#37 Michaël Fayret : comment renouer avec le sauvage ? cover
#37 Michaël Fayret : comment renouer avec le sauvage ? cover
Finta! L'Aveyron par ses voix

#37 Michaël Fayret : comment renouer avec le sauvage ?

#37 Michaël Fayret : comment renouer avec le sauvage ?

38min |12/10/2024
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#37 Michaël Fayret : comment renouer avec le sauvage ? cover
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Finta! L'Aveyron par ses voix

#37 Michaël Fayret : comment renouer avec le sauvage ?

#37 Michaël Fayret : comment renouer avec le sauvage ?

38min |12/10/2024
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Description

Entre Michaël Fayret et moi, c’est d’abord l’histoire de rendez-vous ratés et reportés. Nous étions finalement ravis de nous donner rendez-vous dans son lotus, une tente en forme de lotus qui a fleuri sur ses terres cet été. Mais c’était sans compter la pluie qui, sur la toile de tente, nous a dissuadés. Nous voilà donc à l’abri, à quelques pas des terres agricoles familiales qui l’accueillent, sur la commune de Sainte-Croix, voisine de Villefranche-de-Rouergue.


Son métier, c’est d’envoyer des fleurs dans les assiettes de grands chefs. Chaque semaine, ce sont une quarantaine de variétés qui partent aux quatre coins du pays. Producteur de fleurs et de plantes comestibles, Michaël Fayret est aussi botaniste de terrain. La cueillette sauvage, qu’il pratique et qu’il transmet, fait le lien entre ses souvenirs d’enfance, d’une grand-mère qui cueillait le pissenlit et ajoutait des pâquerettes à chaque salade, et des savoirs ancestraux évaporés entre les générations.


Alors, avec Michaël Fayret, on s’est demandé ce qu’il restait de sauvage autour de nous, comment faire revenir une part de sauvage dans notre alimentation tout en le préservant. Et c’est là que Michaël m’a livré l’objectif de sa vie : ne pas laisser plus de traces qu’un chevreuil de son passage sur Terre. J’aime encore le laisser dérouler sa théorie. Ça commence tout de suite… Bonne écoute !


🧡 Si vous aimez Finta! partagez-le! Finta est un podcast écrit, réalisé et produit par Lola Cros. Il est mixé par le studio Qude. Retrouvez tous les épisodes de Finta! gratuitement sur les applis de podcasts. Plus d'infos sur www.fintapodcast.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je te fais un petit vocal à l'abri de ma voiture. Je veux partager mon sentiment quelques minutes, heures après notre enregistrement. Je suis vraiment fier de ce que j'ai dit, j'ai envie de dire ça, parce que je suis quelqu'un qui n'avait pas du tout confiance en moi il y a quelques années. qui est en train de travailler ça. Et en fait, j'ai l'impression que pendant cet enregistrement, j'ai dit des choses, d'ailleurs plusieurs fois je te l'ai dit, je dis « waouh » , je ne sais pas d'où ça sort, mais j'ai dit des choses que j'avais sur le cœur depuis très longtemps et je voulais partager ça avec toi pour te remercier de ce que tu fais et je trouvais que je ne te l'avais pas assez dit, merci. Et vraiment, ça agit plus que sur les gens qui vont écouter, ça agit aussi sur les gens qui enregistrent.

  • Speaker #1

    un petit partage bisous merci ciao à bientôt hey Finta Finta explorez les basculements d'une époque sentir frémir des énergies voir les ruralités se transformer avec celles et ceux qui les provoquent les repensent les bousculent Finta c'est le podcast qui nourrit des esprits des envies d'agir et des espoirs très concrets à l'échelle locale Finta donne à entendre l'Aveyron à travers celles et ceux qui ont choisi d'habiter, ici et maintenant, de s'engager, aujourd'hui pour demain. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis dix ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. Entre Mickaël Fayret et moi, c'est d'abord l'histoire de rendez-vous ratés et reportés. Nous étions finalement ravis de nous donner rendez-vous dans son lotus, une tente en forme de lotus qui a fleuri sur ses terres cet été. Mais c'était sans compter la pluie, qui sur la toile de tente nous a encore dissuadés. Nous voilà donc à l'abri, à quelques pas, des terres agricoles familiales qu'il accueille sur la commune de Sainte-Croix, voisine de Villefranche-de-Rouergue. Son métier, à lui, c'est d'envoyer des fleurs dans les assiettes de grands chefs. Chaque semaine, ce sont une quarantaine de variétés qui partent aux quatre coins du pays, sur les tables étoilées. Producteur de fleurs et de plantes comestibles, Michael Feiret est aussi botaniste de terrain. La cueillette sauvage qu'il pratique et qu'il transmet fait le lien entre ses souvenirs d'enfance, d'une grand-mère qui cueillait le pissenlit et ajoutait des pâquerettes à sa salade, et des savoirs ancestraux évaporés entre les générations. Alors, avec Michael Feiret, on s'est demandé ce qu'il restait de sauvage. autour de nous. Comment faire revenir une part de sauvage dans notre alimentation, tout en le préservant. Et c'est là que Michael m'a livré l'objectif de sa vie, ne pas laisser plus de traces qu'un chevreuil de son passage sur Terre. Mais j'aime encore le laisser dérouler sa théorie. Et ça commence tout de suite. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Alors on est sur les terres qui sont familiales du coup, de ma belle famille, que j'ai repris pour... créer mon exploitation. Donc on est juste à deux pas de la serre et de la teinte lotus et de la zone un peu de culture extérieure et de collier de sauvage.

  • Speaker #1

    Tu viens de le dire, ce sont des terres agricoles qui appartiennent à ta belle famille. Qu'est-ce qu'on y fait ou qu'est-ce qu'on y faisait sur ces terres ?

  • Speaker #0

    Alors c'est des terres où il y a eu plusieurs cultures qui se sont enchaînées. Il y a eu des cultures très traditionnelles de blé, il y a eu à l'époque des pâturages de brebis. Ensuite, ça a été récupéré par mon beau-frère qui a été marié chez Bio sur ces terres-là. Et du coup, moi, en 2018, qui a lancé mon activité de fleurs comestibles.

  • Speaker #1

    Donc, tu es tout seul aujourd'hui à exploiter cette terre-là ?

  • Speaker #0

    Je suis tout seul aujourd'hui, oui.

  • Speaker #1

    Donc, tu as eu une première vie professionnelle comme assistant vétérinaire. Et puis, il y a eu cet appel de la terre qui a été, a priori, très fort, trop fort en tout cas, pour tout plaquer. et te consacrer à l'agriculture, avec quelle envie ? Qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là pour toi ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai eu un déclic où j'avais comme une déconnexion dans mes idées et la réalité de ce que je travaillais. J'ai toujours rêvé de travailler en extérieur, j'ai toujours rêvé de pouvoir vivre de la nature, c'est vraiment un peu cette idée-là. Et pris après dans le peu d'études que j'ai fait, mais pris un peu dans le système, j'ai envie de dire. Je me suis trouvé une passion pour les animaux et je suis arrivé assistant vétérinaire. Et en fait, au bout de sept ans, l'appel, comme tu dis, l'appel de la nature a été vraiment très puissant parce que dans mes nuits, tous mes rêves étaient dans un champ de fleurs. C'était vraiment, je me voyais coucher dans un champ de fleurs. C'était vraiment quelque chose qui revenait très régulièrement. Jusqu'au jour où j'ai craqué, j'ai dit bon, allez, fais confiance à la vie et on y va. Et on tente de créer quelque chose en tout cas. Et après, les rencontres, on fait plus tard. que la fleur comestible est venue vraiment à moi.

  • Speaker #1

    Ok. Quand tu es assistant vétérinaire, tu es à Ville-le-Neuve d'Aveyron. Tu es originaire d'où toi en fait ?

  • Speaker #0

    Je suis de Ville-le-Neuve. J'ai grandi à Ville-le-Neuve, né à Villefranche. Je suis un pur ouest avéronné.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu savais à ce moment-là des fleurs et de leur culture ? Est-ce que tu te voyais dans une chambre de fleurs cultivées ou dans une prairie dans tes rêves ? C'était quoi les images ?

  • Speaker #0

    Alors c'était plutôt une prairie, effectivement. Je ne connaissais pas grand-chose à ce moment-là de la fleur comestible. Ce qui est revenu, en fait, c'est les premières balades que je faisais avec ma grand-mère, qui était une cueilleuse de pissenlit, comme beaucoup de mamies d'Alaveron. Et ensuite, avec mon père, on a eu pas mal de plantes qui nous ont attirés quand j'étais enfant. Après, il y avait le traditionnel répunchou, mais on commençait à aller goûter quelques plantes, quelques fleurs. Et petit à petit... J'ai ces fleurs qui sont revenues à moi. En fait, la fleur dans l'assiette, ma grand-mère mettait tout le temps deux, trois pâquerettes sur la salade. C'est quelque chose qu'on a eu toujours depuis tout petit.

  • Speaker #1

    Donc, les fleurs sauvages.

  • Speaker #0

    Donc, les fleurs sauvages pour commencer. Donc, il y a des chefs qui sont venus à ma rencontre et qui m'ont raconté qu'ils avaient besoin de fleurs comestibles un peu, entre guillemets, j'allais dire propres, parce qu'il y avait vraiment des gros leaders de la fleur. qui viennent de partout dans le monde, et il n'y avait pas de petits producteurs très naturels qui produisaient de la fleur. Et donc, j'ai commencé à me renseigner sur les variétés de fleurs comestibles cultivées. Et là, en fait, il y a toute une ribambelle de toutes les couleurs qui sont arrivées, et de toutes les saveurs, parce que c'est assez surprenant tout ce qu'on peut retrouver dedans.

  • Speaker #1

    Donc, les chefs dont tu parles, je crois que c'est Laura Peloux, la chef de Villeneuve, et Quentin Bourdi, à Villefranche, ce sont eux qui ont fait...

  • Speaker #0

    Alors, en fait, Laura Peloux, qui était chef à Villeneuve, qui est maintenant à Toulouse... travailler chez Quentin Boudy à ce moment-là. Et en fait, on s'est rencontrés avec Quentin, je me rappellerai tout le temps, sur la petite terrasse de l'univers, sur le balcon au bord de l'Aveyron. Et il m'a donné des listes de plantes qui, eux, les intéressaient, qui retrouvaient, eux aussi, dans les grandes cuisines, ou même quand ils ont fait Top Chef, dans l'économat de Top Chef. Et du coup, c'était des plantes qui les intéressaient vraiment par rapport à leur saveur et de trouver une utilité de la fleur et de la plante dans l'assiette, pas juste de la fleur décorative posée sur une assiette.

  • Speaker #1

    Et donc à ce moment-là, j'imagine que tu sais que tu as les terres à disposition, que tu as cette envie, mais est-ce que c'était évident que les terres étaient adaptées pour la culture de fleurs ou pas ? Est-ce qu'il y a des variétés que tu ne peux pas du tout cultiver ?

  • Speaker #0

    Alors effectivement, j'ai cette terre qui s'est libérée... au moment où le projet est arrivé dans ma tête. Donc, je ne crois pas au hasard, tout se crée assez rapidement quand c'est le bon moment. Donc, mon beau-frère a quitté l'exploitation ici, à la Vallette, quitté l'exploitation maraîchère et m'a dit, si tu veux, moi, la serre qui est en verre est solide, je la laisse sur place, je ne peux pas la déménager. Donc, fais-en quelque chose. Donc là, il y a plein d'idées qui sont arrivées. Et effectivement, il y a des plantes qui ne peuvent pas supporter le calcaire, mais en fait, il n'y a pas pas de plantes qui vont pas pouvoir vivre dans le calcaire. Alors, il doit y en avoir, si, maintenant que je le dis, il y a, par exemple, les plantes pour faire le thé, vraiment, qui vont avoir besoin d'une terre acide. Alors, les citronniers, eux, c'est un peu différent, parce que je les ai plantés dans ma serre, mais j'ai recréé dans la terre des sortes de pots, en fait, qui vont garder de la terre acide. Donc, il y a des plantes qui détestent le calcaire. Ici, on était sur une terre calcaire. Mais il y a toujours des techniques pour arriver à les adapter et à les cultiver.

  • Speaker #1

    Donc tu parles des citrons, oui, tu as toute une partie agrume, et notamment les citrons caviar. Tu as aussi le safran comme culture, en plus des fleurs, aujourd'hui, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Alors c'est ça, en fait, j'ai commencé mon projet, c'était vraiment du citron sous serre. Alors citron caviar, citron combava et citron jaune, c'était la grande idée. Et ensuite, le safran à l'extérieur. Je suis en bord de zone du Safran du Quercy, donc du coup j'avais le droit de pouvoir participer à cette association. Et donc le début a commencé par ça, et le temps que les premières cultures se mettent en place de vraiment d'agrumes. Donc il a fallu que je trouve des porte-greffes qui supportent aussi un peu le calcaire au niveau des citronniers. Et donc j'ai été au festival du citron à Menton pour rencontrer des producteurs de citronniers. Et finalement, ça a fini en Italie, où j'ai trouvé vraiment le porte-greffe que je souhaitais pour mettre sur mes cultures.

  • Speaker #1

    Ok, donc là, on est au début de ton activité, c'est les années 2018, 2019, 2020. C'est ça. 2020, tu es un peu rattrapé par le Covid, le confinement, qui fait que les chefs qui t'ont poussé à te lancer... ferment leur restaurant pendant ce moment-là. Et donc toi, tu choisis de te former ?

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Donc je me suis dit, dès le début, si tu as un coup dur dans l'agriculture, je pense que c'est quelque chose qui arrive régulièrement. Donc je me suis dit, je ne vais pas me laisser abattre. Je vais faire une formation pendant le Covid. En plus, ça s'est tombé bien, il y avait plein de formations à distance, en promotion. Enfin voilà, donc j'ai fait la formation des chemins de la nature. C'est une formation qui normalement est sur Paris. Et pendant le Covid, ils l'ont créée en distanciel. Donc ça a duré six mois. Et c'est une formation d'herbaliste, cueilleur sauvage et botaniste de terrain. Donc botaniste de terrain, c'est une personne qui pourra identifier n'importe quelle plante à partir d'un bouquin spécial botaniste qui s'appelle une flore et qui n'a pas de photo à l'intérieur. Donc c'est que du texte qui va permettre d'identifier des plantes.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    En fait, c'est que des termes botaniques très précis. Donc il faut apprendre tous ces termes-là. Et après, juste en avançant petit à petit dans le livre. On se rend compte que les familles sont classées par des choses particulières et qu'il est relié entre elles, etc. Et petit à petit, on arrive à la variété exacte de la plante.

  • Speaker #1

    Avec que des mots en latin ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas que du latin, il y en a, mais il y a aussi... Non, non, c'est des termes qui, après, ont été traduits en toutes les langues, mais c'est des termes très précis qui vont décrire des petites parties microscopiques de la plante, en fait.

  • Speaker #1

    Ok, et ça vaut aux quatre coins du monde ? Ou tu as une connaissance fine ? d'un territoire en particulier ou de la flore française ?

  • Speaker #0

    Alors la botanique, en général, les termes sont identiques partout dans le monde. Après, il faut voir avec les traductions. Donc c'est là où le latin va énormément aider. Je dirais que moi, je me suis plus spécialisé sur les plantes françaises et les plantes comestibles. Donc il y a beaucoup de plantes que je ne regarde pas forcément. Enfin, je ne les regarde pas, je les regarde, mais je ne vais pas m'en approcher vraiment parce qu'elles sont juste médicinales, par exemple. Et moi, c'est vraiment le côté alimentaire qui va m'intéresser dans la nature.

  • Speaker #1

    Et donc, cette formation, qu'est-ce qu'elle a changé dans ton approche de ton projet agricole ?

  • Speaker #0

    Alors, du coup, elle a changé. Elle a changé que j'ai pu me mettre à commercialiser des plantes sauvages et notamment des petites pousses et des petites feuilles. Donc, je ne suis plus resté que sur la fleur. Je suis parti aussi dans des petites feuilles sauvages. Donc, on a, par exemple, la pousse de vesse qui va avoir un goût de petit pois. La feuille de lierre terrestre qui va avoir des saveurs de sous-bois, qui se marie par exemple avec la fraise, qui va nous rappeler la fraise des bois. Il y a plein de petites plantes aromatiques qui se retrouvent dans la nature et qu'on va pouvoir utiliser après dans l'assiette.

  • Speaker #1

    Et là, ce sont des feuilles que tu trouves autour de Sainte-Croix, dans les chemins qui nous entourent ?

  • Speaker #0

    Alors c'est ça, les communes des alentours doivent m'autoriser la cueillette et la revente. Vu que c'est dans le cadre professionnel, on est obligé d'avoir l'autorisation des mairies. Et donc les mairies des alentours m'ont permis de faire ça. Donc je vais effectivement sur des bords de chemin. Mais alors il faut sélectionner aussi les chemins. C'est quelque chose de hyper important pour moi. C'est que je ne vais pas les récolter sur des bords de route. Des fois, je vois des gens qui ramassent des réponses sur des bords de national. En fait, il y a quand même maintenant des études qui prouvent qu'il y a des produits chimiques qui sont stockés. Notamment tous les carburants et huiles de moteur qui sont stockés dans les fossés. Donc il va falloir vraiment aller sur des coins sauvages et on a la chance en Aveyron d'avoir des milliers de coins sauvages et propres encore.

  • Speaker #1

    Et très vite, les chefs, les mêmes qui t'avaient encouragé, te refont confiance et puis des chefs étoilés entrent aussi parmi tes clients. La reconnaissance vient assez rapidement de ton travail.

  • Speaker #0

    Alors je crois que je me suis installé au bon moment, toujours pareil, quand c'est le moment, c'est le moment. Et effectivement, on n'était pas nombreux en France. à faire de la fleur comestible et de la cueillette sauvage et de l'expédier partout en France. Parce qu'aujourd'hui, je travaille avec des restaurateurs locaux, mais aussi j'expédie partout en France, notamment sur Paris. Chaque semaine, j'ai une dizaine de restaurants sur Paris. Je travaille avec 25 restaurants chaque semaine en France. Et vu que c'était le bon moment, je crois qu'on n'était pas nombreux. Il y avait énormément de demandes à ce moment-là. Donc ça s'est développé effectivement en quelques années. En plus, la reprise juste après le Covid. où on en a eu par-dessus la tête d'être enfermés chez nous. On s'est tous jetés dans les restaurants juste après, parce qu'on avait envie de passer des bons moments conviviales. Et du coup, la demande a été exponentielle.

  • Speaker #1

    Ça s'expédie comment, une fleur ? C'est la question bête, mais juste curiosité.

  • Speaker #0

    En fait, déjà, il n'y a pas de question bête, parce que dans ce monde de la fleur, il y a quand même plein de choses qu'on ne sait pas, en fait. Mais la fleur comestible, ce n'est pas quelque chose de fragile. On a souvent tendance à dire, oh là là, mais ça ne doit pas se conserver une fleur. Alors en fait, les fleurs, quand on les ramasse bien, alors je suis très tatillon sur la récolte, mais quand on les ramasse bien, elles vont se conserver dix jours au frigo. Donc, on peut les expédier en colis frais. Donc, c'est des transporteurs de colis et frigos. Et donc, du coup, c'est de l'express. Je les récolte le mardi, je les mets en barquette le mercredi, j'expédie le mercredi. Et c'est dans les restaurants le jeudi matin.

  • Speaker #1

    Et quoi qu'on te demande le plus ?

  • Speaker #0

    Alors, ça change. J'ai l'impression qu'il y a, selon les périodes de l'année, donc selon les saisons, j'ai envie de dire, il y a des moments où ça va être beaucoup plus qu'il y a de sauvage. Des moments où on va partir vraiment sur de la fleur. Alors, juillet-août, c'est vraiment des couleurs, de la fleur et des saveurs par milliers. Et après l'automne, on va re-rentrer dans une période où c'est plus de l'accueil de sauvages, plus le côté forestier, le côté champignon et tout ça. Je dis champignon, je ne commercialise pas de champignons. Mais retrouver cette idée-là en tout cas. Retrouver l'idée un peu de la forêt.

  • Speaker #1

    Du sous-bois. C'est Quentin Bourdi qui te surnomme le druide. Ça te convient comme surnom ?

  • Speaker #0

    Ouais. Ça me convient. Alors, je ne suis pas druide, parce que le druidisme, c'est plus religieux, finalement. Mais il existe des écoles de druidisme en France. Je n'ai pas fait tout ça, mais en fait, il me surnomme le druide, effectivement, parce que je travaille avec des façons un peu étranges dans mes jardins. Donc, je suis très sensible à tout ce qui est énergétique. Voilà, je ne m'en cache pas trop. Et je fais des expériences dans mes jardins. Donc quand on vient visiter, c'est possible qu'il y ait un menhir en plein milieu du jardin. Il n'y a rien de prouvé en fait que ça va fonctionner ou pas. Mais je pense que soit c'est le bonheur du jardinier qui voit son menhir, qui diffuse son bonheur aux plantes, ou c'est le menhir qui diffuse son bonheur aux plantes. Donc on ne sait pas trop, mais en fait je dirais que je travaille en cosmoculture. Ça s'appelle. Donc c'est un terme, je ne sais même pas s'il existe d'ailleurs, mais c'est moi qui l'ai peut-être inventé, je ne sais pas. Je n'ai jamais regardé vraiment. Mais je travaille avec les énergies de la Terre en général. Et ça marche, ça marche pas, je sais pas. Donc il y a des expériences qui fonctionnent et d'autres non.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, en introduction, tu parlais des cerfs. On n'est pas loin de tes cerfs, mais aussi de ton lotus. On aurait voulu s'y retrouver, mais la pluie en a voulu autrement. Ce lotus, cette tente, tu l'as pensé comme un lieu d'animation aussi pour faire venir ? du public à la ferme et avoir cette démarche de ferme ouverte et de pédagogie ? Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors en fait ça s'est arrivé pendant le confinement aussi, donc mes premières sorties botaniques ont été masquées j'ai été jusqu'à là en fait, quand on avait le droit de se retrouver mais masquée, donc j'ai fait les premières sorties botaniques. J'ai trouvé que c'était bien de pouvoir diffuser ce qu'on savait il y a deux générations, qu'on a oublié et que j'avais réappris pendant la formation et... Je me suis dit, pourquoi pas le partager, en fait, pour qu'on retrouve ça. Alors, des fois, j'entends des gens qui me disent que si on se mettait tous à cueillir pour la nature, ça serait la catastrophe. Je ne sais pas si ça serait la catastrophe. En tout cas, j'adore un proverbe indien d'Amérique. Alors, je vais le dire pas en indien parce que je ne parle pas indien, mais c'est on cueille toujours la septième plante que l'on voit. Donc, si on veut ramasser de la campanule, par exemple, on va laisser six plantes pour la reproduction, pour les animaux. pour les autres humains qui veulent ramasser de la campanule. Et on va consommer la septième. Donc du coup, on en a... Si on fait tout ça, en fait, ça ne va jamais abîmer la nature parce qu'elle va toujours se gérer avec les six reproductrices qu'on va laisser.

  • Speaker #1

    Et quand tu parles des savoirs que l'on avait il y a deux générations, qu'on n'a plus, tu penses à quoi ? C'est de reconnaître d'abord les variétés de fleurs sauvages ?

  • Speaker #0

    En fait, on cueillit... énormément. Donc si on part depuis les chasseurs-cueilleurs à l'époque médiévale, après beaucoup plus tard, on a eu énormément de cueillettes et c'est là où ils ont développé beaucoup de plantes. Alors c'est une période qui me parle énormément aussi vu qu'on est proche des Bastides. Et j'ai animé récemment des sorties où on parlait de botanique et d'histoire. Et en fait on s'aperçoit que beaucoup de choses ont été apprises et découvertes à l'époque médiévale. Et après, petit à petit... Et ça s'est accéléré les deux dernières générations. On a oublié, alors le pourquoi on ne le saura pas, mais il y a sûrement l'industrialisation qui a créé des supermarchés et que c'était vachement plus facile d'aller ramasser une salade dans un étal de supermarché plutôt que dans la nature. Après je ne consomme pas que du sauvage non plus, je vais au marché, etc. Mais je pense que c'est important de retrouver ça. Et j'adore l'idée aussi de se dire que la première des médecines, c'est l'alimentation. Donc plus on va manger des choses naturelles, propres et variées surtout, moins on sera malade. Donc j'ai mis cette idée. Je ne sais pas si c'est très fondé, mais j'ai mis l'idée en tout cas.

  • Speaker #1

    Moi j'ai l'impression que si j'y vais là tout de suite, je suis capable de prendre la seule variété. Absolument interdite à la consommation, par exemple. Est-ce qu'il n'y en a pas beaucoup quand même des variétés à éviter de toute urgence ? Tout ça pour dire qu'il y a quand même grand besoin d'une formation. Et c'est ça que tu as envie aussi de retrouver, de donner des bases pour que tout le monde soit capable d'aller cueillir ?

  • Speaker #0

    Alors ouais, c'est ça. Du coup, l'idée, c'était aussi, au moment où j'ai lancé ces animations, c'était de dire aux gens, attention ! aux plantes, parce que c'est vrai que la plante était redevenue à la mode sur les réseaux sociaux, on commençait à avoir beaucoup de plantes, des gens qui ramassaient des plantes, pardon, dans la nature, et qui les cuisinaient. Et en fait, je me suis dit, oulala, on commence à avoir n'importe quoi, par rapport à ce que j'avais vu en formation. Et en fait, il y a effectivement des plantes très toxiques en France. Je ne sais pas combien il y en a exactement, alors en plus, toxicité, ça ne veut un peu rien dire, parce qu'il y a des plantes qui vont être comestibles seulement cuites. D'autres qu'on peut consommer deux, trois fois par an, mais si on en abuse, elles vont devenir toxiques. Et d'autres, effectivement, où une seule fleur peut tuer un adulte. Donc, je dis tout le temps, quand je prends maintenant des gens en cueillette avec moi, les plantes, c'est comme les champignons. Si on ne connaît pas et qu'on ne peut pas l'identifier à 300%, on ne la touche pas ou on ne la consomme pas. Après, toucher, c'est vraiment une idée qu'on se donne. Si on touche une plante et qu'on ne met pas les doigts à la bouche de suite avec de la sève fraîche, il y a très peu de chances de s'intoxiquer. Et même à un... On ne ramasse pas une plante qu'on ne sait pas si elle est cognostique ou pas.

  • Speaker #1

    Et les gens que tu accueilles, ils viennent avec quelle envie ? Qu'est-ce qu'ils te disent ? Que ça leur rappelle aussi des souvenirs avec une grand-mère ou pas ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai effectivement des gens qui ont déjà quelques petites connaissances dû à ce qu'ils ont vécu plus tôt ou en enfance avec leurs grands-parents. Mais après j'ai aussi la nouvelle génération qui s'intéresse à la nature. et qui ont vraiment envie d'apprendre pour se nourrir autrement et pour voir un futur différent.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a une volonté aussi de sauvegarde, de protection dans tout ce que tu partages ? Protection des milieux naturels ?

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, ça fait partie de mon discours de début de balade. Je parle beaucoup de cueillette éthique, l'histoire que je te racontais tout à l'heure par rapport à ramasser la septième plante. mais aussi de faire bien attention, parce que dans certains livres de plantes comestibles, on va trouver que les bulbes de certaines orchidées sont comestibles. Alors, elles ont été consommées à une période, mais maintenant, toutes les orchidées sont protégées. Donc, il faut vraiment faire attention de se renseigner là où on est, si on peut ramasser telle plante ou pas. Il y a aussi les espaces Natura 2000, on ne va pas aller ramasser les plantes dans ces espaces-là. Donc, il faut vraiment faire attention de ne pas abîmer la nature. Alors, je dis tout le temps quand je prends des gens en balade... Moi, je veux que mon impact ne soit pas plus gros que celui d'un chevreuil. Donc, quand je me balade dans un champ ou dans une haie, je vais ramasser des plantes. Je ne veux pas que derrière, ça se voie que j'ai ramassé des plantes, en fait. Donc, c'est la cueillette éthique que j'appelle ça pour ne pas abîmer la nature. Et c'est vraiment important, je pense, de continuer à la protéger, même si on a déjà fait un pas, mais pas suffisant peut-être. Mais c'est vraiment important.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut faire une expérience ? Est-ce que tu peux imaginer nous décrire une balade pour qu'au micro, sans images, on soit avec toi ?

  • Speaker #0

    Alors là, c'est une drôle d'expérience, mais... Pour décrire une balade, j'ai envie de dire déjà qu'elles ne sont aucune les mêmes. Donc c'est un peu particulier parce que si on vient deux fois dans une balade, ce ne sera pas forcément la même. Il y a des plantes qui vont se recroiser et d'autres qui vont avoir évolué. Donc certaines plantes, on va consommer la racine, mais trois mois après, on va consommer la graine. Donc décrire une balade, c'est assez particulier. Mais alors pour vous donner des images, on pourrait déjà imaginer la rencontre qu'on peut faire devant la salle des fêtes de Sénac. Donc Sénac, c'est un petit village où il y a une salle des fêtes, une église, donc c'est sur la place de l'église. Donc on se retrouve là, et le temps d'attendre tout le monde qui arrive avec les bottes, les caouets et les petits paniers pour pouvoir faire des herbiers. C'est ce que je conseille tout le temps, de venir avec un petit équipement pour récolter, faire un herbier pour pouvoir se rappeler des plantes. Et ensuite, on part tout le temps. On débute la balade sous le grand porche de Sénac. Alors le grand porche de Sénac, c'est une petite porte. La porte des Anglais, qui est une porte médiévale. C'est le trace des remparts qu'il y avait à Sénac. Et ensuite, on part dans les chemins. Et alors là, dans les chemins, c'est des chemins bordés de haies. On commence par des chemins plutôt de castines bordés de haies. On finit dans des chemins plutôt boueux. Et en fait, chaque pas va amener de nouvelles plantes. Ensuite, en fin de balade, on va se retrouver au niveau de la serre. Et donc à la serre, on va ici récolter des plantes, des plantes qui vont plutôt nous servir à décorer nos verrines. C'est quelque chose qui est assez important pour moi de parler de ça, parce que quelque chose qui est beau se digère mieux et donne envie. Et en fait, l'envie, c'est... C'est quand on a un plat devant le nez, en fait, on a envie d'aller y mettre un coup de cuillère dedans. Donc, en fait, c'est ça que j'ai envie vraiment de montrer. Donc, on cueille aussi des fleurs dans la serre. Alors, j'ai ma petite liste de plantes parce que je sais déjà les recettes que je vais faire. Donc, c'est toujours secret pour vous pendant la balade. Et ensuite, on va dans la teinte lotus. Donc là, je propose à tout le monde de s'asseoir et on va... partager une boisson ensemble. Généralement, je fais une boisson à base d'ortie. C'est une digestion d'ortie. Le terme digestion, c'est une infusion à froid. Ensuite, j'attaque mes petites recettes. Là, c'est des mélanges de toutes les saveurs qu'on a ramassées qui vont se diffuser dans la tente. Il y a tout ce qui est chaud et qui cuit qui va amener... Souvent, je fais des choses sucrées en cuisson. Donc il y a une odeur sucrée qui envahit la teinte. Alors vu que c'est rond, les saveurs tournent. Je n'avais jamais imaginé que ça pouvait arriver. Mais en fait, on se croirait dans une marmite quand ça cuit finalement. Et ensuite, il y a le côté mixage, parce que je fais toujours un petit pesto. C'est un peu l'idée signature de ce que je fais. Il y a toujours un pesto. Et donc le pesto, quand il se mixe, c'est pareil, il envoie pas mal de saveurs. Donc voilà, après c'est un mélange de saveurs et ça se termine par une longue discussion en dégustant ce qu'on a cuisiné ensemble. Voilà un peu l'idée de la balade botanique.

  • Speaker #1

    Et tu avais un projet, je veux bien te demander où tu en es, d'un cratère. Donc c'était dans une retenue d'eau qui est présente sur tes terres. Oui, c'est ça. Une ancienne retenue d'eau et donc de la transformer en amphithéâtre végétal dans lequel on pourrait retrouver toutes les variétés florales. avec lesquels l'homme a cohabité depuis qu'il vit ici, sur le COS. Où est-ce que tu en es de ce projet ?

  • Speaker #0

    Alors, le projet, du coup, n'est pas passé au niveau du financement de la région.

  • Speaker #1

    En fait, tous les habitants de la région Occitanie pouvaient voter dans le cadre d'un budget participatif.

  • Speaker #0

    Donc, effectivement, l'idée, c'est de restructurer cette ancienne structure hydraulique. Donc, c'était un lac collinaire, une retenue d'eau qui est assez petite, mais qui s'est percée et qu'on n'arrive plus à faire retenir l'eau. Donc, la solution, ce serait de la bâcher. et d'en faire une petite bassine. Mais j'en ai pas le besoin, parce que j'ai une autre petite retenue, un petit lac en-dessus, qui est nourri par un puits, donc j'ai pas vraiment besoin pour arroser mes cultures. Donc l'idée, ça serait de la restructurer, comme tu disais, et de recréer les biotopes à Véronée. Donc il y aurait de la tourbière, il y aurait une zone caillouteuse, et vu que c'est une espèce de cratère, on dirait un cratère de volcan, et à l'intérieur, du coup, on a toutes les expositions. nord-sud, est-ouest, donc il y a le soleil, il y a l'ombre, il y a tout. Et donc l'idée, ça serait d'en faire cet amphithéâtre et de faire une ferme pédagogique végétale pour réapprendre tout ça et pouvoir observer tout ce qu'on peut cueillir en cueillette sauvage, mais dans un jardin botanique, en fait, tout simplement. Et en plus de ça, du coup, le projet a mûri. Donc il y a cette tente lotus qui est arrivée. Donc la tente lotus, c'est une tente qui est en forme de bouton de fleur de lotus. Et cette tente, ça va me permettre de faire mes animations à l'intérieur, d'avoir une zone abritée. Mais j'aimerais dans le futur pouvoir accueillir les scolaires sur place ou les centres aérés. J'ai été à un moment de ma vie animateur faune, autour des insectes. Donc c'était vraiment quelque chose qui me parle. Et alors en fait, dans un jardin de fleurs, des insectes, c'était pas un millier. Donc c'est super pour les enfants d'aller découvrir tout ce monde-là.

  • Speaker #1

    Tu parlais tout à l'heure, j'aime bien l'idée de ton chevreuil, de ne pas être plus encombrant qu'un chevreuil. Qu'est-ce qu'il reste de sauvage finalement autour de nous ?

  • Speaker #0

    Comme une plante ?

  • Speaker #1

    C'est une question philosophique,

  • Speaker #0

    je te le propose.

  • Speaker #1

    Là, on parle de cueillette sauvage, de plantes sauvages, mais en fait, on est dans des paysages où il ne reste pas grand-chose en vrai de sauvage.

  • Speaker #0

    Alors, je ne suis pas forcément si pessimiste que ça. J'ai envie de dire qu'il reste plein de choses. En fait, j'ai l'impression qu'on a l'impression qu'il y a tout qui disparaît. Mais c'est peut-être qu'on n'a pas les yeux qui s'adaptent à ce qu'il y a. Alors, effectivement, c'est une question philosophique. Mais autour de moi, les gens que je me rends compte, notamment ma compagne, comme... commence à regarder les oiseaux et les plantes, plusieurs fois, elle m'a dit, mais c'est incroyable le nombre d'oiseaux qu'il y a, alors que je n'avais jamais remarqué avant de te rencontrer. Donc, je pense qu'il reste beaucoup de choses et c'est nos yeux qui ne se posent pas dessus.

  • Speaker #1

    Même dans des paysages hyper façonnés ?

  • Speaker #0

    Oui, même en plein cœur de la ville. C'est ce que j'ai fait récemment, j'ai animé des sorties carrément dans les ruelles. Et en fait, il y a... plein de plantes et plein d'animaux qui peuvent passer dans les ruelles. Alors, c'est souvent la nuit et du coup, quand l'humain disparaît. Mais en fait, il reste plein de choses qui vont se passer même dans les villes. Et alors, je pense que c'est peut-être aussi il y a quelques années, effectivement, avec les désherbants et tout ça, il n'y avait plus rien. Mais maintenant, on se retrouve à avoir des ruelles toutes végétalisées et donc le végétal attire l'animal.

  • Speaker #1

    Donc, tu es plutôt optimiste.

  • Speaker #0

    Ben ouais.

  • Speaker #1

    Ça fait du bien de l'entendre. Qu'est-ce qu'elle dit, la flore sauvage d'un territoire ?

  • Speaker #0

    Alors, elle peut dire plein de choses. Pour l'écouter, c'est plus compliqué. C'est rigolo que tu dises ça, parce que j'adore l'idée de la sylviothérapie. La sylviothérapie, c'est la thérapie par les arbres. Donc, elle peut dire plein de choses, mais il suffit juste d'arriver à éteindre son mental et d'écouter ses sentiments. Donc ça, c'est pour le côté un peu plus spirituel. Mais j'ai une petite machine qu'on connecte avec des électrodes sur les arbres. Et parfois, dans mes balades botaniques, je la prends. Et alors, avec les enfants, ça marche trop bien. En fait, ça transforme les micropulsations du végétal en musique. Donc on a de la musique classique souvent qui ressort, mais chaque plante a sa vibration, en fait. Donc c'est super intéressant de faire parler les plantes par ce biais-là. Après, c'est plutôt de la méditation qu'on va faire avec ces musiques-là. Et alors, pour parler plus terre à terre, les plantes peuvent dire plein de choses. Donc quand on se retrouve envahi, par exemple, de l'iseron ou d'autres plantes, c'est forcément que la terre a un problème. Donc est-ce que c'est la plante qui parle ou c'est la terre qui parle ? Je ne sais pas, mais en tout cas, la plante est là pour rééquilibrer la terre. Donc soit par son feuillage qui va pourrir, et va nourrir la terre. Ça, c'est pour des plantes qui vont plutôt amener beaucoup d'humus. Et il y a d'autres plantes qui vont avoir des racines pivotantes très profondes pour pouvoir décompacter la terre. Donc, si on a des invasions de plantes, c'est que la terre nous parle.

  • Speaker #1

    Donc là, c'est le cas du lison, tu disais, qui est un indicateur.

  • Speaker #0

    De terre trop tassée, ça c'est vraiment... Après, chaque plante est vraiment très précise sur ce qu'elle indique. Il y a des bouquins qui en parlent très, très bien. Il y a d'autres plantes qui vont être liées au surpâturage. On commence à avoir beaucoup de panicots. Le panicot, c'est une sorte de petit chardon à fleurs bleutées qui est magnifique, qui est comestible d'ailleurs et qui a un goût très intéressant, très aromatique. Ça pique un peu, donc il faut savoir le récolter au bon moment. Et ça, c'est les prairies qui sont surpâturées, par exemple, qui vont développer beaucoup de panicots.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu aurais imaginé faire ce métier, ce projet, ailleurs qu'ici ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je n'ai jamais pensé à ça.

  • Speaker #1

    Quand je dis ailleurs qu'ici, ça veut dire dans un territoire dans lequel tu n'as pas grandi, dans lequel tu n'as pas tes souvenirs, tes habitudes. J'entends, est-ce que tu aurais eu le même plaisir à le faire ailleurs ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense qu'en fait, partout, c'est intéressant. Alors, en plein cœur d'une ville, c'est compliqué. Mais en fait, quand je vais me balader sur l'Aubrac, par exemple, donc plutôt en montagne, Il y a d'autres plantes qui arrivent, donc je suis toujours émerveillé de voir des nouvelles plantes que je ne vois pas chez moi. Quand je vais en bord de mer aussi, c'est pareil. Donc je pense qu'un peu partout, il y a des saveurs en fait. Moi, je vois vraiment le monde en saveurs. Et quand on est au bord de mer, on va se retrouver à des saveurs plutôt iodées, anisées. Alors qu'en montagne, on va être plutôt sur des saveurs forestières. Alors il y a des plantes sur l'Aubrac qui vont rappeler vraiment les odeurs qu'on sent quand on fait une randonnée. Et quoi ? Il y a plein de... Je trouve que partout, c'est intéressant.

  • Speaker #1

    Je suis arrivée, donc on est quand même très triste de se retrouver dans une petite cuisine alors qu'on rêvait de cette teinte lotus. Tu avais l'air tout triste. Est-ce qu'il y a une fleur là, laquelle tu penses qui pourrait décrire ton humeur du jour ? Celle d'en parler,

  • Speaker #0

    de t'occuper, quoi, après. Oui, je réfléchissais, mais je dirais le cosmos. Le cosmos, parce qu'il a le cœur plein d'étoiles, j'adore cette idée-là. Mais par contre, quand il est tout mouillé, il est super moche et il a les pétales qui tombent.

  • Speaker #1

    Il ressemble à quoi ?

  • Speaker #0

    Le cosmos, c'est une fleur... Il y a plusieurs couleurs, finalement, dans le cosmos. On va avoir des couleurs qui sont très... dans le parme, le violet, le rose, le blanc. Et donc avec ce cœur tout étoilé, c'est pour ça qu'il s'appelle le cosmos. Et en fait, quand il est tout mouillé, il a les pétales qui sont toutes retombantes, on dirait qu'elles sont gluantes, c'est pas très joli. Alors que quand il est en plein soleil, il est magnifique, il attire tous les insectes. Donc je dirais que c'est le cosmos qui nous rappelle un peu la pluie et le côté maussade de l'enregistrement dans une cuisine.

  • Speaker #1

    Mais le soleil va ressortir et le cosmos reprendra sa superbe. J'ai une question rituelle. pour les invités, c'est toujours la dernière. En quoi est-ce que tu crois ?

  • Speaker #0

    Alors, je dirais que je crois à l'avenir et je crois à la nature, en fait. Vraiment. Mais c'est vraiment très puissant quand je le dis. En fait, j'ai le cœur qui palpite parce que j'ai une foi à la vie, en fait, et à la nature qui est hyper puissante. Et du coup, je... Je souhaite à tout le monde qui a des rêves de réaliser leurs rêves et que la nature va arriver à tout créer. Donc faisons confiance en fait. Je crois à la vie.

  • Speaker #1

    Et même en l'homme au milieu de cette nature-là ?

  • Speaker #0

    Il en fait partie, donc il va falloir l'inclure. Mais voilà, je crois, je dirais, au petit homme qu'on est.

  • Speaker #1

    Ça veut dire quoi ?

  • Speaker #0

    J'ai du mal à croire aux grands hommes dirigeants et aux gros pollueurs, j'ai beaucoup de mal à y croire. Mais je me dis que s'ils y sont, c'est qu'il y en a sûrement besoin pour le moment. Quand je dis le petit homme, je me considère petit homme dans la nature, dans l'univers. Je crois qu'on peut faire beaucoup de choses sans trop se prendre la tête non plus. Il ne faut pas que ça devienne... Quelque chose qui nous empêche de vivre. Mais ouais, il faut faire confiance, je crois.

  • Speaker #1

    Ça veut dire qu'il faut un peu d'humilité ?

  • Speaker #0

    Ouais. Moi, j'ai l'impression que face à la nature, je me courbe un peu. Je fais une petite révérence quand même. Parce que c'est... C'est grâce à elle qu'il y a tout ce qu'il y a autour de nous. Donc même le moindre objet, même le micro qu'on a sur la table, il est fabriqué à partir d'éléments de la nature. Alors c'est sûrement du pétrole qui vient de... Pas les meilleurs, oui. Voilà, mais en fait, c'est la nature qui l'a transformé. L'humain, je crois qu'on fait juste du modelage de matière, mais on déplace la matière finalement, et c'est là où peut-être on va polluer énormément. Mais tout est créé par la nature.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi. Je vais t'enlever, c'est ce que je dis.

  • Speaker #1

    Je t'ai lancé sur de la philosophie.

  • Speaker #0

    Je ne savais pas que j'étais aussi philosophe.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager, peut-être. Si vous souhaitez continuer la discussion, je suis toujours curieuse de vous lire et d'échanger. Je vous propose que l'on se retrouve sur Facebook, sur Instagram. ou sur le site fintapodcast.fr. Vous pouvez retrouver tous les précédents épisodes de Finta gratuitement sur les applications de podcast, et pour recevoir chaque nouvel épisode directement dans votre boîte mail, vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter. Et pour que Finta vive, si vous appréciez le podcast et que vous souhaitez soutenir ce travail indépendant, partagez-le autour de vous. Consférez-le à vos amis, parlez-en, c'est le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. A très bientôt.

Description

Entre Michaël Fayret et moi, c’est d’abord l’histoire de rendez-vous ratés et reportés. Nous étions finalement ravis de nous donner rendez-vous dans son lotus, une tente en forme de lotus qui a fleuri sur ses terres cet été. Mais c’était sans compter la pluie qui, sur la toile de tente, nous a dissuadés. Nous voilà donc à l’abri, à quelques pas des terres agricoles familiales qui l’accueillent, sur la commune de Sainte-Croix, voisine de Villefranche-de-Rouergue.


Son métier, c’est d’envoyer des fleurs dans les assiettes de grands chefs. Chaque semaine, ce sont une quarantaine de variétés qui partent aux quatre coins du pays. Producteur de fleurs et de plantes comestibles, Michaël Fayret est aussi botaniste de terrain. La cueillette sauvage, qu’il pratique et qu’il transmet, fait le lien entre ses souvenirs d’enfance, d’une grand-mère qui cueillait le pissenlit et ajoutait des pâquerettes à chaque salade, et des savoirs ancestraux évaporés entre les générations.


Alors, avec Michaël Fayret, on s’est demandé ce qu’il restait de sauvage autour de nous, comment faire revenir une part de sauvage dans notre alimentation tout en le préservant. Et c’est là que Michaël m’a livré l’objectif de sa vie : ne pas laisser plus de traces qu’un chevreuil de son passage sur Terre. J’aime encore le laisser dérouler sa théorie. Ça commence tout de suite… Bonne écoute !


🧡 Si vous aimez Finta! partagez-le! Finta est un podcast écrit, réalisé et produit par Lola Cros. Il est mixé par le studio Qude. Retrouvez tous les épisodes de Finta! gratuitement sur les applis de podcasts. Plus d'infos sur www.fintapodcast.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je te fais un petit vocal à l'abri de ma voiture. Je veux partager mon sentiment quelques minutes, heures après notre enregistrement. Je suis vraiment fier de ce que j'ai dit, j'ai envie de dire ça, parce que je suis quelqu'un qui n'avait pas du tout confiance en moi il y a quelques années. qui est en train de travailler ça. Et en fait, j'ai l'impression que pendant cet enregistrement, j'ai dit des choses, d'ailleurs plusieurs fois je te l'ai dit, je dis « waouh » , je ne sais pas d'où ça sort, mais j'ai dit des choses que j'avais sur le cœur depuis très longtemps et je voulais partager ça avec toi pour te remercier de ce que tu fais et je trouvais que je ne te l'avais pas assez dit, merci. Et vraiment, ça agit plus que sur les gens qui vont écouter, ça agit aussi sur les gens qui enregistrent.

  • Speaker #1

    un petit partage bisous merci ciao à bientôt hey Finta Finta explorez les basculements d'une époque sentir frémir des énergies voir les ruralités se transformer avec celles et ceux qui les provoquent les repensent les bousculent Finta c'est le podcast qui nourrit des esprits des envies d'agir et des espoirs très concrets à l'échelle locale Finta donne à entendre l'Aveyron à travers celles et ceux qui ont choisi d'habiter, ici et maintenant, de s'engager, aujourd'hui pour demain. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis dix ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. Entre Mickaël Fayret et moi, c'est d'abord l'histoire de rendez-vous ratés et reportés. Nous étions finalement ravis de nous donner rendez-vous dans son lotus, une tente en forme de lotus qui a fleuri sur ses terres cet été. Mais c'était sans compter la pluie, qui sur la toile de tente nous a encore dissuadés. Nous voilà donc à l'abri, à quelques pas, des terres agricoles familiales qu'il accueille sur la commune de Sainte-Croix, voisine de Villefranche-de-Rouergue. Son métier, à lui, c'est d'envoyer des fleurs dans les assiettes de grands chefs. Chaque semaine, ce sont une quarantaine de variétés qui partent aux quatre coins du pays, sur les tables étoilées. Producteur de fleurs et de plantes comestibles, Michael Feiret est aussi botaniste de terrain. La cueillette sauvage qu'il pratique et qu'il transmet fait le lien entre ses souvenirs d'enfance, d'une grand-mère qui cueillait le pissenlit et ajoutait des pâquerettes à sa salade, et des savoirs ancestraux évaporés entre les générations. Alors, avec Michael Feiret, on s'est demandé ce qu'il restait de sauvage. autour de nous. Comment faire revenir une part de sauvage dans notre alimentation, tout en le préservant. Et c'est là que Michael m'a livré l'objectif de sa vie, ne pas laisser plus de traces qu'un chevreuil de son passage sur Terre. Mais j'aime encore le laisser dérouler sa théorie. Et ça commence tout de suite. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Alors on est sur les terres qui sont familiales du coup, de ma belle famille, que j'ai repris pour... créer mon exploitation. Donc on est juste à deux pas de la serre et de la teinte lotus et de la zone un peu de culture extérieure et de collier de sauvage.

  • Speaker #1

    Tu viens de le dire, ce sont des terres agricoles qui appartiennent à ta belle famille. Qu'est-ce qu'on y fait ou qu'est-ce qu'on y faisait sur ces terres ?

  • Speaker #0

    Alors c'est des terres où il y a eu plusieurs cultures qui se sont enchaînées. Il y a eu des cultures très traditionnelles de blé, il y a eu à l'époque des pâturages de brebis. Ensuite, ça a été récupéré par mon beau-frère qui a été marié chez Bio sur ces terres-là. Et du coup, moi, en 2018, qui a lancé mon activité de fleurs comestibles.

  • Speaker #1

    Donc, tu es tout seul aujourd'hui à exploiter cette terre-là ?

  • Speaker #0

    Je suis tout seul aujourd'hui, oui.

  • Speaker #1

    Donc, tu as eu une première vie professionnelle comme assistant vétérinaire. Et puis, il y a eu cet appel de la terre qui a été, a priori, très fort, trop fort en tout cas, pour tout plaquer. et te consacrer à l'agriculture, avec quelle envie ? Qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là pour toi ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai eu un déclic où j'avais comme une déconnexion dans mes idées et la réalité de ce que je travaillais. J'ai toujours rêvé de travailler en extérieur, j'ai toujours rêvé de pouvoir vivre de la nature, c'est vraiment un peu cette idée-là. Et pris après dans le peu d'études que j'ai fait, mais pris un peu dans le système, j'ai envie de dire. Je me suis trouvé une passion pour les animaux et je suis arrivé assistant vétérinaire. Et en fait, au bout de sept ans, l'appel, comme tu dis, l'appel de la nature a été vraiment très puissant parce que dans mes nuits, tous mes rêves étaient dans un champ de fleurs. C'était vraiment, je me voyais coucher dans un champ de fleurs. C'était vraiment quelque chose qui revenait très régulièrement. Jusqu'au jour où j'ai craqué, j'ai dit bon, allez, fais confiance à la vie et on y va. Et on tente de créer quelque chose en tout cas. Et après, les rencontres, on fait plus tard. que la fleur comestible est venue vraiment à moi.

  • Speaker #1

    Ok. Quand tu es assistant vétérinaire, tu es à Ville-le-Neuve d'Aveyron. Tu es originaire d'où toi en fait ?

  • Speaker #0

    Je suis de Ville-le-Neuve. J'ai grandi à Ville-le-Neuve, né à Villefranche. Je suis un pur ouest avéronné.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu savais à ce moment-là des fleurs et de leur culture ? Est-ce que tu te voyais dans une chambre de fleurs cultivées ou dans une prairie dans tes rêves ? C'était quoi les images ?

  • Speaker #0

    Alors c'était plutôt une prairie, effectivement. Je ne connaissais pas grand-chose à ce moment-là de la fleur comestible. Ce qui est revenu, en fait, c'est les premières balades que je faisais avec ma grand-mère, qui était une cueilleuse de pissenlit, comme beaucoup de mamies d'Alaveron. Et ensuite, avec mon père, on a eu pas mal de plantes qui nous ont attirés quand j'étais enfant. Après, il y avait le traditionnel répunchou, mais on commençait à aller goûter quelques plantes, quelques fleurs. Et petit à petit... J'ai ces fleurs qui sont revenues à moi. En fait, la fleur dans l'assiette, ma grand-mère mettait tout le temps deux, trois pâquerettes sur la salade. C'est quelque chose qu'on a eu toujours depuis tout petit.

  • Speaker #1

    Donc, les fleurs sauvages.

  • Speaker #0

    Donc, les fleurs sauvages pour commencer. Donc, il y a des chefs qui sont venus à ma rencontre et qui m'ont raconté qu'ils avaient besoin de fleurs comestibles un peu, entre guillemets, j'allais dire propres, parce qu'il y avait vraiment des gros leaders de la fleur. qui viennent de partout dans le monde, et il n'y avait pas de petits producteurs très naturels qui produisaient de la fleur. Et donc, j'ai commencé à me renseigner sur les variétés de fleurs comestibles cultivées. Et là, en fait, il y a toute une ribambelle de toutes les couleurs qui sont arrivées, et de toutes les saveurs, parce que c'est assez surprenant tout ce qu'on peut retrouver dedans.

  • Speaker #1

    Donc, les chefs dont tu parles, je crois que c'est Laura Peloux, la chef de Villeneuve, et Quentin Bourdi, à Villefranche, ce sont eux qui ont fait...

  • Speaker #0

    Alors, en fait, Laura Peloux, qui était chef à Villeneuve, qui est maintenant à Toulouse... travailler chez Quentin Boudy à ce moment-là. Et en fait, on s'est rencontrés avec Quentin, je me rappellerai tout le temps, sur la petite terrasse de l'univers, sur le balcon au bord de l'Aveyron. Et il m'a donné des listes de plantes qui, eux, les intéressaient, qui retrouvaient, eux aussi, dans les grandes cuisines, ou même quand ils ont fait Top Chef, dans l'économat de Top Chef. Et du coup, c'était des plantes qui les intéressaient vraiment par rapport à leur saveur et de trouver une utilité de la fleur et de la plante dans l'assiette, pas juste de la fleur décorative posée sur une assiette.

  • Speaker #1

    Et donc à ce moment-là, j'imagine que tu sais que tu as les terres à disposition, que tu as cette envie, mais est-ce que c'était évident que les terres étaient adaptées pour la culture de fleurs ou pas ? Est-ce qu'il y a des variétés que tu ne peux pas du tout cultiver ?

  • Speaker #0

    Alors effectivement, j'ai cette terre qui s'est libérée... au moment où le projet est arrivé dans ma tête. Donc, je ne crois pas au hasard, tout se crée assez rapidement quand c'est le bon moment. Donc, mon beau-frère a quitté l'exploitation ici, à la Vallette, quitté l'exploitation maraîchère et m'a dit, si tu veux, moi, la serre qui est en verre est solide, je la laisse sur place, je ne peux pas la déménager. Donc, fais-en quelque chose. Donc là, il y a plein d'idées qui sont arrivées. Et effectivement, il y a des plantes qui ne peuvent pas supporter le calcaire, mais en fait, il n'y a pas pas de plantes qui vont pas pouvoir vivre dans le calcaire. Alors, il doit y en avoir, si, maintenant que je le dis, il y a, par exemple, les plantes pour faire le thé, vraiment, qui vont avoir besoin d'une terre acide. Alors, les citronniers, eux, c'est un peu différent, parce que je les ai plantés dans ma serre, mais j'ai recréé dans la terre des sortes de pots, en fait, qui vont garder de la terre acide. Donc, il y a des plantes qui détestent le calcaire. Ici, on était sur une terre calcaire. Mais il y a toujours des techniques pour arriver à les adapter et à les cultiver.

  • Speaker #1

    Donc tu parles des citrons, oui, tu as toute une partie agrume, et notamment les citrons caviar. Tu as aussi le safran comme culture, en plus des fleurs, aujourd'hui, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Alors c'est ça, en fait, j'ai commencé mon projet, c'était vraiment du citron sous serre. Alors citron caviar, citron combava et citron jaune, c'était la grande idée. Et ensuite, le safran à l'extérieur. Je suis en bord de zone du Safran du Quercy, donc du coup j'avais le droit de pouvoir participer à cette association. Et donc le début a commencé par ça, et le temps que les premières cultures se mettent en place de vraiment d'agrumes. Donc il a fallu que je trouve des porte-greffes qui supportent aussi un peu le calcaire au niveau des citronniers. Et donc j'ai été au festival du citron à Menton pour rencontrer des producteurs de citronniers. Et finalement, ça a fini en Italie, où j'ai trouvé vraiment le porte-greffe que je souhaitais pour mettre sur mes cultures.

  • Speaker #1

    Ok, donc là, on est au début de ton activité, c'est les années 2018, 2019, 2020. C'est ça. 2020, tu es un peu rattrapé par le Covid, le confinement, qui fait que les chefs qui t'ont poussé à te lancer... ferment leur restaurant pendant ce moment-là. Et donc toi, tu choisis de te former ?

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Donc je me suis dit, dès le début, si tu as un coup dur dans l'agriculture, je pense que c'est quelque chose qui arrive régulièrement. Donc je me suis dit, je ne vais pas me laisser abattre. Je vais faire une formation pendant le Covid. En plus, ça s'est tombé bien, il y avait plein de formations à distance, en promotion. Enfin voilà, donc j'ai fait la formation des chemins de la nature. C'est une formation qui normalement est sur Paris. Et pendant le Covid, ils l'ont créée en distanciel. Donc ça a duré six mois. Et c'est une formation d'herbaliste, cueilleur sauvage et botaniste de terrain. Donc botaniste de terrain, c'est une personne qui pourra identifier n'importe quelle plante à partir d'un bouquin spécial botaniste qui s'appelle une flore et qui n'a pas de photo à l'intérieur. Donc c'est que du texte qui va permettre d'identifier des plantes.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    En fait, c'est que des termes botaniques très précis. Donc il faut apprendre tous ces termes-là. Et après, juste en avançant petit à petit dans le livre. On se rend compte que les familles sont classées par des choses particulières et qu'il est relié entre elles, etc. Et petit à petit, on arrive à la variété exacte de la plante.

  • Speaker #1

    Avec que des mots en latin ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas que du latin, il y en a, mais il y a aussi... Non, non, c'est des termes qui, après, ont été traduits en toutes les langues, mais c'est des termes très précis qui vont décrire des petites parties microscopiques de la plante, en fait.

  • Speaker #1

    Ok, et ça vaut aux quatre coins du monde ? Ou tu as une connaissance fine ? d'un territoire en particulier ou de la flore française ?

  • Speaker #0

    Alors la botanique, en général, les termes sont identiques partout dans le monde. Après, il faut voir avec les traductions. Donc c'est là où le latin va énormément aider. Je dirais que moi, je me suis plus spécialisé sur les plantes françaises et les plantes comestibles. Donc il y a beaucoup de plantes que je ne regarde pas forcément. Enfin, je ne les regarde pas, je les regarde, mais je ne vais pas m'en approcher vraiment parce qu'elles sont juste médicinales, par exemple. Et moi, c'est vraiment le côté alimentaire qui va m'intéresser dans la nature.

  • Speaker #1

    Et donc, cette formation, qu'est-ce qu'elle a changé dans ton approche de ton projet agricole ?

  • Speaker #0

    Alors, du coup, elle a changé. Elle a changé que j'ai pu me mettre à commercialiser des plantes sauvages et notamment des petites pousses et des petites feuilles. Donc, je ne suis plus resté que sur la fleur. Je suis parti aussi dans des petites feuilles sauvages. Donc, on a, par exemple, la pousse de vesse qui va avoir un goût de petit pois. La feuille de lierre terrestre qui va avoir des saveurs de sous-bois, qui se marie par exemple avec la fraise, qui va nous rappeler la fraise des bois. Il y a plein de petites plantes aromatiques qui se retrouvent dans la nature et qu'on va pouvoir utiliser après dans l'assiette.

  • Speaker #1

    Et là, ce sont des feuilles que tu trouves autour de Sainte-Croix, dans les chemins qui nous entourent ?

  • Speaker #0

    Alors c'est ça, les communes des alentours doivent m'autoriser la cueillette et la revente. Vu que c'est dans le cadre professionnel, on est obligé d'avoir l'autorisation des mairies. Et donc les mairies des alentours m'ont permis de faire ça. Donc je vais effectivement sur des bords de chemin. Mais alors il faut sélectionner aussi les chemins. C'est quelque chose de hyper important pour moi. C'est que je ne vais pas les récolter sur des bords de route. Des fois, je vois des gens qui ramassent des réponses sur des bords de national. En fait, il y a quand même maintenant des études qui prouvent qu'il y a des produits chimiques qui sont stockés. Notamment tous les carburants et huiles de moteur qui sont stockés dans les fossés. Donc il va falloir vraiment aller sur des coins sauvages et on a la chance en Aveyron d'avoir des milliers de coins sauvages et propres encore.

  • Speaker #1

    Et très vite, les chefs, les mêmes qui t'avaient encouragé, te refont confiance et puis des chefs étoilés entrent aussi parmi tes clients. La reconnaissance vient assez rapidement de ton travail.

  • Speaker #0

    Alors je crois que je me suis installé au bon moment, toujours pareil, quand c'est le moment, c'est le moment. Et effectivement, on n'était pas nombreux en France. à faire de la fleur comestible et de la cueillette sauvage et de l'expédier partout en France. Parce qu'aujourd'hui, je travaille avec des restaurateurs locaux, mais aussi j'expédie partout en France, notamment sur Paris. Chaque semaine, j'ai une dizaine de restaurants sur Paris. Je travaille avec 25 restaurants chaque semaine en France. Et vu que c'était le bon moment, je crois qu'on n'était pas nombreux. Il y avait énormément de demandes à ce moment-là. Donc ça s'est développé effectivement en quelques années. En plus, la reprise juste après le Covid. où on en a eu par-dessus la tête d'être enfermés chez nous. On s'est tous jetés dans les restaurants juste après, parce qu'on avait envie de passer des bons moments conviviales. Et du coup, la demande a été exponentielle.

  • Speaker #1

    Ça s'expédie comment, une fleur ? C'est la question bête, mais juste curiosité.

  • Speaker #0

    En fait, déjà, il n'y a pas de question bête, parce que dans ce monde de la fleur, il y a quand même plein de choses qu'on ne sait pas, en fait. Mais la fleur comestible, ce n'est pas quelque chose de fragile. On a souvent tendance à dire, oh là là, mais ça ne doit pas se conserver une fleur. Alors en fait, les fleurs, quand on les ramasse bien, alors je suis très tatillon sur la récolte, mais quand on les ramasse bien, elles vont se conserver dix jours au frigo. Donc, on peut les expédier en colis frais. Donc, c'est des transporteurs de colis et frigos. Et donc, du coup, c'est de l'express. Je les récolte le mardi, je les mets en barquette le mercredi, j'expédie le mercredi. Et c'est dans les restaurants le jeudi matin.

  • Speaker #1

    Et quoi qu'on te demande le plus ?

  • Speaker #0

    Alors, ça change. J'ai l'impression qu'il y a, selon les périodes de l'année, donc selon les saisons, j'ai envie de dire, il y a des moments où ça va être beaucoup plus qu'il y a de sauvage. Des moments où on va partir vraiment sur de la fleur. Alors, juillet-août, c'est vraiment des couleurs, de la fleur et des saveurs par milliers. Et après l'automne, on va re-rentrer dans une période où c'est plus de l'accueil de sauvages, plus le côté forestier, le côté champignon et tout ça. Je dis champignon, je ne commercialise pas de champignons. Mais retrouver cette idée-là en tout cas. Retrouver l'idée un peu de la forêt.

  • Speaker #1

    Du sous-bois. C'est Quentin Bourdi qui te surnomme le druide. Ça te convient comme surnom ?

  • Speaker #0

    Ouais. Ça me convient. Alors, je ne suis pas druide, parce que le druidisme, c'est plus religieux, finalement. Mais il existe des écoles de druidisme en France. Je n'ai pas fait tout ça, mais en fait, il me surnomme le druide, effectivement, parce que je travaille avec des façons un peu étranges dans mes jardins. Donc, je suis très sensible à tout ce qui est énergétique. Voilà, je ne m'en cache pas trop. Et je fais des expériences dans mes jardins. Donc quand on vient visiter, c'est possible qu'il y ait un menhir en plein milieu du jardin. Il n'y a rien de prouvé en fait que ça va fonctionner ou pas. Mais je pense que soit c'est le bonheur du jardinier qui voit son menhir, qui diffuse son bonheur aux plantes, ou c'est le menhir qui diffuse son bonheur aux plantes. Donc on ne sait pas trop, mais en fait je dirais que je travaille en cosmoculture. Ça s'appelle. Donc c'est un terme, je ne sais même pas s'il existe d'ailleurs, mais c'est moi qui l'ai peut-être inventé, je ne sais pas. Je n'ai jamais regardé vraiment. Mais je travaille avec les énergies de la Terre en général. Et ça marche, ça marche pas, je sais pas. Donc il y a des expériences qui fonctionnent et d'autres non.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, en introduction, tu parlais des cerfs. On n'est pas loin de tes cerfs, mais aussi de ton lotus. On aurait voulu s'y retrouver, mais la pluie en a voulu autrement. Ce lotus, cette tente, tu l'as pensé comme un lieu d'animation aussi pour faire venir ? du public à la ferme et avoir cette démarche de ferme ouverte et de pédagogie ? Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors en fait ça s'est arrivé pendant le confinement aussi, donc mes premières sorties botaniques ont été masquées j'ai été jusqu'à là en fait, quand on avait le droit de se retrouver mais masquée, donc j'ai fait les premières sorties botaniques. J'ai trouvé que c'était bien de pouvoir diffuser ce qu'on savait il y a deux générations, qu'on a oublié et que j'avais réappris pendant la formation et... Je me suis dit, pourquoi pas le partager, en fait, pour qu'on retrouve ça. Alors, des fois, j'entends des gens qui me disent que si on se mettait tous à cueillir pour la nature, ça serait la catastrophe. Je ne sais pas si ça serait la catastrophe. En tout cas, j'adore un proverbe indien d'Amérique. Alors, je vais le dire pas en indien parce que je ne parle pas indien, mais c'est on cueille toujours la septième plante que l'on voit. Donc, si on veut ramasser de la campanule, par exemple, on va laisser six plantes pour la reproduction, pour les animaux. pour les autres humains qui veulent ramasser de la campanule. Et on va consommer la septième. Donc du coup, on en a... Si on fait tout ça, en fait, ça ne va jamais abîmer la nature parce qu'elle va toujours se gérer avec les six reproductrices qu'on va laisser.

  • Speaker #1

    Et quand tu parles des savoirs que l'on avait il y a deux générations, qu'on n'a plus, tu penses à quoi ? C'est de reconnaître d'abord les variétés de fleurs sauvages ?

  • Speaker #0

    En fait, on cueillit... énormément. Donc si on part depuis les chasseurs-cueilleurs à l'époque médiévale, après beaucoup plus tard, on a eu énormément de cueillettes et c'est là où ils ont développé beaucoup de plantes. Alors c'est une période qui me parle énormément aussi vu qu'on est proche des Bastides. Et j'ai animé récemment des sorties où on parlait de botanique et d'histoire. Et en fait on s'aperçoit que beaucoup de choses ont été apprises et découvertes à l'époque médiévale. Et après, petit à petit... Et ça s'est accéléré les deux dernières générations. On a oublié, alors le pourquoi on ne le saura pas, mais il y a sûrement l'industrialisation qui a créé des supermarchés et que c'était vachement plus facile d'aller ramasser une salade dans un étal de supermarché plutôt que dans la nature. Après je ne consomme pas que du sauvage non plus, je vais au marché, etc. Mais je pense que c'est important de retrouver ça. Et j'adore l'idée aussi de se dire que la première des médecines, c'est l'alimentation. Donc plus on va manger des choses naturelles, propres et variées surtout, moins on sera malade. Donc j'ai mis cette idée. Je ne sais pas si c'est très fondé, mais j'ai mis l'idée en tout cas.

  • Speaker #1

    Moi j'ai l'impression que si j'y vais là tout de suite, je suis capable de prendre la seule variété. Absolument interdite à la consommation, par exemple. Est-ce qu'il n'y en a pas beaucoup quand même des variétés à éviter de toute urgence ? Tout ça pour dire qu'il y a quand même grand besoin d'une formation. Et c'est ça que tu as envie aussi de retrouver, de donner des bases pour que tout le monde soit capable d'aller cueillir ?

  • Speaker #0

    Alors ouais, c'est ça. Du coup, l'idée, c'était aussi, au moment où j'ai lancé ces animations, c'était de dire aux gens, attention ! aux plantes, parce que c'est vrai que la plante était redevenue à la mode sur les réseaux sociaux, on commençait à avoir beaucoup de plantes, des gens qui ramassaient des plantes, pardon, dans la nature, et qui les cuisinaient. Et en fait, je me suis dit, oulala, on commence à avoir n'importe quoi, par rapport à ce que j'avais vu en formation. Et en fait, il y a effectivement des plantes très toxiques en France. Je ne sais pas combien il y en a exactement, alors en plus, toxicité, ça ne veut un peu rien dire, parce qu'il y a des plantes qui vont être comestibles seulement cuites. D'autres qu'on peut consommer deux, trois fois par an, mais si on en abuse, elles vont devenir toxiques. Et d'autres, effectivement, où une seule fleur peut tuer un adulte. Donc, je dis tout le temps, quand je prends maintenant des gens en cueillette avec moi, les plantes, c'est comme les champignons. Si on ne connaît pas et qu'on ne peut pas l'identifier à 300%, on ne la touche pas ou on ne la consomme pas. Après, toucher, c'est vraiment une idée qu'on se donne. Si on touche une plante et qu'on ne met pas les doigts à la bouche de suite avec de la sève fraîche, il y a très peu de chances de s'intoxiquer. Et même à un... On ne ramasse pas une plante qu'on ne sait pas si elle est cognostique ou pas.

  • Speaker #1

    Et les gens que tu accueilles, ils viennent avec quelle envie ? Qu'est-ce qu'ils te disent ? Que ça leur rappelle aussi des souvenirs avec une grand-mère ou pas ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai effectivement des gens qui ont déjà quelques petites connaissances dû à ce qu'ils ont vécu plus tôt ou en enfance avec leurs grands-parents. Mais après j'ai aussi la nouvelle génération qui s'intéresse à la nature. et qui ont vraiment envie d'apprendre pour se nourrir autrement et pour voir un futur différent.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a une volonté aussi de sauvegarde, de protection dans tout ce que tu partages ? Protection des milieux naturels ?

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, ça fait partie de mon discours de début de balade. Je parle beaucoup de cueillette éthique, l'histoire que je te racontais tout à l'heure par rapport à ramasser la septième plante. mais aussi de faire bien attention, parce que dans certains livres de plantes comestibles, on va trouver que les bulbes de certaines orchidées sont comestibles. Alors, elles ont été consommées à une période, mais maintenant, toutes les orchidées sont protégées. Donc, il faut vraiment faire attention de se renseigner là où on est, si on peut ramasser telle plante ou pas. Il y a aussi les espaces Natura 2000, on ne va pas aller ramasser les plantes dans ces espaces-là. Donc, il faut vraiment faire attention de ne pas abîmer la nature. Alors, je dis tout le temps quand je prends des gens en balade... Moi, je veux que mon impact ne soit pas plus gros que celui d'un chevreuil. Donc, quand je me balade dans un champ ou dans une haie, je vais ramasser des plantes. Je ne veux pas que derrière, ça se voie que j'ai ramassé des plantes, en fait. Donc, c'est la cueillette éthique que j'appelle ça pour ne pas abîmer la nature. Et c'est vraiment important, je pense, de continuer à la protéger, même si on a déjà fait un pas, mais pas suffisant peut-être. Mais c'est vraiment important.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut faire une expérience ? Est-ce que tu peux imaginer nous décrire une balade pour qu'au micro, sans images, on soit avec toi ?

  • Speaker #0

    Alors là, c'est une drôle d'expérience, mais... Pour décrire une balade, j'ai envie de dire déjà qu'elles ne sont aucune les mêmes. Donc c'est un peu particulier parce que si on vient deux fois dans une balade, ce ne sera pas forcément la même. Il y a des plantes qui vont se recroiser et d'autres qui vont avoir évolué. Donc certaines plantes, on va consommer la racine, mais trois mois après, on va consommer la graine. Donc décrire une balade, c'est assez particulier. Mais alors pour vous donner des images, on pourrait déjà imaginer la rencontre qu'on peut faire devant la salle des fêtes de Sénac. Donc Sénac, c'est un petit village où il y a une salle des fêtes, une église, donc c'est sur la place de l'église. Donc on se retrouve là, et le temps d'attendre tout le monde qui arrive avec les bottes, les caouets et les petits paniers pour pouvoir faire des herbiers. C'est ce que je conseille tout le temps, de venir avec un petit équipement pour récolter, faire un herbier pour pouvoir se rappeler des plantes. Et ensuite, on part tout le temps. On débute la balade sous le grand porche de Sénac. Alors le grand porche de Sénac, c'est une petite porte. La porte des Anglais, qui est une porte médiévale. C'est le trace des remparts qu'il y avait à Sénac. Et ensuite, on part dans les chemins. Et alors là, dans les chemins, c'est des chemins bordés de haies. On commence par des chemins plutôt de castines bordés de haies. On finit dans des chemins plutôt boueux. Et en fait, chaque pas va amener de nouvelles plantes. Ensuite, en fin de balade, on va se retrouver au niveau de la serre. Et donc à la serre, on va ici récolter des plantes, des plantes qui vont plutôt nous servir à décorer nos verrines. C'est quelque chose qui est assez important pour moi de parler de ça, parce que quelque chose qui est beau se digère mieux et donne envie. Et en fait, l'envie, c'est... C'est quand on a un plat devant le nez, en fait, on a envie d'aller y mettre un coup de cuillère dedans. Donc, en fait, c'est ça que j'ai envie vraiment de montrer. Donc, on cueille aussi des fleurs dans la serre. Alors, j'ai ma petite liste de plantes parce que je sais déjà les recettes que je vais faire. Donc, c'est toujours secret pour vous pendant la balade. Et ensuite, on va dans la teinte lotus. Donc là, je propose à tout le monde de s'asseoir et on va... partager une boisson ensemble. Généralement, je fais une boisson à base d'ortie. C'est une digestion d'ortie. Le terme digestion, c'est une infusion à froid. Ensuite, j'attaque mes petites recettes. Là, c'est des mélanges de toutes les saveurs qu'on a ramassées qui vont se diffuser dans la tente. Il y a tout ce qui est chaud et qui cuit qui va amener... Souvent, je fais des choses sucrées en cuisson. Donc il y a une odeur sucrée qui envahit la teinte. Alors vu que c'est rond, les saveurs tournent. Je n'avais jamais imaginé que ça pouvait arriver. Mais en fait, on se croirait dans une marmite quand ça cuit finalement. Et ensuite, il y a le côté mixage, parce que je fais toujours un petit pesto. C'est un peu l'idée signature de ce que je fais. Il y a toujours un pesto. Et donc le pesto, quand il se mixe, c'est pareil, il envoie pas mal de saveurs. Donc voilà, après c'est un mélange de saveurs et ça se termine par une longue discussion en dégustant ce qu'on a cuisiné ensemble. Voilà un peu l'idée de la balade botanique.

  • Speaker #1

    Et tu avais un projet, je veux bien te demander où tu en es, d'un cratère. Donc c'était dans une retenue d'eau qui est présente sur tes terres. Oui, c'est ça. Une ancienne retenue d'eau et donc de la transformer en amphithéâtre végétal dans lequel on pourrait retrouver toutes les variétés florales. avec lesquels l'homme a cohabité depuis qu'il vit ici, sur le COS. Où est-ce que tu en es de ce projet ?

  • Speaker #0

    Alors, le projet, du coup, n'est pas passé au niveau du financement de la région.

  • Speaker #1

    En fait, tous les habitants de la région Occitanie pouvaient voter dans le cadre d'un budget participatif.

  • Speaker #0

    Donc, effectivement, l'idée, c'est de restructurer cette ancienne structure hydraulique. Donc, c'était un lac collinaire, une retenue d'eau qui est assez petite, mais qui s'est percée et qu'on n'arrive plus à faire retenir l'eau. Donc, la solution, ce serait de la bâcher. et d'en faire une petite bassine. Mais j'en ai pas le besoin, parce que j'ai une autre petite retenue, un petit lac en-dessus, qui est nourri par un puits, donc j'ai pas vraiment besoin pour arroser mes cultures. Donc l'idée, ça serait de la restructurer, comme tu disais, et de recréer les biotopes à Véronée. Donc il y aurait de la tourbière, il y aurait une zone caillouteuse, et vu que c'est une espèce de cratère, on dirait un cratère de volcan, et à l'intérieur, du coup, on a toutes les expositions. nord-sud, est-ouest, donc il y a le soleil, il y a l'ombre, il y a tout. Et donc l'idée, ça serait d'en faire cet amphithéâtre et de faire une ferme pédagogique végétale pour réapprendre tout ça et pouvoir observer tout ce qu'on peut cueillir en cueillette sauvage, mais dans un jardin botanique, en fait, tout simplement. Et en plus de ça, du coup, le projet a mûri. Donc il y a cette tente lotus qui est arrivée. Donc la tente lotus, c'est une tente qui est en forme de bouton de fleur de lotus. Et cette tente, ça va me permettre de faire mes animations à l'intérieur, d'avoir une zone abritée. Mais j'aimerais dans le futur pouvoir accueillir les scolaires sur place ou les centres aérés. J'ai été à un moment de ma vie animateur faune, autour des insectes. Donc c'était vraiment quelque chose qui me parle. Et alors en fait, dans un jardin de fleurs, des insectes, c'était pas un millier. Donc c'est super pour les enfants d'aller découvrir tout ce monde-là.

  • Speaker #1

    Tu parlais tout à l'heure, j'aime bien l'idée de ton chevreuil, de ne pas être plus encombrant qu'un chevreuil. Qu'est-ce qu'il reste de sauvage finalement autour de nous ?

  • Speaker #0

    Comme une plante ?

  • Speaker #1

    C'est une question philosophique,

  • Speaker #0

    je te le propose.

  • Speaker #1

    Là, on parle de cueillette sauvage, de plantes sauvages, mais en fait, on est dans des paysages où il ne reste pas grand-chose en vrai de sauvage.

  • Speaker #0

    Alors, je ne suis pas forcément si pessimiste que ça. J'ai envie de dire qu'il reste plein de choses. En fait, j'ai l'impression qu'on a l'impression qu'il y a tout qui disparaît. Mais c'est peut-être qu'on n'a pas les yeux qui s'adaptent à ce qu'il y a. Alors, effectivement, c'est une question philosophique. Mais autour de moi, les gens que je me rends compte, notamment ma compagne, comme... commence à regarder les oiseaux et les plantes, plusieurs fois, elle m'a dit, mais c'est incroyable le nombre d'oiseaux qu'il y a, alors que je n'avais jamais remarqué avant de te rencontrer. Donc, je pense qu'il reste beaucoup de choses et c'est nos yeux qui ne se posent pas dessus.

  • Speaker #1

    Même dans des paysages hyper façonnés ?

  • Speaker #0

    Oui, même en plein cœur de la ville. C'est ce que j'ai fait récemment, j'ai animé des sorties carrément dans les ruelles. Et en fait, il y a... plein de plantes et plein d'animaux qui peuvent passer dans les ruelles. Alors, c'est souvent la nuit et du coup, quand l'humain disparaît. Mais en fait, il reste plein de choses qui vont se passer même dans les villes. Et alors, je pense que c'est peut-être aussi il y a quelques années, effectivement, avec les désherbants et tout ça, il n'y avait plus rien. Mais maintenant, on se retrouve à avoir des ruelles toutes végétalisées et donc le végétal attire l'animal.

  • Speaker #1

    Donc, tu es plutôt optimiste.

  • Speaker #0

    Ben ouais.

  • Speaker #1

    Ça fait du bien de l'entendre. Qu'est-ce qu'elle dit, la flore sauvage d'un territoire ?

  • Speaker #0

    Alors, elle peut dire plein de choses. Pour l'écouter, c'est plus compliqué. C'est rigolo que tu dises ça, parce que j'adore l'idée de la sylviothérapie. La sylviothérapie, c'est la thérapie par les arbres. Donc, elle peut dire plein de choses, mais il suffit juste d'arriver à éteindre son mental et d'écouter ses sentiments. Donc ça, c'est pour le côté un peu plus spirituel. Mais j'ai une petite machine qu'on connecte avec des électrodes sur les arbres. Et parfois, dans mes balades botaniques, je la prends. Et alors, avec les enfants, ça marche trop bien. En fait, ça transforme les micropulsations du végétal en musique. Donc on a de la musique classique souvent qui ressort, mais chaque plante a sa vibration, en fait. Donc c'est super intéressant de faire parler les plantes par ce biais-là. Après, c'est plutôt de la méditation qu'on va faire avec ces musiques-là. Et alors, pour parler plus terre à terre, les plantes peuvent dire plein de choses. Donc quand on se retrouve envahi, par exemple, de l'iseron ou d'autres plantes, c'est forcément que la terre a un problème. Donc est-ce que c'est la plante qui parle ou c'est la terre qui parle ? Je ne sais pas, mais en tout cas, la plante est là pour rééquilibrer la terre. Donc soit par son feuillage qui va pourrir, et va nourrir la terre. Ça, c'est pour des plantes qui vont plutôt amener beaucoup d'humus. Et il y a d'autres plantes qui vont avoir des racines pivotantes très profondes pour pouvoir décompacter la terre. Donc, si on a des invasions de plantes, c'est que la terre nous parle.

  • Speaker #1

    Donc là, c'est le cas du lison, tu disais, qui est un indicateur.

  • Speaker #0

    De terre trop tassée, ça c'est vraiment... Après, chaque plante est vraiment très précise sur ce qu'elle indique. Il y a des bouquins qui en parlent très, très bien. Il y a d'autres plantes qui vont être liées au surpâturage. On commence à avoir beaucoup de panicots. Le panicot, c'est une sorte de petit chardon à fleurs bleutées qui est magnifique, qui est comestible d'ailleurs et qui a un goût très intéressant, très aromatique. Ça pique un peu, donc il faut savoir le récolter au bon moment. Et ça, c'est les prairies qui sont surpâturées, par exemple, qui vont développer beaucoup de panicots.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu aurais imaginé faire ce métier, ce projet, ailleurs qu'ici ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je n'ai jamais pensé à ça.

  • Speaker #1

    Quand je dis ailleurs qu'ici, ça veut dire dans un territoire dans lequel tu n'as pas grandi, dans lequel tu n'as pas tes souvenirs, tes habitudes. J'entends, est-ce que tu aurais eu le même plaisir à le faire ailleurs ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense qu'en fait, partout, c'est intéressant. Alors, en plein cœur d'une ville, c'est compliqué. Mais en fait, quand je vais me balader sur l'Aubrac, par exemple, donc plutôt en montagne, Il y a d'autres plantes qui arrivent, donc je suis toujours émerveillé de voir des nouvelles plantes que je ne vois pas chez moi. Quand je vais en bord de mer aussi, c'est pareil. Donc je pense qu'un peu partout, il y a des saveurs en fait. Moi, je vois vraiment le monde en saveurs. Et quand on est au bord de mer, on va se retrouver à des saveurs plutôt iodées, anisées. Alors qu'en montagne, on va être plutôt sur des saveurs forestières. Alors il y a des plantes sur l'Aubrac qui vont rappeler vraiment les odeurs qu'on sent quand on fait une randonnée. Et quoi ? Il y a plein de... Je trouve que partout, c'est intéressant.

  • Speaker #1

    Je suis arrivée, donc on est quand même très triste de se retrouver dans une petite cuisine alors qu'on rêvait de cette teinte lotus. Tu avais l'air tout triste. Est-ce qu'il y a une fleur là, laquelle tu penses qui pourrait décrire ton humeur du jour ? Celle d'en parler,

  • Speaker #0

    de t'occuper, quoi, après. Oui, je réfléchissais, mais je dirais le cosmos. Le cosmos, parce qu'il a le cœur plein d'étoiles, j'adore cette idée-là. Mais par contre, quand il est tout mouillé, il est super moche et il a les pétales qui tombent.

  • Speaker #1

    Il ressemble à quoi ?

  • Speaker #0

    Le cosmos, c'est une fleur... Il y a plusieurs couleurs, finalement, dans le cosmos. On va avoir des couleurs qui sont très... dans le parme, le violet, le rose, le blanc. Et donc avec ce cœur tout étoilé, c'est pour ça qu'il s'appelle le cosmos. Et en fait, quand il est tout mouillé, il a les pétales qui sont toutes retombantes, on dirait qu'elles sont gluantes, c'est pas très joli. Alors que quand il est en plein soleil, il est magnifique, il attire tous les insectes. Donc je dirais que c'est le cosmos qui nous rappelle un peu la pluie et le côté maussade de l'enregistrement dans une cuisine.

  • Speaker #1

    Mais le soleil va ressortir et le cosmos reprendra sa superbe. J'ai une question rituelle. pour les invités, c'est toujours la dernière. En quoi est-ce que tu crois ?

  • Speaker #0

    Alors, je dirais que je crois à l'avenir et je crois à la nature, en fait. Vraiment. Mais c'est vraiment très puissant quand je le dis. En fait, j'ai le cœur qui palpite parce que j'ai une foi à la vie, en fait, et à la nature qui est hyper puissante. Et du coup, je... Je souhaite à tout le monde qui a des rêves de réaliser leurs rêves et que la nature va arriver à tout créer. Donc faisons confiance en fait. Je crois à la vie.

  • Speaker #1

    Et même en l'homme au milieu de cette nature-là ?

  • Speaker #0

    Il en fait partie, donc il va falloir l'inclure. Mais voilà, je crois, je dirais, au petit homme qu'on est.

  • Speaker #1

    Ça veut dire quoi ?

  • Speaker #0

    J'ai du mal à croire aux grands hommes dirigeants et aux gros pollueurs, j'ai beaucoup de mal à y croire. Mais je me dis que s'ils y sont, c'est qu'il y en a sûrement besoin pour le moment. Quand je dis le petit homme, je me considère petit homme dans la nature, dans l'univers. Je crois qu'on peut faire beaucoup de choses sans trop se prendre la tête non plus. Il ne faut pas que ça devienne... Quelque chose qui nous empêche de vivre. Mais ouais, il faut faire confiance, je crois.

  • Speaker #1

    Ça veut dire qu'il faut un peu d'humilité ?

  • Speaker #0

    Ouais. Moi, j'ai l'impression que face à la nature, je me courbe un peu. Je fais une petite révérence quand même. Parce que c'est... C'est grâce à elle qu'il y a tout ce qu'il y a autour de nous. Donc même le moindre objet, même le micro qu'on a sur la table, il est fabriqué à partir d'éléments de la nature. Alors c'est sûrement du pétrole qui vient de... Pas les meilleurs, oui. Voilà, mais en fait, c'est la nature qui l'a transformé. L'humain, je crois qu'on fait juste du modelage de matière, mais on déplace la matière finalement, et c'est là où peut-être on va polluer énormément. Mais tout est créé par la nature.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi. Je vais t'enlever, c'est ce que je dis.

  • Speaker #1

    Je t'ai lancé sur de la philosophie.

  • Speaker #0

    Je ne savais pas que j'étais aussi philosophe.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager, peut-être. Si vous souhaitez continuer la discussion, je suis toujours curieuse de vous lire et d'échanger. Je vous propose que l'on se retrouve sur Facebook, sur Instagram. ou sur le site fintapodcast.fr. Vous pouvez retrouver tous les précédents épisodes de Finta gratuitement sur les applications de podcast, et pour recevoir chaque nouvel épisode directement dans votre boîte mail, vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter. Et pour que Finta vive, si vous appréciez le podcast et que vous souhaitez soutenir ce travail indépendant, partagez-le autour de vous. Consférez-le à vos amis, parlez-en, c'est le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. A très bientôt.

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Entre Michaël Fayret et moi, c’est d’abord l’histoire de rendez-vous ratés et reportés. Nous étions finalement ravis de nous donner rendez-vous dans son lotus, une tente en forme de lotus qui a fleuri sur ses terres cet été. Mais c’était sans compter la pluie qui, sur la toile de tente, nous a dissuadés. Nous voilà donc à l’abri, à quelques pas des terres agricoles familiales qui l’accueillent, sur la commune de Sainte-Croix, voisine de Villefranche-de-Rouergue.


Son métier, c’est d’envoyer des fleurs dans les assiettes de grands chefs. Chaque semaine, ce sont une quarantaine de variétés qui partent aux quatre coins du pays. Producteur de fleurs et de plantes comestibles, Michaël Fayret est aussi botaniste de terrain. La cueillette sauvage, qu’il pratique et qu’il transmet, fait le lien entre ses souvenirs d’enfance, d’une grand-mère qui cueillait le pissenlit et ajoutait des pâquerettes à chaque salade, et des savoirs ancestraux évaporés entre les générations.


Alors, avec Michaël Fayret, on s’est demandé ce qu’il restait de sauvage autour de nous, comment faire revenir une part de sauvage dans notre alimentation tout en le préservant. Et c’est là que Michaël m’a livré l’objectif de sa vie : ne pas laisser plus de traces qu’un chevreuil de son passage sur Terre. J’aime encore le laisser dérouler sa théorie. Ça commence tout de suite… Bonne écoute !


🧡 Si vous aimez Finta! partagez-le! Finta est un podcast écrit, réalisé et produit par Lola Cros. Il est mixé par le studio Qude. Retrouvez tous les épisodes de Finta! gratuitement sur les applis de podcasts. Plus d'infos sur www.fintapodcast.fr


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Transcription

  • Speaker #0

    Je te fais un petit vocal à l'abri de ma voiture. Je veux partager mon sentiment quelques minutes, heures après notre enregistrement. Je suis vraiment fier de ce que j'ai dit, j'ai envie de dire ça, parce que je suis quelqu'un qui n'avait pas du tout confiance en moi il y a quelques années. qui est en train de travailler ça. Et en fait, j'ai l'impression que pendant cet enregistrement, j'ai dit des choses, d'ailleurs plusieurs fois je te l'ai dit, je dis « waouh » , je ne sais pas d'où ça sort, mais j'ai dit des choses que j'avais sur le cœur depuis très longtemps et je voulais partager ça avec toi pour te remercier de ce que tu fais et je trouvais que je ne te l'avais pas assez dit, merci. Et vraiment, ça agit plus que sur les gens qui vont écouter, ça agit aussi sur les gens qui enregistrent.

  • Speaker #1

    un petit partage bisous merci ciao à bientôt hey Finta Finta explorez les basculements d'une époque sentir frémir des énergies voir les ruralités se transformer avec celles et ceux qui les provoquent les repensent les bousculent Finta c'est le podcast qui nourrit des esprits des envies d'agir et des espoirs très concrets à l'échelle locale Finta donne à entendre l'Aveyron à travers celles et ceux qui ont choisi d'habiter, ici et maintenant, de s'engager, aujourd'hui pour demain. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis dix ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. Entre Mickaël Fayret et moi, c'est d'abord l'histoire de rendez-vous ratés et reportés. Nous étions finalement ravis de nous donner rendez-vous dans son lotus, une tente en forme de lotus qui a fleuri sur ses terres cet été. Mais c'était sans compter la pluie, qui sur la toile de tente nous a encore dissuadés. Nous voilà donc à l'abri, à quelques pas, des terres agricoles familiales qu'il accueille sur la commune de Sainte-Croix, voisine de Villefranche-de-Rouergue. Son métier, à lui, c'est d'envoyer des fleurs dans les assiettes de grands chefs. Chaque semaine, ce sont une quarantaine de variétés qui partent aux quatre coins du pays, sur les tables étoilées. Producteur de fleurs et de plantes comestibles, Michael Feiret est aussi botaniste de terrain. La cueillette sauvage qu'il pratique et qu'il transmet fait le lien entre ses souvenirs d'enfance, d'une grand-mère qui cueillait le pissenlit et ajoutait des pâquerettes à sa salade, et des savoirs ancestraux évaporés entre les générations. Alors, avec Michael Feiret, on s'est demandé ce qu'il restait de sauvage. autour de nous. Comment faire revenir une part de sauvage dans notre alimentation, tout en le préservant. Et c'est là que Michael m'a livré l'objectif de sa vie, ne pas laisser plus de traces qu'un chevreuil de son passage sur Terre. Mais j'aime encore le laisser dérouler sa théorie. Et ça commence tout de suite. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Alors on est sur les terres qui sont familiales du coup, de ma belle famille, que j'ai repris pour... créer mon exploitation. Donc on est juste à deux pas de la serre et de la teinte lotus et de la zone un peu de culture extérieure et de collier de sauvage.

  • Speaker #1

    Tu viens de le dire, ce sont des terres agricoles qui appartiennent à ta belle famille. Qu'est-ce qu'on y fait ou qu'est-ce qu'on y faisait sur ces terres ?

  • Speaker #0

    Alors c'est des terres où il y a eu plusieurs cultures qui se sont enchaînées. Il y a eu des cultures très traditionnelles de blé, il y a eu à l'époque des pâturages de brebis. Ensuite, ça a été récupéré par mon beau-frère qui a été marié chez Bio sur ces terres-là. Et du coup, moi, en 2018, qui a lancé mon activité de fleurs comestibles.

  • Speaker #1

    Donc, tu es tout seul aujourd'hui à exploiter cette terre-là ?

  • Speaker #0

    Je suis tout seul aujourd'hui, oui.

  • Speaker #1

    Donc, tu as eu une première vie professionnelle comme assistant vétérinaire. Et puis, il y a eu cet appel de la terre qui a été, a priori, très fort, trop fort en tout cas, pour tout plaquer. et te consacrer à l'agriculture, avec quelle envie ? Qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là pour toi ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai eu un déclic où j'avais comme une déconnexion dans mes idées et la réalité de ce que je travaillais. J'ai toujours rêvé de travailler en extérieur, j'ai toujours rêvé de pouvoir vivre de la nature, c'est vraiment un peu cette idée-là. Et pris après dans le peu d'études que j'ai fait, mais pris un peu dans le système, j'ai envie de dire. Je me suis trouvé une passion pour les animaux et je suis arrivé assistant vétérinaire. Et en fait, au bout de sept ans, l'appel, comme tu dis, l'appel de la nature a été vraiment très puissant parce que dans mes nuits, tous mes rêves étaient dans un champ de fleurs. C'était vraiment, je me voyais coucher dans un champ de fleurs. C'était vraiment quelque chose qui revenait très régulièrement. Jusqu'au jour où j'ai craqué, j'ai dit bon, allez, fais confiance à la vie et on y va. Et on tente de créer quelque chose en tout cas. Et après, les rencontres, on fait plus tard. que la fleur comestible est venue vraiment à moi.

  • Speaker #1

    Ok. Quand tu es assistant vétérinaire, tu es à Ville-le-Neuve d'Aveyron. Tu es originaire d'où toi en fait ?

  • Speaker #0

    Je suis de Ville-le-Neuve. J'ai grandi à Ville-le-Neuve, né à Villefranche. Je suis un pur ouest avéronné.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu savais à ce moment-là des fleurs et de leur culture ? Est-ce que tu te voyais dans une chambre de fleurs cultivées ou dans une prairie dans tes rêves ? C'était quoi les images ?

  • Speaker #0

    Alors c'était plutôt une prairie, effectivement. Je ne connaissais pas grand-chose à ce moment-là de la fleur comestible. Ce qui est revenu, en fait, c'est les premières balades que je faisais avec ma grand-mère, qui était une cueilleuse de pissenlit, comme beaucoup de mamies d'Alaveron. Et ensuite, avec mon père, on a eu pas mal de plantes qui nous ont attirés quand j'étais enfant. Après, il y avait le traditionnel répunchou, mais on commençait à aller goûter quelques plantes, quelques fleurs. Et petit à petit... J'ai ces fleurs qui sont revenues à moi. En fait, la fleur dans l'assiette, ma grand-mère mettait tout le temps deux, trois pâquerettes sur la salade. C'est quelque chose qu'on a eu toujours depuis tout petit.

  • Speaker #1

    Donc, les fleurs sauvages.

  • Speaker #0

    Donc, les fleurs sauvages pour commencer. Donc, il y a des chefs qui sont venus à ma rencontre et qui m'ont raconté qu'ils avaient besoin de fleurs comestibles un peu, entre guillemets, j'allais dire propres, parce qu'il y avait vraiment des gros leaders de la fleur. qui viennent de partout dans le monde, et il n'y avait pas de petits producteurs très naturels qui produisaient de la fleur. Et donc, j'ai commencé à me renseigner sur les variétés de fleurs comestibles cultivées. Et là, en fait, il y a toute une ribambelle de toutes les couleurs qui sont arrivées, et de toutes les saveurs, parce que c'est assez surprenant tout ce qu'on peut retrouver dedans.

  • Speaker #1

    Donc, les chefs dont tu parles, je crois que c'est Laura Peloux, la chef de Villeneuve, et Quentin Bourdi, à Villefranche, ce sont eux qui ont fait...

  • Speaker #0

    Alors, en fait, Laura Peloux, qui était chef à Villeneuve, qui est maintenant à Toulouse... travailler chez Quentin Boudy à ce moment-là. Et en fait, on s'est rencontrés avec Quentin, je me rappellerai tout le temps, sur la petite terrasse de l'univers, sur le balcon au bord de l'Aveyron. Et il m'a donné des listes de plantes qui, eux, les intéressaient, qui retrouvaient, eux aussi, dans les grandes cuisines, ou même quand ils ont fait Top Chef, dans l'économat de Top Chef. Et du coup, c'était des plantes qui les intéressaient vraiment par rapport à leur saveur et de trouver une utilité de la fleur et de la plante dans l'assiette, pas juste de la fleur décorative posée sur une assiette.

  • Speaker #1

    Et donc à ce moment-là, j'imagine que tu sais que tu as les terres à disposition, que tu as cette envie, mais est-ce que c'était évident que les terres étaient adaptées pour la culture de fleurs ou pas ? Est-ce qu'il y a des variétés que tu ne peux pas du tout cultiver ?

  • Speaker #0

    Alors effectivement, j'ai cette terre qui s'est libérée... au moment où le projet est arrivé dans ma tête. Donc, je ne crois pas au hasard, tout se crée assez rapidement quand c'est le bon moment. Donc, mon beau-frère a quitté l'exploitation ici, à la Vallette, quitté l'exploitation maraîchère et m'a dit, si tu veux, moi, la serre qui est en verre est solide, je la laisse sur place, je ne peux pas la déménager. Donc, fais-en quelque chose. Donc là, il y a plein d'idées qui sont arrivées. Et effectivement, il y a des plantes qui ne peuvent pas supporter le calcaire, mais en fait, il n'y a pas pas de plantes qui vont pas pouvoir vivre dans le calcaire. Alors, il doit y en avoir, si, maintenant que je le dis, il y a, par exemple, les plantes pour faire le thé, vraiment, qui vont avoir besoin d'une terre acide. Alors, les citronniers, eux, c'est un peu différent, parce que je les ai plantés dans ma serre, mais j'ai recréé dans la terre des sortes de pots, en fait, qui vont garder de la terre acide. Donc, il y a des plantes qui détestent le calcaire. Ici, on était sur une terre calcaire. Mais il y a toujours des techniques pour arriver à les adapter et à les cultiver.

  • Speaker #1

    Donc tu parles des citrons, oui, tu as toute une partie agrume, et notamment les citrons caviar. Tu as aussi le safran comme culture, en plus des fleurs, aujourd'hui, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Alors c'est ça, en fait, j'ai commencé mon projet, c'était vraiment du citron sous serre. Alors citron caviar, citron combava et citron jaune, c'était la grande idée. Et ensuite, le safran à l'extérieur. Je suis en bord de zone du Safran du Quercy, donc du coup j'avais le droit de pouvoir participer à cette association. Et donc le début a commencé par ça, et le temps que les premières cultures se mettent en place de vraiment d'agrumes. Donc il a fallu que je trouve des porte-greffes qui supportent aussi un peu le calcaire au niveau des citronniers. Et donc j'ai été au festival du citron à Menton pour rencontrer des producteurs de citronniers. Et finalement, ça a fini en Italie, où j'ai trouvé vraiment le porte-greffe que je souhaitais pour mettre sur mes cultures.

  • Speaker #1

    Ok, donc là, on est au début de ton activité, c'est les années 2018, 2019, 2020. C'est ça. 2020, tu es un peu rattrapé par le Covid, le confinement, qui fait que les chefs qui t'ont poussé à te lancer... ferment leur restaurant pendant ce moment-là. Et donc toi, tu choisis de te former ?

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Donc je me suis dit, dès le début, si tu as un coup dur dans l'agriculture, je pense que c'est quelque chose qui arrive régulièrement. Donc je me suis dit, je ne vais pas me laisser abattre. Je vais faire une formation pendant le Covid. En plus, ça s'est tombé bien, il y avait plein de formations à distance, en promotion. Enfin voilà, donc j'ai fait la formation des chemins de la nature. C'est une formation qui normalement est sur Paris. Et pendant le Covid, ils l'ont créée en distanciel. Donc ça a duré six mois. Et c'est une formation d'herbaliste, cueilleur sauvage et botaniste de terrain. Donc botaniste de terrain, c'est une personne qui pourra identifier n'importe quelle plante à partir d'un bouquin spécial botaniste qui s'appelle une flore et qui n'a pas de photo à l'intérieur. Donc c'est que du texte qui va permettre d'identifier des plantes.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    En fait, c'est que des termes botaniques très précis. Donc il faut apprendre tous ces termes-là. Et après, juste en avançant petit à petit dans le livre. On se rend compte que les familles sont classées par des choses particulières et qu'il est relié entre elles, etc. Et petit à petit, on arrive à la variété exacte de la plante.

  • Speaker #1

    Avec que des mots en latin ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas que du latin, il y en a, mais il y a aussi... Non, non, c'est des termes qui, après, ont été traduits en toutes les langues, mais c'est des termes très précis qui vont décrire des petites parties microscopiques de la plante, en fait.

  • Speaker #1

    Ok, et ça vaut aux quatre coins du monde ? Ou tu as une connaissance fine ? d'un territoire en particulier ou de la flore française ?

  • Speaker #0

    Alors la botanique, en général, les termes sont identiques partout dans le monde. Après, il faut voir avec les traductions. Donc c'est là où le latin va énormément aider. Je dirais que moi, je me suis plus spécialisé sur les plantes françaises et les plantes comestibles. Donc il y a beaucoup de plantes que je ne regarde pas forcément. Enfin, je ne les regarde pas, je les regarde, mais je ne vais pas m'en approcher vraiment parce qu'elles sont juste médicinales, par exemple. Et moi, c'est vraiment le côté alimentaire qui va m'intéresser dans la nature.

  • Speaker #1

    Et donc, cette formation, qu'est-ce qu'elle a changé dans ton approche de ton projet agricole ?

  • Speaker #0

    Alors, du coup, elle a changé. Elle a changé que j'ai pu me mettre à commercialiser des plantes sauvages et notamment des petites pousses et des petites feuilles. Donc, je ne suis plus resté que sur la fleur. Je suis parti aussi dans des petites feuilles sauvages. Donc, on a, par exemple, la pousse de vesse qui va avoir un goût de petit pois. La feuille de lierre terrestre qui va avoir des saveurs de sous-bois, qui se marie par exemple avec la fraise, qui va nous rappeler la fraise des bois. Il y a plein de petites plantes aromatiques qui se retrouvent dans la nature et qu'on va pouvoir utiliser après dans l'assiette.

  • Speaker #1

    Et là, ce sont des feuilles que tu trouves autour de Sainte-Croix, dans les chemins qui nous entourent ?

  • Speaker #0

    Alors c'est ça, les communes des alentours doivent m'autoriser la cueillette et la revente. Vu que c'est dans le cadre professionnel, on est obligé d'avoir l'autorisation des mairies. Et donc les mairies des alentours m'ont permis de faire ça. Donc je vais effectivement sur des bords de chemin. Mais alors il faut sélectionner aussi les chemins. C'est quelque chose de hyper important pour moi. C'est que je ne vais pas les récolter sur des bords de route. Des fois, je vois des gens qui ramassent des réponses sur des bords de national. En fait, il y a quand même maintenant des études qui prouvent qu'il y a des produits chimiques qui sont stockés. Notamment tous les carburants et huiles de moteur qui sont stockés dans les fossés. Donc il va falloir vraiment aller sur des coins sauvages et on a la chance en Aveyron d'avoir des milliers de coins sauvages et propres encore.

  • Speaker #1

    Et très vite, les chefs, les mêmes qui t'avaient encouragé, te refont confiance et puis des chefs étoilés entrent aussi parmi tes clients. La reconnaissance vient assez rapidement de ton travail.

  • Speaker #0

    Alors je crois que je me suis installé au bon moment, toujours pareil, quand c'est le moment, c'est le moment. Et effectivement, on n'était pas nombreux en France. à faire de la fleur comestible et de la cueillette sauvage et de l'expédier partout en France. Parce qu'aujourd'hui, je travaille avec des restaurateurs locaux, mais aussi j'expédie partout en France, notamment sur Paris. Chaque semaine, j'ai une dizaine de restaurants sur Paris. Je travaille avec 25 restaurants chaque semaine en France. Et vu que c'était le bon moment, je crois qu'on n'était pas nombreux. Il y avait énormément de demandes à ce moment-là. Donc ça s'est développé effectivement en quelques années. En plus, la reprise juste après le Covid. où on en a eu par-dessus la tête d'être enfermés chez nous. On s'est tous jetés dans les restaurants juste après, parce qu'on avait envie de passer des bons moments conviviales. Et du coup, la demande a été exponentielle.

  • Speaker #1

    Ça s'expédie comment, une fleur ? C'est la question bête, mais juste curiosité.

  • Speaker #0

    En fait, déjà, il n'y a pas de question bête, parce que dans ce monde de la fleur, il y a quand même plein de choses qu'on ne sait pas, en fait. Mais la fleur comestible, ce n'est pas quelque chose de fragile. On a souvent tendance à dire, oh là là, mais ça ne doit pas se conserver une fleur. Alors en fait, les fleurs, quand on les ramasse bien, alors je suis très tatillon sur la récolte, mais quand on les ramasse bien, elles vont se conserver dix jours au frigo. Donc, on peut les expédier en colis frais. Donc, c'est des transporteurs de colis et frigos. Et donc, du coup, c'est de l'express. Je les récolte le mardi, je les mets en barquette le mercredi, j'expédie le mercredi. Et c'est dans les restaurants le jeudi matin.

  • Speaker #1

    Et quoi qu'on te demande le plus ?

  • Speaker #0

    Alors, ça change. J'ai l'impression qu'il y a, selon les périodes de l'année, donc selon les saisons, j'ai envie de dire, il y a des moments où ça va être beaucoup plus qu'il y a de sauvage. Des moments où on va partir vraiment sur de la fleur. Alors, juillet-août, c'est vraiment des couleurs, de la fleur et des saveurs par milliers. Et après l'automne, on va re-rentrer dans une période où c'est plus de l'accueil de sauvages, plus le côté forestier, le côté champignon et tout ça. Je dis champignon, je ne commercialise pas de champignons. Mais retrouver cette idée-là en tout cas. Retrouver l'idée un peu de la forêt.

  • Speaker #1

    Du sous-bois. C'est Quentin Bourdi qui te surnomme le druide. Ça te convient comme surnom ?

  • Speaker #0

    Ouais. Ça me convient. Alors, je ne suis pas druide, parce que le druidisme, c'est plus religieux, finalement. Mais il existe des écoles de druidisme en France. Je n'ai pas fait tout ça, mais en fait, il me surnomme le druide, effectivement, parce que je travaille avec des façons un peu étranges dans mes jardins. Donc, je suis très sensible à tout ce qui est énergétique. Voilà, je ne m'en cache pas trop. Et je fais des expériences dans mes jardins. Donc quand on vient visiter, c'est possible qu'il y ait un menhir en plein milieu du jardin. Il n'y a rien de prouvé en fait que ça va fonctionner ou pas. Mais je pense que soit c'est le bonheur du jardinier qui voit son menhir, qui diffuse son bonheur aux plantes, ou c'est le menhir qui diffuse son bonheur aux plantes. Donc on ne sait pas trop, mais en fait je dirais que je travaille en cosmoculture. Ça s'appelle. Donc c'est un terme, je ne sais même pas s'il existe d'ailleurs, mais c'est moi qui l'ai peut-être inventé, je ne sais pas. Je n'ai jamais regardé vraiment. Mais je travaille avec les énergies de la Terre en général. Et ça marche, ça marche pas, je sais pas. Donc il y a des expériences qui fonctionnent et d'autres non.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, en introduction, tu parlais des cerfs. On n'est pas loin de tes cerfs, mais aussi de ton lotus. On aurait voulu s'y retrouver, mais la pluie en a voulu autrement. Ce lotus, cette tente, tu l'as pensé comme un lieu d'animation aussi pour faire venir ? du public à la ferme et avoir cette démarche de ferme ouverte et de pédagogie ? Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors en fait ça s'est arrivé pendant le confinement aussi, donc mes premières sorties botaniques ont été masquées j'ai été jusqu'à là en fait, quand on avait le droit de se retrouver mais masquée, donc j'ai fait les premières sorties botaniques. J'ai trouvé que c'était bien de pouvoir diffuser ce qu'on savait il y a deux générations, qu'on a oublié et que j'avais réappris pendant la formation et... Je me suis dit, pourquoi pas le partager, en fait, pour qu'on retrouve ça. Alors, des fois, j'entends des gens qui me disent que si on se mettait tous à cueillir pour la nature, ça serait la catastrophe. Je ne sais pas si ça serait la catastrophe. En tout cas, j'adore un proverbe indien d'Amérique. Alors, je vais le dire pas en indien parce que je ne parle pas indien, mais c'est on cueille toujours la septième plante que l'on voit. Donc, si on veut ramasser de la campanule, par exemple, on va laisser six plantes pour la reproduction, pour les animaux. pour les autres humains qui veulent ramasser de la campanule. Et on va consommer la septième. Donc du coup, on en a... Si on fait tout ça, en fait, ça ne va jamais abîmer la nature parce qu'elle va toujours se gérer avec les six reproductrices qu'on va laisser.

  • Speaker #1

    Et quand tu parles des savoirs que l'on avait il y a deux générations, qu'on n'a plus, tu penses à quoi ? C'est de reconnaître d'abord les variétés de fleurs sauvages ?

  • Speaker #0

    En fait, on cueillit... énormément. Donc si on part depuis les chasseurs-cueilleurs à l'époque médiévale, après beaucoup plus tard, on a eu énormément de cueillettes et c'est là où ils ont développé beaucoup de plantes. Alors c'est une période qui me parle énormément aussi vu qu'on est proche des Bastides. Et j'ai animé récemment des sorties où on parlait de botanique et d'histoire. Et en fait on s'aperçoit que beaucoup de choses ont été apprises et découvertes à l'époque médiévale. Et après, petit à petit... Et ça s'est accéléré les deux dernières générations. On a oublié, alors le pourquoi on ne le saura pas, mais il y a sûrement l'industrialisation qui a créé des supermarchés et que c'était vachement plus facile d'aller ramasser une salade dans un étal de supermarché plutôt que dans la nature. Après je ne consomme pas que du sauvage non plus, je vais au marché, etc. Mais je pense que c'est important de retrouver ça. Et j'adore l'idée aussi de se dire que la première des médecines, c'est l'alimentation. Donc plus on va manger des choses naturelles, propres et variées surtout, moins on sera malade. Donc j'ai mis cette idée. Je ne sais pas si c'est très fondé, mais j'ai mis l'idée en tout cas.

  • Speaker #1

    Moi j'ai l'impression que si j'y vais là tout de suite, je suis capable de prendre la seule variété. Absolument interdite à la consommation, par exemple. Est-ce qu'il n'y en a pas beaucoup quand même des variétés à éviter de toute urgence ? Tout ça pour dire qu'il y a quand même grand besoin d'une formation. Et c'est ça que tu as envie aussi de retrouver, de donner des bases pour que tout le monde soit capable d'aller cueillir ?

  • Speaker #0

    Alors ouais, c'est ça. Du coup, l'idée, c'était aussi, au moment où j'ai lancé ces animations, c'était de dire aux gens, attention ! aux plantes, parce que c'est vrai que la plante était redevenue à la mode sur les réseaux sociaux, on commençait à avoir beaucoup de plantes, des gens qui ramassaient des plantes, pardon, dans la nature, et qui les cuisinaient. Et en fait, je me suis dit, oulala, on commence à avoir n'importe quoi, par rapport à ce que j'avais vu en formation. Et en fait, il y a effectivement des plantes très toxiques en France. Je ne sais pas combien il y en a exactement, alors en plus, toxicité, ça ne veut un peu rien dire, parce qu'il y a des plantes qui vont être comestibles seulement cuites. D'autres qu'on peut consommer deux, trois fois par an, mais si on en abuse, elles vont devenir toxiques. Et d'autres, effectivement, où une seule fleur peut tuer un adulte. Donc, je dis tout le temps, quand je prends maintenant des gens en cueillette avec moi, les plantes, c'est comme les champignons. Si on ne connaît pas et qu'on ne peut pas l'identifier à 300%, on ne la touche pas ou on ne la consomme pas. Après, toucher, c'est vraiment une idée qu'on se donne. Si on touche une plante et qu'on ne met pas les doigts à la bouche de suite avec de la sève fraîche, il y a très peu de chances de s'intoxiquer. Et même à un... On ne ramasse pas une plante qu'on ne sait pas si elle est cognostique ou pas.

  • Speaker #1

    Et les gens que tu accueilles, ils viennent avec quelle envie ? Qu'est-ce qu'ils te disent ? Que ça leur rappelle aussi des souvenirs avec une grand-mère ou pas ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai effectivement des gens qui ont déjà quelques petites connaissances dû à ce qu'ils ont vécu plus tôt ou en enfance avec leurs grands-parents. Mais après j'ai aussi la nouvelle génération qui s'intéresse à la nature. et qui ont vraiment envie d'apprendre pour se nourrir autrement et pour voir un futur différent.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a une volonté aussi de sauvegarde, de protection dans tout ce que tu partages ? Protection des milieux naturels ?

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, ça fait partie de mon discours de début de balade. Je parle beaucoup de cueillette éthique, l'histoire que je te racontais tout à l'heure par rapport à ramasser la septième plante. mais aussi de faire bien attention, parce que dans certains livres de plantes comestibles, on va trouver que les bulbes de certaines orchidées sont comestibles. Alors, elles ont été consommées à une période, mais maintenant, toutes les orchidées sont protégées. Donc, il faut vraiment faire attention de se renseigner là où on est, si on peut ramasser telle plante ou pas. Il y a aussi les espaces Natura 2000, on ne va pas aller ramasser les plantes dans ces espaces-là. Donc, il faut vraiment faire attention de ne pas abîmer la nature. Alors, je dis tout le temps quand je prends des gens en balade... Moi, je veux que mon impact ne soit pas plus gros que celui d'un chevreuil. Donc, quand je me balade dans un champ ou dans une haie, je vais ramasser des plantes. Je ne veux pas que derrière, ça se voie que j'ai ramassé des plantes, en fait. Donc, c'est la cueillette éthique que j'appelle ça pour ne pas abîmer la nature. Et c'est vraiment important, je pense, de continuer à la protéger, même si on a déjà fait un pas, mais pas suffisant peut-être. Mais c'est vraiment important.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut faire une expérience ? Est-ce que tu peux imaginer nous décrire une balade pour qu'au micro, sans images, on soit avec toi ?

  • Speaker #0

    Alors là, c'est une drôle d'expérience, mais... Pour décrire une balade, j'ai envie de dire déjà qu'elles ne sont aucune les mêmes. Donc c'est un peu particulier parce que si on vient deux fois dans une balade, ce ne sera pas forcément la même. Il y a des plantes qui vont se recroiser et d'autres qui vont avoir évolué. Donc certaines plantes, on va consommer la racine, mais trois mois après, on va consommer la graine. Donc décrire une balade, c'est assez particulier. Mais alors pour vous donner des images, on pourrait déjà imaginer la rencontre qu'on peut faire devant la salle des fêtes de Sénac. Donc Sénac, c'est un petit village où il y a une salle des fêtes, une église, donc c'est sur la place de l'église. Donc on se retrouve là, et le temps d'attendre tout le monde qui arrive avec les bottes, les caouets et les petits paniers pour pouvoir faire des herbiers. C'est ce que je conseille tout le temps, de venir avec un petit équipement pour récolter, faire un herbier pour pouvoir se rappeler des plantes. Et ensuite, on part tout le temps. On débute la balade sous le grand porche de Sénac. Alors le grand porche de Sénac, c'est une petite porte. La porte des Anglais, qui est une porte médiévale. C'est le trace des remparts qu'il y avait à Sénac. Et ensuite, on part dans les chemins. Et alors là, dans les chemins, c'est des chemins bordés de haies. On commence par des chemins plutôt de castines bordés de haies. On finit dans des chemins plutôt boueux. Et en fait, chaque pas va amener de nouvelles plantes. Ensuite, en fin de balade, on va se retrouver au niveau de la serre. Et donc à la serre, on va ici récolter des plantes, des plantes qui vont plutôt nous servir à décorer nos verrines. C'est quelque chose qui est assez important pour moi de parler de ça, parce que quelque chose qui est beau se digère mieux et donne envie. Et en fait, l'envie, c'est... C'est quand on a un plat devant le nez, en fait, on a envie d'aller y mettre un coup de cuillère dedans. Donc, en fait, c'est ça que j'ai envie vraiment de montrer. Donc, on cueille aussi des fleurs dans la serre. Alors, j'ai ma petite liste de plantes parce que je sais déjà les recettes que je vais faire. Donc, c'est toujours secret pour vous pendant la balade. Et ensuite, on va dans la teinte lotus. Donc là, je propose à tout le monde de s'asseoir et on va... partager une boisson ensemble. Généralement, je fais une boisson à base d'ortie. C'est une digestion d'ortie. Le terme digestion, c'est une infusion à froid. Ensuite, j'attaque mes petites recettes. Là, c'est des mélanges de toutes les saveurs qu'on a ramassées qui vont se diffuser dans la tente. Il y a tout ce qui est chaud et qui cuit qui va amener... Souvent, je fais des choses sucrées en cuisson. Donc il y a une odeur sucrée qui envahit la teinte. Alors vu que c'est rond, les saveurs tournent. Je n'avais jamais imaginé que ça pouvait arriver. Mais en fait, on se croirait dans une marmite quand ça cuit finalement. Et ensuite, il y a le côté mixage, parce que je fais toujours un petit pesto. C'est un peu l'idée signature de ce que je fais. Il y a toujours un pesto. Et donc le pesto, quand il se mixe, c'est pareil, il envoie pas mal de saveurs. Donc voilà, après c'est un mélange de saveurs et ça se termine par une longue discussion en dégustant ce qu'on a cuisiné ensemble. Voilà un peu l'idée de la balade botanique.

  • Speaker #1

    Et tu avais un projet, je veux bien te demander où tu en es, d'un cratère. Donc c'était dans une retenue d'eau qui est présente sur tes terres. Oui, c'est ça. Une ancienne retenue d'eau et donc de la transformer en amphithéâtre végétal dans lequel on pourrait retrouver toutes les variétés florales. avec lesquels l'homme a cohabité depuis qu'il vit ici, sur le COS. Où est-ce que tu en es de ce projet ?

  • Speaker #0

    Alors, le projet, du coup, n'est pas passé au niveau du financement de la région.

  • Speaker #1

    En fait, tous les habitants de la région Occitanie pouvaient voter dans le cadre d'un budget participatif.

  • Speaker #0

    Donc, effectivement, l'idée, c'est de restructurer cette ancienne structure hydraulique. Donc, c'était un lac collinaire, une retenue d'eau qui est assez petite, mais qui s'est percée et qu'on n'arrive plus à faire retenir l'eau. Donc, la solution, ce serait de la bâcher. et d'en faire une petite bassine. Mais j'en ai pas le besoin, parce que j'ai une autre petite retenue, un petit lac en-dessus, qui est nourri par un puits, donc j'ai pas vraiment besoin pour arroser mes cultures. Donc l'idée, ça serait de la restructurer, comme tu disais, et de recréer les biotopes à Véronée. Donc il y aurait de la tourbière, il y aurait une zone caillouteuse, et vu que c'est une espèce de cratère, on dirait un cratère de volcan, et à l'intérieur, du coup, on a toutes les expositions. nord-sud, est-ouest, donc il y a le soleil, il y a l'ombre, il y a tout. Et donc l'idée, ça serait d'en faire cet amphithéâtre et de faire une ferme pédagogique végétale pour réapprendre tout ça et pouvoir observer tout ce qu'on peut cueillir en cueillette sauvage, mais dans un jardin botanique, en fait, tout simplement. Et en plus de ça, du coup, le projet a mûri. Donc il y a cette tente lotus qui est arrivée. Donc la tente lotus, c'est une tente qui est en forme de bouton de fleur de lotus. Et cette tente, ça va me permettre de faire mes animations à l'intérieur, d'avoir une zone abritée. Mais j'aimerais dans le futur pouvoir accueillir les scolaires sur place ou les centres aérés. J'ai été à un moment de ma vie animateur faune, autour des insectes. Donc c'était vraiment quelque chose qui me parle. Et alors en fait, dans un jardin de fleurs, des insectes, c'était pas un millier. Donc c'est super pour les enfants d'aller découvrir tout ce monde-là.

  • Speaker #1

    Tu parlais tout à l'heure, j'aime bien l'idée de ton chevreuil, de ne pas être plus encombrant qu'un chevreuil. Qu'est-ce qu'il reste de sauvage finalement autour de nous ?

  • Speaker #0

    Comme une plante ?

  • Speaker #1

    C'est une question philosophique,

  • Speaker #0

    je te le propose.

  • Speaker #1

    Là, on parle de cueillette sauvage, de plantes sauvages, mais en fait, on est dans des paysages où il ne reste pas grand-chose en vrai de sauvage.

  • Speaker #0

    Alors, je ne suis pas forcément si pessimiste que ça. J'ai envie de dire qu'il reste plein de choses. En fait, j'ai l'impression qu'on a l'impression qu'il y a tout qui disparaît. Mais c'est peut-être qu'on n'a pas les yeux qui s'adaptent à ce qu'il y a. Alors, effectivement, c'est une question philosophique. Mais autour de moi, les gens que je me rends compte, notamment ma compagne, comme... commence à regarder les oiseaux et les plantes, plusieurs fois, elle m'a dit, mais c'est incroyable le nombre d'oiseaux qu'il y a, alors que je n'avais jamais remarqué avant de te rencontrer. Donc, je pense qu'il reste beaucoup de choses et c'est nos yeux qui ne se posent pas dessus.

  • Speaker #1

    Même dans des paysages hyper façonnés ?

  • Speaker #0

    Oui, même en plein cœur de la ville. C'est ce que j'ai fait récemment, j'ai animé des sorties carrément dans les ruelles. Et en fait, il y a... plein de plantes et plein d'animaux qui peuvent passer dans les ruelles. Alors, c'est souvent la nuit et du coup, quand l'humain disparaît. Mais en fait, il reste plein de choses qui vont se passer même dans les villes. Et alors, je pense que c'est peut-être aussi il y a quelques années, effectivement, avec les désherbants et tout ça, il n'y avait plus rien. Mais maintenant, on se retrouve à avoir des ruelles toutes végétalisées et donc le végétal attire l'animal.

  • Speaker #1

    Donc, tu es plutôt optimiste.

  • Speaker #0

    Ben ouais.

  • Speaker #1

    Ça fait du bien de l'entendre. Qu'est-ce qu'elle dit, la flore sauvage d'un territoire ?

  • Speaker #0

    Alors, elle peut dire plein de choses. Pour l'écouter, c'est plus compliqué. C'est rigolo que tu dises ça, parce que j'adore l'idée de la sylviothérapie. La sylviothérapie, c'est la thérapie par les arbres. Donc, elle peut dire plein de choses, mais il suffit juste d'arriver à éteindre son mental et d'écouter ses sentiments. Donc ça, c'est pour le côté un peu plus spirituel. Mais j'ai une petite machine qu'on connecte avec des électrodes sur les arbres. Et parfois, dans mes balades botaniques, je la prends. Et alors, avec les enfants, ça marche trop bien. En fait, ça transforme les micropulsations du végétal en musique. Donc on a de la musique classique souvent qui ressort, mais chaque plante a sa vibration, en fait. Donc c'est super intéressant de faire parler les plantes par ce biais-là. Après, c'est plutôt de la méditation qu'on va faire avec ces musiques-là. Et alors, pour parler plus terre à terre, les plantes peuvent dire plein de choses. Donc quand on se retrouve envahi, par exemple, de l'iseron ou d'autres plantes, c'est forcément que la terre a un problème. Donc est-ce que c'est la plante qui parle ou c'est la terre qui parle ? Je ne sais pas, mais en tout cas, la plante est là pour rééquilibrer la terre. Donc soit par son feuillage qui va pourrir, et va nourrir la terre. Ça, c'est pour des plantes qui vont plutôt amener beaucoup d'humus. Et il y a d'autres plantes qui vont avoir des racines pivotantes très profondes pour pouvoir décompacter la terre. Donc, si on a des invasions de plantes, c'est que la terre nous parle.

  • Speaker #1

    Donc là, c'est le cas du lison, tu disais, qui est un indicateur.

  • Speaker #0

    De terre trop tassée, ça c'est vraiment... Après, chaque plante est vraiment très précise sur ce qu'elle indique. Il y a des bouquins qui en parlent très, très bien. Il y a d'autres plantes qui vont être liées au surpâturage. On commence à avoir beaucoup de panicots. Le panicot, c'est une sorte de petit chardon à fleurs bleutées qui est magnifique, qui est comestible d'ailleurs et qui a un goût très intéressant, très aromatique. Ça pique un peu, donc il faut savoir le récolter au bon moment. Et ça, c'est les prairies qui sont surpâturées, par exemple, qui vont développer beaucoup de panicots.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu aurais imaginé faire ce métier, ce projet, ailleurs qu'ici ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je n'ai jamais pensé à ça.

  • Speaker #1

    Quand je dis ailleurs qu'ici, ça veut dire dans un territoire dans lequel tu n'as pas grandi, dans lequel tu n'as pas tes souvenirs, tes habitudes. J'entends, est-ce que tu aurais eu le même plaisir à le faire ailleurs ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense qu'en fait, partout, c'est intéressant. Alors, en plein cœur d'une ville, c'est compliqué. Mais en fait, quand je vais me balader sur l'Aubrac, par exemple, donc plutôt en montagne, Il y a d'autres plantes qui arrivent, donc je suis toujours émerveillé de voir des nouvelles plantes que je ne vois pas chez moi. Quand je vais en bord de mer aussi, c'est pareil. Donc je pense qu'un peu partout, il y a des saveurs en fait. Moi, je vois vraiment le monde en saveurs. Et quand on est au bord de mer, on va se retrouver à des saveurs plutôt iodées, anisées. Alors qu'en montagne, on va être plutôt sur des saveurs forestières. Alors il y a des plantes sur l'Aubrac qui vont rappeler vraiment les odeurs qu'on sent quand on fait une randonnée. Et quoi ? Il y a plein de... Je trouve que partout, c'est intéressant.

  • Speaker #1

    Je suis arrivée, donc on est quand même très triste de se retrouver dans une petite cuisine alors qu'on rêvait de cette teinte lotus. Tu avais l'air tout triste. Est-ce qu'il y a une fleur là, laquelle tu penses qui pourrait décrire ton humeur du jour ? Celle d'en parler,

  • Speaker #0

    de t'occuper, quoi, après. Oui, je réfléchissais, mais je dirais le cosmos. Le cosmos, parce qu'il a le cœur plein d'étoiles, j'adore cette idée-là. Mais par contre, quand il est tout mouillé, il est super moche et il a les pétales qui tombent.

  • Speaker #1

    Il ressemble à quoi ?

  • Speaker #0

    Le cosmos, c'est une fleur... Il y a plusieurs couleurs, finalement, dans le cosmos. On va avoir des couleurs qui sont très... dans le parme, le violet, le rose, le blanc. Et donc avec ce cœur tout étoilé, c'est pour ça qu'il s'appelle le cosmos. Et en fait, quand il est tout mouillé, il a les pétales qui sont toutes retombantes, on dirait qu'elles sont gluantes, c'est pas très joli. Alors que quand il est en plein soleil, il est magnifique, il attire tous les insectes. Donc je dirais que c'est le cosmos qui nous rappelle un peu la pluie et le côté maussade de l'enregistrement dans une cuisine.

  • Speaker #1

    Mais le soleil va ressortir et le cosmos reprendra sa superbe. J'ai une question rituelle. pour les invités, c'est toujours la dernière. En quoi est-ce que tu crois ?

  • Speaker #0

    Alors, je dirais que je crois à l'avenir et je crois à la nature, en fait. Vraiment. Mais c'est vraiment très puissant quand je le dis. En fait, j'ai le cœur qui palpite parce que j'ai une foi à la vie, en fait, et à la nature qui est hyper puissante. Et du coup, je... Je souhaite à tout le monde qui a des rêves de réaliser leurs rêves et que la nature va arriver à tout créer. Donc faisons confiance en fait. Je crois à la vie.

  • Speaker #1

    Et même en l'homme au milieu de cette nature-là ?

  • Speaker #0

    Il en fait partie, donc il va falloir l'inclure. Mais voilà, je crois, je dirais, au petit homme qu'on est.

  • Speaker #1

    Ça veut dire quoi ?

  • Speaker #0

    J'ai du mal à croire aux grands hommes dirigeants et aux gros pollueurs, j'ai beaucoup de mal à y croire. Mais je me dis que s'ils y sont, c'est qu'il y en a sûrement besoin pour le moment. Quand je dis le petit homme, je me considère petit homme dans la nature, dans l'univers. Je crois qu'on peut faire beaucoup de choses sans trop se prendre la tête non plus. Il ne faut pas que ça devienne... Quelque chose qui nous empêche de vivre. Mais ouais, il faut faire confiance, je crois.

  • Speaker #1

    Ça veut dire qu'il faut un peu d'humilité ?

  • Speaker #0

    Ouais. Moi, j'ai l'impression que face à la nature, je me courbe un peu. Je fais une petite révérence quand même. Parce que c'est... C'est grâce à elle qu'il y a tout ce qu'il y a autour de nous. Donc même le moindre objet, même le micro qu'on a sur la table, il est fabriqué à partir d'éléments de la nature. Alors c'est sûrement du pétrole qui vient de... Pas les meilleurs, oui. Voilà, mais en fait, c'est la nature qui l'a transformé. L'humain, je crois qu'on fait juste du modelage de matière, mais on déplace la matière finalement, et c'est là où peut-être on va polluer énormément. Mais tout est créé par la nature.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi. Je vais t'enlever, c'est ce que je dis.

  • Speaker #1

    Je t'ai lancé sur de la philosophie.

  • Speaker #0

    Je ne savais pas que j'étais aussi philosophe.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager, peut-être. Si vous souhaitez continuer la discussion, je suis toujours curieuse de vous lire et d'échanger. Je vous propose que l'on se retrouve sur Facebook, sur Instagram. ou sur le site fintapodcast.fr. Vous pouvez retrouver tous les précédents épisodes de Finta gratuitement sur les applications de podcast, et pour recevoir chaque nouvel épisode directement dans votre boîte mail, vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter. Et pour que Finta vive, si vous appréciez le podcast et que vous souhaitez soutenir ce travail indépendant, partagez-le autour de vous. Consférez-le à vos amis, parlez-en, c'est le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. A très bientôt.

Description

Entre Michaël Fayret et moi, c’est d’abord l’histoire de rendez-vous ratés et reportés. Nous étions finalement ravis de nous donner rendez-vous dans son lotus, une tente en forme de lotus qui a fleuri sur ses terres cet été. Mais c’était sans compter la pluie qui, sur la toile de tente, nous a dissuadés. Nous voilà donc à l’abri, à quelques pas des terres agricoles familiales qui l’accueillent, sur la commune de Sainte-Croix, voisine de Villefranche-de-Rouergue.


Son métier, c’est d’envoyer des fleurs dans les assiettes de grands chefs. Chaque semaine, ce sont une quarantaine de variétés qui partent aux quatre coins du pays. Producteur de fleurs et de plantes comestibles, Michaël Fayret est aussi botaniste de terrain. La cueillette sauvage, qu’il pratique et qu’il transmet, fait le lien entre ses souvenirs d’enfance, d’une grand-mère qui cueillait le pissenlit et ajoutait des pâquerettes à chaque salade, et des savoirs ancestraux évaporés entre les générations.


Alors, avec Michaël Fayret, on s’est demandé ce qu’il restait de sauvage autour de nous, comment faire revenir une part de sauvage dans notre alimentation tout en le préservant. Et c’est là que Michaël m’a livré l’objectif de sa vie : ne pas laisser plus de traces qu’un chevreuil de son passage sur Terre. J’aime encore le laisser dérouler sa théorie. Ça commence tout de suite… Bonne écoute !


🧡 Si vous aimez Finta! partagez-le! Finta est un podcast écrit, réalisé et produit par Lola Cros. Il est mixé par le studio Qude. Retrouvez tous les épisodes de Finta! gratuitement sur les applis de podcasts. Plus d'infos sur www.fintapodcast.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je te fais un petit vocal à l'abri de ma voiture. Je veux partager mon sentiment quelques minutes, heures après notre enregistrement. Je suis vraiment fier de ce que j'ai dit, j'ai envie de dire ça, parce que je suis quelqu'un qui n'avait pas du tout confiance en moi il y a quelques années. qui est en train de travailler ça. Et en fait, j'ai l'impression que pendant cet enregistrement, j'ai dit des choses, d'ailleurs plusieurs fois je te l'ai dit, je dis « waouh » , je ne sais pas d'où ça sort, mais j'ai dit des choses que j'avais sur le cœur depuis très longtemps et je voulais partager ça avec toi pour te remercier de ce que tu fais et je trouvais que je ne te l'avais pas assez dit, merci. Et vraiment, ça agit plus que sur les gens qui vont écouter, ça agit aussi sur les gens qui enregistrent.

  • Speaker #1

    un petit partage bisous merci ciao à bientôt hey Finta Finta explorez les basculements d'une époque sentir frémir des énergies voir les ruralités se transformer avec celles et ceux qui les provoquent les repensent les bousculent Finta c'est le podcast qui nourrit des esprits des envies d'agir et des espoirs très concrets à l'échelle locale Finta donne à entendre l'Aveyron à travers celles et ceux qui ont choisi d'habiter, ici et maintenant, de s'engager, aujourd'hui pour demain. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis dix ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. Entre Mickaël Fayret et moi, c'est d'abord l'histoire de rendez-vous ratés et reportés. Nous étions finalement ravis de nous donner rendez-vous dans son lotus, une tente en forme de lotus qui a fleuri sur ses terres cet été. Mais c'était sans compter la pluie, qui sur la toile de tente nous a encore dissuadés. Nous voilà donc à l'abri, à quelques pas, des terres agricoles familiales qu'il accueille sur la commune de Sainte-Croix, voisine de Villefranche-de-Rouergue. Son métier, à lui, c'est d'envoyer des fleurs dans les assiettes de grands chefs. Chaque semaine, ce sont une quarantaine de variétés qui partent aux quatre coins du pays, sur les tables étoilées. Producteur de fleurs et de plantes comestibles, Michael Feiret est aussi botaniste de terrain. La cueillette sauvage qu'il pratique et qu'il transmet fait le lien entre ses souvenirs d'enfance, d'une grand-mère qui cueillait le pissenlit et ajoutait des pâquerettes à sa salade, et des savoirs ancestraux évaporés entre les générations. Alors, avec Michael Feiret, on s'est demandé ce qu'il restait de sauvage. autour de nous. Comment faire revenir une part de sauvage dans notre alimentation, tout en le préservant. Et c'est là que Michael m'a livré l'objectif de sa vie, ne pas laisser plus de traces qu'un chevreuil de son passage sur Terre. Mais j'aime encore le laisser dérouler sa théorie. Et ça commence tout de suite. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Alors on est sur les terres qui sont familiales du coup, de ma belle famille, que j'ai repris pour... créer mon exploitation. Donc on est juste à deux pas de la serre et de la teinte lotus et de la zone un peu de culture extérieure et de collier de sauvage.

  • Speaker #1

    Tu viens de le dire, ce sont des terres agricoles qui appartiennent à ta belle famille. Qu'est-ce qu'on y fait ou qu'est-ce qu'on y faisait sur ces terres ?

  • Speaker #0

    Alors c'est des terres où il y a eu plusieurs cultures qui se sont enchaînées. Il y a eu des cultures très traditionnelles de blé, il y a eu à l'époque des pâturages de brebis. Ensuite, ça a été récupéré par mon beau-frère qui a été marié chez Bio sur ces terres-là. Et du coup, moi, en 2018, qui a lancé mon activité de fleurs comestibles.

  • Speaker #1

    Donc, tu es tout seul aujourd'hui à exploiter cette terre-là ?

  • Speaker #0

    Je suis tout seul aujourd'hui, oui.

  • Speaker #1

    Donc, tu as eu une première vie professionnelle comme assistant vétérinaire. Et puis, il y a eu cet appel de la terre qui a été, a priori, très fort, trop fort en tout cas, pour tout plaquer. et te consacrer à l'agriculture, avec quelle envie ? Qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là pour toi ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai eu un déclic où j'avais comme une déconnexion dans mes idées et la réalité de ce que je travaillais. J'ai toujours rêvé de travailler en extérieur, j'ai toujours rêvé de pouvoir vivre de la nature, c'est vraiment un peu cette idée-là. Et pris après dans le peu d'études que j'ai fait, mais pris un peu dans le système, j'ai envie de dire. Je me suis trouvé une passion pour les animaux et je suis arrivé assistant vétérinaire. Et en fait, au bout de sept ans, l'appel, comme tu dis, l'appel de la nature a été vraiment très puissant parce que dans mes nuits, tous mes rêves étaient dans un champ de fleurs. C'était vraiment, je me voyais coucher dans un champ de fleurs. C'était vraiment quelque chose qui revenait très régulièrement. Jusqu'au jour où j'ai craqué, j'ai dit bon, allez, fais confiance à la vie et on y va. Et on tente de créer quelque chose en tout cas. Et après, les rencontres, on fait plus tard. que la fleur comestible est venue vraiment à moi.

  • Speaker #1

    Ok. Quand tu es assistant vétérinaire, tu es à Ville-le-Neuve d'Aveyron. Tu es originaire d'où toi en fait ?

  • Speaker #0

    Je suis de Ville-le-Neuve. J'ai grandi à Ville-le-Neuve, né à Villefranche. Je suis un pur ouest avéronné.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu savais à ce moment-là des fleurs et de leur culture ? Est-ce que tu te voyais dans une chambre de fleurs cultivées ou dans une prairie dans tes rêves ? C'était quoi les images ?

  • Speaker #0

    Alors c'était plutôt une prairie, effectivement. Je ne connaissais pas grand-chose à ce moment-là de la fleur comestible. Ce qui est revenu, en fait, c'est les premières balades que je faisais avec ma grand-mère, qui était une cueilleuse de pissenlit, comme beaucoup de mamies d'Alaveron. Et ensuite, avec mon père, on a eu pas mal de plantes qui nous ont attirés quand j'étais enfant. Après, il y avait le traditionnel répunchou, mais on commençait à aller goûter quelques plantes, quelques fleurs. Et petit à petit... J'ai ces fleurs qui sont revenues à moi. En fait, la fleur dans l'assiette, ma grand-mère mettait tout le temps deux, trois pâquerettes sur la salade. C'est quelque chose qu'on a eu toujours depuis tout petit.

  • Speaker #1

    Donc, les fleurs sauvages.

  • Speaker #0

    Donc, les fleurs sauvages pour commencer. Donc, il y a des chefs qui sont venus à ma rencontre et qui m'ont raconté qu'ils avaient besoin de fleurs comestibles un peu, entre guillemets, j'allais dire propres, parce qu'il y avait vraiment des gros leaders de la fleur. qui viennent de partout dans le monde, et il n'y avait pas de petits producteurs très naturels qui produisaient de la fleur. Et donc, j'ai commencé à me renseigner sur les variétés de fleurs comestibles cultivées. Et là, en fait, il y a toute une ribambelle de toutes les couleurs qui sont arrivées, et de toutes les saveurs, parce que c'est assez surprenant tout ce qu'on peut retrouver dedans.

  • Speaker #1

    Donc, les chefs dont tu parles, je crois que c'est Laura Peloux, la chef de Villeneuve, et Quentin Bourdi, à Villefranche, ce sont eux qui ont fait...

  • Speaker #0

    Alors, en fait, Laura Peloux, qui était chef à Villeneuve, qui est maintenant à Toulouse... travailler chez Quentin Boudy à ce moment-là. Et en fait, on s'est rencontrés avec Quentin, je me rappellerai tout le temps, sur la petite terrasse de l'univers, sur le balcon au bord de l'Aveyron. Et il m'a donné des listes de plantes qui, eux, les intéressaient, qui retrouvaient, eux aussi, dans les grandes cuisines, ou même quand ils ont fait Top Chef, dans l'économat de Top Chef. Et du coup, c'était des plantes qui les intéressaient vraiment par rapport à leur saveur et de trouver une utilité de la fleur et de la plante dans l'assiette, pas juste de la fleur décorative posée sur une assiette.

  • Speaker #1

    Et donc à ce moment-là, j'imagine que tu sais que tu as les terres à disposition, que tu as cette envie, mais est-ce que c'était évident que les terres étaient adaptées pour la culture de fleurs ou pas ? Est-ce qu'il y a des variétés que tu ne peux pas du tout cultiver ?

  • Speaker #0

    Alors effectivement, j'ai cette terre qui s'est libérée... au moment où le projet est arrivé dans ma tête. Donc, je ne crois pas au hasard, tout se crée assez rapidement quand c'est le bon moment. Donc, mon beau-frère a quitté l'exploitation ici, à la Vallette, quitté l'exploitation maraîchère et m'a dit, si tu veux, moi, la serre qui est en verre est solide, je la laisse sur place, je ne peux pas la déménager. Donc, fais-en quelque chose. Donc là, il y a plein d'idées qui sont arrivées. Et effectivement, il y a des plantes qui ne peuvent pas supporter le calcaire, mais en fait, il n'y a pas pas de plantes qui vont pas pouvoir vivre dans le calcaire. Alors, il doit y en avoir, si, maintenant que je le dis, il y a, par exemple, les plantes pour faire le thé, vraiment, qui vont avoir besoin d'une terre acide. Alors, les citronniers, eux, c'est un peu différent, parce que je les ai plantés dans ma serre, mais j'ai recréé dans la terre des sortes de pots, en fait, qui vont garder de la terre acide. Donc, il y a des plantes qui détestent le calcaire. Ici, on était sur une terre calcaire. Mais il y a toujours des techniques pour arriver à les adapter et à les cultiver.

  • Speaker #1

    Donc tu parles des citrons, oui, tu as toute une partie agrume, et notamment les citrons caviar. Tu as aussi le safran comme culture, en plus des fleurs, aujourd'hui, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Alors c'est ça, en fait, j'ai commencé mon projet, c'était vraiment du citron sous serre. Alors citron caviar, citron combava et citron jaune, c'était la grande idée. Et ensuite, le safran à l'extérieur. Je suis en bord de zone du Safran du Quercy, donc du coup j'avais le droit de pouvoir participer à cette association. Et donc le début a commencé par ça, et le temps que les premières cultures se mettent en place de vraiment d'agrumes. Donc il a fallu que je trouve des porte-greffes qui supportent aussi un peu le calcaire au niveau des citronniers. Et donc j'ai été au festival du citron à Menton pour rencontrer des producteurs de citronniers. Et finalement, ça a fini en Italie, où j'ai trouvé vraiment le porte-greffe que je souhaitais pour mettre sur mes cultures.

  • Speaker #1

    Ok, donc là, on est au début de ton activité, c'est les années 2018, 2019, 2020. C'est ça. 2020, tu es un peu rattrapé par le Covid, le confinement, qui fait que les chefs qui t'ont poussé à te lancer... ferment leur restaurant pendant ce moment-là. Et donc toi, tu choisis de te former ?

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Donc je me suis dit, dès le début, si tu as un coup dur dans l'agriculture, je pense que c'est quelque chose qui arrive régulièrement. Donc je me suis dit, je ne vais pas me laisser abattre. Je vais faire une formation pendant le Covid. En plus, ça s'est tombé bien, il y avait plein de formations à distance, en promotion. Enfin voilà, donc j'ai fait la formation des chemins de la nature. C'est une formation qui normalement est sur Paris. Et pendant le Covid, ils l'ont créée en distanciel. Donc ça a duré six mois. Et c'est une formation d'herbaliste, cueilleur sauvage et botaniste de terrain. Donc botaniste de terrain, c'est une personne qui pourra identifier n'importe quelle plante à partir d'un bouquin spécial botaniste qui s'appelle une flore et qui n'a pas de photo à l'intérieur. Donc c'est que du texte qui va permettre d'identifier des plantes.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    En fait, c'est que des termes botaniques très précis. Donc il faut apprendre tous ces termes-là. Et après, juste en avançant petit à petit dans le livre. On se rend compte que les familles sont classées par des choses particulières et qu'il est relié entre elles, etc. Et petit à petit, on arrive à la variété exacte de la plante.

  • Speaker #1

    Avec que des mots en latin ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas que du latin, il y en a, mais il y a aussi... Non, non, c'est des termes qui, après, ont été traduits en toutes les langues, mais c'est des termes très précis qui vont décrire des petites parties microscopiques de la plante, en fait.

  • Speaker #1

    Ok, et ça vaut aux quatre coins du monde ? Ou tu as une connaissance fine ? d'un territoire en particulier ou de la flore française ?

  • Speaker #0

    Alors la botanique, en général, les termes sont identiques partout dans le monde. Après, il faut voir avec les traductions. Donc c'est là où le latin va énormément aider. Je dirais que moi, je me suis plus spécialisé sur les plantes françaises et les plantes comestibles. Donc il y a beaucoup de plantes que je ne regarde pas forcément. Enfin, je ne les regarde pas, je les regarde, mais je ne vais pas m'en approcher vraiment parce qu'elles sont juste médicinales, par exemple. Et moi, c'est vraiment le côté alimentaire qui va m'intéresser dans la nature.

  • Speaker #1

    Et donc, cette formation, qu'est-ce qu'elle a changé dans ton approche de ton projet agricole ?

  • Speaker #0

    Alors, du coup, elle a changé. Elle a changé que j'ai pu me mettre à commercialiser des plantes sauvages et notamment des petites pousses et des petites feuilles. Donc, je ne suis plus resté que sur la fleur. Je suis parti aussi dans des petites feuilles sauvages. Donc, on a, par exemple, la pousse de vesse qui va avoir un goût de petit pois. La feuille de lierre terrestre qui va avoir des saveurs de sous-bois, qui se marie par exemple avec la fraise, qui va nous rappeler la fraise des bois. Il y a plein de petites plantes aromatiques qui se retrouvent dans la nature et qu'on va pouvoir utiliser après dans l'assiette.

  • Speaker #1

    Et là, ce sont des feuilles que tu trouves autour de Sainte-Croix, dans les chemins qui nous entourent ?

  • Speaker #0

    Alors c'est ça, les communes des alentours doivent m'autoriser la cueillette et la revente. Vu que c'est dans le cadre professionnel, on est obligé d'avoir l'autorisation des mairies. Et donc les mairies des alentours m'ont permis de faire ça. Donc je vais effectivement sur des bords de chemin. Mais alors il faut sélectionner aussi les chemins. C'est quelque chose de hyper important pour moi. C'est que je ne vais pas les récolter sur des bords de route. Des fois, je vois des gens qui ramassent des réponses sur des bords de national. En fait, il y a quand même maintenant des études qui prouvent qu'il y a des produits chimiques qui sont stockés. Notamment tous les carburants et huiles de moteur qui sont stockés dans les fossés. Donc il va falloir vraiment aller sur des coins sauvages et on a la chance en Aveyron d'avoir des milliers de coins sauvages et propres encore.

  • Speaker #1

    Et très vite, les chefs, les mêmes qui t'avaient encouragé, te refont confiance et puis des chefs étoilés entrent aussi parmi tes clients. La reconnaissance vient assez rapidement de ton travail.

  • Speaker #0

    Alors je crois que je me suis installé au bon moment, toujours pareil, quand c'est le moment, c'est le moment. Et effectivement, on n'était pas nombreux en France. à faire de la fleur comestible et de la cueillette sauvage et de l'expédier partout en France. Parce qu'aujourd'hui, je travaille avec des restaurateurs locaux, mais aussi j'expédie partout en France, notamment sur Paris. Chaque semaine, j'ai une dizaine de restaurants sur Paris. Je travaille avec 25 restaurants chaque semaine en France. Et vu que c'était le bon moment, je crois qu'on n'était pas nombreux. Il y avait énormément de demandes à ce moment-là. Donc ça s'est développé effectivement en quelques années. En plus, la reprise juste après le Covid. où on en a eu par-dessus la tête d'être enfermés chez nous. On s'est tous jetés dans les restaurants juste après, parce qu'on avait envie de passer des bons moments conviviales. Et du coup, la demande a été exponentielle.

  • Speaker #1

    Ça s'expédie comment, une fleur ? C'est la question bête, mais juste curiosité.

  • Speaker #0

    En fait, déjà, il n'y a pas de question bête, parce que dans ce monde de la fleur, il y a quand même plein de choses qu'on ne sait pas, en fait. Mais la fleur comestible, ce n'est pas quelque chose de fragile. On a souvent tendance à dire, oh là là, mais ça ne doit pas se conserver une fleur. Alors en fait, les fleurs, quand on les ramasse bien, alors je suis très tatillon sur la récolte, mais quand on les ramasse bien, elles vont se conserver dix jours au frigo. Donc, on peut les expédier en colis frais. Donc, c'est des transporteurs de colis et frigos. Et donc, du coup, c'est de l'express. Je les récolte le mardi, je les mets en barquette le mercredi, j'expédie le mercredi. Et c'est dans les restaurants le jeudi matin.

  • Speaker #1

    Et quoi qu'on te demande le plus ?

  • Speaker #0

    Alors, ça change. J'ai l'impression qu'il y a, selon les périodes de l'année, donc selon les saisons, j'ai envie de dire, il y a des moments où ça va être beaucoup plus qu'il y a de sauvage. Des moments où on va partir vraiment sur de la fleur. Alors, juillet-août, c'est vraiment des couleurs, de la fleur et des saveurs par milliers. Et après l'automne, on va re-rentrer dans une période où c'est plus de l'accueil de sauvages, plus le côté forestier, le côté champignon et tout ça. Je dis champignon, je ne commercialise pas de champignons. Mais retrouver cette idée-là en tout cas. Retrouver l'idée un peu de la forêt.

  • Speaker #1

    Du sous-bois. C'est Quentin Bourdi qui te surnomme le druide. Ça te convient comme surnom ?

  • Speaker #0

    Ouais. Ça me convient. Alors, je ne suis pas druide, parce que le druidisme, c'est plus religieux, finalement. Mais il existe des écoles de druidisme en France. Je n'ai pas fait tout ça, mais en fait, il me surnomme le druide, effectivement, parce que je travaille avec des façons un peu étranges dans mes jardins. Donc, je suis très sensible à tout ce qui est énergétique. Voilà, je ne m'en cache pas trop. Et je fais des expériences dans mes jardins. Donc quand on vient visiter, c'est possible qu'il y ait un menhir en plein milieu du jardin. Il n'y a rien de prouvé en fait que ça va fonctionner ou pas. Mais je pense que soit c'est le bonheur du jardinier qui voit son menhir, qui diffuse son bonheur aux plantes, ou c'est le menhir qui diffuse son bonheur aux plantes. Donc on ne sait pas trop, mais en fait je dirais que je travaille en cosmoculture. Ça s'appelle. Donc c'est un terme, je ne sais même pas s'il existe d'ailleurs, mais c'est moi qui l'ai peut-être inventé, je ne sais pas. Je n'ai jamais regardé vraiment. Mais je travaille avec les énergies de la Terre en général. Et ça marche, ça marche pas, je sais pas. Donc il y a des expériences qui fonctionnent et d'autres non.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, en introduction, tu parlais des cerfs. On n'est pas loin de tes cerfs, mais aussi de ton lotus. On aurait voulu s'y retrouver, mais la pluie en a voulu autrement. Ce lotus, cette tente, tu l'as pensé comme un lieu d'animation aussi pour faire venir ? du public à la ferme et avoir cette démarche de ferme ouverte et de pédagogie ? Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors en fait ça s'est arrivé pendant le confinement aussi, donc mes premières sorties botaniques ont été masquées j'ai été jusqu'à là en fait, quand on avait le droit de se retrouver mais masquée, donc j'ai fait les premières sorties botaniques. J'ai trouvé que c'était bien de pouvoir diffuser ce qu'on savait il y a deux générations, qu'on a oublié et que j'avais réappris pendant la formation et... Je me suis dit, pourquoi pas le partager, en fait, pour qu'on retrouve ça. Alors, des fois, j'entends des gens qui me disent que si on se mettait tous à cueillir pour la nature, ça serait la catastrophe. Je ne sais pas si ça serait la catastrophe. En tout cas, j'adore un proverbe indien d'Amérique. Alors, je vais le dire pas en indien parce que je ne parle pas indien, mais c'est on cueille toujours la septième plante que l'on voit. Donc, si on veut ramasser de la campanule, par exemple, on va laisser six plantes pour la reproduction, pour les animaux. pour les autres humains qui veulent ramasser de la campanule. Et on va consommer la septième. Donc du coup, on en a... Si on fait tout ça, en fait, ça ne va jamais abîmer la nature parce qu'elle va toujours se gérer avec les six reproductrices qu'on va laisser.

  • Speaker #1

    Et quand tu parles des savoirs que l'on avait il y a deux générations, qu'on n'a plus, tu penses à quoi ? C'est de reconnaître d'abord les variétés de fleurs sauvages ?

  • Speaker #0

    En fait, on cueillit... énormément. Donc si on part depuis les chasseurs-cueilleurs à l'époque médiévale, après beaucoup plus tard, on a eu énormément de cueillettes et c'est là où ils ont développé beaucoup de plantes. Alors c'est une période qui me parle énormément aussi vu qu'on est proche des Bastides. Et j'ai animé récemment des sorties où on parlait de botanique et d'histoire. Et en fait on s'aperçoit que beaucoup de choses ont été apprises et découvertes à l'époque médiévale. Et après, petit à petit... Et ça s'est accéléré les deux dernières générations. On a oublié, alors le pourquoi on ne le saura pas, mais il y a sûrement l'industrialisation qui a créé des supermarchés et que c'était vachement plus facile d'aller ramasser une salade dans un étal de supermarché plutôt que dans la nature. Après je ne consomme pas que du sauvage non plus, je vais au marché, etc. Mais je pense que c'est important de retrouver ça. Et j'adore l'idée aussi de se dire que la première des médecines, c'est l'alimentation. Donc plus on va manger des choses naturelles, propres et variées surtout, moins on sera malade. Donc j'ai mis cette idée. Je ne sais pas si c'est très fondé, mais j'ai mis l'idée en tout cas.

  • Speaker #1

    Moi j'ai l'impression que si j'y vais là tout de suite, je suis capable de prendre la seule variété. Absolument interdite à la consommation, par exemple. Est-ce qu'il n'y en a pas beaucoup quand même des variétés à éviter de toute urgence ? Tout ça pour dire qu'il y a quand même grand besoin d'une formation. Et c'est ça que tu as envie aussi de retrouver, de donner des bases pour que tout le monde soit capable d'aller cueillir ?

  • Speaker #0

    Alors ouais, c'est ça. Du coup, l'idée, c'était aussi, au moment où j'ai lancé ces animations, c'était de dire aux gens, attention ! aux plantes, parce que c'est vrai que la plante était redevenue à la mode sur les réseaux sociaux, on commençait à avoir beaucoup de plantes, des gens qui ramassaient des plantes, pardon, dans la nature, et qui les cuisinaient. Et en fait, je me suis dit, oulala, on commence à avoir n'importe quoi, par rapport à ce que j'avais vu en formation. Et en fait, il y a effectivement des plantes très toxiques en France. Je ne sais pas combien il y en a exactement, alors en plus, toxicité, ça ne veut un peu rien dire, parce qu'il y a des plantes qui vont être comestibles seulement cuites. D'autres qu'on peut consommer deux, trois fois par an, mais si on en abuse, elles vont devenir toxiques. Et d'autres, effectivement, où une seule fleur peut tuer un adulte. Donc, je dis tout le temps, quand je prends maintenant des gens en cueillette avec moi, les plantes, c'est comme les champignons. Si on ne connaît pas et qu'on ne peut pas l'identifier à 300%, on ne la touche pas ou on ne la consomme pas. Après, toucher, c'est vraiment une idée qu'on se donne. Si on touche une plante et qu'on ne met pas les doigts à la bouche de suite avec de la sève fraîche, il y a très peu de chances de s'intoxiquer. Et même à un... On ne ramasse pas une plante qu'on ne sait pas si elle est cognostique ou pas.

  • Speaker #1

    Et les gens que tu accueilles, ils viennent avec quelle envie ? Qu'est-ce qu'ils te disent ? Que ça leur rappelle aussi des souvenirs avec une grand-mère ou pas ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai effectivement des gens qui ont déjà quelques petites connaissances dû à ce qu'ils ont vécu plus tôt ou en enfance avec leurs grands-parents. Mais après j'ai aussi la nouvelle génération qui s'intéresse à la nature. et qui ont vraiment envie d'apprendre pour se nourrir autrement et pour voir un futur différent.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a une volonté aussi de sauvegarde, de protection dans tout ce que tu partages ? Protection des milieux naturels ?

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, ça fait partie de mon discours de début de balade. Je parle beaucoup de cueillette éthique, l'histoire que je te racontais tout à l'heure par rapport à ramasser la septième plante. mais aussi de faire bien attention, parce que dans certains livres de plantes comestibles, on va trouver que les bulbes de certaines orchidées sont comestibles. Alors, elles ont été consommées à une période, mais maintenant, toutes les orchidées sont protégées. Donc, il faut vraiment faire attention de se renseigner là où on est, si on peut ramasser telle plante ou pas. Il y a aussi les espaces Natura 2000, on ne va pas aller ramasser les plantes dans ces espaces-là. Donc, il faut vraiment faire attention de ne pas abîmer la nature. Alors, je dis tout le temps quand je prends des gens en balade... Moi, je veux que mon impact ne soit pas plus gros que celui d'un chevreuil. Donc, quand je me balade dans un champ ou dans une haie, je vais ramasser des plantes. Je ne veux pas que derrière, ça se voie que j'ai ramassé des plantes, en fait. Donc, c'est la cueillette éthique que j'appelle ça pour ne pas abîmer la nature. Et c'est vraiment important, je pense, de continuer à la protéger, même si on a déjà fait un pas, mais pas suffisant peut-être. Mais c'est vraiment important.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut faire une expérience ? Est-ce que tu peux imaginer nous décrire une balade pour qu'au micro, sans images, on soit avec toi ?

  • Speaker #0

    Alors là, c'est une drôle d'expérience, mais... Pour décrire une balade, j'ai envie de dire déjà qu'elles ne sont aucune les mêmes. Donc c'est un peu particulier parce que si on vient deux fois dans une balade, ce ne sera pas forcément la même. Il y a des plantes qui vont se recroiser et d'autres qui vont avoir évolué. Donc certaines plantes, on va consommer la racine, mais trois mois après, on va consommer la graine. Donc décrire une balade, c'est assez particulier. Mais alors pour vous donner des images, on pourrait déjà imaginer la rencontre qu'on peut faire devant la salle des fêtes de Sénac. Donc Sénac, c'est un petit village où il y a une salle des fêtes, une église, donc c'est sur la place de l'église. Donc on se retrouve là, et le temps d'attendre tout le monde qui arrive avec les bottes, les caouets et les petits paniers pour pouvoir faire des herbiers. C'est ce que je conseille tout le temps, de venir avec un petit équipement pour récolter, faire un herbier pour pouvoir se rappeler des plantes. Et ensuite, on part tout le temps. On débute la balade sous le grand porche de Sénac. Alors le grand porche de Sénac, c'est une petite porte. La porte des Anglais, qui est une porte médiévale. C'est le trace des remparts qu'il y avait à Sénac. Et ensuite, on part dans les chemins. Et alors là, dans les chemins, c'est des chemins bordés de haies. On commence par des chemins plutôt de castines bordés de haies. On finit dans des chemins plutôt boueux. Et en fait, chaque pas va amener de nouvelles plantes. Ensuite, en fin de balade, on va se retrouver au niveau de la serre. Et donc à la serre, on va ici récolter des plantes, des plantes qui vont plutôt nous servir à décorer nos verrines. C'est quelque chose qui est assez important pour moi de parler de ça, parce que quelque chose qui est beau se digère mieux et donne envie. Et en fait, l'envie, c'est... C'est quand on a un plat devant le nez, en fait, on a envie d'aller y mettre un coup de cuillère dedans. Donc, en fait, c'est ça que j'ai envie vraiment de montrer. Donc, on cueille aussi des fleurs dans la serre. Alors, j'ai ma petite liste de plantes parce que je sais déjà les recettes que je vais faire. Donc, c'est toujours secret pour vous pendant la balade. Et ensuite, on va dans la teinte lotus. Donc là, je propose à tout le monde de s'asseoir et on va... partager une boisson ensemble. Généralement, je fais une boisson à base d'ortie. C'est une digestion d'ortie. Le terme digestion, c'est une infusion à froid. Ensuite, j'attaque mes petites recettes. Là, c'est des mélanges de toutes les saveurs qu'on a ramassées qui vont se diffuser dans la tente. Il y a tout ce qui est chaud et qui cuit qui va amener... Souvent, je fais des choses sucrées en cuisson. Donc il y a une odeur sucrée qui envahit la teinte. Alors vu que c'est rond, les saveurs tournent. Je n'avais jamais imaginé que ça pouvait arriver. Mais en fait, on se croirait dans une marmite quand ça cuit finalement. Et ensuite, il y a le côté mixage, parce que je fais toujours un petit pesto. C'est un peu l'idée signature de ce que je fais. Il y a toujours un pesto. Et donc le pesto, quand il se mixe, c'est pareil, il envoie pas mal de saveurs. Donc voilà, après c'est un mélange de saveurs et ça se termine par une longue discussion en dégustant ce qu'on a cuisiné ensemble. Voilà un peu l'idée de la balade botanique.

  • Speaker #1

    Et tu avais un projet, je veux bien te demander où tu en es, d'un cratère. Donc c'était dans une retenue d'eau qui est présente sur tes terres. Oui, c'est ça. Une ancienne retenue d'eau et donc de la transformer en amphithéâtre végétal dans lequel on pourrait retrouver toutes les variétés florales. avec lesquels l'homme a cohabité depuis qu'il vit ici, sur le COS. Où est-ce que tu en es de ce projet ?

  • Speaker #0

    Alors, le projet, du coup, n'est pas passé au niveau du financement de la région.

  • Speaker #1

    En fait, tous les habitants de la région Occitanie pouvaient voter dans le cadre d'un budget participatif.

  • Speaker #0

    Donc, effectivement, l'idée, c'est de restructurer cette ancienne structure hydraulique. Donc, c'était un lac collinaire, une retenue d'eau qui est assez petite, mais qui s'est percée et qu'on n'arrive plus à faire retenir l'eau. Donc, la solution, ce serait de la bâcher. et d'en faire une petite bassine. Mais j'en ai pas le besoin, parce que j'ai une autre petite retenue, un petit lac en-dessus, qui est nourri par un puits, donc j'ai pas vraiment besoin pour arroser mes cultures. Donc l'idée, ça serait de la restructurer, comme tu disais, et de recréer les biotopes à Véronée. Donc il y aurait de la tourbière, il y aurait une zone caillouteuse, et vu que c'est une espèce de cratère, on dirait un cratère de volcan, et à l'intérieur, du coup, on a toutes les expositions. nord-sud, est-ouest, donc il y a le soleil, il y a l'ombre, il y a tout. Et donc l'idée, ça serait d'en faire cet amphithéâtre et de faire une ferme pédagogique végétale pour réapprendre tout ça et pouvoir observer tout ce qu'on peut cueillir en cueillette sauvage, mais dans un jardin botanique, en fait, tout simplement. Et en plus de ça, du coup, le projet a mûri. Donc il y a cette tente lotus qui est arrivée. Donc la tente lotus, c'est une tente qui est en forme de bouton de fleur de lotus. Et cette tente, ça va me permettre de faire mes animations à l'intérieur, d'avoir une zone abritée. Mais j'aimerais dans le futur pouvoir accueillir les scolaires sur place ou les centres aérés. J'ai été à un moment de ma vie animateur faune, autour des insectes. Donc c'était vraiment quelque chose qui me parle. Et alors en fait, dans un jardin de fleurs, des insectes, c'était pas un millier. Donc c'est super pour les enfants d'aller découvrir tout ce monde-là.

  • Speaker #1

    Tu parlais tout à l'heure, j'aime bien l'idée de ton chevreuil, de ne pas être plus encombrant qu'un chevreuil. Qu'est-ce qu'il reste de sauvage finalement autour de nous ?

  • Speaker #0

    Comme une plante ?

  • Speaker #1

    C'est une question philosophique,

  • Speaker #0

    je te le propose.

  • Speaker #1

    Là, on parle de cueillette sauvage, de plantes sauvages, mais en fait, on est dans des paysages où il ne reste pas grand-chose en vrai de sauvage.

  • Speaker #0

    Alors, je ne suis pas forcément si pessimiste que ça. J'ai envie de dire qu'il reste plein de choses. En fait, j'ai l'impression qu'on a l'impression qu'il y a tout qui disparaît. Mais c'est peut-être qu'on n'a pas les yeux qui s'adaptent à ce qu'il y a. Alors, effectivement, c'est une question philosophique. Mais autour de moi, les gens que je me rends compte, notamment ma compagne, comme... commence à regarder les oiseaux et les plantes, plusieurs fois, elle m'a dit, mais c'est incroyable le nombre d'oiseaux qu'il y a, alors que je n'avais jamais remarqué avant de te rencontrer. Donc, je pense qu'il reste beaucoup de choses et c'est nos yeux qui ne se posent pas dessus.

  • Speaker #1

    Même dans des paysages hyper façonnés ?

  • Speaker #0

    Oui, même en plein cœur de la ville. C'est ce que j'ai fait récemment, j'ai animé des sorties carrément dans les ruelles. Et en fait, il y a... plein de plantes et plein d'animaux qui peuvent passer dans les ruelles. Alors, c'est souvent la nuit et du coup, quand l'humain disparaît. Mais en fait, il reste plein de choses qui vont se passer même dans les villes. Et alors, je pense que c'est peut-être aussi il y a quelques années, effectivement, avec les désherbants et tout ça, il n'y avait plus rien. Mais maintenant, on se retrouve à avoir des ruelles toutes végétalisées et donc le végétal attire l'animal.

  • Speaker #1

    Donc, tu es plutôt optimiste.

  • Speaker #0

    Ben ouais.

  • Speaker #1

    Ça fait du bien de l'entendre. Qu'est-ce qu'elle dit, la flore sauvage d'un territoire ?

  • Speaker #0

    Alors, elle peut dire plein de choses. Pour l'écouter, c'est plus compliqué. C'est rigolo que tu dises ça, parce que j'adore l'idée de la sylviothérapie. La sylviothérapie, c'est la thérapie par les arbres. Donc, elle peut dire plein de choses, mais il suffit juste d'arriver à éteindre son mental et d'écouter ses sentiments. Donc ça, c'est pour le côté un peu plus spirituel. Mais j'ai une petite machine qu'on connecte avec des électrodes sur les arbres. Et parfois, dans mes balades botaniques, je la prends. Et alors, avec les enfants, ça marche trop bien. En fait, ça transforme les micropulsations du végétal en musique. Donc on a de la musique classique souvent qui ressort, mais chaque plante a sa vibration, en fait. Donc c'est super intéressant de faire parler les plantes par ce biais-là. Après, c'est plutôt de la méditation qu'on va faire avec ces musiques-là. Et alors, pour parler plus terre à terre, les plantes peuvent dire plein de choses. Donc quand on se retrouve envahi, par exemple, de l'iseron ou d'autres plantes, c'est forcément que la terre a un problème. Donc est-ce que c'est la plante qui parle ou c'est la terre qui parle ? Je ne sais pas, mais en tout cas, la plante est là pour rééquilibrer la terre. Donc soit par son feuillage qui va pourrir, et va nourrir la terre. Ça, c'est pour des plantes qui vont plutôt amener beaucoup d'humus. Et il y a d'autres plantes qui vont avoir des racines pivotantes très profondes pour pouvoir décompacter la terre. Donc, si on a des invasions de plantes, c'est que la terre nous parle.

  • Speaker #1

    Donc là, c'est le cas du lison, tu disais, qui est un indicateur.

  • Speaker #0

    De terre trop tassée, ça c'est vraiment... Après, chaque plante est vraiment très précise sur ce qu'elle indique. Il y a des bouquins qui en parlent très, très bien. Il y a d'autres plantes qui vont être liées au surpâturage. On commence à avoir beaucoup de panicots. Le panicot, c'est une sorte de petit chardon à fleurs bleutées qui est magnifique, qui est comestible d'ailleurs et qui a un goût très intéressant, très aromatique. Ça pique un peu, donc il faut savoir le récolter au bon moment. Et ça, c'est les prairies qui sont surpâturées, par exemple, qui vont développer beaucoup de panicots.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu aurais imaginé faire ce métier, ce projet, ailleurs qu'ici ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je n'ai jamais pensé à ça.

  • Speaker #1

    Quand je dis ailleurs qu'ici, ça veut dire dans un territoire dans lequel tu n'as pas grandi, dans lequel tu n'as pas tes souvenirs, tes habitudes. J'entends, est-ce que tu aurais eu le même plaisir à le faire ailleurs ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense qu'en fait, partout, c'est intéressant. Alors, en plein cœur d'une ville, c'est compliqué. Mais en fait, quand je vais me balader sur l'Aubrac, par exemple, donc plutôt en montagne, Il y a d'autres plantes qui arrivent, donc je suis toujours émerveillé de voir des nouvelles plantes que je ne vois pas chez moi. Quand je vais en bord de mer aussi, c'est pareil. Donc je pense qu'un peu partout, il y a des saveurs en fait. Moi, je vois vraiment le monde en saveurs. Et quand on est au bord de mer, on va se retrouver à des saveurs plutôt iodées, anisées. Alors qu'en montagne, on va être plutôt sur des saveurs forestières. Alors il y a des plantes sur l'Aubrac qui vont rappeler vraiment les odeurs qu'on sent quand on fait une randonnée. Et quoi ? Il y a plein de... Je trouve que partout, c'est intéressant.

  • Speaker #1

    Je suis arrivée, donc on est quand même très triste de se retrouver dans une petite cuisine alors qu'on rêvait de cette teinte lotus. Tu avais l'air tout triste. Est-ce qu'il y a une fleur là, laquelle tu penses qui pourrait décrire ton humeur du jour ? Celle d'en parler,

  • Speaker #0

    de t'occuper, quoi, après. Oui, je réfléchissais, mais je dirais le cosmos. Le cosmos, parce qu'il a le cœur plein d'étoiles, j'adore cette idée-là. Mais par contre, quand il est tout mouillé, il est super moche et il a les pétales qui tombent.

  • Speaker #1

    Il ressemble à quoi ?

  • Speaker #0

    Le cosmos, c'est une fleur... Il y a plusieurs couleurs, finalement, dans le cosmos. On va avoir des couleurs qui sont très... dans le parme, le violet, le rose, le blanc. Et donc avec ce cœur tout étoilé, c'est pour ça qu'il s'appelle le cosmos. Et en fait, quand il est tout mouillé, il a les pétales qui sont toutes retombantes, on dirait qu'elles sont gluantes, c'est pas très joli. Alors que quand il est en plein soleil, il est magnifique, il attire tous les insectes. Donc je dirais que c'est le cosmos qui nous rappelle un peu la pluie et le côté maussade de l'enregistrement dans une cuisine.

  • Speaker #1

    Mais le soleil va ressortir et le cosmos reprendra sa superbe. J'ai une question rituelle. pour les invités, c'est toujours la dernière. En quoi est-ce que tu crois ?

  • Speaker #0

    Alors, je dirais que je crois à l'avenir et je crois à la nature, en fait. Vraiment. Mais c'est vraiment très puissant quand je le dis. En fait, j'ai le cœur qui palpite parce que j'ai une foi à la vie, en fait, et à la nature qui est hyper puissante. Et du coup, je... Je souhaite à tout le monde qui a des rêves de réaliser leurs rêves et que la nature va arriver à tout créer. Donc faisons confiance en fait. Je crois à la vie.

  • Speaker #1

    Et même en l'homme au milieu de cette nature-là ?

  • Speaker #0

    Il en fait partie, donc il va falloir l'inclure. Mais voilà, je crois, je dirais, au petit homme qu'on est.

  • Speaker #1

    Ça veut dire quoi ?

  • Speaker #0

    J'ai du mal à croire aux grands hommes dirigeants et aux gros pollueurs, j'ai beaucoup de mal à y croire. Mais je me dis que s'ils y sont, c'est qu'il y en a sûrement besoin pour le moment. Quand je dis le petit homme, je me considère petit homme dans la nature, dans l'univers. Je crois qu'on peut faire beaucoup de choses sans trop se prendre la tête non plus. Il ne faut pas que ça devienne... Quelque chose qui nous empêche de vivre. Mais ouais, il faut faire confiance, je crois.

  • Speaker #1

    Ça veut dire qu'il faut un peu d'humilité ?

  • Speaker #0

    Ouais. Moi, j'ai l'impression que face à la nature, je me courbe un peu. Je fais une petite révérence quand même. Parce que c'est... C'est grâce à elle qu'il y a tout ce qu'il y a autour de nous. Donc même le moindre objet, même le micro qu'on a sur la table, il est fabriqué à partir d'éléments de la nature. Alors c'est sûrement du pétrole qui vient de... Pas les meilleurs, oui. Voilà, mais en fait, c'est la nature qui l'a transformé. L'humain, je crois qu'on fait juste du modelage de matière, mais on déplace la matière finalement, et c'est là où peut-être on va polluer énormément. Mais tout est créé par la nature.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi. Je vais t'enlever, c'est ce que je dis.

  • Speaker #1

    Je t'ai lancé sur de la philosophie.

  • Speaker #0

    Je ne savais pas que j'étais aussi philosophe.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager, peut-être. Si vous souhaitez continuer la discussion, je suis toujours curieuse de vous lire et d'échanger. Je vous propose que l'on se retrouve sur Facebook, sur Instagram. ou sur le site fintapodcast.fr. Vous pouvez retrouver tous les précédents épisodes de Finta gratuitement sur les applications de podcast, et pour recevoir chaque nouvel épisode directement dans votre boîte mail, vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter. Et pour que Finta vive, si vous appréciez le podcast et que vous souhaitez soutenir ce travail indépendant, partagez-le autour de vous. Consférez-le à vos amis, parlez-en, c'est le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. A très bientôt.

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