Speaker #1Je m'appelle Marie Glandus, j'ai 37 ans, bientôt 38. Je suis designer d'expérience utilisateur. Je suis à mon compte depuis 2021. J'aide les entreprises à créer des applications mobiles, donc des applications pour téléphone, et faire en sorte qu'elles soient faciles à utiliser pour que les gens se les approprient et que ce soit un succès commercial tout simplement. Et là, cette année, je me suis réorientée et je fais du coaching de designer. Donc je vais être des gens qui font la même profession que moi parce que c'est assez difficile de s'imposer dans ce métier. et de se faire écouter. Et vu que j'ai trouvé moi des clés pour y arriver, maintenant j'ai envie de les partager à un maximum de professionnels du design UX, comme on dit, User Experience. Alors, le burnout, c'était donc en 2014. En fait, ce qui s'est passé, c'est que j'ai été recrutée pour travailler sur la refonte du site Internet de l'université. Donc jusque-là, tout allait bien. Ça me plaisait beaucoup. Il y avait un vrai travail de réorganisation des contenus parce qu'il y avait des contenus par centaines qui étaient dispersés sur le site. Et c'était devenu assez compliqué. C'était devenu la jungle de naviguer là-dedans. Et pour les étudiants, ils avaient vraiment du mal à trouver les informations. Donc, le site sort au bout d'un peu plus d'un an. Je crois qu'on avait un peu de retard. Donc, pendant deux ans, je travaille là-dessus. Et en fait, ce qui s'est passé après, c'est que Le service communication où j'étais a été réorganisé. Et d'ailleurs, j'ai participé à la réorganisation avec la direction. Et on m'a mise à un poste de chargée de communication. Et c'est là que les ennuis ont commencé. En fait, je n'ai pas trouvé de sens à ce travail. Parce qu'en fait, moi, ce que j'ai fait, je considère que c'est un « brown out » . C'est-à-dire, je ne trouvais plus de sens à ce que je faisais. Et un jour, je suis arrivée un matin, j'étais comme un zombie au travail. Comment je pourrais expliquer cette sensation de planer un peu ? Le truc d'être un peu un zombie, un peu déconnectée là-haut. Et puis, je me souviens, j'ai un souvenir très précis. Je vais au travail en voiture. Et donc, à côté de moi, il y a des voies de bus et je vois des conducteurs de bus. qui s'arrêtent au feu rouge comme moi, et je me dis, eux, en fait, leur travail a du sens, parce qu'ils emmènent les gens d'un point A à un point B. Et je crois, je me vois me dire, je préférais faire ça, ça aurait plus de sens de faire ça, conductrice de bus, que ce que je fais aujourd'hui. À l'époque, mes missions en tant que chargée de communication, c'était de gérer différents petits projets, par exemple... Il fallait qu'on mette des affiches pour annoncer la rentrée universitaire. Donc il fallait mettre dans les abribus des affiches, à différents endroits aussi dans le campus. Et donc il fallait gérer avec une agence qui allait créer les visuels. Je sais aussi que dans la liste des projets que j'avais de communication, il y avait échangé le répondeur, le disque en fait. Donc il y avait des choses comme ça. Mais je me souviens en tout cas que moi, ce que j'avais envie de faire, C'était... optimiser le fonctionnement du service communication et plutôt analyser les tâches de chacun et regarder où est-ce qu'il y avait des opportunités d'amélioration pour qu'on soit plus productif. Et je me souviens que je passais des heures sur un tableau Excel à créer un outil pour donner de la visibilité à la directrice sur qui fait quoi. Quelles sont les tâches de chacun ? L'avancement des tâches de chacun ? Combien de temps on passe sur chaque typologie de tâche ? Si tu veux, je n'étais pas à ma place et je passais déjà du temps, si tu veux, à faire autre chose. Ce qui était déjà un signal très fort, je pense, mais je n'ai pas su le guérir. Après, un des signaux forts qu'on a perçus avec mon conjoint, c'est quand il m'a vu un soir rentrer en pleurant. et que je lui ai dit que c'était à cause du travail et que je ne trouvais pas de sens dans mon travail. Je sais que ça a été un jour marquant, ça. Le jour où je me suis sentie comme un zombie, mais là, de toute façon, je suis arrivée au travail, j'ai explosé en sanglots et ma collègue m'a dit, là, Marie, il faut qu'on t'emmène à l'hôpital. Donc, on est allées aux urgences. Et ils m'ont prise, je crois que j'ai vu un psychiatre. Tu m'as mise en arrêt de travail. Par la suite, j'ai été arrêtée deux à trois mois de mémoire. C'est surtout mon conjoint qui a vu le phénomène, qui m'a soutenue comme il a pu, parce qu'il n'avait jamais vu ça. Moi, j'étais vide. Même des petites choses. En fait, je n'avais plus du tout envie de me lever le matin. Je pleurais dès que je me réveillais. Je ne voyais plus aucun sens, d'ailleurs, à ma vie tout court. J'avais des idées noires. J'avais l'impression d'être bonne à rien. Et je n'arrivais même plus à faire des petites activités simples, tu vois. Même faire la cuisine, tout ça, ça me semblait énorme, en fait. Je n'avais plus de force pour rien. J'étais anéantie. Mes employeurs, ils ont réagi, la directrice en fait surtout, elle était très surprise. Elle ne s'y attendait pas. Je pense que ce qui s'est passé, c'est que moi, je suis quelqu'un d'assez réservée quand même. Je n'exprime pas forcément le mal-être que je ressens. Je garde les choses un peu pour moi. En me disant, c'est pas très important, c'est pas grave, passe à autre chose. Donc elle était très surprise. Je me souviens d'une remarque du style, t'aurais dû me dire que ça allait pas. Du coup, je m'en suis un peu voulue de ne pas avoir exprimé plutôt mon mal-être à ce poste. Mais j'avais l'impression qu'il fallait que je montre qu'on pouvait compter sur moi, que j'étais forte. Je ne me voyais pas dire, à peine la réorganisation faite, et à peine je prenais ce poste, tu vois. En plus, j'avais l'impression d'avoir eu de la chance de l'avoir. Je ne me voyais pas dire, non mais en fait, ça ne va pas. Je ne me sens pas bien. Je crois que j'avais honte. La prise en charge, ça a été, de mémoire, on m'a proposé de m'hospitaliser ou de me mettre dans un centre. Ce que j'ai refusé. Mais j'ai quand même beaucoup hésité parce qu'avec mon conjoint, on se disait, si j'ai besoin de ça, il faut que j'y aille. Sauf qu'en fait, j'avais beaucoup d'a priori sur ces centres. Moi, j'avais l'impression d'aller dans un asile. Je ne me voyais pas faire ça. J'avais peur de me retrouver avec des fous. Et moi, là, bon bref, à ne pas être à ma place. Mais en même temps, je me dis, mais là, je suis toute seule à la maison. Je pleure, je ne suis pas bien. Au moins, je serais encadrée, il y aurait des gens, je pourrais faire des petites activités, même toutes simples, mais retrouver un peu goût à la vie. Donc, j'étais vraiment pré-partagée. Mais vu que je pratiquais le volleyball, et ça, j'ai quand même continué à faire, je faisais du volley en compétition. Et ça, ça a fait que j'ai choisi de ne pas y aller parce que je ne me voyais pas ne plus aller à l'entraînement. Je prenais quand même du plaisir à aller à l'entraînement et voir. Voir mon équipe, c'est ça qui a fait que je n'ai pas franchi le cap. Mais franchement, ça ne s'est pas joué non plus à grand-chose. Après, la prise en charge, ça a été aussi de voir un psy-théâtre toutes les deux ou trois semaines où on faisait le point. Sauf qu'à chaque fois que je rentrais dans son cabinet, j'avais les larmes aux yeux, j'explosais en sanglots. Donc en gros, on ne se disait pas grand-chose. En fait, ils me posaient la question « alors comment ça va ? » et là, paf, j'explosais en sanglots. Je ne tenais même pas à cette question, tu vois. Mais du coup, c'était réglé entre guillemets, la consulte, elle se finissait en « je vous prolonge » . En fait, dès que je me disais « bon, je vais avoir ce rendez-vous, comment je me sens et tout, cette fois, est-ce que je vais être assez forte pour ne pas pleurer ? » Et plusieurs fois, ça n'a pas loupé. À peine la question « comment ça va ? » , j'étais un torrent. Il y a eu un moment donné où les pleurs se sont calmées. Et la directrice a voulu me voir ou moi j'ai voulu la voir. Enfin, je ne sais plus. Je crois que c'était un peu les deux, en fait. Mais surtout, moi, je voulais la voir pour lui dire, voilà ce qui s'est passé et voilà ce que je décide maintenant. C'est que je ne veux plus, en fait. Je ne veux plus travailler là. Je veux qu'on arrête et je veux qu'on parte quand même en bon terme, tu vois. Je voulais aussi lui expliquer ce qui s'était passé et j'avais un peu peur de la blesser. J'avais peur. Moi, je n'aime pas trop le conflit. J'avais peur de la frustrer, de la blesser. Au final, on a eu cet entretien où j'ai un peu tout déballé. Je n'ai pas pleuré. Je me suis sentie très froide à ce moment-là. Je l'ai dit quand même assez froidement, les réalités que j'avais ressenties. En fait, il y avait aussi des choses qui n'allaient pas, dans le sens où parfois on nous demandait un truc et ensuite on nous demandait l'inverse. Il y avait des sortes d'aberrations que je ne supportais plus. Mais j'ai un peu tout déballé mon sac à ce moment-là. Surtout, j'ai dit que je voulais qu'on arrête. Parce que je ne me voyais pas du tout retourner à ce poste et dans ce travail. Je me souviens que j'ai assez vite cherché... des formations. Et je suis tombée sur un master à l'université, justement, qui me semblait me correspondre. Donc, moi, après, j'avais aussi l'UX Design dans la tête. Tout ça, ça me restait vraiment ancré en moi. J'avais envie d'approfondir ce sujet-là. J'avais envie de travailler là-dedans, en fait. Mais je ne savais pas comment aborder le marché, surtout que c'est un métier jeune. C'est pas comme un métier, je sais pas, infirmier ou serrurier, tout le monde sait ce qu'il fait. En fait, je vais dans le sens de ce qui m'attire, voilà. Il y a un sujet qui me passionne, c'est l'expérience utilisateur. Du coup, je cherche, je cherche, et puis je finis par tomber sur des formations. Et du coup, je me dis, je vais pouvoir faire un stage dans le cadre de cette formation, donc réintégrer une entreprise, mais cette fois avec un poste qui me correspond. Mais c'est pas venu tout de suite. ça s'est pas fait comme ça en un claquement de doigts ça a mis des années avant de vraiment matcher que je trouve vraiment ma place alors déjà que je clarifie que j'avais envie vraiment de travailler là-dedans et que ça devienne un objectif professionnel que je me dise voilà je veux devenir UX designer cette fois je ne ferai plus autre chose je ne me laisserai plus solliciter pour autre chose Ma vision du travail, ça l'a beaucoup changé, ce burn-out. Je ne conçois plus le travail comme quelque chose qui peut être en décalage avec ce que j'aime faire, ce qui me passionne, ce qui a du sens pour moi, ce qui est important pour moi, ce sur quoi je suis douée aussi, ce mix, ce truc à l'intersection entre toutes ces choses. D'ailleurs, j'ai fait l'exercice du Ikigai. qui m'a quand même beaucoup aidée, justement, à réapprendre à me connaître. Qu'est-ce que j'aime faire ? Sur quoi je prends du plaisir ? Qu'est-ce qui me réjouit de faire dès le matin ? Sur quoi je suis naturellement douée ? Sur quoi j'ai des habiletés naturelles ? Tu vois, par exemple, je chante juste, ou j'ai une capacité d'observation assez importante, et d'imagination aussi. Et puis, ce qui a du sens. Pour moi, c'est-à-dire, c'est important pour moi d'aider les d'autres à faire quoi. Et quand j'ai clarifié tout ça, c'est vrai que j'ai trouvé une sorte de positionnement, en fait, qui me correspondait beaucoup plus. Et ça m'a donné une sorte de feu intérieur où chaque jour, j'avais envie de me battre pour faire ça. Ouais, donc je ne conçois plus du tout le travail comme quelque chose qui peut être obligé, pénible. En fait, ce que je voyais avant, c'est que mes collègues, je ne comprenais pas comment elles faisaient pour supporter le travail. Les horaires imposés, toujours les mêmes horaires, toujours aux mêmes endroits, les mêmes réunions, les mêmes process, les mêmes injonctions contradictoires. Tu vois, tout ça, là, dès que je voulais aller à une conférence intéressante pour mon métier, il fallait que je négocie avec le boss pour avoir posé un RTT que je n'avais plus ou que je n'avais pas. Enfin bref, toutes ces bêtises, entre guillemets, pour moi, je me dis mais comment vous le faites pour eux ? pour survivre là-dedans, en fait. Moi, je me voyais comme une sorte de robot, là, à devoir nous mettre dans un moule où tout le monde joue le jeu, dans un grand manège, en fait, où tout le monde joue le jeu, et moi, je suis là, au milieu, et je trouve ça insupportable. J'ai envie de hurler. J'ai envie de sortir du manège. Je retiens, qu'est-ce que je retiens de mon brown-out ? Je retiens que si je ne l'avais pas fait, je n'en serais peut-être pas là aujourd'hui. Alors, quelque part, est-ce que je le regrette vraiment ? Je n'en suis pas sûre. J'ai presque l'impression que c'était, je ne vais pas dire une chance, mais vraiment, ça m'a aidée, ça m'a fait grandir énormément, ça m'a ouvert les yeux sur le monde de l'entreprise. En fait, ce qu'on ne nous dit pas, À l'école, je trouve, c'est que... En fait, on nous met dans un schéma où il faut avoir le bac, il faut avoir des bonnes notes, il faut être bon en maths, et puis il faut faire un bac S, un bac scientifique. Il y a certaines matières qui sont hyper valorisées beaucoup plus que d'autres. Il y a des métiers aussi qui sont survalorisés, je trouve. Tu vois, on se dit, voilà... Enfin, tu sens bien qu'il faudrait que tu fasses médecine ou avocat ou prof des écoles. Tu vois, il y a des métiers comme ça où... Moi, en tout cas, à mon époque, je sentais bien que j'allais là-dedans. Donc là, ce brown-out, il m'a permis de voir vraiment les choses autrement et de prendre du recul par rapport à toute cette éducation et cette scolarité. J'ai été une bonne élève quasiment toute ma scolarité. J'ai joué le jeu de la bonne élève, la petite fille modèle qui a des bonnes notes. Mais au final, je me suis retrouvée dans le monde de l'entreprise. complètement mal, en fait. Je me suis retrouvée dans un mal-être énorme. En plus, j'avais l'impression de régresser. C'est-à-dire que j'avais des capacités. À l'école, on me demandait... Au lycée, par exemple, tu pouvais faire des dissertations de philo sur des trucs hyper pentus. Et là, on te demandait de faire un vulgaire courrier. Et il fallait que ça tienne sur une page avec deux, trois paragraphes. Alors que moi, je savais rédiger deux doubles copies d'une disserte de philo. Enfin, des trucs beaucoup plus... intellectuellement compliqués, tu vois. Et ouais, j'avais ce sentiment de régresser, quoi. J'ai compris tard le fonctionnement des entreprises, qu'est-ce qu'elles recherchent exactement. Parce qu'en fait, être la bonne élève à l'école, ça, j'avais compris ce jeu-là. Et ce jeu-là, j'avais compris les règles, et je le dominais, si tu veux. Mais le jeu dans les entreprises, c'était des nouvelles règles. Et personne ne m'avait appris ça. En fait, j'étais paumée là-dedans. Maintenant, j'ai compris que mes boîtes, ce qu'elles veulent, c'est gagner de l'argent. Et que quand elles recrutent des gens, elles font un investissement pour avoir un retour sur investissement. Donc, elles veulent que les gens leur coûtent moins qu'ils nous rapportent. Donc, quand tu as une expertise, par exemple en design d'expérience utilisateur, il faut que tu montres que tu peux faire gagner de l'argent à la boîte grâce à ton travail. Ça, j'aurais bien aimé le comprendre beaucoup plus tôt. Mais après, sur le brown-out même, je pense que c'est surtout que ce que j'aurais aimé comprendre plus tôt, c'est que le but, ce n'est pas d'avoir le bac, le but, ce n'est pas de faire des études, ce n'est pas une finalité en soi. Et ces métiers qu'on nous survend, il y en a tellement d'autres et on peut construire des métiers. Des métiers que les profs ne connaissent pas, que même à l'ONICEP, ils ne connaissent pas. Ce que je fais aujourd'hui, je crois que personne n'aurait pu me dire « Marie, tu pourrais faire ça, tu t'arrêtes » . Moi, je pense qu'il faudrait à l'école, en tout cas dès les plus jeunes âges, il faudrait que les enfants puissent apprendre à se connaître, ce que je disais tout à l'heure. Où est-ce que j'ai des habiletés naturelles ? Sur quoi je suis douée naturellement ? Sur quoi je prends du plaisir ? Et sur quoi, qu'est-ce qui a du sens pour moi ? très tôt à aller déceler ces choses-là pour aller les développer à fond, tu vois. Moi, je pense que les gens qui sont bien aujourd'hui, tu sais, il y a des célébrités, je pense à... Comment ils s'appellent, ce joueur de foot ? Mbappé ou Rihanna ou je sais pas, ou Jennifer, enfin bref. Je pense qu'ils sont allés à fond dans ce qu'ils aimaient faire et là, ils avaient une sorte de don d'habileté. Et je pense que les parents, souvent, ont poussé dans le bon sens. Ils n'ont pas dit « oui, mais non, fais pas ça, il faut aussi que tu fasses des études et machin, et freiner le truc » . Ils ont eu la chance, on les pousse à fond là-dedans, et du coup, ça en donne des petits génies. Mais on ne nous a tellement pas appris à avoir ces réflexions-là. En fait, comme on nous impose tellement les choses, et on croit, nous, en tant qu'élèves, qu'il faut jouer le jeu qu'on nous impose. On n'a pas le recul nécessaire pour dire non mais là stop en fait. Moi j'aime ça, tu vois, ou j'aime la nature. Je veux faire de l'escalade en haute montagne. Là j'ai regardé un documentaire récemment sur Marc-André Leclerc, un Américain qui est malheureusement décédé aujourd'hui, mais qui n'arrivait pas à l'école. Il n'était pas bien. Et du coup sa mère l'a pris sous son aile et elle lui a dit écoute, l'école on va calmer et tous les après-midi, enfin elle a fait l'école à la maison. Et tous les après-midi, il allait dans la nature, escalader, et il a fait ça de sa vie en fait. Donc ok, peut-être qu'aujourd'hui, il est décédé dans une avalanche, mais au moins, le mec, il a kiffé sa vie à fond. Et il a été reconnu en plus pour ça, c'était un des meilleurs grimpeurs freestyle, enfin sans cordage, tu sais. Un dernier message, c'est que... Si vous ne sentez pas le feu intérieur dès le dimanche soir ou dès le matin quand vous vous levez pour aller travailler, c'est qu'il y a un problème. Mon message, ce serait ça. Non mais vraiment, essayer de se dire, il y a un problème, il faut que je travaille là-dessus et que je trouve pourquoi je suis fait, que j'ai appris à me connaître s'il le faut avec des accompagnants comme toi, par exemple. Mais voilà, il faut que je trouve. ma voix, pourquoi je suis faite, qui je suis. Et que chaque matin, j'ai une envie folle d'aller travailler. D'ailleurs, moi, je ne dis même pas que je vais travailler, en fait. Je fais ce que j'ai envie, en fait. Mais oui, je rends un service à des gens et ils me payent pour ça. Donc, ça reste un travail. Mais quand tu kiffes tellement ce que tu fais, tu ne le ressens plus comme un travail. Voilà, ce serait mon message d'alerte. Et je sais qu'il y en a plein qui ne sont pas bien. Il y en a plein qui disent, même des copains à moi, qui disent le dimanche soir, oh là là, demain je travaille et tout. Moi, cette phrase-là, je ne la dis plus. Je ne peux plus la dire. Aujourd'hui, je ne peux plus dire ça. Mais ce n'est pas parce que je dois, je m'en empêche. C'est parce qu'il n'y a plus lieu de dire un truc pareil. J'ai tellement envie de travailler que... parfois là, quand je suis en vacances, quand je pars à l'île de la Réunion en séjour, mais parfois presque, je suis dégoûtée parce que j'ai envie de commencer avec un client tellement je suis motivée, tu vois. Et j'espère, je souhaite à tout le monde ça et je pense en plus que c'est possible pour tout le monde de trouver cette flamme, de trouver sa voie, mais il faut travailler, apprendre à se connaître. On est malheureusement un peu mal formaté, je trouve, par l'école aujourd'hui. Et on se perd. On se perd à tel point que notre petite lumière intérieure, elle se réduit à rien du tout. Des fois, elle s'éteint presque, tu vois. C'est horrible. Mon dernier message, c'est vraiment un message d'espoir du coup. C'est que vous pouvez trouver votre voix. Il faut juste apprendre à réécouter cette petite voix intérieure. qu'on a trop longtemps tué parce que la société, parce que les parents, parce que les profs, tout ça. Et oui, vous pouvez faire un travail où vous êtes bien, qui vous motive, où chaque jour vous avez une envie folle d'aller travailler. Oui, oui, c'est possible. C'est possible.