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FLEUR SAUVAGE

L'expérience du deuil : Adieu papa

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46min |16/04/2025
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Description

Dans cet épisode, je prends le temps de revenir sur un moment important de ma vie : le décès de mon père. Je vous partage mon vécu, ce que cette période a réveillé en moi, ce que j’ai compris (ou pas tout à fait), et comment ce deuil a transformé certaines choses dans ma manière d’être, de ressentir, de voir la vie. C’est un épisode sans filtre, avec l’envie d’ouvrir un espace de parole autour du deuil (sujet qu’on évite souvent, mais qui nous traverse tous un jour).


Bonne écoute.


Instagram : @ninou.food

Site internet : Ninoufood.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hola chicos y chicas, j'espère que vous allez bien. Cet épisode va être pour moi un exercice de retraçage des souvenirs, un peu comme si j'essayais d'ancrer ma mémoire. Je vais parler de deuil, donc je sais que ce n'est pas un sujet très joyeux, mais je ne veux pas que ce soit un tabou entre nous. Et beaucoup l'ont remarqué et m'ont questionné, je ne parle pas souvent de mon père, tout simplement parce qu'il n'est plus parmi nous depuis janvier 2017. Donc disclaimer, je vais vraiment parler de mon histoire. de mon vécu et de la manière dont j'ai traversé cette épreuve. Par contre, je n'ai jamais réussi à parler de lui au passé. Pour moi, il est toujours là quelque part, donc je vais continuer de parler de lui au présent. Mon père est un homme très discret, très pudique dans ses émotions, dans ses sentiments. C'est quelqu'un d'analytique, très ordonné, très organisé. C'est un homme débrouillard, professionnel du système D. Il savait cuisiner, faire du... pain, de la brioche, des tagines et plein d'autres choses. Et en matière d'actes, c'était un homme incroyable. Donc, mon père est berbère. Il est né en janvier 1953 et il a grandi au Maroc. Il a eu une enfance horrible. Il a été torturé par sa belle-mère qui était imbuvable et manipulatrice. Et tout ça, je vous le raconte, mais je ne l'ai su qu'à l'âge adulte. C'est vraiment ma mère qui m'a un peu raconté tout ça, même après son décès, en fait. Donc, c'est... qu'aujourd'hui que j'ai réussi à connecter les pièces du puzzle. Bref, donc très petit, il a dû s'occuper de ses demi-frères et sœurs. Lui, c'était le seul fils de la première union. Et voilà, donc c'est un enfant qui n'a pas vraiment eu d'enfance parce qu'il a dû s'occuper très tôt de ses petits frères et sœurs. Et ma mère, elle m'a raconté que sa belle-mère déchirait ses cahiers d'école pour lui retirer le droit de penser à autre chose ou... de s'émanciper du climat familial. Donc voilà, je ferme la parenthèse sur son bagage familial. Donc la petite Nisrine que j'étais n'a jamais compris pourquoi son papa était si distant émotionnellement. Je n'ai pas eu une enfance où je me suis sentie très proche de lui. Mon père était ouvrier et travaillait de nuit, donc on ne le voyait pas très souvent. Et les seuls moments où on le voyait, il reprenait en revue tous les devoirs de la semaine, les contrôles. Et en fait, il s'assurait que tout était en ordre. Donc, tu vois, toi, t'es enfant, tu commences à développer un stress de la performance. Il voulait qu'on réussisse, il voulait qu'on fasse de longues études. En fait, il ne voulait pas qu'on se fasse écraser par les autres. Et il a toujours dit, le monde, c'est une jungle et il ne faut pas être parmi les plus faibles. Et ça, c'est un truc qui est resté dans ma mémoire. Et je pense que j'ai grandi autour de cette phrase. Et je vous raconte tout ça. J'ai pris énormément de recul sur mon passé et j'arrive enfin... avoir le prisme d'une manière différente. Donc je vous dis ça parce que quand un parent décède, en général, tu veux te raccrocher au bon souvenir. Tu veux pas te dire qu'il y a eu des choses, que t'as mal vécu. T'as pas envie de porter atteinte à sa mémoire. Alors qu'en réalité, ça retire pas l'amour que tu lui portes. Donc pour en revenir à Aminine Isrine, j'ai eu une figure paternelle très absente sur le plan émotionnel. Genre c'est vraiment, on méritait son amour, il fallait être bon à l'école ou les études ou le comportement. Et quand t'es enfant, t'as juste envie de kiffer ta vie d'enfant, d'être sale quand tu rentres des balades, de dessiner partout, de te perdre dans la lune. Je me souviens, franchement, il aimait pas qu'on se perde dans la lune. Et moi, je suis souvent dans la lune, tu vois. Et en fait, pour lui, c'était comme de la faiblesse de se laisser vaquer à des... des distractions futiles ou des choses comme ça. Mais on était des enfants, donc il fallait aussi qu'on vive notre vie d'enfant. Je me suis vraiment sentie limitée dans tout ça. Même si on a pu avoir une vie sociale, tu devais le mériter. Si tu n'avais pas eu des excellentes notes, tu pouvais toujours courir pour aller passer la journée avec tes potes dans le quartier pour jouer dans le bac à sable, tu vois ce que je veux dire. Et maman, je sais que tu vas écouter et je tiens à te dire quand même que tu as toujours fait le pont. entre papa et nous, t'as toujours ramené un peu de douceur à la maison et on était trop contents quand tu rentrais du travail, on se sentait plus léger et je sais que sa souffrance intérieure à lui, tu l'as prise et tu l'as protégée. Et je pense que si j'avais su plus tôt qu'il avait manqué d'amour et de chaleur humaine dans son enfance et dans sa jeunesse, j'aurais compris qu'il n'avait pas les ressources pour nous apporter ce dont on avait besoin sur le plan affectif. Et je précise bien plan affectif. Parce que sur les autres plans, matériel et autres, il a toujours été au top du top. C'est-à-dire qu'on n'a jamais manqué de rien. Et comme c'était un bricoleur et un geek, dans le sens hyper calé en informatique, on a toujours été à la page. On n'était pas à la ramasse. Il nous a aussi poussé à maintenir une activité sportive à côté des cours. Il y avait toujours cette crainte de ne pas être à la hauteur à ses yeux. Et mon frère et mes sœurs l'ont peut-être vécu différemment sur certains points, mais je pense que globalement on va être d'accord sur toute la ligne. Pour vous faire un petit topo, mon frère a subi énormément de pression sur la réussite. C'était dur. Pour vous donner le profil rapidement, mon frère est hyperactif, il a été diagnostiqué très petit, il est surdoué, il a sauté deux classes très tôt et il était vraiment turbulent parce que sûrement il s'ennuyait en classe. Donc il a été le clown de service de ses camarades pendant plusieurs années. Ça, mes parents, ça les rendait ouf. Mes parents, ils ont été convoqués tellement de fois pendant sa scolarité, il a été exclu à plusieurs reprises et après coup, je me dis que c'était comme un appel à l'aide de mon frère. ... Et en fait, aujourd'hui, c'est quelqu'un qui n'a plus du tout d'ambition. Il geek énormément aux jeux vidéo. Et je pense qu'il pense, enfin c'est ça, il pense qu'il n'est pas capable de faire quoi que ce soit de sa vie. Aussi parce que mon père lui a répété plusieurs fois que c'était un bon à rien, etc. Et bien entendu, il y avait toujours un contexte quand mon père lui disait des choses comme ça. Mais ça reste des paroles qui sont dures à entendre et dures à encaisser. Surtout quand t'es enfant, quand t'es ado. Ensuite, j'ai ma sœur de 28 ans. Elle n'a pas réussi à gérer la pression non plus et elle s'est rebellée plusieurs fois dans l'adolescence. Elle a détesté les cours, elle en avait marre des cours de natation. Elle en avait marre tout simplement qu'on la compare avec les autres camarades qui ont réussi. Et elle a dit fuck. En fait, elle a absolument fait tout ce que mes parents lui ont interdit. Comme si elle voulait les provoquer. Et je comprends qu'elle ait agi comme ça parce qu'en fait, c'était relou. Et je sais aussi que le fait que je réussisse bien en cours, ça l'a impacté. Parce que mes parents m'ont prise en exemple plusieurs fois. Et ça a vraiment fragilisé ma relation avec ma sœur. Et donc Yasmine, si tu m'écoutes, désolée. Je n'ai rien fait intentionnellement. En plus, je t'ai toujours aidée, même pour tricher, même pour mentir à papa et maman. Bref, donc je n'ai vraiment rien à voir dans l'histoire. Après, il y a mon autre sœur, Imen, de 24 ans. Petite. taureau, meuf, chill, il ne faut pas se presser. Ma sœur était très jeune quand mon père est décédé, elle avait 15 ans, donc c'était grave dur pour elle. Et je pense qu'elle a eu beaucoup d'incompréhensions et de questions sans réponse. Et Ymène aussi a eu une scolarité brillante, elle a sauté une classe très jeune et elle n'a jamais fait d'écart, vraiment, à part qu'elle n'arrivait pas à se réveiller le matin. Et ça, c'était le sketch tous les matins, ça sonnerait. C'était Drake Headlines et ça sonnait, ça sonnait. Et comme elle était en collège privé, c'est mon père qui l'emmenait le matin à l'école. C'était vraiment folklorique. Moi, perso, je me tapais grave des barres. Elle passait des heures sur son téléphone la nuit, sur des forums de Violetta. Vous savez, la série Latino. Et elle parlait avec des gens sur Twitter. Elle se faisait des potes virtuels. Bref, visiblement, elle avait mieux à faire que dormir. Et voilà, moi, j'aimais trop parce qu'elle chantait toujours devant son miroir. Elle le fait toujours. Et il n'y a jamais eu de silence à la maison. Et moi, dans tout ça, ma scolarité, je suis rentrée dans les clous, comme je vous ai dit. J'étais bonne élève. Et quand j'étais ado, quand j'ai commencé à faire des conneries, ce n'était pas des conneries en cours, c'était des conneries en dehors. Quand je mentais à mes parents, tout ça, je disais que j'étais à tel endroit, mais je n'y étais pas. J'ai toujours réussi à cacher ça. Ma mère avait un sixième sens, donc elle savait que je lui mentais. Mais mon père, en tout cas, je pense qu'il ne se doutait pas de quelque chose. En fait, j'étais vraiment vue comme la personne la plus normale par mes parents, par mon père en tout cas. En fait, on habite dans une maison à Orléans, ma mère y est encore. Il y a deux étages et au dernier étage où on était, il y avait nos chambres, mon frère et mes sœurs. Dès qu'il y avait du bruit ou qu'il y avait un problème, mon père... père, quand il criait pour nous dire d'arrêter de faire du bruit ou quoi, il ne prononçait jamais mon prénom. C'était toujours soit mon frère ou soit mes soeurs. Je me faisais presque pas engueuler. Je pense que je peux compter sur les doigts de la main le nombre de claques que j'ai pris à dos. J'ai oublié de vous dire, mais mon père est décédé d'un cancer de la vessie en 2017 et on a su qu'il était malade deux ans avant son décès. Donc, il était en stade 3 de la maladie. Donc, c'était déjà très avancé. Et je me souviens encore de comment ma mère me l'a annoncé. Je devais partir en cours, j'étais à la fac et on était dans la salle de bain. Et elle m'a attrapé le bras et m'a dit « Nisrine, ton père est malade » . Et je lui ai dit « Comment ça ? » . Elle me dit « Il a un cancer » . Et j'ai eu le réflexe comme pour retirer sa main de mon bras et je lui ai dit « Mais non » . Je n'y ai pas cru du tout. En fait, c'est comme si mon cerveau a fait un blackout. Et elle me dit, on en reparle après. Et je dis, mais qui a dit ça ? Et elle a dit, le médecin. Donc, j'ai dit, bah, il raconte de la merde. Et elle a dit, tu ne le dis pas encore aux autres. Donc, elle ne me l'avait dit qu'à moi à ce moment-là. Et honnêtement, je suis restée dans un déni. J'étais dans ma bulle. Je me disais que c'était impossible. Je me disais peut-être, il est malade. Mais le mot cancer, en fait, quand tu le... Ça me coupe la voix. Le mot cancer, quand tu l'entends, tu ne veux pas y croire. En fait, tu dis toujours ça n'arrive qu'aux autres. Et donc, voilà, je n'en avais même pas parlé à mon ex de l'époque. Parce que pour moi, tant que je n'avais pas plus d'informations, je ne voulais même pas y penser. Les jours passent et ma mère nous dit officiellement que c'est un cancer de la vessie. Donc, elle nous dit oui, c'est au stade 3. Donc là, je commence à me renseigner un peu sur Internet. Qu'est-ce que ça veut dire stade ? Qu'est-ce que c'est un cancer de la vessie ? Bref, tu essaies de chercher des réponses. Avec le recul et bien après son décès, j'ai compris à quoi était lié le cancer de la vessie. Je vais vous dire ce que le dictionnaire des maladies indique sur ce cancer. La vessie est liée au stockage et à l'élimination des déchets. Par déchet, on peut aussi penser à émotions, les pensées, le vécu. Elle est aussi liée au territoire, au marquage de limites, comme les animaux qui urinent pour marquer leur espace. Elle est aussi liée à des tensions non exprimées, au contrôle ou à la peur de perdre le contrôle. Donc là, c'est la symbolique générale de la vessie. Et ensuite, les conflits psychosomatiques, donc l'émotion associée à ce cancer. Il y a... premièrement un conflit de territoire, donc se sentir envahi, menacé ou dépossédé d'un espace physique ou symbolique, travail, maison ou couple, ou par exemple un divorce, une mise à la porte, une trahison familiale ou professionnelle. Deuxièmement, en conflit psychosomatique, il y a la colère ou l'humiliation réprimée, donc la colère que la personne ne s'autorise pas à exprimer, ou un sentiment d'injustice, d'abaissement qui est vécu en silence. Donc comme je vous ai dit, mon... Mon père a vécu de l'humiliation toute sa jeunesse, depuis qu'il était enfant. Et après, il y a aussi au niveau du travail. Mon père, en fait, il y avait un gros décalage avec son intellect. Il était vraiment très intelligent et très débrouillard. Et le job d'ouvrier qu'il faisait. Donc, il y avait un truc de je sais que je mérite mieux. Mais voilà, je suis bloquée dans ce truc de je suis ouvrier. Alors que je peux faire tellement d'autres choses. Bref. sentiment d'injustice. Ensuite, il y a la soumission ou l'incapacité à poser ses limites. Donc ne pas réussir à dire non. Et mon père de son vécu, c'est quelqu'un qui aidait beaucoup les autres. Il avait des amis ou des collègues de travail. À chaque fois qu'un collègue avait un problème, il faut réparer mon ordinateur, mon téléphone est cassé, j'ai ci qui est cassé, est-ce que tu peux venir bricoler ça chez moi ? Mon père était toujours là pour aider les autres. Il y a aussi le conflit d'identité ou d'appartenance. Donc se sentir exclu ou rejeté de sa famille, d'un groupe ou de la société. Et de se demander où est ma place, est-ce que j'ai le droit d'être là ? Et mon père en fait il a grandi, comme je vous ai dit, en s'occupant de ses frères et sœurs. Mais une fois à l'âge adulte, en fait, tout le monde lui a tourné le dos. Il a perdu le contact de ses demi-frères et sœurs. Et moi j'ai connu mes cousins, cousines et mes tantes à l'âge de 16 ans. Donc, enfin de la famille de mon père en tout cas. J'ai jamais vraiment eu de souvenirs avec mon grand-père ni ma grand-mère. Donc vraiment, il a vraiment été coupé de sa famille. Le dernier point, c'est la difficulté de laisser partir quelque chose ou quelqu'un. Donc un deuil qui n'est pas fait, une rupture ou une vieille colère. Et voilà, comme je vous ai dit, aujourd'hui je sais que mon père a vécu des choses horribles. Donc le ressentiment, la rancune, faisait vraiment... partie de ses émotions. Mais moi, je ne le savais pas. Moi, je me disais juste « Ok, mon père, il n'est pas très expressif. C'est son caractère, il est comme ça. » Et voilà. Je n'avais pas du tout l'envers du décor. Je ne pouvais pas comprendre ses réactions. Et c'est que maintenant que j'ai fait ce travail-là. Anyways, en approche complémentaire par rapport à ce cancer, en médecine traditionnelle chinoise, la vessie est associée à la peur. au stress, à la rigidité et au contrôle excessif. Donc, pour ceux qui ont écouté le podcast précédent, je vous ai dit que j'ai un rôle de dictateur dans ma famille et auprès de mes proches. J'ai quelque chose de rigide, un truc par rapport au contrôle. Et je vous ai dit qu'il y a quelque chose en lien avec mon père et je me rends compte qu'en fait, je lui ressemble beaucoup sur certains points. Vous voyez où je veux en venir et je trouve ça me fait réfléchir en fait. Ça me fait trop réfléchir. Et en symbolique énergétique, le cancer de la vessie ou les problèmes de vessie peuvent indiquer un déséquilibre du chakra sacré. Je vous ferai un autre épisode sur toute cette zone en fait. C'est vraiment l'appareil génital, toutes les émotions bloquées dans cette zone. Moi, ça me parle beaucoup. Il y a beaucoup de choses dans ma vie qui tournent autour de ça. Voilà, donc là, je ferme la parenthèse sur la symbolique du cancer de la vessie. Si vous avez des proches qui sont atteints de maladies, si vous avez aussi des souffrances dans telle zone du corps, vraiment, je vous invite à regarder tout ce qui est psychosomatique. Et ça va vraiment vous donner des indications. Parce que pour moi, là, quand j'ai lu le cancer de la vessie, la symbolique, c'est totalement le vécu de mon père. Et en fait, toute cette rancune qu'il a rongée et toute cette colère qu'il a enfouie. Donc, avril 2015, ma mère nous annonce la tragique nouvelle. Et comme je vous ai dit, j'étais vraiment dans le déni. J'ai vraiment voulu être optimiste, croire en sa guérison, me dire non, mais mon père, il est fort, il est solide, il va se battre contre ce cancer. Je pense que pour beaucoup, quand on leur annonce qu'un parent est malade, on a l'image que nos parents sont puissants, forts comme des montagnes qui vont s'en sortir. Mais ce n'est pas tout le temps le cas. Franchement, c'est dur à encaisser. En tout cas, nous, ça ne l'était pas. Mon père n'a jamais dit de sa propre bouche « j'ai un cancer, je suis malade » . Je ne l'ai jamais entendu dire ça. Ma mère a toujours fait le pont entre sa maladie, nous, ses émotions et nous. Et je me souviens qu'au sein de notre fratrie, il y avait beaucoup moins de place pour les querelles de gamins qu'on avait. On était beaucoup plus matures, beaucoup plus soudés, beaucoup plus affectueux. Et on s'aidait beaucoup plus les uns les autres. Donc ça, c'est le point positif qui est arrivé. Il y a vraiment eu un avant et après l'annonce de la maladie. Et on s'est aussi plus rapprochés de mon père. Mais personnellement, j'ai toujours été très démonstrative avec mes parents. Je leur ai toujours dit que je les aimais. J'ai été hyper tactile avec eux. Je les prenais toujours dans mes bras. Je n'ai jamais eu de pudeur de sentiments vis-à-vis d'eux. Et j'ai toujours kiffé leur faire des massages aux pieds. J'aimais bien... Mon père, il faisait de l'eczéma. J'ai compris qu'après, finalement, que l'eczéma, c'est du stress. Il faisait des petites plaques d'eczéma. J'aimais trop lui gratter comme ça, quand il regardait la télé. Même quand mes parents, parfois, ils s'embrouillaient. Je ne pouvais pas aller dormir s'ils ne s'étaient pas rabibochés. J'allais dans leur chambre et je disais, vous allez vous faire la gueule longtemps. J'essayais de les faire rire. À force, ils rigolaient et ça passait. Je n'aime pas quand mes parents sont en embrouille. Je n'aimais pas, c'était nul. En plus, c'était des embrouilles de merde. Ça n'avait pas lieu d'être. Maman, tu vas écouter ça, tu sais de quoi je parle. Franchement, ça me faisait trop rire. Bref, en tout cas, la première année passe. On fait comme si de rien n'était. On a continué de vivre nos vies. Mon père n'avait pas encore accepté la chimiothérapie. Et il a refusé de se faire opérer pour qu'on lui retire la vessie. Il ne voulait pas qu'on lui installe une poche. Enfin bref, il a dit si je retourne à mon seigneur, je veux être intacte avec tous mes membres et mes organes. Et je le comprends. De toute façon, chacun fait ses choix. Pour lui, s'il devait accepter la chimiothérapie, accepter de se faire opérer, c'était vraiment comme s'il renonçait à cette image de père qui est solide, qui est là pour nous. Donc il s'est dit... Je vais me battre contre la maladie. Donc malheureusement, un an après, son état s'est détérioré. Donc il y a eu de plus en plus de métastases. Et ce qui s'est passé, c'est qu'il a accepté la chimiothérapie. Et là, son état s'est complètement dégradé. C'est-à-dire que pour moi, ça a complètement accéléré le processus de dévitalisation. Pour moi, c'était... Il avait perdu toute énergie, il devenait pessimiste en fait, alors qu'à la base, on vivait encore pas comme si de rien n'était, mais voilà, on était assez optimiste. Et là, en fait, c'était le coup de massue. Déjà, mon père, à cette époque-là, il avait fini de travailler, donc il était à la retraite. Mes parents, ils ont 13 ans d'écart, si jamais. Donc mon père était à la retraite et en fait, son cancer, il s'est déclaré... À la fin de son job, dès qu'il était à la retraite, le cancer a été déclaré. Donc c'était un coup de massue supplémentaire parce que... En fait, ok, il est à la retraite pour profiter de ses proches, mais maintenant, il est malade, il est condamné, stade 3, donc en fait, il ne lui reste plus longtemps à vivre. Donc c'était une double trahison. En fait, c'est comme si moi, je me mets à sa place et en fait, je sais qu'il y a eu de la colère contre la vie, contre son destin, contre cette condamnation. Genre le fait de se dire là, je vais enfin pouvoir. profiter de mes enfants, de ci, de ça. Et en fait, on m'annonce que non, que potentiellement que dans un an, je suis mort. Enfin, c'est horrible. Pour moi, c'est une trahison. Pour moi, c'est une blessure de la trahison. C'est trop dur. Donc là, je me souviens, je suis en fin de Master 1. Il a commencé la chimio. Donc, son état se détériore de mois en mois. Ça se dégrade complètement. J'entre en Master 2. Tout le premier semestre, la moitié il a passé à l'hôpital, il était souvent à l'hôpital. Là on arrive vers novembre, donc à l'époque j'étais en couple, je me suis fiancée. Donc pour moi c'était important qu'il soit là pour mes fiançailles. Donc c'est comme si j'avais un peu accéléré le processus, parce que je sentais que mon père en fait il n'allait pas tenir encore très très longtemps. Donc je me suis fiancée en novembre. Fin décembre, je révise pour mes examens de Master 2. Et en fait, dans ma tête, j'espérais vraiment qu'il ne décède pas pendant mes examens. En fait, dans ma tête, je me disais, j'espère qu'il va rester au moins jusqu'à la fin de mes partiels, le temps que je puisse quand même rester concentrée. Et voilà. Donc, je me souviens, c'est comme si je le voyais vraiment lutter pour ne pas partir. Donc j'allais souvent le voir à l'hôpital, je révisais à côté de lui. Il dormait toute la journée, il était vraiment alité. Je dormais avec ma mère à ce moment-là et je lui disais « Tu te rends compte que là, il est à l'hôpital, tout seul, dans son lit ? » Pour moi, ce n'est pas possible. Je ne peux pas le laisser comme ça, il est en train de passer ses derniers jours. Il faut qu'on aille le chercher. Et ma mère, elle était paniquée. Je lui dis « C'est notre famille, c'est notre père, tu vois. » Je ne peux pas. Donc le lendemain matin, première heure, on part avec la voiture à l'hôpital. Et on rentre dans sa chambre et là je dis papa on te ramène à la maison. Donc c'était tout début janvier. Et lui à ce moment là, c'est pas qu'il commençait un peu à perdre conscience, mais voilà je lui ai dit je lui ai pas laissé le choix, de toute façon il était mieux à la maison. Les infirmières ont dit vous avez pas le droit de le faire sortir, j'ai dit je m'en fous. Là j'aurais dit allez vous faire foutre, c'est mon père, on fait ce qu'on veut, blablabla. Et elle dit, ouais, il faut signer un document, blablabli, vous n'avez pas les autorisations. J'ai dit, je m'en fous. Mon père, il a arraché son cathéter. Il y avait du sang partout, je m'en souviens. Et je l'ai mis sur un fauteuil roulant. Et j'ai dit, c'est bon, on y va. Donc là, on part prendre l'ascenseur et tout. Les infirmières, elles disaient, vous n'avez pas le droit. Elle est dans le couloir. Et j'ai dit à ma mère, c'est bon, t'inquiète, il ne va rien nous arriver. Dieu, il est avec nous. On n'est pas en train de braquer une banque. On récupère juste mon père qui est malade. Donc on prend l'ascenseur, il avait froid, je me souviens, il faisait froid, c'était l'hiver, on était en janvier, on le couvrait avec plein de couverture, on l'a ramené à la maison, on l'a fait s'allonger, on lui a dit « ouais, au moins tu vois, t'es dans la chaleur humaine de la maison » . Et du coup, c'était début janvier, mon père il est décédé le 14 janvier, donc vraiment, moi j'avais fini mes examens vers le 10, donc il est vraiment parti juste après mes examens. Et du coup, pour vous raconter comment ça s'est passé, pendant ces deux semaines-là, il était à la maison, il n'arrivait plus trop à manger. Deux jours avant qu'il décède, ma mère lui a demandé ce qu'il voulait manger et il a dit « je veux manger une pizza par toi » . Il aimait trop les pizzas de ma mère. Donc ma mère lui a fait une pizza, il l'a mangée et il ne l'a pas vomi. Alors que d'habitude, pendant ces derniers mois, il ne faisait que de vomir ce qu'il mangeait. Et c'était trop mignon. Franchement, c'était trop mignon. Il n'a pas vomi cette pizza, il a tout mangé. Comme si, en gros, ça y est, il savait que c'était la dernière chose qu'il allait manger et il a savouré chaque chose qu'il avait dans... Enfin, c'était vraiment... C'était vraiment... Bref. Attendez, je fais une petite pause. Je suis vraiment en train de revivre toutes les scènes avec vous en vous l'expliquant. Et je suis contente de le faire en podcast parce que je sais que j'aurai juste à le réécouter. pour avoir une trace. Si j'ai des enfants et qu'ils veulent comprendre l'histoire de mon père, je peux leur faire écouter ce podcast. Bref, c'est vraiment un travail de mémoire que je suis en train de faire et ça me met grave de l'émotion. Bref, donc il était à la maison, c'était les deux derniers jours. On a fait toutes les démarches pour vider ses comptes en banque. Il a fait tout ce qu'il avait à faire pour transférer tout à ma mère. On a fait vraiment toutes les démarches possibles pour qu'on soit le moins taxé possible parce que... Vous connaissez les taxes en France, c'est une catastrophe. On a tout fait propre et voilà, il est resté allongé sur ce canapé. En fait, c'est comme s'il était déjà en contact avec une autre dimension. C'est trop bizarre comment je vous le dis, mais c'est comme s'il voyait déjà d'autres choses. Tu vois que son regard, il voit autre chose que ce que nous, on est capable de voir. Et il n'était pas du tout... stressé, il n'était pas du tout paniqué c'est comme s'il savait où il allait et du coup il écoutait beaucoup le Coran il arrivait encore à réciter le Coran il était encore présent en fait c'était beau franchement j'ai jamais vu quelqu'un décéder, mon père c'est la première personne que j'ai vu décéder On était collés à lui au moment où il est parti. En fait, je me dis, si je décède, j'aimerais être entourée de mes proches comme lui l'était. D'avoir tout l'amour autour de lui, d'être chez lui. Enfin, je trouve ça incroyable. Donc bref, cette nuit-là, la nuit où il commençait à agoniser. Donc c'est là où tu sais que ton âme, elle va partir. On était toutes assises à côté. Il y avait mon frère aussi. Et en fait, on lui donnait de l'eau à boire. Et moi, je me souviens, je lui donnais du miel. Donc, j'avais une cuillère de miel qui venait de la Mecque. Et je lui donnais. Et il mangeait comme si c'était un bébé. Il avait les yeux fermés, mais il mangeait ce miel. Et je savais qu'en fait, il était en train de partir. C'est trop bizarre à dire, mais tu sentais. C'est comme s'il y avait une porte, un portail qui était en train de s'ouvrir. Comme si on n'était plus tout seul dans la pièce. Comme s'il y avait... des anges ou j'en sais rien, appelez comme vous voulez, mais on n'était pas tout seul. C'est comme si dans ma tête, j'étais en train de l'accompagner. Je savais qu'il partait et c'est comme si je lui envoyais la force de « t'inquiète pas, on va s'en sortir, juste suis ce que tu as à suivre, vas-y » . C'est ce que je répétais dans ma tête et c'est comme si je savais qu'il m'entendait. C'est bizarre. Donc moi, j'avais les mains sur lui. Là, je tenais sa main. Ma mère, elle tenait sa main de l'autre côté. Elle avait mis sa main sur le front de mon père. Et vraiment, on l'accompagnait dans ce processus comme une femme qui accouche. Genre, t'es là et tu peux rien faire à part l'accompagner. Là, c'était la même chose. Et donc, il continuait de manger ce miel. Et à un moment, il a arrêté. Et là, c'est comme s'il a rendu son dernier souffle. Il a fait et après c'est comme si son âme, tu vois, elle est sortie, genre elle a fait chakra de la gorge, tu vois ce que je veux dire ? Elle était dans la gorge et là il a fait et c'est comme s'il a tout relâché, tu vois ? Et en fait son âme, elle a fait, elle est partie. C'était particulier, je vous jure vraiment. Vivre le décès de quelqu'un, en plus qui est proche, c'est vraiment particulier. Je n'ai pas trop les mots, mais il s'est vraiment passé un truc de transcendant à ce moment-là. Et en fait, quand il est parti, j'ai pleuré. J'ai crié, non, je me disais, putain, il ne respire plus. Genre, je ne sens plus son cœur qui bat. Ça fait trop bizarre. Il ne faut pas que je pleure dans cet épisode. Je ne sentais plus son cœur. coeur qui bat et je me disais putain son corps il est vide genre c'est une coquille vide et genre tu te sens je sais pas comment vous expliquer genre tu te sens démunie, tu te sens mais tu vois genre je voulais pas m'effondrer alors que pour moi ma mère c'était pire pour elle Pour ma mère, j'imagine pas comment ça a dû... Genre, on t'arrache l'homme de ta vie. Ils étaient trop amoureux, mes parents. Ils s'aimaient de ouf. Ils étaient comme... C'était comme son père, en fait. Pour elle, c'était tout. C'était son meilleur ami, c'était son père. C'était une figure d'autorité qui la rassurait. C'était une figure de sécurité pour elle. Et genre, je pouvais pas m'effondrer comme ça. Donc, j'ai comme... Je suis restée forte. J'ai pleuré, j'ai crié. Je me suis dit non, mais ça n'a pas duré plus de cinq minutes. Je me suis dit non, je ne peux pas lâcher maintenant. J'ai été là pour ma mère en soutien, mes sœurs. Je me suis dit je vais prendre cette figure qui va les sécuriser. Je me suis interdite de vivre le deuil comme une personne vivrait son deuil. Et c'est... Voilà. Donc ensuite, on a appelé le médecin qui est venu déclarer le décès. Donc c'était le matin, il était 8h35. On était un samedi. Et donc le médecin arrive, on commence à prévenir la famille. Donc la famille se déplace de Paris. Voilà, on fait les choses dans les règles de l'art. On prévient aussi pour le lavage mortuaire dans les principes islamiques. Et pour moi, j'étais comme dans une bulle sur un nuage et je me disais mon père va bien. En fait, ce qui est fou, c'est que donc il est décédé. On l'a recouvert et au moment où on a découvert le drap. qu'il était encore allongé sur ce canapé. On attendait vraiment que la morgue vienne le chercher, etc. On a retiré le drap et en fait, il avait un sourire sur le visage. Et son visage, c'est comme s'il avait perdu 20 ans d'âge. C'est comme s'il avait 40 ans. Et son visage, il était pulpeux, comme si tu lui avais fait un cobi d'eau. Tu vois ce que je veux dire ? Et là, je me suis dit, OK, il va bien. Il est bien parti. Je sais qu'il est bien là où il est. Et donc là, en fait, ça m'a retiré vraiment énormément de poids, de tristesse. Je me suis dit, c'est bon, en fait, il est délivré. Là, il était là, il souffrait. Il souffrait ici, il avait son cancer, il avait ses douleurs. Il avait tout ce qui va avec. Les tracas de la vie ici-bas. Et là, il est parti. Il est parti rejoindre Dieu. Donc, il nous a laissé un dernier message physique. C'est-à-dire que... Il était beau, tu vois. Il avait... Tu vois, comme il avait la maladie, il commençait à avoir beaucoup de petites taches brunes sur le visage, etc. Et ça avait disparu. Son visage était vraiment comme une peau de pêche. Et je me suis dit, mais waouh ! Genre, what is that glow ? Tu vois, genre, c'est là. T'es beau gosse, papa ! Et du coup, ça m'a... C'est comme si Dieu m'avait... mis une sérénité dans mon cœur à ce moment-là. Et genre, j'ai remercié, j'étais grateful. Genre, je ne faisais que dire Elhamdoulilah, Dieu merci. Dieu merci, il est bien parti. Il est bien là où il est, je sais qu'il est bien. Donc là, maintenant, j'avais récupéré un peu de force mentale, tu vois. Donc, ils sont arrivés, ils sont venus chercher le corps, ils l'ont déposé à la morgue, tout ça, tout ça. Et là, là, c'était bon, en fait. Donc, on est partis ensuite, deux jours après, au Maroc, pour aller l'entendre. enterré. Donc, j'étais avec mon ex-conjoint de l'époque, avec ma mère. Et voilà, après, le processus, il s'est fait comme il s'est fait. Et toutes ces années, en fait, c'est comme si j'ai pas vraiment vécu un deuil classique. Parce que, comme je vous ai dit, je me suis dit, faut que je m'occupe de ma mère, faut que je m'occupe de ma famille, faut que mes soeurs, elles manquent de rien, faut que... Voilà, faut que... que je sois là en fait. Donc, je me suis éteinte, j'ai éteint cette voix dans ma tête de tristesse. Mais je vous dis, il y a beaucoup de fois où j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps dans mon lit parce que je repensais à mon père et que je me disais, tu vois ça, quand j'ai eu mon Master 2, j'ai pleuré parce que je me suis dit, mon père, il n'est pas là pour voir ma remise de diplôme. J'ai pleuré de gratitude aussi parce que il a attendu la fin de mes examens. Pour partir. Et je me suis dit... Ouais, en fait, tu vois, tout me faisait penser à lui. Beaucoup de mes réussites, mon côté professionnel, toutes mes réussites, je me suis dit j'aurais aimé les partager avec lui. Et aujourd'hui, tu vois, je ne peux pas savoir ce qu'il pense. Je ne peux pas savoir si ma situation actuelle lui conviendrait. Je ne peux pas savoir comment il aurait réagi. Je ne peux pas savoir, en fait. Mais je le garde au fond de mon cœur. Tu vois ce que je veux dire ? Après, je le vois dans mes rêves. Je le vois beaucoup quand j'ai des questionnements profonds ou quand j'ai des tristesses profondes. Je rêve tout le temps de lui. Donc je me dis, en fait, il est là. Il est là, il est juste autre part. Mais il est là et je sais qu'il m'accompagne. Et quand je vous dis qu'il m'accompagne, le truc, c'est qu'il m'accompagne aussi dans ma manière d'être. J'ai récupéré un peu de ses défauts aussi. Donc cette rigidité, la froideur. parfois quand je donne des ordres ou bref, ce truc d'autoritaire il lui appartient à lui il ne l'appartient pas à moi et quand j'en avais parlé à mon psy désolé je vais un peu dans tous les sens, je ne sais pas si vous allez me suivre mais quand j'en parlais à mon psy du fait que je sois un peu très cash très brute de décoffrage il m'a posé un peu des questions sur mon enfance, etc. donc je lui ai beaucoup parlé de mon père et je lui ai dit que moi mon père il me faisait peur quand j'étais petite et Il fallait que je file droit pour que tout file droit. Et il a dit, vous savez pourquoi vous êtes devenu comme ça ? Je lui ai dit, bah non. Et il m'a dit, en fait, comme vous avez réussi à survivre à la pression de votre père, vous avez quand même réussi à devenir quelqu'un, entre guillemets, à réussir à votre côté professionnel, etc. Vous avez réussi, malgré la pression que votre père vous a mis. Vous vous dites, comme vous, vous avez réussi à subir cette pression, en fait, vous la faites subir aux autres parce que pourquoi vous, vous y êtes arrivés et pas les autres ? Et quand il m'a dit ça, genre ça a débloqué un truc dans mon cerveau. Et je me suis dit, c'est vrai, il a raison. Parce que souvent je dis, ouais, un tel, il est faible. Un tel, il est faible. Ma mère, je dis souvent, elle est faible, tu vois. Même si je l'aime de tout mon cœur, je la trouve assez faible. Elle se laisse vite abattre par les choses de la vie, tu vois. Et je me dis toujours, putain, mais pourquoi les gens, ils ne sont pas plus forts ? Et du coup, mon psy m'a expliqué que c'est juste un mécanisme que j'ai développé parce que mon père m'a fait ça, en fait, tu vois. Je parle beaucoup, mais en même temps, c'est un podcast. Mais je parle beaucoup quand même. Ça me fatigue. Il faut que je boive un peu d'eau, là. En tout cas, toutes ces années ont passé et j'ai eu des contre-coups. on va dire, genre des moments de down total où j'ai pleuré en étant la petite fille qui dit « mon père me manque » , tu vois. J'ai le droit d'avoir mes moments de faiblesse, c'est normal. Mais c'est vrai que je ne le montre pas à ma famille parce que je ne veux pas les mettre dans cet état-là. Je ne veux pas que... Ma mère, elle pense tout le temps à mon père. Elle y pense tout le temps. Pour elle, c'est l'amour de sa vie. Ça ne changera rien du tout. Et je n'ai pas envie de rajouter une couche. Je n'ai pas envie de lui dire que mon père... père me manque, que tu vois, le fait que si demain j'ai des enfants, mon père, il va jamais connaître mes enfants. Et ça, ça m'arrache le cœur. Ma réussite professionnelle, tout ce que je réussis à entreprendre, il n'est pas là, en fait. Il n'est pas là pour voir ça. Et ça m'arrache le cœur, vraiment. C'est dur. Et je n'ai pas envie que ma mère elle entende ça parce que je sais que ça va lui faire un coup de massue supplémentaire. Et je n'ai pas envie de ça. Les années passent et... Voilà, les choses ont évolué dans mon état d'esprit, dans comment... En fait, c'est en faisant du travail sur moi, en voyant des thérapeutes, en étant suivie par un psy, en faisant toutes ces choses-là, que je me rends compte du lien que j'ai avec mon père. Je me rends compte que la performance, que le besoin d'exceller dans ce que je fais, vient de mon père. Et je me rends compte que ça reste quelque chose de toxique. Voilà, donc nos parents, on les adore, mais ils nous ont aussi légué des comportements toxiques. Et ça, ça en fait partie. Demain, si je dois créer quelque chose, je vais avoir ce truc de « il faut que ce soit parfait » parce que dans ma tête, mon père, il voulait la perfection. Donc j'ai gardé ce truc-là de « il faut que ce soit parfait » . Et c'est très mauvais, c'est très mauvais. Combien de choses je n'ai pas commencé parce que je me suis dit « je n'ai pas encore toutes les conditions réunies pour que ce soit parfait » . Donc c'est pas bon. Aujourd'hui, ça fait huit ans qu'il n'est plus là, mais ça fait deux ans que vraiment j'ai entamé un processus personnel d'introspection pour me dire, ok, qu'est-ce qui m'appartient, qu'est-ce qui ne m'appartient plus ? que ce soit de mon père, que ce soit de ma mère, que ce soit de ma famille, de la société, de ci, de ça, enfin bref. J'essaye de m'émanciper de ce qui ne m'appartient pas. Et ce qui fait qu'aujourd'hui, j'arrive de plus en plus à créer des choses, en fait. Et l'année dernière, je ne sais pas si vous vous souvenez, on a eu une saison des éclipses assez hard. Au niveau émotionnel, ça a grave travaillé de mon côté. Il y a eu des pleines lunes, des trucs, enfin bref. Et un jour, je me suis dit, je pense que je n'ai pas fait le processus de deuil correctement. Il faut que j'écrive. Et il faut savoir qu'écrire, le journaling, ça ne fait pas partie de mon quotidien. Ce n'est pas un automatisme que j'ai. Au début, j'avais écrit mes traumatismes d'enfance, mes émotions que j'aimerais pouvoir gérer plus facilement. Moi, c'est la colère. Vraiment, la colère, si j'avais un deuxième surnom, ce serait colère. Et en fait, ça, je ne voulais plus l'avoir. Donc, j'ai essayé de trouver toutes les origines possibles à ma colère. Et au fur et à mesure, je me suis dit, je pense que le décès de mon père, je ne l'accepte toujours pas. Je ne l'ai pas accepté pendant longtemps. J'ai été dans le déni. Et c'est comme si je lui en avais voulu de ne pas s'être battue jusqu'au bout. Alors qu'en soi, il a fait tout ce qu'il a pu. Il n'aurait pas pu faire mieux. Mais c'est vraiment une partie de moi qui est en colère contre l'injustice. Pour moi, c'est mon père n'est plus là alors que j'aurais aimé partager tellement de choses avec lui. Et j'étais proche de lui quand même. Donc, j'ai perdu un soldat, un allié. période des éclipses j'ai commencé à faire du journaling par rapport à tout ça et j'ai écrit une lettre à mon père comme s'il allait vraiment la recevoir et je lui ai écrit voilà mon cher papa et j'ai crié écrit et j'en ai versé des larmes sur ses sur tout ce que j'ai écrit et en fait j'ai été tellement soulagé à la fin parce que je lui ai dit tout ce que j'avais à lui dire je lui ai reproché ce que je lui reprochais je lui ai je les remercier pour tout ce qu'il a fait c'était j'ai mis à l'écrit tout ce que j'avais besoin de mettre à l'écrit, comme si vraiment j'apposais mes émotions sur un papier et c'est vraiment une thérapie de ouf et ceux qui n'ont pas l'habitude d'écrire je vous recommande tellement le journaling j'en fais toujours pas assez mais pour moi c'était l'exercice le plus puissant que j'ai pu faire, beaucoup plus que n'importe quel autre exercice que j'ai pu faire et voilà ça m'a aidé, ça m'a aidé à flore un chapitre et aujourd'hui j'avance, si j'avance par rapport à ... à ce deuil, c'est aussi grâce à cette lettre que je lui ai écrite. Et vraiment, pour moi, il l'a reçue. Vous voyez ce que je veux dire ? Et aujourd'hui, je rêve encore de mon père. Il vient encore me voir. Il me fait des câlins. Je rêve de lui comme si c'était lui. Pour moi, c'est vraiment lui. Je le vois sur un autre plan dimensionnel. Et j'aime trop. En tout cas, je ne sais pas si c'est la fin de cet épisode parce que je ne sais pas si j'ai d'autres choses à dire. Ça a vraiment remué beaucoup de choses. Donc voilà. Mais pour vous dire, c'est important de faire un exercice de récapitulatif de « Ok, qu'est-ce qui vient de ma mère ? Qu'est-ce qui vient de mon père ? Quels sont les comportements qui me desservent ? Qu'est-ce que je fais de toxique envers moi-même qui ne m'appartient pas ? Est-ce que je fais les choses pour moi-même ? Est-ce que je le fais pour mes parents ? » Il faut vraiment délimiter les choses. Aujourd'hui, je pense que les choix que je fais, au début mes parents Je pense, je parle de mon père comme s'il était encore là, mais à mon avis ce serait comme ma mère. Ils ne vont pas tout cautionner, c'est clair et net. Le fait d'être visible sur les réseaux sociaux, déjà ça fait peur. Toutes les mamans vont dire « j'ai peur pour ma fille, j'ai peur pour mon fils, il est visible sur les réseaux sociaux » . Aujourd'hui, elles acceptent parce qu'elles voient que ça reste une thérapie pour moi-même, pour elles. Je ne sais pas comment vous expliquer, mais en gros, ma réussite, c'est comme une réussite pour elles. Pour moi, il faut aller au-delà de « c'est ma mère, c'est mon père, et voilà, on a une famille, tout va bien, blablabla » . Non, pour moi, il y a forcément des choses à creuser. Pour moi, l'impact du transgénérationnel, il est ouf. Aujourd'hui, j'arrive à parler de tout ça parce que j'ai entamé un processus d'introspection, je me suis posé des questions, j'ai écrit, je me suis renseignée, j'ai été voir des kinésiologues, des psys décider ça. Voilà. Peut-être qu'il y en a qui vont dire « Ouais, tu cherches des problèmes là où il n'y en a pas » , mais pour moi, je ne veux pas laisser des traces dans le transgénérationnel. Je ne veux pas laisser davantage de traces qui font du mal. Je veux commencer déjà à faire le travail de nettoyage. Et quand je vous dis que là, on parle de mon père qui a eu un cancer de la vessie, quand je regarde le pourquoi du comment, on a énormément de points en commun. On a énormément de points en commun. Tout ce qui est limites, territoire, se sentir envahi, humiliation, tout ça, tout ça, c'est des choses que je vis aussi. Et je veux... Je veux travailler sur ça pour... Je n'ai pas envie de dire je ne veux pas ci, je ne veux pas ça, parce qu'on va attirer. Quand tu dis je ne veux pas quelque chose, tu l'attireras quand même. Donc, je veux me libérer de ces chaînes, tout simplement. Et je vous invite à faire la même chose si vous voyez des choses dans votre famille. Vous savez, par exemple, un problème de thyroïde, la grand-mère, la mère, la tante, la ci, la ça, il y a un truc à régler. Il faut se pencher sur la question. Quand on dit oui, le cancer du sein, c'est héréditaire, blablabli, blablabla, ok, mais l'émotionnel dans tout ça, ça vient d'où ? Quelle est l'origine ? Voilà, je pense que j'ai beaucoup parlé dans cet épisode. Vous m'avez dit que mes épisodes étaient trop courts. Là, je crois qu'il va être un peu long. N'hésitez pas à me laisser un message sur Instagram. Est-ce que vous avez un parent qui est décédé ? Est-ce qu'il y a une personne dans votre entourage qui vous a quitté ? Comment vous l'avez vécu ? Est-ce que... est-ce que mon histoire vous parle ? N'hésitez pas à m'écrire, j'adore lire vos messages. Je suis super contente que le podcast résonne avec vous. La prochaine fois, je pense que je parlerai du couple et je ferai un duo avec Val parce qu'il y a beaucoup de questions qui reviennent sur le couple mixte, les débats qu'on a entre nous, les difficultés qu'on a rencontrées au tout début de notre relation, etc. Voilà, c'est la fin de cet épisode. Maman, Je t'embrasse très fort parce que je sais que tu écoutes. Mes deux petites sœurs aussi, je vous envoie grave de l'amour. Ma porte reste ouverte si vous avez besoin d'en parler avec moi. Et voilà, merci pour votre écoute à tous. Et je vous souhaite une très bonne journée ou une très belle soirée. Et je vous embrasse très fort. À très bientôt.

Description

Dans cet épisode, je prends le temps de revenir sur un moment important de ma vie : le décès de mon père. Je vous partage mon vécu, ce que cette période a réveillé en moi, ce que j’ai compris (ou pas tout à fait), et comment ce deuil a transformé certaines choses dans ma manière d’être, de ressentir, de voir la vie. C’est un épisode sans filtre, avec l’envie d’ouvrir un espace de parole autour du deuil (sujet qu’on évite souvent, mais qui nous traverse tous un jour).


Bonne écoute.


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Site internet : Ninoufood.com


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Transcription

  • Speaker #0

    Hola chicos y chicas, j'espère que vous allez bien. Cet épisode va être pour moi un exercice de retraçage des souvenirs, un peu comme si j'essayais d'ancrer ma mémoire. Je vais parler de deuil, donc je sais que ce n'est pas un sujet très joyeux, mais je ne veux pas que ce soit un tabou entre nous. Et beaucoup l'ont remarqué et m'ont questionné, je ne parle pas souvent de mon père, tout simplement parce qu'il n'est plus parmi nous depuis janvier 2017. Donc disclaimer, je vais vraiment parler de mon histoire. de mon vécu et de la manière dont j'ai traversé cette épreuve. Par contre, je n'ai jamais réussi à parler de lui au passé. Pour moi, il est toujours là quelque part, donc je vais continuer de parler de lui au présent. Mon père est un homme très discret, très pudique dans ses émotions, dans ses sentiments. C'est quelqu'un d'analytique, très ordonné, très organisé. C'est un homme débrouillard, professionnel du système D. Il savait cuisiner, faire du... pain, de la brioche, des tagines et plein d'autres choses. Et en matière d'actes, c'était un homme incroyable. Donc, mon père est berbère. Il est né en janvier 1953 et il a grandi au Maroc. Il a eu une enfance horrible. Il a été torturé par sa belle-mère qui était imbuvable et manipulatrice. Et tout ça, je vous le raconte, mais je ne l'ai su qu'à l'âge adulte. C'est vraiment ma mère qui m'a un peu raconté tout ça, même après son décès, en fait. Donc, c'est... qu'aujourd'hui que j'ai réussi à connecter les pièces du puzzle. Bref, donc très petit, il a dû s'occuper de ses demi-frères et sœurs. Lui, c'était le seul fils de la première union. Et voilà, donc c'est un enfant qui n'a pas vraiment eu d'enfance parce qu'il a dû s'occuper très tôt de ses petits frères et sœurs. Et ma mère, elle m'a raconté que sa belle-mère déchirait ses cahiers d'école pour lui retirer le droit de penser à autre chose ou... de s'émanciper du climat familial. Donc voilà, je ferme la parenthèse sur son bagage familial. Donc la petite Nisrine que j'étais n'a jamais compris pourquoi son papa était si distant émotionnellement. Je n'ai pas eu une enfance où je me suis sentie très proche de lui. Mon père était ouvrier et travaillait de nuit, donc on ne le voyait pas très souvent. Et les seuls moments où on le voyait, il reprenait en revue tous les devoirs de la semaine, les contrôles. Et en fait, il s'assurait que tout était en ordre. Donc, tu vois, toi, t'es enfant, tu commences à développer un stress de la performance. Il voulait qu'on réussisse, il voulait qu'on fasse de longues études. En fait, il ne voulait pas qu'on se fasse écraser par les autres. Et il a toujours dit, le monde, c'est une jungle et il ne faut pas être parmi les plus faibles. Et ça, c'est un truc qui est resté dans ma mémoire. Et je pense que j'ai grandi autour de cette phrase. Et je vous raconte tout ça. J'ai pris énormément de recul sur mon passé et j'arrive enfin... avoir le prisme d'une manière différente. Donc je vous dis ça parce que quand un parent décède, en général, tu veux te raccrocher au bon souvenir. Tu veux pas te dire qu'il y a eu des choses, que t'as mal vécu. T'as pas envie de porter atteinte à sa mémoire. Alors qu'en réalité, ça retire pas l'amour que tu lui portes. Donc pour en revenir à Aminine Isrine, j'ai eu une figure paternelle très absente sur le plan émotionnel. Genre c'est vraiment, on méritait son amour, il fallait être bon à l'école ou les études ou le comportement. Et quand t'es enfant, t'as juste envie de kiffer ta vie d'enfant, d'être sale quand tu rentres des balades, de dessiner partout, de te perdre dans la lune. Je me souviens, franchement, il aimait pas qu'on se perde dans la lune. Et moi, je suis souvent dans la lune, tu vois. Et en fait, pour lui, c'était comme de la faiblesse de se laisser vaquer à des... des distractions futiles ou des choses comme ça. Mais on était des enfants, donc il fallait aussi qu'on vive notre vie d'enfant. Je me suis vraiment sentie limitée dans tout ça. Même si on a pu avoir une vie sociale, tu devais le mériter. Si tu n'avais pas eu des excellentes notes, tu pouvais toujours courir pour aller passer la journée avec tes potes dans le quartier pour jouer dans le bac à sable, tu vois ce que je veux dire. Et maman, je sais que tu vas écouter et je tiens à te dire quand même que tu as toujours fait le pont. entre papa et nous, t'as toujours ramené un peu de douceur à la maison et on était trop contents quand tu rentrais du travail, on se sentait plus léger et je sais que sa souffrance intérieure à lui, tu l'as prise et tu l'as protégée. Et je pense que si j'avais su plus tôt qu'il avait manqué d'amour et de chaleur humaine dans son enfance et dans sa jeunesse, j'aurais compris qu'il n'avait pas les ressources pour nous apporter ce dont on avait besoin sur le plan affectif. Et je précise bien plan affectif. Parce que sur les autres plans, matériel et autres, il a toujours été au top du top. C'est-à-dire qu'on n'a jamais manqué de rien. Et comme c'était un bricoleur et un geek, dans le sens hyper calé en informatique, on a toujours été à la page. On n'était pas à la ramasse. Il nous a aussi poussé à maintenir une activité sportive à côté des cours. Il y avait toujours cette crainte de ne pas être à la hauteur à ses yeux. Et mon frère et mes sœurs l'ont peut-être vécu différemment sur certains points, mais je pense que globalement on va être d'accord sur toute la ligne. Pour vous faire un petit topo, mon frère a subi énormément de pression sur la réussite. C'était dur. Pour vous donner le profil rapidement, mon frère est hyperactif, il a été diagnostiqué très petit, il est surdoué, il a sauté deux classes très tôt et il était vraiment turbulent parce que sûrement il s'ennuyait en classe. Donc il a été le clown de service de ses camarades pendant plusieurs années. Ça, mes parents, ça les rendait ouf. Mes parents, ils ont été convoqués tellement de fois pendant sa scolarité, il a été exclu à plusieurs reprises et après coup, je me dis que c'était comme un appel à l'aide de mon frère. ... Et en fait, aujourd'hui, c'est quelqu'un qui n'a plus du tout d'ambition. Il geek énormément aux jeux vidéo. Et je pense qu'il pense, enfin c'est ça, il pense qu'il n'est pas capable de faire quoi que ce soit de sa vie. Aussi parce que mon père lui a répété plusieurs fois que c'était un bon à rien, etc. Et bien entendu, il y avait toujours un contexte quand mon père lui disait des choses comme ça. Mais ça reste des paroles qui sont dures à entendre et dures à encaisser. Surtout quand t'es enfant, quand t'es ado. Ensuite, j'ai ma sœur de 28 ans. Elle n'a pas réussi à gérer la pression non plus et elle s'est rebellée plusieurs fois dans l'adolescence. Elle a détesté les cours, elle en avait marre des cours de natation. Elle en avait marre tout simplement qu'on la compare avec les autres camarades qui ont réussi. Et elle a dit fuck. En fait, elle a absolument fait tout ce que mes parents lui ont interdit. Comme si elle voulait les provoquer. Et je comprends qu'elle ait agi comme ça parce qu'en fait, c'était relou. Et je sais aussi que le fait que je réussisse bien en cours, ça l'a impacté. Parce que mes parents m'ont prise en exemple plusieurs fois. Et ça a vraiment fragilisé ma relation avec ma sœur. Et donc Yasmine, si tu m'écoutes, désolée. Je n'ai rien fait intentionnellement. En plus, je t'ai toujours aidée, même pour tricher, même pour mentir à papa et maman. Bref, donc je n'ai vraiment rien à voir dans l'histoire. Après, il y a mon autre sœur, Imen, de 24 ans. Petite. taureau, meuf, chill, il ne faut pas se presser. Ma sœur était très jeune quand mon père est décédé, elle avait 15 ans, donc c'était grave dur pour elle. Et je pense qu'elle a eu beaucoup d'incompréhensions et de questions sans réponse. Et Ymène aussi a eu une scolarité brillante, elle a sauté une classe très jeune et elle n'a jamais fait d'écart, vraiment, à part qu'elle n'arrivait pas à se réveiller le matin. Et ça, c'était le sketch tous les matins, ça sonnerait. C'était Drake Headlines et ça sonnait, ça sonnait. Et comme elle était en collège privé, c'est mon père qui l'emmenait le matin à l'école. C'était vraiment folklorique. Moi, perso, je me tapais grave des barres. Elle passait des heures sur son téléphone la nuit, sur des forums de Violetta. Vous savez, la série Latino. Et elle parlait avec des gens sur Twitter. Elle se faisait des potes virtuels. Bref, visiblement, elle avait mieux à faire que dormir. Et voilà, moi, j'aimais trop parce qu'elle chantait toujours devant son miroir. Elle le fait toujours. Et il n'y a jamais eu de silence à la maison. Et moi, dans tout ça, ma scolarité, je suis rentrée dans les clous, comme je vous ai dit. J'étais bonne élève. Et quand j'étais ado, quand j'ai commencé à faire des conneries, ce n'était pas des conneries en cours, c'était des conneries en dehors. Quand je mentais à mes parents, tout ça, je disais que j'étais à tel endroit, mais je n'y étais pas. J'ai toujours réussi à cacher ça. Ma mère avait un sixième sens, donc elle savait que je lui mentais. Mais mon père, en tout cas, je pense qu'il ne se doutait pas de quelque chose. En fait, j'étais vraiment vue comme la personne la plus normale par mes parents, par mon père en tout cas. En fait, on habite dans une maison à Orléans, ma mère y est encore. Il y a deux étages et au dernier étage où on était, il y avait nos chambres, mon frère et mes sœurs. Dès qu'il y avait du bruit ou qu'il y avait un problème, mon père... père, quand il criait pour nous dire d'arrêter de faire du bruit ou quoi, il ne prononçait jamais mon prénom. C'était toujours soit mon frère ou soit mes soeurs. Je me faisais presque pas engueuler. Je pense que je peux compter sur les doigts de la main le nombre de claques que j'ai pris à dos. J'ai oublié de vous dire, mais mon père est décédé d'un cancer de la vessie en 2017 et on a su qu'il était malade deux ans avant son décès. Donc, il était en stade 3 de la maladie. Donc, c'était déjà très avancé. Et je me souviens encore de comment ma mère me l'a annoncé. Je devais partir en cours, j'étais à la fac et on était dans la salle de bain. Et elle m'a attrapé le bras et m'a dit « Nisrine, ton père est malade » . Et je lui ai dit « Comment ça ? » . Elle me dit « Il a un cancer » . Et j'ai eu le réflexe comme pour retirer sa main de mon bras et je lui ai dit « Mais non » . Je n'y ai pas cru du tout. En fait, c'est comme si mon cerveau a fait un blackout. Et elle me dit, on en reparle après. Et je dis, mais qui a dit ça ? Et elle a dit, le médecin. Donc, j'ai dit, bah, il raconte de la merde. Et elle a dit, tu ne le dis pas encore aux autres. Donc, elle ne me l'avait dit qu'à moi à ce moment-là. Et honnêtement, je suis restée dans un déni. J'étais dans ma bulle. Je me disais que c'était impossible. Je me disais peut-être, il est malade. Mais le mot cancer, en fait, quand tu le... Ça me coupe la voix. Le mot cancer, quand tu l'entends, tu ne veux pas y croire. En fait, tu dis toujours ça n'arrive qu'aux autres. Et donc, voilà, je n'en avais même pas parlé à mon ex de l'époque. Parce que pour moi, tant que je n'avais pas plus d'informations, je ne voulais même pas y penser. Les jours passent et ma mère nous dit officiellement que c'est un cancer de la vessie. Donc, elle nous dit oui, c'est au stade 3. Donc là, je commence à me renseigner un peu sur Internet. Qu'est-ce que ça veut dire stade ? Qu'est-ce que c'est un cancer de la vessie ? Bref, tu essaies de chercher des réponses. Avec le recul et bien après son décès, j'ai compris à quoi était lié le cancer de la vessie. Je vais vous dire ce que le dictionnaire des maladies indique sur ce cancer. La vessie est liée au stockage et à l'élimination des déchets. Par déchet, on peut aussi penser à émotions, les pensées, le vécu. Elle est aussi liée au territoire, au marquage de limites, comme les animaux qui urinent pour marquer leur espace. Elle est aussi liée à des tensions non exprimées, au contrôle ou à la peur de perdre le contrôle. Donc là, c'est la symbolique générale de la vessie. Et ensuite, les conflits psychosomatiques, donc l'émotion associée à ce cancer. Il y a... premièrement un conflit de territoire, donc se sentir envahi, menacé ou dépossédé d'un espace physique ou symbolique, travail, maison ou couple, ou par exemple un divorce, une mise à la porte, une trahison familiale ou professionnelle. Deuxièmement, en conflit psychosomatique, il y a la colère ou l'humiliation réprimée, donc la colère que la personne ne s'autorise pas à exprimer, ou un sentiment d'injustice, d'abaissement qui est vécu en silence. Donc comme je vous ai dit, mon... Mon père a vécu de l'humiliation toute sa jeunesse, depuis qu'il était enfant. Et après, il y a aussi au niveau du travail. Mon père, en fait, il y avait un gros décalage avec son intellect. Il était vraiment très intelligent et très débrouillard. Et le job d'ouvrier qu'il faisait. Donc, il y avait un truc de je sais que je mérite mieux. Mais voilà, je suis bloquée dans ce truc de je suis ouvrier. Alors que je peux faire tellement d'autres choses. Bref. sentiment d'injustice. Ensuite, il y a la soumission ou l'incapacité à poser ses limites. Donc ne pas réussir à dire non. Et mon père de son vécu, c'est quelqu'un qui aidait beaucoup les autres. Il avait des amis ou des collègues de travail. À chaque fois qu'un collègue avait un problème, il faut réparer mon ordinateur, mon téléphone est cassé, j'ai ci qui est cassé, est-ce que tu peux venir bricoler ça chez moi ? Mon père était toujours là pour aider les autres. Il y a aussi le conflit d'identité ou d'appartenance. Donc se sentir exclu ou rejeté de sa famille, d'un groupe ou de la société. Et de se demander où est ma place, est-ce que j'ai le droit d'être là ? Et mon père en fait il a grandi, comme je vous ai dit, en s'occupant de ses frères et sœurs. Mais une fois à l'âge adulte, en fait, tout le monde lui a tourné le dos. Il a perdu le contact de ses demi-frères et sœurs. Et moi j'ai connu mes cousins, cousines et mes tantes à l'âge de 16 ans. Donc, enfin de la famille de mon père en tout cas. J'ai jamais vraiment eu de souvenirs avec mon grand-père ni ma grand-mère. Donc vraiment, il a vraiment été coupé de sa famille. Le dernier point, c'est la difficulté de laisser partir quelque chose ou quelqu'un. Donc un deuil qui n'est pas fait, une rupture ou une vieille colère. Et voilà, comme je vous ai dit, aujourd'hui je sais que mon père a vécu des choses horribles. Donc le ressentiment, la rancune, faisait vraiment... partie de ses émotions. Mais moi, je ne le savais pas. Moi, je me disais juste « Ok, mon père, il n'est pas très expressif. C'est son caractère, il est comme ça. » Et voilà. Je n'avais pas du tout l'envers du décor. Je ne pouvais pas comprendre ses réactions. Et c'est que maintenant que j'ai fait ce travail-là. Anyways, en approche complémentaire par rapport à ce cancer, en médecine traditionnelle chinoise, la vessie est associée à la peur. au stress, à la rigidité et au contrôle excessif. Donc, pour ceux qui ont écouté le podcast précédent, je vous ai dit que j'ai un rôle de dictateur dans ma famille et auprès de mes proches. J'ai quelque chose de rigide, un truc par rapport au contrôle. Et je vous ai dit qu'il y a quelque chose en lien avec mon père et je me rends compte qu'en fait, je lui ressemble beaucoup sur certains points. Vous voyez où je veux en venir et je trouve ça me fait réfléchir en fait. Ça me fait trop réfléchir. Et en symbolique énergétique, le cancer de la vessie ou les problèmes de vessie peuvent indiquer un déséquilibre du chakra sacré. Je vous ferai un autre épisode sur toute cette zone en fait. C'est vraiment l'appareil génital, toutes les émotions bloquées dans cette zone. Moi, ça me parle beaucoup. Il y a beaucoup de choses dans ma vie qui tournent autour de ça. Voilà, donc là, je ferme la parenthèse sur la symbolique du cancer de la vessie. Si vous avez des proches qui sont atteints de maladies, si vous avez aussi des souffrances dans telle zone du corps, vraiment, je vous invite à regarder tout ce qui est psychosomatique. Et ça va vraiment vous donner des indications. Parce que pour moi, là, quand j'ai lu le cancer de la vessie, la symbolique, c'est totalement le vécu de mon père. Et en fait, toute cette rancune qu'il a rongée et toute cette colère qu'il a enfouie. Donc, avril 2015, ma mère nous annonce la tragique nouvelle. Et comme je vous ai dit, j'étais vraiment dans le déni. J'ai vraiment voulu être optimiste, croire en sa guérison, me dire non, mais mon père, il est fort, il est solide, il va se battre contre ce cancer. Je pense que pour beaucoup, quand on leur annonce qu'un parent est malade, on a l'image que nos parents sont puissants, forts comme des montagnes qui vont s'en sortir. Mais ce n'est pas tout le temps le cas. Franchement, c'est dur à encaisser. En tout cas, nous, ça ne l'était pas. Mon père n'a jamais dit de sa propre bouche « j'ai un cancer, je suis malade » . Je ne l'ai jamais entendu dire ça. Ma mère a toujours fait le pont entre sa maladie, nous, ses émotions et nous. Et je me souviens qu'au sein de notre fratrie, il y avait beaucoup moins de place pour les querelles de gamins qu'on avait. On était beaucoup plus matures, beaucoup plus soudés, beaucoup plus affectueux. Et on s'aidait beaucoup plus les uns les autres. Donc ça, c'est le point positif qui est arrivé. Il y a vraiment eu un avant et après l'annonce de la maladie. Et on s'est aussi plus rapprochés de mon père. Mais personnellement, j'ai toujours été très démonstrative avec mes parents. Je leur ai toujours dit que je les aimais. J'ai été hyper tactile avec eux. Je les prenais toujours dans mes bras. Je n'ai jamais eu de pudeur de sentiments vis-à-vis d'eux. Et j'ai toujours kiffé leur faire des massages aux pieds. J'aimais bien... Mon père, il faisait de l'eczéma. J'ai compris qu'après, finalement, que l'eczéma, c'est du stress. Il faisait des petites plaques d'eczéma. J'aimais trop lui gratter comme ça, quand il regardait la télé. Même quand mes parents, parfois, ils s'embrouillaient. Je ne pouvais pas aller dormir s'ils ne s'étaient pas rabibochés. J'allais dans leur chambre et je disais, vous allez vous faire la gueule longtemps. J'essayais de les faire rire. À force, ils rigolaient et ça passait. Je n'aime pas quand mes parents sont en embrouille. Je n'aimais pas, c'était nul. En plus, c'était des embrouilles de merde. Ça n'avait pas lieu d'être. Maman, tu vas écouter ça, tu sais de quoi je parle. Franchement, ça me faisait trop rire. Bref, en tout cas, la première année passe. On fait comme si de rien n'était. On a continué de vivre nos vies. Mon père n'avait pas encore accepté la chimiothérapie. Et il a refusé de se faire opérer pour qu'on lui retire la vessie. Il ne voulait pas qu'on lui installe une poche. Enfin bref, il a dit si je retourne à mon seigneur, je veux être intacte avec tous mes membres et mes organes. Et je le comprends. De toute façon, chacun fait ses choix. Pour lui, s'il devait accepter la chimiothérapie, accepter de se faire opérer, c'était vraiment comme s'il renonçait à cette image de père qui est solide, qui est là pour nous. Donc il s'est dit... Je vais me battre contre la maladie. Donc malheureusement, un an après, son état s'est détérioré. Donc il y a eu de plus en plus de métastases. Et ce qui s'est passé, c'est qu'il a accepté la chimiothérapie. Et là, son état s'est complètement dégradé. C'est-à-dire que pour moi, ça a complètement accéléré le processus de dévitalisation. Pour moi, c'était... Il avait perdu toute énergie, il devenait pessimiste en fait, alors qu'à la base, on vivait encore pas comme si de rien n'était, mais voilà, on était assez optimiste. Et là, en fait, c'était le coup de massue. Déjà, mon père, à cette époque-là, il avait fini de travailler, donc il était à la retraite. Mes parents, ils ont 13 ans d'écart, si jamais. Donc mon père était à la retraite et en fait, son cancer, il s'est déclaré... À la fin de son job, dès qu'il était à la retraite, le cancer a été déclaré. Donc c'était un coup de massue supplémentaire parce que... En fait, ok, il est à la retraite pour profiter de ses proches, mais maintenant, il est malade, il est condamné, stade 3, donc en fait, il ne lui reste plus longtemps à vivre. Donc c'était une double trahison. En fait, c'est comme si moi, je me mets à sa place et en fait, je sais qu'il y a eu de la colère contre la vie, contre son destin, contre cette condamnation. Genre le fait de se dire là, je vais enfin pouvoir. profiter de mes enfants, de ci, de ça. Et en fait, on m'annonce que non, que potentiellement que dans un an, je suis mort. Enfin, c'est horrible. Pour moi, c'est une trahison. Pour moi, c'est une blessure de la trahison. C'est trop dur. Donc là, je me souviens, je suis en fin de Master 1. Il a commencé la chimio. Donc, son état se détériore de mois en mois. Ça se dégrade complètement. J'entre en Master 2. Tout le premier semestre, la moitié il a passé à l'hôpital, il était souvent à l'hôpital. Là on arrive vers novembre, donc à l'époque j'étais en couple, je me suis fiancée. Donc pour moi c'était important qu'il soit là pour mes fiançailles. Donc c'est comme si j'avais un peu accéléré le processus, parce que je sentais que mon père en fait il n'allait pas tenir encore très très longtemps. Donc je me suis fiancée en novembre. Fin décembre, je révise pour mes examens de Master 2. Et en fait, dans ma tête, j'espérais vraiment qu'il ne décède pas pendant mes examens. En fait, dans ma tête, je me disais, j'espère qu'il va rester au moins jusqu'à la fin de mes partiels, le temps que je puisse quand même rester concentrée. Et voilà. Donc, je me souviens, c'est comme si je le voyais vraiment lutter pour ne pas partir. Donc j'allais souvent le voir à l'hôpital, je révisais à côté de lui. Il dormait toute la journée, il était vraiment alité. Je dormais avec ma mère à ce moment-là et je lui disais « Tu te rends compte que là, il est à l'hôpital, tout seul, dans son lit ? » Pour moi, ce n'est pas possible. Je ne peux pas le laisser comme ça, il est en train de passer ses derniers jours. Il faut qu'on aille le chercher. Et ma mère, elle était paniquée. Je lui dis « C'est notre famille, c'est notre père, tu vois. » Je ne peux pas. Donc le lendemain matin, première heure, on part avec la voiture à l'hôpital. Et on rentre dans sa chambre et là je dis papa on te ramène à la maison. Donc c'était tout début janvier. Et lui à ce moment là, c'est pas qu'il commençait un peu à perdre conscience, mais voilà je lui ai dit je lui ai pas laissé le choix, de toute façon il était mieux à la maison. Les infirmières ont dit vous avez pas le droit de le faire sortir, j'ai dit je m'en fous. Là j'aurais dit allez vous faire foutre, c'est mon père, on fait ce qu'on veut, blablabla. Et elle dit, ouais, il faut signer un document, blablabli, vous n'avez pas les autorisations. J'ai dit, je m'en fous. Mon père, il a arraché son cathéter. Il y avait du sang partout, je m'en souviens. Et je l'ai mis sur un fauteuil roulant. Et j'ai dit, c'est bon, on y va. Donc là, on part prendre l'ascenseur et tout. Les infirmières, elles disaient, vous n'avez pas le droit. Elle est dans le couloir. Et j'ai dit à ma mère, c'est bon, t'inquiète, il ne va rien nous arriver. Dieu, il est avec nous. On n'est pas en train de braquer une banque. On récupère juste mon père qui est malade. Donc on prend l'ascenseur, il avait froid, je me souviens, il faisait froid, c'était l'hiver, on était en janvier, on le couvrait avec plein de couverture, on l'a ramené à la maison, on l'a fait s'allonger, on lui a dit « ouais, au moins tu vois, t'es dans la chaleur humaine de la maison » . Et du coup, c'était début janvier, mon père il est décédé le 14 janvier, donc vraiment, moi j'avais fini mes examens vers le 10, donc il est vraiment parti juste après mes examens. Et du coup, pour vous raconter comment ça s'est passé, pendant ces deux semaines-là, il était à la maison, il n'arrivait plus trop à manger. Deux jours avant qu'il décède, ma mère lui a demandé ce qu'il voulait manger et il a dit « je veux manger une pizza par toi » . Il aimait trop les pizzas de ma mère. Donc ma mère lui a fait une pizza, il l'a mangée et il ne l'a pas vomi. Alors que d'habitude, pendant ces derniers mois, il ne faisait que de vomir ce qu'il mangeait. Et c'était trop mignon. Franchement, c'était trop mignon. Il n'a pas vomi cette pizza, il a tout mangé. Comme si, en gros, ça y est, il savait que c'était la dernière chose qu'il allait manger et il a savouré chaque chose qu'il avait dans... Enfin, c'était vraiment... C'était vraiment... Bref. Attendez, je fais une petite pause. Je suis vraiment en train de revivre toutes les scènes avec vous en vous l'expliquant. Et je suis contente de le faire en podcast parce que je sais que j'aurai juste à le réécouter. pour avoir une trace. Si j'ai des enfants et qu'ils veulent comprendre l'histoire de mon père, je peux leur faire écouter ce podcast. Bref, c'est vraiment un travail de mémoire que je suis en train de faire et ça me met grave de l'émotion. Bref, donc il était à la maison, c'était les deux derniers jours. On a fait toutes les démarches pour vider ses comptes en banque. Il a fait tout ce qu'il avait à faire pour transférer tout à ma mère. On a fait vraiment toutes les démarches possibles pour qu'on soit le moins taxé possible parce que... Vous connaissez les taxes en France, c'est une catastrophe. On a tout fait propre et voilà, il est resté allongé sur ce canapé. En fait, c'est comme s'il était déjà en contact avec une autre dimension. C'est trop bizarre comment je vous le dis, mais c'est comme s'il voyait déjà d'autres choses. Tu vois que son regard, il voit autre chose que ce que nous, on est capable de voir. Et il n'était pas du tout... stressé, il n'était pas du tout paniqué c'est comme s'il savait où il allait et du coup il écoutait beaucoup le Coran il arrivait encore à réciter le Coran il était encore présent en fait c'était beau franchement j'ai jamais vu quelqu'un décéder, mon père c'est la première personne que j'ai vu décéder On était collés à lui au moment où il est parti. En fait, je me dis, si je décède, j'aimerais être entourée de mes proches comme lui l'était. D'avoir tout l'amour autour de lui, d'être chez lui. Enfin, je trouve ça incroyable. Donc bref, cette nuit-là, la nuit où il commençait à agoniser. Donc c'est là où tu sais que ton âme, elle va partir. On était toutes assises à côté. Il y avait mon frère aussi. Et en fait, on lui donnait de l'eau à boire. Et moi, je me souviens, je lui donnais du miel. Donc, j'avais une cuillère de miel qui venait de la Mecque. Et je lui donnais. Et il mangeait comme si c'était un bébé. Il avait les yeux fermés, mais il mangeait ce miel. Et je savais qu'en fait, il était en train de partir. C'est trop bizarre à dire, mais tu sentais. C'est comme s'il y avait une porte, un portail qui était en train de s'ouvrir. Comme si on n'était plus tout seul dans la pièce. Comme s'il y avait... des anges ou j'en sais rien, appelez comme vous voulez, mais on n'était pas tout seul. C'est comme si dans ma tête, j'étais en train de l'accompagner. Je savais qu'il partait et c'est comme si je lui envoyais la force de « t'inquiète pas, on va s'en sortir, juste suis ce que tu as à suivre, vas-y » . C'est ce que je répétais dans ma tête et c'est comme si je savais qu'il m'entendait. C'est bizarre. Donc moi, j'avais les mains sur lui. Là, je tenais sa main. Ma mère, elle tenait sa main de l'autre côté. Elle avait mis sa main sur le front de mon père. Et vraiment, on l'accompagnait dans ce processus comme une femme qui accouche. Genre, t'es là et tu peux rien faire à part l'accompagner. Là, c'était la même chose. Et donc, il continuait de manger ce miel. Et à un moment, il a arrêté. Et là, c'est comme s'il a rendu son dernier souffle. Il a fait et après c'est comme si son âme, tu vois, elle est sortie, genre elle a fait chakra de la gorge, tu vois ce que je veux dire ? Elle était dans la gorge et là il a fait et c'est comme s'il a tout relâché, tu vois ? Et en fait son âme, elle a fait, elle est partie. C'était particulier, je vous jure vraiment. Vivre le décès de quelqu'un, en plus qui est proche, c'est vraiment particulier. Je n'ai pas trop les mots, mais il s'est vraiment passé un truc de transcendant à ce moment-là. Et en fait, quand il est parti, j'ai pleuré. J'ai crié, non, je me disais, putain, il ne respire plus. Genre, je ne sens plus son cœur qui bat. Ça fait trop bizarre. Il ne faut pas que je pleure dans cet épisode. Je ne sentais plus son cœur. coeur qui bat et je me disais putain son corps il est vide genre c'est une coquille vide et genre tu te sens je sais pas comment vous expliquer genre tu te sens démunie, tu te sens mais tu vois genre je voulais pas m'effondrer alors que pour moi ma mère c'était pire pour elle Pour ma mère, j'imagine pas comment ça a dû... Genre, on t'arrache l'homme de ta vie. Ils étaient trop amoureux, mes parents. Ils s'aimaient de ouf. Ils étaient comme... C'était comme son père, en fait. Pour elle, c'était tout. C'était son meilleur ami, c'était son père. C'était une figure d'autorité qui la rassurait. C'était une figure de sécurité pour elle. Et genre, je pouvais pas m'effondrer comme ça. Donc, j'ai comme... Je suis restée forte. J'ai pleuré, j'ai crié. Je me suis dit non, mais ça n'a pas duré plus de cinq minutes. Je me suis dit non, je ne peux pas lâcher maintenant. J'ai été là pour ma mère en soutien, mes sœurs. Je me suis dit je vais prendre cette figure qui va les sécuriser. Je me suis interdite de vivre le deuil comme une personne vivrait son deuil. Et c'est... Voilà. Donc ensuite, on a appelé le médecin qui est venu déclarer le décès. Donc c'était le matin, il était 8h35. On était un samedi. Et donc le médecin arrive, on commence à prévenir la famille. Donc la famille se déplace de Paris. Voilà, on fait les choses dans les règles de l'art. On prévient aussi pour le lavage mortuaire dans les principes islamiques. Et pour moi, j'étais comme dans une bulle sur un nuage et je me disais mon père va bien. En fait, ce qui est fou, c'est que donc il est décédé. On l'a recouvert et au moment où on a découvert le drap. qu'il était encore allongé sur ce canapé. On attendait vraiment que la morgue vienne le chercher, etc. On a retiré le drap et en fait, il avait un sourire sur le visage. Et son visage, c'est comme s'il avait perdu 20 ans d'âge. C'est comme s'il avait 40 ans. Et son visage, il était pulpeux, comme si tu lui avais fait un cobi d'eau. Tu vois ce que je veux dire ? Et là, je me suis dit, OK, il va bien. Il est bien parti. Je sais qu'il est bien là où il est. Et donc là, en fait, ça m'a retiré vraiment énormément de poids, de tristesse. Je me suis dit, c'est bon, en fait, il est délivré. Là, il était là, il souffrait. Il souffrait ici, il avait son cancer, il avait ses douleurs. Il avait tout ce qui va avec. Les tracas de la vie ici-bas. Et là, il est parti. Il est parti rejoindre Dieu. Donc, il nous a laissé un dernier message physique. C'est-à-dire que... Il était beau, tu vois. Il avait... Tu vois, comme il avait la maladie, il commençait à avoir beaucoup de petites taches brunes sur le visage, etc. Et ça avait disparu. Son visage était vraiment comme une peau de pêche. Et je me suis dit, mais waouh ! Genre, what is that glow ? Tu vois, genre, c'est là. T'es beau gosse, papa ! Et du coup, ça m'a... C'est comme si Dieu m'avait... mis une sérénité dans mon cœur à ce moment-là. Et genre, j'ai remercié, j'étais grateful. Genre, je ne faisais que dire Elhamdoulilah, Dieu merci. Dieu merci, il est bien parti. Il est bien là où il est, je sais qu'il est bien. Donc là, maintenant, j'avais récupéré un peu de force mentale, tu vois. Donc, ils sont arrivés, ils sont venus chercher le corps, ils l'ont déposé à la morgue, tout ça, tout ça. Et là, là, c'était bon, en fait. Donc, on est partis ensuite, deux jours après, au Maroc, pour aller l'entendre. enterré. Donc, j'étais avec mon ex-conjoint de l'époque, avec ma mère. Et voilà, après, le processus, il s'est fait comme il s'est fait. Et toutes ces années, en fait, c'est comme si j'ai pas vraiment vécu un deuil classique. Parce que, comme je vous ai dit, je me suis dit, faut que je m'occupe de ma mère, faut que je m'occupe de ma famille, faut que mes soeurs, elles manquent de rien, faut que... Voilà, faut que... que je sois là en fait. Donc, je me suis éteinte, j'ai éteint cette voix dans ma tête de tristesse. Mais je vous dis, il y a beaucoup de fois où j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps dans mon lit parce que je repensais à mon père et que je me disais, tu vois ça, quand j'ai eu mon Master 2, j'ai pleuré parce que je me suis dit, mon père, il n'est pas là pour voir ma remise de diplôme. J'ai pleuré de gratitude aussi parce que il a attendu la fin de mes examens. Pour partir. Et je me suis dit... Ouais, en fait, tu vois, tout me faisait penser à lui. Beaucoup de mes réussites, mon côté professionnel, toutes mes réussites, je me suis dit j'aurais aimé les partager avec lui. Et aujourd'hui, tu vois, je ne peux pas savoir ce qu'il pense. Je ne peux pas savoir si ma situation actuelle lui conviendrait. Je ne peux pas savoir comment il aurait réagi. Je ne peux pas savoir, en fait. Mais je le garde au fond de mon cœur. Tu vois ce que je veux dire ? Après, je le vois dans mes rêves. Je le vois beaucoup quand j'ai des questionnements profonds ou quand j'ai des tristesses profondes. Je rêve tout le temps de lui. Donc je me dis, en fait, il est là. Il est là, il est juste autre part. Mais il est là et je sais qu'il m'accompagne. Et quand je vous dis qu'il m'accompagne, le truc, c'est qu'il m'accompagne aussi dans ma manière d'être. J'ai récupéré un peu de ses défauts aussi. Donc cette rigidité, la froideur. parfois quand je donne des ordres ou bref, ce truc d'autoritaire il lui appartient à lui il ne l'appartient pas à moi et quand j'en avais parlé à mon psy désolé je vais un peu dans tous les sens, je ne sais pas si vous allez me suivre mais quand j'en parlais à mon psy du fait que je sois un peu très cash très brute de décoffrage il m'a posé un peu des questions sur mon enfance, etc. donc je lui ai beaucoup parlé de mon père et je lui ai dit que moi mon père il me faisait peur quand j'étais petite et Il fallait que je file droit pour que tout file droit. Et il a dit, vous savez pourquoi vous êtes devenu comme ça ? Je lui ai dit, bah non. Et il m'a dit, en fait, comme vous avez réussi à survivre à la pression de votre père, vous avez quand même réussi à devenir quelqu'un, entre guillemets, à réussir à votre côté professionnel, etc. Vous avez réussi, malgré la pression que votre père vous a mis. Vous vous dites, comme vous, vous avez réussi à subir cette pression, en fait, vous la faites subir aux autres parce que pourquoi vous, vous y êtes arrivés et pas les autres ? Et quand il m'a dit ça, genre ça a débloqué un truc dans mon cerveau. Et je me suis dit, c'est vrai, il a raison. Parce que souvent je dis, ouais, un tel, il est faible. Un tel, il est faible. Ma mère, je dis souvent, elle est faible, tu vois. Même si je l'aime de tout mon cœur, je la trouve assez faible. Elle se laisse vite abattre par les choses de la vie, tu vois. Et je me dis toujours, putain, mais pourquoi les gens, ils ne sont pas plus forts ? Et du coup, mon psy m'a expliqué que c'est juste un mécanisme que j'ai développé parce que mon père m'a fait ça, en fait, tu vois. Je parle beaucoup, mais en même temps, c'est un podcast. Mais je parle beaucoup quand même. Ça me fatigue. Il faut que je boive un peu d'eau, là. En tout cas, toutes ces années ont passé et j'ai eu des contre-coups. on va dire, genre des moments de down total où j'ai pleuré en étant la petite fille qui dit « mon père me manque » , tu vois. J'ai le droit d'avoir mes moments de faiblesse, c'est normal. Mais c'est vrai que je ne le montre pas à ma famille parce que je ne veux pas les mettre dans cet état-là. Je ne veux pas que... Ma mère, elle pense tout le temps à mon père. Elle y pense tout le temps. Pour elle, c'est l'amour de sa vie. Ça ne changera rien du tout. Et je n'ai pas envie de rajouter une couche. Je n'ai pas envie de lui dire que mon père... père me manque, que tu vois, le fait que si demain j'ai des enfants, mon père, il va jamais connaître mes enfants. Et ça, ça m'arrache le cœur. Ma réussite professionnelle, tout ce que je réussis à entreprendre, il n'est pas là, en fait. Il n'est pas là pour voir ça. Et ça m'arrache le cœur, vraiment. C'est dur. Et je n'ai pas envie que ma mère elle entende ça parce que je sais que ça va lui faire un coup de massue supplémentaire. Et je n'ai pas envie de ça. Les années passent et... Voilà, les choses ont évolué dans mon état d'esprit, dans comment... En fait, c'est en faisant du travail sur moi, en voyant des thérapeutes, en étant suivie par un psy, en faisant toutes ces choses-là, que je me rends compte du lien que j'ai avec mon père. Je me rends compte que la performance, que le besoin d'exceller dans ce que je fais, vient de mon père. Et je me rends compte que ça reste quelque chose de toxique. Voilà, donc nos parents, on les adore, mais ils nous ont aussi légué des comportements toxiques. Et ça, ça en fait partie. Demain, si je dois créer quelque chose, je vais avoir ce truc de « il faut que ce soit parfait » parce que dans ma tête, mon père, il voulait la perfection. Donc j'ai gardé ce truc-là de « il faut que ce soit parfait » . Et c'est très mauvais, c'est très mauvais. Combien de choses je n'ai pas commencé parce que je me suis dit « je n'ai pas encore toutes les conditions réunies pour que ce soit parfait » . Donc c'est pas bon. Aujourd'hui, ça fait huit ans qu'il n'est plus là, mais ça fait deux ans que vraiment j'ai entamé un processus personnel d'introspection pour me dire, ok, qu'est-ce qui m'appartient, qu'est-ce qui ne m'appartient plus ? que ce soit de mon père, que ce soit de ma mère, que ce soit de ma famille, de la société, de ci, de ça, enfin bref. J'essaye de m'émanciper de ce qui ne m'appartient pas. Et ce qui fait qu'aujourd'hui, j'arrive de plus en plus à créer des choses, en fait. Et l'année dernière, je ne sais pas si vous vous souvenez, on a eu une saison des éclipses assez hard. Au niveau émotionnel, ça a grave travaillé de mon côté. Il y a eu des pleines lunes, des trucs, enfin bref. Et un jour, je me suis dit, je pense que je n'ai pas fait le processus de deuil correctement. Il faut que j'écrive. Et il faut savoir qu'écrire, le journaling, ça ne fait pas partie de mon quotidien. Ce n'est pas un automatisme que j'ai. Au début, j'avais écrit mes traumatismes d'enfance, mes émotions que j'aimerais pouvoir gérer plus facilement. Moi, c'est la colère. Vraiment, la colère, si j'avais un deuxième surnom, ce serait colère. Et en fait, ça, je ne voulais plus l'avoir. Donc, j'ai essayé de trouver toutes les origines possibles à ma colère. Et au fur et à mesure, je me suis dit, je pense que le décès de mon père, je ne l'accepte toujours pas. Je ne l'ai pas accepté pendant longtemps. J'ai été dans le déni. Et c'est comme si je lui en avais voulu de ne pas s'être battue jusqu'au bout. Alors qu'en soi, il a fait tout ce qu'il a pu. Il n'aurait pas pu faire mieux. Mais c'est vraiment une partie de moi qui est en colère contre l'injustice. Pour moi, c'est mon père n'est plus là alors que j'aurais aimé partager tellement de choses avec lui. Et j'étais proche de lui quand même. Donc, j'ai perdu un soldat, un allié. période des éclipses j'ai commencé à faire du journaling par rapport à tout ça et j'ai écrit une lettre à mon père comme s'il allait vraiment la recevoir et je lui ai écrit voilà mon cher papa et j'ai crié écrit et j'en ai versé des larmes sur ses sur tout ce que j'ai écrit et en fait j'ai été tellement soulagé à la fin parce que je lui ai dit tout ce que j'avais à lui dire je lui ai reproché ce que je lui reprochais je lui ai je les remercier pour tout ce qu'il a fait c'était j'ai mis à l'écrit tout ce que j'avais besoin de mettre à l'écrit, comme si vraiment j'apposais mes émotions sur un papier et c'est vraiment une thérapie de ouf et ceux qui n'ont pas l'habitude d'écrire je vous recommande tellement le journaling j'en fais toujours pas assez mais pour moi c'était l'exercice le plus puissant que j'ai pu faire, beaucoup plus que n'importe quel autre exercice que j'ai pu faire et voilà ça m'a aidé, ça m'a aidé à flore un chapitre et aujourd'hui j'avance, si j'avance par rapport à ... à ce deuil, c'est aussi grâce à cette lettre que je lui ai écrite. Et vraiment, pour moi, il l'a reçue. Vous voyez ce que je veux dire ? Et aujourd'hui, je rêve encore de mon père. Il vient encore me voir. Il me fait des câlins. Je rêve de lui comme si c'était lui. Pour moi, c'est vraiment lui. Je le vois sur un autre plan dimensionnel. Et j'aime trop. En tout cas, je ne sais pas si c'est la fin de cet épisode parce que je ne sais pas si j'ai d'autres choses à dire. Ça a vraiment remué beaucoup de choses. Donc voilà. Mais pour vous dire, c'est important de faire un exercice de récapitulatif de « Ok, qu'est-ce qui vient de ma mère ? Qu'est-ce qui vient de mon père ? Quels sont les comportements qui me desservent ? Qu'est-ce que je fais de toxique envers moi-même qui ne m'appartient pas ? Est-ce que je fais les choses pour moi-même ? Est-ce que je le fais pour mes parents ? » Il faut vraiment délimiter les choses. Aujourd'hui, je pense que les choix que je fais, au début mes parents Je pense, je parle de mon père comme s'il était encore là, mais à mon avis ce serait comme ma mère. Ils ne vont pas tout cautionner, c'est clair et net. Le fait d'être visible sur les réseaux sociaux, déjà ça fait peur. Toutes les mamans vont dire « j'ai peur pour ma fille, j'ai peur pour mon fils, il est visible sur les réseaux sociaux » . Aujourd'hui, elles acceptent parce qu'elles voient que ça reste une thérapie pour moi-même, pour elles. Je ne sais pas comment vous expliquer, mais en gros, ma réussite, c'est comme une réussite pour elles. Pour moi, il faut aller au-delà de « c'est ma mère, c'est mon père, et voilà, on a une famille, tout va bien, blablabla » . Non, pour moi, il y a forcément des choses à creuser. Pour moi, l'impact du transgénérationnel, il est ouf. Aujourd'hui, j'arrive à parler de tout ça parce que j'ai entamé un processus d'introspection, je me suis posé des questions, j'ai écrit, je me suis renseignée, j'ai été voir des kinésiologues, des psys décider ça. Voilà. Peut-être qu'il y en a qui vont dire « Ouais, tu cherches des problèmes là où il n'y en a pas » , mais pour moi, je ne veux pas laisser des traces dans le transgénérationnel. Je ne veux pas laisser davantage de traces qui font du mal. Je veux commencer déjà à faire le travail de nettoyage. Et quand je vous dis que là, on parle de mon père qui a eu un cancer de la vessie, quand je regarde le pourquoi du comment, on a énormément de points en commun. On a énormément de points en commun. Tout ce qui est limites, territoire, se sentir envahi, humiliation, tout ça, tout ça, c'est des choses que je vis aussi. Et je veux... Je veux travailler sur ça pour... Je n'ai pas envie de dire je ne veux pas ci, je ne veux pas ça, parce qu'on va attirer. Quand tu dis je ne veux pas quelque chose, tu l'attireras quand même. Donc, je veux me libérer de ces chaînes, tout simplement. Et je vous invite à faire la même chose si vous voyez des choses dans votre famille. Vous savez, par exemple, un problème de thyroïde, la grand-mère, la mère, la tante, la ci, la ça, il y a un truc à régler. Il faut se pencher sur la question. Quand on dit oui, le cancer du sein, c'est héréditaire, blablabli, blablabla, ok, mais l'émotionnel dans tout ça, ça vient d'où ? Quelle est l'origine ? Voilà, je pense que j'ai beaucoup parlé dans cet épisode. Vous m'avez dit que mes épisodes étaient trop courts. Là, je crois qu'il va être un peu long. N'hésitez pas à me laisser un message sur Instagram. Est-ce que vous avez un parent qui est décédé ? Est-ce qu'il y a une personne dans votre entourage qui vous a quitté ? Comment vous l'avez vécu ? Est-ce que... est-ce que mon histoire vous parle ? N'hésitez pas à m'écrire, j'adore lire vos messages. Je suis super contente que le podcast résonne avec vous. La prochaine fois, je pense que je parlerai du couple et je ferai un duo avec Val parce qu'il y a beaucoup de questions qui reviennent sur le couple mixte, les débats qu'on a entre nous, les difficultés qu'on a rencontrées au tout début de notre relation, etc. Voilà, c'est la fin de cet épisode. Maman, Je t'embrasse très fort parce que je sais que tu écoutes. Mes deux petites sœurs aussi, je vous envoie grave de l'amour. Ma porte reste ouverte si vous avez besoin d'en parler avec moi. Et voilà, merci pour votre écoute à tous. Et je vous souhaite une très bonne journée ou une très belle soirée. Et je vous embrasse très fort. À très bientôt.

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Description

Dans cet épisode, je prends le temps de revenir sur un moment important de ma vie : le décès de mon père. Je vous partage mon vécu, ce que cette période a réveillé en moi, ce que j’ai compris (ou pas tout à fait), et comment ce deuil a transformé certaines choses dans ma manière d’être, de ressentir, de voir la vie. C’est un épisode sans filtre, avec l’envie d’ouvrir un espace de parole autour du deuil (sujet qu’on évite souvent, mais qui nous traverse tous un jour).


Bonne écoute.


Instagram : @ninou.food

Site internet : Ninoufood.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hola chicos y chicas, j'espère que vous allez bien. Cet épisode va être pour moi un exercice de retraçage des souvenirs, un peu comme si j'essayais d'ancrer ma mémoire. Je vais parler de deuil, donc je sais que ce n'est pas un sujet très joyeux, mais je ne veux pas que ce soit un tabou entre nous. Et beaucoup l'ont remarqué et m'ont questionné, je ne parle pas souvent de mon père, tout simplement parce qu'il n'est plus parmi nous depuis janvier 2017. Donc disclaimer, je vais vraiment parler de mon histoire. de mon vécu et de la manière dont j'ai traversé cette épreuve. Par contre, je n'ai jamais réussi à parler de lui au passé. Pour moi, il est toujours là quelque part, donc je vais continuer de parler de lui au présent. Mon père est un homme très discret, très pudique dans ses émotions, dans ses sentiments. C'est quelqu'un d'analytique, très ordonné, très organisé. C'est un homme débrouillard, professionnel du système D. Il savait cuisiner, faire du... pain, de la brioche, des tagines et plein d'autres choses. Et en matière d'actes, c'était un homme incroyable. Donc, mon père est berbère. Il est né en janvier 1953 et il a grandi au Maroc. Il a eu une enfance horrible. Il a été torturé par sa belle-mère qui était imbuvable et manipulatrice. Et tout ça, je vous le raconte, mais je ne l'ai su qu'à l'âge adulte. C'est vraiment ma mère qui m'a un peu raconté tout ça, même après son décès, en fait. Donc, c'est... qu'aujourd'hui que j'ai réussi à connecter les pièces du puzzle. Bref, donc très petit, il a dû s'occuper de ses demi-frères et sœurs. Lui, c'était le seul fils de la première union. Et voilà, donc c'est un enfant qui n'a pas vraiment eu d'enfance parce qu'il a dû s'occuper très tôt de ses petits frères et sœurs. Et ma mère, elle m'a raconté que sa belle-mère déchirait ses cahiers d'école pour lui retirer le droit de penser à autre chose ou... de s'émanciper du climat familial. Donc voilà, je ferme la parenthèse sur son bagage familial. Donc la petite Nisrine que j'étais n'a jamais compris pourquoi son papa était si distant émotionnellement. Je n'ai pas eu une enfance où je me suis sentie très proche de lui. Mon père était ouvrier et travaillait de nuit, donc on ne le voyait pas très souvent. Et les seuls moments où on le voyait, il reprenait en revue tous les devoirs de la semaine, les contrôles. Et en fait, il s'assurait que tout était en ordre. Donc, tu vois, toi, t'es enfant, tu commences à développer un stress de la performance. Il voulait qu'on réussisse, il voulait qu'on fasse de longues études. En fait, il ne voulait pas qu'on se fasse écraser par les autres. Et il a toujours dit, le monde, c'est une jungle et il ne faut pas être parmi les plus faibles. Et ça, c'est un truc qui est resté dans ma mémoire. Et je pense que j'ai grandi autour de cette phrase. Et je vous raconte tout ça. J'ai pris énormément de recul sur mon passé et j'arrive enfin... avoir le prisme d'une manière différente. Donc je vous dis ça parce que quand un parent décède, en général, tu veux te raccrocher au bon souvenir. Tu veux pas te dire qu'il y a eu des choses, que t'as mal vécu. T'as pas envie de porter atteinte à sa mémoire. Alors qu'en réalité, ça retire pas l'amour que tu lui portes. Donc pour en revenir à Aminine Isrine, j'ai eu une figure paternelle très absente sur le plan émotionnel. Genre c'est vraiment, on méritait son amour, il fallait être bon à l'école ou les études ou le comportement. Et quand t'es enfant, t'as juste envie de kiffer ta vie d'enfant, d'être sale quand tu rentres des balades, de dessiner partout, de te perdre dans la lune. Je me souviens, franchement, il aimait pas qu'on se perde dans la lune. Et moi, je suis souvent dans la lune, tu vois. Et en fait, pour lui, c'était comme de la faiblesse de se laisser vaquer à des... des distractions futiles ou des choses comme ça. Mais on était des enfants, donc il fallait aussi qu'on vive notre vie d'enfant. Je me suis vraiment sentie limitée dans tout ça. Même si on a pu avoir une vie sociale, tu devais le mériter. Si tu n'avais pas eu des excellentes notes, tu pouvais toujours courir pour aller passer la journée avec tes potes dans le quartier pour jouer dans le bac à sable, tu vois ce que je veux dire. Et maman, je sais que tu vas écouter et je tiens à te dire quand même que tu as toujours fait le pont. entre papa et nous, t'as toujours ramené un peu de douceur à la maison et on était trop contents quand tu rentrais du travail, on se sentait plus léger et je sais que sa souffrance intérieure à lui, tu l'as prise et tu l'as protégée. Et je pense que si j'avais su plus tôt qu'il avait manqué d'amour et de chaleur humaine dans son enfance et dans sa jeunesse, j'aurais compris qu'il n'avait pas les ressources pour nous apporter ce dont on avait besoin sur le plan affectif. Et je précise bien plan affectif. Parce que sur les autres plans, matériel et autres, il a toujours été au top du top. C'est-à-dire qu'on n'a jamais manqué de rien. Et comme c'était un bricoleur et un geek, dans le sens hyper calé en informatique, on a toujours été à la page. On n'était pas à la ramasse. Il nous a aussi poussé à maintenir une activité sportive à côté des cours. Il y avait toujours cette crainte de ne pas être à la hauteur à ses yeux. Et mon frère et mes sœurs l'ont peut-être vécu différemment sur certains points, mais je pense que globalement on va être d'accord sur toute la ligne. Pour vous faire un petit topo, mon frère a subi énormément de pression sur la réussite. C'était dur. Pour vous donner le profil rapidement, mon frère est hyperactif, il a été diagnostiqué très petit, il est surdoué, il a sauté deux classes très tôt et il était vraiment turbulent parce que sûrement il s'ennuyait en classe. Donc il a été le clown de service de ses camarades pendant plusieurs années. Ça, mes parents, ça les rendait ouf. Mes parents, ils ont été convoqués tellement de fois pendant sa scolarité, il a été exclu à plusieurs reprises et après coup, je me dis que c'était comme un appel à l'aide de mon frère. ... Et en fait, aujourd'hui, c'est quelqu'un qui n'a plus du tout d'ambition. Il geek énormément aux jeux vidéo. Et je pense qu'il pense, enfin c'est ça, il pense qu'il n'est pas capable de faire quoi que ce soit de sa vie. Aussi parce que mon père lui a répété plusieurs fois que c'était un bon à rien, etc. Et bien entendu, il y avait toujours un contexte quand mon père lui disait des choses comme ça. Mais ça reste des paroles qui sont dures à entendre et dures à encaisser. Surtout quand t'es enfant, quand t'es ado. Ensuite, j'ai ma sœur de 28 ans. Elle n'a pas réussi à gérer la pression non plus et elle s'est rebellée plusieurs fois dans l'adolescence. Elle a détesté les cours, elle en avait marre des cours de natation. Elle en avait marre tout simplement qu'on la compare avec les autres camarades qui ont réussi. Et elle a dit fuck. En fait, elle a absolument fait tout ce que mes parents lui ont interdit. Comme si elle voulait les provoquer. Et je comprends qu'elle ait agi comme ça parce qu'en fait, c'était relou. Et je sais aussi que le fait que je réussisse bien en cours, ça l'a impacté. Parce que mes parents m'ont prise en exemple plusieurs fois. Et ça a vraiment fragilisé ma relation avec ma sœur. Et donc Yasmine, si tu m'écoutes, désolée. Je n'ai rien fait intentionnellement. En plus, je t'ai toujours aidée, même pour tricher, même pour mentir à papa et maman. Bref, donc je n'ai vraiment rien à voir dans l'histoire. Après, il y a mon autre sœur, Imen, de 24 ans. Petite. taureau, meuf, chill, il ne faut pas se presser. Ma sœur était très jeune quand mon père est décédé, elle avait 15 ans, donc c'était grave dur pour elle. Et je pense qu'elle a eu beaucoup d'incompréhensions et de questions sans réponse. Et Ymène aussi a eu une scolarité brillante, elle a sauté une classe très jeune et elle n'a jamais fait d'écart, vraiment, à part qu'elle n'arrivait pas à se réveiller le matin. Et ça, c'était le sketch tous les matins, ça sonnerait. C'était Drake Headlines et ça sonnait, ça sonnait. Et comme elle était en collège privé, c'est mon père qui l'emmenait le matin à l'école. C'était vraiment folklorique. Moi, perso, je me tapais grave des barres. Elle passait des heures sur son téléphone la nuit, sur des forums de Violetta. Vous savez, la série Latino. Et elle parlait avec des gens sur Twitter. Elle se faisait des potes virtuels. Bref, visiblement, elle avait mieux à faire que dormir. Et voilà, moi, j'aimais trop parce qu'elle chantait toujours devant son miroir. Elle le fait toujours. Et il n'y a jamais eu de silence à la maison. Et moi, dans tout ça, ma scolarité, je suis rentrée dans les clous, comme je vous ai dit. J'étais bonne élève. Et quand j'étais ado, quand j'ai commencé à faire des conneries, ce n'était pas des conneries en cours, c'était des conneries en dehors. Quand je mentais à mes parents, tout ça, je disais que j'étais à tel endroit, mais je n'y étais pas. J'ai toujours réussi à cacher ça. Ma mère avait un sixième sens, donc elle savait que je lui mentais. Mais mon père, en tout cas, je pense qu'il ne se doutait pas de quelque chose. En fait, j'étais vraiment vue comme la personne la plus normale par mes parents, par mon père en tout cas. En fait, on habite dans une maison à Orléans, ma mère y est encore. Il y a deux étages et au dernier étage où on était, il y avait nos chambres, mon frère et mes sœurs. Dès qu'il y avait du bruit ou qu'il y avait un problème, mon père... père, quand il criait pour nous dire d'arrêter de faire du bruit ou quoi, il ne prononçait jamais mon prénom. C'était toujours soit mon frère ou soit mes soeurs. Je me faisais presque pas engueuler. Je pense que je peux compter sur les doigts de la main le nombre de claques que j'ai pris à dos. J'ai oublié de vous dire, mais mon père est décédé d'un cancer de la vessie en 2017 et on a su qu'il était malade deux ans avant son décès. Donc, il était en stade 3 de la maladie. Donc, c'était déjà très avancé. Et je me souviens encore de comment ma mère me l'a annoncé. Je devais partir en cours, j'étais à la fac et on était dans la salle de bain. Et elle m'a attrapé le bras et m'a dit « Nisrine, ton père est malade » . Et je lui ai dit « Comment ça ? » . Elle me dit « Il a un cancer » . Et j'ai eu le réflexe comme pour retirer sa main de mon bras et je lui ai dit « Mais non » . Je n'y ai pas cru du tout. En fait, c'est comme si mon cerveau a fait un blackout. Et elle me dit, on en reparle après. Et je dis, mais qui a dit ça ? Et elle a dit, le médecin. Donc, j'ai dit, bah, il raconte de la merde. Et elle a dit, tu ne le dis pas encore aux autres. Donc, elle ne me l'avait dit qu'à moi à ce moment-là. Et honnêtement, je suis restée dans un déni. J'étais dans ma bulle. Je me disais que c'était impossible. Je me disais peut-être, il est malade. Mais le mot cancer, en fait, quand tu le... Ça me coupe la voix. Le mot cancer, quand tu l'entends, tu ne veux pas y croire. En fait, tu dis toujours ça n'arrive qu'aux autres. Et donc, voilà, je n'en avais même pas parlé à mon ex de l'époque. Parce que pour moi, tant que je n'avais pas plus d'informations, je ne voulais même pas y penser. Les jours passent et ma mère nous dit officiellement que c'est un cancer de la vessie. Donc, elle nous dit oui, c'est au stade 3. Donc là, je commence à me renseigner un peu sur Internet. Qu'est-ce que ça veut dire stade ? Qu'est-ce que c'est un cancer de la vessie ? Bref, tu essaies de chercher des réponses. Avec le recul et bien après son décès, j'ai compris à quoi était lié le cancer de la vessie. Je vais vous dire ce que le dictionnaire des maladies indique sur ce cancer. La vessie est liée au stockage et à l'élimination des déchets. Par déchet, on peut aussi penser à émotions, les pensées, le vécu. Elle est aussi liée au territoire, au marquage de limites, comme les animaux qui urinent pour marquer leur espace. Elle est aussi liée à des tensions non exprimées, au contrôle ou à la peur de perdre le contrôle. Donc là, c'est la symbolique générale de la vessie. Et ensuite, les conflits psychosomatiques, donc l'émotion associée à ce cancer. Il y a... premièrement un conflit de territoire, donc se sentir envahi, menacé ou dépossédé d'un espace physique ou symbolique, travail, maison ou couple, ou par exemple un divorce, une mise à la porte, une trahison familiale ou professionnelle. Deuxièmement, en conflit psychosomatique, il y a la colère ou l'humiliation réprimée, donc la colère que la personne ne s'autorise pas à exprimer, ou un sentiment d'injustice, d'abaissement qui est vécu en silence. Donc comme je vous ai dit, mon... Mon père a vécu de l'humiliation toute sa jeunesse, depuis qu'il était enfant. Et après, il y a aussi au niveau du travail. Mon père, en fait, il y avait un gros décalage avec son intellect. Il était vraiment très intelligent et très débrouillard. Et le job d'ouvrier qu'il faisait. Donc, il y avait un truc de je sais que je mérite mieux. Mais voilà, je suis bloquée dans ce truc de je suis ouvrier. Alors que je peux faire tellement d'autres choses. Bref. sentiment d'injustice. Ensuite, il y a la soumission ou l'incapacité à poser ses limites. Donc ne pas réussir à dire non. Et mon père de son vécu, c'est quelqu'un qui aidait beaucoup les autres. Il avait des amis ou des collègues de travail. À chaque fois qu'un collègue avait un problème, il faut réparer mon ordinateur, mon téléphone est cassé, j'ai ci qui est cassé, est-ce que tu peux venir bricoler ça chez moi ? Mon père était toujours là pour aider les autres. Il y a aussi le conflit d'identité ou d'appartenance. Donc se sentir exclu ou rejeté de sa famille, d'un groupe ou de la société. Et de se demander où est ma place, est-ce que j'ai le droit d'être là ? Et mon père en fait il a grandi, comme je vous ai dit, en s'occupant de ses frères et sœurs. Mais une fois à l'âge adulte, en fait, tout le monde lui a tourné le dos. Il a perdu le contact de ses demi-frères et sœurs. Et moi j'ai connu mes cousins, cousines et mes tantes à l'âge de 16 ans. Donc, enfin de la famille de mon père en tout cas. J'ai jamais vraiment eu de souvenirs avec mon grand-père ni ma grand-mère. Donc vraiment, il a vraiment été coupé de sa famille. Le dernier point, c'est la difficulté de laisser partir quelque chose ou quelqu'un. Donc un deuil qui n'est pas fait, une rupture ou une vieille colère. Et voilà, comme je vous ai dit, aujourd'hui je sais que mon père a vécu des choses horribles. Donc le ressentiment, la rancune, faisait vraiment... partie de ses émotions. Mais moi, je ne le savais pas. Moi, je me disais juste « Ok, mon père, il n'est pas très expressif. C'est son caractère, il est comme ça. » Et voilà. Je n'avais pas du tout l'envers du décor. Je ne pouvais pas comprendre ses réactions. Et c'est que maintenant que j'ai fait ce travail-là. Anyways, en approche complémentaire par rapport à ce cancer, en médecine traditionnelle chinoise, la vessie est associée à la peur. au stress, à la rigidité et au contrôle excessif. Donc, pour ceux qui ont écouté le podcast précédent, je vous ai dit que j'ai un rôle de dictateur dans ma famille et auprès de mes proches. J'ai quelque chose de rigide, un truc par rapport au contrôle. Et je vous ai dit qu'il y a quelque chose en lien avec mon père et je me rends compte qu'en fait, je lui ressemble beaucoup sur certains points. Vous voyez où je veux en venir et je trouve ça me fait réfléchir en fait. Ça me fait trop réfléchir. Et en symbolique énergétique, le cancer de la vessie ou les problèmes de vessie peuvent indiquer un déséquilibre du chakra sacré. Je vous ferai un autre épisode sur toute cette zone en fait. C'est vraiment l'appareil génital, toutes les émotions bloquées dans cette zone. Moi, ça me parle beaucoup. Il y a beaucoup de choses dans ma vie qui tournent autour de ça. Voilà, donc là, je ferme la parenthèse sur la symbolique du cancer de la vessie. Si vous avez des proches qui sont atteints de maladies, si vous avez aussi des souffrances dans telle zone du corps, vraiment, je vous invite à regarder tout ce qui est psychosomatique. Et ça va vraiment vous donner des indications. Parce que pour moi, là, quand j'ai lu le cancer de la vessie, la symbolique, c'est totalement le vécu de mon père. Et en fait, toute cette rancune qu'il a rongée et toute cette colère qu'il a enfouie. Donc, avril 2015, ma mère nous annonce la tragique nouvelle. Et comme je vous ai dit, j'étais vraiment dans le déni. J'ai vraiment voulu être optimiste, croire en sa guérison, me dire non, mais mon père, il est fort, il est solide, il va se battre contre ce cancer. Je pense que pour beaucoup, quand on leur annonce qu'un parent est malade, on a l'image que nos parents sont puissants, forts comme des montagnes qui vont s'en sortir. Mais ce n'est pas tout le temps le cas. Franchement, c'est dur à encaisser. En tout cas, nous, ça ne l'était pas. Mon père n'a jamais dit de sa propre bouche « j'ai un cancer, je suis malade » . Je ne l'ai jamais entendu dire ça. Ma mère a toujours fait le pont entre sa maladie, nous, ses émotions et nous. Et je me souviens qu'au sein de notre fratrie, il y avait beaucoup moins de place pour les querelles de gamins qu'on avait. On était beaucoup plus matures, beaucoup plus soudés, beaucoup plus affectueux. Et on s'aidait beaucoup plus les uns les autres. Donc ça, c'est le point positif qui est arrivé. Il y a vraiment eu un avant et après l'annonce de la maladie. Et on s'est aussi plus rapprochés de mon père. Mais personnellement, j'ai toujours été très démonstrative avec mes parents. Je leur ai toujours dit que je les aimais. J'ai été hyper tactile avec eux. Je les prenais toujours dans mes bras. Je n'ai jamais eu de pudeur de sentiments vis-à-vis d'eux. Et j'ai toujours kiffé leur faire des massages aux pieds. J'aimais bien... Mon père, il faisait de l'eczéma. J'ai compris qu'après, finalement, que l'eczéma, c'est du stress. Il faisait des petites plaques d'eczéma. J'aimais trop lui gratter comme ça, quand il regardait la télé. Même quand mes parents, parfois, ils s'embrouillaient. Je ne pouvais pas aller dormir s'ils ne s'étaient pas rabibochés. J'allais dans leur chambre et je disais, vous allez vous faire la gueule longtemps. J'essayais de les faire rire. À force, ils rigolaient et ça passait. Je n'aime pas quand mes parents sont en embrouille. Je n'aimais pas, c'était nul. En plus, c'était des embrouilles de merde. Ça n'avait pas lieu d'être. Maman, tu vas écouter ça, tu sais de quoi je parle. Franchement, ça me faisait trop rire. Bref, en tout cas, la première année passe. On fait comme si de rien n'était. On a continué de vivre nos vies. Mon père n'avait pas encore accepté la chimiothérapie. Et il a refusé de se faire opérer pour qu'on lui retire la vessie. Il ne voulait pas qu'on lui installe une poche. Enfin bref, il a dit si je retourne à mon seigneur, je veux être intacte avec tous mes membres et mes organes. Et je le comprends. De toute façon, chacun fait ses choix. Pour lui, s'il devait accepter la chimiothérapie, accepter de se faire opérer, c'était vraiment comme s'il renonçait à cette image de père qui est solide, qui est là pour nous. Donc il s'est dit... Je vais me battre contre la maladie. Donc malheureusement, un an après, son état s'est détérioré. Donc il y a eu de plus en plus de métastases. Et ce qui s'est passé, c'est qu'il a accepté la chimiothérapie. Et là, son état s'est complètement dégradé. C'est-à-dire que pour moi, ça a complètement accéléré le processus de dévitalisation. Pour moi, c'était... Il avait perdu toute énergie, il devenait pessimiste en fait, alors qu'à la base, on vivait encore pas comme si de rien n'était, mais voilà, on était assez optimiste. Et là, en fait, c'était le coup de massue. Déjà, mon père, à cette époque-là, il avait fini de travailler, donc il était à la retraite. Mes parents, ils ont 13 ans d'écart, si jamais. Donc mon père était à la retraite et en fait, son cancer, il s'est déclaré... À la fin de son job, dès qu'il était à la retraite, le cancer a été déclaré. Donc c'était un coup de massue supplémentaire parce que... En fait, ok, il est à la retraite pour profiter de ses proches, mais maintenant, il est malade, il est condamné, stade 3, donc en fait, il ne lui reste plus longtemps à vivre. Donc c'était une double trahison. En fait, c'est comme si moi, je me mets à sa place et en fait, je sais qu'il y a eu de la colère contre la vie, contre son destin, contre cette condamnation. Genre le fait de se dire là, je vais enfin pouvoir. profiter de mes enfants, de ci, de ça. Et en fait, on m'annonce que non, que potentiellement que dans un an, je suis mort. Enfin, c'est horrible. Pour moi, c'est une trahison. Pour moi, c'est une blessure de la trahison. C'est trop dur. Donc là, je me souviens, je suis en fin de Master 1. Il a commencé la chimio. Donc, son état se détériore de mois en mois. Ça se dégrade complètement. J'entre en Master 2. Tout le premier semestre, la moitié il a passé à l'hôpital, il était souvent à l'hôpital. Là on arrive vers novembre, donc à l'époque j'étais en couple, je me suis fiancée. Donc pour moi c'était important qu'il soit là pour mes fiançailles. Donc c'est comme si j'avais un peu accéléré le processus, parce que je sentais que mon père en fait il n'allait pas tenir encore très très longtemps. Donc je me suis fiancée en novembre. Fin décembre, je révise pour mes examens de Master 2. Et en fait, dans ma tête, j'espérais vraiment qu'il ne décède pas pendant mes examens. En fait, dans ma tête, je me disais, j'espère qu'il va rester au moins jusqu'à la fin de mes partiels, le temps que je puisse quand même rester concentrée. Et voilà. Donc, je me souviens, c'est comme si je le voyais vraiment lutter pour ne pas partir. Donc j'allais souvent le voir à l'hôpital, je révisais à côté de lui. Il dormait toute la journée, il était vraiment alité. Je dormais avec ma mère à ce moment-là et je lui disais « Tu te rends compte que là, il est à l'hôpital, tout seul, dans son lit ? » Pour moi, ce n'est pas possible. Je ne peux pas le laisser comme ça, il est en train de passer ses derniers jours. Il faut qu'on aille le chercher. Et ma mère, elle était paniquée. Je lui dis « C'est notre famille, c'est notre père, tu vois. » Je ne peux pas. Donc le lendemain matin, première heure, on part avec la voiture à l'hôpital. Et on rentre dans sa chambre et là je dis papa on te ramène à la maison. Donc c'était tout début janvier. Et lui à ce moment là, c'est pas qu'il commençait un peu à perdre conscience, mais voilà je lui ai dit je lui ai pas laissé le choix, de toute façon il était mieux à la maison. Les infirmières ont dit vous avez pas le droit de le faire sortir, j'ai dit je m'en fous. Là j'aurais dit allez vous faire foutre, c'est mon père, on fait ce qu'on veut, blablabla. Et elle dit, ouais, il faut signer un document, blablabli, vous n'avez pas les autorisations. J'ai dit, je m'en fous. Mon père, il a arraché son cathéter. Il y avait du sang partout, je m'en souviens. Et je l'ai mis sur un fauteuil roulant. Et j'ai dit, c'est bon, on y va. Donc là, on part prendre l'ascenseur et tout. Les infirmières, elles disaient, vous n'avez pas le droit. Elle est dans le couloir. Et j'ai dit à ma mère, c'est bon, t'inquiète, il ne va rien nous arriver. Dieu, il est avec nous. On n'est pas en train de braquer une banque. On récupère juste mon père qui est malade. Donc on prend l'ascenseur, il avait froid, je me souviens, il faisait froid, c'était l'hiver, on était en janvier, on le couvrait avec plein de couverture, on l'a ramené à la maison, on l'a fait s'allonger, on lui a dit « ouais, au moins tu vois, t'es dans la chaleur humaine de la maison » . Et du coup, c'était début janvier, mon père il est décédé le 14 janvier, donc vraiment, moi j'avais fini mes examens vers le 10, donc il est vraiment parti juste après mes examens. Et du coup, pour vous raconter comment ça s'est passé, pendant ces deux semaines-là, il était à la maison, il n'arrivait plus trop à manger. Deux jours avant qu'il décède, ma mère lui a demandé ce qu'il voulait manger et il a dit « je veux manger une pizza par toi » . Il aimait trop les pizzas de ma mère. Donc ma mère lui a fait une pizza, il l'a mangée et il ne l'a pas vomi. Alors que d'habitude, pendant ces derniers mois, il ne faisait que de vomir ce qu'il mangeait. Et c'était trop mignon. Franchement, c'était trop mignon. Il n'a pas vomi cette pizza, il a tout mangé. Comme si, en gros, ça y est, il savait que c'était la dernière chose qu'il allait manger et il a savouré chaque chose qu'il avait dans... Enfin, c'était vraiment... C'était vraiment... Bref. Attendez, je fais une petite pause. Je suis vraiment en train de revivre toutes les scènes avec vous en vous l'expliquant. Et je suis contente de le faire en podcast parce que je sais que j'aurai juste à le réécouter. pour avoir une trace. Si j'ai des enfants et qu'ils veulent comprendre l'histoire de mon père, je peux leur faire écouter ce podcast. Bref, c'est vraiment un travail de mémoire que je suis en train de faire et ça me met grave de l'émotion. Bref, donc il était à la maison, c'était les deux derniers jours. On a fait toutes les démarches pour vider ses comptes en banque. Il a fait tout ce qu'il avait à faire pour transférer tout à ma mère. On a fait vraiment toutes les démarches possibles pour qu'on soit le moins taxé possible parce que... Vous connaissez les taxes en France, c'est une catastrophe. On a tout fait propre et voilà, il est resté allongé sur ce canapé. En fait, c'est comme s'il était déjà en contact avec une autre dimension. C'est trop bizarre comment je vous le dis, mais c'est comme s'il voyait déjà d'autres choses. Tu vois que son regard, il voit autre chose que ce que nous, on est capable de voir. Et il n'était pas du tout... stressé, il n'était pas du tout paniqué c'est comme s'il savait où il allait et du coup il écoutait beaucoup le Coran il arrivait encore à réciter le Coran il était encore présent en fait c'était beau franchement j'ai jamais vu quelqu'un décéder, mon père c'est la première personne que j'ai vu décéder On était collés à lui au moment où il est parti. En fait, je me dis, si je décède, j'aimerais être entourée de mes proches comme lui l'était. D'avoir tout l'amour autour de lui, d'être chez lui. Enfin, je trouve ça incroyable. Donc bref, cette nuit-là, la nuit où il commençait à agoniser. Donc c'est là où tu sais que ton âme, elle va partir. On était toutes assises à côté. Il y avait mon frère aussi. Et en fait, on lui donnait de l'eau à boire. Et moi, je me souviens, je lui donnais du miel. Donc, j'avais une cuillère de miel qui venait de la Mecque. Et je lui donnais. Et il mangeait comme si c'était un bébé. Il avait les yeux fermés, mais il mangeait ce miel. Et je savais qu'en fait, il était en train de partir. C'est trop bizarre à dire, mais tu sentais. C'est comme s'il y avait une porte, un portail qui était en train de s'ouvrir. Comme si on n'était plus tout seul dans la pièce. Comme s'il y avait... des anges ou j'en sais rien, appelez comme vous voulez, mais on n'était pas tout seul. C'est comme si dans ma tête, j'étais en train de l'accompagner. Je savais qu'il partait et c'est comme si je lui envoyais la force de « t'inquiète pas, on va s'en sortir, juste suis ce que tu as à suivre, vas-y » . C'est ce que je répétais dans ma tête et c'est comme si je savais qu'il m'entendait. C'est bizarre. Donc moi, j'avais les mains sur lui. Là, je tenais sa main. Ma mère, elle tenait sa main de l'autre côté. Elle avait mis sa main sur le front de mon père. Et vraiment, on l'accompagnait dans ce processus comme une femme qui accouche. Genre, t'es là et tu peux rien faire à part l'accompagner. Là, c'était la même chose. Et donc, il continuait de manger ce miel. Et à un moment, il a arrêté. Et là, c'est comme s'il a rendu son dernier souffle. Il a fait et après c'est comme si son âme, tu vois, elle est sortie, genre elle a fait chakra de la gorge, tu vois ce que je veux dire ? Elle était dans la gorge et là il a fait et c'est comme s'il a tout relâché, tu vois ? Et en fait son âme, elle a fait, elle est partie. C'était particulier, je vous jure vraiment. Vivre le décès de quelqu'un, en plus qui est proche, c'est vraiment particulier. Je n'ai pas trop les mots, mais il s'est vraiment passé un truc de transcendant à ce moment-là. Et en fait, quand il est parti, j'ai pleuré. J'ai crié, non, je me disais, putain, il ne respire plus. Genre, je ne sens plus son cœur qui bat. Ça fait trop bizarre. Il ne faut pas que je pleure dans cet épisode. Je ne sentais plus son cœur. coeur qui bat et je me disais putain son corps il est vide genre c'est une coquille vide et genre tu te sens je sais pas comment vous expliquer genre tu te sens démunie, tu te sens mais tu vois genre je voulais pas m'effondrer alors que pour moi ma mère c'était pire pour elle Pour ma mère, j'imagine pas comment ça a dû... Genre, on t'arrache l'homme de ta vie. Ils étaient trop amoureux, mes parents. Ils s'aimaient de ouf. Ils étaient comme... C'était comme son père, en fait. Pour elle, c'était tout. C'était son meilleur ami, c'était son père. C'était une figure d'autorité qui la rassurait. C'était une figure de sécurité pour elle. Et genre, je pouvais pas m'effondrer comme ça. Donc, j'ai comme... Je suis restée forte. J'ai pleuré, j'ai crié. Je me suis dit non, mais ça n'a pas duré plus de cinq minutes. Je me suis dit non, je ne peux pas lâcher maintenant. J'ai été là pour ma mère en soutien, mes sœurs. Je me suis dit je vais prendre cette figure qui va les sécuriser. Je me suis interdite de vivre le deuil comme une personne vivrait son deuil. Et c'est... Voilà. Donc ensuite, on a appelé le médecin qui est venu déclarer le décès. Donc c'était le matin, il était 8h35. On était un samedi. Et donc le médecin arrive, on commence à prévenir la famille. Donc la famille se déplace de Paris. Voilà, on fait les choses dans les règles de l'art. On prévient aussi pour le lavage mortuaire dans les principes islamiques. Et pour moi, j'étais comme dans une bulle sur un nuage et je me disais mon père va bien. En fait, ce qui est fou, c'est que donc il est décédé. On l'a recouvert et au moment où on a découvert le drap. qu'il était encore allongé sur ce canapé. On attendait vraiment que la morgue vienne le chercher, etc. On a retiré le drap et en fait, il avait un sourire sur le visage. Et son visage, c'est comme s'il avait perdu 20 ans d'âge. C'est comme s'il avait 40 ans. Et son visage, il était pulpeux, comme si tu lui avais fait un cobi d'eau. Tu vois ce que je veux dire ? Et là, je me suis dit, OK, il va bien. Il est bien parti. Je sais qu'il est bien là où il est. Et donc là, en fait, ça m'a retiré vraiment énormément de poids, de tristesse. Je me suis dit, c'est bon, en fait, il est délivré. Là, il était là, il souffrait. Il souffrait ici, il avait son cancer, il avait ses douleurs. Il avait tout ce qui va avec. Les tracas de la vie ici-bas. Et là, il est parti. Il est parti rejoindre Dieu. Donc, il nous a laissé un dernier message physique. C'est-à-dire que... Il était beau, tu vois. Il avait... Tu vois, comme il avait la maladie, il commençait à avoir beaucoup de petites taches brunes sur le visage, etc. Et ça avait disparu. Son visage était vraiment comme une peau de pêche. Et je me suis dit, mais waouh ! Genre, what is that glow ? Tu vois, genre, c'est là. T'es beau gosse, papa ! Et du coup, ça m'a... C'est comme si Dieu m'avait... mis une sérénité dans mon cœur à ce moment-là. Et genre, j'ai remercié, j'étais grateful. Genre, je ne faisais que dire Elhamdoulilah, Dieu merci. Dieu merci, il est bien parti. Il est bien là où il est, je sais qu'il est bien. Donc là, maintenant, j'avais récupéré un peu de force mentale, tu vois. Donc, ils sont arrivés, ils sont venus chercher le corps, ils l'ont déposé à la morgue, tout ça, tout ça. Et là, là, c'était bon, en fait. Donc, on est partis ensuite, deux jours après, au Maroc, pour aller l'entendre. enterré. Donc, j'étais avec mon ex-conjoint de l'époque, avec ma mère. Et voilà, après, le processus, il s'est fait comme il s'est fait. Et toutes ces années, en fait, c'est comme si j'ai pas vraiment vécu un deuil classique. Parce que, comme je vous ai dit, je me suis dit, faut que je m'occupe de ma mère, faut que je m'occupe de ma famille, faut que mes soeurs, elles manquent de rien, faut que... Voilà, faut que... que je sois là en fait. Donc, je me suis éteinte, j'ai éteint cette voix dans ma tête de tristesse. Mais je vous dis, il y a beaucoup de fois où j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps dans mon lit parce que je repensais à mon père et que je me disais, tu vois ça, quand j'ai eu mon Master 2, j'ai pleuré parce que je me suis dit, mon père, il n'est pas là pour voir ma remise de diplôme. J'ai pleuré de gratitude aussi parce que il a attendu la fin de mes examens. Pour partir. Et je me suis dit... Ouais, en fait, tu vois, tout me faisait penser à lui. Beaucoup de mes réussites, mon côté professionnel, toutes mes réussites, je me suis dit j'aurais aimé les partager avec lui. Et aujourd'hui, tu vois, je ne peux pas savoir ce qu'il pense. Je ne peux pas savoir si ma situation actuelle lui conviendrait. Je ne peux pas savoir comment il aurait réagi. Je ne peux pas savoir, en fait. Mais je le garde au fond de mon cœur. Tu vois ce que je veux dire ? Après, je le vois dans mes rêves. Je le vois beaucoup quand j'ai des questionnements profonds ou quand j'ai des tristesses profondes. Je rêve tout le temps de lui. Donc je me dis, en fait, il est là. Il est là, il est juste autre part. Mais il est là et je sais qu'il m'accompagne. Et quand je vous dis qu'il m'accompagne, le truc, c'est qu'il m'accompagne aussi dans ma manière d'être. J'ai récupéré un peu de ses défauts aussi. Donc cette rigidité, la froideur. parfois quand je donne des ordres ou bref, ce truc d'autoritaire il lui appartient à lui il ne l'appartient pas à moi et quand j'en avais parlé à mon psy désolé je vais un peu dans tous les sens, je ne sais pas si vous allez me suivre mais quand j'en parlais à mon psy du fait que je sois un peu très cash très brute de décoffrage il m'a posé un peu des questions sur mon enfance, etc. donc je lui ai beaucoup parlé de mon père et je lui ai dit que moi mon père il me faisait peur quand j'étais petite et Il fallait que je file droit pour que tout file droit. Et il a dit, vous savez pourquoi vous êtes devenu comme ça ? Je lui ai dit, bah non. Et il m'a dit, en fait, comme vous avez réussi à survivre à la pression de votre père, vous avez quand même réussi à devenir quelqu'un, entre guillemets, à réussir à votre côté professionnel, etc. Vous avez réussi, malgré la pression que votre père vous a mis. Vous vous dites, comme vous, vous avez réussi à subir cette pression, en fait, vous la faites subir aux autres parce que pourquoi vous, vous y êtes arrivés et pas les autres ? Et quand il m'a dit ça, genre ça a débloqué un truc dans mon cerveau. Et je me suis dit, c'est vrai, il a raison. Parce que souvent je dis, ouais, un tel, il est faible. Un tel, il est faible. Ma mère, je dis souvent, elle est faible, tu vois. Même si je l'aime de tout mon cœur, je la trouve assez faible. Elle se laisse vite abattre par les choses de la vie, tu vois. Et je me dis toujours, putain, mais pourquoi les gens, ils ne sont pas plus forts ? Et du coup, mon psy m'a expliqué que c'est juste un mécanisme que j'ai développé parce que mon père m'a fait ça, en fait, tu vois. Je parle beaucoup, mais en même temps, c'est un podcast. Mais je parle beaucoup quand même. Ça me fatigue. Il faut que je boive un peu d'eau, là. En tout cas, toutes ces années ont passé et j'ai eu des contre-coups. on va dire, genre des moments de down total où j'ai pleuré en étant la petite fille qui dit « mon père me manque » , tu vois. J'ai le droit d'avoir mes moments de faiblesse, c'est normal. Mais c'est vrai que je ne le montre pas à ma famille parce que je ne veux pas les mettre dans cet état-là. Je ne veux pas que... Ma mère, elle pense tout le temps à mon père. Elle y pense tout le temps. Pour elle, c'est l'amour de sa vie. Ça ne changera rien du tout. Et je n'ai pas envie de rajouter une couche. Je n'ai pas envie de lui dire que mon père... père me manque, que tu vois, le fait que si demain j'ai des enfants, mon père, il va jamais connaître mes enfants. Et ça, ça m'arrache le cœur. Ma réussite professionnelle, tout ce que je réussis à entreprendre, il n'est pas là, en fait. Il n'est pas là pour voir ça. Et ça m'arrache le cœur, vraiment. C'est dur. Et je n'ai pas envie que ma mère elle entende ça parce que je sais que ça va lui faire un coup de massue supplémentaire. Et je n'ai pas envie de ça. Les années passent et... Voilà, les choses ont évolué dans mon état d'esprit, dans comment... En fait, c'est en faisant du travail sur moi, en voyant des thérapeutes, en étant suivie par un psy, en faisant toutes ces choses-là, que je me rends compte du lien que j'ai avec mon père. Je me rends compte que la performance, que le besoin d'exceller dans ce que je fais, vient de mon père. Et je me rends compte que ça reste quelque chose de toxique. Voilà, donc nos parents, on les adore, mais ils nous ont aussi légué des comportements toxiques. Et ça, ça en fait partie. Demain, si je dois créer quelque chose, je vais avoir ce truc de « il faut que ce soit parfait » parce que dans ma tête, mon père, il voulait la perfection. Donc j'ai gardé ce truc-là de « il faut que ce soit parfait » . Et c'est très mauvais, c'est très mauvais. Combien de choses je n'ai pas commencé parce que je me suis dit « je n'ai pas encore toutes les conditions réunies pour que ce soit parfait » . Donc c'est pas bon. Aujourd'hui, ça fait huit ans qu'il n'est plus là, mais ça fait deux ans que vraiment j'ai entamé un processus personnel d'introspection pour me dire, ok, qu'est-ce qui m'appartient, qu'est-ce qui ne m'appartient plus ? que ce soit de mon père, que ce soit de ma mère, que ce soit de ma famille, de la société, de ci, de ça, enfin bref. J'essaye de m'émanciper de ce qui ne m'appartient pas. Et ce qui fait qu'aujourd'hui, j'arrive de plus en plus à créer des choses, en fait. Et l'année dernière, je ne sais pas si vous vous souvenez, on a eu une saison des éclipses assez hard. Au niveau émotionnel, ça a grave travaillé de mon côté. Il y a eu des pleines lunes, des trucs, enfin bref. Et un jour, je me suis dit, je pense que je n'ai pas fait le processus de deuil correctement. Il faut que j'écrive. Et il faut savoir qu'écrire, le journaling, ça ne fait pas partie de mon quotidien. Ce n'est pas un automatisme que j'ai. Au début, j'avais écrit mes traumatismes d'enfance, mes émotions que j'aimerais pouvoir gérer plus facilement. Moi, c'est la colère. Vraiment, la colère, si j'avais un deuxième surnom, ce serait colère. Et en fait, ça, je ne voulais plus l'avoir. Donc, j'ai essayé de trouver toutes les origines possibles à ma colère. Et au fur et à mesure, je me suis dit, je pense que le décès de mon père, je ne l'accepte toujours pas. Je ne l'ai pas accepté pendant longtemps. J'ai été dans le déni. Et c'est comme si je lui en avais voulu de ne pas s'être battue jusqu'au bout. Alors qu'en soi, il a fait tout ce qu'il a pu. Il n'aurait pas pu faire mieux. Mais c'est vraiment une partie de moi qui est en colère contre l'injustice. Pour moi, c'est mon père n'est plus là alors que j'aurais aimé partager tellement de choses avec lui. Et j'étais proche de lui quand même. Donc, j'ai perdu un soldat, un allié. période des éclipses j'ai commencé à faire du journaling par rapport à tout ça et j'ai écrit une lettre à mon père comme s'il allait vraiment la recevoir et je lui ai écrit voilà mon cher papa et j'ai crié écrit et j'en ai versé des larmes sur ses sur tout ce que j'ai écrit et en fait j'ai été tellement soulagé à la fin parce que je lui ai dit tout ce que j'avais à lui dire je lui ai reproché ce que je lui reprochais je lui ai je les remercier pour tout ce qu'il a fait c'était j'ai mis à l'écrit tout ce que j'avais besoin de mettre à l'écrit, comme si vraiment j'apposais mes émotions sur un papier et c'est vraiment une thérapie de ouf et ceux qui n'ont pas l'habitude d'écrire je vous recommande tellement le journaling j'en fais toujours pas assez mais pour moi c'était l'exercice le plus puissant que j'ai pu faire, beaucoup plus que n'importe quel autre exercice que j'ai pu faire et voilà ça m'a aidé, ça m'a aidé à flore un chapitre et aujourd'hui j'avance, si j'avance par rapport à ... à ce deuil, c'est aussi grâce à cette lettre que je lui ai écrite. Et vraiment, pour moi, il l'a reçue. Vous voyez ce que je veux dire ? Et aujourd'hui, je rêve encore de mon père. Il vient encore me voir. Il me fait des câlins. Je rêve de lui comme si c'était lui. Pour moi, c'est vraiment lui. Je le vois sur un autre plan dimensionnel. Et j'aime trop. En tout cas, je ne sais pas si c'est la fin de cet épisode parce que je ne sais pas si j'ai d'autres choses à dire. Ça a vraiment remué beaucoup de choses. Donc voilà. Mais pour vous dire, c'est important de faire un exercice de récapitulatif de « Ok, qu'est-ce qui vient de ma mère ? Qu'est-ce qui vient de mon père ? Quels sont les comportements qui me desservent ? Qu'est-ce que je fais de toxique envers moi-même qui ne m'appartient pas ? Est-ce que je fais les choses pour moi-même ? Est-ce que je le fais pour mes parents ? » Il faut vraiment délimiter les choses. Aujourd'hui, je pense que les choix que je fais, au début mes parents Je pense, je parle de mon père comme s'il était encore là, mais à mon avis ce serait comme ma mère. Ils ne vont pas tout cautionner, c'est clair et net. Le fait d'être visible sur les réseaux sociaux, déjà ça fait peur. Toutes les mamans vont dire « j'ai peur pour ma fille, j'ai peur pour mon fils, il est visible sur les réseaux sociaux » . Aujourd'hui, elles acceptent parce qu'elles voient que ça reste une thérapie pour moi-même, pour elles. Je ne sais pas comment vous expliquer, mais en gros, ma réussite, c'est comme une réussite pour elles. Pour moi, il faut aller au-delà de « c'est ma mère, c'est mon père, et voilà, on a une famille, tout va bien, blablabla » . Non, pour moi, il y a forcément des choses à creuser. Pour moi, l'impact du transgénérationnel, il est ouf. Aujourd'hui, j'arrive à parler de tout ça parce que j'ai entamé un processus d'introspection, je me suis posé des questions, j'ai écrit, je me suis renseignée, j'ai été voir des kinésiologues, des psys décider ça. Voilà. Peut-être qu'il y en a qui vont dire « Ouais, tu cherches des problèmes là où il n'y en a pas » , mais pour moi, je ne veux pas laisser des traces dans le transgénérationnel. Je ne veux pas laisser davantage de traces qui font du mal. Je veux commencer déjà à faire le travail de nettoyage. Et quand je vous dis que là, on parle de mon père qui a eu un cancer de la vessie, quand je regarde le pourquoi du comment, on a énormément de points en commun. On a énormément de points en commun. Tout ce qui est limites, territoire, se sentir envahi, humiliation, tout ça, tout ça, c'est des choses que je vis aussi. Et je veux... Je veux travailler sur ça pour... Je n'ai pas envie de dire je ne veux pas ci, je ne veux pas ça, parce qu'on va attirer. Quand tu dis je ne veux pas quelque chose, tu l'attireras quand même. Donc, je veux me libérer de ces chaînes, tout simplement. Et je vous invite à faire la même chose si vous voyez des choses dans votre famille. Vous savez, par exemple, un problème de thyroïde, la grand-mère, la mère, la tante, la ci, la ça, il y a un truc à régler. Il faut se pencher sur la question. Quand on dit oui, le cancer du sein, c'est héréditaire, blablabli, blablabla, ok, mais l'émotionnel dans tout ça, ça vient d'où ? Quelle est l'origine ? Voilà, je pense que j'ai beaucoup parlé dans cet épisode. Vous m'avez dit que mes épisodes étaient trop courts. Là, je crois qu'il va être un peu long. N'hésitez pas à me laisser un message sur Instagram. Est-ce que vous avez un parent qui est décédé ? Est-ce qu'il y a une personne dans votre entourage qui vous a quitté ? Comment vous l'avez vécu ? Est-ce que... est-ce que mon histoire vous parle ? N'hésitez pas à m'écrire, j'adore lire vos messages. Je suis super contente que le podcast résonne avec vous. La prochaine fois, je pense que je parlerai du couple et je ferai un duo avec Val parce qu'il y a beaucoup de questions qui reviennent sur le couple mixte, les débats qu'on a entre nous, les difficultés qu'on a rencontrées au tout début de notre relation, etc. Voilà, c'est la fin de cet épisode. Maman, Je t'embrasse très fort parce que je sais que tu écoutes. Mes deux petites sœurs aussi, je vous envoie grave de l'amour. Ma porte reste ouverte si vous avez besoin d'en parler avec moi. Et voilà, merci pour votre écoute à tous. Et je vous souhaite une très bonne journée ou une très belle soirée. Et je vous embrasse très fort. À très bientôt.

Description

Dans cet épisode, je prends le temps de revenir sur un moment important de ma vie : le décès de mon père. Je vous partage mon vécu, ce que cette période a réveillé en moi, ce que j’ai compris (ou pas tout à fait), et comment ce deuil a transformé certaines choses dans ma manière d’être, de ressentir, de voir la vie. C’est un épisode sans filtre, avec l’envie d’ouvrir un espace de parole autour du deuil (sujet qu’on évite souvent, mais qui nous traverse tous un jour).


Bonne écoute.


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Transcription

  • Speaker #0

    Hola chicos y chicas, j'espère que vous allez bien. Cet épisode va être pour moi un exercice de retraçage des souvenirs, un peu comme si j'essayais d'ancrer ma mémoire. Je vais parler de deuil, donc je sais que ce n'est pas un sujet très joyeux, mais je ne veux pas que ce soit un tabou entre nous. Et beaucoup l'ont remarqué et m'ont questionné, je ne parle pas souvent de mon père, tout simplement parce qu'il n'est plus parmi nous depuis janvier 2017. Donc disclaimer, je vais vraiment parler de mon histoire. de mon vécu et de la manière dont j'ai traversé cette épreuve. Par contre, je n'ai jamais réussi à parler de lui au passé. Pour moi, il est toujours là quelque part, donc je vais continuer de parler de lui au présent. Mon père est un homme très discret, très pudique dans ses émotions, dans ses sentiments. C'est quelqu'un d'analytique, très ordonné, très organisé. C'est un homme débrouillard, professionnel du système D. Il savait cuisiner, faire du... pain, de la brioche, des tagines et plein d'autres choses. Et en matière d'actes, c'était un homme incroyable. Donc, mon père est berbère. Il est né en janvier 1953 et il a grandi au Maroc. Il a eu une enfance horrible. Il a été torturé par sa belle-mère qui était imbuvable et manipulatrice. Et tout ça, je vous le raconte, mais je ne l'ai su qu'à l'âge adulte. C'est vraiment ma mère qui m'a un peu raconté tout ça, même après son décès, en fait. Donc, c'est... qu'aujourd'hui que j'ai réussi à connecter les pièces du puzzle. Bref, donc très petit, il a dû s'occuper de ses demi-frères et sœurs. Lui, c'était le seul fils de la première union. Et voilà, donc c'est un enfant qui n'a pas vraiment eu d'enfance parce qu'il a dû s'occuper très tôt de ses petits frères et sœurs. Et ma mère, elle m'a raconté que sa belle-mère déchirait ses cahiers d'école pour lui retirer le droit de penser à autre chose ou... de s'émanciper du climat familial. Donc voilà, je ferme la parenthèse sur son bagage familial. Donc la petite Nisrine que j'étais n'a jamais compris pourquoi son papa était si distant émotionnellement. Je n'ai pas eu une enfance où je me suis sentie très proche de lui. Mon père était ouvrier et travaillait de nuit, donc on ne le voyait pas très souvent. Et les seuls moments où on le voyait, il reprenait en revue tous les devoirs de la semaine, les contrôles. Et en fait, il s'assurait que tout était en ordre. Donc, tu vois, toi, t'es enfant, tu commences à développer un stress de la performance. Il voulait qu'on réussisse, il voulait qu'on fasse de longues études. En fait, il ne voulait pas qu'on se fasse écraser par les autres. Et il a toujours dit, le monde, c'est une jungle et il ne faut pas être parmi les plus faibles. Et ça, c'est un truc qui est resté dans ma mémoire. Et je pense que j'ai grandi autour de cette phrase. Et je vous raconte tout ça. J'ai pris énormément de recul sur mon passé et j'arrive enfin... avoir le prisme d'une manière différente. Donc je vous dis ça parce que quand un parent décède, en général, tu veux te raccrocher au bon souvenir. Tu veux pas te dire qu'il y a eu des choses, que t'as mal vécu. T'as pas envie de porter atteinte à sa mémoire. Alors qu'en réalité, ça retire pas l'amour que tu lui portes. Donc pour en revenir à Aminine Isrine, j'ai eu une figure paternelle très absente sur le plan émotionnel. Genre c'est vraiment, on méritait son amour, il fallait être bon à l'école ou les études ou le comportement. Et quand t'es enfant, t'as juste envie de kiffer ta vie d'enfant, d'être sale quand tu rentres des balades, de dessiner partout, de te perdre dans la lune. Je me souviens, franchement, il aimait pas qu'on se perde dans la lune. Et moi, je suis souvent dans la lune, tu vois. Et en fait, pour lui, c'était comme de la faiblesse de se laisser vaquer à des... des distractions futiles ou des choses comme ça. Mais on était des enfants, donc il fallait aussi qu'on vive notre vie d'enfant. Je me suis vraiment sentie limitée dans tout ça. Même si on a pu avoir une vie sociale, tu devais le mériter. Si tu n'avais pas eu des excellentes notes, tu pouvais toujours courir pour aller passer la journée avec tes potes dans le quartier pour jouer dans le bac à sable, tu vois ce que je veux dire. Et maman, je sais que tu vas écouter et je tiens à te dire quand même que tu as toujours fait le pont. entre papa et nous, t'as toujours ramené un peu de douceur à la maison et on était trop contents quand tu rentrais du travail, on se sentait plus léger et je sais que sa souffrance intérieure à lui, tu l'as prise et tu l'as protégée. Et je pense que si j'avais su plus tôt qu'il avait manqué d'amour et de chaleur humaine dans son enfance et dans sa jeunesse, j'aurais compris qu'il n'avait pas les ressources pour nous apporter ce dont on avait besoin sur le plan affectif. Et je précise bien plan affectif. Parce que sur les autres plans, matériel et autres, il a toujours été au top du top. C'est-à-dire qu'on n'a jamais manqué de rien. Et comme c'était un bricoleur et un geek, dans le sens hyper calé en informatique, on a toujours été à la page. On n'était pas à la ramasse. Il nous a aussi poussé à maintenir une activité sportive à côté des cours. Il y avait toujours cette crainte de ne pas être à la hauteur à ses yeux. Et mon frère et mes sœurs l'ont peut-être vécu différemment sur certains points, mais je pense que globalement on va être d'accord sur toute la ligne. Pour vous faire un petit topo, mon frère a subi énormément de pression sur la réussite. C'était dur. Pour vous donner le profil rapidement, mon frère est hyperactif, il a été diagnostiqué très petit, il est surdoué, il a sauté deux classes très tôt et il était vraiment turbulent parce que sûrement il s'ennuyait en classe. Donc il a été le clown de service de ses camarades pendant plusieurs années. Ça, mes parents, ça les rendait ouf. Mes parents, ils ont été convoqués tellement de fois pendant sa scolarité, il a été exclu à plusieurs reprises et après coup, je me dis que c'était comme un appel à l'aide de mon frère. ... Et en fait, aujourd'hui, c'est quelqu'un qui n'a plus du tout d'ambition. Il geek énormément aux jeux vidéo. Et je pense qu'il pense, enfin c'est ça, il pense qu'il n'est pas capable de faire quoi que ce soit de sa vie. Aussi parce que mon père lui a répété plusieurs fois que c'était un bon à rien, etc. Et bien entendu, il y avait toujours un contexte quand mon père lui disait des choses comme ça. Mais ça reste des paroles qui sont dures à entendre et dures à encaisser. Surtout quand t'es enfant, quand t'es ado. Ensuite, j'ai ma sœur de 28 ans. Elle n'a pas réussi à gérer la pression non plus et elle s'est rebellée plusieurs fois dans l'adolescence. Elle a détesté les cours, elle en avait marre des cours de natation. Elle en avait marre tout simplement qu'on la compare avec les autres camarades qui ont réussi. Et elle a dit fuck. En fait, elle a absolument fait tout ce que mes parents lui ont interdit. Comme si elle voulait les provoquer. Et je comprends qu'elle ait agi comme ça parce qu'en fait, c'était relou. Et je sais aussi que le fait que je réussisse bien en cours, ça l'a impacté. Parce que mes parents m'ont prise en exemple plusieurs fois. Et ça a vraiment fragilisé ma relation avec ma sœur. Et donc Yasmine, si tu m'écoutes, désolée. Je n'ai rien fait intentionnellement. En plus, je t'ai toujours aidée, même pour tricher, même pour mentir à papa et maman. Bref, donc je n'ai vraiment rien à voir dans l'histoire. Après, il y a mon autre sœur, Imen, de 24 ans. Petite. taureau, meuf, chill, il ne faut pas se presser. Ma sœur était très jeune quand mon père est décédé, elle avait 15 ans, donc c'était grave dur pour elle. Et je pense qu'elle a eu beaucoup d'incompréhensions et de questions sans réponse. Et Ymène aussi a eu une scolarité brillante, elle a sauté une classe très jeune et elle n'a jamais fait d'écart, vraiment, à part qu'elle n'arrivait pas à se réveiller le matin. Et ça, c'était le sketch tous les matins, ça sonnerait. C'était Drake Headlines et ça sonnait, ça sonnait. Et comme elle était en collège privé, c'est mon père qui l'emmenait le matin à l'école. C'était vraiment folklorique. Moi, perso, je me tapais grave des barres. Elle passait des heures sur son téléphone la nuit, sur des forums de Violetta. Vous savez, la série Latino. Et elle parlait avec des gens sur Twitter. Elle se faisait des potes virtuels. Bref, visiblement, elle avait mieux à faire que dormir. Et voilà, moi, j'aimais trop parce qu'elle chantait toujours devant son miroir. Elle le fait toujours. Et il n'y a jamais eu de silence à la maison. Et moi, dans tout ça, ma scolarité, je suis rentrée dans les clous, comme je vous ai dit. J'étais bonne élève. Et quand j'étais ado, quand j'ai commencé à faire des conneries, ce n'était pas des conneries en cours, c'était des conneries en dehors. Quand je mentais à mes parents, tout ça, je disais que j'étais à tel endroit, mais je n'y étais pas. J'ai toujours réussi à cacher ça. Ma mère avait un sixième sens, donc elle savait que je lui mentais. Mais mon père, en tout cas, je pense qu'il ne se doutait pas de quelque chose. En fait, j'étais vraiment vue comme la personne la plus normale par mes parents, par mon père en tout cas. En fait, on habite dans une maison à Orléans, ma mère y est encore. Il y a deux étages et au dernier étage où on était, il y avait nos chambres, mon frère et mes sœurs. Dès qu'il y avait du bruit ou qu'il y avait un problème, mon père... père, quand il criait pour nous dire d'arrêter de faire du bruit ou quoi, il ne prononçait jamais mon prénom. C'était toujours soit mon frère ou soit mes soeurs. Je me faisais presque pas engueuler. Je pense que je peux compter sur les doigts de la main le nombre de claques que j'ai pris à dos. J'ai oublié de vous dire, mais mon père est décédé d'un cancer de la vessie en 2017 et on a su qu'il était malade deux ans avant son décès. Donc, il était en stade 3 de la maladie. Donc, c'était déjà très avancé. Et je me souviens encore de comment ma mère me l'a annoncé. Je devais partir en cours, j'étais à la fac et on était dans la salle de bain. Et elle m'a attrapé le bras et m'a dit « Nisrine, ton père est malade » . Et je lui ai dit « Comment ça ? » . Elle me dit « Il a un cancer » . Et j'ai eu le réflexe comme pour retirer sa main de mon bras et je lui ai dit « Mais non » . Je n'y ai pas cru du tout. En fait, c'est comme si mon cerveau a fait un blackout. Et elle me dit, on en reparle après. Et je dis, mais qui a dit ça ? Et elle a dit, le médecin. Donc, j'ai dit, bah, il raconte de la merde. Et elle a dit, tu ne le dis pas encore aux autres. Donc, elle ne me l'avait dit qu'à moi à ce moment-là. Et honnêtement, je suis restée dans un déni. J'étais dans ma bulle. Je me disais que c'était impossible. Je me disais peut-être, il est malade. Mais le mot cancer, en fait, quand tu le... Ça me coupe la voix. Le mot cancer, quand tu l'entends, tu ne veux pas y croire. En fait, tu dis toujours ça n'arrive qu'aux autres. Et donc, voilà, je n'en avais même pas parlé à mon ex de l'époque. Parce que pour moi, tant que je n'avais pas plus d'informations, je ne voulais même pas y penser. Les jours passent et ma mère nous dit officiellement que c'est un cancer de la vessie. Donc, elle nous dit oui, c'est au stade 3. Donc là, je commence à me renseigner un peu sur Internet. Qu'est-ce que ça veut dire stade ? Qu'est-ce que c'est un cancer de la vessie ? Bref, tu essaies de chercher des réponses. Avec le recul et bien après son décès, j'ai compris à quoi était lié le cancer de la vessie. Je vais vous dire ce que le dictionnaire des maladies indique sur ce cancer. La vessie est liée au stockage et à l'élimination des déchets. Par déchet, on peut aussi penser à émotions, les pensées, le vécu. Elle est aussi liée au territoire, au marquage de limites, comme les animaux qui urinent pour marquer leur espace. Elle est aussi liée à des tensions non exprimées, au contrôle ou à la peur de perdre le contrôle. Donc là, c'est la symbolique générale de la vessie. Et ensuite, les conflits psychosomatiques, donc l'émotion associée à ce cancer. Il y a... premièrement un conflit de territoire, donc se sentir envahi, menacé ou dépossédé d'un espace physique ou symbolique, travail, maison ou couple, ou par exemple un divorce, une mise à la porte, une trahison familiale ou professionnelle. Deuxièmement, en conflit psychosomatique, il y a la colère ou l'humiliation réprimée, donc la colère que la personne ne s'autorise pas à exprimer, ou un sentiment d'injustice, d'abaissement qui est vécu en silence. Donc comme je vous ai dit, mon... Mon père a vécu de l'humiliation toute sa jeunesse, depuis qu'il était enfant. Et après, il y a aussi au niveau du travail. Mon père, en fait, il y avait un gros décalage avec son intellect. Il était vraiment très intelligent et très débrouillard. Et le job d'ouvrier qu'il faisait. Donc, il y avait un truc de je sais que je mérite mieux. Mais voilà, je suis bloquée dans ce truc de je suis ouvrier. Alors que je peux faire tellement d'autres choses. Bref. sentiment d'injustice. Ensuite, il y a la soumission ou l'incapacité à poser ses limites. Donc ne pas réussir à dire non. Et mon père de son vécu, c'est quelqu'un qui aidait beaucoup les autres. Il avait des amis ou des collègues de travail. À chaque fois qu'un collègue avait un problème, il faut réparer mon ordinateur, mon téléphone est cassé, j'ai ci qui est cassé, est-ce que tu peux venir bricoler ça chez moi ? Mon père était toujours là pour aider les autres. Il y a aussi le conflit d'identité ou d'appartenance. Donc se sentir exclu ou rejeté de sa famille, d'un groupe ou de la société. Et de se demander où est ma place, est-ce que j'ai le droit d'être là ? Et mon père en fait il a grandi, comme je vous ai dit, en s'occupant de ses frères et sœurs. Mais une fois à l'âge adulte, en fait, tout le monde lui a tourné le dos. Il a perdu le contact de ses demi-frères et sœurs. Et moi j'ai connu mes cousins, cousines et mes tantes à l'âge de 16 ans. Donc, enfin de la famille de mon père en tout cas. J'ai jamais vraiment eu de souvenirs avec mon grand-père ni ma grand-mère. Donc vraiment, il a vraiment été coupé de sa famille. Le dernier point, c'est la difficulté de laisser partir quelque chose ou quelqu'un. Donc un deuil qui n'est pas fait, une rupture ou une vieille colère. Et voilà, comme je vous ai dit, aujourd'hui je sais que mon père a vécu des choses horribles. Donc le ressentiment, la rancune, faisait vraiment... partie de ses émotions. Mais moi, je ne le savais pas. Moi, je me disais juste « Ok, mon père, il n'est pas très expressif. C'est son caractère, il est comme ça. » Et voilà. Je n'avais pas du tout l'envers du décor. Je ne pouvais pas comprendre ses réactions. Et c'est que maintenant que j'ai fait ce travail-là. Anyways, en approche complémentaire par rapport à ce cancer, en médecine traditionnelle chinoise, la vessie est associée à la peur. au stress, à la rigidité et au contrôle excessif. Donc, pour ceux qui ont écouté le podcast précédent, je vous ai dit que j'ai un rôle de dictateur dans ma famille et auprès de mes proches. J'ai quelque chose de rigide, un truc par rapport au contrôle. Et je vous ai dit qu'il y a quelque chose en lien avec mon père et je me rends compte qu'en fait, je lui ressemble beaucoup sur certains points. Vous voyez où je veux en venir et je trouve ça me fait réfléchir en fait. Ça me fait trop réfléchir. Et en symbolique énergétique, le cancer de la vessie ou les problèmes de vessie peuvent indiquer un déséquilibre du chakra sacré. Je vous ferai un autre épisode sur toute cette zone en fait. C'est vraiment l'appareil génital, toutes les émotions bloquées dans cette zone. Moi, ça me parle beaucoup. Il y a beaucoup de choses dans ma vie qui tournent autour de ça. Voilà, donc là, je ferme la parenthèse sur la symbolique du cancer de la vessie. Si vous avez des proches qui sont atteints de maladies, si vous avez aussi des souffrances dans telle zone du corps, vraiment, je vous invite à regarder tout ce qui est psychosomatique. Et ça va vraiment vous donner des indications. Parce que pour moi, là, quand j'ai lu le cancer de la vessie, la symbolique, c'est totalement le vécu de mon père. Et en fait, toute cette rancune qu'il a rongée et toute cette colère qu'il a enfouie. Donc, avril 2015, ma mère nous annonce la tragique nouvelle. Et comme je vous ai dit, j'étais vraiment dans le déni. J'ai vraiment voulu être optimiste, croire en sa guérison, me dire non, mais mon père, il est fort, il est solide, il va se battre contre ce cancer. Je pense que pour beaucoup, quand on leur annonce qu'un parent est malade, on a l'image que nos parents sont puissants, forts comme des montagnes qui vont s'en sortir. Mais ce n'est pas tout le temps le cas. Franchement, c'est dur à encaisser. En tout cas, nous, ça ne l'était pas. Mon père n'a jamais dit de sa propre bouche « j'ai un cancer, je suis malade » . Je ne l'ai jamais entendu dire ça. Ma mère a toujours fait le pont entre sa maladie, nous, ses émotions et nous. Et je me souviens qu'au sein de notre fratrie, il y avait beaucoup moins de place pour les querelles de gamins qu'on avait. On était beaucoup plus matures, beaucoup plus soudés, beaucoup plus affectueux. Et on s'aidait beaucoup plus les uns les autres. Donc ça, c'est le point positif qui est arrivé. Il y a vraiment eu un avant et après l'annonce de la maladie. Et on s'est aussi plus rapprochés de mon père. Mais personnellement, j'ai toujours été très démonstrative avec mes parents. Je leur ai toujours dit que je les aimais. J'ai été hyper tactile avec eux. Je les prenais toujours dans mes bras. Je n'ai jamais eu de pudeur de sentiments vis-à-vis d'eux. Et j'ai toujours kiffé leur faire des massages aux pieds. J'aimais bien... Mon père, il faisait de l'eczéma. J'ai compris qu'après, finalement, que l'eczéma, c'est du stress. Il faisait des petites plaques d'eczéma. J'aimais trop lui gratter comme ça, quand il regardait la télé. Même quand mes parents, parfois, ils s'embrouillaient. Je ne pouvais pas aller dormir s'ils ne s'étaient pas rabibochés. J'allais dans leur chambre et je disais, vous allez vous faire la gueule longtemps. J'essayais de les faire rire. À force, ils rigolaient et ça passait. Je n'aime pas quand mes parents sont en embrouille. Je n'aimais pas, c'était nul. En plus, c'était des embrouilles de merde. Ça n'avait pas lieu d'être. Maman, tu vas écouter ça, tu sais de quoi je parle. Franchement, ça me faisait trop rire. Bref, en tout cas, la première année passe. On fait comme si de rien n'était. On a continué de vivre nos vies. Mon père n'avait pas encore accepté la chimiothérapie. Et il a refusé de se faire opérer pour qu'on lui retire la vessie. Il ne voulait pas qu'on lui installe une poche. Enfin bref, il a dit si je retourne à mon seigneur, je veux être intacte avec tous mes membres et mes organes. Et je le comprends. De toute façon, chacun fait ses choix. Pour lui, s'il devait accepter la chimiothérapie, accepter de se faire opérer, c'était vraiment comme s'il renonçait à cette image de père qui est solide, qui est là pour nous. Donc il s'est dit... Je vais me battre contre la maladie. Donc malheureusement, un an après, son état s'est détérioré. Donc il y a eu de plus en plus de métastases. Et ce qui s'est passé, c'est qu'il a accepté la chimiothérapie. Et là, son état s'est complètement dégradé. C'est-à-dire que pour moi, ça a complètement accéléré le processus de dévitalisation. Pour moi, c'était... Il avait perdu toute énergie, il devenait pessimiste en fait, alors qu'à la base, on vivait encore pas comme si de rien n'était, mais voilà, on était assez optimiste. Et là, en fait, c'était le coup de massue. Déjà, mon père, à cette époque-là, il avait fini de travailler, donc il était à la retraite. Mes parents, ils ont 13 ans d'écart, si jamais. Donc mon père était à la retraite et en fait, son cancer, il s'est déclaré... À la fin de son job, dès qu'il était à la retraite, le cancer a été déclaré. Donc c'était un coup de massue supplémentaire parce que... En fait, ok, il est à la retraite pour profiter de ses proches, mais maintenant, il est malade, il est condamné, stade 3, donc en fait, il ne lui reste plus longtemps à vivre. Donc c'était une double trahison. En fait, c'est comme si moi, je me mets à sa place et en fait, je sais qu'il y a eu de la colère contre la vie, contre son destin, contre cette condamnation. Genre le fait de se dire là, je vais enfin pouvoir. profiter de mes enfants, de ci, de ça. Et en fait, on m'annonce que non, que potentiellement que dans un an, je suis mort. Enfin, c'est horrible. Pour moi, c'est une trahison. Pour moi, c'est une blessure de la trahison. C'est trop dur. Donc là, je me souviens, je suis en fin de Master 1. Il a commencé la chimio. Donc, son état se détériore de mois en mois. Ça se dégrade complètement. J'entre en Master 2. Tout le premier semestre, la moitié il a passé à l'hôpital, il était souvent à l'hôpital. Là on arrive vers novembre, donc à l'époque j'étais en couple, je me suis fiancée. Donc pour moi c'était important qu'il soit là pour mes fiançailles. Donc c'est comme si j'avais un peu accéléré le processus, parce que je sentais que mon père en fait il n'allait pas tenir encore très très longtemps. Donc je me suis fiancée en novembre. Fin décembre, je révise pour mes examens de Master 2. Et en fait, dans ma tête, j'espérais vraiment qu'il ne décède pas pendant mes examens. En fait, dans ma tête, je me disais, j'espère qu'il va rester au moins jusqu'à la fin de mes partiels, le temps que je puisse quand même rester concentrée. Et voilà. Donc, je me souviens, c'est comme si je le voyais vraiment lutter pour ne pas partir. Donc j'allais souvent le voir à l'hôpital, je révisais à côté de lui. Il dormait toute la journée, il était vraiment alité. Je dormais avec ma mère à ce moment-là et je lui disais « Tu te rends compte que là, il est à l'hôpital, tout seul, dans son lit ? » Pour moi, ce n'est pas possible. Je ne peux pas le laisser comme ça, il est en train de passer ses derniers jours. Il faut qu'on aille le chercher. Et ma mère, elle était paniquée. Je lui dis « C'est notre famille, c'est notre père, tu vois. » Je ne peux pas. Donc le lendemain matin, première heure, on part avec la voiture à l'hôpital. Et on rentre dans sa chambre et là je dis papa on te ramène à la maison. Donc c'était tout début janvier. Et lui à ce moment là, c'est pas qu'il commençait un peu à perdre conscience, mais voilà je lui ai dit je lui ai pas laissé le choix, de toute façon il était mieux à la maison. Les infirmières ont dit vous avez pas le droit de le faire sortir, j'ai dit je m'en fous. Là j'aurais dit allez vous faire foutre, c'est mon père, on fait ce qu'on veut, blablabla. Et elle dit, ouais, il faut signer un document, blablabli, vous n'avez pas les autorisations. J'ai dit, je m'en fous. Mon père, il a arraché son cathéter. Il y avait du sang partout, je m'en souviens. Et je l'ai mis sur un fauteuil roulant. Et j'ai dit, c'est bon, on y va. Donc là, on part prendre l'ascenseur et tout. Les infirmières, elles disaient, vous n'avez pas le droit. Elle est dans le couloir. Et j'ai dit à ma mère, c'est bon, t'inquiète, il ne va rien nous arriver. Dieu, il est avec nous. On n'est pas en train de braquer une banque. On récupère juste mon père qui est malade. Donc on prend l'ascenseur, il avait froid, je me souviens, il faisait froid, c'était l'hiver, on était en janvier, on le couvrait avec plein de couverture, on l'a ramené à la maison, on l'a fait s'allonger, on lui a dit « ouais, au moins tu vois, t'es dans la chaleur humaine de la maison » . Et du coup, c'était début janvier, mon père il est décédé le 14 janvier, donc vraiment, moi j'avais fini mes examens vers le 10, donc il est vraiment parti juste après mes examens. Et du coup, pour vous raconter comment ça s'est passé, pendant ces deux semaines-là, il était à la maison, il n'arrivait plus trop à manger. Deux jours avant qu'il décède, ma mère lui a demandé ce qu'il voulait manger et il a dit « je veux manger une pizza par toi » . Il aimait trop les pizzas de ma mère. Donc ma mère lui a fait une pizza, il l'a mangée et il ne l'a pas vomi. Alors que d'habitude, pendant ces derniers mois, il ne faisait que de vomir ce qu'il mangeait. Et c'était trop mignon. Franchement, c'était trop mignon. Il n'a pas vomi cette pizza, il a tout mangé. Comme si, en gros, ça y est, il savait que c'était la dernière chose qu'il allait manger et il a savouré chaque chose qu'il avait dans... Enfin, c'était vraiment... C'était vraiment... Bref. Attendez, je fais une petite pause. Je suis vraiment en train de revivre toutes les scènes avec vous en vous l'expliquant. Et je suis contente de le faire en podcast parce que je sais que j'aurai juste à le réécouter. pour avoir une trace. Si j'ai des enfants et qu'ils veulent comprendre l'histoire de mon père, je peux leur faire écouter ce podcast. Bref, c'est vraiment un travail de mémoire que je suis en train de faire et ça me met grave de l'émotion. Bref, donc il était à la maison, c'était les deux derniers jours. On a fait toutes les démarches pour vider ses comptes en banque. Il a fait tout ce qu'il avait à faire pour transférer tout à ma mère. On a fait vraiment toutes les démarches possibles pour qu'on soit le moins taxé possible parce que... Vous connaissez les taxes en France, c'est une catastrophe. On a tout fait propre et voilà, il est resté allongé sur ce canapé. En fait, c'est comme s'il était déjà en contact avec une autre dimension. C'est trop bizarre comment je vous le dis, mais c'est comme s'il voyait déjà d'autres choses. Tu vois que son regard, il voit autre chose que ce que nous, on est capable de voir. Et il n'était pas du tout... stressé, il n'était pas du tout paniqué c'est comme s'il savait où il allait et du coup il écoutait beaucoup le Coran il arrivait encore à réciter le Coran il était encore présent en fait c'était beau franchement j'ai jamais vu quelqu'un décéder, mon père c'est la première personne que j'ai vu décéder On était collés à lui au moment où il est parti. En fait, je me dis, si je décède, j'aimerais être entourée de mes proches comme lui l'était. D'avoir tout l'amour autour de lui, d'être chez lui. Enfin, je trouve ça incroyable. Donc bref, cette nuit-là, la nuit où il commençait à agoniser. Donc c'est là où tu sais que ton âme, elle va partir. On était toutes assises à côté. Il y avait mon frère aussi. Et en fait, on lui donnait de l'eau à boire. Et moi, je me souviens, je lui donnais du miel. Donc, j'avais une cuillère de miel qui venait de la Mecque. Et je lui donnais. Et il mangeait comme si c'était un bébé. Il avait les yeux fermés, mais il mangeait ce miel. Et je savais qu'en fait, il était en train de partir. C'est trop bizarre à dire, mais tu sentais. C'est comme s'il y avait une porte, un portail qui était en train de s'ouvrir. Comme si on n'était plus tout seul dans la pièce. Comme s'il y avait... des anges ou j'en sais rien, appelez comme vous voulez, mais on n'était pas tout seul. C'est comme si dans ma tête, j'étais en train de l'accompagner. Je savais qu'il partait et c'est comme si je lui envoyais la force de « t'inquiète pas, on va s'en sortir, juste suis ce que tu as à suivre, vas-y » . C'est ce que je répétais dans ma tête et c'est comme si je savais qu'il m'entendait. C'est bizarre. Donc moi, j'avais les mains sur lui. Là, je tenais sa main. Ma mère, elle tenait sa main de l'autre côté. Elle avait mis sa main sur le front de mon père. Et vraiment, on l'accompagnait dans ce processus comme une femme qui accouche. Genre, t'es là et tu peux rien faire à part l'accompagner. Là, c'était la même chose. Et donc, il continuait de manger ce miel. Et à un moment, il a arrêté. Et là, c'est comme s'il a rendu son dernier souffle. Il a fait et après c'est comme si son âme, tu vois, elle est sortie, genre elle a fait chakra de la gorge, tu vois ce que je veux dire ? Elle était dans la gorge et là il a fait et c'est comme s'il a tout relâché, tu vois ? Et en fait son âme, elle a fait, elle est partie. C'était particulier, je vous jure vraiment. Vivre le décès de quelqu'un, en plus qui est proche, c'est vraiment particulier. Je n'ai pas trop les mots, mais il s'est vraiment passé un truc de transcendant à ce moment-là. Et en fait, quand il est parti, j'ai pleuré. J'ai crié, non, je me disais, putain, il ne respire plus. Genre, je ne sens plus son cœur qui bat. Ça fait trop bizarre. Il ne faut pas que je pleure dans cet épisode. Je ne sentais plus son cœur. coeur qui bat et je me disais putain son corps il est vide genre c'est une coquille vide et genre tu te sens je sais pas comment vous expliquer genre tu te sens démunie, tu te sens mais tu vois genre je voulais pas m'effondrer alors que pour moi ma mère c'était pire pour elle Pour ma mère, j'imagine pas comment ça a dû... Genre, on t'arrache l'homme de ta vie. Ils étaient trop amoureux, mes parents. Ils s'aimaient de ouf. Ils étaient comme... C'était comme son père, en fait. Pour elle, c'était tout. C'était son meilleur ami, c'était son père. C'était une figure d'autorité qui la rassurait. C'était une figure de sécurité pour elle. Et genre, je pouvais pas m'effondrer comme ça. Donc, j'ai comme... Je suis restée forte. J'ai pleuré, j'ai crié. Je me suis dit non, mais ça n'a pas duré plus de cinq minutes. Je me suis dit non, je ne peux pas lâcher maintenant. J'ai été là pour ma mère en soutien, mes sœurs. Je me suis dit je vais prendre cette figure qui va les sécuriser. Je me suis interdite de vivre le deuil comme une personne vivrait son deuil. Et c'est... Voilà. Donc ensuite, on a appelé le médecin qui est venu déclarer le décès. Donc c'était le matin, il était 8h35. On était un samedi. Et donc le médecin arrive, on commence à prévenir la famille. Donc la famille se déplace de Paris. Voilà, on fait les choses dans les règles de l'art. On prévient aussi pour le lavage mortuaire dans les principes islamiques. Et pour moi, j'étais comme dans une bulle sur un nuage et je me disais mon père va bien. En fait, ce qui est fou, c'est que donc il est décédé. On l'a recouvert et au moment où on a découvert le drap. qu'il était encore allongé sur ce canapé. On attendait vraiment que la morgue vienne le chercher, etc. On a retiré le drap et en fait, il avait un sourire sur le visage. Et son visage, c'est comme s'il avait perdu 20 ans d'âge. C'est comme s'il avait 40 ans. Et son visage, il était pulpeux, comme si tu lui avais fait un cobi d'eau. Tu vois ce que je veux dire ? Et là, je me suis dit, OK, il va bien. Il est bien parti. Je sais qu'il est bien là où il est. Et donc là, en fait, ça m'a retiré vraiment énormément de poids, de tristesse. Je me suis dit, c'est bon, en fait, il est délivré. Là, il était là, il souffrait. Il souffrait ici, il avait son cancer, il avait ses douleurs. Il avait tout ce qui va avec. Les tracas de la vie ici-bas. Et là, il est parti. Il est parti rejoindre Dieu. Donc, il nous a laissé un dernier message physique. C'est-à-dire que... Il était beau, tu vois. Il avait... Tu vois, comme il avait la maladie, il commençait à avoir beaucoup de petites taches brunes sur le visage, etc. Et ça avait disparu. Son visage était vraiment comme une peau de pêche. Et je me suis dit, mais waouh ! Genre, what is that glow ? Tu vois, genre, c'est là. T'es beau gosse, papa ! Et du coup, ça m'a... C'est comme si Dieu m'avait... mis une sérénité dans mon cœur à ce moment-là. Et genre, j'ai remercié, j'étais grateful. Genre, je ne faisais que dire Elhamdoulilah, Dieu merci. Dieu merci, il est bien parti. Il est bien là où il est, je sais qu'il est bien. Donc là, maintenant, j'avais récupéré un peu de force mentale, tu vois. Donc, ils sont arrivés, ils sont venus chercher le corps, ils l'ont déposé à la morgue, tout ça, tout ça. Et là, là, c'était bon, en fait. Donc, on est partis ensuite, deux jours après, au Maroc, pour aller l'entendre. enterré. Donc, j'étais avec mon ex-conjoint de l'époque, avec ma mère. Et voilà, après, le processus, il s'est fait comme il s'est fait. Et toutes ces années, en fait, c'est comme si j'ai pas vraiment vécu un deuil classique. Parce que, comme je vous ai dit, je me suis dit, faut que je m'occupe de ma mère, faut que je m'occupe de ma famille, faut que mes soeurs, elles manquent de rien, faut que... Voilà, faut que... que je sois là en fait. Donc, je me suis éteinte, j'ai éteint cette voix dans ma tête de tristesse. Mais je vous dis, il y a beaucoup de fois où j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps dans mon lit parce que je repensais à mon père et que je me disais, tu vois ça, quand j'ai eu mon Master 2, j'ai pleuré parce que je me suis dit, mon père, il n'est pas là pour voir ma remise de diplôme. J'ai pleuré de gratitude aussi parce que il a attendu la fin de mes examens. Pour partir. Et je me suis dit... Ouais, en fait, tu vois, tout me faisait penser à lui. Beaucoup de mes réussites, mon côté professionnel, toutes mes réussites, je me suis dit j'aurais aimé les partager avec lui. Et aujourd'hui, tu vois, je ne peux pas savoir ce qu'il pense. Je ne peux pas savoir si ma situation actuelle lui conviendrait. Je ne peux pas savoir comment il aurait réagi. Je ne peux pas savoir, en fait. Mais je le garde au fond de mon cœur. Tu vois ce que je veux dire ? Après, je le vois dans mes rêves. Je le vois beaucoup quand j'ai des questionnements profonds ou quand j'ai des tristesses profondes. Je rêve tout le temps de lui. Donc je me dis, en fait, il est là. Il est là, il est juste autre part. Mais il est là et je sais qu'il m'accompagne. Et quand je vous dis qu'il m'accompagne, le truc, c'est qu'il m'accompagne aussi dans ma manière d'être. J'ai récupéré un peu de ses défauts aussi. Donc cette rigidité, la froideur. parfois quand je donne des ordres ou bref, ce truc d'autoritaire il lui appartient à lui il ne l'appartient pas à moi et quand j'en avais parlé à mon psy désolé je vais un peu dans tous les sens, je ne sais pas si vous allez me suivre mais quand j'en parlais à mon psy du fait que je sois un peu très cash très brute de décoffrage il m'a posé un peu des questions sur mon enfance, etc. donc je lui ai beaucoup parlé de mon père et je lui ai dit que moi mon père il me faisait peur quand j'étais petite et Il fallait que je file droit pour que tout file droit. Et il a dit, vous savez pourquoi vous êtes devenu comme ça ? Je lui ai dit, bah non. Et il m'a dit, en fait, comme vous avez réussi à survivre à la pression de votre père, vous avez quand même réussi à devenir quelqu'un, entre guillemets, à réussir à votre côté professionnel, etc. Vous avez réussi, malgré la pression que votre père vous a mis. Vous vous dites, comme vous, vous avez réussi à subir cette pression, en fait, vous la faites subir aux autres parce que pourquoi vous, vous y êtes arrivés et pas les autres ? Et quand il m'a dit ça, genre ça a débloqué un truc dans mon cerveau. Et je me suis dit, c'est vrai, il a raison. Parce que souvent je dis, ouais, un tel, il est faible. Un tel, il est faible. Ma mère, je dis souvent, elle est faible, tu vois. Même si je l'aime de tout mon cœur, je la trouve assez faible. Elle se laisse vite abattre par les choses de la vie, tu vois. Et je me dis toujours, putain, mais pourquoi les gens, ils ne sont pas plus forts ? Et du coup, mon psy m'a expliqué que c'est juste un mécanisme que j'ai développé parce que mon père m'a fait ça, en fait, tu vois. Je parle beaucoup, mais en même temps, c'est un podcast. Mais je parle beaucoup quand même. Ça me fatigue. Il faut que je boive un peu d'eau, là. En tout cas, toutes ces années ont passé et j'ai eu des contre-coups. on va dire, genre des moments de down total où j'ai pleuré en étant la petite fille qui dit « mon père me manque » , tu vois. J'ai le droit d'avoir mes moments de faiblesse, c'est normal. Mais c'est vrai que je ne le montre pas à ma famille parce que je ne veux pas les mettre dans cet état-là. Je ne veux pas que... Ma mère, elle pense tout le temps à mon père. Elle y pense tout le temps. Pour elle, c'est l'amour de sa vie. Ça ne changera rien du tout. Et je n'ai pas envie de rajouter une couche. Je n'ai pas envie de lui dire que mon père... père me manque, que tu vois, le fait que si demain j'ai des enfants, mon père, il va jamais connaître mes enfants. Et ça, ça m'arrache le cœur. Ma réussite professionnelle, tout ce que je réussis à entreprendre, il n'est pas là, en fait. Il n'est pas là pour voir ça. Et ça m'arrache le cœur, vraiment. C'est dur. Et je n'ai pas envie que ma mère elle entende ça parce que je sais que ça va lui faire un coup de massue supplémentaire. Et je n'ai pas envie de ça. Les années passent et... Voilà, les choses ont évolué dans mon état d'esprit, dans comment... En fait, c'est en faisant du travail sur moi, en voyant des thérapeutes, en étant suivie par un psy, en faisant toutes ces choses-là, que je me rends compte du lien que j'ai avec mon père. Je me rends compte que la performance, que le besoin d'exceller dans ce que je fais, vient de mon père. Et je me rends compte que ça reste quelque chose de toxique. Voilà, donc nos parents, on les adore, mais ils nous ont aussi légué des comportements toxiques. Et ça, ça en fait partie. Demain, si je dois créer quelque chose, je vais avoir ce truc de « il faut que ce soit parfait » parce que dans ma tête, mon père, il voulait la perfection. Donc j'ai gardé ce truc-là de « il faut que ce soit parfait » . Et c'est très mauvais, c'est très mauvais. Combien de choses je n'ai pas commencé parce que je me suis dit « je n'ai pas encore toutes les conditions réunies pour que ce soit parfait » . Donc c'est pas bon. Aujourd'hui, ça fait huit ans qu'il n'est plus là, mais ça fait deux ans que vraiment j'ai entamé un processus personnel d'introspection pour me dire, ok, qu'est-ce qui m'appartient, qu'est-ce qui ne m'appartient plus ? que ce soit de mon père, que ce soit de ma mère, que ce soit de ma famille, de la société, de ci, de ça, enfin bref. J'essaye de m'émanciper de ce qui ne m'appartient pas. Et ce qui fait qu'aujourd'hui, j'arrive de plus en plus à créer des choses, en fait. Et l'année dernière, je ne sais pas si vous vous souvenez, on a eu une saison des éclipses assez hard. Au niveau émotionnel, ça a grave travaillé de mon côté. Il y a eu des pleines lunes, des trucs, enfin bref. Et un jour, je me suis dit, je pense que je n'ai pas fait le processus de deuil correctement. Il faut que j'écrive. Et il faut savoir qu'écrire, le journaling, ça ne fait pas partie de mon quotidien. Ce n'est pas un automatisme que j'ai. Au début, j'avais écrit mes traumatismes d'enfance, mes émotions que j'aimerais pouvoir gérer plus facilement. Moi, c'est la colère. Vraiment, la colère, si j'avais un deuxième surnom, ce serait colère. Et en fait, ça, je ne voulais plus l'avoir. Donc, j'ai essayé de trouver toutes les origines possibles à ma colère. Et au fur et à mesure, je me suis dit, je pense que le décès de mon père, je ne l'accepte toujours pas. Je ne l'ai pas accepté pendant longtemps. J'ai été dans le déni. Et c'est comme si je lui en avais voulu de ne pas s'être battue jusqu'au bout. Alors qu'en soi, il a fait tout ce qu'il a pu. Il n'aurait pas pu faire mieux. Mais c'est vraiment une partie de moi qui est en colère contre l'injustice. Pour moi, c'est mon père n'est plus là alors que j'aurais aimé partager tellement de choses avec lui. Et j'étais proche de lui quand même. Donc, j'ai perdu un soldat, un allié. période des éclipses j'ai commencé à faire du journaling par rapport à tout ça et j'ai écrit une lettre à mon père comme s'il allait vraiment la recevoir et je lui ai écrit voilà mon cher papa et j'ai crié écrit et j'en ai versé des larmes sur ses sur tout ce que j'ai écrit et en fait j'ai été tellement soulagé à la fin parce que je lui ai dit tout ce que j'avais à lui dire je lui ai reproché ce que je lui reprochais je lui ai je les remercier pour tout ce qu'il a fait c'était j'ai mis à l'écrit tout ce que j'avais besoin de mettre à l'écrit, comme si vraiment j'apposais mes émotions sur un papier et c'est vraiment une thérapie de ouf et ceux qui n'ont pas l'habitude d'écrire je vous recommande tellement le journaling j'en fais toujours pas assez mais pour moi c'était l'exercice le plus puissant que j'ai pu faire, beaucoup plus que n'importe quel autre exercice que j'ai pu faire et voilà ça m'a aidé, ça m'a aidé à flore un chapitre et aujourd'hui j'avance, si j'avance par rapport à ... à ce deuil, c'est aussi grâce à cette lettre que je lui ai écrite. Et vraiment, pour moi, il l'a reçue. Vous voyez ce que je veux dire ? Et aujourd'hui, je rêve encore de mon père. Il vient encore me voir. Il me fait des câlins. Je rêve de lui comme si c'était lui. Pour moi, c'est vraiment lui. Je le vois sur un autre plan dimensionnel. Et j'aime trop. En tout cas, je ne sais pas si c'est la fin de cet épisode parce que je ne sais pas si j'ai d'autres choses à dire. Ça a vraiment remué beaucoup de choses. Donc voilà. Mais pour vous dire, c'est important de faire un exercice de récapitulatif de « Ok, qu'est-ce qui vient de ma mère ? Qu'est-ce qui vient de mon père ? Quels sont les comportements qui me desservent ? Qu'est-ce que je fais de toxique envers moi-même qui ne m'appartient pas ? Est-ce que je fais les choses pour moi-même ? Est-ce que je le fais pour mes parents ? » Il faut vraiment délimiter les choses. Aujourd'hui, je pense que les choix que je fais, au début mes parents Je pense, je parle de mon père comme s'il était encore là, mais à mon avis ce serait comme ma mère. Ils ne vont pas tout cautionner, c'est clair et net. Le fait d'être visible sur les réseaux sociaux, déjà ça fait peur. Toutes les mamans vont dire « j'ai peur pour ma fille, j'ai peur pour mon fils, il est visible sur les réseaux sociaux » . Aujourd'hui, elles acceptent parce qu'elles voient que ça reste une thérapie pour moi-même, pour elles. Je ne sais pas comment vous expliquer, mais en gros, ma réussite, c'est comme une réussite pour elles. Pour moi, il faut aller au-delà de « c'est ma mère, c'est mon père, et voilà, on a une famille, tout va bien, blablabla » . Non, pour moi, il y a forcément des choses à creuser. Pour moi, l'impact du transgénérationnel, il est ouf. Aujourd'hui, j'arrive à parler de tout ça parce que j'ai entamé un processus d'introspection, je me suis posé des questions, j'ai écrit, je me suis renseignée, j'ai été voir des kinésiologues, des psys décider ça. Voilà. Peut-être qu'il y en a qui vont dire « Ouais, tu cherches des problèmes là où il n'y en a pas » , mais pour moi, je ne veux pas laisser des traces dans le transgénérationnel. Je ne veux pas laisser davantage de traces qui font du mal. Je veux commencer déjà à faire le travail de nettoyage. Et quand je vous dis que là, on parle de mon père qui a eu un cancer de la vessie, quand je regarde le pourquoi du comment, on a énormément de points en commun. On a énormément de points en commun. Tout ce qui est limites, territoire, se sentir envahi, humiliation, tout ça, tout ça, c'est des choses que je vis aussi. Et je veux... Je veux travailler sur ça pour... Je n'ai pas envie de dire je ne veux pas ci, je ne veux pas ça, parce qu'on va attirer. Quand tu dis je ne veux pas quelque chose, tu l'attireras quand même. Donc, je veux me libérer de ces chaînes, tout simplement. Et je vous invite à faire la même chose si vous voyez des choses dans votre famille. Vous savez, par exemple, un problème de thyroïde, la grand-mère, la mère, la tante, la ci, la ça, il y a un truc à régler. Il faut se pencher sur la question. Quand on dit oui, le cancer du sein, c'est héréditaire, blablabli, blablabla, ok, mais l'émotionnel dans tout ça, ça vient d'où ? Quelle est l'origine ? Voilà, je pense que j'ai beaucoup parlé dans cet épisode. Vous m'avez dit que mes épisodes étaient trop courts. Là, je crois qu'il va être un peu long. N'hésitez pas à me laisser un message sur Instagram. Est-ce que vous avez un parent qui est décédé ? Est-ce qu'il y a une personne dans votre entourage qui vous a quitté ? Comment vous l'avez vécu ? Est-ce que... est-ce que mon histoire vous parle ? N'hésitez pas à m'écrire, j'adore lire vos messages. Je suis super contente que le podcast résonne avec vous. La prochaine fois, je pense que je parlerai du couple et je ferai un duo avec Val parce qu'il y a beaucoup de questions qui reviennent sur le couple mixte, les débats qu'on a entre nous, les difficultés qu'on a rencontrées au tout début de notre relation, etc. Voilà, c'est la fin de cet épisode. Maman, Je t'embrasse très fort parce que je sais que tu écoutes. Mes deux petites sœurs aussi, je vous envoie grave de l'amour. Ma porte reste ouverte si vous avez besoin d'en parler avec moi. Et voilà, merci pour votre écoute à tous. Et je vous souhaite une très bonne journée ou une très belle soirée. Et je vous embrasse très fort. À très bientôt.

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