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Description

Forum Européen de Bioéthique 2025 : Santé mentale & Bioéthique


Les nouvelles addictions


Dans les années 90’s, on craignait les junkies, les seringues contaminées et les overdoses. Mais aujourd’hui, en plus de ces drogues sales et trafiquées, il y en a d’autres aux dénominations médicales telles que le TRAMADOL, le LYRICA, le RIVOTRIL ou le FENTANYL. Par ailleurs, si les drogues « dures » n’ont pas disparu, de nouvelles formes d’addictions se développent et se répandent, et ceci, dès le plus jeune âge. On sait tous que scroller ne sert à rien, que passer des heures à consommer du porno ne fait qu’alimenter un marché du corps à l’éthique douteuse, et pourtant, ce que la raison condamne, le cerveau, dans sa biochimie complexe, semble parfois l’ignorer ou pire, en réclamer davantage.


Avec :


Jean-Victor Blanc, Médecin-psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP, Paris), Enseignant-chercheur à Sorbonne Université


Camille Brand, Médecin addictologue, Directrice médicale Association Ithaque Strasbourg


Marie-Jeanne Guedj Bourdiau, Psychiatre et pédopsychiatre, Ancien chef du pôle urgences psychiatriques de l’hôpital Sainte Anne (Paris),

Fondatrice de l’Association Francophone pour l’Étude et la Recherche sur les Hikikomori (AFHIKI)


Fatah Senadla, Médiateur de santé pair au Centre hospitalier de Rouffach


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous,

  • Speaker #1

    bienvenue pour cette dernière journée du Forum européen de bioéthique, cette année consacrée à la santé mentale et à la bioéthique. Nous ouvrons la première session d'aujourd'hui sur les nouvelles addictions et je m'empresse de laisser la parole au...

  • Speaker #0

    fondateur du Forum européen de bioéthique,

  • Speaker #1

    j'ai nommé Israël Nizan.

  • Speaker #0

    Merci Aurélien. Le sujet choisi ce matin, les nouvelles addictions, je vous le dis tout net, on ne va pas pouvoir le traiter en entier tellement... il est vaste et je voudrais juste scanner un tout petit peu la largeur du sujet dont on ne traitera qu'une petite partie parce que parce que c'est vraiment il aurait fallu la journée il ya des addictions nouvelles au numérique des addictions comportementales et des addictions aux psychoactifs. Trois grandes familles d'addictions. Le numérique, qui est la plus récente. Vous avez tous entendu parler de la nomophobie, cette manière de consulter de manière compulsive son téléphone et surtout l'anxiété qui étreint certaines personnes lorsqu'elles n'ont pas leur téléphone sous la main. C'est une véritable addiction, mais il y a l'addiction aux réseaux sociaux, des gens qui comptent les likes de leurs interventions et qui sont littéralement accros à ce nombre de likes, qui ont peur de manquer un message. Les Américains parlent de FMO pour Fear of Missing Out, des addictions aux jeux vidéo, parfois au détriment de la vie sociale ou du travail et des addictions. au streaming avec un visionnage compulsif de séries et l'incapacité de s'arrêter de visionner des séries. Voilà quelques addictions du domaine du numérique. Il y en a d'autres dans le domaine du comportement dont on ne pourra pas parler ce matin. Le shopping en ligne avec des achats compulsifs et je mets là-dedans une addiction qui est plus ancienne, c'est celle des jeux et des casinos. Les crypto-monnaies et le trading, il y a des gens qui sont toute la journée en train de regarder les taux et d'essayer de faire des profits. L'addiction à la pornographie, je vois des jeunes de 10 ans qui consomment 3 heures de pornographie par jour, qui rentrent à la maison, se précipitent sur l'ordinateur et qui ne peuvent plus le lâcher des yeux. Tant le visionnage de la pornographie... entraîne deux émotions contradictoires à 10 ans. Le fait d'être choqué par les images qu'on voit et le fait d'être excité sexuellement en même temps par ces images choquantes tout en se mélangeant à l'interdit, ça crée de véritables addictions. Et je ne vous dis pas les conséquences sur la sexualité de ces ados. Addiction à l'alimentation transformée, avec une dépendance au sucre, sel et gras. et le work-alcoolisme qu'on connaît bien avec du bio-hacking, avec l'optimisation corporelle. Ça c'est émergence d'addictions numériques et les addictions comportementales. Mais la liste est tellement longue des addictions chimiques émergentes que je renonce à vous en faire le catalogue. Ce sont... pour beaucoup des substances de synthèse souvent méconnues, qu'on appelle drogue de fait. qui imitent les substances classiques, cocaïne, cannabis, etc. Alors il y a des nouveaux psychoactifs, vous avez entendu parler de 3MMC, 4MMC, qui sont des amphétamines. Il y a les cannabinoïdes de synthèse, les noms c'est Spike et K2, plus puissants et dangereux que le cannabis naturel, aux effets imprévisibles. Il y a les opioïdes de synthèse avec le... roi des rois qui est extrêmement toxique, qui est le fentanyl et tous ses dérivés. Fentanyl, plus puissant que l'héroïne, est à l'origine de beaucoup de surdoses. Et les dérivés de la kétamine, appelés PCP, qui donnent des effets dissociatifs puissants. Et puis alors, il y a une autre nouvelle manière de faire. Ce sont le fait de détourner des médicaments. Les benzodiazépines, comme le Xanax et le Valium. qui sont des sédatifs et des anxolytiques, peuvent être utilisés dans ce cadre-là. De même que des précurseurs du GHB, on s'appelle GBL, BD, avec des effets euphorisants et des inhibiteurs. Il y a les médicaments de la TDHA, par exemple la Ritalin, qui donnent une augmentation de la concentration et de la performance cognitive. Enfin, il y a encore deux... trois autres catégories, les psychosimulants, microdosage de LST, modafinil, méthamphétamine, qui sont des drogues extrêmement addictives et neurotoxiques. Il y a les anciennes drogues, le chemsex, GHB plus méthamphétamine, qui intensifie l'expérience sexuelle et qui entraîne beaucoup de comportements à risque, vous en avez entendu dans les faits divers, de même que la kétamine récréative. Enfin, il y a des produits détournés qui aujourd'hui font la une des médias. Le gaz hilarant, utilisé sous la forme de ballons par les jeunes, qui entraîne des lésions neurologiques gravissimes. La dextrométophane, qui se trouve dans les sirops et qui donne à forte dose des hallucinations. Et enfin les solvants et cols inhalés qui sont gravement toxiques pour le cerveau. Toutes ces nouvelles drogues et ces usages sont en constante modification. En permanence, il n'y a pas de mois où il n'y a pas de nouvelles drogues et de nouveaux usages à des prix défiant toute concurrence. Il y a donc une offre de produits très puissants et très gravement toxiques pour le cerveau. Et la question qui se pose après cette espèce de panorama général très survolé, c'est pourquoi y a-t-il tant d'addictions ? Y a-t-il plus d'addictions qu'autrefois ? Est-ce que c'est un effet du fait qu'on les voit mieux et que la disponibilité de ces produits est plus grande ? Ou s'agit-il d'un effet de souffrance de notre société avec la volonté de ne plus affronter le réel ? Et pour cela... Aurélien et le Forum ont réuni pour vous des experts dans ce domaine pour essayer de rentrer un peu plus avant dans la thématique Jean-Victor Blanc médecin psychiatre à l'hôpital Saint-Antoine à Paris enseignant et chercheur à Sorbonne Université Camille Brandt, médecin addictologue, directrice médicale d'une association qui s'appelle ITAC à Strasbourg... Marie-Jeanne Guedj-Bourdio, psychiatre et pédopsychiatre, ancien chef du pôle urgence pédiatrique à l'hôpital Saint-Anne à Paris, fondation de l'association francophone pour l'étude et la recherche sur les hikikomoris, vous nous direz ce que c'est après. Et enfin, Fata Senadla, médiateur de santé père au centre hospitalier de Roufac, qui terminera ce premier tour de table ronde. Et je m'empresse. Avec curiosité de donner la parole à Jean-Victor Blanc, médecin psychiatre à Saint-Antoine à Paris. Vous avez la parole.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, merci à tous et merci pour l'invitation aujourd'hui à venir vous parler des addictions. Moi je vais vous parler de deux aspects de l'addiction. Je suis psychiatre addictologue à l'hôpital Saint-Antoine, où j'ai ouvert il y a 6 ou 7 ans déjà une consultation spécialisée dans la prise en charge du chemsex. Avant tout, la définition de l'addiction. Et on va voir si c'est ça le point commun à tout ce que vous avez décrit en introduction. Ça va être lorsqu'il y a un comportement qui va devenir incontrôlable. Donc il y a vraiment cette notion de perte de contrôle et avec un maintien de ce comportement malgré les conséquences négatives. Alors après, il y a d'autres critères qu'on ne va pas énumérer là forcément parce que c'est un peu fastidieux. On pourra y revenir si vous le souhaitez pendant les questions. L'addiction au chemsex, elle est très particulière. C'est donc effectivement l'usage de certains produits spécifiques avisés sexuels pour améliorer, désinhiber ou modifier l'expérience sexuelle. À la fois, ça peut paraître quelque chose de minoritaire. Alors aujourd'hui, on en a tous un petit peu entendu parler, notamment avec le fait divers autour de l'affaire Palmade. Néanmoins, ce qui est intéressant dans le chemsex, c'est qu'en fait, on va retrouver un peu tout. ce dont on parlait en introduction, c'est-à-dire à la fois des nouvelles drogues, puisque c'est des drogues spécifiques qui sont utilisées, notamment la 3-MMC et toute la famille des catinones de synthèse, qui sont des drogues qui copient effectivement un petit peu les amphétamines, qui copient un peu la cocaïne, qui ont été d'ailleurs marquetées comme ça, mais qui sont beaucoup moins chères. Elles sont moins chères parce qu'il n'y a pas besoin de culture, donc il n'y a pas besoin d'acheminement, il n'y a pas besoin de plantes, elles peuvent être synthétisées à peu près partout. dans des hangars, notamment en Europe, la plupart des zones de production seraient plutôt au niveau de la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas. Et même le nord de la France, il y a déjà eu des hangars qui ont été démantelés. Donc, c'est des drogues qui sont peu chères. Ils copient des produits déjà existants qui sont facilement accessibles par leur prix, mais aussi par leur mode d'acheminement, puisqu'elles ont eu beaucoup de succès, notamment lorsque le... Le chemsex a commencé il y a une vingtaine d'années. C'est des drogues qui, pour la première fois, pouvaient être commandées en ligne et livrées à la maison. C'est quand même très particulier. Il n'y avait pas besoin de connaître un dealer, il n'y avait pas besoin de sortir de chez soi, il n'y avait pas besoin d'avoir un contact téléphonique. Comme vous pourriez vous faire livrer des produits sur Amazon, ce sont des drogues qui peuvent se faire livrer à la maison par la poste. Ce qui aussi fait que ça a touché un public qui, avant, était plutôt loin des drogues, quelles qu'elles soient, et des produits stupéfiants. et qui se sont retrouvés finalement à pouvoir consommer des produits avec une impression que finalement ces produits n'étaient pas forcément illégaux puisqu'ils étaient livrés par la poste comme un colis Amazon ou un livre de la FNAC. Ça, c'est pour les nouveaux produits. Des nouveaux usages et notamment liés au numérique, puisque le chemsex qui aujourd'hui concerne principalement ce qu'on appelle en recherche et en soins des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, donc des hommes homosexuels. mais qui ne s'identifient pas forcément. Ça va au-delà du fait de s'identifier comme homosexuel, c'est avoir des rapports homosexuels finalement. Dans cette communauté, le chemsex, ça passe essentiellement par une rencontre via des applications en ligne, des applications dites de rencontre, qui font que pour, là aussi, la première fois, tout ça, ça arrivait au début des années 2000, les personnes qui cherchent un partenaire et ou des produits, parfois les deux, parfois l'un ou l'autre, peuvent se connecter en permanence 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour trouver finalement et des produits et finalement du sexe. Ce qui là aussi est complètement nouveau. Et comme on l'a vu par exemple avec le jeu, donc l'addiction au jeu, traditionnellement c'était au casino, sauf que le casino il y a des horreurs d'ouverture, de fermeture, il y a un certain rétron contrôle social, la peur d'être vu, le fait que certaines personnes étaient littéralement interdites d'entrer dans un casino, etc. Aujourd'hui, le casino, il est dans la poche. Donc, en fait, en permanence, il n'y a aucun contrôle. Il n'y a pas du coup non plus de, quelque part, de jugement. Ça peut passer complètement inaperçu. Avec aussi des méthodes marketing où les applications de casino en ligne vont aller chercher les consommateurs en permanence, etc. Avec toute une gamification, le fait qu'il va y avoir des récompenses aléatoires, etc. Des choses qu'on a vues dans d'autres sphères, mais qui là, se déplacent en ligne. Et on sait que par rapport aux joueurs en physique, les joueurs de casino... en ligne, les joueurs de jeux en ligne sont en général plus jeunes, plus précaires et finalement plus souvent concernés par une addiction au jeu que ceux qui allaient au casino. Donc on voit bien que ce passage et cette accélération dans le numérique, dans laquelle on est en plein dedans et au vu de l'actualité, c'est pas prêt de s'arrêter, a quand même précarisé au passage et accéléré là aussi le mouvement. Et donc dans le chemsec, c'est ça aussi la révolution du numérique. Et puis ensuite, le troisième élément. C'est pourquoi aujourd'hui essentiellement les hommes homosexuels ? Pour plein de raisons. Une des pistes étant que c'est une communauté qui a plusieurs marqueurs de vulnérabilité psychique, qui avant même le chemsex, on sait que les personnes homosexuelles sont plus à risque, par exemple, d'avoir une dépression ou d'avoir un trouble d'abus de substances. Là aussi, ça permet, quand on réfléchit au phénomène global des addictions, on sait qu'un des déterminants majeurs de l'addiction, ça va être le stress environnemental. Par stress environnemental, Lorsqu'on fait des études chez les animaux, ça va être par exemple des souris, on ne va pas leur donner à manger aux heures régulières, on va leur donner un environnement dit pauvre, c'est-à-dire en gros juste une cage avec rien du tout, donc elles s'ennuient. Si plus on va ce qu'on appelait donner un environnement enrichi, alors pour une souris ça peut paraître modeste mais c'est une roue déjà, voir des jeux, des congénères, etc., moins finalement la souris va être prompte à avoir des comportements addictifs. Évidemment, ça, on le replace dans un contexte humain. On voit bien qu'un facteur de stress comme la précarité, qui est un des facteurs majeurs dans le développement des addictions au niveau populationnel, ça va y contribuer. Et tout ce qui va être environnement stressant, mais aussi le rôle des violences, notamment des violences dans l'enfance. Et puis aussi le rôle de l'hérédité, puisqu'on sait qu'il y a une vulnérabilité héréditaire en lien avec les addictions. Comme on est avec une vulnérabilité, on va dire, cardiologique, neurologique, pour à peu près toutes les maladies et pas que les maladies, beaucoup de nos traits de personnalité et physique ont également une assez forte part héréditaire. Dans l'addiction, on va retrouver aussi cette vulnérabilité qui fait qu'on n'est pas tous égaux et que dans certaines familles, on va retrouver plus d'addiction que d'autres. Néanmoins, ce n'est pas une fatalité. Il n'y a pas un gène de l'addiction qui se transmet et qui ferait que, peu importe. finalement ce qu'on fait dans la vie, on développerait une addiction. C'est un élément qui est important. Là, on a un peu les trois piliers pour comprendre en tout cas une partie des addictions aujourd'hui. Le lien avec l'autre partie de mon métier en dehors de l'hôpital, c'est que depuis à peu près la même époque, il y a 5-6 ans, j'ai développé un concept qui s'appelle PopEpsy, où en fait l'idée c'est d'expliquer la santé mentale, dont Les addictions, puisque les addictions, on le rappelle, en font partie des troubles psychiques. On a souvent, parfois on les oppose un peu. Mais en fait, quand on parle des 13 millions de Français atteints par un trouble psychique ou d'une personne sur quatre, une personne sur cinq, on compte donc évidemment la dépression, la schizophrénie, le trouble bipolaire. On compte également les addictions. C'est pour ça aussi que quand on réfléchit, on se dit Mais comment ça se fait qu'il y a autant de personnes ? On dit Une personne sur quatre, c'est énorme. où ils sont, en fait, on réfléchit autour de soi et on se dit que si on cumule tout ça, on trouve clairement toutes ces personnes. Ce qui fait que tout le monde peut être concerné à titre personnel ou familial ou professionnel. Et donc, l'idée, c'est de donner à la fois quelque chose de pédagogique. En fait, avec un film comme Requiem for a Dream, par exemple, on peut comprendre ce que c'est que l'addiction. On peut comprendre un certain mécanisme de l'addiction. Après ce film, on peut en reparler aussi, on peut avoir certaines réserves, notamment le fait que c'est un film qui a une vingtaine d'années et c'est vrai qu'à l'époque, dans les œuvres de l'époque, on ne voyait pas du tout les soins. Donc ça qui a un côté très fataliste dans ce film. Mais beaucoup plus récemment, dans une série très plébiscitée par la jeune génération qui est la série Euphoria, dans laquelle on va retrouver cette question de nouveaux produits de synthèse, de vulnérabilité individuelle, etc. De santé mentale au sens large. En fait, c'est une série qui ne va parler que quasiment d'addiction. Ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui, et c'est pour ça que le phénomène de pop culture est intéressant, à la fois on a ces représentations qui viennent nourrir et finalement expliquer aussi un support pour en parler et sortir de l'isolement autour des addictions, mais aussi le fait que la série Euphoria, par exemple, elle a été créée par quelqu'un qui s'appelle Barry Levinson, Sam Levinson, pardon, Barry c'était son père, Sam Levinson, qui lui-même est en fait un ancien adolescent ayant eu des problèmes d'addiction. et qui du coup aujourd'hui utilise aussi son histoire pour en faire quelque chose et en faire un blockbuster puisque c'est une des séries encore une fois les plus populaires. Ça peut être aussi très récemment le film français qui a eu beaucoup de nominations aux Oscars et aux Golden Globes, le film The Substance, je ne sais pas si certains d'entre vous l'ont vu, qui est un magnifique film. C'est un film de genre, donc là aussi ça montre que la pop culture peut être très large. C'est un film qui appartient au film d'horreur, on pourrait dire. Néanmoins, c'est un film qui est très intéressant sur le rapport au corps, puisqu'on sait qu'il y a aussi de plus en plus de mécanismes d'addiction autour du corps, d'essayer d'atteindre des standards qui sont... l'obsession de la jeunesse, ce qu'on appelle la dysmorphophobie, c'est-à-dire le fait qu'on a une image de son corps qui est différente de telle qu'est son corps, dit de manière objective. Un film comme The Substance, c'est un très bon film, là aussi pour comprendre le mécanisme de l'addiction, avec typiquement ce caractère de continuer un comportement malgré le fait, ce qui nous abîme physiquement, psychiquement, socialement. C'est clairement ce qu'on voit dans ce film. L'idée, c'est à la fois d'utiliser ça, nous on l'utilise aussi à la fac, on l'utilise dans l'enseignement, des étudiants en médecine, des étudiants en santé au sens large, on va utiliser des films pour leur faire comprendre la sémiologie. C'est aussi quelque chose qu'on peut utiliser, moi j'utilise ça au ciné-club Pop-Epsy où on regarde un film et ensuite justement on en parle et on dit ça c'est intéressant, ça c'est une grille de lecture pour comprendre tel phénomène, par exemple le film Reckham for a Dream qu'on avait regardé, ça peut être aussi un film comme Star is Born. Par exemple, le film de Bradley Cooper avec Lady Gaga, qui parle d'un chanteur très connu qui a une addiction aux médicaments et à l'alcool. Et tout ce que ça provoque aussi dans son entourage, les vulnérabilités, etc. Donc, l'idée, c'est de donner un exemple, mais aussi de donner quelque part de l'espoir et notamment un espoir de rétablissement, puisque ça aussi, pour le coup, c'est plutôt nouveau. C'est vrai que quand on fait le constat de la santé mentale aujourd'hui, on a quand même plutôt des pas très bonnes nouvelles sur l'augmentation des troubles psychiques chez les jeunes, etc. Il y a quand même des choses qui sont positives. C'est qu'aujourd'hui, on n'a jamais parlé autant de santé mentale, on n'a jamais eu autant de films, de séries qui parlent de santé mentale et on n'a jamais eu autant de célébrités qui parlent de santé mentale. Si vous regardez un peu l'actualité, cet été, par exemple, avec les JO, on a eu un nombre important de grands sportifs. que ce soit Simone Biles, Noah Wiles aux Etats-Unis, mais aussi maintenant en France avec Camille Lacour, Florent Manodou, qui ont parlé des troubles psychiques qu'ils ont réussi à surmonter. Sur la question des addictions, c'est assez nouveau, il y a de plus en plus de célébrités, comme par exemple le mannequin Naomi Campbell, comme l'acteur et réalisateur Bradley Cooper, ou comme la chanteuse Miley Cyrus, qui disent en fait je décide de ne pas boire pendant un certain temps où j'arrête complètement de boire et de consommer parce que ça m'abîmait la santé, parce que je n'ai pas besoin de ça pour être fun ou pour être marrant ou divertissant. Et que ça, on est en train de enfin remettre un peu en question ces représentations qui voudraient que sans alcool, on soit forcément quelqu'un d'embêtant, quelqu'un de sinistre, quelqu'un de triste. Et ça... Ça arrive un tout petit peu en France, honnêtement, et on l'a vu avec la polémique, on peut en reparler aussi de Léa Salamé qui a alpagué quelqu'un en disant que vous avez arrêté de boire, vous êtes devenu chiant. On voit qu'en France, on a encore un petit problème avec ça. Mais là, notamment dans ce type d'expérience, l'expérience du Dry January, qui a fini hier soir pour ceux qui l'ont fait, montre qu'on peut aussi donner un nouveau visage à la sobriété, quelle que soit son origine, que ce soit pour un motif médical. ou pour un motif, une jeune femme qui est dans un projet de conception ou qui est enceinte, etc. Donc voilà un petit peu le premier panorama que je voulais vous partager.

  • Speaker #0

    Merci Jean-Victor Blanc. On aura sûrement plein de questions à vous poser après. Je donne la parole à Camille Brandt, qui est médecin-dictologue. Directrice médicale de l'association ITAC à Strasbourg, vous avez la parole.

  • Speaker #2

    Bonjour à tous, merci pour l'invitation, surtout d'avoir invité la structure où je travaille. Pour juste contextualiser, ITAC porte différents dispositifs, et notamment dans Strasbourg et sa région, et notamment la salle de consommation à moindre risque, qu'on appelle maintenant ALT Soins Addiction, qui fait parler régulièrement d'elle, et j'espère à juste titre. dans différents médias. J'avais envie de commencer peut-être sur l'idée qu'est-ce qui rassemble peut-être les nouvelles addictions et celles plus anciennes. Mon collègue a parlé tout à l'heure du concept d'addiction. Globalement, il va rester le même, que ce soit ces anciennes ou ces nouvelles addictions, avec des termes comme la perte de contrôle, le manque, l'accoutumance, les envies très irrépressibles de consommer qui sont globalement similaires. D'ailleurs, avec ou sans produit. Et au-delà, enfin ça c'est un point assez central pour nous dans notre quotidien de travail et pour les usagers, au-delà du concept de l'addiction, qu'est-ce qui fait la fonction du produit ou du comportement ? Et finalement, ça peut être aussi très similaire, quel que soit le produit. Pourquoi est-ce qu'on consomme finalement ? Est-ce qu'on est dans une recherche de plaisir ? Est-ce qu'on recherche une expérience ? Euh... Avec les questions de santé mentale qui nous animent lors de ce forum, est-ce qu'on cherche finalement une sorte d'automédication à apaiser une angoisse ? Est-ce qu'on cherche à casser un cycle de pensées envahissantes ? Est-ce qu'on recherche une performance ? Je lisais dans le résumé d'intervention, on sait tous que scroller ne sert à rien. Finalement, quand on interroge une personne qui scrolle, qu'est-ce qu'elle cherche dans ce moment-là ? On peut avoir beaucoup de réponses. Ça peut être, est-ce que je comble un ennui ? et ce que finalement je cherche à ne pas penser en scrollant. Donc il y a souvent quand même une consommation, une raison, une fonction à cette consommation, même toujours, je n'ai jamais entendu personne qui dit je consomme pour avoir de l'alcool pour avoir un cancer de foie Voilà, c'est assez clair. Un concept très très ancien en addictologie, et nous montre que finalement il y a une rencontre entre un produit, une personne à un produit, dans un environnement. C'est... c'est heureusement, toute personne qui va consommer ne va pas devenir dépendante à ce produit ou à ce comportement. Et c'est ce qu'expliquait aussi mon collègue, c'est tout un contexte. C'est la personne avec ses vulnérabilités, c'est le produit avec son risque, son niveau de risque addictif. C'est aussi l'environnement dans lequel la personne se situe. Et ça, finalement, ça va être assez similaire, quel que soit le produit. Les drogues, je lisais sales et trafiquées, à peut-être maintenant le détournement des médicaments. Finalement, depuis longtemps, voire toujours, on a des drogues sales et trafiquées. Je pense à tous les produits du marché noir dont on n'a aucune connaissance de la composition. Si on n'analyse pas le produit, on ne sait pas. Mais je pense au tabac, qui est quand même un joli exemple de drogue sale et trafiquée. Ils comportent quand même beaucoup de produits, de substances extrêmement toxiques. Je dis trafiqués parce qu'on sait qu'il y a des substances pour nous rendre encore plus dépendants dans le tabac. Et puis, les produits de qualité pharmaceutique, finalement, depuis qu'ils existent et depuis qu'il y en a qui sont addictifs, ils sont détournés. Donc, depuis de longues dates, le Lodanum, il y a toujours eu un détournement des produits qui peuvent être addictifs parce que justement, on en perd le contrôle. Un point qui ne me rassure pas du tout, qui est souvent similaire dans beaucoup d'addictions, c'est comment on traite les personnes qui consomment ou qui sont dépendantes. C'est souvent beaucoup de stigmatisation. On entend par les termes junkie c'est quand même junk c'est ordure De toxicoman un tox ce n'est pas très valorisant. Un drogué ces termes-là, malheureusement, ça amène quand même beaucoup de honte et de culpabilité. Et ça, ça peut être quand même aussi des facteurs de frein aux soins pour les personnes qui en auraient peut-être besoin. Donc ça, c'est des choses qui sont, je pense, importantes à déconstruire. Et même pour être plus... Là, c'est très fort, un junkie. Heureusement, on n'utilise pas ça tout le temps comme terme. Mais il y a un peu cette image de la personne qui... Celle qui est bien, c'est celle qui contrôle sa consommation. Et celle qui perd le contrôle, elle vaut moins. Alors qu'elle est dépassée, elle n'a pas choisi ça. Alors quand même, j'ai envie de dire qu'il y a des différences entre ces addictions. Mais est-ce qu'elles ne viendraient pas plutôt de la façon dont on les observe et on les traite ? Dans la vision sociétale, est-ce qu'on va traiter pareil une personne qui a commencé peut-être des médicaments antidouleurs ? après un accident et qui va perdre pied avec ces médicaments-là pour plein de raisons, une dépression qui arrive ? Est-ce qu'on la traitera de la même façon la personne âgée qui consomme depuis 15 ans des somnifères et des médicaments pour lutter contre l'angoisse ? Est-ce qu'on traitera de la même façon une personne qui injecte des drogues ? Ou une personne... Alors la France et l'alcool, on sait quand même que l'alcool c'est un des produits...

  • Speaker #0

    seul ou quasi seul produit qu'on initie dans un milieu familial. Alors qu'on va mettre en parallèle peut-être un nombre de morts en France, 50 000 morts à peu près en France pour la question de l'alcool. Donc je ne pense pas qu'on ferait de la même façon avec la cocaïne ou du cannabis, une initiation en famille. J'ai rarement entendu, mais ça peut arriver. La façon aussi d'accompagner et de traiter, c'est de... La question des addictions est aussi très différente selon les pays, selon les moyens, selon même les territoires en France. L'accès aux soins, si le réseau est-il suffisamment adapté, dense. On parle de la crise de la psychiatrie. On a bien vu que psychiatrie et addiction, on a quand même un lot commun, voire un parcours parallèle. Je crois qu'on peut parler de la crise chez nous aussi. Donc, on est malheureusement, et ça, c'est une réalité de territoire et pas que local, national, on n'est pas en mesure de répondre, à mon avis, correctement aux demandes. Et ça se voit dans les délais d'accueil des personnes qui souhaitent des soins. Il y a un point important, et je pense que c'est aussi pour ça qu'ITAC est invité aujourd'hui dans les actions de ce qu'on appelle la réduction des risques, qui peuvent vraiment faire une différence. La réduction des risques, pour simplifier, ça part du principe que toute personne n'est pas en mesure forcément d'arrêter sa consommation. Et au lieu de juste se voiler la face et dire bon ben ma petite dame, monsieur, il faut arrêter on peut peut-être travailler certaines choses avec les personnes qui ne sont pas dans le souhait d'arrêter afin de réduire leurs risques. Et le grand atout aussi, c'est que la réduction des risques, elle vient des usagers et elle replace aussi l'usager. au centre et comme acteur de sa propre santé. Un point pour terminer, dans une grande différence, j'avais envie de parler de politique des drogues. Et on voit aussi que la politique des drogues influe beaucoup sur ces anciennes, ces nouvelles addictions, sur comment on les traite. Un petit point, peut-être sur la crise des opioïdes en Amérique du Nord. Alors, pour peut-être resituer le contexte, En Amérique du Nord, une politique beaucoup plus libérale envers le médicament, pas que envers le médicament, mais là on parle de ça, donc des médicaments contre la douleur de la famille des opioïdes, donc c'est des médicaments qui calment la douleur, mais qui vont aussi faire ce qu'on appelle une dépression globale, pas une dépression sur le moral, mais ça va tout ralentir. Donc on peut, si on en prend trop, on risque une ouvert dose, on va s'endormir, arrêter de respirer. Donc ça c'est la famille, la grande famille. des opioïdes. Et donc en Amérique du Nord, il y a beaucoup plus de... il y a une autorisation pour des publicités sur les médicaments. Ça c'est pas quelque chose qu'on voit chez nous. Prenez du Skénan, c'est super. Enfin ça, ça se voit pas chez nous. Donc une politique comme ça, beaucoup plus d'agressivité envers les médecins pour prescrire plus facilement ces médicaments pour des motifs bénins ont amené à beaucoup plus de prescriptions d'opioïdes. et donc beaucoup plus, une minimisation du risque d'addiction et donc beaucoup de gens qui perdent le contrôle de ces consommations. Arrive un moment où on se dit, bon, il y a un problème, il y a plus d'overdose, on va réguler un peu plus le médicament et beaucoup de personnes qui se retrouvent en difficulté, qu'est-ce qui se passe ? Il y a un effet passerelle vers des produits du marché noir. Soit des détournements de médicaments, soit des produits du marché noir. Donc on parle d'héroïne éventuellement, qui est un opiacé aussi. Et puis est arrivé le fentanyl dont on parlait tout à l'heure. Le fentanyl, pour vous donner un ordre d'idée, c'est une molécule qui est 100 fois plus puissante que la morphine. Donc pour des toutes petites quantités, on a un risque d'overdose très très fort. Et donc un système de santé qui n'a pas suivi, parce qu'il n'y a pas assez de structures de soutien, pas assez de structures de réduction des risques. Et donc des épidémies d'overdose. On parlait sur certaines années 70 000 à 100 000 morts par an par overdose. Et pour les un quart à deux tiers du temps, le fentanyl qui serait responsable. Petite note d'espoir pour voir que justement les politiques des drogues permettent de changer les choses. Depuis l'an dernier, c'est la première année où on voit le nombre d'overdoses qui rediminue. Ce serait attribué à l'arrivée notamment plus massive de la naloxone, qui est l'antidote des opiacés, donc qui permet de sauver des vies. Produit qu'on délivre, nous, en salle de consommation, dans tous nos dispositifs de soins et de réduction des risques. Mais aussi l'analyse de produits qui permet aux personnes qui achètent un produit, elles ne savent pas ce qu'elles achètent. On leur vend un produit qui peut être de l'héroïne, mais si on a mis dedans du fentanyl, le risque est énorme de faire une overdose. Du coup, analyser le produit, savoir ce qu'on consomme, permet... aussi de changer la donne et aussi la diffusion de dispositifs de soins et des traitements notamment de substitution des opiacés qui ont permis vraiment de, a priori, ce serait les éléments qui font, et c'est ce qu'on observe chez nous. Alors le fentanyl en France Un peu différent, on a vu qu'on n'a pas tout à fait la même façon de travailler avec les médicaments. On a des prescriptions limitées, on a beaucoup plus de contrôle sur ces médicaments. Ce qu'on observe nous, en salle de consommation par exemple, c'est un détournement des médicaments prescrits, donc du fentanyl prescrit par des médecins. Donc la diffusion, ce n'est pas tout à fait la même. Ce n'est pas des produits alimentés par le marché noir. Mais c'est une crainte chez nous qu'on dérive vers ce marché noir et qu'on arrive avec ce risque de crise et d'épidémie d'overdose. On n'y est pas, heureusement, mais on reste très vigilants. Et les dispositifs comme la salle de consommation ou tous les dispositifs de réduction des risques en France, c'est aussi des dispositifs de vigilance d'apparition de nouveaux produits. L'analyse de produits permet aussi de voir des tendances dans les consommations. Pour conclure, en tout cas, on consomme pour des raisons très variables. La fonction du produit ou d'un comportement, elle est très individuelle. Et on choisit peut-être de consommer, mais on ne choisit jamais d'être dépendant. Et ça, c'est un point qui me semble fort. Et je pense que de façon sociétale, on aurait beaucoup à gagner à travailler sur nos représentations autour des usagers de drogue. Parce que ça nous permet d'évoquer... les consommations plus facilement et ça permet aux usagers d'être traités comme des êtres humains avec leurs droits fondamentaux.

  • Speaker #1

    Merci Camille Brandt. Je donne la parole à Marie-Jeanne Guedj qui est psychiatre et pédopsychiatre. ancien chef de pôle des urgences psychiatriques à l'hôpital Saint-Anne à Paris et fondatrice de l'association francophone pour l'étude et la recherche sur les hikikomori. Vous avez la parole.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup. Je remercie d'abord pour ce magnifique programme et d'y avoir été associée. J'ai trouvé ça remarquable, comme je le disais à M. Bloch tout à l'heure. Donc on m'a invitée dans sa table ronde des nouvelles addictions. pour parler au fond comme à l'envers, au fond comment les addictions poussent-elles à l'enfermement, puisque ce phénomène d'enfermement et de retrait à domicile du jeune, qu'en est-il aujourd'hui ? Plutôt je dirais qu'on assiste à la conjonction dans ce phénomène d'enfermement, avec le mot ikikomori qui a été importé du Japon et qui est devenu d'usage fréquent ici. Donc on assiste à la conjonction des addictions dont je vais reparler, de la possibilité plutôt nouvelle de vivre repliée dans sa chambre avec tout à portée d'écran, ça a déjà été détaillé, et puis de ce phénomène de solitude qu'on constate un peu partout dans le monde puisqu'il y a aujourd'hui des pays qui ont créé un ministère de la solitude, comme la Grande-Bretagne, le Japon. Peut-être d'autres aussi. Alors l'enfermement, la claustration des jeunes à domicile, est-ce une nouvelle addiction ? On peut parler d'une addiction à cette conduite, puisque quand le jeune s'enferme, cette conduite a tendance à se répéter, elle crée de la colère si on l'empêche, mais pourtant elle n'augmente pas forcément. Quand on est enfermé dans sa chambre, on ne s'enferme pas encore plus, je ne sais pas où. Cette conduite d'enfermement est associée très fréquemment à d'autres addictions, le hachiche souvent, mais aussi les jeux vidéo, l'alcool dans une moindre mesure, les jeux vidéo, les écrans, mais je ne crois pas qu'on puisse aujourd'hui parler d'addiction aux écrans, au sens des classifications. Voilà, donc en fait je dirais que c'est une souffrance et un fardeau pour la famille. Le jeune lui-même est comme coupé de ses affects dans sa chambre et ce n'est que plus tard qu'il parlera de sa souffrance. Je retiens une phrase qu'un jeune m'a dite, j'étais en train de couler, personne ne me venait en aide. Cet enfermement, ce n'est pas un diagnostic reconnu dans le DSM, d'ailleurs Ikikomori ça veut juste dire repli à domicile. Le DSM, la classification des maladies mentales, vous savez, parle de idiome culturel de détresse comme si c'était seulement lié à certaines cultures. Or, c'est aujourd'hui un phénomène mondial. En effet, il est décrit dans les cinq continents. A défaut d'un diagnostic, il existe une définition à peu près consensuelle qui a été portée par Alan Théo aux Etats-Unis et Takahiro Kato au Japon qui est de rester à domicile plus de six mois avec peu ou pas de sortie. Les Chinois disent trois mois parce qu'ils disent que quand on est enfermé trois mois, on continue. Et je pense qu'ils ont raison. Donc le deuxième critère, c'est éviter toute vie sociale. 3. Restreindre sa vie familiale. 4. Avoir une dégradation de ses capacités. 5. Éventuellement, percevoir une souffrance en lien avec cette situation. Donc comment peut-on faire un chiffrage de ces situations ? Je vais faire un détour en France par le chiffrage des NIT. Cet acronyme qui veut dire pas d'emploi, pas d'études, pas de stage, qui vient de Grande-Bretagne, N2ET, dès 15-29 ans, ce chiffrage est très éloquent. Les chiffres donnés par l'INSEE et le Bureau international du travail en 2001 sont 12,8% de cette tranche d'âge, donc dès 15-29 ans, donc je répète, sans emploi, sans études, sans stage. un peu moins qu'en Europe, 13,1%, avec en Europe des chiffres beaucoup plus élevés en Italie, 23%, beaucoup plus bas au Danemark, 6%. Ce qui ferait en France 1,4 million de jeunes, plus d'hommes que de femmes, 30% de diplômés d'études supérieures, 30% ne souhaitent pas, je ne sais pas trop ce que ça veut dire, ou ne peuvent pas travailler. En tout cas, 20% sont découragés. Alors dans tout ça, sont-ils repliés à domicile ? Puisque quand même mon propos est centré là-dessus. En 2023, on évalue toujours dans ces organismes officiels, environ 10% hors de tous les radars, on les appelle des invisibles sociaux. Les études varient de 112 000 à 733 000 dans une thèse de sciences de l'éducation qui a été faite à Rennes. Donc ces gens sont hors de tous les radars. Sans doute beaucoup sont repliés à domicile. Pourtant la reconnaissance par les pouvoirs publics est inexistante. Comment les sensibiliser ? Quatre familles de notre association Afiki France Entière ont tenté de toucher députés ou sénateurs en vain. Que demanderait-on si c'était reconnu ? Reconnaître le phénomène de retrait social du jeune, vu la souffrance et l'impact social, favoriser des dispositifs France entière, sûrement une piste à travailler. Alors, je dirais, malgré cette non-reconnaissance ambiante, alors pourquoi s'y intéresser ? Est-ce par romantisme, identification à ce héros solitaire, plus ou moins certain que seul l'enfermement est juste aujourd'hui ? Ainsi, il y a des débats sur le net. Vous serez un jour reconnu, j'ai vu, comme l'homosexualité a été reconnue, vous, Leïki Komori, vous serez reconnu. Ou bien un psychiatre très remarquable qui s'intéresse beaucoup à ça et qui m'expliquait qu'à 20 ans, Étudiant en médecine, il s'est cassé le bras, il est resté trois mois enfermé et il a trouvé ça très bien. Voilà, et du coup maintenant il travaille là-dessus. Alors, est-ce par romantisme ou bien c'est le fait d'être interpellé généralement par l'entourage en souffrance, qu'on est, je pense, obligé d'écouter, donc malgré l'invisibilité de ces jeunes qui ne dérangent pas la société. Alors, pouvons-nous décrire en grande ligne cette situation telle qu'elle est systématiquement rapportée ? La régularité, les articles canadiens, japonais, français, c'est toujours à peu près la même chose. Donc l'enfermement est progressif, sans cause directe, même si on cherche toujours le petit os de poulet qui est tombé sur la tête, comme on disait à un moment donné, ou une rupture. En général, non, non, j'ai jamais vu. C'est progressif. D'abord dans la maison, puis dans la chambre, assortie d'une incurie, d'une saleté excessive. On a parlé hier de diogène. Ou au contraire, d'une propreté excessive, avec de véritables manies de lavage. La nourriture est plus ou moins aberrante. Soit c'est avec les nutriments, les machins. Soit c'est uniquement des pizzas, uniquement des pâtes, uniquement des sushis, enfin... En somme, le jeune finit par imposer tyranniquement son rythme à la famille, bien involontairement je dirais. Le terme de tyran familial est reconnu par les parents. Les parents sont dépassés, terrorisés, culpabilisés. Et bien sûr, de nombreuses heures sur les écrans, comme ils disent tous, pour lutter contre l'ennui. Quand on se lève et qu'on n'a rien à faire, qu'est-ce qu'on peut faire ? on va sur les écrans et avec une coupure du lien avec le corps propre comme disait un collègue italien piotti c'est vivre sans son propre corps que cette vie en permanence virtuelle est-ce un problème issu de l'enfance parfois on retrouve dans l'enfance timidité isolement social très précoce souvent cinquante pour cent quand même dans les études on retrouve harcèlement scolaire et abus parfois on ne retrouve rien d'emblée un enfant joyeux et ouvert puis on ne comprend pas alors je dirais pour ouvrir des pistes une remise en route est-elle possible au fond ce jeune il vit avec une gangue de béton il peut pas avancer sa gangue de béton le protège contre les incitations extérieures mais aussi contre ses propres désirs il faut pas l'oublier une remise en route est-elle possible donc d'abord la souffrance de la famille doit et peut être prise en compte la famille n'est pas responsable mais elle peut beaucoup pour l'amélioration de la situation à condition d'être aidée si elle s'enferme ce qui est assez régulier son enfermement à elle On l'appelle aujourd'hui double hikikomori. Excusez-moi, j'ai une laryngite, je ne sais pas si je vais pouvoir... Les réponses en réseau pluriprofessionnel avec des groupes, des familles qui deviendront expertes sont les meilleures. quelques pistes à partager avec la famille prendre le temps admettre le pas à pas repérer les pressions bien involontaires mais qu'est-ce que tu vas faire en septembre chercher un tiers familial professionnel social tout en restant humble dans un échange mutuel de confiance en fait ce qu'on cherche à retrouver ce n'est pas d'emblée une insertion scolaire, sociale, universitaire. Ça viendra après, mais d'abord un bonheur partagé. Et donc enfin, pour conclure, je dirais que ça pose en tout cas pour moi au moins deux questions éthiques. Peut-on répondre à la seule demande des parents, surtout si le jeune a plus de 18 ans ? Quand les parents viennent décrire la situation de souffrance du groupe, doit-on avoir la démarche médicale classique ? Tant qu'on ne voit pas la personne, on ne répond pas. Bien évidemment, vous avez compris, je ne le pense pas. Je pense qu'il faut répondre à la souffrance du groupe. Et la deuxième question éthique, c'est peut-on prétendre donner des soins en l'absence d'un diagnostic reconnu ? Voilà, merci.

  • Speaker #1

    Merci Marie-Jeanne Guedj. Fata Senadla, vous êtes médiateur de santé PAIR au centre hospitalier de Roufac. Vous avez la parole.

  • Speaker #3

    Merci. Bonjour. Alors on m'a demandé de vous faire une petite présentation très courte de ce que c'est qu'un médiateur de santé PAIR. Je vous rassure, c'était prévu. Je vais faire un petit teaser très court. Alors le médiateur de santé pair s'est inspiré d'un concept qu'on appelle la paire aidance. Les paires aidances ce sont des patients ou des usagers en santé qui partagent leur savoir expérientiel et qui sont vecteurs d'espoir auprès d'autres usagers qui souffrent des mêmes troubles. Le médiateur de santé pair c'est exactement la même chose, sauf que lui c'est un professionnel formé et qui travaille dans des établissements, dans des institutions, ce genre de choses. Si vous voulez savoir les missions et tout ça, on parlerait plus tard si vous voulez, n'hésitez pas. Ça, j'avais pas prévu. Enfin, à voir. Du coup, peut-être avant de commencer sur les nouvelles addictions et la santé mentale, ça c'était pas prévu, enfin j'avais pensé au film, je voulais rebondir sur la pop culture parce que ça me parle aussi et j'aime ça, désolé. Sur Requiem for Dream, je voulais juste rajouter que le film, comment dire, il parle de l'addiction dans un cadre très malsain. Donc déjà, il faut s'accrocher là. Et ça aussi, j'ai trouvé ça plutôt intéressant, ce côté vicieux, malsain qu'entraîne l'addiction. Et il y a de brefs passages où on voit le soin, mais présenté sous une... quand il se fait hospitaliser, par exemple, mais présenté sous une forme très glauque et très négative, en fait, très péjorative. Et aussi les médicaments, genre de sauge, et puis la... Enfin, comment la folie aussi s'installe avec les médicaments. Mais très bon film, très intéressant, je valide. Ensuite j'avais pensé aussi, j'en profite pour placer un peu de pop culture du coup, pour ceux qui connaissent peut-être ou qui sont intéressés, il y a une série assez intéressante qui parle de l'addiction avec l'alcool, une série d'animation qui s'appelle Bojack Horseman, vous trouvez ça sur Netflix et puis il y a aussi une allusion à Miley Cyrus à un moment justement, c'est pour ça que j'ai pensé à cette série que j'ai beaucoup apprécié aussi au passage. Et ensuite j'ai aussi l'idée d'un autre film qui s'appelle Flight. Avec Denzel Washington qui parle aussi de l'addiction et de la drogue. Et dans ce film-là, ce qui est intéressant, c'est que ça engendre une catastrophe, un drame. Et il y a le poids de la culpabilité du coup chez Denzel Washington. Et j'ai beaucoup aimé le final. Alors franchement, ça me démange de vous spoiler la fin. Parce que moi, je l'ai trouvé, j'allais dire magistral spontanément, mais avec un bel enseignement très subtil, très sage. En fait, c'est ça qui m'a parlé aussi beaucoup dans la fin de ce film. Ça c'était la parenthèse pop culture, les nouvelles addictions en santé mentale. En fait je vais essayer de répondre à pourquoi les addictions. Et pour répondre à ça justement je vais me baser et m'inspirer de mon savoir expérientiel que je vais essayer de partager avec vous. Alors je vous fais une confidence, je suis assez habitué de partager mon expérience, des soins, de la maladie, mon cheminement et ce genre de choses. Et j'ai l'habitude d'utiliser le jeu. Et là je vais essayer de ne pas trop l'utiliser, mais comme je vous l'ai dit, de m'inspirer et de me baser. Donc s'il y a du bafouillage, si ce n'est pas très clair, c'est une première. Pour l'instant ça va. Ok. Alors, en fait, je suis parti d'abord d'une phrase célèbre de philosophie. On ne naît pas homme, on le devient. Et d'ailleurs, ça a été dit à un moment, les addictions ne naît pas avec, en fait. C'est pas héréditaire ou ce genre de choses. Et donc, voilà, on ne naît pas avec une addiction, mais on chemine, on avance, on traverse la vie, sa vie avec une addiction. Et donc, pourquoi est-ce que... Pourquoi on en arrive à cheminer avec une addiction ? Alors moi, je dirais, de mon humble expérience, que c'est une réalité qui devenait trop lourde à porter souvent. C'est une réalité qui devient trop lourde à porter avec un contexte, souvent familial, je pense qu'on grandit tous si on a de la chance dans une famille, parce que ce n'est pas donné à tout le monde. Et du coup, il y a des familles, j'allais dire la famille parfaite. Je pense qu'elle n'existe pas, on est plutôt d'accord avec ça, je pense. Et donc, le contexte familial peut entraîner, amener à l'addiction. Le contexte aussi, je dirais, social, c'est-à-dire l'environnement, la classe sociale en quelque sorte. Et après, je vous rassure, il n'y a aucune classe sociale qui est épargnée. Je vous rassure, je dis ça. La classe sociale, ça joue beaucoup. Et puis, qu'est-ce qui va... Qu'est-ce qui nous emmène, pardon, je vais essayer de viter. Le besoin de légèreté et d'évasion. Je parlais de lourdeur et de cotis. En fait, ce qui amène à l'addiction et à la consommation de produits addictifs ou de drogues. J'ai beaucoup de mal avec le mot drogue, je ne vous le cache pas, parce que c'est très connoté péjoratif, enfin c'est stigmatisant à mort. Et étant médiateur de santé père, j'ai parlé un peu familier à mort. Qu'est-ce que je veux dire, je perds le fil. Du coup, c'est très stigmatisant et surtout quand il y a une addiction. Déjà, médiateur de santé-père, moi quand je travaille, j'évite ce genre de posture à tout prix et même dans la vie personnelle, ça apporte rien de mon point de vue. Et voilà, donc je vais essayer d'éviter d'utiliser ce terme-là. Je parlais d'environnement, de drogue, et en fait c'est un paradis artificiel. L'addiction, le produit, crée un paradis artificiel. Il y a un échappatoire face à la lourdeur du quotidien. Et ce qui me vient spontanément aussi, c'est un mot fort, mais qui a pour moi son importance, c'est aussi la violence. Sous toutes ses formes, vous pouvez la prendre comme vous voulez, mais souvent quand il y a violence auprès d'une personne et il y a souffrance, il y a des conduites addictives, j'ai l'impression. On peut en parler, n'hésitez pas, apparemment, c'est prévu. Je suis ouvert au dialogue. Ok. Environnement, période... Est-ce que je voulais dire aussi, tout à l'heure, il a été évoqué la question de l'environnement. Par exemple, une personne qui souhaite arrêter l'alcool, vous n'allez pas lui donner rendez-vous dans un bar. Ça paraît logique. Mais du coup, comment on tombe dans une addiction aussi, il y a l'environnement, mais il y a aussi, je dirais, la temporalité ou la période. de la vie de la personne, c'est souvent la crise d'adolescence, les premiers pétards, c'est à ce moment-là en général, ou l'alcool, ce genre de choses. Donc, être bien attentif, je dirais, à ce qui se passe à ce moment-là dans la vie de la personne. Où elle en est, qu'est-ce qu'elle vit, qu'est-ce qui se passe, être à l'écoute spontanément. Alors ensuite, qu'est-ce que j'ai noté ? Pardon un instant. Alors oui, après, j'ai noté aussi le fait de la disponibilité, de l'immédiateté et de la quantité. Et du coup, ça, ça interroge déjà le... Alors il y a deux choses, j'ai l'impression, qui se jouent à ce moment-là. C'est déjà le plaisir, la notion de plaisir et le rapport au plaisir et de répondre au plaisir. C'est pour ça que je parlais d'immédiateté et de quantité. Et là, on parle aussi, là, je fais allusion surtout à la disponibilité au niveau des smartphones, par exemple, justement avec les applications de messagerie et tout ça. ou le dark web où là c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres clairement c'est tout ce qui a été listé enfin c'est il ya une facilité déconcertante et donc ça c'est aussi une hypocrisie politique mais je reviendrai plus tard là dessus si je... on verra... bref où en étais-je... donc voyez le plaisir du coup interroger son rapport au plaisir et du coup se demander pourquoi quel plaisir et quel Comment dire ? Qu'est-ce que je viens combler ? Parce que souvent, en fait, c'est un palliatif, avoir une addiction, avoir recours à une drogue. Je vois ça comme un palliatif et ça vient combler un manque qui peut être souvent, alors j'ai l'impression, déjà le premier qui nous vient, enfin qui me vient spontanément en tête, c'est le côté affectif, clairement. Après, il peut y avoir aussi le besoin de reconnaissance, le besoin de trouver sa place, le besoin de sentir... J'allais dire vivant, vibré aussi. Et j'avais noté une petite image, un petit exemple, une métaphore sur l'idée du plaisir. C'est un peu... J'avais entendu ça quand ça parlait du thème de la passion. Et la personne utilisait l'exemple de la plante carnivore, avec les insectes, qui est très belle à voir. très attirante, très aguichante, comme ça, avec les couleurs, le parfum. Et puis l'insecte qui vient se poser, et paf ! La gueule se referme, la plante se referme, et là, on est dans l'addiction. Enfin, c'est le côté cage doré, prison. Je trouvais ça assez fort comme image. Donc ça, c'est pour la partie plaisir palliatif. Et... Ouais. Et en fait, ce que j'ai remarqué aussi... Ah, le jet. C'est le côté, comment dire, l'énergie que peut mobiliser lorsqu'on est dans une addiction.

  • Speaker #0

    C'est à dire il est 1h ou 2h du matin, si vous voulez votre produit, vous trouvez l'énergie. Même si vous avez passé une sale journée, assez lourde, chargée, enfin voilà, vous avez dû courir à gauche, à droite. Mais si à 2h du matin ou à 3h du matin, la bouteille n'est pas dans le frigo, on va chez l'épicier en bas, il a intérêt d'être ouvert même s'il est à 5km. Ça va pour le timing ? J'ai aucune idée.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    On va peut-être vous interpeller dans les questions, mais si vous voulez, vous avez parlé en entrée de jeu de père aidant. Oui. Ça sous-entend que vous avez une démarche d'aide auprès des autres. Si vous pouvez préciser en quoi elle consiste et c'est quoi la fonction d'un père aidant ?

  • Speaker #0

    En fait, déjà, il y a plusieurs... Enfin... Selon le profil des personnes, il y a plusieurs paires aidants. Notre outil de travail, moi ce que je dis souvent, c'est soi, c'est soi-même l'outil de travail, de par son savoir expérientiel et tout ça. Après concrètement, au niveau de moi, je travaille en extra-hospitalier, et je co-anime des ateliers thérapeutiques, je fais des entretiens formels, informels, et ensuite il y a aussi des accompagnements de réinsertion psychosociale. c'est-à-dire par le milieu associatif, par exemple les groupes d'entraide mutuel, qui sont les associations d'usagers en psychiatrie. Et après, je fais aussi des visites à domicile, où là, c'est des prescriptions médicales. Et on va évaluer à domicile la demande, le besoin du patient. Et ensuite, on essaie d'améliorer le quotidien et de répondre à cette demande. Je fais des visites à domicile des fois tout seul. Ça m'arrive et souvent en binôme, je précise ça parce que souvent on me dit mais quelle est la différence avec un infirmier ? Et en fait, moi j'ai tendance à répondre que déjà c'est le savoir expérientiel, d'une, la plus-value, et partant de là, quand il y a de la clinique ou quand ça sort de mon champ de compétences, là-dessus je suis au clair et je n'hésite pas à solliciter un collègue infirmier. J'ai jamais l'idée de collègue.

  • Speaker #2

    L'objectif du Père Aidant, c'est de faire sortir de l'addiction ou c'est d'accompagner l'addiction ?

  • Speaker #0

    Alors moi je ne travaille pas que dans l'addiction, c'est la santé mentale en général, ça peut être tout type de pathologie. Après moi le Père Aidant, spontanément j'ai envie de dire, j'aime bien utiliser la définition du mot rétablissement, dans le sens où pour moi le rétablissement c'est avoir une vie épanouissante pour soi. avec ou malgré la maladie. Pour moi, le rétablissement, c'est vraiment quelque chose qu'on n'impose pas.

  • Speaker #2

    Le rétablissement, comment vous définissez le rétablissement ? Est-ce un retour à une activité professionnelle ? Comment ça se définit le rétablissement dans ce domaine ?

  • Speaker #0

    J'aime bien votre question parce que j'ai tout de suite une image qui me vient en tête. Je vois le rétablissement, enfin oui, une image, comme quelque chose de vertical, on se sent aligné, on est debout, on est droit et on avance, malgré la maladie ou pas.

  • Speaker #2

    Ok, un grand merci Fata Senadla pour votre... Avant de donner la parole à la salle, j'avais une question pour Jean-Victor Blanc. Vous avez parlé d'enseigner. Or, c'est vrai que je suis votre aîné, mais... Je ne me souviens pas dans mes études de médecine d'avoir été confronté à un quelconque degré d'enseignement. Est-ce que les choses ont changé ? Est-ce qu'au cours des études de médecine d'infirmier, est-ce que vous êtes confronté au fait de venir donner des cours et de céder de votre expérience aux professionnels de santé en formation ?

  • Speaker #1

    Bien sûr. Ce qui est intéressant aujourd'hui et que j'aime bien répliquer dans différents milieux, c'est que dans le cadre des étudiants en santé, à la fois utiliser les films et leur faire comprendre ce que c'est que la santé mentale, les troubles psychiques, l'addiction, ça fait partie normalement du B.A.B.A. parce qu'ils seront confrontés à des personnes qui vont avoir un trouble de santé mentale. On sait qu'en médecine générale, c'est un tiers des consultations. Pourtant, ce n'est pas assez enseigné à la fac, ça c'est certain. Mais donc, ça fait partie de l'enseignement qu'ils devraient recevoir. Mais aussi, on sait que les étudiants en santé, ils sont concernés en tant qu'étudiants et en tant qu'étudiants en santé par des troubles de santé psychique. On en voit beaucoup. C'est vrai qu'avec des choses, moi, quand j'ai commencé, donc ça fait dix ans que je suis diplômé. Donc, il y a une quinzaine d'années, j'étais interne. C'était assez rare d'avoir des étudiants en médecine qui avaient un tiers temps ou une spécificité qui fait qu'ils avaient une... pour les stages, etc., un aménagement pour un trouble de santé psychique. Alors qu'aujourd'hui, quasiment sur chaque promo, il y a beaucoup, plusieurs étudiants et beaucoup dans le service qui ont des... Donc, on voit bien qu'il y a de plus en plus de troubles psychiques aussi chez les étudiants en santé. Et donc, leur parler de santé mentale, c'est aussi un encouragement et un moyen de leur faire aussi prendre conscience que peut-être eux-mêmes sont concernés et comment ils peuvent se faire finalement aider. Donc, ça, c'est quelque chose qu'on voit dans le cadre de la santé en formation continue. Enfin, initiales, mais aussi en formation continue. Les professeurs de santé sont plutôt à risque d'avoir des troubles de santé psychique. Mais c'est aussi quelque chose qu'on peut répliquer dans d'autres sphères, comme le cinéma, avec l'utilisation de la pop culture.

  • Speaker #2

    Madame Camille Brandt, vous avez initié votre propos en parlant des zones de consommation en moindre risque, qui ne sont pas sans poser de problème avec, dans la société française, des gens qui s'y opposent. en disant les intoxications par les drogues sont nuisibles sur le plan sont neurotoxiques et accompagner la neurotoxicité en disant venez par ici ce sera plus facile d'obtenir les drogues c'est une certaine manière de les abandonner et puis il ya d'autres gens qui disent toute façon ils vont se droguer donc autant vaut que ce soit dans des zones où ils seront plus accompagnés. Quelle est votre position par rapport à ça et comment justifiez-vous ? Est-ce que vous pensez qu'il faut multiplier les zones ? Je sais qu'en particulier à Paris, il y a de la contestation. Où est-ce qu'on les met ? Comment on fait le voisinage entre ces zones-là et les gens qui y habitent ?

  • Speaker #3

    C'est une question importante qui nous est très souvent posée. Je vais dire... Notre position à l'ITAC, mais pas que la nôtre, parce qu'on fait partie quand même des dispositifs qui sont très évalués par des dispositifs très sérieux comme l'Inserm. Donc, nos dispositifs, c'est quelque part. Alors, je tiens à préciser qu'on n'accompagne pas l'accès aux produits, mais les personnes arrivent avec leurs produits. Donc, on va fournir un lieu de consommation en sécurité et qui va agir sur différents niveaux. On parle souvent de tranquillité publique. A priori, je pense que tout le monde préfère que la consommation ne se fasse pas dans un square où il y a des enfants et que ça se passe plutôt dans des lieux dédiés. Après, on peut parler de coûts sur l'économie globalement du pays avec les coûts des soins parce que les conséquences des consommations peuvent amener des soins très lourds et des hospitalisations. Et donc si on évite des passages aux urgences, si on évite... Donc ça, c'est des éléments sociétaux très clairs. Après, il y a du respect, et ce qui nous paraît prépondérant, de la condition humaine. Ce n'est pas parce qu'on a une consommation qu'on n'a pas le droit d'accès aux soins, l'accès aux droits fondamentaux. Et c'est ce qu'on propose en fait dans nos structures. Ce n'est pas juste consommer, c'est offrir des espaces d'accueil avec la possibilité de soins. de la possibilité d'hébergement aussi maintenant. Et donc voilà, tous les voyants globalement dans toutes nos évaluations sont au vert sur des indices de tranquillité publique, d'économie, d'accès aux droits, d'accès aux soins. Et donc il y a... Il n'y a que deux salles de consommation malheureusement en France. Des dispositifs qui ont été très avancés, qui ont été bloqués pour des raisons politiques, on va le dire clairement, sur des sujets qui ne sont pas adaptés. Donc on va dire à Paris, donc déjà eux aussi sont voyants au vert par rapport à la tranquillité publique et sécurité. Mais on va entendre quelques voix qui sortent de là plutôt... Voilà, des faits journalistiques, on peut le dire comme ça. Et Paris n'est pas comparable à chez nous, par exemple, parce que le nombre de salles de consommation n'est pas adapté pour le bassin de population. Je pense qu'à Strasbourg, on est tous d'accord pour dire que ce n'est pas vraiment une question. La salle de consommation, je ne sais pas si vous savez où elle est, elle est en tout cas dans l'hôpital civil. On n'a pas de problématique de voisinage et on est aussi plus adapté par rapport à notre bassin de population. Donc pour répondre à l'offre, il faut aussi s'adapter à la population. Voilà. Je ne sais pas si j'ai répondu,

  • Speaker #1

    mais c'est...

  • Speaker #2

    Mais que répondez-vous à la critique qui vient dire, OK, pour notre tranquillité à tous, on les abandonne en leur donnant, dans un coin quelque part, ce qu'il leur faut, en facilitant le fait qu'ils aient accès à des produits addictifs. Qu'est-ce que vous répondez à l'accusation d'abandon de ces gens-là ?

  • Speaker #3

    J'ai envie de les inviter, de leur montrer que ce n'est pas de l'abandon justement, parce que c'est un dispositif très dense en accompagnement. Et c'est peut-être une phase, en tout cas, c'est plutôt s'adapter au possible en fait. Pour certaines personnes, comme on le disait, juste dire, c'est soit continuer, soit sevrer, c'est les seules options, soit et si tu continues, on t'abandonne et on ne fait rien. Là justement, pour moi, ce n'est pas de l'abandon, c'est quelque chose de... densifier le suivi et proposer une offre de soins. Parce qu'on peut peut-être, on a envie de traiter son hépatite C avant d'arrêter la consommation. Et peut-être que justement, côtoyer des professionnels de santé, ça peut susciter de l'envie de changer ses consommations. Et c'est ce qu'on observe aussi. Pas toujours, mais on peut l'observer.

  • Speaker #2

    Aurélien ?

  • Speaker #4

    Juste avant de laisser la parole au public, une toute petite anecdote et une question. En tant que neurologue, j'ai vu fin août un jeune homme avec des troubles de la marche très sévères dans un contexte de consommation de protoxyde d'azote. Je l'ai envoyé à l'hôpital. Fin octobre, j'envoie un second. Je me dis bon, je l'envoie à l'hôpital. Donc, carence en vitamine B12. C'est ce qu'on trouve dans les siphons qu'on utilise pour faire les recettes de Top Chef. Et puis voilà qu'arrive il y a trois semaines un mois une troisième personne qui arrive et qui sait flinguer la moelle et les nerfs. Donc un tableau très sévère avec quelqu'un qui peut à peine marcher, quelqu'un qui est plus jeune que vous tous ici. Et en réalité j'appelle l'hôpital et l'hôpital me dit on n'hospitalise plus ces patients, ils sont trop nombreux. On voit directement avec la rééducation. Alors je ne sais pas si mon expérience est représentative de ce qui se passe. en France, mais j'ai vu davantage de patients handicapés par le protoxyde d'azote en 4 mois que de développement d'une sclérose en plaques par exemple. Donc j'imagine qu'il y a peut-être un biais statistique ou un biais d'observation, mais est-ce que vous retrouvez aussi cette émergence-là de complications qui, ma foi, je ne sais pas comment ça va évoluer, j'ai pas encore suffisamment de recul, c'est assez précoce, mais c'est très inquiétant sur le plan d'observation.

  • Speaker #1

    Effectivement, on en voit de plus en plus arriver, notamment via les urgences. Après, c'est vrai que c'est un petit peu irrégulier. On a du mal à savoir si c'est vraiment une augmentation. Mais je sais que nous, on a eu un petit peu ça il y a un an et demi, avec vraiment une série de cas, on s'est dit bon. Et là, finalement, il y en a un petit peu moins. Alors, je crois que c'est officiel. La vente du protoxyde d'azote vient d'être interdite depuis... Ah voilà, à partir de 2026, donc encore un petit peu de... de temps. Après, sur les difficultés d'accès aux soins, c'est vrai que c'est un challenge du quotidien. Après, pour parler au niveau local à Paris, souvent c'est plus facile pour le coup de mettre en place des soins en addictologie qu'en psychiatrie. Alors que ça peut paraître un peu paradoxal, mais là où en psychiatrie hospitalisée, c'est extrêmement compliqué, avec des listes d'attente très longues, beaucoup de patients qui restent aux urgences, etc. Pour ce qui est de la dictologie et les soins, on va dire la jonction avec les soins somatiques, ça fonctionne encore un peu. Mais clairement, c'est là aussi un terrain, une expérience, une observation de terrain.

  • Speaker #4

    Merci. On va maintenant laisser la place aux questions du public.

  • Speaker #5

    Merci pour vos interventions. Merci aussi aux organisateurs pour ce beau forum. Alors moi, je voulais, Dr Blanc, avoir un approfondissement d'une réflexion que vous aviez précédemment et un approfondissement peut-être par vous toutes et tous. Plus de 20 ans que nos politiques publiques successives ont détricoté un bien qui nous est commun, notre système public de santé. Et avec un enjeu d'augmentation de la prise en charge, notamment par les populations vieillissantes et par les troubles de santé mentale qu'on évoquait aussi ici, dont l'incidence ne fait qu'augmenter. Et avec une baisse de la démographie médicale, quels sont aujourd'hui les moyens qui sont mis à votre disposition par les politiques publiques ? Je pense au ministère de la Santé, je pense aux agences régionales de santé pour faire de la détection. de l'addiction dans vos professions et de l'accompagnement pour faire en sorte qu'on puisse prendre soin aussi de vous. Parce que si vous n'êtes plus là, qui prendra soin de la société après ?

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour cette question et ce retour. Honnêtement, le constat n'est pas très positif. Ce qu'on sait, notamment là, actuellement, avec la valse des gouvernements, il n'y a aucune lisibilité. clairement sur une politique de santé publique, quelle qu'elle soit. Honnêtement, c'est assez risible. Pour le festival, on s'est dit la première année qu'on voulait avoir le haut patronage du ministère de la Santé. Puis en fait, sur rien que la temporalité d'un événement annuel, ça change pluriannuellement. Donc en fait, c'est plus personne, en tout cas la plupart des gens qui sont en maille directement avec le gouvernement, eux-mêmes n'arrivent pas à suivre. Donc quand on est un petit peu plus loin, moi je suis agent du service public, donc voilà, je n'ai pas de contact direct avec le ministère, mais c'est... C'est une telle valse et on sait que quand le gouvernement change, c'est l'immobilisme pendant environ deux mois après. Donc ça laisse assez songeur sur le fait qu'il n'y a plus tellement de pilotes dans l'avion au niveau du ministère depuis maintenant plusieurs années. Donc on a beaucoup de mal à avoir une prise de conscience finalement de cette urgence. 2025 est censé être l'année de la grande cause nationale pour la santé mentale. Ça a été rappelé et confirmé par le gouvernement Bayrou. Mais pour l'instant, là aussi, on n'a pas encore de traduction, que ce soit en termes de communication, puisque c'était ça l'essentiel, ni de financement. Donc, ce qu'on essaye de faire, c'est finalement au niveau local, essayer de trouver des stratégies. pour faire émerger des solutions, pour mettre en valeur des choses innovantes comme effectivement les médiateurs de santé paire. Et puis aussi, ce en quoi je crois beaucoup, c'est en fait la prévention et l'éducation. Et notamment, c'est aussi pour ça que j'utilise quelque part le cinéma, les séries. Mais aujourd'hui, Netflix a plus d'écoute, est plus écoutée, plus prise au sérieux aussi parfois que certaines prises de parole et aussi a beaucoup plus de moyens. Donc, en fait, éduquer la santé mentale avec une série Netflix, c'est beaucoup plus efficient. Alors après, ça pose d'autres questions parce que Netflix n'est pas un organisme gouvernemental. Mais au moment où cette place-là est laissée vacante et puis maintenant, depuis, comme vous le dites, depuis des années, c'est aussi un constat de réalité qui va être d'utiliser autre chose pour communiquer parce que malheureusement, on ne peut plus attendre une éventuelle prise de conscience.

  • Speaker #2

    Est-ce que ce n'est pas dû, cette espèce de flou de la part du gouvernement, au fait qu'il n'y a pas de philosophie par rapport à cela ? Est-ce qu'on a un cahier des charges ? Est-ce que le fait de changer de bord politique ne fait pas qu'on passe d'une philosophie à une autre ? Parce que si c'est ça, c'est extrêmement grave.

  • Speaker #1

    Honnêtement, ce n'est pas très réjouissant comme constat, mais ce qui est compliqué, c'est que pour l'instant, on a l'impression que les politiques publiques ne s'adosent déjà pas à la science. Ne serait-ce que l'exemple des salles de consommation, toutes les études montrent un bénéfice. Évidemment, ça ne supprime pas le problème, mais ça montre qu'il y a moins de mortalité, moins de morbidité chez les usagers, qu'au niveau du voisinage, ça améliore les choses, etc. Et pourtant, ça bloque pour des raisons uniquement politiques. Et c'est vrai que ça peut paraître risible, se dire qu'à Paris, il y a une salle pour toute l'île de France. Et forcément, elle est débordée. Et donc, il y a des gens autour qui n'ont pas que ça, la salle, et qui donc consomment. C'est tellement trivial. Et pourtant, il y a des blocages. Donc, effectivement, et pour l'instant, la plupart des prises de parole qu'il y a eu sur le gouvernement, sur la question spécifique des addictions, c'est uniquement la répression. Et on sait très bien que ça ne fonctionne pas. Après la question de l'addiction et des substances, elle n'est évidemment pas que médicale. Et loin de moi de dire que ce serait que un problème médical. Et que donc, par exemple, la question de légaliser les produits. Honnêtement, c'est une question qui est très complexe et qui appartient à l'ensemble de la société, pas que aux médicales. Évidemment, néanmoins, voir les choses que par ce boulot de la norgnette, c'est un peu ce qui s'est passé aux États-Unis avec la crise des opioïdes qu'ils ont eu derrière. Donc, on ne voit pas tellement, à part sur de la démagogie et du calcul politicien, d'où vient cette stratégie de uniquement criminaliser les usagers et les renvoyer en précarité. Donc, là aussi, c'est... Triste constat.

  • Speaker #6

    Bonjour, merci pour cette conférence qui est très intéressante. Je suis maman d'un jeune homme qui a 24 ans, qui souffre de schizophrénie, qui a testé plein de produits. Actuellement, il est accro à la cocaïne. Il y a un vrai souci, c'est qu'à plusieurs reprises, il a souhaité arrêter. En revanche... Les rendez-vous qui lui sont proposés sont très éloignés et il change d'avis. Un mois et demi après, il change d'avis. Donc, je trouve qu'il y a une problématique au niveau de la prise en charge. Si elle est trop tardive, on va vers une perte de chance pour l'usager. Et bon, actuellement, il a la chance de pouvoir aller chez ALT. Mais c'est un en combat.

  • Speaker #2

    Accès aux soins pour les personnes qui sont en souffrance psychiatrique, mais aussi en besoin de drogue ou de produits psychoactifs.

  • Speaker #3

    J'ai envie de vous dire, vous avez tout à fait raison, c'est vraiment très peu satisfaisant, voire impossible, de dire qu'on a des délais à 2, 3, 4 mois. Et arrivent ces questions-là, et on est dans la situation à Strasbourg, mais c'est pareil dans toute la France, des structures complètement débordées, des fois par manque de professionnels, des fois par manque de moyens par rapport aux demandes. Mais vraiment, cette temporalité-là, elle n'est pas acceptable en addictologie, je suis complètement d'accord avec vous. Mais les structures arrivent à fermer des fois des moments complètement, les accueillent parce qu'elles ne peuvent pas répondre. accueillir tout le monde et donner des rendez-vous une fois qu'elles sont admises. À 3-4 mois, pareil, il n'est pas du tout satisfaisant. Donc c'est très frustrant. Je trouve que c'est terrible pour les usagers, c'est terrible pour les professionnels parce qu'on se retrouve quand même, tous nos collègues, au téléphone des personnes qui ont des demandes plus que légitimes. Et donc nous, on fait remonter ces demandes-là. Mais effectivement, en vue des financements qu'on observe, ça ne va pas du tout dans un sens de... d'augmenter par rapport à la réalité des besoins. Je crois que sur l'année 2020, je ne sais plus si c'est 2023 ou 2024, il y avait sur Strasbourg uniquement plus de 500 demandes qui n'ont pas pu aboutir de demandes de personnes qui étaient en demande de soins. Parce que là, on a quand même cette image de dire les gens qui ont une problématique addictive ne veulent pas se soigner. Ce n'est pas la réalité. Nous, on voit aussi tous ceux qui veulent se soigner à qui on ne répond pas. Et c'est terrible.

  • Speaker #5

    Bonjour, merci à vous pour vos interventions. Je voulais vous poser une question plutôt d'ordre systémique. C'est-à-dire, je vais revenir sur la métaphore de la souris dans sa cage, à qui on a enlevé et qui finit par développer ses comportements. Et c'est quelque chose qui résonnera auprès de toute personne qui a eu de près ou de loin un rapport à l'addiction. J'aimerais avoir votre avis sur les violences systémiques qui ont toujours été évoquées, mais jamais explicitées, lesquelles sont ? Parce qu'on suppose qu'elles sont présentes dans le monde du travail, dans l'éducation, dans le cercle familial. Je pose cette question puisque la prévention montre ses limites. Quand on est au stade de la guérison, c'est déjà trop tard. Donc quels sont les leviers de manœuvre ? Quelles sont les violences qu'on doit montrer et qu'on doit combattre pour justement ne plus être face à ce cadre et justement prévenir de manière, je pense, plus pérenne et plus efficace les addictions ? Merci.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. C'est une question qui est très intéressante. Dans ce qu'on sait qui est associé finalement à des détails... des déterminants de santé et donc l'addiction. On va retrouver tout ce qui va être violence physique et sexuelle, notamment dans l'enfance, qui sont des grands facteurs de vulnérabilisation des individus et qui, à la fois, c'est dès le début de la vie, ça a des conséquences sur, finalement, toute une vie potentiellement, même si, évidemment, c'est possible ensuite le rétablissement et que ce n'est pas toutes les personnes qui ont été victimes qui vont développer un trouble, mais néanmoins, c'est un facteur de risque important. Donc, on espère que là aussi... les efforts qui sont faits, en tout cas la levée d'un certain tabou et le fait qu'on en parle plus, va quand même avoir des conséquences positives, mais évidemment ce sera sur les générations futures. Après on sait que tout ce qui va être également précarité dont on a parlé un petit peu, ne serait-ce qu'il y a une étude assez intéressante et là aussi c'est quand même dommage que ces études-là ne soient pas utilisées au niveau politique, mais une étude qui a montré au moment du changement de politique du RMI au RSA, qu'une augmentation de 10% de la précarité se traduisait par une augmentation de la prescription des opioïdes en France. Et c'était département par département. Donc pour le coup, ce n'est pas la situation aux États-Unis. Et ces deux facteurs, l'un vient des données de la Sécurité sociale, l'autre venait de la politique financière d'allocation. Donc je veux dire, c'est quand même assez robuste au niveau scientifique. On voit qu'il y a vraiment cette augmentation, alors qu'en plus, on se dit que c'est quand même des médicaments qui sont prescrits par des médecins. Donc, il n'y a pas forcément, encore une fois, le médecin ne se dit pas, ah bah tiens, c'est la réforme de RSA, je remets ma dose de codine. C'est assez impressionnant. Donc, c'est vraiment ce type d'éléments. Après, on va retrouver aussi tout ce qui va être discrimination de genre, discrimination ethnique et raciale, discrimination sur l'orientation, etc. Donc, on sait que tout ça, cumulé notamment, peut faire que certaines personnes vont être... plus souvent concernés par les problèmes d'addiction.

  • Speaker #2

    Ombre, Camille Branche ?

  • Speaker #3

    Oui, ce que j'aurais pu dire, c'est pour ajouter peut-être quelque chose de jamais banalisé, en fait, et ça passe par former les professionnels en permanence aussi, les sensibiliser à reconnaître. Chez nous, en pratique, avec un public qui peut être en grande précarité, c'est aussi des accompagnements aux dépôts de plaintes, parce que... C'est tellement banal d'être l'image d'être agressée ou de subir des violences sexuelles pour l'accès aux produits. En tout cas, c'est plus facilement de travailler l'accès aussi aux dépôts de plainte. Et puis aussi, le travail avec les forces de police, qui ont quand même fait beaucoup de progrès sur l'accueil des dépôts de plainte. Et nous, on ne baisse pas la garde non plus quand on observe des situations qui ne vont pas. Donc, jamais banalisé, en fait.

  • Speaker #7

    Bonjour, merci pour votre intervention. Tout le monde connaît cette phrase, la folie c'est de toujours répéter la même chose et d'attendre un résultat différent. En France, on met beaucoup l'accent sur la répression et sur la culpabilisation. On le voit encore aujourd'hui avec les interventions du Premier ministre qui culpabilise les consommateurs. Alors que par exemple l'exemple du Portugal est assez marquant, ils avaient de gros problèmes de transmission de MST et de décès suite à la vague d'héroïne des années 90, ils ont dépénalisé le produit et ils ont eu une chute drastique de la consommation parce que dans la dépénalisation aussi il y a le fait de cet attrait à l'interdit qu'on en digue aussi et de rediriger l'argent public qui est donné sur la répression. à l'aide, le soin et la prévention. Et du coup, je voulais savoir quelle était votre vue là-dessus, sur la dépénalisation des produits. Et est-ce que vous avez aussi une fonction, vous, de conseil au niveau des pouvoirs publics pour changer justement cette vision, sachant qu'il y a une très très grosse hypocrisie autour de ça, et notamment dernièrement, quand ils parlaient, le jour où ils ont dit que les consommateurs avaient du sang sur les mains. Le majordome de Matignon a été retrouvé avec 50 grammes de cocaïne. Je pense que ce n'était pas pour sa consommation personnelle. Je trouve qu'il y a une très grande hypocrisie sur la consommation, sachant que toutes les sociétés ont toujours consommé. Il y aura toujours de l'addiction, il y aura toujours de la consommation. Mais plus il y a de la prévention, plus on peut aider les gens à consommer peut-être sainement et à moins tomber dans l'addiction. Je voulais juste savoir ce que vous en pensiez. Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    En d'autres termes, je rajouterais à cette question une question qui pourrait nous permettre de conclure. Est-ce que les addictions augmentent ou est-ce que, comme le dit monsieur, elles ont toujours existé et elles seraient stables ou est-ce qu'elles augmentent ?

  • Speaker #1

    Je crois que vous vouliez intervenir sur la question de Claire Gage. Non, je voulais intervenir sur autre chose.

  • Speaker #6

    Je ne passe pas sur la réponse directe.

  • Speaker #1

    Alors les addictions, elles augmentent plutôt et notamment avec des nouvelles formes de comportements addictifs, notamment là aussi pris dans quelque chose d'assez, comment dire, systémique. On sait qu'aujourd'hui il y a toute une économie qui repose sur l'addiction, ce qu'on appelle le capitalisme limbique, où en fait nos comportements de consommation sont aussi quelque part aiguillés. par des mécanismes propres de l'addiction, la récompense immédiate, etc. On le voit sur les réseaux sociaux, on le voit à différents endroits de nos vies, sur les achats, etc. Après, vaste question, celle de répression, dépénalisation.

  • Speaker #0

    Disons que ce qu'on sait, c'est que la prohibition, ça n'a pas fonctionné. La pénalisation des usagers, la culpabilisation des usagers non plus. Néanmoins, c'est ce qui est politiquement le plus facile, parce qu'il suffit de dire que c'est la faute des consommateurs, c'est la faute des dealers, sans s'attaquer finalement aux racines. Après, ce qui est compliqué aussi en tant que médecin, c'est qu'on sait que si les produits, et notamment à priori le cannabis qui serait le premier à être dépénalisé, ça se fera surtout pour des questions économiques. Avec déjà beaucoup d'investissements et un effet de lobbying fort, les produits qui sont légalisés, que sont le tabac et l'alcool en France pour le moment, c'est quand même des lobbies qui ont plutôt tendance à essayer de supprimer les messages de santé. et essayer de favoriser leur part de marché en poussant à la consommation. Donc, je vois ça d'un œil, en tout cas ma réponse personnelle, elle est quand même complexe, parce que justement, on sait que si c'est dépénalisé, ce sera probablement pour des raisons économiques, alors même que, on le sait, et ça c'est important aussi, malgré le fait que le tabac et l'alcool, ça rapporte beaucoup d'argent dans les caisses de l'État, notamment de l'argent immédiat, puisque c'est des produits qui sont très fortement taxés, néanmoins, sur le moyen et long terme, ça... coûte beaucoup plus cher à la société. Donc même ce calcul-là de se dire, finalement, ça rapporte parce que le paquet de tabac, il est cher, etc. En fait, les cancers, notamment, tels qui sont pris en charge avec des questions de sustainabilité qui vont se poser combien de temps la sécurité sociale va pouvoir aussi soigner les conséquences. Et à un moment, il y aura peut-être un arbitrage qui se fera. Donc voilà, une réponse un peu de psy, pas très marquée. pas très, en tout cas difficile d'y répondre de manière très simple.

  • Speaker #1

    J'avais encore une question sur cet enfermement et sur la solitude qui alors sont véritablement un phénomène nouveau, qui n'existait pas il y a 50 ans. Donc vous dites que c'est un phénomène mondial. Je n'arrive pas à admettre qu'il... Il pourrait s'agir d'une pathologie organique qui tout d'un coup serait apparue dans l'espèce humaine. Donc il s'agit d'un comportement nouveau qui n'est pas organique et qui est une réaction à nos sociétés. Y a-t-il un point commun aux familles dans lesquelles ça se produit ? Un enfant qui se met à s'enfermer et à qui on finit par amener alimentation et tout ce qu'il faut dans sa chambre, au lieu de lui dire, si tu ne sors pas de ta chambre, tu n'auras pas à manger, tu finiras par sortir. Donc, est-ce qu'il n'y a pas dans ces familles quelque chose qui explique ces nouveaux comportements qui n'existaient pas autrefois ?

  • Speaker #2

    Moi, je voulais d'abord répondre à la dame dont l'enfant est schizophrène, est cocaïnomane et peut-être de temps en temps enfermé. On est tous d'accord sur le défaut de réponse aujourd'hui. Entre le Japon et la France, apparemment, curieusement, les courbes sont inversées dans le nombre de pédopsychiatres qui a cru multiplier par 10 au Japon pendant qu'il est divisé par 10 en France. Et donc ça fait pédopsychiatre et psychiatre un défaut de cette réponse dont vous parlez. Mais je ne suis pas désespérée moi de nature et je pense qu'il y a plutôt à s'appuyer sur les pères aidants, sur les familles, sur les groupes et aussi à reprendre précautionneusement l'itinéraire parce que parfois on s'énerve ou il y a une incompréhension de type presque psychologique avec quelqu'un. Alors que ce n'est pas le problème, il n'y a pas vraiment un refus de prendre en charge. Donc c'est une attention permanente entre le thérapeute, la famille et le patient pour arriver à ce que des soins soient donnés en s'appuyant sur ce qu'on a aujourd'hui. Et je dirais aussi, par exemple, le téléphone portable aujourd'hui, Quand on est psychiatre, on a tout le temps des SMS le dimanche soir à 10h du soir. Au début, on s'énerve et après on se dit que c'est mieux ça que d'avoir une catastrophe le lendemain matin. Donc il y a quand même des nouvelles pistes assez intéressantes. Maintenant, la question de la solitude. Au niveau du fait que c'est mondial, c'est très étonnant parce que c'est l'Ouganda, le Nigeria, la République d'Oman, l'Arabie Saoudite. la Nouvelle-Zélande, l'Australie, bien entendu Corée, Chine, Japon, Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Suède, Italie, beaucoup Italie, France aussi, à tel point qu'au Danemark, il y a un psychiatre qui a fait un article récemment en disant c'est bizarre, mais nous on n'en a pas, réveillez-vous les psychiatres, il doit y en avoir et on ne les voit pas Donc c'est vraiment mondial. Alors le point commun... de nos sociétés et des familles, je dirais qu'il y a eu beaucoup de choses qui ont été cherchées. Au début, on a dit que c'était un défaut d'amour, un défaut d'affection, un défaut de circulation dans la famille. On s'est aperçu que non. C'est plutôt ce qu'on appelle en psychiatrie des troubles de l'attachement, c'est-à-dire un lien, comme il y a dans les addictions, un lien très particulier avec la peur de l'autonomie de tout le monde. Je disais à une maman l'autre jour, alors un peu de bonheur partagé avec votre enfant qui a 23 ans, elle me dit il n'y en a plus, il n'y en a plus, il n'y en a plus. Alors évidemment, elle n'y en a plus, elle ne le voit plus du tout. Et donc au niveau mondial, il y a quand même la culture du danger extérieur. C'est mondial, il y a eu un article dans Le Monde il y a deux ans je crois, qui disait où sont passés les enfants des rues. Il n'y a plus d'enfants dans les rues parce que les rues sont peuplées de pédophiles, d'assassins, etc. On a peur tout le temps. Donc, il y a une façon de dire à l'enfant, il vaut mieux que tu sois à la maison, au moins, même si tu prends des drogues, même si, même si, au moins, je vois ce que tu fais, je vois ce que tu es, tu ne cours pas le risque extérieur. Et ça, c'est mondial. Et puis, il y a aussi, dans ces familles, parfois, c'est assez touchant, parce que ça arrive à... À la surface, un parent qui est malade ou qui a été malade, et l'enfant qui reste comme dans une sorte de peur qu'il arrive quelque chose à son parent, sauf qu'il ne va pas le dire. Ça se voit notamment dans les violences conjugales. Le garçon qui reste parce qu'il a peur que le père vienne taper la mère. Et ça n'apparaît pas dans les premiers temps. Je ne sais pas si je vous ai répondu.

  • Speaker #1

    Aurélien,

  • Speaker #3

    dernière question. Privilège de la dernière question. Il y a évidemment des déterminants sociaux, culturels très importants dans l'addiction, mais il y a également des déterminants parfois biologiques. On en a parlé hier un petit peu avec ces médicaments dopaminergiques qui défraient la chronique actuellement contre la maladie de Parkinson et qui sont à même de susciter l'addiction. L'idée d'un médicament qui permet de sortir de l'addiction, c'est aussi un peu... une arlésienne dans la médecine, mais on entend parler des analogues de la GLP1, notamment on a entendu parler du baclophène. Alors pour finir, peut-être sur une note un peu d'espoir, ou en tout cas même avec un petit trait d'humour, ça me fait penser au dessin où le patient dit j'ai besoin d'aide, j'arrive plus à arrêter les médicaments, et le médecin qui lui dit je vais vous prescrire un médicament pour arrêter. Est-ce que c'est quelque chose qui a de l'avenir ? Est-ce que vous avez l'impression qu'on va arriver peut-être aussi à aider les patients avec des aspects aussi médicamenteux ?

  • Speaker #0

    On espère, on espère. Alors, je vais essayer de faire une réponse la plus positive possible, parce qu'en plus, c'est plutôt ma nature. Mais il faut savoir quand même que, contrairement à ce qu'on pense souvent et ce qui est souvent relayé dans les médias, les laboratoires pharmaceutiques investissent très peu, voire plus du tout dans la santé mentale, parce que ce n'est pas rentable. Donc, cette idée qui voudrait que les pathologies en psy soient des inventions des labos. Franchement, si c'est une pension, ils n'en sont pas très satisfaits parce que la plupart des grands labos ont complètement déserté la recherche et le développement sur des médicaments en psychiatrie. Pour plein de raisons, parce que c'est difficile, parce que c'est moins financé aussi par mécanisme. C'est le gouvernement, quelque part, qui aiguille aussi la recherche. Et en ce moment, c'est beaucoup tout ce qui est pathologie oncologique, donc les cancers et les pathologies rares qui rapportent. Donc, c'est là que l'investissement se fait. Donc, on n'a pas beaucoup, beaucoup de choses en stock. Ce qui, pour le coup, il y a quand même une note d'espoir assez positive et on sort un peu de pied de nez, puisque aujourd'hui, les promesses les plus importantes sur le développement de médicaments en addicto et en psychiatrie, c'est les psychédéliques. Donc, une autre drogue. Pour le coup, ça répond un peu à votre cartoon. Il faut savoir que dans les pistes les plus prometteuses, on est en train en ce moment, alors en France, c'est à Paris et à Nîmes, il y a eu beaucoup ça aux Etats-Unis, sur la psilocybine, qui est donc une substance issue d'un champignon, qui est un champignon hallucinogène, qui a montré dans beaucoup, des centaines d'études, des effets très importants. sur le traitement de l'addiction, sur le traitement de la dépression, du trouble de stress post-traumatique, du trouble anxieux également, le LSD, la MDMA, qui sont utilisés. Alors attention, pour partir, en plus c'est le take-home messages, attention, ce n'est pas un usage récréatif, c'est un usage dans le cadre de ce qu'on va appeler des psychothérapies augmentées, c'est-à-dire que c'est dans le cadre d'un protocole de soins que la substance est administrée. avec du coup un travail en psychothérapie en parallèle, avec des doses qui sont aménagées, qui ne sont pas les doses utilisées à visée récréative et donc n'ont pas les effets non plus délétères qu'on peut retrouver chez les usagers récréatifs. Mais c'est aujourd'hui, alors là peut-être pas, mais en tout cas une des pistes les plus avancées de recherche. Et c'est vrai que c'est assez impressionnant. dans les congrès en ce moment de psychiatrie, d'addictologie. On parle peut-être pas que de ça, mais quand même beaucoup, beaucoup de ça. Donc, s'il y a des pistes, en tout cas rapidement, toutes proportions gardées, puisque pour l'instant, j'ai cité les deux centres, c'est encore à l'état de recherche. Donc, vous ne pouvez pas aller voir un médecin, quel qu'il soit, pour qu'il vous en prescrive. Néanmoins, c'est un peu là que se situe l'espoir, avec, pour le coup, beaucoup de choses intéressantes, notamment le fait qu'est-ce qui est complètement nouveau ? mais aussi dans la conception d'un médicament puisque c'est des produits qui agissent en une fois ou une série de fois mais avec un effet pérenne donc vraiment un effet de neuroplasticité mais qui vient d'une expérience à un temps T qui fait qu'il y a des bénéfices sur la perception, sur les émotions sur les comportements, sur le long terme donc pour l'instant le long terme dans les études c'est plusieurs mois mais ça pourrait être plusieurs années ce qui pourrait vraiment changer la donne

  • Speaker #1

    Merci à cette table ronde extrêmement inquiétante, mais ça fait partie de la bioéthique. Le pire serait de ne pas se poser les questions et de ne pas être interrogatif sur nos sociétés. C'est le but du Forum européen. Un grand merci de nous avoir aidé à mieux connaître ces sujets.

  • Speaker #3

    On se retrouve à 14h pour parler de la santé mentale de nos enfants. Merci à vous.

Description

Forum Européen de Bioéthique 2025 : Santé mentale & Bioéthique


Les nouvelles addictions


Dans les années 90’s, on craignait les junkies, les seringues contaminées et les overdoses. Mais aujourd’hui, en plus de ces drogues sales et trafiquées, il y en a d’autres aux dénominations médicales telles que le TRAMADOL, le LYRICA, le RIVOTRIL ou le FENTANYL. Par ailleurs, si les drogues « dures » n’ont pas disparu, de nouvelles formes d’addictions se développent et se répandent, et ceci, dès le plus jeune âge. On sait tous que scroller ne sert à rien, que passer des heures à consommer du porno ne fait qu’alimenter un marché du corps à l’éthique douteuse, et pourtant, ce que la raison condamne, le cerveau, dans sa biochimie complexe, semble parfois l’ignorer ou pire, en réclamer davantage.


Avec :


Jean-Victor Blanc, Médecin-psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP, Paris), Enseignant-chercheur à Sorbonne Université


Camille Brand, Médecin addictologue, Directrice médicale Association Ithaque Strasbourg


Marie-Jeanne Guedj Bourdiau, Psychiatre et pédopsychiatre, Ancien chef du pôle urgences psychiatriques de l’hôpital Sainte Anne (Paris),

Fondatrice de l’Association Francophone pour l’Étude et la Recherche sur les Hikikomori (AFHIKI)


Fatah Senadla, Médiateur de santé pair au Centre hospitalier de Rouffach


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous,

  • Speaker #1

    bienvenue pour cette dernière journée du Forum européen de bioéthique, cette année consacrée à la santé mentale et à la bioéthique. Nous ouvrons la première session d'aujourd'hui sur les nouvelles addictions et je m'empresse de laisser la parole au...

  • Speaker #0

    fondateur du Forum européen de bioéthique,

  • Speaker #1

    j'ai nommé Israël Nizan.

  • Speaker #0

    Merci Aurélien. Le sujet choisi ce matin, les nouvelles addictions, je vous le dis tout net, on ne va pas pouvoir le traiter en entier tellement... il est vaste et je voudrais juste scanner un tout petit peu la largeur du sujet dont on ne traitera qu'une petite partie parce que parce que c'est vraiment il aurait fallu la journée il ya des addictions nouvelles au numérique des addictions comportementales et des addictions aux psychoactifs. Trois grandes familles d'addictions. Le numérique, qui est la plus récente. Vous avez tous entendu parler de la nomophobie, cette manière de consulter de manière compulsive son téléphone et surtout l'anxiété qui étreint certaines personnes lorsqu'elles n'ont pas leur téléphone sous la main. C'est une véritable addiction, mais il y a l'addiction aux réseaux sociaux, des gens qui comptent les likes de leurs interventions et qui sont littéralement accros à ce nombre de likes, qui ont peur de manquer un message. Les Américains parlent de FMO pour Fear of Missing Out, des addictions aux jeux vidéo, parfois au détriment de la vie sociale ou du travail et des addictions. au streaming avec un visionnage compulsif de séries et l'incapacité de s'arrêter de visionner des séries. Voilà quelques addictions du domaine du numérique. Il y en a d'autres dans le domaine du comportement dont on ne pourra pas parler ce matin. Le shopping en ligne avec des achats compulsifs et je mets là-dedans une addiction qui est plus ancienne, c'est celle des jeux et des casinos. Les crypto-monnaies et le trading, il y a des gens qui sont toute la journée en train de regarder les taux et d'essayer de faire des profits. L'addiction à la pornographie, je vois des jeunes de 10 ans qui consomment 3 heures de pornographie par jour, qui rentrent à la maison, se précipitent sur l'ordinateur et qui ne peuvent plus le lâcher des yeux. Tant le visionnage de la pornographie... entraîne deux émotions contradictoires à 10 ans. Le fait d'être choqué par les images qu'on voit et le fait d'être excité sexuellement en même temps par ces images choquantes tout en se mélangeant à l'interdit, ça crée de véritables addictions. Et je ne vous dis pas les conséquences sur la sexualité de ces ados. Addiction à l'alimentation transformée, avec une dépendance au sucre, sel et gras. et le work-alcoolisme qu'on connaît bien avec du bio-hacking, avec l'optimisation corporelle. Ça c'est émergence d'addictions numériques et les addictions comportementales. Mais la liste est tellement longue des addictions chimiques émergentes que je renonce à vous en faire le catalogue. Ce sont... pour beaucoup des substances de synthèse souvent méconnues, qu'on appelle drogue de fait. qui imitent les substances classiques, cocaïne, cannabis, etc. Alors il y a des nouveaux psychoactifs, vous avez entendu parler de 3MMC, 4MMC, qui sont des amphétamines. Il y a les cannabinoïdes de synthèse, les noms c'est Spike et K2, plus puissants et dangereux que le cannabis naturel, aux effets imprévisibles. Il y a les opioïdes de synthèse avec le... roi des rois qui est extrêmement toxique, qui est le fentanyl et tous ses dérivés. Fentanyl, plus puissant que l'héroïne, est à l'origine de beaucoup de surdoses. Et les dérivés de la kétamine, appelés PCP, qui donnent des effets dissociatifs puissants. Et puis alors, il y a une autre nouvelle manière de faire. Ce sont le fait de détourner des médicaments. Les benzodiazépines, comme le Xanax et le Valium. qui sont des sédatifs et des anxolytiques, peuvent être utilisés dans ce cadre-là. De même que des précurseurs du GHB, on s'appelle GBL, BD, avec des effets euphorisants et des inhibiteurs. Il y a les médicaments de la TDHA, par exemple la Ritalin, qui donnent une augmentation de la concentration et de la performance cognitive. Enfin, il y a encore deux... trois autres catégories, les psychosimulants, microdosage de LST, modafinil, méthamphétamine, qui sont des drogues extrêmement addictives et neurotoxiques. Il y a les anciennes drogues, le chemsex, GHB plus méthamphétamine, qui intensifie l'expérience sexuelle et qui entraîne beaucoup de comportements à risque, vous en avez entendu dans les faits divers, de même que la kétamine récréative. Enfin, il y a des produits détournés qui aujourd'hui font la une des médias. Le gaz hilarant, utilisé sous la forme de ballons par les jeunes, qui entraîne des lésions neurologiques gravissimes. La dextrométophane, qui se trouve dans les sirops et qui donne à forte dose des hallucinations. Et enfin les solvants et cols inhalés qui sont gravement toxiques pour le cerveau. Toutes ces nouvelles drogues et ces usages sont en constante modification. En permanence, il n'y a pas de mois où il n'y a pas de nouvelles drogues et de nouveaux usages à des prix défiant toute concurrence. Il y a donc une offre de produits très puissants et très gravement toxiques pour le cerveau. Et la question qui se pose après cette espèce de panorama général très survolé, c'est pourquoi y a-t-il tant d'addictions ? Y a-t-il plus d'addictions qu'autrefois ? Est-ce que c'est un effet du fait qu'on les voit mieux et que la disponibilité de ces produits est plus grande ? Ou s'agit-il d'un effet de souffrance de notre société avec la volonté de ne plus affronter le réel ? Et pour cela... Aurélien et le Forum ont réuni pour vous des experts dans ce domaine pour essayer de rentrer un peu plus avant dans la thématique Jean-Victor Blanc médecin psychiatre à l'hôpital Saint-Antoine à Paris enseignant et chercheur à Sorbonne Université Camille Brandt, médecin addictologue, directrice médicale d'une association qui s'appelle ITAC à Strasbourg... Marie-Jeanne Guedj-Bourdio, psychiatre et pédopsychiatre, ancien chef du pôle urgence pédiatrique à l'hôpital Saint-Anne à Paris, fondation de l'association francophone pour l'étude et la recherche sur les hikikomoris, vous nous direz ce que c'est après. Et enfin, Fata Senadla, médiateur de santé père au centre hospitalier de Roufac, qui terminera ce premier tour de table ronde. Et je m'empresse. Avec curiosité de donner la parole à Jean-Victor Blanc, médecin psychiatre à Saint-Antoine à Paris. Vous avez la parole.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, merci à tous et merci pour l'invitation aujourd'hui à venir vous parler des addictions. Moi je vais vous parler de deux aspects de l'addiction. Je suis psychiatre addictologue à l'hôpital Saint-Antoine, où j'ai ouvert il y a 6 ou 7 ans déjà une consultation spécialisée dans la prise en charge du chemsex. Avant tout, la définition de l'addiction. Et on va voir si c'est ça le point commun à tout ce que vous avez décrit en introduction. Ça va être lorsqu'il y a un comportement qui va devenir incontrôlable. Donc il y a vraiment cette notion de perte de contrôle et avec un maintien de ce comportement malgré les conséquences négatives. Alors après, il y a d'autres critères qu'on ne va pas énumérer là forcément parce que c'est un peu fastidieux. On pourra y revenir si vous le souhaitez pendant les questions. L'addiction au chemsex, elle est très particulière. C'est donc effectivement l'usage de certains produits spécifiques avisés sexuels pour améliorer, désinhiber ou modifier l'expérience sexuelle. À la fois, ça peut paraître quelque chose de minoritaire. Alors aujourd'hui, on en a tous un petit peu entendu parler, notamment avec le fait divers autour de l'affaire Palmade. Néanmoins, ce qui est intéressant dans le chemsex, c'est qu'en fait, on va retrouver un peu tout. ce dont on parlait en introduction, c'est-à-dire à la fois des nouvelles drogues, puisque c'est des drogues spécifiques qui sont utilisées, notamment la 3-MMC et toute la famille des catinones de synthèse, qui sont des drogues qui copient effectivement un petit peu les amphétamines, qui copient un peu la cocaïne, qui ont été d'ailleurs marquetées comme ça, mais qui sont beaucoup moins chères. Elles sont moins chères parce qu'il n'y a pas besoin de culture, donc il n'y a pas besoin d'acheminement, il n'y a pas besoin de plantes, elles peuvent être synthétisées à peu près partout. dans des hangars, notamment en Europe, la plupart des zones de production seraient plutôt au niveau de la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas. Et même le nord de la France, il y a déjà eu des hangars qui ont été démantelés. Donc, c'est des drogues qui sont peu chères. Ils copient des produits déjà existants qui sont facilement accessibles par leur prix, mais aussi par leur mode d'acheminement, puisqu'elles ont eu beaucoup de succès, notamment lorsque le... Le chemsex a commencé il y a une vingtaine d'années. C'est des drogues qui, pour la première fois, pouvaient être commandées en ligne et livrées à la maison. C'est quand même très particulier. Il n'y avait pas besoin de connaître un dealer, il n'y avait pas besoin de sortir de chez soi, il n'y avait pas besoin d'avoir un contact téléphonique. Comme vous pourriez vous faire livrer des produits sur Amazon, ce sont des drogues qui peuvent se faire livrer à la maison par la poste. Ce qui aussi fait que ça a touché un public qui, avant, était plutôt loin des drogues, quelles qu'elles soient, et des produits stupéfiants. et qui se sont retrouvés finalement à pouvoir consommer des produits avec une impression que finalement ces produits n'étaient pas forcément illégaux puisqu'ils étaient livrés par la poste comme un colis Amazon ou un livre de la FNAC. Ça, c'est pour les nouveaux produits. Des nouveaux usages et notamment liés au numérique, puisque le chemsex qui aujourd'hui concerne principalement ce qu'on appelle en recherche et en soins des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, donc des hommes homosexuels. mais qui ne s'identifient pas forcément. Ça va au-delà du fait de s'identifier comme homosexuel, c'est avoir des rapports homosexuels finalement. Dans cette communauté, le chemsex, ça passe essentiellement par une rencontre via des applications en ligne, des applications dites de rencontre, qui font que pour, là aussi, la première fois, tout ça, ça arrivait au début des années 2000, les personnes qui cherchent un partenaire et ou des produits, parfois les deux, parfois l'un ou l'autre, peuvent se connecter en permanence 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour trouver finalement et des produits et finalement du sexe. Ce qui là aussi est complètement nouveau. Et comme on l'a vu par exemple avec le jeu, donc l'addiction au jeu, traditionnellement c'était au casino, sauf que le casino il y a des horreurs d'ouverture, de fermeture, il y a un certain rétron contrôle social, la peur d'être vu, le fait que certaines personnes étaient littéralement interdites d'entrer dans un casino, etc. Aujourd'hui, le casino, il est dans la poche. Donc, en fait, en permanence, il n'y a aucun contrôle. Il n'y a pas du coup non plus de, quelque part, de jugement. Ça peut passer complètement inaperçu. Avec aussi des méthodes marketing où les applications de casino en ligne vont aller chercher les consommateurs en permanence, etc. Avec toute une gamification, le fait qu'il va y avoir des récompenses aléatoires, etc. Des choses qu'on a vues dans d'autres sphères, mais qui là, se déplacent en ligne. Et on sait que par rapport aux joueurs en physique, les joueurs de casino... en ligne, les joueurs de jeux en ligne sont en général plus jeunes, plus précaires et finalement plus souvent concernés par une addiction au jeu que ceux qui allaient au casino. Donc on voit bien que ce passage et cette accélération dans le numérique, dans laquelle on est en plein dedans et au vu de l'actualité, c'est pas prêt de s'arrêter, a quand même précarisé au passage et accéléré là aussi le mouvement. Et donc dans le chemsec, c'est ça aussi la révolution du numérique. Et puis ensuite, le troisième élément. C'est pourquoi aujourd'hui essentiellement les hommes homosexuels ? Pour plein de raisons. Une des pistes étant que c'est une communauté qui a plusieurs marqueurs de vulnérabilité psychique, qui avant même le chemsex, on sait que les personnes homosexuelles sont plus à risque, par exemple, d'avoir une dépression ou d'avoir un trouble d'abus de substances. Là aussi, ça permet, quand on réfléchit au phénomène global des addictions, on sait qu'un des déterminants majeurs de l'addiction, ça va être le stress environnemental. Par stress environnemental, Lorsqu'on fait des études chez les animaux, ça va être par exemple des souris, on ne va pas leur donner à manger aux heures régulières, on va leur donner un environnement dit pauvre, c'est-à-dire en gros juste une cage avec rien du tout, donc elles s'ennuient. Si plus on va ce qu'on appelait donner un environnement enrichi, alors pour une souris ça peut paraître modeste mais c'est une roue déjà, voir des jeux, des congénères, etc., moins finalement la souris va être prompte à avoir des comportements addictifs. Évidemment, ça, on le replace dans un contexte humain. On voit bien qu'un facteur de stress comme la précarité, qui est un des facteurs majeurs dans le développement des addictions au niveau populationnel, ça va y contribuer. Et tout ce qui va être environnement stressant, mais aussi le rôle des violences, notamment des violences dans l'enfance. Et puis aussi le rôle de l'hérédité, puisqu'on sait qu'il y a une vulnérabilité héréditaire en lien avec les addictions. Comme on est avec une vulnérabilité, on va dire, cardiologique, neurologique, pour à peu près toutes les maladies et pas que les maladies, beaucoup de nos traits de personnalité et physique ont également une assez forte part héréditaire. Dans l'addiction, on va retrouver aussi cette vulnérabilité qui fait qu'on n'est pas tous égaux et que dans certaines familles, on va retrouver plus d'addiction que d'autres. Néanmoins, ce n'est pas une fatalité. Il n'y a pas un gène de l'addiction qui se transmet et qui ferait que, peu importe. finalement ce qu'on fait dans la vie, on développerait une addiction. C'est un élément qui est important. Là, on a un peu les trois piliers pour comprendre en tout cas une partie des addictions aujourd'hui. Le lien avec l'autre partie de mon métier en dehors de l'hôpital, c'est que depuis à peu près la même époque, il y a 5-6 ans, j'ai développé un concept qui s'appelle PopEpsy, où en fait l'idée c'est d'expliquer la santé mentale, dont Les addictions, puisque les addictions, on le rappelle, en font partie des troubles psychiques. On a souvent, parfois on les oppose un peu. Mais en fait, quand on parle des 13 millions de Français atteints par un trouble psychique ou d'une personne sur quatre, une personne sur cinq, on compte donc évidemment la dépression, la schizophrénie, le trouble bipolaire. On compte également les addictions. C'est pour ça aussi que quand on réfléchit, on se dit Mais comment ça se fait qu'il y a autant de personnes ? On dit Une personne sur quatre, c'est énorme. où ils sont, en fait, on réfléchit autour de soi et on se dit que si on cumule tout ça, on trouve clairement toutes ces personnes. Ce qui fait que tout le monde peut être concerné à titre personnel ou familial ou professionnel. Et donc, l'idée, c'est de donner à la fois quelque chose de pédagogique. En fait, avec un film comme Requiem for a Dream, par exemple, on peut comprendre ce que c'est que l'addiction. On peut comprendre un certain mécanisme de l'addiction. Après ce film, on peut en reparler aussi, on peut avoir certaines réserves, notamment le fait que c'est un film qui a une vingtaine d'années et c'est vrai qu'à l'époque, dans les œuvres de l'époque, on ne voyait pas du tout les soins. Donc ça qui a un côté très fataliste dans ce film. Mais beaucoup plus récemment, dans une série très plébiscitée par la jeune génération qui est la série Euphoria, dans laquelle on va retrouver cette question de nouveaux produits de synthèse, de vulnérabilité individuelle, etc. De santé mentale au sens large. En fait, c'est une série qui ne va parler que quasiment d'addiction. Ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui, et c'est pour ça que le phénomène de pop culture est intéressant, à la fois on a ces représentations qui viennent nourrir et finalement expliquer aussi un support pour en parler et sortir de l'isolement autour des addictions, mais aussi le fait que la série Euphoria, par exemple, elle a été créée par quelqu'un qui s'appelle Barry Levinson, Sam Levinson, pardon, Barry c'était son père, Sam Levinson, qui lui-même est en fait un ancien adolescent ayant eu des problèmes d'addiction. et qui du coup aujourd'hui utilise aussi son histoire pour en faire quelque chose et en faire un blockbuster puisque c'est une des séries encore une fois les plus populaires. Ça peut être aussi très récemment le film français qui a eu beaucoup de nominations aux Oscars et aux Golden Globes, le film The Substance, je ne sais pas si certains d'entre vous l'ont vu, qui est un magnifique film. C'est un film de genre, donc là aussi ça montre que la pop culture peut être très large. C'est un film qui appartient au film d'horreur, on pourrait dire. Néanmoins, c'est un film qui est très intéressant sur le rapport au corps, puisqu'on sait qu'il y a aussi de plus en plus de mécanismes d'addiction autour du corps, d'essayer d'atteindre des standards qui sont... l'obsession de la jeunesse, ce qu'on appelle la dysmorphophobie, c'est-à-dire le fait qu'on a une image de son corps qui est différente de telle qu'est son corps, dit de manière objective. Un film comme The Substance, c'est un très bon film, là aussi pour comprendre le mécanisme de l'addiction, avec typiquement ce caractère de continuer un comportement malgré le fait, ce qui nous abîme physiquement, psychiquement, socialement. C'est clairement ce qu'on voit dans ce film. L'idée, c'est à la fois d'utiliser ça, nous on l'utilise aussi à la fac, on l'utilise dans l'enseignement, des étudiants en médecine, des étudiants en santé au sens large, on va utiliser des films pour leur faire comprendre la sémiologie. C'est aussi quelque chose qu'on peut utiliser, moi j'utilise ça au ciné-club Pop-Epsy où on regarde un film et ensuite justement on en parle et on dit ça c'est intéressant, ça c'est une grille de lecture pour comprendre tel phénomène, par exemple le film Reckham for a Dream qu'on avait regardé, ça peut être aussi un film comme Star is Born. Par exemple, le film de Bradley Cooper avec Lady Gaga, qui parle d'un chanteur très connu qui a une addiction aux médicaments et à l'alcool. Et tout ce que ça provoque aussi dans son entourage, les vulnérabilités, etc. Donc, l'idée, c'est de donner un exemple, mais aussi de donner quelque part de l'espoir et notamment un espoir de rétablissement, puisque ça aussi, pour le coup, c'est plutôt nouveau. C'est vrai que quand on fait le constat de la santé mentale aujourd'hui, on a quand même plutôt des pas très bonnes nouvelles sur l'augmentation des troubles psychiques chez les jeunes, etc. Il y a quand même des choses qui sont positives. C'est qu'aujourd'hui, on n'a jamais parlé autant de santé mentale, on n'a jamais eu autant de films, de séries qui parlent de santé mentale et on n'a jamais eu autant de célébrités qui parlent de santé mentale. Si vous regardez un peu l'actualité, cet été, par exemple, avec les JO, on a eu un nombre important de grands sportifs. que ce soit Simone Biles, Noah Wiles aux Etats-Unis, mais aussi maintenant en France avec Camille Lacour, Florent Manodou, qui ont parlé des troubles psychiques qu'ils ont réussi à surmonter. Sur la question des addictions, c'est assez nouveau, il y a de plus en plus de célébrités, comme par exemple le mannequin Naomi Campbell, comme l'acteur et réalisateur Bradley Cooper, ou comme la chanteuse Miley Cyrus, qui disent en fait je décide de ne pas boire pendant un certain temps où j'arrête complètement de boire et de consommer parce que ça m'abîmait la santé, parce que je n'ai pas besoin de ça pour être fun ou pour être marrant ou divertissant. Et que ça, on est en train de enfin remettre un peu en question ces représentations qui voudraient que sans alcool, on soit forcément quelqu'un d'embêtant, quelqu'un de sinistre, quelqu'un de triste. Et ça... Ça arrive un tout petit peu en France, honnêtement, et on l'a vu avec la polémique, on peut en reparler aussi de Léa Salamé qui a alpagué quelqu'un en disant que vous avez arrêté de boire, vous êtes devenu chiant. On voit qu'en France, on a encore un petit problème avec ça. Mais là, notamment dans ce type d'expérience, l'expérience du Dry January, qui a fini hier soir pour ceux qui l'ont fait, montre qu'on peut aussi donner un nouveau visage à la sobriété, quelle que soit son origine, que ce soit pour un motif médical. ou pour un motif, une jeune femme qui est dans un projet de conception ou qui est enceinte, etc. Donc voilà un petit peu le premier panorama que je voulais vous partager.

  • Speaker #0

    Merci Jean-Victor Blanc. On aura sûrement plein de questions à vous poser après. Je donne la parole à Camille Brandt, qui est médecin-dictologue. Directrice médicale de l'association ITAC à Strasbourg, vous avez la parole.

  • Speaker #2

    Bonjour à tous, merci pour l'invitation, surtout d'avoir invité la structure où je travaille. Pour juste contextualiser, ITAC porte différents dispositifs, et notamment dans Strasbourg et sa région, et notamment la salle de consommation à moindre risque, qu'on appelle maintenant ALT Soins Addiction, qui fait parler régulièrement d'elle, et j'espère à juste titre. dans différents médias. J'avais envie de commencer peut-être sur l'idée qu'est-ce qui rassemble peut-être les nouvelles addictions et celles plus anciennes. Mon collègue a parlé tout à l'heure du concept d'addiction. Globalement, il va rester le même, que ce soit ces anciennes ou ces nouvelles addictions, avec des termes comme la perte de contrôle, le manque, l'accoutumance, les envies très irrépressibles de consommer qui sont globalement similaires. D'ailleurs, avec ou sans produit. Et au-delà, enfin ça c'est un point assez central pour nous dans notre quotidien de travail et pour les usagers, au-delà du concept de l'addiction, qu'est-ce qui fait la fonction du produit ou du comportement ? Et finalement, ça peut être aussi très similaire, quel que soit le produit. Pourquoi est-ce qu'on consomme finalement ? Est-ce qu'on est dans une recherche de plaisir ? Est-ce qu'on recherche une expérience ? Euh... Avec les questions de santé mentale qui nous animent lors de ce forum, est-ce qu'on cherche finalement une sorte d'automédication à apaiser une angoisse ? Est-ce qu'on cherche à casser un cycle de pensées envahissantes ? Est-ce qu'on recherche une performance ? Je lisais dans le résumé d'intervention, on sait tous que scroller ne sert à rien. Finalement, quand on interroge une personne qui scrolle, qu'est-ce qu'elle cherche dans ce moment-là ? On peut avoir beaucoup de réponses. Ça peut être, est-ce que je comble un ennui ? et ce que finalement je cherche à ne pas penser en scrollant. Donc il y a souvent quand même une consommation, une raison, une fonction à cette consommation, même toujours, je n'ai jamais entendu personne qui dit je consomme pour avoir de l'alcool pour avoir un cancer de foie Voilà, c'est assez clair. Un concept très très ancien en addictologie, et nous montre que finalement il y a une rencontre entre un produit, une personne à un produit, dans un environnement. C'est... c'est heureusement, toute personne qui va consommer ne va pas devenir dépendante à ce produit ou à ce comportement. Et c'est ce qu'expliquait aussi mon collègue, c'est tout un contexte. C'est la personne avec ses vulnérabilités, c'est le produit avec son risque, son niveau de risque addictif. C'est aussi l'environnement dans lequel la personne se situe. Et ça, finalement, ça va être assez similaire, quel que soit le produit. Les drogues, je lisais sales et trafiquées, à peut-être maintenant le détournement des médicaments. Finalement, depuis longtemps, voire toujours, on a des drogues sales et trafiquées. Je pense à tous les produits du marché noir dont on n'a aucune connaissance de la composition. Si on n'analyse pas le produit, on ne sait pas. Mais je pense au tabac, qui est quand même un joli exemple de drogue sale et trafiquée. Ils comportent quand même beaucoup de produits, de substances extrêmement toxiques. Je dis trafiqués parce qu'on sait qu'il y a des substances pour nous rendre encore plus dépendants dans le tabac. Et puis, les produits de qualité pharmaceutique, finalement, depuis qu'ils existent et depuis qu'il y en a qui sont addictifs, ils sont détournés. Donc, depuis de longues dates, le Lodanum, il y a toujours eu un détournement des produits qui peuvent être addictifs parce que justement, on en perd le contrôle. Un point qui ne me rassure pas du tout, qui est souvent similaire dans beaucoup d'addictions, c'est comment on traite les personnes qui consomment ou qui sont dépendantes. C'est souvent beaucoup de stigmatisation. On entend par les termes junkie c'est quand même junk c'est ordure De toxicoman un tox ce n'est pas très valorisant. Un drogué ces termes-là, malheureusement, ça amène quand même beaucoup de honte et de culpabilité. Et ça, ça peut être quand même aussi des facteurs de frein aux soins pour les personnes qui en auraient peut-être besoin. Donc ça, c'est des choses qui sont, je pense, importantes à déconstruire. Et même pour être plus... Là, c'est très fort, un junkie. Heureusement, on n'utilise pas ça tout le temps comme terme. Mais il y a un peu cette image de la personne qui... Celle qui est bien, c'est celle qui contrôle sa consommation. Et celle qui perd le contrôle, elle vaut moins. Alors qu'elle est dépassée, elle n'a pas choisi ça. Alors quand même, j'ai envie de dire qu'il y a des différences entre ces addictions. Mais est-ce qu'elles ne viendraient pas plutôt de la façon dont on les observe et on les traite ? Dans la vision sociétale, est-ce qu'on va traiter pareil une personne qui a commencé peut-être des médicaments antidouleurs ? après un accident et qui va perdre pied avec ces médicaments-là pour plein de raisons, une dépression qui arrive ? Est-ce qu'on la traitera de la même façon la personne âgée qui consomme depuis 15 ans des somnifères et des médicaments pour lutter contre l'angoisse ? Est-ce qu'on traitera de la même façon une personne qui injecte des drogues ? Ou une personne... Alors la France et l'alcool, on sait quand même que l'alcool c'est un des produits...

  • Speaker #0

    seul ou quasi seul produit qu'on initie dans un milieu familial. Alors qu'on va mettre en parallèle peut-être un nombre de morts en France, 50 000 morts à peu près en France pour la question de l'alcool. Donc je ne pense pas qu'on ferait de la même façon avec la cocaïne ou du cannabis, une initiation en famille. J'ai rarement entendu, mais ça peut arriver. La façon aussi d'accompagner et de traiter, c'est de... La question des addictions est aussi très différente selon les pays, selon les moyens, selon même les territoires en France. L'accès aux soins, si le réseau est-il suffisamment adapté, dense. On parle de la crise de la psychiatrie. On a bien vu que psychiatrie et addiction, on a quand même un lot commun, voire un parcours parallèle. Je crois qu'on peut parler de la crise chez nous aussi. Donc, on est malheureusement, et ça, c'est une réalité de territoire et pas que local, national, on n'est pas en mesure de répondre, à mon avis, correctement aux demandes. Et ça se voit dans les délais d'accueil des personnes qui souhaitent des soins. Il y a un point important, et je pense que c'est aussi pour ça qu'ITAC est invité aujourd'hui dans les actions de ce qu'on appelle la réduction des risques, qui peuvent vraiment faire une différence. La réduction des risques, pour simplifier, ça part du principe que toute personne n'est pas en mesure forcément d'arrêter sa consommation. Et au lieu de juste se voiler la face et dire bon ben ma petite dame, monsieur, il faut arrêter on peut peut-être travailler certaines choses avec les personnes qui ne sont pas dans le souhait d'arrêter afin de réduire leurs risques. Et le grand atout aussi, c'est que la réduction des risques, elle vient des usagers et elle replace aussi l'usager. au centre et comme acteur de sa propre santé. Un point pour terminer, dans une grande différence, j'avais envie de parler de politique des drogues. Et on voit aussi que la politique des drogues influe beaucoup sur ces anciennes, ces nouvelles addictions, sur comment on les traite. Un petit point, peut-être sur la crise des opioïdes en Amérique du Nord. Alors, pour peut-être resituer le contexte, En Amérique du Nord, une politique beaucoup plus libérale envers le médicament, pas que envers le médicament, mais là on parle de ça, donc des médicaments contre la douleur de la famille des opioïdes, donc c'est des médicaments qui calment la douleur, mais qui vont aussi faire ce qu'on appelle une dépression globale, pas une dépression sur le moral, mais ça va tout ralentir. Donc on peut, si on en prend trop, on risque une ouvert dose, on va s'endormir, arrêter de respirer. Donc ça c'est la famille, la grande famille. des opioïdes. Et donc en Amérique du Nord, il y a beaucoup plus de... il y a une autorisation pour des publicités sur les médicaments. Ça c'est pas quelque chose qu'on voit chez nous. Prenez du Skénan, c'est super. Enfin ça, ça se voit pas chez nous. Donc une politique comme ça, beaucoup plus d'agressivité envers les médecins pour prescrire plus facilement ces médicaments pour des motifs bénins ont amené à beaucoup plus de prescriptions d'opioïdes. et donc beaucoup plus, une minimisation du risque d'addiction et donc beaucoup de gens qui perdent le contrôle de ces consommations. Arrive un moment où on se dit, bon, il y a un problème, il y a plus d'overdose, on va réguler un peu plus le médicament et beaucoup de personnes qui se retrouvent en difficulté, qu'est-ce qui se passe ? Il y a un effet passerelle vers des produits du marché noir. Soit des détournements de médicaments, soit des produits du marché noir. Donc on parle d'héroïne éventuellement, qui est un opiacé aussi. Et puis est arrivé le fentanyl dont on parlait tout à l'heure. Le fentanyl, pour vous donner un ordre d'idée, c'est une molécule qui est 100 fois plus puissante que la morphine. Donc pour des toutes petites quantités, on a un risque d'overdose très très fort. Et donc un système de santé qui n'a pas suivi, parce qu'il n'y a pas assez de structures de soutien, pas assez de structures de réduction des risques. Et donc des épidémies d'overdose. On parlait sur certaines années 70 000 à 100 000 morts par an par overdose. Et pour les un quart à deux tiers du temps, le fentanyl qui serait responsable. Petite note d'espoir pour voir que justement les politiques des drogues permettent de changer les choses. Depuis l'an dernier, c'est la première année où on voit le nombre d'overdoses qui rediminue. Ce serait attribué à l'arrivée notamment plus massive de la naloxone, qui est l'antidote des opiacés, donc qui permet de sauver des vies. Produit qu'on délivre, nous, en salle de consommation, dans tous nos dispositifs de soins et de réduction des risques. Mais aussi l'analyse de produits qui permet aux personnes qui achètent un produit, elles ne savent pas ce qu'elles achètent. On leur vend un produit qui peut être de l'héroïne, mais si on a mis dedans du fentanyl, le risque est énorme de faire une overdose. Du coup, analyser le produit, savoir ce qu'on consomme, permet... aussi de changer la donne et aussi la diffusion de dispositifs de soins et des traitements notamment de substitution des opiacés qui ont permis vraiment de, a priori, ce serait les éléments qui font, et c'est ce qu'on observe chez nous. Alors le fentanyl en France Un peu différent, on a vu qu'on n'a pas tout à fait la même façon de travailler avec les médicaments. On a des prescriptions limitées, on a beaucoup plus de contrôle sur ces médicaments. Ce qu'on observe nous, en salle de consommation par exemple, c'est un détournement des médicaments prescrits, donc du fentanyl prescrit par des médecins. Donc la diffusion, ce n'est pas tout à fait la même. Ce n'est pas des produits alimentés par le marché noir. Mais c'est une crainte chez nous qu'on dérive vers ce marché noir et qu'on arrive avec ce risque de crise et d'épidémie d'overdose. On n'y est pas, heureusement, mais on reste très vigilants. Et les dispositifs comme la salle de consommation ou tous les dispositifs de réduction des risques en France, c'est aussi des dispositifs de vigilance d'apparition de nouveaux produits. L'analyse de produits permet aussi de voir des tendances dans les consommations. Pour conclure, en tout cas, on consomme pour des raisons très variables. La fonction du produit ou d'un comportement, elle est très individuelle. Et on choisit peut-être de consommer, mais on ne choisit jamais d'être dépendant. Et ça, c'est un point qui me semble fort. Et je pense que de façon sociétale, on aurait beaucoup à gagner à travailler sur nos représentations autour des usagers de drogue. Parce que ça nous permet d'évoquer... les consommations plus facilement et ça permet aux usagers d'être traités comme des êtres humains avec leurs droits fondamentaux.

  • Speaker #1

    Merci Camille Brandt. Je donne la parole à Marie-Jeanne Guedj qui est psychiatre et pédopsychiatre. ancien chef de pôle des urgences psychiatriques à l'hôpital Saint-Anne à Paris et fondatrice de l'association francophone pour l'étude et la recherche sur les hikikomori. Vous avez la parole.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup. Je remercie d'abord pour ce magnifique programme et d'y avoir été associée. J'ai trouvé ça remarquable, comme je le disais à M. Bloch tout à l'heure. Donc on m'a invitée dans sa table ronde des nouvelles addictions. pour parler au fond comme à l'envers, au fond comment les addictions poussent-elles à l'enfermement, puisque ce phénomène d'enfermement et de retrait à domicile du jeune, qu'en est-il aujourd'hui ? Plutôt je dirais qu'on assiste à la conjonction dans ce phénomène d'enfermement, avec le mot ikikomori qui a été importé du Japon et qui est devenu d'usage fréquent ici. Donc on assiste à la conjonction des addictions dont je vais reparler, de la possibilité plutôt nouvelle de vivre repliée dans sa chambre avec tout à portée d'écran, ça a déjà été détaillé, et puis de ce phénomène de solitude qu'on constate un peu partout dans le monde puisqu'il y a aujourd'hui des pays qui ont créé un ministère de la solitude, comme la Grande-Bretagne, le Japon. Peut-être d'autres aussi. Alors l'enfermement, la claustration des jeunes à domicile, est-ce une nouvelle addiction ? On peut parler d'une addiction à cette conduite, puisque quand le jeune s'enferme, cette conduite a tendance à se répéter, elle crée de la colère si on l'empêche, mais pourtant elle n'augmente pas forcément. Quand on est enfermé dans sa chambre, on ne s'enferme pas encore plus, je ne sais pas où. Cette conduite d'enfermement est associée très fréquemment à d'autres addictions, le hachiche souvent, mais aussi les jeux vidéo, l'alcool dans une moindre mesure, les jeux vidéo, les écrans, mais je ne crois pas qu'on puisse aujourd'hui parler d'addiction aux écrans, au sens des classifications. Voilà, donc en fait je dirais que c'est une souffrance et un fardeau pour la famille. Le jeune lui-même est comme coupé de ses affects dans sa chambre et ce n'est que plus tard qu'il parlera de sa souffrance. Je retiens une phrase qu'un jeune m'a dite, j'étais en train de couler, personne ne me venait en aide. Cet enfermement, ce n'est pas un diagnostic reconnu dans le DSM, d'ailleurs Ikikomori ça veut juste dire repli à domicile. Le DSM, la classification des maladies mentales, vous savez, parle de idiome culturel de détresse comme si c'était seulement lié à certaines cultures. Or, c'est aujourd'hui un phénomène mondial. En effet, il est décrit dans les cinq continents. A défaut d'un diagnostic, il existe une définition à peu près consensuelle qui a été portée par Alan Théo aux Etats-Unis et Takahiro Kato au Japon qui est de rester à domicile plus de six mois avec peu ou pas de sortie. Les Chinois disent trois mois parce qu'ils disent que quand on est enfermé trois mois, on continue. Et je pense qu'ils ont raison. Donc le deuxième critère, c'est éviter toute vie sociale. 3. Restreindre sa vie familiale. 4. Avoir une dégradation de ses capacités. 5. Éventuellement, percevoir une souffrance en lien avec cette situation. Donc comment peut-on faire un chiffrage de ces situations ? Je vais faire un détour en France par le chiffrage des NIT. Cet acronyme qui veut dire pas d'emploi, pas d'études, pas de stage, qui vient de Grande-Bretagne, N2ET, dès 15-29 ans, ce chiffrage est très éloquent. Les chiffres donnés par l'INSEE et le Bureau international du travail en 2001 sont 12,8% de cette tranche d'âge, donc dès 15-29 ans, donc je répète, sans emploi, sans études, sans stage. un peu moins qu'en Europe, 13,1%, avec en Europe des chiffres beaucoup plus élevés en Italie, 23%, beaucoup plus bas au Danemark, 6%. Ce qui ferait en France 1,4 million de jeunes, plus d'hommes que de femmes, 30% de diplômés d'études supérieures, 30% ne souhaitent pas, je ne sais pas trop ce que ça veut dire, ou ne peuvent pas travailler. En tout cas, 20% sont découragés. Alors dans tout ça, sont-ils repliés à domicile ? Puisque quand même mon propos est centré là-dessus. En 2023, on évalue toujours dans ces organismes officiels, environ 10% hors de tous les radars, on les appelle des invisibles sociaux. Les études varient de 112 000 à 733 000 dans une thèse de sciences de l'éducation qui a été faite à Rennes. Donc ces gens sont hors de tous les radars. Sans doute beaucoup sont repliés à domicile. Pourtant la reconnaissance par les pouvoirs publics est inexistante. Comment les sensibiliser ? Quatre familles de notre association Afiki France Entière ont tenté de toucher députés ou sénateurs en vain. Que demanderait-on si c'était reconnu ? Reconnaître le phénomène de retrait social du jeune, vu la souffrance et l'impact social, favoriser des dispositifs France entière, sûrement une piste à travailler. Alors, je dirais, malgré cette non-reconnaissance ambiante, alors pourquoi s'y intéresser ? Est-ce par romantisme, identification à ce héros solitaire, plus ou moins certain que seul l'enfermement est juste aujourd'hui ? Ainsi, il y a des débats sur le net. Vous serez un jour reconnu, j'ai vu, comme l'homosexualité a été reconnue, vous, Leïki Komori, vous serez reconnu. Ou bien un psychiatre très remarquable qui s'intéresse beaucoup à ça et qui m'expliquait qu'à 20 ans, Étudiant en médecine, il s'est cassé le bras, il est resté trois mois enfermé et il a trouvé ça très bien. Voilà, et du coup maintenant il travaille là-dessus. Alors, est-ce par romantisme ou bien c'est le fait d'être interpellé généralement par l'entourage en souffrance, qu'on est, je pense, obligé d'écouter, donc malgré l'invisibilité de ces jeunes qui ne dérangent pas la société. Alors, pouvons-nous décrire en grande ligne cette situation telle qu'elle est systématiquement rapportée ? La régularité, les articles canadiens, japonais, français, c'est toujours à peu près la même chose. Donc l'enfermement est progressif, sans cause directe, même si on cherche toujours le petit os de poulet qui est tombé sur la tête, comme on disait à un moment donné, ou une rupture. En général, non, non, j'ai jamais vu. C'est progressif. D'abord dans la maison, puis dans la chambre, assortie d'une incurie, d'une saleté excessive. On a parlé hier de diogène. Ou au contraire, d'une propreté excessive, avec de véritables manies de lavage. La nourriture est plus ou moins aberrante. Soit c'est avec les nutriments, les machins. Soit c'est uniquement des pizzas, uniquement des pâtes, uniquement des sushis, enfin... En somme, le jeune finit par imposer tyranniquement son rythme à la famille, bien involontairement je dirais. Le terme de tyran familial est reconnu par les parents. Les parents sont dépassés, terrorisés, culpabilisés. Et bien sûr, de nombreuses heures sur les écrans, comme ils disent tous, pour lutter contre l'ennui. Quand on se lève et qu'on n'a rien à faire, qu'est-ce qu'on peut faire ? on va sur les écrans et avec une coupure du lien avec le corps propre comme disait un collègue italien piotti c'est vivre sans son propre corps que cette vie en permanence virtuelle est-ce un problème issu de l'enfance parfois on retrouve dans l'enfance timidité isolement social très précoce souvent cinquante pour cent quand même dans les études on retrouve harcèlement scolaire et abus parfois on ne retrouve rien d'emblée un enfant joyeux et ouvert puis on ne comprend pas alors je dirais pour ouvrir des pistes une remise en route est-elle possible au fond ce jeune il vit avec une gangue de béton il peut pas avancer sa gangue de béton le protège contre les incitations extérieures mais aussi contre ses propres désirs il faut pas l'oublier une remise en route est-elle possible donc d'abord la souffrance de la famille doit et peut être prise en compte la famille n'est pas responsable mais elle peut beaucoup pour l'amélioration de la situation à condition d'être aidée si elle s'enferme ce qui est assez régulier son enfermement à elle On l'appelle aujourd'hui double hikikomori. Excusez-moi, j'ai une laryngite, je ne sais pas si je vais pouvoir... Les réponses en réseau pluriprofessionnel avec des groupes, des familles qui deviendront expertes sont les meilleures. quelques pistes à partager avec la famille prendre le temps admettre le pas à pas repérer les pressions bien involontaires mais qu'est-ce que tu vas faire en septembre chercher un tiers familial professionnel social tout en restant humble dans un échange mutuel de confiance en fait ce qu'on cherche à retrouver ce n'est pas d'emblée une insertion scolaire, sociale, universitaire. Ça viendra après, mais d'abord un bonheur partagé. Et donc enfin, pour conclure, je dirais que ça pose en tout cas pour moi au moins deux questions éthiques. Peut-on répondre à la seule demande des parents, surtout si le jeune a plus de 18 ans ? Quand les parents viennent décrire la situation de souffrance du groupe, doit-on avoir la démarche médicale classique ? Tant qu'on ne voit pas la personne, on ne répond pas. Bien évidemment, vous avez compris, je ne le pense pas. Je pense qu'il faut répondre à la souffrance du groupe. Et la deuxième question éthique, c'est peut-on prétendre donner des soins en l'absence d'un diagnostic reconnu ? Voilà, merci.

  • Speaker #1

    Merci Marie-Jeanne Guedj. Fata Senadla, vous êtes médiateur de santé PAIR au centre hospitalier de Roufac. Vous avez la parole.

  • Speaker #3

    Merci. Bonjour. Alors on m'a demandé de vous faire une petite présentation très courte de ce que c'est qu'un médiateur de santé PAIR. Je vous rassure, c'était prévu. Je vais faire un petit teaser très court. Alors le médiateur de santé pair s'est inspiré d'un concept qu'on appelle la paire aidance. Les paires aidances ce sont des patients ou des usagers en santé qui partagent leur savoir expérientiel et qui sont vecteurs d'espoir auprès d'autres usagers qui souffrent des mêmes troubles. Le médiateur de santé pair c'est exactement la même chose, sauf que lui c'est un professionnel formé et qui travaille dans des établissements, dans des institutions, ce genre de choses. Si vous voulez savoir les missions et tout ça, on parlerait plus tard si vous voulez, n'hésitez pas. Ça, j'avais pas prévu. Enfin, à voir. Du coup, peut-être avant de commencer sur les nouvelles addictions et la santé mentale, ça c'était pas prévu, enfin j'avais pensé au film, je voulais rebondir sur la pop culture parce que ça me parle aussi et j'aime ça, désolé. Sur Requiem for Dream, je voulais juste rajouter que le film, comment dire, il parle de l'addiction dans un cadre très malsain. Donc déjà, il faut s'accrocher là. Et ça aussi, j'ai trouvé ça plutôt intéressant, ce côté vicieux, malsain qu'entraîne l'addiction. Et il y a de brefs passages où on voit le soin, mais présenté sous une... quand il se fait hospitaliser, par exemple, mais présenté sous une forme très glauque et très négative, en fait, très péjorative. Et aussi les médicaments, genre de sauge, et puis la... Enfin, comment la folie aussi s'installe avec les médicaments. Mais très bon film, très intéressant, je valide. Ensuite j'avais pensé aussi, j'en profite pour placer un peu de pop culture du coup, pour ceux qui connaissent peut-être ou qui sont intéressés, il y a une série assez intéressante qui parle de l'addiction avec l'alcool, une série d'animation qui s'appelle Bojack Horseman, vous trouvez ça sur Netflix et puis il y a aussi une allusion à Miley Cyrus à un moment justement, c'est pour ça que j'ai pensé à cette série que j'ai beaucoup apprécié aussi au passage. Et ensuite j'ai aussi l'idée d'un autre film qui s'appelle Flight. Avec Denzel Washington qui parle aussi de l'addiction et de la drogue. Et dans ce film-là, ce qui est intéressant, c'est que ça engendre une catastrophe, un drame. Et il y a le poids de la culpabilité du coup chez Denzel Washington. Et j'ai beaucoup aimé le final. Alors franchement, ça me démange de vous spoiler la fin. Parce que moi, je l'ai trouvé, j'allais dire magistral spontanément, mais avec un bel enseignement très subtil, très sage. En fait, c'est ça qui m'a parlé aussi beaucoup dans la fin de ce film. Ça c'était la parenthèse pop culture, les nouvelles addictions en santé mentale. En fait je vais essayer de répondre à pourquoi les addictions. Et pour répondre à ça justement je vais me baser et m'inspirer de mon savoir expérientiel que je vais essayer de partager avec vous. Alors je vous fais une confidence, je suis assez habitué de partager mon expérience, des soins, de la maladie, mon cheminement et ce genre de choses. Et j'ai l'habitude d'utiliser le jeu. Et là je vais essayer de ne pas trop l'utiliser, mais comme je vous l'ai dit, de m'inspirer et de me baser. Donc s'il y a du bafouillage, si ce n'est pas très clair, c'est une première. Pour l'instant ça va. Ok. Alors, en fait, je suis parti d'abord d'une phrase célèbre de philosophie. On ne naît pas homme, on le devient. Et d'ailleurs, ça a été dit à un moment, les addictions ne naît pas avec, en fait. C'est pas héréditaire ou ce genre de choses. Et donc, voilà, on ne naît pas avec une addiction, mais on chemine, on avance, on traverse la vie, sa vie avec une addiction. Et donc, pourquoi est-ce que... Pourquoi on en arrive à cheminer avec une addiction ? Alors moi, je dirais, de mon humble expérience, que c'est une réalité qui devenait trop lourde à porter souvent. C'est une réalité qui devient trop lourde à porter avec un contexte, souvent familial, je pense qu'on grandit tous si on a de la chance dans une famille, parce que ce n'est pas donné à tout le monde. Et du coup, il y a des familles, j'allais dire la famille parfaite. Je pense qu'elle n'existe pas, on est plutôt d'accord avec ça, je pense. Et donc, le contexte familial peut entraîner, amener à l'addiction. Le contexte aussi, je dirais, social, c'est-à-dire l'environnement, la classe sociale en quelque sorte. Et après, je vous rassure, il n'y a aucune classe sociale qui est épargnée. Je vous rassure, je dis ça. La classe sociale, ça joue beaucoup. Et puis, qu'est-ce qui va... Qu'est-ce qui nous emmène, pardon, je vais essayer de viter. Le besoin de légèreté et d'évasion. Je parlais de lourdeur et de cotis. En fait, ce qui amène à l'addiction et à la consommation de produits addictifs ou de drogues. J'ai beaucoup de mal avec le mot drogue, je ne vous le cache pas, parce que c'est très connoté péjoratif, enfin c'est stigmatisant à mort. Et étant médiateur de santé père, j'ai parlé un peu familier à mort. Qu'est-ce que je veux dire, je perds le fil. Du coup, c'est très stigmatisant et surtout quand il y a une addiction. Déjà, médiateur de santé-père, moi quand je travaille, j'évite ce genre de posture à tout prix et même dans la vie personnelle, ça apporte rien de mon point de vue. Et voilà, donc je vais essayer d'éviter d'utiliser ce terme-là. Je parlais d'environnement, de drogue, et en fait c'est un paradis artificiel. L'addiction, le produit, crée un paradis artificiel. Il y a un échappatoire face à la lourdeur du quotidien. Et ce qui me vient spontanément aussi, c'est un mot fort, mais qui a pour moi son importance, c'est aussi la violence. Sous toutes ses formes, vous pouvez la prendre comme vous voulez, mais souvent quand il y a violence auprès d'une personne et il y a souffrance, il y a des conduites addictives, j'ai l'impression. On peut en parler, n'hésitez pas, apparemment, c'est prévu. Je suis ouvert au dialogue. Ok. Environnement, période... Est-ce que je voulais dire aussi, tout à l'heure, il a été évoqué la question de l'environnement. Par exemple, une personne qui souhaite arrêter l'alcool, vous n'allez pas lui donner rendez-vous dans un bar. Ça paraît logique. Mais du coup, comment on tombe dans une addiction aussi, il y a l'environnement, mais il y a aussi, je dirais, la temporalité ou la période. de la vie de la personne, c'est souvent la crise d'adolescence, les premiers pétards, c'est à ce moment-là en général, ou l'alcool, ce genre de choses. Donc, être bien attentif, je dirais, à ce qui se passe à ce moment-là dans la vie de la personne. Où elle en est, qu'est-ce qu'elle vit, qu'est-ce qui se passe, être à l'écoute spontanément. Alors ensuite, qu'est-ce que j'ai noté ? Pardon un instant. Alors oui, après, j'ai noté aussi le fait de la disponibilité, de l'immédiateté et de la quantité. Et du coup, ça, ça interroge déjà le... Alors il y a deux choses, j'ai l'impression, qui se jouent à ce moment-là. C'est déjà le plaisir, la notion de plaisir et le rapport au plaisir et de répondre au plaisir. C'est pour ça que je parlais d'immédiateté et de quantité. Et là, on parle aussi, là, je fais allusion surtout à la disponibilité au niveau des smartphones, par exemple, justement avec les applications de messagerie et tout ça. ou le dark web où là c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres clairement c'est tout ce qui a été listé enfin c'est il ya une facilité déconcertante et donc ça c'est aussi une hypocrisie politique mais je reviendrai plus tard là dessus si je... on verra... bref où en étais-je... donc voyez le plaisir du coup interroger son rapport au plaisir et du coup se demander pourquoi quel plaisir et quel Comment dire ? Qu'est-ce que je viens combler ? Parce que souvent, en fait, c'est un palliatif, avoir une addiction, avoir recours à une drogue. Je vois ça comme un palliatif et ça vient combler un manque qui peut être souvent, alors j'ai l'impression, déjà le premier qui nous vient, enfin qui me vient spontanément en tête, c'est le côté affectif, clairement. Après, il peut y avoir aussi le besoin de reconnaissance, le besoin de trouver sa place, le besoin de sentir... J'allais dire vivant, vibré aussi. Et j'avais noté une petite image, un petit exemple, une métaphore sur l'idée du plaisir. C'est un peu... J'avais entendu ça quand ça parlait du thème de la passion. Et la personne utilisait l'exemple de la plante carnivore, avec les insectes, qui est très belle à voir. très attirante, très aguichante, comme ça, avec les couleurs, le parfum. Et puis l'insecte qui vient se poser, et paf ! La gueule se referme, la plante se referme, et là, on est dans l'addiction. Enfin, c'est le côté cage doré, prison. Je trouvais ça assez fort comme image. Donc ça, c'est pour la partie plaisir palliatif. Et... Ouais. Et en fait, ce que j'ai remarqué aussi... Ah, le jet. C'est le côté, comment dire, l'énergie que peut mobiliser lorsqu'on est dans une addiction.

  • Speaker #0

    C'est à dire il est 1h ou 2h du matin, si vous voulez votre produit, vous trouvez l'énergie. Même si vous avez passé une sale journée, assez lourde, chargée, enfin voilà, vous avez dû courir à gauche, à droite. Mais si à 2h du matin ou à 3h du matin, la bouteille n'est pas dans le frigo, on va chez l'épicier en bas, il a intérêt d'être ouvert même s'il est à 5km. Ça va pour le timing ? J'ai aucune idée.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    On va peut-être vous interpeller dans les questions, mais si vous voulez, vous avez parlé en entrée de jeu de père aidant. Oui. Ça sous-entend que vous avez une démarche d'aide auprès des autres. Si vous pouvez préciser en quoi elle consiste et c'est quoi la fonction d'un père aidant ?

  • Speaker #0

    En fait, déjà, il y a plusieurs... Enfin... Selon le profil des personnes, il y a plusieurs paires aidants. Notre outil de travail, moi ce que je dis souvent, c'est soi, c'est soi-même l'outil de travail, de par son savoir expérientiel et tout ça. Après concrètement, au niveau de moi, je travaille en extra-hospitalier, et je co-anime des ateliers thérapeutiques, je fais des entretiens formels, informels, et ensuite il y a aussi des accompagnements de réinsertion psychosociale. c'est-à-dire par le milieu associatif, par exemple les groupes d'entraide mutuel, qui sont les associations d'usagers en psychiatrie. Et après, je fais aussi des visites à domicile, où là, c'est des prescriptions médicales. Et on va évaluer à domicile la demande, le besoin du patient. Et ensuite, on essaie d'améliorer le quotidien et de répondre à cette demande. Je fais des visites à domicile des fois tout seul. Ça m'arrive et souvent en binôme, je précise ça parce que souvent on me dit mais quelle est la différence avec un infirmier ? Et en fait, moi j'ai tendance à répondre que déjà c'est le savoir expérientiel, d'une, la plus-value, et partant de là, quand il y a de la clinique ou quand ça sort de mon champ de compétences, là-dessus je suis au clair et je n'hésite pas à solliciter un collègue infirmier. J'ai jamais l'idée de collègue.

  • Speaker #2

    L'objectif du Père Aidant, c'est de faire sortir de l'addiction ou c'est d'accompagner l'addiction ?

  • Speaker #0

    Alors moi je ne travaille pas que dans l'addiction, c'est la santé mentale en général, ça peut être tout type de pathologie. Après moi le Père Aidant, spontanément j'ai envie de dire, j'aime bien utiliser la définition du mot rétablissement, dans le sens où pour moi le rétablissement c'est avoir une vie épanouissante pour soi. avec ou malgré la maladie. Pour moi, le rétablissement, c'est vraiment quelque chose qu'on n'impose pas.

  • Speaker #2

    Le rétablissement, comment vous définissez le rétablissement ? Est-ce un retour à une activité professionnelle ? Comment ça se définit le rétablissement dans ce domaine ?

  • Speaker #0

    J'aime bien votre question parce que j'ai tout de suite une image qui me vient en tête. Je vois le rétablissement, enfin oui, une image, comme quelque chose de vertical, on se sent aligné, on est debout, on est droit et on avance, malgré la maladie ou pas.

  • Speaker #2

    Ok, un grand merci Fata Senadla pour votre... Avant de donner la parole à la salle, j'avais une question pour Jean-Victor Blanc. Vous avez parlé d'enseigner. Or, c'est vrai que je suis votre aîné, mais... Je ne me souviens pas dans mes études de médecine d'avoir été confronté à un quelconque degré d'enseignement. Est-ce que les choses ont changé ? Est-ce qu'au cours des études de médecine d'infirmier, est-ce que vous êtes confronté au fait de venir donner des cours et de céder de votre expérience aux professionnels de santé en formation ?

  • Speaker #1

    Bien sûr. Ce qui est intéressant aujourd'hui et que j'aime bien répliquer dans différents milieux, c'est que dans le cadre des étudiants en santé, à la fois utiliser les films et leur faire comprendre ce que c'est que la santé mentale, les troubles psychiques, l'addiction, ça fait partie normalement du B.A.B.A. parce qu'ils seront confrontés à des personnes qui vont avoir un trouble de santé mentale. On sait qu'en médecine générale, c'est un tiers des consultations. Pourtant, ce n'est pas assez enseigné à la fac, ça c'est certain. Mais donc, ça fait partie de l'enseignement qu'ils devraient recevoir. Mais aussi, on sait que les étudiants en santé, ils sont concernés en tant qu'étudiants et en tant qu'étudiants en santé par des troubles de santé psychique. On en voit beaucoup. C'est vrai qu'avec des choses, moi, quand j'ai commencé, donc ça fait dix ans que je suis diplômé. Donc, il y a une quinzaine d'années, j'étais interne. C'était assez rare d'avoir des étudiants en médecine qui avaient un tiers temps ou une spécificité qui fait qu'ils avaient une... pour les stages, etc., un aménagement pour un trouble de santé psychique. Alors qu'aujourd'hui, quasiment sur chaque promo, il y a beaucoup, plusieurs étudiants et beaucoup dans le service qui ont des... Donc, on voit bien qu'il y a de plus en plus de troubles psychiques aussi chez les étudiants en santé. Et donc, leur parler de santé mentale, c'est aussi un encouragement et un moyen de leur faire aussi prendre conscience que peut-être eux-mêmes sont concernés et comment ils peuvent se faire finalement aider. Donc, ça, c'est quelque chose qu'on voit dans le cadre de la santé en formation continue. Enfin, initiales, mais aussi en formation continue. Les professeurs de santé sont plutôt à risque d'avoir des troubles de santé psychique. Mais c'est aussi quelque chose qu'on peut répliquer dans d'autres sphères, comme le cinéma, avec l'utilisation de la pop culture.

  • Speaker #2

    Madame Camille Brandt, vous avez initié votre propos en parlant des zones de consommation en moindre risque, qui ne sont pas sans poser de problème avec, dans la société française, des gens qui s'y opposent. en disant les intoxications par les drogues sont nuisibles sur le plan sont neurotoxiques et accompagner la neurotoxicité en disant venez par ici ce sera plus facile d'obtenir les drogues c'est une certaine manière de les abandonner et puis il ya d'autres gens qui disent toute façon ils vont se droguer donc autant vaut que ce soit dans des zones où ils seront plus accompagnés. Quelle est votre position par rapport à ça et comment justifiez-vous ? Est-ce que vous pensez qu'il faut multiplier les zones ? Je sais qu'en particulier à Paris, il y a de la contestation. Où est-ce qu'on les met ? Comment on fait le voisinage entre ces zones-là et les gens qui y habitent ?

  • Speaker #3

    C'est une question importante qui nous est très souvent posée. Je vais dire... Notre position à l'ITAC, mais pas que la nôtre, parce qu'on fait partie quand même des dispositifs qui sont très évalués par des dispositifs très sérieux comme l'Inserm. Donc, nos dispositifs, c'est quelque part. Alors, je tiens à préciser qu'on n'accompagne pas l'accès aux produits, mais les personnes arrivent avec leurs produits. Donc, on va fournir un lieu de consommation en sécurité et qui va agir sur différents niveaux. On parle souvent de tranquillité publique. A priori, je pense que tout le monde préfère que la consommation ne se fasse pas dans un square où il y a des enfants et que ça se passe plutôt dans des lieux dédiés. Après, on peut parler de coûts sur l'économie globalement du pays avec les coûts des soins parce que les conséquences des consommations peuvent amener des soins très lourds et des hospitalisations. Et donc si on évite des passages aux urgences, si on évite... Donc ça, c'est des éléments sociétaux très clairs. Après, il y a du respect, et ce qui nous paraît prépondérant, de la condition humaine. Ce n'est pas parce qu'on a une consommation qu'on n'a pas le droit d'accès aux soins, l'accès aux droits fondamentaux. Et c'est ce qu'on propose en fait dans nos structures. Ce n'est pas juste consommer, c'est offrir des espaces d'accueil avec la possibilité de soins. de la possibilité d'hébergement aussi maintenant. Et donc voilà, tous les voyants globalement dans toutes nos évaluations sont au vert sur des indices de tranquillité publique, d'économie, d'accès aux droits, d'accès aux soins. Et donc il y a... Il n'y a que deux salles de consommation malheureusement en France. Des dispositifs qui ont été très avancés, qui ont été bloqués pour des raisons politiques, on va le dire clairement, sur des sujets qui ne sont pas adaptés. Donc on va dire à Paris, donc déjà eux aussi sont voyants au vert par rapport à la tranquillité publique et sécurité. Mais on va entendre quelques voix qui sortent de là plutôt... Voilà, des faits journalistiques, on peut le dire comme ça. Et Paris n'est pas comparable à chez nous, par exemple, parce que le nombre de salles de consommation n'est pas adapté pour le bassin de population. Je pense qu'à Strasbourg, on est tous d'accord pour dire que ce n'est pas vraiment une question. La salle de consommation, je ne sais pas si vous savez où elle est, elle est en tout cas dans l'hôpital civil. On n'a pas de problématique de voisinage et on est aussi plus adapté par rapport à notre bassin de population. Donc pour répondre à l'offre, il faut aussi s'adapter à la population. Voilà. Je ne sais pas si j'ai répondu,

  • Speaker #1

    mais c'est...

  • Speaker #2

    Mais que répondez-vous à la critique qui vient dire, OK, pour notre tranquillité à tous, on les abandonne en leur donnant, dans un coin quelque part, ce qu'il leur faut, en facilitant le fait qu'ils aient accès à des produits addictifs. Qu'est-ce que vous répondez à l'accusation d'abandon de ces gens-là ?

  • Speaker #3

    J'ai envie de les inviter, de leur montrer que ce n'est pas de l'abandon justement, parce que c'est un dispositif très dense en accompagnement. Et c'est peut-être une phase, en tout cas, c'est plutôt s'adapter au possible en fait. Pour certaines personnes, comme on le disait, juste dire, c'est soit continuer, soit sevrer, c'est les seules options, soit et si tu continues, on t'abandonne et on ne fait rien. Là justement, pour moi, ce n'est pas de l'abandon, c'est quelque chose de... densifier le suivi et proposer une offre de soins. Parce qu'on peut peut-être, on a envie de traiter son hépatite C avant d'arrêter la consommation. Et peut-être que justement, côtoyer des professionnels de santé, ça peut susciter de l'envie de changer ses consommations. Et c'est ce qu'on observe aussi. Pas toujours, mais on peut l'observer.

  • Speaker #2

    Aurélien ?

  • Speaker #4

    Juste avant de laisser la parole au public, une toute petite anecdote et une question. En tant que neurologue, j'ai vu fin août un jeune homme avec des troubles de la marche très sévères dans un contexte de consommation de protoxyde d'azote. Je l'ai envoyé à l'hôpital. Fin octobre, j'envoie un second. Je me dis bon, je l'envoie à l'hôpital. Donc, carence en vitamine B12. C'est ce qu'on trouve dans les siphons qu'on utilise pour faire les recettes de Top Chef. Et puis voilà qu'arrive il y a trois semaines un mois une troisième personne qui arrive et qui sait flinguer la moelle et les nerfs. Donc un tableau très sévère avec quelqu'un qui peut à peine marcher, quelqu'un qui est plus jeune que vous tous ici. Et en réalité j'appelle l'hôpital et l'hôpital me dit on n'hospitalise plus ces patients, ils sont trop nombreux. On voit directement avec la rééducation. Alors je ne sais pas si mon expérience est représentative de ce qui se passe. en France, mais j'ai vu davantage de patients handicapés par le protoxyde d'azote en 4 mois que de développement d'une sclérose en plaques par exemple. Donc j'imagine qu'il y a peut-être un biais statistique ou un biais d'observation, mais est-ce que vous retrouvez aussi cette émergence-là de complications qui, ma foi, je ne sais pas comment ça va évoluer, j'ai pas encore suffisamment de recul, c'est assez précoce, mais c'est très inquiétant sur le plan d'observation.

  • Speaker #1

    Effectivement, on en voit de plus en plus arriver, notamment via les urgences. Après, c'est vrai que c'est un petit peu irrégulier. On a du mal à savoir si c'est vraiment une augmentation. Mais je sais que nous, on a eu un petit peu ça il y a un an et demi, avec vraiment une série de cas, on s'est dit bon. Et là, finalement, il y en a un petit peu moins. Alors, je crois que c'est officiel. La vente du protoxyde d'azote vient d'être interdite depuis... Ah voilà, à partir de 2026, donc encore un petit peu de... de temps. Après, sur les difficultés d'accès aux soins, c'est vrai que c'est un challenge du quotidien. Après, pour parler au niveau local à Paris, souvent c'est plus facile pour le coup de mettre en place des soins en addictologie qu'en psychiatrie. Alors que ça peut paraître un peu paradoxal, mais là où en psychiatrie hospitalisée, c'est extrêmement compliqué, avec des listes d'attente très longues, beaucoup de patients qui restent aux urgences, etc. Pour ce qui est de la dictologie et les soins, on va dire la jonction avec les soins somatiques, ça fonctionne encore un peu. Mais clairement, c'est là aussi un terrain, une expérience, une observation de terrain.

  • Speaker #4

    Merci. On va maintenant laisser la place aux questions du public.

  • Speaker #5

    Merci pour vos interventions. Merci aussi aux organisateurs pour ce beau forum. Alors moi, je voulais, Dr Blanc, avoir un approfondissement d'une réflexion que vous aviez précédemment et un approfondissement peut-être par vous toutes et tous. Plus de 20 ans que nos politiques publiques successives ont détricoté un bien qui nous est commun, notre système public de santé. Et avec un enjeu d'augmentation de la prise en charge, notamment par les populations vieillissantes et par les troubles de santé mentale qu'on évoquait aussi ici, dont l'incidence ne fait qu'augmenter. Et avec une baisse de la démographie médicale, quels sont aujourd'hui les moyens qui sont mis à votre disposition par les politiques publiques ? Je pense au ministère de la Santé, je pense aux agences régionales de santé pour faire de la détection. de l'addiction dans vos professions et de l'accompagnement pour faire en sorte qu'on puisse prendre soin aussi de vous. Parce que si vous n'êtes plus là, qui prendra soin de la société après ?

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour cette question et ce retour. Honnêtement, le constat n'est pas très positif. Ce qu'on sait, notamment là, actuellement, avec la valse des gouvernements, il n'y a aucune lisibilité. clairement sur une politique de santé publique, quelle qu'elle soit. Honnêtement, c'est assez risible. Pour le festival, on s'est dit la première année qu'on voulait avoir le haut patronage du ministère de la Santé. Puis en fait, sur rien que la temporalité d'un événement annuel, ça change pluriannuellement. Donc en fait, c'est plus personne, en tout cas la plupart des gens qui sont en maille directement avec le gouvernement, eux-mêmes n'arrivent pas à suivre. Donc quand on est un petit peu plus loin, moi je suis agent du service public, donc voilà, je n'ai pas de contact direct avec le ministère, mais c'est... C'est une telle valse et on sait que quand le gouvernement change, c'est l'immobilisme pendant environ deux mois après. Donc ça laisse assez songeur sur le fait qu'il n'y a plus tellement de pilotes dans l'avion au niveau du ministère depuis maintenant plusieurs années. Donc on a beaucoup de mal à avoir une prise de conscience finalement de cette urgence. 2025 est censé être l'année de la grande cause nationale pour la santé mentale. Ça a été rappelé et confirmé par le gouvernement Bayrou. Mais pour l'instant, là aussi, on n'a pas encore de traduction, que ce soit en termes de communication, puisque c'était ça l'essentiel, ni de financement. Donc, ce qu'on essaye de faire, c'est finalement au niveau local, essayer de trouver des stratégies. pour faire émerger des solutions, pour mettre en valeur des choses innovantes comme effectivement les médiateurs de santé paire. Et puis aussi, ce en quoi je crois beaucoup, c'est en fait la prévention et l'éducation. Et notamment, c'est aussi pour ça que j'utilise quelque part le cinéma, les séries. Mais aujourd'hui, Netflix a plus d'écoute, est plus écoutée, plus prise au sérieux aussi parfois que certaines prises de parole et aussi a beaucoup plus de moyens. Donc, en fait, éduquer la santé mentale avec une série Netflix, c'est beaucoup plus efficient. Alors après, ça pose d'autres questions parce que Netflix n'est pas un organisme gouvernemental. Mais au moment où cette place-là est laissée vacante et puis maintenant, depuis, comme vous le dites, depuis des années, c'est aussi un constat de réalité qui va être d'utiliser autre chose pour communiquer parce que malheureusement, on ne peut plus attendre une éventuelle prise de conscience.

  • Speaker #2

    Est-ce que ce n'est pas dû, cette espèce de flou de la part du gouvernement, au fait qu'il n'y a pas de philosophie par rapport à cela ? Est-ce qu'on a un cahier des charges ? Est-ce que le fait de changer de bord politique ne fait pas qu'on passe d'une philosophie à une autre ? Parce que si c'est ça, c'est extrêmement grave.

  • Speaker #1

    Honnêtement, ce n'est pas très réjouissant comme constat, mais ce qui est compliqué, c'est que pour l'instant, on a l'impression que les politiques publiques ne s'adosent déjà pas à la science. Ne serait-ce que l'exemple des salles de consommation, toutes les études montrent un bénéfice. Évidemment, ça ne supprime pas le problème, mais ça montre qu'il y a moins de mortalité, moins de morbidité chez les usagers, qu'au niveau du voisinage, ça améliore les choses, etc. Et pourtant, ça bloque pour des raisons uniquement politiques. Et c'est vrai que ça peut paraître risible, se dire qu'à Paris, il y a une salle pour toute l'île de France. Et forcément, elle est débordée. Et donc, il y a des gens autour qui n'ont pas que ça, la salle, et qui donc consomment. C'est tellement trivial. Et pourtant, il y a des blocages. Donc, effectivement, et pour l'instant, la plupart des prises de parole qu'il y a eu sur le gouvernement, sur la question spécifique des addictions, c'est uniquement la répression. Et on sait très bien que ça ne fonctionne pas. Après la question de l'addiction et des substances, elle n'est évidemment pas que médicale. Et loin de moi de dire que ce serait que un problème médical. Et que donc, par exemple, la question de légaliser les produits. Honnêtement, c'est une question qui est très complexe et qui appartient à l'ensemble de la société, pas que aux médicales. Évidemment, néanmoins, voir les choses que par ce boulot de la norgnette, c'est un peu ce qui s'est passé aux États-Unis avec la crise des opioïdes qu'ils ont eu derrière. Donc, on ne voit pas tellement, à part sur de la démagogie et du calcul politicien, d'où vient cette stratégie de uniquement criminaliser les usagers et les renvoyer en précarité. Donc, là aussi, c'est... Triste constat.

  • Speaker #6

    Bonjour, merci pour cette conférence qui est très intéressante. Je suis maman d'un jeune homme qui a 24 ans, qui souffre de schizophrénie, qui a testé plein de produits. Actuellement, il est accro à la cocaïne. Il y a un vrai souci, c'est qu'à plusieurs reprises, il a souhaité arrêter. En revanche... Les rendez-vous qui lui sont proposés sont très éloignés et il change d'avis. Un mois et demi après, il change d'avis. Donc, je trouve qu'il y a une problématique au niveau de la prise en charge. Si elle est trop tardive, on va vers une perte de chance pour l'usager. Et bon, actuellement, il a la chance de pouvoir aller chez ALT. Mais c'est un en combat.

  • Speaker #2

    Accès aux soins pour les personnes qui sont en souffrance psychiatrique, mais aussi en besoin de drogue ou de produits psychoactifs.

  • Speaker #3

    J'ai envie de vous dire, vous avez tout à fait raison, c'est vraiment très peu satisfaisant, voire impossible, de dire qu'on a des délais à 2, 3, 4 mois. Et arrivent ces questions-là, et on est dans la situation à Strasbourg, mais c'est pareil dans toute la France, des structures complètement débordées, des fois par manque de professionnels, des fois par manque de moyens par rapport aux demandes. Mais vraiment, cette temporalité-là, elle n'est pas acceptable en addictologie, je suis complètement d'accord avec vous. Mais les structures arrivent à fermer des fois des moments complètement, les accueillent parce qu'elles ne peuvent pas répondre. accueillir tout le monde et donner des rendez-vous une fois qu'elles sont admises. À 3-4 mois, pareil, il n'est pas du tout satisfaisant. Donc c'est très frustrant. Je trouve que c'est terrible pour les usagers, c'est terrible pour les professionnels parce qu'on se retrouve quand même, tous nos collègues, au téléphone des personnes qui ont des demandes plus que légitimes. Et donc nous, on fait remonter ces demandes-là. Mais effectivement, en vue des financements qu'on observe, ça ne va pas du tout dans un sens de... d'augmenter par rapport à la réalité des besoins. Je crois que sur l'année 2020, je ne sais plus si c'est 2023 ou 2024, il y avait sur Strasbourg uniquement plus de 500 demandes qui n'ont pas pu aboutir de demandes de personnes qui étaient en demande de soins. Parce que là, on a quand même cette image de dire les gens qui ont une problématique addictive ne veulent pas se soigner. Ce n'est pas la réalité. Nous, on voit aussi tous ceux qui veulent se soigner à qui on ne répond pas. Et c'est terrible.

  • Speaker #5

    Bonjour, merci à vous pour vos interventions. Je voulais vous poser une question plutôt d'ordre systémique. C'est-à-dire, je vais revenir sur la métaphore de la souris dans sa cage, à qui on a enlevé et qui finit par développer ses comportements. Et c'est quelque chose qui résonnera auprès de toute personne qui a eu de près ou de loin un rapport à l'addiction. J'aimerais avoir votre avis sur les violences systémiques qui ont toujours été évoquées, mais jamais explicitées, lesquelles sont ? Parce qu'on suppose qu'elles sont présentes dans le monde du travail, dans l'éducation, dans le cercle familial. Je pose cette question puisque la prévention montre ses limites. Quand on est au stade de la guérison, c'est déjà trop tard. Donc quels sont les leviers de manœuvre ? Quelles sont les violences qu'on doit montrer et qu'on doit combattre pour justement ne plus être face à ce cadre et justement prévenir de manière, je pense, plus pérenne et plus efficace les addictions ? Merci.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. C'est une question qui est très intéressante. Dans ce qu'on sait qui est associé finalement à des détails... des déterminants de santé et donc l'addiction. On va retrouver tout ce qui va être violence physique et sexuelle, notamment dans l'enfance, qui sont des grands facteurs de vulnérabilisation des individus et qui, à la fois, c'est dès le début de la vie, ça a des conséquences sur, finalement, toute une vie potentiellement, même si, évidemment, c'est possible ensuite le rétablissement et que ce n'est pas toutes les personnes qui ont été victimes qui vont développer un trouble, mais néanmoins, c'est un facteur de risque important. Donc, on espère que là aussi... les efforts qui sont faits, en tout cas la levée d'un certain tabou et le fait qu'on en parle plus, va quand même avoir des conséquences positives, mais évidemment ce sera sur les générations futures. Après on sait que tout ce qui va être également précarité dont on a parlé un petit peu, ne serait-ce qu'il y a une étude assez intéressante et là aussi c'est quand même dommage que ces études-là ne soient pas utilisées au niveau politique, mais une étude qui a montré au moment du changement de politique du RMI au RSA, qu'une augmentation de 10% de la précarité se traduisait par une augmentation de la prescription des opioïdes en France. Et c'était département par département. Donc pour le coup, ce n'est pas la situation aux États-Unis. Et ces deux facteurs, l'un vient des données de la Sécurité sociale, l'autre venait de la politique financière d'allocation. Donc je veux dire, c'est quand même assez robuste au niveau scientifique. On voit qu'il y a vraiment cette augmentation, alors qu'en plus, on se dit que c'est quand même des médicaments qui sont prescrits par des médecins. Donc, il n'y a pas forcément, encore une fois, le médecin ne se dit pas, ah bah tiens, c'est la réforme de RSA, je remets ma dose de codine. C'est assez impressionnant. Donc, c'est vraiment ce type d'éléments. Après, on va retrouver aussi tout ce qui va être discrimination de genre, discrimination ethnique et raciale, discrimination sur l'orientation, etc. Donc, on sait que tout ça, cumulé notamment, peut faire que certaines personnes vont être... plus souvent concernés par les problèmes d'addiction.

  • Speaker #2

    Ombre, Camille Branche ?

  • Speaker #3

    Oui, ce que j'aurais pu dire, c'est pour ajouter peut-être quelque chose de jamais banalisé, en fait, et ça passe par former les professionnels en permanence aussi, les sensibiliser à reconnaître. Chez nous, en pratique, avec un public qui peut être en grande précarité, c'est aussi des accompagnements aux dépôts de plaintes, parce que... C'est tellement banal d'être l'image d'être agressée ou de subir des violences sexuelles pour l'accès aux produits. En tout cas, c'est plus facilement de travailler l'accès aussi aux dépôts de plainte. Et puis aussi, le travail avec les forces de police, qui ont quand même fait beaucoup de progrès sur l'accueil des dépôts de plainte. Et nous, on ne baisse pas la garde non plus quand on observe des situations qui ne vont pas. Donc, jamais banalisé, en fait.

  • Speaker #7

    Bonjour, merci pour votre intervention. Tout le monde connaît cette phrase, la folie c'est de toujours répéter la même chose et d'attendre un résultat différent. En France, on met beaucoup l'accent sur la répression et sur la culpabilisation. On le voit encore aujourd'hui avec les interventions du Premier ministre qui culpabilise les consommateurs. Alors que par exemple l'exemple du Portugal est assez marquant, ils avaient de gros problèmes de transmission de MST et de décès suite à la vague d'héroïne des années 90, ils ont dépénalisé le produit et ils ont eu une chute drastique de la consommation parce que dans la dépénalisation aussi il y a le fait de cet attrait à l'interdit qu'on en digue aussi et de rediriger l'argent public qui est donné sur la répression. à l'aide, le soin et la prévention. Et du coup, je voulais savoir quelle était votre vue là-dessus, sur la dépénalisation des produits. Et est-ce que vous avez aussi une fonction, vous, de conseil au niveau des pouvoirs publics pour changer justement cette vision, sachant qu'il y a une très très grosse hypocrisie autour de ça, et notamment dernièrement, quand ils parlaient, le jour où ils ont dit que les consommateurs avaient du sang sur les mains. Le majordome de Matignon a été retrouvé avec 50 grammes de cocaïne. Je pense que ce n'était pas pour sa consommation personnelle. Je trouve qu'il y a une très grande hypocrisie sur la consommation, sachant que toutes les sociétés ont toujours consommé. Il y aura toujours de l'addiction, il y aura toujours de la consommation. Mais plus il y a de la prévention, plus on peut aider les gens à consommer peut-être sainement et à moins tomber dans l'addiction. Je voulais juste savoir ce que vous en pensiez. Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    En d'autres termes, je rajouterais à cette question une question qui pourrait nous permettre de conclure. Est-ce que les addictions augmentent ou est-ce que, comme le dit monsieur, elles ont toujours existé et elles seraient stables ou est-ce qu'elles augmentent ?

  • Speaker #1

    Je crois que vous vouliez intervenir sur la question de Claire Gage. Non, je voulais intervenir sur autre chose.

  • Speaker #6

    Je ne passe pas sur la réponse directe.

  • Speaker #1

    Alors les addictions, elles augmentent plutôt et notamment avec des nouvelles formes de comportements addictifs, notamment là aussi pris dans quelque chose d'assez, comment dire, systémique. On sait qu'aujourd'hui il y a toute une économie qui repose sur l'addiction, ce qu'on appelle le capitalisme limbique, où en fait nos comportements de consommation sont aussi quelque part aiguillés. par des mécanismes propres de l'addiction, la récompense immédiate, etc. On le voit sur les réseaux sociaux, on le voit à différents endroits de nos vies, sur les achats, etc. Après, vaste question, celle de répression, dépénalisation.

  • Speaker #0

    Disons que ce qu'on sait, c'est que la prohibition, ça n'a pas fonctionné. La pénalisation des usagers, la culpabilisation des usagers non plus. Néanmoins, c'est ce qui est politiquement le plus facile, parce qu'il suffit de dire que c'est la faute des consommateurs, c'est la faute des dealers, sans s'attaquer finalement aux racines. Après, ce qui est compliqué aussi en tant que médecin, c'est qu'on sait que si les produits, et notamment à priori le cannabis qui serait le premier à être dépénalisé, ça se fera surtout pour des questions économiques. Avec déjà beaucoup d'investissements et un effet de lobbying fort, les produits qui sont légalisés, que sont le tabac et l'alcool en France pour le moment, c'est quand même des lobbies qui ont plutôt tendance à essayer de supprimer les messages de santé. et essayer de favoriser leur part de marché en poussant à la consommation. Donc, je vois ça d'un œil, en tout cas ma réponse personnelle, elle est quand même complexe, parce que justement, on sait que si c'est dépénalisé, ce sera probablement pour des raisons économiques, alors même que, on le sait, et ça c'est important aussi, malgré le fait que le tabac et l'alcool, ça rapporte beaucoup d'argent dans les caisses de l'État, notamment de l'argent immédiat, puisque c'est des produits qui sont très fortement taxés, néanmoins, sur le moyen et long terme, ça... coûte beaucoup plus cher à la société. Donc même ce calcul-là de se dire, finalement, ça rapporte parce que le paquet de tabac, il est cher, etc. En fait, les cancers, notamment, tels qui sont pris en charge avec des questions de sustainabilité qui vont se poser combien de temps la sécurité sociale va pouvoir aussi soigner les conséquences. Et à un moment, il y aura peut-être un arbitrage qui se fera. Donc voilà, une réponse un peu de psy, pas très marquée. pas très, en tout cas difficile d'y répondre de manière très simple.

  • Speaker #1

    J'avais encore une question sur cet enfermement et sur la solitude qui alors sont véritablement un phénomène nouveau, qui n'existait pas il y a 50 ans. Donc vous dites que c'est un phénomène mondial. Je n'arrive pas à admettre qu'il... Il pourrait s'agir d'une pathologie organique qui tout d'un coup serait apparue dans l'espèce humaine. Donc il s'agit d'un comportement nouveau qui n'est pas organique et qui est une réaction à nos sociétés. Y a-t-il un point commun aux familles dans lesquelles ça se produit ? Un enfant qui se met à s'enfermer et à qui on finit par amener alimentation et tout ce qu'il faut dans sa chambre, au lieu de lui dire, si tu ne sors pas de ta chambre, tu n'auras pas à manger, tu finiras par sortir. Donc, est-ce qu'il n'y a pas dans ces familles quelque chose qui explique ces nouveaux comportements qui n'existaient pas autrefois ?

  • Speaker #2

    Moi, je voulais d'abord répondre à la dame dont l'enfant est schizophrène, est cocaïnomane et peut-être de temps en temps enfermé. On est tous d'accord sur le défaut de réponse aujourd'hui. Entre le Japon et la France, apparemment, curieusement, les courbes sont inversées dans le nombre de pédopsychiatres qui a cru multiplier par 10 au Japon pendant qu'il est divisé par 10 en France. Et donc ça fait pédopsychiatre et psychiatre un défaut de cette réponse dont vous parlez. Mais je ne suis pas désespérée moi de nature et je pense qu'il y a plutôt à s'appuyer sur les pères aidants, sur les familles, sur les groupes et aussi à reprendre précautionneusement l'itinéraire parce que parfois on s'énerve ou il y a une incompréhension de type presque psychologique avec quelqu'un. Alors que ce n'est pas le problème, il n'y a pas vraiment un refus de prendre en charge. Donc c'est une attention permanente entre le thérapeute, la famille et le patient pour arriver à ce que des soins soient donnés en s'appuyant sur ce qu'on a aujourd'hui. Et je dirais aussi, par exemple, le téléphone portable aujourd'hui, Quand on est psychiatre, on a tout le temps des SMS le dimanche soir à 10h du soir. Au début, on s'énerve et après on se dit que c'est mieux ça que d'avoir une catastrophe le lendemain matin. Donc il y a quand même des nouvelles pistes assez intéressantes. Maintenant, la question de la solitude. Au niveau du fait que c'est mondial, c'est très étonnant parce que c'est l'Ouganda, le Nigeria, la République d'Oman, l'Arabie Saoudite. la Nouvelle-Zélande, l'Australie, bien entendu Corée, Chine, Japon, Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Suède, Italie, beaucoup Italie, France aussi, à tel point qu'au Danemark, il y a un psychiatre qui a fait un article récemment en disant c'est bizarre, mais nous on n'en a pas, réveillez-vous les psychiatres, il doit y en avoir et on ne les voit pas Donc c'est vraiment mondial. Alors le point commun... de nos sociétés et des familles, je dirais qu'il y a eu beaucoup de choses qui ont été cherchées. Au début, on a dit que c'était un défaut d'amour, un défaut d'affection, un défaut de circulation dans la famille. On s'est aperçu que non. C'est plutôt ce qu'on appelle en psychiatrie des troubles de l'attachement, c'est-à-dire un lien, comme il y a dans les addictions, un lien très particulier avec la peur de l'autonomie de tout le monde. Je disais à une maman l'autre jour, alors un peu de bonheur partagé avec votre enfant qui a 23 ans, elle me dit il n'y en a plus, il n'y en a plus, il n'y en a plus. Alors évidemment, elle n'y en a plus, elle ne le voit plus du tout. Et donc au niveau mondial, il y a quand même la culture du danger extérieur. C'est mondial, il y a eu un article dans Le Monde il y a deux ans je crois, qui disait où sont passés les enfants des rues. Il n'y a plus d'enfants dans les rues parce que les rues sont peuplées de pédophiles, d'assassins, etc. On a peur tout le temps. Donc, il y a une façon de dire à l'enfant, il vaut mieux que tu sois à la maison, au moins, même si tu prends des drogues, même si, même si, au moins, je vois ce que tu fais, je vois ce que tu es, tu ne cours pas le risque extérieur. Et ça, c'est mondial. Et puis, il y a aussi, dans ces familles, parfois, c'est assez touchant, parce que ça arrive à... À la surface, un parent qui est malade ou qui a été malade, et l'enfant qui reste comme dans une sorte de peur qu'il arrive quelque chose à son parent, sauf qu'il ne va pas le dire. Ça se voit notamment dans les violences conjugales. Le garçon qui reste parce qu'il a peur que le père vienne taper la mère. Et ça n'apparaît pas dans les premiers temps. Je ne sais pas si je vous ai répondu.

  • Speaker #1

    Aurélien,

  • Speaker #3

    dernière question. Privilège de la dernière question. Il y a évidemment des déterminants sociaux, culturels très importants dans l'addiction, mais il y a également des déterminants parfois biologiques. On en a parlé hier un petit peu avec ces médicaments dopaminergiques qui défraient la chronique actuellement contre la maladie de Parkinson et qui sont à même de susciter l'addiction. L'idée d'un médicament qui permet de sortir de l'addiction, c'est aussi un peu... une arlésienne dans la médecine, mais on entend parler des analogues de la GLP1, notamment on a entendu parler du baclophène. Alors pour finir, peut-être sur une note un peu d'espoir, ou en tout cas même avec un petit trait d'humour, ça me fait penser au dessin où le patient dit j'ai besoin d'aide, j'arrive plus à arrêter les médicaments, et le médecin qui lui dit je vais vous prescrire un médicament pour arrêter. Est-ce que c'est quelque chose qui a de l'avenir ? Est-ce que vous avez l'impression qu'on va arriver peut-être aussi à aider les patients avec des aspects aussi médicamenteux ?

  • Speaker #0

    On espère, on espère. Alors, je vais essayer de faire une réponse la plus positive possible, parce qu'en plus, c'est plutôt ma nature. Mais il faut savoir quand même que, contrairement à ce qu'on pense souvent et ce qui est souvent relayé dans les médias, les laboratoires pharmaceutiques investissent très peu, voire plus du tout dans la santé mentale, parce que ce n'est pas rentable. Donc, cette idée qui voudrait que les pathologies en psy soient des inventions des labos. Franchement, si c'est une pension, ils n'en sont pas très satisfaits parce que la plupart des grands labos ont complètement déserté la recherche et le développement sur des médicaments en psychiatrie. Pour plein de raisons, parce que c'est difficile, parce que c'est moins financé aussi par mécanisme. C'est le gouvernement, quelque part, qui aiguille aussi la recherche. Et en ce moment, c'est beaucoup tout ce qui est pathologie oncologique, donc les cancers et les pathologies rares qui rapportent. Donc, c'est là que l'investissement se fait. Donc, on n'a pas beaucoup, beaucoup de choses en stock. Ce qui, pour le coup, il y a quand même une note d'espoir assez positive et on sort un peu de pied de nez, puisque aujourd'hui, les promesses les plus importantes sur le développement de médicaments en addicto et en psychiatrie, c'est les psychédéliques. Donc, une autre drogue. Pour le coup, ça répond un peu à votre cartoon. Il faut savoir que dans les pistes les plus prometteuses, on est en train en ce moment, alors en France, c'est à Paris et à Nîmes, il y a eu beaucoup ça aux Etats-Unis, sur la psilocybine, qui est donc une substance issue d'un champignon, qui est un champignon hallucinogène, qui a montré dans beaucoup, des centaines d'études, des effets très importants. sur le traitement de l'addiction, sur le traitement de la dépression, du trouble de stress post-traumatique, du trouble anxieux également, le LSD, la MDMA, qui sont utilisés. Alors attention, pour partir, en plus c'est le take-home messages, attention, ce n'est pas un usage récréatif, c'est un usage dans le cadre de ce qu'on va appeler des psychothérapies augmentées, c'est-à-dire que c'est dans le cadre d'un protocole de soins que la substance est administrée. avec du coup un travail en psychothérapie en parallèle, avec des doses qui sont aménagées, qui ne sont pas les doses utilisées à visée récréative et donc n'ont pas les effets non plus délétères qu'on peut retrouver chez les usagers récréatifs. Mais c'est aujourd'hui, alors là peut-être pas, mais en tout cas une des pistes les plus avancées de recherche. Et c'est vrai que c'est assez impressionnant. dans les congrès en ce moment de psychiatrie, d'addictologie. On parle peut-être pas que de ça, mais quand même beaucoup, beaucoup de ça. Donc, s'il y a des pistes, en tout cas rapidement, toutes proportions gardées, puisque pour l'instant, j'ai cité les deux centres, c'est encore à l'état de recherche. Donc, vous ne pouvez pas aller voir un médecin, quel qu'il soit, pour qu'il vous en prescrive. Néanmoins, c'est un peu là que se situe l'espoir, avec, pour le coup, beaucoup de choses intéressantes, notamment le fait qu'est-ce qui est complètement nouveau ? mais aussi dans la conception d'un médicament puisque c'est des produits qui agissent en une fois ou une série de fois mais avec un effet pérenne donc vraiment un effet de neuroplasticité mais qui vient d'une expérience à un temps T qui fait qu'il y a des bénéfices sur la perception, sur les émotions sur les comportements, sur le long terme donc pour l'instant le long terme dans les études c'est plusieurs mois mais ça pourrait être plusieurs années ce qui pourrait vraiment changer la donne

  • Speaker #1

    Merci à cette table ronde extrêmement inquiétante, mais ça fait partie de la bioéthique. Le pire serait de ne pas se poser les questions et de ne pas être interrogatif sur nos sociétés. C'est le but du Forum européen. Un grand merci de nous avoir aidé à mieux connaître ces sujets.

  • Speaker #3

    On se retrouve à 14h pour parler de la santé mentale de nos enfants. Merci à vous.

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Description

Forum Européen de Bioéthique 2025 : Santé mentale & Bioéthique


Les nouvelles addictions


Dans les années 90’s, on craignait les junkies, les seringues contaminées et les overdoses. Mais aujourd’hui, en plus de ces drogues sales et trafiquées, il y en a d’autres aux dénominations médicales telles que le TRAMADOL, le LYRICA, le RIVOTRIL ou le FENTANYL. Par ailleurs, si les drogues « dures » n’ont pas disparu, de nouvelles formes d’addictions se développent et se répandent, et ceci, dès le plus jeune âge. On sait tous que scroller ne sert à rien, que passer des heures à consommer du porno ne fait qu’alimenter un marché du corps à l’éthique douteuse, et pourtant, ce que la raison condamne, le cerveau, dans sa biochimie complexe, semble parfois l’ignorer ou pire, en réclamer davantage.


Avec :


Jean-Victor Blanc, Médecin-psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP, Paris), Enseignant-chercheur à Sorbonne Université


Camille Brand, Médecin addictologue, Directrice médicale Association Ithaque Strasbourg


Marie-Jeanne Guedj Bourdiau, Psychiatre et pédopsychiatre, Ancien chef du pôle urgences psychiatriques de l’hôpital Sainte Anne (Paris),

Fondatrice de l’Association Francophone pour l’Étude et la Recherche sur les Hikikomori (AFHIKI)


Fatah Senadla, Médiateur de santé pair au Centre hospitalier de Rouffach


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous,

  • Speaker #1

    bienvenue pour cette dernière journée du Forum européen de bioéthique, cette année consacrée à la santé mentale et à la bioéthique. Nous ouvrons la première session d'aujourd'hui sur les nouvelles addictions et je m'empresse de laisser la parole au...

  • Speaker #0

    fondateur du Forum européen de bioéthique,

  • Speaker #1

    j'ai nommé Israël Nizan.

  • Speaker #0

    Merci Aurélien. Le sujet choisi ce matin, les nouvelles addictions, je vous le dis tout net, on ne va pas pouvoir le traiter en entier tellement... il est vaste et je voudrais juste scanner un tout petit peu la largeur du sujet dont on ne traitera qu'une petite partie parce que parce que c'est vraiment il aurait fallu la journée il ya des addictions nouvelles au numérique des addictions comportementales et des addictions aux psychoactifs. Trois grandes familles d'addictions. Le numérique, qui est la plus récente. Vous avez tous entendu parler de la nomophobie, cette manière de consulter de manière compulsive son téléphone et surtout l'anxiété qui étreint certaines personnes lorsqu'elles n'ont pas leur téléphone sous la main. C'est une véritable addiction, mais il y a l'addiction aux réseaux sociaux, des gens qui comptent les likes de leurs interventions et qui sont littéralement accros à ce nombre de likes, qui ont peur de manquer un message. Les Américains parlent de FMO pour Fear of Missing Out, des addictions aux jeux vidéo, parfois au détriment de la vie sociale ou du travail et des addictions. au streaming avec un visionnage compulsif de séries et l'incapacité de s'arrêter de visionner des séries. Voilà quelques addictions du domaine du numérique. Il y en a d'autres dans le domaine du comportement dont on ne pourra pas parler ce matin. Le shopping en ligne avec des achats compulsifs et je mets là-dedans une addiction qui est plus ancienne, c'est celle des jeux et des casinos. Les crypto-monnaies et le trading, il y a des gens qui sont toute la journée en train de regarder les taux et d'essayer de faire des profits. L'addiction à la pornographie, je vois des jeunes de 10 ans qui consomment 3 heures de pornographie par jour, qui rentrent à la maison, se précipitent sur l'ordinateur et qui ne peuvent plus le lâcher des yeux. Tant le visionnage de la pornographie... entraîne deux émotions contradictoires à 10 ans. Le fait d'être choqué par les images qu'on voit et le fait d'être excité sexuellement en même temps par ces images choquantes tout en se mélangeant à l'interdit, ça crée de véritables addictions. Et je ne vous dis pas les conséquences sur la sexualité de ces ados. Addiction à l'alimentation transformée, avec une dépendance au sucre, sel et gras. et le work-alcoolisme qu'on connaît bien avec du bio-hacking, avec l'optimisation corporelle. Ça c'est émergence d'addictions numériques et les addictions comportementales. Mais la liste est tellement longue des addictions chimiques émergentes que je renonce à vous en faire le catalogue. Ce sont... pour beaucoup des substances de synthèse souvent méconnues, qu'on appelle drogue de fait. qui imitent les substances classiques, cocaïne, cannabis, etc. Alors il y a des nouveaux psychoactifs, vous avez entendu parler de 3MMC, 4MMC, qui sont des amphétamines. Il y a les cannabinoïdes de synthèse, les noms c'est Spike et K2, plus puissants et dangereux que le cannabis naturel, aux effets imprévisibles. Il y a les opioïdes de synthèse avec le... roi des rois qui est extrêmement toxique, qui est le fentanyl et tous ses dérivés. Fentanyl, plus puissant que l'héroïne, est à l'origine de beaucoup de surdoses. Et les dérivés de la kétamine, appelés PCP, qui donnent des effets dissociatifs puissants. Et puis alors, il y a une autre nouvelle manière de faire. Ce sont le fait de détourner des médicaments. Les benzodiazépines, comme le Xanax et le Valium. qui sont des sédatifs et des anxolytiques, peuvent être utilisés dans ce cadre-là. De même que des précurseurs du GHB, on s'appelle GBL, BD, avec des effets euphorisants et des inhibiteurs. Il y a les médicaments de la TDHA, par exemple la Ritalin, qui donnent une augmentation de la concentration et de la performance cognitive. Enfin, il y a encore deux... trois autres catégories, les psychosimulants, microdosage de LST, modafinil, méthamphétamine, qui sont des drogues extrêmement addictives et neurotoxiques. Il y a les anciennes drogues, le chemsex, GHB plus méthamphétamine, qui intensifie l'expérience sexuelle et qui entraîne beaucoup de comportements à risque, vous en avez entendu dans les faits divers, de même que la kétamine récréative. Enfin, il y a des produits détournés qui aujourd'hui font la une des médias. Le gaz hilarant, utilisé sous la forme de ballons par les jeunes, qui entraîne des lésions neurologiques gravissimes. La dextrométophane, qui se trouve dans les sirops et qui donne à forte dose des hallucinations. Et enfin les solvants et cols inhalés qui sont gravement toxiques pour le cerveau. Toutes ces nouvelles drogues et ces usages sont en constante modification. En permanence, il n'y a pas de mois où il n'y a pas de nouvelles drogues et de nouveaux usages à des prix défiant toute concurrence. Il y a donc une offre de produits très puissants et très gravement toxiques pour le cerveau. Et la question qui se pose après cette espèce de panorama général très survolé, c'est pourquoi y a-t-il tant d'addictions ? Y a-t-il plus d'addictions qu'autrefois ? Est-ce que c'est un effet du fait qu'on les voit mieux et que la disponibilité de ces produits est plus grande ? Ou s'agit-il d'un effet de souffrance de notre société avec la volonté de ne plus affronter le réel ? Et pour cela... Aurélien et le Forum ont réuni pour vous des experts dans ce domaine pour essayer de rentrer un peu plus avant dans la thématique Jean-Victor Blanc médecin psychiatre à l'hôpital Saint-Antoine à Paris enseignant et chercheur à Sorbonne Université Camille Brandt, médecin addictologue, directrice médicale d'une association qui s'appelle ITAC à Strasbourg... Marie-Jeanne Guedj-Bourdio, psychiatre et pédopsychiatre, ancien chef du pôle urgence pédiatrique à l'hôpital Saint-Anne à Paris, fondation de l'association francophone pour l'étude et la recherche sur les hikikomoris, vous nous direz ce que c'est après. Et enfin, Fata Senadla, médiateur de santé père au centre hospitalier de Roufac, qui terminera ce premier tour de table ronde. Et je m'empresse. Avec curiosité de donner la parole à Jean-Victor Blanc, médecin psychiatre à Saint-Antoine à Paris. Vous avez la parole.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, merci à tous et merci pour l'invitation aujourd'hui à venir vous parler des addictions. Moi je vais vous parler de deux aspects de l'addiction. Je suis psychiatre addictologue à l'hôpital Saint-Antoine, où j'ai ouvert il y a 6 ou 7 ans déjà une consultation spécialisée dans la prise en charge du chemsex. Avant tout, la définition de l'addiction. Et on va voir si c'est ça le point commun à tout ce que vous avez décrit en introduction. Ça va être lorsqu'il y a un comportement qui va devenir incontrôlable. Donc il y a vraiment cette notion de perte de contrôle et avec un maintien de ce comportement malgré les conséquences négatives. Alors après, il y a d'autres critères qu'on ne va pas énumérer là forcément parce que c'est un peu fastidieux. On pourra y revenir si vous le souhaitez pendant les questions. L'addiction au chemsex, elle est très particulière. C'est donc effectivement l'usage de certains produits spécifiques avisés sexuels pour améliorer, désinhiber ou modifier l'expérience sexuelle. À la fois, ça peut paraître quelque chose de minoritaire. Alors aujourd'hui, on en a tous un petit peu entendu parler, notamment avec le fait divers autour de l'affaire Palmade. Néanmoins, ce qui est intéressant dans le chemsex, c'est qu'en fait, on va retrouver un peu tout. ce dont on parlait en introduction, c'est-à-dire à la fois des nouvelles drogues, puisque c'est des drogues spécifiques qui sont utilisées, notamment la 3-MMC et toute la famille des catinones de synthèse, qui sont des drogues qui copient effectivement un petit peu les amphétamines, qui copient un peu la cocaïne, qui ont été d'ailleurs marquetées comme ça, mais qui sont beaucoup moins chères. Elles sont moins chères parce qu'il n'y a pas besoin de culture, donc il n'y a pas besoin d'acheminement, il n'y a pas besoin de plantes, elles peuvent être synthétisées à peu près partout. dans des hangars, notamment en Europe, la plupart des zones de production seraient plutôt au niveau de la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas. Et même le nord de la France, il y a déjà eu des hangars qui ont été démantelés. Donc, c'est des drogues qui sont peu chères. Ils copient des produits déjà existants qui sont facilement accessibles par leur prix, mais aussi par leur mode d'acheminement, puisqu'elles ont eu beaucoup de succès, notamment lorsque le... Le chemsex a commencé il y a une vingtaine d'années. C'est des drogues qui, pour la première fois, pouvaient être commandées en ligne et livrées à la maison. C'est quand même très particulier. Il n'y avait pas besoin de connaître un dealer, il n'y avait pas besoin de sortir de chez soi, il n'y avait pas besoin d'avoir un contact téléphonique. Comme vous pourriez vous faire livrer des produits sur Amazon, ce sont des drogues qui peuvent se faire livrer à la maison par la poste. Ce qui aussi fait que ça a touché un public qui, avant, était plutôt loin des drogues, quelles qu'elles soient, et des produits stupéfiants. et qui se sont retrouvés finalement à pouvoir consommer des produits avec une impression que finalement ces produits n'étaient pas forcément illégaux puisqu'ils étaient livrés par la poste comme un colis Amazon ou un livre de la FNAC. Ça, c'est pour les nouveaux produits. Des nouveaux usages et notamment liés au numérique, puisque le chemsex qui aujourd'hui concerne principalement ce qu'on appelle en recherche et en soins des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, donc des hommes homosexuels. mais qui ne s'identifient pas forcément. Ça va au-delà du fait de s'identifier comme homosexuel, c'est avoir des rapports homosexuels finalement. Dans cette communauté, le chemsex, ça passe essentiellement par une rencontre via des applications en ligne, des applications dites de rencontre, qui font que pour, là aussi, la première fois, tout ça, ça arrivait au début des années 2000, les personnes qui cherchent un partenaire et ou des produits, parfois les deux, parfois l'un ou l'autre, peuvent se connecter en permanence 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour trouver finalement et des produits et finalement du sexe. Ce qui là aussi est complètement nouveau. Et comme on l'a vu par exemple avec le jeu, donc l'addiction au jeu, traditionnellement c'était au casino, sauf que le casino il y a des horreurs d'ouverture, de fermeture, il y a un certain rétron contrôle social, la peur d'être vu, le fait que certaines personnes étaient littéralement interdites d'entrer dans un casino, etc. Aujourd'hui, le casino, il est dans la poche. Donc, en fait, en permanence, il n'y a aucun contrôle. Il n'y a pas du coup non plus de, quelque part, de jugement. Ça peut passer complètement inaperçu. Avec aussi des méthodes marketing où les applications de casino en ligne vont aller chercher les consommateurs en permanence, etc. Avec toute une gamification, le fait qu'il va y avoir des récompenses aléatoires, etc. Des choses qu'on a vues dans d'autres sphères, mais qui là, se déplacent en ligne. Et on sait que par rapport aux joueurs en physique, les joueurs de casino... en ligne, les joueurs de jeux en ligne sont en général plus jeunes, plus précaires et finalement plus souvent concernés par une addiction au jeu que ceux qui allaient au casino. Donc on voit bien que ce passage et cette accélération dans le numérique, dans laquelle on est en plein dedans et au vu de l'actualité, c'est pas prêt de s'arrêter, a quand même précarisé au passage et accéléré là aussi le mouvement. Et donc dans le chemsec, c'est ça aussi la révolution du numérique. Et puis ensuite, le troisième élément. C'est pourquoi aujourd'hui essentiellement les hommes homosexuels ? Pour plein de raisons. Une des pistes étant que c'est une communauté qui a plusieurs marqueurs de vulnérabilité psychique, qui avant même le chemsex, on sait que les personnes homosexuelles sont plus à risque, par exemple, d'avoir une dépression ou d'avoir un trouble d'abus de substances. Là aussi, ça permet, quand on réfléchit au phénomène global des addictions, on sait qu'un des déterminants majeurs de l'addiction, ça va être le stress environnemental. Par stress environnemental, Lorsqu'on fait des études chez les animaux, ça va être par exemple des souris, on ne va pas leur donner à manger aux heures régulières, on va leur donner un environnement dit pauvre, c'est-à-dire en gros juste une cage avec rien du tout, donc elles s'ennuient. Si plus on va ce qu'on appelait donner un environnement enrichi, alors pour une souris ça peut paraître modeste mais c'est une roue déjà, voir des jeux, des congénères, etc., moins finalement la souris va être prompte à avoir des comportements addictifs. Évidemment, ça, on le replace dans un contexte humain. On voit bien qu'un facteur de stress comme la précarité, qui est un des facteurs majeurs dans le développement des addictions au niveau populationnel, ça va y contribuer. Et tout ce qui va être environnement stressant, mais aussi le rôle des violences, notamment des violences dans l'enfance. Et puis aussi le rôle de l'hérédité, puisqu'on sait qu'il y a une vulnérabilité héréditaire en lien avec les addictions. Comme on est avec une vulnérabilité, on va dire, cardiologique, neurologique, pour à peu près toutes les maladies et pas que les maladies, beaucoup de nos traits de personnalité et physique ont également une assez forte part héréditaire. Dans l'addiction, on va retrouver aussi cette vulnérabilité qui fait qu'on n'est pas tous égaux et que dans certaines familles, on va retrouver plus d'addiction que d'autres. Néanmoins, ce n'est pas une fatalité. Il n'y a pas un gène de l'addiction qui se transmet et qui ferait que, peu importe. finalement ce qu'on fait dans la vie, on développerait une addiction. C'est un élément qui est important. Là, on a un peu les trois piliers pour comprendre en tout cas une partie des addictions aujourd'hui. Le lien avec l'autre partie de mon métier en dehors de l'hôpital, c'est que depuis à peu près la même époque, il y a 5-6 ans, j'ai développé un concept qui s'appelle PopEpsy, où en fait l'idée c'est d'expliquer la santé mentale, dont Les addictions, puisque les addictions, on le rappelle, en font partie des troubles psychiques. On a souvent, parfois on les oppose un peu. Mais en fait, quand on parle des 13 millions de Français atteints par un trouble psychique ou d'une personne sur quatre, une personne sur cinq, on compte donc évidemment la dépression, la schizophrénie, le trouble bipolaire. On compte également les addictions. C'est pour ça aussi que quand on réfléchit, on se dit Mais comment ça se fait qu'il y a autant de personnes ? On dit Une personne sur quatre, c'est énorme. où ils sont, en fait, on réfléchit autour de soi et on se dit que si on cumule tout ça, on trouve clairement toutes ces personnes. Ce qui fait que tout le monde peut être concerné à titre personnel ou familial ou professionnel. Et donc, l'idée, c'est de donner à la fois quelque chose de pédagogique. En fait, avec un film comme Requiem for a Dream, par exemple, on peut comprendre ce que c'est que l'addiction. On peut comprendre un certain mécanisme de l'addiction. Après ce film, on peut en reparler aussi, on peut avoir certaines réserves, notamment le fait que c'est un film qui a une vingtaine d'années et c'est vrai qu'à l'époque, dans les œuvres de l'époque, on ne voyait pas du tout les soins. Donc ça qui a un côté très fataliste dans ce film. Mais beaucoup plus récemment, dans une série très plébiscitée par la jeune génération qui est la série Euphoria, dans laquelle on va retrouver cette question de nouveaux produits de synthèse, de vulnérabilité individuelle, etc. De santé mentale au sens large. En fait, c'est une série qui ne va parler que quasiment d'addiction. Ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui, et c'est pour ça que le phénomène de pop culture est intéressant, à la fois on a ces représentations qui viennent nourrir et finalement expliquer aussi un support pour en parler et sortir de l'isolement autour des addictions, mais aussi le fait que la série Euphoria, par exemple, elle a été créée par quelqu'un qui s'appelle Barry Levinson, Sam Levinson, pardon, Barry c'était son père, Sam Levinson, qui lui-même est en fait un ancien adolescent ayant eu des problèmes d'addiction. et qui du coup aujourd'hui utilise aussi son histoire pour en faire quelque chose et en faire un blockbuster puisque c'est une des séries encore une fois les plus populaires. Ça peut être aussi très récemment le film français qui a eu beaucoup de nominations aux Oscars et aux Golden Globes, le film The Substance, je ne sais pas si certains d'entre vous l'ont vu, qui est un magnifique film. C'est un film de genre, donc là aussi ça montre que la pop culture peut être très large. C'est un film qui appartient au film d'horreur, on pourrait dire. Néanmoins, c'est un film qui est très intéressant sur le rapport au corps, puisqu'on sait qu'il y a aussi de plus en plus de mécanismes d'addiction autour du corps, d'essayer d'atteindre des standards qui sont... l'obsession de la jeunesse, ce qu'on appelle la dysmorphophobie, c'est-à-dire le fait qu'on a une image de son corps qui est différente de telle qu'est son corps, dit de manière objective. Un film comme The Substance, c'est un très bon film, là aussi pour comprendre le mécanisme de l'addiction, avec typiquement ce caractère de continuer un comportement malgré le fait, ce qui nous abîme physiquement, psychiquement, socialement. C'est clairement ce qu'on voit dans ce film. L'idée, c'est à la fois d'utiliser ça, nous on l'utilise aussi à la fac, on l'utilise dans l'enseignement, des étudiants en médecine, des étudiants en santé au sens large, on va utiliser des films pour leur faire comprendre la sémiologie. C'est aussi quelque chose qu'on peut utiliser, moi j'utilise ça au ciné-club Pop-Epsy où on regarde un film et ensuite justement on en parle et on dit ça c'est intéressant, ça c'est une grille de lecture pour comprendre tel phénomène, par exemple le film Reckham for a Dream qu'on avait regardé, ça peut être aussi un film comme Star is Born. Par exemple, le film de Bradley Cooper avec Lady Gaga, qui parle d'un chanteur très connu qui a une addiction aux médicaments et à l'alcool. Et tout ce que ça provoque aussi dans son entourage, les vulnérabilités, etc. Donc, l'idée, c'est de donner un exemple, mais aussi de donner quelque part de l'espoir et notamment un espoir de rétablissement, puisque ça aussi, pour le coup, c'est plutôt nouveau. C'est vrai que quand on fait le constat de la santé mentale aujourd'hui, on a quand même plutôt des pas très bonnes nouvelles sur l'augmentation des troubles psychiques chez les jeunes, etc. Il y a quand même des choses qui sont positives. C'est qu'aujourd'hui, on n'a jamais parlé autant de santé mentale, on n'a jamais eu autant de films, de séries qui parlent de santé mentale et on n'a jamais eu autant de célébrités qui parlent de santé mentale. Si vous regardez un peu l'actualité, cet été, par exemple, avec les JO, on a eu un nombre important de grands sportifs. que ce soit Simone Biles, Noah Wiles aux Etats-Unis, mais aussi maintenant en France avec Camille Lacour, Florent Manodou, qui ont parlé des troubles psychiques qu'ils ont réussi à surmonter. Sur la question des addictions, c'est assez nouveau, il y a de plus en plus de célébrités, comme par exemple le mannequin Naomi Campbell, comme l'acteur et réalisateur Bradley Cooper, ou comme la chanteuse Miley Cyrus, qui disent en fait je décide de ne pas boire pendant un certain temps où j'arrête complètement de boire et de consommer parce que ça m'abîmait la santé, parce que je n'ai pas besoin de ça pour être fun ou pour être marrant ou divertissant. Et que ça, on est en train de enfin remettre un peu en question ces représentations qui voudraient que sans alcool, on soit forcément quelqu'un d'embêtant, quelqu'un de sinistre, quelqu'un de triste. Et ça... Ça arrive un tout petit peu en France, honnêtement, et on l'a vu avec la polémique, on peut en reparler aussi de Léa Salamé qui a alpagué quelqu'un en disant que vous avez arrêté de boire, vous êtes devenu chiant. On voit qu'en France, on a encore un petit problème avec ça. Mais là, notamment dans ce type d'expérience, l'expérience du Dry January, qui a fini hier soir pour ceux qui l'ont fait, montre qu'on peut aussi donner un nouveau visage à la sobriété, quelle que soit son origine, que ce soit pour un motif médical. ou pour un motif, une jeune femme qui est dans un projet de conception ou qui est enceinte, etc. Donc voilà un petit peu le premier panorama que je voulais vous partager.

  • Speaker #0

    Merci Jean-Victor Blanc. On aura sûrement plein de questions à vous poser après. Je donne la parole à Camille Brandt, qui est médecin-dictologue. Directrice médicale de l'association ITAC à Strasbourg, vous avez la parole.

  • Speaker #2

    Bonjour à tous, merci pour l'invitation, surtout d'avoir invité la structure où je travaille. Pour juste contextualiser, ITAC porte différents dispositifs, et notamment dans Strasbourg et sa région, et notamment la salle de consommation à moindre risque, qu'on appelle maintenant ALT Soins Addiction, qui fait parler régulièrement d'elle, et j'espère à juste titre. dans différents médias. J'avais envie de commencer peut-être sur l'idée qu'est-ce qui rassemble peut-être les nouvelles addictions et celles plus anciennes. Mon collègue a parlé tout à l'heure du concept d'addiction. Globalement, il va rester le même, que ce soit ces anciennes ou ces nouvelles addictions, avec des termes comme la perte de contrôle, le manque, l'accoutumance, les envies très irrépressibles de consommer qui sont globalement similaires. D'ailleurs, avec ou sans produit. Et au-delà, enfin ça c'est un point assez central pour nous dans notre quotidien de travail et pour les usagers, au-delà du concept de l'addiction, qu'est-ce qui fait la fonction du produit ou du comportement ? Et finalement, ça peut être aussi très similaire, quel que soit le produit. Pourquoi est-ce qu'on consomme finalement ? Est-ce qu'on est dans une recherche de plaisir ? Est-ce qu'on recherche une expérience ? Euh... Avec les questions de santé mentale qui nous animent lors de ce forum, est-ce qu'on cherche finalement une sorte d'automédication à apaiser une angoisse ? Est-ce qu'on cherche à casser un cycle de pensées envahissantes ? Est-ce qu'on recherche une performance ? Je lisais dans le résumé d'intervention, on sait tous que scroller ne sert à rien. Finalement, quand on interroge une personne qui scrolle, qu'est-ce qu'elle cherche dans ce moment-là ? On peut avoir beaucoup de réponses. Ça peut être, est-ce que je comble un ennui ? et ce que finalement je cherche à ne pas penser en scrollant. Donc il y a souvent quand même une consommation, une raison, une fonction à cette consommation, même toujours, je n'ai jamais entendu personne qui dit je consomme pour avoir de l'alcool pour avoir un cancer de foie Voilà, c'est assez clair. Un concept très très ancien en addictologie, et nous montre que finalement il y a une rencontre entre un produit, une personne à un produit, dans un environnement. C'est... c'est heureusement, toute personne qui va consommer ne va pas devenir dépendante à ce produit ou à ce comportement. Et c'est ce qu'expliquait aussi mon collègue, c'est tout un contexte. C'est la personne avec ses vulnérabilités, c'est le produit avec son risque, son niveau de risque addictif. C'est aussi l'environnement dans lequel la personne se situe. Et ça, finalement, ça va être assez similaire, quel que soit le produit. Les drogues, je lisais sales et trafiquées, à peut-être maintenant le détournement des médicaments. Finalement, depuis longtemps, voire toujours, on a des drogues sales et trafiquées. Je pense à tous les produits du marché noir dont on n'a aucune connaissance de la composition. Si on n'analyse pas le produit, on ne sait pas. Mais je pense au tabac, qui est quand même un joli exemple de drogue sale et trafiquée. Ils comportent quand même beaucoup de produits, de substances extrêmement toxiques. Je dis trafiqués parce qu'on sait qu'il y a des substances pour nous rendre encore plus dépendants dans le tabac. Et puis, les produits de qualité pharmaceutique, finalement, depuis qu'ils existent et depuis qu'il y en a qui sont addictifs, ils sont détournés. Donc, depuis de longues dates, le Lodanum, il y a toujours eu un détournement des produits qui peuvent être addictifs parce que justement, on en perd le contrôle. Un point qui ne me rassure pas du tout, qui est souvent similaire dans beaucoup d'addictions, c'est comment on traite les personnes qui consomment ou qui sont dépendantes. C'est souvent beaucoup de stigmatisation. On entend par les termes junkie c'est quand même junk c'est ordure De toxicoman un tox ce n'est pas très valorisant. Un drogué ces termes-là, malheureusement, ça amène quand même beaucoup de honte et de culpabilité. Et ça, ça peut être quand même aussi des facteurs de frein aux soins pour les personnes qui en auraient peut-être besoin. Donc ça, c'est des choses qui sont, je pense, importantes à déconstruire. Et même pour être plus... Là, c'est très fort, un junkie. Heureusement, on n'utilise pas ça tout le temps comme terme. Mais il y a un peu cette image de la personne qui... Celle qui est bien, c'est celle qui contrôle sa consommation. Et celle qui perd le contrôle, elle vaut moins. Alors qu'elle est dépassée, elle n'a pas choisi ça. Alors quand même, j'ai envie de dire qu'il y a des différences entre ces addictions. Mais est-ce qu'elles ne viendraient pas plutôt de la façon dont on les observe et on les traite ? Dans la vision sociétale, est-ce qu'on va traiter pareil une personne qui a commencé peut-être des médicaments antidouleurs ? après un accident et qui va perdre pied avec ces médicaments-là pour plein de raisons, une dépression qui arrive ? Est-ce qu'on la traitera de la même façon la personne âgée qui consomme depuis 15 ans des somnifères et des médicaments pour lutter contre l'angoisse ? Est-ce qu'on traitera de la même façon une personne qui injecte des drogues ? Ou une personne... Alors la France et l'alcool, on sait quand même que l'alcool c'est un des produits...

  • Speaker #0

    seul ou quasi seul produit qu'on initie dans un milieu familial. Alors qu'on va mettre en parallèle peut-être un nombre de morts en France, 50 000 morts à peu près en France pour la question de l'alcool. Donc je ne pense pas qu'on ferait de la même façon avec la cocaïne ou du cannabis, une initiation en famille. J'ai rarement entendu, mais ça peut arriver. La façon aussi d'accompagner et de traiter, c'est de... La question des addictions est aussi très différente selon les pays, selon les moyens, selon même les territoires en France. L'accès aux soins, si le réseau est-il suffisamment adapté, dense. On parle de la crise de la psychiatrie. On a bien vu que psychiatrie et addiction, on a quand même un lot commun, voire un parcours parallèle. Je crois qu'on peut parler de la crise chez nous aussi. Donc, on est malheureusement, et ça, c'est une réalité de territoire et pas que local, national, on n'est pas en mesure de répondre, à mon avis, correctement aux demandes. Et ça se voit dans les délais d'accueil des personnes qui souhaitent des soins. Il y a un point important, et je pense que c'est aussi pour ça qu'ITAC est invité aujourd'hui dans les actions de ce qu'on appelle la réduction des risques, qui peuvent vraiment faire une différence. La réduction des risques, pour simplifier, ça part du principe que toute personne n'est pas en mesure forcément d'arrêter sa consommation. Et au lieu de juste se voiler la face et dire bon ben ma petite dame, monsieur, il faut arrêter on peut peut-être travailler certaines choses avec les personnes qui ne sont pas dans le souhait d'arrêter afin de réduire leurs risques. Et le grand atout aussi, c'est que la réduction des risques, elle vient des usagers et elle replace aussi l'usager. au centre et comme acteur de sa propre santé. Un point pour terminer, dans une grande différence, j'avais envie de parler de politique des drogues. Et on voit aussi que la politique des drogues influe beaucoup sur ces anciennes, ces nouvelles addictions, sur comment on les traite. Un petit point, peut-être sur la crise des opioïdes en Amérique du Nord. Alors, pour peut-être resituer le contexte, En Amérique du Nord, une politique beaucoup plus libérale envers le médicament, pas que envers le médicament, mais là on parle de ça, donc des médicaments contre la douleur de la famille des opioïdes, donc c'est des médicaments qui calment la douleur, mais qui vont aussi faire ce qu'on appelle une dépression globale, pas une dépression sur le moral, mais ça va tout ralentir. Donc on peut, si on en prend trop, on risque une ouvert dose, on va s'endormir, arrêter de respirer. Donc ça c'est la famille, la grande famille. des opioïdes. Et donc en Amérique du Nord, il y a beaucoup plus de... il y a une autorisation pour des publicités sur les médicaments. Ça c'est pas quelque chose qu'on voit chez nous. Prenez du Skénan, c'est super. Enfin ça, ça se voit pas chez nous. Donc une politique comme ça, beaucoup plus d'agressivité envers les médecins pour prescrire plus facilement ces médicaments pour des motifs bénins ont amené à beaucoup plus de prescriptions d'opioïdes. et donc beaucoup plus, une minimisation du risque d'addiction et donc beaucoup de gens qui perdent le contrôle de ces consommations. Arrive un moment où on se dit, bon, il y a un problème, il y a plus d'overdose, on va réguler un peu plus le médicament et beaucoup de personnes qui se retrouvent en difficulté, qu'est-ce qui se passe ? Il y a un effet passerelle vers des produits du marché noir. Soit des détournements de médicaments, soit des produits du marché noir. Donc on parle d'héroïne éventuellement, qui est un opiacé aussi. Et puis est arrivé le fentanyl dont on parlait tout à l'heure. Le fentanyl, pour vous donner un ordre d'idée, c'est une molécule qui est 100 fois plus puissante que la morphine. Donc pour des toutes petites quantités, on a un risque d'overdose très très fort. Et donc un système de santé qui n'a pas suivi, parce qu'il n'y a pas assez de structures de soutien, pas assez de structures de réduction des risques. Et donc des épidémies d'overdose. On parlait sur certaines années 70 000 à 100 000 morts par an par overdose. Et pour les un quart à deux tiers du temps, le fentanyl qui serait responsable. Petite note d'espoir pour voir que justement les politiques des drogues permettent de changer les choses. Depuis l'an dernier, c'est la première année où on voit le nombre d'overdoses qui rediminue. Ce serait attribué à l'arrivée notamment plus massive de la naloxone, qui est l'antidote des opiacés, donc qui permet de sauver des vies. Produit qu'on délivre, nous, en salle de consommation, dans tous nos dispositifs de soins et de réduction des risques. Mais aussi l'analyse de produits qui permet aux personnes qui achètent un produit, elles ne savent pas ce qu'elles achètent. On leur vend un produit qui peut être de l'héroïne, mais si on a mis dedans du fentanyl, le risque est énorme de faire une overdose. Du coup, analyser le produit, savoir ce qu'on consomme, permet... aussi de changer la donne et aussi la diffusion de dispositifs de soins et des traitements notamment de substitution des opiacés qui ont permis vraiment de, a priori, ce serait les éléments qui font, et c'est ce qu'on observe chez nous. Alors le fentanyl en France Un peu différent, on a vu qu'on n'a pas tout à fait la même façon de travailler avec les médicaments. On a des prescriptions limitées, on a beaucoup plus de contrôle sur ces médicaments. Ce qu'on observe nous, en salle de consommation par exemple, c'est un détournement des médicaments prescrits, donc du fentanyl prescrit par des médecins. Donc la diffusion, ce n'est pas tout à fait la même. Ce n'est pas des produits alimentés par le marché noir. Mais c'est une crainte chez nous qu'on dérive vers ce marché noir et qu'on arrive avec ce risque de crise et d'épidémie d'overdose. On n'y est pas, heureusement, mais on reste très vigilants. Et les dispositifs comme la salle de consommation ou tous les dispositifs de réduction des risques en France, c'est aussi des dispositifs de vigilance d'apparition de nouveaux produits. L'analyse de produits permet aussi de voir des tendances dans les consommations. Pour conclure, en tout cas, on consomme pour des raisons très variables. La fonction du produit ou d'un comportement, elle est très individuelle. Et on choisit peut-être de consommer, mais on ne choisit jamais d'être dépendant. Et ça, c'est un point qui me semble fort. Et je pense que de façon sociétale, on aurait beaucoup à gagner à travailler sur nos représentations autour des usagers de drogue. Parce que ça nous permet d'évoquer... les consommations plus facilement et ça permet aux usagers d'être traités comme des êtres humains avec leurs droits fondamentaux.

  • Speaker #1

    Merci Camille Brandt. Je donne la parole à Marie-Jeanne Guedj qui est psychiatre et pédopsychiatre. ancien chef de pôle des urgences psychiatriques à l'hôpital Saint-Anne à Paris et fondatrice de l'association francophone pour l'étude et la recherche sur les hikikomori. Vous avez la parole.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup. Je remercie d'abord pour ce magnifique programme et d'y avoir été associée. J'ai trouvé ça remarquable, comme je le disais à M. Bloch tout à l'heure. Donc on m'a invitée dans sa table ronde des nouvelles addictions. pour parler au fond comme à l'envers, au fond comment les addictions poussent-elles à l'enfermement, puisque ce phénomène d'enfermement et de retrait à domicile du jeune, qu'en est-il aujourd'hui ? Plutôt je dirais qu'on assiste à la conjonction dans ce phénomène d'enfermement, avec le mot ikikomori qui a été importé du Japon et qui est devenu d'usage fréquent ici. Donc on assiste à la conjonction des addictions dont je vais reparler, de la possibilité plutôt nouvelle de vivre repliée dans sa chambre avec tout à portée d'écran, ça a déjà été détaillé, et puis de ce phénomène de solitude qu'on constate un peu partout dans le monde puisqu'il y a aujourd'hui des pays qui ont créé un ministère de la solitude, comme la Grande-Bretagne, le Japon. Peut-être d'autres aussi. Alors l'enfermement, la claustration des jeunes à domicile, est-ce une nouvelle addiction ? On peut parler d'une addiction à cette conduite, puisque quand le jeune s'enferme, cette conduite a tendance à se répéter, elle crée de la colère si on l'empêche, mais pourtant elle n'augmente pas forcément. Quand on est enfermé dans sa chambre, on ne s'enferme pas encore plus, je ne sais pas où. Cette conduite d'enfermement est associée très fréquemment à d'autres addictions, le hachiche souvent, mais aussi les jeux vidéo, l'alcool dans une moindre mesure, les jeux vidéo, les écrans, mais je ne crois pas qu'on puisse aujourd'hui parler d'addiction aux écrans, au sens des classifications. Voilà, donc en fait je dirais que c'est une souffrance et un fardeau pour la famille. Le jeune lui-même est comme coupé de ses affects dans sa chambre et ce n'est que plus tard qu'il parlera de sa souffrance. Je retiens une phrase qu'un jeune m'a dite, j'étais en train de couler, personne ne me venait en aide. Cet enfermement, ce n'est pas un diagnostic reconnu dans le DSM, d'ailleurs Ikikomori ça veut juste dire repli à domicile. Le DSM, la classification des maladies mentales, vous savez, parle de idiome culturel de détresse comme si c'était seulement lié à certaines cultures. Or, c'est aujourd'hui un phénomène mondial. En effet, il est décrit dans les cinq continents. A défaut d'un diagnostic, il existe une définition à peu près consensuelle qui a été portée par Alan Théo aux Etats-Unis et Takahiro Kato au Japon qui est de rester à domicile plus de six mois avec peu ou pas de sortie. Les Chinois disent trois mois parce qu'ils disent que quand on est enfermé trois mois, on continue. Et je pense qu'ils ont raison. Donc le deuxième critère, c'est éviter toute vie sociale. 3. Restreindre sa vie familiale. 4. Avoir une dégradation de ses capacités. 5. Éventuellement, percevoir une souffrance en lien avec cette situation. Donc comment peut-on faire un chiffrage de ces situations ? Je vais faire un détour en France par le chiffrage des NIT. Cet acronyme qui veut dire pas d'emploi, pas d'études, pas de stage, qui vient de Grande-Bretagne, N2ET, dès 15-29 ans, ce chiffrage est très éloquent. Les chiffres donnés par l'INSEE et le Bureau international du travail en 2001 sont 12,8% de cette tranche d'âge, donc dès 15-29 ans, donc je répète, sans emploi, sans études, sans stage. un peu moins qu'en Europe, 13,1%, avec en Europe des chiffres beaucoup plus élevés en Italie, 23%, beaucoup plus bas au Danemark, 6%. Ce qui ferait en France 1,4 million de jeunes, plus d'hommes que de femmes, 30% de diplômés d'études supérieures, 30% ne souhaitent pas, je ne sais pas trop ce que ça veut dire, ou ne peuvent pas travailler. En tout cas, 20% sont découragés. Alors dans tout ça, sont-ils repliés à domicile ? Puisque quand même mon propos est centré là-dessus. En 2023, on évalue toujours dans ces organismes officiels, environ 10% hors de tous les radars, on les appelle des invisibles sociaux. Les études varient de 112 000 à 733 000 dans une thèse de sciences de l'éducation qui a été faite à Rennes. Donc ces gens sont hors de tous les radars. Sans doute beaucoup sont repliés à domicile. Pourtant la reconnaissance par les pouvoirs publics est inexistante. Comment les sensibiliser ? Quatre familles de notre association Afiki France Entière ont tenté de toucher députés ou sénateurs en vain. Que demanderait-on si c'était reconnu ? Reconnaître le phénomène de retrait social du jeune, vu la souffrance et l'impact social, favoriser des dispositifs France entière, sûrement une piste à travailler. Alors, je dirais, malgré cette non-reconnaissance ambiante, alors pourquoi s'y intéresser ? Est-ce par romantisme, identification à ce héros solitaire, plus ou moins certain que seul l'enfermement est juste aujourd'hui ? Ainsi, il y a des débats sur le net. Vous serez un jour reconnu, j'ai vu, comme l'homosexualité a été reconnue, vous, Leïki Komori, vous serez reconnu. Ou bien un psychiatre très remarquable qui s'intéresse beaucoup à ça et qui m'expliquait qu'à 20 ans, Étudiant en médecine, il s'est cassé le bras, il est resté trois mois enfermé et il a trouvé ça très bien. Voilà, et du coup maintenant il travaille là-dessus. Alors, est-ce par romantisme ou bien c'est le fait d'être interpellé généralement par l'entourage en souffrance, qu'on est, je pense, obligé d'écouter, donc malgré l'invisibilité de ces jeunes qui ne dérangent pas la société. Alors, pouvons-nous décrire en grande ligne cette situation telle qu'elle est systématiquement rapportée ? La régularité, les articles canadiens, japonais, français, c'est toujours à peu près la même chose. Donc l'enfermement est progressif, sans cause directe, même si on cherche toujours le petit os de poulet qui est tombé sur la tête, comme on disait à un moment donné, ou une rupture. En général, non, non, j'ai jamais vu. C'est progressif. D'abord dans la maison, puis dans la chambre, assortie d'une incurie, d'une saleté excessive. On a parlé hier de diogène. Ou au contraire, d'une propreté excessive, avec de véritables manies de lavage. La nourriture est plus ou moins aberrante. Soit c'est avec les nutriments, les machins. Soit c'est uniquement des pizzas, uniquement des pâtes, uniquement des sushis, enfin... En somme, le jeune finit par imposer tyranniquement son rythme à la famille, bien involontairement je dirais. Le terme de tyran familial est reconnu par les parents. Les parents sont dépassés, terrorisés, culpabilisés. Et bien sûr, de nombreuses heures sur les écrans, comme ils disent tous, pour lutter contre l'ennui. Quand on se lève et qu'on n'a rien à faire, qu'est-ce qu'on peut faire ? on va sur les écrans et avec une coupure du lien avec le corps propre comme disait un collègue italien piotti c'est vivre sans son propre corps que cette vie en permanence virtuelle est-ce un problème issu de l'enfance parfois on retrouve dans l'enfance timidité isolement social très précoce souvent cinquante pour cent quand même dans les études on retrouve harcèlement scolaire et abus parfois on ne retrouve rien d'emblée un enfant joyeux et ouvert puis on ne comprend pas alors je dirais pour ouvrir des pistes une remise en route est-elle possible au fond ce jeune il vit avec une gangue de béton il peut pas avancer sa gangue de béton le protège contre les incitations extérieures mais aussi contre ses propres désirs il faut pas l'oublier une remise en route est-elle possible donc d'abord la souffrance de la famille doit et peut être prise en compte la famille n'est pas responsable mais elle peut beaucoup pour l'amélioration de la situation à condition d'être aidée si elle s'enferme ce qui est assez régulier son enfermement à elle On l'appelle aujourd'hui double hikikomori. Excusez-moi, j'ai une laryngite, je ne sais pas si je vais pouvoir... Les réponses en réseau pluriprofessionnel avec des groupes, des familles qui deviendront expertes sont les meilleures. quelques pistes à partager avec la famille prendre le temps admettre le pas à pas repérer les pressions bien involontaires mais qu'est-ce que tu vas faire en septembre chercher un tiers familial professionnel social tout en restant humble dans un échange mutuel de confiance en fait ce qu'on cherche à retrouver ce n'est pas d'emblée une insertion scolaire, sociale, universitaire. Ça viendra après, mais d'abord un bonheur partagé. Et donc enfin, pour conclure, je dirais que ça pose en tout cas pour moi au moins deux questions éthiques. Peut-on répondre à la seule demande des parents, surtout si le jeune a plus de 18 ans ? Quand les parents viennent décrire la situation de souffrance du groupe, doit-on avoir la démarche médicale classique ? Tant qu'on ne voit pas la personne, on ne répond pas. Bien évidemment, vous avez compris, je ne le pense pas. Je pense qu'il faut répondre à la souffrance du groupe. Et la deuxième question éthique, c'est peut-on prétendre donner des soins en l'absence d'un diagnostic reconnu ? Voilà, merci.

  • Speaker #1

    Merci Marie-Jeanne Guedj. Fata Senadla, vous êtes médiateur de santé PAIR au centre hospitalier de Roufac. Vous avez la parole.

  • Speaker #3

    Merci. Bonjour. Alors on m'a demandé de vous faire une petite présentation très courte de ce que c'est qu'un médiateur de santé PAIR. Je vous rassure, c'était prévu. Je vais faire un petit teaser très court. Alors le médiateur de santé pair s'est inspiré d'un concept qu'on appelle la paire aidance. Les paires aidances ce sont des patients ou des usagers en santé qui partagent leur savoir expérientiel et qui sont vecteurs d'espoir auprès d'autres usagers qui souffrent des mêmes troubles. Le médiateur de santé pair c'est exactement la même chose, sauf que lui c'est un professionnel formé et qui travaille dans des établissements, dans des institutions, ce genre de choses. Si vous voulez savoir les missions et tout ça, on parlerait plus tard si vous voulez, n'hésitez pas. Ça, j'avais pas prévu. Enfin, à voir. Du coup, peut-être avant de commencer sur les nouvelles addictions et la santé mentale, ça c'était pas prévu, enfin j'avais pensé au film, je voulais rebondir sur la pop culture parce que ça me parle aussi et j'aime ça, désolé. Sur Requiem for Dream, je voulais juste rajouter que le film, comment dire, il parle de l'addiction dans un cadre très malsain. Donc déjà, il faut s'accrocher là. Et ça aussi, j'ai trouvé ça plutôt intéressant, ce côté vicieux, malsain qu'entraîne l'addiction. Et il y a de brefs passages où on voit le soin, mais présenté sous une... quand il se fait hospitaliser, par exemple, mais présenté sous une forme très glauque et très négative, en fait, très péjorative. Et aussi les médicaments, genre de sauge, et puis la... Enfin, comment la folie aussi s'installe avec les médicaments. Mais très bon film, très intéressant, je valide. Ensuite j'avais pensé aussi, j'en profite pour placer un peu de pop culture du coup, pour ceux qui connaissent peut-être ou qui sont intéressés, il y a une série assez intéressante qui parle de l'addiction avec l'alcool, une série d'animation qui s'appelle Bojack Horseman, vous trouvez ça sur Netflix et puis il y a aussi une allusion à Miley Cyrus à un moment justement, c'est pour ça que j'ai pensé à cette série que j'ai beaucoup apprécié aussi au passage. Et ensuite j'ai aussi l'idée d'un autre film qui s'appelle Flight. Avec Denzel Washington qui parle aussi de l'addiction et de la drogue. Et dans ce film-là, ce qui est intéressant, c'est que ça engendre une catastrophe, un drame. Et il y a le poids de la culpabilité du coup chez Denzel Washington. Et j'ai beaucoup aimé le final. Alors franchement, ça me démange de vous spoiler la fin. Parce que moi, je l'ai trouvé, j'allais dire magistral spontanément, mais avec un bel enseignement très subtil, très sage. En fait, c'est ça qui m'a parlé aussi beaucoup dans la fin de ce film. Ça c'était la parenthèse pop culture, les nouvelles addictions en santé mentale. En fait je vais essayer de répondre à pourquoi les addictions. Et pour répondre à ça justement je vais me baser et m'inspirer de mon savoir expérientiel que je vais essayer de partager avec vous. Alors je vous fais une confidence, je suis assez habitué de partager mon expérience, des soins, de la maladie, mon cheminement et ce genre de choses. Et j'ai l'habitude d'utiliser le jeu. Et là je vais essayer de ne pas trop l'utiliser, mais comme je vous l'ai dit, de m'inspirer et de me baser. Donc s'il y a du bafouillage, si ce n'est pas très clair, c'est une première. Pour l'instant ça va. Ok. Alors, en fait, je suis parti d'abord d'une phrase célèbre de philosophie. On ne naît pas homme, on le devient. Et d'ailleurs, ça a été dit à un moment, les addictions ne naît pas avec, en fait. C'est pas héréditaire ou ce genre de choses. Et donc, voilà, on ne naît pas avec une addiction, mais on chemine, on avance, on traverse la vie, sa vie avec une addiction. Et donc, pourquoi est-ce que... Pourquoi on en arrive à cheminer avec une addiction ? Alors moi, je dirais, de mon humble expérience, que c'est une réalité qui devenait trop lourde à porter souvent. C'est une réalité qui devient trop lourde à porter avec un contexte, souvent familial, je pense qu'on grandit tous si on a de la chance dans une famille, parce que ce n'est pas donné à tout le monde. Et du coup, il y a des familles, j'allais dire la famille parfaite. Je pense qu'elle n'existe pas, on est plutôt d'accord avec ça, je pense. Et donc, le contexte familial peut entraîner, amener à l'addiction. Le contexte aussi, je dirais, social, c'est-à-dire l'environnement, la classe sociale en quelque sorte. Et après, je vous rassure, il n'y a aucune classe sociale qui est épargnée. Je vous rassure, je dis ça. La classe sociale, ça joue beaucoup. Et puis, qu'est-ce qui va... Qu'est-ce qui nous emmène, pardon, je vais essayer de viter. Le besoin de légèreté et d'évasion. Je parlais de lourdeur et de cotis. En fait, ce qui amène à l'addiction et à la consommation de produits addictifs ou de drogues. J'ai beaucoup de mal avec le mot drogue, je ne vous le cache pas, parce que c'est très connoté péjoratif, enfin c'est stigmatisant à mort. Et étant médiateur de santé père, j'ai parlé un peu familier à mort. Qu'est-ce que je veux dire, je perds le fil. Du coup, c'est très stigmatisant et surtout quand il y a une addiction. Déjà, médiateur de santé-père, moi quand je travaille, j'évite ce genre de posture à tout prix et même dans la vie personnelle, ça apporte rien de mon point de vue. Et voilà, donc je vais essayer d'éviter d'utiliser ce terme-là. Je parlais d'environnement, de drogue, et en fait c'est un paradis artificiel. L'addiction, le produit, crée un paradis artificiel. Il y a un échappatoire face à la lourdeur du quotidien. Et ce qui me vient spontanément aussi, c'est un mot fort, mais qui a pour moi son importance, c'est aussi la violence. Sous toutes ses formes, vous pouvez la prendre comme vous voulez, mais souvent quand il y a violence auprès d'une personne et il y a souffrance, il y a des conduites addictives, j'ai l'impression. On peut en parler, n'hésitez pas, apparemment, c'est prévu. Je suis ouvert au dialogue. Ok. Environnement, période... Est-ce que je voulais dire aussi, tout à l'heure, il a été évoqué la question de l'environnement. Par exemple, une personne qui souhaite arrêter l'alcool, vous n'allez pas lui donner rendez-vous dans un bar. Ça paraît logique. Mais du coup, comment on tombe dans une addiction aussi, il y a l'environnement, mais il y a aussi, je dirais, la temporalité ou la période. de la vie de la personne, c'est souvent la crise d'adolescence, les premiers pétards, c'est à ce moment-là en général, ou l'alcool, ce genre de choses. Donc, être bien attentif, je dirais, à ce qui se passe à ce moment-là dans la vie de la personne. Où elle en est, qu'est-ce qu'elle vit, qu'est-ce qui se passe, être à l'écoute spontanément. Alors ensuite, qu'est-ce que j'ai noté ? Pardon un instant. Alors oui, après, j'ai noté aussi le fait de la disponibilité, de l'immédiateté et de la quantité. Et du coup, ça, ça interroge déjà le... Alors il y a deux choses, j'ai l'impression, qui se jouent à ce moment-là. C'est déjà le plaisir, la notion de plaisir et le rapport au plaisir et de répondre au plaisir. C'est pour ça que je parlais d'immédiateté et de quantité. Et là, on parle aussi, là, je fais allusion surtout à la disponibilité au niveau des smartphones, par exemple, justement avec les applications de messagerie et tout ça. ou le dark web où là c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres clairement c'est tout ce qui a été listé enfin c'est il ya une facilité déconcertante et donc ça c'est aussi une hypocrisie politique mais je reviendrai plus tard là dessus si je... on verra... bref où en étais-je... donc voyez le plaisir du coup interroger son rapport au plaisir et du coup se demander pourquoi quel plaisir et quel Comment dire ? Qu'est-ce que je viens combler ? Parce que souvent, en fait, c'est un palliatif, avoir une addiction, avoir recours à une drogue. Je vois ça comme un palliatif et ça vient combler un manque qui peut être souvent, alors j'ai l'impression, déjà le premier qui nous vient, enfin qui me vient spontanément en tête, c'est le côté affectif, clairement. Après, il peut y avoir aussi le besoin de reconnaissance, le besoin de trouver sa place, le besoin de sentir... J'allais dire vivant, vibré aussi. Et j'avais noté une petite image, un petit exemple, une métaphore sur l'idée du plaisir. C'est un peu... J'avais entendu ça quand ça parlait du thème de la passion. Et la personne utilisait l'exemple de la plante carnivore, avec les insectes, qui est très belle à voir. très attirante, très aguichante, comme ça, avec les couleurs, le parfum. Et puis l'insecte qui vient se poser, et paf ! La gueule se referme, la plante se referme, et là, on est dans l'addiction. Enfin, c'est le côté cage doré, prison. Je trouvais ça assez fort comme image. Donc ça, c'est pour la partie plaisir palliatif. Et... Ouais. Et en fait, ce que j'ai remarqué aussi... Ah, le jet. C'est le côté, comment dire, l'énergie que peut mobiliser lorsqu'on est dans une addiction.

  • Speaker #0

    C'est à dire il est 1h ou 2h du matin, si vous voulez votre produit, vous trouvez l'énergie. Même si vous avez passé une sale journée, assez lourde, chargée, enfin voilà, vous avez dû courir à gauche, à droite. Mais si à 2h du matin ou à 3h du matin, la bouteille n'est pas dans le frigo, on va chez l'épicier en bas, il a intérêt d'être ouvert même s'il est à 5km. Ça va pour le timing ? J'ai aucune idée.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    On va peut-être vous interpeller dans les questions, mais si vous voulez, vous avez parlé en entrée de jeu de père aidant. Oui. Ça sous-entend que vous avez une démarche d'aide auprès des autres. Si vous pouvez préciser en quoi elle consiste et c'est quoi la fonction d'un père aidant ?

  • Speaker #0

    En fait, déjà, il y a plusieurs... Enfin... Selon le profil des personnes, il y a plusieurs paires aidants. Notre outil de travail, moi ce que je dis souvent, c'est soi, c'est soi-même l'outil de travail, de par son savoir expérientiel et tout ça. Après concrètement, au niveau de moi, je travaille en extra-hospitalier, et je co-anime des ateliers thérapeutiques, je fais des entretiens formels, informels, et ensuite il y a aussi des accompagnements de réinsertion psychosociale. c'est-à-dire par le milieu associatif, par exemple les groupes d'entraide mutuel, qui sont les associations d'usagers en psychiatrie. Et après, je fais aussi des visites à domicile, où là, c'est des prescriptions médicales. Et on va évaluer à domicile la demande, le besoin du patient. Et ensuite, on essaie d'améliorer le quotidien et de répondre à cette demande. Je fais des visites à domicile des fois tout seul. Ça m'arrive et souvent en binôme, je précise ça parce que souvent on me dit mais quelle est la différence avec un infirmier ? Et en fait, moi j'ai tendance à répondre que déjà c'est le savoir expérientiel, d'une, la plus-value, et partant de là, quand il y a de la clinique ou quand ça sort de mon champ de compétences, là-dessus je suis au clair et je n'hésite pas à solliciter un collègue infirmier. J'ai jamais l'idée de collègue.

  • Speaker #2

    L'objectif du Père Aidant, c'est de faire sortir de l'addiction ou c'est d'accompagner l'addiction ?

  • Speaker #0

    Alors moi je ne travaille pas que dans l'addiction, c'est la santé mentale en général, ça peut être tout type de pathologie. Après moi le Père Aidant, spontanément j'ai envie de dire, j'aime bien utiliser la définition du mot rétablissement, dans le sens où pour moi le rétablissement c'est avoir une vie épanouissante pour soi. avec ou malgré la maladie. Pour moi, le rétablissement, c'est vraiment quelque chose qu'on n'impose pas.

  • Speaker #2

    Le rétablissement, comment vous définissez le rétablissement ? Est-ce un retour à une activité professionnelle ? Comment ça se définit le rétablissement dans ce domaine ?

  • Speaker #0

    J'aime bien votre question parce que j'ai tout de suite une image qui me vient en tête. Je vois le rétablissement, enfin oui, une image, comme quelque chose de vertical, on se sent aligné, on est debout, on est droit et on avance, malgré la maladie ou pas.

  • Speaker #2

    Ok, un grand merci Fata Senadla pour votre... Avant de donner la parole à la salle, j'avais une question pour Jean-Victor Blanc. Vous avez parlé d'enseigner. Or, c'est vrai que je suis votre aîné, mais... Je ne me souviens pas dans mes études de médecine d'avoir été confronté à un quelconque degré d'enseignement. Est-ce que les choses ont changé ? Est-ce qu'au cours des études de médecine d'infirmier, est-ce que vous êtes confronté au fait de venir donner des cours et de céder de votre expérience aux professionnels de santé en formation ?

  • Speaker #1

    Bien sûr. Ce qui est intéressant aujourd'hui et que j'aime bien répliquer dans différents milieux, c'est que dans le cadre des étudiants en santé, à la fois utiliser les films et leur faire comprendre ce que c'est que la santé mentale, les troubles psychiques, l'addiction, ça fait partie normalement du B.A.B.A. parce qu'ils seront confrontés à des personnes qui vont avoir un trouble de santé mentale. On sait qu'en médecine générale, c'est un tiers des consultations. Pourtant, ce n'est pas assez enseigné à la fac, ça c'est certain. Mais donc, ça fait partie de l'enseignement qu'ils devraient recevoir. Mais aussi, on sait que les étudiants en santé, ils sont concernés en tant qu'étudiants et en tant qu'étudiants en santé par des troubles de santé psychique. On en voit beaucoup. C'est vrai qu'avec des choses, moi, quand j'ai commencé, donc ça fait dix ans que je suis diplômé. Donc, il y a une quinzaine d'années, j'étais interne. C'était assez rare d'avoir des étudiants en médecine qui avaient un tiers temps ou une spécificité qui fait qu'ils avaient une... pour les stages, etc., un aménagement pour un trouble de santé psychique. Alors qu'aujourd'hui, quasiment sur chaque promo, il y a beaucoup, plusieurs étudiants et beaucoup dans le service qui ont des... Donc, on voit bien qu'il y a de plus en plus de troubles psychiques aussi chez les étudiants en santé. Et donc, leur parler de santé mentale, c'est aussi un encouragement et un moyen de leur faire aussi prendre conscience que peut-être eux-mêmes sont concernés et comment ils peuvent se faire finalement aider. Donc, ça, c'est quelque chose qu'on voit dans le cadre de la santé en formation continue. Enfin, initiales, mais aussi en formation continue. Les professeurs de santé sont plutôt à risque d'avoir des troubles de santé psychique. Mais c'est aussi quelque chose qu'on peut répliquer dans d'autres sphères, comme le cinéma, avec l'utilisation de la pop culture.

  • Speaker #2

    Madame Camille Brandt, vous avez initié votre propos en parlant des zones de consommation en moindre risque, qui ne sont pas sans poser de problème avec, dans la société française, des gens qui s'y opposent. en disant les intoxications par les drogues sont nuisibles sur le plan sont neurotoxiques et accompagner la neurotoxicité en disant venez par ici ce sera plus facile d'obtenir les drogues c'est une certaine manière de les abandonner et puis il ya d'autres gens qui disent toute façon ils vont se droguer donc autant vaut que ce soit dans des zones où ils seront plus accompagnés. Quelle est votre position par rapport à ça et comment justifiez-vous ? Est-ce que vous pensez qu'il faut multiplier les zones ? Je sais qu'en particulier à Paris, il y a de la contestation. Où est-ce qu'on les met ? Comment on fait le voisinage entre ces zones-là et les gens qui y habitent ?

  • Speaker #3

    C'est une question importante qui nous est très souvent posée. Je vais dire... Notre position à l'ITAC, mais pas que la nôtre, parce qu'on fait partie quand même des dispositifs qui sont très évalués par des dispositifs très sérieux comme l'Inserm. Donc, nos dispositifs, c'est quelque part. Alors, je tiens à préciser qu'on n'accompagne pas l'accès aux produits, mais les personnes arrivent avec leurs produits. Donc, on va fournir un lieu de consommation en sécurité et qui va agir sur différents niveaux. On parle souvent de tranquillité publique. A priori, je pense que tout le monde préfère que la consommation ne se fasse pas dans un square où il y a des enfants et que ça se passe plutôt dans des lieux dédiés. Après, on peut parler de coûts sur l'économie globalement du pays avec les coûts des soins parce que les conséquences des consommations peuvent amener des soins très lourds et des hospitalisations. Et donc si on évite des passages aux urgences, si on évite... Donc ça, c'est des éléments sociétaux très clairs. Après, il y a du respect, et ce qui nous paraît prépondérant, de la condition humaine. Ce n'est pas parce qu'on a une consommation qu'on n'a pas le droit d'accès aux soins, l'accès aux droits fondamentaux. Et c'est ce qu'on propose en fait dans nos structures. Ce n'est pas juste consommer, c'est offrir des espaces d'accueil avec la possibilité de soins. de la possibilité d'hébergement aussi maintenant. Et donc voilà, tous les voyants globalement dans toutes nos évaluations sont au vert sur des indices de tranquillité publique, d'économie, d'accès aux droits, d'accès aux soins. Et donc il y a... Il n'y a que deux salles de consommation malheureusement en France. Des dispositifs qui ont été très avancés, qui ont été bloqués pour des raisons politiques, on va le dire clairement, sur des sujets qui ne sont pas adaptés. Donc on va dire à Paris, donc déjà eux aussi sont voyants au vert par rapport à la tranquillité publique et sécurité. Mais on va entendre quelques voix qui sortent de là plutôt... Voilà, des faits journalistiques, on peut le dire comme ça. Et Paris n'est pas comparable à chez nous, par exemple, parce que le nombre de salles de consommation n'est pas adapté pour le bassin de population. Je pense qu'à Strasbourg, on est tous d'accord pour dire que ce n'est pas vraiment une question. La salle de consommation, je ne sais pas si vous savez où elle est, elle est en tout cas dans l'hôpital civil. On n'a pas de problématique de voisinage et on est aussi plus adapté par rapport à notre bassin de population. Donc pour répondre à l'offre, il faut aussi s'adapter à la population. Voilà. Je ne sais pas si j'ai répondu,

  • Speaker #1

    mais c'est...

  • Speaker #2

    Mais que répondez-vous à la critique qui vient dire, OK, pour notre tranquillité à tous, on les abandonne en leur donnant, dans un coin quelque part, ce qu'il leur faut, en facilitant le fait qu'ils aient accès à des produits addictifs. Qu'est-ce que vous répondez à l'accusation d'abandon de ces gens-là ?

  • Speaker #3

    J'ai envie de les inviter, de leur montrer que ce n'est pas de l'abandon justement, parce que c'est un dispositif très dense en accompagnement. Et c'est peut-être une phase, en tout cas, c'est plutôt s'adapter au possible en fait. Pour certaines personnes, comme on le disait, juste dire, c'est soit continuer, soit sevrer, c'est les seules options, soit et si tu continues, on t'abandonne et on ne fait rien. Là justement, pour moi, ce n'est pas de l'abandon, c'est quelque chose de... densifier le suivi et proposer une offre de soins. Parce qu'on peut peut-être, on a envie de traiter son hépatite C avant d'arrêter la consommation. Et peut-être que justement, côtoyer des professionnels de santé, ça peut susciter de l'envie de changer ses consommations. Et c'est ce qu'on observe aussi. Pas toujours, mais on peut l'observer.

  • Speaker #2

    Aurélien ?

  • Speaker #4

    Juste avant de laisser la parole au public, une toute petite anecdote et une question. En tant que neurologue, j'ai vu fin août un jeune homme avec des troubles de la marche très sévères dans un contexte de consommation de protoxyde d'azote. Je l'ai envoyé à l'hôpital. Fin octobre, j'envoie un second. Je me dis bon, je l'envoie à l'hôpital. Donc, carence en vitamine B12. C'est ce qu'on trouve dans les siphons qu'on utilise pour faire les recettes de Top Chef. Et puis voilà qu'arrive il y a trois semaines un mois une troisième personne qui arrive et qui sait flinguer la moelle et les nerfs. Donc un tableau très sévère avec quelqu'un qui peut à peine marcher, quelqu'un qui est plus jeune que vous tous ici. Et en réalité j'appelle l'hôpital et l'hôpital me dit on n'hospitalise plus ces patients, ils sont trop nombreux. On voit directement avec la rééducation. Alors je ne sais pas si mon expérience est représentative de ce qui se passe. en France, mais j'ai vu davantage de patients handicapés par le protoxyde d'azote en 4 mois que de développement d'une sclérose en plaques par exemple. Donc j'imagine qu'il y a peut-être un biais statistique ou un biais d'observation, mais est-ce que vous retrouvez aussi cette émergence-là de complications qui, ma foi, je ne sais pas comment ça va évoluer, j'ai pas encore suffisamment de recul, c'est assez précoce, mais c'est très inquiétant sur le plan d'observation.

  • Speaker #1

    Effectivement, on en voit de plus en plus arriver, notamment via les urgences. Après, c'est vrai que c'est un petit peu irrégulier. On a du mal à savoir si c'est vraiment une augmentation. Mais je sais que nous, on a eu un petit peu ça il y a un an et demi, avec vraiment une série de cas, on s'est dit bon. Et là, finalement, il y en a un petit peu moins. Alors, je crois que c'est officiel. La vente du protoxyde d'azote vient d'être interdite depuis... Ah voilà, à partir de 2026, donc encore un petit peu de... de temps. Après, sur les difficultés d'accès aux soins, c'est vrai que c'est un challenge du quotidien. Après, pour parler au niveau local à Paris, souvent c'est plus facile pour le coup de mettre en place des soins en addictologie qu'en psychiatrie. Alors que ça peut paraître un peu paradoxal, mais là où en psychiatrie hospitalisée, c'est extrêmement compliqué, avec des listes d'attente très longues, beaucoup de patients qui restent aux urgences, etc. Pour ce qui est de la dictologie et les soins, on va dire la jonction avec les soins somatiques, ça fonctionne encore un peu. Mais clairement, c'est là aussi un terrain, une expérience, une observation de terrain.

  • Speaker #4

    Merci. On va maintenant laisser la place aux questions du public.

  • Speaker #5

    Merci pour vos interventions. Merci aussi aux organisateurs pour ce beau forum. Alors moi, je voulais, Dr Blanc, avoir un approfondissement d'une réflexion que vous aviez précédemment et un approfondissement peut-être par vous toutes et tous. Plus de 20 ans que nos politiques publiques successives ont détricoté un bien qui nous est commun, notre système public de santé. Et avec un enjeu d'augmentation de la prise en charge, notamment par les populations vieillissantes et par les troubles de santé mentale qu'on évoquait aussi ici, dont l'incidence ne fait qu'augmenter. Et avec une baisse de la démographie médicale, quels sont aujourd'hui les moyens qui sont mis à votre disposition par les politiques publiques ? Je pense au ministère de la Santé, je pense aux agences régionales de santé pour faire de la détection. de l'addiction dans vos professions et de l'accompagnement pour faire en sorte qu'on puisse prendre soin aussi de vous. Parce que si vous n'êtes plus là, qui prendra soin de la société après ?

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour cette question et ce retour. Honnêtement, le constat n'est pas très positif. Ce qu'on sait, notamment là, actuellement, avec la valse des gouvernements, il n'y a aucune lisibilité. clairement sur une politique de santé publique, quelle qu'elle soit. Honnêtement, c'est assez risible. Pour le festival, on s'est dit la première année qu'on voulait avoir le haut patronage du ministère de la Santé. Puis en fait, sur rien que la temporalité d'un événement annuel, ça change pluriannuellement. Donc en fait, c'est plus personne, en tout cas la plupart des gens qui sont en maille directement avec le gouvernement, eux-mêmes n'arrivent pas à suivre. Donc quand on est un petit peu plus loin, moi je suis agent du service public, donc voilà, je n'ai pas de contact direct avec le ministère, mais c'est... C'est une telle valse et on sait que quand le gouvernement change, c'est l'immobilisme pendant environ deux mois après. Donc ça laisse assez songeur sur le fait qu'il n'y a plus tellement de pilotes dans l'avion au niveau du ministère depuis maintenant plusieurs années. Donc on a beaucoup de mal à avoir une prise de conscience finalement de cette urgence. 2025 est censé être l'année de la grande cause nationale pour la santé mentale. Ça a été rappelé et confirmé par le gouvernement Bayrou. Mais pour l'instant, là aussi, on n'a pas encore de traduction, que ce soit en termes de communication, puisque c'était ça l'essentiel, ni de financement. Donc, ce qu'on essaye de faire, c'est finalement au niveau local, essayer de trouver des stratégies. pour faire émerger des solutions, pour mettre en valeur des choses innovantes comme effectivement les médiateurs de santé paire. Et puis aussi, ce en quoi je crois beaucoup, c'est en fait la prévention et l'éducation. Et notamment, c'est aussi pour ça que j'utilise quelque part le cinéma, les séries. Mais aujourd'hui, Netflix a plus d'écoute, est plus écoutée, plus prise au sérieux aussi parfois que certaines prises de parole et aussi a beaucoup plus de moyens. Donc, en fait, éduquer la santé mentale avec une série Netflix, c'est beaucoup plus efficient. Alors après, ça pose d'autres questions parce que Netflix n'est pas un organisme gouvernemental. Mais au moment où cette place-là est laissée vacante et puis maintenant, depuis, comme vous le dites, depuis des années, c'est aussi un constat de réalité qui va être d'utiliser autre chose pour communiquer parce que malheureusement, on ne peut plus attendre une éventuelle prise de conscience.

  • Speaker #2

    Est-ce que ce n'est pas dû, cette espèce de flou de la part du gouvernement, au fait qu'il n'y a pas de philosophie par rapport à cela ? Est-ce qu'on a un cahier des charges ? Est-ce que le fait de changer de bord politique ne fait pas qu'on passe d'une philosophie à une autre ? Parce que si c'est ça, c'est extrêmement grave.

  • Speaker #1

    Honnêtement, ce n'est pas très réjouissant comme constat, mais ce qui est compliqué, c'est que pour l'instant, on a l'impression que les politiques publiques ne s'adosent déjà pas à la science. Ne serait-ce que l'exemple des salles de consommation, toutes les études montrent un bénéfice. Évidemment, ça ne supprime pas le problème, mais ça montre qu'il y a moins de mortalité, moins de morbidité chez les usagers, qu'au niveau du voisinage, ça améliore les choses, etc. Et pourtant, ça bloque pour des raisons uniquement politiques. Et c'est vrai que ça peut paraître risible, se dire qu'à Paris, il y a une salle pour toute l'île de France. Et forcément, elle est débordée. Et donc, il y a des gens autour qui n'ont pas que ça, la salle, et qui donc consomment. C'est tellement trivial. Et pourtant, il y a des blocages. Donc, effectivement, et pour l'instant, la plupart des prises de parole qu'il y a eu sur le gouvernement, sur la question spécifique des addictions, c'est uniquement la répression. Et on sait très bien que ça ne fonctionne pas. Après la question de l'addiction et des substances, elle n'est évidemment pas que médicale. Et loin de moi de dire que ce serait que un problème médical. Et que donc, par exemple, la question de légaliser les produits. Honnêtement, c'est une question qui est très complexe et qui appartient à l'ensemble de la société, pas que aux médicales. Évidemment, néanmoins, voir les choses que par ce boulot de la norgnette, c'est un peu ce qui s'est passé aux États-Unis avec la crise des opioïdes qu'ils ont eu derrière. Donc, on ne voit pas tellement, à part sur de la démagogie et du calcul politicien, d'où vient cette stratégie de uniquement criminaliser les usagers et les renvoyer en précarité. Donc, là aussi, c'est... Triste constat.

  • Speaker #6

    Bonjour, merci pour cette conférence qui est très intéressante. Je suis maman d'un jeune homme qui a 24 ans, qui souffre de schizophrénie, qui a testé plein de produits. Actuellement, il est accro à la cocaïne. Il y a un vrai souci, c'est qu'à plusieurs reprises, il a souhaité arrêter. En revanche... Les rendez-vous qui lui sont proposés sont très éloignés et il change d'avis. Un mois et demi après, il change d'avis. Donc, je trouve qu'il y a une problématique au niveau de la prise en charge. Si elle est trop tardive, on va vers une perte de chance pour l'usager. Et bon, actuellement, il a la chance de pouvoir aller chez ALT. Mais c'est un en combat.

  • Speaker #2

    Accès aux soins pour les personnes qui sont en souffrance psychiatrique, mais aussi en besoin de drogue ou de produits psychoactifs.

  • Speaker #3

    J'ai envie de vous dire, vous avez tout à fait raison, c'est vraiment très peu satisfaisant, voire impossible, de dire qu'on a des délais à 2, 3, 4 mois. Et arrivent ces questions-là, et on est dans la situation à Strasbourg, mais c'est pareil dans toute la France, des structures complètement débordées, des fois par manque de professionnels, des fois par manque de moyens par rapport aux demandes. Mais vraiment, cette temporalité-là, elle n'est pas acceptable en addictologie, je suis complètement d'accord avec vous. Mais les structures arrivent à fermer des fois des moments complètement, les accueillent parce qu'elles ne peuvent pas répondre. accueillir tout le monde et donner des rendez-vous une fois qu'elles sont admises. À 3-4 mois, pareil, il n'est pas du tout satisfaisant. Donc c'est très frustrant. Je trouve que c'est terrible pour les usagers, c'est terrible pour les professionnels parce qu'on se retrouve quand même, tous nos collègues, au téléphone des personnes qui ont des demandes plus que légitimes. Et donc nous, on fait remonter ces demandes-là. Mais effectivement, en vue des financements qu'on observe, ça ne va pas du tout dans un sens de... d'augmenter par rapport à la réalité des besoins. Je crois que sur l'année 2020, je ne sais plus si c'est 2023 ou 2024, il y avait sur Strasbourg uniquement plus de 500 demandes qui n'ont pas pu aboutir de demandes de personnes qui étaient en demande de soins. Parce que là, on a quand même cette image de dire les gens qui ont une problématique addictive ne veulent pas se soigner. Ce n'est pas la réalité. Nous, on voit aussi tous ceux qui veulent se soigner à qui on ne répond pas. Et c'est terrible.

  • Speaker #5

    Bonjour, merci à vous pour vos interventions. Je voulais vous poser une question plutôt d'ordre systémique. C'est-à-dire, je vais revenir sur la métaphore de la souris dans sa cage, à qui on a enlevé et qui finit par développer ses comportements. Et c'est quelque chose qui résonnera auprès de toute personne qui a eu de près ou de loin un rapport à l'addiction. J'aimerais avoir votre avis sur les violences systémiques qui ont toujours été évoquées, mais jamais explicitées, lesquelles sont ? Parce qu'on suppose qu'elles sont présentes dans le monde du travail, dans l'éducation, dans le cercle familial. Je pose cette question puisque la prévention montre ses limites. Quand on est au stade de la guérison, c'est déjà trop tard. Donc quels sont les leviers de manœuvre ? Quelles sont les violences qu'on doit montrer et qu'on doit combattre pour justement ne plus être face à ce cadre et justement prévenir de manière, je pense, plus pérenne et plus efficace les addictions ? Merci.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. C'est une question qui est très intéressante. Dans ce qu'on sait qui est associé finalement à des détails... des déterminants de santé et donc l'addiction. On va retrouver tout ce qui va être violence physique et sexuelle, notamment dans l'enfance, qui sont des grands facteurs de vulnérabilisation des individus et qui, à la fois, c'est dès le début de la vie, ça a des conséquences sur, finalement, toute une vie potentiellement, même si, évidemment, c'est possible ensuite le rétablissement et que ce n'est pas toutes les personnes qui ont été victimes qui vont développer un trouble, mais néanmoins, c'est un facteur de risque important. Donc, on espère que là aussi... les efforts qui sont faits, en tout cas la levée d'un certain tabou et le fait qu'on en parle plus, va quand même avoir des conséquences positives, mais évidemment ce sera sur les générations futures. Après on sait que tout ce qui va être également précarité dont on a parlé un petit peu, ne serait-ce qu'il y a une étude assez intéressante et là aussi c'est quand même dommage que ces études-là ne soient pas utilisées au niveau politique, mais une étude qui a montré au moment du changement de politique du RMI au RSA, qu'une augmentation de 10% de la précarité se traduisait par une augmentation de la prescription des opioïdes en France. Et c'était département par département. Donc pour le coup, ce n'est pas la situation aux États-Unis. Et ces deux facteurs, l'un vient des données de la Sécurité sociale, l'autre venait de la politique financière d'allocation. Donc je veux dire, c'est quand même assez robuste au niveau scientifique. On voit qu'il y a vraiment cette augmentation, alors qu'en plus, on se dit que c'est quand même des médicaments qui sont prescrits par des médecins. Donc, il n'y a pas forcément, encore une fois, le médecin ne se dit pas, ah bah tiens, c'est la réforme de RSA, je remets ma dose de codine. C'est assez impressionnant. Donc, c'est vraiment ce type d'éléments. Après, on va retrouver aussi tout ce qui va être discrimination de genre, discrimination ethnique et raciale, discrimination sur l'orientation, etc. Donc, on sait que tout ça, cumulé notamment, peut faire que certaines personnes vont être... plus souvent concernés par les problèmes d'addiction.

  • Speaker #2

    Ombre, Camille Branche ?

  • Speaker #3

    Oui, ce que j'aurais pu dire, c'est pour ajouter peut-être quelque chose de jamais banalisé, en fait, et ça passe par former les professionnels en permanence aussi, les sensibiliser à reconnaître. Chez nous, en pratique, avec un public qui peut être en grande précarité, c'est aussi des accompagnements aux dépôts de plaintes, parce que... C'est tellement banal d'être l'image d'être agressée ou de subir des violences sexuelles pour l'accès aux produits. En tout cas, c'est plus facilement de travailler l'accès aussi aux dépôts de plainte. Et puis aussi, le travail avec les forces de police, qui ont quand même fait beaucoup de progrès sur l'accueil des dépôts de plainte. Et nous, on ne baisse pas la garde non plus quand on observe des situations qui ne vont pas. Donc, jamais banalisé, en fait.

  • Speaker #7

    Bonjour, merci pour votre intervention. Tout le monde connaît cette phrase, la folie c'est de toujours répéter la même chose et d'attendre un résultat différent. En France, on met beaucoup l'accent sur la répression et sur la culpabilisation. On le voit encore aujourd'hui avec les interventions du Premier ministre qui culpabilise les consommateurs. Alors que par exemple l'exemple du Portugal est assez marquant, ils avaient de gros problèmes de transmission de MST et de décès suite à la vague d'héroïne des années 90, ils ont dépénalisé le produit et ils ont eu une chute drastique de la consommation parce que dans la dépénalisation aussi il y a le fait de cet attrait à l'interdit qu'on en digue aussi et de rediriger l'argent public qui est donné sur la répression. à l'aide, le soin et la prévention. Et du coup, je voulais savoir quelle était votre vue là-dessus, sur la dépénalisation des produits. Et est-ce que vous avez aussi une fonction, vous, de conseil au niveau des pouvoirs publics pour changer justement cette vision, sachant qu'il y a une très très grosse hypocrisie autour de ça, et notamment dernièrement, quand ils parlaient, le jour où ils ont dit que les consommateurs avaient du sang sur les mains. Le majordome de Matignon a été retrouvé avec 50 grammes de cocaïne. Je pense que ce n'était pas pour sa consommation personnelle. Je trouve qu'il y a une très grande hypocrisie sur la consommation, sachant que toutes les sociétés ont toujours consommé. Il y aura toujours de l'addiction, il y aura toujours de la consommation. Mais plus il y a de la prévention, plus on peut aider les gens à consommer peut-être sainement et à moins tomber dans l'addiction. Je voulais juste savoir ce que vous en pensiez. Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    En d'autres termes, je rajouterais à cette question une question qui pourrait nous permettre de conclure. Est-ce que les addictions augmentent ou est-ce que, comme le dit monsieur, elles ont toujours existé et elles seraient stables ou est-ce qu'elles augmentent ?

  • Speaker #1

    Je crois que vous vouliez intervenir sur la question de Claire Gage. Non, je voulais intervenir sur autre chose.

  • Speaker #6

    Je ne passe pas sur la réponse directe.

  • Speaker #1

    Alors les addictions, elles augmentent plutôt et notamment avec des nouvelles formes de comportements addictifs, notamment là aussi pris dans quelque chose d'assez, comment dire, systémique. On sait qu'aujourd'hui il y a toute une économie qui repose sur l'addiction, ce qu'on appelle le capitalisme limbique, où en fait nos comportements de consommation sont aussi quelque part aiguillés. par des mécanismes propres de l'addiction, la récompense immédiate, etc. On le voit sur les réseaux sociaux, on le voit à différents endroits de nos vies, sur les achats, etc. Après, vaste question, celle de répression, dépénalisation.

  • Speaker #0

    Disons que ce qu'on sait, c'est que la prohibition, ça n'a pas fonctionné. La pénalisation des usagers, la culpabilisation des usagers non plus. Néanmoins, c'est ce qui est politiquement le plus facile, parce qu'il suffit de dire que c'est la faute des consommateurs, c'est la faute des dealers, sans s'attaquer finalement aux racines. Après, ce qui est compliqué aussi en tant que médecin, c'est qu'on sait que si les produits, et notamment à priori le cannabis qui serait le premier à être dépénalisé, ça se fera surtout pour des questions économiques. Avec déjà beaucoup d'investissements et un effet de lobbying fort, les produits qui sont légalisés, que sont le tabac et l'alcool en France pour le moment, c'est quand même des lobbies qui ont plutôt tendance à essayer de supprimer les messages de santé. et essayer de favoriser leur part de marché en poussant à la consommation. Donc, je vois ça d'un œil, en tout cas ma réponse personnelle, elle est quand même complexe, parce que justement, on sait que si c'est dépénalisé, ce sera probablement pour des raisons économiques, alors même que, on le sait, et ça c'est important aussi, malgré le fait que le tabac et l'alcool, ça rapporte beaucoup d'argent dans les caisses de l'État, notamment de l'argent immédiat, puisque c'est des produits qui sont très fortement taxés, néanmoins, sur le moyen et long terme, ça... coûte beaucoup plus cher à la société. Donc même ce calcul-là de se dire, finalement, ça rapporte parce que le paquet de tabac, il est cher, etc. En fait, les cancers, notamment, tels qui sont pris en charge avec des questions de sustainabilité qui vont se poser combien de temps la sécurité sociale va pouvoir aussi soigner les conséquences. Et à un moment, il y aura peut-être un arbitrage qui se fera. Donc voilà, une réponse un peu de psy, pas très marquée. pas très, en tout cas difficile d'y répondre de manière très simple.

  • Speaker #1

    J'avais encore une question sur cet enfermement et sur la solitude qui alors sont véritablement un phénomène nouveau, qui n'existait pas il y a 50 ans. Donc vous dites que c'est un phénomène mondial. Je n'arrive pas à admettre qu'il... Il pourrait s'agir d'une pathologie organique qui tout d'un coup serait apparue dans l'espèce humaine. Donc il s'agit d'un comportement nouveau qui n'est pas organique et qui est une réaction à nos sociétés. Y a-t-il un point commun aux familles dans lesquelles ça se produit ? Un enfant qui se met à s'enfermer et à qui on finit par amener alimentation et tout ce qu'il faut dans sa chambre, au lieu de lui dire, si tu ne sors pas de ta chambre, tu n'auras pas à manger, tu finiras par sortir. Donc, est-ce qu'il n'y a pas dans ces familles quelque chose qui explique ces nouveaux comportements qui n'existaient pas autrefois ?

  • Speaker #2

    Moi, je voulais d'abord répondre à la dame dont l'enfant est schizophrène, est cocaïnomane et peut-être de temps en temps enfermé. On est tous d'accord sur le défaut de réponse aujourd'hui. Entre le Japon et la France, apparemment, curieusement, les courbes sont inversées dans le nombre de pédopsychiatres qui a cru multiplier par 10 au Japon pendant qu'il est divisé par 10 en France. Et donc ça fait pédopsychiatre et psychiatre un défaut de cette réponse dont vous parlez. Mais je ne suis pas désespérée moi de nature et je pense qu'il y a plutôt à s'appuyer sur les pères aidants, sur les familles, sur les groupes et aussi à reprendre précautionneusement l'itinéraire parce que parfois on s'énerve ou il y a une incompréhension de type presque psychologique avec quelqu'un. Alors que ce n'est pas le problème, il n'y a pas vraiment un refus de prendre en charge. Donc c'est une attention permanente entre le thérapeute, la famille et le patient pour arriver à ce que des soins soient donnés en s'appuyant sur ce qu'on a aujourd'hui. Et je dirais aussi, par exemple, le téléphone portable aujourd'hui, Quand on est psychiatre, on a tout le temps des SMS le dimanche soir à 10h du soir. Au début, on s'énerve et après on se dit que c'est mieux ça que d'avoir une catastrophe le lendemain matin. Donc il y a quand même des nouvelles pistes assez intéressantes. Maintenant, la question de la solitude. Au niveau du fait que c'est mondial, c'est très étonnant parce que c'est l'Ouganda, le Nigeria, la République d'Oman, l'Arabie Saoudite. la Nouvelle-Zélande, l'Australie, bien entendu Corée, Chine, Japon, Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Suède, Italie, beaucoup Italie, France aussi, à tel point qu'au Danemark, il y a un psychiatre qui a fait un article récemment en disant c'est bizarre, mais nous on n'en a pas, réveillez-vous les psychiatres, il doit y en avoir et on ne les voit pas Donc c'est vraiment mondial. Alors le point commun... de nos sociétés et des familles, je dirais qu'il y a eu beaucoup de choses qui ont été cherchées. Au début, on a dit que c'était un défaut d'amour, un défaut d'affection, un défaut de circulation dans la famille. On s'est aperçu que non. C'est plutôt ce qu'on appelle en psychiatrie des troubles de l'attachement, c'est-à-dire un lien, comme il y a dans les addictions, un lien très particulier avec la peur de l'autonomie de tout le monde. Je disais à une maman l'autre jour, alors un peu de bonheur partagé avec votre enfant qui a 23 ans, elle me dit il n'y en a plus, il n'y en a plus, il n'y en a plus. Alors évidemment, elle n'y en a plus, elle ne le voit plus du tout. Et donc au niveau mondial, il y a quand même la culture du danger extérieur. C'est mondial, il y a eu un article dans Le Monde il y a deux ans je crois, qui disait où sont passés les enfants des rues. Il n'y a plus d'enfants dans les rues parce que les rues sont peuplées de pédophiles, d'assassins, etc. On a peur tout le temps. Donc, il y a une façon de dire à l'enfant, il vaut mieux que tu sois à la maison, au moins, même si tu prends des drogues, même si, même si, au moins, je vois ce que tu fais, je vois ce que tu es, tu ne cours pas le risque extérieur. Et ça, c'est mondial. Et puis, il y a aussi, dans ces familles, parfois, c'est assez touchant, parce que ça arrive à... À la surface, un parent qui est malade ou qui a été malade, et l'enfant qui reste comme dans une sorte de peur qu'il arrive quelque chose à son parent, sauf qu'il ne va pas le dire. Ça se voit notamment dans les violences conjugales. Le garçon qui reste parce qu'il a peur que le père vienne taper la mère. Et ça n'apparaît pas dans les premiers temps. Je ne sais pas si je vous ai répondu.

  • Speaker #1

    Aurélien,

  • Speaker #3

    dernière question. Privilège de la dernière question. Il y a évidemment des déterminants sociaux, culturels très importants dans l'addiction, mais il y a également des déterminants parfois biologiques. On en a parlé hier un petit peu avec ces médicaments dopaminergiques qui défraient la chronique actuellement contre la maladie de Parkinson et qui sont à même de susciter l'addiction. L'idée d'un médicament qui permet de sortir de l'addiction, c'est aussi un peu... une arlésienne dans la médecine, mais on entend parler des analogues de la GLP1, notamment on a entendu parler du baclophène. Alors pour finir, peut-être sur une note un peu d'espoir, ou en tout cas même avec un petit trait d'humour, ça me fait penser au dessin où le patient dit j'ai besoin d'aide, j'arrive plus à arrêter les médicaments, et le médecin qui lui dit je vais vous prescrire un médicament pour arrêter. Est-ce que c'est quelque chose qui a de l'avenir ? Est-ce que vous avez l'impression qu'on va arriver peut-être aussi à aider les patients avec des aspects aussi médicamenteux ?

  • Speaker #0

    On espère, on espère. Alors, je vais essayer de faire une réponse la plus positive possible, parce qu'en plus, c'est plutôt ma nature. Mais il faut savoir quand même que, contrairement à ce qu'on pense souvent et ce qui est souvent relayé dans les médias, les laboratoires pharmaceutiques investissent très peu, voire plus du tout dans la santé mentale, parce que ce n'est pas rentable. Donc, cette idée qui voudrait que les pathologies en psy soient des inventions des labos. Franchement, si c'est une pension, ils n'en sont pas très satisfaits parce que la plupart des grands labos ont complètement déserté la recherche et le développement sur des médicaments en psychiatrie. Pour plein de raisons, parce que c'est difficile, parce que c'est moins financé aussi par mécanisme. C'est le gouvernement, quelque part, qui aiguille aussi la recherche. Et en ce moment, c'est beaucoup tout ce qui est pathologie oncologique, donc les cancers et les pathologies rares qui rapportent. Donc, c'est là que l'investissement se fait. Donc, on n'a pas beaucoup, beaucoup de choses en stock. Ce qui, pour le coup, il y a quand même une note d'espoir assez positive et on sort un peu de pied de nez, puisque aujourd'hui, les promesses les plus importantes sur le développement de médicaments en addicto et en psychiatrie, c'est les psychédéliques. Donc, une autre drogue. Pour le coup, ça répond un peu à votre cartoon. Il faut savoir que dans les pistes les plus prometteuses, on est en train en ce moment, alors en France, c'est à Paris et à Nîmes, il y a eu beaucoup ça aux Etats-Unis, sur la psilocybine, qui est donc une substance issue d'un champignon, qui est un champignon hallucinogène, qui a montré dans beaucoup, des centaines d'études, des effets très importants. sur le traitement de l'addiction, sur le traitement de la dépression, du trouble de stress post-traumatique, du trouble anxieux également, le LSD, la MDMA, qui sont utilisés. Alors attention, pour partir, en plus c'est le take-home messages, attention, ce n'est pas un usage récréatif, c'est un usage dans le cadre de ce qu'on va appeler des psychothérapies augmentées, c'est-à-dire que c'est dans le cadre d'un protocole de soins que la substance est administrée. avec du coup un travail en psychothérapie en parallèle, avec des doses qui sont aménagées, qui ne sont pas les doses utilisées à visée récréative et donc n'ont pas les effets non plus délétères qu'on peut retrouver chez les usagers récréatifs. Mais c'est aujourd'hui, alors là peut-être pas, mais en tout cas une des pistes les plus avancées de recherche. Et c'est vrai que c'est assez impressionnant. dans les congrès en ce moment de psychiatrie, d'addictologie. On parle peut-être pas que de ça, mais quand même beaucoup, beaucoup de ça. Donc, s'il y a des pistes, en tout cas rapidement, toutes proportions gardées, puisque pour l'instant, j'ai cité les deux centres, c'est encore à l'état de recherche. Donc, vous ne pouvez pas aller voir un médecin, quel qu'il soit, pour qu'il vous en prescrive. Néanmoins, c'est un peu là que se situe l'espoir, avec, pour le coup, beaucoup de choses intéressantes, notamment le fait qu'est-ce qui est complètement nouveau ? mais aussi dans la conception d'un médicament puisque c'est des produits qui agissent en une fois ou une série de fois mais avec un effet pérenne donc vraiment un effet de neuroplasticité mais qui vient d'une expérience à un temps T qui fait qu'il y a des bénéfices sur la perception, sur les émotions sur les comportements, sur le long terme donc pour l'instant le long terme dans les études c'est plusieurs mois mais ça pourrait être plusieurs années ce qui pourrait vraiment changer la donne

  • Speaker #1

    Merci à cette table ronde extrêmement inquiétante, mais ça fait partie de la bioéthique. Le pire serait de ne pas se poser les questions et de ne pas être interrogatif sur nos sociétés. C'est le but du Forum européen. Un grand merci de nous avoir aidé à mieux connaître ces sujets.

  • Speaker #3

    On se retrouve à 14h pour parler de la santé mentale de nos enfants. Merci à vous.

Description

Forum Européen de Bioéthique 2025 : Santé mentale & Bioéthique


Les nouvelles addictions


Dans les années 90’s, on craignait les junkies, les seringues contaminées et les overdoses. Mais aujourd’hui, en plus de ces drogues sales et trafiquées, il y en a d’autres aux dénominations médicales telles que le TRAMADOL, le LYRICA, le RIVOTRIL ou le FENTANYL. Par ailleurs, si les drogues « dures » n’ont pas disparu, de nouvelles formes d’addictions se développent et se répandent, et ceci, dès le plus jeune âge. On sait tous que scroller ne sert à rien, que passer des heures à consommer du porno ne fait qu’alimenter un marché du corps à l’éthique douteuse, et pourtant, ce que la raison condamne, le cerveau, dans sa biochimie complexe, semble parfois l’ignorer ou pire, en réclamer davantage.


Avec :


Jean-Victor Blanc, Médecin-psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP, Paris), Enseignant-chercheur à Sorbonne Université


Camille Brand, Médecin addictologue, Directrice médicale Association Ithaque Strasbourg


Marie-Jeanne Guedj Bourdiau, Psychiatre et pédopsychiatre, Ancien chef du pôle urgences psychiatriques de l’hôpital Sainte Anne (Paris),

Fondatrice de l’Association Francophone pour l’Étude et la Recherche sur les Hikikomori (AFHIKI)


Fatah Senadla, Médiateur de santé pair au Centre hospitalier de Rouffach


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous,

  • Speaker #1

    bienvenue pour cette dernière journée du Forum européen de bioéthique, cette année consacrée à la santé mentale et à la bioéthique. Nous ouvrons la première session d'aujourd'hui sur les nouvelles addictions et je m'empresse de laisser la parole au...

  • Speaker #0

    fondateur du Forum européen de bioéthique,

  • Speaker #1

    j'ai nommé Israël Nizan.

  • Speaker #0

    Merci Aurélien. Le sujet choisi ce matin, les nouvelles addictions, je vous le dis tout net, on ne va pas pouvoir le traiter en entier tellement... il est vaste et je voudrais juste scanner un tout petit peu la largeur du sujet dont on ne traitera qu'une petite partie parce que parce que c'est vraiment il aurait fallu la journée il ya des addictions nouvelles au numérique des addictions comportementales et des addictions aux psychoactifs. Trois grandes familles d'addictions. Le numérique, qui est la plus récente. Vous avez tous entendu parler de la nomophobie, cette manière de consulter de manière compulsive son téléphone et surtout l'anxiété qui étreint certaines personnes lorsqu'elles n'ont pas leur téléphone sous la main. C'est une véritable addiction, mais il y a l'addiction aux réseaux sociaux, des gens qui comptent les likes de leurs interventions et qui sont littéralement accros à ce nombre de likes, qui ont peur de manquer un message. Les Américains parlent de FMO pour Fear of Missing Out, des addictions aux jeux vidéo, parfois au détriment de la vie sociale ou du travail et des addictions. au streaming avec un visionnage compulsif de séries et l'incapacité de s'arrêter de visionner des séries. Voilà quelques addictions du domaine du numérique. Il y en a d'autres dans le domaine du comportement dont on ne pourra pas parler ce matin. Le shopping en ligne avec des achats compulsifs et je mets là-dedans une addiction qui est plus ancienne, c'est celle des jeux et des casinos. Les crypto-monnaies et le trading, il y a des gens qui sont toute la journée en train de regarder les taux et d'essayer de faire des profits. L'addiction à la pornographie, je vois des jeunes de 10 ans qui consomment 3 heures de pornographie par jour, qui rentrent à la maison, se précipitent sur l'ordinateur et qui ne peuvent plus le lâcher des yeux. Tant le visionnage de la pornographie... entraîne deux émotions contradictoires à 10 ans. Le fait d'être choqué par les images qu'on voit et le fait d'être excité sexuellement en même temps par ces images choquantes tout en se mélangeant à l'interdit, ça crée de véritables addictions. Et je ne vous dis pas les conséquences sur la sexualité de ces ados. Addiction à l'alimentation transformée, avec une dépendance au sucre, sel et gras. et le work-alcoolisme qu'on connaît bien avec du bio-hacking, avec l'optimisation corporelle. Ça c'est émergence d'addictions numériques et les addictions comportementales. Mais la liste est tellement longue des addictions chimiques émergentes que je renonce à vous en faire le catalogue. Ce sont... pour beaucoup des substances de synthèse souvent méconnues, qu'on appelle drogue de fait. qui imitent les substances classiques, cocaïne, cannabis, etc. Alors il y a des nouveaux psychoactifs, vous avez entendu parler de 3MMC, 4MMC, qui sont des amphétamines. Il y a les cannabinoïdes de synthèse, les noms c'est Spike et K2, plus puissants et dangereux que le cannabis naturel, aux effets imprévisibles. Il y a les opioïdes de synthèse avec le... roi des rois qui est extrêmement toxique, qui est le fentanyl et tous ses dérivés. Fentanyl, plus puissant que l'héroïne, est à l'origine de beaucoup de surdoses. Et les dérivés de la kétamine, appelés PCP, qui donnent des effets dissociatifs puissants. Et puis alors, il y a une autre nouvelle manière de faire. Ce sont le fait de détourner des médicaments. Les benzodiazépines, comme le Xanax et le Valium. qui sont des sédatifs et des anxolytiques, peuvent être utilisés dans ce cadre-là. De même que des précurseurs du GHB, on s'appelle GBL, BD, avec des effets euphorisants et des inhibiteurs. Il y a les médicaments de la TDHA, par exemple la Ritalin, qui donnent une augmentation de la concentration et de la performance cognitive. Enfin, il y a encore deux... trois autres catégories, les psychosimulants, microdosage de LST, modafinil, méthamphétamine, qui sont des drogues extrêmement addictives et neurotoxiques. Il y a les anciennes drogues, le chemsex, GHB plus méthamphétamine, qui intensifie l'expérience sexuelle et qui entraîne beaucoup de comportements à risque, vous en avez entendu dans les faits divers, de même que la kétamine récréative. Enfin, il y a des produits détournés qui aujourd'hui font la une des médias. Le gaz hilarant, utilisé sous la forme de ballons par les jeunes, qui entraîne des lésions neurologiques gravissimes. La dextrométophane, qui se trouve dans les sirops et qui donne à forte dose des hallucinations. Et enfin les solvants et cols inhalés qui sont gravement toxiques pour le cerveau. Toutes ces nouvelles drogues et ces usages sont en constante modification. En permanence, il n'y a pas de mois où il n'y a pas de nouvelles drogues et de nouveaux usages à des prix défiant toute concurrence. Il y a donc une offre de produits très puissants et très gravement toxiques pour le cerveau. Et la question qui se pose après cette espèce de panorama général très survolé, c'est pourquoi y a-t-il tant d'addictions ? Y a-t-il plus d'addictions qu'autrefois ? Est-ce que c'est un effet du fait qu'on les voit mieux et que la disponibilité de ces produits est plus grande ? Ou s'agit-il d'un effet de souffrance de notre société avec la volonté de ne plus affronter le réel ? Et pour cela... Aurélien et le Forum ont réuni pour vous des experts dans ce domaine pour essayer de rentrer un peu plus avant dans la thématique Jean-Victor Blanc médecin psychiatre à l'hôpital Saint-Antoine à Paris enseignant et chercheur à Sorbonne Université Camille Brandt, médecin addictologue, directrice médicale d'une association qui s'appelle ITAC à Strasbourg... Marie-Jeanne Guedj-Bourdio, psychiatre et pédopsychiatre, ancien chef du pôle urgence pédiatrique à l'hôpital Saint-Anne à Paris, fondation de l'association francophone pour l'étude et la recherche sur les hikikomoris, vous nous direz ce que c'est après. Et enfin, Fata Senadla, médiateur de santé père au centre hospitalier de Roufac, qui terminera ce premier tour de table ronde. Et je m'empresse. Avec curiosité de donner la parole à Jean-Victor Blanc, médecin psychiatre à Saint-Antoine à Paris. Vous avez la parole.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, merci à tous et merci pour l'invitation aujourd'hui à venir vous parler des addictions. Moi je vais vous parler de deux aspects de l'addiction. Je suis psychiatre addictologue à l'hôpital Saint-Antoine, où j'ai ouvert il y a 6 ou 7 ans déjà une consultation spécialisée dans la prise en charge du chemsex. Avant tout, la définition de l'addiction. Et on va voir si c'est ça le point commun à tout ce que vous avez décrit en introduction. Ça va être lorsqu'il y a un comportement qui va devenir incontrôlable. Donc il y a vraiment cette notion de perte de contrôle et avec un maintien de ce comportement malgré les conséquences négatives. Alors après, il y a d'autres critères qu'on ne va pas énumérer là forcément parce que c'est un peu fastidieux. On pourra y revenir si vous le souhaitez pendant les questions. L'addiction au chemsex, elle est très particulière. C'est donc effectivement l'usage de certains produits spécifiques avisés sexuels pour améliorer, désinhiber ou modifier l'expérience sexuelle. À la fois, ça peut paraître quelque chose de minoritaire. Alors aujourd'hui, on en a tous un petit peu entendu parler, notamment avec le fait divers autour de l'affaire Palmade. Néanmoins, ce qui est intéressant dans le chemsex, c'est qu'en fait, on va retrouver un peu tout. ce dont on parlait en introduction, c'est-à-dire à la fois des nouvelles drogues, puisque c'est des drogues spécifiques qui sont utilisées, notamment la 3-MMC et toute la famille des catinones de synthèse, qui sont des drogues qui copient effectivement un petit peu les amphétamines, qui copient un peu la cocaïne, qui ont été d'ailleurs marquetées comme ça, mais qui sont beaucoup moins chères. Elles sont moins chères parce qu'il n'y a pas besoin de culture, donc il n'y a pas besoin d'acheminement, il n'y a pas besoin de plantes, elles peuvent être synthétisées à peu près partout. dans des hangars, notamment en Europe, la plupart des zones de production seraient plutôt au niveau de la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas. Et même le nord de la France, il y a déjà eu des hangars qui ont été démantelés. Donc, c'est des drogues qui sont peu chères. Ils copient des produits déjà existants qui sont facilement accessibles par leur prix, mais aussi par leur mode d'acheminement, puisqu'elles ont eu beaucoup de succès, notamment lorsque le... Le chemsex a commencé il y a une vingtaine d'années. C'est des drogues qui, pour la première fois, pouvaient être commandées en ligne et livrées à la maison. C'est quand même très particulier. Il n'y avait pas besoin de connaître un dealer, il n'y avait pas besoin de sortir de chez soi, il n'y avait pas besoin d'avoir un contact téléphonique. Comme vous pourriez vous faire livrer des produits sur Amazon, ce sont des drogues qui peuvent se faire livrer à la maison par la poste. Ce qui aussi fait que ça a touché un public qui, avant, était plutôt loin des drogues, quelles qu'elles soient, et des produits stupéfiants. et qui se sont retrouvés finalement à pouvoir consommer des produits avec une impression que finalement ces produits n'étaient pas forcément illégaux puisqu'ils étaient livrés par la poste comme un colis Amazon ou un livre de la FNAC. Ça, c'est pour les nouveaux produits. Des nouveaux usages et notamment liés au numérique, puisque le chemsex qui aujourd'hui concerne principalement ce qu'on appelle en recherche et en soins des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, donc des hommes homosexuels. mais qui ne s'identifient pas forcément. Ça va au-delà du fait de s'identifier comme homosexuel, c'est avoir des rapports homosexuels finalement. Dans cette communauté, le chemsex, ça passe essentiellement par une rencontre via des applications en ligne, des applications dites de rencontre, qui font que pour, là aussi, la première fois, tout ça, ça arrivait au début des années 2000, les personnes qui cherchent un partenaire et ou des produits, parfois les deux, parfois l'un ou l'autre, peuvent se connecter en permanence 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour trouver finalement et des produits et finalement du sexe. Ce qui là aussi est complètement nouveau. Et comme on l'a vu par exemple avec le jeu, donc l'addiction au jeu, traditionnellement c'était au casino, sauf que le casino il y a des horreurs d'ouverture, de fermeture, il y a un certain rétron contrôle social, la peur d'être vu, le fait que certaines personnes étaient littéralement interdites d'entrer dans un casino, etc. Aujourd'hui, le casino, il est dans la poche. Donc, en fait, en permanence, il n'y a aucun contrôle. Il n'y a pas du coup non plus de, quelque part, de jugement. Ça peut passer complètement inaperçu. Avec aussi des méthodes marketing où les applications de casino en ligne vont aller chercher les consommateurs en permanence, etc. Avec toute une gamification, le fait qu'il va y avoir des récompenses aléatoires, etc. Des choses qu'on a vues dans d'autres sphères, mais qui là, se déplacent en ligne. Et on sait que par rapport aux joueurs en physique, les joueurs de casino... en ligne, les joueurs de jeux en ligne sont en général plus jeunes, plus précaires et finalement plus souvent concernés par une addiction au jeu que ceux qui allaient au casino. Donc on voit bien que ce passage et cette accélération dans le numérique, dans laquelle on est en plein dedans et au vu de l'actualité, c'est pas prêt de s'arrêter, a quand même précarisé au passage et accéléré là aussi le mouvement. Et donc dans le chemsec, c'est ça aussi la révolution du numérique. Et puis ensuite, le troisième élément. C'est pourquoi aujourd'hui essentiellement les hommes homosexuels ? Pour plein de raisons. Une des pistes étant que c'est une communauté qui a plusieurs marqueurs de vulnérabilité psychique, qui avant même le chemsex, on sait que les personnes homosexuelles sont plus à risque, par exemple, d'avoir une dépression ou d'avoir un trouble d'abus de substances. Là aussi, ça permet, quand on réfléchit au phénomène global des addictions, on sait qu'un des déterminants majeurs de l'addiction, ça va être le stress environnemental. Par stress environnemental, Lorsqu'on fait des études chez les animaux, ça va être par exemple des souris, on ne va pas leur donner à manger aux heures régulières, on va leur donner un environnement dit pauvre, c'est-à-dire en gros juste une cage avec rien du tout, donc elles s'ennuient. Si plus on va ce qu'on appelait donner un environnement enrichi, alors pour une souris ça peut paraître modeste mais c'est une roue déjà, voir des jeux, des congénères, etc., moins finalement la souris va être prompte à avoir des comportements addictifs. Évidemment, ça, on le replace dans un contexte humain. On voit bien qu'un facteur de stress comme la précarité, qui est un des facteurs majeurs dans le développement des addictions au niveau populationnel, ça va y contribuer. Et tout ce qui va être environnement stressant, mais aussi le rôle des violences, notamment des violences dans l'enfance. Et puis aussi le rôle de l'hérédité, puisqu'on sait qu'il y a une vulnérabilité héréditaire en lien avec les addictions. Comme on est avec une vulnérabilité, on va dire, cardiologique, neurologique, pour à peu près toutes les maladies et pas que les maladies, beaucoup de nos traits de personnalité et physique ont également une assez forte part héréditaire. Dans l'addiction, on va retrouver aussi cette vulnérabilité qui fait qu'on n'est pas tous égaux et que dans certaines familles, on va retrouver plus d'addiction que d'autres. Néanmoins, ce n'est pas une fatalité. Il n'y a pas un gène de l'addiction qui se transmet et qui ferait que, peu importe. finalement ce qu'on fait dans la vie, on développerait une addiction. C'est un élément qui est important. Là, on a un peu les trois piliers pour comprendre en tout cas une partie des addictions aujourd'hui. Le lien avec l'autre partie de mon métier en dehors de l'hôpital, c'est que depuis à peu près la même époque, il y a 5-6 ans, j'ai développé un concept qui s'appelle PopEpsy, où en fait l'idée c'est d'expliquer la santé mentale, dont Les addictions, puisque les addictions, on le rappelle, en font partie des troubles psychiques. On a souvent, parfois on les oppose un peu. Mais en fait, quand on parle des 13 millions de Français atteints par un trouble psychique ou d'une personne sur quatre, une personne sur cinq, on compte donc évidemment la dépression, la schizophrénie, le trouble bipolaire. On compte également les addictions. C'est pour ça aussi que quand on réfléchit, on se dit Mais comment ça se fait qu'il y a autant de personnes ? On dit Une personne sur quatre, c'est énorme. où ils sont, en fait, on réfléchit autour de soi et on se dit que si on cumule tout ça, on trouve clairement toutes ces personnes. Ce qui fait que tout le monde peut être concerné à titre personnel ou familial ou professionnel. Et donc, l'idée, c'est de donner à la fois quelque chose de pédagogique. En fait, avec un film comme Requiem for a Dream, par exemple, on peut comprendre ce que c'est que l'addiction. On peut comprendre un certain mécanisme de l'addiction. Après ce film, on peut en reparler aussi, on peut avoir certaines réserves, notamment le fait que c'est un film qui a une vingtaine d'années et c'est vrai qu'à l'époque, dans les œuvres de l'époque, on ne voyait pas du tout les soins. Donc ça qui a un côté très fataliste dans ce film. Mais beaucoup plus récemment, dans une série très plébiscitée par la jeune génération qui est la série Euphoria, dans laquelle on va retrouver cette question de nouveaux produits de synthèse, de vulnérabilité individuelle, etc. De santé mentale au sens large. En fait, c'est une série qui ne va parler que quasiment d'addiction. Ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui, et c'est pour ça que le phénomène de pop culture est intéressant, à la fois on a ces représentations qui viennent nourrir et finalement expliquer aussi un support pour en parler et sortir de l'isolement autour des addictions, mais aussi le fait que la série Euphoria, par exemple, elle a été créée par quelqu'un qui s'appelle Barry Levinson, Sam Levinson, pardon, Barry c'était son père, Sam Levinson, qui lui-même est en fait un ancien adolescent ayant eu des problèmes d'addiction. et qui du coup aujourd'hui utilise aussi son histoire pour en faire quelque chose et en faire un blockbuster puisque c'est une des séries encore une fois les plus populaires. Ça peut être aussi très récemment le film français qui a eu beaucoup de nominations aux Oscars et aux Golden Globes, le film The Substance, je ne sais pas si certains d'entre vous l'ont vu, qui est un magnifique film. C'est un film de genre, donc là aussi ça montre que la pop culture peut être très large. C'est un film qui appartient au film d'horreur, on pourrait dire. Néanmoins, c'est un film qui est très intéressant sur le rapport au corps, puisqu'on sait qu'il y a aussi de plus en plus de mécanismes d'addiction autour du corps, d'essayer d'atteindre des standards qui sont... l'obsession de la jeunesse, ce qu'on appelle la dysmorphophobie, c'est-à-dire le fait qu'on a une image de son corps qui est différente de telle qu'est son corps, dit de manière objective. Un film comme The Substance, c'est un très bon film, là aussi pour comprendre le mécanisme de l'addiction, avec typiquement ce caractère de continuer un comportement malgré le fait, ce qui nous abîme physiquement, psychiquement, socialement. C'est clairement ce qu'on voit dans ce film. L'idée, c'est à la fois d'utiliser ça, nous on l'utilise aussi à la fac, on l'utilise dans l'enseignement, des étudiants en médecine, des étudiants en santé au sens large, on va utiliser des films pour leur faire comprendre la sémiologie. C'est aussi quelque chose qu'on peut utiliser, moi j'utilise ça au ciné-club Pop-Epsy où on regarde un film et ensuite justement on en parle et on dit ça c'est intéressant, ça c'est une grille de lecture pour comprendre tel phénomène, par exemple le film Reckham for a Dream qu'on avait regardé, ça peut être aussi un film comme Star is Born. Par exemple, le film de Bradley Cooper avec Lady Gaga, qui parle d'un chanteur très connu qui a une addiction aux médicaments et à l'alcool. Et tout ce que ça provoque aussi dans son entourage, les vulnérabilités, etc. Donc, l'idée, c'est de donner un exemple, mais aussi de donner quelque part de l'espoir et notamment un espoir de rétablissement, puisque ça aussi, pour le coup, c'est plutôt nouveau. C'est vrai que quand on fait le constat de la santé mentale aujourd'hui, on a quand même plutôt des pas très bonnes nouvelles sur l'augmentation des troubles psychiques chez les jeunes, etc. Il y a quand même des choses qui sont positives. C'est qu'aujourd'hui, on n'a jamais parlé autant de santé mentale, on n'a jamais eu autant de films, de séries qui parlent de santé mentale et on n'a jamais eu autant de célébrités qui parlent de santé mentale. Si vous regardez un peu l'actualité, cet été, par exemple, avec les JO, on a eu un nombre important de grands sportifs. que ce soit Simone Biles, Noah Wiles aux Etats-Unis, mais aussi maintenant en France avec Camille Lacour, Florent Manodou, qui ont parlé des troubles psychiques qu'ils ont réussi à surmonter. Sur la question des addictions, c'est assez nouveau, il y a de plus en plus de célébrités, comme par exemple le mannequin Naomi Campbell, comme l'acteur et réalisateur Bradley Cooper, ou comme la chanteuse Miley Cyrus, qui disent en fait je décide de ne pas boire pendant un certain temps où j'arrête complètement de boire et de consommer parce que ça m'abîmait la santé, parce que je n'ai pas besoin de ça pour être fun ou pour être marrant ou divertissant. Et que ça, on est en train de enfin remettre un peu en question ces représentations qui voudraient que sans alcool, on soit forcément quelqu'un d'embêtant, quelqu'un de sinistre, quelqu'un de triste. Et ça... Ça arrive un tout petit peu en France, honnêtement, et on l'a vu avec la polémique, on peut en reparler aussi de Léa Salamé qui a alpagué quelqu'un en disant que vous avez arrêté de boire, vous êtes devenu chiant. On voit qu'en France, on a encore un petit problème avec ça. Mais là, notamment dans ce type d'expérience, l'expérience du Dry January, qui a fini hier soir pour ceux qui l'ont fait, montre qu'on peut aussi donner un nouveau visage à la sobriété, quelle que soit son origine, que ce soit pour un motif médical. ou pour un motif, une jeune femme qui est dans un projet de conception ou qui est enceinte, etc. Donc voilà un petit peu le premier panorama que je voulais vous partager.

  • Speaker #0

    Merci Jean-Victor Blanc. On aura sûrement plein de questions à vous poser après. Je donne la parole à Camille Brandt, qui est médecin-dictologue. Directrice médicale de l'association ITAC à Strasbourg, vous avez la parole.

  • Speaker #2

    Bonjour à tous, merci pour l'invitation, surtout d'avoir invité la structure où je travaille. Pour juste contextualiser, ITAC porte différents dispositifs, et notamment dans Strasbourg et sa région, et notamment la salle de consommation à moindre risque, qu'on appelle maintenant ALT Soins Addiction, qui fait parler régulièrement d'elle, et j'espère à juste titre. dans différents médias. J'avais envie de commencer peut-être sur l'idée qu'est-ce qui rassemble peut-être les nouvelles addictions et celles plus anciennes. Mon collègue a parlé tout à l'heure du concept d'addiction. Globalement, il va rester le même, que ce soit ces anciennes ou ces nouvelles addictions, avec des termes comme la perte de contrôle, le manque, l'accoutumance, les envies très irrépressibles de consommer qui sont globalement similaires. D'ailleurs, avec ou sans produit. Et au-delà, enfin ça c'est un point assez central pour nous dans notre quotidien de travail et pour les usagers, au-delà du concept de l'addiction, qu'est-ce qui fait la fonction du produit ou du comportement ? Et finalement, ça peut être aussi très similaire, quel que soit le produit. Pourquoi est-ce qu'on consomme finalement ? Est-ce qu'on est dans une recherche de plaisir ? Est-ce qu'on recherche une expérience ? Euh... Avec les questions de santé mentale qui nous animent lors de ce forum, est-ce qu'on cherche finalement une sorte d'automédication à apaiser une angoisse ? Est-ce qu'on cherche à casser un cycle de pensées envahissantes ? Est-ce qu'on recherche une performance ? Je lisais dans le résumé d'intervention, on sait tous que scroller ne sert à rien. Finalement, quand on interroge une personne qui scrolle, qu'est-ce qu'elle cherche dans ce moment-là ? On peut avoir beaucoup de réponses. Ça peut être, est-ce que je comble un ennui ? et ce que finalement je cherche à ne pas penser en scrollant. Donc il y a souvent quand même une consommation, une raison, une fonction à cette consommation, même toujours, je n'ai jamais entendu personne qui dit je consomme pour avoir de l'alcool pour avoir un cancer de foie Voilà, c'est assez clair. Un concept très très ancien en addictologie, et nous montre que finalement il y a une rencontre entre un produit, une personne à un produit, dans un environnement. C'est... c'est heureusement, toute personne qui va consommer ne va pas devenir dépendante à ce produit ou à ce comportement. Et c'est ce qu'expliquait aussi mon collègue, c'est tout un contexte. C'est la personne avec ses vulnérabilités, c'est le produit avec son risque, son niveau de risque addictif. C'est aussi l'environnement dans lequel la personne se situe. Et ça, finalement, ça va être assez similaire, quel que soit le produit. Les drogues, je lisais sales et trafiquées, à peut-être maintenant le détournement des médicaments. Finalement, depuis longtemps, voire toujours, on a des drogues sales et trafiquées. Je pense à tous les produits du marché noir dont on n'a aucune connaissance de la composition. Si on n'analyse pas le produit, on ne sait pas. Mais je pense au tabac, qui est quand même un joli exemple de drogue sale et trafiquée. Ils comportent quand même beaucoup de produits, de substances extrêmement toxiques. Je dis trafiqués parce qu'on sait qu'il y a des substances pour nous rendre encore plus dépendants dans le tabac. Et puis, les produits de qualité pharmaceutique, finalement, depuis qu'ils existent et depuis qu'il y en a qui sont addictifs, ils sont détournés. Donc, depuis de longues dates, le Lodanum, il y a toujours eu un détournement des produits qui peuvent être addictifs parce que justement, on en perd le contrôle. Un point qui ne me rassure pas du tout, qui est souvent similaire dans beaucoup d'addictions, c'est comment on traite les personnes qui consomment ou qui sont dépendantes. C'est souvent beaucoup de stigmatisation. On entend par les termes junkie c'est quand même junk c'est ordure De toxicoman un tox ce n'est pas très valorisant. Un drogué ces termes-là, malheureusement, ça amène quand même beaucoup de honte et de culpabilité. Et ça, ça peut être quand même aussi des facteurs de frein aux soins pour les personnes qui en auraient peut-être besoin. Donc ça, c'est des choses qui sont, je pense, importantes à déconstruire. Et même pour être plus... Là, c'est très fort, un junkie. Heureusement, on n'utilise pas ça tout le temps comme terme. Mais il y a un peu cette image de la personne qui... Celle qui est bien, c'est celle qui contrôle sa consommation. Et celle qui perd le contrôle, elle vaut moins. Alors qu'elle est dépassée, elle n'a pas choisi ça. Alors quand même, j'ai envie de dire qu'il y a des différences entre ces addictions. Mais est-ce qu'elles ne viendraient pas plutôt de la façon dont on les observe et on les traite ? Dans la vision sociétale, est-ce qu'on va traiter pareil une personne qui a commencé peut-être des médicaments antidouleurs ? après un accident et qui va perdre pied avec ces médicaments-là pour plein de raisons, une dépression qui arrive ? Est-ce qu'on la traitera de la même façon la personne âgée qui consomme depuis 15 ans des somnifères et des médicaments pour lutter contre l'angoisse ? Est-ce qu'on traitera de la même façon une personne qui injecte des drogues ? Ou une personne... Alors la France et l'alcool, on sait quand même que l'alcool c'est un des produits...

  • Speaker #0

    seul ou quasi seul produit qu'on initie dans un milieu familial. Alors qu'on va mettre en parallèle peut-être un nombre de morts en France, 50 000 morts à peu près en France pour la question de l'alcool. Donc je ne pense pas qu'on ferait de la même façon avec la cocaïne ou du cannabis, une initiation en famille. J'ai rarement entendu, mais ça peut arriver. La façon aussi d'accompagner et de traiter, c'est de... La question des addictions est aussi très différente selon les pays, selon les moyens, selon même les territoires en France. L'accès aux soins, si le réseau est-il suffisamment adapté, dense. On parle de la crise de la psychiatrie. On a bien vu que psychiatrie et addiction, on a quand même un lot commun, voire un parcours parallèle. Je crois qu'on peut parler de la crise chez nous aussi. Donc, on est malheureusement, et ça, c'est une réalité de territoire et pas que local, national, on n'est pas en mesure de répondre, à mon avis, correctement aux demandes. Et ça se voit dans les délais d'accueil des personnes qui souhaitent des soins. Il y a un point important, et je pense que c'est aussi pour ça qu'ITAC est invité aujourd'hui dans les actions de ce qu'on appelle la réduction des risques, qui peuvent vraiment faire une différence. La réduction des risques, pour simplifier, ça part du principe que toute personne n'est pas en mesure forcément d'arrêter sa consommation. Et au lieu de juste se voiler la face et dire bon ben ma petite dame, monsieur, il faut arrêter on peut peut-être travailler certaines choses avec les personnes qui ne sont pas dans le souhait d'arrêter afin de réduire leurs risques. Et le grand atout aussi, c'est que la réduction des risques, elle vient des usagers et elle replace aussi l'usager. au centre et comme acteur de sa propre santé. Un point pour terminer, dans une grande différence, j'avais envie de parler de politique des drogues. Et on voit aussi que la politique des drogues influe beaucoup sur ces anciennes, ces nouvelles addictions, sur comment on les traite. Un petit point, peut-être sur la crise des opioïdes en Amérique du Nord. Alors, pour peut-être resituer le contexte, En Amérique du Nord, une politique beaucoup plus libérale envers le médicament, pas que envers le médicament, mais là on parle de ça, donc des médicaments contre la douleur de la famille des opioïdes, donc c'est des médicaments qui calment la douleur, mais qui vont aussi faire ce qu'on appelle une dépression globale, pas une dépression sur le moral, mais ça va tout ralentir. Donc on peut, si on en prend trop, on risque une ouvert dose, on va s'endormir, arrêter de respirer. Donc ça c'est la famille, la grande famille. des opioïdes. Et donc en Amérique du Nord, il y a beaucoup plus de... il y a une autorisation pour des publicités sur les médicaments. Ça c'est pas quelque chose qu'on voit chez nous. Prenez du Skénan, c'est super. Enfin ça, ça se voit pas chez nous. Donc une politique comme ça, beaucoup plus d'agressivité envers les médecins pour prescrire plus facilement ces médicaments pour des motifs bénins ont amené à beaucoup plus de prescriptions d'opioïdes. et donc beaucoup plus, une minimisation du risque d'addiction et donc beaucoup de gens qui perdent le contrôle de ces consommations. Arrive un moment où on se dit, bon, il y a un problème, il y a plus d'overdose, on va réguler un peu plus le médicament et beaucoup de personnes qui se retrouvent en difficulté, qu'est-ce qui se passe ? Il y a un effet passerelle vers des produits du marché noir. Soit des détournements de médicaments, soit des produits du marché noir. Donc on parle d'héroïne éventuellement, qui est un opiacé aussi. Et puis est arrivé le fentanyl dont on parlait tout à l'heure. Le fentanyl, pour vous donner un ordre d'idée, c'est une molécule qui est 100 fois plus puissante que la morphine. Donc pour des toutes petites quantités, on a un risque d'overdose très très fort. Et donc un système de santé qui n'a pas suivi, parce qu'il n'y a pas assez de structures de soutien, pas assez de structures de réduction des risques. Et donc des épidémies d'overdose. On parlait sur certaines années 70 000 à 100 000 morts par an par overdose. Et pour les un quart à deux tiers du temps, le fentanyl qui serait responsable. Petite note d'espoir pour voir que justement les politiques des drogues permettent de changer les choses. Depuis l'an dernier, c'est la première année où on voit le nombre d'overdoses qui rediminue. Ce serait attribué à l'arrivée notamment plus massive de la naloxone, qui est l'antidote des opiacés, donc qui permet de sauver des vies. Produit qu'on délivre, nous, en salle de consommation, dans tous nos dispositifs de soins et de réduction des risques. Mais aussi l'analyse de produits qui permet aux personnes qui achètent un produit, elles ne savent pas ce qu'elles achètent. On leur vend un produit qui peut être de l'héroïne, mais si on a mis dedans du fentanyl, le risque est énorme de faire une overdose. Du coup, analyser le produit, savoir ce qu'on consomme, permet... aussi de changer la donne et aussi la diffusion de dispositifs de soins et des traitements notamment de substitution des opiacés qui ont permis vraiment de, a priori, ce serait les éléments qui font, et c'est ce qu'on observe chez nous. Alors le fentanyl en France Un peu différent, on a vu qu'on n'a pas tout à fait la même façon de travailler avec les médicaments. On a des prescriptions limitées, on a beaucoup plus de contrôle sur ces médicaments. Ce qu'on observe nous, en salle de consommation par exemple, c'est un détournement des médicaments prescrits, donc du fentanyl prescrit par des médecins. Donc la diffusion, ce n'est pas tout à fait la même. Ce n'est pas des produits alimentés par le marché noir. Mais c'est une crainte chez nous qu'on dérive vers ce marché noir et qu'on arrive avec ce risque de crise et d'épidémie d'overdose. On n'y est pas, heureusement, mais on reste très vigilants. Et les dispositifs comme la salle de consommation ou tous les dispositifs de réduction des risques en France, c'est aussi des dispositifs de vigilance d'apparition de nouveaux produits. L'analyse de produits permet aussi de voir des tendances dans les consommations. Pour conclure, en tout cas, on consomme pour des raisons très variables. La fonction du produit ou d'un comportement, elle est très individuelle. Et on choisit peut-être de consommer, mais on ne choisit jamais d'être dépendant. Et ça, c'est un point qui me semble fort. Et je pense que de façon sociétale, on aurait beaucoup à gagner à travailler sur nos représentations autour des usagers de drogue. Parce que ça nous permet d'évoquer... les consommations plus facilement et ça permet aux usagers d'être traités comme des êtres humains avec leurs droits fondamentaux.

  • Speaker #1

    Merci Camille Brandt. Je donne la parole à Marie-Jeanne Guedj qui est psychiatre et pédopsychiatre. ancien chef de pôle des urgences psychiatriques à l'hôpital Saint-Anne à Paris et fondatrice de l'association francophone pour l'étude et la recherche sur les hikikomori. Vous avez la parole.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup. Je remercie d'abord pour ce magnifique programme et d'y avoir été associée. J'ai trouvé ça remarquable, comme je le disais à M. Bloch tout à l'heure. Donc on m'a invitée dans sa table ronde des nouvelles addictions. pour parler au fond comme à l'envers, au fond comment les addictions poussent-elles à l'enfermement, puisque ce phénomène d'enfermement et de retrait à domicile du jeune, qu'en est-il aujourd'hui ? Plutôt je dirais qu'on assiste à la conjonction dans ce phénomène d'enfermement, avec le mot ikikomori qui a été importé du Japon et qui est devenu d'usage fréquent ici. Donc on assiste à la conjonction des addictions dont je vais reparler, de la possibilité plutôt nouvelle de vivre repliée dans sa chambre avec tout à portée d'écran, ça a déjà été détaillé, et puis de ce phénomène de solitude qu'on constate un peu partout dans le monde puisqu'il y a aujourd'hui des pays qui ont créé un ministère de la solitude, comme la Grande-Bretagne, le Japon. Peut-être d'autres aussi. Alors l'enfermement, la claustration des jeunes à domicile, est-ce une nouvelle addiction ? On peut parler d'une addiction à cette conduite, puisque quand le jeune s'enferme, cette conduite a tendance à se répéter, elle crée de la colère si on l'empêche, mais pourtant elle n'augmente pas forcément. Quand on est enfermé dans sa chambre, on ne s'enferme pas encore plus, je ne sais pas où. Cette conduite d'enfermement est associée très fréquemment à d'autres addictions, le hachiche souvent, mais aussi les jeux vidéo, l'alcool dans une moindre mesure, les jeux vidéo, les écrans, mais je ne crois pas qu'on puisse aujourd'hui parler d'addiction aux écrans, au sens des classifications. Voilà, donc en fait je dirais que c'est une souffrance et un fardeau pour la famille. Le jeune lui-même est comme coupé de ses affects dans sa chambre et ce n'est que plus tard qu'il parlera de sa souffrance. Je retiens une phrase qu'un jeune m'a dite, j'étais en train de couler, personne ne me venait en aide. Cet enfermement, ce n'est pas un diagnostic reconnu dans le DSM, d'ailleurs Ikikomori ça veut juste dire repli à domicile. Le DSM, la classification des maladies mentales, vous savez, parle de idiome culturel de détresse comme si c'était seulement lié à certaines cultures. Or, c'est aujourd'hui un phénomène mondial. En effet, il est décrit dans les cinq continents. A défaut d'un diagnostic, il existe une définition à peu près consensuelle qui a été portée par Alan Théo aux Etats-Unis et Takahiro Kato au Japon qui est de rester à domicile plus de six mois avec peu ou pas de sortie. Les Chinois disent trois mois parce qu'ils disent que quand on est enfermé trois mois, on continue. Et je pense qu'ils ont raison. Donc le deuxième critère, c'est éviter toute vie sociale. 3. Restreindre sa vie familiale. 4. Avoir une dégradation de ses capacités. 5. Éventuellement, percevoir une souffrance en lien avec cette situation. Donc comment peut-on faire un chiffrage de ces situations ? Je vais faire un détour en France par le chiffrage des NIT. Cet acronyme qui veut dire pas d'emploi, pas d'études, pas de stage, qui vient de Grande-Bretagne, N2ET, dès 15-29 ans, ce chiffrage est très éloquent. Les chiffres donnés par l'INSEE et le Bureau international du travail en 2001 sont 12,8% de cette tranche d'âge, donc dès 15-29 ans, donc je répète, sans emploi, sans études, sans stage. un peu moins qu'en Europe, 13,1%, avec en Europe des chiffres beaucoup plus élevés en Italie, 23%, beaucoup plus bas au Danemark, 6%. Ce qui ferait en France 1,4 million de jeunes, plus d'hommes que de femmes, 30% de diplômés d'études supérieures, 30% ne souhaitent pas, je ne sais pas trop ce que ça veut dire, ou ne peuvent pas travailler. En tout cas, 20% sont découragés. Alors dans tout ça, sont-ils repliés à domicile ? Puisque quand même mon propos est centré là-dessus. En 2023, on évalue toujours dans ces organismes officiels, environ 10% hors de tous les radars, on les appelle des invisibles sociaux. Les études varient de 112 000 à 733 000 dans une thèse de sciences de l'éducation qui a été faite à Rennes. Donc ces gens sont hors de tous les radars. Sans doute beaucoup sont repliés à domicile. Pourtant la reconnaissance par les pouvoirs publics est inexistante. Comment les sensibiliser ? Quatre familles de notre association Afiki France Entière ont tenté de toucher députés ou sénateurs en vain. Que demanderait-on si c'était reconnu ? Reconnaître le phénomène de retrait social du jeune, vu la souffrance et l'impact social, favoriser des dispositifs France entière, sûrement une piste à travailler. Alors, je dirais, malgré cette non-reconnaissance ambiante, alors pourquoi s'y intéresser ? Est-ce par romantisme, identification à ce héros solitaire, plus ou moins certain que seul l'enfermement est juste aujourd'hui ? Ainsi, il y a des débats sur le net. Vous serez un jour reconnu, j'ai vu, comme l'homosexualité a été reconnue, vous, Leïki Komori, vous serez reconnu. Ou bien un psychiatre très remarquable qui s'intéresse beaucoup à ça et qui m'expliquait qu'à 20 ans, Étudiant en médecine, il s'est cassé le bras, il est resté trois mois enfermé et il a trouvé ça très bien. Voilà, et du coup maintenant il travaille là-dessus. Alors, est-ce par romantisme ou bien c'est le fait d'être interpellé généralement par l'entourage en souffrance, qu'on est, je pense, obligé d'écouter, donc malgré l'invisibilité de ces jeunes qui ne dérangent pas la société. Alors, pouvons-nous décrire en grande ligne cette situation telle qu'elle est systématiquement rapportée ? La régularité, les articles canadiens, japonais, français, c'est toujours à peu près la même chose. Donc l'enfermement est progressif, sans cause directe, même si on cherche toujours le petit os de poulet qui est tombé sur la tête, comme on disait à un moment donné, ou une rupture. En général, non, non, j'ai jamais vu. C'est progressif. D'abord dans la maison, puis dans la chambre, assortie d'une incurie, d'une saleté excessive. On a parlé hier de diogène. Ou au contraire, d'une propreté excessive, avec de véritables manies de lavage. La nourriture est plus ou moins aberrante. Soit c'est avec les nutriments, les machins. Soit c'est uniquement des pizzas, uniquement des pâtes, uniquement des sushis, enfin... En somme, le jeune finit par imposer tyranniquement son rythme à la famille, bien involontairement je dirais. Le terme de tyran familial est reconnu par les parents. Les parents sont dépassés, terrorisés, culpabilisés. Et bien sûr, de nombreuses heures sur les écrans, comme ils disent tous, pour lutter contre l'ennui. Quand on se lève et qu'on n'a rien à faire, qu'est-ce qu'on peut faire ? on va sur les écrans et avec une coupure du lien avec le corps propre comme disait un collègue italien piotti c'est vivre sans son propre corps que cette vie en permanence virtuelle est-ce un problème issu de l'enfance parfois on retrouve dans l'enfance timidité isolement social très précoce souvent cinquante pour cent quand même dans les études on retrouve harcèlement scolaire et abus parfois on ne retrouve rien d'emblée un enfant joyeux et ouvert puis on ne comprend pas alors je dirais pour ouvrir des pistes une remise en route est-elle possible au fond ce jeune il vit avec une gangue de béton il peut pas avancer sa gangue de béton le protège contre les incitations extérieures mais aussi contre ses propres désirs il faut pas l'oublier une remise en route est-elle possible donc d'abord la souffrance de la famille doit et peut être prise en compte la famille n'est pas responsable mais elle peut beaucoup pour l'amélioration de la situation à condition d'être aidée si elle s'enferme ce qui est assez régulier son enfermement à elle On l'appelle aujourd'hui double hikikomori. Excusez-moi, j'ai une laryngite, je ne sais pas si je vais pouvoir... Les réponses en réseau pluriprofessionnel avec des groupes, des familles qui deviendront expertes sont les meilleures. quelques pistes à partager avec la famille prendre le temps admettre le pas à pas repérer les pressions bien involontaires mais qu'est-ce que tu vas faire en septembre chercher un tiers familial professionnel social tout en restant humble dans un échange mutuel de confiance en fait ce qu'on cherche à retrouver ce n'est pas d'emblée une insertion scolaire, sociale, universitaire. Ça viendra après, mais d'abord un bonheur partagé. Et donc enfin, pour conclure, je dirais que ça pose en tout cas pour moi au moins deux questions éthiques. Peut-on répondre à la seule demande des parents, surtout si le jeune a plus de 18 ans ? Quand les parents viennent décrire la situation de souffrance du groupe, doit-on avoir la démarche médicale classique ? Tant qu'on ne voit pas la personne, on ne répond pas. Bien évidemment, vous avez compris, je ne le pense pas. Je pense qu'il faut répondre à la souffrance du groupe. Et la deuxième question éthique, c'est peut-on prétendre donner des soins en l'absence d'un diagnostic reconnu ? Voilà, merci.

  • Speaker #1

    Merci Marie-Jeanne Guedj. Fata Senadla, vous êtes médiateur de santé PAIR au centre hospitalier de Roufac. Vous avez la parole.

  • Speaker #3

    Merci. Bonjour. Alors on m'a demandé de vous faire une petite présentation très courte de ce que c'est qu'un médiateur de santé PAIR. Je vous rassure, c'était prévu. Je vais faire un petit teaser très court. Alors le médiateur de santé pair s'est inspiré d'un concept qu'on appelle la paire aidance. Les paires aidances ce sont des patients ou des usagers en santé qui partagent leur savoir expérientiel et qui sont vecteurs d'espoir auprès d'autres usagers qui souffrent des mêmes troubles. Le médiateur de santé pair c'est exactement la même chose, sauf que lui c'est un professionnel formé et qui travaille dans des établissements, dans des institutions, ce genre de choses. Si vous voulez savoir les missions et tout ça, on parlerait plus tard si vous voulez, n'hésitez pas. Ça, j'avais pas prévu. Enfin, à voir. Du coup, peut-être avant de commencer sur les nouvelles addictions et la santé mentale, ça c'était pas prévu, enfin j'avais pensé au film, je voulais rebondir sur la pop culture parce que ça me parle aussi et j'aime ça, désolé. Sur Requiem for Dream, je voulais juste rajouter que le film, comment dire, il parle de l'addiction dans un cadre très malsain. Donc déjà, il faut s'accrocher là. Et ça aussi, j'ai trouvé ça plutôt intéressant, ce côté vicieux, malsain qu'entraîne l'addiction. Et il y a de brefs passages où on voit le soin, mais présenté sous une... quand il se fait hospitaliser, par exemple, mais présenté sous une forme très glauque et très négative, en fait, très péjorative. Et aussi les médicaments, genre de sauge, et puis la... Enfin, comment la folie aussi s'installe avec les médicaments. Mais très bon film, très intéressant, je valide. Ensuite j'avais pensé aussi, j'en profite pour placer un peu de pop culture du coup, pour ceux qui connaissent peut-être ou qui sont intéressés, il y a une série assez intéressante qui parle de l'addiction avec l'alcool, une série d'animation qui s'appelle Bojack Horseman, vous trouvez ça sur Netflix et puis il y a aussi une allusion à Miley Cyrus à un moment justement, c'est pour ça que j'ai pensé à cette série que j'ai beaucoup apprécié aussi au passage. Et ensuite j'ai aussi l'idée d'un autre film qui s'appelle Flight. Avec Denzel Washington qui parle aussi de l'addiction et de la drogue. Et dans ce film-là, ce qui est intéressant, c'est que ça engendre une catastrophe, un drame. Et il y a le poids de la culpabilité du coup chez Denzel Washington. Et j'ai beaucoup aimé le final. Alors franchement, ça me démange de vous spoiler la fin. Parce que moi, je l'ai trouvé, j'allais dire magistral spontanément, mais avec un bel enseignement très subtil, très sage. En fait, c'est ça qui m'a parlé aussi beaucoup dans la fin de ce film. Ça c'était la parenthèse pop culture, les nouvelles addictions en santé mentale. En fait je vais essayer de répondre à pourquoi les addictions. Et pour répondre à ça justement je vais me baser et m'inspirer de mon savoir expérientiel que je vais essayer de partager avec vous. Alors je vous fais une confidence, je suis assez habitué de partager mon expérience, des soins, de la maladie, mon cheminement et ce genre de choses. Et j'ai l'habitude d'utiliser le jeu. Et là je vais essayer de ne pas trop l'utiliser, mais comme je vous l'ai dit, de m'inspirer et de me baser. Donc s'il y a du bafouillage, si ce n'est pas très clair, c'est une première. Pour l'instant ça va. Ok. Alors, en fait, je suis parti d'abord d'une phrase célèbre de philosophie. On ne naît pas homme, on le devient. Et d'ailleurs, ça a été dit à un moment, les addictions ne naît pas avec, en fait. C'est pas héréditaire ou ce genre de choses. Et donc, voilà, on ne naît pas avec une addiction, mais on chemine, on avance, on traverse la vie, sa vie avec une addiction. Et donc, pourquoi est-ce que... Pourquoi on en arrive à cheminer avec une addiction ? Alors moi, je dirais, de mon humble expérience, que c'est une réalité qui devenait trop lourde à porter souvent. C'est une réalité qui devient trop lourde à porter avec un contexte, souvent familial, je pense qu'on grandit tous si on a de la chance dans une famille, parce que ce n'est pas donné à tout le monde. Et du coup, il y a des familles, j'allais dire la famille parfaite. Je pense qu'elle n'existe pas, on est plutôt d'accord avec ça, je pense. Et donc, le contexte familial peut entraîner, amener à l'addiction. Le contexte aussi, je dirais, social, c'est-à-dire l'environnement, la classe sociale en quelque sorte. Et après, je vous rassure, il n'y a aucune classe sociale qui est épargnée. Je vous rassure, je dis ça. La classe sociale, ça joue beaucoup. Et puis, qu'est-ce qui va... Qu'est-ce qui nous emmène, pardon, je vais essayer de viter. Le besoin de légèreté et d'évasion. Je parlais de lourdeur et de cotis. En fait, ce qui amène à l'addiction et à la consommation de produits addictifs ou de drogues. J'ai beaucoup de mal avec le mot drogue, je ne vous le cache pas, parce que c'est très connoté péjoratif, enfin c'est stigmatisant à mort. Et étant médiateur de santé père, j'ai parlé un peu familier à mort. Qu'est-ce que je veux dire, je perds le fil. Du coup, c'est très stigmatisant et surtout quand il y a une addiction. Déjà, médiateur de santé-père, moi quand je travaille, j'évite ce genre de posture à tout prix et même dans la vie personnelle, ça apporte rien de mon point de vue. Et voilà, donc je vais essayer d'éviter d'utiliser ce terme-là. Je parlais d'environnement, de drogue, et en fait c'est un paradis artificiel. L'addiction, le produit, crée un paradis artificiel. Il y a un échappatoire face à la lourdeur du quotidien. Et ce qui me vient spontanément aussi, c'est un mot fort, mais qui a pour moi son importance, c'est aussi la violence. Sous toutes ses formes, vous pouvez la prendre comme vous voulez, mais souvent quand il y a violence auprès d'une personne et il y a souffrance, il y a des conduites addictives, j'ai l'impression. On peut en parler, n'hésitez pas, apparemment, c'est prévu. Je suis ouvert au dialogue. Ok. Environnement, période... Est-ce que je voulais dire aussi, tout à l'heure, il a été évoqué la question de l'environnement. Par exemple, une personne qui souhaite arrêter l'alcool, vous n'allez pas lui donner rendez-vous dans un bar. Ça paraît logique. Mais du coup, comment on tombe dans une addiction aussi, il y a l'environnement, mais il y a aussi, je dirais, la temporalité ou la période. de la vie de la personne, c'est souvent la crise d'adolescence, les premiers pétards, c'est à ce moment-là en général, ou l'alcool, ce genre de choses. Donc, être bien attentif, je dirais, à ce qui se passe à ce moment-là dans la vie de la personne. Où elle en est, qu'est-ce qu'elle vit, qu'est-ce qui se passe, être à l'écoute spontanément. Alors ensuite, qu'est-ce que j'ai noté ? Pardon un instant. Alors oui, après, j'ai noté aussi le fait de la disponibilité, de l'immédiateté et de la quantité. Et du coup, ça, ça interroge déjà le... Alors il y a deux choses, j'ai l'impression, qui se jouent à ce moment-là. C'est déjà le plaisir, la notion de plaisir et le rapport au plaisir et de répondre au plaisir. C'est pour ça que je parlais d'immédiateté et de quantité. Et là, on parle aussi, là, je fais allusion surtout à la disponibilité au niveau des smartphones, par exemple, justement avec les applications de messagerie et tout ça. ou le dark web où là c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres clairement c'est tout ce qui a été listé enfin c'est il ya une facilité déconcertante et donc ça c'est aussi une hypocrisie politique mais je reviendrai plus tard là dessus si je... on verra... bref où en étais-je... donc voyez le plaisir du coup interroger son rapport au plaisir et du coup se demander pourquoi quel plaisir et quel Comment dire ? Qu'est-ce que je viens combler ? Parce que souvent, en fait, c'est un palliatif, avoir une addiction, avoir recours à une drogue. Je vois ça comme un palliatif et ça vient combler un manque qui peut être souvent, alors j'ai l'impression, déjà le premier qui nous vient, enfin qui me vient spontanément en tête, c'est le côté affectif, clairement. Après, il peut y avoir aussi le besoin de reconnaissance, le besoin de trouver sa place, le besoin de sentir... J'allais dire vivant, vibré aussi. Et j'avais noté une petite image, un petit exemple, une métaphore sur l'idée du plaisir. C'est un peu... J'avais entendu ça quand ça parlait du thème de la passion. Et la personne utilisait l'exemple de la plante carnivore, avec les insectes, qui est très belle à voir. très attirante, très aguichante, comme ça, avec les couleurs, le parfum. Et puis l'insecte qui vient se poser, et paf ! La gueule se referme, la plante se referme, et là, on est dans l'addiction. Enfin, c'est le côté cage doré, prison. Je trouvais ça assez fort comme image. Donc ça, c'est pour la partie plaisir palliatif. Et... Ouais. Et en fait, ce que j'ai remarqué aussi... Ah, le jet. C'est le côté, comment dire, l'énergie que peut mobiliser lorsqu'on est dans une addiction.

  • Speaker #0

    C'est à dire il est 1h ou 2h du matin, si vous voulez votre produit, vous trouvez l'énergie. Même si vous avez passé une sale journée, assez lourde, chargée, enfin voilà, vous avez dû courir à gauche, à droite. Mais si à 2h du matin ou à 3h du matin, la bouteille n'est pas dans le frigo, on va chez l'épicier en bas, il a intérêt d'être ouvert même s'il est à 5km. Ça va pour le timing ? J'ai aucune idée.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    On va peut-être vous interpeller dans les questions, mais si vous voulez, vous avez parlé en entrée de jeu de père aidant. Oui. Ça sous-entend que vous avez une démarche d'aide auprès des autres. Si vous pouvez préciser en quoi elle consiste et c'est quoi la fonction d'un père aidant ?

  • Speaker #0

    En fait, déjà, il y a plusieurs... Enfin... Selon le profil des personnes, il y a plusieurs paires aidants. Notre outil de travail, moi ce que je dis souvent, c'est soi, c'est soi-même l'outil de travail, de par son savoir expérientiel et tout ça. Après concrètement, au niveau de moi, je travaille en extra-hospitalier, et je co-anime des ateliers thérapeutiques, je fais des entretiens formels, informels, et ensuite il y a aussi des accompagnements de réinsertion psychosociale. c'est-à-dire par le milieu associatif, par exemple les groupes d'entraide mutuel, qui sont les associations d'usagers en psychiatrie. Et après, je fais aussi des visites à domicile, où là, c'est des prescriptions médicales. Et on va évaluer à domicile la demande, le besoin du patient. Et ensuite, on essaie d'améliorer le quotidien et de répondre à cette demande. Je fais des visites à domicile des fois tout seul. Ça m'arrive et souvent en binôme, je précise ça parce que souvent on me dit mais quelle est la différence avec un infirmier ? Et en fait, moi j'ai tendance à répondre que déjà c'est le savoir expérientiel, d'une, la plus-value, et partant de là, quand il y a de la clinique ou quand ça sort de mon champ de compétences, là-dessus je suis au clair et je n'hésite pas à solliciter un collègue infirmier. J'ai jamais l'idée de collègue.

  • Speaker #2

    L'objectif du Père Aidant, c'est de faire sortir de l'addiction ou c'est d'accompagner l'addiction ?

  • Speaker #0

    Alors moi je ne travaille pas que dans l'addiction, c'est la santé mentale en général, ça peut être tout type de pathologie. Après moi le Père Aidant, spontanément j'ai envie de dire, j'aime bien utiliser la définition du mot rétablissement, dans le sens où pour moi le rétablissement c'est avoir une vie épanouissante pour soi. avec ou malgré la maladie. Pour moi, le rétablissement, c'est vraiment quelque chose qu'on n'impose pas.

  • Speaker #2

    Le rétablissement, comment vous définissez le rétablissement ? Est-ce un retour à une activité professionnelle ? Comment ça se définit le rétablissement dans ce domaine ?

  • Speaker #0

    J'aime bien votre question parce que j'ai tout de suite une image qui me vient en tête. Je vois le rétablissement, enfin oui, une image, comme quelque chose de vertical, on se sent aligné, on est debout, on est droit et on avance, malgré la maladie ou pas.

  • Speaker #2

    Ok, un grand merci Fata Senadla pour votre... Avant de donner la parole à la salle, j'avais une question pour Jean-Victor Blanc. Vous avez parlé d'enseigner. Or, c'est vrai que je suis votre aîné, mais... Je ne me souviens pas dans mes études de médecine d'avoir été confronté à un quelconque degré d'enseignement. Est-ce que les choses ont changé ? Est-ce qu'au cours des études de médecine d'infirmier, est-ce que vous êtes confronté au fait de venir donner des cours et de céder de votre expérience aux professionnels de santé en formation ?

  • Speaker #1

    Bien sûr. Ce qui est intéressant aujourd'hui et que j'aime bien répliquer dans différents milieux, c'est que dans le cadre des étudiants en santé, à la fois utiliser les films et leur faire comprendre ce que c'est que la santé mentale, les troubles psychiques, l'addiction, ça fait partie normalement du B.A.B.A. parce qu'ils seront confrontés à des personnes qui vont avoir un trouble de santé mentale. On sait qu'en médecine générale, c'est un tiers des consultations. Pourtant, ce n'est pas assez enseigné à la fac, ça c'est certain. Mais donc, ça fait partie de l'enseignement qu'ils devraient recevoir. Mais aussi, on sait que les étudiants en santé, ils sont concernés en tant qu'étudiants et en tant qu'étudiants en santé par des troubles de santé psychique. On en voit beaucoup. C'est vrai qu'avec des choses, moi, quand j'ai commencé, donc ça fait dix ans que je suis diplômé. Donc, il y a une quinzaine d'années, j'étais interne. C'était assez rare d'avoir des étudiants en médecine qui avaient un tiers temps ou une spécificité qui fait qu'ils avaient une... pour les stages, etc., un aménagement pour un trouble de santé psychique. Alors qu'aujourd'hui, quasiment sur chaque promo, il y a beaucoup, plusieurs étudiants et beaucoup dans le service qui ont des... Donc, on voit bien qu'il y a de plus en plus de troubles psychiques aussi chez les étudiants en santé. Et donc, leur parler de santé mentale, c'est aussi un encouragement et un moyen de leur faire aussi prendre conscience que peut-être eux-mêmes sont concernés et comment ils peuvent se faire finalement aider. Donc, ça, c'est quelque chose qu'on voit dans le cadre de la santé en formation continue. Enfin, initiales, mais aussi en formation continue. Les professeurs de santé sont plutôt à risque d'avoir des troubles de santé psychique. Mais c'est aussi quelque chose qu'on peut répliquer dans d'autres sphères, comme le cinéma, avec l'utilisation de la pop culture.

  • Speaker #2

    Madame Camille Brandt, vous avez initié votre propos en parlant des zones de consommation en moindre risque, qui ne sont pas sans poser de problème avec, dans la société française, des gens qui s'y opposent. en disant les intoxications par les drogues sont nuisibles sur le plan sont neurotoxiques et accompagner la neurotoxicité en disant venez par ici ce sera plus facile d'obtenir les drogues c'est une certaine manière de les abandonner et puis il ya d'autres gens qui disent toute façon ils vont se droguer donc autant vaut que ce soit dans des zones où ils seront plus accompagnés. Quelle est votre position par rapport à ça et comment justifiez-vous ? Est-ce que vous pensez qu'il faut multiplier les zones ? Je sais qu'en particulier à Paris, il y a de la contestation. Où est-ce qu'on les met ? Comment on fait le voisinage entre ces zones-là et les gens qui y habitent ?

  • Speaker #3

    C'est une question importante qui nous est très souvent posée. Je vais dire... Notre position à l'ITAC, mais pas que la nôtre, parce qu'on fait partie quand même des dispositifs qui sont très évalués par des dispositifs très sérieux comme l'Inserm. Donc, nos dispositifs, c'est quelque part. Alors, je tiens à préciser qu'on n'accompagne pas l'accès aux produits, mais les personnes arrivent avec leurs produits. Donc, on va fournir un lieu de consommation en sécurité et qui va agir sur différents niveaux. On parle souvent de tranquillité publique. A priori, je pense que tout le monde préfère que la consommation ne se fasse pas dans un square où il y a des enfants et que ça se passe plutôt dans des lieux dédiés. Après, on peut parler de coûts sur l'économie globalement du pays avec les coûts des soins parce que les conséquences des consommations peuvent amener des soins très lourds et des hospitalisations. Et donc si on évite des passages aux urgences, si on évite... Donc ça, c'est des éléments sociétaux très clairs. Après, il y a du respect, et ce qui nous paraît prépondérant, de la condition humaine. Ce n'est pas parce qu'on a une consommation qu'on n'a pas le droit d'accès aux soins, l'accès aux droits fondamentaux. Et c'est ce qu'on propose en fait dans nos structures. Ce n'est pas juste consommer, c'est offrir des espaces d'accueil avec la possibilité de soins. de la possibilité d'hébergement aussi maintenant. Et donc voilà, tous les voyants globalement dans toutes nos évaluations sont au vert sur des indices de tranquillité publique, d'économie, d'accès aux droits, d'accès aux soins. Et donc il y a... Il n'y a que deux salles de consommation malheureusement en France. Des dispositifs qui ont été très avancés, qui ont été bloqués pour des raisons politiques, on va le dire clairement, sur des sujets qui ne sont pas adaptés. Donc on va dire à Paris, donc déjà eux aussi sont voyants au vert par rapport à la tranquillité publique et sécurité. Mais on va entendre quelques voix qui sortent de là plutôt... Voilà, des faits journalistiques, on peut le dire comme ça. Et Paris n'est pas comparable à chez nous, par exemple, parce que le nombre de salles de consommation n'est pas adapté pour le bassin de population. Je pense qu'à Strasbourg, on est tous d'accord pour dire que ce n'est pas vraiment une question. La salle de consommation, je ne sais pas si vous savez où elle est, elle est en tout cas dans l'hôpital civil. On n'a pas de problématique de voisinage et on est aussi plus adapté par rapport à notre bassin de population. Donc pour répondre à l'offre, il faut aussi s'adapter à la population. Voilà. Je ne sais pas si j'ai répondu,

  • Speaker #1

    mais c'est...

  • Speaker #2

    Mais que répondez-vous à la critique qui vient dire, OK, pour notre tranquillité à tous, on les abandonne en leur donnant, dans un coin quelque part, ce qu'il leur faut, en facilitant le fait qu'ils aient accès à des produits addictifs. Qu'est-ce que vous répondez à l'accusation d'abandon de ces gens-là ?

  • Speaker #3

    J'ai envie de les inviter, de leur montrer que ce n'est pas de l'abandon justement, parce que c'est un dispositif très dense en accompagnement. Et c'est peut-être une phase, en tout cas, c'est plutôt s'adapter au possible en fait. Pour certaines personnes, comme on le disait, juste dire, c'est soit continuer, soit sevrer, c'est les seules options, soit et si tu continues, on t'abandonne et on ne fait rien. Là justement, pour moi, ce n'est pas de l'abandon, c'est quelque chose de... densifier le suivi et proposer une offre de soins. Parce qu'on peut peut-être, on a envie de traiter son hépatite C avant d'arrêter la consommation. Et peut-être que justement, côtoyer des professionnels de santé, ça peut susciter de l'envie de changer ses consommations. Et c'est ce qu'on observe aussi. Pas toujours, mais on peut l'observer.

  • Speaker #2

    Aurélien ?

  • Speaker #4

    Juste avant de laisser la parole au public, une toute petite anecdote et une question. En tant que neurologue, j'ai vu fin août un jeune homme avec des troubles de la marche très sévères dans un contexte de consommation de protoxyde d'azote. Je l'ai envoyé à l'hôpital. Fin octobre, j'envoie un second. Je me dis bon, je l'envoie à l'hôpital. Donc, carence en vitamine B12. C'est ce qu'on trouve dans les siphons qu'on utilise pour faire les recettes de Top Chef. Et puis voilà qu'arrive il y a trois semaines un mois une troisième personne qui arrive et qui sait flinguer la moelle et les nerfs. Donc un tableau très sévère avec quelqu'un qui peut à peine marcher, quelqu'un qui est plus jeune que vous tous ici. Et en réalité j'appelle l'hôpital et l'hôpital me dit on n'hospitalise plus ces patients, ils sont trop nombreux. On voit directement avec la rééducation. Alors je ne sais pas si mon expérience est représentative de ce qui se passe. en France, mais j'ai vu davantage de patients handicapés par le protoxyde d'azote en 4 mois que de développement d'une sclérose en plaques par exemple. Donc j'imagine qu'il y a peut-être un biais statistique ou un biais d'observation, mais est-ce que vous retrouvez aussi cette émergence-là de complications qui, ma foi, je ne sais pas comment ça va évoluer, j'ai pas encore suffisamment de recul, c'est assez précoce, mais c'est très inquiétant sur le plan d'observation.

  • Speaker #1

    Effectivement, on en voit de plus en plus arriver, notamment via les urgences. Après, c'est vrai que c'est un petit peu irrégulier. On a du mal à savoir si c'est vraiment une augmentation. Mais je sais que nous, on a eu un petit peu ça il y a un an et demi, avec vraiment une série de cas, on s'est dit bon. Et là, finalement, il y en a un petit peu moins. Alors, je crois que c'est officiel. La vente du protoxyde d'azote vient d'être interdite depuis... Ah voilà, à partir de 2026, donc encore un petit peu de... de temps. Après, sur les difficultés d'accès aux soins, c'est vrai que c'est un challenge du quotidien. Après, pour parler au niveau local à Paris, souvent c'est plus facile pour le coup de mettre en place des soins en addictologie qu'en psychiatrie. Alors que ça peut paraître un peu paradoxal, mais là où en psychiatrie hospitalisée, c'est extrêmement compliqué, avec des listes d'attente très longues, beaucoup de patients qui restent aux urgences, etc. Pour ce qui est de la dictologie et les soins, on va dire la jonction avec les soins somatiques, ça fonctionne encore un peu. Mais clairement, c'est là aussi un terrain, une expérience, une observation de terrain.

  • Speaker #4

    Merci. On va maintenant laisser la place aux questions du public.

  • Speaker #5

    Merci pour vos interventions. Merci aussi aux organisateurs pour ce beau forum. Alors moi, je voulais, Dr Blanc, avoir un approfondissement d'une réflexion que vous aviez précédemment et un approfondissement peut-être par vous toutes et tous. Plus de 20 ans que nos politiques publiques successives ont détricoté un bien qui nous est commun, notre système public de santé. Et avec un enjeu d'augmentation de la prise en charge, notamment par les populations vieillissantes et par les troubles de santé mentale qu'on évoquait aussi ici, dont l'incidence ne fait qu'augmenter. Et avec une baisse de la démographie médicale, quels sont aujourd'hui les moyens qui sont mis à votre disposition par les politiques publiques ? Je pense au ministère de la Santé, je pense aux agences régionales de santé pour faire de la détection. de l'addiction dans vos professions et de l'accompagnement pour faire en sorte qu'on puisse prendre soin aussi de vous. Parce que si vous n'êtes plus là, qui prendra soin de la société après ?

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour cette question et ce retour. Honnêtement, le constat n'est pas très positif. Ce qu'on sait, notamment là, actuellement, avec la valse des gouvernements, il n'y a aucune lisibilité. clairement sur une politique de santé publique, quelle qu'elle soit. Honnêtement, c'est assez risible. Pour le festival, on s'est dit la première année qu'on voulait avoir le haut patronage du ministère de la Santé. Puis en fait, sur rien que la temporalité d'un événement annuel, ça change pluriannuellement. Donc en fait, c'est plus personne, en tout cas la plupart des gens qui sont en maille directement avec le gouvernement, eux-mêmes n'arrivent pas à suivre. Donc quand on est un petit peu plus loin, moi je suis agent du service public, donc voilà, je n'ai pas de contact direct avec le ministère, mais c'est... C'est une telle valse et on sait que quand le gouvernement change, c'est l'immobilisme pendant environ deux mois après. Donc ça laisse assez songeur sur le fait qu'il n'y a plus tellement de pilotes dans l'avion au niveau du ministère depuis maintenant plusieurs années. Donc on a beaucoup de mal à avoir une prise de conscience finalement de cette urgence. 2025 est censé être l'année de la grande cause nationale pour la santé mentale. Ça a été rappelé et confirmé par le gouvernement Bayrou. Mais pour l'instant, là aussi, on n'a pas encore de traduction, que ce soit en termes de communication, puisque c'était ça l'essentiel, ni de financement. Donc, ce qu'on essaye de faire, c'est finalement au niveau local, essayer de trouver des stratégies. pour faire émerger des solutions, pour mettre en valeur des choses innovantes comme effectivement les médiateurs de santé paire. Et puis aussi, ce en quoi je crois beaucoup, c'est en fait la prévention et l'éducation. Et notamment, c'est aussi pour ça que j'utilise quelque part le cinéma, les séries. Mais aujourd'hui, Netflix a plus d'écoute, est plus écoutée, plus prise au sérieux aussi parfois que certaines prises de parole et aussi a beaucoup plus de moyens. Donc, en fait, éduquer la santé mentale avec une série Netflix, c'est beaucoup plus efficient. Alors après, ça pose d'autres questions parce que Netflix n'est pas un organisme gouvernemental. Mais au moment où cette place-là est laissée vacante et puis maintenant, depuis, comme vous le dites, depuis des années, c'est aussi un constat de réalité qui va être d'utiliser autre chose pour communiquer parce que malheureusement, on ne peut plus attendre une éventuelle prise de conscience.

  • Speaker #2

    Est-ce que ce n'est pas dû, cette espèce de flou de la part du gouvernement, au fait qu'il n'y a pas de philosophie par rapport à cela ? Est-ce qu'on a un cahier des charges ? Est-ce que le fait de changer de bord politique ne fait pas qu'on passe d'une philosophie à une autre ? Parce que si c'est ça, c'est extrêmement grave.

  • Speaker #1

    Honnêtement, ce n'est pas très réjouissant comme constat, mais ce qui est compliqué, c'est que pour l'instant, on a l'impression que les politiques publiques ne s'adosent déjà pas à la science. Ne serait-ce que l'exemple des salles de consommation, toutes les études montrent un bénéfice. Évidemment, ça ne supprime pas le problème, mais ça montre qu'il y a moins de mortalité, moins de morbidité chez les usagers, qu'au niveau du voisinage, ça améliore les choses, etc. Et pourtant, ça bloque pour des raisons uniquement politiques. Et c'est vrai que ça peut paraître risible, se dire qu'à Paris, il y a une salle pour toute l'île de France. Et forcément, elle est débordée. Et donc, il y a des gens autour qui n'ont pas que ça, la salle, et qui donc consomment. C'est tellement trivial. Et pourtant, il y a des blocages. Donc, effectivement, et pour l'instant, la plupart des prises de parole qu'il y a eu sur le gouvernement, sur la question spécifique des addictions, c'est uniquement la répression. Et on sait très bien que ça ne fonctionne pas. Après la question de l'addiction et des substances, elle n'est évidemment pas que médicale. Et loin de moi de dire que ce serait que un problème médical. Et que donc, par exemple, la question de légaliser les produits. Honnêtement, c'est une question qui est très complexe et qui appartient à l'ensemble de la société, pas que aux médicales. Évidemment, néanmoins, voir les choses que par ce boulot de la norgnette, c'est un peu ce qui s'est passé aux États-Unis avec la crise des opioïdes qu'ils ont eu derrière. Donc, on ne voit pas tellement, à part sur de la démagogie et du calcul politicien, d'où vient cette stratégie de uniquement criminaliser les usagers et les renvoyer en précarité. Donc, là aussi, c'est... Triste constat.

  • Speaker #6

    Bonjour, merci pour cette conférence qui est très intéressante. Je suis maman d'un jeune homme qui a 24 ans, qui souffre de schizophrénie, qui a testé plein de produits. Actuellement, il est accro à la cocaïne. Il y a un vrai souci, c'est qu'à plusieurs reprises, il a souhaité arrêter. En revanche... Les rendez-vous qui lui sont proposés sont très éloignés et il change d'avis. Un mois et demi après, il change d'avis. Donc, je trouve qu'il y a une problématique au niveau de la prise en charge. Si elle est trop tardive, on va vers une perte de chance pour l'usager. Et bon, actuellement, il a la chance de pouvoir aller chez ALT. Mais c'est un en combat.

  • Speaker #2

    Accès aux soins pour les personnes qui sont en souffrance psychiatrique, mais aussi en besoin de drogue ou de produits psychoactifs.

  • Speaker #3

    J'ai envie de vous dire, vous avez tout à fait raison, c'est vraiment très peu satisfaisant, voire impossible, de dire qu'on a des délais à 2, 3, 4 mois. Et arrivent ces questions-là, et on est dans la situation à Strasbourg, mais c'est pareil dans toute la France, des structures complètement débordées, des fois par manque de professionnels, des fois par manque de moyens par rapport aux demandes. Mais vraiment, cette temporalité-là, elle n'est pas acceptable en addictologie, je suis complètement d'accord avec vous. Mais les structures arrivent à fermer des fois des moments complètement, les accueillent parce qu'elles ne peuvent pas répondre. accueillir tout le monde et donner des rendez-vous une fois qu'elles sont admises. À 3-4 mois, pareil, il n'est pas du tout satisfaisant. Donc c'est très frustrant. Je trouve que c'est terrible pour les usagers, c'est terrible pour les professionnels parce qu'on se retrouve quand même, tous nos collègues, au téléphone des personnes qui ont des demandes plus que légitimes. Et donc nous, on fait remonter ces demandes-là. Mais effectivement, en vue des financements qu'on observe, ça ne va pas du tout dans un sens de... d'augmenter par rapport à la réalité des besoins. Je crois que sur l'année 2020, je ne sais plus si c'est 2023 ou 2024, il y avait sur Strasbourg uniquement plus de 500 demandes qui n'ont pas pu aboutir de demandes de personnes qui étaient en demande de soins. Parce que là, on a quand même cette image de dire les gens qui ont une problématique addictive ne veulent pas se soigner. Ce n'est pas la réalité. Nous, on voit aussi tous ceux qui veulent se soigner à qui on ne répond pas. Et c'est terrible.

  • Speaker #5

    Bonjour, merci à vous pour vos interventions. Je voulais vous poser une question plutôt d'ordre systémique. C'est-à-dire, je vais revenir sur la métaphore de la souris dans sa cage, à qui on a enlevé et qui finit par développer ses comportements. Et c'est quelque chose qui résonnera auprès de toute personne qui a eu de près ou de loin un rapport à l'addiction. J'aimerais avoir votre avis sur les violences systémiques qui ont toujours été évoquées, mais jamais explicitées, lesquelles sont ? Parce qu'on suppose qu'elles sont présentes dans le monde du travail, dans l'éducation, dans le cercle familial. Je pose cette question puisque la prévention montre ses limites. Quand on est au stade de la guérison, c'est déjà trop tard. Donc quels sont les leviers de manœuvre ? Quelles sont les violences qu'on doit montrer et qu'on doit combattre pour justement ne plus être face à ce cadre et justement prévenir de manière, je pense, plus pérenne et plus efficace les addictions ? Merci.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. C'est une question qui est très intéressante. Dans ce qu'on sait qui est associé finalement à des détails... des déterminants de santé et donc l'addiction. On va retrouver tout ce qui va être violence physique et sexuelle, notamment dans l'enfance, qui sont des grands facteurs de vulnérabilisation des individus et qui, à la fois, c'est dès le début de la vie, ça a des conséquences sur, finalement, toute une vie potentiellement, même si, évidemment, c'est possible ensuite le rétablissement et que ce n'est pas toutes les personnes qui ont été victimes qui vont développer un trouble, mais néanmoins, c'est un facteur de risque important. Donc, on espère que là aussi... les efforts qui sont faits, en tout cas la levée d'un certain tabou et le fait qu'on en parle plus, va quand même avoir des conséquences positives, mais évidemment ce sera sur les générations futures. Après on sait que tout ce qui va être également précarité dont on a parlé un petit peu, ne serait-ce qu'il y a une étude assez intéressante et là aussi c'est quand même dommage que ces études-là ne soient pas utilisées au niveau politique, mais une étude qui a montré au moment du changement de politique du RMI au RSA, qu'une augmentation de 10% de la précarité se traduisait par une augmentation de la prescription des opioïdes en France. Et c'était département par département. Donc pour le coup, ce n'est pas la situation aux États-Unis. Et ces deux facteurs, l'un vient des données de la Sécurité sociale, l'autre venait de la politique financière d'allocation. Donc je veux dire, c'est quand même assez robuste au niveau scientifique. On voit qu'il y a vraiment cette augmentation, alors qu'en plus, on se dit que c'est quand même des médicaments qui sont prescrits par des médecins. Donc, il n'y a pas forcément, encore une fois, le médecin ne se dit pas, ah bah tiens, c'est la réforme de RSA, je remets ma dose de codine. C'est assez impressionnant. Donc, c'est vraiment ce type d'éléments. Après, on va retrouver aussi tout ce qui va être discrimination de genre, discrimination ethnique et raciale, discrimination sur l'orientation, etc. Donc, on sait que tout ça, cumulé notamment, peut faire que certaines personnes vont être... plus souvent concernés par les problèmes d'addiction.

  • Speaker #2

    Ombre, Camille Branche ?

  • Speaker #3

    Oui, ce que j'aurais pu dire, c'est pour ajouter peut-être quelque chose de jamais banalisé, en fait, et ça passe par former les professionnels en permanence aussi, les sensibiliser à reconnaître. Chez nous, en pratique, avec un public qui peut être en grande précarité, c'est aussi des accompagnements aux dépôts de plaintes, parce que... C'est tellement banal d'être l'image d'être agressée ou de subir des violences sexuelles pour l'accès aux produits. En tout cas, c'est plus facilement de travailler l'accès aussi aux dépôts de plainte. Et puis aussi, le travail avec les forces de police, qui ont quand même fait beaucoup de progrès sur l'accueil des dépôts de plainte. Et nous, on ne baisse pas la garde non plus quand on observe des situations qui ne vont pas. Donc, jamais banalisé, en fait.

  • Speaker #7

    Bonjour, merci pour votre intervention. Tout le monde connaît cette phrase, la folie c'est de toujours répéter la même chose et d'attendre un résultat différent. En France, on met beaucoup l'accent sur la répression et sur la culpabilisation. On le voit encore aujourd'hui avec les interventions du Premier ministre qui culpabilise les consommateurs. Alors que par exemple l'exemple du Portugal est assez marquant, ils avaient de gros problèmes de transmission de MST et de décès suite à la vague d'héroïne des années 90, ils ont dépénalisé le produit et ils ont eu une chute drastique de la consommation parce que dans la dépénalisation aussi il y a le fait de cet attrait à l'interdit qu'on en digue aussi et de rediriger l'argent public qui est donné sur la répression. à l'aide, le soin et la prévention. Et du coup, je voulais savoir quelle était votre vue là-dessus, sur la dépénalisation des produits. Et est-ce que vous avez aussi une fonction, vous, de conseil au niveau des pouvoirs publics pour changer justement cette vision, sachant qu'il y a une très très grosse hypocrisie autour de ça, et notamment dernièrement, quand ils parlaient, le jour où ils ont dit que les consommateurs avaient du sang sur les mains. Le majordome de Matignon a été retrouvé avec 50 grammes de cocaïne. Je pense que ce n'était pas pour sa consommation personnelle. Je trouve qu'il y a une très grande hypocrisie sur la consommation, sachant que toutes les sociétés ont toujours consommé. Il y aura toujours de l'addiction, il y aura toujours de la consommation. Mais plus il y a de la prévention, plus on peut aider les gens à consommer peut-être sainement et à moins tomber dans l'addiction. Je voulais juste savoir ce que vous en pensiez. Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    En d'autres termes, je rajouterais à cette question une question qui pourrait nous permettre de conclure. Est-ce que les addictions augmentent ou est-ce que, comme le dit monsieur, elles ont toujours existé et elles seraient stables ou est-ce qu'elles augmentent ?

  • Speaker #1

    Je crois que vous vouliez intervenir sur la question de Claire Gage. Non, je voulais intervenir sur autre chose.

  • Speaker #6

    Je ne passe pas sur la réponse directe.

  • Speaker #1

    Alors les addictions, elles augmentent plutôt et notamment avec des nouvelles formes de comportements addictifs, notamment là aussi pris dans quelque chose d'assez, comment dire, systémique. On sait qu'aujourd'hui il y a toute une économie qui repose sur l'addiction, ce qu'on appelle le capitalisme limbique, où en fait nos comportements de consommation sont aussi quelque part aiguillés. par des mécanismes propres de l'addiction, la récompense immédiate, etc. On le voit sur les réseaux sociaux, on le voit à différents endroits de nos vies, sur les achats, etc. Après, vaste question, celle de répression, dépénalisation.

  • Speaker #0

    Disons que ce qu'on sait, c'est que la prohibition, ça n'a pas fonctionné. La pénalisation des usagers, la culpabilisation des usagers non plus. Néanmoins, c'est ce qui est politiquement le plus facile, parce qu'il suffit de dire que c'est la faute des consommateurs, c'est la faute des dealers, sans s'attaquer finalement aux racines. Après, ce qui est compliqué aussi en tant que médecin, c'est qu'on sait que si les produits, et notamment à priori le cannabis qui serait le premier à être dépénalisé, ça se fera surtout pour des questions économiques. Avec déjà beaucoup d'investissements et un effet de lobbying fort, les produits qui sont légalisés, que sont le tabac et l'alcool en France pour le moment, c'est quand même des lobbies qui ont plutôt tendance à essayer de supprimer les messages de santé. et essayer de favoriser leur part de marché en poussant à la consommation. Donc, je vois ça d'un œil, en tout cas ma réponse personnelle, elle est quand même complexe, parce que justement, on sait que si c'est dépénalisé, ce sera probablement pour des raisons économiques, alors même que, on le sait, et ça c'est important aussi, malgré le fait que le tabac et l'alcool, ça rapporte beaucoup d'argent dans les caisses de l'État, notamment de l'argent immédiat, puisque c'est des produits qui sont très fortement taxés, néanmoins, sur le moyen et long terme, ça... coûte beaucoup plus cher à la société. Donc même ce calcul-là de se dire, finalement, ça rapporte parce que le paquet de tabac, il est cher, etc. En fait, les cancers, notamment, tels qui sont pris en charge avec des questions de sustainabilité qui vont se poser combien de temps la sécurité sociale va pouvoir aussi soigner les conséquences. Et à un moment, il y aura peut-être un arbitrage qui se fera. Donc voilà, une réponse un peu de psy, pas très marquée. pas très, en tout cas difficile d'y répondre de manière très simple.

  • Speaker #1

    J'avais encore une question sur cet enfermement et sur la solitude qui alors sont véritablement un phénomène nouveau, qui n'existait pas il y a 50 ans. Donc vous dites que c'est un phénomène mondial. Je n'arrive pas à admettre qu'il... Il pourrait s'agir d'une pathologie organique qui tout d'un coup serait apparue dans l'espèce humaine. Donc il s'agit d'un comportement nouveau qui n'est pas organique et qui est une réaction à nos sociétés. Y a-t-il un point commun aux familles dans lesquelles ça se produit ? Un enfant qui se met à s'enfermer et à qui on finit par amener alimentation et tout ce qu'il faut dans sa chambre, au lieu de lui dire, si tu ne sors pas de ta chambre, tu n'auras pas à manger, tu finiras par sortir. Donc, est-ce qu'il n'y a pas dans ces familles quelque chose qui explique ces nouveaux comportements qui n'existaient pas autrefois ?

  • Speaker #2

    Moi, je voulais d'abord répondre à la dame dont l'enfant est schizophrène, est cocaïnomane et peut-être de temps en temps enfermé. On est tous d'accord sur le défaut de réponse aujourd'hui. Entre le Japon et la France, apparemment, curieusement, les courbes sont inversées dans le nombre de pédopsychiatres qui a cru multiplier par 10 au Japon pendant qu'il est divisé par 10 en France. Et donc ça fait pédopsychiatre et psychiatre un défaut de cette réponse dont vous parlez. Mais je ne suis pas désespérée moi de nature et je pense qu'il y a plutôt à s'appuyer sur les pères aidants, sur les familles, sur les groupes et aussi à reprendre précautionneusement l'itinéraire parce que parfois on s'énerve ou il y a une incompréhension de type presque psychologique avec quelqu'un. Alors que ce n'est pas le problème, il n'y a pas vraiment un refus de prendre en charge. Donc c'est une attention permanente entre le thérapeute, la famille et le patient pour arriver à ce que des soins soient donnés en s'appuyant sur ce qu'on a aujourd'hui. Et je dirais aussi, par exemple, le téléphone portable aujourd'hui, Quand on est psychiatre, on a tout le temps des SMS le dimanche soir à 10h du soir. Au début, on s'énerve et après on se dit que c'est mieux ça que d'avoir une catastrophe le lendemain matin. Donc il y a quand même des nouvelles pistes assez intéressantes. Maintenant, la question de la solitude. Au niveau du fait que c'est mondial, c'est très étonnant parce que c'est l'Ouganda, le Nigeria, la République d'Oman, l'Arabie Saoudite. la Nouvelle-Zélande, l'Australie, bien entendu Corée, Chine, Japon, Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Suède, Italie, beaucoup Italie, France aussi, à tel point qu'au Danemark, il y a un psychiatre qui a fait un article récemment en disant c'est bizarre, mais nous on n'en a pas, réveillez-vous les psychiatres, il doit y en avoir et on ne les voit pas Donc c'est vraiment mondial. Alors le point commun... de nos sociétés et des familles, je dirais qu'il y a eu beaucoup de choses qui ont été cherchées. Au début, on a dit que c'était un défaut d'amour, un défaut d'affection, un défaut de circulation dans la famille. On s'est aperçu que non. C'est plutôt ce qu'on appelle en psychiatrie des troubles de l'attachement, c'est-à-dire un lien, comme il y a dans les addictions, un lien très particulier avec la peur de l'autonomie de tout le monde. Je disais à une maman l'autre jour, alors un peu de bonheur partagé avec votre enfant qui a 23 ans, elle me dit il n'y en a plus, il n'y en a plus, il n'y en a plus. Alors évidemment, elle n'y en a plus, elle ne le voit plus du tout. Et donc au niveau mondial, il y a quand même la culture du danger extérieur. C'est mondial, il y a eu un article dans Le Monde il y a deux ans je crois, qui disait où sont passés les enfants des rues. Il n'y a plus d'enfants dans les rues parce que les rues sont peuplées de pédophiles, d'assassins, etc. On a peur tout le temps. Donc, il y a une façon de dire à l'enfant, il vaut mieux que tu sois à la maison, au moins, même si tu prends des drogues, même si, même si, au moins, je vois ce que tu fais, je vois ce que tu es, tu ne cours pas le risque extérieur. Et ça, c'est mondial. Et puis, il y a aussi, dans ces familles, parfois, c'est assez touchant, parce que ça arrive à... À la surface, un parent qui est malade ou qui a été malade, et l'enfant qui reste comme dans une sorte de peur qu'il arrive quelque chose à son parent, sauf qu'il ne va pas le dire. Ça se voit notamment dans les violences conjugales. Le garçon qui reste parce qu'il a peur que le père vienne taper la mère. Et ça n'apparaît pas dans les premiers temps. Je ne sais pas si je vous ai répondu.

  • Speaker #1

    Aurélien,

  • Speaker #3

    dernière question. Privilège de la dernière question. Il y a évidemment des déterminants sociaux, culturels très importants dans l'addiction, mais il y a également des déterminants parfois biologiques. On en a parlé hier un petit peu avec ces médicaments dopaminergiques qui défraient la chronique actuellement contre la maladie de Parkinson et qui sont à même de susciter l'addiction. L'idée d'un médicament qui permet de sortir de l'addiction, c'est aussi un peu... une arlésienne dans la médecine, mais on entend parler des analogues de la GLP1, notamment on a entendu parler du baclophène. Alors pour finir, peut-être sur une note un peu d'espoir, ou en tout cas même avec un petit trait d'humour, ça me fait penser au dessin où le patient dit j'ai besoin d'aide, j'arrive plus à arrêter les médicaments, et le médecin qui lui dit je vais vous prescrire un médicament pour arrêter. Est-ce que c'est quelque chose qui a de l'avenir ? Est-ce que vous avez l'impression qu'on va arriver peut-être aussi à aider les patients avec des aspects aussi médicamenteux ?

  • Speaker #0

    On espère, on espère. Alors, je vais essayer de faire une réponse la plus positive possible, parce qu'en plus, c'est plutôt ma nature. Mais il faut savoir quand même que, contrairement à ce qu'on pense souvent et ce qui est souvent relayé dans les médias, les laboratoires pharmaceutiques investissent très peu, voire plus du tout dans la santé mentale, parce que ce n'est pas rentable. Donc, cette idée qui voudrait que les pathologies en psy soient des inventions des labos. Franchement, si c'est une pension, ils n'en sont pas très satisfaits parce que la plupart des grands labos ont complètement déserté la recherche et le développement sur des médicaments en psychiatrie. Pour plein de raisons, parce que c'est difficile, parce que c'est moins financé aussi par mécanisme. C'est le gouvernement, quelque part, qui aiguille aussi la recherche. Et en ce moment, c'est beaucoup tout ce qui est pathologie oncologique, donc les cancers et les pathologies rares qui rapportent. Donc, c'est là que l'investissement se fait. Donc, on n'a pas beaucoup, beaucoup de choses en stock. Ce qui, pour le coup, il y a quand même une note d'espoir assez positive et on sort un peu de pied de nez, puisque aujourd'hui, les promesses les plus importantes sur le développement de médicaments en addicto et en psychiatrie, c'est les psychédéliques. Donc, une autre drogue. Pour le coup, ça répond un peu à votre cartoon. Il faut savoir que dans les pistes les plus prometteuses, on est en train en ce moment, alors en France, c'est à Paris et à Nîmes, il y a eu beaucoup ça aux Etats-Unis, sur la psilocybine, qui est donc une substance issue d'un champignon, qui est un champignon hallucinogène, qui a montré dans beaucoup, des centaines d'études, des effets très importants. sur le traitement de l'addiction, sur le traitement de la dépression, du trouble de stress post-traumatique, du trouble anxieux également, le LSD, la MDMA, qui sont utilisés. Alors attention, pour partir, en plus c'est le take-home messages, attention, ce n'est pas un usage récréatif, c'est un usage dans le cadre de ce qu'on va appeler des psychothérapies augmentées, c'est-à-dire que c'est dans le cadre d'un protocole de soins que la substance est administrée. avec du coup un travail en psychothérapie en parallèle, avec des doses qui sont aménagées, qui ne sont pas les doses utilisées à visée récréative et donc n'ont pas les effets non plus délétères qu'on peut retrouver chez les usagers récréatifs. Mais c'est aujourd'hui, alors là peut-être pas, mais en tout cas une des pistes les plus avancées de recherche. Et c'est vrai que c'est assez impressionnant. dans les congrès en ce moment de psychiatrie, d'addictologie. On parle peut-être pas que de ça, mais quand même beaucoup, beaucoup de ça. Donc, s'il y a des pistes, en tout cas rapidement, toutes proportions gardées, puisque pour l'instant, j'ai cité les deux centres, c'est encore à l'état de recherche. Donc, vous ne pouvez pas aller voir un médecin, quel qu'il soit, pour qu'il vous en prescrive. Néanmoins, c'est un peu là que se situe l'espoir, avec, pour le coup, beaucoup de choses intéressantes, notamment le fait qu'est-ce qui est complètement nouveau ? mais aussi dans la conception d'un médicament puisque c'est des produits qui agissent en une fois ou une série de fois mais avec un effet pérenne donc vraiment un effet de neuroplasticité mais qui vient d'une expérience à un temps T qui fait qu'il y a des bénéfices sur la perception, sur les émotions sur les comportements, sur le long terme donc pour l'instant le long terme dans les études c'est plusieurs mois mais ça pourrait être plusieurs années ce qui pourrait vraiment changer la donne

  • Speaker #1

    Merci à cette table ronde extrêmement inquiétante, mais ça fait partie de la bioéthique. Le pire serait de ne pas se poser les questions et de ne pas être interrogatif sur nos sociétés. C'est le but du Forum européen. Un grand merci de nous avoir aidé à mieux connaître ces sujets.

  • Speaker #3

    On se retrouve à 14h pour parler de la santé mentale de nos enfants. Merci à vous.

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