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ÉTATS DAMES

Au cœur des traumatismes : comprendre leur impact sur la sexualité et guérir

Au cœur des traumatismes : comprendre leur impact sur la sexualité et guérir

33min |27/07/2023|

110

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33min |27/07/2023|

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Description

Aujourd’hui, dans États Dames, j’ai le plaisir de recevoir Margaux Marty, psychologue clinicienne et thérapeute holistique. Diplômée en psychologie clinique et psychanalyse, Margaux accompagne enfants, adolescents, et adultes dans leur quête de mieux-être. Elle propose une approche bienveillante pour les aider à surmonter les défis personnels, notamment ceux liés aux traumatismes et à la réappropriation de la sexualité.

Dans cet épisode, nous abordons avec délicatesse un sujet complexe : l'impact des traumatismes sur la sexualité. Margaux partage ses connaissances et propose des clés pour mieux comprendre et guérir des blessures profondes que peuvent laisser certains événements. Si ce sujet vous concerne, sachez qu’il peut faire ressurgir des souvenirs douloureux. Nous vous invitons à écouter cet épisode en toute conscience et à prendre soin de vous.

Pour celles et ceux en quête de compréhension et de soutien, cet épisode offre des ressources pour avancer sur le chemin de la guérison et retrouver une vie intime épanouie.

Excellente écoute 👂


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous êtes sur Etat d'âme. Aujourd'hui, je reçois avec un immense plaisir Margot Marty, psychologue clinicienne et holistique. Psychologue clinicienne de formation, Margot a effectué ses études à Toulouse. Diplômée d'une licence en psychologie clinique et psychanalyse, ainsi que d'un Master 2 en psychologie clinique de la santé, elle accueille au sein de son cabinet des enfants, des adolescents et des adultes ayant pour volonté de travailler vers un mieux-être. Je vous mets en lien dans la description de quoi retrouver la multitude d'expertises sur lesquelles Margot Marty peut vous aider. Chers auditeurs, attention, on préfère vous signaler que dans cet épisode, nous évoquerons, et bien, comme vous avez pu le constater dans le titre, ma sexualité chamboulée après un trauma. C'est pourquoi nous vous mettons en garde sur le fait que l'écoute de cet épisode peut réactiver un ou plusieurs souvenirs traumatiques si vous en avez vécu. Ma sexualité après un trauma, c'est le sujet du jour. Excellente écoute. Etat d'âme, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants, les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Etat d'âme, chaque femme est unique, mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarrim. Bonjour Margot, merci d'être là aujourd'hui. Alors aujourd'hui, on va aborder un sujet difficile, qui est la sexualité après un trauma. Pour une victime, est-ce que c'est essentiel de se confier pour entamer sa reconstruction mentale et se réapproprier son corps ? Certaines personnes peuvent y arriver en gardant tout pour soi.

  • Speaker #1

    Alors, gardez tout. pour soi, de manière générale, c'est quelque chose d'assez compliqué. Je pense qu'on ait vécu un traumatisme ou non, d'ailleurs. L'idée, c'est surtout de trouver des personnes qui soient aptes à entendre ce que vous avez vécu, qui soient aptes à accueillir sur tout ce que vous avez vécu. Parce qu'écouter et accueillir, c'est pas la même chose. Et l'idée, c'est vraiment de choisir les personnes qui vont être auditeurs ou auditrices de ce trauma ou de ce récit que vous avez besoin de donner. Et parfois, c'est pas une laisse à faire. Donc, parfois, au début, on peut se parler proche pour commencer. Et puis ensuite, on bascule avec des professionnels, parfois, qui sont ensuite plus ou moins adaptés. Et puis, on finit par trouver une personne qui comprend, écoute et accueille. Et on se dit, OK, ça va aller. Et ça valait peut-être le coup d'en dire quelque chose de ce trauma ou de cette histoire de vie qui a été compliquée.

  • Speaker #0

    L'impact des violences sexistes et sexuelles sur la santé mentale, est-ce que ça peut aussi venir... interférer sur la sexualité ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors en fait, ce qui se passe, c'est que dès qu'on vit une certaine forme de violence, ça vient perturber nos croyances. Ça vient perturber la perception qu'on a du monde, de notre valeur, de nous-mêmes, de notre corps aussi. Et la sexualité fait partie de toutes ces sphères-là qui peuvent être perturbées. Après, ça dépend de l'événement traumatique en lui-même, mais bien sûr, oui, la sexualité peut être une des sphères qui peut être touchée. Plus ou moins profondément, en fait, en fonction de ce qui a été vécu par la personne, de ce qui s'est passé, de la catégorie du trauma, etc.

  • Speaker #0

    Comment ça se passe, une toute première consultation ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, il y a plusieurs choses que je propose. Donc, en fonction des accompagnements, il y a une première séance qui va être différente. Par contre, au sein de la première séance, peut-être que si j'ai des patients, des patientes qui passent par là, elles vont se reconnaître. Ils vont reconnaître la première séance. Mais vraiment, la première séance, quel que soit l'accompagnement, quel que soit le but de l'accompagnement, et quelle que soit la raison pour laquelle la personne va venir, cette première séance, elle a deux vocations. La première, c'est de comprendre un peu ce qui amène la personne, ce qui va se passer dans la vie de la personne, ce qui est en train de se passer pour elle. L'idée, c'est de savoir qu'est-ce qui a fait des clics pour consulter aujourd'hui et que ce ne soit pas un autre jour. C'est de savoir ce qui s'est passé. de savoir, de comprendre un petit peu l'histoire de vie de la personne et d'essayer, ce que je dis souvent, c'est d'essayer de mettre de la lumière, de dézoomer un petit peu. Donc ça, c'est vraiment quelque chose qu'on fait dans la première séance, parfois sur la seconde aussi. Et théoriquement, en psychologie, on appelle ça une anamnèse. En gros, on fait le point sur ce qui se passe, on met de la lumière sur ce qui s'est joué et sur l'histoire de vie de la personne. Ça, c'est la première chose. C'est quelque chose d'assez factuel, finalement, et c'est quelque chose de primordial pour savoir un petit peu qui est la personne et comment on se rencontre, tout simplement. Et la deuxième chose, c'est vraiment quelque chose de primordial pour moi, c'est que les personnes qui viennent dans mon espace, pour moi en tout cas, elles ont besoin... pour se livrer correctement, de se sentir suffisamment en sécurité et dans un cadre qui est bienveillant, pour pouvoir dire ce qu'elles ont envie de dire et dire ce qu'elles ont besoin de dire. Et ça, c'est ce que j'explique, c'est que pour pouvoir faire ça, il faut être sûr d'avoir, de ressentir cette sécurité, cette bienveillance. Et ce que j'explique, c'est que du coup, par rapport à ça, ben... Avant de se rencontrer en tant que personne qui vient voir une ou un professionnel et là où le professionnel, on se rencontre en tant qu'humain et face à ça, on voit s'il y a quelque chose qui se passe, on voit s'il y a un feeling et ce qu'on appelle en psychologie une rencontre, la rencontre. Quand tu as quelque chose qui se passe en séance, qu'il y a du feeling, quand il y a une énergie particulière qui est en train de se passer. On appelle ça la rencontre. Et donc, moi, pour répondre à ta question, la première séance, elle a vraiment deux vocations. L'idée est de, un, savoir ce qui amène la personne ici, jusqu'à moi, et de, deux, savoir si je suis la bonne personne pour mon ou ma patiente, pour l'accompagner.

  • Speaker #0

    Un traumatisme, c'est quoi exactement ? Comment on peut le définir ?

  • Speaker #1

    Un traumatisme, en fonction des courants, des approches. ça va se définir de manière différente. Mais on va dire que si je vulgarise et que j'élargis la définition pour essayer de faire rentrer l'entièreté des approches, un traumatisme, c'est tout simplement un événement qui vient déséquilibrer l'homéostasie, donc l'équilibre à l'intérieur d'un quotidien de vie, à l'intérieur d'une histoire de vie, à l'intérieur d'un être, tout simplement.

  • Speaker #0

    Quelle est ta manière de travailler pour des traumatismes comme des viols, de l'inceste, des attouchements, des viols conjugaux par exemple ? Est-ce que la plupart des patients prennent conscience qu'ils ont été objets et non sujets du viol ? Qu'ils ne sont tout simplement pas coupables ?

  • Speaker #1

    C'est une énorme question que tu viens de me poser qui je pense pourrait être l'objet d'un épisode de podcast entier. En fait, c'est peut-être un peu bateau ce que je vais répondre, mais ça dépend énormément de la personne. Ça dépend de sa capacité, ça dépend de sa résilience. Sa résilience, c'est sa capacité à se remettre des événements. Ça dépend de son histoire de vie, ça dépend de son entourage. Ça dépend de la manière dont la personne est accompagnée, si elle est coucounée par exemple ou pas du tout. Ça va aussi dépendre des personnes que cette personne a rencontrées sur son chemin, qui vient renforcer le traumatisme ou au contraire aider la personne à le porter ou à l'aider à l'appréhender mieux. Ça dépend de l'éducation que la personne a reçue, ça dépend énormément, énormément, énormément de facteurs. En tout cas, la manière dont j'accompagne pour répondre à ta première partie de question, elle vient tenter de connecter à cet événement. Parce que dans un trauma, je disais qu'un trauma c'était vraiment un déséquilibre, et c'est souvent un déséquilibre qui crée une perte de sens. C'est-à-dire qu'on ne sait pas trop ce qui s'est passé, on ne comprend pas trop pourquoi c'est nous, on ne comprend pas ce qu'on a fait, il y a quelque chose qui se joue et qui a déconnecté. Et donc la manière dont j'accompagne de manière générale, et particulièrement avec le trauma, c'est d'aider à remettre en sens, d'aider à comprendre, d'aider à remettre de l'émotion là où il y a eu une certaine forme de sidération. C'est ce qu'on appelle en psychologie quelque chose qui fige, qui fait la dissociation. Donc là où il y a eu des connexions, on vient remettre de la connexion, on vient remettre de l'émotion. On vient remettre de la connexion là où il y a eu dissociation et remettre de la douceur. là où il y a eu de la violence. Et c'est valable, tout ça c'est valable dans le psychisme, c'est valable dans le corps, dans la sexualité bien sûr, mais en fait dans son identité de manière générale. Et du coup, en fonction de la personne, en fonction de son histoire, en fonction de sa vitesse de traitement, en fonction d'énormément de choses, ça va aller plus ou moins vite. Cet accompagnement, il va aller plus ou moins vite, plus ou moins profond. Ça va prendre plus ou moins une forme de verbalisation. Ou alors, on peut très bien utiliser de l'EMDR. L'EMDR, c'est un traitement des traumas par mouvement oculaire. Mais concernant ça va... pouvoir être d'utiliser les soins par les toucher, où je vais vraiment venir travailler le corps et le psychisme en même temps. Il y a des pluralités de manières de se reconnecter et l'idée c'est de répondre aux besoins de la personne et à ses capacités. Du coup ça va vraiment dépendre de la singularité de la personne que j'ai en face de moi. En même temps, j'ai des entretiens qui se ressemblent énormément parce que forcément c'est moi qui les mène. Et en même temps, la manière dont je mène les entretiens n'a rien à voir les uns avec les autres en fonction de qui j'ai en face de moi.

  • Speaker #0

    Et ça arrive que des patients viennent témoigner des années après ?

  • Speaker #1

    C'est nickel que tu poses cette question parce que j'allais justement rebondir sur ta phrase de juste avant. Et du coup, en fait, ça fait le lien. Tout, si tu veux, tout est une question de temporalité chez les personnes. Tu peux très bien te dire... Oh là là, j'ai besoin de quelque chose, j'ai besoin de consulter le savoir, avoir une part de toi qui est consciente de ça, c'est différent d'être capable de te dire je vais combler ce besoin Et du coup, quand il y a une question qui se pose de consulter ou non, ça peut être compliqué de passer à l'acte. Tu peux savoir que tu en as besoin, tu peux savoir qu'il va falloir que tu le fasses, mais le moment où tu sais que tu dois le faire et le moment où tu le fais vraiment, parfois il y a vraiment un laps de temps. Et du coup, ça peut effectivement complètement arriver que des années après ou des mois après, tu aies une personne qui sorte du silence, soit par la volonté, c'est-à-dire que la personne devient prête, soit dans un trauma, tu peux avoir ce qu'on appelle... Un état de stress post-traumatique, tu peux avoir des reviviscences. Des reviviscences, c'est le fait d'avoir des souvenirs qui remontent à la surface. Et quand tu as des souvenirs qui remontent à la surface que tu avais oubliés, ça s'appelle sortir de l'amnésie traumatique. Quand tu sors de l'amnésie traumatique, ça veut dire qu'il y a eu oubli. Donc tu peux aussi avoir des personnes qui mettent vraiment longtemps à sortir de cette amnésie traumatique. Parce qu'elles avaient besoin de cette temporalité. Il faut savoir que l'oubli, ça a vraiment une fonction. C'est-à-dire qu'en fait, quand tu as vécu un trauma, le corps et le cerveau, ils ont décidé que c'était trop violent. Et du coup, ils ont créé l'oubli. Et en fait, les personnes qui vivent ça, ces personnes, elles vivent dans une espèce de période de latence un peu. Et le temps que l'oubli se dévoile, le temps que l'oubli se sépare, deviennent éparses, il n'y a pas de conscience. Quand il y a de l'oubli, il n'y a pas de conscience. Donc soit les gens vont venir effectivement peut-être des années après parce que c'est une question de leur temporalité, soit les gens peuvent venir des années après parce que en fait, les personnes sont sorties de l'amnésie traumatique et avant, ces personnes n'avaient pas conscience. qui ne s'était pas cassé quelque chose, ou en tout cas que c'était si grave. Ça reste un mécanisme de défense, l'oubli. Donc il peut y avoir ces deux formes-là principales. Soit parce que ce n'est pas le moment, et dans ce cas-là ils viennent bien plus tard. Soit parce qu'ils n'en avaient pas souvenir, donc du coup les personnes ne risquaient pas de vouloir ou de pouvoir même se mettre en action.

  • Speaker #0

    Tout ce que le corps et l'esprit durant l'agression a décidé de mettre de côté, donc on va dire un petit peu sous le tapis, et au final tenté d'oublier, ça peut revenir subitement un jour si ça n'a pas été traité ?

  • Speaker #1

    Alors, cette question, elle est délicate. Parce que je vais répondre oui à ta question, et en même temps, le oui peut faire très peur. Je vais le nuancer. Votre corps, notre corps, ne fera jamais ressortir quelque chose que vous n'êtes pas. capable de gérer. Donc en fait, quand on sort de l'amnésie traumatique, ça veut dire qu'avant, le corps et l'esprit ne se sentaient pas capables de gérer l'information traumatique. Quand on sort de l'amnésie traumatique, même si c'est difficile, que c'est déséquilibrant, que c'est retournant, qu'on en pleure, qu'on a peur, qu'on fait des crises d'angoisse. Malgré ça, ça veut dire que l'inconscient, et notamment la censure, parce qu'il existe une censure entre la conscience et l'inconscient, cette censure détermine que l'aspect conscient est capable de recevoir l'information. Donc oui, tout ça, ça peut ressortir. Tu peux avoir des éléments qui font ressortir certains troubles, soit par le fait de revivre directement quelque chose de similaire, soit par des éléments qui viennent rappeler. Ce contexte traumatique, c'est dans des temporalités où ton corps et ton esprit ont décidé, en gros, même inconsciemment, que tu étais capable de gérer. Donc ça te donne quand même le pouvoir d'en faire quelque chose. À partir du moment où ça devient conscient, ça veut dire que ton corps et ton esprit sont capables de guérir pour de vrai. Parce que l'oubli, l'amnésie traumatique, c'est une mise de côté. C'est une dissociation, c'est ce qu'on appelle un mécanisme de défense en psychologie. Et c'est des périodes où votre corps et votre esprit, ils ne sont pas assez robustes, ils ont besoin de protection, en fait, et ce n'était pas du tout le moment de gérer l'information. Donc oui, il peut y avoir de la dissociation, il peut y avoir de l'oubli, où tous ces mécanismes de défense, ils existent, ils sont là, ils sont réels, et heureusement qu'ils sont là, parce que c'est aussi ce qui fait partie de la résilience. Mais oui, ça peut revenir. Mais ce qui est rassurant, c'est que quand ça revient, c'est surtout et aussi le signe qu'il y a un vrai travail de guérison qui peut s'enclencher. Et du coup, un vrai travail psychothérapeutique ou accompagnateur de manière générale. J'ai des personnes qui viennent me voir qui ont subi des incestes, qui ont subi des viols. et certaines formes d'agression et de violence. Et ces personnes, parfois, elles pleurent en séance, elles s'effondrent en me disant qu'elles en ont marre, qu'elles n'en peuvent plus, en fait. Et que des fois, effectivement, on aurait préféré oublier pour de vrai, en fait, que l'amnésie, on n'en sorte jamais. Et je leur dis, mais vous avez le droit. Vous avez le droit d'en avoir marre, c'est normal. C'est tellement normal d'être fatigué. C'est tellement normal d'être fatigué de travailler sur soi aussi. Donc oui, il y a ce côté espoir de se dire, ok, c'est le début de quelque chose, mais ça ne veut pas dire que c'est le début de quelque chose de grandissant et de formidable dans l'immédiat, tu vois. Ça reste un parcours, ça reste un processus et il y a besoin d'avoir confiance dans ce processus qui n'est pas, ben, c'est pas l'enflève tranquille, tu vois, et ça c'est clair.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as déjà rencontré des femmes où leur corps exprime comme une certaine fermeture ? C'est-à-dire qu'elles ne peuvent plus expérimenter la pénétration ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Tu peux complètement avoir des femmes, même des hommes, si ce sont des hommes qui ont été adressés, ou même peu importe le genre et le sexe d'ailleurs. Mais là, on parle des femmes pour répondre à ta question. Donc oui, je peux recevoir beaucoup de femmes au cabinet qui peuvent avoir... Une fermeture du corps, et notamment une fermeture du vagin, une fermeture de l'appareil gynéco, qui vient se placer juste après un traumatisme, qui a finalement la même fonction que les mécanismes de défense dont on parlait tout à l'heure. C'est la même chose, sauf que ça se passe au niveau du corps. Après, l'idée est vraiment de repérer si cette femme... fermeture, elle est liée à un trauma, c'est-à-dire que tu avais un état A dans lequel était la personne, où tout allait bien en termes de la sexualité, il y a eu le trauma et ça a déclenché un état B avec une fermeture du vagin, une fermeture de tout l'appareil gynéco et une incapacité du coup à recevoir une quelconque forme de pénétration. Ça c'est la première possibilité. La seconde possibilité, tu peux aussi avoir des corps. qui se ferment suite à des blessures plus symboliques. Ce que j'appelle des blessures plus symboliques, c'est que tu n'as pas un trauma très déterminé, mais tu as des choses qui, au fur et à mesure de la vie, ont fait que la personne s'est renfermée petit à petit. Par exemple, tu vois, la sexualité, on est quand même sur l'apogée du lâcher-prise. Et du coup, quand tu vas avoir des problématiques ou des questionnements autour du besoin de contrôle, Du besoin d'avoir regard sur beaucoup de choses. La sexualité, ça peut être quelque chose de difficile. L'atteinte de l'orgasme, ça peut être quelque chose de difficile. Et en fait, l'idée, c'est de repérer si tu veux, si une personne, quand elle vient me voir pour des troubles autour de la sexualité, si une personne, elle vient me voir pour ces troubles-là et qu'en entretien, on va vraiment parler de sexualité parce qu'il y a un trauma qui est posé là-dessus, ou si on va parler de sphères plus larges, comme la difficulté à se... à poser ses limites et du coup où le corps il se renferme petit à petit parce que comme la verbalisation du nom est compliquée le corps prend le relais pour te protéger donc tu peux avoir des choses comme ça et l'idée c'est vraiment en séance de repérer si on parle de sexualité ou si on parle de quelque chose de plus large et si on parle de quelque chose de plus large de pouvoir accompagner plus largement en faisant comprendre à la personne que son corps il a juste choisi la sexualité pour s'exprimer, pour faire exprimer son symptôme. Pour dire, là, il y a un problème, j'utilise la sexualité parce que c'est ce qui va se voir le plus et gêner le plus. Et l'idée, pour faire passer un message, pour dire, il y a quelque chose qui ne va pas. Et là, on brasse des sujets plus grands. En tout cas, je n'ai jamais rencontré, par exemple, de vaginisme structural dans le sens uniquement physiologiques, uniquement physiques. J'ai toujours rencontré des fermetures d'appareils génitaux ou même d'incapacité à recevoir la pénétration, peu importe, qui vont être liées à soit un trauma, soit quelque chose d'émotionnel.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il est primordial de se retrouver avec son corps avant de recommencer à avoir des rapports ?

  • Speaker #1

    Alors, le principe d'un trauma, c'est une intrusion. une intrusion de quelque chose. Ça peut être une intrusion réelle, par exemple, une intrusion réelle du corps pendant un viol, pendant une certaine forme de violence. Et ça peut être une intrusion plus symbolique, dans le sens, par exemple, d'un cambriolage. Cette intrusion, elle va être vécue de manière violente, elle va être difficile à appréhender. C'est d'arriver à réapprivoiser le corps. ou même toutes les sphères de sa vie après cette intrusion réelle ou symbolique. Souvent, ce que j'explique, c'est que cette intrusion, elle est arrivée avec un effet de surprise, avec de la violence, avec de la souffrance. Et du coup, si tu veux réavoir un rapport derrière, l'idée est de se questionner sur est-ce que le corps en est capable ou pas, que ce soit un rapport pénétratif. ou un rapport non pénétratif. Pour ça, j'explique que tu peux avoir vraiment différents espaces vitaux. Donc là, je vais vraiment expliquer ces espaces vitaux à travers le prisme de la psycho et non pas de la socio parce que la socio, tu aurais d'autres choses. Mais à travers la psycho, tu vas avoir tout cet espace vital de l'espace d'existence, d'être à côté de quelqu'un, tu vois, de cette notion vraiment de... L'espace vital primaire, tu vois, de cette manière d'avoir besoin de cet espace d'existence. Tu vas avoir l'espace vital du toucher et tu vas avoir l'espace vital de la pénétration. On vient supposer que quand il y a un trauma, et notamment du coup un trauma autour de la sexualité, tu as ces trois espaces vitaux qui sont bafoués. de manière non consentie et qui sont traversées de manière très rapide. Donc l'idée, ça va être quand même de questionner la personne sur est-ce que la personne est à l'aise quand on la touche ? Est-ce que la personne est à l'aise quand on est à côté d'elle ? Parce que s'il y a déjà de l'angoisse posée sur ces deux espaces vitaux-là, ça paraît compliqué, ça paraît logique que le corps ait une réaction de rejet. ou de fermeture quand on tente un rapport sexuel pénétratif ou non pénétratif. Donc l'idée, c'est vraiment de comprendre ça. C'est de voir ce qui se passe, de voir ce qui se passe par rapport à tout ça. Donc après, clairement, tu peux avoir différentes manières de te reconnecter à ton corps avant. Avoir ou non d'avoir un rapport. Tu peux passer par la masturbation, bien entendu, mais tu peux aussi passer par le fait de te regarder dans un miroir, de t'observer. C'est déjà une forme de reconnexion à toi. Tu peux très bien acheter une huile qui sent bon et qui te fait plaisir et prendre le temps de t'en mettre sur les jambes en sortie de douche. Tu peux tout simplement prendre plus de conscience quand tu te douches et arrêter de faire ça de manière automatique. Tu peux, il y a des dizaines de manières, si tu veux, de te reconnecter à ce qui a été bafoué à l'intérieur de toi et d'y remettre de la douceur. Donc après, par contre... Tu as des gens qui vont avoir besoin de repasser par la sexualité pour se retrouver. Ça, c'est les manières de gérer de chacun de chacune. Mais plus il y a une forme de douceur qui va aider à réparer la violence, plus le corps va être coopératif tout simplement. Et plus facilement, tu vas pouvoir reprendre une certaine forme de sexualité ou même toutes les formes de sexualité.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il n'est jamais trop tard, c'est-à-dire que les victimes peuvent venir consulter même des années après ?

  • Speaker #1

    Alors non, non, clairement, c'est jamais trop tard. Autant sur une question de justice, il y a toutes ces histoires de délais, autant dans l'accompagnement, non, non, c'est jamais trop tard. J'ai même envie de... de te dire que, je sais pas, je dis n'importe quoi, mais si j'avais appris que ma grand-mère, à 75 ans, elle avait subi un trauma, je lui aurais dit la même chose en disant Tu sais, mamie, ça serait peut-être intéressant que t'ailles en parler. Ou alors quelqu'un qui vienne simplement me voir, ou alors ma pote qui vienne se faire agresser dans le métro, je vais lui dire la même chose. Je vais lui dire Est-ce que t'as envie d'en dire quelque chose ? Que ce soit avec moi en tant qu'amie. Que ce soit avec moi en tant que professionnelle, mais du coup pas mes proches. Ou alors que ce soit avec une autre personne. Ça, peu importe. Peu importe la personne qui est sélectionnée pour entendre ce discours. Mais, enfin, à part comme je le disais au début, que la personne, elle soit apte à recevoir. Mais sinon, non, il n'est jamais trop tard. C'est juste que tu vas avoir une temporalité qui va être propre à chaque personne. Et encore, cette temporalité va être propre à chaque personne, mais en réalité, l'impact émotionnel, quand tu ne l'as jamais travaillé, il reste quand même très actif. Mais il n'est jamais trop tard, non ? Et après, vous êtes aussi libre de choisir la manière dont vous voulez vous faire accompagner. Moi, j'accompagne et je parle beaucoup de psycho, et encore que j'accompagne de manière bien plus large que ça, en accompagnant le corps, etc. Tout est OK, en fait. L'idée, c'est juste, et d'ailleurs le seul il faut qu'il va y avoir, c'est vraiment que dans tout ça, vous arriviez à choisir une personne qui vous corresponde, d'un côté, et d'un deuxième côté, d'avoir une approche et des techniques que vous allez choisir, qui vous respectent, qui respectent vos appétences, vos valeurs, etc. Mais sinon, non, c'est jamais trop tard.

  • Speaker #0

    Si tu avais un conseil à donner à nos auditeurs qui n'ont pas encore eu ce déclic, ce passage du silence à la libération, grâce à la parole, que leur conseilles-tu ?

  • Speaker #1

    Alors, aller voir quelqu'un, c'est une étape qui n'est pas évidente. Du coup, ce que je conseillerais dans un premier temps, c'est déjà de passer, comme tu dis, du silence à la libération. mais de soi à soi. C'est difficile d'aller voir quelqu'un. Mais déjà de passer à la libération de soi à soi, c'est-à-dire de passer par un processus de commencer à ne pas se minimiser soi-même ou sa souffrance, ne pas soi-même se faire taire, arriver à enclencher des processus de digestion de soi à soi. qu'il soit par exemple l'écriture, qu'il soit par exemple le chant, le théâtre, peu importe en fait ce qui va être utilisé. L'idée c'est juste que vous avez une information de ce trauma-là qui est un peu ou complètement bloqué et statique à l'intérieur de vous. Et l'idée c'est de le faire circuler, de le faire sortir. Donc ça peut être de la boxe, ça peut être aller courir, ça peut être, je le redis, écrire, ça peut être du yoga, ça peut être de la méditation, ça peut être de la cohérence cardiaque, ça peut être peu importe. Ça peut être de vous enregistrer solo des vocaux pour vous-même et par vous-même, peu importe. Mais l'idée, c'est que si vous n'êtes pas prêt, prête aujourd'hui à consulter.

  • Speaker #0

    peu importe quel est le ou la professionnel, accepter que ça existe de vous à vous. Ça, c'est important. Le fait d'être doux, douce avec soi, le fait de se dire OK vis-à-vis de soi, OK, je ne me fais pas taire, c'est déjà énorme. Et après, vous verrez. Vous verrez. Mais l'idée, c'est vraiment de... respecter votre moment, votre moment pour y aller, pour verbaliser, et de pas vous forcer. Ça sert à rien. Quand on a des personnes qui sont en face de nous, en séance, et qui ont pas envie d'être là, on fait rien. Peu importe la perspicacité, peu importe les compétences, peu importe la pertinence du ou de la professionnelle, si la personne, elle n'a pas envie, ou qu'elle ne peut pas, que c'est pas son moment, ça sert à rien. Et souvent, ce que je dis, c'est que quand j'ai des personnes qui viennent pour faire plaisir à d'autres personnes ou parce qu'il le faut, j'essaie toujours de recentrer à leur pourquoi, à eux, leur demande à eux. De se dire, en fait, on... Alors, je ne le dis pas comme ça, bien évidemment, mais on s'en fiche un peu de ce que la chérie ou le chéri te demande de faire. L'idée, c'est toi, comment je te sens avec ça ? Qu'est-ce qui est en train de se passer à l'intérieur de ton corps ? Est-ce que tu es vraiment OK avec le fait de travailler sur ça ? Est-ce que c'est vraiment le moment ? Et parfois, c'est un non et ce n'est pas grave. Donc, je dirais que l'idée, c'est vraiment de passer au moins avec de la douceur, de passer de la douceur sur la violence de soi à soi, de ne pas se faire taire et ensuite de consulter quand c'est le moment. Quand c'est le moment. Et puis si ça n'arrive jamais, ce moment-là, c'est dommage, mais ce n'est pas grave. Donc oui, complètement. Complètement. Le fait d'être soi, le fait d'être soi avant tout. Tout à fait soi. Avant tout. Merci beaucoup à toi de m'avoir invitée sur ton podcast.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Margot, d'être passée sur le podcast. Et ta dame. et de nous avoir éclairé sur ces sujets importants. J'espère que ça va permettre de donner ce petit déclic aux éditeurs qui nous écoutent et de leur donner cette force de faire ce premier pas qui est déjà de sortir du silence. Vous n'êtes pas seul, vous pouvez être entendu. Ne faites plus de ce sujet un tabou, car la honte, ce n'est pas aux victimes de la ressentir, c'est à l'agresseur et vous n'êtes pas ce viol. Vous écoutiez Tadam, un podcast de Stéphanie Jarry. A très vite pour un prochain épisode.

  • Speaker #2

    Etat d'âme, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants, les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Etat d'âme, chaque femme est unique, mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarry.

Description

Aujourd’hui, dans États Dames, j’ai le plaisir de recevoir Margaux Marty, psychologue clinicienne et thérapeute holistique. Diplômée en psychologie clinique et psychanalyse, Margaux accompagne enfants, adolescents, et adultes dans leur quête de mieux-être. Elle propose une approche bienveillante pour les aider à surmonter les défis personnels, notamment ceux liés aux traumatismes et à la réappropriation de la sexualité.

Dans cet épisode, nous abordons avec délicatesse un sujet complexe : l'impact des traumatismes sur la sexualité. Margaux partage ses connaissances et propose des clés pour mieux comprendre et guérir des blessures profondes que peuvent laisser certains événements. Si ce sujet vous concerne, sachez qu’il peut faire ressurgir des souvenirs douloureux. Nous vous invitons à écouter cet épisode en toute conscience et à prendre soin de vous.

Pour celles et ceux en quête de compréhension et de soutien, cet épisode offre des ressources pour avancer sur le chemin de la guérison et retrouver une vie intime épanouie.

Excellente écoute 👂


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous êtes sur Etat d'âme. Aujourd'hui, je reçois avec un immense plaisir Margot Marty, psychologue clinicienne et holistique. Psychologue clinicienne de formation, Margot a effectué ses études à Toulouse. Diplômée d'une licence en psychologie clinique et psychanalyse, ainsi que d'un Master 2 en psychologie clinique de la santé, elle accueille au sein de son cabinet des enfants, des adolescents et des adultes ayant pour volonté de travailler vers un mieux-être. Je vous mets en lien dans la description de quoi retrouver la multitude d'expertises sur lesquelles Margot Marty peut vous aider. Chers auditeurs, attention, on préfère vous signaler que dans cet épisode, nous évoquerons, et bien, comme vous avez pu le constater dans le titre, ma sexualité chamboulée après un trauma. C'est pourquoi nous vous mettons en garde sur le fait que l'écoute de cet épisode peut réactiver un ou plusieurs souvenirs traumatiques si vous en avez vécu. Ma sexualité après un trauma, c'est le sujet du jour. Excellente écoute. Etat d'âme, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants, les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Etat d'âme, chaque femme est unique, mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarrim. Bonjour Margot, merci d'être là aujourd'hui. Alors aujourd'hui, on va aborder un sujet difficile, qui est la sexualité après un trauma. Pour une victime, est-ce que c'est essentiel de se confier pour entamer sa reconstruction mentale et se réapproprier son corps ? Certaines personnes peuvent y arriver en gardant tout pour soi.

  • Speaker #1

    Alors, gardez tout. pour soi, de manière générale, c'est quelque chose d'assez compliqué. Je pense qu'on ait vécu un traumatisme ou non, d'ailleurs. L'idée, c'est surtout de trouver des personnes qui soient aptes à entendre ce que vous avez vécu, qui soient aptes à accueillir sur tout ce que vous avez vécu. Parce qu'écouter et accueillir, c'est pas la même chose. Et l'idée, c'est vraiment de choisir les personnes qui vont être auditeurs ou auditrices de ce trauma ou de ce récit que vous avez besoin de donner. Et parfois, c'est pas une laisse à faire. Donc, parfois, au début, on peut se parler proche pour commencer. Et puis ensuite, on bascule avec des professionnels, parfois, qui sont ensuite plus ou moins adaptés. Et puis, on finit par trouver une personne qui comprend, écoute et accueille. Et on se dit, OK, ça va aller. Et ça valait peut-être le coup d'en dire quelque chose de ce trauma ou de cette histoire de vie qui a été compliquée.

  • Speaker #0

    L'impact des violences sexistes et sexuelles sur la santé mentale, est-ce que ça peut aussi venir... interférer sur la sexualité ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors en fait, ce qui se passe, c'est que dès qu'on vit une certaine forme de violence, ça vient perturber nos croyances. Ça vient perturber la perception qu'on a du monde, de notre valeur, de nous-mêmes, de notre corps aussi. Et la sexualité fait partie de toutes ces sphères-là qui peuvent être perturbées. Après, ça dépend de l'événement traumatique en lui-même, mais bien sûr, oui, la sexualité peut être une des sphères qui peut être touchée. Plus ou moins profondément, en fait, en fonction de ce qui a été vécu par la personne, de ce qui s'est passé, de la catégorie du trauma, etc.

  • Speaker #0

    Comment ça se passe, une toute première consultation ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, il y a plusieurs choses que je propose. Donc, en fonction des accompagnements, il y a une première séance qui va être différente. Par contre, au sein de la première séance, peut-être que si j'ai des patients, des patientes qui passent par là, elles vont se reconnaître. Ils vont reconnaître la première séance. Mais vraiment, la première séance, quel que soit l'accompagnement, quel que soit le but de l'accompagnement, et quelle que soit la raison pour laquelle la personne va venir, cette première séance, elle a deux vocations. La première, c'est de comprendre un peu ce qui amène la personne, ce qui va se passer dans la vie de la personne, ce qui est en train de se passer pour elle. L'idée, c'est de savoir qu'est-ce qui a fait des clics pour consulter aujourd'hui et que ce ne soit pas un autre jour. C'est de savoir ce qui s'est passé. de savoir, de comprendre un petit peu l'histoire de vie de la personne et d'essayer, ce que je dis souvent, c'est d'essayer de mettre de la lumière, de dézoomer un petit peu. Donc ça, c'est vraiment quelque chose qu'on fait dans la première séance, parfois sur la seconde aussi. Et théoriquement, en psychologie, on appelle ça une anamnèse. En gros, on fait le point sur ce qui se passe, on met de la lumière sur ce qui s'est joué et sur l'histoire de vie de la personne. Ça, c'est la première chose. C'est quelque chose d'assez factuel, finalement, et c'est quelque chose de primordial pour savoir un petit peu qui est la personne et comment on se rencontre, tout simplement. Et la deuxième chose, c'est vraiment quelque chose de primordial pour moi, c'est que les personnes qui viennent dans mon espace, pour moi en tout cas, elles ont besoin... pour se livrer correctement, de se sentir suffisamment en sécurité et dans un cadre qui est bienveillant, pour pouvoir dire ce qu'elles ont envie de dire et dire ce qu'elles ont besoin de dire. Et ça, c'est ce que j'explique, c'est que pour pouvoir faire ça, il faut être sûr d'avoir, de ressentir cette sécurité, cette bienveillance. Et ce que j'explique, c'est que du coup, par rapport à ça, ben... Avant de se rencontrer en tant que personne qui vient voir une ou un professionnel et là où le professionnel, on se rencontre en tant qu'humain et face à ça, on voit s'il y a quelque chose qui se passe, on voit s'il y a un feeling et ce qu'on appelle en psychologie une rencontre, la rencontre. Quand tu as quelque chose qui se passe en séance, qu'il y a du feeling, quand il y a une énergie particulière qui est en train de se passer. On appelle ça la rencontre. Et donc, moi, pour répondre à ta question, la première séance, elle a vraiment deux vocations. L'idée est de, un, savoir ce qui amène la personne ici, jusqu'à moi, et de, deux, savoir si je suis la bonne personne pour mon ou ma patiente, pour l'accompagner.

  • Speaker #0

    Un traumatisme, c'est quoi exactement ? Comment on peut le définir ?

  • Speaker #1

    Un traumatisme, en fonction des courants, des approches. ça va se définir de manière différente. Mais on va dire que si je vulgarise et que j'élargis la définition pour essayer de faire rentrer l'entièreté des approches, un traumatisme, c'est tout simplement un événement qui vient déséquilibrer l'homéostasie, donc l'équilibre à l'intérieur d'un quotidien de vie, à l'intérieur d'une histoire de vie, à l'intérieur d'un être, tout simplement.

  • Speaker #0

    Quelle est ta manière de travailler pour des traumatismes comme des viols, de l'inceste, des attouchements, des viols conjugaux par exemple ? Est-ce que la plupart des patients prennent conscience qu'ils ont été objets et non sujets du viol ? Qu'ils ne sont tout simplement pas coupables ?

  • Speaker #1

    C'est une énorme question que tu viens de me poser qui je pense pourrait être l'objet d'un épisode de podcast entier. En fait, c'est peut-être un peu bateau ce que je vais répondre, mais ça dépend énormément de la personne. Ça dépend de sa capacité, ça dépend de sa résilience. Sa résilience, c'est sa capacité à se remettre des événements. Ça dépend de son histoire de vie, ça dépend de son entourage. Ça dépend de la manière dont la personne est accompagnée, si elle est coucounée par exemple ou pas du tout. Ça va aussi dépendre des personnes que cette personne a rencontrées sur son chemin, qui vient renforcer le traumatisme ou au contraire aider la personne à le porter ou à l'aider à l'appréhender mieux. Ça dépend de l'éducation que la personne a reçue, ça dépend énormément, énormément, énormément de facteurs. En tout cas, la manière dont j'accompagne pour répondre à ta première partie de question, elle vient tenter de connecter à cet événement. Parce que dans un trauma, je disais qu'un trauma c'était vraiment un déséquilibre, et c'est souvent un déséquilibre qui crée une perte de sens. C'est-à-dire qu'on ne sait pas trop ce qui s'est passé, on ne comprend pas trop pourquoi c'est nous, on ne comprend pas ce qu'on a fait, il y a quelque chose qui se joue et qui a déconnecté. Et donc la manière dont j'accompagne de manière générale, et particulièrement avec le trauma, c'est d'aider à remettre en sens, d'aider à comprendre, d'aider à remettre de l'émotion là où il y a eu une certaine forme de sidération. C'est ce qu'on appelle en psychologie quelque chose qui fige, qui fait la dissociation. Donc là où il y a eu des connexions, on vient remettre de la connexion, on vient remettre de l'émotion. On vient remettre de la connexion là où il y a eu dissociation et remettre de la douceur. là où il y a eu de la violence. Et c'est valable, tout ça c'est valable dans le psychisme, c'est valable dans le corps, dans la sexualité bien sûr, mais en fait dans son identité de manière générale. Et du coup, en fonction de la personne, en fonction de son histoire, en fonction de sa vitesse de traitement, en fonction d'énormément de choses, ça va aller plus ou moins vite. Cet accompagnement, il va aller plus ou moins vite, plus ou moins profond. Ça va prendre plus ou moins une forme de verbalisation. Ou alors, on peut très bien utiliser de l'EMDR. L'EMDR, c'est un traitement des traumas par mouvement oculaire. Mais concernant ça va... pouvoir être d'utiliser les soins par les toucher, où je vais vraiment venir travailler le corps et le psychisme en même temps. Il y a des pluralités de manières de se reconnecter et l'idée c'est de répondre aux besoins de la personne et à ses capacités. Du coup ça va vraiment dépendre de la singularité de la personne que j'ai en face de moi. En même temps, j'ai des entretiens qui se ressemblent énormément parce que forcément c'est moi qui les mène. Et en même temps, la manière dont je mène les entretiens n'a rien à voir les uns avec les autres en fonction de qui j'ai en face de moi.

  • Speaker #0

    Et ça arrive que des patients viennent témoigner des années après ?

  • Speaker #1

    C'est nickel que tu poses cette question parce que j'allais justement rebondir sur ta phrase de juste avant. Et du coup, en fait, ça fait le lien. Tout, si tu veux, tout est une question de temporalité chez les personnes. Tu peux très bien te dire... Oh là là, j'ai besoin de quelque chose, j'ai besoin de consulter le savoir, avoir une part de toi qui est consciente de ça, c'est différent d'être capable de te dire je vais combler ce besoin Et du coup, quand il y a une question qui se pose de consulter ou non, ça peut être compliqué de passer à l'acte. Tu peux savoir que tu en as besoin, tu peux savoir qu'il va falloir que tu le fasses, mais le moment où tu sais que tu dois le faire et le moment où tu le fais vraiment, parfois il y a vraiment un laps de temps. Et du coup, ça peut effectivement complètement arriver que des années après ou des mois après, tu aies une personne qui sorte du silence, soit par la volonté, c'est-à-dire que la personne devient prête, soit dans un trauma, tu peux avoir ce qu'on appelle... Un état de stress post-traumatique, tu peux avoir des reviviscences. Des reviviscences, c'est le fait d'avoir des souvenirs qui remontent à la surface. Et quand tu as des souvenirs qui remontent à la surface que tu avais oubliés, ça s'appelle sortir de l'amnésie traumatique. Quand tu sors de l'amnésie traumatique, ça veut dire qu'il y a eu oubli. Donc tu peux aussi avoir des personnes qui mettent vraiment longtemps à sortir de cette amnésie traumatique. Parce qu'elles avaient besoin de cette temporalité. Il faut savoir que l'oubli, ça a vraiment une fonction. C'est-à-dire qu'en fait, quand tu as vécu un trauma, le corps et le cerveau, ils ont décidé que c'était trop violent. Et du coup, ils ont créé l'oubli. Et en fait, les personnes qui vivent ça, ces personnes, elles vivent dans une espèce de période de latence un peu. Et le temps que l'oubli se dévoile, le temps que l'oubli se sépare, deviennent éparses, il n'y a pas de conscience. Quand il y a de l'oubli, il n'y a pas de conscience. Donc soit les gens vont venir effectivement peut-être des années après parce que c'est une question de leur temporalité, soit les gens peuvent venir des années après parce que en fait, les personnes sont sorties de l'amnésie traumatique et avant, ces personnes n'avaient pas conscience. qui ne s'était pas cassé quelque chose, ou en tout cas que c'était si grave. Ça reste un mécanisme de défense, l'oubli. Donc il peut y avoir ces deux formes-là principales. Soit parce que ce n'est pas le moment, et dans ce cas-là ils viennent bien plus tard. Soit parce qu'ils n'en avaient pas souvenir, donc du coup les personnes ne risquaient pas de vouloir ou de pouvoir même se mettre en action.

  • Speaker #0

    Tout ce que le corps et l'esprit durant l'agression a décidé de mettre de côté, donc on va dire un petit peu sous le tapis, et au final tenté d'oublier, ça peut revenir subitement un jour si ça n'a pas été traité ?

  • Speaker #1

    Alors, cette question, elle est délicate. Parce que je vais répondre oui à ta question, et en même temps, le oui peut faire très peur. Je vais le nuancer. Votre corps, notre corps, ne fera jamais ressortir quelque chose que vous n'êtes pas. capable de gérer. Donc en fait, quand on sort de l'amnésie traumatique, ça veut dire qu'avant, le corps et l'esprit ne se sentaient pas capables de gérer l'information traumatique. Quand on sort de l'amnésie traumatique, même si c'est difficile, que c'est déséquilibrant, que c'est retournant, qu'on en pleure, qu'on a peur, qu'on fait des crises d'angoisse. Malgré ça, ça veut dire que l'inconscient, et notamment la censure, parce qu'il existe une censure entre la conscience et l'inconscient, cette censure détermine que l'aspect conscient est capable de recevoir l'information. Donc oui, tout ça, ça peut ressortir. Tu peux avoir des éléments qui font ressortir certains troubles, soit par le fait de revivre directement quelque chose de similaire, soit par des éléments qui viennent rappeler. Ce contexte traumatique, c'est dans des temporalités où ton corps et ton esprit ont décidé, en gros, même inconsciemment, que tu étais capable de gérer. Donc ça te donne quand même le pouvoir d'en faire quelque chose. À partir du moment où ça devient conscient, ça veut dire que ton corps et ton esprit sont capables de guérir pour de vrai. Parce que l'oubli, l'amnésie traumatique, c'est une mise de côté. C'est une dissociation, c'est ce qu'on appelle un mécanisme de défense en psychologie. Et c'est des périodes où votre corps et votre esprit, ils ne sont pas assez robustes, ils ont besoin de protection, en fait, et ce n'était pas du tout le moment de gérer l'information. Donc oui, il peut y avoir de la dissociation, il peut y avoir de l'oubli, où tous ces mécanismes de défense, ils existent, ils sont là, ils sont réels, et heureusement qu'ils sont là, parce que c'est aussi ce qui fait partie de la résilience. Mais oui, ça peut revenir. Mais ce qui est rassurant, c'est que quand ça revient, c'est surtout et aussi le signe qu'il y a un vrai travail de guérison qui peut s'enclencher. Et du coup, un vrai travail psychothérapeutique ou accompagnateur de manière générale. J'ai des personnes qui viennent me voir qui ont subi des incestes, qui ont subi des viols. et certaines formes d'agression et de violence. Et ces personnes, parfois, elles pleurent en séance, elles s'effondrent en me disant qu'elles en ont marre, qu'elles n'en peuvent plus, en fait. Et que des fois, effectivement, on aurait préféré oublier pour de vrai, en fait, que l'amnésie, on n'en sorte jamais. Et je leur dis, mais vous avez le droit. Vous avez le droit d'en avoir marre, c'est normal. C'est tellement normal d'être fatigué. C'est tellement normal d'être fatigué de travailler sur soi aussi. Donc oui, il y a ce côté espoir de se dire, ok, c'est le début de quelque chose, mais ça ne veut pas dire que c'est le début de quelque chose de grandissant et de formidable dans l'immédiat, tu vois. Ça reste un parcours, ça reste un processus et il y a besoin d'avoir confiance dans ce processus qui n'est pas, ben, c'est pas l'enflève tranquille, tu vois, et ça c'est clair.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as déjà rencontré des femmes où leur corps exprime comme une certaine fermeture ? C'est-à-dire qu'elles ne peuvent plus expérimenter la pénétration ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Tu peux complètement avoir des femmes, même des hommes, si ce sont des hommes qui ont été adressés, ou même peu importe le genre et le sexe d'ailleurs. Mais là, on parle des femmes pour répondre à ta question. Donc oui, je peux recevoir beaucoup de femmes au cabinet qui peuvent avoir... Une fermeture du corps, et notamment une fermeture du vagin, une fermeture de l'appareil gynéco, qui vient se placer juste après un traumatisme, qui a finalement la même fonction que les mécanismes de défense dont on parlait tout à l'heure. C'est la même chose, sauf que ça se passe au niveau du corps. Après, l'idée est vraiment de repérer si cette femme... fermeture, elle est liée à un trauma, c'est-à-dire que tu avais un état A dans lequel était la personne, où tout allait bien en termes de la sexualité, il y a eu le trauma et ça a déclenché un état B avec une fermeture du vagin, une fermeture de tout l'appareil gynéco et une incapacité du coup à recevoir une quelconque forme de pénétration. Ça c'est la première possibilité. La seconde possibilité, tu peux aussi avoir des corps. qui se ferment suite à des blessures plus symboliques. Ce que j'appelle des blessures plus symboliques, c'est que tu n'as pas un trauma très déterminé, mais tu as des choses qui, au fur et à mesure de la vie, ont fait que la personne s'est renfermée petit à petit. Par exemple, tu vois, la sexualité, on est quand même sur l'apogée du lâcher-prise. Et du coup, quand tu vas avoir des problématiques ou des questionnements autour du besoin de contrôle, Du besoin d'avoir regard sur beaucoup de choses. La sexualité, ça peut être quelque chose de difficile. L'atteinte de l'orgasme, ça peut être quelque chose de difficile. Et en fait, l'idée, c'est de repérer si tu veux, si une personne, quand elle vient me voir pour des troubles autour de la sexualité, si une personne, elle vient me voir pour ces troubles-là et qu'en entretien, on va vraiment parler de sexualité parce qu'il y a un trauma qui est posé là-dessus, ou si on va parler de sphères plus larges, comme la difficulté à se... à poser ses limites et du coup où le corps il se renferme petit à petit parce que comme la verbalisation du nom est compliquée le corps prend le relais pour te protéger donc tu peux avoir des choses comme ça et l'idée c'est vraiment en séance de repérer si on parle de sexualité ou si on parle de quelque chose de plus large et si on parle de quelque chose de plus large de pouvoir accompagner plus largement en faisant comprendre à la personne que son corps il a juste choisi la sexualité pour s'exprimer, pour faire exprimer son symptôme. Pour dire, là, il y a un problème, j'utilise la sexualité parce que c'est ce qui va se voir le plus et gêner le plus. Et l'idée, pour faire passer un message, pour dire, il y a quelque chose qui ne va pas. Et là, on brasse des sujets plus grands. En tout cas, je n'ai jamais rencontré, par exemple, de vaginisme structural dans le sens uniquement physiologiques, uniquement physiques. J'ai toujours rencontré des fermetures d'appareils génitaux ou même d'incapacité à recevoir la pénétration, peu importe, qui vont être liées à soit un trauma, soit quelque chose d'émotionnel.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il est primordial de se retrouver avec son corps avant de recommencer à avoir des rapports ?

  • Speaker #1

    Alors, le principe d'un trauma, c'est une intrusion. une intrusion de quelque chose. Ça peut être une intrusion réelle, par exemple, une intrusion réelle du corps pendant un viol, pendant une certaine forme de violence. Et ça peut être une intrusion plus symbolique, dans le sens, par exemple, d'un cambriolage. Cette intrusion, elle va être vécue de manière violente, elle va être difficile à appréhender. C'est d'arriver à réapprivoiser le corps. ou même toutes les sphères de sa vie après cette intrusion réelle ou symbolique. Souvent, ce que j'explique, c'est que cette intrusion, elle est arrivée avec un effet de surprise, avec de la violence, avec de la souffrance. Et du coup, si tu veux réavoir un rapport derrière, l'idée est de se questionner sur est-ce que le corps en est capable ou pas, que ce soit un rapport pénétratif. ou un rapport non pénétratif. Pour ça, j'explique que tu peux avoir vraiment différents espaces vitaux. Donc là, je vais vraiment expliquer ces espaces vitaux à travers le prisme de la psycho et non pas de la socio parce que la socio, tu aurais d'autres choses. Mais à travers la psycho, tu vas avoir tout cet espace vital de l'espace d'existence, d'être à côté de quelqu'un, tu vois, de cette notion vraiment de... L'espace vital primaire, tu vois, de cette manière d'avoir besoin de cet espace d'existence. Tu vas avoir l'espace vital du toucher et tu vas avoir l'espace vital de la pénétration. On vient supposer que quand il y a un trauma, et notamment du coup un trauma autour de la sexualité, tu as ces trois espaces vitaux qui sont bafoués. de manière non consentie et qui sont traversées de manière très rapide. Donc l'idée, ça va être quand même de questionner la personne sur est-ce que la personne est à l'aise quand on la touche ? Est-ce que la personne est à l'aise quand on est à côté d'elle ? Parce que s'il y a déjà de l'angoisse posée sur ces deux espaces vitaux-là, ça paraît compliqué, ça paraît logique que le corps ait une réaction de rejet. ou de fermeture quand on tente un rapport sexuel pénétratif ou non pénétratif. Donc l'idée, c'est vraiment de comprendre ça. C'est de voir ce qui se passe, de voir ce qui se passe par rapport à tout ça. Donc après, clairement, tu peux avoir différentes manières de te reconnecter à ton corps avant. Avoir ou non d'avoir un rapport. Tu peux passer par la masturbation, bien entendu, mais tu peux aussi passer par le fait de te regarder dans un miroir, de t'observer. C'est déjà une forme de reconnexion à toi. Tu peux très bien acheter une huile qui sent bon et qui te fait plaisir et prendre le temps de t'en mettre sur les jambes en sortie de douche. Tu peux tout simplement prendre plus de conscience quand tu te douches et arrêter de faire ça de manière automatique. Tu peux, il y a des dizaines de manières, si tu veux, de te reconnecter à ce qui a été bafoué à l'intérieur de toi et d'y remettre de la douceur. Donc après, par contre... Tu as des gens qui vont avoir besoin de repasser par la sexualité pour se retrouver. Ça, c'est les manières de gérer de chacun de chacune. Mais plus il y a une forme de douceur qui va aider à réparer la violence, plus le corps va être coopératif tout simplement. Et plus facilement, tu vas pouvoir reprendre une certaine forme de sexualité ou même toutes les formes de sexualité.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il n'est jamais trop tard, c'est-à-dire que les victimes peuvent venir consulter même des années après ?

  • Speaker #1

    Alors non, non, clairement, c'est jamais trop tard. Autant sur une question de justice, il y a toutes ces histoires de délais, autant dans l'accompagnement, non, non, c'est jamais trop tard. J'ai même envie de... de te dire que, je sais pas, je dis n'importe quoi, mais si j'avais appris que ma grand-mère, à 75 ans, elle avait subi un trauma, je lui aurais dit la même chose en disant Tu sais, mamie, ça serait peut-être intéressant que t'ailles en parler. Ou alors quelqu'un qui vienne simplement me voir, ou alors ma pote qui vienne se faire agresser dans le métro, je vais lui dire la même chose. Je vais lui dire Est-ce que t'as envie d'en dire quelque chose ? Que ce soit avec moi en tant qu'amie. Que ce soit avec moi en tant que professionnelle, mais du coup pas mes proches. Ou alors que ce soit avec une autre personne. Ça, peu importe. Peu importe la personne qui est sélectionnée pour entendre ce discours. Mais, enfin, à part comme je le disais au début, que la personne, elle soit apte à recevoir. Mais sinon, non, il n'est jamais trop tard. C'est juste que tu vas avoir une temporalité qui va être propre à chaque personne. Et encore, cette temporalité va être propre à chaque personne, mais en réalité, l'impact émotionnel, quand tu ne l'as jamais travaillé, il reste quand même très actif. Mais il n'est jamais trop tard, non ? Et après, vous êtes aussi libre de choisir la manière dont vous voulez vous faire accompagner. Moi, j'accompagne et je parle beaucoup de psycho, et encore que j'accompagne de manière bien plus large que ça, en accompagnant le corps, etc. Tout est OK, en fait. L'idée, c'est juste, et d'ailleurs le seul il faut qu'il va y avoir, c'est vraiment que dans tout ça, vous arriviez à choisir une personne qui vous corresponde, d'un côté, et d'un deuxième côté, d'avoir une approche et des techniques que vous allez choisir, qui vous respectent, qui respectent vos appétences, vos valeurs, etc. Mais sinon, non, c'est jamais trop tard.

  • Speaker #0

    Si tu avais un conseil à donner à nos auditeurs qui n'ont pas encore eu ce déclic, ce passage du silence à la libération, grâce à la parole, que leur conseilles-tu ?

  • Speaker #1

    Alors, aller voir quelqu'un, c'est une étape qui n'est pas évidente. Du coup, ce que je conseillerais dans un premier temps, c'est déjà de passer, comme tu dis, du silence à la libération. mais de soi à soi. C'est difficile d'aller voir quelqu'un. Mais déjà de passer à la libération de soi à soi, c'est-à-dire de passer par un processus de commencer à ne pas se minimiser soi-même ou sa souffrance, ne pas soi-même se faire taire, arriver à enclencher des processus de digestion de soi à soi. qu'il soit par exemple l'écriture, qu'il soit par exemple le chant, le théâtre, peu importe en fait ce qui va être utilisé. L'idée c'est juste que vous avez une information de ce trauma-là qui est un peu ou complètement bloqué et statique à l'intérieur de vous. Et l'idée c'est de le faire circuler, de le faire sortir. Donc ça peut être de la boxe, ça peut être aller courir, ça peut être, je le redis, écrire, ça peut être du yoga, ça peut être de la méditation, ça peut être de la cohérence cardiaque, ça peut être peu importe. Ça peut être de vous enregistrer solo des vocaux pour vous-même et par vous-même, peu importe. Mais l'idée, c'est que si vous n'êtes pas prêt, prête aujourd'hui à consulter.

  • Speaker #0

    peu importe quel est le ou la professionnel, accepter que ça existe de vous à vous. Ça, c'est important. Le fait d'être doux, douce avec soi, le fait de se dire OK vis-à-vis de soi, OK, je ne me fais pas taire, c'est déjà énorme. Et après, vous verrez. Vous verrez. Mais l'idée, c'est vraiment de... respecter votre moment, votre moment pour y aller, pour verbaliser, et de pas vous forcer. Ça sert à rien. Quand on a des personnes qui sont en face de nous, en séance, et qui ont pas envie d'être là, on fait rien. Peu importe la perspicacité, peu importe les compétences, peu importe la pertinence du ou de la professionnelle, si la personne, elle n'a pas envie, ou qu'elle ne peut pas, que c'est pas son moment, ça sert à rien. Et souvent, ce que je dis, c'est que quand j'ai des personnes qui viennent pour faire plaisir à d'autres personnes ou parce qu'il le faut, j'essaie toujours de recentrer à leur pourquoi, à eux, leur demande à eux. De se dire, en fait, on... Alors, je ne le dis pas comme ça, bien évidemment, mais on s'en fiche un peu de ce que la chérie ou le chéri te demande de faire. L'idée, c'est toi, comment je te sens avec ça ? Qu'est-ce qui est en train de se passer à l'intérieur de ton corps ? Est-ce que tu es vraiment OK avec le fait de travailler sur ça ? Est-ce que c'est vraiment le moment ? Et parfois, c'est un non et ce n'est pas grave. Donc, je dirais que l'idée, c'est vraiment de passer au moins avec de la douceur, de passer de la douceur sur la violence de soi à soi, de ne pas se faire taire et ensuite de consulter quand c'est le moment. Quand c'est le moment. Et puis si ça n'arrive jamais, ce moment-là, c'est dommage, mais ce n'est pas grave. Donc oui, complètement. Complètement. Le fait d'être soi, le fait d'être soi avant tout. Tout à fait soi. Avant tout. Merci beaucoup à toi de m'avoir invitée sur ton podcast.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Margot, d'être passée sur le podcast. Et ta dame. et de nous avoir éclairé sur ces sujets importants. J'espère que ça va permettre de donner ce petit déclic aux éditeurs qui nous écoutent et de leur donner cette force de faire ce premier pas qui est déjà de sortir du silence. Vous n'êtes pas seul, vous pouvez être entendu. Ne faites plus de ce sujet un tabou, car la honte, ce n'est pas aux victimes de la ressentir, c'est à l'agresseur et vous n'êtes pas ce viol. Vous écoutiez Tadam, un podcast de Stéphanie Jarry. A très vite pour un prochain épisode.

  • Speaker #2

    Etat d'âme, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants, les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Etat d'âme, chaque femme est unique, mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarry.

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Description

Aujourd’hui, dans États Dames, j’ai le plaisir de recevoir Margaux Marty, psychologue clinicienne et thérapeute holistique. Diplômée en psychologie clinique et psychanalyse, Margaux accompagne enfants, adolescents, et adultes dans leur quête de mieux-être. Elle propose une approche bienveillante pour les aider à surmonter les défis personnels, notamment ceux liés aux traumatismes et à la réappropriation de la sexualité.

Dans cet épisode, nous abordons avec délicatesse un sujet complexe : l'impact des traumatismes sur la sexualité. Margaux partage ses connaissances et propose des clés pour mieux comprendre et guérir des blessures profondes que peuvent laisser certains événements. Si ce sujet vous concerne, sachez qu’il peut faire ressurgir des souvenirs douloureux. Nous vous invitons à écouter cet épisode en toute conscience et à prendre soin de vous.

Pour celles et ceux en quête de compréhension et de soutien, cet épisode offre des ressources pour avancer sur le chemin de la guérison et retrouver une vie intime épanouie.

Excellente écoute 👂


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous êtes sur Etat d'âme. Aujourd'hui, je reçois avec un immense plaisir Margot Marty, psychologue clinicienne et holistique. Psychologue clinicienne de formation, Margot a effectué ses études à Toulouse. Diplômée d'une licence en psychologie clinique et psychanalyse, ainsi que d'un Master 2 en psychologie clinique de la santé, elle accueille au sein de son cabinet des enfants, des adolescents et des adultes ayant pour volonté de travailler vers un mieux-être. Je vous mets en lien dans la description de quoi retrouver la multitude d'expertises sur lesquelles Margot Marty peut vous aider. Chers auditeurs, attention, on préfère vous signaler que dans cet épisode, nous évoquerons, et bien, comme vous avez pu le constater dans le titre, ma sexualité chamboulée après un trauma. C'est pourquoi nous vous mettons en garde sur le fait que l'écoute de cet épisode peut réactiver un ou plusieurs souvenirs traumatiques si vous en avez vécu. Ma sexualité après un trauma, c'est le sujet du jour. Excellente écoute. Etat d'âme, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants, les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Etat d'âme, chaque femme est unique, mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarrim. Bonjour Margot, merci d'être là aujourd'hui. Alors aujourd'hui, on va aborder un sujet difficile, qui est la sexualité après un trauma. Pour une victime, est-ce que c'est essentiel de se confier pour entamer sa reconstruction mentale et se réapproprier son corps ? Certaines personnes peuvent y arriver en gardant tout pour soi.

  • Speaker #1

    Alors, gardez tout. pour soi, de manière générale, c'est quelque chose d'assez compliqué. Je pense qu'on ait vécu un traumatisme ou non, d'ailleurs. L'idée, c'est surtout de trouver des personnes qui soient aptes à entendre ce que vous avez vécu, qui soient aptes à accueillir sur tout ce que vous avez vécu. Parce qu'écouter et accueillir, c'est pas la même chose. Et l'idée, c'est vraiment de choisir les personnes qui vont être auditeurs ou auditrices de ce trauma ou de ce récit que vous avez besoin de donner. Et parfois, c'est pas une laisse à faire. Donc, parfois, au début, on peut se parler proche pour commencer. Et puis ensuite, on bascule avec des professionnels, parfois, qui sont ensuite plus ou moins adaptés. Et puis, on finit par trouver une personne qui comprend, écoute et accueille. Et on se dit, OK, ça va aller. Et ça valait peut-être le coup d'en dire quelque chose de ce trauma ou de cette histoire de vie qui a été compliquée.

  • Speaker #0

    L'impact des violences sexistes et sexuelles sur la santé mentale, est-ce que ça peut aussi venir... interférer sur la sexualité ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors en fait, ce qui se passe, c'est que dès qu'on vit une certaine forme de violence, ça vient perturber nos croyances. Ça vient perturber la perception qu'on a du monde, de notre valeur, de nous-mêmes, de notre corps aussi. Et la sexualité fait partie de toutes ces sphères-là qui peuvent être perturbées. Après, ça dépend de l'événement traumatique en lui-même, mais bien sûr, oui, la sexualité peut être une des sphères qui peut être touchée. Plus ou moins profondément, en fait, en fonction de ce qui a été vécu par la personne, de ce qui s'est passé, de la catégorie du trauma, etc.

  • Speaker #0

    Comment ça se passe, une toute première consultation ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, il y a plusieurs choses que je propose. Donc, en fonction des accompagnements, il y a une première séance qui va être différente. Par contre, au sein de la première séance, peut-être que si j'ai des patients, des patientes qui passent par là, elles vont se reconnaître. Ils vont reconnaître la première séance. Mais vraiment, la première séance, quel que soit l'accompagnement, quel que soit le but de l'accompagnement, et quelle que soit la raison pour laquelle la personne va venir, cette première séance, elle a deux vocations. La première, c'est de comprendre un peu ce qui amène la personne, ce qui va se passer dans la vie de la personne, ce qui est en train de se passer pour elle. L'idée, c'est de savoir qu'est-ce qui a fait des clics pour consulter aujourd'hui et que ce ne soit pas un autre jour. C'est de savoir ce qui s'est passé. de savoir, de comprendre un petit peu l'histoire de vie de la personne et d'essayer, ce que je dis souvent, c'est d'essayer de mettre de la lumière, de dézoomer un petit peu. Donc ça, c'est vraiment quelque chose qu'on fait dans la première séance, parfois sur la seconde aussi. Et théoriquement, en psychologie, on appelle ça une anamnèse. En gros, on fait le point sur ce qui se passe, on met de la lumière sur ce qui s'est joué et sur l'histoire de vie de la personne. Ça, c'est la première chose. C'est quelque chose d'assez factuel, finalement, et c'est quelque chose de primordial pour savoir un petit peu qui est la personne et comment on se rencontre, tout simplement. Et la deuxième chose, c'est vraiment quelque chose de primordial pour moi, c'est que les personnes qui viennent dans mon espace, pour moi en tout cas, elles ont besoin... pour se livrer correctement, de se sentir suffisamment en sécurité et dans un cadre qui est bienveillant, pour pouvoir dire ce qu'elles ont envie de dire et dire ce qu'elles ont besoin de dire. Et ça, c'est ce que j'explique, c'est que pour pouvoir faire ça, il faut être sûr d'avoir, de ressentir cette sécurité, cette bienveillance. Et ce que j'explique, c'est que du coup, par rapport à ça, ben... Avant de se rencontrer en tant que personne qui vient voir une ou un professionnel et là où le professionnel, on se rencontre en tant qu'humain et face à ça, on voit s'il y a quelque chose qui se passe, on voit s'il y a un feeling et ce qu'on appelle en psychologie une rencontre, la rencontre. Quand tu as quelque chose qui se passe en séance, qu'il y a du feeling, quand il y a une énergie particulière qui est en train de se passer. On appelle ça la rencontre. Et donc, moi, pour répondre à ta question, la première séance, elle a vraiment deux vocations. L'idée est de, un, savoir ce qui amène la personne ici, jusqu'à moi, et de, deux, savoir si je suis la bonne personne pour mon ou ma patiente, pour l'accompagner.

  • Speaker #0

    Un traumatisme, c'est quoi exactement ? Comment on peut le définir ?

  • Speaker #1

    Un traumatisme, en fonction des courants, des approches. ça va se définir de manière différente. Mais on va dire que si je vulgarise et que j'élargis la définition pour essayer de faire rentrer l'entièreté des approches, un traumatisme, c'est tout simplement un événement qui vient déséquilibrer l'homéostasie, donc l'équilibre à l'intérieur d'un quotidien de vie, à l'intérieur d'une histoire de vie, à l'intérieur d'un être, tout simplement.

  • Speaker #0

    Quelle est ta manière de travailler pour des traumatismes comme des viols, de l'inceste, des attouchements, des viols conjugaux par exemple ? Est-ce que la plupart des patients prennent conscience qu'ils ont été objets et non sujets du viol ? Qu'ils ne sont tout simplement pas coupables ?

  • Speaker #1

    C'est une énorme question que tu viens de me poser qui je pense pourrait être l'objet d'un épisode de podcast entier. En fait, c'est peut-être un peu bateau ce que je vais répondre, mais ça dépend énormément de la personne. Ça dépend de sa capacité, ça dépend de sa résilience. Sa résilience, c'est sa capacité à se remettre des événements. Ça dépend de son histoire de vie, ça dépend de son entourage. Ça dépend de la manière dont la personne est accompagnée, si elle est coucounée par exemple ou pas du tout. Ça va aussi dépendre des personnes que cette personne a rencontrées sur son chemin, qui vient renforcer le traumatisme ou au contraire aider la personne à le porter ou à l'aider à l'appréhender mieux. Ça dépend de l'éducation que la personne a reçue, ça dépend énormément, énormément, énormément de facteurs. En tout cas, la manière dont j'accompagne pour répondre à ta première partie de question, elle vient tenter de connecter à cet événement. Parce que dans un trauma, je disais qu'un trauma c'était vraiment un déséquilibre, et c'est souvent un déséquilibre qui crée une perte de sens. C'est-à-dire qu'on ne sait pas trop ce qui s'est passé, on ne comprend pas trop pourquoi c'est nous, on ne comprend pas ce qu'on a fait, il y a quelque chose qui se joue et qui a déconnecté. Et donc la manière dont j'accompagne de manière générale, et particulièrement avec le trauma, c'est d'aider à remettre en sens, d'aider à comprendre, d'aider à remettre de l'émotion là où il y a eu une certaine forme de sidération. C'est ce qu'on appelle en psychologie quelque chose qui fige, qui fait la dissociation. Donc là où il y a eu des connexions, on vient remettre de la connexion, on vient remettre de l'émotion. On vient remettre de la connexion là où il y a eu dissociation et remettre de la douceur. là où il y a eu de la violence. Et c'est valable, tout ça c'est valable dans le psychisme, c'est valable dans le corps, dans la sexualité bien sûr, mais en fait dans son identité de manière générale. Et du coup, en fonction de la personne, en fonction de son histoire, en fonction de sa vitesse de traitement, en fonction d'énormément de choses, ça va aller plus ou moins vite. Cet accompagnement, il va aller plus ou moins vite, plus ou moins profond. Ça va prendre plus ou moins une forme de verbalisation. Ou alors, on peut très bien utiliser de l'EMDR. L'EMDR, c'est un traitement des traumas par mouvement oculaire. Mais concernant ça va... pouvoir être d'utiliser les soins par les toucher, où je vais vraiment venir travailler le corps et le psychisme en même temps. Il y a des pluralités de manières de se reconnecter et l'idée c'est de répondre aux besoins de la personne et à ses capacités. Du coup ça va vraiment dépendre de la singularité de la personne que j'ai en face de moi. En même temps, j'ai des entretiens qui se ressemblent énormément parce que forcément c'est moi qui les mène. Et en même temps, la manière dont je mène les entretiens n'a rien à voir les uns avec les autres en fonction de qui j'ai en face de moi.

  • Speaker #0

    Et ça arrive que des patients viennent témoigner des années après ?

  • Speaker #1

    C'est nickel que tu poses cette question parce que j'allais justement rebondir sur ta phrase de juste avant. Et du coup, en fait, ça fait le lien. Tout, si tu veux, tout est une question de temporalité chez les personnes. Tu peux très bien te dire... Oh là là, j'ai besoin de quelque chose, j'ai besoin de consulter le savoir, avoir une part de toi qui est consciente de ça, c'est différent d'être capable de te dire je vais combler ce besoin Et du coup, quand il y a une question qui se pose de consulter ou non, ça peut être compliqué de passer à l'acte. Tu peux savoir que tu en as besoin, tu peux savoir qu'il va falloir que tu le fasses, mais le moment où tu sais que tu dois le faire et le moment où tu le fais vraiment, parfois il y a vraiment un laps de temps. Et du coup, ça peut effectivement complètement arriver que des années après ou des mois après, tu aies une personne qui sorte du silence, soit par la volonté, c'est-à-dire que la personne devient prête, soit dans un trauma, tu peux avoir ce qu'on appelle... Un état de stress post-traumatique, tu peux avoir des reviviscences. Des reviviscences, c'est le fait d'avoir des souvenirs qui remontent à la surface. Et quand tu as des souvenirs qui remontent à la surface que tu avais oubliés, ça s'appelle sortir de l'amnésie traumatique. Quand tu sors de l'amnésie traumatique, ça veut dire qu'il y a eu oubli. Donc tu peux aussi avoir des personnes qui mettent vraiment longtemps à sortir de cette amnésie traumatique. Parce qu'elles avaient besoin de cette temporalité. Il faut savoir que l'oubli, ça a vraiment une fonction. C'est-à-dire qu'en fait, quand tu as vécu un trauma, le corps et le cerveau, ils ont décidé que c'était trop violent. Et du coup, ils ont créé l'oubli. Et en fait, les personnes qui vivent ça, ces personnes, elles vivent dans une espèce de période de latence un peu. Et le temps que l'oubli se dévoile, le temps que l'oubli se sépare, deviennent éparses, il n'y a pas de conscience. Quand il y a de l'oubli, il n'y a pas de conscience. Donc soit les gens vont venir effectivement peut-être des années après parce que c'est une question de leur temporalité, soit les gens peuvent venir des années après parce que en fait, les personnes sont sorties de l'amnésie traumatique et avant, ces personnes n'avaient pas conscience. qui ne s'était pas cassé quelque chose, ou en tout cas que c'était si grave. Ça reste un mécanisme de défense, l'oubli. Donc il peut y avoir ces deux formes-là principales. Soit parce que ce n'est pas le moment, et dans ce cas-là ils viennent bien plus tard. Soit parce qu'ils n'en avaient pas souvenir, donc du coup les personnes ne risquaient pas de vouloir ou de pouvoir même se mettre en action.

  • Speaker #0

    Tout ce que le corps et l'esprit durant l'agression a décidé de mettre de côté, donc on va dire un petit peu sous le tapis, et au final tenté d'oublier, ça peut revenir subitement un jour si ça n'a pas été traité ?

  • Speaker #1

    Alors, cette question, elle est délicate. Parce que je vais répondre oui à ta question, et en même temps, le oui peut faire très peur. Je vais le nuancer. Votre corps, notre corps, ne fera jamais ressortir quelque chose que vous n'êtes pas. capable de gérer. Donc en fait, quand on sort de l'amnésie traumatique, ça veut dire qu'avant, le corps et l'esprit ne se sentaient pas capables de gérer l'information traumatique. Quand on sort de l'amnésie traumatique, même si c'est difficile, que c'est déséquilibrant, que c'est retournant, qu'on en pleure, qu'on a peur, qu'on fait des crises d'angoisse. Malgré ça, ça veut dire que l'inconscient, et notamment la censure, parce qu'il existe une censure entre la conscience et l'inconscient, cette censure détermine que l'aspect conscient est capable de recevoir l'information. Donc oui, tout ça, ça peut ressortir. Tu peux avoir des éléments qui font ressortir certains troubles, soit par le fait de revivre directement quelque chose de similaire, soit par des éléments qui viennent rappeler. Ce contexte traumatique, c'est dans des temporalités où ton corps et ton esprit ont décidé, en gros, même inconsciemment, que tu étais capable de gérer. Donc ça te donne quand même le pouvoir d'en faire quelque chose. À partir du moment où ça devient conscient, ça veut dire que ton corps et ton esprit sont capables de guérir pour de vrai. Parce que l'oubli, l'amnésie traumatique, c'est une mise de côté. C'est une dissociation, c'est ce qu'on appelle un mécanisme de défense en psychologie. Et c'est des périodes où votre corps et votre esprit, ils ne sont pas assez robustes, ils ont besoin de protection, en fait, et ce n'était pas du tout le moment de gérer l'information. Donc oui, il peut y avoir de la dissociation, il peut y avoir de l'oubli, où tous ces mécanismes de défense, ils existent, ils sont là, ils sont réels, et heureusement qu'ils sont là, parce que c'est aussi ce qui fait partie de la résilience. Mais oui, ça peut revenir. Mais ce qui est rassurant, c'est que quand ça revient, c'est surtout et aussi le signe qu'il y a un vrai travail de guérison qui peut s'enclencher. Et du coup, un vrai travail psychothérapeutique ou accompagnateur de manière générale. J'ai des personnes qui viennent me voir qui ont subi des incestes, qui ont subi des viols. et certaines formes d'agression et de violence. Et ces personnes, parfois, elles pleurent en séance, elles s'effondrent en me disant qu'elles en ont marre, qu'elles n'en peuvent plus, en fait. Et que des fois, effectivement, on aurait préféré oublier pour de vrai, en fait, que l'amnésie, on n'en sorte jamais. Et je leur dis, mais vous avez le droit. Vous avez le droit d'en avoir marre, c'est normal. C'est tellement normal d'être fatigué. C'est tellement normal d'être fatigué de travailler sur soi aussi. Donc oui, il y a ce côté espoir de se dire, ok, c'est le début de quelque chose, mais ça ne veut pas dire que c'est le début de quelque chose de grandissant et de formidable dans l'immédiat, tu vois. Ça reste un parcours, ça reste un processus et il y a besoin d'avoir confiance dans ce processus qui n'est pas, ben, c'est pas l'enflève tranquille, tu vois, et ça c'est clair.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as déjà rencontré des femmes où leur corps exprime comme une certaine fermeture ? C'est-à-dire qu'elles ne peuvent plus expérimenter la pénétration ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Tu peux complètement avoir des femmes, même des hommes, si ce sont des hommes qui ont été adressés, ou même peu importe le genre et le sexe d'ailleurs. Mais là, on parle des femmes pour répondre à ta question. Donc oui, je peux recevoir beaucoup de femmes au cabinet qui peuvent avoir... Une fermeture du corps, et notamment une fermeture du vagin, une fermeture de l'appareil gynéco, qui vient se placer juste après un traumatisme, qui a finalement la même fonction que les mécanismes de défense dont on parlait tout à l'heure. C'est la même chose, sauf que ça se passe au niveau du corps. Après, l'idée est vraiment de repérer si cette femme... fermeture, elle est liée à un trauma, c'est-à-dire que tu avais un état A dans lequel était la personne, où tout allait bien en termes de la sexualité, il y a eu le trauma et ça a déclenché un état B avec une fermeture du vagin, une fermeture de tout l'appareil gynéco et une incapacité du coup à recevoir une quelconque forme de pénétration. Ça c'est la première possibilité. La seconde possibilité, tu peux aussi avoir des corps. qui se ferment suite à des blessures plus symboliques. Ce que j'appelle des blessures plus symboliques, c'est que tu n'as pas un trauma très déterminé, mais tu as des choses qui, au fur et à mesure de la vie, ont fait que la personne s'est renfermée petit à petit. Par exemple, tu vois, la sexualité, on est quand même sur l'apogée du lâcher-prise. Et du coup, quand tu vas avoir des problématiques ou des questionnements autour du besoin de contrôle, Du besoin d'avoir regard sur beaucoup de choses. La sexualité, ça peut être quelque chose de difficile. L'atteinte de l'orgasme, ça peut être quelque chose de difficile. Et en fait, l'idée, c'est de repérer si tu veux, si une personne, quand elle vient me voir pour des troubles autour de la sexualité, si une personne, elle vient me voir pour ces troubles-là et qu'en entretien, on va vraiment parler de sexualité parce qu'il y a un trauma qui est posé là-dessus, ou si on va parler de sphères plus larges, comme la difficulté à se... à poser ses limites et du coup où le corps il se renferme petit à petit parce que comme la verbalisation du nom est compliquée le corps prend le relais pour te protéger donc tu peux avoir des choses comme ça et l'idée c'est vraiment en séance de repérer si on parle de sexualité ou si on parle de quelque chose de plus large et si on parle de quelque chose de plus large de pouvoir accompagner plus largement en faisant comprendre à la personne que son corps il a juste choisi la sexualité pour s'exprimer, pour faire exprimer son symptôme. Pour dire, là, il y a un problème, j'utilise la sexualité parce que c'est ce qui va se voir le plus et gêner le plus. Et l'idée, pour faire passer un message, pour dire, il y a quelque chose qui ne va pas. Et là, on brasse des sujets plus grands. En tout cas, je n'ai jamais rencontré, par exemple, de vaginisme structural dans le sens uniquement physiologiques, uniquement physiques. J'ai toujours rencontré des fermetures d'appareils génitaux ou même d'incapacité à recevoir la pénétration, peu importe, qui vont être liées à soit un trauma, soit quelque chose d'émotionnel.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il est primordial de se retrouver avec son corps avant de recommencer à avoir des rapports ?

  • Speaker #1

    Alors, le principe d'un trauma, c'est une intrusion. une intrusion de quelque chose. Ça peut être une intrusion réelle, par exemple, une intrusion réelle du corps pendant un viol, pendant une certaine forme de violence. Et ça peut être une intrusion plus symbolique, dans le sens, par exemple, d'un cambriolage. Cette intrusion, elle va être vécue de manière violente, elle va être difficile à appréhender. C'est d'arriver à réapprivoiser le corps. ou même toutes les sphères de sa vie après cette intrusion réelle ou symbolique. Souvent, ce que j'explique, c'est que cette intrusion, elle est arrivée avec un effet de surprise, avec de la violence, avec de la souffrance. Et du coup, si tu veux réavoir un rapport derrière, l'idée est de se questionner sur est-ce que le corps en est capable ou pas, que ce soit un rapport pénétratif. ou un rapport non pénétratif. Pour ça, j'explique que tu peux avoir vraiment différents espaces vitaux. Donc là, je vais vraiment expliquer ces espaces vitaux à travers le prisme de la psycho et non pas de la socio parce que la socio, tu aurais d'autres choses. Mais à travers la psycho, tu vas avoir tout cet espace vital de l'espace d'existence, d'être à côté de quelqu'un, tu vois, de cette notion vraiment de... L'espace vital primaire, tu vois, de cette manière d'avoir besoin de cet espace d'existence. Tu vas avoir l'espace vital du toucher et tu vas avoir l'espace vital de la pénétration. On vient supposer que quand il y a un trauma, et notamment du coup un trauma autour de la sexualité, tu as ces trois espaces vitaux qui sont bafoués. de manière non consentie et qui sont traversées de manière très rapide. Donc l'idée, ça va être quand même de questionner la personne sur est-ce que la personne est à l'aise quand on la touche ? Est-ce que la personne est à l'aise quand on est à côté d'elle ? Parce que s'il y a déjà de l'angoisse posée sur ces deux espaces vitaux-là, ça paraît compliqué, ça paraît logique que le corps ait une réaction de rejet. ou de fermeture quand on tente un rapport sexuel pénétratif ou non pénétratif. Donc l'idée, c'est vraiment de comprendre ça. C'est de voir ce qui se passe, de voir ce qui se passe par rapport à tout ça. Donc après, clairement, tu peux avoir différentes manières de te reconnecter à ton corps avant. Avoir ou non d'avoir un rapport. Tu peux passer par la masturbation, bien entendu, mais tu peux aussi passer par le fait de te regarder dans un miroir, de t'observer. C'est déjà une forme de reconnexion à toi. Tu peux très bien acheter une huile qui sent bon et qui te fait plaisir et prendre le temps de t'en mettre sur les jambes en sortie de douche. Tu peux tout simplement prendre plus de conscience quand tu te douches et arrêter de faire ça de manière automatique. Tu peux, il y a des dizaines de manières, si tu veux, de te reconnecter à ce qui a été bafoué à l'intérieur de toi et d'y remettre de la douceur. Donc après, par contre... Tu as des gens qui vont avoir besoin de repasser par la sexualité pour se retrouver. Ça, c'est les manières de gérer de chacun de chacune. Mais plus il y a une forme de douceur qui va aider à réparer la violence, plus le corps va être coopératif tout simplement. Et plus facilement, tu vas pouvoir reprendre une certaine forme de sexualité ou même toutes les formes de sexualité.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il n'est jamais trop tard, c'est-à-dire que les victimes peuvent venir consulter même des années après ?

  • Speaker #1

    Alors non, non, clairement, c'est jamais trop tard. Autant sur une question de justice, il y a toutes ces histoires de délais, autant dans l'accompagnement, non, non, c'est jamais trop tard. J'ai même envie de... de te dire que, je sais pas, je dis n'importe quoi, mais si j'avais appris que ma grand-mère, à 75 ans, elle avait subi un trauma, je lui aurais dit la même chose en disant Tu sais, mamie, ça serait peut-être intéressant que t'ailles en parler. Ou alors quelqu'un qui vienne simplement me voir, ou alors ma pote qui vienne se faire agresser dans le métro, je vais lui dire la même chose. Je vais lui dire Est-ce que t'as envie d'en dire quelque chose ? Que ce soit avec moi en tant qu'amie. Que ce soit avec moi en tant que professionnelle, mais du coup pas mes proches. Ou alors que ce soit avec une autre personne. Ça, peu importe. Peu importe la personne qui est sélectionnée pour entendre ce discours. Mais, enfin, à part comme je le disais au début, que la personne, elle soit apte à recevoir. Mais sinon, non, il n'est jamais trop tard. C'est juste que tu vas avoir une temporalité qui va être propre à chaque personne. Et encore, cette temporalité va être propre à chaque personne, mais en réalité, l'impact émotionnel, quand tu ne l'as jamais travaillé, il reste quand même très actif. Mais il n'est jamais trop tard, non ? Et après, vous êtes aussi libre de choisir la manière dont vous voulez vous faire accompagner. Moi, j'accompagne et je parle beaucoup de psycho, et encore que j'accompagne de manière bien plus large que ça, en accompagnant le corps, etc. Tout est OK, en fait. L'idée, c'est juste, et d'ailleurs le seul il faut qu'il va y avoir, c'est vraiment que dans tout ça, vous arriviez à choisir une personne qui vous corresponde, d'un côté, et d'un deuxième côté, d'avoir une approche et des techniques que vous allez choisir, qui vous respectent, qui respectent vos appétences, vos valeurs, etc. Mais sinon, non, c'est jamais trop tard.

  • Speaker #0

    Si tu avais un conseil à donner à nos auditeurs qui n'ont pas encore eu ce déclic, ce passage du silence à la libération, grâce à la parole, que leur conseilles-tu ?

  • Speaker #1

    Alors, aller voir quelqu'un, c'est une étape qui n'est pas évidente. Du coup, ce que je conseillerais dans un premier temps, c'est déjà de passer, comme tu dis, du silence à la libération. mais de soi à soi. C'est difficile d'aller voir quelqu'un. Mais déjà de passer à la libération de soi à soi, c'est-à-dire de passer par un processus de commencer à ne pas se minimiser soi-même ou sa souffrance, ne pas soi-même se faire taire, arriver à enclencher des processus de digestion de soi à soi. qu'il soit par exemple l'écriture, qu'il soit par exemple le chant, le théâtre, peu importe en fait ce qui va être utilisé. L'idée c'est juste que vous avez une information de ce trauma-là qui est un peu ou complètement bloqué et statique à l'intérieur de vous. Et l'idée c'est de le faire circuler, de le faire sortir. Donc ça peut être de la boxe, ça peut être aller courir, ça peut être, je le redis, écrire, ça peut être du yoga, ça peut être de la méditation, ça peut être de la cohérence cardiaque, ça peut être peu importe. Ça peut être de vous enregistrer solo des vocaux pour vous-même et par vous-même, peu importe. Mais l'idée, c'est que si vous n'êtes pas prêt, prête aujourd'hui à consulter.

  • Speaker #0

    peu importe quel est le ou la professionnel, accepter que ça existe de vous à vous. Ça, c'est important. Le fait d'être doux, douce avec soi, le fait de se dire OK vis-à-vis de soi, OK, je ne me fais pas taire, c'est déjà énorme. Et après, vous verrez. Vous verrez. Mais l'idée, c'est vraiment de... respecter votre moment, votre moment pour y aller, pour verbaliser, et de pas vous forcer. Ça sert à rien. Quand on a des personnes qui sont en face de nous, en séance, et qui ont pas envie d'être là, on fait rien. Peu importe la perspicacité, peu importe les compétences, peu importe la pertinence du ou de la professionnelle, si la personne, elle n'a pas envie, ou qu'elle ne peut pas, que c'est pas son moment, ça sert à rien. Et souvent, ce que je dis, c'est que quand j'ai des personnes qui viennent pour faire plaisir à d'autres personnes ou parce qu'il le faut, j'essaie toujours de recentrer à leur pourquoi, à eux, leur demande à eux. De se dire, en fait, on... Alors, je ne le dis pas comme ça, bien évidemment, mais on s'en fiche un peu de ce que la chérie ou le chéri te demande de faire. L'idée, c'est toi, comment je te sens avec ça ? Qu'est-ce qui est en train de se passer à l'intérieur de ton corps ? Est-ce que tu es vraiment OK avec le fait de travailler sur ça ? Est-ce que c'est vraiment le moment ? Et parfois, c'est un non et ce n'est pas grave. Donc, je dirais que l'idée, c'est vraiment de passer au moins avec de la douceur, de passer de la douceur sur la violence de soi à soi, de ne pas se faire taire et ensuite de consulter quand c'est le moment. Quand c'est le moment. Et puis si ça n'arrive jamais, ce moment-là, c'est dommage, mais ce n'est pas grave. Donc oui, complètement. Complètement. Le fait d'être soi, le fait d'être soi avant tout. Tout à fait soi. Avant tout. Merci beaucoup à toi de m'avoir invitée sur ton podcast.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Margot, d'être passée sur le podcast. Et ta dame. et de nous avoir éclairé sur ces sujets importants. J'espère que ça va permettre de donner ce petit déclic aux éditeurs qui nous écoutent et de leur donner cette force de faire ce premier pas qui est déjà de sortir du silence. Vous n'êtes pas seul, vous pouvez être entendu. Ne faites plus de ce sujet un tabou, car la honte, ce n'est pas aux victimes de la ressentir, c'est à l'agresseur et vous n'êtes pas ce viol. Vous écoutiez Tadam, un podcast de Stéphanie Jarry. A très vite pour un prochain épisode.

  • Speaker #2

    Etat d'âme, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants, les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Etat d'âme, chaque femme est unique, mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarry.

Description

Aujourd’hui, dans États Dames, j’ai le plaisir de recevoir Margaux Marty, psychologue clinicienne et thérapeute holistique. Diplômée en psychologie clinique et psychanalyse, Margaux accompagne enfants, adolescents, et adultes dans leur quête de mieux-être. Elle propose une approche bienveillante pour les aider à surmonter les défis personnels, notamment ceux liés aux traumatismes et à la réappropriation de la sexualité.

Dans cet épisode, nous abordons avec délicatesse un sujet complexe : l'impact des traumatismes sur la sexualité. Margaux partage ses connaissances et propose des clés pour mieux comprendre et guérir des blessures profondes que peuvent laisser certains événements. Si ce sujet vous concerne, sachez qu’il peut faire ressurgir des souvenirs douloureux. Nous vous invitons à écouter cet épisode en toute conscience et à prendre soin de vous.

Pour celles et ceux en quête de compréhension et de soutien, cet épisode offre des ressources pour avancer sur le chemin de la guérison et retrouver une vie intime épanouie.

Excellente écoute 👂


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous êtes sur Etat d'âme. Aujourd'hui, je reçois avec un immense plaisir Margot Marty, psychologue clinicienne et holistique. Psychologue clinicienne de formation, Margot a effectué ses études à Toulouse. Diplômée d'une licence en psychologie clinique et psychanalyse, ainsi que d'un Master 2 en psychologie clinique de la santé, elle accueille au sein de son cabinet des enfants, des adolescents et des adultes ayant pour volonté de travailler vers un mieux-être. Je vous mets en lien dans la description de quoi retrouver la multitude d'expertises sur lesquelles Margot Marty peut vous aider. Chers auditeurs, attention, on préfère vous signaler que dans cet épisode, nous évoquerons, et bien, comme vous avez pu le constater dans le titre, ma sexualité chamboulée après un trauma. C'est pourquoi nous vous mettons en garde sur le fait que l'écoute de cet épisode peut réactiver un ou plusieurs souvenirs traumatiques si vous en avez vécu. Ma sexualité après un trauma, c'est le sujet du jour. Excellente écoute. Etat d'âme, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants, les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Etat d'âme, chaque femme est unique, mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarrim. Bonjour Margot, merci d'être là aujourd'hui. Alors aujourd'hui, on va aborder un sujet difficile, qui est la sexualité après un trauma. Pour une victime, est-ce que c'est essentiel de se confier pour entamer sa reconstruction mentale et se réapproprier son corps ? Certaines personnes peuvent y arriver en gardant tout pour soi.

  • Speaker #1

    Alors, gardez tout. pour soi, de manière générale, c'est quelque chose d'assez compliqué. Je pense qu'on ait vécu un traumatisme ou non, d'ailleurs. L'idée, c'est surtout de trouver des personnes qui soient aptes à entendre ce que vous avez vécu, qui soient aptes à accueillir sur tout ce que vous avez vécu. Parce qu'écouter et accueillir, c'est pas la même chose. Et l'idée, c'est vraiment de choisir les personnes qui vont être auditeurs ou auditrices de ce trauma ou de ce récit que vous avez besoin de donner. Et parfois, c'est pas une laisse à faire. Donc, parfois, au début, on peut se parler proche pour commencer. Et puis ensuite, on bascule avec des professionnels, parfois, qui sont ensuite plus ou moins adaptés. Et puis, on finit par trouver une personne qui comprend, écoute et accueille. Et on se dit, OK, ça va aller. Et ça valait peut-être le coup d'en dire quelque chose de ce trauma ou de cette histoire de vie qui a été compliquée.

  • Speaker #0

    L'impact des violences sexistes et sexuelles sur la santé mentale, est-ce que ça peut aussi venir... interférer sur la sexualité ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors en fait, ce qui se passe, c'est que dès qu'on vit une certaine forme de violence, ça vient perturber nos croyances. Ça vient perturber la perception qu'on a du monde, de notre valeur, de nous-mêmes, de notre corps aussi. Et la sexualité fait partie de toutes ces sphères-là qui peuvent être perturbées. Après, ça dépend de l'événement traumatique en lui-même, mais bien sûr, oui, la sexualité peut être une des sphères qui peut être touchée. Plus ou moins profondément, en fait, en fonction de ce qui a été vécu par la personne, de ce qui s'est passé, de la catégorie du trauma, etc.

  • Speaker #0

    Comment ça se passe, une toute première consultation ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, il y a plusieurs choses que je propose. Donc, en fonction des accompagnements, il y a une première séance qui va être différente. Par contre, au sein de la première séance, peut-être que si j'ai des patients, des patientes qui passent par là, elles vont se reconnaître. Ils vont reconnaître la première séance. Mais vraiment, la première séance, quel que soit l'accompagnement, quel que soit le but de l'accompagnement, et quelle que soit la raison pour laquelle la personne va venir, cette première séance, elle a deux vocations. La première, c'est de comprendre un peu ce qui amène la personne, ce qui va se passer dans la vie de la personne, ce qui est en train de se passer pour elle. L'idée, c'est de savoir qu'est-ce qui a fait des clics pour consulter aujourd'hui et que ce ne soit pas un autre jour. C'est de savoir ce qui s'est passé. de savoir, de comprendre un petit peu l'histoire de vie de la personne et d'essayer, ce que je dis souvent, c'est d'essayer de mettre de la lumière, de dézoomer un petit peu. Donc ça, c'est vraiment quelque chose qu'on fait dans la première séance, parfois sur la seconde aussi. Et théoriquement, en psychologie, on appelle ça une anamnèse. En gros, on fait le point sur ce qui se passe, on met de la lumière sur ce qui s'est joué et sur l'histoire de vie de la personne. Ça, c'est la première chose. C'est quelque chose d'assez factuel, finalement, et c'est quelque chose de primordial pour savoir un petit peu qui est la personne et comment on se rencontre, tout simplement. Et la deuxième chose, c'est vraiment quelque chose de primordial pour moi, c'est que les personnes qui viennent dans mon espace, pour moi en tout cas, elles ont besoin... pour se livrer correctement, de se sentir suffisamment en sécurité et dans un cadre qui est bienveillant, pour pouvoir dire ce qu'elles ont envie de dire et dire ce qu'elles ont besoin de dire. Et ça, c'est ce que j'explique, c'est que pour pouvoir faire ça, il faut être sûr d'avoir, de ressentir cette sécurité, cette bienveillance. Et ce que j'explique, c'est que du coup, par rapport à ça, ben... Avant de se rencontrer en tant que personne qui vient voir une ou un professionnel et là où le professionnel, on se rencontre en tant qu'humain et face à ça, on voit s'il y a quelque chose qui se passe, on voit s'il y a un feeling et ce qu'on appelle en psychologie une rencontre, la rencontre. Quand tu as quelque chose qui se passe en séance, qu'il y a du feeling, quand il y a une énergie particulière qui est en train de se passer. On appelle ça la rencontre. Et donc, moi, pour répondre à ta question, la première séance, elle a vraiment deux vocations. L'idée est de, un, savoir ce qui amène la personne ici, jusqu'à moi, et de, deux, savoir si je suis la bonne personne pour mon ou ma patiente, pour l'accompagner.

  • Speaker #0

    Un traumatisme, c'est quoi exactement ? Comment on peut le définir ?

  • Speaker #1

    Un traumatisme, en fonction des courants, des approches. ça va se définir de manière différente. Mais on va dire que si je vulgarise et que j'élargis la définition pour essayer de faire rentrer l'entièreté des approches, un traumatisme, c'est tout simplement un événement qui vient déséquilibrer l'homéostasie, donc l'équilibre à l'intérieur d'un quotidien de vie, à l'intérieur d'une histoire de vie, à l'intérieur d'un être, tout simplement.

  • Speaker #0

    Quelle est ta manière de travailler pour des traumatismes comme des viols, de l'inceste, des attouchements, des viols conjugaux par exemple ? Est-ce que la plupart des patients prennent conscience qu'ils ont été objets et non sujets du viol ? Qu'ils ne sont tout simplement pas coupables ?

  • Speaker #1

    C'est une énorme question que tu viens de me poser qui je pense pourrait être l'objet d'un épisode de podcast entier. En fait, c'est peut-être un peu bateau ce que je vais répondre, mais ça dépend énormément de la personne. Ça dépend de sa capacité, ça dépend de sa résilience. Sa résilience, c'est sa capacité à se remettre des événements. Ça dépend de son histoire de vie, ça dépend de son entourage. Ça dépend de la manière dont la personne est accompagnée, si elle est coucounée par exemple ou pas du tout. Ça va aussi dépendre des personnes que cette personne a rencontrées sur son chemin, qui vient renforcer le traumatisme ou au contraire aider la personne à le porter ou à l'aider à l'appréhender mieux. Ça dépend de l'éducation que la personne a reçue, ça dépend énormément, énormément, énormément de facteurs. En tout cas, la manière dont j'accompagne pour répondre à ta première partie de question, elle vient tenter de connecter à cet événement. Parce que dans un trauma, je disais qu'un trauma c'était vraiment un déséquilibre, et c'est souvent un déséquilibre qui crée une perte de sens. C'est-à-dire qu'on ne sait pas trop ce qui s'est passé, on ne comprend pas trop pourquoi c'est nous, on ne comprend pas ce qu'on a fait, il y a quelque chose qui se joue et qui a déconnecté. Et donc la manière dont j'accompagne de manière générale, et particulièrement avec le trauma, c'est d'aider à remettre en sens, d'aider à comprendre, d'aider à remettre de l'émotion là où il y a eu une certaine forme de sidération. C'est ce qu'on appelle en psychologie quelque chose qui fige, qui fait la dissociation. Donc là où il y a eu des connexions, on vient remettre de la connexion, on vient remettre de l'émotion. On vient remettre de la connexion là où il y a eu dissociation et remettre de la douceur. là où il y a eu de la violence. Et c'est valable, tout ça c'est valable dans le psychisme, c'est valable dans le corps, dans la sexualité bien sûr, mais en fait dans son identité de manière générale. Et du coup, en fonction de la personne, en fonction de son histoire, en fonction de sa vitesse de traitement, en fonction d'énormément de choses, ça va aller plus ou moins vite. Cet accompagnement, il va aller plus ou moins vite, plus ou moins profond. Ça va prendre plus ou moins une forme de verbalisation. Ou alors, on peut très bien utiliser de l'EMDR. L'EMDR, c'est un traitement des traumas par mouvement oculaire. Mais concernant ça va... pouvoir être d'utiliser les soins par les toucher, où je vais vraiment venir travailler le corps et le psychisme en même temps. Il y a des pluralités de manières de se reconnecter et l'idée c'est de répondre aux besoins de la personne et à ses capacités. Du coup ça va vraiment dépendre de la singularité de la personne que j'ai en face de moi. En même temps, j'ai des entretiens qui se ressemblent énormément parce que forcément c'est moi qui les mène. Et en même temps, la manière dont je mène les entretiens n'a rien à voir les uns avec les autres en fonction de qui j'ai en face de moi.

  • Speaker #0

    Et ça arrive que des patients viennent témoigner des années après ?

  • Speaker #1

    C'est nickel que tu poses cette question parce que j'allais justement rebondir sur ta phrase de juste avant. Et du coup, en fait, ça fait le lien. Tout, si tu veux, tout est une question de temporalité chez les personnes. Tu peux très bien te dire... Oh là là, j'ai besoin de quelque chose, j'ai besoin de consulter le savoir, avoir une part de toi qui est consciente de ça, c'est différent d'être capable de te dire je vais combler ce besoin Et du coup, quand il y a une question qui se pose de consulter ou non, ça peut être compliqué de passer à l'acte. Tu peux savoir que tu en as besoin, tu peux savoir qu'il va falloir que tu le fasses, mais le moment où tu sais que tu dois le faire et le moment où tu le fais vraiment, parfois il y a vraiment un laps de temps. Et du coup, ça peut effectivement complètement arriver que des années après ou des mois après, tu aies une personne qui sorte du silence, soit par la volonté, c'est-à-dire que la personne devient prête, soit dans un trauma, tu peux avoir ce qu'on appelle... Un état de stress post-traumatique, tu peux avoir des reviviscences. Des reviviscences, c'est le fait d'avoir des souvenirs qui remontent à la surface. Et quand tu as des souvenirs qui remontent à la surface que tu avais oubliés, ça s'appelle sortir de l'amnésie traumatique. Quand tu sors de l'amnésie traumatique, ça veut dire qu'il y a eu oubli. Donc tu peux aussi avoir des personnes qui mettent vraiment longtemps à sortir de cette amnésie traumatique. Parce qu'elles avaient besoin de cette temporalité. Il faut savoir que l'oubli, ça a vraiment une fonction. C'est-à-dire qu'en fait, quand tu as vécu un trauma, le corps et le cerveau, ils ont décidé que c'était trop violent. Et du coup, ils ont créé l'oubli. Et en fait, les personnes qui vivent ça, ces personnes, elles vivent dans une espèce de période de latence un peu. Et le temps que l'oubli se dévoile, le temps que l'oubli se sépare, deviennent éparses, il n'y a pas de conscience. Quand il y a de l'oubli, il n'y a pas de conscience. Donc soit les gens vont venir effectivement peut-être des années après parce que c'est une question de leur temporalité, soit les gens peuvent venir des années après parce que en fait, les personnes sont sorties de l'amnésie traumatique et avant, ces personnes n'avaient pas conscience. qui ne s'était pas cassé quelque chose, ou en tout cas que c'était si grave. Ça reste un mécanisme de défense, l'oubli. Donc il peut y avoir ces deux formes-là principales. Soit parce que ce n'est pas le moment, et dans ce cas-là ils viennent bien plus tard. Soit parce qu'ils n'en avaient pas souvenir, donc du coup les personnes ne risquaient pas de vouloir ou de pouvoir même se mettre en action.

  • Speaker #0

    Tout ce que le corps et l'esprit durant l'agression a décidé de mettre de côté, donc on va dire un petit peu sous le tapis, et au final tenté d'oublier, ça peut revenir subitement un jour si ça n'a pas été traité ?

  • Speaker #1

    Alors, cette question, elle est délicate. Parce que je vais répondre oui à ta question, et en même temps, le oui peut faire très peur. Je vais le nuancer. Votre corps, notre corps, ne fera jamais ressortir quelque chose que vous n'êtes pas. capable de gérer. Donc en fait, quand on sort de l'amnésie traumatique, ça veut dire qu'avant, le corps et l'esprit ne se sentaient pas capables de gérer l'information traumatique. Quand on sort de l'amnésie traumatique, même si c'est difficile, que c'est déséquilibrant, que c'est retournant, qu'on en pleure, qu'on a peur, qu'on fait des crises d'angoisse. Malgré ça, ça veut dire que l'inconscient, et notamment la censure, parce qu'il existe une censure entre la conscience et l'inconscient, cette censure détermine que l'aspect conscient est capable de recevoir l'information. Donc oui, tout ça, ça peut ressortir. Tu peux avoir des éléments qui font ressortir certains troubles, soit par le fait de revivre directement quelque chose de similaire, soit par des éléments qui viennent rappeler. Ce contexte traumatique, c'est dans des temporalités où ton corps et ton esprit ont décidé, en gros, même inconsciemment, que tu étais capable de gérer. Donc ça te donne quand même le pouvoir d'en faire quelque chose. À partir du moment où ça devient conscient, ça veut dire que ton corps et ton esprit sont capables de guérir pour de vrai. Parce que l'oubli, l'amnésie traumatique, c'est une mise de côté. C'est une dissociation, c'est ce qu'on appelle un mécanisme de défense en psychologie. Et c'est des périodes où votre corps et votre esprit, ils ne sont pas assez robustes, ils ont besoin de protection, en fait, et ce n'était pas du tout le moment de gérer l'information. Donc oui, il peut y avoir de la dissociation, il peut y avoir de l'oubli, où tous ces mécanismes de défense, ils existent, ils sont là, ils sont réels, et heureusement qu'ils sont là, parce que c'est aussi ce qui fait partie de la résilience. Mais oui, ça peut revenir. Mais ce qui est rassurant, c'est que quand ça revient, c'est surtout et aussi le signe qu'il y a un vrai travail de guérison qui peut s'enclencher. Et du coup, un vrai travail psychothérapeutique ou accompagnateur de manière générale. J'ai des personnes qui viennent me voir qui ont subi des incestes, qui ont subi des viols. et certaines formes d'agression et de violence. Et ces personnes, parfois, elles pleurent en séance, elles s'effondrent en me disant qu'elles en ont marre, qu'elles n'en peuvent plus, en fait. Et que des fois, effectivement, on aurait préféré oublier pour de vrai, en fait, que l'amnésie, on n'en sorte jamais. Et je leur dis, mais vous avez le droit. Vous avez le droit d'en avoir marre, c'est normal. C'est tellement normal d'être fatigué. C'est tellement normal d'être fatigué de travailler sur soi aussi. Donc oui, il y a ce côté espoir de se dire, ok, c'est le début de quelque chose, mais ça ne veut pas dire que c'est le début de quelque chose de grandissant et de formidable dans l'immédiat, tu vois. Ça reste un parcours, ça reste un processus et il y a besoin d'avoir confiance dans ce processus qui n'est pas, ben, c'est pas l'enflève tranquille, tu vois, et ça c'est clair.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as déjà rencontré des femmes où leur corps exprime comme une certaine fermeture ? C'est-à-dire qu'elles ne peuvent plus expérimenter la pénétration ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Tu peux complètement avoir des femmes, même des hommes, si ce sont des hommes qui ont été adressés, ou même peu importe le genre et le sexe d'ailleurs. Mais là, on parle des femmes pour répondre à ta question. Donc oui, je peux recevoir beaucoup de femmes au cabinet qui peuvent avoir... Une fermeture du corps, et notamment une fermeture du vagin, une fermeture de l'appareil gynéco, qui vient se placer juste après un traumatisme, qui a finalement la même fonction que les mécanismes de défense dont on parlait tout à l'heure. C'est la même chose, sauf que ça se passe au niveau du corps. Après, l'idée est vraiment de repérer si cette femme... fermeture, elle est liée à un trauma, c'est-à-dire que tu avais un état A dans lequel était la personne, où tout allait bien en termes de la sexualité, il y a eu le trauma et ça a déclenché un état B avec une fermeture du vagin, une fermeture de tout l'appareil gynéco et une incapacité du coup à recevoir une quelconque forme de pénétration. Ça c'est la première possibilité. La seconde possibilité, tu peux aussi avoir des corps. qui se ferment suite à des blessures plus symboliques. Ce que j'appelle des blessures plus symboliques, c'est que tu n'as pas un trauma très déterminé, mais tu as des choses qui, au fur et à mesure de la vie, ont fait que la personne s'est renfermée petit à petit. Par exemple, tu vois, la sexualité, on est quand même sur l'apogée du lâcher-prise. Et du coup, quand tu vas avoir des problématiques ou des questionnements autour du besoin de contrôle, Du besoin d'avoir regard sur beaucoup de choses. La sexualité, ça peut être quelque chose de difficile. L'atteinte de l'orgasme, ça peut être quelque chose de difficile. Et en fait, l'idée, c'est de repérer si tu veux, si une personne, quand elle vient me voir pour des troubles autour de la sexualité, si une personne, elle vient me voir pour ces troubles-là et qu'en entretien, on va vraiment parler de sexualité parce qu'il y a un trauma qui est posé là-dessus, ou si on va parler de sphères plus larges, comme la difficulté à se... à poser ses limites et du coup où le corps il se renferme petit à petit parce que comme la verbalisation du nom est compliquée le corps prend le relais pour te protéger donc tu peux avoir des choses comme ça et l'idée c'est vraiment en séance de repérer si on parle de sexualité ou si on parle de quelque chose de plus large et si on parle de quelque chose de plus large de pouvoir accompagner plus largement en faisant comprendre à la personne que son corps il a juste choisi la sexualité pour s'exprimer, pour faire exprimer son symptôme. Pour dire, là, il y a un problème, j'utilise la sexualité parce que c'est ce qui va se voir le plus et gêner le plus. Et l'idée, pour faire passer un message, pour dire, il y a quelque chose qui ne va pas. Et là, on brasse des sujets plus grands. En tout cas, je n'ai jamais rencontré, par exemple, de vaginisme structural dans le sens uniquement physiologiques, uniquement physiques. J'ai toujours rencontré des fermetures d'appareils génitaux ou même d'incapacité à recevoir la pénétration, peu importe, qui vont être liées à soit un trauma, soit quelque chose d'émotionnel.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il est primordial de se retrouver avec son corps avant de recommencer à avoir des rapports ?

  • Speaker #1

    Alors, le principe d'un trauma, c'est une intrusion. une intrusion de quelque chose. Ça peut être une intrusion réelle, par exemple, une intrusion réelle du corps pendant un viol, pendant une certaine forme de violence. Et ça peut être une intrusion plus symbolique, dans le sens, par exemple, d'un cambriolage. Cette intrusion, elle va être vécue de manière violente, elle va être difficile à appréhender. C'est d'arriver à réapprivoiser le corps. ou même toutes les sphères de sa vie après cette intrusion réelle ou symbolique. Souvent, ce que j'explique, c'est que cette intrusion, elle est arrivée avec un effet de surprise, avec de la violence, avec de la souffrance. Et du coup, si tu veux réavoir un rapport derrière, l'idée est de se questionner sur est-ce que le corps en est capable ou pas, que ce soit un rapport pénétratif. ou un rapport non pénétratif. Pour ça, j'explique que tu peux avoir vraiment différents espaces vitaux. Donc là, je vais vraiment expliquer ces espaces vitaux à travers le prisme de la psycho et non pas de la socio parce que la socio, tu aurais d'autres choses. Mais à travers la psycho, tu vas avoir tout cet espace vital de l'espace d'existence, d'être à côté de quelqu'un, tu vois, de cette notion vraiment de... L'espace vital primaire, tu vois, de cette manière d'avoir besoin de cet espace d'existence. Tu vas avoir l'espace vital du toucher et tu vas avoir l'espace vital de la pénétration. On vient supposer que quand il y a un trauma, et notamment du coup un trauma autour de la sexualité, tu as ces trois espaces vitaux qui sont bafoués. de manière non consentie et qui sont traversées de manière très rapide. Donc l'idée, ça va être quand même de questionner la personne sur est-ce que la personne est à l'aise quand on la touche ? Est-ce que la personne est à l'aise quand on est à côté d'elle ? Parce que s'il y a déjà de l'angoisse posée sur ces deux espaces vitaux-là, ça paraît compliqué, ça paraît logique que le corps ait une réaction de rejet. ou de fermeture quand on tente un rapport sexuel pénétratif ou non pénétratif. Donc l'idée, c'est vraiment de comprendre ça. C'est de voir ce qui se passe, de voir ce qui se passe par rapport à tout ça. Donc après, clairement, tu peux avoir différentes manières de te reconnecter à ton corps avant. Avoir ou non d'avoir un rapport. Tu peux passer par la masturbation, bien entendu, mais tu peux aussi passer par le fait de te regarder dans un miroir, de t'observer. C'est déjà une forme de reconnexion à toi. Tu peux très bien acheter une huile qui sent bon et qui te fait plaisir et prendre le temps de t'en mettre sur les jambes en sortie de douche. Tu peux tout simplement prendre plus de conscience quand tu te douches et arrêter de faire ça de manière automatique. Tu peux, il y a des dizaines de manières, si tu veux, de te reconnecter à ce qui a été bafoué à l'intérieur de toi et d'y remettre de la douceur. Donc après, par contre... Tu as des gens qui vont avoir besoin de repasser par la sexualité pour se retrouver. Ça, c'est les manières de gérer de chacun de chacune. Mais plus il y a une forme de douceur qui va aider à réparer la violence, plus le corps va être coopératif tout simplement. Et plus facilement, tu vas pouvoir reprendre une certaine forme de sexualité ou même toutes les formes de sexualité.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il n'est jamais trop tard, c'est-à-dire que les victimes peuvent venir consulter même des années après ?

  • Speaker #1

    Alors non, non, clairement, c'est jamais trop tard. Autant sur une question de justice, il y a toutes ces histoires de délais, autant dans l'accompagnement, non, non, c'est jamais trop tard. J'ai même envie de... de te dire que, je sais pas, je dis n'importe quoi, mais si j'avais appris que ma grand-mère, à 75 ans, elle avait subi un trauma, je lui aurais dit la même chose en disant Tu sais, mamie, ça serait peut-être intéressant que t'ailles en parler. Ou alors quelqu'un qui vienne simplement me voir, ou alors ma pote qui vienne se faire agresser dans le métro, je vais lui dire la même chose. Je vais lui dire Est-ce que t'as envie d'en dire quelque chose ? Que ce soit avec moi en tant qu'amie. Que ce soit avec moi en tant que professionnelle, mais du coup pas mes proches. Ou alors que ce soit avec une autre personne. Ça, peu importe. Peu importe la personne qui est sélectionnée pour entendre ce discours. Mais, enfin, à part comme je le disais au début, que la personne, elle soit apte à recevoir. Mais sinon, non, il n'est jamais trop tard. C'est juste que tu vas avoir une temporalité qui va être propre à chaque personne. Et encore, cette temporalité va être propre à chaque personne, mais en réalité, l'impact émotionnel, quand tu ne l'as jamais travaillé, il reste quand même très actif. Mais il n'est jamais trop tard, non ? Et après, vous êtes aussi libre de choisir la manière dont vous voulez vous faire accompagner. Moi, j'accompagne et je parle beaucoup de psycho, et encore que j'accompagne de manière bien plus large que ça, en accompagnant le corps, etc. Tout est OK, en fait. L'idée, c'est juste, et d'ailleurs le seul il faut qu'il va y avoir, c'est vraiment que dans tout ça, vous arriviez à choisir une personne qui vous corresponde, d'un côté, et d'un deuxième côté, d'avoir une approche et des techniques que vous allez choisir, qui vous respectent, qui respectent vos appétences, vos valeurs, etc. Mais sinon, non, c'est jamais trop tard.

  • Speaker #0

    Si tu avais un conseil à donner à nos auditeurs qui n'ont pas encore eu ce déclic, ce passage du silence à la libération, grâce à la parole, que leur conseilles-tu ?

  • Speaker #1

    Alors, aller voir quelqu'un, c'est une étape qui n'est pas évidente. Du coup, ce que je conseillerais dans un premier temps, c'est déjà de passer, comme tu dis, du silence à la libération. mais de soi à soi. C'est difficile d'aller voir quelqu'un. Mais déjà de passer à la libération de soi à soi, c'est-à-dire de passer par un processus de commencer à ne pas se minimiser soi-même ou sa souffrance, ne pas soi-même se faire taire, arriver à enclencher des processus de digestion de soi à soi. qu'il soit par exemple l'écriture, qu'il soit par exemple le chant, le théâtre, peu importe en fait ce qui va être utilisé. L'idée c'est juste que vous avez une information de ce trauma-là qui est un peu ou complètement bloqué et statique à l'intérieur de vous. Et l'idée c'est de le faire circuler, de le faire sortir. Donc ça peut être de la boxe, ça peut être aller courir, ça peut être, je le redis, écrire, ça peut être du yoga, ça peut être de la méditation, ça peut être de la cohérence cardiaque, ça peut être peu importe. Ça peut être de vous enregistrer solo des vocaux pour vous-même et par vous-même, peu importe. Mais l'idée, c'est que si vous n'êtes pas prêt, prête aujourd'hui à consulter.

  • Speaker #0

    peu importe quel est le ou la professionnel, accepter que ça existe de vous à vous. Ça, c'est important. Le fait d'être doux, douce avec soi, le fait de se dire OK vis-à-vis de soi, OK, je ne me fais pas taire, c'est déjà énorme. Et après, vous verrez. Vous verrez. Mais l'idée, c'est vraiment de... respecter votre moment, votre moment pour y aller, pour verbaliser, et de pas vous forcer. Ça sert à rien. Quand on a des personnes qui sont en face de nous, en séance, et qui ont pas envie d'être là, on fait rien. Peu importe la perspicacité, peu importe les compétences, peu importe la pertinence du ou de la professionnelle, si la personne, elle n'a pas envie, ou qu'elle ne peut pas, que c'est pas son moment, ça sert à rien. Et souvent, ce que je dis, c'est que quand j'ai des personnes qui viennent pour faire plaisir à d'autres personnes ou parce qu'il le faut, j'essaie toujours de recentrer à leur pourquoi, à eux, leur demande à eux. De se dire, en fait, on... Alors, je ne le dis pas comme ça, bien évidemment, mais on s'en fiche un peu de ce que la chérie ou le chéri te demande de faire. L'idée, c'est toi, comment je te sens avec ça ? Qu'est-ce qui est en train de se passer à l'intérieur de ton corps ? Est-ce que tu es vraiment OK avec le fait de travailler sur ça ? Est-ce que c'est vraiment le moment ? Et parfois, c'est un non et ce n'est pas grave. Donc, je dirais que l'idée, c'est vraiment de passer au moins avec de la douceur, de passer de la douceur sur la violence de soi à soi, de ne pas se faire taire et ensuite de consulter quand c'est le moment. Quand c'est le moment. Et puis si ça n'arrive jamais, ce moment-là, c'est dommage, mais ce n'est pas grave. Donc oui, complètement. Complètement. Le fait d'être soi, le fait d'être soi avant tout. Tout à fait soi. Avant tout. Merci beaucoup à toi de m'avoir invitée sur ton podcast.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Margot, d'être passée sur le podcast. Et ta dame. et de nous avoir éclairé sur ces sujets importants. J'espère que ça va permettre de donner ce petit déclic aux éditeurs qui nous écoutent et de leur donner cette force de faire ce premier pas qui est déjà de sortir du silence. Vous n'êtes pas seul, vous pouvez être entendu. Ne faites plus de ce sujet un tabou, car la honte, ce n'est pas aux victimes de la ressentir, c'est à l'agresseur et vous n'êtes pas ce viol. Vous écoutiez Tadam, un podcast de Stéphanie Jarry. A très vite pour un prochain épisode.

  • Speaker #2

    Etat d'âme, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants, les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Etat d'âme, chaque femme est unique, mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarry.

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