- Speaker #0
Au collège et au lycée, j'étais le seul à connaître limite l'organigramme entier du gouvernement et les gens me regardaient comme si j'étais un alien. Les affabriques, c'est un outil, c'est comme un marteau, ça dépend de ce qu'on en fait. Permettre aussi aux dessins de la public de prendre des décisions peut-être plus éclairées.
- Speaker #1
Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Simon Lelibou. consultant junior en affaires publiques. Salut Simon.
- Speaker #0
Salut Pierre.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux te présenter comme tu le souhaites ?
- Speaker #0
Alors moi, je m'appelle Simon Lelebout, j'ai 26 ans. Je suis originaire de Bretagne, de Saint-Malo pour être plus précis. Pour parler un peu de mon parcours, on va dire scolaire, parce que je suis encore un peu jeune, donc c'est ce qui est le plus proche de moi. À la suite de mon bac, j'ai fait une prépa économie droit à Vannes, en parallèle d'une licence d'économie et gestion des organisations. à l'université de Vannes. À la suite de ce parcours, on va dire, j'ai choisi de poursuivre ma licence n'ayant pas forcément une idée précise de ce que je voulais faire après, comme j'ai l'impression, beaucoup de gens à cet âge-là. Donc, j'ai fini ma licence en échange à Québec City. Donc, j'ai fait un an là-bas. Et ça m'a permis donc de m'ouvrir, on va dire, à de nouveaux horizons. Notamment, j'ai pu en fait prendre des cours en lien avec tout ce qui était sciences politiques, relations internationales. ce qui n'était pas le cas avant dans mon cursus, et ça m'a vraiment conforté dans l'idée que c'est ce que je voulais vraiment faire dans mes études après, et pourquoi pas dans ma carrière professionnelle. C'est pour ça que j'ai choisi d'intégrer ensuite le Master d'études européennes et internationales à la Sorbonne Nouvelle à Paris. Donc un volet plus européen de base, parce que c'est un objet politique si particulier, qui m'a toujours assez intéressé, et donc j'avais envie de creuser un peu dans ce... J'ai fait plusieurs stages durant ce cursus, notamment au Parlement européen ou par exemple au Secrétariat général des affaires européennes. Ça m'a permis de voir un peu différentes choses, de vraiment mettre le pied à l'étrier du monde professionnel, parce que je sais que le gap entre la fin des études et la première expérience, ça peut être assez compliqué. Donc à la fin de mon cursus, j'ai fait un premier stage long. en cabinet de conseil, qui est un cabinet de conseil franco-européen, mais du coup au bureau de Paris, qui s'appelle Euralia, qui m'a vraiment fait découvrir le métier des affaires publiques, vraiment le métier pur et dur. À la suite de ça, j'ai fait un autre stage, j'ai intégré le cabinet Women, qui est un cabinet de conseil autant en transformation RSE, CSRD, que cabinet en... finalement de conseil en communication, notamment auprès de dirigeants, et aussi avec un volet, une expertise, voire en affaires publiques.
- Speaker #1
Ok. Et du coup, est-ce que tu as été toujours attiré par le monde de la politique ? Comment est-ce que tu es tombé dedans ?
- Speaker #0
Alors, toujours parce que j'ai grandi dans une... Donc voilà, mes parents sont... Enfin, un travail, pardon, dans l'éducation nationale. Et j'ai toujours, finalement, j'ai grandi dans ce bain-là de la politique. Aussi loin que je me souviens, on a toujours parlé de politique, de débats politiques. philosophique, sociologie. Mon père qui était prof de philosophie à l'époque, ma mère prof de français, donc c'était des discussions très intéressantes dès mon plus jeune âge, avec un suivi assidu de l'actualité aussi. Depuis très jeune, j'ai toujours été là-dedans, c'est toujours quelque chose qui m'a intéressé. J'ai des souvenirs, c'est bête, mais ça me fait assez rire. Au collège et au lycée, j'étais le seul à connaître l'organigramme entier du gouvernement, et les gens me regardaient comme si j'étais un alien. C'était assez rigolo, mais j'ai toujours été là-dedans et donc ça m'a toujours vraiment passionné. Et en fait, le métier des affaires publiques, c'était un métier où j'ai appris l'existence assez tard finalement. J'ai l'impression que c'est un métier assez, comment dire, pas très connu au final. Et donc finalement, j'ai entendu parler de ça par une amie qui travaille chez un cabinet qui s'appelle Séances Publiques, qui donc m'en a parlé. Je me suis dit, ah, ça pourrait potentiellement m'intéresser. Donc c'est comme ça que je suis arrivé, pas vraiment par vocation du coup depuis assez longtemps, mais par opportunité, on va dire, plutôt.
- Speaker #1
Ok, et comment se sont passés tes premiers pas dans le milieu des affaires publiques ?
- Speaker #0
Alors les premiers pas ont été rudes, on va dire, parce que quand j'ai rejoint Auralia, c'était au mois de septembre, octobre 2022. Donc pour ceux qui connaissent les affaires publiques, c'est le moment, le fameux moment des textes budgétaires, qui sont peut-être le moment le plus important de l'année, avec des textes très importants, très denses, avec énormément d'amendements. Donc mes premières parts dans les appels publics ont été notamment du relevé d'amendement sur le texte, qui en comportait environ 15 000. Donc c'était un peu submergent, un peu dur.
- Speaker #1
Qu'est-ce que c'est le relevé d'amendement ?
- Speaker #0
Le revêt d'amendement consiste à chercher des amendements via la plateforme qui est dédiée au projet de loi sur le site de l'Assemblée nationale, qui peuvent intéresser finalement les clients pour qui on travaille, qui vont avoir une incidence soit directe ou indirecte sur les activités, que ce soit positif ou négatif, voir qui les dépose, quelle partie, quelle personnalité, quel député, ce genre de choses. Pour constater aussi si les amendements que le cabinet a pu proposer ont bien été déposés, ou si c'est un travail long et fastidieux. qui peut être simplifiée si le cabinet dispose d'un outil numérique pour ça, ce qui là en l'occurrence n'était pas forcément le cas. Il y a un vrai travail en amont de cerner les mots-clés parce qu'il peut y en avoir énormément sur un même sujet donné, que ce soit la santé, l'agroalimentaire, ce genre de choses, avec toujours le risque de passer à côté de certains, en sachant que des amendements sont souvent, enfin, les mêmes amendements peuvent être déposés par plusieurs personnes. C'est une activité un peu chronophage, mais bon, qui est importante et qui doit être faite.
- Speaker #1
Est-ce que tu les lis tous à la main ou est-ce que tu fais un contrôle F en espérant ne pas en rater ?
- Speaker #0
Ouais, tu fais un contrôle F en sachant que la structure au final va souvent être la même. Il y en a quand même beaucoup qui sont les mêmes, donc que tu repères assez vite. Mais on va dire que c'est un contrôle F via la plateforme. Je pense que malheureusement, c'est quasiment impossible de contrôler à 100%, donc il faut espérer ne rien rater d'important, je pense.
- Speaker #1
Malgré ces premiers pas fastidieux, comme tu le dis, qu'est-ce qui fait que tu as envie de rester dans ce secteur ? Qu'est-ce qui t'a plu ?
- Speaker #0
Disons que j'ai toujours voulu être utile de manière générale via ma profession. Et en fait, c'est le sentiment de faire partie finalement de la vie démocratique française, de faire partie de la pression législative. Parce que j'estime que les affaires publiques finalement sont une expression saine de la démocratie. Les décideurs publics ne peuvent pas être experts sur tous les domaines. C'est important que tous les intérêts soient représentés. C'est ce sentiment de finalement de faire partie d'un tout. Le sentiment d'apprendre. dans des nouvelles choses et surtout de se forger une expertise sur plein de domaines différents sur lesquels je n'aurais pas forcément imaginé travailler. Notamment moi, ça a été beaucoup le cas au niveau de la santé. Ce n'est pas forcément un domaine que moi, dans ma vie personnelle, je suivais assidûment et j'ai été amené à travailler beaucoup dessus et j'ai trouvé ça très intéressant. Et donc c'est ce côté, se forger une expertise sur plein de domaines différents, d'apprendre toujours, accompagner des dirigeants de grandes entreprises, c'est quelque chose aussi d'exaltant, je trouve. trouve, rencontrer des députés, des ministres. Quand on a été bercé dans la politique depuis plus jeune âge, c'est un peu... C'est pas comme si j'étais à Disneyland, mais quasiment.
- Speaker #1
Est-ce que, Simon, tu fais ça pour rencontrer des gens qui t'inspirent, rentrer dans le monde politique ? Ou est-ce que tu veux vraiment défendre une industrie, un secteur à travers les affaires publiques ?
- Speaker #0
Je dirais que c'est un peu les deux à la fois. C'est aussi voir un monde de l'intérieur que j'ai suivi depuis très longtemps. C'est toujours très différent de... Comment dire ? L'intérieur est toujours assez différent de l'image qu'on peut en avoir quand on est à l'extérieur. Il y a des choses qu'on ne soupçonne pas. J'ai un peu ce côté, parfois un peu comère, d'apprendre certaines choses un peu croustillantes. Je trouvais ça toujours intéressant. Toujours en apprendre un peu sur les stratégies politiques. Et en même temps, j'ai en effet, selon mes valeurs personnelles, certains secteurs et certaines industries qui me passionnent plus ou moins et que j'ai envie de défendre. Je ne sais pas si je peux en...
- Speaker #1
Qu'est-ce que tu as envie de défendre, Simon ? Qu'est-ce que tu portes comme vision de société ?
- Speaker #0
Une vision humaniste, une certaine vision de l'égalité sociale, notamment un sujet que j'ai été amené à moi défendre personnellement, on va dire sur le TAR, tout le débat qu'on a eu récemment sur l'AME, l'aide médicale d'État, qui a été ces derniers mois remise en question par différentes personnalités politiques. Je considère que cette remise en question est une aberration sur plein de domaines vis-à-vis de certaines valeurs. humaniste et en fait même d'un point de vue purement cynique on va dire parce que sous motif de potentiellement raboter le budget on voudrait faire des économies il y a un budget à boucler et que les les caisses sont vides on va dire en fait c'est une aberration et c'est même pas moi forcément personnellement qui le dit mais c'est notamment un rapport qui a été du parlement qui a été publié où en fait on va avoir des personnes qui vont dans ce cas là aller se faire soigner mais qui sont dans des situations bien plus critiques et qui vont du coup nécessiter des soins plus importants plus coûteux Donc d'un point de vue économique, ça n'a pas de sens. Donc voilà, ça a été un de mes cheval de bataille qui m'a beaucoup motivé, notamment dans le cadre de mission avec la Fédération de l'hospitalisation privée, qui aussi défendait ce dispositif qui est nécessaire à mon avis actuellement.
- Speaker #1
Qu'est-ce que tu as envie de leur dire à notre classe politique ?
- Speaker #0
Qu'est-ce que j'ai envie de leur dire ? Je suis tombé ce matin sur un... le baromètre de Célie Poff, de la confiance de la population française dans la politique, qui est absolument alarmant et déprimant, quand on voit que seulement 26% des Français ont confiance dans la classe politique. Parce qu'en fait, ce que j'aimerais leur dire, c'est que cette perte de confiance n'impacte pas seulement le milieu politique, mais aussi pour moi, c'est quelque chose qui va gangréner. plein d'autres sphères, notamment la sphère médiatique. Cette défiance envers, on va dire, la classe politique, qui peut être décrite comme la limite politique française, peut se généraliser et à mon avis se généralise actuellement, notamment à la sphère médiatique, les médias traditionnels. Et qu'à l'heure actuelle, quand on voit la montée de la désinformation, d'un discours empreint de post-vérité, si les personnes n'ont plus confiance dans ces médias traditionnels, qui pour moi font quand même un travail... pour la majorité remarquable et important. Je suis très inquiet, on va dire, pour la suite et pour la société de manière générale. Quand je vois dans ce même baromètre que 47% des Français souhaitent un homme politique fort qui ne soit pas désigné par des élections, je suis très, très inquiet. Donc j'appelle ces classes politiques à vraiment faire preuve d'une transparence exemplaire, à ne pas user de méthodologies populistes et de discours simplistes faciles face à des problématiques qui sont... qui sont très complexes et qui amènent à différentes réponses. J'ai l'impression, quand je dis ça, d'être un peu naïf et bisounours. Donc voilà, ce serait mon message.
- Speaker #1
J'ai reçu justement ici Annie Fonsavan, qui était consultante en affaires publiques, et qui m'expliquait qu'un des clichés sur la personne qui travaille en affaires publiques, c'est qu'un jour, il va défendre un sujet, et le lendemain, quelque chose de complètement différent. Et du coup, ça peut aussi contribuer à créer une défiance. On se dit, il y a des gens qui travaillent autour de la politique qui eux-mêmes ont des vestes réversibles. Toi, si dans ton prochain travail, tu devais travailler dans une agence pour des sujets qui ne te plaisent pas, est-ce que tu penses que tu aurais la marge de dire non ?
- Speaker #0
Par rapport à la critique de la veste réversible, pour moi, tout dépend des sujets. On peut travailler sur des sujets qui peuvent être différents, mais pas forcément contradictoires. Et au contraire, je trouve ça bien, je demande de m'être amené à travailler sur plein de sujets. Si un consultant en affaires publiques devait travailler sur un seul sujet, je pense qu'on aurait besoin de beaucoup plus de consultants en affaires publiques. Et par rapport à la question sur moi, on va dire, si je devais travailler sur des sujets qui ne me plaisent pas, pour l'instant, je ne me suis jamais retrouvé dans cette situation. J'aurais tendance à dire non si j'avais des sujets qui ne me plaisent vraiment pas. Voilà, vraiment signifier que j'ai une ligne éthique et je ne suis actuellement pas prêt à la traverser parce que je considère avoir notamment été sensibilisé à... plein de problématiques, notamment aux enjeux liés au réchauffement climatique. Je ne serais pas à l'aise de travailler sur ces sujets-là. Des sujets qui peuvent remettre en cause mes convictions personnelles. C'est toujours plus facile à dire maintenant que quand on est mis devant le fait accompli, mais pour moi, ça fait partie de mon devoir d'exemplarité et de ce que je veux renvoyer des affaires publiques, que ce soit auprès d'inconnus ou alors de mes proches. J'ai envie d'être irréprochable là-dessus et que les personnes autour de moi soient fières de ce que je fais et de ce que je plante.
- Speaker #1
Bravo, Simon. Justement, pour parler plus de toi, Tu disais que ce qui te plaisait, c'est de donner un sens à tes valeurs, de porter des combats. Est-ce qu'il y a un moment où tu as eu un peu un déclic, où tu t'es dit, c'est pour ça que je fais ce métier ?
- Speaker #0
Je suis encore à un point assez tôt de ma carrière professionnelle. Donc, au-delà d'un moment, on va dire, c'est plus plusieurs petits moments, plusieurs petites choses. Notamment dans une de mes espaces professionnels. Donc, on a la fédération des masseurs kinésithérapeutes. Et on a été amené à porter une position qui était donc la... Finalement, le fait de pouvoir, donc la primo-accession pour un rendez-vous chez un kinésithérapeute, c'est-à-dire ne pas forcément avoir constamment à prendre rendez-vous chez un médecin pour une pathologie où finalement on sait, ou alors on peut aller directement chez le kinésithérapeute pour ce genre de problème, évidemment dans un cadre très précis pour éviter d'autres dérives. Mais c'était une position qui était portée dans un contexte finalement de déserts médicaux, où l'objectif notamment des pouvoirs publics et des ministres de la santé à l'époque était de regagner du temps médical pour permettre à tout le monde d'avoir accès à un médecin traitant dans des meilleurs délais. C'est un amendement qu'on... qu'on a apporté lors du PLFSS, le projet de loi de finances de la sécurité sociale, en 2022, et qui a été accepté. Et ça a été un moment où je me suis dit, tiens, c'est un travail qui permet d'avoir une incidence directe sur la vie de tous les gens. C'est quelque chose de très concret qui permet de changer, on peut pas s'en garder, mais la vie des gens au quotidien, en fait, sur des choses qui peuvent être utiles et qui peuvent permettre de simplifier ça et de répondre à des problématiques. Les problématiques des déserts médicaux, c'est pas cette mesure-là précisément qui va résoudre entièrement cette problématique, mais c'est plein de petites mesures comme ça. en plus de stratégies, voilà, ministérielles notamment, qui peuvent permettre ça. Et donc, ça a été un moment où je me suis dit, voilà, c'est quelque chose d'assez motivant et de récompensant au niveau personnel.
- Speaker #1
Ok. Et au contraire, tu parlais tout à l'heure d'un travail qui peut être un peu exhaustif, qui peut se répéter. Est-ce qu'il y a d'autres moments où ça a été compliqué, où tu as été frustré ?
- Speaker #0
Au niveau de la frustration, je dirais qu'il y a deux actes principaux. Le premier étant, finalement, c'est un métier où il n'y a aucune garantie de résultat. On peut travailler des mois et des mois sur une stratégie qui nous semble parfaite, défiler position paper carré, organiser plein de rendez-vous avec des décideurs publics, que ce soit députés, ministres, ce genre de choses. Et finalement, à la fin, la proposition qu'on défend ne sera pas retenue, on va dire. Donc il y a cette frustration de, peu importe la sueur que l'on va mettre dans le travail, il n'y a qu'une garantie de résultat, et ce qui peut être parfois en plus. difficile à défendre auprès du client parce que le client forcément paye pour ça donc a forcément des attentes c'est difficile parfois et en autre point frustrant je dirais c'est aussi parfois le client va être un peu fermé vis-à-vis d'une stratégie qui nous semble vraiment adéquate et qui va permettre vraiment de faire avancer avancer les choses et parfois le client peut ne pas écouter cela être en désaccord sur des motifs qui nous nous semble pas forcément valable après bon c'est
- Speaker #1
des opinions qui s'affondent donc c'est ça veut dire qu'il peut vous obliger à aller vers une stratégie qui vous paraît pas pertinente Il a le droit de dire non, non, vous y connaissez rien, c'est moi qui connais.
- Speaker #0
Alors, j'espère pas en ces termes, parce que finalement, le client a forcément un droit de regard. C'est-à-dire que c'est lui qui nous paye pour ça, donc on est censé donner un service, entre guillemets. C'est lui qui a le dernier mot. Par exemple, mettre en place quelque chose qui va sortir de l'ordinaire. Organiser par exemple un petit déjeuner avec différentes personnalités publiques, ce genre de choses, qui peut nous sembler vraiment une bonne stratégie. Le client peut dire non, non. Ça peut être assez frustrant. Certains motifs, en plus, peuvent nous ne pas être entendables, parfois.
- Speaker #1
Tu parlais là dans les frustrations, qui est une part sur laquelle vous n'avez pas la main. Par exemple, une proposition de loi qui finalement ne passe pas, malgré une bonne stratégie. Et dans le même sens, il peut se passer des choses comme une dissolution qui rebat les cartes. Du coup, est-ce que la dissolution de l'Assemblée nationale a affecté concrètement ? La façon de faire des affaires publiques, ou en tout cas, ton travail ?
- Speaker #0
Oui, forcément, l'instabilité politique actuelle, je pense, et qui, à mon avis, n'est pas prête de s'arrêter tout de suite. On va bientôt atteindre le seuil fatidique des un an de dissolution. Donc, on va voir si on est reparti pour un taux encore. Ça affecte forcément le travail. On va dire profondément non, parce que, quand bien même on se doute que le gouvernement va être censuré, ou ce genre de choses, en fait, on est quand même... obligé de faire notre travail entre guillemets parce que si c'est pas le cas faut pas dire aux clients ah bah non on pensait que finalement le gouvernement serait plus là donc on n'a pas fait on poursuit globalement les missions la stratégie néanmoins sur le on va dire le travail de tous les jours notamment vis-à-vis de certains livrables mapping cartographie biographie genre de choses en fait ça ajoute beaucoup de travail à ce niveau là parce qu'il y a eu un turnover en termes de gouvernement qui est assez énorme même à l'Assemblée Nationale donc en fait il y a eu tout un travail à refaire de mapping, d'identifier quel acteur serait pertinent à cibler, qui est à quel poste, ce genre de choses. Donc en fait, c'est un travail très chronophage qu'on est obligé de faire et qui va finalement nous prendre du temps et du temps qui ne sera pas consacré à la stratégie, on va dire, plus long terme. Si on veut construire en plus des relations de confiance avec des décideurs publics, ça prend du temps. Ce n'est pas quelque chose qui va se faire en deux secondes, notamment les personnes quand un nouveau ministre va prendre son poste, il va avoir... énormément de gens rencontrés, potentiellement des intérêts plus importants ou plus gros que les nôtres, selon le contexte. En plus, c'est difficile de construire des relations avec quelqu'un qui n'est pas sûr, en plus de rester en poste. Forcément, c'est tout un travail à refaire.
- Speaker #1
Donc, si je comprends bien, une stratégie d'affaires publiques, c'est quelque chose de long terme, parce qu'on construit une relation avec des parlementaires. C'est un travail de longue haleine. Est-ce que, d'après toi, d'un point de vue macro, le fait qu'il y ait une instabilité politique en ce moment, ça... renforce les acteurs des affaires publiques parce qu'on se dit que c'est les seuls qui sont fiables là-dedans, ou au contraire, ça les dessert parce qu'on pourrait se dire que les mecs ne connaissent plus personne tous les trois mois, ils doivent refaire toute leur stratégie à chaque fois. Comment tu vois ça ?
- Speaker #0
Je pense que ça renforce parce qu'au final, il y a deux aspects. Il y a l'aspect stratégique, le travail de long terme, où finalement, c'est un travail qui, pour moi, n'est pas forcément obligatoirement impacté par cette instabilité. Et en même temps, j'ai envie de dire... Peut-être aussi parce que l'instabilité fait que les priorités politiques peuvent changer. Donc en fait, on est obligé d'adapter la stratégie selon les différentes priorités pour matcher ce discours politique et pour être sûr qu'on soit entendu par la décision publique. Mais d'un point de vue global, ce n'est pas forcément ce point-là qui va être plus impacté, mais du coup plus le côté identification, connaissance finalement des rouages politiques. Et je pense que ça, ça va avoir tendance à renforcer justement la confiance des parties externes dans les affaires publiques. C'est un travail que l'on fait constamment. Donc en fait, on a des habitudes... on a une facilité plus ou moins à le faire. Et en plus, l'instabilité fait que c'est très difficile pour un client de lire l'actualité politique. Je pense que c'est plus facile pour la personne d'affaires publiques parce qu'elle sait comment ça va se passer, on va dire, entre guillemets. Elle peut avoir des informations via son réseau que les clients n'ont pas. Le consultant peut être une sorte de phare dans la nuit en disant « Ne vous inquiétez pas, globalement, oui, il y a une dissolution, mais ça se passe comme ça, ça risque de se passer comme ça. » telle, telle, telle hypothèse, donc on va prévoir telle, telle chose.
- Speaker #1
Justement, donc là, tu parles du consultant qui va te dire, on va faire telle, telle chose. Comment, toi, tu expliquerais, tu décrirais ton métier à quelqu'un qui n'est pas du tout dans ce milieu-là ?
- Speaker #0
Mon métier, c'est d'une part, crypter l'actualité politique, c'est-à-dire observer ce qui se passe autant d'un point de vue gouvernemental, exécutif, qu'un point de vue législatif, c'est-à-dire à la Sommet nationale, au Sénat, également médiatique. C'est important. Ensuite, d'accompagner finalement des clients dans des camps privés qui peuvent être. Je précise parce que c'est quelque chose que les personnes ne savent pas, c'est-à-dire que les cabinets de conseil n'accompagnent pas seulement les entreprises privées. mais également ça peut être des fédérations, notamment des fédérations professionnelles, des associations. Il y a plein de types d'organisations professionnelles qui sont accompagnées, et pas seulement des entreprises privées. Et donc d'accompagner ces entités dans leur représentation d'intérêt. C'est-à-dire que, comme je le disais précédemment, les décideurs publics ne peuvent pas être experts dans tous les domaines. Leur dire, écoutez, par exemple, ce projet de loi, nous ça peut nous poser problème parce que ce genre de choses va impacter négativement notre activité, et ça peut aussi impacter... impacter négativement la société parce que cette chose fait que nous, on ne va pas pouvoir faire cela. Ou alors porter finalement des mesures qui peuvent être une réponse à une problématique sociétale auxquelles les pouvoirs politiques n'y ont soit pas pensé, soit se disent non, mais il vaut mieux pas creuser. Et ces clients ayant une expertise sur le sujet peuvent dire non, mais écoutez, cette chose peut finalement être une réponse. Je pense notamment à un des clients qui était aussi les producteurs de chambres. En fait, le chambre peut être utilisé de plein de manières différentes, et notamment dans le bâtiment. On peut construire des bâtiments, et même le chambre peut être utilisé comme un isolant thermique. Au moment où, en plus, on parle beaucoup de DPE et de passeports thermiques, et ce genre de choses, en fait, ça peut être une solution. Nous, on propose un produit qui peut vraiment être utile pour... S'assurer qu'il n'y ait plus de passoire énergétique, c'est une agriculture qui ne nécessite pas d'un trans, peu importe le soleillement, c'est quelque chose qui va toujours pousser, ce genre de choses. C'est vraiment ce métier d'accompagner ses clients auprès des décideurs publics pour représenter leurs intérêts et ensuite permettre aussi aux décideurs publics de prendre des décisions peut-être plus éclairées. Évidemment en faisant preuve d'une transparence maximale à ce niveau-là.
- Speaker #1
Tu parles de transparence, s'il y a une idée reçue sur les affaires publiques ? que tu pourrais déconstruire, ça serait laquelle ?
- Speaker #0
C'est plus l'image assez stéréotypée des affaires publiques que j'entends énormément. On imagine le lobbyiste comme vraiment un méchant requin à la solde des entreprises du tabac, de pétrochimie.
- Speaker #1
Est-ce que ton entourage pense comme ça ?
- Speaker #0
Mon entourage proche, non. Parce qu'on va dire que mon entourage proche évolue dans le même milieu que le mien. Donc ils connaissent un peu ces métiers, ils savent ce que c'est. Mais je me suis retrouvé de nombreuses fois en rencontrant des gens, leur dire ce que je faisais et voir le regard comme si j'étais le diable en personne. Ce que je réponds principalement à ça, c'est que les appels publics, c'est un outil. Comme un marteau, ça dépend de ce qu'on en fait. Si c'est pour taper des clous, il n'y a pas de problème. Si c'est pour taper quelqu'un, là oui, c'est plus problématique. L'allégorie est un peu tirée par les cheveux. Mais ce que je veux dire, c'est qu'au final, c'est un outil et tout dépend comment on se sert de cet outil. Le lobbying n'est pas forcément ce que l'on peut voir. dans certaines œuvres culturelles. Je pense notamment au film Goliath, par exemple. Il y a plein d'associations qui en font. Je veux dire, par exemple, je sais que le terme plaidoyer est beaucoup utilisé dans les ONG, mais en termes d'activité, c'est très semblable. Donc au final, c'est un outil. Tout dépend pourquoi on le fait et comment on le fait, évidemment. Mais là-dessus, je pense que j'ai l'impression que les gens aussi imaginent beaucoup qu'on se fantasme de côté Far West. Les dessous de table, ce genre de choses. Il faut s'imaginer que les affaires publiques sont très encadrées en termes... Il y a un cadre législatif très rigoureux. Il y a la HATVP, la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, plein de projets de loi, je pense au projet de loi SAP1, SAP2, sous Hollande.
- Speaker #1
Si je comprends bien, il y a des lois réglementaires qui obligent à se déclarer quand on fait des activités de lobbying. Est-ce que la contrainte s'arrête là ? Est-ce que c'est juste déclaratif ? Ou est-ce qu'il y a vraiment d'autres règles ? On dit il ne faut pas faire ci, il ne faut pas faire ça. Parce qu'on pourrait très bien être quelqu'un de mal intentionné et déclarer. qu'on fait du lobbying.
- Speaker #0
C'est vrai. Je pense qu'actuellement, on n'est plus sur un cadre déclaratif. Néanmoins, il y a quand même un cadre rigoureux qui est imposé, libre aux gens de me croire ou pas, mais qui est finalement imposé par la profession en elle-même et par le milieu politique généralement. Je n'ai jamais entendu parler de cabinets qui, on va dire, agissaient de manière frauduleuse. J'ai l'impression que c'est quelque chose qui ne se fait plus, je pense. Si ça s'est déjà fait, ça, je ne peux pas le dire. Je suis trop jeune pour ça. C'est quelque chose, je suis peut-être naïf, mais j'y crois absolument pas. Et je pense aussi de me dire que c'est une idée que il y a trop à perdre. De plus, les personnalités politiques ne peuvent pas accepter ce genre de choses et n'accepteront pas ce genre de choses. Donc je pense que c'est un peu un cadre rigoureux qui s'exerce par la profession en elle-même.
- Speaker #1
Pour passer à la séquence moments marquants, est-ce que tu peux partager une anecdote marquante de ton expérience ou une leçon importante que tu as retenue ? Ou aussi ton plus grand moment de fierté ?
- Speaker #0
C'est difficile pour moi, encore une fois, de ressentir un moment, j'ai pu le dire, je suis vraiment encore en phase d'apprentissage, on va dire, mais le sentiment de fierté, c'est vraiment ce côté, les premières fois où moi, personnellement, j'ai réussi à boucler des missions par moi-même et en étant fier de mon travail, parce que c'est un milieu qui est très exigeant, qui demande beaucoup de connaissances, beaucoup de savoir-faire. Et là, oui, la première fois où j'ai été amené à faire une réunion client tout seul et que tout s'est bien passé, je me suis dit, ah voilà, c'est... J'ai été fier vraiment de moi et de mon travail. Les moments où en plus je reçois des retours positifs de la part des managers ou des consultes enseignants, ce genre de choses, c'est quelque chose qui est toujours très important. Et si je devais repasser un message justement aux managers du milieu, c'est vraiment... Les critiques constructives sont toujours très importantes parce que personne ne peut être parfait dès le début et personne ne peut tout réussir, c'est normal. Mais ne surtout pas négliger les retours positifs, c'est très important pour les jeunes, les juniors, ce genre de choses. C'est quelque chose qui peut vraiment pousser les personnes à sortir de leur concours, à être fiers d'elles. Donc vraiment, si vous trouvez que le travail est bien fait, dites-le, vraiment.
- Speaker #1
Toi qui démarres, est-ce que tu aurais aimé savoir quelque chose en particulier avant de commencer ? Et dans la même veine, quel conseil tu donnerais à quelqu'un qui souhaite se lancer dans les affaires publiques ?
- Speaker #0
Faire appel à sa curiosité, c'est quelque chose de très important. Toujours poser des questions parce que c'est un travail tellement exhaustif. Ne serait-ce déjà que la procédure législative qui est quand même... Oui, on peut en faire un résumé simple, mais connaître tous les rouages précis, c'est quelque chose qui demande des années avant d'être maîtrisé. Donc vraiment, le conseil, c'est toujours être curieux et ne pas hésiter à poser des questions, surtout. Montrer de la curiosité, de la volonté, de l'enthousiasme et normalement tout de revivre à se passer.
- Speaker #1
On arrive au bout de cet entretien, Simon. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu aurais voulu dire, que tu n'as pas eu l'occasion de dire jusqu'ici ? Et sinon, je vais te demander de nous partager une recommandation culturelle.
- Speaker #0
Je pense ne pas hésiter à laisser la chance aux juniors. Je le dis parce que forcément, je suis dans cette position. Je vais essayer de parler au nom de tous, mais vraiment, il n'y a rien de plus démotivant quand on commence sa carrière professionnelle et qu'on est en charge de travail, de voir aucune offre sous trois ans d'expérience. Il y a plein de jeunes qui veulent rentrer dans ce milieu-là, qui ont faim et qui sont prêts à vraiment tout donner. Le temps de formation, ce n'est pas du tout de dur perdu, au contraire. pour moi il faut le voir comme un investissement et sinon en recommandations culturelles je pense que ce serait la série de Borgen donc une série danoise qui date de 2010 pour la première saison, je pense que Poilé c'est une jeune femme danoise qui est membre du parti on va dire centriste au Danemark qui se trouve un peu malgré elle propulsée pour un ministre donc chef du gouvernement c'est très intéressant ça traite de la sphère politique mais aussi médiatique et on peut voir un peu la porosité entre ces deux sphères quand on est fan de politique on se régale et ça permet aussi de déconnecter on va dire parce que c'est vrai que c'est délicat si on rentre chez soi après une journée de travail et qu'on regarde une série politique française on peut avoir l'impression d'être toujours au travail donc ça permet de regarder quelque chose qui me passionne et de déconnecter aussi également de la sphère politique française
- Speaker #1
Trop cool,
- Speaker #0
merci beaucoup Simon Merci à toi Pierre A la prochaine
- Speaker #1
Merci d'avoir écouté Hémicycle le podcast qui décrypte la fabrique de la loi Je m'appelle Pierre, je suis le co-fondateur de l'Egywatch la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. À bientôt !