- Speaker #0
Finta, c'est le podcast qui nourrit des esprits, des envies d'agir et des espoirs très concrets à l'échelle locale. Finta part de l'Aveyron pour explorer les voies de la ruralité, à la rencontre de celles et ceux qui incarnent la diversité et l'incroyable vivacité de territoires que l'on croyait oubliés. Je m'appelle Lola Cross, je suis journaliste et je vous emmène bientôt. Pour ce premier épisode, une fois n'est pas coutume, on quitte l'Aveyron. Rendez-vous à quelques encablures de là, dans le Lot, à Fijac. J'y retrouve une Aveyronaise expatriée, elle s'appelle Cynthia Born. A 34 ans, cette femme d'agriculteur et ancienne couturière a créé l'an dernier le premier sac isotherme français sans plastique, à partir de laine collectée sur les brebis lotoises et de laine. Alors avec Cynthia, nous allons parler de son entreprise, le mouton givré évidemment. mais aussi d'exode urbain et du nécessaire renouveau de l'agriculture en France. C'est parti !
- Speaker #1
Toi,
- Speaker #0
c'est quel sentiment, quelle émotion qui guide ton envie de...
- Speaker #1
Moi, c'est surtout le fait que j'ai grandi de toute façon dans le rural. J'ai eu tous les désagréments et étant jeune, j'avais vraiment envie de partir à la ville. Je suis partie à la ville, je suis revenue. Ce n'était pas pour moi. Et il y a aussi le fait, le sentiment que je suis mariée à un éleveur. et un éleveur de vaches et pas de brebis, parce que souvent, tout le monde me demande, mais c'est votre laine qu'on prend. Non, je n'ai pas de laine. Mais en fait, j'avais vraiment besoin de montrer que l'agriculture, aujourd'hui, a besoin d'un renouveau. Et ils sont en train de faire un renouveau, parce qu'on parle d'agriculture intensive, en permanence, qu'elle pollue, etc. Il n'y a rien que le fait aussi qu'on me dit qu'une vache pollue. Ce n'est pas la vache qui pollue, c'est le transport de la viande qui pollue. Parce qu'il faut savoir quand même qu'il y a beaucoup de viande qui est vendue dans les supermarchés, qui part en Italie se faire abattre ou finir d'engraisser et revenir en France. Donc au final, on se retrouve avec une empreinte carbone élevée, puisque le transport est énorme. Pour moi, c'est important avec ce produit, je veux montrer qu'en ayant tout sur place, on peut faire des choses très bien. On peut redonner des revenus à nos éleveurs. On peut refaire vivre un milieu rural en faisant de l'emploi.
- Speaker #0
Est-ce que tout modèle agricole, finalement, il est un peu basé sur de l'absurde ? Est-ce qu'il ne s'est pas enfoncé dans des considérations absurdes, mais pas ce qui lui a été amené par le politique, par des choix de consommation qui ont été guidés à un moment vers du tout, tout de suite ?
- Speaker #1
Il y a ça. Il y a aussi le fait que, jusqu'à présent... On avait des marchands qui faisaient des prix corrects. Quand les grandes surfaces sont arrivées, on leur a baissé les tarifs. Mais il fallait toujours produire plus. Aujourd'hui, un agriculteur travaille à perte. Ça, c'est clair et net, il travaille à perte. Entre les frais de tracteur qui deviennent de plus en plus élevés, il faut arriver à trouver un autre système. Je ne veux pas dorer l'image de mon mari, parce qu'on ne peut plus faire de la monoculture ou du monoélevage, ce n'est pas possible, il faut arrêter. Donc, ils ont mis en place des choses. en fait on est en train de En France, ce qu'on apprend à un enfant qui est en école d'agriculture, on lui apprend les techniques des Américains. Les Américains se sont rendus compte que ce n'est pas possible. Il y a beaucoup de personnes qui sont en train de repartir avec du canard, du poulet, de la vache, des légumes et avoir tout sur la ferme. On repart sur le modèle des fermes de nos grands-parents. Avec des systèmes qui s'auto-alimentent, avec la biodiversité qui alimente la chose. et en remettant un cercle de vie en fait. Retourner la terre, ce n'est pas bon. On le sait, on l'a entendu, on le sait, on tue la terre. Il y a de l'érosion, il y a tout ce qu'il faut. Il y a assez d'études qui le prouvent. Voilà. Après, on n'écoute pas assez les agriculteurs. Les agriculteurs disent stop, on ne peut plus, ce n'est pas possible, on arrête. On ne les écoute pas. C'est eux qui sont... Parce que je pense qu'en France, il faut beaucoup d'études. Il faut... Il faut que ça soit quelqu'un qui a fait beaucoup d'études, qui nous dise comment faire. C'est ça, aujourd'hui, l'agriculture, c'est ça. Il faut qu'un scientifique nous dise que c'est comme ça qu'il faut faire. Mais le scientifique, il n'a vu que les éprouvettes. Il n'y a qu'un agriculteur qui peut dire comment sa terre, elle est, surtout qu'il y a vécu, grandi, il la connaît depuis des générations, et il sait qu'est-ce qui pousse chez lui et qu'est-ce qu'il peut mettre. Donc, écoutons les agriculteurs. Arrêtons de vouloir dire à un agriculteur comment il faut qu'il travaille. Non, il sait très bien où travailler. Donc c'est pour ça. Moi, en fait, ce projet, c'est tout ça. C'est montrer, donner une voix aussi. Et expliquer comment est le monde agricole. Moi, ça fait 15 ans que je suis dedans. Je ne suis pas du tout une fille d'agriculteur. J'étais une grosse citadine, fille de commerçant. Je ne connaissais rien du tout. J'ai fait un peu l'amour est dans le pré. Je suis arrivée au début de ma relation avec mon mari. J'étais avec les jolies chaussures à talons aiguilles dans les champs. J'étais vraiment le cliché. Aujourd'hui, mon mari a créé des poulets immobiles. Je suis active parce que pour moi, c'est important. J'ai deux enfants et je veux leur montrer ce que c'est la vraie vie.
- Speaker #0
Qu'est-ce que tu as appris si tu te souviens de cette pléthiété, alors il y a 15 ans, et celle que tu es aujourd'hui, avec ce discours que tu portes comme si tu étais née dedans ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Par quoi tu es passée ? Quels sont les enseignements que tu dois retenir s'il y a déjà l'onde dans ces 15 ans ?
- Speaker #1
Les enseignements ? Rester ouverte, ouverte à tout. Franchement être curieuse et rester ouverte. Alors je le suis de nature, mais il y a des fois c'est vrai que... Moi je vous donne franchement le challenge c'est d'aller pendant un mois chez un agriculteur et lui dire « moi j'aimerais beaucoup venir voir comment vous faites et j'aimerais travailler avec vous pour voir ce que c'est la vraie vie » . Parce qu'il ne faut pas se leurrer, ce n'est pas l'argent qui vous fera manger. On le voit en ce moment, je ne veux pas être pessimiste, mais on le voit, il y a une crise économique, il y a une crise de tout. Et il faut vraiment arriver à comprendre qu'est-ce qu'on achète quand on est dans une surface. Moi aussi je faisais des courses dans les surfaces. J'ai arrêté, j'ai dit non, stop, parce que je ne sais même pas d'où ça vient. Je ne sais même pas comment c'est créé, je ne sais même pas ce qu'il y a dedans. Pour moi, c'est le consommateur qui fera tout. Soyez curieux, renseignez-vous. Pour moi, c'est très important. Le consommateur, je le vois, moi. Je le vois énormément. En fait, je fais des économies en faisant comme ça. Parce que j'achète vraiment ce que j'ai besoin, c'est tout. Mais après, on peut aussi se dire, mon voisin, il a peut-être un jardin, il n'a pas le temps de tout faire. Pourquoi je n'irais pas faire le jardin avec lui ? Comme ça, un soir sur deux, on fait le jardin où il m'apprend des choses. On a perdu ce côté aussi d'aller voir les aînés et de voir ce qu'eux faisaient, de se renseigner. de voir, moi aussi au début j'étais oh mais c'est bon papi, mamie ils sont pénibles ils rabâchent toujours la même chose et moi pendant la guerre et moi, oui mais en fait il faut pas l'oublier on est passé par là, et si on doit repasser personne ne sait, on peut faire pousser une tomate personne ne sait, donc voilà donc tout ça, tout ça je pense que c'est le consommateur qui fera en sorte que que l'économie changera de toute façon on a toujours suivi, on a voulu des supermarchés parce qu'on voulait tout au même endroit et ils nous l'ont fait Maintenant, on ne veut plus ça. On veut toujours avoir tout au même endroit, mais on veut des choses bonnes et des choses qui viennent d'ici. Donc, ils sont en train de le mettre en place parce qu'on le voit qu'il y a des grandes surfaces qui sont en train de le mettre en place. Mais est-ce que vraiment, aller chercher, que ça ne soit pas du greenwashing, vraiment, allez, renseignez-vous.
- Speaker #0
Greenwashing, c'est-à-dire s'acheter une image verte.
- Speaker #1
Voilà, s'acheter une image verte. Une douteuse. Voilà, alors que les coulisses sont un peu douteuses. On fait très attention, nous, avec qui on travaille. Même si on grossit, on veut garder nos valeurs. Nous, on a lancé de la vente directe sur la ferme. Et je vois qu'en fait, au final, c'est rentable pour nous. Donc c'est durable. Parce qu'un agriculteur, s'il est rentable, il pourra toujours nous fournir. Un agriculteur, si c'est rentable, il va augmenter un petit peu sa capacité, pas de production, mais sa capacité de vente. Parce que là, pour le moment, par exemple, on fait une vache par mois, parce qu'on ne peut pas se libérer plus de temps. Ou deux, grand max. Mais il faut savoir qu'une vache, c'est pas un agneau. c'est pas un poulet, on tue un poulet on le mange, une vache c'est 200 kg de viande donc faut les couler, faut avoir la clientèle. Si on a la clientèle et qu'on doit en faire toutes les semaines ou tous les deux jours qu'est ce qui va se passer ? On va devoir embaucher donc on va faire de l'économie.
- Speaker #0
Si on revient un peu au début du mouton givré donc ?
- Speaker #1
Mon projet a commencé fin 2017, début 2018 où c'est que j'ai eu l'idée. L'idée.
- Speaker #0
D'accord donc cette idée là
- Speaker #1
Cette idée-là, c'était qu'est-ce qu'on peut faire de cette laine qui est magnifique, parce que j'ai rencontré des éleveurs ici qui cherchaient à revaloriser la laine, donc ils m'ont fait faire des petites choses, des petits habits, des choses comme ça, parce que je suis couturière à la base. Et en fait, moi je voyais que beaucoup de gens déjà faisaient tout ça, des vêtements, des couvertures, des couettes, tout ça. On a déjà beaucoup de scopes qu'ils font et des grosses scopes. Donc moi dans ma tête, j'ai réfléchi, je me suis dit, il faut faire quelque chose qui nous démarque et en fait qu'on ne voit nulle part. Donc j'ai réfléchi à quoi servait la laine et ces deux-là m'ont rappelé un petit peu les cours de couture, où c'est qu'on s'en servait pour l'isolation et qu'on s'en servait... Et en fait, en cherchant, je me suis dit, le produit le plus simple à mettre en place, c'est un sac. Mais isotherme. Donc, je suis partie sur ça. Il y a eu beaucoup de réflexions, parce que coton, du cuir, pas du cuir, mélanger du cuir, du bois, du truc. On est parti un peu sur tout au début. Et puis, en fait, j'ai vraiment cherché. Moi, je voulais vraiment une matière qui soit vraiment écologique. Alors bon, on est sur du chanvre pour l'instant. On va basculer sur du laine parce que le chanvre est très compliqué à venir jusqu'à nous. Et ça vient de Roumanie. Et comme on a beaucoup de personnes qui nous demandent vraiment du Made in France, vraiment 100%, ... on va partir sur du lin qui vient du nord de la France. Donc on réduit encore notre empreinte en carbone.
- Speaker #0
D'accord, parce que, initialement, toi l'idée c'est vraiment de partir de la laine, mais ne faire que de la laine, c'était impossible ?
- Speaker #1
Non, parce que ce n'est pas assez costaud. Déjà, faire un sac rien qu'en laine, ça n'aurait pas été solide. Donc nous, on cherchait un produit durable. Pas un produit qu'au bout de deux ans, il faut le changer. Nous, il peut y avoir 10-15 ans, je pense. on n'a pas les reculs pour le... certifié mais sachant qu'on a allié du chambre avec de la laine ou du laine avec de la laine parce que c'est c'est la même fibre sauf que c'est pas les mêmes coûts et etc c'est pas la même fleur mais c'est la même fibre et donc en fait elle est solide c'est une cd fibres qu'on utilisait pour la solidité on voit bien les draps en laine ou des choses comme ça ça dure Voilà, on voit, moi je retrouve des couvertures, des draps qui datent de mes grands-parents, et ils sont encore là, quoi. Donc voilà, on voulait vraiment un produit qu'on ne jette pas. Mais si jamais il se perd, il ne pollue pas.
- Speaker #0
C'est déjà beaucoup.
- Speaker #1
Voilà. La fermeture ? Et la fermeture éclair est en fer. Donc il y a juste cette partie que si on l'a abîmée ou quoi que ce soit, on peut retirer la fermeture et le mettre dans son jardin, il va se désagréger tout seul, et puis voilà. Et après nous aussi on a une garantie, un SAV, donc s'il y a une couture qui lâche ou une fermeture qui casse, comme nous fabriquons tout sur place, on demande à la personne, on le renvoie, on lui répare, on lui renvoie. Et il est reparti.
- Speaker #0
C'est une nouvelle consommation ?
- Speaker #1
C'est une consommation durable et responsable. En fait on sélectionne énormément les fermes. Donc c'est des fermes qui ont les bêtes qui sont dehors, qui pâturent, parce que déjà l'avantage c'est qu'elles ont pris de la pluie sur la laine. il y a un peu moins à nettoyer, il y a moins de paille quand on trie. Et puis c'est le bien-être animal, pour nous, une brebis c'est dehors, ça ne va pas être enfermé. Donc voilà, notre charte pour récolter la laine, c'est ça, des petites fermes, donc Grand Max, ils ont 600 brebis, parce que dès qu'on monte un peu plus, c'est pas pareil. Et nous, on souhaite que même les petits puissent être récoltés, parce que... Il y a certaines fermes qui n'avaient même plus de récolte de laine, parce que c'était trop petit, pas assez de laine à récolter, ce n'était pas rentable, donc on ne la récupère plus.
- Speaker #0
D'accord, même pour l'isolation ?
- Speaker #1
Oui, à un moment donné, si on va sur des contrées lointaines, en montagne très loin, il n'y avait plus du tout de récolte de laine.
- Speaker #0
D'accord, avant que toi tu fasses le constat pour le mouton givré qu'il y avait des quantités de laine disponibles sur le territoire qui n'étaient pas valorisées, puisqu'elles partaient. a priori en Chine pour la plupart.
- Speaker #1
Oui, 80% de la laine française part en Chine. Alors bon, cette année, c'est un peu compliqué.
- Speaker #0
Ah oui, en plus.
- Speaker #1
Eh bien oui, parce qu'il n'y a rien qui part et rien qui revient. Donc voilà.
- Speaker #0
C'est quoi cette laine ? Elle a été jetée ?
- Speaker #1
Non, en fait, elle a été payée vraiment très au rabais. D'accord. Très, très au rabais. Parce qu'avant Covid, on était à 35 centimes du kilo de la laine. Ce qui est aberrant parce que ça ne rentabilise même pas le coût du tondeur, le coût de l'attrapeur. Parce qu'on ne parle que du tondeur, mais il y a l'attrapeur aussi à payer. Et là, après Covid, on leur a annoncé du 10 centimes du kilo. D'accord. Voilà. Donc, c'est catastrophique. Nous, on a opté pour faire du 50 centimes du kilo dans un premier temps. Et dès qu'on pourra faire des volumes plus importants. Comme on baissera au niveau du lavage, du feutrage ou d'autres étapes dans l'atelier de la transformation de la laine, cette partie qu'on va récupérer, on ne le prend pas pour nous en marge, on le rebascule sur les leveurs. Donc on leur payera la laine plus cher.
- Speaker #0
D'accord. Parce que là, sur une brebis, par exemple, aujourd'hui, tu tombes une brebis, combien de kilos tu as ?
- Speaker #1
1,5 kg, 1,8 kg, ça dépend. D'accord. Voilà.
- Speaker #0
Et là, combien vous en avez récolté ?
- Speaker #1
Là, on a récolté 2,5 tonnes. pour l'année. Donc c'est déjà énorme parce qu'il a fallu l'amener à laver. Donc là on a fait, ah ouais, 205, mais le camion, le truc... Wouah ! On n'a pas pensé à tout ça ! Donc en fait, on a trouvé les solutions.
- Speaker #0
Où est-ce que vous allez la faire laver ?
- Speaker #1
Alors on l'a fait laver dans le Gébaudan, à Sogues. C'est une société qui... C'est des machines qui datent d'avant-guerre et qui sont vraiment un patrimoine de la France qu'il faut garder parce que c'est le dernier centre de lavage comme ça en France. et c'est lavé avec du bicarbonate et du savon de Marseille. Donc on n'a pas du tout de produits chimiques et les eaux sont retraitées. L'eau avec le soin dedans est récupérée par les agriculteurs pour épandre, pour engrair en fait. En fait tout ce qu'on transforme, on n'est pas de perte et on l'apporte pour quelque chose d'autre.
- Speaker #0
Toute la philosophie derrière le mouton givré, ce que j'en retiens finalement, c'est qu'il faut apprendre à regarder ce qu'on a sous les yeux, ce qu'on a dans les mains, sur le sol. On a l'impression qu'avec la laine que tu utilises pour le mouton givré, tu as trouvé presque une source... Une source...
- Speaker #1
Inépuisable.
- Speaker #0
Parce que pour le coup, tant qu'il y aura de l'élevage et des brebis sur le territoire, il y aura de la laine une fois par an à récolter en quantité. Donc... Est-ce que c'est ça, apprendre juste à regarder ce qu'on a sous les yeux ?
- Speaker #1
Moi, je pense qu'aujourd'hui, il faut vraiment qu'on voit déjà ce qui est utile, ce qu'on a vraiment besoin, parce qu'on a beaucoup de choses, que ce soit dans les maisons, dans nos voitures, partout. On a des choses qui ne sont pas grand-chose, c'est du surperflu. Et voir comment on peut modifier ça pour qu'il devienne plus vertueux et qu'il fasse vivre quelqu'un sur notre territoire. Pourquoi aller le chercher très loin ? Alors qu'on peut avoir cette chose-là. Alors oui, c'est un coût, mais on en achète moins parce que les choses, quand on en a vraiment besoin, on achète quelque chose durable. Voilà, c'est un matelas, quand on achète un matelas, on y met du prix, parce qu'on dort dessus. Donc déjà, aller voir où c'est qu'il est fabriqué, comment il est fabriqué. des choses comme ça rien que ça tout ça c'est plein c'est pas pour dire qu'il faut vivre en autarcie et faire tous un jardin et c'est non mais pourquoi pas aider son voisin qui fait un jardin et comme ça j'ai des légumes de saison et qui sont super bon ça vous met du sens à chaque fois ma du sang remettre de la collectivité aussi parce qu'au jour d'aujourd'hui chacun dort dans dans un appart on fait métro boulot dodo et puis c'est fini mais vous avez des voisins je suis pas pessimiste je dis qu'il ya des solutions on le sait On nous a baratiné sur l'écologie. On le sait, il y a des problèmes. Il faut qu'on s'arrange, il faut qu'on arrange la chose, il faut qu'on évolue. Nous, le mouton gibré, notre sac, c'est une solution au plastique. On ne dit pas aux gens, vous utilisez une glacière en plastique, ce n'est pas bien. Non, on dit juste, on a développé un sac isotherme, zéro plastique. Si vous le voulez, achetez-le. Vous voulez faire une action, achetez-le. Mais avant, on fait vivre des agriculteurs. On fait vivre un monde rural qui est sur notre territoire et après, on a déjà un premier déclic à se dire, je veux consommer autrement. Donc, mon alimentation sera autrement. J'espère bien ne jamais voir une marguerite dans un fast-food parce que je serai très mal.
- Speaker #0
Une marguerite,
- Speaker #1
c'est le premier modèle du mouton givré qui est un lunch bag et je serai très mal. Je le vivrai très mal si je vois mon marguerite dans un fast-food. Voilà, on a une mission, notre mission c'est ça, c'est refaire vivre le monde agricole et vous apporter un déclic pour que vous vivez mieux et vous consommez mieux.
- Speaker #0
En parlant de mission, tu as apporté une innovation qui a attiré l'attention, mais aussi parce que tu as une triple casquette de jeunes femmes, entrepreneurs, en milieu rural et femmes d'agriculteurs. Donc tu coches toutes les cases. qui font...
- Speaker #1
J'ai pas fait exprès.
- Speaker #0
Il se trouve que tu en es là. Est-ce que cette triple casquette, c'est une pression ou c'est un honneur de porter toutes ces valeurs-là et de pouvoir porter un message encore plus grand, encore plus loin ?
- Speaker #1
Alors, il y a une petite pression, quand même, parce qu'un Aveyron, ça ne paraît pas, mais même si je connais quand même pas mal de personnes, donc voilà, on nous attend toujours au tournant. Mais après, c'est vraiment un honneur parce que, oui, j'ai une casquette rurale, que ce soit dans l'Aveyron, par mon cœur et par mes racines, et que ce soit par le Lot, là où je vis et où j'ai développé et où je grandis. Je finis de grandir. Ouais, pour moi, c'est important et ça me plaît d'avoir cette casquette. Et quand on me dit, ouais, t'es une référence, alors moi, je le prends en référence. C'est vrai qu'au début, on est très, oui, merci. Après, tu le prends et ça te fait du bien. Mais je ne fais pas ça que pour ça. Je le fais pour toutes les valeurs que j'ai. Je le fais pour moi. J'aimerais beaucoup que les gens me disent « Oui, ça me plaît ce que vous faites, mais je veux faire pareil. » Faites-le. Allez-y. Passez le cap. Montez la marche. La marche qui manque, qui est très haute, mais qui est petite. Faites-le, parce que c'est vrai que c'est important pour chacun. Franchement, c'est génial, j'adore ce que je fais.
- Speaker #0
Est-ce que tu as l'impression d'ouvrir une voie, pour le coup, la VOIE, pas une parole, mais d'ouvrir un chemin, de défraîchir ?
- Speaker #1
J'aimerais, après, je ne suis pas prétentieuse du tout, donc j'espère que oui, si ça peut donner la voie à d'autres et que d'autres se mettent en question et se disent « ouais, moi aussi j'ai peur de ça » . peut-être envie de faire pareil parce que c'est pas mal. Oui, tant mieux !
- Speaker #0
Parce que justement, tu amènes à un autre sujet qui va être un peu sous-jacent dans tout podcast, c'est aussi de donner des repères à une certaine jeunesse en ruralité. Mais de rien, tu incarnes quelque chose, tu incarnes le fait que c'est possible en rural et qu'il y a plein de ressorts à activer très localement. Et je pense que c'est important d'avoir des repères dans le paysage dans lequel on vit. Juste pour savoir que c'est possible, ce manque de communication, il a pu bloquer certaines générations peut-être avant. Mais aujourd'hui, il est urgent de lever ses freins et d'avoir des visages qui nous aident.
- Speaker #1
Alors moi, ce que je dis, c'est qu'il faut faire un réseau. Vraiment bouger dans les réseaux. C'est le plus important. S'il n'y en a pas de réseau, c'est sûr que c'est compliqué dans le rural. C'est pour ça qu'il faut bouger. Parce qu'il faut aller chercher ce réseau. Donc faites. Faites aller voir les gens.
- Speaker #0
C'est trouver des soutiens pour pousser des portes ? C'est ça le réseau ?
- Speaker #1
Le réseau, c'est des soutiens. Oui, c'est des soutiens pour pousser des portes, mais c'est surtout des porte-paroles au final. Parce que quand ils ont aimé, ils en parlent.
- Speaker #0
Des amplificateurs de voix.
- Speaker #1
Voilà, ça amplifie la voix. Et c'est génial, parce qu'ils le font de bon cœur, parce que ça leur plaît. Ils ne le font pas, c'est pas une question de business ou quoi que ce soit, ils le font de bon cœur parce qu'il y a des gens comme nous qui aiment tout ça, mais qui n'ont pas la capacité de faire ça, ou qui n'ont pas eu l'idée, mais qui adorent l'idée, ou qui n'ont pas spécialement envie de faire ça, mais qui adorent l'idée et qui en parlent. Et il y a des choses énormes, en Occitanie on est énormément accompagnés, mais on ne le sait pas, il y a énormément d'accompagnement. Donc n'hésitez pas à pousser les portes de la région, etc.
- Speaker #0
Quel a été ton premier pas, toi, pour te faire accompagner ? À quel moment tu t'es dit, ok, j'ai cette idée, maintenant, il faut que ça passe d'un...
- Speaker #1
Moi, ça a été les premières Occitanie.
- Speaker #0
D'accord, donc un réseau de...
- Speaker #1
Un réseau féminin, un pré-incubateur. Ça a été celui-là qui m'a vraiment fait énormément évoluer, parce que, oui, comme je dis, on est dans le rural, donc on n'a pas grand-chose. Au niveau de l'accompagnement, on n'a pas de grosse structure qui nous accompagne. Franchement, la communication peut être facile avec tous les outils qu'on a maintenant. Il suffit juste d'avoir les bonnes personnes. d'avoir notre bonne cible.
- Speaker #0
Donc si on revient au territoire, tu es née, tu as grandi en Aveyron, tu es aujourd'hui à quelques kilomètres de la ville d'Aveyron, tu peux l'avoir à l'horizon. En quoi ce territoire te nourrit ? Est-ce que tu sais dire ce qu'il représente dans ta construction personnelle ?
- Speaker #1
En quoi il me nourrit ? Alors moi il me nourrit parce que j'ai toujours dû me... me débrouiller toute seule parce que oui on est dans le rural il fallait se débrouiller si on voulait se promener surtout moi qui n'avais pas de mobilettes ou de scooters j'étais tout à pied donc j'ai énormément marché mais mais ouais en fait c'est ça la débrouille je pense que ce rural ce monde rural et mon territoire c'est la débrouille faut qu'on se débrouille avec ce qu'on a et on y va et j'ai toujours été comme ça je me suis toujours débrouillée pas demandé de l'aide vraiment où c'est que j'étais en catastrophe, je n'ai jamais demandé d'aide, je ne me suis jamais plaint. Pour moi, la vie, elle est simple. Tant qu'on a à manger et un toit, c'est déjà très bien. La simplicité de ce territoire aussi. On est simple et les gens, parce qu'en fait, on est très accueillants ici. Et on a vraiment, même si on nous dit, ouais, c'est un territoire, la campagne et tout ça, mais on adore accueillir.
- Speaker #0
Si tu devais ne retenir qu'une seule conviction ? Quelle serait-elle ? Qu'est-ce qui fait que tu te lèves le matin ? En quoi tu crois profondément ?
- Speaker #1
À mieux. C'est-à-dire ? On peut faire mieux. Toujours mieux ? Toujours mieux.
- Speaker #0
Aller de l'avant. Pas plus, mais toujours mieux.
- Speaker #1
Toujours mieux. Pas plus, mieux. Parce qu'on n'a pas besoin de plus.
- Speaker #0
Donc tout ce qui régit ta vie, c'est ça ? Ouais. T'as amélioré ?
- Speaker #1
Pas m'améliorer, mais améliorer notre vie et notre... je vais pas dire économie mais notre façon de vivre toujours on peut faire mieux Comment dire je sais pas comment le dire c'est la résilience ouais c'est la résilience en fait voilà tout à fait c'est la résilience on peut faire mieux avec ce qu'on a en fait dans l'environnement qu'on a on n'a pas besoin de plus pourquoi toujours aller chercher plus on a des problématiques écologiques etc donc pourquoi aller chercher plus alors qu'on a déjà beaucoup de choses On a voulu abandonner des savoir-faire, etc. Et aujourd'hui, on va le dire, dans le Covid, qui c'est qui a été là ? Les infirmiers, les couturières, on a eu les ambulanciers, on a eu les agriculteurs, on a eu tous les caissières. C'est tous des métiers qui au final, aujourd'hui, sont dévalorisés. Et bien ouais, mais c'est nous qui avons fait tourner le pays. On est un territoire où c'est que l'agriculture en était énormément. On perd la moitié des agriculteurs chaque décennie. Et pourquoi ? Je reviens toujours à l'agriculture parce que je vis dedans. Mais il y a tout le reste, les hôpitaux on n'en a plus. Nous à Fijac on n'a plus de maternité. À Decazeville il n'y a plus de maternité. C'est ça, on est en train de perdre tout ce qu'on avait alors que c'est l'essentiel.
- Speaker #0
Est-ce que toi, tu aurais pu recueillir la laine, la récolter à Figeac et installer ton entreprise à Toulouse, dans une métropole ?
- Speaker #1
Oui, j'aurais pu, ça aurait été facile.
- Speaker #0
Mais est-ce que le fait de rester ici, c'est aussi occuper le territoire et peut-être espérer faire revenir du service public un jour ?
- Speaker #1
Moi, je pense que de toute façon, les villes sont saturées. On a fait l'exode rural, on va faire l'exode... urbain bientôt je pense. Il y a beaucoup de gens qui vont chercher à vendre là où ils sont et à partir à la campagne parce qu'ils se sont rendu compte que en fait c'était plus viable. Le Covid a accéléré la chose et je pense qu'aujourd'hui oui on peut refaire vivre des petits villages. Nous on a encore heureusement on a encore notre petite école qui ils ont... mon fils ils sont six dans sa classe mais c'est génial ils apprennent vachement mieux ils ont Voilà, moi, ma fille, je crois qu'ils sont 6 ou 7 aussi. Quelle classe ? Alors moi, c'est du CM2 et du CP. Enfin, CM2, c'est eux, mais non. Ils ont des petites classes, ils sont 20. Donc, c'est des multiniveaux. Donc, ils ont trois niveaux ou deux niveaux. La maternelle, ils sont tous ensemble. Mais ils ont une question de solidarité. Ils s'entraident.
- Speaker #0
Donc là, tu dépeines quand même une campagne. qui est belle, qui est toute rose et on a un peu ce discours...
- Speaker #1
Ouais, mais non, il ne faut pas se leurrer. Il y a les odeurs de fumier, il y a le coq qui chante... Voilà.
- Speaker #0
Je dis qu'on s'attend peut-être à une exode urbaine. Est-ce que les campagnes sont prêtes à accueillir du monde ?
- Speaker #1
Je pense qu'on peut l'être prête. Après, ça ne va pas être... Voilà, il n'y aura pas tout le monde qui va le faire. De toute façon, tout le monde n'est pas prêt à ça. Parce qu'il ne faut pas oublier, les salaires ne sont pas les mêmes. que la ville. Nous on est SMIC, un peu plus que le SMIC, mais on n'a pas des salaires de ministre quoi, mais la vie est quand même mieux. Donc il y a des choses à faire. L'agriculture, on perd des agriculteurs en permanence parce que ça on ne nous vête pas, parce qu'il y a des enfants qui ne veulent pas faire agriculteur. Tout le monde n'a pas envie, parce que, pourquoi ? Parce qu'on a montré que l'agriculture c'est pas rentable et que c'est travailler 70 heures pour rien gagner. Voilà ce qu'on a montré à nos enfants. Maintenant, il faut changer la donne. Il faut dire, si, si, tu peux avoir une belle vie. Mais il y a du travail avant. Et c'est à nous de le mettre en place.
- Speaker #0
C'est ce que tu dis à tes enfants ? Oui.
- Speaker #1
Mais moi, mes enfants, ils veulent tous agriculteurs. Même ma nièce, ils veulent reprendre la ferme. Ils sont à fond dedans. Mais parce qu'on leur montre aussi le bon côté d'être agriculteur. Il n'y a pas que le mauvais. Alors oui, on ne part pas en vacances tout le temps. Oui, on ne fait pas des voyages de fous. Rien que déjà, je leur dis aux enfants, on plante la tente dans le jardin et vous dormez dans la tente avec les copains, mais ils sont contents. Il n'y a pas besoin de plus, il n'y a même pas besoin de partir. Donc, oui, je dis à mes enfants que oui, c'est dur la vie. De toute façon, n'importe quel métier est dur. Parce que ou ça sera des heures interminables et des rendez-vous à droite à gauche, ou c'est un boulot à la terre, etc. Moi, mon fils a des difficultés à l'école. Il est dyslexique, ok. Mais par contre, il connaît toutes les plantes. Il sait comment, qu'est-ce qu'il faut manger, qu'est-ce qu'il ne faut pas manger. Il sait se soigner. Il sait comment planter. Il récupère des arbres dans les bois, il les plante plus loin. Ses noyaux, il les prend, il les jette dans les haies. Voilà, ils ont déjà cette éducation de je mange quelque chose, je le replante ailleurs. Ou je fais autre chose. Je nourris la terre. Voilà.
- Speaker #0
C'est une intelligence qui n'a pas de prix celle-là ?
- Speaker #1
Non. C'est important, c'est très important de montrer ça.
- Speaker #0
C'est une question maintenant que toi, tu as vu que de la laine lotoise, tu pouvais faire un sac isotherme. Est-ce que tu as imaginé, est-ce qu'il y a d'autres idées qui t'ont traversé, de matières présentes là autour de toi et qui feraient de beaux produits ? Est-ce que depuis que tu as lancé le mouton ?
- Speaker #1
Moi, ce que je trouve dommage, c'est qu'aujourd'hui, les cantines, elles ont beaucoup de restes et qu'elles n'ont plus le droit de donner. Alors que, par exemple... Un porcher pourrait très bien, parce que comme c'est cuit, pourrait très bien le donner aux cochons et ça éviterait de donner des farines animales. Après, moi ce que j'aimerais beaucoup, c'est... mais c'est relié à l'école souvent. Parce que je trouve qu'à l'école il y a beaucoup de choses qui peuvent être mises en place. Rien que des gens se plaignent que les enfants ont trop chaud, etc. Mais tout est bitumé autour des écoles. Et pourquoi on mettra... moi je préfère franchement, parce que j'ai eu mon fils qui a eu un accident et qu'on a dû aller à l'hôpital, parce qu'il s'est tapé la tête contre le bitume. Et pourquoi on ne remet pas de l'herbe ? Je préfère avoir des taches d'herbe sur les pantalons que d'avoir une commotion cérébrale. Voilà. Des choses comme ça, mais en fait, il faut juste regarder autour de soi et se dire, mais il y a des choses qui sont aberrantes. On ne peut pas continuer comme ça. Ils n'ont pas un pet d'arbre dans les cols. Mettre, pourquoi pas, quelqu'un qui a des poules. Faire un petit poulailler à l'école, ça se fait. C'est en train de se faire. Quand on me dit qu'il ne faut plus d'élevage, que vous soyez végétarien, soyez végétarien, il n'y a pas de souci. Moi, je m'en fous. C'est votre vie. Mais moi, on ne m'interdira pas de manger de la viande. J'ai grandi comme ça. Tant que je sais d'où elle vient, comment elle a été levée, qu'elle n'est pas en cage, etc. Moi, ça me va. Si ça a été fait dans le respect des règles, ça me va. On ne pourra pas vivre un jardin de permaculture sans fumier, par exemple, de poules, rien que de poules. Oui, mais les poules, au bout d'un moment, tu en fais quoi ? On ne va pas les laisser mourir. Pour rien, elles auront grandi, vécu pour rien. C'est pas... Au final, moi je dis toujours à mes enfants, quand on tue une bête, on la mange. Parce qu'elle a été sacrifiée pour nous. Donc le respect au moins, c'est de la manger, et c'est de ne pas la jeter. Aujourd'hui, on tue à foison, et au final on a des pertes, et on les jette.
- Speaker #0
On en revient à une autre absurdité pour le culte agricole.
- Speaker #1
Voilà. Pour vivre,
- Speaker #0
il faut produire beaucoup.
- Speaker #1
Voilà, donc c'est toutes ces petites choses. Il faut regarder autour de soi et il y a plein de choses qui peuvent être changées.
- Speaker #0
C'est peut-être une question piège, mais comment tu imagines l'agriculture en 2030 ? Ou la ruralité en 2030 ?
- Speaker #1
En 2030 ? Alors la ruralité, je ne sais pas, mais l'agriculture, je peux dire. Moi, l'agriculture en 2030, je la souhaite. Je la souhaite, parce que je... on ne sait pas si ça sera, mais je la souhaite vraiment qu'elle travaille avec la nature. On revient toujours au cycle de la vie.
- Speaker #0
Qu'elle se reconnecte.
- Speaker #1
Qu'elle se reconnecte, en fait. Mon mari ne travaille plus les terres.
- Speaker #0
Quand tu dis ne travaille plus, il laboure plus ?
- Speaker #1
Il laboure plus. Il sème indirect. C'est-à-dire que quand on a une prairie qu'on voit qu'elle est un peu épatie parce qu'il manque des choses, on resème et c'est des mélanges. Il y a du trèfle, il y a plein de choses. Je ne pourrais pas dire tout parce qu'il y en a trop. Mais c'est mélifère, donc pour les abeilles. Déjà, on a un premier cycle. Donc, on nourrit les abeilles. Les abeilles, quand elles sont nourries et qu'on garde les abeilles, elles pollinisent nos légumes. On a des vaches. donc on fait un pâturage tournant C'est-à-dire qu'on redivise nos parcelles en petites parcelles et on déplace nos vêtements deux voire trois fois par jour. Mais c'est juste aller déplacer le parc juste à côté. Donc on lève le filet, elle passe dessous et c'est fini. On déplace l'eau, c'est fini.
- Speaker #0
Pour ne pas faire travailler tous les sors ?
- Speaker #1
En fait, c'est pour faire travailler et c'est surtout pour ne pas qu'elle rase trop court. Parce qu'une plante, quand elle est rasée trop court, elle ne repousse pas. Qu'elle ne mange pas toute une parcelle jusqu'à la terre. Voilà, qu'elle la mange mais à un certain niveau. Et après... Là on est en train de préparer un poulailler mobile qui a été fait avec un châssis de caravane. Tout simplement, on déplace ces poules avec un filet. Donc on les déplace. Quand une fois les bêtes sont passées, au bout de trois jours, elles sont passées. Donc il y a eu les bouses, il y a eu les larves de mouche, il y a tout ça. Il y a toute la bioénergie et tout ce qui se fait dans ces bouses. Elles vont aller le gratter. Donc plus besoin de passer un tracteur pour éparpiller les bouses. Et en même temps, elles mangent les larves de mouche. et l'éthique. Donc voilà, c'est un cycle de vie. Et après on a plein d'autres projets parce qu'on a envie de mettre des cochons dans les bois pour pouvoir nettoyer comme ça on n'a pas besoin de passer la débroussailleuse etc. Donc du gasoil à moing. On essaye de travailler le moins possible avec tout ce qui est mécanique. On laisse faire la nature se mettre en place. En quatre ans on a revu nos terres vivre, franchement être transformées.
- Speaker #0
Ça nécessite beaucoup d'observations, d'études, moins de documentation.
- Speaker #1
documentation, maintenant il y a des formations qui se mettent en place pour les agriculteurs et donc il faut se renseigner auprès de la chambre agriculture et aussi chercher un petit peu Là on est dans l'agriculture de conservation de régénération d'accord ouais c'est encore une autre agriculture qui n'est pas encore en place en France et qui est vraiment je pense la meilleure il y en a quelques-uns qui se mettent et mais nous ce qu'on va montrer parce que ça paraît pas mais nous on a quand même 200 hectares de terrain et 120 têtes de vaches donc On est considéré comme une grosse ferme. Et on veut montrer que même avec une grosse ferme, ça fonctionne. Mon mari s'est amusé à faire des purins et à le tester en premier sur notre jardin. Un purin, c'est une macération de plantes, etc. Donc on a fait ça et on s'est rendu compte que ça fonctionnait sur notre petite treille qu'on avait devant la maison, sur notre jardin, sur tout ça. En fait, mon mari est en train de le mettre en place sur la ferme. Parce que, ok, il a un épandeur, mais ce qu'il épend, ça sent pas bon. et c'est pas des produits chimiques, parce que les produits chimiques ne s'en ont pas, c'est un purin d'ortie ou un purin de prêle. On renourrit avec des bactéries la terre.
- Speaker #0
Oui, parce qu'on aurait tendance à croire que cette agriculture-là, de régénération, c'est le message de quelques utopistes perchés sur une parcelle au bout du monde, et qui se nourrissent d'herbes et d'eau fraîche. Non, c'est possible d'avoir un système qui produit, qui nourrit. la population aussi nombreuse qu'elle est, mais qui est respectueuse de la planète en même temps ?
- Speaker #1
Voilà, tout à fait. On peut, on pourrait. Et après, c'est toujours pareil, c'est savoir consommer. J'en reviens toujours aux consommateurs à faire attention à ce qu'ils consomment, c'est tout.
- Speaker #0
Et on a besoin de précurseurs qui disent « Ok, moi j'ai essayé, ça fait… »
- Speaker #1
Oui, en agriculture, ça fonctionne toujours comme ça. Il faut avoir un premier si le voisin se casse la figure pour voir si ça fonctionne ou pas.
- Speaker #0
Quelqu'un qui ouvre le chemin. Toujours. qui disent que c'est possible qu'il y ait une ferme de ce type.
- Speaker #1
Toujours, et de toute façon, il faut qu'on voit. Et puis après, ça dépend des terres et de là où on est implanté. Parce qu'un agriculteur qui est en Bretagne ne va pas avoir la même pluie qu'un agriculteur qui est au sud de la France. Donc, mettre en place des choses, travailler avec son climat, avec sa terre, avec tout ça. Et encore une fois, je l'ai dit à un politicien que j'ai rencontré, qui est notre député ici, un jour, il m'a dit qu'il faut qu'on refasse de la recherche au niveau de l'agricole. Donc, il faut revoir avec l'INRA. Là j'ai dit stop, je fais excusez-moi, mais des scientifiques et des chercheurs, parce qu'on était à une assemblée générale, vous en avez avec des agriculteurs, donc vous en avez plein la pièce. Ils peuvent vous relever les températures, ils peuvent relever l'eau, ils peuvent relever leur terre, ils peuvent regarder la terre comment elle est, ils peuvent voir s'il y a des vers de terre, ils peuvent voir s'il y a tout ça. Vous n'avez pas besoin d'un chercheur, les chercheurs vous les avez là, alors arrêtons de dire aux gens comment il faut qu'ils travaillent alors qu'ils savent déjà. comment travailler.
- Speaker #0
Oui, que tout est là, il suffit de faire marcher ensemble. On en revient peut-être que ça boucle finalement tout cet entretien. On en revient à tout est sur ce sol, tout est là, il suffit de le travailler et même si des populations, s'il vient d'y avoir un exode urbain, les personnes qui viendront s'installer ici doivent s'ancrer. Ah oui, doivent aller chercher un peu la deuxième couche de terre, comprendre là où ils viennent. et s'y installer intelligemment.
- Speaker #1
C'est observer, c'est toujours pareil. Moi, j'ai toujours ce mot, c'est observer. Observer, regarder ce qui se passe et ne pas imposer quelque chose à quelqu'un. La personne, elle sait très bien ce qu'elle fait. C'est son travail. Que ce soit dans tout, on sait ce qu'on fait. Après, on apprend. On apprend des nouvelles techniques, on apprend des nouvelles choses. Et on sait.
- Speaker #0
Après, il est quand même urgent de le faire. pas parlé de ça non plus, de sauvegarder les savoir-faire, tant qu'ils sont à peu près vivotants sur le territoire, parce que ça a été aussi un problème au début du mouton givré de trouver des savoir-faire, notamment dans le tissage,
- Speaker #1
si je me souviens. Oui, alors le filage. En France, pourquoi nous passons sur du laine ? Parce qu'en France, oui nous cultivons du chanvre. Mais le chanvre, et plus pour le côté isolation, etc., on 1 certaines sociétés qui ont commencé à faire du chanvre comme Virgo Cop, affiliées avec Tuferi, les jeans Tuferi qui font un jeans 100% chanvre. Mais aujourd'hui on a une étape qui nous manque en France, qui va revenir et je l'espère, c'est la filature. On n'a plus de filature en France qui peut filer le chanvre.
- Speaker #0
Parce que c'est une fibre particulière ?
- Speaker #1
C'est comme le lait mais pas tout à fait. En Alsace, il y a une société qui est en train de remettre ça en place, qui a racheté une filature. Donc on espère, on souhaite que ça va bientôt arriver. Parce que nous aussi, on aimerait beaucoup garder le chanvre. Parce qu'on aime beaucoup cette plante, on la trouve extraordinaire. Elle fait énormément de choses. Faites des petites recherches sur le chanvre, vous verrez. Alors oui, c'est une jolie plante de cannabis. C'est un cousin de cannabis, mais ça n'a pas de THC. Donc on se retrouve avec une plante qui n'est pas psychotrope. Mais par contre, elle peut faire énormément de bien en huile, etc. pour tout ce qui est problèmes articulaires, pour tout ce qui est... Donc on a...
- Speaker #0
Tout le côté thérapeutique.
- Speaker #1
Voilà, côté thérapeutique. Isolation, alimentation, graines, farine. On en a... Ça fait tout, du papier, du bois, de chauffage, du...
- Speaker #0
Et du bien au sol.
- Speaker #1
Et du bien au sol, parce qu'en fait, ça absorbe autant de CO2 qu'une forêt de 1 hectare. 1 hectare de chambre absorbe autant de CO2 qu'un hectare de forêt. Mais l'hectare de forêt, il le fait en 1 an, en 12 mois. Le chambre le fait en 3 mois. Donc voilà. Et puis en plus de ça, elle nourrit la terre et puis après elle le ressort en oxygène et on a plein de choses magnifiques. Ça dépollue les sols puisque ça absorbe tout ce qui est métaux lourds. Donc voilà, c'est une plante miracle. Mais elle n'est pas si miracle que ça parce qu'on l'utilisait avant. Avant que le coton et que le synthétique arrivent, on l'utilisait.
- Speaker #0
Et aujourd'hui, qu'est-ce qui explique et à quel moment ça s'est passé d'ailleurs ? Pourquoi la France a perdu ces industries-là ?
- Speaker #1
à cause des industries lobby de coton et de synthétique.
- Speaker #0
Est-ce que là, tu penses qu'on est à un moment charnière aussi pour choyer ces savoir-faire qui, certains ne sont pas passés loin de la mort, mais ça vivote encore ? Est-ce que c'est maintenant ou jamais qu'il faut valoriser l'artisanat ?
- Speaker #1
Tout à fait. C'est maintenant ou jamais où c'est qu'il faut montrer qu'on peut faire et on sait faire. Parce qu'il y a encore des gens qui peuvent nous apprendre. et encore des gens qui ont envie d'apprendre et on a une demande importante nous c'est simple dès qu'on présente le sac mais c'est génial je vais en commander un voilà c'est j'ai même pas besoin de le vendre plus que ça parce qu'il se vend tout seul presque il est un peu intemporel parce qu'il a le couleur du chanvre donc de la nature du lin couleur naturelle donc il passe à tout le monde et il est pratique donc voilà et en fait Je ne me vois pas de fleurs, mais c'est... C'est un produit que tout le monde a, un sac isotherme, mais qu'on ne s'est jamais posé la question comment c'était fabriqué. Et aujourd'hui, les gens demandent ça. Où c'est fabriqué ? Comment c'est fabriqué ? Est-ce que c'est écologique ? La première question qu'on nous demande, c'est où c'est fabriqué ?
- Speaker #0
Donc bientôt
- Speaker #1
100% français. Bientôt 100% français. Bientôt là. D'ici un petit peu, on finit d'écouler nos stocks de chambres. On les a. On ne va pas les jeter. Après, pourquoi on était partis en Roumanie ? Parce que de toute façon, même si on cultivait en France, il fallait l'envoyer en Roumanie pour être filé. Donc, autant enlever un transport et une empreinte carbone en moins en prenant directement chez les Roumains.
- Speaker #0
Merci Cynthia.
- Speaker #1
Merci à toi.
- Speaker #0
Merci. Vous êtes arrivés au bout de ce nouvel épisode de Finta. S'il vous a plu, parlez-en autour de vous, partagez-le à vos amis. C'est le meilleur soutien que vous puissiez apporter à Finta pour qu'il continue son chemin. Retrouvez Finta sur Instagram et sur Facebook, Finta.lepodcast, pour ne rien rater des nouveaux épisodes et de leurs coulisses. On se retrouve dans 15 jours. D'ici là, gardez l'œil ouvert, soyez curieux !