- Speaker #0
Donc, on est en train de parler des trois quarts des pays d'Afrique qui n'ont pas du tout, du tout, du tout accès aux financements. Et on pense qu'en fait, dans ces pays-là, il y a un énorme potentiel. Et surtout rencontrer les entrepreneurs africains, ce que je trouve incroyable et j'ai envie de dire même émouvant, c'est que tu rencontres des entrepreneurs qui veulent changer la destinée de leur pays. En fait, ce modèle, il fonctionne très bien aux US. parce que tu as des modèles ultra scalables sur des gros marchés et parce que tu as une infrastructure où tu peux faire que du SaaS. En Afrique, ce n'est pas ton petit service et ta petite appli qui va faire des millionnaires. En revanche, tu as des problèmes massifs qui concernent beaucoup de gens et donc tu peux faire des très beaux business sur le continent africain. Beaucoup de gens ont dit que l'Afrique, c'est un peu un phénomène de hype et qu'il faut se rendre compte qu'en Afrique, il y a plein de problèmes. On est survendu l'Afrique. Non, l'Afrique représente moins de 1% du fonds total dans le monde, dans la tech, et qui a des énormes enjeux. Et la tech ne fera pas tout, mais elle en fera beaucoup. Enfin, elle en fera sa part, simplement. C'est la raison pour laquelle je suis convaincu que notre mission chez Digital Africa, ça va être de créer des succès locaux.
- Speaker #1
Eyes on Startup, le podcast qui met en lumière l'écosystème florissant des startups qui vont en focus sur l'Afrique. Voici comment nous voyons les choses. Le monde évolue rapidement. L'Afrique en plein essor se réinvente à une vitesse époustouflante. Des esprits brillants forgent déjà l'avenir de l'écosystème startup de ce continent. Entrepreneurs, investisseurs, ce continent dispose de tout ce dont il a besoin pour réussir. Et pourtant, il reste beaucoup à faire. C'est là que tu interviens. Nous partageons les histoires qui inspirent, les conseils qui guident, les opportunités qui motivent à contribuer à la construction de l'Afrique. Rêvez grand ! Écoutez, apprenez, agissez. Ensemble, créons des solutions innovantes pour ce beau continent. Peu importe où tu viens,
- Speaker #0
où tu vis.
- Speaker #1
Eisen Startup. Merci Grégoire d'avoir accepté de participer à l'épisode d'aujourd'hui. C'est vraiment top d'avoir un profil comme le tien. Grégoire, tu es CEO de Digital Africa.
- Speaker #0
Merci Pierre pour ton invitation. Hyper content de faire ce premier podcast en français. J'en avais enregistré en Rwanda il y a quelques mois, mais je n'avais pas eu l'occasion de le faire sur un format un peu long, donc c'est sympa. Merci pour ton invite et bravo pour cette initiative. Hyper important d'avoir des gens comme toi qui partagent la connaissance. Je suis CEO de Digital Africa depuis décembre dernier, donc je serai bientôt faire un an. Quand tu auras publié cet épisode, peut-être, tu vas faire un an. Et oui, avant, ça fait à peu près 8 ans que je suis ici sur le continent. Ok. Et je rentre tout juste...
- Speaker #1
D'Afrique, oui. Tu as passé 8 ans, c'est ça ?
- Speaker #0
Oui, 7 ans entre le Sénégal et l'Égypte. 5 ans au Sénégal, un peu plus de 2 ans en Égypte.
- Speaker #1
Ok. Et t'as aimé ? C'était de belles expériences ?
- Speaker #0
D'abord, j'ai rencontré l'Afrique... Un peu par hasard, à travers Orange, on s'était posé la question de monter un fonds pour l'Afrique et je m'étais porté volontaire un pour le faire et deux pour y aller. Et ouais, c'était le gros coup de cœur. Et donc quitter le continent est un vrai arrachement. Après je le quitte moyennement parce que je passe près de 10 à 15 jours par mois sur le continent.
- Speaker #1
Dans tes fonctions,
- Speaker #0
ouais. Et j'adore.
- Speaker #1
Et juste, est-ce que tu peux nous dire en quelques phrases, qu'est-ce que c'est Digital Africa ?
- Speaker #0
Oui. Alors Digital Africa, c'est une filiale de Proparco. Proparco fait partie du groupe AFD, l'Agence Française de Développement. D'accord. Et nous, Digital Africa, on agit en amont de Proparco puisqu'on soutient les entrepreneurs ultra early, du précide au cide. Et l'idée, c'est que Proparco et tous les fonds dans lesquels Proparco peut investir, peuvent suivre derrière.
- Speaker #1
D'accord. Donc, c'est une initiative française pour soutenir les startups de l'écosystème africain.
- Speaker #0
Oui, alors, l'histoire est longue parce que c'est une initiative lancée par Emmanuel Macron en 2018 qui a vécu pas mal de changements, pas mal d'étapes, vécu, passé par plusieurs modèles. Et c'est vrai que moi, en arrivant chez Digital Africa, j'ai vraiment souhaité faire un gros focus sur l'entrepreneur. Oui. L'idée à l'origine c'était vraiment de trouver un nouveau modèle de coopération et de soutien aux écosystèmes tech en Afrique. D'accord. On était ultra large et moi j'ai vraiment souhaité qu'on fasse ce focus entrepreneur, on ne peut pas tout faire. Oui, clairement. On est une petite équipe, c'est ce qui fait la base de notre force, de notre agilité, un peu comme une start-up. Et donc, on a un objectif, c'est faire réussir des entrepreneurs au tout début. Alors, on ne le fait pas partout. On a sélectionné 18 pays qu'on considère prioritaires.
- Speaker #1
Donc, c'est Afrique francophone ?
- Speaker #0
Non, non, non, c'est Afrique globale. Ça, c'est aussi une nouveauté. Quand je suis arrivé, c'était très focus Afrique francophone. Non, nous, on a voulu sortir un peu justement de cette dichotomie francophone, pas francophone. L'Afrique, elle est vraiment multiple et la définition de francophone est assez compliquée. à Calais. Moi, mon point, c'est en gros, l'Afrique, c'est l'Afrique dans la tech. Quand je dis l'Afrique, souvent, j'inclus... Il faut entendre la tech américaine. C'est ma passion et mon job depuis un certain nombre de temps. C'est en gros quatre villes. Quatre villes concentrent 80% des invests en Afrique depuis que je commence l'invest. Les
- Speaker #1
Big Four,
- Speaker #0
c'est ça ? Oui, c'est ce qu'on appelle les Big Four. En fait, il y a plein de dénominations. C'est pour désigner quatre pays, mais en fait, le VC, c'est un business de ville.
- Speaker #1
Quand tu dis un business de ville, c'est-à-dire ?
- Speaker #0
Les clients, les utilisateurs, ils sont dans les endroits où il y a des fortes concentrations de population, où il y a de l'infrastructure, c'est connecté, les gens sont techs à vie, ils sont équipés en smartphone. Et en fait, la notoriété et le bouche à oreille, il se passe dans les villes. D'accord. Des startups qui scalent vachement bien dans l'environnement rural, c'est rare.
- Speaker #1
C'est moins souvent.
- Speaker #0
En gros, 80% c'est 4 villes, ou 4 pays si on se préfère. Et surtout, il y a la moitié des pays d'Afrique, 27, qui n'ont jamais levé un tour. Jamais. Zéro.
- Speaker #1
Aucune startup qui a levé des fonds.
- Speaker #0
Aucune startup n'a levé un montant de plus de 100 000 euros, 100 000 dollars. Enregistrer, annoncer proprement sur les réseaux pour que les gens qui notent et listent tous les investissements les enregistrent. Quand tu ne l'annonces pas, c'est qu'il y a un loup. Donc il y a la moitié des pays d'Afrique qui n'ont pas le V. T'en rajoutes 14, ils ont le V, moins de 5 millions de dollars en un an. 5 millions de dollars, c'est un tour d'amorçage ici à Paris, ou de Pré-Syria. Donc on est en train de parler des trois quarts des pays d'Afrique qui n'ont pas du tout, du tout, accès. Au financement. Donc nous, on osait. Évidemment, les VCs ne vont pas y aller. En France, on a eu la BPI il y a quelques années. Un acteur public qui a arrosé le désert, c'est un terme un peu fort, mais qui a vraiment sidé les tours, sidé les fonds et fait ce boulot qui a permis de créer un deep flow et un écosystème. Nous, on a sélectionné 18 pays, en gros, sur un constat assez simple. C'est... Il y a 18 pays qui représentent ensemble 50% de la population africaine, 48%. Près de 40% des richesses du continent. Et moins de 10% d'élevés de fonds. Et dans les pays qu'on a sélectionnés, il y en a deux, Tunisie et Maroc, qui font la moitié de ces 10%. Donc tu vois, dans notre liste, il y a 16 pays qui représentent une masse énorme de gens et de richesses et qui pour autant ne lèvent pas de fonds. Et on pense qu'en fait, dans ces pays-là, il y a un énorme... potentiels, tous ne sont pas au même niveau de maturité. Et pour moi, tous les écosystèmes suivent une sorte de logique un peu similaire. C'est-à-dire ? Au début, tu as un petit groupe d'entrepreneurs, quelques incubateurs et accélérateurs. Ils arrivent à sortir des premières startups. Souvent, les premières, ce sont des fintechs qui permettent de processer du paiement. Sur la base de ça, tu crées des services additionnels type le e-commerce. D'accord. Assez vite après, derrière, tu as besoin d'avoir de la logistique, la smile. Là-dessus, tu commences à créer d'autres services, donc dans les fintechs, les néobanques ou j'en sais rien. Et tu vois, petit à petit, tu arrives à rajouter des composantes. Des couches qui vont former. Exactement. Et tu commences, et donc les startups mûrissent, et tu commences à avoir des sortes de success stories. qui mettent l'écosystème en visibilité, qui attirent des entrepreneurs, soit de grands groupes, d'administrations et beaucoup de la diaspora, pour revenir, pour entreprendre, remonter des business. Et en fait, tous les pays ne sont pas au même stade. En Afrique, ça a commencé avec le Kenya, le Nigeria a assez vite suivi. L'Afrique du Sud avait un autre parcours qui est très lié à son histoire particulière. Et l'Égypte, c'est assez récent. Ce sont les fameux Big Four. Ils ont démarré il y a quelques temps, mais les autres suivent derrière. Et donc, il y a eu le Sénégal. La Côte d'Ivoire, en ce moment, est en train de décoller. On voit le Maroc qui se réveille. Cameroun, on commence à avoir des premiers signes d'entrepreneurs qui ont réussi à lever quelques tours conséquents. Et puis, en fait, tout le monde n'est pas au même stade sur la courbe, mais en fait, pour moi, tout le monde prend la courbe. Dès lors que tu as un marché, tu as du monde, tu as un pool de talents, tu as un peu de push des autorités, en tout cas, on ne te les kill pas dès le début. Il faut plusieurs ingrédients. C'est ces critères-là qu'on a regardés, c'est comme ça qu'on a fait notre sélection de pays.
- Speaker #1
Ok. Et c'est marrant ce que tu dis. Tu dis qu'un écosystème se construit d'abord par des fintechs. qui arrivent et qui mettent en place une infrastructure de paiement.
- Speaker #0
Ça commence par les infrastructures, en fait. FinTech est un des principaux, mais la logistique est un point super important. Bref, mais vas-y, continue.
- Speaker #1
Mais c'est que je vois, par exemple, là, j'ai fait un épisode avec Teddy, qui a créé Garastore, un magasin alternatif pour applications mobiles. Il me disait qu'au final, il se retrouvait aussi à créer un petit peu une FinTech, à trouver des solutions pour pouvoir intégrer les paiements à sa plateforme. Donc on voit vraiment que lorsqu'on veut créer une startup, c'est vrai que c'est une composante qui est assez importante.
- Speaker #0
C'est une des raisons par lesquelles j'admire tellement les entrepreneurs africains. C'est que quand tu as une idée de business, non seulement tu as ton idée de business, mais en plus tu dois construire toute l'infrastructure pour que ton business tourne. Et je ne sais pas, par exemple, tu as une boîte de e-commerce, il faut que tu développes ton propre service de last mail. C'est le cas de Jumia, ce qui s'est fait pendant très longtemps. Donc dès qu'ils peuvent... Ils ont plusieurs startups en interne. Ils ont même construit toute leur infrastructure de paiement. Ils ont tout fait. Puis ensuite, ils essayent de le licencier à droite à gauche. Mais c'est vrai tout le temps, partout. C'est l'histoire aussi de...
- Speaker #1
Juste, Jumia, c'est une startup dans l'e-commerce, si je ne me trompe pas.
- Speaker #0
Oui, alors ce n'est plus une startup maintenant. Ils ont pris un IPO et tout. Pour le coup,
- Speaker #1
c'est la story. Oui,
- Speaker #0
c'est une belle histoire, c'est une histoire pas si... qui a eu des hauts et des bas. D'abord, c'est une émanation de Rocket Internet, le gros start-up studio des frères Sommer en Allemagne. D'accord. Il y a énormément de gros succès qui sont sortis de ça. D'accord. Et donc, Jumia pour l'Afrique, qui se voulait... Au Quai d'Internet, l'idée c'était de faire des copy-paste des US et les adapter à l'Europe ou à d'autres marchés. Et ils se sont dit, tiens pour l'Afrique on va faire un Amazon. Et donc est né Jumia. Avec un style, d'avoir une belle croissance, une capacité à élever des fonds extraordinaire, incroyable. Ils ont élevé énormément d'argent. Et puis ils ont fait leur IPO. C'est une équipe qui a démontré qu'on pouvait scaler en Afrique. construit un gros business, qui l'a fait super tôt et qui ont du coup dû développer toute cette infrastructure. Et alors, autre truc que je trouve énorme avec Jumia, c'est le fait qu'ils ont suscité tant de vocations d'entrepreneurs. C'est incroyable. À une époque, je faisais le décompte, j'avais pratiquement 10% de mon deal flow qui était des ex-Jumia.
- Speaker #1
Est-ce que tu pourrais nous parler un petit peu plus de ta vision de l'écosystème tech africain, de la vision de Digital Africa ?
- Speaker #0
Écoute, comme tu disais, infrastructure compliquée, donc l'enjeu c'est de l'optimiser. Et quand tu n'as pas forcément les moyens de doubler la surface des routes et agrandir les aéroports, par exemple... Le digital peut optimiser les camions, le taux de remplissage, les routes. Donc ouais, l'exemple de la logistique est assez parlant. En fait, je vais te dire n'importe quoi en termes de chiffres, mais l'idée sera là. Aux US, quand tu achètes pour 100 dollars un produit, globalement, tu as dû mettre 5 dollars dans la logistique maximum. D'accord. Et quand tu achètes 100 dollars d'un produit en Afrique, il est fort probable que tu as mis... plus de la moitié dans la logistique.
- Speaker #1
D'accord, donc le ratio est totalement...
- Speaker #0
Tu payes 10 fois plus en logistique en Afrique versus US, ou pays développés, c'est une façon de parler. Et ça c'est parce que l'infrastructure logistique au sein du continent, elle est encore pas au niveau pour faire un... Pour le premier... ... Exactement. Il y a plein de sujets de commerce intra-Afrique. Je ne vais pas rentrer dans toutes les questions problématiques de la zone commerciale d'Afrique. Mais le sujet, c'est que pour réduire ces coûts logistiques, il faut optimiser à peu près tout. Et le digital est une réponse incroyable. Et quand on met bout à bout des startups qui optimisent les flux, des startups qui font des marketplaces, tu peux, mis bout à bout, réduire considérablement les coûts logistiques. C'est le but. C'est important pour le commerce intrazone. C'est important aussi pour le commerce intercontinental. L'Afrique est riche de ses problèmes. Et du coup, tu commences par adresser les principaux, les plus urgents. C'est ceux qui, à la fois, concernent le plus de monde, où la proportion payée est la plus importante. Donc, quand je te dis qu'on a un problème pour accepter des paiements... Enfin, toi, par exemple, le mobile money, ça a connu un énorme scale en Afrique. C'est né, le mobile money, c'est né, MPSA au Kenya, c'est né dans un contexte de... de guerre civile où avoir des gens qui transportent de l'argent dans leur poche, des agents qui transportaient de l'argent dans leur poche, risquaient leur vie, ou ont payé de leur vie pour avoir transporté cet argent. Et on s'est rendu compte qu'il était vital, c'était même pas juste cool, c'était juste vital d'envoyer de l'argent de manière électronique. Ça sauvait des vies. Et bien, tu adresses ce sujet en priorité. C'est pour ça que ça a souvent beaucoup de... Beaucoup de startups ont commencé, enfin beaucoup de success stories ont commencé par les fintechs, ce que je me disais tout à l'heure. Mais après, tu prends les problèmes les uns après les autres, l'éducation, la santé. Les investisseurs vont souvent préférer se concentrer sur ce qui leur paraît être les sujets vraiment urgents, essentiels de survie. L'enjeu, c'est quand même... Je ne vais pas te refaire toute l'histoire de la démographie africaine, mais on a un petit sujet de nourrir, soigner, éduquer, fournir du boulot.
- Speaker #1
Oui, clairement.
- Speaker #0
A tout ce continent.
- Speaker #1
Mais justement, comment est-ce que vous faites, vous, chez Digital Africa, pour réussir à mesurer la taille d'un marché ? Est-ce qu'il y a les datas, est-ce qu'il y a les données sur le continent africain pour pouvoir évaluer ? Tel secteur, c'est à peu près telle taille de marché, ou tel autre secteur, c'est telle taille de marché. Comment est-ce que vous faites, vous, pour avoir des chiffres, tout simplement ?
- Speaker #0
Oui, on calcule les tailles de marché. Après, la base de notre conviction, elle ne s'appuie pas uniquement sur une taille de marché. Mais pour répondre à ta question là-dessus... De toute façon, soit tu regardes, effectivement, tu changes la data, et puis tu regardes de haut, et puis tu te dis, tiens, je vais prendre un pourcentage de ça, parce qu'on se dit que notre segment... En fait, moi, ce que je préfère, c'est partir de ce qu'on appelle du bas. Et donc, si tu es B2B, tu regardes les entreprises. En règle générale, tu as des registres qui enregistrent... Enfin, tu as toutes ces entreprises qui sont enregistrées. Si tu dois taper dans le marché de l'informel, tu as quand même un peu de data. Et puis, en fait... Et puis tu regardes selon ton produit, si tu vends une solution, ça c'est à des restaurants. D'abord tu regardes dans ton quartier, puis dans ta ville, et puis ensuite tu regardes à l'échelle de la région Afrique francophone, si tu opères depuis Abidjan. Mais tu vois, ce n'est pas une data si compliquée que ça à obtenir. Tu n'as pas besoin de grosses études McKinsey pour te faire une idée sur la taille des marchés. Les startups africaines, celles qui scalent, c'est quand même des solutions qui adressent à des besoins assez évidents, assez basiques. On sait qui sont les bénéficiaires et leur proportion à payer pour ça. Ce ne sont pas des questions très compliquées.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui t'a attiré dans cet écosystème ? D'abord,
- Speaker #0
quand on a lancé Orange Ventures Afrique, je suis venu m'installer à Dakar et j'ai aussi eu le continent. Donc y habiter, rencontrer et surtout rencontrer les entrepreneurs africains, ce que je trouve incroyable et j'ai envie de dire même émouvant, c'est que tu rencontres des entrepreneurs qui veulent changer la destinée de leur pays. En fait, c'est toujours hyper enthousiasmant de rencontrer des entrepreneurs qui sont vraiment en mission. Et ça, c'est une spécificité du continent parce qu'il y a un enjeu énorme, c'est sortir le continent de l'impasse économique dans lequel il est depuis la décolonisation, ou même avant, l'insérer dans le monde, le connecter au reste du monde. Et je pense qu'il y a une fatigue qui se transforme en révolte. Et les entrepreneurs qui lancent des boîtes le font parce qu'ils ont cette mission chevillée au corps. Moi, je trouve ça hyper enthousiasmant. Je suis français, je ne suis pas né en Afrique. Mon histoire avec l'Afrique, elle est récente. Mais elle a commencé au début de cet écosystème africain. Je suis arrivé sur le continent fin 2016. Tu vois, l'Afrique levait 300 millions de dollars. Donc, c'était rien.
- Speaker #1
Donc, pour toi, c'est à peu près 2016 que l'écosystème a commencé à...
- Speaker #0
Le début, ben non. En fait, il y a des entrepreneurs qui ont lancé des tas de trucs avant. Et il se trouve que beaucoup de gens prennent cette date-là parce que 2015-2016, c'était l'époque où Partec était en train de lever des fonds. D'accord. et a sorti ses premiers rapports en commençant à vendre l'Afrique dans le cadre de leur fundraising. Sauf que nous, chez Orange, on était dans le même timing. Et du coup, les premiers rapports qui ont la donnée un peu structurée, ça date de cette époque-là. Mais à cette époque-là, en 2016 de mémoire, l'Afrique levait 366 millions de dollars, si je m'abuse.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Et donc la dernière, on était à 4-5 milliards. Enfin, on a fait x10, mais on a dû toucher avant le 7 milliards de dollars. Mais globalement, ça fait x10 en 8 ans. Donc c'est énorme. Et ça va continuer. Donc tu vois, globalement, c'est un... Mon starting point.
- Speaker #1
Et est-ce que tu peux nous parler un petit peu plus de Digital Africa ? Plus, on va dire, des missions et des services et du soutien que vous proposez aux entrepreneurs ? Alors, tu me dis si j'ai faux, mais si je comprends bien, vous avez trois angles d'action.
- Speaker #0
Si tu regardes notre site internet, il sera déjà changé au moment de la publication. D'accord. Non mais en fait, parce qu'on a connu un gros pivot, en fait, il fait plein de missions. Aujourd'hui, Digital Africa, c'est de l'investissement et de l'accompagnement des startups.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
On a un programme, enfin, notre mission, en fait, la façon dont on le définit, c'est on va essayer d'être prioritairement actifs là où les vicines ne sont pas, donc dans les fameux 18 pays. D'accord. Donc tu as plein de pays d'Afrique francophone, plus, enfin... plein de pays qui ont une population importante, donc pas ceux qui ont moins de 2 millions d'habitants. Un certain nombre sont francophones, je crois qu'il y en a 10, et puis 8 qui ne sont pas francophones, type le Soudan, l'Angola, l'Ethiopie, qui sont des gros pays. Je ne vais pas tous les citer, les Zimbabwe, Zambie, Tanzanie, je ne suis quand même pas mauvais, mais en gros, des pays où il y a un potentiel qui n'est pas exploité. Et donc, ils sont dans des écosystèmes où il n'y a pas de VCs ou peu de VCs. Tunisie, Maroc, il y a quelques VCs. Il n'y en a pas assez par rapport au potentiel, mais il y en a quand même quelques-uns. RDC, Zambie, on n'est pas nombreux. Angola, Zimbabwe, on n'est pas nombreux. Et puis, autre point important, c'est qu'on va essayer d'investir aussi à un moment où les VCs n'investissent pas. C'est-à-dire ? on va soutenir les entrepreneurs sur la levée de fonds Friends and Family. D'accord. Un entrepreneur en Europe, quand il veut monter sa boîte à Paris, en France, il se met au chômage. Il est globalement financé par ce qu'on appelait Pôle emploi. Je crois que c'est France Travail maintenant. Je reviens tout juste d'Afrique. Et en gros, le premier investisseur de France, c'est le chômage. Ça n'existe pas en Afrique. Et comme ça n'existe pas en Afrique, le destin d'un entrepreneur, c'est qu'à la fois il monte sa boîte, il continue son ancien job, plus il se rajoute deux, trois trucs, deux, trois projets à côté qui peuvent arrondir un peu les fins de mois. Et puis, en gros, globalement, sa boîte, il essaie de la monter quand il a un peu de temps, en vrai.
- Speaker #1
Donc le contexte est totalement... totalement différent.
- Speaker #0
Et ça, c'est un vrai problème. Parce que ça fait des boîtes qui n'ont pas le temps d'innover. Tu finis par faire de l'achat-revente, en fait. Et la composante tech et innovation, elle est limitée à la portion la plus simple, pour surtout monétiser le plus vite possible. Si on veut faire quelque chose pour l'innovation, Il faut donner du temps aux entrepreneurs pour se concentrer sur le projet, développer leur MVP.
- Speaker #1
Juste MVP, c'est minimum variable product. En fait, c'est un stade où on a une première ébauche de produits.
- Speaker #0
C'est ça à peu près. L'idée, c'est d'avoir permis à une équipe de se constituer d'abord, de se concentrer sur un projet et de le construire. On a investi très tôt, pas forcément sur des slides. C'est bien qu'il y ait quelque chose. Mais en tout cas, on ne demande pas forcément à ce qu'il y ait des revenus.
- Speaker #1
D'accord. Est-ce qu'on peut dire que vous investissez au stade de l'amorçage ?
- Speaker #0
Pré-amorçage.
- Speaker #1
Pré-amorçage.
- Speaker #0
On est quasiment l'un des seuls fonds de pré-amorçage du continent.
- Speaker #1
Pré-amorçage.
- Speaker #0
Ça, c'est notre programme fusée.
- Speaker #1
Donc, juste pour définir pré-amorçage, donc a priori, c'est un stade où il n'y a pas forcément de revenus, un stade où on a éventuellement un... premier produit, minimum payable product et un stade où on a quand même une équipe de plusieurs ou...
- Speaker #0
Très souvent, au pré-amorçage, t'as l'équipe fondateur, au moins deux, voire trois, quatre personnes. D'accord. Il arrive qu'il y ait un ou deux salariés ou freelance qui bossent, enfin voilà, une équipe, mais très très très minimale. D'accord. Un projet... une ébauche de produits, parfois avec des clients juste pour tester, mais très peu. D'accord. Et tu as encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de boulot à faire sur le produit et tu n'as pas fait grand-chose dans l'exploitation, dans l'effort commercial. Ok. Ça, c'est notre sweet spot avec Fusée. Et là, on…
- Speaker #1
Fusée,
- Speaker #0
c'est… Fusée, c'est le fameux programme qui fait du pré-amorçage. Et là, on essaie une approche volontairement volumique. C'est-à-dire qu'on veut être en capacité d'en faire pas mal.
- Speaker #1
D'accord, donc vous arrosez un petit peu.
- Speaker #0
Alors on arrose. Cette année, on va peut-être à la fin faire une trentaine d'invest dans l'année. D'accord.
- Speaker #1
J'ai vu notamment que vous étiez parmi les plus actifs en termes de deals.
- Speaker #0
Parce qu'en fait, on a toujours été très actifs, sauf qu'on compte les deals. Enfin, on a toujours été. On l'est depuis pas si longtemps que ça. Nos deals avant n'étaient pas comptés parce que la méthodologie de nos amis qui comptent les deals compte à partir de tours qui font 100K. Il a fallu mettre une barrière quelque part et je la trouve tout à fait... Mais nous, comme on faisait beaucoup d'invest de 20-50K, si la boîte n'avait pas levé auprès d'autres invests à côté, on n'était pas compté. On a un peu augmenté la taille de nos tickets parce qu'on pense que c'est nécessaire. Par ailleurs, souvent, on apprend que notre investe, c'était ta question de tout à l'heure, enfin avant qu'on enregistre d'ailleurs.
- Speaker #1
À savoir, est-ce que lorsque vous investissez...
- Speaker #0
On est lié ou pas. En fait, dans le site de LEED, ça ne veut pas dire grand-chose. Très souvent, c'est des petits tickets qui s'agrègent les uns après la suite des autres. Mais le fait que nous, on investisse, est un peu un catalyseur et pousse d'autres à investir derrière nous. C'est ça. Est-ce qu'il fait que les boîtes... qui ont levé, je ne sais pas, 50 kôts auprès de nous, ont fini par lever 150, 200 kôts.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Et donc, à la fin, notre investissement est compté. On a investi avec Fusée jusqu'à 100 000 euros. La moyenne est autour de 50 000. On a un ticket de 20 000, de 50 000, globalement de 100 000. Merci. et on en fait à peu près deux par mois.
- Speaker #1
Deux par mois, donc c'est beaucoup. Ça me fait un peu penser à...
- Speaker #0
On a 2000 startups qui postulent par an, entre 1000 et 2000, donc en fait, c'est pas parce qu'on en fait beaucoup que c'est facile. On est hyper exigeant.
- Speaker #1
À peu près 2000 par an, c'est...
- Speaker #0
On en reçoit de tout, mais on en reçoit beaucoup. Et encore... Oui, oui. Il y a beaucoup de projets sur le continent. Et puis, en fait, on est très, très peu nombreux. Je crois qu'on est à peu près les seuls à faire du préamorçage. Tu peux avoir quelques business angels, mais une équipe structurée qui a une mission, dont la mission, c'est de faire du préamorçage, il n'y en a pas beaucoup.
- Speaker #1
Est-ce qu'il existe des club deals, c'est-à-dire des particuliers qui vont se réunir pour éventuellement monter un véhicule d'investissement et ensuite investir dans des startups ? Les startups en Afrique, est-ce que toi tu as vu ? Oui,
- Speaker #0
bien sûr, ça existe. Il y en a plein de petits. Mais en fait, ils n'ont pas la capacité... D'abord, c'est une approche ultra locale et nous on adore co-investir avec des business angels locaux. D'accord. Il y a plein de programmes... qui visent à faire monter en compétence les business angels. La réalité, c'est que dans un écosystème, les business angels, c'est ce qui arrive en dernier. Tu crées des startups qui sont des succès. Les succès, à un moment donné, amorcent une pompe qui est très difficile à amorcer. La grosse question du continent, c'est la pompe des exits, des acquisitions. Et ça fait quelques entrepreneurs fortunés qui ont en fait une passion pour l'entrepreneuriat et qui réinvestissent en règle générale une grosse partie de leur fonds, comme Business Angel. Et là, tu amorces une pompe parce qu'eux sont des super détecteurs de talent. Ils accompagnent les problématiques. Ils sont super forts pour accompagner les entrepreneurs. L'effet signaling. C'est déjà ça, un truc hyper important en fait, quand tu lèves des fonds, t'es sensible à l'argent que tu reçois, mais t'es très sensible à toute la valeur que cet argent t'apporte en plus de cet argent. Et donc t'as de l'aide, un business angel, un fonds, une panoplie de services à proposer à l'entrepreneur pour l'aider, pour augmenter ses chances de succès, c'est important pour tout le monde. Mais t'as un truc qui est très important qui s'appelle le signaling.
- Speaker #1
C'est quoi exactement le signaling ?
- Speaker #0
Eh bien, quand tu lèves de l'argent auprès d'un VC qui est hyper reconnu, c'est mieux que de lever de l'argent auprès de quelqu'un que personne ne connaît, tout simplement. Et tu dis qu'en gros, quand on se dit, je vais investir dans cette boîte parce que ton digital africain investit chez eux, c'est que ça ne soit pas si mal. Ça, c'est un effet signaling. On espère qu'on le génère, mais c'est important. Quand c'est un ancien entrepreneur qui a été successful et qui... et qu'il choisit ses entrepreneurs parce qu'il les comprend, il voit leur potentiel et comme il a réussi lui, on dit qu'il a un bon flair et qu'en plus il va apporter une vraie valeur. Et ça, c'est top. Et toi, par exemple, en Tunisie, on est très content d'investir aux côtés d'entrepreneurs qui ont exité leur boîte et qui sont ultra actifs sur le marché aujourd'hui. Ça existe là-bas parce qu'il y a eu des exits. Donc, il n'y a pas d'exit, il n'y a pas de gens qui ont les fonds pour investir comme Business Angel. Et du coup, c'est un autre type de richesse, mais ce n'est pas le même.
- Speaker #1
Et c'est marrant, quand tu parles de signaling, ça me fait un peu penser au VC KimAventure. Je ne sais pas si tu...
- Speaker #0
Oui, bien sûr.
- Speaker #1
C'est à peu près le même principe, en fait. Lorsqu'ils investissent, déjà, ils investissent à un stade assez early, comme Digital Africa. Et dès qu'ils investissent, souvent, ça fait un appel d'air, d'autres fonds suivent. et investissent aussi dans les startups.
- Speaker #0
Oui, alors en fait, Kima, en France, a mis en œuvre une stratégie d'investissement industriel, ce qu'on appelle le Spray and Pray. C'est ce qu'on fait un peu nous avec Fusée, en fait. On investit beaucoup, on fait beaucoup de deals avec Kima. Je pense que c'était deux deals par... Une seule semaine. Un deal par semaine, quoi.
- Speaker #1
Oui, c'est une seule semaine.
- Speaker #0
C'est en gros dans la meilleure boîte qu'ils avaient vu dans la semaine, un truc comme ça. Je ne les connais pas bien, mais je crois que c'est ça. Nous, on en fait deux par mois, ça fait pas le même esprit.
- Speaker #1
Ça c'est le spread.
- Speaker #0
Mais l'effet signaling est quand même limité. En fait, c'est super d'être le top de la semaine, mais tu n'es que le top de la semaine. Et nous, on a l'intention de faire le fonds d'après qui va faire le follow-on sur quelques deals de notre portefeuille fusée.
- Speaker #1
Donc, juste pour expliquer, vous investissez. en early stage et ensuite éventuellement investir en série A éventuellement ?
- Speaker #0
Alors non parce qu'en même temps le fusée c'est du pré-amorçage, on va faire le fonds amorçage, la série A sera plutôt Proparco ou d'autres fonds. D'accord. Mais là le fonds de site qu'on va faire ce sera un fonds où il y aura une trentaine de startups maximum.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Donc là il y aura un effet signe.
- Speaker #1
Et tu sais la taille à peu près ?
- Speaker #0
Ouais on a une ambition de lever 30 millions pour ce fonds.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Donc ce sera un fonds de 30 millions, c'est ça notre objectif. mais c'est l'idée. Et donc, ne pas recevoir un investissement du fonds CIT, donc de notre fonds VC, donc pas le programme FUSEE, ça ne veut pas dire que ta boîte n'est pas bonne, parce qu'on va avoir des critères d'invest un petit peu différents entre FUSEE et VC, mais en revanche, quand on recevra un invest du fonds VC, On espère bien que ça aura un effet très favorable en termes de signalings, parce qu'on aura été hyper piqués dans Ausha de lignes. On fera 4-5 invests par an.
- Speaker #1
C'est quoi vos critères avec le fonds de visée ?
- Speaker #0
D'abord, là pour le coup, on sera ultra focus sur les 18 pays. Autant sur Fusée, on est les 18 pays, mais on peut regarder d'autres pays aussi. Je pense qu'on ne va pas être aussi strict sur le critère. pays là pour le coup sur sur le fonds vicié on le sera beaucoup plus. Notre critère sur des critères de vicié sur nos convictions sur le modèle de croissance de la start up et puis bien sûr des critères d'impact ultra rigoureux parce que parce que c'est important pour notre thèse c'est important pour nous et ça et puis voilà c'est donc pour ce que c'est notre rôle.
- Speaker #1
Ok ok Donc super, très clair. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu plus des exits ? Parce que c'est quand même une composante importante dans un marché, dans un écosystème startup. Donc là, on a parlé un petit peu de toute la chaîne de valeur, à savoir pré-amorçage, ensuite la partie amorçage seed, ensuite série A, série B, éventuellement série C, et éventuellement les exits. Donc je sais qu'il y a différents cas d'exits. Est-ce que tu peux nous dire celui qui serait le... le plus adapté au continent africain ? Est-ce que ce serait par exemple un rachat par un corporate ? Est-ce que ce serait une IPO ou autre ?
- Speaker #0
Dans le monde entier, et ce sera vrai aussi pour l'Afrique, l'essentiel des exits, c'est quand même, et c'est ce qu'on souhaite et ce qu'on cherche en tant que VC, c'est des acquisitions par des grands groupes de startups pour accélérer l'innovation. Le cas typique, c'est la grosse banque qui n'a pas innové pendant 30 ans, qui se retrouve attaquée partout par des petites startups.
- Speaker #1
Qui est trop grosse pour changer de direction.
- Speaker #0
Oui, et puis en fait, c'est une culture, l'innovation. C'est aussi des outils, c'est aussi une infrastructure tech qui n'est pas adaptée. Enfin bref, tu as plein de raisons pour ne pas innover quand tu es une grosse banque, surtout sur le continent. Et donc, à un moment donné, qu'est-ce que tu fais pour mettre un gros pied et changer d'un coup ta gueule ? Tu achètes une super belle startup qui va te rajeunir soit ton expérience utilisateur, soit ta tech, soit ce que tu veux. Ça, c'est le cas typique. Et donc, c'est ce qu'on espère avoir sur le continent. Je pense qu'en fait, paradoxalement, même si c'est ce qu'on espère et ce qu'on croit, On voit aussi des exits de start-up, de petits écosystèmes en termes de maturité, par des start-up des écosystèmes plus matures. Par exemple, Pestac du Nigeria va acheter des start-up en Afrique francophone, donc Pestac a été racheté par Stripe aux USA. Et ça,
- Speaker #1
ce n'est pas une particularité africaine ?
- Speaker #0
Non. Non, mais ça aurait pu être logique vu le degré d'investissement dans l'innovation des grands corporates africains. On aurait pu imaginer qu'ils sont en urgence d'acheter des boîtes pour accélérer. En fait, ceux qui voient le mieux l'intérêt de faire des acquis impossiblés, c'est des entrepreneurs eux-mêmes.
- Speaker #1
Il n'y a pas encore cette culture-là auprès des... Grosse boîte africaine, les grandes boîtes corporate. Est-ce que Digital Africa vous oeuvrez un petit peu pour sensibiliser un petit peu ces acteurs ?
- Speaker #0
D'abord, je considère que c'est le devoir de tout VC de travailler sur l'exit de ses boîtes dès le début. À la fois en préparant les entrepreneurs, à ce que ça signifie qu'un exit, comment on s'y prépare dès le début. Donc ne serait-ce qu'un truc tout bête, mais de même titre que quand tu vas voir un VC, tu as besoin d'avoir toute ta doc à jour. ton mémo bien rédigé, tes reporting et tes dashboards clairs. Je pense que de la même façon, il faut que tout ça soit prêt pour un exit. Si jamais une boîte vient te voir en disant j'ai un projet d'acquisition, est-ce que tu peux me filer ta doc et m'ouvrir tes tiroirs pour que je vois un peu le potentiel ? D'une manière, c'est un mindset. Tu crées des relations très longtemps en amont avec celui qui va peut-être t'acquérir demain. C'est important de le préparer. Et donc, c'est le rôle d'invisite, d'alerter, de mettre en relation, de tout ça. Mais nous, on est quand même un acteur du préamorçage, donc on sera quand même moins structurant qu'un fonds qui aura investi en série A, série B, dont ce sera vraiment pour le coup une mission forte, parce que la probabilité que la boîte, après une série B, lève encore deux, trois tours, il n'y en a pas tant que ça. Donc assez vite, il va falloir chercher un acquéreur. D'accord.
- Speaker #1
Donc le rachat par un corporate, c'est le schéma classique qui est espéré. Et ensuite, une
- Speaker #0
IPO ? Sur quel marché ? Dans tous les exits, quels qu'ils soient, même aux US, c'est 1% des exits. On est en train de parler d'un truc qui n'est pas un phénomène.
- Speaker #1
J'ai oublié, c'est une... C'est une...
- Speaker #0
Oui, je crois que c'est quasiment la seule. Je vais dire une bêtise, je suis sûr que je dis une bêtise.
- Speaker #1
Ils ont fait leur IPO sur quel marché ?
- Speaker #0
Comme beaucoup au Nasdaq. En fait, l'essentiel des boîtes finissent par s'incorporer aux US, au Delaware.
- Speaker #1
De ce que je comprends, c'est plus facile de lever des fonds, en tout cas auprès de VCs américains, si on a une entité au Delaware.
- Speaker #0
L'incorporation, vaste sujet. C'est un sujet que j'aimerais bien creuser, que je n'ai pas encore assez creusé, parce que je pense qu'il y a des pour et des contre sur tous les scénarios. Mais aujourd'hui, ce que les entrepreneurs font, c'est que quand ils commencent, ils peuvent être incorporés localement dans leur pays. Et moi, j'ai envie de dire, et je le promeux, ne vous embêtez pas avec des problématiques d'incorporation offshore. Tant que vous n'avez pas commencé à développer votre produit et démontrer la pertinence de votre modèle. Il y a des pays où le process d'incorporation offshore doit se démarrer pas trop tard parce que ça prend beaucoup de temps. D'accord. Des pays d'Afrique du Nord, d'Afrique du Sud, une incorporation offshore en Europe ou aux US. C'est-à-dire qu'il faut que tu remontes, que tu transformes ta structure locale comme une filiale. Et dans des pays où il y a des contrôles de change, ça peut prendre beaucoup de temps. Tu attends une validation de la banque centrale et tout. Il faut qu'à un moment donné, tu sois prêt pour un fundraising. La plupart des investisseurs, quels qu'ils soient, investissent en monnaie type euro-dollar. D'accord. dans des structures où ils comprennent la juridiction, tout simplement. Et donc, des juridictions en Afrique, ça sera très souvent Maurice, t'as Dubaï, mais pas vraiment d'autres. Il y a le Rwanda qui essaye, mais j'en ai pas vu beaucoup de levées de fonds de start-up. Et l'Afrique du Sud ? Ben non, c'est un... peu compliqué. Les investisseurs sont frileux pour investir en Afrique du Sud. Et donc, en fait, assez vite, elles basculent en Europe, quand ce sont des startups qui ont vocation à lever auprès d'Européens. Et beaucoup, beaucoup aux US, surtout en Afrique anglophone. Parce qu'en fait, ils ont des réseaux de business angels où ils vont trouver des VCs soit africano-américains, soit complètement américains. Et là, il y a plein de fonds qui ne peuvent investir que dans les structures domiciliées dans le Delaware. En fait, il faut juste dire, si tu vas lever des fonds auprès des Européens, certains ne sont pas à l'aise pour investir aux US. Parce que les coûts juridiques aux US sont vite énormes. Donc on prie amorçage à amorçage. Si tu veux trouver un business angel francophone qui est entre l'Europe et l'Afrique, franchement, tu vas y faire peur avec ton Delaware. Donc en fait, tu peux attendre un petit moment avant d'aller dans le Delaware. Tu vas certainement en avoir besoin, mais ce n'est pas évident qu'il faille commencer par ça. Mais là-dessus, je n'ai pas encore de conviction complètement arrêtée.
- Speaker #1
Je pense que c'est une question légitime que doivent se poser des fondateurs lorsqu'ils lancent leur boîte. Est-ce que je dois mettre en place un système de holding avec des filiales ?
- Speaker #0
C'est un peu inévitable, mais en tout cas, monter une boîte dans le Delaware, ça coûte littéralement 400 dollars et c'est hyper simple. Après, tu as quand même plein de sujets. notamment les comptes bancaires c'est compliqué récemment Mercury a fermé tous les comptes bancaires de toutes les startups africaines donc pour trouver une alternative c'est compliqué et on sait pourquoi ils ont fermé ils ont peur pour des raisons de KYC de compliance ils préfèrent degré zéro du risque et tu as une frilosité et après en fait très très vite les US c'est très très cher en coût avocat donc euh Voilà, enfin, je pense que si tu as des vrais réseaux américains, ça vaut le coup de le faire. Si tu n'as aucun réseau américain, je pense que c'est un peu bête.
- Speaker #1
Ok. Donc après, à l'île Moïse, il y a Dubaï aussi qui commence à être un peu une porte.
- Speaker #0
Oui, puis tu as quelques pays du Middle East, Abu Dhabi. En tout cas, et en Europe, beaucoup, beaucoup, beaucoup de startups. Et évidemment, en Afrique francophone, tu as plein de startups, soit en France, mais pas que. en Irlande, Luxembourg, beaucoup de pays bas. Beaucoup de startups d'Afrique du Nord ont choisi les pays bas.
- Speaker #2
C'est un truc que j'aimerais creuser.
- Speaker #0
Vraiment faire la liste des pours et des comptes de chacun des endroits, c'est un truc à faire. On le fera.
- Speaker #1
Et pour le coup, vous, vous investissez principalement dans des startups africaines qui sont de droit français ?
- Speaker #0
Alors, nous, on appelle une startup africaine... définition assez large, mais le premier critère, c'est les opérations. Où est-ce qu'on lie tes opérations ? Après, ta domiciliation, ton droit, ça s'accessoire. On peut regarder aussi le critère de la nationalité des entrepreneurs. Sauf si tu vas vraiment faire une start-up à l'échelle de la Bretagne, que si tu es béninois, ça ne va pas te faire de toi une start-up. Mais toi, si tu es entre... La France, l'Afrique, que tu adresses un peu les deux marchés, on pourra regarder. C'est la diaspora en gros. Mais notre critère quand même qu'on préfère, c'est quand même celui des opérations.
- Speaker #1
Oui, ok.
- Speaker #0
C'est normal.
- Speaker #1
Ok, ok, très clair, très clair. Et est-ce que tu peux nous parler un petit peu de la partie accompagnement ? Donc là, on n'est plus sur le financement, mais sur l'expertise en fait. Quelle est votre approche dans l'accompagnement des entrepreneurs ?
- Speaker #0
En fait, il y a plein de gens qui font de l'accompagnement, donc on n'est pas les seuls. Notre souhait, c'est vraiment de faire ce que les autres n'arrivent pas à faire, tout simplement apporter le petit truc en plus. Très souvent, les startups bénéficient de programmes où elles sont dans des cohortes consistant des accélérateurs. D'accord. Donc, ils ont des... Ça dépend desquels, mais des cours de strat, de comment pitcher sa startup et des trucs comme ça. Nous, en fait, pendant notre duty, on fait une évaluation de là où on est la startup et on mesure l'écart entre ce qu'elle est maintenant en termes d'expertise versus ce qu'elle devrait avoir pour lever une série A. OK. Et donc, on va essayer d'évaluer et d'apporter cette expertise qu'elle n'a pas, enfin, de résoudre. là où il y a des manques manifestes. Très souvent parce qu'une startup n'a pas les moyens d'avoir tout de suite l'expertise en interne. Et donc, maintenant, on va accélérer ça. Très souvent, localement, il n'y a pas l'expertise ou ils n'ont pas les réseaux pour avoir les experts. Et donc, nous, nos experts, on les fait venir avec une proposition d'accompagner X startups. Donc, on arrive à avoir des super experts. Et voilà, mon focus aujourd'hui, c'est... On démarre ça tout juste, donc on a assez peu de recul.
- Speaker #2
Mais en revanche,
- Speaker #0
on est vraiment focus là-dessus aujourd'hui parce que je pense que c'est ça qui va faire la différence. Et faire de l'invest, c'est bien. Et c'est pas très compliqué d'investir, de choisir des boîtes et tout ça. C'est pas très compliqué. en revanche accompagner des boîtes et faire en sorte qu'elles réussissent ça c'est compliqué et moi j'ai pour l'instant mon focus c'est s'assurer que enfin en gros les entreprises sont super fort souvent le produit ils ont une vision super clair ils connaissent assez bien leurs clients ou leurs potentiels clients et savent leur parler ça tu ne t'es pas très légitime pour les aider dessus en revanche Toute la partie gestion, là, et mon expérience de 8 ans de vie ici, montre que ce n'est pas parce que tu es un jeune entrepreneur que tu l'as acquis. Et ce n'est pas parce que tu vas avoir levé une série A que tu l'auras forcément acquis aussi. Là, il y a des énormes besoins de structurer la gestion financière de ta boîte, comprendre tes flux de trésor, tes besoins de financement à venir. Ça c'est mettre en place une compta, l'automatiser, avoir les outils et tout. Ça c'est un truc qui paraît un peu relou, mais en fait vital. Pareil sur la partie juridique et beaucoup aussi sur la structuration de ton GoToMarket, comment tu fais pour aller chercher des clients à scale. D'accord. Il y a plein de méthodes. des outils. On se focusse vachement sur le vital aujourd'hui, mais après, tu vois, tu as des fintechs qui nous font des besoins de réglementaires. On va essayer de répondre petit à petit aux besoins un peu plus spécifiques, mais là, on se concentre vachement sur du...
- Speaker #1
Et donc ça, ça se concrétise comment, en fait ? C'est donc partie formation pour former les entrepreneurs sur...
- Speaker #0
C'est pas de la formation, c'est vraiment... Alors, en fait, on apporte des experts, des outils. On va faire aussi de la mise en réseau, on va les inviter à des events. Mais en tout cas, peut-être notre spécificité, c'est qu'on va essayer de faire ad scale du sur-mesure. C'est un peu contradictoire, mais je pense que c'est que comme ça qu'on pourra arriver à apporter quelque chose de pertinent sur le marché. Et en tout cas d'apporter quelque chose de pertinent aux entrepreneurs. Et donc, on est en train de construire notre communauté d'experts. Et en fait, on va piloter l'analyse de notre perception. En gros, on va partager notre perception des besoins de l'entrepreneur. On va construire avec lui une feuille de route des experts qu'il doit rencontrer. Et on va essayer de mesurer à quel point il est proche d'un objectif d'être investment-ready pour une série A. D'accord. Mejurer notre succès en fonction de s'il a levé une série A ou pas, ou au moins qu'il s'est destiné en main. Pourquoi série A ? C'est parce que c'est le moment où souvent t'attires des investisseurs qui ont un scale international. Donc tu sors de ton ornière locale et tu parles un peu à l'échelle continentale. T'es visible, tout le monde te connaît. Et d'une certaine manière, quand tu as levé ta série A, je trouve que tu as un peu ton destin en main, parce que tu as accès à des réseaux qui dépassent largement celui de ton pays ou de tes pays proches.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux nous définir ce qu'est la série A ? À quel stade, en fait, est la startup en série A ?
- Speaker #0
Oui, on avait parlé tout à l'heure de pré-amorçage, c'était souvent ça de l'idée du MVP. L'amorçage, c'est à peu près pareil. Tu commences peut-être à avoir des revenus en Afrique, ce n'est pas le cas en Europe, mais voilà. Tu as une équipe à ce stade, mais tu n'as pas vraiment démontré qu'il y a une traction. Tu vas bosser là-dessus sur un morçage, tu vas consolider ton produit et tu vas bosser sur la traction. Mais c'est sur une traction de ultra-league adopters. Avec la série A, tu as un moment d'inflexion. Jusqu'à présent, l'entrepreneur levait sans pricer les tours. Donc ça veut dire, d'une manière... moins technique, c'est-à-dire que l'entrepreneur a levé sans avoir mis de valorisation derrière sa boîte. Il a levé avec des instruments financiers en USA qu'on appelle une SAFE, BSA en français, R, voilà. des notes convertibles, des obligations convertibles. En fait, en gros, l'idée, c'est qu'on ne te met pas de valo aujourd'hui, mais en revanche, on convertira l'argent qu'on t'a donné là aujourd'hui à une valo qu'on décide aujourd'hui, mais on la convertira demain en fonction de ta levée qui va vraiment pricer ta boîte, qui va vraiment mettre une valo sur ta boîte. D'accord. Et ça permet de... de repousser la question de la valo et à la place de valo on parle de cap, c'est à dire la valo maximum à laquelle on va convertir demain. Et donc on discute un peu valo mais pas beaucoup, on discute un peu cap mais pas beaucoup en fait en avançage. Et t'as des investisseurs mais t'as pas d'actionnaires, puisqu'ils ont pas encore converti leur argent en shares. Donc ta vie en termes de gouvernance en tant qu'entrepreneur en avançage elle est assez simple à ce moment là. Et puis arrive la série A, ou l'après-série A, si tu n'arrives pas à faire une série A. Là, tu sens que la boîte est dans une inflexion. Elle a commencé à démontrer qu'elle avait de l'attraction, que le produit était top, que les clients l'adoraient. Et c'est le moment d'accélérer. D'industrialiser ton go-to-market. Et donc là, tu vas faire une levée conséquente. On s'attend à ce que tu lèves entre 3... Ça dépend des pays. Mais on s'attend à ce que tu lèves 3-5 millions de dollars.
- Speaker #1
Pour une valo à peu près de...
- Speaker #0
En gros, ça te dilue de 20%. 15 à 20% t'as levé. Donc tu fais 5 millions divisé par 20 et ça te donne 25 millions de postes monnaie.
- Speaker #2
20 millions de prémonnaie.
- Speaker #0
Et là, du coup, d'un seul coup, tout est safe. Tout ce que t'avais levé avant se convertit. T'as tes nouveaux investisseurs de série A et t'as plein d'argent. Et tu vas pouvoir accélérer sur ton... sur le commercial pour être un peu leader de ton pays. et envisager à terme la série B qui va te permettre de t'étendre en dehors de tes frontières. Ça, ce parcours, si après série A, série A, série B, ça s'est développé dans le VC, parce que l'essence du VC, c'est d'investir dans des boîtes ultra risquées. En haut, tu montes une boîte, tu as 90% de fail. Et donc les investisseurs, ils investissent sur des boîtes qui ont un énorme potentiel, enfin c'est sur une conviction d'un énorme potentiel de croissance. Mais avec un énorme risque. Et donc, en fait, pour gérer ce risque, on a saucissonné les invests en tours de maturité. D'accord. Et donc, en fait, une série, ça finance deux ans pour passer du point A au point B. Et donc, quand tu prends un funnel, et tu as comme ça pas mal d'illustrations sur le net, mais tu regardes toutes les boîtes qui lèvent en seed, tu prends... Tu regardes celles qui vont passer de l'amorçage à la série A, ça va faire à peu près 40%, et puis après tu les crèmes comme ça. Ce qui permet d'allouer les plus gros fonds, parce qu'évidemment plus tu vas tard, plus les levées sont importantes. Mais ça permet de concentrer les fonds sur les boîtes les plus prometteuses, donc là où l'argent n'est pas diapidé. Le modèle n'est pas pur et parfait, parce qu'on a vu quand même pas mal d'histoires.
- Speaker #1
Donc là, l'idée, c'est d'investir dans des startups qui ont un potentiel de croissance important, mais qui n'ont pas forcément les revenus, en fait.
- Speaker #0
En gros, tu as deux modèles d'investissement dans l'equity. L'économie, c'est toujours financé par de la dette. Et jamais dans l'histoire économique, on a investi en equity. L'equity, il n'existait que dans un endroit très spécifique, c'était le commerce maritime. D'ailleurs, une grande partie du vocabulaire du VC ou du private equity vient du vocabulaire maritime. Par exemple, le carried interest, c'était la part qui revenait au capitaine du bateau. Ok,
- Speaker #1
mais maintenant,
- Speaker #0
c'est la part qui revient au capitaine du fond. Mais en fait, le private equity s'est développé au moment où il a fallu investir énormément d'argent sur des business assez peu faciles à comprendre. D'accord. Et donc, c'était... En tout cas, la dette n'allait pas suffire. Et donc, c'est l'essor du rail, par exemple, ou la cité-rogie au 19e. Mais des business, on connaissait bien les cash flows. Et dans les années 80, on s'est demandé, mais comment on va financer des boîtes qui sont de la pure innovation ? À un moment donné, on s'est mis, à la sortie de la Deuxième Guerre mondiale, à investir énormément dans la recherche, dans les universités. Il y a des trucs qui sont sortis des labos. Comment on va financer ça ? Il n'y a pas de business model. Ces projets vont cramer beaucoup d'argent avant d'être rentables, comme on fait. Et le VC est né, notamment dans la... dans la vallée. C'est même un français, je crois, qui a été le premier VC, qui s'appelle Dorio.
- Speaker #1
Donc, le premier VC d'un cyclone de vallée.
- Speaker #0
Un des premiers. AMP, je crois, le nom du fond. Mais là, il suffit de regarder Wikipédia. Je te récite Wikipédia. Mais l'idée, c'est ça. C'est créer un objet qui permet d'investir en equity dans des trucs dont on ne sait rien en termes de modèle économique et de... On se dit juste qu'il y a un énorme potentiel, mais tellement incertain. qu'il faut inventer un modèle spécifique pour ça. Dans le monde du private equity, il y a une sorte de sous-poche qui s'est créée qui est celui du capital risk en français et VC en anglais, qui est juste un modèle pour investir dans l'inconnu, pour financer l'innovation. Et ce modèle repose sur une idée très simple, c'est que tu investis dans 100 boîtes ou 30 boîtes ou 20 boîtes, quel que soit ton modèle, mais ta performance va se faire sur une boîte. C'est la lot, puissance, la power law en anglais.
- Speaker #1
Une boîte qui te rachète le fonds,
- Speaker #0
entre guillemets. Exactement. et c'est pour ça qu'un investisseur quand il te parle un VC quand il te parle il va essayer de chercher de comprendre si t'es le potentiel home run de son fonds et quand on parle de home run c'est quoi ? c'est un x10, x100 ? ça dépend de ce que t'es, à quel stade t'investis si t'investis en un mensage tu vas y chercher du x50, x100 quand t'investis en série A, série B tu vas chercher du x10 si t'as un fonds qui investit dans 100 boîtes tu vas le chercher du x100 quand t'as un fonds qui fait du x20 qui fait investir dans 20 boîtes tu cherches du x10, x20 oui, du x10 Ce modèle fonctionne très bien aux US parce que tu as des modèles ultra scalables, tu es sur des gros marchés.
- Speaker #1
C'est scalable parce que tu as un gros marché, une grande population.
- Speaker #0
Et parce que tu as une infrastructure où tu ne peux faire que du SaaS et que tu as une population que tu peux monétiser. En Afrique, si tu fais que dans un continent où l'essentiel des revenus est consacré à se nourrir et à se soigner, ce n'est pas ton petit service, c'est ton petit... petit à petit qui va faire des millionnaires c'est pas le monde afrique des start-up impact comme tu disais ouais en revanche t'as des problèmes massifs qui concernent beaucoup de gens et donc tu peux faire des très beaux business sur le continent africain mais je pense que le modèle doit être un peu adapté à la fois en termes de temps temporalité aujourd'hui tous les fonds VCs sont sur des timings de 10 ans comme tout le monde aux US en vrai les exits il va falloir être patient et Moi je crois qu'on va voir émerger des fonds secondaires qui vont... Pour rejoindre ta question sur les exits, en vrai je pense qu'on va avoir des exits comme je te l'ai décrit, mais aussi je pense beaucoup d'exits de secondaire, c'est-à-dire des fonds qui vont racheter d'autres fonds, un peu comme Private Equity, ce qui n'existe pas dans le VC. En Afrique on va peut-être avoir besoin de ça, parce qu'on est sur une temporalité qui va être différente.
- Speaker #1
Ce serait des fonds de quoi, de 5 ans ?
- Speaker #0
Non mais toi je te disais, aujourd'hui les premiers fonds VC qui ont... commencé à investir en 2015, 2016, 2017. Ils ont globalement fait leur portefeuille jusqu'en 2019, juste avant la crise. Ils ont acheté bien cher leurs participations. Ils ont soutenu leur boîte pendant toute cette période récente. Et on arrive en 2024, 2025. Certains ont déjà 10 ans et ont déjà des participations de plus de 10 ans. Ils ont besoin de les sortir ces boîtes. Mais on est sur un continent où le... où les exits ne sont pas si nombreux. Comment tu fais ? Je pense qu'une des solutions, ce sera probablement d'avoir des fonds qui rachètent des portefeuilles entiers pour donner de la liquidité à des fonds qui sont déjà passés à autre chose, qui ne vont peut-être pas réaliser toute la performance qu'ils voulaient, mais qui ont besoin de retourner de cette liquidité. Alors, Elpis, c'est un engagement. Mais bon, je te dis ça, je n'ai pas vu beaucoup sur le marché aujourd'hui, mais je pense qu'il va falloir créer des moyens d'apporter de la liquidité. Et puis je pense qu'on voit aussi des fonds qui communiquent sur des modèles un peu alternatifs, Evergreen. Nous, c'est notre objectif, notre programme Fusée, on veut vraiment faire un fonds Evergreen. C'est un fonds qui... Qui se recyclent tout seuls.
- Speaker #1
Donc qui se recyclent tout seuls,
- Speaker #0
c'est-à-dire que vous allez avoir des noté-exits.
- Speaker #1
Des LPs qui vont rentrer et qui vont acheter.
- Speaker #0
Alors aujourd'hui, on a un LP, c'est l'État français. Mais peut-être qu'un jour, on aura d'autres LPs qui pourront rentrer et puis sortir. Là, le fusée, pour l'instant, je suis plutôt sur un modèle où, pour l'instant, on a levé de l'argent sous forme de subvention. D'accord. Et qui alimente un fonds. Subvention est notre objectif. C'est de garder longtemps cette capacité de faire du préamorçage, parce que je pense que c'est indispensable pour le continent, mais plutôt avec l'idée d'aller recycler les exits qu'on aura. D'accord.
- Speaker #1
Et toi, comment tu juges un petit peu l'état des levées de fonds en Afrique ? Dans l'écosystème startup, il y a eu quand même ce qu'on parle d'un winter, d'un moment plus difficile, d'un hiver pour lever des fonds. J'imagine qu'en Afrique aussi, ça a dû... Il y a eu un impact aussi sur ces écosystèmes. Est-ce que tu vois les choses repartir un petit peu ou ça reste compliqué ?
- Speaker #0
Alors, entre ce que je vois et ce qui existe, première chose, l'hiver, il a concerné tout le monde. Et tous les pays émergents ont pris cher, toutes les zones émergentes. Et je pense que l'Afrique a plutôt limité la casse. D'accord. En fait, ce qui a disparu en Afrique, ce sont les méga-rends. Et tu as eu, et encore, il y en a encore eu en Égypte, mais globalement, on n'a plus vu les levées à plus de 50, 100 millions de dollars. qu'on voyait presque à la pelle en 2019, enfin en 2020, juste avant la crise. À la pelle. On en a vu beaucoup au Nigeria, en Égypte, au Kenya. Ceux-là ont disparu parce qu'en fait, ils étaient guidés par des gros fonds américains et qui appliquaient un peu leur modèle d'invest. directement des US à l'Afrique et faisait des gros gros gros chèques. Et donc c'est comme ça qu'on a fini une année par toper le 7 milliards de dollars levé. Mais je n'ai pas tous les chiffres en tête, mais 20 boîtes ont dû faire une grosse partie du total. En fait, le CID, c'est plutôt bien défendu. Et en fait, le continent est quand même essentiellement composé d'entrepreneurs qui démarrent en amorçage. Ce qui a pas mal souffert, c'est la série A. Donc, ça c'est un peu vrai partout. C'est-à-dire que le taux de transformation entre un avançage et une série A est devenu beaucoup plus difficile. Mais en fait, finalement, a rejoint les niveaux de sélection qui existaient un peu partout dans le monde et en Afrique avant. C'est-à-dire qu'en fait, à un moment donné, c'était plus facile de lever des séries A. Mais c'était presque une anomalie. En fait, il y a eu deux années d'anomalies où il y a eu presque une bulle autour du VC. Mais voilà, partout, ça a été corrigé. En Afrique, pareil. Moi, je pense que... Beaucoup de gens ont dit que l'Afrique, c'était un peu un phénomène de hype. Et en fait, il faut se rendre compte qu'en Afrique, il y a plein de problèmes. On a survendu l'Afrique. Non, l'Afrique représente moins de 1% du VFON. totale dans le monde dans la tech, moins de 1%, dans un continent qui, en 2050, va représenter 40% de l'humanité. Et qui a des énormes enjeux, énormes en termes de... pour... il faut nourrir, soigner, et la tech ne fera pas tout, mais elle en fera beaucoup, elle fera sa part, simplement. Et pour ça, on a besoin de beaucoup plus en termes de levée de fonds. L'Afrique, le continent africain, lève beaucoup moins, deux fois ou trois fois moins que l'Inde, par exemple. La diaspora a un rôle énorme, qu'elle joue d'ailleurs, je trouve. Moi, dans mon métier, je passe ma vie avec la diaspora. À la fois parce qu'il crée les réseaux, les levées de fonds. Aujourd'hui, les investisseurs sur le continent africain, il y a plus de la moitié des investisseurs actifs sur le continent qui sont des... des investisseurs qui n'ont pas de thèse africaine, qui viennent comme des touristes, des investisseurs sur le continent. Et je pense que ça, c'est aussi parce qu'il y a une diaspora qui vend, qui promeut le continent, qui donne de la visibilité, qui ont créé cette hype africaine. Je pense que c'est tous les efforts de la diaspora un peu partout dans le monde. Et puis, quand on regarde parmi nos entrepreneurs, beaucoup sont issus de la diaspora. Et donc, on a pris la décision de revenir sur le continent, pas toujours dans leur pays d'origine, mais sur le continent, pour changer et devenir un vrai acteur du continent. Et ça, c'est un phénomène très fort. Et c'est les entrepreneurs qui ont, en règle générale... Des belles histoires, parce qu'en fait, quand ils arrivent à s'adapter et vraiment s'adapter au contexte local, ce qui, à mon avis, est très compliqué. Mais ça fait des belles histoires parce que tu arrives à échapper, tu arrives à t'appuyer sur des réseaux du nord, du sud. À mon avis, ce sont des parcours magnifiques, il y a plein de belles histoires, mais je pense que ça va être très difficile.
- Speaker #1
Il y a des pays qui attirent peut-être un petit peu plus, la diaspora française on va dire, en France qui va peut-être retourner plus en Côte d'Ivoire parce que... Il y a éventuellement un élan en termes de start-up dans ce pays ?
- Speaker #0
C'est ce que je te racontais tout à l'heure. Chaque écosystème a un moment particulier. Et à un moment donné, dans son histoire, il y a un moment de bascule où il devient suffisamment attractif pour susciter des retours ou des installations. Je ne sais pas si le retour est le bon terme, mais en tout cas, des gens qui se sentaient... ... appelés pour devenir acteurs du continent mais qui n'y étaient pas basés, se disent « Tiens, là, c'est le moment, il y a des opportunités, il y a des investisseurs, il y a un climat des affaires qui le permet. » Et c'est la raison pour laquelle je suis convaincu que notre mission chez Digital Africa souhaite créer des succès locaux. On prend les entrepreneurs qui sont actifs dans notre D-Flow, on essaie de prendre ceux dans lesquels on croit le plus. Et ceux-là, on va en faire des succès. Et leur succès va créer des vocations d'autres entrepreneurs qui vont arriver avec tous leurs talents et leurs moyens pour pouvoir dynamiser l'écosystème. Et je suis convaincu que c'est important de tout faire. Il faut travailler sur les universités, sur les accélérateurs, sur les dispositifs réglementaires, tout ça. Mais moi, je suis convaincu qu'il faut... mettre beaucoup, beaucoup d'action et les efforts sur créer des succès. Et partout, il y a des problèmes, il y a des opportunités et parfois, l'échec, il était à cause de l'absence de la bonne réponse à une question à une question comment on pitch un investisseur comment on gère sa boîte comment on recrute le bon employé comment on fait venir le bon CTO si on arrive réduire ces difficultés là on augmente très sensiblement les chances de succès et ça je pense que c'est
- Speaker #1
super important de le faire ok ok top c'était en tout cas très clair merci pour tes explications Et est-ce que tu aurais un conseil à donner à une personne qui souhaite entreprendre sur le continent africain ou qui souhaite créer sa start-up ou lancer un projet ?
- Speaker #0
La question est un peu large. Alors d'abord, premier conseil, je pense qu'on devient entrepreneur parce qu'on est habité par une mission. Je pense que le gars qui hésite autant entre être consultant, banquier ou entrepreneur, c'est que ce n'est peut-être pas vraiment son truc. La vie des entrepreneurs, j'admire beaucoup les entrepreneurs parce que c'est dur d'être entrepreneur. Ils passent tous par des hauts et des bas. Et beaucoup de bas, beaucoup de stress. Donc, en fait, ce n'est pas parce que tu n'es pas entrepreneur, parce que c'est cool. Tu es entrepreneur parce que tu es... obnubilé par un problème que tu veux résoudre. Et ce qui te motive, c'est résoudre le problème. Et ça, je crois que... Et les idées, c'est pas un truc compliqué à trouver. En revanche... C'est l'exécution aussi. Non mais trouver le problème qui vous passionne, celui qui vous tient au corps et qui n'est pas anodin dans votre vie. Il y a quelque chose qui s'est passé qui fait que vous avez vraiment envie de résoudre ça. Premier truc. Le deuxième... En termes d'exécution, il faut être omnubilé par le fait de faire et de dépasser les obstacles. D'être terrible.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
exactement. Et ne pas vous dire, je n'ai pas de levée d'argent, si je n'ai pas d'argent, je n'y arriverai pas. De toute façon, les entrepreneurs que je crois sont des gens qui arrivent à faire incroyablement beaucoup avec incroyablement peu. Et c'est toujours admirable et époustouflant de le voir, mais c'est le cas. Ensuite, toutes les startups n'ont pas vocation à lever de l'argent près de Vici. Ça, ce n'est pas un critère de succès et ce n'est pas une force, soit, de lever de l'argent.
- Speaker #1
C'est ça, oui. Donc ça, c'est le bootstrapping, le fait de...
- Speaker #0
Oui, le bootstrapping, mais je pense que le Vici est là pour financer des trucs très innovants, très scalables, mais ce n'est pas tous les projets qui sont comme ça et ce n'est pas le but que tous les projets soient comme ça. Donc oui, il faut accepter de bootstrapper. Et il y a des très belles boîtes qui avancent en bootstrappant complètement. Il faut savoir s'entourer, ne pas être obnubilé par la question de l'ownership. Mais il faut partager son projet avec d'autres, partager la propriété de son projet avec d'autres, et constituer des équipes. Et c'est un problème que je trouve assez fréquent. Je ne connais pas bien les autres continents et pas si bien que ça l'Europe finalement, même s'il y a un petit peu ici. Mais je l'ai beaucoup rencontré dans des écosystèmes les moins habitués, les moins connectés, les moins matures. Les projets dans ces pays-là, c'est souvent des solo founders avec un peu de réticence à faire équipe avec quelqu'un d'autre. L'envie d'incarner le directeur général qui est vraiment le chef de son entreprise. En fait, ça c'est un énorme frein parce que chacun est tout seul, pas scalable. Tout seul, on arrive au moins loin, comme on dit. Et puis si vous avez besoin de lever des fonds, contactez d'autres VCs, contactez des entrepreneurs qui ont levé des fonds pour pouvoir essayer d'être introduits auprès d'eux. Mais il ne faut pas se décourager si on n'arrive pas à lever des fonds. C'est quand même compliqué dans le monde entier, et tout spécialement sur le continent. Donc il faut garder la foi, passer les barres et y croire à sa mission. Mais après, je ne suis pas entrepreneur. C'est facile de le dire, je le dis de loin. Moi, je suis un investisseur. C'est la partie la plus simple. t'as le recul quand même parce que c'est tout ce que j'ai mais je l'ai pas vécu dans mes tripes parce qu'eux vivent dans les tripes tous les jours et donc chacun sa place ok ça marche bah top merci beaucoup Grégoire merci Pierre