- Speaker #0
Mais le vrai travail de parlementaire, il se fait en commission, il se fait sur le terrain, il se fait sur les rencontres, et c'est peut-être ça qu'on devrait un peu plus montrer. Pour accompagner beaucoup beaucoup de parlementaires, il y en a quand même énormément qui bossent, qui font des super actions, qui sont tout le temps sur le terrain, et c'est même la majorité. Tu contactes quelqu'un qui est directeur des affaires publiques, ou alors un CEO, tu lui demandes si on peut prendre un café pour comprendre, t'as pas de mal à ça, c'est comme ça qu'on est passé. Si tu te prends un vent, ça rafraîchira, qu'est-ce que je te dis, moi j'en prends tous les jours des vents, c'est normal, mais par contre j'arrive à avoir des super interlocuteurs aujourd'hui.
- Speaker #1
Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Victor Lullier, fondateur de l'agence hybride. Salut Victor !
- Speaker #0
Bonjour Pierre !
- Speaker #1
Est-ce que tu peux te présenter pour nos auditeurs et auditrices ?
- Speaker #0
Absolument, merci de me recevoir. Victor Lullier, meusien d'origine, depuis quelques temps à Paris maintenant. J'ai fondé une agence qui accompagne des dirigeants et des personnalités politiques. Et puis juste avant cela, j'étais responsable des affaires publiques d'une société qui s'appelait 22.
- Speaker #1
Ok, donc tu es bien ancré dans ce milieu. Comment est-ce qu'on tombe là-dedans, Victor ? Est-ce que tu peux raconter ton parcours ?
- Speaker #0
Ça fait un petit peu Edouard Baer, mais je pense que la vie, c'est des rencontres. Et j'ai eu la chance de rencontrer un enseignant qui s'appelait William Eldin, qui est justement le fondateur de 22. J'ai fait un stage auprès de lui. Et après, j'ai eu envie justement aussi de monter ma boîte. Donc, c'est ce que j'ai fait. J'ai accompagné avec Thomas Krebs 17 candidats aux élections législatives. On a eu la chance d'en faire passer 12. Et puis, comme j'avais dit à William que je souhaitais continuer un peu l'aventure avec lui, je l'ai rejoint juste après cette aventure entrepreneuriale. Et c'est ce qui s'est passé pendant deux ans. Puis maintenant, j'ai la chance d'avoir mon agence et d'accompagner mes propres clients.
- Speaker #1
Super intéressant. Tu as un parcours qui est très riche. Comment tu décrirais ton quotidien à quelqu'un qui est loin de ce milieu ? Est-ce qu'il y a des choses qui reviennent ?
- Speaker #0
Absolument. Je pense que l'actualité, ça fait partie prenante de notre métier. C'est une partie prenante de notre métier et donc on est obligé de la suivre au jour le jour. Ensuite, les rencontres. J'en parlais un petit peu juste avant. On est obligé de revoir un peu les mêmes personnes, de se créer un écosystème qui soit bienveillant et surtout aussi à l'affût lui aussi de toutes les nouveautés et les nouvelles. Et puis, je dirais aussi de suivre l'actualité parlementaire, notamment dans les affaires publiques, pour suivre le cadre législatif, que ce soit au niveau européen ou au niveau français.
- Speaker #1
Du coup, moi ce que je comprends des invités que j'ai la chance de recevoir, c'est que souvent ils défendent une vision de la société. Souvent c'est à travers leur activité, ils n'en ont qu'une seule, toi tu fais plein de choses en même temps, ou en tout cas tu es sur beaucoup de sujets. Vers quelle société voudrais-tu qu'on tende ?
- Speaker #0
Je pense que déjà, j'ai la chance de travailler avec des gens que j'aime bien, et qui ont des valeurs, et ça c'est hyper important. Donc travailler avec des personnes qui partagent les mêmes objectifs de vie, c'est une chose cruciale. Et je pense que la bienveillance, l'intérêt commun, alors évidemment ça fait un petit peu bateau, mais c'est des choses essentielles, font partie de ce que je souhaite développer comme modèle. Donc accompagner des parlementaires qui ont ces mêmes objectifs, c'est primordial pour moi, et en même temps les entreprises. Que ce soit un développement durable d'une société durable, qu'on puisse exprimer ensemble en tout cas une cohésion, c'est clairement ce que je souhaite, donc on choisit ces combats. Que ce soit dans le numérique, je pense qu'il y ait une régulation saine, c'est important. qu'il y ait une régulation saine aussi de l'innovation, c'est important. Donc voilà, on peut choisir ses combats, même s'ils peuvent être différents parfois. Par exemple, moi j'ai eu la chance de m'engager sur le droit à mourir dans la dignité. Je pense que ça fait partie de mes valeurs. De la même façon que je m'engage pour des territoires qui sont sinistrés, je pense qu'il faut parler aux gens, c'est important, les comprendre, et vraiment dans leur diversité, et plus on est diversifié, plus on est capable de répondre à un ensemble de choses, et notamment envers les clients, donc c'est aussi important.
- Speaker #1
Dans les combats que tu mènes ou que tu as menés, tu évoquais tout à l'heure l'agence 22, c'est une startup spécialisée dans l'analyse vidéo via l'IA. Je peux imaginer que ton travail, ça a été de travailler auprès de la législation concernant l'IA. Quel est pour toi le futur de l'IA en termes de législation ? Qu'est-ce qu'il devrait être ? En tout cas, qu'est-ce que tu portais à ce moment-là ?
- Speaker #0
Alors ouais, 22, c'est une entreprise qui est éditrice de logiciels en intelligence artificielle et qui vient analyser les flux vidéo des caméras. Alors tout de suite, on peut avoir un peu peur. parce qu'on se dit, bon, Big Brother, on va être surveillé, etc. Et en fait, il y a plein de choses à déconstruire, et mon métier, il passait aussi par là. Parce que d'une part, nous, on était dans la promotion d'une technologie, qu'on peut dire bienveillante, et du respect du RGPD. Donc c'est-à-dire que, paradoxalement, peut-être dans l'écosystème, on était un peu les viliens petits canards, parce qu'on souhaitait que le RGPD soit appliqué, mais pour tout le monde. Parce que si toi tu l'appliques, c'est une concurrence déloyale. Donc tu fais en sorte de le respecter. Donc de concevoir un produit qui est privacy by design, qui respecte de la collecte de la data. à l'application, à la mise en place, etc., qui respectent le RGPD. Ensuite, évidemment, quand on rencontre les pouvoirs publics, les institutions, le devoir d'une entreprise, c'est de lui dire ce qui permet de se développer. Alors, il faut un cadre qui n'est pas spécialement contraignant à l'innovation, qui respecte évidemment l'être humain. Et donc, la vision, nous, notre vision, c'était de dire, écoutez, vu que vous souhaitez mettre en place une réglementation qui soit plutôt contraignante, donnez des facilités aux entreprises de l'écosystème. Donc ça passe par, par exemple, des jeux de données qui sont annotés, nous, dans l'IA, qui sont en open source, entre guillemets, mais qui permettent aux entreprises d'avoir une donnée qualifiée et utile. Et puis l'idée aussi, c'est quand tu es une startup, et c'est ça que je trouvais très bien chez 22, c'est qu'on avance, mais on avance pour l'écosystème. Donc tu peux travailler avec des concurrents sur le fait de dire, écoutez, la commande publique, elle doit être un peu plus grande pour les startups. Ça, c'est un des cas aussi sur lequel on militait. Donc ça va plus loin que de la technologie. Maintenant, le futur, pour répondre à ta question, je ne l'ai pas oublié. Je pense que c'est une question qui est vaste, mais qui dépend justement aussi de cette réglementation. Parce que l'adage mainstream de dire que les États-Unis innovent, la Chine copie et l'Europe réglemente est connu. Mais il faut surtout, en fait... faire en sorte de faciliter l'innovation aux startups et surtout de donner des moyens d'accélération. Donc pour moi, le futur de l'innovation, en tout cas en Europe, il va passer très clairement par le fait qu'on donne des moyens supplémentaires aux startups pour accélérer le scale et le business à grande échelle. Donc typiquement, si aujourd'hui une startup fait une levée de fonds en série A et réussit à créer un produit super stable et en plus de ça, a déjà ses preuves de marché, elle va lui permettre à terme d'avoir une plus grosse série B, plus grosse série C. avec des institutions et des fonds français européens qui vont vous permettre justement d'avoir des champions européens. Et aujourd'hui, c'est peut-être un peu ce qui manque.
- Speaker #1
Alors tu parles de respect du RGPD et de vidéos en même temps. Moi qui ne suis pas ultra connaisseur de ces sujets-là, pour moi le RGPD, c'est le fait de récupérer le minimum de données, l'utilisateur, les données seulement qui sont vraiment essentielles avec son consentement. Comment on fait pour avoir ça en vidéo ? Ça me paraît être le moyen le plus intrusif de communication.
- Speaker #0
C'est une très bonne question. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le RGPD met déjà un cadre réglementaire qui est de supprimer les données au bout de 30 jours, quelles que soient ces données. Après, il peut être prolongé dans le cadre d'une opération judiciaire, mais c'est très réglementé. C'est-à-dire que très peu de gens ont accès aux vidéos en tant que telles. Ensuite, il ne faut aucun moyen pour que ce logiciel puisse vous reconnaître directement. ou ne serait-ce que la caméra. Donc ça, à partir du moment-là que tu respectes ces données, tu respectes entre guillemets le RGPD. Ensuite, il y a aussi une question de vision. Aujourd'hui, 22 a la volonté de sortir du prisme de la sécurité. C'est-à-dire que ce sont des capteurs qui sont installés, déployés, qui sont utilisés à partir de 1% seulement, c'est-à-dire qu'il n'y a qu'un seul pourcent des caméras dans le monde qui sont utilisées, et en fait, dire que ça peut être nos yeux, tout simplement. Ça peut servir dans le retail, ça peut servir dans la logistique, ça peut servir à... détecter un départ de feu, détecter une personne qui tombe, détecter simplement le temps de présence d'une personne devant un rayon sans l'identifier. C'est là où c'est génial. C'est de se dire, en fait, on a déjà des capteurs qui existent, utilisons-le pour soit améliorer l'excellence opérationnelle, soit pour sauver des vies. Donc finalement, on peut avoir un outil qui est dédié à la base à la sécurité, ce qui peut faire peur, mais aussi on peut l'utiliser autrement. Et c'est ce que 22 fait aujourd'hui.
- Speaker #1
Quand on travaille dans un secteur qui est encore assez peu réglementé comme l'IA, à qui on s'adresse, quel parlementaire t'as allé chercher, est-ce qu'il y a des groupes de travail aussi j'aimerais avoir ta vue personnelle sur l'ouverture qu'il peut y avoir de ce côté là, est-ce que c'est un sujet qui te paraît accessible ou au contraire est-ce qu'il y a certains groupes politiques qui sont très fermés ou voilà c'est la question essentielle quand on travaille dans un secteur qui n'est pas réglementé ou en tout cas pas à
- Speaker #0
100% L'innovation c'est très compliqué et surtout les parlementaires ou les institutionnels ne sont pas toujours formés à toutes les innovations et c'est normal. Donc d'abord il faut cartographier, ça c'est vraiment le maître mot dans notre métier, la cartographie des acteurs qui ont une influence certaine sur les sujets. Donc tu commences à regarder des députés qui s'intéressent au sujet, qui font des déclarations, donc il faut les identifier, il faut avoir des outils pour. Et ensuite il faut aussi être capable de regarder les consortiums ou les alliances ou les associations qui portent ces sujets. Parce que tout seul, c'est intéressant de mener des combats et tu vas peut-être gagner une bataille, mais ce qui est sûr, c'est qu'il faut s'entourer et il faut surtout se regrouper parce que tu viens défendre des positions de filière, d'un écosystème et une économie qui est beaucoup plus riche que ta seule entreprise. Une fois que tu as cartographié ces éléments, tu vas préparer des documents ou alors des interventions qui vont permettre justement d'enrichir la voie parlementaire. Ça peut être un kit parlementaire qui va expliquer tous les enjeux de la filière, ça peut être un livre blanc, ça peut être des rencontres, des prises de position aussi en commission, et évidemment ça c'est pour le volet parlementaire. Il y a aussi évidemment le cas à caractère ministériel, c'est-à-dire rencontrer les décisionnaires au plus haut de l'État pour leur expliquer encore une fois les besoins de la filière. Donc ça peut être aussi les administrations centrales qui elles sont confrontées d'un côté en même temps à des petites startups qui viennent réclamer tous les jours des petits dossiers. Et puis en même temps, les gros industriels qui arrivent avec leurs armées d'affaires publiques, mais pas que, pour tout simplement dire, aujourd'hui, je veux qu'on avance sur tel ou tel sujet. Et donc, il doit y avoir un juste milieu. Et en même temps, il faut aussi que nous, en tant que startup, et je pense que c'est essentiel, qu'on comprenne les enjeux des acheteurs, ou les enjeux des administrations, ou des ministères. Parce qu'eux aussi, ils ont des enjeux. Et je pense que si on arrive à faire ce juste milieu, ce qui n'est pas souvent le dit ou le cas, dire que ce n'est pas tout blanc d'un côté et tout noir de l'autre, on arrive à des compromis qui peuvent permettre d'avancer. Aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, on fait face à des partis politiques qui sont fragmentés et aussi des groupes, une multitude de groupes, 10 ou 11 groupes, enfin, ça n'était jamais arrivé avant. Donc c'est-à-dire qu'il n'y a pas une majorité où tu vas viser simplement le président de groupe ou alors les ministères, c'est-à-dire que tu dois parler, et c'est ça qui est intéressant aussi, dans une pluralité de groupes parlementaires et donc, tout simplement, expliquer plus encore ton métier, ce que tu fais et pourquoi tu viens les voir. Il y avait, nous en tout cas, dans la partie innovation, peut-être des freins. sur certains groupes parlementaires, mais à chaque fois qu'on sortait, en tout cas, du rendez-vous, ce n'était pas tout blanc ni tout noir, encore une fois. Donc, tu peux avancer sur trois sujets alors que tu venais pour dix, alors que tu pensais que c'était mort, tout simplement parce que tu as formé ou parlé d'un sujet d'innovation. Donc, je ne dirais pas qu'il y ait des groupes qui sont peut-être, en tout cas, marqués plus contre l'innovation que d'autres. En tout cas, sur 22, on a rencontré quelques difficultés, peut-être. en rencontrant certains partis politiques, enfin partis politiques, groupes parlementaires. Mais quoi qu'il arrive, on s'en est toujours bien sortis à la fin, parce qu'en fait, d'une part, on avait cette démarche honnête. Et puis, je vais raconter, je terminerai la question là-dessus. Moi, ce que j'aime bien dire quand je rencontre un parlementaire, c'est que vous soyez pour ou contre, c'est normal, c'est la démocratie. Juste dites-nous tout de suite ce qui vous fait peur. Dites-nous aussi vos craintes et pourquoi vous êtes contre. Parce qu'il n'y a rien de pire, rien de pire. que de ne pas savoir le positionnement de ton interlocuteur. Est-ce que finalement, tu as des doutes et tu ne sais pas après sur quoi t'appuyer, sur quoi t'en sors ? Donc à la limite, je préfère qu'on me dise non, mais au moins, je sais à quoi m'en tenir.
- Speaker #1
Tu parlais à l'instant justement du fait de votre positionnement startup. J'ai l'impression que c'est un phénomène assez nouveau que les startups recrutent des gens en affaires publiques. Est-ce que tu peux parler de ton ressenti ? Est-ce qu'il y a une grosse différence avec quelqu'un justement qui représente un grand groupe ? Et toi, comment est-ce qu'on doit s'adapter ?
- Speaker #0
C'est assez récent, ça fait quelques années que maintenant les startups prennent des directeurs d'affaires publiques ou des responsables, sachant que c'est un coût, parce que les startups doivent vite être rentables et en même temps elles font avancer l'écosystème entier, donc c'est un peu une charge pour eux. Je pense que le métier d'affaires publiques, j'en parlerai après, a un petit peu évolué d'ailleurs dans les startups. La différence entre un grand groupe et évidemment la startup, c'est le nombre de personnes qu'elle représente et puis en même temps le chiffre d'affaires qu'elle apporte. Maintenant, on voit de plus en plus de directeurs d'affaires publiques dans des grands groupes qui viennent dans des startups parce qu'il y a un tel challenge. Et en même temps, quand tu arrives dans un secteur qui n'est pas régulé à 100%, c'est hyper excitant de pouvoir dire j'apporte ma pierre à l'édifice. Donc ça, c'est ce qu'on observe de plus en plus. Maintenant, pour revenir sur la partie responsable d'affaires publiques dans une startup. On voit que le métier a tendance à évoluer vers aussi des parties business, dossiers complexes, parce que le responsable d'affaires publiques a aussi une connaissance des enjeux politiques des grandes entreprises. Donc il va devenir un interlocuteur pour aussi contacter les grands groupes, pour pouvoir dire « écoutez, moi j'existe, soit on fait des choses ensemble aux parties business, et je vous mets en lien avec mes directeurs, par exemple, de sales. » Ou alors, on peut regarder aussi ce qu'on fait ensemble pour l'écosystème, parce qu'on sait qu'on sera plus crédible avec vous. Maintenant, les startups se rejoignent quand même bien entre elles. C'est-à-dire que même s'il n'y a pas forcément de grands groupes dans certains consortiums, le fait d'avoir une trentaine, quarantaine de startups sur une partie qui est innovante, permet d'apporter une crédibilité quand même qui est assez forte. Donc voilà, je pense qu'aujourd'hui, on a des très bons directeurs d'affaires publics qui sont dans des startups et qui montent. Après, tu as startup et startup dans le sens où si tu as déjà levé 500-600 millions en série A et que tu arrives avec un gros directeur d'affaires publiques, ce n'est pas la même qu'une startup qui est aussi dans l'innovation, mais qui va être 10-12 et qui a un directeur des affaires publiques, c'est courageux aussi. Les deux ont le même combat, mais pas la même méthode.
- Speaker #1
Est-ce que tu penses que c'est plus difficile d'avoir un rendez-vous quand on est d'une startup, en tout cas quand on a un chiffre d'affaires qui est plus petit qu'un autre interlocuteur ? Est-ce qu'aussi les parlementaires ou les gens qui vous reçoivent vous prennent tout aussi au sérieux d'après toi ?
- Speaker #0
Je pense que c'est toujours une question d'approche. Alors la réponse est évidemment oui, c'est-à-dire que tu es une start-up, donc à partir du moment où tu contactes par exemple un grand élu ou alors un ministère et que tu n'avais pas été identifié avant, c'est peut-être plus compliqué aujourd'hui d'avoir un rendez-vous, ce qui n'était pas trop le cas pour nous. Donc je parle à la place des autres. Maintenant, je pense que les parlementaires sont de plus en plus sensibles quand même à l'innovation et aussi aux start-ups. La France avait mené une politique exceptionnelle pour les startups, ne serait-ce qu'avec la French Tech, avec la BPI, ce qui fait qu'on arrive aujourd'hui quand même à connaître ne serait-ce que le mot startup et entreprise, sans forcément que ce soit dévalorisant pour des parlementaires qui ne sont pas du tout sur ces sujets-là. Il y a aussi un sujet qui est que les territoires innovent de plus en plus et souhaitent repérer leurs pépites, c'est-à-dire valoriser et aider en même temps l'entrepreneuriat dans les circuits. dans les départements où c'est compliqué. Il ne faut pas hésiter je pense quand on est une petite entreprise à vouloir contacter le parlementaire ne serait-ce que pour lui parler de ses difficultés, c'est son rôle aussi. Franchement j'encourage de plus en plus les startups à les rencontrer parce que ça aussi en même temps c'est porter des sujets et de comprendre les difficultés. Donc oui évidemment quand on est un grand groupe c'est plus facile parce qu'on a déjà les connexions, on est déjà installé, on connaît la légitimité mais c'est pas pour autant que les startups sont moins crédibles face à un parlementaire.
- Speaker #1
Tu parlais de l'évolution du métier des affaires publiques dans les startups tout à l'heure. Est-ce que tu veux développer ce point ?
- Speaker #0
Oui, je peux en parler un petit peu parce qu'on l'a vu vraiment évoluer dans le sens où, encore une fois, une startup, son ambition, c'est d'être rentable le plus rapidement possible. Donc si tu as un facteur coût qui s'appelle les affaires publiques et qui ne ramène pas spécialement de business, c'est un petit peu compliqué. Donc je pense que l'idée, c'est de faire en sorte que ton directeur des affaires publiques puisse vraiment... cartographier au mieux ton écosystème pour mieux le comprendre et surtout te permettre toi d'aller chercher entre guillemets les bons partenariats les bons clients aussi à terme pour justement évoluer plus sereinement et faire du chiffre d'affaires c'est aussi simple que ça je pense que ce métier évolue de plus en plus je parle pas de cadre législatif dans ce cas là je parle vraiment de dire entre directeurs d'affaires publiques aujourd'hui à plein de cercles qui existent pour justement comprendre les bonnes méthodes et se partagent de bonne façon de bonne de bonnes méthodes il est essentiel aujourd'hui quand tu arrives dans un secteur qui est bien connu entre guillemets qui a ses propres cercles donc voilà je pense qu'aujourd'hui il faut pas hésiter à demander un directeur d'affaires publiques ou alors à des agences parce qu'il ya des agences aussi qui font entre guillemets des affaires publiques et tu vois plein de start up maintenant aujourd'hui qui font appel à des agences pour justement aller voir des parlementaires soit pour aller présenter en fait les besoins mais surtout aussi cartographié encore une fois l'écosystème quand tu dis amener du business en même temps
- Speaker #1
Tu donnais l'exemple tout à l'heure de j'appelle un autre groupe et je leur propose un peu le coup double. On travaille ensemble sur la stratégie et pourquoi pas le business. Toi, ton rôle en tant que directeur des affaires publiques et aussi partie commerciale, comment tu faisais pour allier les deux concrètement ?
- Speaker #0
C'est vrai que moi, j'ai évolué des affaires publiques jusqu'au business parce que c'était une compétence que je voulais développer au sein d'une boîte qui justement était en croissance. Donc, c'était l'objectif. L'idée, enfin moi, ce que ça m'a apporté les affaires publiques, c'était justement cette... capacité à cartographier dans les entreprises les bons acteurs et les bons dirigeants. Donc aller voir aussi s'il fallait voir la direction de l'innovation parce qu'un directeur des affaires publiques a cette capacité, ne serait-ce politique, de croiser beaucoup de monde dans chaque événement et donc d'avoir cette cartographie. Moi par exemple ça me permettait de savoir que là il y avait le directeur de l'innovation, le directeur du marketing, le directeur de la sûreté, le DSI, puis en même temps il y avait le COMEX. Quand tu es une start-up tu dois être capable de taper un peu tout en même temps, ce qui n'est pas si simple que ça. Donc cette capacité entre guillemets à identifier les bons acteurs. permettait de gagner du temps. Parce que finalement, c'est ça le facteur clé d'une startup ou d'une entreprise qui se lance, c'est le temps. Ce qui n'a pas spécialement un grand groupe. C'est toujours ça la difficulté d'ailleurs entre un startup et un grand groupe, c'est la temporalité ou même d'ailleurs les ministères. C'est-à-dire qu'on n'a vraiment pas du tout le même calendrier. C'était plutôt un appui entre guillemets au business sur cette cartographie avant d'y passer à 100%. Donc de dire, c'est celui-là qu'il faut que tu contactes, je facilite l'accès, c'est moi qui contacte, j'ai l'étiquette affaires publiques, c'est assez simple. C'est plus... on peut partager les bonnes pratiques et donc voilà c'était comme ça que ça se faisait.
- Speaker #1
Super intéressant. Au-delà de ça, donc tu es le fondateur d'une agence, est-ce que tu peux nous en parler davantage ?
- Speaker #0
Absolument. Il y a trois volets. Il y a la stratégie électorale pendant les élections, c'est quelque chose que j'adore faire, la stratégie c'est aller dans les circonscriptions, analyser, cartographier encore une fois et voir comment on peut aider un candidat, une candidate à gagner l'élection. Donc j'avais monté ça en 2022, 17 candidats, 12 élus, c'était incroyable, on ne pensait pas faire autant. et j'avais embauché 5-6 personnes justement là-dessus et on s'est dit ok, il faut pérenniser l'opération. Donc là l'idée c'est encore une fois d'accompagner sur tout type d'élection, que ce soit les municipales, j'ai déjà eu aussi des expériences régionales et départementales, ce qui me permettait de lier tout ça. Ensuite il y a un volet qui est plutôt conseil aux dirigeants et stratégie d'influence comme de crise, qui va permettre d'une part aux dirigeants... de s'installer dans le territoire correctement et de comprendre aussi les difficultés que tu peux avoir quand tu t'installes ou alors tout simplement quand tu souhaites te développer. Donc typiquement, je vais pouvoir cartographier encore une fois tous les acteurs importants et puis aussi apporter une stratégie de développement. Parce que c'est aussi ce que j'ai appris chez 22 et mon ancienne boîte, comment tu te développes, c'est-à-dire tu vas lever des fonds, tu vas tout simplement aussi embaucher une agence de com. Donc moi, je fonctionne avec un écosystème aujourd'hui. Et la troisième partie, c'est vraiment l'implémentation des technologies dans les territoires. Donc c'est de dire comment, dans des territoires sénistrés, tu peux utiliser l'IA, tu peux utiliser un ensemble d'outils qui va permettre de faire venir des acteurs importants, mais aussi en même temps aller plus vite et répondre à des missions de services publics qui te sont accordées.
- Speaker #1
Tu parles d'écosystème, tu parles de réseau. Comment est-ce qu'on fait pour rencontrer des gens qui veulent devenir parlementaires ? Est-ce que moi, je peux... Là, tu appelais tout à l'heure, je te dis « Ok, on y va aux prochaines élections » .
- Speaker #0
Oui, c'est un peu comme ça. C'est-à-dire, tu sais, quand on a lancé, on faisait de la prospection. C'était dire, ok, on est une petite agence, mais notre force, c'est qu'on a embauché des gens qui sont de tout type de circonscriptions, zones rurales, zones urbaines, qui viennent d'outre-mer, qui viennent de partout. Moi, j'ai une spécialité outre-mer qui est assez forte aussi. Et donc, on s'est dit, ok, on va vous comprendre. On ne va pas seulement être une agence de graphisme où on va vous dire, voilà, il faut mettre telle couleur, telle couleur. Non, on va vraiment parler stratégie. Chaque fois que je vois un client qui, justement, souhaite devenir parlementaire ou... c'est du long terme, parce qu'on fait beaucoup de stratégies d'implantation, ça aussi c'est intéressant. Les stratégies d'implantation, c'est de se dire, je sais que je ne vais pas gagner cette fois-ci, mais ça va m'installer, etc. Donc on a du long terme. J'ai aussi des candidats pour des présidents de région. Une fois que tu viens me voir, on va passer deux, trois heures, ou en tout cas peut-être une heure si ça se passe bien, mais où on va se challenger, c'est comprendre en fait. C'est de l'humain, c'est-à-dire voir les forces, les faiblesses. Je suis plutôt quelqu'un d'assez franc, donc il faut savoir aussi travailler là-dessus, mais c'est bienveillant. C'est-à-dire que je pense que c'est important d'avoir la capacité de dire les choses et surtout de les entendre aussi. Donc on peut me challenger, il n'y a pas de souci, au contraire, on peut me rentrer dedans. Mais ce que j'attends, c'est aussi cette capacité aujourd'hui à se remettre en question. Et j'ai de la chance de travailler avec des gens, justement des parlementaires, mais pas que, des candidats-candidates, qui justement savent se remettre en question. Donc ça, c'est vraiment un plaisir aussi.
- Speaker #1
Comme c'est un exercice que tu as fait plusieurs fois, est-ce qu'il y a une sorte de starter pack ? Toute personne qui arrive, les choses à faire et à pas faire.
- Speaker #0
Absolument. Je pense que comme tout métier ou comme tout entre guillemets entreprise, on peut proposer un template classique. C'est-à-dire aujourd'hui, on cartographie banalement la circonscription, on regarde un peu les opposants, etc. Mais il faut aller beaucoup plus loin que ça. Il faut surtout comprendre d'une part ce qui motive aussi la personne que tu as en face de toi, ce qui motive aussi les personnes qui sont en face de toi. Et surtout, il y a un grand principe qui est la loyauté en politique, ou en tout cas envers les clients. et c'est-à-dire qu'on n'accompagne pas de clients dans la même circonscription. J'ai déjà vu des agences le faire. Donc, je veux dire, ça, c'est important pour nous. L'élection en tant que telle, au niveau business, si tu veux qu'on parle France, c'est pas quelque chose de très rentable. Je veux dire, si c'est quelque chose qui me passionne, moi, tu t'en sors bien, mais tu te bases sur des comptes de campagne ou alors via des partis politiques. C'est pas quelque chose qui m'intéresse. Moi, ce qui m'intéresse, c'est de travailler dans le temps avec des parlementaires ou avec des élus, avec des conseillers départementaux, régionaux. pour voir comment on peut améliorer le territoire. Donc c'est peut-être une philosophie qui est un peu moins business que mes autres activités, mais qui me plaît, et surtout ça te fait rencontrer des gens, et t'évolues mentalement très fortement, donc c'est super chouette.
- Speaker #1
Est-ce que c'est une manière de créer un réseau pour porter des sujets après plus facilement à l'Assemblée ?
- Speaker #0
En quelque sorte, oui. On ne va pas se mentir, parce que d'une part tu accompagnes. Maintenant, il faut être capable de différencier les deux. Parce que d'une part il y a une réglementation, c'est important de la respecter. La deuxième chose, tes clients qui viennent sur la partie électorale, ils ne viennent pas pour que tu viennes apporter des startups par la suite. Ça, c'est très important. C'est-à-dire qu'il faut différencier les deux. Moi, je tourne aujourd'hui autour de 20 parlementaires que j'accompagne. Je les vois très peu dans des autres cadres. C'est-à-dire que ce n'est pas mon sujet. S'il y a des sujets qui viennent où ils me sollicitent pour dire « je souhaite rencontrer 15 entreprises, pas qu'une seule, mais 15 entreprises sur tel ou tel sujet pour un rapport, est-ce que tu peux faciliter ? » Pas de souci, je vais le faire. Mais maintenant, c'est clair que j'essaie de différencier à fond les deux, parce que c'est pas sain, en plus.
- Speaker #1
Est-ce que baigner dans ce monde politique aussi fréquemment, ça te donne envie d'en devenir un ?
- Speaker #0
C'est une question qu'on pose souvent, et la réponse est non. La réponse est non, tout simplement parce que ce que j'aime aujourd'hui, c'est tout simplement ce que je fais, déjà. Donc c'est cette stratégie, cette indépendance, entre guillemets. Moi, aujourd'hui, j'accompagne du PS jusque l'IOT, donc c'est-à-dire que j'ai des LR aussi au Sénat. mais je travaille avec des gens que j'aime bien et qui ont des valeurs. Moi, par exemple, typiquement, une personne de gauche qui ne va pas aller dans les banques alimentaires, mais une personne de droite qui y va, je vais préférer la personne de droite. C'est comme ça que je fonctionne. Ça, encore une fois, j'ai le choix et j'ai la chance de pouvoir le faire. Maintenant, j'ai vu ce que ça impliquait. Et souvent, on ne voit pas totalement ce que va faire un parlementaire, mais je peux donner l'exemple de mon département. Moi, je viens du département de la Meuse. Parlementaire, si on cite Franck Médonville, qui est sénateur de la Meuse, il va faire 100 000 à 120 000 km par an. Je veux dire, juste... pour aller rencontrer ces 580 villages. Tout le monde ne le fait pas. Mais quand il y a à cœur de le faire, tu dois faire tous ces kilomètres, ne serait-ce que pour rencontrer les maires, rencontrer aussi les personnes qui sont actives sur notre territoire. Ça demande un engagement qui est d'une part très chronophage, mais qui en plus te limite dans tes autres champs d'action qui sont finalement le cadre de la loi, etc. Donc lui, il est très présent sur les deux, on a de la chance. Mais ce que je veux dire, moi je pense que j'ai... plus d'impact dans ce que je fais aujourd'hui que si j'étais parlementaire. Ça changera peut-être plus tard, mais aujourd'hui, je pense que j'en ai plus dans ce que je fais aujourd'hui.
- Speaker #1
Tu parles des groupes politiques que tu accompagnes. Je note qu'il y en a certains qui sont exclus. Au niveau de ton travail, est-ce que la situation politique, que ce soit les dissolutions ou la montée de l'extrême droite, comment ça impacte ton quotidien ? Est-ce que ça a un impact ?
- Speaker #0
On pourrait dire que c'est bon pour le business, entre guillemets, parce que tu as des élections toutes les dix minutes, évidemment. Mais ce n'est pas spécialement ce que je retiens le plus parce que ce n'est pas pérennisé. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a du mal à se projeter. Et aujourd'hui, sur un dirigeant, comment tu fais pour te projeter ? Nous, on a développé des solutions qui font qu'on sait les acteurs qui restent, entre guillemets, et surtout, on va pouvoir les accompagner dans ce sens-là. Nous, on exclut de fait le Rassemblement national, on n'a pas de mal à le dire. Au contraire, je n'accompagnerai jamais. J'ai eu des propositions reconquêtes aussi. et donc c'est vrai que je vois de plus en plus de directeurs d'affaires publiques quand même traité avec eux c'est à dire qu'ils sont une part importante aujourd'hui de l'assemblée nationale c'est un choix donc chacun les fait en bonne conscience nous je dirais que la partie dissolution ou la partie gouvernement qui reste trois quatre mois d'une part c'est pas bon pour le business et je pense pas que ce soit un mauvais mot entre guillemets de dire business mais aussi ne serait-ce que pour la projection que tu te fais pour les Français, en fait. Aujourd'hui, comment les Français réagissent quant à tant d'instabilité, et surtout des promesses qui ne sont pas spécialement tenues de la part des politiques. Donc, ce n'est pas spécialement quelque chose de sain, au contraire.
- Speaker #1
Pour rebondir là-dessus, en effet, le sentiment qui se dégage, c'est qu'on a de moins en moins confiance dans notre classe politique, notamment dû, entre autres, aux dissolutions, mais aussi, potentiellement, au manque de transparence qu'il y a dans les activités politiques. Les affaires publiques ont mauvaise presse, mauvaise image. Est-ce que tu peux parler, toi, de ce que tu as vécu, ce que tu vois en termes de transparence ?
- Speaker #0
Je ne sais pas si on manque de transparence. Je pense qu'on pense de canaux qui donnent accès à cette transparence. Et le problème, il n'est peut-être pas chez le récepteur, donc ça veut dire qu'il est chez l'émetteur. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, peut-être qu'on n'a pas les outils qui sont corrects pour pouvoir être à fond transparent et permettre aux citoyens, ne serait-ce que s'intéresser à la chose publique. Donc typiquement, si on a des outils qui permettent d'avoir accès un petit peu plus facilement à ce qui est voté, à ce qui est fait, parce qu'il y a énormément d'actions parlementaires qui ne sont pas communiquées, tout simplement parce qu'ils interviennent sur des sujets sensibles, et où en termes légals on ne peut pas communiquer dessus, mais aussi sur les actions, peut-être qu'on valoriserait un peu plus. Parce que franchement, pour accompagner beaucoup de parlementaires, il y en a quand même énormément qui bossent, qui font des super actions, qui sont tout le temps sur le terrain, et c'est même la majorité. Et aujourd'hui je ne sais pas s'il y a peut-être une perte de confiance envers les élus nationaux, mais encore une fois eux aussi ils devraient peut-être un petit peu mieux communiquer. Mais quand on voit le maire, qui est un élu, il y en a plus de 35 000 en France, reste quand même les lieux de proximité parce qu'on voit concrètement ces actions sur le terrain. Donc finalement, encore une fois, si on voit les actions concrètes, on peut peut-être avoir un peu plus de confiance en tout cas envers les politiques. Je n'ai pas eu réellement de choses qui m'ont interpellé à ce sujet. Voilà, simplement.
- Speaker #1
Est-ce que tu penses qu'on devrait contraindre à plus de transparence, quitte peut-être à rajouter de la bureaucratie ? Ou peut-être qu'il y a juste un point que toi tu as remarqué, où tu te dis, tiens, ça par contre, c'est dommage que ça ne soit pas déclaré.
- Speaker #0
Moi je pense qu'aujourd'hui il y a quand même pas mal d'outils de transparence et en plus de ça, avec l'HATBP, aujourd'hui il y a des obligations légales de déclarer qui tu rencontres. Donc ça c'est déjà le premier fait. Donc au niveau de la transparence je pense qu'on est déjà quand même à un bon niveau. Maintenant, encore une fois, sur cette façon de la transmettre, cette transparence, il y a peut-être des outils qui pourraient être un petit peu plus développés. Mais aussi la façon de montrer le travail parlementaire différemment. Toi, typiquement, on augmente les QAG, on fait de plus en plus de questions au gouvernement. Mais moi, ce n'est pas ce qui m'intéresse. C'est très bien pour la capsule vidéo que tu ne vas pas publier sur Facebook, Twitter, Insta, etc. TikTok, pour pouvoir communiquer et montrer que ça. Mais le vrai travail de parlementaire, il se fait en commission, il se fait sur le terrain, il se fait sur les rencontres. Et c'est peut-être ça qu'on devrait un peu plus montrer. Donc, je pense que s'il y avait des choses à changer, ça serait plutôt la communication envers ces lieux de travail.
- Speaker #1
Dans tout ce que tu fais... Qu'est-ce qui te passionne le plus ? Est-ce qu'il y a un moment où tu te dis c'est pour ça que je fais ce métier ?
- Speaker #0
Il y a plusieurs sujets qui ont fait que j'étais content de faire ce que je fais aujourd'hui. Je pense que d'une part quand tu crées un écosystème innovant dans un lieu qui est très sinistré, c'est valorisant. Quand tu ramènes des startups dans un département où tu as moins de 150 000 habitants, mais qui sont hyper contents d'être là, qui voient tous les avantages que ça a, et en plus de ça que tu as un vrai accompagnement personnalisé parce que les départements mettent des moyens dessus, c'est valorisant. Quand tu permets d'implanter une banque alimentaire en lien avec la Fédération française, tout simplement, ou même sans, ou juste des jeunes banques alimentaires qui ont des difficultés à parler parlementaire, parce que c'est des initiatives étudiantes, mais qui ont la dalle, qui ont l'écrou, et que toi tu as cette facilité d'accès, tu le fais, tu ne te poses pas de questions, tu ne factures rien, mais tu donnes l'accès plus facilement aux parlementaires, aux élus, pour faciliter l'implantation. Ça aussi c'était une fierté. Avancer aussi sur des sujets, convaincre des parlementaires. ou en tout cas les éveiller sur des sujets comme l'aide du droit à mourir dans la dignité, ça aussi c'est des victoires. On a eu un gros gros manque de peau entre guillemets avec la dissolution parce que le texte était en cours de vote et allait de voter, on le savait. Et maintenant on est encore entraîné sur deux textes, un texte, enfin voilà on est baladé entre guillemets dans les médias. Mais je pense que la plus grande fierté que moi j'ai dans mon travail, c'est de faire des mises en relation entre des bonnes personnes et de voir un peu émerger, les accompagner aussi. et d'émerger justement des entreprises, des implantations et de les réussir. Quand tu as une personne qui est très bien, très bonne dans ce qu'elle fait, qui va être dans l'innovation, dans le climat, mais qui n'a pas du tout cette envie ni cette capacité à faire du réseau et que toi, tu lui apportes les bonnes personnes, c'est gratifiant parce que d'une part, tu as contribué à aider au développement de son projet. Et puis en plus de ça, tu sais que toi, tu apportes une partie qui n'est pas du tout son domaine. Et donc voilà, tu es heureux de le faire.
- Speaker #1
Est-ce qu'au contraire, tu as une partie de ton métier dont tu te passerais bien, quelque chose peut-être de chronophage ?
- Speaker #0
Oui, absolument. Le piège dans les affaires publiques, ou alors même dans la strade, parce que c'est vrai que je m'éloigne un peu des affaires publiques en ce moment, c'est d'aller dans tous les réseaux possibles et imaginables. Ça, c'est vraiment un conseil que je donne, c'est de bien sélectionner, de bien cartographier. C'est important au début, tu le fais parce que tu veux connaître. À la limite, il faut y aller, il faut aller dans tous les cercles qui existent possibles et imaginables pour rencontrer des gens. Mais en fait... le piège dans les affaires publiques, c'est peut-être de rester que dans les cercles d'affaires publiques, justement. Parce que finalement, tu vas rester dans un sort de microcosme, et moi, les meilleurs directeurs des affaires publiques que j'ai rencontrés, ou même les meilleurs directeurs de strats, de business, etc., c'est ceux qui sont capables d'élargir leur cercle, et de rencontrer des gens qui sont dans des domaines totalement différents. Parce que plus tu vas diversifier ta façon de penser, plus tu vas pouvoir répondre à une offre qui est diversifiée aussi. Donc je pense que ce que moi, je me serais bien passé, c'est d'aller à des tonnes de conférences, des tonnes de trucs pour rencontrer des gens, finalement ça m'apportait pas grand chose. Donc le temps, c'est la valeur la plus précieuse que tu peux avoir. Il faut mener à bien des actions et tout simplement bien les choisir.
- Speaker #1
D'accord. Tout à l'heure, tu parlais quand tu as créé ton agence, tu parlais du fait que c'était de la prospection. Donc j'imagine que tu allais un peu partout, t'as envoyé plein de mails, etc. Si tu devais la recommencer maintenant, quel serait le conseil que tu te donnerais ? Ou en tout cas, comment tu ferais pour approcher ton premier client ?
- Speaker #0
Déjà je m'y serais pris beaucoup plus tôt, c'est à dire qu'on a lancé la boîte je crois en fin février et les élections étaient mai-juin, donc en fait on a fait un one shot quoi, c'était l'idée justement de faire les élections. Donc je m'y prendrais plus tôt et j'expliquerais en quoi en fait aux partis politiques par exemple on est utile. Parce qu'en fait les partis politiques nous voyaient des fois comme concurrents parce qu'ils avaient leur organisme interne. Mais non on est complémentaires et maintenant d'ailleurs c'est ce qu'on fait, on travaille avec des partis politiques, on travaille avec des associations, des partis locaux aussi. Donc ça, c'est hyper important. Aussi, je ferais plus de com' digital. Je pense qu'en fait, on en a fait très peu, mais en même temps, on n'avait pas le temps d'en faire. Donc c'est-à-dire, ok, on existe, on faisait un petit peu de LinkedIn, mais ce n'était pas suffisant. Donc là, par contre, je structurerais des offres. Et puis de toute façon, je prendrais aussi des actions concrètes et des personas. Parce qu'en fait, ce qui nous a aidé, c'était d'avoir le premier candidat qui a accepté de montrer qu'on l'accompagnait. Et ça, ça a tout changé, en fait. Donc, dire, OK, montre. En plus, il était solide et il a gagné. Enfin, voilà, on savait que... Ah oui, vous accompagnez lui ? Oui, oui, ben regarde ce qu'on fait en plus. Donc ça, il a accepté. Et donc, d'avoir ce premier personna type, ça nous a permis, en fait, après, de décoller, quoi, entre guillemets.
- Speaker #1
Super intéressant. On arrive bientôt au bout de cet entretien, Victor. Est-ce qu'il y a un sujet que tu voudrais aborder et que tu n'as pas pu développer jusqu'ici ?
- Speaker #0
Ben, juste... et sans paternalisme, peut-être donner un conseil quand tu démarres, en tout cas que ce soit dans les affaires publiques ou ne serait-ce que dans la stratégie ou dans tous ces sujets-là. C'est très important de prendre du temps au début pour comprendre l'écosystème dans lequel tu évolues. Et ça passe encore une fois par toutes ces associations qui peuvent être des associations d'intérêt ou alors aussi ne serait-ce que les ministères, les centrales d'achat. Je vais te donner un exemple très concret. Quand tu as une relation par exemple avec un ministère des armées, Le ministère des armées, c'est une grosse entité qui a énormément d'entités, encore une fois, et qui est assez difficile d'accès à premier abord. Mais une fois que tu as compris comment ça fonctionnait, alors ça va te faciliter, c'est pas pour autant que ça va être facile, mais en tout cas, ça va te faciliter l'approche. Aujourd'hui, je te donne un exemple, le ministère des armées, quand tu travailles dans l'innovation, tu vas avoir un lien avec l'agence Innovation Défense, tu vas avoir un lien avec la DGA, tu vas avoir un lien avec la DIRISI, avec la DGNUM, voilà, j'ai dit quatre gros mots, là. Si tu ne connais pas l'exclu, enfin voilà. C'est donné des acronymes, mais je peux te dire que tu en as une quinzaine qui suivent. Alors une fois que tu as fait ce travail, surtout que maintenant on a des outils qui permettent de le faire aussi, et puis il faut poser des questions, il ne faut pas hésiter. Je pense qu'aujourd'hui, on ne parle pas assez de la bienveillance, mais tu en as. C'est-à-dire, tu contactes quelqu'un qui est directeur des affaires publiques, ou alors un CEO, tu lui demandes si on peut prendre un café pour comprendre. En fait, il n'y a pas de mal à ça. C'est comme ça qu'on est passé. Donc il faut le faire. Si tu te prends un vent, ça te rafraîchira. Qu'est-ce que je te dis ? Moi j'en prends tous les jours des vents, c'est normal. Mais par contre... j'arrive à avoir des super interlocuteurs aujourd'hui et en plus de ça on travaille sereinement donc je pense que l'idée c'est de prendre du temps pour comprendre et puis après une fois que tu l'as pris tu peux y aller
- Speaker #1
Pour conclure est-ce que tu as une recommandation culturelle à nous partager Victor ?
- Speaker #0
Je pense que les livres de Damasio sont intéressants ne serait-ce que pour comprendre et d'ailleurs aussi j'avais pris un livre que je viens d'acheter qui était vraiment pas mal c'était des robots et des hommes de Laurence de Villiers qui était vraiment assez intéressant sur les mythes ... peux avoir dans l'intelligence artificielle la technologie donc il va pas en dire plus faut le dire mais sinon les livres aussi que tu peux retrouver par exemple ou pas les livres forcément les écrits de jérémy lamry qui est aujourd'hui un chercheur qui travaille dans le monde de la rh aussi mais pas que dans l'intelligence artificielle qui va justement permettre de projeter et de comprendre un petit peu mieux comment l'IA et les usages vont changer le monde mais avec un esprit critique c'est à dire ils vont changer le monde mais par étapes et en même temps peut-être sans avoir tout cet effet de mirage où tu dis la technologie va détruire le monde. Non, c'est vraiment très concret et structuré. Donc ça, c'est des petites recommandations qu'on peut avoir.
- Speaker #1
Merci beaucoup, Victor.
- Speaker #0
Merci à toi de m'avoir invité.
- Speaker #1
Merci, à la prochaine. Salut. Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'Egywatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. À bientôt.