- Speaker #0
Bonjour à tous et bienvenue sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. Aujourd'hui, je me dois de vous prévenir. Le témoignage que vous allez entendre traite de violences sexuelles, notamment d'un viol par coercition. Certains passages peuvent être particulièrement sensibles et susceptibles de réactiver des souvenirs ou des traumatismes si vous avez vécu des situations similaires. Je vous invite à écouter cet épisode dans un environnement sécurisant et à respecter votre rythme. Si à un moment vous sentez que l'écoute devient trop difficile, N'hésitez pas à mettre sur pause, à revenir plus tard ou à arrêter complètement. Votre bien-être passe avant tout. Je voudrais aussi rappeler ce qu'est le viol par coercition. C'est une forme de viol qui ne repose pas nécessairement sur la violence physique, mais sur la pression psychologique, le chantage, la manipulation émotionnelle ou toute autre forme de contrainte. Dans ce contexte, la victime peut être amenée à dire oui, alors qu'en réalité, elle n'a pas la possibilité de refuser librement. Ce oui arraché sous pression n'est pas un consentement. Le viol par coercition est reconnu par la loi. Il est tout aussi grave que tout autre type de viol. Excellente écoute. Bonjour Marie-Lou, merci d'être avec moi aujourd'hui. Alors pour commencer, est-ce que tu peux te présenter et me dire dans quel contexte cette histoire a commencé pour toi ?
- Speaker #1
Je m'appelle Marie-Lou, j'ai 21 ans. Cette relation a débuté en septembre 2023. Elle est arrivée post-relation abusive. J'ai été en couple pendant deux ans avec un pervers narcissique, sous l'emprise du même homme pendant quatre ans, puisque après ça s'est poursuivi. Mais j'ai rencontré l'homme qui m'a violée, juste après la rupture avec mon ex-pervers narcissique.
- Speaker #0
Dans quel état d'esprit tu étais à ce moment-là, quand tu as rencontré cet homme ?
- Speaker #1
Il me paraissait... Enfin, l'homme qui m'a violée, il me paraissait... En fait, tout de suite, très, très gentil, parce que je n'avais pas du tout fait de travail sur moi. J'étais extrêmement dissociée du fait de ma relation abusive avec mon ex-pervers. Donc, au début, je me disais, c'est chouette, il prend soin de moi, il m'écoute, il me soutient.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y avait déjà des signaux qui auraient pu te mettre en alerte ?
- Speaker #1
Pas de red flag, en tout cas. Et en fait, à certains moments... J'envoyais des photos de moi. Je lui avais envoyé une photo de moi une année et puis une autre année. C'est-à-dire, je lui avais envoyé une photo de moi de 2021 et puis une de 2023. Et effectivement, en 2021, j'étais plus en chair qu'en 2023. Puisqu'avec mon ex pervers, j'ai perdu énormément de poids. Et il m'avait dit, je te préfère maintenant. Il me faisait un peu des remarques grossophobes, alors que je n'étais pas du tout. Je lui ai dit, non, je ne suis pas du tout grosse. Et il m'a dit, si quand même. Donc voilà, des remarques grossophobes, des demandes de nudes. Il a insisté. Il insistait pour que je lui envoie des nudes. Et puis le viol.
- Speaker #0
Et puis il y a eu ce soir-là où tout a basculé. Est-ce que tu peux me raconter comment tu as vécu cet instant sur le moment ?
- Speaker #1
En fait, au moment où j'ai vécu ce viol, j'étais tellement dans une sorte de... C'est très, très bizarre. Mais je me suis dit, en fait, c'est pour lui que je le fais. C'est-à-dire que je n'étais plus du tout dans mon corps, je n'étais plus du tout dans ma tête. Et je me suis dit, c'est pour lui que je le fais, en fait. Donc à ce moment-là, déconnectée totale.
- Speaker #0
Après ce drame, qu'est-ce qui s'est passé en toi dans les jours ou les mois qui ont suivi ?
- Speaker #1
Bien évidemment, je me suis rendue compte plus tard que j'avais été totalement manipulée et que je n'étais absolument pas consentante. Et donc je me suis sentie... Je me sentais mal, mais j'étais dans un état de fautement. Donc en fait, il m'a fallu un an, bien un an, pour réaliser que je m'étais fait violer. Et que surtout, je m'étais fait violer par manipulation. Parce que ce qui est assez dingue, c'est que comme ce n'est pas ce qu'on a l'habitude de voir, on se dit que ce n'est pas un viol. Or si c'est en viola. que ce soit fait par manipulation ou par force physique, ça reste un viol. Et effectivement, je me suis sentie extrêmement mal. Je me suis sentie mal sur le coup, mais très vite absente psychiquement et physiquement parce qu'il m'a dit, voilà, tu vois... Tu vois que ça fait du bien. En fait, il m'a très vite endormie. Ce qui fait que je n'ai pas eu le temps de réaliser. Je suis rentrée directement en dissociation. Et puis, en fait, c'est un an. Au bout d'un an, je marche dans la rue. Et d'un seul coup, je ressens ça. D'un seul coup, je me rappelle des sensations. C'est-à-dire que d'un seul coup, pourtant je ne l'ai pas revu. Et d'un seul coup, je me rappelle des sensations. C'est-à-dire que mon corps, en tout cas, se rappelle des sensations et les revit. Et c'est à ce moment-là où je me dis... Donc, c'était en 2024, il me semble. Et c'est là où je commence à me dire, OK, c'est un viol.
- Speaker #0
Comment tu as réagi quand cette prise de conscience est arrivée ?
- Speaker #1
Très mal physiquement. En fait, c'est vraiment physiquement. Mentalement, c'est encore assez flou. Mais surtout physiquement, je me sens mal. Je me sens... En fait, psychologiquement, je me sens piégée. Je me sens... On m'a volé mon corps, en fait. C'est vraiment ça qu'on ressent. C'est-à-dire que quand on sort du déni, quand on sort de la désociation, c'est-à-dire qu'à un moment donné, on a l'impression qu'on vous a pris votre... qu'on vous a utilisé comme un objet. Et puis, des douleurs extrêmes dans mon corps, l'envie de m'enlever de ce corps, quoi. L'envie de... Vraiment, un dégoût de mon corps, enfin, vraiment. Un dégoût. Et en fait, petit à petit, je me suis rendue compte que c'était un viol. J'ai mis des choses en place pour me reconstruire, mais ça a été assez long. C'est-à-dire que petit à petit, je me suis rendu compte que c'était un viol. Et donc, je me suis beaucoup auto-complimentée. J'ai pris soin de mon corps, j'ai pris soin... de mon environnement. En fait, j'ai pris soin de mon quotidien.
- Speaker #0
À ce moment-là, tu étais encore sous l'emprise de ton ex ?
- Speaker #1
Quand j'ai réalisé que j'avais vécu un viol de la part de cet homme, j'étais encore dans l'emprise de mon ex-pervers. Donc, en fait, quand j'ai réellement mis fin à la relation avec mon ex-pienne, quand j'ai réellement coupé court, définitivement, c'est là où je me suis pris les deux... Les deux... les deux histoires dans la tête, puisque je n'avais pas eu le temps de vraiment réaliser, puisque je vivais d'autres violences à côté. Et donc j'ai commencé à me reconstruire en me construisant, en faisant tout autour de moi un bel espace, en me forçant à m'organiser un bon quotidien, c'est-à-dire vraiment des bonnes habitudes, en prenant soin de mon corps, en prenant soin de ma tête. Ça a été vachement long.
- Speaker #0
Est-ce que tu aurais un message à faire passer pour les femmes qui vivent ce type de violence ?
- Speaker #1
Ce que j'aimerais dire aux femmes qui ont vécu cela, c'est que souvent on entend des histoires de viols, d'agressions sexuelles sur les réseaux. Et en fait, parfois on a vécu autre chose. On a vu un viol, mais on va se dire, vu que c'est pas... Vu que ça ne ressemble pas à ce qui est dit sur les réseaux, eh bien, peut-être que ce n'est pas un viol. En fait, si. Un viol, ça peut être par la force physique, et ça peut être surtout, comme moi je l'ai vécu, par la pression psychologique, par du chantage, par de la manipulation émotionnelle. Voilà, ça peut vraiment être psychologique, en fait. Et en fait, je pense que c'est ça qu'il faut comprendre. C'est-à-dire que souvent, quand on va parler du viol par conversation, on va se dire « mais oui, mais non, ce n'est pas un viol parce que tu as finalement dit oui » . Donc en fait, on ne prend pas du tout conscience. de l'impact, de la pression psychologique, et de finalement du « je t'amène à dire oui » . Ce n'est pas « j'ai dit oui » , c'est « la personne m'a amenée et m'a forcée à dire oui » . C'est ça la manipulation en fait. C'est-à-dire que les manipulateurs, ils veulent vous faire comprendre que finalement, vous avez accepté une situation, donc vous étiez consentante, donc vous avez accepté. Mais ils ne vont pas du tout mentionner. le fait qu'ils vous ont forcé par de la manipulation émotionnelle, par du chantage, par la pression psychologique à dire oui. Donc c'est ça qu'il faut réellement comprendre dans le fait par coercition, c'est que même si c'est psychologique, les gens ont beaucoup de mal avec le processus psychologique, les manipulations, etc. Il faut bien comprendre que c'est le processus psychologique qui vous a amené à dire oui et à vous... et à vous déconnecter, en fait, complètement. Donc voilà, ça, c'est vraiment important. Et puis les gens qui vous lisent, surtout, je voudrais dire aux femmes qui ont vécu ce type de viol, que ce n'est pas parce que certaines personnes vous disent que ce n'est pas un viol, que vous exagérez, que finalement, vous êtes des consentances parce que vous avez dit oui, que vous n'avez pas vécu ce viol-là, en fait. Voilà, ça c'est vraiment important.
- Speaker #0
Et pour celles qui doutent encore, qu'est-ce que tu voudrais leur dire ?
- Speaker #1
Restez avec des gens qui vous croient, construisez-vous un entourage sain qui vous croit, et puis jetez à la poubelle tous ceux qui ne vous croient pas, et tous ceux qui minimisent les pressions psychologiques, parce que ces gens-là participent, et pour moi, sont complices, en fait. Pour moi... Le mot complice est un peu fort, mais pour moi, ils participent à cette non-conscience de la pression psychologique et éluviable par conversation et des conséquences que ça peut avoir. Et que c'est réel, en fait. Aujourd'hui, moi, je me suis... quasi entièrement reconstruites. Et j'envoie énormément de courage aux femmes qui se reconstruisent actuellement, qui ont vécu ça. Je voudrais dire aux femmes qui ont vécu ça qu'elles ne sont pas seules et qu'il ne faut absolument pas, qu'il ne faut vraiment, vraiment, vraiment pas rester près des gens qui minimisent ce que vous avez vécu. Encore une fois, c'est extrêmement dangereux. Rester avec des gens... Croire des gens qui minimisent votre vécu, c'est extrêmement dangereux. Ça vous retromatise et ça vous empêche de vous reconstruire. Donc, restez vraiment proches des gens qui vous soutiennent et qui vous croient.
- Speaker #0
Je te remercie Marie-Lou d'avoir partagé ton histoire avec autant de sincérité. Comment tu te sens aujourd'hui avec ce parcours derrière toi ?
- Speaker #1
Pour ma part, je suis assez fière de m'en être sortie, en tout cas d'avoir survécu à ce... À ce viol ?
- Speaker #0
Eh bien, cet épisode touche à sa fin. Merci encore à Marie-Lou. Vous étiez sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. À très vite pour un prochain épisode.