- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous, ici Pochra Pourti et bienvenue sur Haya. En arabe, Haya signifie « elle » . C'est parce que ce mot n'est pas suffisamment utilisé pour parler de réussite et d'ambition féminine que j'ai décidé de lancer ce podcast. Les inégalités et la sous-représentation liées au genre sont malheureusement une réalité et une approche intersectionnelle ne fait qu'amplifier ces phénomènes. Chaque épisode est une conversation où j'invite une femme de culture arabe à venir partager son histoire et évoquer sa réussite. Mes invités ont toutes des backgrounds et trajectoires différentes. Elles sont journalistes, entrepreneurs, écrivaines,
- Speaker #1
artistes ou encore médecins,
- Speaker #0
et vous serez, je l'espère, inspirés par leur réussite. L'objectif de ce podcast est de vous, tout d'abord, promouvoir une image différente de la femme arabe en mettant en lumière ses parcours exceptionnels, mais aussi aider les plus jeunes ou celles en quête de renouveau à trouver des rôles modèles et ambitionner leur avenir. Ma conviction ultime est que la seule manière d'y croire, c'est de le voir, ou en l'occurrence d'entendre. Si ce podcast vous plaît, je vous invite à prendre quelques minutes pour le noter 5 étoiles sur iTunes ou Apple Podcasts. C'est la meilleure manière de le soutenir. Sans plus attendre, je vous laisse découvrir notre invité du jour.
- Speaker #2
Cette semaine, je suis ravie de partager ma conversation. avec Raja Mahwan, coprésidente du parti écologique belge ÉcoloB. En plus d'être l'unique femme présidente de parti du pays, elle est également la plus jeune occupant ce poste. Ce qui est une belle prouesse lorsqu'on connaît l'importance et le pouvoir associés à ce rôle en Belgique, où le système est plus parti-cratique qu'en France. En effet, ce sont par exemple les présidents de partis qui nomment le premier ministre et les ministres. Née de parents marocains, Raja grandit à Bruxelles, dans une fratrie de dix. Son enfance regorge de vie, d'amour et d'échanges. Elle revient sur ses origines et certaines expériences pas toujours positives vécues plus jeunes. Elle nous explique aussi comment sa perception de sa double culture a évolué et évoque l'impact de l'admiration portée à sa maman sur la fibre féministe désormais bien présente en elle. Raja retrace ses débuts en politique et notamment son intégration dans ce nouveau paysage. Pour elle, la politicienne au style qui dénote est éloignée des standards habituels. Enfin, nous avons discuté de l'invisibilisation des mères au foyer, de cyberharcèlement et de la différence de leadership entre femmes et hommes. Sans plus attendre, je laisse place à la réé du jour, Raja Mawan.
- Speaker #1
Bonjour Raja.
- Speaker #3
Bonjour Bouchra.
- Speaker #1
Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.
- Speaker #3
Merci à toi de m'avoir invitée, je suis très honorée et très touchée de participer au podcast.
- Speaker #1
Je crois que tu es la première femme belge que je reçois, j'ai beaucoup d'auditeurs et d'auditrices belges. Et je crois que je n'ai pas eu de Belge jusque-là, donc merci d'être là.
- Speaker #3
Un baptême de feu pour moi. Je serai à la hauteur de l'image que se font les Françaises et Français des Belges.
- Speaker #1
Je suis sûre que ça le fera. Raja, la tradition sur Raya, c'est de commencer par les origines. Si tu es d'accord, est-ce que tu pourrais nous parler de ton enfance, du milieu dans lequel tu as grandi, le type d'éducation que tu as eue ?
- Speaker #3
Tu l'as dit, je suis Belge d'origine marocaine. Ma maman est née à Tangier, dans le nord du Maroc. on ne peut pas aimer quelque part dans la campagne, pas très loin de Tangier également. Ils sont arabophones, on n'est pas amazigh ou rifin. On a grandi à Bruxelles. Papa ouvrier, maman mère au foyer qui s'occupait des enfants. On est dix enfants, dix frères et sœurs. Donc ça faisait beaucoup beaucoup beaucoup de travail pour la maman et les grands frères et grandes sœurs. La grande dose d'une famille somme toute assez traditionnelle de l'immigration marocaine en Belgique. Je me dis que ça doit être pareil en France, mais dans un quartier populaire, avec des parents ouvriers. La maison, il y avait beaucoup de bruit, beaucoup de vie, beaucoup d'animation, beaucoup d'amour aussi, beaucoup de discussions. Très chouette, c'est peut-être de là que ça vient mon goût pour la politique plus tard. Il y avait beaucoup d'échanges à la maison. Et puis, il y avait les traditionnelles vacances au bled chaque été. un peu, je ne vais pas dire un peu forcée, mais on ne se posait pas la question d'aller ailleurs, puisqu'il fallait aller au bled pour voir la famille, pour voir la famille, les amis, la maison, et puis c'était un moyen de reconnecter pour mes parents avec leur pays natal, ce qui reste, même s'ils sont hyper contents, hyper bien, ils sont belges, et vraiment belges depuis quelques temps, depuis de longues décennies maintenant. Il y a un attachement très très fort au pays, un attachement qu'ils nous ont transmis en fait. assez attachée au Maroc. Moi, dès que je peux, dès que j'ai un peu de temps, j'essaye d'y retourner parce que j'aime beaucoup comment ça a évolué aussi. Donc, je suis très fière de mes origines marocaines.
- Speaker #1
Et la petite Raja, dans cette très grande fratrie, c'était une petite fille plutôt calme, sage. Quel type de personnalité et d'enfant tu étais ? Alors,
- Speaker #3
très bonne élève, très studieuse. pas très agité en fait, assez tranquille, j'étais chill pour mes parents. Ils me le disent après, ils n'ont pas eu beaucoup de soucis avec moi, j'étais assez chill comme gosse. Pas la plus extravertie, ce qui est marrant quand on me connaît aujourd'hui, mais plus petite j'étais un peu plus réservée, un peu plus calme, plus observatrice, mais toujours espiègle.
- Speaker #1
Et à quoi rêvait la petite Raja ? Est-ce qu'elle avait un métier en particulier ? Tu disais bonne à l'école ?
- Speaker #3
Alors, quand j'étais petite, parce que forcément, peut-être qu'on était influencés par la volonté des parents, c'était il faut être médecin, donc j'aurais adoré devenir docteur. Et j'aurais adoré découvrir le vaccin contre le sida. C'était genre, waouh, c'est trop bien ! Et en fait, je me suis rendue compte très tôt que je n'avais pas beaucoup d'aptitudes en maths. et en sciences fortes. Mais cela dit, de plus loin que je me souvienne, j'avais envie d'avoir un métier en lien avec les gens. Alors, ce n'était pas clair sous quelle forme, quoi, comment, mais un métier où je serais en contact avec les gens parce que j'aime bien ça. C'est ce qui me nourrit, c'est le contact avec... Là, du coup, ça tombe bien vu le métier que je fais. Ça me nourrit d'être vraiment en contact avec... les gens, d'écouter leur histoire. Moi, j'adore me poser à un endroit et regarder les gens qui passent, qui font leur vie, écouter les conversations des uns et des autres, leur inventer une vie parfois aussi. C'est vraiment des choses que j'adore faire. Du coup, je savais que je voulais faire un truc, un métier, une fonction qui serait en lien avec les gens, sans savoir vraiment laquelle. Et la politique, c'est un peu arrivé par hasard, mais je ne me suis jamais dit. À un moment donné dans ma vie, mon ado, même après quand j'ai commencé les études, que j'allais être femme politique, j'ai trouvé en la politique une manière de poursuivre mes engagements qui avaient commencé quand j'étais ado. Mais jamais je me suis dit je vais faire de la politique. Alors c'est marrant parce que du coup quand je recroise des anciens profs, je dis « on n'est pas étonnés que tu fasses ça » . C'est vrai que j'étais souvent, j'avais une personnalité très diplomate. Et quand j'étais, je ne sais pas si vous voyez ce que c'est que les délégués de classe. france ouais ouais c'est la même chose soit tu es toujours délégué de vous voulez défendre ouais et faibles et les moins faibles peut-être peut-être qu'il y avait de ça mais ouais je m'attendais pas à faire faire de la politique et tu parlais de du
- Speaker #1
maroc tu parlais de ta double culture comment comment tu l'as vécu plus jeune parce que je comprends aujourd'hui avec du recul des adultes c'est il ya une réflexion il ya une expérience qui est passé par là mais Mais jeune, est-ce que c'est quelque chose à laquelle tu étais à l'aise ? Est-ce que c'était quelque chose dont tu étais fière ?
- Speaker #3
Je suis devenue de plus en plus fière et de plus en plus à l'aise au fil des années, en devenant adulte. Mais quand j'étais gamine, c'était effectivement parfois plus compliqué. C'était plus compliqué à vivre, à assumer, à comprendre aussi, à expliquer pourquoi on faisait certaines choses et pas d'autres. Pourquoi on ne faisait pas certaines choses et pas d'autres. Donc j'ai toujours aimé aller au Maroc en vacances, c'était pas ça le problème. J'étais moins à l'aise avec mes origines, que j'essayais parfois pas de cacher, mais j'assumais moins. Je ne le revendiquais pas comme je le fais aujourd'hui. Aujourd'hui, j'ai totalement embrassé avec une grande fierté mes origines marocaines. Je les vis super bien et même je les revendique. Mais c'est arrivé, c'est vrai, fort tard, vers la vingtaine.
- Speaker #1
C'est pas évident, et j'imagine, souvent, quand on est adulte, c'est aussi l'image qu'on nous reflète de nos origines et de ces pays, du Maghreb ou autre. Est-ce qu'enfant a été peut-être victime de racisme ? Est-ce qu'il y a eu des choses qui t'ont marqué, enfant, et qui probablement n'ont pas aidé à assumer et à vivre cette culture ?
- Speaker #3
Oui, sans faire de misérabilisme ou de victimisation, bien sûr qu'on a... à toutes et tous des anecdotes de petits moments de racisme vécu. que ce soit à l'école, que ce soit dans la rue. Dans mon école primaire, on avait des profs qui étaient très conscients de la diversité. J'étais à l'école primaire à Molenbeek, et donc c'était des classes très diversifiées. On avait des profs très conscients de ça et donc qui étaient très corrects. Mais plus tard, c'est vrai que le fait de mal prononcer ton nom ou ton prénom, le fait de demander à chaque fois d'où tu viens, le fait aussi que parfois il y a certaines choses qui m'ont été refusées du fait de mon nom et de ma gueule, enfin de ma... de mon visage, de la tête très typée, pas très typée belge, belgo-belge dans leur tête. Et donc oui,
- Speaker #1
j'ai eu... Par exemple, il y a des choses qui trouvaient l'intérêt.
- Speaker #3
Par exemple, c'est quand j'ai voulu m'inscrire à une école secondaire, je ne sais pas comment on dit chez vous, c'est le collège ?
- Speaker #1
Secondaire, oui.
- Speaker #3
Après les primaires, c'était une personne de l'école primaire qui avait téléphoné pour m'inscrire à l'école secondaire et la personne était... avait un nom belgo-belge et donc je vais pas dire les noms ici mais c'est belgo-belge et on lui a dit oui vous pouvez venir vous inscrire et quand j'ai été m'inscrire avec mon papa avec sa tête de métèque et la mienne aussi avec nos noms pas du tout belgo-belge on nous a dit ah mais on n'a plus de place des petits trucs comme ça il n'y a rien de dramatique en soi pour moi je veux dire ça n'a pas eu un impact destructeur sur la suite de mon parcours mais Je comprends que pour d'autres, ça a pu être le cas. Quand il y a la multiplication, ce genre d'événements aussi, c'est vraiment pas évident à vivre. Donc oui, le fait de me demander d'où je viens, quelles sont mes origines, et quand je réponds « je suis belge » , on me dit « non, mais vraiment, je suis belge » . Le fait qu'on arrive à un endroit un peu classe, on te dit « si vous n'avez pas de réservation, vous ne pouvez pas entrer » , alors qu'il y a des places libres, des petits trucs comme ça, qui à la longue peuvent… détruire des gens en fait. Absolument.
- Speaker #1
Raja, je regardais ta page Instagram, sur tes réseaux sociaux tu te définis comme féministe, engagée et fan de foot. Je trouvais l'accroche hyper cool. Comment s'est construit ton féminisme ? Est-ce que c'est quelque chose qui est arrivé avec l'expérience et les années ou est-ce que c'est quelque chose qui était là et il y avait une graine déjà très jeune peut-être de par ton expérience personnelle ou familiale ?
- Speaker #3
Je crois qu'il y avait une graine très jeune parce que j'ai grandi, je l'ai dit avec… Moi, je suis la vendeur, derrière. J'avais quatre grandes sœurs et une maman qui, même sans être des féministes revendiquées, sans se dire, même ce savoir féministe, étaient féministes. Aujourd'hui, oui, si on leur pose la question, elles diront « oui, je suis féministe » , mais à l'époque, il n'y avait pas cette réflexion de dire « je suis féministe » . Et effectivement, il y avait plein de petites choses qu'il y a à l'école ou à la maison. Je questionnais, en fait, parfois on te dit « tu ne peux pas faire ça parce que tu es une fille » . Je me dis « mais pourquoi ? » oui il faut pas jouer au foot parce que t'es une fille c'est pour les garçons et ben non je faisais déjà du foot quand j'étais en primaire j'aimais bien ça et je revendiquais le truc donc c'est arrivé assez tôt que quand on justifiait, on me refusait quelque chose parce que j'étais une fille je ne l'acceptais pas on joue pas avec ça parce que t'es pas un garçon, on fait pas ça parce que t'es pas un garçon et donc ça j'acceptais pas ces remarques tant à la maison qu'à l'école en fait Et donc très tôt c'est venu de là, je pense plus loin que je me souvienne aussi. Et aussi parce que ma maman, sans je l'ai dit être une militante féministe, avait des réflexions, elle m'inspire beaucoup, des réflexions de type la reconnaissance du travail invisible qui est fait à la maison par exemple.
- Speaker #1
C'est quelque chose qu'elle revendiquait personnellement ? Qu'elle trouvait que c'était invisibilisé ?
- Speaker #3
C'était invisibilisé, que l'État ou la société ne reconnaissait pas. Le fait qu'un parent, en l'occurrence une maman, fasse le choix de ne pas travailler pour s'occuper des enfants à la maison et qu'elle soit invisible aux yeux de l'État, puisqu'elle a essayé d'ouvrir un compte en banque après des années, et on lui a refusé. C'est fou ça. Mais oui, et donc, du coup, ça nourrit aussi des revendications, même politiques, et des réflexions plus politiques après, de dire, mais quelle est la place qu'on donne aux femmes dans nos sociétés, des femmes qui ne... qui ne travaillent pas, comment on les émancipe aussi. Donc là, j'ai de la chance, mes parents s'entendent bien, mais pour le même prix, elle est divorcée et elle n'a pas de revenu, en fait. Elle est totalement dépendante financièrement, et c'est le cas de plein, plein, plein de femmes autour de nous. Donc oui, c'est des questionnements qui ont traversé ma vie, mon enfance, mon adolescence et même ma vie de jeune adulte. avec des... des mesures différentes et des lectures différentes. Quand j'étais gamine, je ne savais pas que c'était ça du féminisme, mais en y repensant aujourd'hui, je me suis dit que c'était ça. Je ne suis pas militante féministe à l'époque, pareil pour mes sœurs ou mes parents. Je sais que dans certaines familles, plutôt parce que tu me posais la question du type d'éducation que j'ai reçue, j'ai reçu une éducation plutôt traditionnelle, marocaine, empreinte de culture musulmane. Dans certaines familles, les garçons ne mettaient pas la main à la pâte à la maison. Chez nous, mes parents avaient instauré un planning de tâches ménagères et les garçons faisaient partie intégrante de ce tableau-là.
- Speaker #1
C'est génial ça, donc très équitable. Il n'y avait pas de différenciation déjà en fente disant « mes frères ont beaucoup plus de droits ou peuvent échapper à des tâches plus pénibles » .
- Speaker #3
Pour les droits, je ne sais pas, mais en tout cas pour les droits, ils avaient les mêmes.
- Speaker #1
Bon, c'est déjà…
- Speaker #3
Oui, mais pour les droits, il y avait aussi parfois, oui, le fait de sortir plus tard, c'était un grand don qui pouvait, pour des raisons, je ne leur en veux pas, mais parce que je pense que c'est des raisons essentiellement de peur ou de sécurité ou autre, et parce que voilà, ils ont la vie qu'ils ont et le background qu'ils ont, mais effectivement, en termes de droits, de devoirs, on avait les mêmes.
- Speaker #1
C'est cool.
- Speaker #3
Oui, c'est déjà pas mal.
- Speaker #1
tu es aujourd'hui et je l'ai dit dans l'intro tu es la coprésidente de Écolobie, le parti écologique belge. Donc tu parlais de ton début dans la vie politique qui n'était pas du tout quelque chose à laquelle tu pensais, qui arrivait un peu en fonction des opportunités. Tu peux nous raconter un peu comment tu t'es frayée ce chemin et à quel moment tu t'es dit « je veux m'engager en politique » .
- Speaker #3
Quand j'étais ado, j'étais plutôt engagée. J'étais engagée surtout sur lutte contre la pauvreté, lutte contre les discriminations, lutte pour les personnes sans papiers, ce genre de choses. Ça a commencé à mon adolescence, ça a continué quand j'étais étudiante en haute école, j'ai fait une école de com, ça a continué là. Et puis j'ai rencontré des mandataires, des femmes et des hommes politiques écologistes,
- Speaker #1
et d'autres sur le terrain,
- Speaker #3
sur le terrain des réseaux sociaux aussi. Et donc d'échanger avec eux, ça m'a ouvert aussi les yeux sur d'autres aspects. Et puis, à un moment donné, j'ai croisé le chemin d'une élue mollenbeekoise qui m'a proposé de faire partie, d'être sur une liste électorale en 2012, mais sans engagement. Ma seule ligne rouge, c'était que je ne voulais pas être membre d'un parti. On voit que comme j'ai plein de mots aujourd'hui, c'est ma ligne rouge, je ne voulais pas faire partie. Pourquoi ? Merci. Je voulais être militante et garder mon indépendance.
- Speaker #0
Être indépendante,
- Speaker #3
oui. Voilà, et pas être soumise ou encartée auprès d'un parti politique. Et donc, du coup, c'est là que je me suis retrouvée à être engagée pour le projet écologiste local. C'était des élections locales en 2012.
- Speaker #1
Et tu étais étudiante à ce moment-là ? J'étais étudiante,
- Speaker #3
j'étais en fin de parcours scolaire. C'était ma dernière année, mais j'étais étudiante. Et donc, je n'avais pas beaucoup de temps à consacrer à ces choses-là. Mais le fait de vivre l'aventure avec les... d'être sur le terrain, de pouvoir répondre aux questions des gens, de proposer un projet alternatif, puisque ma commune, donc ma localité, était depuis 20 ans sous un maillot ras socialiste. Et j'avais besoin... On avait besoin d'alternatives, et j'avais besoin d'alternatives et d'alternance politique et d'avoir un autre système. Je me suis prise au jeu, et c'est là que ça a commencé à germer. parce qu'on a dit que ce serait intéressant, et visiblement ces personnes-là ont décelé en moi un truc à creuser en politique. Et donc en croisant ces gens-là, je me suis davantage engagée. Et puis j'ai commencé à travailler à Molle-le-Bec toujours, qui est la ville où j'ai grandi, où je suis née, sur les questions de jeunesse. et de cohésion sociale. Donc j'étais chargée de projets pour la localité de Monumbik sur ces enjeux-là, sur construire des projets d'interculturalité, de jeunesse et de cohésion sociale pour justement mettre du lien et du liant dans la société. C'est là que j'ai davantage rencontré le parti Écolo, où j'ai fini par me faire membre vers 2013-2014. Je me suis fait membre parce que j'avais envie de m'appliquer davantage en fait. Mais en fait, c'est un parti qui porte des valeurs, qui me botte bien. C'est un parti... Alors, je n'ai pas rejoint l'écolo. pour des questions environnementales d'abord. C'est surtout sur des enjeux sociaux, éthiques, bonne gouvernance en politique, mais aussi le volet lutte contre les discriminations, émancipation des gens, tout ça c'était des sujets qui me bottaient bien et qui me parlaient fort, et donc c'est là que je me suis faite membre du parti, et j'ai commencé à me faire un nom en interne du parti également. On m'a proposé en 2016 d'exercer un mandat interne, qui est organisationnel, qui n'est pas un mandat politique à proprement. qui n'est pas externe, mais c'est un mandat interne. Je me suis dit, pourquoi pas, c'est l'occasion, c'est un mandat bénévole, c'est l'occasion de voir le parti de l'intérieur et de voir si c'est vraiment ça que j'ai envie de faire. Et de l'avoir vu de l'intérieur, je me suis dit, il y a des choses à faire et j'ai envie de continuer. Et c'est en 2017, je pense, où je me suis dit, en fait, j'ai besoin de poursuivre mon engagement et je suis persuadée que la manière d'avoir des résultats, c'est soit... d'être dans l'associatif, soit de faire partie du monde politique. Et je suis un peu implantée chez Écolo et j'ai envie de tenter la voie, j'ai envie de m'installer sur le chemin de l'action politique et de concrétiser tous les projets que j'avais envie de mettre en place. C'est là que les élections régionales arrivaient en 2019. Je me suis retrouvée sur la liste où j'ai été élue députée, j'ai été élue parlementaire au Parlement bruxellois. en 2019. Puis j'ai démissionné pour me consacrer à la présidence du parti, puisque c'est un job temps plein chez nous. C'est un peu différent que le système français en Belgique.
- Speaker #1
Quand tu dis quand j'ai démissionné, excuse-moi, tu as démissionné de ?
- Speaker #3
De mon mandat de députée.
- Speaker #1
Ok, d'accord.
- Speaker #3
Députée pour me consacrer à la coprésidence, puisque en Belgique, on a un système où les présidents et présidentes de partis, essentiellement des présidents, parce que je suis la seule femme présidente de parti francophone. En Belgique, les présidents ont beaucoup de pouvoir. C'est un système beaucoup plus partikratique que la France, où ce sont par exemple les présidents de partis qui nomment les ministres, qui nomment le premier ministre, ce genre de choses. Donc on a un poids assez important. Et en fait, chez Écolo, il faut un homme, une femme, il faut quelqu'un de Bruxelles, quelqu'un de Wallonie. Et il y a un candidat wallon, un homme. qui voulait donc une femme bruxelloise, ce que je suis, qui m'a proposé de le rejoindre dans l'aventure. Et j'ai accepté. Parce que pourquoi j'ai accepté ? Alors que j'aurais pu me la couler douce et être députée pépère au Parlement bruxellois, dans l'anonymat presque. Parce que les enjeux sont tels que j'avais... Moi, je suis quelqu'un qui, quand je vois quelque chose qui ne va pas, je me plains, mais je n'aime pas juste me plaindre. J'ai envie de faire quelque chose pour que ça aille mieux. Pour que ça ait des solutions. Voilà. Je fais l'analogie avec le foot, parce que j'aime bien ça. Mais plutôt que de rester sur le bord du terrain à crier, j'ai envie de monter sur le terrain. Et donc du coup, il m'a proposé de faire partie de la présidence avec lui, Jean-Marc Nolet, pour le Pôle Cité. Et donc on a fait équipe ensemble. Et donc j'ai démissionné de mon mandat de parlementaire. Et c'est comme ça que je me suis retrouvée depuis septembre 2019 à la tête du parti
- Speaker #1
Écolo. Donc comme tu disais, tu es la seule femme présidente d'un parti. En Belgique, et d'autant plus d'origine marocaine, comment se passe ton intégration ? Au-delà du parti, je parle plus dans tout l'écosystème politique, comment tu as été accueillie ?
- Speaker #3
Pas trop mal. En interne, c'est très chouette. Je veux dire, je n'ai pas d'opposition en interne, mais sur le paysage médiatico-politique, un peu plus complexe. puisque je l'ai dit, je suis la seule femme, mais j'étais aussi la plus jeune, la plus inexpérimentée. Je n'ai pas de diplôme universitaire, pas une longue carrière politique derrière moi, je n'ai pas de parents qui faisaient de la politique. Donc oui, un style qui détonne assez fort. Et donc j'ai eu un accueil de journalistes plutôt pas mal, mais quand même les opposants sont à l'affût du moindre faux pas. du moindre faux pas et on me le fait payer plus cher, j'ai l'impression, que d'autres. En termes médiatiques, ça se traduit par j'ai moins de visibilité média que mon comparse masculin, j'ai moins de sollicitations médias que lui aussi, et j'en refuse beaucoup aussi, parce que j'ai décidé après quelques mois, années, j'avais envie de choisir là où j'allais parler, de choisir les médias et de choisir les moments. Les plateaux ou les interviews ne sont pas toujours des lieux hyper safe pour les gens comme moi. Et donc oui, j'ai plein d'anecdotes de sexisme ordinaire de la part de journalistes, où je passe 20 minutes au téléphone avec un journaliste sur un sujet bien précis, il écrit son article. Et il dit le parti de Jean-Marc Nolet, et pas le parti de Jean-Marc Nolet et Rajamahwan, parce que c'est Rajamahwan qui l'a eu au téléphone. Alors, ce n'est pas une question d'égo, ça je m'en fous, c'est le principe. Une autre anecdote où il y a un débat des présidents de partis, et donc c'est moi qui y vais pour Écolo, je suis la seule femme, on fait une photo tous ensemble, et le journal publie la photo pour un autre article, en parlant des présidents, et je suis coupée de la photo. Ou alors on me confond, on m'appelle... Ma prédécesseure était à la tête du parti, elle s'appelait Zakia Katabi, c'était elle la première femme présidente d'origine maghrébine. Et une fois sur deux, on m'appelle Zakia. Voilà.
- Speaker #1
Comment tu réagis à ça ? Je pense que la liste est longue et encore une fois, on peut faire l'analogie sur plein d'autres secteurs, pas qu'en politique. Comment on réagit à ça ? Parce qu'à un moment, il faut... Tout à l'heure, tu parlais des microagressions, c'est rien d'énorme, mais la multitude de petites piqûres font qu'à un moment, ton bras est gonfle ou ton œil devient difforme. Comment on réagit à ça et comment on fait pour ne pas prendre ça personnellement ? Parce qu'on a beau se dire que ça existe, quand c'est toi et multiplié par dix fois et encore plus quand c'est médiatisé, je pense que ça peut être compliqué.
- Speaker #3
Oui. Après... C'est peut-être pas une bonne réponse, mais j'ai cette chance, moi, d'avoir une capacité de recul qui m'étonne moi-même. Ça, c'est le volet médias tradis. Et puis, il y a le volet réseaux sociaux où il n'y a pas un jour où je n'ouvre pas mes réseaux sociaux, où je ne suis pas insultée, harcelée, tout ça.
- Speaker #1
J'ai vu ça et je voulais en revenir. Donc, ouais, parle-en.
- Speaker #3
Je me bats contre ça. J'essaie de trouver des mécanismes pour que ça ne se reproduise plus. Et j'essaye de rendre ce monde-là un peu plus safe pour les suivantes. Mais moi, je ne me sens pas atteinte personnellement. Je ne sais pas pour quelle raison. Est-ce que c'est le fait d'avoir grandi avec 10 frères et sœurs et que les Algarades m'ont formée à ça ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, j'arrive à avoir le recul nécessaire, même s'il y a certaines attaques qui me touchent plus que d'autres. Quand on m'a taxée d'antisémite, ça, ça m'a vraiment fait mal. très très fort. Quand on m'a dit qu'on a fait du classisme parce que j'avais pas de diplôme universitaire et qu'on m'a dit que je servais à rien, si ce n'est à faire avancer l'agenda des islamistes, ça, ça m'a fait mal. Après, quand on me dit « rentre dans ton pays, dégage à Marrakech » , les gars, c'est les mêmes insultes qu'il y a 20 ans, soyez actifs.
- Speaker #1
Est-ce que tu te sens une responsabilité, du coup ? Quand je dis responsabilité, plus peut-être envers d'autres jeunes filles, quelles qu'elles soient, ou d'autres personnes d'origine non belge, que ce soit maghrébine ou ailleurs. Est-ce que tu sens que tu as, est-ce que tu te rajoutes un peu peut-être, un peu cette pression entre guillemets, ou est-ce que tu sens que tu as un rôle à jouer là ?
- Speaker #3
Oui, clairement. Clairement, quand je suis la seule femme à une réunion, je me dis ok, j'ai le poids, mais je dois représenter toutes les meufs, étant la seule d'origine rebeu. J'ai ce poids-là aussi. Oui, oui, je ne sais pas si c'est sain de le faire ou pas, et je pense que c'est parfois inévitable, surtout venant des femmes, mais bien sûr que c'est un truc, c'est une pression que je me mets. Et moi, je me dis, ce n'est pas grave s'il m'abîme, entre guillemets, moi, tant que le chemin pour les suivantes est meilleur. J'ai très conscience de ce que je suis, de ce que je peux amener. Je dis que ce ne sont pas forcément des réponses chouettes, mais je me dis que si derrière moi, il y a d'autres qui s'engagent et pour qui la tâche sera plus facile, ce n'est pas grave si je suis un peu abîmée au final. Je ne dis pas que tout le monde doit penser ça. Non,
- Speaker #1
absolument. Je trouve que c'est personnel.
- Speaker #3
Oui, c'est très personnel. Je me dis que ce n'est pas grave, c'est pour la cause commune.
- Speaker #1
Est-ce qu'au début, tu t'es posé la question ou tu as eu peur d'être un peu le joker diversité, le joker femme ? Pour dire, regardez, on a un portefeuille coloré, regardez, Raja, c'est une femme, et en plus, elle est d'origine marocaine.
- Speaker #3
Oui, tout à fait. Bien sûr, tu as le risque d'être un token, un alibi. C'est pour ça que souvent, quand les journalistes me disent, on organise un débat et il nous manque une femme, je dis, je m'en fous, je vais un peu.
- Speaker #1
Mais on ose dire ça, en plus. Oui, oui,
- Speaker #3
oui. Ce serait bien d'avoir une femme, parce que je dis, je ne vais pas, je n'ai pas vocation à être un quota. Et moi je dis souvent, même pour notre interne ou pour le reste, il ne faut pas que je sois l'arabe qui cache la forêt. Pas parce qu'on a une rebeu que c'est bon qu'on y est. Non, on a tellement de choses à faire progresser en termes d'égalité.
- Speaker #0
en interne mais aussi en externe. Et ce n'est pas pour se dire, ah oui, les conservateurs qui disent mais regardez, tout va bien, il n'y a pas de racisme en Belgique puisqu'on a une femme présidente de parti ou une femme d'origine marocaine qui est ministre, etc. Je dis en fait non, on a quand même… Oui, donc il y a une peur d'être considérée comme ça et donc c'est parfois encore plus dur de ne pas… Voilà, de continuer à se présenter, à lutter, à porter ces questions-là et ces enjeux-là. Mais… Parfois c'est fatigant en fait. C'est fatigant d'être toujours la seule, d'avoir ce poids que je me mets moi-même. Je crois qu'on est beaucoup à se mettre sur les épaules, mais parfois c'est fatigant.
- Speaker #1
Je suis sur les réseaux sociaux et j'ai vu un peu la déferlante dont tu as fait l'objet suite à la Coupe du Monde et le fait que tu soutenais l'équipe de Maroc. Chose que beaucoup de gens, même non marocains, ont fait. C'était une déferlante assez choquante, honnêtement. L'ampleur du truc était assez impressionnante. Comment tu l'as vécu ? Parce que là, tu me parlais de la Raja qui prend du recul, qui est OK avec ça, c'est la Coupe du Monde, c'est du foot, c'est censé être quelque chose qui rassemble, quelque chose qui unit, la fête. Comment tu l'as vécu ?
- Speaker #0
Dans ta question, tu as dit « je suis OK avec ça » . je ne suis pas ok avec le fait qu'on... qu'on insulte, qu'on vilipende, etc. C'est juste que j'ai appris, entre guillemets, à vivre avec. Comment je l'ai vécu ? En fait, je l'ai dit tous les jours, des insultes, mais à certains pics, à certains moments, je me dis, en fait, là, il faut que je récolte et que je montre ce que c'est, en fait. Et là, j'ai décidé de le faire parce que, comme tu l'as dit, c'était une Coupe du Monde, c'est censé être festif, et je me suis... pris un tas de caca sur la tête. J'étais là mais de deux manières en fait. Il y a un moment où j'encaisse et là c'est important d'avoir autour de soi des amis ou un safe space à qui en parler et pouvoir se décharger un peu. Et puis la deuxième étape c'est qu'est-ce qu'on fait avec ça ? Très vite je me dis mais qu'est-ce que je fais avec ça ? Il faut que je visibilise en fait pour montrer que ce n'est pas ok. Mais sur les insultes comme ça, ça touche à ce que je suis au plus profond de moi-même, ça touche à mes origines, ça touche à mon background, donc c'est pas évident. Mais pareil, c'était la retour dans ton pays, mais soyez créatifs les fachos. Et donc vraiment, moi c'est ça qui me... Mais par contre, ça m'inquiète sur ce que ça dit aussi de notre société. Ouais. C'est ça qui est le plus inquiétant pour moi parce que... Certains m'ont reproché de ne pas avoir soutenu la Belgique, mais si j'ai soutenu, j'étais la première à soutenir la Belgique. D'ailleurs, quand le Maroc a joué contre la Belgique, j'ai pleuré quand le Maroc a marqué le deuxième but. Je voulais un match nul, moi j'étais contente avec ça. Mais oui, ça m'inquiète sur l'état de notre société, sur la banalisation et le sentiment d'injustice et d'impunité qu'ont ces gens à balancer des horreurs comme ça, puisque en le disant dans la vraie vie, ces propos-là tombent sous le coup de la loi en fait. Et il faudrait que l'espace public numérique soit aussi considéré comme un espace public à part entière. Parce que ces gens-là, je ne les ai jamais vus en vrai, mais en vrai, ils n'oseraient pas.
- Speaker #1
Et puis, il y a beaucoup de faux comptes. C'est facile.
- Speaker #0
Voilà, voilà. Mais moi, je les attends. En vrai, il n'y a pas de problème.
- Speaker #1
Tu disais que le harcèlement en ligne était une manière d'invisibiliser les minorités de genre et les minorités en général. Pourquoi tu penses que ça invisibilise ?
- Speaker #0
Parce que ça a tendance à silencier ces personnes, à les censurer. à faire en sorte qu'il ou elle quitte les réseaux sociaux et donc ne soit plus présent sur l'espace public numérique. Moi, j'ai des amis, journalistes, artistes, femmes politiques, qui, à force de se prendre du caca sur les réseaux sociaux, décident de quitter les réseaux sociaux. Et donc, elles n'ont plus de parole numérique, publique, ce qui est problématique. Et ça, ça doit vraiment, je l'ai dit, nous questionner sur comment on protège les minorités de genre ou autre dans le monde. dans l'espace public et dans les espaces aussi, dans les sphères plus politiques. Parce que je n'ai jamais vu un homme quitter Twitter puisqu'il avait trop d'insultes. C'est peut-être arrivé, je n'en sais rien, mais je n'ai pas d'exemple en tête. Par contre, des femmes politiques ou artistes ou journalistes qui ont quitté, je peux t'en citer cinq en deux secondes. Dans ce sens-là, je dis invisibiliser parce que moi-même, à force de me prendre de... des insultes sur les réseaux sociaux, je me pose la question quand j'ai envie de poster une chouette photo ou une chouette story ou quoi, je me dis « Ah ! Est-ce que je dois… » Qu'est-ce qu'ils vont dire ? Voilà, qu'est-ce qu'ils vont pouvoir en faire encore ? Et donc tu deviens un peu parano, et donc du coup t'es moins présente, t'es moins...
- Speaker #1
Un spontané aussi.
- Speaker #0
Moi, j'ai perdu en spontanéité depuis 2019. J'ai tellement perdu en spontanéité, ça me désole tellement. J'ai perdu en créativité aussi. Parce que t'as peur, t'es cadenassée, tu veux pas... Et donc, c'est triste en fait.
- Speaker #1
Mais est-ce que... C'est triste ce que je vais dire aussi, mais est-ce que spontanéité et politique vont de pair ? Moi, de l'extérieur, je dirais que non. Et je pense que c'est ce que pensent beaucoup de gens.
- Speaker #0
Mais justement, l'image qu'on donne de la politique et que les hommes essentiellement politiques en donnent, font que ça donne une image où en fait, il n'y a que certains profils qui sont capables de faire de la politique. Or, moi, j'ai envie de montrer qu'en fait, être une femme politique de 30 piges d'origine maghrébine, bruxelloise, jeune et bien dans ses baskets, c'est possible. Et donc, garder cette spontanéité-là, parce que c'est ça aussi qui va permettre à d'autres profils de s'engager et pas… Un mec qui ne doit pas s'occuper de ses enfants, qui ne pense qu'à sa carrière H24 et qui n'a que ça dans sa vie, s'engage. Parce que du coup, tous les autres ne s'engageront pas. Parce qu'ils auront le sentiment, ou elles auront le sentiment, que ce n'est pas leur place. Or, c'est important de montrer des femmes et des hommes politiques avec des failles, qui ne sont pas parfaits, qui ont des doutes, qui sont comme tout le monde. C'est pour ça que moi, je n'ai pas d'uniforme. costume-cravate tout le temps parce que sinon, ou en tailleur ou autre, je continue à porter des jeans, baskets, c'est tout con, mais montrer aussi qu'en fait on est monsieur et madame, moi je prends le métro tous les jours, montrer que monsieur et madame tout le monde a sa place dans le monde politique parce qu'on veut un monde politique qui soit le plus représentatif de la population.
- Speaker #1
Parler de genre, est-ce que tu penses qu'il y a une différence de leadership ? Et là on parle de politique, mais je pense que c'est quelque chose qui peut s'appliquer à plusieurs domaines, l'entrepreneuriat ou n'importe quel autre secteur entre les femmes et les hommes.
- Speaker #0
C'est difficile de répondre à cette question sans essentialiser ou généraliser, mais je peux dire que moi mon leadership est différent de mon collègue masculin. Je peux dire aussi de manière générale que, sans essentialiser, les femmes ont davantage peut-être l'intérêt collectif plutôt que l'intérêt personnel. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des femmes carriéristes ou égoïstes ou autres, mais de ce que j'ai pu constater autour de moi, c'est plus le cas. Mais je n'en fais pas une science exacte. Je ne sais pas exactement ce qu'il en est, mais de manière empirique, basée sur mon expérience et ce que j'observe, c'est ma lecture en tout cas. Donc je pense qu'il n'y a pas une différence de leadership. On le voit parfois dans certaines boîtes, on le voit même dans certains restos où tous les serveurs sont des serveurs aussi à des serveuses. Tu vois aussi une différence de gestion. Et pareil, je l'ai dit, Jean-Marc et moi, on ne l'aide pas de la même manière. On ne fait pas appel au même ressort et on ne fait pas ça de la même manière.
- Speaker #1
Comment tes parents ont réagi quand tu as été élue députée ou quand tu es devenue coprésidente du parti Écolo ?
- Speaker #0
Je crois qu'ils étaient fiers, mais ils sont aussi très inquiets. Très inquiets de la violence, du monde politique, du monde du travail, du monde politique singulièrement, très inquiets de l'exposition aussi. C'est marrant, moi quand je me balade avec ma maman et que quelqu'un me reconnaît, ma mère, elle continue son chemin, elle ne connaissait pas en fait.
- Speaker #1
Je ne sais pas qui c'est.
- Speaker #0
Voilà. C'est des gens très modestes, très humbles, très timides. Et donc, c'est la génération où ils s'excusent d'être là et d'être présents. Là où nous, on revendique et on assume. Donc, ouais, très inquiets. À tel point que parfois, mes parents me disent, mais tu ne veux pas faire un truc plus plan-plan, plus tranquille, être fonctionnaire, avoir un job où tu connais tes horaires ? Alors certes, c'est différent, mais au moins, c'est plus safe. parce qu'ils ont peur aussi de l'insécurité excès, c'est lié en fait aux résultats électoraux aussi. Donc c'est pas très rassurant pour eux, mais je crois qu'au final ils sont quand même un peu fiers. J'imagine.
- Speaker #1
Raja, quelle serait ta définition de la réussite ?
- Speaker #0
Quelle excellente question !
- Speaker #1
Ta réussite personnelle, évidemment.
- Speaker #0
Ouais, c'est de faire évoluer positivement les choses sur lesquelles, qui sont importantes pour moi, tout en gardant mes valeurs. Pouvoir continuer à me regarder dans une glace, à pouvoir dormir tranquille, en tout cas sans me dire que j'ai trahi mes idéaux, et pouvoir retourner voir mes potes et les autres qui sont... pas du tout dans le monde politique et qui ne disent pas « t'as changé » . Ça c'est ma définition de ma réussite, mais c'est aussi lié au fait de pouvoir changer la donne de manière très concrète pour les gens. C'est surtout pour ça que je m'engage.
- Speaker #1
Qu'est-ce que tu dirais à la rage à enfants ?
- Speaker #0
De s'accrocher, de s'accrocher et de se faire confiance. parce qu'elle a un bon instinct et un bon feeling.
- Speaker #1
Raja, on va passer à la dernière partie du podcast où c'est quelques questions et le but c'est de répondre du tac au tac, donc spontanée t'es 100%. Ça va. Est-ce que tu as une devise ?
- Speaker #0
Non, je n'ai pas de devise spécifique, en tout cas je n'ai pas réfléchi à une devise spécifiquement, mais moi je suis toujours dans l'optique de... aide et on te le rendra. Tu récupéreras ce que tu as donné un jour, de manière positive.
- Speaker #1
Un livre ? Est-ce qu'il y a un livre qui t'a marqué ? Ou un livre que tu recommanderais ?
- Speaker #0
Tous les bouquins de Rocaille à Diallo, je les recommande de manière très très vive.
- Speaker #1
Qu'est-ce que tu détestes le plus en politique ?
- Speaker #0
La lâcheté.
- Speaker #1
Une chanson ?
- Speaker #0
Je suis très rap, mais pas tant que ça. En vrai, si tu veux m'emballer, si tu sors du Célidion ou du Britney Spears, t'es sûr de m'avoir. Puis un petit Jules, il passe toujours crème.
- Speaker #1
Une femme que tu me recommanderais d'inviter sur le podcast ?
- Speaker #0
Fatima Ouassak, qui elle aussi est une militante antiraciste, écologiste et engagée sur les questions d'égalité. Je trouve qu'elle bénéficie... pas souvent de lumière médiatique, or c'est une femme absolument brillante. J'ai eu la chance de la rencontrer et je suis tombée amoureuse.
- Speaker #1
Raja, je te remercie infiniment. C'était un vrai plaisir.
- Speaker #0
Merci, chouette. Merci beaucoup pour le moment.
- Speaker #1
A très bientôt. Cet épisode de Heya est maintenant terminé. Je vous remercie sincèrement de l'avoir écouté jusqu'au bout. Ce qui, j'espère, veut dire que vous l'avez apprécié. N'hésitez pas à le partager autour de vous, avec des amis ou sur les réseaux sociaux. C'est ce qui permet au podcast de grandir. Vous pouvez aussi le noter 5 étoiles et me laisser un petit commentaire, c'est un vrai plaisir de les lire. Si vous avez des questions ou voulez me suggérer une invité, n'hésitez pas à me contacter sur la page Instagram Heia Underscore Podcast. A très bientôt.