#39 - Mouna Aoun - Secrétaire Générale de KissKissBankBank & Co cover
#39 - Mouna Aoun - Secrétaire Générale de KissKissBankBank & Co cover
HeyA - Les voix de femmes arabes et amazighs : Parcours inspirants, sororité, fierté, transmission

#39 - Mouna Aoun - Secrétaire Générale de KissKissBankBank & Co

#39 - Mouna Aoun - Secrétaire Générale de KissKissBankBank & Co

59min |23/03/2023|

588

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#39 - Mouna Aoun - Secrétaire Générale de KissKissBankBank & Co cover
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HeyA - Les voix de femmes arabes et amazighs : Parcours inspirants, sororité, fierté, transmission

#39 - Mouna Aoun - Secrétaire Générale de KissKissBankBank & Co

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59min |23/03/2023|

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Description

Cette semaine je suis ravie de partager ma conversation avec Mouna Aoun, secrétaire générale de KissKissBankBank & Co, filiale de La Banque Postale et pionnier du financement participatif en France et en Europe. 

  

Femme engagée depuis de nombreuses années, Mouna AOUN est à titre personnel vice-présidente d’ONU Femmes France (en charge des partenariats) et administratrice de Solidarité Sida.

  

Née d’une maman française et d’un papa tunisien, Mouna nous raconte comment elle a vécu cette double identité et ce double héritage. 

  

Nous avons évoqué son parcours universitaire plutôt atypique pour une personne exerçant à présent dans le secteur bancaire. En effet, Mouna a débuté par des études d’histoire médiévale de l´orient musulman et son ambition professionnelle était à ce moment-là de devenir chercheuse. 

  

Elle revient sans filtre sur un de ses échecs et raconte comment elle en a fait une force pour repartir encore plus fort de l’avant. 

  

Nous avons également discuté de son rapport à la langue arabe, de l’importance de la diversité des équipes en milieu professionnel et de transmission. 

  

Un épisode très riche qui je l’espère vous procurera autant de plaisir que j’ai pris à l’enregistrer. 

  

Sans plus attendre je laisse place à la HeyA du jour - Mouna Aoun.  

  

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Pour suivre Mouna 

LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/mouna-aoun-5106b12/ 

  

Pour suivre Heya  

Instagram: @heya_podcast  


Ici, on parle d’identités plurielles, de voix arabes, de parcours de femmes inspirantes, d’arabité, de diaspora maghrébine, de sororité, de féminisme, d’inclusion, de récits de femmes et de transmission et d’héritages culturels.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, ici Pochra Pourti et bienvenue sur HEIA. En arabe, HEIA signifie « elle » . C'est parce que ce mot n'est pas suffisamment utilisé pour parler de réussite et d'ambition féminine que j'ai décidé de lancer ce podcast. Les inégalités et la sous-représentation liées au genre sont malheureusement une réalité et une approche intersectionnelle ne fait qu'amplifier ces phénomènes. Chaque épisode est une conversation où j'invite une femme de culture arabe à venir partager son histoire et évoquer sa réussite. Mes invités ont toutes des backgrounds et trajectoires différentes. Elles sont journalistes, entrepreneurs, écrivaines, artistes ou encore médecins, et vous serez, je l'espère, inspirés par leur réussite. L'objectif de ce podcast est de vous, tout d'abord, promouvoir une image différente de la femme arabe en mettant en lumière ses parcours exceptionnels, mais aussi aider les plus jeunes ou celles en quête de renouveau à trouver des rôles modèles et ambitionner leur avenir. Ma conviction ultime est que la seule manière d'y croire, c'est de le voir, ou en l'occurrence d'entendre. Si ce podcast vous plaît, je vous invite à prendre quelques minutes pour le noter 5 étoiles sur iTunes ou Apple Podcasts. C'est la meilleure manière de le soutenir. Sans plus attendre, je vous laisse découvrir notre invité du jour. Cette semaine, je suis ravie de partager ma conversation avec Mouna Aoun. secrétaire générale de Kiss Kiss Bank Bank & Co, filiale de la Banque Postale et pionnier du financement participatif en France et en Europe. Femme engagée depuis de nombreuses années, Mouna est à titre personnel vice-présidente d'ONU Femmes France et administratrice de Solidarité Sida. Née d'une maman française et d'un papa tunisien, Mouna nous raconte comment elle a vécu cette double identité et ce double héritage. Nous avons évoqué son parcours universitaire plutôt atypique pour une personne exerçant à présent dans le secteur bancaire. En effet, Mouna a débuté par des études d'histoire médiévale de l'Orient musulman et son ambition professionnelle était à ce moment-là de devenir chercheuse. Elle revient sans filtre sur un de ses échecs et raconte comment elle en a fait une force pour repartir encore plus fort de l'avant. Nous avons également discuté de son rapport à la langue arabe, de l'importance de la diversité des équipes en milieu professionnel et de transmission. Un épisode très riche. que je l'espère vous procurera autant de plaisir que j'ai pris à l'enregistrer. Sans plus attendre, je laisse place à la réé du jour, Mouna Aoun. Bonjour Mouna.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    C'est avec un très très grand plaisir.

  • Speaker #0

    Jusque-là, je n'ai pas eu beaucoup de gens du milieu corporate. Je trouve que c'est très intéressant de partager un profil pour étendre l'éventail des femmes inspirantes que j'ai eues à mon micro à ce jour.

  • Speaker #1

    Pour moi, je vis cet enregistrement comme une parenthèse enchantée pour échanger en toute liberté sur des thématiques qui sont chères à la fois femmes et notre altérité maghrébine ou arabophone.

  • Speaker #0

    Mouna, la tradition sur Réa, c'est de commencer par les débuts, les origines. Donc, si tu es d'accord, est-ce que tu voudrais bien te présenter en nous parlant un peu de ton enfance, de ton éducation, du milieu dans lequel tu as grandi ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir, je suis née à Roy-Malmaison dans les Hauts-de-Seine. Mon enfance s'est passée de façon plutôt sympathique dans une banlieue favorisée de la région parisienne. J'ai un papa tunisien et une maman française. Et mes parents ont eu le souci de nous donner les deux bagages culturels, à la fois tunisien et à la fois français-européen. J'ai un frère. qui s'appelle Daoud. Et on a grandi entre la région parisienne et la Côte d'Azur, puisque l'appel de la Méditerranée s'est fait pour mon papa. Et donc, du coup, le collège et le lycée et la prépa s'est passé sur la Côte d'Azur, du côté de Cagnes-sur-Mer et Nice. Et puis, au moment de choisir ses études, moi, j'ai eu envie de revenir dans la région parisienne, parce que Je trouvais que c'était un peu compliqué, la société sur la Côte d'Azur. Et je trouvais qu'il y avait plus de possibilités. Et on est un peu plus anonyme en région parisienne. Je trouvais qu'on avait plus de chances en région parisienne. Donc voilà, 47 ans, une partie en région parisienne, une partie sur la Côte d'Azur. Donc on peut dire une enfance plutôt favorisée.

  • Speaker #0

    Et tes parents travaillaient dans un milieu plutôt corporel, comme ce que tu fais aujourd'hui, ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Ma maman a fait toute sa carrière dans une banque.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Elle a commencé à l'âge de 16 ans et jusqu'à la retraite au Crédit du Nord. Et c'est vrai que le milieu bancaire, c'est une deuxième maison, puisque j'ai toujours accompagné dans son travail, dans les agences dans lesquelles elle a travaillé. Et puis mon papa a fait plusieurs métiers différents dans le domaine médical, dans le domaine de la sécurité, au gré de ses envies, de ses motivations.

  • Speaker #0

    Comment la petite Mouna a imaginé sa vie d'adulte ? Est-ce qu'il y avait un métier ou des hobbies, des activités qui te faisaient un peu rêver, petite fille ? Tu as des souvenirs de ça ?

  • Speaker #1

    J'ai toujours eu une vraie curiosité, une vraie curiosité intellectuelle. Donc la petite Mouna, elle avait déjà beaucoup envie de liberté, de casser les codes, d'éviter qu'on lui mette une étiquette sur le front. et toujours eu les yeux grands ouverts à des personnes, à des sujets, à des ambiances. Et en matière de métier, enseignante s'est révélée à la fin des études, donc la volonté de transmettre, de chercher et retranscrire. Cette transmission de savoir était assez importante. Et également tout ce qui est dans le domaine des arts au sens large. Et j'aurais rêvé d'être commissaire priseur. D'accord. La possibilité de travailler dans le domaine de l'art. Il faut payer sa charge. C'est une profession libérale, il faut payer sa charge. Et ça a été un frein à l'évasion dans ce domaine professionnel. Et cette curiosité intellectuelle m'a beaucoup... nourri puisque avec un bac C en poche le dernier. C c'était le bac scientifique mais assez équilibré qui a été transformé après une réforme en bac S avec une surpondération des matières scientifiques donc maths, physique et bio alors que moi c'était coefficient 5 aussi avec le français et donc un profil comme le mien qui est maths et littéraire. donc sciences humaines et rationnelles. Ça me convenait très bien, puisque je l'ai eu avec mention. Mais si j'avais eu le bac S, je pense que je n'aurais pas eu la mention, parce que j'ai eu à peu près 15-17 dans toutes les matières littéraires, sciences humaines, dépassables sur les fonctions scientifiques. Avec le bac S, ça aurait révélé mon côté moins scientifique que prévu.

  • Speaker #0

    Mouna, ta maman est française, ton papa est tunisien. Et tu disais qu'ils avaient tous les deux, ils voulaient s'assurer qu'il y ait une transmission des deux côtés. Comment tu as vécu cette double culture ? Parce que c'est particulier, on parle souvent de double culture d'enfants, d'immigrés, où les deux parents sont d'origine maghrébine, où là ta maman est française, donc il n'y a pas d'origine étrangère. Est-ce que ça donnait plus de légitimité ou est-ce que ça te protégeait peut-être plus de certaines discriminations ou raccourcis ?

  • Speaker #1

    Alors la double culture, elle s'est incarnée à la maison de façon très équilibrée, puisque les deux fêtes étaient fêtées, les deux calendriers, mes parents, mon père est musulman, ma mère est catholique, non pratiquante, mais ils nous ont voulu nous donner les deux bagages, plus culturels que religieux, parce que dans notre éducation, la religion c'est une expérience intérieure en fait. Ça ne s'apprend pas, ça ne s'impose pas, ça se vit. Et donc, du coup, une vision plutôt libérale de la religion. Et donc, pour répondre à ta question, en fait, dans les yeux d'une enfant, tu ne te poses pas trop la question. Tu es en France, ta mère est française, ton père est tunisien. Quand tu es en Tunisie, tu te sens chez toi. Quand tu es en France, tu te sens chez toi. C'est plutôt le regard des autres qui est assez surprenant. Moi, je ne suis pas très typée. Et donc, du coup, c'est le Canada Drive de la Mouna Aoun, en fait, parce que j'aurais pu m'appeler... Marion, machin, ça aurait été pareil. Et donc du coup, quand on me regarde, on ne se dit pas qu'ils ont affaire à une binationale. Par contre, le nom et le prénom interpellent. Et comme c'est un nom plutôt Moyen-Orient, nom et prénom, on ne s'imagine pas qu'à la maison, il y avait une culture musulmane. Et c'est plutôt dans le regard des autres. Donc Buna Aoun, ça passe très bien pour une Libanaise chrétienne. et donc du coup... Quand on évoque après le fait que le père est musulman dans une société des années 80-90, ce n'est pas un rejet, mais c'est une réaction pas aussi enthousiasmante.

  • Speaker #0

    Une petite déception.

  • Speaker #1

    Moins, petite déception, petit retrait. Et donc du coup, ça, dans les yeux d'une enfant adolescente, tu ne comprends pas trop. Ou tu finis par comprendre que ça ne sera pas le truc qui va te rendre la plus populaire de la cour d'école.

  • Speaker #0

    Et comment tu le vivais ? Est-ce que tu as eu des passages où tu disais « je vais me cacher du côté de ma mère » et un peu rejeter ça ? Est-ce qu'une ado, c'est pas... plus jeune enfant, c'est pas toujours évident à assumer ?

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, au départ, tu te poses pas de questions, puis après, t'essayes d'intellectualiser, mais bon, avec un papa tunisien musulman à la maison, c'est difficile de te dire que la surpondération française est possible. D'abord, par la culture, la volabilité, la présence, la cuisine, puisque c'est lui qui... cuisinaient donc si tu veux j'ai pas eu un réflexe français par contre ce qui était enthousiasmant c'est quand tu vas en tunisie que tu te dis là tu peux exprimer 100% de ce que t'es quoi surtout en tunisie qui est un pays francophone et donc toute ta famille parle français ils sont ravis de te voir et ils sont ravis de cette biculture. Donc voilà, non, je n'ai pas eu de repli identitaire, mais j'ai eu une soif d'apprendre l'arabe dans le cadre de mes études en me disant...

  • Speaker #0

    Parce que tu ne le parlais pas à la maison ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Non, pas du tout, ouais. Bah, tu sais, j'imagine qu'on est plusieurs dans ce cas-là. La langue arabe était un peu taboue, hein. Taboue parce que, d'abord, l'apprendre à l'école, c'était nous classer dans des classes qui n'étaient pas forcément des classes d'excellence. Que les cours qui étaient dispensés étaient des cours... cours avec la volonté d'un retour au pays. Il y a eu ces sujets, tu sais, les profs qui étaient proposés étaient des profs en lien avec l'ambassade, dans l'espoir que les contingents qui étaient venus travailler en France aient la possibilité de retourner dans leur pays d'origine. Du coup, ce choix-là n'a pas été fait au sein de la famille. Après, il y avait des associations à Ruyem-la-Maison qui proposaient de la rame, donc j'avais fait... J'avais avec ma mère, puisqu'elle rêvait d'apprendre l'arabe. Donc, on s'était inscrits toutes les deux.

  • Speaker #0

    C'est génial de faire avec sa maman.

  • Speaker #1

    Oui. Et on a fait ça. Enfin, on a essayé de faire ça après l'école et après son travail. Et en fait, j'ai commencé. Et puis, je ne sais pas pourquoi, dans le domaine de l'inconscient, je l'ai rejeté à ce moment-là. Tu avais quel âge à ce moment-là ? Je pense que j'avais 7-8 ans, quelque chose comme ça. Et le prof avait un accent terrible. Et du coup, c'est mon côté expiègle. En fait, il me faisait rire et je n'arrivais pas à me concentrer là-dessus. Alors peut-être que c'était une forme de pudeur inconsciente ou ce que tu dis, inconsciemment, le fait de le rejeter en se disant « ça va trop me marquer de connaître les deux » . Là, je préfère être dans mon cocon sécuritaire de la petite Mouna française. Mais en tout cas, à ce moment-là, on n'a pas réussi à aller jusqu'au bout. Et il fallait que ça soit une démarche volontaire. Et cette démarche volontaire d'apprentissage de la langue arabe s'est faite après la classe prépa, quand j'ai souagi de faire des études d'histoire de l'Orient musulman médiéval. Et à la faculté de Paris-Insorbonne, il y avait des cours d'arabe qui étaient proposés dans le cursus. Et j'ai découvert un prof d'arabe que j'adore, avec lequel je suis encore en lien. d'origine irakienne avec une méthode très structurée et je me suis régalée. J'ai fait ça pendant 2-3 ans et il a des cours en ligne. Je suis encore en lien avec lui et je révise encore les cours de Rali Belakac que je salue et que j'adore.

  • Speaker #0

    C'était ma prochaine question. J'allais te parler de ton parcours universitaire qui est assez atypique quand on voit ton job aujourd'hui, ton rôle aujourd'hui et ces études d'histoire médiévale de... de l'Orient musulman. Donc j'entends cette volonté d'apprendre l'arabe, mais de là à faire des études universitaires spécialisées de l'histoire médiévale de l'Orient musulman. Comment l'idée a germé ?

  • Speaker #1

    Moi, si j'avais eu l'opportunité, je n'aurais pas choisi de matière. L'école, pour moi, a été quelque chose de très très important dans ma vie de petite mouda, parce que toutes les heures que je passais à l'école... C'était des heures d'apprentissage, de découverte, de réflexion. Donc j'ai jamais... J'étais sur le chemin de l'école à reculons, ou à petits pas, mais plutôt en courant, parce que chaque heure, chaque découverte était fascinante. Du coup, au moment de choisir, ça a toujours été un problème, c'est choisir, choisir une matière, une discipline. Et donc, choisir quel bac ? Je voulais choisir le bac C, parce que tout le monde disait que ça ouvrait le plus d'options. Et puis, à l'issue du bac, comme j'étais encouragée à l'excellence, c'était une prépa, parce que j'ai fait baxer avec options informatiques. Donc, j'ai codé en C++. Ah oui, quand même. Et bon, je me suis dit, bon, les maths physiques, c'est hyper intéressant, mais je ne vais pas me révéler là-dedans. Et donc, j'ai découvert qu'il y avait des prépas pour des profils comme moi, donc il faut cagne-cagne. Donc déjà, j'ai fait un premier virage en me disant, bon, dans le champ des possibles, de toutes les disciplines qu'on nous apprend à l'école, au lycée, et il y en avait plus de notre temps qu'aujourd'hui. « Ok, je vais mettre de côté tous les aspects scientifiques et je vais me plonger dans les matières sciences humaines. » Et donc, hippocampe, cagne. Et ça, ça a été vraiment deux années extraordinaires parce que des profs extraordinaires, parce que plonger dans des récits, plonger dans des philosophes, c'était très éprouvant et très exigeant puisqu'on passe de moyenne de 17-18 dans ces matières. Quelque chose autour de 8, 9 pour préparer Normal Sup. Donc, c'est un choc. Un mois avant la rentrée de septembre, alors que tout le monde rentrait en octobre, on reçoit une bibliographie de 500 livres à avoir lu, alors que dans une journée, dans une année, il y a 350 jours. Donc, je me souviens avoir montré à mes parents la liste en disant « Alors, je ne comprends pas, donc je lise plus de 3 livres par jour pour être… » au point à la rentrée, je vous dis tout de suite je vais déjà avoir un peu de lacunes donc apprentissage de la lecture en diagonale mais donc très très dur, très éprouvant des nuits blanches pour finir des disserts mais parenthèse de deux ans en accéléré de savoir, d'inspiration de méthodologie de découverte et à ce moment là la chance quand on fait une hippocaille et une caille c'est qu'on a une équivalence Donc on a à la fois cette préparation à Normale Sup et en même temps, on peut choisir une matière à la fac et on ne passe pas, alors que de mon époque, ça s'appelait le DEUG, on sort d'Hippocam avec un niveau Bac plus 2 validé par l'université. Et donc, il faut choisir une matière. Et donc, j'ai beaucoup hésité, évidemment, parce que choisir était... Choisir,

  • Speaker #0

    c'est j'ai commencé, oui.

  • Speaker #1

    Exactement. Et donc, j'ai beaucoup hésité et j'ai choisi la matière qui me permettait de ne pas encore tout à fait choisir,

  • Speaker #0

    qui était l'histoire du haut.

  • Speaker #1

    Au moins, j'ai coche

  • Speaker #0

    2.

  • Speaker #1

    Et si je n'avais pas choisi histoire-géo, j'aurais choisi philosophie, parce que je trouvais que me plonger dans ces réflexions, ces raisonnements... La philo et l'histoire, c'est pour moi un bon combi, parce que ça te nourrit et ça te permet de faire face à un nombre incalculé de situations, de personnalités. Et donc ça t'enrichit encore plus. Donc si j'avais dû choisir, si je n'avais pas choisi l'histoire géo, j'aurais choisi la philosophie, mais j'ai choisi l'histoire géo. Et c'est comme ça que ça m'a amenée en licence d'histoire. Et donc en licence, tu es notée et tu plonges sur différents sujets. Et l'histoire est splitée en quatre grandes périodes. L'histoire antique, l'histoire médiévale, l'histoire moderne et l'histoire contemporaine. Et en licence, j'ai découvert... Une prof extraordinaire, Françoise Michaud, sur l'Orient musulman médiéval. C'est elle qui faisait une partie de ses cours. Et j'ai appris plein de choses. D'abord, ce que la littérature et la philosophie européenne doivent aux traducteurs arabes, puisque les textes grecs se sont perdus et c'est par les traducteurs arabes qu'ils ont été redécouverts. les zones de... de symbiose entre la culture orientale et la culture occidentale, par l'Espagne de l'Alendalus, par l'Italie, Venise, les marchands. Et en fait, je me suis dit, c'est moi en fait.

  • Speaker #0

    Et là, c'était une révélation. Est-ce que déjà ton papa partageait avec toi, ou t'avait un peu éveillé à l'importance du monde arabe, à sa grandeur, à toute l'histoire, toute la grande histoire qui est associée à ce monde ?

  • Speaker #1

    Dans le détail, c'était une révélation, mais mon père le faisait avec la ferveur et le nationalisme arabe, c'est-à-dire qu'on est les meilleurs, on est les plus intelligents. Donc si tu veux, tu dis, en fait, c'est de la prétention ou c'est la volonté de m'inculquer la biculture comme un coach, pas comme un enseignant qui me le démontre avec des arguments. Et donc, non, non, j'ai découvert. J'ai découvert des choses extraordinaires et j'avais envie de plonger là-dedans, je me suis dit. Au travers de cet apprentissage, je vais me comprendre, me révéler, d'une certaine façon m'accepter. Et du coup, j'ai plongé dans cette période.

  • Speaker #0

    Et tu sentais que tu étais à la recherche de quelque chose plus personnellement ? Parce que là, tu dis, je me rends compte que ça allait me permettre de me révéler, de me connaître, etc. Est-ce qu'il y avait cette quête qui était déjà éveillée quelque part pendant ces derniers jours ?

  • Speaker #1

    Pas verbalisée, ni remontée. Mais en tout cas, j'avais cette intuition. J'avais cette intuition et surtout, la période était absolument fascinante. Et du coup, je me suis attachée à un personnage, Salah al-Din. Et donc, j'ai fait ma maîtrise et mon DEA là-dessus. sur ce personnage qui a reconquis Jérusalem au croisé, qui, dans les textes et les chroniques occidentales, sa vaillance, son engagement étaient salués, sa personnalité. Et il y a des textes qui disent qu'en fait, il est tellement pieux et tellement engagé, et il a tellement de valeur chevaleresque, que quelque part, il doit être chrétien. J'adore.

  • Speaker #0

    C'est énorme.

  • Speaker #1

    Toujours cette vision. toujours cette vision occidentalisée que ces qualités sont des qualités chrétiennes alors que c'est des qualités humaines. Donc il a reconquis Jérusalem au croisé, il n'avait pas de légitimité religieuse du temps des califats, il a conquis sa légitimité militaire puisqu'il a reconquis des territoires et donc je trouvais que cette histoire était absolument fascinante une fois encore. Je n'ai pas choisi. J'ai choisi le sujet au milieu de la Méditerranée, qui me permet de traiter d'un sujet occidental et un sujet médiéval, mais oriental. Donc voilà, c'est comme ça que ça s'est fait.

  • Speaker #0

    Et là, tu t'embarques dans ces études avec le but de faire de l'enseignement ?

  • Speaker #1

    Chercheuse. Chercheuse, d'accord. J'avais très envie de faire ma thèse là-dessus, d'être la nouvelle Françoise Michaud. Je trouvais ça fascinant. Voilà, l'étudiante, tu vois, Sophie Marceau, grande amphi de la Sorbonne, qui vient expliquer tout ce que Françoise Michaud avait révélé. Tu le révèles dans ses grands amphis, donc transmission, mais plutôt chercheuse et enseignante à la fac. Après, il faut découvrir toutes les étapes pour aboutir à ça, avec l'excellence française et les numéros sclosus. Donc, quand j'ai exprimé ça à mes profs et notamment à Françoise Michaud, elle m'a dit bon. Passez d'abord le CAPES et l'AGREG d'Histoire Géo et ensuite vous passerez votre thèse parce qu'il faut que vous viviez, sachant que moi j'ai fait mes études en travaillant en parallèle. Parce que mes parents n'avaient pas beaucoup de revenus et quand je suis remontée en région parisienne, j'étais autonome financièrement et donc je travaillais d'abord équipière et puis formatrice au McDo parce qu'ils ne posaient pas de questions et qu'ils payaient et qu'ils signaient des CDI à temps partiel. Et donc, voilà. continuer derrière pour être prof, mais au départ ma volonté c'était de continuer à creuser et à découvrir tous ces domaines de l'histoire qu'on nous a jamais appris, ce qui me permet d'exprimer le fait que maintenant ça a un peu changé et les textes changent un peu, mais c'est une hérésie que de ne pas révéler ces pans d'histoire, qui sont des pans d'histoire d'hommes et de de femmes issues de l'immigration de la deuxième ou troisième génération. et découvrir qu'en fait, l'histoire européenne, c'est une histoire qui les concerne aussi. Et donc voilà, je le dis là maintenant parce que c'est un sujet qui continue à m'inspirer et pour lequel je passe un peu de temps, justement pour changer l'image du français gaulois.

  • Speaker #0

    J'imagine que ton papa devait être très fier de te voir embarquer dans ces études-là. Quelle était un peu sa réaction par rapport ?

  • Speaker #1

    La fierté, ça c'est sûr. Et après, je suis remontée à Paris. Donc du coup, il y a eu de la distance qui s'est instaurée et de l'autonomie. Pour lui, les études à la Sorbonne et les études parisiennes ont creusé l'écart entre lui et moi. En fait, ça a mis de la distance. Donc la fierté, c'est sûr. Mais bon, en bon oriental, tu sais que ça se dit pas. tu le vois dans les yeux ou tu le sais par les copains

  • Speaker #0

    Oui. Et comment l'intérêt du coup pour la finance, pour le milieu bancaire est arrivé ? Donc j'entends que ta maman était dans ce milieu-là. C'est quelque chose qui n'était pas complètement nouvelle, tu étais un peu familière à ce milieu-là. Mais où se passe un peu ce pont entre ces études dont tu nous parles, cette ambition de faire une thèse, de passer l'agrégation ? Et comment se fait ce virage ?

  • Speaker #1

    En fait, ce n'est pas vraiment un virage, comme je te l'ai dit. j'ai toujours de... De faire au feu, oui. J'ai toujours de faire au feu. Je suis jumeau, c'est peut-être pour ça. Toujours sur deux rails, rarement un rail.

  • Speaker #0

    C'est l'histoire du choix,

  • Speaker #1

    pas choisir,

  • Speaker #0

    avoir autre chose en barrette, le chaos.

  • Speaker #1

    Du coup, j'ai toujours travaillé depuis l'âge de 18 ans. Mes premiers jobs d'été se sont faits au Crédit du Nord pour gagner cette indépendance, pour gérer mon budget, mes fins de mois, mes envies. Et donc du coup, une fois que j'ai passé le CAPES et la GREC d'Histoire JO, que j'ai raté, j'ai réussi les écrits mais j'ai raté les oraux, il fallait bien renflouer les caisses puisque j'étais boursière. Et là pour le coup, faire tout ce que je faisais en parallèle était un peu compliqué. Et ma mère m'a dit, postule dans une jeune venture entre... entre le Crédit du Nord et une société d'assurance qui s'appelle Cardiff. Et donc, je suis rentrée en stagiaire été. Compte tenu de mon profil, ils m'ont mis à la direction de la communication. Et moi, je ne savais même pas que ça existait. Et là, je me suis dit, c'est juste dingue, c'est génial. Parce qu'en fait, les qualités littéraires, les qualités de rédaction peuvent être mises à profit dans des directions de communication. En général, les profils sur ces métiers de direction de communication, c'était plutôt... Sciences Po, école de commerce, pas trop, parce que là, ce qu'on cherche, c'est les qualités rédactionnelles, de diplomatie et compagnie. Et en fait, j'ai trouvé que le métier rentrait dans mes pieds de façon très saillante. Une chaussure, je trouvais ça assez fascinant. Et donc, j'ai bénéficié d'une opportunité, puisque c'était la fusion des sociétés Paribas et BNP. Et on m'a mis au service de presse pendant... pendant un mois. Donc, service de presse, ça veut dire que j'aidais l'ancienne attachée de presse à répondre aux demandes journalistes du monde de la banque et de l'assurance, donc hyper spécialisée. Et je faisais la jonction entre elle qui quittait cette fonction parce qu'elle passait sur la com' interne et une nouvelle attachée de presse qui était plutôt côté BNP qui allait arriver mais pas tout de suite. Donc, comme elle était déjà très focalisée sur son nouveau métier, elle s'est dit on va mettre Mouna là, il y a une conférence de presse à la fin du mois. elle va rédiger le dossier de presse, je vais lui dire comment faire, et puis ça va le faire.

  • Speaker #0

    Et un moment clé de l'histoire de la banque, pour le coup. C'était un moment où les spotlights étaient plutôt figés sur cette banque-là.

  • Speaker #1

    Exactement, c'était une opportunité. Un, rédiger, je savais faire. Deux, vulgariser, répondre aux demandes journalistes, et donc faire transmission, un courroie de transmission. Ça fait partie de mes skills. Il y avait des nouveaux trucs à apprendre. Donc, du coup, c'était bon pour moi. Je Ausha les trois cases. Et voilà, on m'a demandé de rédiger, dès le deuxième jour, c'était au mois d'août, août 2000, un dossier de presse sur la multigestion chez Cardiff. Bon, multigestion, ça ne me parlait pas. Moi, j'ai dit, où est la bibliothèque ? Parce que ça ne me fait pas peur, moi, des sujets. Des sujets, tu vois, des intitulés de sujets, de disserts qu'on me demande et que je ne comprends pas à la base. C'est la base d'une étudiante en histoire. Même pas peur. et donc j'ai demandé à la bibliothèque on m'a dit ah bah non la bibliothèque ça n'existe pas mais il y a un service documentation donc j'ai été voir la documentaliste et j'ai récupéré un certain nombre d'articles de presse là c'était pas des articles de chercheurs et je lui ai dit d'accord maintenant que j'ai compris ce que c'était que la multigestion qu'est-ce que vous voulez mettre en place donc j'ai fait des petites interviews en interne ensuite j'ai dit c'est quoi un dossier de presse donne moi un exemple et puis j'y suis allée quoi, j'ai rédigé J'ai rédigé mon truc. Et Amélie, Amélie Desbarcheliers, elle trouvait que c'était top.

  • Speaker #0

    Génial. Et du coup,

  • Speaker #1

    franchement, ça s'est fait comme ça. Il y avait un poste d'assistante de l'attachée de presse qui se libérait en CDD. Et en fait, j'ai postulé. J'ai été voir... La com était rattachée au secrétariat général. Donc, j'ai rencontré le secrétaire général dans un long entretien de deux heures. On a parlé de toute autre chose que le métier, puisque je ne le connaissais pas. On a parlé de l'histoire, on a parlé de moi. Puis, il est sorti de là en disant aux dirigeants... Concernée, c'est une fille bien, il faut la prendre, on va la former.

  • Speaker #0

    Mais c'est génial ça Mouna, ça m'interpelle vachement ce que tu dis parce que c'était il y a quelques années, tu n'as pas le parcours classique qu'on voit dans le milieu bancaire et il y a quand même une ouverture à te donner ta chance, à t'écouter et se dire oui ok elle ne connaît pas le côté technique, ça elle l'apprendra mais elle a tout le reste. Ce qui est souvent un peu le défaut. En France on est encore beaucoup, tu as fait quelle école où tu le vois même quand il y a des changements de poste et que les gens ont 30 ans de carrière, on parle encore de leur école et tu dis... On s'en fout, il a 30 ans de carrière, il en a fait des choses. C'est hyper inspirant et encourageant de voir qu'ils étaient un peu en avance sur les choses qui se faisaient à ce moment-là et encore aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je les remercie tous les jours et je le redis. Et quand je sélectionne des CV dans le cadre de mes fonctions de secrétaire générale, le KissKissBankBank & Co, j'ai la fonction RH. Quand je trie les CV, j'ai ça toujours en tête.

  • Speaker #0

    Je vais juste revenir, j'ai une petite question qui m'interpelle dans ce que tu disais. Au moment où tu as passé le CAPES, tu disais... Tu as eu les écrits, pas les oraux. Comment tu prends un peu cet échec, entre guillemets ?

  • Speaker #1

    C'est mal.

  • Speaker #0

    Voilà, je m'attendais à cette réponse, parce que tu étais la bonne élève dans toute la définition classique d'une bonne élève, qui réussit à peu près tout, qui est très curieuse, qui travaille très dur pour y arriver. Et j'imagine que l'option échec n'était pas forcément dans l'option des possibles. Et du coup, comment tu le vis ? Et je trouve que c'est quelque chose de très important.

  • Speaker #1

    Mais tu as raison de le dire. Comment je le vis très mal, parce que c'est des heures et des années d'investissement. Et je me rends compte que je suis nulle à l'oral. Je suis un rat de bibliothèque, je passe des heures au carré à faire des fiches, à apprendre, à comprendre. et en fait je ne prends pas le temps de prendre de la hauteur et de synthétiser ma pensée à l'oral et de m'exprimer de façon claire. et j'ai même pas le bas goût en fonction du sujet que tu tires à l'oral de faire des pirouettes pour le coup quand je raconte ça à des gens qui me connaissent aujourd'hui, ils sont surpris très !

  • Speaker #0

    C'est ce que j'allais dire j'ai l'impression que tu parles d'une autre personne, on se connait pas beaucoup mais on parle depuis

  • Speaker #1

    30 minutes ou 40 minutes les choses ont vachement évolué il faut connaître ses forces et ses faiblesses et moi à l'époque ma faiblesse c'était l'oral parce que syndrome de l'imposteur très puissant ... Parce que toujours s'excuser d'être là, de fournir le dernier souffle dans tout ce qu'on fait. Et donc, les oraux, je n'ai pas été bonne. Je n'ai pas été bonne, je n'ai pas su convaincre, je n'ai pas su séduire. J'étais en ras de bibliothèque avec mes lunettes et dès que je sortais de ma zone de confort, j'étais en panique. Donc du coup, une fois que l'échec est sonnant et trébuchant, on remonte en selle. Donc là, je me suis dit, est-ce que je remonte en selle pour ça ou est-ce que je remonte en selle pour autre chose ? Et le fait d'avoir eu deux rails, c'est-à-dire les études et le travail, à ce moment-là, je me suis dit, je vais prendre le travail. Parce que je trouvais que je n'allais pas y arriver de l'autre côté. Parce qu'à cette époque, l'oral était fait pour un numerus clausus. Donc l'oral était fait pour éliminer. Et j'ai été éliminée. Dans la façon dont on configure les programmes, KPC agrègue, c'est tu ne peux pas te dire je vais investir 5 ans sur le sujet et je vais y arriver parce que c'est les mêmes sujets, tu sais, le côté laborieux. Parce que les sujets sont changés à 50% chaque année. Et donc, du coup, tu as deux questions qui restent et deux nouvelles questions et en géographie aussi. Et tu ne sais pas sur quelles questions tu vas tomber. Donc, le jour où tu planches, Tu vas plonger peut-être sur l'ancienne question, et là tu déroules, mais comme tous, soit tu tombes sur la nouvelle question. Du coup, je me suis dit, comme de toute façon, moi, je ne peux pas étudier à 100%, parce qu'il faut que je m'autofinance. Donc, est-ce que je continue dans cette situation d'échec, où je fais une bifurcation, et je me dis, en fait, je vais aller bosser, parce qu'à un moment donné, il faut manger, et puis t'as 23 ans, tu te dis là, est-ce que je fais ça encore ? pendant un certain nombre d'années. Finalement, je ne profite pas de la vie. Je suis née dans le guidon et donc j'ai besoin d'un peu d'air et me dire que la vie, c'est peut-être autre chose que les bouquins. Et je prendrai ma revanche sur l'oral.

  • Speaker #0

    Et tu as mis longtemps à digérer parce que je trouve qu'on n'apprend pas assez. Je trouve qu'il y a quelque chose qui manque dans l'éducation d'aujourd'hui, de nos enfants et la nôtre, c'est rebondir d'un échec. Je trouve qu'on apprend tellement d'un échec. Il y a tellement de choses... qui sont très très utiles et c'est presque important d'échouer tôt et je sais pas si tu as eu des petits échecs avant ou si celui-là était le premier est-ce que tu es vite remonté en scène ?

  • Speaker #1

    Oui j'ai vite remonté en scène parce que j'ai raisonné ce que je viens de te dire en me disant bah en fait bah voilà C'est comme ça, je suis dégoûtée, mais il faut que j'avance, il faut y aller. Et puis tu sais, c'est la citation de Simone Veil, que maintenant on fait toute nôtre, tous et tous, c'est les erreurs ne se regrettent pas, elles s'assument. La peur ne se fuit pas, elle se surmonte. L'amour ne se crie pas, il se prouve. Donc la première partie de la citation, les erreurs ne se regrettent pas, elles s'assument, c'est ça quoi, voilà. Une fois encore, ce que je te disais tout à l'heure, je reprendrai ma revanche sur l'oral. Et du coup, j'ai eu un degré d'attention sur les grands orateurs, les discours, comment tu fais passer les messages, comment tu te détaches de ton texte, jusque y compris dans mes fonctions professionnelles, en arrivant chez BNP Paribas, et puis ensuite, donc Postal et La Poste, j'ai eu deux dirigeants. chef de cabinet de deux dirigeants. Et le premier était très discours, écrit, très fort avec ce format-là. Et puis un autre, Philippe Valle, qui est maintenant président du groupe La Poste. Et quand il est arrivé, zéro note, zéro note, tout dans la tête. Ce n'est pas du par cœur.

  • Speaker #0

    C'est impressionnant, ça. Ce n'est pas du par cœur. Non, non, c'est juste une structure. Il a ses mots-clés.

  • Speaker #1

    Exactement. Et ça, il a beaucoup donné cette marque à la banque. Postal et Groupe La Poste. Et maintenant, quand je m'exprime, je le fais pareil. En fait, c'est éminemment puissant parce que d'abord, tu prépares les grands sujets que tu veux aborder et tu mets ça un peu en ordre dans ta tête. Et après, tu laisses reposer. Et la première chose que je fais quand je m'exprime en public, soit à des conférences, soit à des petits déjeuners, soit devant des collaborateurs, c'est que je m'imprégne de l'ambiance, de l'énergie. Je regarde les regards. je commence et en fonction de la façon dont je commence, je vois comment ils réagissent. Et après, je déroule. Et ça, c'est un grand respect pour ton auditoire parce que tu te donnes comme objectif d'adhérer à eux. Et donc du coup, ils sont pas là pour entendre un discours, ils sont là pour comprendre ou adhérer, tu vois. Donc voilà, c'est comment j'ai pris ma revanche sur l'oral, je te donne le tips.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour ces tips. J'allais te poser la question hyper inspirante. Et ça t'a mis longtemps parce que tu parlais de la petite fille qui était vachement dans ses notes, dans la bibliothèque. Et c'est très dur de passer de l'un à l'autre. Est-ce que t'as mis longtemps à vraiment être à l'aise dans cette recherche ?

  • Speaker #1

    Une fois encore, j'ai eu de la chance. J'ai un copain qui me dit que quand j'utilise cette expression, il faut que je décale. Tu sais, j'aide la chance. J'aide la chance, le verbe aider. Le verbe avoir, le verbe aider. Du coup, j'adore dire ça. J'ai aidé la chance puisque j'ai fait un métier entre les deux. J'ai fait le métier d'attachée de presse pendant 10 ans. Je médiatrainais des porte-paroles. J'ai passé mon temps à aider les porte-paroles à être bon en interview, de dire ce qu'il faut, de dire ce qu'il ne faut pas, de dire quand on ne sait pas. J'ai fait ça pendant 10 ans. J'ai eu mon sas de décompression entre la sachante Merci. et la communicante. Et une fois que tu fais ton métier d'attachée de presse et que tu as en face de toi... Après, j'ai accompagné peut-être dans ma carrière d'attachée de presse entre 50 et 100 porte-paroles, petits, moyens et grands, puisque ça va du gestionnaire d'actifs au dirigeant, au chef de produit, au DRH, tu vois, différents profils. Et comme tu es l'intermédiaire, le chénon de... la chaîne de courroie entre le journaliste et le porte-parole tu fais en sorte que ça se passe bien bah t'as ton espace d'apprentissage et donc du coup j'ai appris à être l'oratrice que je suis aujourd'hui par tout ce que j'ai appris dans les livres de bon orateur et ce que j'ai vu en pratique et du coup voilà ça a été long puisque ça a été 10 ans je me suis pas improvisée porte-parole moi-même Merci. sur les sujets que je maîtrise aujourd'hui. Ça a été un processus assez long, mais en fait assez fructueux, parce que du coup, je suis assez fière de la façon dont je peux m'exprimer aujourd'hui sur des sujets qui sont les miens.

  • Speaker #0

    Génial, génial. Je trouve que c'est hyper inspirant et puis ça donne de l'espoir. On a souvent ces raccourcis en disant « non, je ne suis pas bonne dans ça, ça ne sert à rien, ce n'est pas pour moi » . En fait, non, tout est une question de pratique et de talent, on le travaille.

  • Speaker #1

    Oui, oui, ça c'est vraiment ce que j'aimerais que les auditeurs retiennent, c'est qu'en fait, un échec hier est la base d'une réussite de demain. Un non qu'on te donne hier peut être un oui demain. Et surtout, il faut s'écouter, se faire confiance. Être indulgent avec soi-même, et en fait, il y a des moments où on est en échec pour telle et telle raison, si on arrive à les analyser et qu'on arrive à faire de l'autocritique bienveillante vis-à-vis de soi, en fait, dans un autre contexte et quelques années plus tard, ou même quelques mois, ou même quelques jours, on peut être dans une situation de réussite. Pour les enfants ou les adolescents qui planchent sur... Sur une disserte, combien de fois nous on s'est dit « en fait j'ai été nulle, j'aurais dû dire ça pendant l'écrit et puis je me suis stressée » et cinq minutes après ou une heure après, on se dit « j'aurais dû dire ça, je le savais » . Voilà, en fait, il faut se faire confiance et se mobiliser, toujours garder un petit sas de réalignement en fait. Qu'est-ce que je sais de ma leçon ? Qu'est-ce que je sais de ce que je vais dire ? Qu'est-ce que je veux dire à mes collaborateurs ? Qu'est-ce que je veux dire à mon entourage ? Tu vois, cette gestion de son émotion, refaire reposer la poussière ou la rage et se dire qu'est-ce qui va être constructif pour moi et pour les autres.

  • Speaker #0

    Absolument. Et je pense aussi garder sa touche personnelle et pas essayer de répliquer. Et c'est ce que tu disais, je trouvais ça hyper intéressant. En fait, tu as vu tellement de leaders, de communicants faire et j'imagine avec des styles complètement différents. jusqu'à trouver ta touche personnelle et là quand je te vois parler j'ai vu des vidéos etc t'es hyper à l'aise et tout est très naturel il n'y a rien de copier il n'y a rien de scripter et c'est hyper c'est hyper inspirant tu sais c'est la situation de paolo coelho n'essaie pas d'être utile essaie d'être toi ça suffit et cela fait toute la différence c'est

  • Speaker #1

    mon claim

  • Speaker #0

    Mouna je vais revenir sur ta carrière donc tu disais que tu avais commencé en tant que responsable de com au sein de bnp ensuite au sein de la Banque Postale en tant que Chief of Staff chargé de mission auprès du Président de la Banque Postale, puis Directrice Marketing des marchés mass market et spécifiques, et aujourd'hui tu es Secrétaire Générale de KissKissBankBank & Co. À quel moment tu as souhaité changer et orienter ta carrière vers une finance plus engagée, plus responsable ? Est-ce que c'était une démarche que tu avais en tête et quelque chose que tu as... dont tu as été maître et tu as dirigé ta carrière vers ça ou c'est plus une opportunité qui s'est présentée à toi avec le rachat de KissKissBankBank par la banque postale ?

  • Speaker #1

    Un peu des deux. D'abord, c'est un engagement et une conviction personnelle très forte et intérieure, en fait. La défense des plus faibles, la défense de l'altérité.

  • Speaker #0

    Et peut-être aussi juste expliquer ce que KissKissBankBank & Co font parce que je ne suis pas sûre que ça parle à tout le monde, si ça ne t'embête pas.

  • Speaker #1

    Skis Bank Bank, c'est une plateforme de financement participatif. L'idée, c'est de rendre possible le financement de projet sans passer par le financement bancaire classique ou la levée de fonds. C'est en phase d'amorçage. Un porteur de projet a une idée, un projet social ou sociétal ou associatif et il a besoin de lever des fonds pour rendre possible ce projet. Projet, souvent, quasi 100% des cas, qui a du sens. mais qui ne se finance pas de façon classique ou qui n'est pas suffisamment aboutie pour lever des fonds par des voies classiques. Le financement participatif, ça met en relation un porteur de projet et des contributeurs qui viennent acheter ou contribuer au produit, le rendre possible. Donc c'est très noble aussi et ça a des intermédiaires. Souvent on dit qu'une campagne de crowdfunding, c'est 50% une opération de communication. 50% une opération de levée de fonds, et les deux sont hyper importants, parce que ça rend crédible, viable, connu aux yeux de tous, le projet que tu prépares depuis des années, et il y a une phase de test and learn. Rien n'est grave dans le financement participatif, parce que soit ton projet aboutit, et donc tu lèves les fonds, soit ton projet n'aboutit pas, mais tu n'as rien perdu, et les contributeurs qui avaient commencé à te soutenir, ils récupèrent leurs fonds. Donc ça, c'est le premier métier de KissKissBankBank & Co. Depuis, c'est devenu le pôle de crowd for good de la Banque Postale, autour de cinq filiales, qui agrègent des solutions pour développer l'engagement citoyen de tout à chacun, avec le financement participatif, le crowdlending, qui est là de l'investissement, qui permet d'investir dans des projets d'énergie renouvelable en France, et de toucheter un rendement pour, et on le fait au travers de notre filiale Lendopolis. Good Eat qui a inventé la publicité solidaire qui permet à des marques de soutenir des associations et de reverser des dons à des associations par leur campagne de pub. La quatrième, c'est Microdon qui a inventé l'arrondi en caisse, l'arrondi sur salaire. Et puis la petite dernière, c'est You Matter, un institut de formation et un média, youmatter.word, qui permet aux citoyens d'avoir de l'information de qualité sur des sujets sociaux, sociétaux et environnementaux. Donc voilà ce que c'est que KissKissBankBank & Co.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, tu es secrétaire générale. Est-ce que tu peux nous dire rapidement en quoi consiste être secrétaire générale d'une banque filiale de la Banque Postale ?

  • Speaker #1

    Mon métier de secrétaire générale, il consiste à développer cette stratégie. auprès des fondateurs et auprès de la Banque Postale pour en faire une filiale qui apporte de la valeur à la Banque Postale. Ensuite, piloter toutes les ressources humaines et faire en sorte qu'avec ces différentes entités différentes, on arrive à construire une politique de ressources humaines, une politique salariale, une gestion des talents assez efficace. Pas homogène, parce que ce n'est pas notre volonté, puisque les entités sont nées et ont une phase de développement différente. Donc on ne coupe pas l'herbe au même niveau. On essaye de mutualiser ce qui est mutualisable et garder les identités de chacun. J'ai aussi dans mes fonctions le développement commercial et les synergies avec la banque postale, avec les filiales de la banque postale et avec les filiales du groupe La Poste. et donc du coup faire en sorte que nos solutions Ça rime ou se développe dans des offres produits de la banque postale ou des offres produits du groupe La Poste. Et puis, faire en sorte que tout fonctionne. Je suis la maman de l'équipe et de l'entité. En fait, faire en sorte que ça tourne. Et du coup,

  • Speaker #0

    tu reportes au directeur général ?

  • Speaker #1

    Je reporte au fondateur, au président. Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Tu es très engagée sur la question de la diversité. On en a parlé un peu. Avant d'élaborer un petit peu sur ce sujet-là, je voulais savoir, là on vient de parler de ton parcours qui est hyper inspirant, tu as fait des métiers, tu as travaillé dans les plus grandes banques, à des postes à grande responsabilité. Est-ce que, et on parlait au début du podcast de tes origines, de potentielles discriminations, etc. Est-ce que ça a été un frein à un certain moment ? Est-ce que tu as senti que ce sujet revenait sur la table pour... Peut-être ne pas te permettre d'avancer aussi rapidement que d'autres ou ouvrir des débats qui n'auraient pas été ouverts avec d'autres personnes.

  • Speaker #1

    Ça, c'est un sujet assez complexe parce que par définition, tu ne le sais pas vraiment. Tu peux le ressentir, tu peux douter dans des phases de développement ou de promotion, mais c'est un sujet assez tabou dans le domaine des grandes entreprises ou le domaine corporel.

  • Speaker #0

    Mais en termes de ressenti personnel ?

  • Speaker #1

    Le ressenti, ça m'est arrivé de le ressentir, oui. Mais après, dans des groupes bancaires comme ça, est-ce que c'est lié à l'origine ou c'est lié à mon parcours ? Moi, c'est vrai que je cumule, en fait.

  • Speaker #0

    Tu cumules, et le sexe aussi, parce que c'est quand même des milieux très… Enfin, il y a beaucoup d'hommes. En tout cas, au top management, c'est très peu diversifié, de plus en plus, mais ça ne l'a pas toujours été.

  • Speaker #1

    C'est clair.

  • Speaker #0

    Tu as les trois étoiles.

  • Speaker #1

    J'ai trois étoiles et j'en ai même une quatrième, c'est que je ne fais pas une taille 38. Et donc, du coup, il y a aussi ça dans les carrières. Ce que tu projettes sur ton physique contribue ou pas à l'appréciation que les gens peuvent avoir de toi. Donc, voilà. Comme je cumule, mais que je suis tenace, en fait, j'ai toujours réussi jusqu'à maintenant à exprimer mes talents et faire fi des biais cognitifs qu'on peut avoir ou des biais de genre à mon égard par ma thénaticité, mon travail, mon engagement, mon honnêteté intellectuelle. Bon, après, peut-être que j'aurais fait une autre carrière si je n'avais été ni une femme, ni ma plémouna. Voilà. Ni avoir fait une carrière, des études de sciences humaines dans une activité bancaire et assurance, très probablement. Mais bon, je suis moi et j'en suis fière.

  • Speaker #0

    Complètement. Donc, vous parlez de la question de la diversité. Quel est, selon toi, le plus gros challenge qu'on a en France sur ce sujet ? Et ça m'amène un peu à la question dont on parle en ce moment, la question des quotas. Est-ce que tu es pour ou contre une approche par les quotas ?

  • Speaker #1

    J'ai longtemps été contre, un peu comme Christine Lagarde, tu sais, qui dit qu'en arriver là, c'est dommage, parce que ça veut dire qu'on a épuisé toutes les autres solutions, et c'est navrant d'en arriver là. Après, qui dit quota, dit mesure, en fait. Une mesure qui montre qu'il y a une démarche volontariste pour que les équilibres et les rééquilibres se fassent. Donc, je pense que c'est une bonne stratégie si toutes les autres... n'ont pas abouti. En tout cas, je ne suis pas en capacité de porter ce sujet, mais mon avis, c'est que si toutes les autres solutions n'ont pas abouti, il faudra en passer par là. Moi, ce que j'essaye de creuser, de développer, d'engager et de faire, c'est quand on trie les CV, avoir ça en tête en fait. et équilibrer ses équipes. En fait, une équipe performante et une équipe équilibrée, équilibrée par la diversité des formations, la diversité des profils et des genres, et la diversité tout court. Et ça, c'est très riche, parce que chacun a des qualités propres, et c'est bien la combinatoire de toutes les qualités qui fait que l'équipe est performante. et résiliente. Donc ça, c'est vraiment quelque chose que j'essaye de mettre en œuvre. Et c'est vraiment ma grille de lecture et mon mojo. Après, sur la diversité, il faut aussi, pour le coup, de toute façon, il faut se relever. C'est comme un échec. Si on le subit, on le subit une fois, on le subira peut-être pas deux fois ni trois fois. Donc il faut se relever, il faut contourner et surtout, il faut être tenace. Il faut être tenace parce que quand on est ultra professionnel, au bout d'un moment, on nous choisit, quoi qu'il arrive. D'ailleurs, dans le monde anglo-saxon, tu as vécu à Londres, on se pose moins la question, parce que notamment dans les milieux de l'asset management ou de la finance, beaucoup de profils de la diversité sont choisis parce que c'est des profils excellents. Quand il y a le pragmatisme du recrutement, on ne se pose pas la question, on recrute. Le sujet s'est longtemps posé en France parce qu'on était dans une situation de chômage et la stratégie de contournement a été mise en place avec la start-up Negen. Beaucoup de start-ups se sont créées et les hommes et les femmes bien formés, avec un bon projet, se sont lancés parce qu'ils ne trouvaient pas de boulot et se sont lancés de façon efficace et après reviennent dans des carrières corporelles. Il faut être tenace, il ne faut rien lâcher.

  • Speaker #0

    Absolument. Quelle est ta définition de la réussite ?

  • Speaker #1

    Ma définition de la réussite, c'est beaucoup de choses. Définition de la réussite, c'est avancer tout en restant alignée et se respecter soi et les autres.

  • Speaker #0

    Quelle est ta relation avec la Tunisie aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, dans le cadre, ma relation avec la Tunisie est très chère à mon cœur. parce que c'est une partie de moi, comme toi j'imagine. Ma relation avec la Tunisie, c'est des paysages, c'est des odeurs, c'est des sourires, c'est une cuisine. Tout ça, c'est comme tu sais, une chambre un peu où tu te réfugies quand on a besoin pour te réconforter, parce que tu sais que ça c'est vrai, authentique et que c'est une partie de toi. Donc ça c'est la partie très intime qui est une valeur. fonction refuge. Et puis après, un peu comme des immigrés qui ne sont pas binationaux, mais qui sont venus en France et qui veulent rendre à la France tout ce que la France leur a donné. Tu sais, on entend beaucoup ces discours de personnes issues de l'immigration qui ont réussi et qui se disent « moi j'adore la France parce qu'elle m'a offert un cadre, elle m'a offert une maison, elle m'a offert une éducation » . Et du coup, j'ai aussi, moi, envie de le rendre à la Tunisie de l'autre côté. Et c'est la raison pour laquelle j'ai eu l'opportunité, avec Expertise France, d'accompagner la Tunisie dans la mise en place du crowdfunding. Et je fais ça, c'est une chance incroyable. Et donc, depuis octobre 2020, avec Expertise France et le programme Innovi, j'accompagne le gouvernement tunisien, les régulateurs et l'écosystème d'innovation. à rendre possible le crowdfunding en Tunisie. Alors du coup, ça coche évidemment toutes les cases, tu vois, c'est mon métier. Mon deuxième pays. Et du coup, voilà, ça fait un an et demi, on a mis en place avec un autre expert, le fondateur de Babylone, Arnaud Poissonnier, on a rédigé un plan d'action pour la mise en place du crowdfunding en Tunisie, et on déroule. On a fait des ateliers en Tunisie l'année dernière. J'ai dû faire cinq ou six voyages en Tunisie pour porter la parole du crowdfunding. J'ai eu ma première interview dans la presse tunisienne sur le sujet.

  • Speaker #0

    C'est génial !

  • Speaker #1

    Fin d'année dernière. J'étais tellement, tellement fière.

  • Speaker #0

    Tu m'étonnes.

  • Speaker #1

    Voilà, donc mon rapport, il est très intime. Je suis très fière de cette binationalité. Je suis très fière des Tunisiens et des Tunisiennes pour tout ce qu'ils ont réussi à faire. La femme tunisienne est une femme exceptionnelle, moderne, douce, tenace, délicate. C'est le plus petit dénominateur commun de la femme tunisienne, mais elle avance et elle fait beaucoup de choses. Et puis la Tunisie, ce qu'elle a réussi à mettre en place, même si c'est très difficile en ce moment, évidemment. Mais bon, la démocratie tunisienne... Reste un modèle. Tout ce qu'a mis en place Bouriba, la révolution de Jasmin, commencer en Tunisie, c'est quand même un pays tout petit. Après, ce n'est pas fini. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Les difficultés sont énormes. Ça reste des sourires, un accueil. Beaucoup d'émotions dans cette question.

  • Speaker #0

    J'imagine. Tu as un petit garçon, Mouna. Qu'est-ce que tu aimerais lui transmettre de ton arabité, de ta tunisianité, comme tu l'appelles ?

  • Speaker #1

    Ce que je lui transmets, parce que c'est déjà en marche. D'abord, la fierté de ses origines. Il ne se pose pas les questions que j'ai pu me poser, moi. Les sentiments de honte qu'on a pu avoir parce que les gens nous renvoyaient de la différence. Et quand on a envie d'être accepté, du coup, on met sous silence des parties de notre personnalité ou de notre identité. Ça, je pense qu'il ne faut pas. Il faut être soi-même et donc du coup, être fier de lui-même. Et pour être fier de lui-même, il faut se connaître. Et donc du coup, de cette aramité, la convivialité, l'amour des autres, le sourire, le rire, le fait d'être bien dans sa peau, très important, la confiance et les langues. Je trouve que notre génération a rendu l'apprentissage de l'arabe moins tabou. J'entends pas mal de personnalités issues de la même génération que nous qui se posent moins de questions sur le sujet et qui le donnent en héritage. Pour moi, c'est hyper important, c'est l'apprentissage d'une langue qui le rapproche de ses origines, et c'est une langue très riche et bankable aussi. puisque dans le domaine du commerce et de l'économie, c'est une langue qui se parle sur tous les continents, et donc il faut que ça devienne une force. Donc de l'arabité, la convivialité, le sourire, la philosophie, un peu de recul sur la vie, le côté moins rationnel, plus ressenti, plus humain, on a ça aussi dans cette culture.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu dirais à la Mouna enfant ?

  • Speaker #1

    Si je devais lui parler maintenant, donc si je la voyais aujourd'hui, je lui dirais écoute-toi, écoute-toi, écoute-toi, écoute-toi, tes intuitions sont les bonnes. Et ta rage et ton indignation que tu ressens, et que j'avais quand j'étais petite, transforme-la en action. Je pense que j'ai perdu du temps à ne pas m'écouter.

  • Speaker #0

    Ouna, on va passer à la dernière partie de l'interview, que j'ai appelée chaque Ausha parce que j'adore... La gastronomie tunisienne, et c'est des petites questions et le but c'est de répondre du tac au tac. Est-ce que tu as une devise ?

  • Speaker #1

    Ma devise ? Les heures ne se regrettent pas, elles s'assument. Simone Veil, ouais.

  • Speaker #0

    Un livre que tu conseillerais, un livre qui t'a marqué ?

  • Speaker #1

    Le livre qui m'a beaucoup marqué, c'est L'étranger de Camus.

  • Speaker #0

    Un lieu ?

  • Speaker #1

    On va dire Montmartre, parce que j'aime Montmartre et que j'habite Montmartre. Ça permet de prendre de la hauteur.

  • Speaker #0

    Ta plus grande fierté ?

  • Speaker #1

    Mon fils.

  • Speaker #0

    Une chanson ?

  • Speaker #1

    Une chanson, c'est ta chance de Jean-Jacques Goldman.

  • Speaker #0

    Et une femme que tu me recommanderais d'inviter sur le podcast. Et tu m'en as recommandé beaucoup à plein. Donc, je te laisse en choisir une peut-être pour le podcast et j'ai tout noté.

  • Speaker #1

    Bouchra. Bouchra Azouz. Bouchra Azouz qui est une documentariste que j'ai rencontrée sur les réseaux sociaux et qui est devenue une amie. Et voilà, je vous invite à la découvrir. Elle a permis de... rendre saillants les témoignages des femmes de différentes générations en France, qui ont vécu en France et qu'on a trop peu écoutées.

  • Speaker #0

    Super. Mouna, je te remercie infiniment. J'ai passé un super moment.

  • Speaker #1

    Je t'en prie. À très vite. Merci à toi. Merci d'avoir créé ce podcast comme une conversation assez intimiste. J'espère que ça inspirera des hommes et des femmes avec des parcours un peu comparables au mien.

  • Speaker #0

    Cet épisode de Heyette est maintenant terminé. Je vous remercie sincèrement de l'avoir écouté jusqu'au bout. Ce qui, j'espère, veut dire que vous l'avez apprécié. N'hésitez pas à le partager autour de vous, avec des amis ou sur les réseaux sociaux. C'est ce qui permet au podcast de grandir. Vous pouvez aussi le noter 5 étoiles et me laisser un petit commentaire, c'est un vrai plaisir de les lire. Si vous avez des questions ou voulez me suggérer une invitée, n'hésitez pas à me contacter sur la page Instagram ria underscore podcast. A très bientôt.

Description

Cette semaine je suis ravie de partager ma conversation avec Mouna Aoun, secrétaire générale de KissKissBankBank & Co, filiale de La Banque Postale et pionnier du financement participatif en France et en Europe. 

  

Femme engagée depuis de nombreuses années, Mouna AOUN est à titre personnel vice-présidente d’ONU Femmes France (en charge des partenariats) et administratrice de Solidarité Sida.

  

Née d’une maman française et d’un papa tunisien, Mouna nous raconte comment elle a vécu cette double identité et ce double héritage. 

  

Nous avons évoqué son parcours universitaire plutôt atypique pour une personne exerçant à présent dans le secteur bancaire. En effet, Mouna a débuté par des études d’histoire médiévale de l´orient musulman et son ambition professionnelle était à ce moment-là de devenir chercheuse. 

  

Elle revient sans filtre sur un de ses échecs et raconte comment elle en a fait une force pour repartir encore plus fort de l’avant. 

  

Nous avons également discuté de son rapport à la langue arabe, de l’importance de la diversité des équipes en milieu professionnel et de transmission. 

  

Un épisode très riche qui je l’espère vous procurera autant de plaisir que j’ai pris à l’enregistrer. 

  

Sans plus attendre je laisse place à la HeyA du jour - Mouna Aoun.  

  

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Pour suivre Mouna 

LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/mouna-aoun-5106b12/ 

  

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Ici, on parle d’identités plurielles, de voix arabes, de parcours de femmes inspirantes, d’arabité, de diaspora maghrébine, de sororité, de féminisme, d’inclusion, de récits de femmes et de transmission et d’héritages culturels.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, ici Pochra Pourti et bienvenue sur HEIA. En arabe, HEIA signifie « elle » . C'est parce que ce mot n'est pas suffisamment utilisé pour parler de réussite et d'ambition féminine que j'ai décidé de lancer ce podcast. Les inégalités et la sous-représentation liées au genre sont malheureusement une réalité et une approche intersectionnelle ne fait qu'amplifier ces phénomènes. Chaque épisode est une conversation où j'invite une femme de culture arabe à venir partager son histoire et évoquer sa réussite. Mes invités ont toutes des backgrounds et trajectoires différentes. Elles sont journalistes, entrepreneurs, écrivaines, artistes ou encore médecins, et vous serez, je l'espère, inspirés par leur réussite. L'objectif de ce podcast est de vous, tout d'abord, promouvoir une image différente de la femme arabe en mettant en lumière ses parcours exceptionnels, mais aussi aider les plus jeunes ou celles en quête de renouveau à trouver des rôles modèles et ambitionner leur avenir. Ma conviction ultime est que la seule manière d'y croire, c'est de le voir, ou en l'occurrence d'entendre. Si ce podcast vous plaît, je vous invite à prendre quelques minutes pour le noter 5 étoiles sur iTunes ou Apple Podcasts. C'est la meilleure manière de le soutenir. Sans plus attendre, je vous laisse découvrir notre invité du jour. Cette semaine, je suis ravie de partager ma conversation avec Mouna Aoun. secrétaire générale de Kiss Kiss Bank Bank & Co, filiale de la Banque Postale et pionnier du financement participatif en France et en Europe. Femme engagée depuis de nombreuses années, Mouna est à titre personnel vice-présidente d'ONU Femmes France et administratrice de Solidarité Sida. Née d'une maman française et d'un papa tunisien, Mouna nous raconte comment elle a vécu cette double identité et ce double héritage. Nous avons évoqué son parcours universitaire plutôt atypique pour une personne exerçant à présent dans le secteur bancaire. En effet, Mouna a débuté par des études d'histoire médiévale de l'Orient musulman et son ambition professionnelle était à ce moment-là de devenir chercheuse. Elle revient sans filtre sur un de ses échecs et raconte comment elle en a fait une force pour repartir encore plus fort de l'avant. Nous avons également discuté de son rapport à la langue arabe, de l'importance de la diversité des équipes en milieu professionnel et de transmission. Un épisode très riche. que je l'espère vous procurera autant de plaisir que j'ai pris à l'enregistrer. Sans plus attendre, je laisse place à la réé du jour, Mouna Aoun. Bonjour Mouna.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    C'est avec un très très grand plaisir.

  • Speaker #0

    Jusque-là, je n'ai pas eu beaucoup de gens du milieu corporate. Je trouve que c'est très intéressant de partager un profil pour étendre l'éventail des femmes inspirantes que j'ai eues à mon micro à ce jour.

  • Speaker #1

    Pour moi, je vis cet enregistrement comme une parenthèse enchantée pour échanger en toute liberté sur des thématiques qui sont chères à la fois femmes et notre altérité maghrébine ou arabophone.

  • Speaker #0

    Mouna, la tradition sur Réa, c'est de commencer par les débuts, les origines. Donc, si tu es d'accord, est-ce que tu voudrais bien te présenter en nous parlant un peu de ton enfance, de ton éducation, du milieu dans lequel tu as grandi ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir, je suis née à Roy-Malmaison dans les Hauts-de-Seine. Mon enfance s'est passée de façon plutôt sympathique dans une banlieue favorisée de la région parisienne. J'ai un papa tunisien et une maman française. Et mes parents ont eu le souci de nous donner les deux bagages culturels, à la fois tunisien et à la fois français-européen. J'ai un frère. qui s'appelle Daoud. Et on a grandi entre la région parisienne et la Côte d'Azur, puisque l'appel de la Méditerranée s'est fait pour mon papa. Et donc, du coup, le collège et le lycée et la prépa s'est passé sur la Côte d'Azur, du côté de Cagnes-sur-Mer et Nice. Et puis, au moment de choisir ses études, moi, j'ai eu envie de revenir dans la région parisienne, parce que Je trouvais que c'était un peu compliqué, la société sur la Côte d'Azur. Et je trouvais qu'il y avait plus de possibilités. Et on est un peu plus anonyme en région parisienne. Je trouvais qu'on avait plus de chances en région parisienne. Donc voilà, 47 ans, une partie en région parisienne, une partie sur la Côte d'Azur. Donc on peut dire une enfance plutôt favorisée.

  • Speaker #0

    Et tes parents travaillaient dans un milieu plutôt corporel, comme ce que tu fais aujourd'hui, ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Ma maman a fait toute sa carrière dans une banque.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Elle a commencé à l'âge de 16 ans et jusqu'à la retraite au Crédit du Nord. Et c'est vrai que le milieu bancaire, c'est une deuxième maison, puisque j'ai toujours accompagné dans son travail, dans les agences dans lesquelles elle a travaillé. Et puis mon papa a fait plusieurs métiers différents dans le domaine médical, dans le domaine de la sécurité, au gré de ses envies, de ses motivations.

  • Speaker #0

    Comment la petite Mouna a imaginé sa vie d'adulte ? Est-ce qu'il y avait un métier ou des hobbies, des activités qui te faisaient un peu rêver, petite fille ? Tu as des souvenirs de ça ?

  • Speaker #1

    J'ai toujours eu une vraie curiosité, une vraie curiosité intellectuelle. Donc la petite Mouna, elle avait déjà beaucoup envie de liberté, de casser les codes, d'éviter qu'on lui mette une étiquette sur le front. et toujours eu les yeux grands ouverts à des personnes, à des sujets, à des ambiances. Et en matière de métier, enseignante s'est révélée à la fin des études, donc la volonté de transmettre, de chercher et retranscrire. Cette transmission de savoir était assez importante. Et également tout ce qui est dans le domaine des arts au sens large. Et j'aurais rêvé d'être commissaire priseur. D'accord. La possibilité de travailler dans le domaine de l'art. Il faut payer sa charge. C'est une profession libérale, il faut payer sa charge. Et ça a été un frein à l'évasion dans ce domaine professionnel. Et cette curiosité intellectuelle m'a beaucoup... nourri puisque avec un bac C en poche le dernier. C c'était le bac scientifique mais assez équilibré qui a été transformé après une réforme en bac S avec une surpondération des matières scientifiques donc maths, physique et bio alors que moi c'était coefficient 5 aussi avec le français et donc un profil comme le mien qui est maths et littéraire. donc sciences humaines et rationnelles. Ça me convenait très bien, puisque je l'ai eu avec mention. Mais si j'avais eu le bac S, je pense que je n'aurais pas eu la mention, parce que j'ai eu à peu près 15-17 dans toutes les matières littéraires, sciences humaines, dépassables sur les fonctions scientifiques. Avec le bac S, ça aurait révélé mon côté moins scientifique que prévu.

  • Speaker #0

    Mouna, ta maman est française, ton papa est tunisien. Et tu disais qu'ils avaient tous les deux, ils voulaient s'assurer qu'il y ait une transmission des deux côtés. Comment tu as vécu cette double culture ? Parce que c'est particulier, on parle souvent de double culture d'enfants, d'immigrés, où les deux parents sont d'origine maghrébine, où là ta maman est française, donc il n'y a pas d'origine étrangère. Est-ce que ça donnait plus de légitimité ou est-ce que ça te protégeait peut-être plus de certaines discriminations ou raccourcis ?

  • Speaker #1

    Alors la double culture, elle s'est incarnée à la maison de façon très équilibrée, puisque les deux fêtes étaient fêtées, les deux calendriers, mes parents, mon père est musulman, ma mère est catholique, non pratiquante, mais ils nous ont voulu nous donner les deux bagages, plus culturels que religieux, parce que dans notre éducation, la religion c'est une expérience intérieure en fait. Ça ne s'apprend pas, ça ne s'impose pas, ça se vit. Et donc, du coup, une vision plutôt libérale de la religion. Et donc, pour répondre à ta question, en fait, dans les yeux d'une enfant, tu ne te poses pas trop la question. Tu es en France, ta mère est française, ton père est tunisien. Quand tu es en Tunisie, tu te sens chez toi. Quand tu es en France, tu te sens chez toi. C'est plutôt le regard des autres qui est assez surprenant. Moi, je ne suis pas très typée. Et donc, du coup, c'est le Canada Drive de la Mouna Aoun, en fait, parce que j'aurais pu m'appeler... Marion, machin, ça aurait été pareil. Et donc du coup, quand on me regarde, on ne se dit pas qu'ils ont affaire à une binationale. Par contre, le nom et le prénom interpellent. Et comme c'est un nom plutôt Moyen-Orient, nom et prénom, on ne s'imagine pas qu'à la maison, il y avait une culture musulmane. Et c'est plutôt dans le regard des autres. Donc Buna Aoun, ça passe très bien pour une Libanaise chrétienne. et donc du coup... Quand on évoque après le fait que le père est musulman dans une société des années 80-90, ce n'est pas un rejet, mais c'est une réaction pas aussi enthousiasmante.

  • Speaker #0

    Une petite déception.

  • Speaker #1

    Moins, petite déception, petit retrait. Et donc du coup, ça, dans les yeux d'une enfant adolescente, tu ne comprends pas trop. Ou tu finis par comprendre que ça ne sera pas le truc qui va te rendre la plus populaire de la cour d'école.

  • Speaker #0

    Et comment tu le vivais ? Est-ce que tu as eu des passages où tu disais « je vais me cacher du côté de ma mère » et un peu rejeter ça ? Est-ce qu'une ado, c'est pas... plus jeune enfant, c'est pas toujours évident à assumer ?

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, au départ, tu te poses pas de questions, puis après, t'essayes d'intellectualiser, mais bon, avec un papa tunisien musulman à la maison, c'est difficile de te dire que la surpondération française est possible. D'abord, par la culture, la volabilité, la présence, la cuisine, puisque c'est lui qui... cuisinaient donc si tu veux j'ai pas eu un réflexe français par contre ce qui était enthousiasmant c'est quand tu vas en tunisie que tu te dis là tu peux exprimer 100% de ce que t'es quoi surtout en tunisie qui est un pays francophone et donc toute ta famille parle français ils sont ravis de te voir et ils sont ravis de cette biculture. Donc voilà, non, je n'ai pas eu de repli identitaire, mais j'ai eu une soif d'apprendre l'arabe dans le cadre de mes études en me disant...

  • Speaker #0

    Parce que tu ne le parlais pas à la maison ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Non, pas du tout, ouais. Bah, tu sais, j'imagine qu'on est plusieurs dans ce cas-là. La langue arabe était un peu taboue, hein. Taboue parce que, d'abord, l'apprendre à l'école, c'était nous classer dans des classes qui n'étaient pas forcément des classes d'excellence. Que les cours qui étaient dispensés étaient des cours... cours avec la volonté d'un retour au pays. Il y a eu ces sujets, tu sais, les profs qui étaient proposés étaient des profs en lien avec l'ambassade, dans l'espoir que les contingents qui étaient venus travailler en France aient la possibilité de retourner dans leur pays d'origine. Du coup, ce choix-là n'a pas été fait au sein de la famille. Après, il y avait des associations à Ruyem-la-Maison qui proposaient de la rame, donc j'avais fait... J'avais avec ma mère, puisqu'elle rêvait d'apprendre l'arabe. Donc, on s'était inscrits toutes les deux.

  • Speaker #0

    C'est génial de faire avec sa maman.

  • Speaker #1

    Oui. Et on a fait ça. Enfin, on a essayé de faire ça après l'école et après son travail. Et en fait, j'ai commencé. Et puis, je ne sais pas pourquoi, dans le domaine de l'inconscient, je l'ai rejeté à ce moment-là. Tu avais quel âge à ce moment-là ? Je pense que j'avais 7-8 ans, quelque chose comme ça. Et le prof avait un accent terrible. Et du coup, c'est mon côté expiègle. En fait, il me faisait rire et je n'arrivais pas à me concentrer là-dessus. Alors peut-être que c'était une forme de pudeur inconsciente ou ce que tu dis, inconsciemment, le fait de le rejeter en se disant « ça va trop me marquer de connaître les deux » . Là, je préfère être dans mon cocon sécuritaire de la petite Mouna française. Mais en tout cas, à ce moment-là, on n'a pas réussi à aller jusqu'au bout. Et il fallait que ça soit une démarche volontaire. Et cette démarche volontaire d'apprentissage de la langue arabe s'est faite après la classe prépa, quand j'ai souagi de faire des études d'histoire de l'Orient musulman médiéval. Et à la faculté de Paris-Insorbonne, il y avait des cours d'arabe qui étaient proposés dans le cursus. Et j'ai découvert un prof d'arabe que j'adore, avec lequel je suis encore en lien. d'origine irakienne avec une méthode très structurée et je me suis régalée. J'ai fait ça pendant 2-3 ans et il a des cours en ligne. Je suis encore en lien avec lui et je révise encore les cours de Rali Belakac que je salue et que j'adore.

  • Speaker #0

    C'était ma prochaine question. J'allais te parler de ton parcours universitaire qui est assez atypique quand on voit ton job aujourd'hui, ton rôle aujourd'hui et ces études d'histoire médiévale de... de l'Orient musulman. Donc j'entends cette volonté d'apprendre l'arabe, mais de là à faire des études universitaires spécialisées de l'histoire médiévale de l'Orient musulman. Comment l'idée a germé ?

  • Speaker #1

    Moi, si j'avais eu l'opportunité, je n'aurais pas choisi de matière. L'école, pour moi, a été quelque chose de très très important dans ma vie de petite mouda, parce que toutes les heures que je passais à l'école... C'était des heures d'apprentissage, de découverte, de réflexion. Donc j'ai jamais... J'étais sur le chemin de l'école à reculons, ou à petits pas, mais plutôt en courant, parce que chaque heure, chaque découverte était fascinante. Du coup, au moment de choisir, ça a toujours été un problème, c'est choisir, choisir une matière, une discipline. Et donc, choisir quel bac ? Je voulais choisir le bac C, parce que tout le monde disait que ça ouvrait le plus d'options. Et puis, à l'issue du bac, comme j'étais encouragée à l'excellence, c'était une prépa, parce que j'ai fait baxer avec options informatiques. Donc, j'ai codé en C++. Ah oui, quand même. Et bon, je me suis dit, bon, les maths physiques, c'est hyper intéressant, mais je ne vais pas me révéler là-dedans. Et donc, j'ai découvert qu'il y avait des prépas pour des profils comme moi, donc il faut cagne-cagne. Donc déjà, j'ai fait un premier virage en me disant, bon, dans le champ des possibles, de toutes les disciplines qu'on nous apprend à l'école, au lycée, et il y en avait plus de notre temps qu'aujourd'hui. « Ok, je vais mettre de côté tous les aspects scientifiques et je vais me plonger dans les matières sciences humaines. » Et donc, hippocampe, cagne. Et ça, ça a été vraiment deux années extraordinaires parce que des profs extraordinaires, parce que plonger dans des récits, plonger dans des philosophes, c'était très éprouvant et très exigeant puisqu'on passe de moyenne de 17-18 dans ces matières. Quelque chose autour de 8, 9 pour préparer Normal Sup. Donc, c'est un choc. Un mois avant la rentrée de septembre, alors que tout le monde rentrait en octobre, on reçoit une bibliographie de 500 livres à avoir lu, alors que dans une journée, dans une année, il y a 350 jours. Donc, je me souviens avoir montré à mes parents la liste en disant « Alors, je ne comprends pas, donc je lise plus de 3 livres par jour pour être… » au point à la rentrée, je vous dis tout de suite je vais déjà avoir un peu de lacunes donc apprentissage de la lecture en diagonale mais donc très très dur, très éprouvant des nuits blanches pour finir des disserts mais parenthèse de deux ans en accéléré de savoir, d'inspiration de méthodologie de découverte et à ce moment là la chance quand on fait une hippocaille et une caille c'est qu'on a une équivalence Donc on a à la fois cette préparation à Normale Sup et en même temps, on peut choisir une matière à la fac et on ne passe pas, alors que de mon époque, ça s'appelait le DEUG, on sort d'Hippocam avec un niveau Bac plus 2 validé par l'université. Et donc, il faut choisir une matière. Et donc, j'ai beaucoup hésité, évidemment, parce que choisir était... Choisir,

  • Speaker #0

    c'est j'ai commencé, oui.

  • Speaker #1

    Exactement. Et donc, j'ai beaucoup hésité et j'ai choisi la matière qui me permettait de ne pas encore tout à fait choisir,

  • Speaker #0

    qui était l'histoire du haut.

  • Speaker #1

    Au moins, j'ai coche

  • Speaker #0

    2.

  • Speaker #1

    Et si je n'avais pas choisi histoire-géo, j'aurais choisi philosophie, parce que je trouvais que me plonger dans ces réflexions, ces raisonnements... La philo et l'histoire, c'est pour moi un bon combi, parce que ça te nourrit et ça te permet de faire face à un nombre incalculé de situations, de personnalités. Et donc ça t'enrichit encore plus. Donc si j'avais dû choisir, si je n'avais pas choisi l'histoire géo, j'aurais choisi la philosophie, mais j'ai choisi l'histoire géo. Et c'est comme ça que ça m'a amenée en licence d'histoire. Et donc en licence, tu es notée et tu plonges sur différents sujets. Et l'histoire est splitée en quatre grandes périodes. L'histoire antique, l'histoire médiévale, l'histoire moderne et l'histoire contemporaine. Et en licence, j'ai découvert... Une prof extraordinaire, Françoise Michaud, sur l'Orient musulman médiéval. C'est elle qui faisait une partie de ses cours. Et j'ai appris plein de choses. D'abord, ce que la littérature et la philosophie européenne doivent aux traducteurs arabes, puisque les textes grecs se sont perdus et c'est par les traducteurs arabes qu'ils ont été redécouverts. les zones de... de symbiose entre la culture orientale et la culture occidentale, par l'Espagne de l'Alendalus, par l'Italie, Venise, les marchands. Et en fait, je me suis dit, c'est moi en fait.

  • Speaker #0

    Et là, c'était une révélation. Est-ce que déjà ton papa partageait avec toi, ou t'avait un peu éveillé à l'importance du monde arabe, à sa grandeur, à toute l'histoire, toute la grande histoire qui est associée à ce monde ?

  • Speaker #1

    Dans le détail, c'était une révélation, mais mon père le faisait avec la ferveur et le nationalisme arabe, c'est-à-dire qu'on est les meilleurs, on est les plus intelligents. Donc si tu veux, tu dis, en fait, c'est de la prétention ou c'est la volonté de m'inculquer la biculture comme un coach, pas comme un enseignant qui me le démontre avec des arguments. Et donc, non, non, j'ai découvert. J'ai découvert des choses extraordinaires et j'avais envie de plonger là-dedans, je me suis dit. Au travers de cet apprentissage, je vais me comprendre, me révéler, d'une certaine façon m'accepter. Et du coup, j'ai plongé dans cette période.

  • Speaker #0

    Et tu sentais que tu étais à la recherche de quelque chose plus personnellement ? Parce que là, tu dis, je me rends compte que ça allait me permettre de me révéler, de me connaître, etc. Est-ce qu'il y avait cette quête qui était déjà éveillée quelque part pendant ces derniers jours ?

  • Speaker #1

    Pas verbalisée, ni remontée. Mais en tout cas, j'avais cette intuition. J'avais cette intuition et surtout, la période était absolument fascinante. Et du coup, je me suis attachée à un personnage, Salah al-Din. Et donc, j'ai fait ma maîtrise et mon DEA là-dessus. sur ce personnage qui a reconquis Jérusalem au croisé, qui, dans les textes et les chroniques occidentales, sa vaillance, son engagement étaient salués, sa personnalité. Et il y a des textes qui disent qu'en fait, il est tellement pieux et tellement engagé, et il a tellement de valeur chevaleresque, que quelque part, il doit être chrétien. J'adore.

  • Speaker #0

    C'est énorme.

  • Speaker #1

    Toujours cette vision. toujours cette vision occidentalisée que ces qualités sont des qualités chrétiennes alors que c'est des qualités humaines. Donc il a reconquis Jérusalem au croisé, il n'avait pas de légitimité religieuse du temps des califats, il a conquis sa légitimité militaire puisqu'il a reconquis des territoires et donc je trouvais que cette histoire était absolument fascinante une fois encore. Je n'ai pas choisi. J'ai choisi le sujet au milieu de la Méditerranée, qui me permet de traiter d'un sujet occidental et un sujet médiéval, mais oriental. Donc voilà, c'est comme ça que ça s'est fait.

  • Speaker #0

    Et là, tu t'embarques dans ces études avec le but de faire de l'enseignement ?

  • Speaker #1

    Chercheuse. Chercheuse, d'accord. J'avais très envie de faire ma thèse là-dessus, d'être la nouvelle Françoise Michaud. Je trouvais ça fascinant. Voilà, l'étudiante, tu vois, Sophie Marceau, grande amphi de la Sorbonne, qui vient expliquer tout ce que Françoise Michaud avait révélé. Tu le révèles dans ses grands amphis, donc transmission, mais plutôt chercheuse et enseignante à la fac. Après, il faut découvrir toutes les étapes pour aboutir à ça, avec l'excellence française et les numéros sclosus. Donc, quand j'ai exprimé ça à mes profs et notamment à Françoise Michaud, elle m'a dit bon. Passez d'abord le CAPES et l'AGREG d'Histoire Géo et ensuite vous passerez votre thèse parce qu'il faut que vous viviez, sachant que moi j'ai fait mes études en travaillant en parallèle. Parce que mes parents n'avaient pas beaucoup de revenus et quand je suis remontée en région parisienne, j'étais autonome financièrement et donc je travaillais d'abord équipière et puis formatrice au McDo parce qu'ils ne posaient pas de questions et qu'ils payaient et qu'ils signaient des CDI à temps partiel. Et donc, voilà. continuer derrière pour être prof, mais au départ ma volonté c'était de continuer à creuser et à découvrir tous ces domaines de l'histoire qu'on nous a jamais appris, ce qui me permet d'exprimer le fait que maintenant ça a un peu changé et les textes changent un peu, mais c'est une hérésie que de ne pas révéler ces pans d'histoire, qui sont des pans d'histoire d'hommes et de de femmes issues de l'immigration de la deuxième ou troisième génération. et découvrir qu'en fait, l'histoire européenne, c'est une histoire qui les concerne aussi. Et donc voilà, je le dis là maintenant parce que c'est un sujet qui continue à m'inspirer et pour lequel je passe un peu de temps, justement pour changer l'image du français gaulois.

  • Speaker #0

    J'imagine que ton papa devait être très fier de te voir embarquer dans ces études-là. Quelle était un peu sa réaction par rapport ?

  • Speaker #1

    La fierté, ça c'est sûr. Et après, je suis remontée à Paris. Donc du coup, il y a eu de la distance qui s'est instaurée et de l'autonomie. Pour lui, les études à la Sorbonne et les études parisiennes ont creusé l'écart entre lui et moi. En fait, ça a mis de la distance. Donc la fierté, c'est sûr. Mais bon, en bon oriental, tu sais que ça se dit pas. tu le vois dans les yeux ou tu le sais par les copains

  • Speaker #0

    Oui. Et comment l'intérêt du coup pour la finance, pour le milieu bancaire est arrivé ? Donc j'entends que ta maman était dans ce milieu-là. C'est quelque chose qui n'était pas complètement nouvelle, tu étais un peu familière à ce milieu-là. Mais où se passe un peu ce pont entre ces études dont tu nous parles, cette ambition de faire une thèse, de passer l'agrégation ? Et comment se fait ce virage ?

  • Speaker #1

    En fait, ce n'est pas vraiment un virage, comme je te l'ai dit. j'ai toujours de... De faire au feu, oui. J'ai toujours de faire au feu. Je suis jumeau, c'est peut-être pour ça. Toujours sur deux rails, rarement un rail.

  • Speaker #0

    C'est l'histoire du choix,

  • Speaker #1

    pas choisir,

  • Speaker #0

    avoir autre chose en barrette, le chaos.

  • Speaker #1

    Du coup, j'ai toujours travaillé depuis l'âge de 18 ans. Mes premiers jobs d'été se sont faits au Crédit du Nord pour gagner cette indépendance, pour gérer mon budget, mes fins de mois, mes envies. Et donc du coup, une fois que j'ai passé le CAPES et la GREC d'Histoire JO, que j'ai raté, j'ai réussi les écrits mais j'ai raté les oraux, il fallait bien renflouer les caisses puisque j'étais boursière. Et là pour le coup, faire tout ce que je faisais en parallèle était un peu compliqué. Et ma mère m'a dit, postule dans une jeune venture entre... entre le Crédit du Nord et une société d'assurance qui s'appelle Cardiff. Et donc, je suis rentrée en stagiaire été. Compte tenu de mon profil, ils m'ont mis à la direction de la communication. Et moi, je ne savais même pas que ça existait. Et là, je me suis dit, c'est juste dingue, c'est génial. Parce qu'en fait, les qualités littéraires, les qualités de rédaction peuvent être mises à profit dans des directions de communication. En général, les profils sur ces métiers de direction de communication, c'était plutôt... Sciences Po, école de commerce, pas trop, parce que là, ce qu'on cherche, c'est les qualités rédactionnelles, de diplomatie et compagnie. Et en fait, j'ai trouvé que le métier rentrait dans mes pieds de façon très saillante. Une chaussure, je trouvais ça assez fascinant. Et donc, j'ai bénéficié d'une opportunité, puisque c'était la fusion des sociétés Paribas et BNP. Et on m'a mis au service de presse pendant... pendant un mois. Donc, service de presse, ça veut dire que j'aidais l'ancienne attachée de presse à répondre aux demandes journalistes du monde de la banque et de l'assurance, donc hyper spécialisée. Et je faisais la jonction entre elle qui quittait cette fonction parce qu'elle passait sur la com' interne et une nouvelle attachée de presse qui était plutôt côté BNP qui allait arriver mais pas tout de suite. Donc, comme elle était déjà très focalisée sur son nouveau métier, elle s'est dit on va mettre Mouna là, il y a une conférence de presse à la fin du mois. elle va rédiger le dossier de presse, je vais lui dire comment faire, et puis ça va le faire.

  • Speaker #0

    Et un moment clé de l'histoire de la banque, pour le coup. C'était un moment où les spotlights étaient plutôt figés sur cette banque-là.

  • Speaker #1

    Exactement, c'était une opportunité. Un, rédiger, je savais faire. Deux, vulgariser, répondre aux demandes journalistes, et donc faire transmission, un courroie de transmission. Ça fait partie de mes skills. Il y avait des nouveaux trucs à apprendre. Donc, du coup, c'était bon pour moi. Je Ausha les trois cases. Et voilà, on m'a demandé de rédiger, dès le deuxième jour, c'était au mois d'août, août 2000, un dossier de presse sur la multigestion chez Cardiff. Bon, multigestion, ça ne me parlait pas. Moi, j'ai dit, où est la bibliothèque ? Parce que ça ne me fait pas peur, moi, des sujets. Des sujets, tu vois, des intitulés de sujets, de disserts qu'on me demande et que je ne comprends pas à la base. C'est la base d'une étudiante en histoire. Même pas peur. et donc j'ai demandé à la bibliothèque on m'a dit ah bah non la bibliothèque ça n'existe pas mais il y a un service documentation donc j'ai été voir la documentaliste et j'ai récupéré un certain nombre d'articles de presse là c'était pas des articles de chercheurs et je lui ai dit d'accord maintenant que j'ai compris ce que c'était que la multigestion qu'est-ce que vous voulez mettre en place donc j'ai fait des petites interviews en interne ensuite j'ai dit c'est quoi un dossier de presse donne moi un exemple et puis j'y suis allée quoi, j'ai rédigé J'ai rédigé mon truc. Et Amélie, Amélie Desbarcheliers, elle trouvait que c'était top.

  • Speaker #0

    Génial. Et du coup,

  • Speaker #1

    franchement, ça s'est fait comme ça. Il y avait un poste d'assistante de l'attachée de presse qui se libérait en CDD. Et en fait, j'ai postulé. J'ai été voir... La com était rattachée au secrétariat général. Donc, j'ai rencontré le secrétaire général dans un long entretien de deux heures. On a parlé de toute autre chose que le métier, puisque je ne le connaissais pas. On a parlé de l'histoire, on a parlé de moi. Puis, il est sorti de là en disant aux dirigeants... Concernée, c'est une fille bien, il faut la prendre, on va la former.

  • Speaker #0

    Mais c'est génial ça Mouna, ça m'interpelle vachement ce que tu dis parce que c'était il y a quelques années, tu n'as pas le parcours classique qu'on voit dans le milieu bancaire et il y a quand même une ouverture à te donner ta chance, à t'écouter et se dire oui ok elle ne connaît pas le côté technique, ça elle l'apprendra mais elle a tout le reste. Ce qui est souvent un peu le défaut. En France on est encore beaucoup, tu as fait quelle école où tu le vois même quand il y a des changements de poste et que les gens ont 30 ans de carrière, on parle encore de leur école et tu dis... On s'en fout, il a 30 ans de carrière, il en a fait des choses. C'est hyper inspirant et encourageant de voir qu'ils étaient un peu en avance sur les choses qui se faisaient à ce moment-là et encore aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je les remercie tous les jours et je le redis. Et quand je sélectionne des CV dans le cadre de mes fonctions de secrétaire générale, le KissKissBankBank & Co, j'ai la fonction RH. Quand je trie les CV, j'ai ça toujours en tête.

  • Speaker #0

    Je vais juste revenir, j'ai une petite question qui m'interpelle dans ce que tu disais. Au moment où tu as passé le CAPES, tu disais... Tu as eu les écrits, pas les oraux. Comment tu prends un peu cet échec, entre guillemets ?

  • Speaker #1

    C'est mal.

  • Speaker #0

    Voilà, je m'attendais à cette réponse, parce que tu étais la bonne élève dans toute la définition classique d'une bonne élève, qui réussit à peu près tout, qui est très curieuse, qui travaille très dur pour y arriver. Et j'imagine que l'option échec n'était pas forcément dans l'option des possibles. Et du coup, comment tu le vis ? Et je trouve que c'est quelque chose de très important.

  • Speaker #1

    Mais tu as raison de le dire. Comment je le vis très mal, parce que c'est des heures et des années d'investissement. Et je me rends compte que je suis nulle à l'oral. Je suis un rat de bibliothèque, je passe des heures au carré à faire des fiches, à apprendre, à comprendre. et en fait je ne prends pas le temps de prendre de la hauteur et de synthétiser ma pensée à l'oral et de m'exprimer de façon claire. et j'ai même pas le bas goût en fonction du sujet que tu tires à l'oral de faire des pirouettes pour le coup quand je raconte ça à des gens qui me connaissent aujourd'hui, ils sont surpris très !

  • Speaker #0

    C'est ce que j'allais dire j'ai l'impression que tu parles d'une autre personne, on se connait pas beaucoup mais on parle depuis

  • Speaker #1

    30 minutes ou 40 minutes les choses ont vachement évolué il faut connaître ses forces et ses faiblesses et moi à l'époque ma faiblesse c'était l'oral parce que syndrome de l'imposteur très puissant ... Parce que toujours s'excuser d'être là, de fournir le dernier souffle dans tout ce qu'on fait. Et donc, les oraux, je n'ai pas été bonne. Je n'ai pas été bonne, je n'ai pas su convaincre, je n'ai pas su séduire. J'étais en ras de bibliothèque avec mes lunettes et dès que je sortais de ma zone de confort, j'étais en panique. Donc du coup, une fois que l'échec est sonnant et trébuchant, on remonte en selle. Donc là, je me suis dit, est-ce que je remonte en selle pour ça ou est-ce que je remonte en selle pour autre chose ? Et le fait d'avoir eu deux rails, c'est-à-dire les études et le travail, à ce moment-là, je me suis dit, je vais prendre le travail. Parce que je trouvais que je n'allais pas y arriver de l'autre côté. Parce qu'à cette époque, l'oral était fait pour un numerus clausus. Donc l'oral était fait pour éliminer. Et j'ai été éliminée. Dans la façon dont on configure les programmes, KPC agrègue, c'est tu ne peux pas te dire je vais investir 5 ans sur le sujet et je vais y arriver parce que c'est les mêmes sujets, tu sais, le côté laborieux. Parce que les sujets sont changés à 50% chaque année. Et donc, du coup, tu as deux questions qui restent et deux nouvelles questions et en géographie aussi. Et tu ne sais pas sur quelles questions tu vas tomber. Donc, le jour où tu planches, Tu vas plonger peut-être sur l'ancienne question, et là tu déroules, mais comme tous, soit tu tombes sur la nouvelle question. Du coup, je me suis dit, comme de toute façon, moi, je ne peux pas étudier à 100%, parce qu'il faut que je m'autofinance. Donc, est-ce que je continue dans cette situation d'échec, où je fais une bifurcation, et je me dis, en fait, je vais aller bosser, parce qu'à un moment donné, il faut manger, et puis t'as 23 ans, tu te dis là, est-ce que je fais ça encore ? pendant un certain nombre d'années. Finalement, je ne profite pas de la vie. Je suis née dans le guidon et donc j'ai besoin d'un peu d'air et me dire que la vie, c'est peut-être autre chose que les bouquins. Et je prendrai ma revanche sur l'oral.

  • Speaker #0

    Et tu as mis longtemps à digérer parce que je trouve qu'on n'apprend pas assez. Je trouve qu'il y a quelque chose qui manque dans l'éducation d'aujourd'hui, de nos enfants et la nôtre, c'est rebondir d'un échec. Je trouve qu'on apprend tellement d'un échec. Il y a tellement de choses... qui sont très très utiles et c'est presque important d'échouer tôt et je sais pas si tu as eu des petits échecs avant ou si celui-là était le premier est-ce que tu es vite remonté en scène ?

  • Speaker #1

    Oui j'ai vite remonté en scène parce que j'ai raisonné ce que je viens de te dire en me disant bah en fait bah voilà C'est comme ça, je suis dégoûtée, mais il faut que j'avance, il faut y aller. Et puis tu sais, c'est la citation de Simone Veil, que maintenant on fait toute nôtre, tous et tous, c'est les erreurs ne se regrettent pas, elles s'assument. La peur ne se fuit pas, elle se surmonte. L'amour ne se crie pas, il se prouve. Donc la première partie de la citation, les erreurs ne se regrettent pas, elles s'assument, c'est ça quoi, voilà. Une fois encore, ce que je te disais tout à l'heure, je reprendrai ma revanche sur l'oral. Et du coup, j'ai eu un degré d'attention sur les grands orateurs, les discours, comment tu fais passer les messages, comment tu te détaches de ton texte, jusque y compris dans mes fonctions professionnelles, en arrivant chez BNP Paribas, et puis ensuite, donc Postal et La Poste, j'ai eu deux dirigeants. chef de cabinet de deux dirigeants. Et le premier était très discours, écrit, très fort avec ce format-là. Et puis un autre, Philippe Valle, qui est maintenant président du groupe La Poste. Et quand il est arrivé, zéro note, zéro note, tout dans la tête. Ce n'est pas du par cœur.

  • Speaker #0

    C'est impressionnant, ça. Ce n'est pas du par cœur. Non, non, c'est juste une structure. Il a ses mots-clés.

  • Speaker #1

    Exactement. Et ça, il a beaucoup donné cette marque à la banque. Postal et Groupe La Poste. Et maintenant, quand je m'exprime, je le fais pareil. En fait, c'est éminemment puissant parce que d'abord, tu prépares les grands sujets que tu veux aborder et tu mets ça un peu en ordre dans ta tête. Et après, tu laisses reposer. Et la première chose que je fais quand je m'exprime en public, soit à des conférences, soit à des petits déjeuners, soit devant des collaborateurs, c'est que je m'imprégne de l'ambiance, de l'énergie. Je regarde les regards. je commence et en fonction de la façon dont je commence, je vois comment ils réagissent. Et après, je déroule. Et ça, c'est un grand respect pour ton auditoire parce que tu te donnes comme objectif d'adhérer à eux. Et donc du coup, ils sont pas là pour entendre un discours, ils sont là pour comprendre ou adhérer, tu vois. Donc voilà, c'est comment j'ai pris ma revanche sur l'oral, je te donne le tips.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour ces tips. J'allais te poser la question hyper inspirante. Et ça t'a mis longtemps parce que tu parlais de la petite fille qui était vachement dans ses notes, dans la bibliothèque. Et c'est très dur de passer de l'un à l'autre. Est-ce que t'as mis longtemps à vraiment être à l'aise dans cette recherche ?

  • Speaker #1

    Une fois encore, j'ai eu de la chance. J'ai un copain qui me dit que quand j'utilise cette expression, il faut que je décale. Tu sais, j'aide la chance. J'aide la chance, le verbe aider. Le verbe avoir, le verbe aider. Du coup, j'adore dire ça. J'ai aidé la chance puisque j'ai fait un métier entre les deux. J'ai fait le métier d'attachée de presse pendant 10 ans. Je médiatrainais des porte-paroles. J'ai passé mon temps à aider les porte-paroles à être bon en interview, de dire ce qu'il faut, de dire ce qu'il ne faut pas, de dire quand on ne sait pas. J'ai fait ça pendant 10 ans. J'ai eu mon sas de décompression entre la sachante Merci. et la communicante. Et une fois que tu fais ton métier d'attachée de presse et que tu as en face de toi... Après, j'ai accompagné peut-être dans ma carrière d'attachée de presse entre 50 et 100 porte-paroles, petits, moyens et grands, puisque ça va du gestionnaire d'actifs au dirigeant, au chef de produit, au DRH, tu vois, différents profils. Et comme tu es l'intermédiaire, le chénon de... la chaîne de courroie entre le journaliste et le porte-parole tu fais en sorte que ça se passe bien bah t'as ton espace d'apprentissage et donc du coup j'ai appris à être l'oratrice que je suis aujourd'hui par tout ce que j'ai appris dans les livres de bon orateur et ce que j'ai vu en pratique et du coup voilà ça a été long puisque ça a été 10 ans je me suis pas improvisée porte-parole moi-même Merci. sur les sujets que je maîtrise aujourd'hui. Ça a été un processus assez long, mais en fait assez fructueux, parce que du coup, je suis assez fière de la façon dont je peux m'exprimer aujourd'hui sur des sujets qui sont les miens.

  • Speaker #0

    Génial, génial. Je trouve que c'est hyper inspirant et puis ça donne de l'espoir. On a souvent ces raccourcis en disant « non, je ne suis pas bonne dans ça, ça ne sert à rien, ce n'est pas pour moi » . En fait, non, tout est une question de pratique et de talent, on le travaille.

  • Speaker #1

    Oui, oui, ça c'est vraiment ce que j'aimerais que les auditeurs retiennent, c'est qu'en fait, un échec hier est la base d'une réussite de demain. Un non qu'on te donne hier peut être un oui demain. Et surtout, il faut s'écouter, se faire confiance. Être indulgent avec soi-même, et en fait, il y a des moments où on est en échec pour telle et telle raison, si on arrive à les analyser et qu'on arrive à faire de l'autocritique bienveillante vis-à-vis de soi, en fait, dans un autre contexte et quelques années plus tard, ou même quelques mois, ou même quelques jours, on peut être dans une situation de réussite. Pour les enfants ou les adolescents qui planchent sur... Sur une disserte, combien de fois nous on s'est dit « en fait j'ai été nulle, j'aurais dû dire ça pendant l'écrit et puis je me suis stressée » et cinq minutes après ou une heure après, on se dit « j'aurais dû dire ça, je le savais » . Voilà, en fait, il faut se faire confiance et se mobiliser, toujours garder un petit sas de réalignement en fait. Qu'est-ce que je sais de ma leçon ? Qu'est-ce que je sais de ce que je vais dire ? Qu'est-ce que je veux dire à mes collaborateurs ? Qu'est-ce que je veux dire à mon entourage ? Tu vois, cette gestion de son émotion, refaire reposer la poussière ou la rage et se dire qu'est-ce qui va être constructif pour moi et pour les autres.

  • Speaker #0

    Absolument. Et je pense aussi garder sa touche personnelle et pas essayer de répliquer. Et c'est ce que tu disais, je trouvais ça hyper intéressant. En fait, tu as vu tellement de leaders, de communicants faire et j'imagine avec des styles complètement différents. jusqu'à trouver ta touche personnelle et là quand je te vois parler j'ai vu des vidéos etc t'es hyper à l'aise et tout est très naturel il n'y a rien de copier il n'y a rien de scripter et c'est hyper c'est hyper inspirant tu sais c'est la situation de paolo coelho n'essaie pas d'être utile essaie d'être toi ça suffit et cela fait toute la différence c'est

  • Speaker #1

    mon claim

  • Speaker #0

    Mouna je vais revenir sur ta carrière donc tu disais que tu avais commencé en tant que responsable de com au sein de bnp ensuite au sein de la Banque Postale en tant que Chief of Staff chargé de mission auprès du Président de la Banque Postale, puis Directrice Marketing des marchés mass market et spécifiques, et aujourd'hui tu es Secrétaire Générale de KissKissBankBank & Co. À quel moment tu as souhaité changer et orienter ta carrière vers une finance plus engagée, plus responsable ? Est-ce que c'était une démarche que tu avais en tête et quelque chose que tu as... dont tu as été maître et tu as dirigé ta carrière vers ça ou c'est plus une opportunité qui s'est présentée à toi avec le rachat de KissKissBankBank par la banque postale ?

  • Speaker #1

    Un peu des deux. D'abord, c'est un engagement et une conviction personnelle très forte et intérieure, en fait. La défense des plus faibles, la défense de l'altérité.

  • Speaker #0

    Et peut-être aussi juste expliquer ce que KissKissBankBank & Co font parce que je ne suis pas sûre que ça parle à tout le monde, si ça ne t'embête pas.

  • Speaker #1

    Skis Bank Bank, c'est une plateforme de financement participatif. L'idée, c'est de rendre possible le financement de projet sans passer par le financement bancaire classique ou la levée de fonds. C'est en phase d'amorçage. Un porteur de projet a une idée, un projet social ou sociétal ou associatif et il a besoin de lever des fonds pour rendre possible ce projet. Projet, souvent, quasi 100% des cas, qui a du sens. mais qui ne se finance pas de façon classique ou qui n'est pas suffisamment aboutie pour lever des fonds par des voies classiques. Le financement participatif, ça met en relation un porteur de projet et des contributeurs qui viennent acheter ou contribuer au produit, le rendre possible. Donc c'est très noble aussi et ça a des intermédiaires. Souvent on dit qu'une campagne de crowdfunding, c'est 50% une opération de communication. 50% une opération de levée de fonds, et les deux sont hyper importants, parce que ça rend crédible, viable, connu aux yeux de tous, le projet que tu prépares depuis des années, et il y a une phase de test and learn. Rien n'est grave dans le financement participatif, parce que soit ton projet aboutit, et donc tu lèves les fonds, soit ton projet n'aboutit pas, mais tu n'as rien perdu, et les contributeurs qui avaient commencé à te soutenir, ils récupèrent leurs fonds. Donc ça, c'est le premier métier de KissKissBankBank & Co. Depuis, c'est devenu le pôle de crowd for good de la Banque Postale, autour de cinq filiales, qui agrègent des solutions pour développer l'engagement citoyen de tout à chacun, avec le financement participatif, le crowdlending, qui est là de l'investissement, qui permet d'investir dans des projets d'énergie renouvelable en France, et de toucheter un rendement pour, et on le fait au travers de notre filiale Lendopolis. Good Eat qui a inventé la publicité solidaire qui permet à des marques de soutenir des associations et de reverser des dons à des associations par leur campagne de pub. La quatrième, c'est Microdon qui a inventé l'arrondi en caisse, l'arrondi sur salaire. Et puis la petite dernière, c'est You Matter, un institut de formation et un média, youmatter.word, qui permet aux citoyens d'avoir de l'information de qualité sur des sujets sociaux, sociétaux et environnementaux. Donc voilà ce que c'est que KissKissBankBank & Co.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, tu es secrétaire générale. Est-ce que tu peux nous dire rapidement en quoi consiste être secrétaire générale d'une banque filiale de la Banque Postale ?

  • Speaker #1

    Mon métier de secrétaire générale, il consiste à développer cette stratégie. auprès des fondateurs et auprès de la Banque Postale pour en faire une filiale qui apporte de la valeur à la Banque Postale. Ensuite, piloter toutes les ressources humaines et faire en sorte qu'avec ces différentes entités différentes, on arrive à construire une politique de ressources humaines, une politique salariale, une gestion des talents assez efficace. Pas homogène, parce que ce n'est pas notre volonté, puisque les entités sont nées et ont une phase de développement différente. Donc on ne coupe pas l'herbe au même niveau. On essaye de mutualiser ce qui est mutualisable et garder les identités de chacun. J'ai aussi dans mes fonctions le développement commercial et les synergies avec la banque postale, avec les filiales de la banque postale et avec les filiales du groupe La Poste. et donc du coup faire en sorte que nos solutions Ça rime ou se développe dans des offres produits de la banque postale ou des offres produits du groupe La Poste. Et puis, faire en sorte que tout fonctionne. Je suis la maman de l'équipe et de l'entité. En fait, faire en sorte que ça tourne. Et du coup,

  • Speaker #0

    tu reportes au directeur général ?

  • Speaker #1

    Je reporte au fondateur, au président. Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Tu es très engagée sur la question de la diversité. On en a parlé un peu. Avant d'élaborer un petit peu sur ce sujet-là, je voulais savoir, là on vient de parler de ton parcours qui est hyper inspirant, tu as fait des métiers, tu as travaillé dans les plus grandes banques, à des postes à grande responsabilité. Est-ce que, et on parlait au début du podcast de tes origines, de potentielles discriminations, etc. Est-ce que ça a été un frein à un certain moment ? Est-ce que tu as senti que ce sujet revenait sur la table pour... Peut-être ne pas te permettre d'avancer aussi rapidement que d'autres ou ouvrir des débats qui n'auraient pas été ouverts avec d'autres personnes.

  • Speaker #1

    Ça, c'est un sujet assez complexe parce que par définition, tu ne le sais pas vraiment. Tu peux le ressentir, tu peux douter dans des phases de développement ou de promotion, mais c'est un sujet assez tabou dans le domaine des grandes entreprises ou le domaine corporel.

  • Speaker #0

    Mais en termes de ressenti personnel ?

  • Speaker #1

    Le ressenti, ça m'est arrivé de le ressentir, oui. Mais après, dans des groupes bancaires comme ça, est-ce que c'est lié à l'origine ou c'est lié à mon parcours ? Moi, c'est vrai que je cumule, en fait.

  • Speaker #0

    Tu cumules, et le sexe aussi, parce que c'est quand même des milieux très… Enfin, il y a beaucoup d'hommes. En tout cas, au top management, c'est très peu diversifié, de plus en plus, mais ça ne l'a pas toujours été.

  • Speaker #1

    C'est clair.

  • Speaker #0

    Tu as les trois étoiles.

  • Speaker #1

    J'ai trois étoiles et j'en ai même une quatrième, c'est que je ne fais pas une taille 38. Et donc, du coup, il y a aussi ça dans les carrières. Ce que tu projettes sur ton physique contribue ou pas à l'appréciation que les gens peuvent avoir de toi. Donc, voilà. Comme je cumule, mais que je suis tenace, en fait, j'ai toujours réussi jusqu'à maintenant à exprimer mes talents et faire fi des biais cognitifs qu'on peut avoir ou des biais de genre à mon égard par ma thénaticité, mon travail, mon engagement, mon honnêteté intellectuelle. Bon, après, peut-être que j'aurais fait une autre carrière si je n'avais été ni une femme, ni ma plémouna. Voilà. Ni avoir fait une carrière, des études de sciences humaines dans une activité bancaire et assurance, très probablement. Mais bon, je suis moi et j'en suis fière.

  • Speaker #0

    Complètement. Donc, vous parlez de la question de la diversité. Quel est, selon toi, le plus gros challenge qu'on a en France sur ce sujet ? Et ça m'amène un peu à la question dont on parle en ce moment, la question des quotas. Est-ce que tu es pour ou contre une approche par les quotas ?

  • Speaker #1

    J'ai longtemps été contre, un peu comme Christine Lagarde, tu sais, qui dit qu'en arriver là, c'est dommage, parce que ça veut dire qu'on a épuisé toutes les autres solutions, et c'est navrant d'en arriver là. Après, qui dit quota, dit mesure, en fait. Une mesure qui montre qu'il y a une démarche volontariste pour que les équilibres et les rééquilibres se fassent. Donc, je pense que c'est une bonne stratégie si toutes les autres... n'ont pas abouti. En tout cas, je ne suis pas en capacité de porter ce sujet, mais mon avis, c'est que si toutes les autres solutions n'ont pas abouti, il faudra en passer par là. Moi, ce que j'essaye de creuser, de développer, d'engager et de faire, c'est quand on trie les CV, avoir ça en tête en fait. et équilibrer ses équipes. En fait, une équipe performante et une équipe équilibrée, équilibrée par la diversité des formations, la diversité des profils et des genres, et la diversité tout court. Et ça, c'est très riche, parce que chacun a des qualités propres, et c'est bien la combinatoire de toutes les qualités qui fait que l'équipe est performante. et résiliente. Donc ça, c'est vraiment quelque chose que j'essaye de mettre en œuvre. Et c'est vraiment ma grille de lecture et mon mojo. Après, sur la diversité, il faut aussi, pour le coup, de toute façon, il faut se relever. C'est comme un échec. Si on le subit, on le subit une fois, on le subira peut-être pas deux fois ni trois fois. Donc il faut se relever, il faut contourner et surtout, il faut être tenace. Il faut être tenace parce que quand on est ultra professionnel, au bout d'un moment, on nous choisit, quoi qu'il arrive. D'ailleurs, dans le monde anglo-saxon, tu as vécu à Londres, on se pose moins la question, parce que notamment dans les milieux de l'asset management ou de la finance, beaucoup de profils de la diversité sont choisis parce que c'est des profils excellents. Quand il y a le pragmatisme du recrutement, on ne se pose pas la question, on recrute. Le sujet s'est longtemps posé en France parce qu'on était dans une situation de chômage et la stratégie de contournement a été mise en place avec la start-up Negen. Beaucoup de start-ups se sont créées et les hommes et les femmes bien formés, avec un bon projet, se sont lancés parce qu'ils ne trouvaient pas de boulot et se sont lancés de façon efficace et après reviennent dans des carrières corporelles. Il faut être tenace, il ne faut rien lâcher.

  • Speaker #0

    Absolument. Quelle est ta définition de la réussite ?

  • Speaker #1

    Ma définition de la réussite, c'est beaucoup de choses. Définition de la réussite, c'est avancer tout en restant alignée et se respecter soi et les autres.

  • Speaker #0

    Quelle est ta relation avec la Tunisie aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, dans le cadre, ma relation avec la Tunisie est très chère à mon cœur. parce que c'est une partie de moi, comme toi j'imagine. Ma relation avec la Tunisie, c'est des paysages, c'est des odeurs, c'est des sourires, c'est une cuisine. Tout ça, c'est comme tu sais, une chambre un peu où tu te réfugies quand on a besoin pour te réconforter, parce que tu sais que ça c'est vrai, authentique et que c'est une partie de toi. Donc ça c'est la partie très intime qui est une valeur. fonction refuge. Et puis après, un peu comme des immigrés qui ne sont pas binationaux, mais qui sont venus en France et qui veulent rendre à la France tout ce que la France leur a donné. Tu sais, on entend beaucoup ces discours de personnes issues de l'immigration qui ont réussi et qui se disent « moi j'adore la France parce qu'elle m'a offert un cadre, elle m'a offert une maison, elle m'a offert une éducation » . Et du coup, j'ai aussi, moi, envie de le rendre à la Tunisie de l'autre côté. Et c'est la raison pour laquelle j'ai eu l'opportunité, avec Expertise France, d'accompagner la Tunisie dans la mise en place du crowdfunding. Et je fais ça, c'est une chance incroyable. Et donc, depuis octobre 2020, avec Expertise France et le programme Innovi, j'accompagne le gouvernement tunisien, les régulateurs et l'écosystème d'innovation. à rendre possible le crowdfunding en Tunisie. Alors du coup, ça coche évidemment toutes les cases, tu vois, c'est mon métier. Mon deuxième pays. Et du coup, voilà, ça fait un an et demi, on a mis en place avec un autre expert, le fondateur de Babylone, Arnaud Poissonnier, on a rédigé un plan d'action pour la mise en place du crowdfunding en Tunisie, et on déroule. On a fait des ateliers en Tunisie l'année dernière. J'ai dû faire cinq ou six voyages en Tunisie pour porter la parole du crowdfunding. J'ai eu ma première interview dans la presse tunisienne sur le sujet.

  • Speaker #0

    C'est génial !

  • Speaker #1

    Fin d'année dernière. J'étais tellement, tellement fière.

  • Speaker #0

    Tu m'étonnes.

  • Speaker #1

    Voilà, donc mon rapport, il est très intime. Je suis très fière de cette binationalité. Je suis très fière des Tunisiens et des Tunisiennes pour tout ce qu'ils ont réussi à faire. La femme tunisienne est une femme exceptionnelle, moderne, douce, tenace, délicate. C'est le plus petit dénominateur commun de la femme tunisienne, mais elle avance et elle fait beaucoup de choses. Et puis la Tunisie, ce qu'elle a réussi à mettre en place, même si c'est très difficile en ce moment, évidemment. Mais bon, la démocratie tunisienne... Reste un modèle. Tout ce qu'a mis en place Bouriba, la révolution de Jasmin, commencer en Tunisie, c'est quand même un pays tout petit. Après, ce n'est pas fini. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Les difficultés sont énormes. Ça reste des sourires, un accueil. Beaucoup d'émotions dans cette question.

  • Speaker #0

    J'imagine. Tu as un petit garçon, Mouna. Qu'est-ce que tu aimerais lui transmettre de ton arabité, de ta tunisianité, comme tu l'appelles ?

  • Speaker #1

    Ce que je lui transmets, parce que c'est déjà en marche. D'abord, la fierté de ses origines. Il ne se pose pas les questions que j'ai pu me poser, moi. Les sentiments de honte qu'on a pu avoir parce que les gens nous renvoyaient de la différence. Et quand on a envie d'être accepté, du coup, on met sous silence des parties de notre personnalité ou de notre identité. Ça, je pense qu'il ne faut pas. Il faut être soi-même et donc du coup, être fier de lui-même. Et pour être fier de lui-même, il faut se connaître. Et donc du coup, de cette aramité, la convivialité, l'amour des autres, le sourire, le rire, le fait d'être bien dans sa peau, très important, la confiance et les langues. Je trouve que notre génération a rendu l'apprentissage de l'arabe moins tabou. J'entends pas mal de personnalités issues de la même génération que nous qui se posent moins de questions sur le sujet et qui le donnent en héritage. Pour moi, c'est hyper important, c'est l'apprentissage d'une langue qui le rapproche de ses origines, et c'est une langue très riche et bankable aussi. puisque dans le domaine du commerce et de l'économie, c'est une langue qui se parle sur tous les continents, et donc il faut que ça devienne une force. Donc de l'arabité, la convivialité, le sourire, la philosophie, un peu de recul sur la vie, le côté moins rationnel, plus ressenti, plus humain, on a ça aussi dans cette culture.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu dirais à la Mouna enfant ?

  • Speaker #1

    Si je devais lui parler maintenant, donc si je la voyais aujourd'hui, je lui dirais écoute-toi, écoute-toi, écoute-toi, écoute-toi, tes intuitions sont les bonnes. Et ta rage et ton indignation que tu ressens, et que j'avais quand j'étais petite, transforme-la en action. Je pense que j'ai perdu du temps à ne pas m'écouter.

  • Speaker #0

    Ouna, on va passer à la dernière partie de l'interview, que j'ai appelée chaque Ausha parce que j'adore... La gastronomie tunisienne, et c'est des petites questions et le but c'est de répondre du tac au tac. Est-ce que tu as une devise ?

  • Speaker #1

    Ma devise ? Les heures ne se regrettent pas, elles s'assument. Simone Veil, ouais.

  • Speaker #0

    Un livre que tu conseillerais, un livre qui t'a marqué ?

  • Speaker #1

    Le livre qui m'a beaucoup marqué, c'est L'étranger de Camus.

  • Speaker #0

    Un lieu ?

  • Speaker #1

    On va dire Montmartre, parce que j'aime Montmartre et que j'habite Montmartre. Ça permet de prendre de la hauteur.

  • Speaker #0

    Ta plus grande fierté ?

  • Speaker #1

    Mon fils.

  • Speaker #0

    Une chanson ?

  • Speaker #1

    Une chanson, c'est ta chance de Jean-Jacques Goldman.

  • Speaker #0

    Et une femme que tu me recommanderais d'inviter sur le podcast. Et tu m'en as recommandé beaucoup à plein. Donc, je te laisse en choisir une peut-être pour le podcast et j'ai tout noté.

  • Speaker #1

    Bouchra. Bouchra Azouz. Bouchra Azouz qui est une documentariste que j'ai rencontrée sur les réseaux sociaux et qui est devenue une amie. Et voilà, je vous invite à la découvrir. Elle a permis de... rendre saillants les témoignages des femmes de différentes générations en France, qui ont vécu en France et qu'on a trop peu écoutées.

  • Speaker #0

    Super. Mouna, je te remercie infiniment. J'ai passé un super moment.

  • Speaker #1

    Je t'en prie. À très vite. Merci à toi. Merci d'avoir créé ce podcast comme une conversation assez intimiste. J'espère que ça inspirera des hommes et des femmes avec des parcours un peu comparables au mien.

  • Speaker #0

    Cet épisode de Heyette est maintenant terminé. Je vous remercie sincèrement de l'avoir écouté jusqu'au bout. Ce qui, j'espère, veut dire que vous l'avez apprécié. N'hésitez pas à le partager autour de vous, avec des amis ou sur les réseaux sociaux. C'est ce qui permet au podcast de grandir. Vous pouvez aussi le noter 5 étoiles et me laisser un petit commentaire, c'est un vrai plaisir de les lire. Si vous avez des questions ou voulez me suggérer une invitée, n'hésitez pas à me contacter sur la page Instagram ria underscore podcast. A très bientôt.

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Description

Cette semaine je suis ravie de partager ma conversation avec Mouna Aoun, secrétaire générale de KissKissBankBank & Co, filiale de La Banque Postale et pionnier du financement participatif en France et en Europe. 

  

Femme engagée depuis de nombreuses années, Mouna AOUN est à titre personnel vice-présidente d’ONU Femmes France (en charge des partenariats) et administratrice de Solidarité Sida.

  

Née d’une maman française et d’un papa tunisien, Mouna nous raconte comment elle a vécu cette double identité et ce double héritage. 

  

Nous avons évoqué son parcours universitaire plutôt atypique pour une personne exerçant à présent dans le secteur bancaire. En effet, Mouna a débuté par des études d’histoire médiévale de l´orient musulman et son ambition professionnelle était à ce moment-là de devenir chercheuse. 

  

Elle revient sans filtre sur un de ses échecs et raconte comment elle en a fait une force pour repartir encore plus fort de l’avant. 

  

Nous avons également discuté de son rapport à la langue arabe, de l’importance de la diversité des équipes en milieu professionnel et de transmission. 

  

Un épisode très riche qui je l’espère vous procurera autant de plaisir que j’ai pris à l’enregistrer. 

  

Sans plus attendre je laisse place à la HeyA du jour - Mouna Aoun.  

  

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Pour suivre Mouna 

LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/mouna-aoun-5106b12/ 

  

Pour suivre Heya  

Instagram: @heya_podcast  


Ici, on parle d’identités plurielles, de voix arabes, de parcours de femmes inspirantes, d’arabité, de diaspora maghrébine, de sororité, de féminisme, d’inclusion, de récits de femmes et de transmission et d’héritages culturels.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, ici Pochra Pourti et bienvenue sur HEIA. En arabe, HEIA signifie « elle » . C'est parce que ce mot n'est pas suffisamment utilisé pour parler de réussite et d'ambition féminine que j'ai décidé de lancer ce podcast. Les inégalités et la sous-représentation liées au genre sont malheureusement une réalité et une approche intersectionnelle ne fait qu'amplifier ces phénomènes. Chaque épisode est une conversation où j'invite une femme de culture arabe à venir partager son histoire et évoquer sa réussite. Mes invités ont toutes des backgrounds et trajectoires différentes. Elles sont journalistes, entrepreneurs, écrivaines, artistes ou encore médecins, et vous serez, je l'espère, inspirés par leur réussite. L'objectif de ce podcast est de vous, tout d'abord, promouvoir une image différente de la femme arabe en mettant en lumière ses parcours exceptionnels, mais aussi aider les plus jeunes ou celles en quête de renouveau à trouver des rôles modèles et ambitionner leur avenir. Ma conviction ultime est que la seule manière d'y croire, c'est de le voir, ou en l'occurrence d'entendre. Si ce podcast vous plaît, je vous invite à prendre quelques minutes pour le noter 5 étoiles sur iTunes ou Apple Podcasts. C'est la meilleure manière de le soutenir. Sans plus attendre, je vous laisse découvrir notre invité du jour. Cette semaine, je suis ravie de partager ma conversation avec Mouna Aoun. secrétaire générale de Kiss Kiss Bank Bank & Co, filiale de la Banque Postale et pionnier du financement participatif en France et en Europe. Femme engagée depuis de nombreuses années, Mouna est à titre personnel vice-présidente d'ONU Femmes France et administratrice de Solidarité Sida. Née d'une maman française et d'un papa tunisien, Mouna nous raconte comment elle a vécu cette double identité et ce double héritage. Nous avons évoqué son parcours universitaire plutôt atypique pour une personne exerçant à présent dans le secteur bancaire. En effet, Mouna a débuté par des études d'histoire médiévale de l'Orient musulman et son ambition professionnelle était à ce moment-là de devenir chercheuse. Elle revient sans filtre sur un de ses échecs et raconte comment elle en a fait une force pour repartir encore plus fort de l'avant. Nous avons également discuté de son rapport à la langue arabe, de l'importance de la diversité des équipes en milieu professionnel et de transmission. Un épisode très riche. que je l'espère vous procurera autant de plaisir que j'ai pris à l'enregistrer. Sans plus attendre, je laisse place à la réé du jour, Mouna Aoun. Bonjour Mouna.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    C'est avec un très très grand plaisir.

  • Speaker #0

    Jusque-là, je n'ai pas eu beaucoup de gens du milieu corporate. Je trouve que c'est très intéressant de partager un profil pour étendre l'éventail des femmes inspirantes que j'ai eues à mon micro à ce jour.

  • Speaker #1

    Pour moi, je vis cet enregistrement comme une parenthèse enchantée pour échanger en toute liberté sur des thématiques qui sont chères à la fois femmes et notre altérité maghrébine ou arabophone.

  • Speaker #0

    Mouna, la tradition sur Réa, c'est de commencer par les débuts, les origines. Donc, si tu es d'accord, est-ce que tu voudrais bien te présenter en nous parlant un peu de ton enfance, de ton éducation, du milieu dans lequel tu as grandi ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir, je suis née à Roy-Malmaison dans les Hauts-de-Seine. Mon enfance s'est passée de façon plutôt sympathique dans une banlieue favorisée de la région parisienne. J'ai un papa tunisien et une maman française. Et mes parents ont eu le souci de nous donner les deux bagages culturels, à la fois tunisien et à la fois français-européen. J'ai un frère. qui s'appelle Daoud. Et on a grandi entre la région parisienne et la Côte d'Azur, puisque l'appel de la Méditerranée s'est fait pour mon papa. Et donc, du coup, le collège et le lycée et la prépa s'est passé sur la Côte d'Azur, du côté de Cagnes-sur-Mer et Nice. Et puis, au moment de choisir ses études, moi, j'ai eu envie de revenir dans la région parisienne, parce que Je trouvais que c'était un peu compliqué, la société sur la Côte d'Azur. Et je trouvais qu'il y avait plus de possibilités. Et on est un peu plus anonyme en région parisienne. Je trouvais qu'on avait plus de chances en région parisienne. Donc voilà, 47 ans, une partie en région parisienne, une partie sur la Côte d'Azur. Donc on peut dire une enfance plutôt favorisée.

  • Speaker #0

    Et tes parents travaillaient dans un milieu plutôt corporel, comme ce que tu fais aujourd'hui, ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Ma maman a fait toute sa carrière dans une banque.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Elle a commencé à l'âge de 16 ans et jusqu'à la retraite au Crédit du Nord. Et c'est vrai que le milieu bancaire, c'est une deuxième maison, puisque j'ai toujours accompagné dans son travail, dans les agences dans lesquelles elle a travaillé. Et puis mon papa a fait plusieurs métiers différents dans le domaine médical, dans le domaine de la sécurité, au gré de ses envies, de ses motivations.

  • Speaker #0

    Comment la petite Mouna a imaginé sa vie d'adulte ? Est-ce qu'il y avait un métier ou des hobbies, des activités qui te faisaient un peu rêver, petite fille ? Tu as des souvenirs de ça ?

  • Speaker #1

    J'ai toujours eu une vraie curiosité, une vraie curiosité intellectuelle. Donc la petite Mouna, elle avait déjà beaucoup envie de liberté, de casser les codes, d'éviter qu'on lui mette une étiquette sur le front. et toujours eu les yeux grands ouverts à des personnes, à des sujets, à des ambiances. Et en matière de métier, enseignante s'est révélée à la fin des études, donc la volonté de transmettre, de chercher et retranscrire. Cette transmission de savoir était assez importante. Et également tout ce qui est dans le domaine des arts au sens large. Et j'aurais rêvé d'être commissaire priseur. D'accord. La possibilité de travailler dans le domaine de l'art. Il faut payer sa charge. C'est une profession libérale, il faut payer sa charge. Et ça a été un frein à l'évasion dans ce domaine professionnel. Et cette curiosité intellectuelle m'a beaucoup... nourri puisque avec un bac C en poche le dernier. C c'était le bac scientifique mais assez équilibré qui a été transformé après une réforme en bac S avec une surpondération des matières scientifiques donc maths, physique et bio alors que moi c'était coefficient 5 aussi avec le français et donc un profil comme le mien qui est maths et littéraire. donc sciences humaines et rationnelles. Ça me convenait très bien, puisque je l'ai eu avec mention. Mais si j'avais eu le bac S, je pense que je n'aurais pas eu la mention, parce que j'ai eu à peu près 15-17 dans toutes les matières littéraires, sciences humaines, dépassables sur les fonctions scientifiques. Avec le bac S, ça aurait révélé mon côté moins scientifique que prévu.

  • Speaker #0

    Mouna, ta maman est française, ton papa est tunisien. Et tu disais qu'ils avaient tous les deux, ils voulaient s'assurer qu'il y ait une transmission des deux côtés. Comment tu as vécu cette double culture ? Parce que c'est particulier, on parle souvent de double culture d'enfants, d'immigrés, où les deux parents sont d'origine maghrébine, où là ta maman est française, donc il n'y a pas d'origine étrangère. Est-ce que ça donnait plus de légitimité ou est-ce que ça te protégeait peut-être plus de certaines discriminations ou raccourcis ?

  • Speaker #1

    Alors la double culture, elle s'est incarnée à la maison de façon très équilibrée, puisque les deux fêtes étaient fêtées, les deux calendriers, mes parents, mon père est musulman, ma mère est catholique, non pratiquante, mais ils nous ont voulu nous donner les deux bagages, plus culturels que religieux, parce que dans notre éducation, la religion c'est une expérience intérieure en fait. Ça ne s'apprend pas, ça ne s'impose pas, ça se vit. Et donc, du coup, une vision plutôt libérale de la religion. Et donc, pour répondre à ta question, en fait, dans les yeux d'une enfant, tu ne te poses pas trop la question. Tu es en France, ta mère est française, ton père est tunisien. Quand tu es en Tunisie, tu te sens chez toi. Quand tu es en France, tu te sens chez toi. C'est plutôt le regard des autres qui est assez surprenant. Moi, je ne suis pas très typée. Et donc, du coup, c'est le Canada Drive de la Mouna Aoun, en fait, parce que j'aurais pu m'appeler... Marion, machin, ça aurait été pareil. Et donc du coup, quand on me regarde, on ne se dit pas qu'ils ont affaire à une binationale. Par contre, le nom et le prénom interpellent. Et comme c'est un nom plutôt Moyen-Orient, nom et prénom, on ne s'imagine pas qu'à la maison, il y avait une culture musulmane. Et c'est plutôt dans le regard des autres. Donc Buna Aoun, ça passe très bien pour une Libanaise chrétienne. et donc du coup... Quand on évoque après le fait que le père est musulman dans une société des années 80-90, ce n'est pas un rejet, mais c'est une réaction pas aussi enthousiasmante.

  • Speaker #0

    Une petite déception.

  • Speaker #1

    Moins, petite déception, petit retrait. Et donc du coup, ça, dans les yeux d'une enfant adolescente, tu ne comprends pas trop. Ou tu finis par comprendre que ça ne sera pas le truc qui va te rendre la plus populaire de la cour d'école.

  • Speaker #0

    Et comment tu le vivais ? Est-ce que tu as eu des passages où tu disais « je vais me cacher du côté de ma mère » et un peu rejeter ça ? Est-ce qu'une ado, c'est pas... plus jeune enfant, c'est pas toujours évident à assumer ?

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, au départ, tu te poses pas de questions, puis après, t'essayes d'intellectualiser, mais bon, avec un papa tunisien musulman à la maison, c'est difficile de te dire que la surpondération française est possible. D'abord, par la culture, la volabilité, la présence, la cuisine, puisque c'est lui qui... cuisinaient donc si tu veux j'ai pas eu un réflexe français par contre ce qui était enthousiasmant c'est quand tu vas en tunisie que tu te dis là tu peux exprimer 100% de ce que t'es quoi surtout en tunisie qui est un pays francophone et donc toute ta famille parle français ils sont ravis de te voir et ils sont ravis de cette biculture. Donc voilà, non, je n'ai pas eu de repli identitaire, mais j'ai eu une soif d'apprendre l'arabe dans le cadre de mes études en me disant...

  • Speaker #0

    Parce que tu ne le parlais pas à la maison ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Non, pas du tout, ouais. Bah, tu sais, j'imagine qu'on est plusieurs dans ce cas-là. La langue arabe était un peu taboue, hein. Taboue parce que, d'abord, l'apprendre à l'école, c'était nous classer dans des classes qui n'étaient pas forcément des classes d'excellence. Que les cours qui étaient dispensés étaient des cours... cours avec la volonté d'un retour au pays. Il y a eu ces sujets, tu sais, les profs qui étaient proposés étaient des profs en lien avec l'ambassade, dans l'espoir que les contingents qui étaient venus travailler en France aient la possibilité de retourner dans leur pays d'origine. Du coup, ce choix-là n'a pas été fait au sein de la famille. Après, il y avait des associations à Ruyem-la-Maison qui proposaient de la rame, donc j'avais fait... J'avais avec ma mère, puisqu'elle rêvait d'apprendre l'arabe. Donc, on s'était inscrits toutes les deux.

  • Speaker #0

    C'est génial de faire avec sa maman.

  • Speaker #1

    Oui. Et on a fait ça. Enfin, on a essayé de faire ça après l'école et après son travail. Et en fait, j'ai commencé. Et puis, je ne sais pas pourquoi, dans le domaine de l'inconscient, je l'ai rejeté à ce moment-là. Tu avais quel âge à ce moment-là ? Je pense que j'avais 7-8 ans, quelque chose comme ça. Et le prof avait un accent terrible. Et du coup, c'est mon côté expiègle. En fait, il me faisait rire et je n'arrivais pas à me concentrer là-dessus. Alors peut-être que c'était une forme de pudeur inconsciente ou ce que tu dis, inconsciemment, le fait de le rejeter en se disant « ça va trop me marquer de connaître les deux » . Là, je préfère être dans mon cocon sécuritaire de la petite Mouna française. Mais en tout cas, à ce moment-là, on n'a pas réussi à aller jusqu'au bout. Et il fallait que ça soit une démarche volontaire. Et cette démarche volontaire d'apprentissage de la langue arabe s'est faite après la classe prépa, quand j'ai souagi de faire des études d'histoire de l'Orient musulman médiéval. Et à la faculté de Paris-Insorbonne, il y avait des cours d'arabe qui étaient proposés dans le cursus. Et j'ai découvert un prof d'arabe que j'adore, avec lequel je suis encore en lien. d'origine irakienne avec une méthode très structurée et je me suis régalée. J'ai fait ça pendant 2-3 ans et il a des cours en ligne. Je suis encore en lien avec lui et je révise encore les cours de Rali Belakac que je salue et que j'adore.

  • Speaker #0

    C'était ma prochaine question. J'allais te parler de ton parcours universitaire qui est assez atypique quand on voit ton job aujourd'hui, ton rôle aujourd'hui et ces études d'histoire médiévale de... de l'Orient musulman. Donc j'entends cette volonté d'apprendre l'arabe, mais de là à faire des études universitaires spécialisées de l'histoire médiévale de l'Orient musulman. Comment l'idée a germé ?

  • Speaker #1

    Moi, si j'avais eu l'opportunité, je n'aurais pas choisi de matière. L'école, pour moi, a été quelque chose de très très important dans ma vie de petite mouda, parce que toutes les heures que je passais à l'école... C'était des heures d'apprentissage, de découverte, de réflexion. Donc j'ai jamais... J'étais sur le chemin de l'école à reculons, ou à petits pas, mais plutôt en courant, parce que chaque heure, chaque découverte était fascinante. Du coup, au moment de choisir, ça a toujours été un problème, c'est choisir, choisir une matière, une discipline. Et donc, choisir quel bac ? Je voulais choisir le bac C, parce que tout le monde disait que ça ouvrait le plus d'options. Et puis, à l'issue du bac, comme j'étais encouragée à l'excellence, c'était une prépa, parce que j'ai fait baxer avec options informatiques. Donc, j'ai codé en C++. Ah oui, quand même. Et bon, je me suis dit, bon, les maths physiques, c'est hyper intéressant, mais je ne vais pas me révéler là-dedans. Et donc, j'ai découvert qu'il y avait des prépas pour des profils comme moi, donc il faut cagne-cagne. Donc déjà, j'ai fait un premier virage en me disant, bon, dans le champ des possibles, de toutes les disciplines qu'on nous apprend à l'école, au lycée, et il y en avait plus de notre temps qu'aujourd'hui. « Ok, je vais mettre de côté tous les aspects scientifiques et je vais me plonger dans les matières sciences humaines. » Et donc, hippocampe, cagne. Et ça, ça a été vraiment deux années extraordinaires parce que des profs extraordinaires, parce que plonger dans des récits, plonger dans des philosophes, c'était très éprouvant et très exigeant puisqu'on passe de moyenne de 17-18 dans ces matières. Quelque chose autour de 8, 9 pour préparer Normal Sup. Donc, c'est un choc. Un mois avant la rentrée de septembre, alors que tout le monde rentrait en octobre, on reçoit une bibliographie de 500 livres à avoir lu, alors que dans une journée, dans une année, il y a 350 jours. Donc, je me souviens avoir montré à mes parents la liste en disant « Alors, je ne comprends pas, donc je lise plus de 3 livres par jour pour être… » au point à la rentrée, je vous dis tout de suite je vais déjà avoir un peu de lacunes donc apprentissage de la lecture en diagonale mais donc très très dur, très éprouvant des nuits blanches pour finir des disserts mais parenthèse de deux ans en accéléré de savoir, d'inspiration de méthodologie de découverte et à ce moment là la chance quand on fait une hippocaille et une caille c'est qu'on a une équivalence Donc on a à la fois cette préparation à Normale Sup et en même temps, on peut choisir une matière à la fac et on ne passe pas, alors que de mon époque, ça s'appelait le DEUG, on sort d'Hippocam avec un niveau Bac plus 2 validé par l'université. Et donc, il faut choisir une matière. Et donc, j'ai beaucoup hésité, évidemment, parce que choisir était... Choisir,

  • Speaker #0

    c'est j'ai commencé, oui.

  • Speaker #1

    Exactement. Et donc, j'ai beaucoup hésité et j'ai choisi la matière qui me permettait de ne pas encore tout à fait choisir,

  • Speaker #0

    qui était l'histoire du haut.

  • Speaker #1

    Au moins, j'ai coche

  • Speaker #0

    2.

  • Speaker #1

    Et si je n'avais pas choisi histoire-géo, j'aurais choisi philosophie, parce que je trouvais que me plonger dans ces réflexions, ces raisonnements... La philo et l'histoire, c'est pour moi un bon combi, parce que ça te nourrit et ça te permet de faire face à un nombre incalculé de situations, de personnalités. Et donc ça t'enrichit encore plus. Donc si j'avais dû choisir, si je n'avais pas choisi l'histoire géo, j'aurais choisi la philosophie, mais j'ai choisi l'histoire géo. Et c'est comme ça que ça m'a amenée en licence d'histoire. Et donc en licence, tu es notée et tu plonges sur différents sujets. Et l'histoire est splitée en quatre grandes périodes. L'histoire antique, l'histoire médiévale, l'histoire moderne et l'histoire contemporaine. Et en licence, j'ai découvert... Une prof extraordinaire, Françoise Michaud, sur l'Orient musulman médiéval. C'est elle qui faisait une partie de ses cours. Et j'ai appris plein de choses. D'abord, ce que la littérature et la philosophie européenne doivent aux traducteurs arabes, puisque les textes grecs se sont perdus et c'est par les traducteurs arabes qu'ils ont été redécouverts. les zones de... de symbiose entre la culture orientale et la culture occidentale, par l'Espagne de l'Alendalus, par l'Italie, Venise, les marchands. Et en fait, je me suis dit, c'est moi en fait.

  • Speaker #0

    Et là, c'était une révélation. Est-ce que déjà ton papa partageait avec toi, ou t'avait un peu éveillé à l'importance du monde arabe, à sa grandeur, à toute l'histoire, toute la grande histoire qui est associée à ce monde ?

  • Speaker #1

    Dans le détail, c'était une révélation, mais mon père le faisait avec la ferveur et le nationalisme arabe, c'est-à-dire qu'on est les meilleurs, on est les plus intelligents. Donc si tu veux, tu dis, en fait, c'est de la prétention ou c'est la volonté de m'inculquer la biculture comme un coach, pas comme un enseignant qui me le démontre avec des arguments. Et donc, non, non, j'ai découvert. J'ai découvert des choses extraordinaires et j'avais envie de plonger là-dedans, je me suis dit. Au travers de cet apprentissage, je vais me comprendre, me révéler, d'une certaine façon m'accepter. Et du coup, j'ai plongé dans cette période.

  • Speaker #0

    Et tu sentais que tu étais à la recherche de quelque chose plus personnellement ? Parce que là, tu dis, je me rends compte que ça allait me permettre de me révéler, de me connaître, etc. Est-ce qu'il y avait cette quête qui était déjà éveillée quelque part pendant ces derniers jours ?

  • Speaker #1

    Pas verbalisée, ni remontée. Mais en tout cas, j'avais cette intuition. J'avais cette intuition et surtout, la période était absolument fascinante. Et du coup, je me suis attachée à un personnage, Salah al-Din. Et donc, j'ai fait ma maîtrise et mon DEA là-dessus. sur ce personnage qui a reconquis Jérusalem au croisé, qui, dans les textes et les chroniques occidentales, sa vaillance, son engagement étaient salués, sa personnalité. Et il y a des textes qui disent qu'en fait, il est tellement pieux et tellement engagé, et il a tellement de valeur chevaleresque, que quelque part, il doit être chrétien. J'adore.

  • Speaker #0

    C'est énorme.

  • Speaker #1

    Toujours cette vision. toujours cette vision occidentalisée que ces qualités sont des qualités chrétiennes alors que c'est des qualités humaines. Donc il a reconquis Jérusalem au croisé, il n'avait pas de légitimité religieuse du temps des califats, il a conquis sa légitimité militaire puisqu'il a reconquis des territoires et donc je trouvais que cette histoire était absolument fascinante une fois encore. Je n'ai pas choisi. J'ai choisi le sujet au milieu de la Méditerranée, qui me permet de traiter d'un sujet occidental et un sujet médiéval, mais oriental. Donc voilà, c'est comme ça que ça s'est fait.

  • Speaker #0

    Et là, tu t'embarques dans ces études avec le but de faire de l'enseignement ?

  • Speaker #1

    Chercheuse. Chercheuse, d'accord. J'avais très envie de faire ma thèse là-dessus, d'être la nouvelle Françoise Michaud. Je trouvais ça fascinant. Voilà, l'étudiante, tu vois, Sophie Marceau, grande amphi de la Sorbonne, qui vient expliquer tout ce que Françoise Michaud avait révélé. Tu le révèles dans ses grands amphis, donc transmission, mais plutôt chercheuse et enseignante à la fac. Après, il faut découvrir toutes les étapes pour aboutir à ça, avec l'excellence française et les numéros sclosus. Donc, quand j'ai exprimé ça à mes profs et notamment à Françoise Michaud, elle m'a dit bon. Passez d'abord le CAPES et l'AGREG d'Histoire Géo et ensuite vous passerez votre thèse parce qu'il faut que vous viviez, sachant que moi j'ai fait mes études en travaillant en parallèle. Parce que mes parents n'avaient pas beaucoup de revenus et quand je suis remontée en région parisienne, j'étais autonome financièrement et donc je travaillais d'abord équipière et puis formatrice au McDo parce qu'ils ne posaient pas de questions et qu'ils payaient et qu'ils signaient des CDI à temps partiel. Et donc, voilà. continuer derrière pour être prof, mais au départ ma volonté c'était de continuer à creuser et à découvrir tous ces domaines de l'histoire qu'on nous a jamais appris, ce qui me permet d'exprimer le fait que maintenant ça a un peu changé et les textes changent un peu, mais c'est une hérésie que de ne pas révéler ces pans d'histoire, qui sont des pans d'histoire d'hommes et de de femmes issues de l'immigration de la deuxième ou troisième génération. et découvrir qu'en fait, l'histoire européenne, c'est une histoire qui les concerne aussi. Et donc voilà, je le dis là maintenant parce que c'est un sujet qui continue à m'inspirer et pour lequel je passe un peu de temps, justement pour changer l'image du français gaulois.

  • Speaker #0

    J'imagine que ton papa devait être très fier de te voir embarquer dans ces études-là. Quelle était un peu sa réaction par rapport ?

  • Speaker #1

    La fierté, ça c'est sûr. Et après, je suis remontée à Paris. Donc du coup, il y a eu de la distance qui s'est instaurée et de l'autonomie. Pour lui, les études à la Sorbonne et les études parisiennes ont creusé l'écart entre lui et moi. En fait, ça a mis de la distance. Donc la fierté, c'est sûr. Mais bon, en bon oriental, tu sais que ça se dit pas. tu le vois dans les yeux ou tu le sais par les copains

  • Speaker #0

    Oui. Et comment l'intérêt du coup pour la finance, pour le milieu bancaire est arrivé ? Donc j'entends que ta maman était dans ce milieu-là. C'est quelque chose qui n'était pas complètement nouvelle, tu étais un peu familière à ce milieu-là. Mais où se passe un peu ce pont entre ces études dont tu nous parles, cette ambition de faire une thèse, de passer l'agrégation ? Et comment se fait ce virage ?

  • Speaker #1

    En fait, ce n'est pas vraiment un virage, comme je te l'ai dit. j'ai toujours de... De faire au feu, oui. J'ai toujours de faire au feu. Je suis jumeau, c'est peut-être pour ça. Toujours sur deux rails, rarement un rail.

  • Speaker #0

    C'est l'histoire du choix,

  • Speaker #1

    pas choisir,

  • Speaker #0

    avoir autre chose en barrette, le chaos.

  • Speaker #1

    Du coup, j'ai toujours travaillé depuis l'âge de 18 ans. Mes premiers jobs d'été se sont faits au Crédit du Nord pour gagner cette indépendance, pour gérer mon budget, mes fins de mois, mes envies. Et donc du coup, une fois que j'ai passé le CAPES et la GREC d'Histoire JO, que j'ai raté, j'ai réussi les écrits mais j'ai raté les oraux, il fallait bien renflouer les caisses puisque j'étais boursière. Et là pour le coup, faire tout ce que je faisais en parallèle était un peu compliqué. Et ma mère m'a dit, postule dans une jeune venture entre... entre le Crédit du Nord et une société d'assurance qui s'appelle Cardiff. Et donc, je suis rentrée en stagiaire été. Compte tenu de mon profil, ils m'ont mis à la direction de la communication. Et moi, je ne savais même pas que ça existait. Et là, je me suis dit, c'est juste dingue, c'est génial. Parce qu'en fait, les qualités littéraires, les qualités de rédaction peuvent être mises à profit dans des directions de communication. En général, les profils sur ces métiers de direction de communication, c'était plutôt... Sciences Po, école de commerce, pas trop, parce que là, ce qu'on cherche, c'est les qualités rédactionnelles, de diplomatie et compagnie. Et en fait, j'ai trouvé que le métier rentrait dans mes pieds de façon très saillante. Une chaussure, je trouvais ça assez fascinant. Et donc, j'ai bénéficié d'une opportunité, puisque c'était la fusion des sociétés Paribas et BNP. Et on m'a mis au service de presse pendant... pendant un mois. Donc, service de presse, ça veut dire que j'aidais l'ancienne attachée de presse à répondre aux demandes journalistes du monde de la banque et de l'assurance, donc hyper spécialisée. Et je faisais la jonction entre elle qui quittait cette fonction parce qu'elle passait sur la com' interne et une nouvelle attachée de presse qui était plutôt côté BNP qui allait arriver mais pas tout de suite. Donc, comme elle était déjà très focalisée sur son nouveau métier, elle s'est dit on va mettre Mouna là, il y a une conférence de presse à la fin du mois. elle va rédiger le dossier de presse, je vais lui dire comment faire, et puis ça va le faire.

  • Speaker #0

    Et un moment clé de l'histoire de la banque, pour le coup. C'était un moment où les spotlights étaient plutôt figés sur cette banque-là.

  • Speaker #1

    Exactement, c'était une opportunité. Un, rédiger, je savais faire. Deux, vulgariser, répondre aux demandes journalistes, et donc faire transmission, un courroie de transmission. Ça fait partie de mes skills. Il y avait des nouveaux trucs à apprendre. Donc, du coup, c'était bon pour moi. Je Ausha les trois cases. Et voilà, on m'a demandé de rédiger, dès le deuxième jour, c'était au mois d'août, août 2000, un dossier de presse sur la multigestion chez Cardiff. Bon, multigestion, ça ne me parlait pas. Moi, j'ai dit, où est la bibliothèque ? Parce que ça ne me fait pas peur, moi, des sujets. Des sujets, tu vois, des intitulés de sujets, de disserts qu'on me demande et que je ne comprends pas à la base. C'est la base d'une étudiante en histoire. Même pas peur. et donc j'ai demandé à la bibliothèque on m'a dit ah bah non la bibliothèque ça n'existe pas mais il y a un service documentation donc j'ai été voir la documentaliste et j'ai récupéré un certain nombre d'articles de presse là c'était pas des articles de chercheurs et je lui ai dit d'accord maintenant que j'ai compris ce que c'était que la multigestion qu'est-ce que vous voulez mettre en place donc j'ai fait des petites interviews en interne ensuite j'ai dit c'est quoi un dossier de presse donne moi un exemple et puis j'y suis allée quoi, j'ai rédigé J'ai rédigé mon truc. Et Amélie, Amélie Desbarcheliers, elle trouvait que c'était top.

  • Speaker #0

    Génial. Et du coup,

  • Speaker #1

    franchement, ça s'est fait comme ça. Il y avait un poste d'assistante de l'attachée de presse qui se libérait en CDD. Et en fait, j'ai postulé. J'ai été voir... La com était rattachée au secrétariat général. Donc, j'ai rencontré le secrétaire général dans un long entretien de deux heures. On a parlé de toute autre chose que le métier, puisque je ne le connaissais pas. On a parlé de l'histoire, on a parlé de moi. Puis, il est sorti de là en disant aux dirigeants... Concernée, c'est une fille bien, il faut la prendre, on va la former.

  • Speaker #0

    Mais c'est génial ça Mouna, ça m'interpelle vachement ce que tu dis parce que c'était il y a quelques années, tu n'as pas le parcours classique qu'on voit dans le milieu bancaire et il y a quand même une ouverture à te donner ta chance, à t'écouter et se dire oui ok elle ne connaît pas le côté technique, ça elle l'apprendra mais elle a tout le reste. Ce qui est souvent un peu le défaut. En France on est encore beaucoup, tu as fait quelle école où tu le vois même quand il y a des changements de poste et que les gens ont 30 ans de carrière, on parle encore de leur école et tu dis... On s'en fout, il a 30 ans de carrière, il en a fait des choses. C'est hyper inspirant et encourageant de voir qu'ils étaient un peu en avance sur les choses qui se faisaient à ce moment-là et encore aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je les remercie tous les jours et je le redis. Et quand je sélectionne des CV dans le cadre de mes fonctions de secrétaire générale, le KissKissBankBank & Co, j'ai la fonction RH. Quand je trie les CV, j'ai ça toujours en tête.

  • Speaker #0

    Je vais juste revenir, j'ai une petite question qui m'interpelle dans ce que tu disais. Au moment où tu as passé le CAPES, tu disais... Tu as eu les écrits, pas les oraux. Comment tu prends un peu cet échec, entre guillemets ?

  • Speaker #1

    C'est mal.

  • Speaker #0

    Voilà, je m'attendais à cette réponse, parce que tu étais la bonne élève dans toute la définition classique d'une bonne élève, qui réussit à peu près tout, qui est très curieuse, qui travaille très dur pour y arriver. Et j'imagine que l'option échec n'était pas forcément dans l'option des possibles. Et du coup, comment tu le vis ? Et je trouve que c'est quelque chose de très important.

  • Speaker #1

    Mais tu as raison de le dire. Comment je le vis très mal, parce que c'est des heures et des années d'investissement. Et je me rends compte que je suis nulle à l'oral. Je suis un rat de bibliothèque, je passe des heures au carré à faire des fiches, à apprendre, à comprendre. et en fait je ne prends pas le temps de prendre de la hauteur et de synthétiser ma pensée à l'oral et de m'exprimer de façon claire. et j'ai même pas le bas goût en fonction du sujet que tu tires à l'oral de faire des pirouettes pour le coup quand je raconte ça à des gens qui me connaissent aujourd'hui, ils sont surpris très !

  • Speaker #0

    C'est ce que j'allais dire j'ai l'impression que tu parles d'une autre personne, on se connait pas beaucoup mais on parle depuis

  • Speaker #1

    30 minutes ou 40 minutes les choses ont vachement évolué il faut connaître ses forces et ses faiblesses et moi à l'époque ma faiblesse c'était l'oral parce que syndrome de l'imposteur très puissant ... Parce que toujours s'excuser d'être là, de fournir le dernier souffle dans tout ce qu'on fait. Et donc, les oraux, je n'ai pas été bonne. Je n'ai pas été bonne, je n'ai pas su convaincre, je n'ai pas su séduire. J'étais en ras de bibliothèque avec mes lunettes et dès que je sortais de ma zone de confort, j'étais en panique. Donc du coup, une fois que l'échec est sonnant et trébuchant, on remonte en selle. Donc là, je me suis dit, est-ce que je remonte en selle pour ça ou est-ce que je remonte en selle pour autre chose ? Et le fait d'avoir eu deux rails, c'est-à-dire les études et le travail, à ce moment-là, je me suis dit, je vais prendre le travail. Parce que je trouvais que je n'allais pas y arriver de l'autre côté. Parce qu'à cette époque, l'oral était fait pour un numerus clausus. Donc l'oral était fait pour éliminer. Et j'ai été éliminée. Dans la façon dont on configure les programmes, KPC agrègue, c'est tu ne peux pas te dire je vais investir 5 ans sur le sujet et je vais y arriver parce que c'est les mêmes sujets, tu sais, le côté laborieux. Parce que les sujets sont changés à 50% chaque année. Et donc, du coup, tu as deux questions qui restent et deux nouvelles questions et en géographie aussi. Et tu ne sais pas sur quelles questions tu vas tomber. Donc, le jour où tu planches, Tu vas plonger peut-être sur l'ancienne question, et là tu déroules, mais comme tous, soit tu tombes sur la nouvelle question. Du coup, je me suis dit, comme de toute façon, moi, je ne peux pas étudier à 100%, parce qu'il faut que je m'autofinance. Donc, est-ce que je continue dans cette situation d'échec, où je fais une bifurcation, et je me dis, en fait, je vais aller bosser, parce qu'à un moment donné, il faut manger, et puis t'as 23 ans, tu te dis là, est-ce que je fais ça encore ? pendant un certain nombre d'années. Finalement, je ne profite pas de la vie. Je suis née dans le guidon et donc j'ai besoin d'un peu d'air et me dire que la vie, c'est peut-être autre chose que les bouquins. Et je prendrai ma revanche sur l'oral.

  • Speaker #0

    Et tu as mis longtemps à digérer parce que je trouve qu'on n'apprend pas assez. Je trouve qu'il y a quelque chose qui manque dans l'éducation d'aujourd'hui, de nos enfants et la nôtre, c'est rebondir d'un échec. Je trouve qu'on apprend tellement d'un échec. Il y a tellement de choses... qui sont très très utiles et c'est presque important d'échouer tôt et je sais pas si tu as eu des petits échecs avant ou si celui-là était le premier est-ce que tu es vite remonté en scène ?

  • Speaker #1

    Oui j'ai vite remonté en scène parce que j'ai raisonné ce que je viens de te dire en me disant bah en fait bah voilà C'est comme ça, je suis dégoûtée, mais il faut que j'avance, il faut y aller. Et puis tu sais, c'est la citation de Simone Veil, que maintenant on fait toute nôtre, tous et tous, c'est les erreurs ne se regrettent pas, elles s'assument. La peur ne se fuit pas, elle se surmonte. L'amour ne se crie pas, il se prouve. Donc la première partie de la citation, les erreurs ne se regrettent pas, elles s'assument, c'est ça quoi, voilà. Une fois encore, ce que je te disais tout à l'heure, je reprendrai ma revanche sur l'oral. Et du coup, j'ai eu un degré d'attention sur les grands orateurs, les discours, comment tu fais passer les messages, comment tu te détaches de ton texte, jusque y compris dans mes fonctions professionnelles, en arrivant chez BNP Paribas, et puis ensuite, donc Postal et La Poste, j'ai eu deux dirigeants. chef de cabinet de deux dirigeants. Et le premier était très discours, écrit, très fort avec ce format-là. Et puis un autre, Philippe Valle, qui est maintenant président du groupe La Poste. Et quand il est arrivé, zéro note, zéro note, tout dans la tête. Ce n'est pas du par cœur.

  • Speaker #0

    C'est impressionnant, ça. Ce n'est pas du par cœur. Non, non, c'est juste une structure. Il a ses mots-clés.

  • Speaker #1

    Exactement. Et ça, il a beaucoup donné cette marque à la banque. Postal et Groupe La Poste. Et maintenant, quand je m'exprime, je le fais pareil. En fait, c'est éminemment puissant parce que d'abord, tu prépares les grands sujets que tu veux aborder et tu mets ça un peu en ordre dans ta tête. Et après, tu laisses reposer. Et la première chose que je fais quand je m'exprime en public, soit à des conférences, soit à des petits déjeuners, soit devant des collaborateurs, c'est que je m'imprégne de l'ambiance, de l'énergie. Je regarde les regards. je commence et en fonction de la façon dont je commence, je vois comment ils réagissent. Et après, je déroule. Et ça, c'est un grand respect pour ton auditoire parce que tu te donnes comme objectif d'adhérer à eux. Et donc du coup, ils sont pas là pour entendre un discours, ils sont là pour comprendre ou adhérer, tu vois. Donc voilà, c'est comment j'ai pris ma revanche sur l'oral, je te donne le tips.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour ces tips. J'allais te poser la question hyper inspirante. Et ça t'a mis longtemps parce que tu parlais de la petite fille qui était vachement dans ses notes, dans la bibliothèque. Et c'est très dur de passer de l'un à l'autre. Est-ce que t'as mis longtemps à vraiment être à l'aise dans cette recherche ?

  • Speaker #1

    Une fois encore, j'ai eu de la chance. J'ai un copain qui me dit que quand j'utilise cette expression, il faut que je décale. Tu sais, j'aide la chance. J'aide la chance, le verbe aider. Le verbe avoir, le verbe aider. Du coup, j'adore dire ça. J'ai aidé la chance puisque j'ai fait un métier entre les deux. J'ai fait le métier d'attachée de presse pendant 10 ans. Je médiatrainais des porte-paroles. J'ai passé mon temps à aider les porte-paroles à être bon en interview, de dire ce qu'il faut, de dire ce qu'il ne faut pas, de dire quand on ne sait pas. J'ai fait ça pendant 10 ans. J'ai eu mon sas de décompression entre la sachante Merci. et la communicante. Et une fois que tu fais ton métier d'attachée de presse et que tu as en face de toi... Après, j'ai accompagné peut-être dans ma carrière d'attachée de presse entre 50 et 100 porte-paroles, petits, moyens et grands, puisque ça va du gestionnaire d'actifs au dirigeant, au chef de produit, au DRH, tu vois, différents profils. Et comme tu es l'intermédiaire, le chénon de... la chaîne de courroie entre le journaliste et le porte-parole tu fais en sorte que ça se passe bien bah t'as ton espace d'apprentissage et donc du coup j'ai appris à être l'oratrice que je suis aujourd'hui par tout ce que j'ai appris dans les livres de bon orateur et ce que j'ai vu en pratique et du coup voilà ça a été long puisque ça a été 10 ans je me suis pas improvisée porte-parole moi-même Merci. sur les sujets que je maîtrise aujourd'hui. Ça a été un processus assez long, mais en fait assez fructueux, parce que du coup, je suis assez fière de la façon dont je peux m'exprimer aujourd'hui sur des sujets qui sont les miens.

  • Speaker #0

    Génial, génial. Je trouve que c'est hyper inspirant et puis ça donne de l'espoir. On a souvent ces raccourcis en disant « non, je ne suis pas bonne dans ça, ça ne sert à rien, ce n'est pas pour moi » . En fait, non, tout est une question de pratique et de talent, on le travaille.

  • Speaker #1

    Oui, oui, ça c'est vraiment ce que j'aimerais que les auditeurs retiennent, c'est qu'en fait, un échec hier est la base d'une réussite de demain. Un non qu'on te donne hier peut être un oui demain. Et surtout, il faut s'écouter, se faire confiance. Être indulgent avec soi-même, et en fait, il y a des moments où on est en échec pour telle et telle raison, si on arrive à les analyser et qu'on arrive à faire de l'autocritique bienveillante vis-à-vis de soi, en fait, dans un autre contexte et quelques années plus tard, ou même quelques mois, ou même quelques jours, on peut être dans une situation de réussite. Pour les enfants ou les adolescents qui planchent sur... Sur une disserte, combien de fois nous on s'est dit « en fait j'ai été nulle, j'aurais dû dire ça pendant l'écrit et puis je me suis stressée » et cinq minutes après ou une heure après, on se dit « j'aurais dû dire ça, je le savais » . Voilà, en fait, il faut se faire confiance et se mobiliser, toujours garder un petit sas de réalignement en fait. Qu'est-ce que je sais de ma leçon ? Qu'est-ce que je sais de ce que je vais dire ? Qu'est-ce que je veux dire à mes collaborateurs ? Qu'est-ce que je veux dire à mon entourage ? Tu vois, cette gestion de son émotion, refaire reposer la poussière ou la rage et se dire qu'est-ce qui va être constructif pour moi et pour les autres.

  • Speaker #0

    Absolument. Et je pense aussi garder sa touche personnelle et pas essayer de répliquer. Et c'est ce que tu disais, je trouvais ça hyper intéressant. En fait, tu as vu tellement de leaders, de communicants faire et j'imagine avec des styles complètement différents. jusqu'à trouver ta touche personnelle et là quand je te vois parler j'ai vu des vidéos etc t'es hyper à l'aise et tout est très naturel il n'y a rien de copier il n'y a rien de scripter et c'est hyper c'est hyper inspirant tu sais c'est la situation de paolo coelho n'essaie pas d'être utile essaie d'être toi ça suffit et cela fait toute la différence c'est

  • Speaker #1

    mon claim

  • Speaker #0

    Mouna je vais revenir sur ta carrière donc tu disais que tu avais commencé en tant que responsable de com au sein de bnp ensuite au sein de la Banque Postale en tant que Chief of Staff chargé de mission auprès du Président de la Banque Postale, puis Directrice Marketing des marchés mass market et spécifiques, et aujourd'hui tu es Secrétaire Générale de KissKissBankBank & Co. À quel moment tu as souhaité changer et orienter ta carrière vers une finance plus engagée, plus responsable ? Est-ce que c'était une démarche que tu avais en tête et quelque chose que tu as... dont tu as été maître et tu as dirigé ta carrière vers ça ou c'est plus une opportunité qui s'est présentée à toi avec le rachat de KissKissBankBank par la banque postale ?

  • Speaker #1

    Un peu des deux. D'abord, c'est un engagement et une conviction personnelle très forte et intérieure, en fait. La défense des plus faibles, la défense de l'altérité.

  • Speaker #0

    Et peut-être aussi juste expliquer ce que KissKissBankBank & Co font parce que je ne suis pas sûre que ça parle à tout le monde, si ça ne t'embête pas.

  • Speaker #1

    Skis Bank Bank, c'est une plateforme de financement participatif. L'idée, c'est de rendre possible le financement de projet sans passer par le financement bancaire classique ou la levée de fonds. C'est en phase d'amorçage. Un porteur de projet a une idée, un projet social ou sociétal ou associatif et il a besoin de lever des fonds pour rendre possible ce projet. Projet, souvent, quasi 100% des cas, qui a du sens. mais qui ne se finance pas de façon classique ou qui n'est pas suffisamment aboutie pour lever des fonds par des voies classiques. Le financement participatif, ça met en relation un porteur de projet et des contributeurs qui viennent acheter ou contribuer au produit, le rendre possible. Donc c'est très noble aussi et ça a des intermédiaires. Souvent on dit qu'une campagne de crowdfunding, c'est 50% une opération de communication. 50% une opération de levée de fonds, et les deux sont hyper importants, parce que ça rend crédible, viable, connu aux yeux de tous, le projet que tu prépares depuis des années, et il y a une phase de test and learn. Rien n'est grave dans le financement participatif, parce que soit ton projet aboutit, et donc tu lèves les fonds, soit ton projet n'aboutit pas, mais tu n'as rien perdu, et les contributeurs qui avaient commencé à te soutenir, ils récupèrent leurs fonds. Donc ça, c'est le premier métier de KissKissBankBank & Co. Depuis, c'est devenu le pôle de crowd for good de la Banque Postale, autour de cinq filiales, qui agrègent des solutions pour développer l'engagement citoyen de tout à chacun, avec le financement participatif, le crowdlending, qui est là de l'investissement, qui permet d'investir dans des projets d'énergie renouvelable en France, et de toucheter un rendement pour, et on le fait au travers de notre filiale Lendopolis. Good Eat qui a inventé la publicité solidaire qui permet à des marques de soutenir des associations et de reverser des dons à des associations par leur campagne de pub. La quatrième, c'est Microdon qui a inventé l'arrondi en caisse, l'arrondi sur salaire. Et puis la petite dernière, c'est You Matter, un institut de formation et un média, youmatter.word, qui permet aux citoyens d'avoir de l'information de qualité sur des sujets sociaux, sociétaux et environnementaux. Donc voilà ce que c'est que KissKissBankBank & Co.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, tu es secrétaire générale. Est-ce que tu peux nous dire rapidement en quoi consiste être secrétaire générale d'une banque filiale de la Banque Postale ?

  • Speaker #1

    Mon métier de secrétaire générale, il consiste à développer cette stratégie. auprès des fondateurs et auprès de la Banque Postale pour en faire une filiale qui apporte de la valeur à la Banque Postale. Ensuite, piloter toutes les ressources humaines et faire en sorte qu'avec ces différentes entités différentes, on arrive à construire une politique de ressources humaines, une politique salariale, une gestion des talents assez efficace. Pas homogène, parce que ce n'est pas notre volonté, puisque les entités sont nées et ont une phase de développement différente. Donc on ne coupe pas l'herbe au même niveau. On essaye de mutualiser ce qui est mutualisable et garder les identités de chacun. J'ai aussi dans mes fonctions le développement commercial et les synergies avec la banque postale, avec les filiales de la banque postale et avec les filiales du groupe La Poste. et donc du coup faire en sorte que nos solutions Ça rime ou se développe dans des offres produits de la banque postale ou des offres produits du groupe La Poste. Et puis, faire en sorte que tout fonctionne. Je suis la maman de l'équipe et de l'entité. En fait, faire en sorte que ça tourne. Et du coup,

  • Speaker #0

    tu reportes au directeur général ?

  • Speaker #1

    Je reporte au fondateur, au président. Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Tu es très engagée sur la question de la diversité. On en a parlé un peu. Avant d'élaborer un petit peu sur ce sujet-là, je voulais savoir, là on vient de parler de ton parcours qui est hyper inspirant, tu as fait des métiers, tu as travaillé dans les plus grandes banques, à des postes à grande responsabilité. Est-ce que, et on parlait au début du podcast de tes origines, de potentielles discriminations, etc. Est-ce que ça a été un frein à un certain moment ? Est-ce que tu as senti que ce sujet revenait sur la table pour... Peut-être ne pas te permettre d'avancer aussi rapidement que d'autres ou ouvrir des débats qui n'auraient pas été ouverts avec d'autres personnes.

  • Speaker #1

    Ça, c'est un sujet assez complexe parce que par définition, tu ne le sais pas vraiment. Tu peux le ressentir, tu peux douter dans des phases de développement ou de promotion, mais c'est un sujet assez tabou dans le domaine des grandes entreprises ou le domaine corporel.

  • Speaker #0

    Mais en termes de ressenti personnel ?

  • Speaker #1

    Le ressenti, ça m'est arrivé de le ressentir, oui. Mais après, dans des groupes bancaires comme ça, est-ce que c'est lié à l'origine ou c'est lié à mon parcours ? Moi, c'est vrai que je cumule, en fait.

  • Speaker #0

    Tu cumules, et le sexe aussi, parce que c'est quand même des milieux très… Enfin, il y a beaucoup d'hommes. En tout cas, au top management, c'est très peu diversifié, de plus en plus, mais ça ne l'a pas toujours été.

  • Speaker #1

    C'est clair.

  • Speaker #0

    Tu as les trois étoiles.

  • Speaker #1

    J'ai trois étoiles et j'en ai même une quatrième, c'est que je ne fais pas une taille 38. Et donc, du coup, il y a aussi ça dans les carrières. Ce que tu projettes sur ton physique contribue ou pas à l'appréciation que les gens peuvent avoir de toi. Donc, voilà. Comme je cumule, mais que je suis tenace, en fait, j'ai toujours réussi jusqu'à maintenant à exprimer mes talents et faire fi des biais cognitifs qu'on peut avoir ou des biais de genre à mon égard par ma thénaticité, mon travail, mon engagement, mon honnêteté intellectuelle. Bon, après, peut-être que j'aurais fait une autre carrière si je n'avais été ni une femme, ni ma plémouna. Voilà. Ni avoir fait une carrière, des études de sciences humaines dans une activité bancaire et assurance, très probablement. Mais bon, je suis moi et j'en suis fière.

  • Speaker #0

    Complètement. Donc, vous parlez de la question de la diversité. Quel est, selon toi, le plus gros challenge qu'on a en France sur ce sujet ? Et ça m'amène un peu à la question dont on parle en ce moment, la question des quotas. Est-ce que tu es pour ou contre une approche par les quotas ?

  • Speaker #1

    J'ai longtemps été contre, un peu comme Christine Lagarde, tu sais, qui dit qu'en arriver là, c'est dommage, parce que ça veut dire qu'on a épuisé toutes les autres solutions, et c'est navrant d'en arriver là. Après, qui dit quota, dit mesure, en fait. Une mesure qui montre qu'il y a une démarche volontariste pour que les équilibres et les rééquilibres se fassent. Donc, je pense que c'est une bonne stratégie si toutes les autres... n'ont pas abouti. En tout cas, je ne suis pas en capacité de porter ce sujet, mais mon avis, c'est que si toutes les autres solutions n'ont pas abouti, il faudra en passer par là. Moi, ce que j'essaye de creuser, de développer, d'engager et de faire, c'est quand on trie les CV, avoir ça en tête en fait. et équilibrer ses équipes. En fait, une équipe performante et une équipe équilibrée, équilibrée par la diversité des formations, la diversité des profils et des genres, et la diversité tout court. Et ça, c'est très riche, parce que chacun a des qualités propres, et c'est bien la combinatoire de toutes les qualités qui fait que l'équipe est performante. et résiliente. Donc ça, c'est vraiment quelque chose que j'essaye de mettre en œuvre. Et c'est vraiment ma grille de lecture et mon mojo. Après, sur la diversité, il faut aussi, pour le coup, de toute façon, il faut se relever. C'est comme un échec. Si on le subit, on le subit une fois, on le subira peut-être pas deux fois ni trois fois. Donc il faut se relever, il faut contourner et surtout, il faut être tenace. Il faut être tenace parce que quand on est ultra professionnel, au bout d'un moment, on nous choisit, quoi qu'il arrive. D'ailleurs, dans le monde anglo-saxon, tu as vécu à Londres, on se pose moins la question, parce que notamment dans les milieux de l'asset management ou de la finance, beaucoup de profils de la diversité sont choisis parce que c'est des profils excellents. Quand il y a le pragmatisme du recrutement, on ne se pose pas la question, on recrute. Le sujet s'est longtemps posé en France parce qu'on était dans une situation de chômage et la stratégie de contournement a été mise en place avec la start-up Negen. Beaucoup de start-ups se sont créées et les hommes et les femmes bien formés, avec un bon projet, se sont lancés parce qu'ils ne trouvaient pas de boulot et se sont lancés de façon efficace et après reviennent dans des carrières corporelles. Il faut être tenace, il ne faut rien lâcher.

  • Speaker #0

    Absolument. Quelle est ta définition de la réussite ?

  • Speaker #1

    Ma définition de la réussite, c'est beaucoup de choses. Définition de la réussite, c'est avancer tout en restant alignée et se respecter soi et les autres.

  • Speaker #0

    Quelle est ta relation avec la Tunisie aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, dans le cadre, ma relation avec la Tunisie est très chère à mon cœur. parce que c'est une partie de moi, comme toi j'imagine. Ma relation avec la Tunisie, c'est des paysages, c'est des odeurs, c'est des sourires, c'est une cuisine. Tout ça, c'est comme tu sais, une chambre un peu où tu te réfugies quand on a besoin pour te réconforter, parce que tu sais que ça c'est vrai, authentique et que c'est une partie de toi. Donc ça c'est la partie très intime qui est une valeur. fonction refuge. Et puis après, un peu comme des immigrés qui ne sont pas binationaux, mais qui sont venus en France et qui veulent rendre à la France tout ce que la France leur a donné. Tu sais, on entend beaucoup ces discours de personnes issues de l'immigration qui ont réussi et qui se disent « moi j'adore la France parce qu'elle m'a offert un cadre, elle m'a offert une maison, elle m'a offert une éducation » . Et du coup, j'ai aussi, moi, envie de le rendre à la Tunisie de l'autre côté. Et c'est la raison pour laquelle j'ai eu l'opportunité, avec Expertise France, d'accompagner la Tunisie dans la mise en place du crowdfunding. Et je fais ça, c'est une chance incroyable. Et donc, depuis octobre 2020, avec Expertise France et le programme Innovi, j'accompagne le gouvernement tunisien, les régulateurs et l'écosystème d'innovation. à rendre possible le crowdfunding en Tunisie. Alors du coup, ça coche évidemment toutes les cases, tu vois, c'est mon métier. Mon deuxième pays. Et du coup, voilà, ça fait un an et demi, on a mis en place avec un autre expert, le fondateur de Babylone, Arnaud Poissonnier, on a rédigé un plan d'action pour la mise en place du crowdfunding en Tunisie, et on déroule. On a fait des ateliers en Tunisie l'année dernière. J'ai dû faire cinq ou six voyages en Tunisie pour porter la parole du crowdfunding. J'ai eu ma première interview dans la presse tunisienne sur le sujet.

  • Speaker #0

    C'est génial !

  • Speaker #1

    Fin d'année dernière. J'étais tellement, tellement fière.

  • Speaker #0

    Tu m'étonnes.

  • Speaker #1

    Voilà, donc mon rapport, il est très intime. Je suis très fière de cette binationalité. Je suis très fière des Tunisiens et des Tunisiennes pour tout ce qu'ils ont réussi à faire. La femme tunisienne est une femme exceptionnelle, moderne, douce, tenace, délicate. C'est le plus petit dénominateur commun de la femme tunisienne, mais elle avance et elle fait beaucoup de choses. Et puis la Tunisie, ce qu'elle a réussi à mettre en place, même si c'est très difficile en ce moment, évidemment. Mais bon, la démocratie tunisienne... Reste un modèle. Tout ce qu'a mis en place Bouriba, la révolution de Jasmin, commencer en Tunisie, c'est quand même un pays tout petit. Après, ce n'est pas fini. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Les difficultés sont énormes. Ça reste des sourires, un accueil. Beaucoup d'émotions dans cette question.

  • Speaker #0

    J'imagine. Tu as un petit garçon, Mouna. Qu'est-ce que tu aimerais lui transmettre de ton arabité, de ta tunisianité, comme tu l'appelles ?

  • Speaker #1

    Ce que je lui transmets, parce que c'est déjà en marche. D'abord, la fierté de ses origines. Il ne se pose pas les questions que j'ai pu me poser, moi. Les sentiments de honte qu'on a pu avoir parce que les gens nous renvoyaient de la différence. Et quand on a envie d'être accepté, du coup, on met sous silence des parties de notre personnalité ou de notre identité. Ça, je pense qu'il ne faut pas. Il faut être soi-même et donc du coup, être fier de lui-même. Et pour être fier de lui-même, il faut se connaître. Et donc du coup, de cette aramité, la convivialité, l'amour des autres, le sourire, le rire, le fait d'être bien dans sa peau, très important, la confiance et les langues. Je trouve que notre génération a rendu l'apprentissage de l'arabe moins tabou. J'entends pas mal de personnalités issues de la même génération que nous qui se posent moins de questions sur le sujet et qui le donnent en héritage. Pour moi, c'est hyper important, c'est l'apprentissage d'une langue qui le rapproche de ses origines, et c'est une langue très riche et bankable aussi. puisque dans le domaine du commerce et de l'économie, c'est une langue qui se parle sur tous les continents, et donc il faut que ça devienne une force. Donc de l'arabité, la convivialité, le sourire, la philosophie, un peu de recul sur la vie, le côté moins rationnel, plus ressenti, plus humain, on a ça aussi dans cette culture.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu dirais à la Mouna enfant ?

  • Speaker #1

    Si je devais lui parler maintenant, donc si je la voyais aujourd'hui, je lui dirais écoute-toi, écoute-toi, écoute-toi, écoute-toi, tes intuitions sont les bonnes. Et ta rage et ton indignation que tu ressens, et que j'avais quand j'étais petite, transforme-la en action. Je pense que j'ai perdu du temps à ne pas m'écouter.

  • Speaker #0

    Ouna, on va passer à la dernière partie de l'interview, que j'ai appelée chaque Ausha parce que j'adore... La gastronomie tunisienne, et c'est des petites questions et le but c'est de répondre du tac au tac. Est-ce que tu as une devise ?

  • Speaker #1

    Ma devise ? Les heures ne se regrettent pas, elles s'assument. Simone Veil, ouais.

  • Speaker #0

    Un livre que tu conseillerais, un livre qui t'a marqué ?

  • Speaker #1

    Le livre qui m'a beaucoup marqué, c'est L'étranger de Camus.

  • Speaker #0

    Un lieu ?

  • Speaker #1

    On va dire Montmartre, parce que j'aime Montmartre et que j'habite Montmartre. Ça permet de prendre de la hauteur.

  • Speaker #0

    Ta plus grande fierté ?

  • Speaker #1

    Mon fils.

  • Speaker #0

    Une chanson ?

  • Speaker #1

    Une chanson, c'est ta chance de Jean-Jacques Goldman.

  • Speaker #0

    Et une femme que tu me recommanderais d'inviter sur le podcast. Et tu m'en as recommandé beaucoup à plein. Donc, je te laisse en choisir une peut-être pour le podcast et j'ai tout noté.

  • Speaker #1

    Bouchra. Bouchra Azouz. Bouchra Azouz qui est une documentariste que j'ai rencontrée sur les réseaux sociaux et qui est devenue une amie. Et voilà, je vous invite à la découvrir. Elle a permis de... rendre saillants les témoignages des femmes de différentes générations en France, qui ont vécu en France et qu'on a trop peu écoutées.

  • Speaker #0

    Super. Mouna, je te remercie infiniment. J'ai passé un super moment.

  • Speaker #1

    Je t'en prie. À très vite. Merci à toi. Merci d'avoir créé ce podcast comme une conversation assez intimiste. J'espère que ça inspirera des hommes et des femmes avec des parcours un peu comparables au mien.

  • Speaker #0

    Cet épisode de Heyette est maintenant terminé. Je vous remercie sincèrement de l'avoir écouté jusqu'au bout. Ce qui, j'espère, veut dire que vous l'avez apprécié. N'hésitez pas à le partager autour de vous, avec des amis ou sur les réseaux sociaux. C'est ce qui permet au podcast de grandir. Vous pouvez aussi le noter 5 étoiles et me laisser un petit commentaire, c'est un vrai plaisir de les lire. Si vous avez des questions ou voulez me suggérer une invitée, n'hésitez pas à me contacter sur la page Instagram ria underscore podcast. A très bientôt.

Description

Cette semaine je suis ravie de partager ma conversation avec Mouna Aoun, secrétaire générale de KissKissBankBank & Co, filiale de La Banque Postale et pionnier du financement participatif en France et en Europe. 

  

Femme engagée depuis de nombreuses années, Mouna AOUN est à titre personnel vice-présidente d’ONU Femmes France (en charge des partenariats) et administratrice de Solidarité Sida.

  

Née d’une maman française et d’un papa tunisien, Mouna nous raconte comment elle a vécu cette double identité et ce double héritage. 

  

Nous avons évoqué son parcours universitaire plutôt atypique pour une personne exerçant à présent dans le secteur bancaire. En effet, Mouna a débuté par des études d’histoire médiévale de l´orient musulman et son ambition professionnelle était à ce moment-là de devenir chercheuse. 

  

Elle revient sans filtre sur un de ses échecs et raconte comment elle en a fait une force pour repartir encore plus fort de l’avant. 

  

Nous avons également discuté de son rapport à la langue arabe, de l’importance de la diversité des équipes en milieu professionnel et de transmission. 

  

Un épisode très riche qui je l’espère vous procurera autant de plaisir que j’ai pris à l’enregistrer. 

  

Sans plus attendre je laisse place à la HeyA du jour - Mouna Aoun.  

  

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Pour suivre Mouna 

LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/mouna-aoun-5106b12/ 

  

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Ici, on parle d’identités plurielles, de voix arabes, de parcours de femmes inspirantes, d’arabité, de diaspora maghrébine, de sororité, de féminisme, d’inclusion, de récits de femmes et de transmission et d’héritages culturels.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, ici Pochra Pourti et bienvenue sur HEIA. En arabe, HEIA signifie « elle » . C'est parce que ce mot n'est pas suffisamment utilisé pour parler de réussite et d'ambition féminine que j'ai décidé de lancer ce podcast. Les inégalités et la sous-représentation liées au genre sont malheureusement une réalité et une approche intersectionnelle ne fait qu'amplifier ces phénomènes. Chaque épisode est une conversation où j'invite une femme de culture arabe à venir partager son histoire et évoquer sa réussite. Mes invités ont toutes des backgrounds et trajectoires différentes. Elles sont journalistes, entrepreneurs, écrivaines, artistes ou encore médecins, et vous serez, je l'espère, inspirés par leur réussite. L'objectif de ce podcast est de vous, tout d'abord, promouvoir une image différente de la femme arabe en mettant en lumière ses parcours exceptionnels, mais aussi aider les plus jeunes ou celles en quête de renouveau à trouver des rôles modèles et ambitionner leur avenir. Ma conviction ultime est que la seule manière d'y croire, c'est de le voir, ou en l'occurrence d'entendre. Si ce podcast vous plaît, je vous invite à prendre quelques minutes pour le noter 5 étoiles sur iTunes ou Apple Podcasts. C'est la meilleure manière de le soutenir. Sans plus attendre, je vous laisse découvrir notre invité du jour. Cette semaine, je suis ravie de partager ma conversation avec Mouna Aoun. secrétaire générale de Kiss Kiss Bank Bank & Co, filiale de la Banque Postale et pionnier du financement participatif en France et en Europe. Femme engagée depuis de nombreuses années, Mouna est à titre personnel vice-présidente d'ONU Femmes France et administratrice de Solidarité Sida. Née d'une maman française et d'un papa tunisien, Mouna nous raconte comment elle a vécu cette double identité et ce double héritage. Nous avons évoqué son parcours universitaire plutôt atypique pour une personne exerçant à présent dans le secteur bancaire. En effet, Mouna a débuté par des études d'histoire médiévale de l'Orient musulman et son ambition professionnelle était à ce moment-là de devenir chercheuse. Elle revient sans filtre sur un de ses échecs et raconte comment elle en a fait une force pour repartir encore plus fort de l'avant. Nous avons également discuté de son rapport à la langue arabe, de l'importance de la diversité des équipes en milieu professionnel et de transmission. Un épisode très riche. que je l'espère vous procurera autant de plaisir que j'ai pris à l'enregistrer. Sans plus attendre, je laisse place à la réé du jour, Mouna Aoun. Bonjour Mouna.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    C'est avec un très très grand plaisir.

  • Speaker #0

    Jusque-là, je n'ai pas eu beaucoup de gens du milieu corporate. Je trouve que c'est très intéressant de partager un profil pour étendre l'éventail des femmes inspirantes que j'ai eues à mon micro à ce jour.

  • Speaker #1

    Pour moi, je vis cet enregistrement comme une parenthèse enchantée pour échanger en toute liberté sur des thématiques qui sont chères à la fois femmes et notre altérité maghrébine ou arabophone.

  • Speaker #0

    Mouna, la tradition sur Réa, c'est de commencer par les débuts, les origines. Donc, si tu es d'accord, est-ce que tu voudrais bien te présenter en nous parlant un peu de ton enfance, de ton éducation, du milieu dans lequel tu as grandi ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir, je suis née à Roy-Malmaison dans les Hauts-de-Seine. Mon enfance s'est passée de façon plutôt sympathique dans une banlieue favorisée de la région parisienne. J'ai un papa tunisien et une maman française. Et mes parents ont eu le souci de nous donner les deux bagages culturels, à la fois tunisien et à la fois français-européen. J'ai un frère. qui s'appelle Daoud. Et on a grandi entre la région parisienne et la Côte d'Azur, puisque l'appel de la Méditerranée s'est fait pour mon papa. Et donc, du coup, le collège et le lycée et la prépa s'est passé sur la Côte d'Azur, du côté de Cagnes-sur-Mer et Nice. Et puis, au moment de choisir ses études, moi, j'ai eu envie de revenir dans la région parisienne, parce que Je trouvais que c'était un peu compliqué, la société sur la Côte d'Azur. Et je trouvais qu'il y avait plus de possibilités. Et on est un peu plus anonyme en région parisienne. Je trouvais qu'on avait plus de chances en région parisienne. Donc voilà, 47 ans, une partie en région parisienne, une partie sur la Côte d'Azur. Donc on peut dire une enfance plutôt favorisée.

  • Speaker #0

    Et tes parents travaillaient dans un milieu plutôt corporel, comme ce que tu fais aujourd'hui, ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Ma maman a fait toute sa carrière dans une banque.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Elle a commencé à l'âge de 16 ans et jusqu'à la retraite au Crédit du Nord. Et c'est vrai que le milieu bancaire, c'est une deuxième maison, puisque j'ai toujours accompagné dans son travail, dans les agences dans lesquelles elle a travaillé. Et puis mon papa a fait plusieurs métiers différents dans le domaine médical, dans le domaine de la sécurité, au gré de ses envies, de ses motivations.

  • Speaker #0

    Comment la petite Mouna a imaginé sa vie d'adulte ? Est-ce qu'il y avait un métier ou des hobbies, des activités qui te faisaient un peu rêver, petite fille ? Tu as des souvenirs de ça ?

  • Speaker #1

    J'ai toujours eu une vraie curiosité, une vraie curiosité intellectuelle. Donc la petite Mouna, elle avait déjà beaucoup envie de liberté, de casser les codes, d'éviter qu'on lui mette une étiquette sur le front. et toujours eu les yeux grands ouverts à des personnes, à des sujets, à des ambiances. Et en matière de métier, enseignante s'est révélée à la fin des études, donc la volonté de transmettre, de chercher et retranscrire. Cette transmission de savoir était assez importante. Et également tout ce qui est dans le domaine des arts au sens large. Et j'aurais rêvé d'être commissaire priseur. D'accord. La possibilité de travailler dans le domaine de l'art. Il faut payer sa charge. C'est une profession libérale, il faut payer sa charge. Et ça a été un frein à l'évasion dans ce domaine professionnel. Et cette curiosité intellectuelle m'a beaucoup... nourri puisque avec un bac C en poche le dernier. C c'était le bac scientifique mais assez équilibré qui a été transformé après une réforme en bac S avec une surpondération des matières scientifiques donc maths, physique et bio alors que moi c'était coefficient 5 aussi avec le français et donc un profil comme le mien qui est maths et littéraire. donc sciences humaines et rationnelles. Ça me convenait très bien, puisque je l'ai eu avec mention. Mais si j'avais eu le bac S, je pense que je n'aurais pas eu la mention, parce que j'ai eu à peu près 15-17 dans toutes les matières littéraires, sciences humaines, dépassables sur les fonctions scientifiques. Avec le bac S, ça aurait révélé mon côté moins scientifique que prévu.

  • Speaker #0

    Mouna, ta maman est française, ton papa est tunisien. Et tu disais qu'ils avaient tous les deux, ils voulaient s'assurer qu'il y ait une transmission des deux côtés. Comment tu as vécu cette double culture ? Parce que c'est particulier, on parle souvent de double culture d'enfants, d'immigrés, où les deux parents sont d'origine maghrébine, où là ta maman est française, donc il n'y a pas d'origine étrangère. Est-ce que ça donnait plus de légitimité ou est-ce que ça te protégeait peut-être plus de certaines discriminations ou raccourcis ?

  • Speaker #1

    Alors la double culture, elle s'est incarnée à la maison de façon très équilibrée, puisque les deux fêtes étaient fêtées, les deux calendriers, mes parents, mon père est musulman, ma mère est catholique, non pratiquante, mais ils nous ont voulu nous donner les deux bagages, plus culturels que religieux, parce que dans notre éducation, la religion c'est une expérience intérieure en fait. Ça ne s'apprend pas, ça ne s'impose pas, ça se vit. Et donc, du coup, une vision plutôt libérale de la religion. Et donc, pour répondre à ta question, en fait, dans les yeux d'une enfant, tu ne te poses pas trop la question. Tu es en France, ta mère est française, ton père est tunisien. Quand tu es en Tunisie, tu te sens chez toi. Quand tu es en France, tu te sens chez toi. C'est plutôt le regard des autres qui est assez surprenant. Moi, je ne suis pas très typée. Et donc, du coup, c'est le Canada Drive de la Mouna Aoun, en fait, parce que j'aurais pu m'appeler... Marion, machin, ça aurait été pareil. Et donc du coup, quand on me regarde, on ne se dit pas qu'ils ont affaire à une binationale. Par contre, le nom et le prénom interpellent. Et comme c'est un nom plutôt Moyen-Orient, nom et prénom, on ne s'imagine pas qu'à la maison, il y avait une culture musulmane. Et c'est plutôt dans le regard des autres. Donc Buna Aoun, ça passe très bien pour une Libanaise chrétienne. et donc du coup... Quand on évoque après le fait que le père est musulman dans une société des années 80-90, ce n'est pas un rejet, mais c'est une réaction pas aussi enthousiasmante.

  • Speaker #0

    Une petite déception.

  • Speaker #1

    Moins, petite déception, petit retrait. Et donc du coup, ça, dans les yeux d'une enfant adolescente, tu ne comprends pas trop. Ou tu finis par comprendre que ça ne sera pas le truc qui va te rendre la plus populaire de la cour d'école.

  • Speaker #0

    Et comment tu le vivais ? Est-ce que tu as eu des passages où tu disais « je vais me cacher du côté de ma mère » et un peu rejeter ça ? Est-ce qu'une ado, c'est pas... plus jeune enfant, c'est pas toujours évident à assumer ?

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, au départ, tu te poses pas de questions, puis après, t'essayes d'intellectualiser, mais bon, avec un papa tunisien musulman à la maison, c'est difficile de te dire que la surpondération française est possible. D'abord, par la culture, la volabilité, la présence, la cuisine, puisque c'est lui qui... cuisinaient donc si tu veux j'ai pas eu un réflexe français par contre ce qui était enthousiasmant c'est quand tu vas en tunisie que tu te dis là tu peux exprimer 100% de ce que t'es quoi surtout en tunisie qui est un pays francophone et donc toute ta famille parle français ils sont ravis de te voir et ils sont ravis de cette biculture. Donc voilà, non, je n'ai pas eu de repli identitaire, mais j'ai eu une soif d'apprendre l'arabe dans le cadre de mes études en me disant...

  • Speaker #0

    Parce que tu ne le parlais pas à la maison ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Non, pas du tout, ouais. Bah, tu sais, j'imagine qu'on est plusieurs dans ce cas-là. La langue arabe était un peu taboue, hein. Taboue parce que, d'abord, l'apprendre à l'école, c'était nous classer dans des classes qui n'étaient pas forcément des classes d'excellence. Que les cours qui étaient dispensés étaient des cours... cours avec la volonté d'un retour au pays. Il y a eu ces sujets, tu sais, les profs qui étaient proposés étaient des profs en lien avec l'ambassade, dans l'espoir que les contingents qui étaient venus travailler en France aient la possibilité de retourner dans leur pays d'origine. Du coup, ce choix-là n'a pas été fait au sein de la famille. Après, il y avait des associations à Ruyem-la-Maison qui proposaient de la rame, donc j'avais fait... J'avais avec ma mère, puisqu'elle rêvait d'apprendre l'arabe. Donc, on s'était inscrits toutes les deux.

  • Speaker #0

    C'est génial de faire avec sa maman.

  • Speaker #1

    Oui. Et on a fait ça. Enfin, on a essayé de faire ça après l'école et après son travail. Et en fait, j'ai commencé. Et puis, je ne sais pas pourquoi, dans le domaine de l'inconscient, je l'ai rejeté à ce moment-là. Tu avais quel âge à ce moment-là ? Je pense que j'avais 7-8 ans, quelque chose comme ça. Et le prof avait un accent terrible. Et du coup, c'est mon côté expiègle. En fait, il me faisait rire et je n'arrivais pas à me concentrer là-dessus. Alors peut-être que c'était une forme de pudeur inconsciente ou ce que tu dis, inconsciemment, le fait de le rejeter en se disant « ça va trop me marquer de connaître les deux » . Là, je préfère être dans mon cocon sécuritaire de la petite Mouna française. Mais en tout cas, à ce moment-là, on n'a pas réussi à aller jusqu'au bout. Et il fallait que ça soit une démarche volontaire. Et cette démarche volontaire d'apprentissage de la langue arabe s'est faite après la classe prépa, quand j'ai souagi de faire des études d'histoire de l'Orient musulman médiéval. Et à la faculté de Paris-Insorbonne, il y avait des cours d'arabe qui étaient proposés dans le cursus. Et j'ai découvert un prof d'arabe que j'adore, avec lequel je suis encore en lien. d'origine irakienne avec une méthode très structurée et je me suis régalée. J'ai fait ça pendant 2-3 ans et il a des cours en ligne. Je suis encore en lien avec lui et je révise encore les cours de Rali Belakac que je salue et que j'adore.

  • Speaker #0

    C'était ma prochaine question. J'allais te parler de ton parcours universitaire qui est assez atypique quand on voit ton job aujourd'hui, ton rôle aujourd'hui et ces études d'histoire médiévale de... de l'Orient musulman. Donc j'entends cette volonté d'apprendre l'arabe, mais de là à faire des études universitaires spécialisées de l'histoire médiévale de l'Orient musulman. Comment l'idée a germé ?

  • Speaker #1

    Moi, si j'avais eu l'opportunité, je n'aurais pas choisi de matière. L'école, pour moi, a été quelque chose de très très important dans ma vie de petite mouda, parce que toutes les heures que je passais à l'école... C'était des heures d'apprentissage, de découverte, de réflexion. Donc j'ai jamais... J'étais sur le chemin de l'école à reculons, ou à petits pas, mais plutôt en courant, parce que chaque heure, chaque découverte était fascinante. Du coup, au moment de choisir, ça a toujours été un problème, c'est choisir, choisir une matière, une discipline. Et donc, choisir quel bac ? Je voulais choisir le bac C, parce que tout le monde disait que ça ouvrait le plus d'options. Et puis, à l'issue du bac, comme j'étais encouragée à l'excellence, c'était une prépa, parce que j'ai fait baxer avec options informatiques. Donc, j'ai codé en C++. Ah oui, quand même. Et bon, je me suis dit, bon, les maths physiques, c'est hyper intéressant, mais je ne vais pas me révéler là-dedans. Et donc, j'ai découvert qu'il y avait des prépas pour des profils comme moi, donc il faut cagne-cagne. Donc déjà, j'ai fait un premier virage en me disant, bon, dans le champ des possibles, de toutes les disciplines qu'on nous apprend à l'école, au lycée, et il y en avait plus de notre temps qu'aujourd'hui. « Ok, je vais mettre de côté tous les aspects scientifiques et je vais me plonger dans les matières sciences humaines. » Et donc, hippocampe, cagne. Et ça, ça a été vraiment deux années extraordinaires parce que des profs extraordinaires, parce que plonger dans des récits, plonger dans des philosophes, c'était très éprouvant et très exigeant puisqu'on passe de moyenne de 17-18 dans ces matières. Quelque chose autour de 8, 9 pour préparer Normal Sup. Donc, c'est un choc. Un mois avant la rentrée de septembre, alors que tout le monde rentrait en octobre, on reçoit une bibliographie de 500 livres à avoir lu, alors que dans une journée, dans une année, il y a 350 jours. Donc, je me souviens avoir montré à mes parents la liste en disant « Alors, je ne comprends pas, donc je lise plus de 3 livres par jour pour être… » au point à la rentrée, je vous dis tout de suite je vais déjà avoir un peu de lacunes donc apprentissage de la lecture en diagonale mais donc très très dur, très éprouvant des nuits blanches pour finir des disserts mais parenthèse de deux ans en accéléré de savoir, d'inspiration de méthodologie de découverte et à ce moment là la chance quand on fait une hippocaille et une caille c'est qu'on a une équivalence Donc on a à la fois cette préparation à Normale Sup et en même temps, on peut choisir une matière à la fac et on ne passe pas, alors que de mon époque, ça s'appelait le DEUG, on sort d'Hippocam avec un niveau Bac plus 2 validé par l'université. Et donc, il faut choisir une matière. Et donc, j'ai beaucoup hésité, évidemment, parce que choisir était... Choisir,

  • Speaker #0

    c'est j'ai commencé, oui.

  • Speaker #1

    Exactement. Et donc, j'ai beaucoup hésité et j'ai choisi la matière qui me permettait de ne pas encore tout à fait choisir,

  • Speaker #0

    qui était l'histoire du haut.

  • Speaker #1

    Au moins, j'ai coche

  • Speaker #0

    2.

  • Speaker #1

    Et si je n'avais pas choisi histoire-géo, j'aurais choisi philosophie, parce que je trouvais que me plonger dans ces réflexions, ces raisonnements... La philo et l'histoire, c'est pour moi un bon combi, parce que ça te nourrit et ça te permet de faire face à un nombre incalculé de situations, de personnalités. Et donc ça t'enrichit encore plus. Donc si j'avais dû choisir, si je n'avais pas choisi l'histoire géo, j'aurais choisi la philosophie, mais j'ai choisi l'histoire géo. Et c'est comme ça que ça m'a amenée en licence d'histoire. Et donc en licence, tu es notée et tu plonges sur différents sujets. Et l'histoire est splitée en quatre grandes périodes. L'histoire antique, l'histoire médiévale, l'histoire moderne et l'histoire contemporaine. Et en licence, j'ai découvert... Une prof extraordinaire, Françoise Michaud, sur l'Orient musulman médiéval. C'est elle qui faisait une partie de ses cours. Et j'ai appris plein de choses. D'abord, ce que la littérature et la philosophie européenne doivent aux traducteurs arabes, puisque les textes grecs se sont perdus et c'est par les traducteurs arabes qu'ils ont été redécouverts. les zones de... de symbiose entre la culture orientale et la culture occidentale, par l'Espagne de l'Alendalus, par l'Italie, Venise, les marchands. Et en fait, je me suis dit, c'est moi en fait.

  • Speaker #0

    Et là, c'était une révélation. Est-ce que déjà ton papa partageait avec toi, ou t'avait un peu éveillé à l'importance du monde arabe, à sa grandeur, à toute l'histoire, toute la grande histoire qui est associée à ce monde ?

  • Speaker #1

    Dans le détail, c'était une révélation, mais mon père le faisait avec la ferveur et le nationalisme arabe, c'est-à-dire qu'on est les meilleurs, on est les plus intelligents. Donc si tu veux, tu dis, en fait, c'est de la prétention ou c'est la volonté de m'inculquer la biculture comme un coach, pas comme un enseignant qui me le démontre avec des arguments. Et donc, non, non, j'ai découvert. J'ai découvert des choses extraordinaires et j'avais envie de plonger là-dedans, je me suis dit. Au travers de cet apprentissage, je vais me comprendre, me révéler, d'une certaine façon m'accepter. Et du coup, j'ai plongé dans cette période.

  • Speaker #0

    Et tu sentais que tu étais à la recherche de quelque chose plus personnellement ? Parce que là, tu dis, je me rends compte que ça allait me permettre de me révéler, de me connaître, etc. Est-ce qu'il y avait cette quête qui était déjà éveillée quelque part pendant ces derniers jours ?

  • Speaker #1

    Pas verbalisée, ni remontée. Mais en tout cas, j'avais cette intuition. J'avais cette intuition et surtout, la période était absolument fascinante. Et du coup, je me suis attachée à un personnage, Salah al-Din. Et donc, j'ai fait ma maîtrise et mon DEA là-dessus. sur ce personnage qui a reconquis Jérusalem au croisé, qui, dans les textes et les chroniques occidentales, sa vaillance, son engagement étaient salués, sa personnalité. Et il y a des textes qui disent qu'en fait, il est tellement pieux et tellement engagé, et il a tellement de valeur chevaleresque, que quelque part, il doit être chrétien. J'adore.

  • Speaker #0

    C'est énorme.

  • Speaker #1

    Toujours cette vision. toujours cette vision occidentalisée que ces qualités sont des qualités chrétiennes alors que c'est des qualités humaines. Donc il a reconquis Jérusalem au croisé, il n'avait pas de légitimité religieuse du temps des califats, il a conquis sa légitimité militaire puisqu'il a reconquis des territoires et donc je trouvais que cette histoire était absolument fascinante une fois encore. Je n'ai pas choisi. J'ai choisi le sujet au milieu de la Méditerranée, qui me permet de traiter d'un sujet occidental et un sujet médiéval, mais oriental. Donc voilà, c'est comme ça que ça s'est fait.

  • Speaker #0

    Et là, tu t'embarques dans ces études avec le but de faire de l'enseignement ?

  • Speaker #1

    Chercheuse. Chercheuse, d'accord. J'avais très envie de faire ma thèse là-dessus, d'être la nouvelle Françoise Michaud. Je trouvais ça fascinant. Voilà, l'étudiante, tu vois, Sophie Marceau, grande amphi de la Sorbonne, qui vient expliquer tout ce que Françoise Michaud avait révélé. Tu le révèles dans ses grands amphis, donc transmission, mais plutôt chercheuse et enseignante à la fac. Après, il faut découvrir toutes les étapes pour aboutir à ça, avec l'excellence française et les numéros sclosus. Donc, quand j'ai exprimé ça à mes profs et notamment à Françoise Michaud, elle m'a dit bon. Passez d'abord le CAPES et l'AGREG d'Histoire Géo et ensuite vous passerez votre thèse parce qu'il faut que vous viviez, sachant que moi j'ai fait mes études en travaillant en parallèle. Parce que mes parents n'avaient pas beaucoup de revenus et quand je suis remontée en région parisienne, j'étais autonome financièrement et donc je travaillais d'abord équipière et puis formatrice au McDo parce qu'ils ne posaient pas de questions et qu'ils payaient et qu'ils signaient des CDI à temps partiel. Et donc, voilà. continuer derrière pour être prof, mais au départ ma volonté c'était de continuer à creuser et à découvrir tous ces domaines de l'histoire qu'on nous a jamais appris, ce qui me permet d'exprimer le fait que maintenant ça a un peu changé et les textes changent un peu, mais c'est une hérésie que de ne pas révéler ces pans d'histoire, qui sont des pans d'histoire d'hommes et de de femmes issues de l'immigration de la deuxième ou troisième génération. et découvrir qu'en fait, l'histoire européenne, c'est une histoire qui les concerne aussi. Et donc voilà, je le dis là maintenant parce que c'est un sujet qui continue à m'inspirer et pour lequel je passe un peu de temps, justement pour changer l'image du français gaulois.

  • Speaker #0

    J'imagine que ton papa devait être très fier de te voir embarquer dans ces études-là. Quelle était un peu sa réaction par rapport ?

  • Speaker #1

    La fierté, ça c'est sûr. Et après, je suis remontée à Paris. Donc du coup, il y a eu de la distance qui s'est instaurée et de l'autonomie. Pour lui, les études à la Sorbonne et les études parisiennes ont creusé l'écart entre lui et moi. En fait, ça a mis de la distance. Donc la fierté, c'est sûr. Mais bon, en bon oriental, tu sais que ça se dit pas. tu le vois dans les yeux ou tu le sais par les copains

  • Speaker #0

    Oui. Et comment l'intérêt du coup pour la finance, pour le milieu bancaire est arrivé ? Donc j'entends que ta maman était dans ce milieu-là. C'est quelque chose qui n'était pas complètement nouvelle, tu étais un peu familière à ce milieu-là. Mais où se passe un peu ce pont entre ces études dont tu nous parles, cette ambition de faire une thèse, de passer l'agrégation ? Et comment se fait ce virage ?

  • Speaker #1

    En fait, ce n'est pas vraiment un virage, comme je te l'ai dit. j'ai toujours de... De faire au feu, oui. J'ai toujours de faire au feu. Je suis jumeau, c'est peut-être pour ça. Toujours sur deux rails, rarement un rail.

  • Speaker #0

    C'est l'histoire du choix,

  • Speaker #1

    pas choisir,

  • Speaker #0

    avoir autre chose en barrette, le chaos.

  • Speaker #1

    Du coup, j'ai toujours travaillé depuis l'âge de 18 ans. Mes premiers jobs d'été se sont faits au Crédit du Nord pour gagner cette indépendance, pour gérer mon budget, mes fins de mois, mes envies. Et donc du coup, une fois que j'ai passé le CAPES et la GREC d'Histoire JO, que j'ai raté, j'ai réussi les écrits mais j'ai raté les oraux, il fallait bien renflouer les caisses puisque j'étais boursière. Et là pour le coup, faire tout ce que je faisais en parallèle était un peu compliqué. Et ma mère m'a dit, postule dans une jeune venture entre... entre le Crédit du Nord et une société d'assurance qui s'appelle Cardiff. Et donc, je suis rentrée en stagiaire été. Compte tenu de mon profil, ils m'ont mis à la direction de la communication. Et moi, je ne savais même pas que ça existait. Et là, je me suis dit, c'est juste dingue, c'est génial. Parce qu'en fait, les qualités littéraires, les qualités de rédaction peuvent être mises à profit dans des directions de communication. En général, les profils sur ces métiers de direction de communication, c'était plutôt... Sciences Po, école de commerce, pas trop, parce que là, ce qu'on cherche, c'est les qualités rédactionnelles, de diplomatie et compagnie. Et en fait, j'ai trouvé que le métier rentrait dans mes pieds de façon très saillante. Une chaussure, je trouvais ça assez fascinant. Et donc, j'ai bénéficié d'une opportunité, puisque c'était la fusion des sociétés Paribas et BNP. Et on m'a mis au service de presse pendant... pendant un mois. Donc, service de presse, ça veut dire que j'aidais l'ancienne attachée de presse à répondre aux demandes journalistes du monde de la banque et de l'assurance, donc hyper spécialisée. Et je faisais la jonction entre elle qui quittait cette fonction parce qu'elle passait sur la com' interne et une nouvelle attachée de presse qui était plutôt côté BNP qui allait arriver mais pas tout de suite. Donc, comme elle était déjà très focalisée sur son nouveau métier, elle s'est dit on va mettre Mouna là, il y a une conférence de presse à la fin du mois. elle va rédiger le dossier de presse, je vais lui dire comment faire, et puis ça va le faire.

  • Speaker #0

    Et un moment clé de l'histoire de la banque, pour le coup. C'était un moment où les spotlights étaient plutôt figés sur cette banque-là.

  • Speaker #1

    Exactement, c'était une opportunité. Un, rédiger, je savais faire. Deux, vulgariser, répondre aux demandes journalistes, et donc faire transmission, un courroie de transmission. Ça fait partie de mes skills. Il y avait des nouveaux trucs à apprendre. Donc, du coup, c'était bon pour moi. Je Ausha les trois cases. Et voilà, on m'a demandé de rédiger, dès le deuxième jour, c'était au mois d'août, août 2000, un dossier de presse sur la multigestion chez Cardiff. Bon, multigestion, ça ne me parlait pas. Moi, j'ai dit, où est la bibliothèque ? Parce que ça ne me fait pas peur, moi, des sujets. Des sujets, tu vois, des intitulés de sujets, de disserts qu'on me demande et que je ne comprends pas à la base. C'est la base d'une étudiante en histoire. Même pas peur. et donc j'ai demandé à la bibliothèque on m'a dit ah bah non la bibliothèque ça n'existe pas mais il y a un service documentation donc j'ai été voir la documentaliste et j'ai récupéré un certain nombre d'articles de presse là c'était pas des articles de chercheurs et je lui ai dit d'accord maintenant que j'ai compris ce que c'était que la multigestion qu'est-ce que vous voulez mettre en place donc j'ai fait des petites interviews en interne ensuite j'ai dit c'est quoi un dossier de presse donne moi un exemple et puis j'y suis allée quoi, j'ai rédigé J'ai rédigé mon truc. Et Amélie, Amélie Desbarcheliers, elle trouvait que c'était top.

  • Speaker #0

    Génial. Et du coup,

  • Speaker #1

    franchement, ça s'est fait comme ça. Il y avait un poste d'assistante de l'attachée de presse qui se libérait en CDD. Et en fait, j'ai postulé. J'ai été voir... La com était rattachée au secrétariat général. Donc, j'ai rencontré le secrétaire général dans un long entretien de deux heures. On a parlé de toute autre chose que le métier, puisque je ne le connaissais pas. On a parlé de l'histoire, on a parlé de moi. Puis, il est sorti de là en disant aux dirigeants... Concernée, c'est une fille bien, il faut la prendre, on va la former.

  • Speaker #0

    Mais c'est génial ça Mouna, ça m'interpelle vachement ce que tu dis parce que c'était il y a quelques années, tu n'as pas le parcours classique qu'on voit dans le milieu bancaire et il y a quand même une ouverture à te donner ta chance, à t'écouter et se dire oui ok elle ne connaît pas le côté technique, ça elle l'apprendra mais elle a tout le reste. Ce qui est souvent un peu le défaut. En France on est encore beaucoup, tu as fait quelle école où tu le vois même quand il y a des changements de poste et que les gens ont 30 ans de carrière, on parle encore de leur école et tu dis... On s'en fout, il a 30 ans de carrière, il en a fait des choses. C'est hyper inspirant et encourageant de voir qu'ils étaient un peu en avance sur les choses qui se faisaient à ce moment-là et encore aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je les remercie tous les jours et je le redis. Et quand je sélectionne des CV dans le cadre de mes fonctions de secrétaire générale, le KissKissBankBank & Co, j'ai la fonction RH. Quand je trie les CV, j'ai ça toujours en tête.

  • Speaker #0

    Je vais juste revenir, j'ai une petite question qui m'interpelle dans ce que tu disais. Au moment où tu as passé le CAPES, tu disais... Tu as eu les écrits, pas les oraux. Comment tu prends un peu cet échec, entre guillemets ?

  • Speaker #1

    C'est mal.

  • Speaker #0

    Voilà, je m'attendais à cette réponse, parce que tu étais la bonne élève dans toute la définition classique d'une bonne élève, qui réussit à peu près tout, qui est très curieuse, qui travaille très dur pour y arriver. Et j'imagine que l'option échec n'était pas forcément dans l'option des possibles. Et du coup, comment tu le vis ? Et je trouve que c'est quelque chose de très important.

  • Speaker #1

    Mais tu as raison de le dire. Comment je le vis très mal, parce que c'est des heures et des années d'investissement. Et je me rends compte que je suis nulle à l'oral. Je suis un rat de bibliothèque, je passe des heures au carré à faire des fiches, à apprendre, à comprendre. et en fait je ne prends pas le temps de prendre de la hauteur et de synthétiser ma pensée à l'oral et de m'exprimer de façon claire. et j'ai même pas le bas goût en fonction du sujet que tu tires à l'oral de faire des pirouettes pour le coup quand je raconte ça à des gens qui me connaissent aujourd'hui, ils sont surpris très !

  • Speaker #0

    C'est ce que j'allais dire j'ai l'impression que tu parles d'une autre personne, on se connait pas beaucoup mais on parle depuis

  • Speaker #1

    30 minutes ou 40 minutes les choses ont vachement évolué il faut connaître ses forces et ses faiblesses et moi à l'époque ma faiblesse c'était l'oral parce que syndrome de l'imposteur très puissant ... Parce que toujours s'excuser d'être là, de fournir le dernier souffle dans tout ce qu'on fait. Et donc, les oraux, je n'ai pas été bonne. Je n'ai pas été bonne, je n'ai pas su convaincre, je n'ai pas su séduire. J'étais en ras de bibliothèque avec mes lunettes et dès que je sortais de ma zone de confort, j'étais en panique. Donc du coup, une fois que l'échec est sonnant et trébuchant, on remonte en selle. Donc là, je me suis dit, est-ce que je remonte en selle pour ça ou est-ce que je remonte en selle pour autre chose ? Et le fait d'avoir eu deux rails, c'est-à-dire les études et le travail, à ce moment-là, je me suis dit, je vais prendre le travail. Parce que je trouvais que je n'allais pas y arriver de l'autre côté. Parce qu'à cette époque, l'oral était fait pour un numerus clausus. Donc l'oral était fait pour éliminer. Et j'ai été éliminée. Dans la façon dont on configure les programmes, KPC agrègue, c'est tu ne peux pas te dire je vais investir 5 ans sur le sujet et je vais y arriver parce que c'est les mêmes sujets, tu sais, le côté laborieux. Parce que les sujets sont changés à 50% chaque année. Et donc, du coup, tu as deux questions qui restent et deux nouvelles questions et en géographie aussi. Et tu ne sais pas sur quelles questions tu vas tomber. Donc, le jour où tu planches, Tu vas plonger peut-être sur l'ancienne question, et là tu déroules, mais comme tous, soit tu tombes sur la nouvelle question. Du coup, je me suis dit, comme de toute façon, moi, je ne peux pas étudier à 100%, parce qu'il faut que je m'autofinance. Donc, est-ce que je continue dans cette situation d'échec, où je fais une bifurcation, et je me dis, en fait, je vais aller bosser, parce qu'à un moment donné, il faut manger, et puis t'as 23 ans, tu te dis là, est-ce que je fais ça encore ? pendant un certain nombre d'années. Finalement, je ne profite pas de la vie. Je suis née dans le guidon et donc j'ai besoin d'un peu d'air et me dire que la vie, c'est peut-être autre chose que les bouquins. Et je prendrai ma revanche sur l'oral.

  • Speaker #0

    Et tu as mis longtemps à digérer parce que je trouve qu'on n'apprend pas assez. Je trouve qu'il y a quelque chose qui manque dans l'éducation d'aujourd'hui, de nos enfants et la nôtre, c'est rebondir d'un échec. Je trouve qu'on apprend tellement d'un échec. Il y a tellement de choses... qui sont très très utiles et c'est presque important d'échouer tôt et je sais pas si tu as eu des petits échecs avant ou si celui-là était le premier est-ce que tu es vite remonté en scène ?

  • Speaker #1

    Oui j'ai vite remonté en scène parce que j'ai raisonné ce que je viens de te dire en me disant bah en fait bah voilà C'est comme ça, je suis dégoûtée, mais il faut que j'avance, il faut y aller. Et puis tu sais, c'est la citation de Simone Veil, que maintenant on fait toute nôtre, tous et tous, c'est les erreurs ne se regrettent pas, elles s'assument. La peur ne se fuit pas, elle se surmonte. L'amour ne se crie pas, il se prouve. Donc la première partie de la citation, les erreurs ne se regrettent pas, elles s'assument, c'est ça quoi, voilà. Une fois encore, ce que je te disais tout à l'heure, je reprendrai ma revanche sur l'oral. Et du coup, j'ai eu un degré d'attention sur les grands orateurs, les discours, comment tu fais passer les messages, comment tu te détaches de ton texte, jusque y compris dans mes fonctions professionnelles, en arrivant chez BNP Paribas, et puis ensuite, donc Postal et La Poste, j'ai eu deux dirigeants. chef de cabinet de deux dirigeants. Et le premier était très discours, écrit, très fort avec ce format-là. Et puis un autre, Philippe Valle, qui est maintenant président du groupe La Poste. Et quand il est arrivé, zéro note, zéro note, tout dans la tête. Ce n'est pas du par cœur.

  • Speaker #0

    C'est impressionnant, ça. Ce n'est pas du par cœur. Non, non, c'est juste une structure. Il a ses mots-clés.

  • Speaker #1

    Exactement. Et ça, il a beaucoup donné cette marque à la banque. Postal et Groupe La Poste. Et maintenant, quand je m'exprime, je le fais pareil. En fait, c'est éminemment puissant parce que d'abord, tu prépares les grands sujets que tu veux aborder et tu mets ça un peu en ordre dans ta tête. Et après, tu laisses reposer. Et la première chose que je fais quand je m'exprime en public, soit à des conférences, soit à des petits déjeuners, soit devant des collaborateurs, c'est que je m'imprégne de l'ambiance, de l'énergie. Je regarde les regards. je commence et en fonction de la façon dont je commence, je vois comment ils réagissent. Et après, je déroule. Et ça, c'est un grand respect pour ton auditoire parce que tu te donnes comme objectif d'adhérer à eux. Et donc du coup, ils sont pas là pour entendre un discours, ils sont là pour comprendre ou adhérer, tu vois. Donc voilà, c'est comment j'ai pris ma revanche sur l'oral, je te donne le tips.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour ces tips. J'allais te poser la question hyper inspirante. Et ça t'a mis longtemps parce que tu parlais de la petite fille qui était vachement dans ses notes, dans la bibliothèque. Et c'est très dur de passer de l'un à l'autre. Est-ce que t'as mis longtemps à vraiment être à l'aise dans cette recherche ?

  • Speaker #1

    Une fois encore, j'ai eu de la chance. J'ai un copain qui me dit que quand j'utilise cette expression, il faut que je décale. Tu sais, j'aide la chance. J'aide la chance, le verbe aider. Le verbe avoir, le verbe aider. Du coup, j'adore dire ça. J'ai aidé la chance puisque j'ai fait un métier entre les deux. J'ai fait le métier d'attachée de presse pendant 10 ans. Je médiatrainais des porte-paroles. J'ai passé mon temps à aider les porte-paroles à être bon en interview, de dire ce qu'il faut, de dire ce qu'il ne faut pas, de dire quand on ne sait pas. J'ai fait ça pendant 10 ans. J'ai eu mon sas de décompression entre la sachante Merci. et la communicante. Et une fois que tu fais ton métier d'attachée de presse et que tu as en face de toi... Après, j'ai accompagné peut-être dans ma carrière d'attachée de presse entre 50 et 100 porte-paroles, petits, moyens et grands, puisque ça va du gestionnaire d'actifs au dirigeant, au chef de produit, au DRH, tu vois, différents profils. Et comme tu es l'intermédiaire, le chénon de... la chaîne de courroie entre le journaliste et le porte-parole tu fais en sorte que ça se passe bien bah t'as ton espace d'apprentissage et donc du coup j'ai appris à être l'oratrice que je suis aujourd'hui par tout ce que j'ai appris dans les livres de bon orateur et ce que j'ai vu en pratique et du coup voilà ça a été long puisque ça a été 10 ans je me suis pas improvisée porte-parole moi-même Merci. sur les sujets que je maîtrise aujourd'hui. Ça a été un processus assez long, mais en fait assez fructueux, parce que du coup, je suis assez fière de la façon dont je peux m'exprimer aujourd'hui sur des sujets qui sont les miens.

  • Speaker #0

    Génial, génial. Je trouve que c'est hyper inspirant et puis ça donne de l'espoir. On a souvent ces raccourcis en disant « non, je ne suis pas bonne dans ça, ça ne sert à rien, ce n'est pas pour moi » . En fait, non, tout est une question de pratique et de talent, on le travaille.

  • Speaker #1

    Oui, oui, ça c'est vraiment ce que j'aimerais que les auditeurs retiennent, c'est qu'en fait, un échec hier est la base d'une réussite de demain. Un non qu'on te donne hier peut être un oui demain. Et surtout, il faut s'écouter, se faire confiance. Être indulgent avec soi-même, et en fait, il y a des moments où on est en échec pour telle et telle raison, si on arrive à les analyser et qu'on arrive à faire de l'autocritique bienveillante vis-à-vis de soi, en fait, dans un autre contexte et quelques années plus tard, ou même quelques mois, ou même quelques jours, on peut être dans une situation de réussite. Pour les enfants ou les adolescents qui planchent sur... Sur une disserte, combien de fois nous on s'est dit « en fait j'ai été nulle, j'aurais dû dire ça pendant l'écrit et puis je me suis stressée » et cinq minutes après ou une heure après, on se dit « j'aurais dû dire ça, je le savais » . Voilà, en fait, il faut se faire confiance et se mobiliser, toujours garder un petit sas de réalignement en fait. Qu'est-ce que je sais de ma leçon ? Qu'est-ce que je sais de ce que je vais dire ? Qu'est-ce que je veux dire à mes collaborateurs ? Qu'est-ce que je veux dire à mon entourage ? Tu vois, cette gestion de son émotion, refaire reposer la poussière ou la rage et se dire qu'est-ce qui va être constructif pour moi et pour les autres.

  • Speaker #0

    Absolument. Et je pense aussi garder sa touche personnelle et pas essayer de répliquer. Et c'est ce que tu disais, je trouvais ça hyper intéressant. En fait, tu as vu tellement de leaders, de communicants faire et j'imagine avec des styles complètement différents. jusqu'à trouver ta touche personnelle et là quand je te vois parler j'ai vu des vidéos etc t'es hyper à l'aise et tout est très naturel il n'y a rien de copier il n'y a rien de scripter et c'est hyper c'est hyper inspirant tu sais c'est la situation de paolo coelho n'essaie pas d'être utile essaie d'être toi ça suffit et cela fait toute la différence c'est

  • Speaker #1

    mon claim

  • Speaker #0

    Mouna je vais revenir sur ta carrière donc tu disais que tu avais commencé en tant que responsable de com au sein de bnp ensuite au sein de la Banque Postale en tant que Chief of Staff chargé de mission auprès du Président de la Banque Postale, puis Directrice Marketing des marchés mass market et spécifiques, et aujourd'hui tu es Secrétaire Générale de KissKissBankBank & Co. À quel moment tu as souhaité changer et orienter ta carrière vers une finance plus engagée, plus responsable ? Est-ce que c'était une démarche que tu avais en tête et quelque chose que tu as... dont tu as été maître et tu as dirigé ta carrière vers ça ou c'est plus une opportunité qui s'est présentée à toi avec le rachat de KissKissBankBank par la banque postale ?

  • Speaker #1

    Un peu des deux. D'abord, c'est un engagement et une conviction personnelle très forte et intérieure, en fait. La défense des plus faibles, la défense de l'altérité.

  • Speaker #0

    Et peut-être aussi juste expliquer ce que KissKissBankBank & Co font parce que je ne suis pas sûre que ça parle à tout le monde, si ça ne t'embête pas.

  • Speaker #1

    Skis Bank Bank, c'est une plateforme de financement participatif. L'idée, c'est de rendre possible le financement de projet sans passer par le financement bancaire classique ou la levée de fonds. C'est en phase d'amorçage. Un porteur de projet a une idée, un projet social ou sociétal ou associatif et il a besoin de lever des fonds pour rendre possible ce projet. Projet, souvent, quasi 100% des cas, qui a du sens. mais qui ne se finance pas de façon classique ou qui n'est pas suffisamment aboutie pour lever des fonds par des voies classiques. Le financement participatif, ça met en relation un porteur de projet et des contributeurs qui viennent acheter ou contribuer au produit, le rendre possible. Donc c'est très noble aussi et ça a des intermédiaires. Souvent on dit qu'une campagne de crowdfunding, c'est 50% une opération de communication. 50% une opération de levée de fonds, et les deux sont hyper importants, parce que ça rend crédible, viable, connu aux yeux de tous, le projet que tu prépares depuis des années, et il y a une phase de test and learn. Rien n'est grave dans le financement participatif, parce que soit ton projet aboutit, et donc tu lèves les fonds, soit ton projet n'aboutit pas, mais tu n'as rien perdu, et les contributeurs qui avaient commencé à te soutenir, ils récupèrent leurs fonds. Donc ça, c'est le premier métier de KissKissBankBank & Co. Depuis, c'est devenu le pôle de crowd for good de la Banque Postale, autour de cinq filiales, qui agrègent des solutions pour développer l'engagement citoyen de tout à chacun, avec le financement participatif, le crowdlending, qui est là de l'investissement, qui permet d'investir dans des projets d'énergie renouvelable en France, et de toucheter un rendement pour, et on le fait au travers de notre filiale Lendopolis. Good Eat qui a inventé la publicité solidaire qui permet à des marques de soutenir des associations et de reverser des dons à des associations par leur campagne de pub. La quatrième, c'est Microdon qui a inventé l'arrondi en caisse, l'arrondi sur salaire. Et puis la petite dernière, c'est You Matter, un institut de formation et un média, youmatter.word, qui permet aux citoyens d'avoir de l'information de qualité sur des sujets sociaux, sociétaux et environnementaux. Donc voilà ce que c'est que KissKissBankBank & Co.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, tu es secrétaire générale. Est-ce que tu peux nous dire rapidement en quoi consiste être secrétaire générale d'une banque filiale de la Banque Postale ?

  • Speaker #1

    Mon métier de secrétaire générale, il consiste à développer cette stratégie. auprès des fondateurs et auprès de la Banque Postale pour en faire une filiale qui apporte de la valeur à la Banque Postale. Ensuite, piloter toutes les ressources humaines et faire en sorte qu'avec ces différentes entités différentes, on arrive à construire une politique de ressources humaines, une politique salariale, une gestion des talents assez efficace. Pas homogène, parce que ce n'est pas notre volonté, puisque les entités sont nées et ont une phase de développement différente. Donc on ne coupe pas l'herbe au même niveau. On essaye de mutualiser ce qui est mutualisable et garder les identités de chacun. J'ai aussi dans mes fonctions le développement commercial et les synergies avec la banque postale, avec les filiales de la banque postale et avec les filiales du groupe La Poste. et donc du coup faire en sorte que nos solutions Ça rime ou se développe dans des offres produits de la banque postale ou des offres produits du groupe La Poste. Et puis, faire en sorte que tout fonctionne. Je suis la maman de l'équipe et de l'entité. En fait, faire en sorte que ça tourne. Et du coup,

  • Speaker #0

    tu reportes au directeur général ?

  • Speaker #1

    Je reporte au fondateur, au président. Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Tu es très engagée sur la question de la diversité. On en a parlé un peu. Avant d'élaborer un petit peu sur ce sujet-là, je voulais savoir, là on vient de parler de ton parcours qui est hyper inspirant, tu as fait des métiers, tu as travaillé dans les plus grandes banques, à des postes à grande responsabilité. Est-ce que, et on parlait au début du podcast de tes origines, de potentielles discriminations, etc. Est-ce que ça a été un frein à un certain moment ? Est-ce que tu as senti que ce sujet revenait sur la table pour... Peut-être ne pas te permettre d'avancer aussi rapidement que d'autres ou ouvrir des débats qui n'auraient pas été ouverts avec d'autres personnes.

  • Speaker #1

    Ça, c'est un sujet assez complexe parce que par définition, tu ne le sais pas vraiment. Tu peux le ressentir, tu peux douter dans des phases de développement ou de promotion, mais c'est un sujet assez tabou dans le domaine des grandes entreprises ou le domaine corporel.

  • Speaker #0

    Mais en termes de ressenti personnel ?

  • Speaker #1

    Le ressenti, ça m'est arrivé de le ressentir, oui. Mais après, dans des groupes bancaires comme ça, est-ce que c'est lié à l'origine ou c'est lié à mon parcours ? Moi, c'est vrai que je cumule, en fait.

  • Speaker #0

    Tu cumules, et le sexe aussi, parce que c'est quand même des milieux très… Enfin, il y a beaucoup d'hommes. En tout cas, au top management, c'est très peu diversifié, de plus en plus, mais ça ne l'a pas toujours été.

  • Speaker #1

    C'est clair.

  • Speaker #0

    Tu as les trois étoiles.

  • Speaker #1

    J'ai trois étoiles et j'en ai même une quatrième, c'est que je ne fais pas une taille 38. Et donc, du coup, il y a aussi ça dans les carrières. Ce que tu projettes sur ton physique contribue ou pas à l'appréciation que les gens peuvent avoir de toi. Donc, voilà. Comme je cumule, mais que je suis tenace, en fait, j'ai toujours réussi jusqu'à maintenant à exprimer mes talents et faire fi des biais cognitifs qu'on peut avoir ou des biais de genre à mon égard par ma thénaticité, mon travail, mon engagement, mon honnêteté intellectuelle. Bon, après, peut-être que j'aurais fait une autre carrière si je n'avais été ni une femme, ni ma plémouna. Voilà. Ni avoir fait une carrière, des études de sciences humaines dans une activité bancaire et assurance, très probablement. Mais bon, je suis moi et j'en suis fière.

  • Speaker #0

    Complètement. Donc, vous parlez de la question de la diversité. Quel est, selon toi, le plus gros challenge qu'on a en France sur ce sujet ? Et ça m'amène un peu à la question dont on parle en ce moment, la question des quotas. Est-ce que tu es pour ou contre une approche par les quotas ?

  • Speaker #1

    J'ai longtemps été contre, un peu comme Christine Lagarde, tu sais, qui dit qu'en arriver là, c'est dommage, parce que ça veut dire qu'on a épuisé toutes les autres solutions, et c'est navrant d'en arriver là. Après, qui dit quota, dit mesure, en fait. Une mesure qui montre qu'il y a une démarche volontariste pour que les équilibres et les rééquilibres se fassent. Donc, je pense que c'est une bonne stratégie si toutes les autres... n'ont pas abouti. En tout cas, je ne suis pas en capacité de porter ce sujet, mais mon avis, c'est que si toutes les autres solutions n'ont pas abouti, il faudra en passer par là. Moi, ce que j'essaye de creuser, de développer, d'engager et de faire, c'est quand on trie les CV, avoir ça en tête en fait. et équilibrer ses équipes. En fait, une équipe performante et une équipe équilibrée, équilibrée par la diversité des formations, la diversité des profils et des genres, et la diversité tout court. Et ça, c'est très riche, parce que chacun a des qualités propres, et c'est bien la combinatoire de toutes les qualités qui fait que l'équipe est performante. et résiliente. Donc ça, c'est vraiment quelque chose que j'essaye de mettre en œuvre. Et c'est vraiment ma grille de lecture et mon mojo. Après, sur la diversité, il faut aussi, pour le coup, de toute façon, il faut se relever. C'est comme un échec. Si on le subit, on le subit une fois, on le subira peut-être pas deux fois ni trois fois. Donc il faut se relever, il faut contourner et surtout, il faut être tenace. Il faut être tenace parce que quand on est ultra professionnel, au bout d'un moment, on nous choisit, quoi qu'il arrive. D'ailleurs, dans le monde anglo-saxon, tu as vécu à Londres, on se pose moins la question, parce que notamment dans les milieux de l'asset management ou de la finance, beaucoup de profils de la diversité sont choisis parce que c'est des profils excellents. Quand il y a le pragmatisme du recrutement, on ne se pose pas la question, on recrute. Le sujet s'est longtemps posé en France parce qu'on était dans une situation de chômage et la stratégie de contournement a été mise en place avec la start-up Negen. Beaucoup de start-ups se sont créées et les hommes et les femmes bien formés, avec un bon projet, se sont lancés parce qu'ils ne trouvaient pas de boulot et se sont lancés de façon efficace et après reviennent dans des carrières corporelles. Il faut être tenace, il ne faut rien lâcher.

  • Speaker #0

    Absolument. Quelle est ta définition de la réussite ?

  • Speaker #1

    Ma définition de la réussite, c'est beaucoup de choses. Définition de la réussite, c'est avancer tout en restant alignée et se respecter soi et les autres.

  • Speaker #0

    Quelle est ta relation avec la Tunisie aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, dans le cadre, ma relation avec la Tunisie est très chère à mon cœur. parce que c'est une partie de moi, comme toi j'imagine. Ma relation avec la Tunisie, c'est des paysages, c'est des odeurs, c'est des sourires, c'est une cuisine. Tout ça, c'est comme tu sais, une chambre un peu où tu te réfugies quand on a besoin pour te réconforter, parce que tu sais que ça c'est vrai, authentique et que c'est une partie de toi. Donc ça c'est la partie très intime qui est une valeur. fonction refuge. Et puis après, un peu comme des immigrés qui ne sont pas binationaux, mais qui sont venus en France et qui veulent rendre à la France tout ce que la France leur a donné. Tu sais, on entend beaucoup ces discours de personnes issues de l'immigration qui ont réussi et qui se disent « moi j'adore la France parce qu'elle m'a offert un cadre, elle m'a offert une maison, elle m'a offert une éducation » . Et du coup, j'ai aussi, moi, envie de le rendre à la Tunisie de l'autre côté. Et c'est la raison pour laquelle j'ai eu l'opportunité, avec Expertise France, d'accompagner la Tunisie dans la mise en place du crowdfunding. Et je fais ça, c'est une chance incroyable. Et donc, depuis octobre 2020, avec Expertise France et le programme Innovi, j'accompagne le gouvernement tunisien, les régulateurs et l'écosystème d'innovation. à rendre possible le crowdfunding en Tunisie. Alors du coup, ça coche évidemment toutes les cases, tu vois, c'est mon métier. Mon deuxième pays. Et du coup, voilà, ça fait un an et demi, on a mis en place avec un autre expert, le fondateur de Babylone, Arnaud Poissonnier, on a rédigé un plan d'action pour la mise en place du crowdfunding en Tunisie, et on déroule. On a fait des ateliers en Tunisie l'année dernière. J'ai dû faire cinq ou six voyages en Tunisie pour porter la parole du crowdfunding. J'ai eu ma première interview dans la presse tunisienne sur le sujet.

  • Speaker #0

    C'est génial !

  • Speaker #1

    Fin d'année dernière. J'étais tellement, tellement fière.

  • Speaker #0

    Tu m'étonnes.

  • Speaker #1

    Voilà, donc mon rapport, il est très intime. Je suis très fière de cette binationalité. Je suis très fière des Tunisiens et des Tunisiennes pour tout ce qu'ils ont réussi à faire. La femme tunisienne est une femme exceptionnelle, moderne, douce, tenace, délicate. C'est le plus petit dénominateur commun de la femme tunisienne, mais elle avance et elle fait beaucoup de choses. Et puis la Tunisie, ce qu'elle a réussi à mettre en place, même si c'est très difficile en ce moment, évidemment. Mais bon, la démocratie tunisienne... Reste un modèle. Tout ce qu'a mis en place Bouriba, la révolution de Jasmin, commencer en Tunisie, c'est quand même un pays tout petit. Après, ce n'est pas fini. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Les difficultés sont énormes. Ça reste des sourires, un accueil. Beaucoup d'émotions dans cette question.

  • Speaker #0

    J'imagine. Tu as un petit garçon, Mouna. Qu'est-ce que tu aimerais lui transmettre de ton arabité, de ta tunisianité, comme tu l'appelles ?

  • Speaker #1

    Ce que je lui transmets, parce que c'est déjà en marche. D'abord, la fierté de ses origines. Il ne se pose pas les questions que j'ai pu me poser, moi. Les sentiments de honte qu'on a pu avoir parce que les gens nous renvoyaient de la différence. Et quand on a envie d'être accepté, du coup, on met sous silence des parties de notre personnalité ou de notre identité. Ça, je pense qu'il ne faut pas. Il faut être soi-même et donc du coup, être fier de lui-même. Et pour être fier de lui-même, il faut se connaître. Et donc du coup, de cette aramité, la convivialité, l'amour des autres, le sourire, le rire, le fait d'être bien dans sa peau, très important, la confiance et les langues. Je trouve que notre génération a rendu l'apprentissage de l'arabe moins tabou. J'entends pas mal de personnalités issues de la même génération que nous qui se posent moins de questions sur le sujet et qui le donnent en héritage. Pour moi, c'est hyper important, c'est l'apprentissage d'une langue qui le rapproche de ses origines, et c'est une langue très riche et bankable aussi. puisque dans le domaine du commerce et de l'économie, c'est une langue qui se parle sur tous les continents, et donc il faut que ça devienne une force. Donc de l'arabité, la convivialité, le sourire, la philosophie, un peu de recul sur la vie, le côté moins rationnel, plus ressenti, plus humain, on a ça aussi dans cette culture.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu dirais à la Mouna enfant ?

  • Speaker #1

    Si je devais lui parler maintenant, donc si je la voyais aujourd'hui, je lui dirais écoute-toi, écoute-toi, écoute-toi, écoute-toi, tes intuitions sont les bonnes. Et ta rage et ton indignation que tu ressens, et que j'avais quand j'étais petite, transforme-la en action. Je pense que j'ai perdu du temps à ne pas m'écouter.

  • Speaker #0

    Ouna, on va passer à la dernière partie de l'interview, que j'ai appelée chaque Ausha parce que j'adore... La gastronomie tunisienne, et c'est des petites questions et le but c'est de répondre du tac au tac. Est-ce que tu as une devise ?

  • Speaker #1

    Ma devise ? Les heures ne se regrettent pas, elles s'assument. Simone Veil, ouais.

  • Speaker #0

    Un livre que tu conseillerais, un livre qui t'a marqué ?

  • Speaker #1

    Le livre qui m'a beaucoup marqué, c'est L'étranger de Camus.

  • Speaker #0

    Un lieu ?

  • Speaker #1

    On va dire Montmartre, parce que j'aime Montmartre et que j'habite Montmartre. Ça permet de prendre de la hauteur.

  • Speaker #0

    Ta plus grande fierté ?

  • Speaker #1

    Mon fils.

  • Speaker #0

    Une chanson ?

  • Speaker #1

    Une chanson, c'est ta chance de Jean-Jacques Goldman.

  • Speaker #0

    Et une femme que tu me recommanderais d'inviter sur le podcast. Et tu m'en as recommandé beaucoup à plein. Donc, je te laisse en choisir une peut-être pour le podcast et j'ai tout noté.

  • Speaker #1

    Bouchra. Bouchra Azouz. Bouchra Azouz qui est une documentariste que j'ai rencontrée sur les réseaux sociaux et qui est devenue une amie. Et voilà, je vous invite à la découvrir. Elle a permis de... rendre saillants les témoignages des femmes de différentes générations en France, qui ont vécu en France et qu'on a trop peu écoutées.

  • Speaker #0

    Super. Mouna, je te remercie infiniment. J'ai passé un super moment.

  • Speaker #1

    Je t'en prie. À très vite. Merci à toi. Merci d'avoir créé ce podcast comme une conversation assez intimiste. J'espère que ça inspirera des hommes et des femmes avec des parcours un peu comparables au mien.

  • Speaker #0

    Cet épisode de Heyette est maintenant terminé. Je vous remercie sincèrement de l'avoir écouté jusqu'au bout. Ce qui, j'espère, veut dire que vous l'avez apprécié. N'hésitez pas à le partager autour de vous, avec des amis ou sur les réseaux sociaux. C'est ce qui permet au podcast de grandir. Vous pouvez aussi le noter 5 étoiles et me laisser un petit commentaire, c'est un vrai plaisir de les lire. Si vous avez des questions ou voulez me suggérer une invitée, n'hésitez pas à me contacter sur la page Instagram ria underscore podcast. A très bientôt.

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