Speaker #1Moi, c'est Charlotte, j'ai 39 ans, j'habite à Paris. Actuellement, je suis en train de monter ma petite entreprise dans le domaine du conseil aux petites entreprises, justement. En 2019, je rejoins une entreprise américaine. pour un poste d'assistante à la direction bilingue auprès d'un dirigeant qui venait de revendre sa start-up à cette boîte américaine. Je me retrouve à arriver dans les tours de la Défense, qui pour moi à l'époque était quelque chose de « waouh, j'arrive à la Défense, attention, c'est trop bien » . Et quelques mois dans le job, je m'aperçois en fait que je ne me sens pas forcément très bien, même si j'aime le job pour son côté challenging. Et en en discutant avec mon supérieur, je me retrouve à lui dire que j'ai besoin davantage de feedback, positif ou négatif, mais des feedbacks. Et que le fait de ne pas savoir si mon job est bien ou pas, et partir sur la base du « pas de nouvelles bonnes nouvelles » est quelque chose qui ne me convient pas. Donc on essaie de travailler ça ensemble. Les choses vont de mieux en mieux. Sauf que comme on est fin 2019, en 2020... Le Covid arrive. Donc, Covid arrive, tape à la porte. Le 13 mars, je crois que c'était. 13 mars 2020, tout le monde confiné. Nous, on était déjà tous équipés, etc. Machin, laptop, la possibilité de bosser un peu de chez soi. Donc là, pour moi, c'était ma première expérience de full remote. Donc, première expérience de on est chez soi tout le temps, on bosse de chez soi tout le temps. Et c'est vraiment là où je me suis aperçue de l'importance du cadre. Et que quand j'allais au bureau, je me suis créée cette routine du fait de l'environnement dans lequel j'étais ou dans l'environnement dans lequel j'allais. Et j'arrivais à maintenir mon équilibre perso, si tu veux, avec des horaires de travail que j'avais aménagés à ma sauce parce que je le pouvais ou je commençais très tôt le matin, comme ça j'étais tranquille. Et puis ensuite, je pouvais pallier aux différentes choses qui m'arrivaient dans la journée, mais j'avais un gros bloc le matin pour pouvoir bosser. J'avais mes cours de yoga aussi, où il y avait un studio de yoga pas très loin de la tour dans laquelle je bossais. Donc deux fois par semaine, j'allais à mon cours de yoga. Et mon cours de yoga, je n'y dérogeais pas. C'est-à-dire qu'il pouvait y avoir une urgence, non. À un moment donné, toutes les urgences ne valent pas ma santé mentale. Sauf qu'avec Covid, tout ça a un peu volé en éclats. Et je me suis retrouvée toute seule chez moi, à travailler et à me retrouver dans une dynamique où on enchaîne les calls Zoom. Voilà, 8h, 9h, 10h, 11h, midi. Si tu ne mets pas une demi-heure de pause-déjeuner dans ton agenda, tu vas avoir quelque chose qui va rentrer dans ton agenda. Donc voilà, c'était un peu compliqué. En même temps que Covid, juste un petit peu avant, je rentre aussi, je commence une relation. Et j'ai eu l'idée saugrenue de proposer que l'on se confine ensemble avec cette personne. Ce qui était une bonne idée, ça évitait d'être tout seul. Ça me permettait d'être dans un espace avec quelqu'un et de parer à la solitude du confinement. Et en même temps, pour moi, ça a été un certain déracinement et un chamboulement des habitudes que moi je m'étais mise en place. On ne fonctionne pas de la même façon tout seul que l'on fonctionne quand on est avec quelqu'un. Donc ça, on a rajouté. Ça a été une marmite en plus sur le feu à gérer. Covid continue, on finit le confinement, etc. Les prérogatives de la boîte pour laquelle je bosse sont « Vous continuez en télétravail pour le moment, après la fin du premier confinement. » La boîte était complètement équipée pour tout ça. Le but était que les gens se sentent le mieux possible. Sauf que, pour continuer dans les changements et les bouleversements, à ce moment-là, mon supérieur hiérarchique décide de quitter la structure. Je l'apprends grosso modo un mois, un peu plus d'un mois avant son départ. Donc là, ça me secoue un peu, et je suis dans ce climat d'incertitude qui est, bon, on est en plein milieu. Covid. Le marché de l'emploi, c'est... on ne sait pas. Qu'est-ce que je fais ? N'ayant pas un capital risque super important, on va rester là où on est. De toute façon, je suis en CDI. Il y a un minimum de protection, enfin, minimum en France, un maximum de protection pour le salarié. Je vais rester où je suis et je vais voir ce qu'il advient. Donc toujours en 2020, je continue dans mes fonctions, bien que je n'ai plus de supérieur hiérarchique et que je suis rattachée à mon N plus 2. J'ai des points avec lui tous les mois, je continue à faire avancer les dossiers que je faisais avancer avec mon supérieur hiérarchique. Et en janvier, juste après mon retour des fêtes, mon supérieur hiérarchique m'annonce que mon poste n'existe plus. Mon poste n'existe plus. la couche de strates à laquelle j'appartiens, le niveau hiérarchique à lequel j'appartiens, n'existe plus, et qu'il faut que je me réfère à mon pays pour voir ce qui va advenir de moi. Et donc là, je me réfère à mon pays, donc je vais voir le supérieur hiérarchique, le directeur de la branche dans laquelle je suis dans le pays. Donc je vais voir le directeur... du segment de business duquel je déploie maintenant, en lui disant, voilà, mon poste n'est plus, qu'est-ce que tu me proposes ? Et donc là, il m'est proposé trois options qui sont relativement différentes de ce que j'avais fait avant, qui sont, comme on dirait dans le jargon, rentrées dans le métier. Donc plutôt que d'être l'assistant de direction, je m'ai proposé... de rentrer dans le métier du consulting puisque c'est une grosse boîte de conseils. Donc on évolue dans le monde de la tech, c'est du consulting dans le monde des technologies. Donc je me suis dit, au vu de mon parcours, je vais prendre la gestion de projet, l'aspect gestion de projet, donc je me suis davantage dirigée là-dessus. J'ai passé du temps... avec différentes personnes pour essayer de monter en compétence et de comprendre comment ça fonctionnait. Parce qu'en gros, j'apprenais de nouvelles compétences, un nouveau langage, de nouvelles méthodes de travail, etc. Et donc, au bout de six mois, je commence dans un premier projet, tout en continuant certaines tâches que j'avais encore du job d'avant. À la grande différence qu'en passant du job... D'assistanat de direction, où je suis dans les opérations et je ne suis pas facturée, j'arrive dans un job de consultante. Et là, par contre, moi, ma rémunération, elle est liée à ce que le client va payer. Donc, je deviens ce qu'on appelle billable, où en gros, il faut que j'ai un certain nombre d'heures travaillées pour le client qui puissent être facturées au client. Et ça, ça a changé complètement la donne. puisqu'il n'est plus question de prendre mon temps et de faire les choses bien, même si j'arrivais à faire les choses relativement vite et bien. Là, je rentre dans un secteur qui est tout nouveau, je débute à peine, et j'ai l'impression d'avoir à facturer, avoir tant d'heures à facturer aux clients, et trois, quatre missions, cinq missions en même temps, cinq clients différents en même temps, mais sur des choses complètement différentes. Je me retrouve à arriver le matin, à switcher d'un call à un autre. Par moment, je ne savais même plus comment je m'appelais. Je potentiellement me mélangeais les pinceaux. Je découvre aussi que j'ai plus d'appétence sur certains sujets que d'autres, qu'il y a des choses pour lesquelles je ne suis pas... pas forcément bien formée sur certaines choses. Je suis même laissée toute seule à gérer certaines choses. Et même si je comprends la phrase que c'est dans l'inconfort qu'on grandit, là, ce n'est pas l'inconfort. C'est compliqué. Ça devient très compliqué. Donc, j'essaye de faire du mieux que je peux avec tout ce que j'ai. Je me retrouve un peu seule parce que je n'ai personne qui fait exactement la même chose que moi. J'ai encore des reliquats de tâches que j'ai faites, que je continue à faire en attendant de pouvoir le déléguer à quelqu'un d'autre. Et je me retrouve dans cet environnement où 80% de comptants se doit d'être facturé au client. Sinon, tu n'es pas rentable. Donc pour moi, ça a été un changement de paradigme un peu brutal. Non, pas un peu. Ça a été un changement de paradigme brutal. J'essayais de m'accrocher au truc. Je me dis, si je n'y arrive pas, ça vient de moi, etc. Je m'accroche au truc, je m'accroche au truc. Et là, un premier événement arrive. Je suis positionnée sur un projet chez un client. Le consultant senior sur ce projet se retrouve à avoir à s'absenter suite à un impondérable familial que je comprends complètement. Et la situation avec le client était déjà relativement compliquée. Une arrivée en... On arrivait en fin de projet, on allait pitcher pour la deuxième phase, donc il y avait un enjeu certain. Et moi, j'arrivais essayant de faire du mieux que je puisse pour pouvoir aider le chef de projet. Et le jour où le chef de projet a dû s'absenter, il s'est absenté pendant un mois, je me suis retrouvée à être chez le client toute seule. pas savoir quoi faire et pas de responsable hiérarchique au-dessus qui puisse m'aider à me dépatouiller. Là, ça a été un premier signal relativement fort, qui était que je me démène, je veux faire plein de choses, etc. Mais dans les moments où j'ai besoin de soutien, il n'y a personne. Et ce n'est pas faute d'avoir demandé de l'aide, ce n'est pas faute d'avoir appelé, d'avoir fait partir des mails. Et pour moi, ça a été la première expérience, le premier reality check du terrain de consulting. L'impression que ça m'a donné, c'est qu'on est là pour faire rentrer de l'argent, mais in fine, le bien-être des collaborateurs, se soutenir, etc., c'est comme on est tous surchargés. c'est compliqué d'arriver, que les uns et les autres arrivent à libérer du temps pour pouvoir se finir d'un vrai coup de main. Et là, ça a été le cas. Donc voilà, je me suis retrouvée toute seule. On n'a pas eu la deuxième phase. Et donc, une fois ce projet fini, et les souffrances qui vont avec, eh bien, il n'y a pas le temps de se reposer, il faut continuer. Donc, on remet un projet. Et puis, on remet un projet. et puis on remet un projet jusqu'à temps à ce qu'on arrive à 80% de ton temps. Non seulement j'avais plusieurs casquettes, mais en plus je me suis retrouvée avec des projets complètement différents. Et c'est là où je vais vers ma supérieure hiérarchique à l'époque et je lui dis c'est trop, j'ai pas la bande. J'ai pas la bande passante pour, c'est pas une raison de 40 heures ou quoi au caisse. C'est mentalement, cognitivement parlant, je n'ai pas la bande passante. Il faut enlever des projets. Je ne peux pas. Donc on a commencé à enlever les projets. Mais on n'enlève pas des projets aussi rapidement que ça, à partir du moment où on a présenté le consultant client. Donc là où il fallait m'enlever un projet, ça met peut-être un mois ou deux ou trois, être retiré du projet. Pendant ce temps-là, le projet avance. Donc on a quand même la bande passante cognitive à utiliser. Et ça, ça nous amène à... Au printemps 2022, où quelque chose d'anodin, que je n'avais pas forcément remarqué, mais c'est passé. Je croise une collègue dans les couloirs et qui me dit « T'es sûre que ça va Charlotte ? Tu souris vachement moins en ce moment. » « Ouais, ça va, pour moi tout allait bien. » Sauf que quand... Quand, quelques semaines après, c'est mon directeur, qui est quelqu'un que je connais très bien puisque je travaillais avec lui quand j'étais assistante de direction, ça faisait partie des gens avec qui j'étais en contact très fréquemment. Quand lui, qui me connaît plutôt bien... Il me dit, t'es sûr que ça va Charlotte parce que tu souris plus autant que d'habitude. Là, ça a fait tilt. Je me souviens, on était en déplacement justement pour le kick-off d'un projet avec un client. Donc un gros truc, gros chevin, on était 25 autour de la table, un gros truc. Il me dit ça et là j'ai commencé à me dire, ouais, il y a quelque chose qui ne va pas. Sauf qu'à partir de ce moment-là... C'était déjà trop tard. C'est quelque chose qui aurait dû être pris six mois en amont. Donc au moment où j'avais ces difficultés avec le projet, etc. et que je me suis retrouvée toute seule. Donc ça, c'était en janvier. Le rendez-vous et le moment, la remarque du directeur, c'était en juillet. Et à partir de là, on avait beau essayer d'alléger mon planning, c'était compliqué. C'était compliqué, on l'allégeait, mais je n'étais pas efficace. Je me suis retrouvée à être mise sur un projet d'envergure sur lequel, je suis un peu chiant, je suis une pionne du monde pour ça aussi, mais où j'ai tendance à me coller à la pression. Je me suis collée à la pression, je voulais essayer de faire les choses bien. Mais pareil, j'avais peur de demander du feedback, parce que les gens sont dans leur truc. et ont aussi du travail à faire. Donc, tu ne veux pas prendre trop de ventes passantes chez eux, mais en même temps, tu as besoin de retour pour savoir et être en capacité d'ajuster et d'itérer. Donc, cette espèce de conflit intérieur commence à évoluer. Il y a quelques projets sur lesquels je m'éclate, mais on va dire que c'est 25% du reste. Sur 25% où je m'éclate, le reste, c'est juste un trou noir pour moi d'énergie. Et à l'automne 2022, je me dis, putain, je dois vraiment avoir un... un souci avec le travail, etc. Ce serait bien que j'arrive à le résoudre. Et puis, j'en discute avec mon compagnon, pareil, qui me retourne un peu le truc en me disant « Ouais, t'as un mode de fonctionnement quand même un peu particulier. » En gros, me faisant comprendre que le problème venait de moi, quoi. Là, je me suis dit « Bon, c'est peut-être temps de me consulter. » Donc je prends contact avec un médecin psychiatre en me disant, on va voir un professionnel, quelqu'un qui est médecin, et essayer de traiter ce truc-là. Donc un médecin psychiatre m'est recommandé, je vais le voir. Il se trouve que plus de 80% de sa patientèle est là pour traiter des sujets qui sont en lien à la relation au travail. On commence nos séances, une séance, deux séances, trois séances. Troisième séance, peut-être troisième ou quatrième séance. Donc là, on est en novembre. Je vais m'effondre en séance. Donc je lui explique un peu tout. Et là, il me dit, bon, on va faire une pause. OK. Et puis, on va faire en sorte que vous alliez mieux, etc. Donc on va faire une pause. Je vais vous faire un arrêt de travail. Alors, mon première réaction, c'était... Quoi ? Arrête-travail ? Est-ce que ça va vraiment résoudre mon problème ? J'ai un problème avec le travail, il ne faut pas que je m'arrête de travailler, parce que sinon ça ne va pas fonctionner. Moi je veux travailler mieux, je ne veux pas arrêter de travailler. Donc il me fait l'arrêt de travail, donc un arrêt de travail pour 15 jours, et puis après j'avais mes congés pendant les fêtes et je reprenais en janvier. Malgré le fait qu'à l'époque j'étais quand même vachement contre tout ce qui pouvait être... médicaments psychotropes, ce genre de choses. Malheureusement, on connaît tous des gens qui sont sous antidépresseurs et qui en abusent, ou qui prennent des antidépresseurs ou des anxiolytiques, mais ce n'est pas forcément bien cadré par un médecin psychiatre ou autre. J'étais réfractaire. Il me fait comprendre que c'est quelque chose qui est temporaire et que c'est là pour m'aider et qu'on allait y aller tranquillement, mais que c'est quelque chose qui allait me servir et pas quelque chose que j'allais subir. Ça a été, en fait, à partir du moment où je me suis arrêtée, là, c'était plus mon temps qui passait dans le trou noir. Là, c'est moi qui suis passée dans le trou noir en entier. Je me suis retrouvée à fonctionner au ralenti. C'est-à-dire que je pense que nerveusement, mon corps en a tellement pris, mon corps et mon mental, parce que je pense que vraiment les deux sont liés. J'en ai, je lui en ai mis tellement mis sur le dos que là, en gros, il m'a fait comprendre un un. Non, j'ai besoin de repos, tu me laisses tranquille. Et j'avais le cerveau qui fonctionnait, mais je marchais au ralenti, mais physiquement marchais au ralenti. J'avais l'impression de porter, voilà, d'avoir 80 ans. Et de, enfin, j'étais à la ramasse, mais vraiment à la ramasse, à faire des nuits de 14 heures. Enfin, un truc, un truc de dingue, quoi. Bon, les vacances de Noël se passent. Je me dis, bon, OK. On va reprendre le boulot. Donc, mon arrêt de travail se finit. Les vacances de Noël se passent. Je reprends le travail. Et là, me voilà arrivée au bureau avec mon ordinateur. Énorme crise d'angoisse. Mais je ne savais pas ce que c'était avant. Et là, je découvre un truc où c'est un peu comme si mes organes à l'intérieur étaient en mode compacté, tu vois. Des difficultés à respirer, énormément de crispation. Et ce premier jour de reprise, il m'a fallu 45 minutes pour être en capacité d'appuyer sur le bouton pour allumer mon ordinateur. Je me suis dit, mais je ne le comprends pas. Je vois ma supérieure hiérarchique, on allège mon emploi du temps. Et ça continue. Ça continue, c'est... J'en arrive à un stade où toutes les heures ou toutes les deux heures, je dois faire des exercices de cohérence cardiaque pour essayer de réguler ma respiration et de diminuer mon niveau de stress. C'était juste pas possible. Donc, deux, trois jours après, je revois ma supérieure hiérarchie. Je me dis, mais je ne peux pas. Moi-même, je ne comprends pas ce qui se passe. Mon corps a des réactions que je n'avais jamais vues avant. Et c'est là où je dis, mais je ne peux pas continuer comme ça. Et donc, je me retrouve en pleurs devant ma supérieure hiérarchique, qui entend complètement ce que je lui dis, etc. Et qui me dit, écoute, il était bien d'aller en parler au RH. Donc, je prends rendez-vous avec les RH et je commence à adresser le sujet avec les RH. Et là, avec le rendez-vous avec les RH, la première chose qui me vient, c'est « je ne peux pas continuer comme ça, comment ça se passe pour les sujets de rupture conventionnelle ? » Je ne veux pas vous mentir, ça ne va pas, ça ne va vraiment pas. Et là, la réponse était « je suis désolée, mais les ruptures conventionnelles, ce n'est pas forcément le genre de la maison » . Bon, il se trouve que 15 jours après ma reprise, au mois de janvier, mi-janvier, J'ai rendez-vous de nouveau avec mon psy pour faire le point. Je lui raconte tout ça. Et là, il me dit non. Vous êtes sous antidépresseur, vous êtes sous anxiolytique. Si vous ressentez ce genre de choses, c'est qu'à un moment donné, il faut s'arrêter. Donc, je vous arrête. Alors, ce n'est pas non, madame, je vous arrête. Sortez votre permis de conduire. C'est non. il va falloir faire une pause vous allez avoir un arrêt de travail voilà comment ça va se passer on commence par un premier arrêt de travail un deuxième arrêt de travail tout ça dans les arrêts de prolongation et là c'est comme ce que j'ai dit tout à l'heure c'est Alice qui tombe dans le trou dans les trois premiers mois ça a été une horreur Entre les médicaments, les crises d'angoisse, moi qui ne voulais rien faire, qui avais l'énergie de rien faire, même les choses que j'aimais bien faire, je suis quelqu'un qui aime beaucoup écrire, mon journal, etc. Je crois que je m'en souviendrai tout le temps. Je veux essayer d'écrire mon journal parce que ça me fait plaisir. J'ouvre les pages, je tiens mon stylo. Et j'ai la main qui tremble, mais comme si j'étais atteinte de Parkinson. Et essayer de me concentrer et d'écrire normalement, c'était un cauchemar. Je ne pouvais pas, nerveusement parlant, il n'y avait plus rien. J'étais vidée, j'étais vraiment vidée. Donc j'ai bien passé tout l'hiver et tout le printemps comme ça. Il m'a bien fallu six mois. Être chez moi et à dormir, c'était littéralement ça. Chez moi, dormir. J'allais chez le psy tous les 15 jours, aller chez le chiropracteur et revenir à la maison, dormir. C'était, mais il m'a bien fallu six mois. Et en plus, il y a des choses qui commencent à se mettre dans, qui se sont mises dans ma tête, si tu veux, qui n'arrangeaient pas la situation. C'est-à-dire qu'en plus de ça, j'avais... J'avais cette pensée, si tu veux, qui était que il n'y a rien de mal avec toi, regarde, tu marches, tu parles, tu n'as rien de cassé, qu'est-ce que tu fais en arrêt de travail ? Ou des pensées du genre, tu n'es pas là pour abuser du système non plus, techniquement, il n'y a rien de mal, tu vois. Accepter d'être en arrêt, ça a été un processus qui a bien pris 6 à 8 mois. Je pense que le... Le souci avec le burn-out, c'est que c'est quelque chose qui ne se voit pas. Ou en tout cas, ce n'est pas aussi flagrant qu'une jambe cassée. Ou une opération. C'est un peu comme cette espèce de parasite qui grandit au fur et à mesure à l'intérieur de toi, mais comme tu le vois au quotidien, tu ne le vois pas. Le petit truc qui grandit, qui grossit, qui grossit, qui grossit, tu t'en aperçois que si quelqu'un te le dit. parce que toi tu vis au quotidien avec toi-même donc tu t'en aperçois pas forcément ça a été compliqué Ça a été une période très compliquée. Et il se trouve que j'ai commencé à remonter la pente en août 2023. Donc là, on est 8 mois, 7 mois dans l'arrêt. Je commençais à avoir un petit peu d'énergie. Je suis toujours sous médicaments. Jusqu'à ce jour d'ailleurs. On enregistre l'épisode. On est en juin 2025, à l'heure actuelle je suis toujours sous antidépresseurs, sur des doses minimes, mais je suis toujours en traitement. Et donc oui, quand j'ai eu ce regain d'énergie en août 2023, je me suis dit ok, j'ai envie d'utiliser cette énergie sur quelque chose que j'aime. Parce que j'avais même perdu cette notion-là. Qu'est-ce que j'aime, qu'est-ce que je veux faire, qu'est-ce que... Pour moi, tout était devenu gris. Il n'y avait pas de saveur, pas d'odeur. La seule chose que je voulais faire, techniquement, c'était boire ma tasse de thé le matin et me recoucher. Il n'y avait pas d'autre chose. Une des choses qui m'a aidée, comme j'aime bien écrire, je me suis dit, je vais ouvrir un blog. Je vais commencer à écrire. Et donc, c'est un peu cette activité fil rouge qui m'a permis de... vraiment de créer ce fil d'Ariane, si tu veux, pour arriver à faire avancer ma réflexion et à remonter légèrement le trou d'Alice. C'est un peu comme, il y a les descentes en rappel, moi c'était, je remontais à la corde, doucement, mais sûrement. Il y a eu des chutes, on a repris la corde, on est remonté. Et donc voilà, après deux ans et quatre mois d'arrêt. j'ai quitté mon emploi par le biais de l'inaptitude. La médecine du travail a déclaré l'inaptitude à tout poste. J'ai utilisé les derniers mois de mon arrêt pour réfléchir à ce que je voulais faire et essayer de rediriger mon énergie vers quelque chose qui soit constructif. tout en respectant les besoins que j'ai, les besoins d'être entourée. Je fais partie d'un collectif de personnes qui fait la même chose que moi, avec lesquelles j'ai des échanges très réguliers. On a des formations, méthodes, etc. Tout ça aide à faire en sorte que le terreau du business que je construis soit relativement fertile. Tout en y mettant ma patte et tout en respectant mes besoins physiques et psychiques. Même si à l'heure actuelle, je me dirige vers une activité qui est plus du conseil à mon compte, les enjeux ne sont pas les mêmes que quand on est consultant dans une grosse entreprise où on a... Le PNL tous les ans, il faut faire en sorte que les chiffres s'alignent.