, elle allait être un peu moins présente. Je me disais, j'y vais, si ça marche. Déjà, je ne me disais même pas que ça allait marcher. Je me disais, on fait la dernière, on se débarasse. Ce n'est pas grave, je pourrais vraiment entamer ma reconstruction à travers autre chose. Et puis en plus, durant cette période-là, j'ai perdu ma grand-mère. Donc voilà, mon esprit était vraiment focalisé sur autre chose. J'aidais beaucoup ma maman. Elle était dépassée aussi par les événements. Elle était dans une tristesse infinie. Donc moi, je n'avais pas le droit d'être triste. Je devais être celle qui console, qui soutient. Donc voilà, j'ai presque vécu ça comme une invitée. J'étais à côté, on me demandait « tu vas au rendez-vous ? » Ok, j'y allais, je me pointais juste au rendez-vous, je faisais les trucs. clé, mais je n'y mettais pas le cœur en tout cas. Et parce que tu ne croyais plus du coup au fond de toi ? Oui, totalement. On s'était mis d'accord, on fait la dernière five, mais moi j'avais déjà fait un bon bout de chemin mental. Au fond de mon cœur, je me disais, ben voilà, ce n'est pas grave. Et en fait, durant ce dernier transfert, j'ai fait ce qu'on appelle une hyperstimulation. J'ai été hospitalisée une quinzaine de jours, en fait, parce que j'étais au bord de l'embolie pulmonaire. J'ai du liquide des ovaires qui est remonté au niveau de l'acide, qui est remonté au niveau de mon abdomen et qui a commencé à envahir mon ventre et autour de mes organes vitaux. Donc, j'ai été hospitalisée et en fait, mon conjoint a eu très peur. Très, très peur. Moi aussi, j'ai vraiment eu très peur. Et c'est à partir... C'est ce jour-là, en fait, qui a marqué vraiment le fait que mon envie irrépressible d'avoir un enfant, je l'ai laissé derrière moi. Je me suis dit, je ne peux pas mettre ma santé en danger pour faire un enfant. Ce n'est pas possible. Donc, j'étais beaucoup plus apaisée dans ma tête. Je suis sortie de l'hôpital et dans mon cœur, je me suis dit OK. qu'Alaise sera notre unique et seule enfant. Et c'est OK. Je suis OK avec ça. J'étais prête, en fait, au bout de tant d'années de combats, de déceptions, de douleurs. baisser les armes. Je m'attendais aux tests négatifs. Je me suis dit ça ne va pas m'attrister. J'étais prête à cette idée. Et puis, incroyable, mais bref. Contre toute attente, je suis tombée enceinte. C'est quand on n'y croit plus que là. Oui. Et pourtant, je déteste cette phrase. J'aime pas quand on me dit tu ne penseras plus, ça va marcher. Mais en fait... Il y a ça, il y a plein de choses. La gynécologue a été très compréhensive et m'a dit qu'on va pousser quand même les examens un peu plus loin. Toutes les analyses au revenu de la grossesse de ma fille sont revenues négatives. J'avais une infection, mais ça, je saignais depuis un moment. Pas de pathologie particulière, elle était parfaite en tout point. Ce qui a été aussi dur à accepter, puisque pas de raison, forcément. à son départ, mais elle m'a dit on va vérifier qu'il n'y a pas une béance de col, donc j'ai eu quand même une hystéroscopie, j'ai eu une biopsie pour vérifier que je n'avais pas quelque chose au niveau de l'endomètre, et j'ai fait un examen qu'on appelle la matrice lab, et qui m'a permis de voir que j'avais une hyperactivité au niveau de l'endomètre, donc j'ai été mise quand même sous traitement sur cette dernière fibre, on avait mis vraiment toutes les chances de notre côté. J'avais des sous-traitements, j'avais des corticoïdes, j'ai eu de la progestérone, j'ai eu beaucoup de choses en fait. Elle a vraiment tout tenté. C'était la dernière five de l'espoir, on a vraiment tout mis, toutes les chances de notre côté. J'avais à la fois décroché un peu de cette envie répressible, j'avais peut-être lâché certaines tensions dans mon corps, c'est vrai. Mais c'est vrai que la gynécologue a été incroyable et a vraiment poussé. Elle m'a dit, on fait tous les examens qui soient possibles et inimaginables. On aura tout essayé. D'ailleurs, quand j'ai été hospitalisée pour mon hyperstimulation, les pompiers m'ont emmenée à l'hôpital où j'ai appelé ma fille. Je ne voulais plus mettre les pieds. J'ai supplié les pompiers de ne pas m'y emmener. On m'a dit, on n'a pas le choix. Et arrivé à l'hôpital, je suis tombée sur une urgentiste qui m'a dit, je comprends, j'appelle. Donc, elle a appelé ma gynécologue, le centre PMA. Et tout de suite, ils m'ont dit, vous nous la ramenez. J'ai été transférée à la clinique et c'était à la clinique qu'ils se sont occupés de moi. J'étais en déchocage et tout de suite, l'ambulance m'a emmenée en service de soins à la clinique. Ça s'est très bien passé. Vraiment, quand je dis que je leur dois beaucoup, je mettrais vraiment ma vie entre leurs mains. J'étais dans une ambivalence en permanent, du début à la fin de la grossesse. Je m'interdisais d'y croire. En me disant chaque semaine, la grossesse va s'arrêter. Et en même temps, je me suis mis en mode louvre. Je ne voulais absolument pas revivre ce que j'avais vécu. Donc j'ai décidé de ne plus bouger. À partir de la troisième semaine de grossesse à peu près, je dirais, donc autant dire dès le début, je ne me levais plus. Je me suis alitée, mais vraiment. Je ne me levais plus, ni pour manger, ni pour m'habiller. Vraiment, je me levais juste pour... pour prendre ma douche et aller faire pipi. C'était vraiment mon courant qui s'occupait de moi. Donc, il a vraiment été présent aux petits soins. Du coup, tu avais déjà cause de col sur raccourci ? Oui, tout à fait. J'avais peur, en fait, que ça recommence, que mon col sur raccourci se réouvre, que je perde les os. Donc, je me suis dit, je vais en faire le moins possible. J'étais arrêtée, je ne travaillais pas. Je me suis alitée. Je me suis dit, là, s'il arrête quelque chose, C'est vraiment pas de ma faute. En fait, c'était ça. Donc, ça a été quand même une grossesse très angoissante. J'ai eu des saignements encore. Donc, ça m'a fait revivre. À chaque fois que je saignais, je repensais. C'était en grossesse, les saignements. Dès la troisième semaine, j'ai commencé à avoir des petits saignements. Et ils se sont vraiment... Ils se sont intensifiés, je saignais, on va dire entre guillemets, un bon coup, une fois par semaine. À chaque fois que j'allais aux urgences, on me disait, cette fois-ci, rien, tout va bien. On regardait le cas, tu l'as vu, il battait bien, donc on lui était bien fermé. Et en fait, on s'est rendu compte au bout de la huitième semaine, enfin, que je faisais un hématome. Donc c'était un hématome que j'ai expulsé progressivement. Il se vidait, donc en fait, ça allait vers la bonne voie. pour moi les saignements, c'était des très gros saignements, ça m'a complètement, je me suis vu encore un dimanche soir. J'appelle mon conjoint, je lui dis, allez hop, on va à la maternité. Pourquoi ? Moi, je fais une fausse couche. Hop, voilà, on peut monter dans la voiture. C'était... Je n'y croyais pas. Pour moi, chaque nouveau symptôme un peu dramatique, comme un gros saignement, vraiment beaucoup de sang, c'était la fin de la grossesse. Eh ben non, il s'accrochait, le petit père. Donc, non, c'était un hématome. Et ça s'est arrêté. J'ai dû arrêter d'avoir mes saignements à la douzième semaine. Première échographie, enfin première. J'en avais eu des échographies, mais en tout cas, l'échographie officielle du premier trimestre et plus de saignements. Alors oui, j'ai été mis à réflexe dans la clinique avec laquelle j'avais eu toute mon histoire. Et elles étaient peu inquiètes. Là, bizarrement, elles m'ont dit, vous savez, l'infoderm ne tombe jamais deux fois au même endroit. Je n'étais pas du tout à l'aise avec cette idée. Vraiment, je voyais, mine de rien, on est sur les réseaux sociaux, on voit des témoignages. Moi, je voyais des mamans à qui c'était arrivé deux, trois fois. Je disais, je ne le ferai pas, je ne. Donc, c'est que ça existe, donc je ne peux pas. Et donc, j'ai été directement au CHU de la même ville, où on m'a dit, la clinique très gentille m'a dit, si vous souhaitez un deuxième avis, n'hésitez pas. allez-y, ils vous diront peut-être la même chose que nous, mais en tout cas, vous êtes libre, il n'y a aucun problème. Ça, c'est bien. Donc, on a été voir ce CHU et je suis tombée sur une personne qui était vraiment bien, un gynécologue vraiment très gentil, qui m'a dit, moi, je vais vous prendre dès aujourd'hui. Donc, j'étais enceinte de 12 semaines. Et elle me dit, on fait une échographie toutes les semaines. Exactement. Donc, elle me dit, de 12 semaines à la 24e semaine, donc à une échographie par semaine. et si on voit que votre col raccourci, on n'attend pas, on cercle. Oui. Donc moi, je voulais un cerclage d'avance. On m'a dit non, ça, on ne le fait pas parce que pour l'instant, il n'y a aucune raison qui nous indique que votre col va se réouvrir. Donc j'avais très peur. J'étais angoissée, en fait. C'était une grossesse très angoissante, mais on ne pouvait pas faire plus. Elle m'a dit, je vous vois toutes les semaines, on ne peut pas faire mieux que ça. Donc j'étais très... Très rassurée de la voir à chaque semaine, de voir un gynécologue, de revoir mon bébé en pleine visanté, voir que mon cône ne bougeait pas. Je vous ai noté tout ce qui s'était passé pendant la semaine éventuelle et puis après pouvoir en parler. C'est ça, exactement. Donc j'avais... puis j'étais une gynécologue, c'était un médecin qui me voyait toutes les semaines. Et voilà, on a vraiment créé un lien. Elle savait en fait, elle m'a dit... Je sais que je vais faire partie de votre vie pendant 9 mois. Je sais qu'on ne se verra plus après, mais je vais garder un petit souvenir particulier. Je dis, mais moi, je vais vous restaurer à tout jamais. C'est vraiment dans mon esprit et dans mon cœur. Parce que j'ai vraiment... Toutes les semaines, c'est pire que d'aller boire le café chez une copine. Tout le monde me connaissait comme le long blanc dans les locaux. Donc, ça m'a fait du bien. J'avais vraiment... On va dire que j'ai une nouvelle petite sérénité qui s'est installée à partir du moment où j'ai passé le terme fatidique où j'ai perdu le calais. Et j'avais tellement peur aussi que ça recommence. J'avais peur de me faire hospitaliser. Finalement, j'en faisais le moins possible. Je restais à la maison et je me disais chaque semaine de plus, c'est une semaine de gagné. Et le CHU est tellement, tellement doué. la gynécologue avait été adorable, elle m'avait dit là, si votre fils naît maintenant, finger in the nose, moi je vous le sauve. Rien que des cheveux. Elle savait très bien qu'elle m'a dit si votre col ne s'est pas ouvert maintenant, alors que votre bébé fait le même poids que sa soeur, etc. Il n'y a pas de raison. Ils se sauvent après. Donc déjà, je me suis dit, ok, je vais pouvoir commencer à souffler un petit peu. Est-ce que tu avais... préparer la chambre où justement tu n'osais pas encore. Alors ça a été un petit peu difficile. Les achats, aucun. Je n'ai pas réussi. J'ai commencé à acheter quelques meubles. J'avais gardé plein de choses de Calais et mon mari ne parle pas beaucoup mais il fait des gestes forts. Je m'en suis rendue compte enceinte de Samael où j'ai voulu récupérer des choses comme la poussette. comme sa chambre et en fait, il s'en était débarrassé. J'avais tout mis de côté et il s'en était débarrassé. Donc, passé les 24 semaines, j'ai quand même acheté la chambre. Je me suis dit, au moins, j'avais peur aussi qu'il naisse. Donc, je me suis dit, qu'il naisse, il faut qu'il ait quelque chose. J'avais mon petit syndrome d'humidification. Je pensais... Donc... C'est pas prêt, Foucault. C'est ça. Donc, si j'ai commencé un petit peu... Un petit peu, oui. Dès qu'on m'a dit, si vous accouchez, on prendra votre pépé en charge. Donc, j'ai commencé doucement à faire la chambre. J'ai acheté la poussette. Mais tout ce qui est vêtements, etc., je pense que tout n'était pas prêt, même quand j'ai accouché. Même que j'ai juste... ... J'ai juste eu une grosse angoisse parce qu'effectivement, les contractions sont revenues. Peut-être, oui, j'étais enceinte de 26 semaines, 27 semaines. J'ai commencé à avoir à nouveau des contractions. Ils m'ont passé du monde, mais vraiment des contractions. Et là, je savais maintenant à quoi m'attendre. Je les reconnaissais bien. Et ils ont tout de suite été très, très actifs parce qu'effectivement, j'ai été hospitalisée. On a réussi à stopper les contractions. Et finalement, j'ai dû être hospitalisée à partir de la 31e semaine pour avoir l'injection de Célestine pour la maturation des poumons de Samaël. Parce que les contractions ne s'arrêtaient pas. Donc, en fait, on s'attendait. J'allais donc à l'hôpital et on me disait, bon, c'est pas cette semaine. Ah, la semaine prochaine. Mais mon col s'ouvrait. Donc, j'ai fini ma grossesse avec un col ouvert. Mais des contractions tous les jours, Tu te rappelles, ton col était ouvert à combien ? J'étais à 2 cm. Ah oui, d'accord. C'était à 2 cm, ce qui n'est vraiment pas dramatique en soi. Mais à ce moment-là, on m'a dit que mon col était ouvert. Je me suis dit que c'était parti, je vais accoucher. Et en fait, non, il a resté ouvert à 2 cm jusqu'à l'accouchement. J'avais des contractions toutes les nuits. Ça a été assez difficile parce que j'étais fatiguée, je ne dormais plus. J'avais qu'une hâte. c'est qu'il naisse sans pète. Donc, j'étais dans l'ambivalence, j'avais tellement peur qu'il naisse trop tôt et j'avais tellement hâte qu'il naisse tout court. Donc, c'était très, très dur et je pense que je somatisais aussi beaucoup parce que j'étais tellement crispée, je me suis fait initiatique, j'étais bloquée toute du côté gauche. Ah oui ? Je ne dormais plus, j'étais tellement tendue que je contractais, mais je me faisais contracter. Tu t'es dit, bon ben... sur 10, au moins je suis à 2, c'est déjà ça au moins. Pour le jour où... Mais pas du tout, je me disais... Non, pas du tout, je me disais même pas ça. Tous les jours, je me disais, c'est pas aujourd'hui, on est allé à la maternité, je disais à mon mari, c'est aujourd'hui, il faut y aller. Il me disait, mais non, effectivement, non, ce n'était pas le cas. Et d'ailleurs, le jour où j'ai décidé d'y aller vraiment, ça a été aux injections, etc. et on m'a dit si vous voulez accoucher enfin si vous venez tous les jours vous avez des contractions on dirait que vous avez envie d'accoucher en fait mais il faut vous laisser le temps une grossesse ça dure 9 mois ça dure pas mais ça dure pas à 7 ça dure pas à 9 mois il faut vous laisser le temps et en fait j'ai eu justement là j'ai eu un psychologue parce que je ne voulais plus d'aller à l'hôpital et c'est normal non Oui, et donc on m'a dit, voilà, vous avez été sous traitement, vous avez l'injection, maintenant quand vous rentrez chez vous, s'il y a quelque chose, on n'arrêtera plus les contractions. Et j'ai dit, mais moi, je ne veux pas repartir de l'hôpital, je suis comme à une heure de condomicile et s'il y a quelque chose, je ne veux pas être pris dans la voiture. Je me souviens d'avoir dit ça. On m'a dit, est-ce que vous avez eu un suivi psychologique ? Et je lui ai dit, ben oui, pas depuis, ben qu'on cesse. Et donc, ils m'ont proposé un. parce que j'ai accepté. Et donc, je pensais vraiment livrer les angoisses de ma grossesse actuelle. Et en fait, j'ai déposé toutes mes angoisses de la grossesse précédente. Tout ce que je n'avais pas déposé sur la table, j'ai tout déballé, je me suis mise à pleurer, je n'ai pas compris. Ils m'ont dit, mais de quoi est-ce que vous avez peur ? Vous avez peur d'accoucher ? Vous avez peur de perdre ce bébé ? Vous avez peur de... De quoi vous avez peur ? parce qu'en fait j'avais peur mais j'étais incapable de dire de quoi j'avais peur mais en fait c'est un petit peu ce qui s'était passé c'est ça exactement et en fait on met les mots et il me dit vous voulez accoucher rapidement et je lui dis mais non mais en fait je veux juste un bébé en vie au bout donc chaque minute de plus dans mon ventre je me disais s'il part maintenant mais il aurait peut-être été mieux dehors enfin je J'avais vraiment cette hâte. J'étais pressée qu'il arrive. Et on m'a dit, le psychologue à ce moment-là m'a clairement exprimé le fait que j'étais dans ma tête déjà en train de prévoir son décès. Il me dit, vous êtes en train de vous dire que cette grossesse-là va finir de la même manière que votre grossesse précédente, mais ça n'est pas la même grossesse, ça n'est pas la même chose, vous n'êtes pas au même terme. Et du coup, il a fallu vraiment qu'il... qui me rassure en me disant si votre bébé naît maintenant, j'avais passé les 32 semaines, ça va aller. Chaque semaine de plus est une semaine de gagné, dites-vous que ça va aller. Donc je suis rentrée, j'ai fini par laisser l'hôpital tranquille et je suis rentrée finir ma grossesse à la maison. Et j'ai accouché à 37 semaines plus 2 d'aménorrhée. Donc le bébé n'était plus prématuré. Et comment s'est passé l'accouchement du coup ? L'accouchement a été très long. C'était encore une nuit où j'avais beaucoup de contractions, où je n'en pouvais plus. Ce n'était pas une nuit plus difficile qu'une autre, mais j'avais décidé, 37 semaines étaient passées, on avait normalement un déclenchement qui était prévu la semaine d'après, sur accord de ma gynécologue. Parce qu'en fait, le terme coïncidait, c'est-à-dire que le terme de Samaël était prévu le jour de la naissance de Calais. Ah oui, donc très... Oui, coïncidence particulière. J'ai pris ça comme un signe, mais ce n'était pas du tout envisageable pour moi. Il me partageait mon cœur entre ces deux dates, ce n'était pas possible. Donc là, la gynécologue a été très compréhensive et m'a dit, vous aurez votre bébé pour Noël. Voilà, vous aurez le... au moins chaque enfant aura sa date. C'est vrai que c'est assez perturbant quand même. Oui, totalement. Quand on m'a annoncé ça, j'avais dit mais je ne peux pas accoucher ce jour-là, ce n'est pas possible, je ne vais pas y arriver. Je ne me jure pas. C'est comme si c'était un peu une réincarnation. Oui, c'était très... Le déclenchement était programmé et en même temps, je n'avais pas bien envie d'être déclenchée. Donc... J'ai profité d'une nuit où les contractions étaient très douloureuses, où j'ai donc demandé d'aller à la maternité pour contrôler. Et les filles m'ont dit, encore vous madame, n'inquiétez pas, on va voir si c'est vraiment ça. Donc monitore, oui, j'avais bien des contractions. Et on m'a dit, allez marcher un petit peu, revenez. Mon col était toujours ouvert à deux. Et j'ai dû faire deux heures et demie, voire trois heures de marche. J'ai fait le tour de la maternité en large et en travers. Et en revenant, j'ai dû arriver à la maternité vers 1h du matin le dimanche, vers 6h. Donc elle avait bougé d'un centimètre. On me considérait officiellement en travail. Donc il a été long cet accouchement. D'où l'heure où la péridurale n'a pas fonctionné totalement. Elle a fonctionné que d'un côté. J'ai mis 36 heures à accoucher. Et là, ça a fini avec une ventouse. On était au bord de la césarienne. J'ai accouché le mardi matin à 5h. 5h28. Donc c'était long, très long. Très très long. Oui. Mais heureusement que ça s'est bien passé, que tu as pu avoir pas mal dans les bras. Et Azmi, tu as ressenti quoi du coup ? Alors, la naissance a été très particulière. J'ai poussé pendant trois quarts d'heure, donc j'étais épuisée. Et en fait, quand il est sorti, la première réaction, je me souviens, c'est « Oh, waouh, il est grand ! » Parce que tout de suite, j'ai fait le comparatif avec sa sœur et je me suis dit « Oh, il était dans mon ventre ! » J'ai été impressionnée en fait. J'ai été submergée de « Oh, waouh, c'est moi qui fais ça ! » Et quand ils l'ont posé sur mon ventre, l'angoisse est revenue. Ah mais comment ? endorphine down en mémoire, il ne pleurait pas. Ah oui, d'accord. Donc, je le frottais, elle le frottait, elle me disait toutes les huiles sur le visage, il a un petit peu de mal à atterrir, il a vu un peu de liquide, donc je lui... J'étais toute tremblante, je soufflais sur son visage. Je lui disais, allez bébé, respire. Mon mari me regarde avec des yeux. Il ne respire pas, il ne pleure pas, c'est normal. Qu'est-ce qu'il faut qu'on fasse ? On vous le prend tout de suite, on vous le ramène. Hop, il me l'embarque. Non, enfin, je me suis sentie tellement... Et pareil, le temps s'est arrêté. Je ne sais pas combien de temps ils me l'ont pris. Mon mari m'a dit que ça a duré une minute. Ils l'ont aspiré. Il est revenu, il a pleuré. Ça a été un tout petit « euh, euh » . Je suis là, maman, bonjour. Il me regarde avec des grands yeux, je me suis mis à pleurer, je me suis dit « ok, c'est bon » . Mais c'était parce qu'il n'arrivait pas à respirer. Il avait bu un peu de liquide, en fait. Il avait bu un peu la tasse, il avait du mal à cracher, il était encombré, en fait. D'accord. Ça allait, il était rose, il était beau, il respirait. En fait, j'avais tellement l'envie d'un bébé qu'on pose et qui… et qui crient, qui crient, personne que, ben, un bébé qui ne pleure pas, moi, c'est tout de suite, j'ai mon cerveau, voilà, qui réagit et qui dit, il doit pleurer. C'est, il faut l'éprouver. Oui, à part, c'est pas obligatoire que les bébés pleurent à la naissance. Oui, ben, je l'ai appris aussi, du coup, parce qu'effectivement, il n'a pas beaucoup pleuré ensuite, il a vraiment juste fait un petit bruit et puis, ben, il respire, il n'a pas du tout pleuré, du coup. On m'a dit, non, ne vous inquiétez pas, c'est normal. D'accord. Ah oui, donc ils t'ont assurée tout de suite, en fait. Voilà, tout de suite. Et elle est restée dans mes bras. Et c'est très bien. Moi, j'avais cette image d'un bébé qui pleure et que s'il ne pleure pas, dans les films à l'ancienne, il tapotait sur la flèche. C'est ça. Oui, c'est ça. Et du coup, je m'attendais aussi à ça. Donc, ça a été difficile. Après, il allait bien. Il a juste été un peu aspiré. Mais il n'y a pas... Il allait bien, en fait. C'était plus pour me rassurer. Ils sont venus et m'ont posé. Il n'a pas beaucoup plus pleuré. Ils m'ont dit qu'il avait bu un peu la tasse. Il respire, votre bébé. Regardez, tout va bien. Là, ça a dû être le grand soulagement pour toi et ton mari. En fait, on s'est regardé. Moi, je n'y croyais pas. J'étais là, sur moi. Je n'y croyais pas. J'ai eu comme un... de soulagement mais c'était comme si j'étais dans un film je ne réalisais pas le fait qu'il était là il me regardait, il me touchait je ne faisais que ça, le toucher l'embrasser, je me dis c'est lui on le fait réaliser madame je réalise pas en fait je n'arrive pas à réaliser ce qu'il est là donc ça a été un peu Ça a été quelques heures. Il a fallu quelques heures pour que je me fasse à l'idée que ce que je vivais était vraiment en train de se passer. Ce n'était pas un film, ce n'est pas un rêve. C'est la vérité. Ça a été fort, oui. Et après tout ça, comment tu t'es sentie mentalement le retour à la maison ? Est-ce que tu as pensé un petit peu aussi à Calais ? Alors, le retour à la maison, déjà, pendant la couffron, ça a été assez compliqué. Déjà, je pensais déjà à elle. J'essayais le temps de ne pas y penser, mais je pensais à elle. Il y a des moments un peu clés auxquels j'ai pensé. Quand tu me perçais la poche des os, notamment, j'ai reconnu tout de suite la sensation. Ça a été, vu que c'est ce qui m'avait marquée, en fait, dans la perte de ma fille, c'était vraiment ce moment. où j'ai perdu les os, mais là c'est exactement la même sensation, ça m'a complètement perturbée et je m'étais promis de dire non, je ne penserai pas ça a une sens, mais il y a des moments comme ça qui sont revenus quand la perfusion aussi de la péridurale n'a pas fonctionné et que d'un côté j'ai senti cette douleur un peu ce cercle de feu où vraiment je hurlais tellement ça me brûlait où j'avais cette envie irrépressible de pousser et J'ai ressenti tout de suite les mêmes sensations. C'était vraiment la même intensité, la même douleur. C'était la même chose. C'est pour ça que j'ai demandé à l'anesthésiste de revenir, remettre de la perdurale, ça ne fonctionne pas. Je pense que mon psychique avait pris aussi beaucoup de part dans la douleur. Et en fait, il m'a mis tellement de doses d'anesthésiant que je n'ai plus du tout senti mon corps. Je n'avais plus du tout de sensation. Mais qu'importe en fait, je voyais la... l'accouchement comme un outil, je me voyais comme un objet, c'est terrible, mais je me suis désolidarisée de mon corps en me disant, je veux un bébé en bonne santé et en vie à la fin, donc faites trop de moi, je ne suis plus actrice, je suis juste... En fait, il n'y a qu'à en pousser par rapport au ring. Donc j'ai regretté parce que j'étais très loin de l'accouchement physiologique, dans le week-end, je m'étais vraiment préparée pour l'accouchement de ma fille, et en même temps, j'étais prête à... tout pour Samuel. Je m'étais dit une césarienne, je sens plus mon corps péridural, c'est pas grave. Tant que je n'avais pas le même objectif santé. Oui. Donc, je regrette oui et non. Je n'ai pas mal vécu mon accouchement, bien qu'il y ait eu une ventouse, etc. Mais c'est sûr, dans l'idéal, vivre différemment. Mais j'avais tellement cet objectif d'un bébé. C'était mon objectif. Peu importe ce que je traversais, peu importe ce que je vivais, peu importe les douleurs, ce n'était pas grave. Donc, du coup, c'est vrai que ça a laissé des stigmates quand même, mine de rien. C'est sûr que... Je ne suis pas repartie avec un nouveau projet, tout plein d'entrailles, en me disant, allez, on va coucher dans la baignoire, tout va bien. Non, en fait, j'ai voulu surprotéger Samuel en me disant, vous hyper médicalisez tout, qu'il arrive quoi que ce soit. Du coup, je me suis complètement laissée porter. Du coup, l'arrivée à la maison a été un peu dans le même esprit. quand je suis déjà à la maternité. Parce que les premiers jours aussi, on peut dire que quand tu es à la maternité, ce n'est pas facile. On n'a pas l'habitude. Un bébé, on doit apprendre à s'en occuper. Moi, je me suis dit, OK, j'ai en charge un petit être. J'en ai la responsabilité complète, 24-24, et à la fin de la journée, je ne le rends pas en fait. Il est quand même bien. Donc à la maternité, ça m'a écloré déjà beaucoup, énormément. Et j'avais décidé d'allaiter. Et pendant six années, je me suis préparée à allaiter. Je ne voulais pas ne pas allaiter en fait. Donc ça a été dans la douleur parce que ça me faisait mal. Les auxiliaires, c'était en CHU, donc il y avait beaucoup de mamans. Elles avaient peu de temps et je comprenais. Mais du coup, elles n'étaient pas non plus si bien formées à l'allaitement. Elles n'arrivaient pas à m'aider, en fait. Donc, le bébé n'était pas très bien positionné au sein. Samuel t'était tellement à la demande, c'est-à-dire qu'il était 24-24 au sein, et quand il n'était pas, il pleurait. Donc, j'ai eu un niveau de fatigue tellement intense, tellement... Oui, je ne m'étais pas préparée à ne pas dormir, en fait. Est-ce qu'ils t'ont recommandé, par exemple, des bouts de seins, de la lanoline ? On m'a vraiment laissée moi et moi. Donc, non, non, j'ai... J'ai eu des crevasses tout de suite, parce qu'il était vraiment au 124-124, donc c'était... Et puis, j'avais de la lanoline que j'avais prévue dans ma petite trousse de maternité, mais bon, ça ne suffisait pas. J'avais vraiment les mamans en sang, c'était compliqué. Et j'ai fait ce que... que j'ai découvert avec joie. Je faisais de l'hyper... Je ne sais plus comment on appelle ça. L'hyper-vigilance maternelle. Ah oui. D'accord. Donc en fait, dès que je fermais les yeux, dès que mon corps s'effondrait de fatigue, je... Un petit bruit. Une minute trente, même pas. Mais même pas. Il n'y avait même pas besoin de bruit. En fait, mon corps refusait de s'endormir. Je ne pouvais pas m'endormir. Donc je me réveillais. En quatre jours, j'ai dû dormir. Je me suis vu dormir une heure et demie. Et tout le monde me disait, mais tu dois dormir quand il dort. Je ne pouvais pas. J'essayais de l'admire. C'est insupportable. La phrase qu'on dit aux mamans, dormez quand le bébé dort. Mais je sais que je regardais le bébé dormir. Oui, moi aussi, beaucoup, beaucoup. Et c'était vraiment difficile parce que je me réveillais en sueur, je me réveillais en panique. Et je disais à mon mari, j'ai dormi combien de temps ? Il me disait, bah, deux minutes. Donc il me dit, endors-toi, je gère. Mais je n'y arrivais pas. Je suis rentrée à la maison avec... Déjà, je suis restée longtemps à l'hôpital. J'ai accouché donc dimanche... Non, j'ai été hospitalisée dimanche soir. J'ai accouché mardi matin. Et je suis sortie samedi midi. pour tout mon séjour à l'internité a duré six jours. Et c'était long, très long. Et on ne voulait qu'une chose, c'était de rentrer pour pouvoir justement retrouver un peu notre maison, nos habitudes, nos odeurs. Puisque les auxiliaires n'étaient pas très disponibles, je m'étais dit à la maison, il faudrait massage fan. Donc, j'avais très hâte de rentrer. Et Sabelle ne prenait pas beaucoup de soin. Ma montée de l'aime du temps à se mettre en place. Donc, c'est ça qui a retardé un peu mon... C'est vrai qu'il ne laisse pas partir tant que le petit n'a pas repris assez de poids. C'est ça. Et en fait, j'ai été un peu dans le même état d'esprit à la maison. Samuel pleurait beaucoup. J'ai essayé d'allaiter. J'ai fini par tirer mon lait. On lui donnait toutes les quatre heures. Mon mari a essayé de prendre le relais, mais j'étais la tête dans le guidon. Je peux le dire avec du recul, je ne pense pas que je pensais à ma fille. Je n'y arrivais pas, j'étais trop fatiguée. Déjà, les premiers sentiments ambivalents sont arrivés à ce moment-là. Je me suis dit, pourquoi ? Pourquoi j'ai fait ça ? Je n'y arrive pas. Je me suis sentie incapable, en fait. Je me disais, je n'y arrive pas. Je ne dois pas être faite pour ça. pas une bonne maman. Dès les premiers jours, en fait. Ça a pris de la place. La fatigue m'a fait complètement délivrée, vraiment, vu que je dormais bu. J'avais plus la notion. Mon esprit était plus clair, en fait. Je me disais, mais pourquoi j'ai fait ça ? J'avais envie de déposer tout, mais un bagage enfant, là, et partir déjà loin, très très loin en fait. Je pense que ça a beaucoup de femmes avec la fatigue, le fait d'accueillir un nouveau bébé, c'est la première fois, quand il pleure, on ne sait pas exactement pourquoi, est-ce qu'on a fait quelque chose de mal, est-ce qu'il faut faire comme ci, comme ça, est-ce que... Ouais. Oui, en fait, j'apprenais aussi, j'avais une machine d'hormones, j'avais les premiers jours, c'est difficile. On avait beau me préparer, on avait beau me dire, tu vas voir, ça va être faux, ça va être hardcore. Mais on a beau être préparé, moi, je me suis vraiment fait percuter. J'ai pris ça en pleine poire. Je me disais, justement, j'avais cette image. de la maternité rêvée, je m'étais dit, je vais rentrer à la maison, mais ça va être un bonheur incommensurable. Oui, je ne vais pas dormir, mais qu'est-ce que c'est de se lever tôt le matin ? C'est pas grave, si il pleure la nuit. Je suis à côté en peau-dodo. Mais non, ça ne s'est pas passé comme ça du tout. Samuel dormait très peu et quand il ne dormait pas, il pleurait. Donc, c'était soit le sang, soit pleurer. Quand moi, je n'arrivais plus à donner le sang parce que vraiment, j'étais épuisée, papa se baladait. avec bébé dans le corps de bébé. Mais j'ai passé ces premières semaines, parce que ça a duré vraiment des premières semaines, avec quand même un peu de recul. J'arrivais à me dire, il est petit, c'est normal. C'est normal, il faut qu'on trouve notre rythme. La fatigue, c'est normal. On essaye de faire rempart de tous les deux. Moi et mon conjoint, on s'est dit, cette première année va être difficile. Il a aussi été beaucoup surpris par la fatigue, bien qu'il avait beaucoup plus conscience que moi de la difficulté. Il m'a toujours dit, mais toi, j'ai l'impression que tu as découvert que c'était dû au moment où tu es devenu maman. Et j'ai été honnête, j'ai dit, bah oui, je ne m'attendais vraiment pas à ce que ça soit si difficile, en fait. Le fait que les premières semaines, en fait, soient compliquées, moi, j'avais réussi à prendre quand même un petit peu de recul parce que je me disais qu'il était petit, en fait. Donc les premières semaines, je me disais mais forcément, ça va être dur. Et avec mon conjoint, on s'était dit, il faut faire rempart sous les dos, on doit se soutenir, faire relais le plus possible pour que l'un et l'autre puissent se reposer. Et du coup, mes trois premiers mois ont été vraiment, en termes de fatigue, les plus difficiles. Le temps aussi que l'allaitement se mette en place. Et à partir de trois mois, j'ai vraiment senti une amélioration au niveau notamment de... de l'allaitement. Et je me suis dit, bon, ça va aller mieux, en fait. On a passé... Voilà, c'était normal. On a eu une vie normale. Notre vie a été mise sur pause trois mois. C'est OK, ça va. Et en fait, pas du tout. Samaël a eu le Covid. Et dans la foulée, on l'a vacciné. Parce que du coup... sa première vaccination n'avait pas pu être faite parce qu'il avait eu le Covid. Donc, quelques semaines sont passées, on l'a vacciné et il a fait une grosse fraction allergique aux vaccins. C'est quelque chose qui est très rare, rarissime. Et du coup, on s'est rendu compte, on savait qu'il avait une intolérance au lactose et en fait, ça s'est confirmé par une allergie complètement. Donc, c'est un bébé qui avait beaucoup de reflux. qui ne dormaient vraiment pas beaucoup, qui pleuraient énormément. Et on a réussi à mettre en place un traitement, à avoir déjà des éléments de réponse. Donc je me suis dit, là aussi, ça va aller mieux. Donc je me suis laissée jusqu'à six mois. C'est six mois de vie. Et au bout de six mois, ça n'allait toujours pas mieux. Et c'est là où j'ai... où j'ai un peu vrillé. Où je me suis dit, ma vie maintenant, ça ne peut pas être ça. Ça ne peut pas être un bébé qui pleure en continu, avec juste moi qui essaie de survivre. Parce qu'au quotidien, un bébé qui pleure tout le temps, c'est des maux de tête. C'est moi qui vais aux toilettes avec un bébé qui pleure dans les bras. C'est moi qui ne mange plus. Et souvent, on a même envie de pleurer en même temps que le bébé. Oui, je pense avoir pleuré autant que lui, c'est sûr. Et le plus dur, c'était les nuits. Les nuits, parce que papa lui n'a jamais réussi à gérer les nuits. Et il a vraiment eu du mal, non pas qu'il dormait profondément, comme on peut dire, papa dormait profondément. Non, non. émotionnellement, c'était dur aussi pour lui. Il avait beaucoup plus de facilité à gérer la journée puisque, heureusement qu'il était là. Heureusement parce qu'en fait, il détournait son attention, il le portait en tant que bébé, il essayait de faire des activités. Et moi, toute la maternité dont j'avais rêvé, justement, les activités, les sorties, mais ne serait-ce que d'aller faire les courses, il pleurait. Donc, je me suis interdite de sortir. Les activités, ça partait en cacahuètes à chaque fois. Ça ne marchait pas comme le mec, ça fonctionne. Je m'énervais très vite et les pleurs se sont vite transformées en une irritation. J'étais irritée dès qu'il pleurait un peu ou dès qu'il montrait qu'il n'était pas très content ou qu'il y avait un inconfort. Je n'arrivais plus à avoir les idées claires. Je n'arrivais plus à voir qu'il était inconfortable. Je me souviens, une nuit, il avait une grosse poussée dentaire, mais je ne l'ai pas vue. Je me suis tellement énervée. Je me souviens. Je dis à mon mari, mais il faut qu'il dorme, il ne dort pas, mais pourquoi ? Et en fait, j'ai vu qu'il commençait à m'achouiller ses bras et je me suis mise à pleurer. Je dis, mais en fait, il a juste mal aux dents et comment je ne peux pas voir ça en fait ? Et vu que tous les jours, je me pose des questions, mille questions. Est-ce qu'il a trop chaud ? Est-ce qu'il a faim ? Il pleure, il a mal aux dents, il a des refus, il veut son médicament. Il faut mettre du Doliprane. En fait, j'essaie toujours de trouver une solution. ou pleure, j'y arrivais pas et donc parfois je me disais ok bah il pleure parce qu'il a envie de pleurer donc moi je lui laisse pleurer, j'arrive plus donc j'allais pleurer dans ma chambre en même temps que lui et puis j'essayais de faire des sasses comme ça de décompression on va rire, j'étais là maintenant faut que tu prennes, j'arrive plus et ça la nuit il arrivait pas en fait il arrivait pas lui non plus il me dit la nuit je suis entre guillemets c'est vrai Je ne lui donnais pas l'autorisation d'allumer la lumière et de jouer avec lui. Parce que moi, mon leitmotiv, c'était « il faut qu'il dorme » . Donc je ne veux pas que tu allumes la lumière, je veux que tu m'endormes en gros comme moi l'endormirais. Donc j'étais vraiment très toquée là-dessus. Je refusais qu'il détourne son attention. Donc il me disait « tu l'éreganes » . Moi, je n'arrive pas. Donc je pleurais beaucoup. J'attendais qu'il s'endorme, qu'on s'endormait tous les deux. dans les pleurs. Et ça a été vers l'âge de ces sept mois où je me suis dit, OK, je ne vais pas bien. Ce n'est pas une vie, en fait. Il ne faut pas que ça continue comme ça. Je pense que c'était par rapport au colique pour lui ou parce que ça a duré longtemps ? Mais aujourd'hui, encore aujourd'hui, je ne saurais pas te dire. Je sais que son reflux a été traité. Oui. J'ai vu une kinésiologue parce que j'ai fait de la... J'ai vu son médecin, évidemment, un pédiatre qui m'a dit « Votre bébé va être en pleine santé, il va très bien, il évolue très bien. » Je lui ai dit « Il pleure tout le temps. » « Ce n'est pas grave. » Et en fait, je pense que j'étais focalisée, moi, sur les pleurs. Et il y avait des moments où, effectivement, il y avait des petits sas de décompression. Je ne les voyais plus. parce que j'utilisais ces petits moments pour faire autre chose. Mon ménage, qui était là depuis mille ans, mon linge dormit aussi, parfois, parce que j'avais besoin de dormir. Et du coup, j'avais l'impression que c'était dormir, pleurer, dormir, pleurer. Quand lui ne pleurait pas, il dormait. Ou quand lui ne pleurait pas, moi, je dormais. Donc, j'avais l'impression qu'il pleurait tout le temps. Samaël, depuis qu'il est né, ne s'est jamais réveillé sans pleurer. Vraiment des grosses larmes, des gros cris. Donc, j'ai été voir une kinésiologue. J'ai voulu avoir au moins... Il y a une alternative, une médecine douce pour m'apaiser moi, l'apaiser lui, et elle me dit... En fait, le sommeil, c'est un peu le nerf de la guerre chez vous. Je lui dis oui, j'ai besoin, j'ai envie de dormir. Et Samuel dort vraiment peu, il ne dort pas de la journée déjà. Donc c'est difficile. Et la nuit, il va dormir quelques heures. Et surtout, quand il va se réveiller, c'est en pleurs. Il va rester réveillé deux, trois heures en pleine nuit. Et elle me dit, en fait, mais la nuit, c'est une angoisse pour vous comme pour lui. Dormir depuis que j'ai appris, mon corps me l'interdit. Je suis en hyper-vigilance en permanence. Elle me dit, pendant des mois et des mois, vous vous êtes empêchée de dormir et maintenant, vous êtes tellement fatiguée que vous voulez dormir. Mais je transmets énormément d'angoisse à sa mère. Dès que je veux aller me reposer, j'avais tellement peur de le voir endormi, de le voir les yeux fermés, que je transmettais cette angoisse. Ah oui, d'accord. J'essayais de lui dire que c'est OK de faire dodo, c'est OK, il n'a pas besoin de se reposer. Mais tellement c'est quelque chose qui l'angoissait, le mot dodo, le mot lit, dès que je lui propose le lit, c'est une catastrophe. Ça n'est pas serein, le moment du coucher n'est pas serein. Donc il a fallu, à partir de ce moment-là, elle m'a dit qu'il fallait vraiment aider. Elle m'a dit qu'il fallait mettre en place des rituels, ce que je ne faisais pas en fait. Il faut essayer de mettre en place des rituels et de créer votre propre rythme. Puisque du coup, j'essayais juste de survivre, de manger quand je pouvais, donc à pas d'heure, de dormir quand je pouvais, donc à pas d'heure. Et elle m'a dit, autant pour vous que pour lui, il va falloir essayer d'instaurer un rythme. Et c'est bien d'écouter votre bébé, mais il faut que vous écoutiez vous, parce que ça ne va pas. Et du coup, c'était une éponge, je crois. il sentait que j'étais pas bien donc il ne pouvait pas aller bien et c'est vrai que je sentais je rentrais dans sa chambre déjà avec une bouffée j'avais envie de pleurer déjà donc enfin on était tellement fusionnels tous les deux que voilà on pouvait pas aller mieux tous les deux c'était compliqué donc au mois d'août on a été j'ai été en voyage avec lui à la Réunion c'est là où je finis et pour le mariage d'une cousine, et j'y suis allée seule. Mon mari travaillait. Et je me suis dit, je veux me prouver à moi-même, puisque j'ai demandé à des proches, à de la famille très proche de ma compagnie. Ça m'a été refusé, il n'y a pas voulu, pour des raisons encore qui ne sont pas assez suffisantes à mon goût, mais bref, c'est aucune chose. Et du coup, je suis partie seule à l'ARM. Et j'y suis arrivée. Mais ça n'a pas été simple. Onze heures de vol allé, onze heures de vol retour. avec un bébé, un porte-bébé, ma valise de 23 kilos, mon sac à langer, ma poussette, enfin, un périple. Un périple terrible. Bon, s'il fallait le refaire, je ne le ferais pas. Mais je ne sais pas, je ne sais pas comment tu as fait toute seule. Ah ouais, mais moi non plus. Parfois, je reviens, je dis à mon mari, mais j'ai vraiment dit, oui, tu as été là-bas. Et ça a été dur, mais je me suis dit, Je suis capable, en fait. Et ça a été compliqué. Il a pleuré aussi quand même beaucoup là-bas. J'étais seule. J'ai pourtant de la famille là-bas, mais personne ne m'a accueillie. Donc, j'ai pris un hôtel. J'ai pris ma voiture de location. Enfin, vraiment toute seule, quoi. On a vécu 15 jours un peu en autarcie. Je suis restée beaucoup à l'hôtel. Je n'ai pas pu faire beaucoup de visites. Ça m'a un petit peu irritée aussi parce que je me disais, mince. Si je n'avais pas eu de bébé, ce n'était pas le moment. Ou s'il avait été plus grand, ou si je n'avais pas eu de bébé. En fait, non. Si j'y suis allée, c'est parce que j'avais envie d'y aller avec lui. Mais en fait, je n'arrivais plus à profiter des moments avec lui. Pour être au calme, j'allais toujours. Pour être au calme, on sait que ça, passer des journées au lit à l'hôtel. Lui contre moi, j'ai essayé de me reconnecter avec lui. Et je suis rentrée et j'ai compris. Je me suis dit, il faut que je retourne travailler. Ça faisait longtemps que je n'avais pas retravaillé depuis que Calès était parti. Et je voyais bien que papa, lui, ne ressentait pas la même chose que moi puisque quand il partait travailler, il a des grosses semaines, il travaille 50 heures semaine. C'est très connu pour lui. Mais quand il rentre, d'avoir un bébé exténué, une maman... qui est irrité. Et lui, sur ce qu'il veut, c'est profiter. Mais lui, je voyais bien qu'il était beaucoup plus disponible. Il était fatigué, mais émotionnellement, il avait hâte de nous retrouver. Donc, je me suis dit, OK, je m'étais donné un an de rester auprès de Samaël. Et en fait, ce n'était pas fait pour moi complètement. Peut-être qu'il faut juste que je lâche un coup de prise. Et donc, il faut que je reprenne le travail. Que tu aies aussi ton maman à toi. Et en fait, je me l'interdisais. Je me disais, pour être une bonne maman, il faut être auprès de son bébé. C'est comme ça. C'est ça, en fait, être une bonne maman. Et avec du recul, je me suis dit, non, être une bonne maman, c'est être disponible émotionnellement pour pouvoir justement gérer. Parce qu'effectivement, un bébé, ce n'est pas toujours sérignant et ce n'est pas toujours... Voilà, il y a des moments plus difficiles. Mais si moi, je ne suis pas disponible, ça va être difficile à gérer. Et puis surtout aussi, quand on va travailler, qu'on se change les idées ou même qu'on sort boire un verre avec une amie et que papa prend le relais, déjà, on se sent mieux et l'enfant, il va le ressentir aussi automatiquement. Oui, tout à fait. j'ai senti la différence il a donc commencé la crèche en septembre 2022 et moi j'ai repris le travail en octobre, on s'est laissé un mois pour essayer de s'organiser dans nos quotidiens et j'ai déjà senti la différence entre temps j'ai décidé de prendre rendez-vous avec mon médecin pour lui exprimer et à quel point cette année avait été difficile et que j'avais encore du mal, j'avais beaucoup de crises d'angoisse, que j'arrivais encore pas à dormir. Et donc, mon médecin traitant a vraiment écouté mon ressenti et m'a dit « Ce que vous faites, c'est une dépression de l'aspartame. » Et je me suis dit « Mais non, je suis juste mal organisée, en fait. Je suis juste une maman qui ne sait pas faire. » Et elle m'a rassurée, elle m'a dit « si vous savez faire » . Je lui ai tenu tête et je lui ai dit « non, je suis juste nulle en fait, Samuel aurait une maman bien meilleure que moi, qui ne pleure pas. Pourquoi je pleure ? Il est là, il est en bonne santé, il est en vie, pourquoi je pleure ? » Et il m'a dit « mais la maternité, ce n'est pas tout rose, et on ne le dit peut-être pas suffisamment, il faut trouver des salles de décompression et vous n'en avez aucun. » Donc il faut juste essayer, peut-être vous, d'aller un peu équilibrer de votre côté vos énergies, avoir du temps pour vous, avoir des moments avec lui, avoir des moments en famille. Mais peut-être que passer de 8h à 8h le lendemain matin à couler à votre fils, effectivement, c'est peut-être pas pour vous, mais c'est OK en fait. tout le monde finirait barjot avec des pleurs de risée 24h24, hey, fonçonneur ! Donc, en fait, elle m'a donné plein de conseils. J'ai repris contact avec la psychologue qui m'avait suivie quand j'ai perdu ma fille. Et elle m'a dit on va reprendre un suivi jusqu'à ce que ça aille mieux, jusqu'à ce que vous sentiez que ça va. Aujourd'hui, c'est... C'est pas encore ça. Mais Samaël dort mieux. Parce que moi, peut-être pas, mais moi je dors mieux. Samaël dort mieux. Et avec papa, on a trouvé une organisation. Je gère la nuit quand même. Quand Samaël se réveille, ça arrive. Parce qu'il est à l'été et que le sang, c'est pas que nourricier. S'il y a des moments où il a besoin, j'y vais. On a mis en place des petites astuces. Samuel, il est angoissé par le lit. Donc, on a mis en place un lit Montessori au sol. Comme le lit cabane ? Oui, un petit peu. Là, lui, il n'a pas trop de cabane encore, mais il est au sol et en fait, il a juste un petit rebord qui l'empêche de rouler, de rouler jusqu'à la chambre. Et du coup, il peut se lever lui-même et aller dans la chambre. En tout cas, il ne se sent pas enfermé. il a toujours des angoisses, c'est-à-dire que quand il se réveille et qu'il voit que ni l'un ni l'autre, nous ne sommes là, il va très vite pleurer, mais à ce moment-là, on a mis un petit matelas au sol à côté de lui, et on finit notre nuit quand il se réveille sur les coups de 4h30 ou 5h, ça ne nous gêne pas, on s'est dit c'est ok, l'un ou l'autre finit notre nuit auprès de lui, jusqu'à ce qu'il sente qu'on est juste à côté, et de vivre un peu plus sereinement les prochains mois, parce qu'il a encore... petit, il n'a pas tout à fait un an et demi et il a encore besoin de nous et du coup, à tout prix le vouloir mettre dans sa chambre, à tout prix le vouloir faire dormir, ce n'est pas la bonne solution. Donc, on essaye de s'organiser. Ça, c'est comme vous le sentez vous, parce que c'est vrai que souvent, en France, on se dit « Oh, il fait déjà ses nuits. Oh, il dort dans sa chambre. Oh, il... » Alors qu'en fait, non, chaque famille a son propre fonctionnement. Et si on a envie, par exemple, d'être bien et même de le mettre dans notre lit et que tout le monde dort bien comme ça, pourquoi pas, en fait ? C'est vrai qu'en France, on est très... Voilà, il faut que l'enfant aille dans sa chambre. Alors qu'au final, certains enfants ont besoin juste aussi d'être souvent rassurés. Du coup, en fait, nous, on fait un peu un mixte. Il finit souvent la fin de nuit dans notre lit. Mais là, grâce au matelas à côté de son petit lit, c'est nous qui finissons un peu dans le sien. Mais c'est pas grave. Parce que moi, je ne suis vraiment pas du matin. C'est ça qui est difficile. Et puis, je vais travailler le matin maintenant. Donc, du coup, papa, lui, j'ai... et moi je m'occupe de toute la nuit donc voilà on a réussi à trouver ce petit équilibre il y a parfois des moments où les grosses crises me prennent assez violemment au niveau de la poitrine je recommence à avoir des crises d'angoisse et on a mis en place un peu un long code avec Marine qui me fait comprendre qu'en fait ça monte parce que je ne me rends pas compte en fait je ne me vois pas monter oui Et du coup, il prend le relais. Et quand il n'est pas là, j'essaye de faire avec Samuel une technique de diversion, de lui proposer deux choses. Toujours, tu veux qu'on fasse ci ou ça, et je lui propose toujours deux choses différentes. Ça marche bien. Et puis moi, ça me permet du coup d'être un peu moins focalisée sur ses pleurs, parce que c'est ce que j'ai fait pendant un an, d'être focalisée que sur ses pleurs. Samuel, encore aujourd'hui, Il pleure, il a toujours son refus, il est toujours encombré. Donc c'est toujours un peu douloureux pour lui. Le plomb, ce n'est pas de sa faute. Mais du coup, j'essaye de surtout prendre les moments où ça va. Parce que je les avais oubliés, en fait. Et je ne mettais plus l'accent sur les moments où ça allait. Et pourtant, il y en avait, mais je ne les voyais plus. Là, dès que ça va et qu'il a des moments où il rigole, il éclate de rire, là, c'est l'inverse. Je pleure de joie. Je me dis que je n'ai pas tout raté. Il est heureux, ce bébé. Il va très bien. Et parfois, même quand moi, je ne vais pas bien, je suis assise au bord du canapé. Il va venir prendre mon visage entre ses mains. Mais je dis à ma mère, je me dis OK, c'est bon. Je crois que je n'ai pas trop tout raté. Il devrait aller. Du coup, ça a été un an d'ambivalence compliquée. J'essaye encore de me dire que tout ce que j'ai ressenti et ce que je ressens, c'est OK. Mais ce n'est pas simple parce qu'il y a toujours cette culpabilité. J'ai un profond respect énorme pour les mananges qui n'ont pas eu encore leur bébé arc-en-ciel. Vraiment, si tel est leur souhait, je leur souhaite que ça arrive très vite. Mais c'est vrai que quand on nous dit « Tu as la chance d'avoir ton bébé arc-en-ciel, tu n'as pas à être malheureuse » , sachez qu'on aimerait ne pas l'être. En fait, c'est comme si on avait trois personnes en face de nous qui nous montraient du doigt. On a les autres mamans qui nous disent « Ton bébé est en vie, en pleine santé, nous le nôtre est décédé. » Mais en fait, on sait, puisque le nôtre aussi. On a la personne en face de nous, nos familles, nos proches, la société. Et on a nous, en fait, en face de nous. Parce qu'on se dit tous les jours, on ne devrait pas ressentir ça. Ce n'est pas normal. On ne devrait pas être malheureuse. Alors, on n'est pas malheureuse, en fait. On est juste perdus dans les sentiments. Parce qu'entre la fatigue, le fait que la maternité, ça soit difficile pour toutes. Mais il y a des postpartum qui se passent mieux que d'autres. Et ce n'est pas parce que la voisine de ton postpartum a été super géniale que le vôtre va être au lait. Je ressens. Ouais. Donc, du coup, c'est OK que ça soit dur. Et ce n'est pas parce qu'on a eu un deuil périnatal avant qu'il va forcément ne pas l'être. Et si on traverse un postpartum difficile, même après un deuil périnatal, c'est OK. Parce que je pense qu'il y a de nombreuses mamans, peut-être, Et si elles m'écoutent, j'espère qu'elles pourront trouver peut-être des solutions. Surtout, ne vous dites pas que c'est parce que vous avez perdu un bébé. avant que forcément la maternité va être une évidence après. On part toutes du même niveau, c'est-à-dire qu'être maman, je pense que ce n'est pas inné, ça s'apprend, et quand on culpabilise, c'est au-delà de nous en fait, c'est plus fort que nous, donc il faut que quelqu'un soit derrière presque pour nous dire ne culpabilise pas, ça va aller. c'est pas si simple, c'est pas un bouton on off sur le gré, on appuie et il y a un vrai travail en fait à faire dessus donc moi je un conseil aux femmes justement qui ont vécu la même chose que toi et qui sont en dépression post-partum et culpabilisent un peu après avoir eu un bébé arc-en-ciel Qu'est-ce que tu leur dirais comme conseil ? Je leur dirais déjà qu'elles ne sont pas seules. C'est sûr et certain et que ce qu'elles ressentent, c'est OK. Si je pouvais leur donner des petits conseils pour essayer d'apaiser leur quotidien, c'est d'essayer de profiter des moments d'accalmie. Parce que moi, je ne les voyais plus et pourtant, il y en avait. Et de profiter de ces petits moments avec votre bébé. Parce que chercher à tout petit d'homme, par exemple, c'est... c'est pas la solution et quand il dort ne pas essayer de faire autre chose comme le ménage ou les courses ne pas attendre qu'il dorme pour faire ça en fait c'est pas grave ça le ménage les courses c'est secondaire profiter de ses moments avec lui profiter de de moments calmes en fait où il n'y a pas de voilà parce que ça grandit trop vite mais moi je sais enfin J'avais presque le nez tellement, parce qu'on a la tête dans le guidon, on a le nez sur nos problèmes et on oublie qu'on a des enfants incroyables, extraordinaires, qui sont dotés de qualité formidable. Et Samuel, il me le montre tous les jours. En fait, c'est un petit garçon qui est plein de joie, plein d'entrain. Je parle de lui depuis tout à l'heure, comme il est un soleil. C'est ça, et en fait, c'est un rayon de soleil. Il remet vraiment de la joie au cœur dans notre vie. Et vraiment... Il m'a donné envie de recours en la vie. Donc, c'est dur, mais ça va aller. C'est dur, mais ça va passer. Les enfants grandissent et c'est ces moments-là où vous ne les rattraperez plus jamais. Donc, c'est compliqué de se dire qu'il faut profiter. Mais malgré tout, dès qu'il y a un moment de calme, il faut les prendre. Et si on veut souffler, ne pas attendre expressément qu'ils dorment. Mais par exemple, laisser à quelqu'un de confiance. Et puis, voilà, pour, oui, se reposer, c'est OK, faire une sieste ou d'aller boire un café chez une copine ou de profiter, prendre soin de soi, d'essayer de se donner des rendez-vous, en fait, avec soi-même pour pouvoir être à nouveau émotionnellement disponible pour son enfant. Et puis surtout, moi, ce que je leur dirais, c'est que c'est de bonnes mamans, même si au quotidien, elles se disent que non, c'est vraiment des bonnes mamans. Quand le sentiment de culpabilité, il est trop intense, et je sais à quel point il est difficile de s'en défaire, mais pourtant, c'est de l'amour. Parce que si on culpabilise, c'est parce qu'on aime. Oui, et qu'on veut bien la faire. Exactement. Donc, à chaque fois qu'on culpabilise, on doit se dire que c'est parce qu'on aime. Et quand il y a de l'amour, on est une bonne maman.

  • Speaker #1

    Eh bien, ce sont sur ces mots que nous achevons cet épisode. Un grand merci à toi, Gwen. Et je vous souhaite plein de bonheur à toi et ta famille. et ta petite calesse qui sera toujours là à tes côtés dans ton cœur. Chère auditrice, merci de nous avoir écoutées.

  • Speaker #2

    Et ta dame, un podcast qui vous embarque dans l'esprit et le corps des femmes, avec des témoignages poignants, des histoires immersives prenantes et des interventions de professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques concernant le corps et l'esprit. Et ta dame, chaque femme est unique et chaque parcours de vie l'est aussi. Découvrez la femme dans tous ses états. Etat d'âme, un podcast de Stéphanie Jarry.

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