08 - Nicolas Mérigout, désigner ébéniste cover
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Histoires d'Artisans

08 - Nicolas Mérigout, désigner ébéniste

08 - Nicolas Mérigout, désigner ébéniste

37min |06/02/2020
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Histoires d'Artisans

08 - Nicolas Mérigout, désigner ébéniste

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37min |06/02/2020
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Description

Dans cet épisode nous accueillons Nicolas Mérigout, designer ébéniste. C’est le jour où il a compris qu’il voulait faire du design que Nicolas a eu son déclic. Il est passé des cinq derniers de la classe au lycée aux premiers en école de design. Il nous raconte ce qui l’a amené à passer de la conception à la création, le bois étant comme une évidence pour lui puisqu’il a grandi dans une famille d’ébénistes. Il y a quelques années, Nicolas a eu un accident de la route qui l’a immobilisé pendant un an. De cette épreuve il en a fait une force et a construit sa marque Apical Studio. Derrière ce projet il y a de vraies valeurs éthiques et environnementales. Il souhaite que ses créations suivent ses clients pendant de nombreuses années c’est pourquoi il réfléchit à des design indémodables dans des matières durables. 

Si vous souhaitez en savoir plus sur son travail, n’hésitez pas à m’écrire sur facebook ou instagram à histoiresdartisans. Vous pouvez m’aider à faire découvrir les Histoires d’Artisans au plus grand nombre en mettant une note sur Itunes et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. J’espère que l’Histoire de Nicolas vous inspirera et que vous finirez cette épisode comme moi, avec le sourire. Belle écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans mon atelier.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Histoire d'artisan. Je suis Lysée Millet et je serai votre guide dans l'exploration de l'artisanat. Je vous fais découvrir les visages, plutôt les voix, de ces femmes et hommes qui ont décidé de passer leur vie à clé. Aujourd'hui, nous accueillons Nicolas Mérigou, designer ébéniste. C'est le jour où il a compris qu'il voulait faire du design que Nicolas a eu son déclic. Il est passé des cinq derniers de la classe au lycée, au premier en école de design. Il nous raconte ce qui l'a amené à passer de la conception à la création, le bois étant comme une évidence pour lui, puisqu'il a grandi dans une famille d'ébénistes. Il y a quelques années, Nicolas a eu un accident de la route qui l'a immobilisé pendant un an. De cette épreuve, il en a fait une force et a construit sa marque Apical Studio. Derrière ce projet, il y a de vraies valeurs éthiques et environnementales. Il souhaite que ses créations suivent ses clients pendant de nombreuses années. C'est pourquoi il réfléchit à des designs indémodables dans des matières durables. J'espère que l'histoire de Nicolas vous inspirera et que vous finirez cet épisode comme moi, avec le sourire. Belle écoute !

  • Speaker #2

    Bonjour Nicolas et merci de m'accueillir dans ton atelier. Est-ce que tu peux nous raconter ton histoire Nicolas ?

  • Speaker #0

    Alors ma histoire a commencé par des études en design. Donc l'idée c'était de faire un BTS design d'espace, plus orienté vers l'arche d'intérieur. Ensuite j'ai fait un DSA, donc un master en design global. Donc là c'était plutôt l'enjeu d'élargir un peu les connaissances en termes de design. Donc il y a design textile, produit, espace et graphisme. Et ce fameux DSA où j'étais, c'était un des premiers en France qui faisait justement... un mélange entre les espaces, les produits et les graphistes. C'était des classes de 24 avec 8 espaces, 8 produits, 8 graphistes et l'idée c'était de bosser ensemble sur des projets comme si on était en agence de design. Donc ça permet d'élargir le réseau et du coup aujourd'hui mes colloques qui sont une graphiste et un produit venaient de ce DSA aussi et voilà ça fait un vrai réseau qui est assez mélangé comme dans une agence donc ça m'a semblé plus intéressant et ça m'a apporté beaucoup de collaboration future. Et ensuite, après ça, après le master, donc là, c'était la partie scolaire. Tout ce qui s'est passé pendant le master, c'était beaucoup d'ordinateurs, très, très peu d'ateliers, très peu d'activités debout. Et rester assis, c'est assez compliqué pour moi. D'ailleurs, j'ai mal sur mes chaises. Et l'idée, c'était de passer côté atelier, parce que j'aime beaucoup le travail. Donc, en partant de ce DSA, je me suis dit, tiens, il me reste trois mois de stage conventionné. Qu'est-ce que je peux en faire avant de commencer une vie pro ? Donc j'ai appelé plein d'entreprises sur Paris, plutôt pour faire de l'alternance au début avec une école en formation, que des refus, personne prend d'alternance, c'est très très compliqué d'avoir un alternance justement et en plus qui n'a jamais bossé dans les ministéries. L'idée j'ai fait ok, vas-y on fait un stage, si ça vous va, ils ont dit allez on est parti, donc j'étais Atelier CY à l'époque, c'était une entreprise qui s'appelle aujourd'hui Atelier Synapse, mais c'est la même chose, c'est juste ils sont affilés avec un CY en plus. Et en trois mois, j'ai appris un max de choses, vraiment beaucoup, avec des grosses journées, 10 heures, 22 heures, des chantiers assez durs. Mais du coup, tu apprends vraiment la vraie vie, le vrai travail, et autant le bois que plein de choses dans les chantiers. Et du coup, après, j'ai bossé un an en freelance avec eux. Donc, c'est là où j'ai pu bien asseoir les connaissances, mettre en pratique et en étant payé en tant que pro. Du coup, s'ils se rendent compte un peu de la valeur du travail, le temps de travail, toutes ces choses-là, ça permet de faire un premier passage. et ensuite donc petit accident de la vie donc qu'un accident de la route qui m'a permis de réfléchir pas mal sur tout ça et donc de revenir ensuite et bosser que pour moi donc en créant apical studio qui est mon auto entreprise et là qui est plus tournée donc artisanat mais en gardant un peu d'amour à mon bagage de designer et d'ici le matin d'application de proposer aux clients ben voilà un artisanat avec un regard designer donc essayer d'avoir des proportions juste, avoir un bel esthétisme de l'objet, un rangement c'est pas simplement un casier et c'est fini. Du coup voilà, avec les finitions, le travail de détails, toutes ces choses là, et de pouvoir le faire. Et l'idée de faire du coup ce parcours manuel, c'était aussi dans un objectif de vie, c'était que je voulais continuer le design, mais quand on n'a pas de sous, on ne peut pas payer ses prototypes. Donc du coup, si tu n'as pas de commandes, tu ne peux pas faire tes créations. Et l'idée c'était d'apprendre à pouvoir apprendre l'artisanat, Donc les Benistory ça a été naturel pour moi parce que du coup la grand-père était menuisier, le grand-père aussi, donc j'ai toujours été un peu béni dans cet univers et j'ai souvent travaillé le bois en tant que type. Donc quand je revois mes projets d'avant, je me dis putain je respectais pas la matière. Les erreurs de débutant assez énormes, mais bon voilà il faut bien apprendre. Et du coup pour apprendre ce savoir-faire, pour fabriquer ses propres protos, ça a été vraiment genre comme un éclair, ça me semblait évident. Et du coup j'ai pu commencer à faire ça. Donc petit à petit j'ai pu faire mes premiers protos. Donc voilà, de plus en plus perfectionné. Aujourd'hui, c'est justement cette cartouche qui me permet de me dire que le monde du design... Et atteignable dans le sens où si je n'ai pas de clients, ça ne m'arrête pas. Je dessine, je fabrique, je fais les photos et on me propose. Et dès que j'ai un client, c'est un petit projet en côté. Ça permet vraiment de se dire qu'on n'est pas tenu par quelque chose. On peut y aller et quoi qu'il se passe, après il n'y a que des bonnes occasions, des bonnes opportunités qui se présentent en général. Ce qu'il faut, c'est toujours avancer. Au moins, je ne suis pas freiné par ce côté-là matériel et le problème financier. sur quand on n'a pas de mécène qui paye deux ans de développement pour un objet, il faut faire ça même et du coup, autant le faire bien.

  • Speaker #2

    Visiblement, tu as une certaine appétence pour le bois. Qu'est-ce qui t'a donné envie d'aller vers le design ?

  • Speaker #0

    Le design, c'était... Là, pour le coup, c'est vraiment en mode... Ça m'est venu comme un flash. Parce que moi, je ne suis pas du tout scolaire. Donc, tout ce qui était les études, le collège, j'en ai un très bon souvenir parce qu'il y avait les récréations. Mais sinon, je... beaucoup de difficultés à rester en place justement sur une chaise et écouter quelqu'un parler, faire des cours magistraux qui étaient intéressants avec du recul mais qui m'ennuyaient profondément à l'époque et du coup en cours de technologie en 3ème genre le seul cours où on commençait à toucher un peu des choses on a dû faire une horloge et on devait dessiner notre horloge du coup à l'époque j'avais dessiné une guitare parce que je faisais de la guitare comme tout adolescent qui se restait avec les cheveux longs et du coup le fait de pouvoir créer quelque chose. avec un stylo et une feuille et de le mettre ensuite en matière, ben franchement j'étais mais beaucoup proche sur ce cours là, j'en ai passé des heures et des heures à faire plein de croquis, en plus chez moi chose que je faisais jamais parce qu'en fait j'en ai devoir, je voulais même pas les faire et là je m'en rajoutais, donc je me suis dit ça c'est cool, et après ce moment je me suis dit je veux faire du design produit donc après je suis parti en design d'espace parce que il y a eu une autre inspiration entre temps mais il y avait cet objectif de produit et après le design, petit à petit dans mes études justement, je regardais souvent Télé Matin le matin avec un week design de Sylvie Améliard, je peux parler d'elle. Et ça, ça m'a donné vraiment envie de faire des choses de plus en plus, justement, abouties. Et ça m'a carrément boosté, en fait, parce que tous les matins, je devais me lever pour aller au lycée, faire mon PS. Là, finalement, je voyais une petite revue de design avec des expos, des choses qui étaient hyper intéressantes. Et ça, je me disais, putain, mais OK. Et en fait, toute la journée, je pensais à ça dans ma tête. Je crionnais, je faisais plein de trucs. J'essayais d'écouter au mieux les cours pour essayer d'avoir le bac que je l'ai eu. Mais voilà, sans... Avec du mal quand même, j'ai dû bosser beaucoup et sans beaucoup de plaisir, on va dire. Mais bon, j'imagine comme pas mal de personnes. Et après, dès que je suis placé côté design en mise à niveau, donc en mana, c'est une sorte de Ausha, ensuite en BTS. Là, c'était genre, je suis passé du, je sais quoi, peut-être dans les cinq derniers de la classe, je suis passé le premier, ça c'était une évidence. Genre, je bossais, même pas forcément tout le temps, mais trop bien. Et les premières charrettes jusqu'à quatre heures du mat, tout ça, et en fait, c'est trop bien. c'est là où tu te rends compte que ça c'est une passion parce que du coup tu comptes pas tes heures et tu peux ne pas dormir pour un projet et c'est trop bien, le design ouais c'est une évidence après c'est la création au delà du design j'aime beaucoup la culture design j'aime beaucoup ça c'est genre dessiner et le mettre en volume c'est trop bien

  • Speaker #2

    Et si tu avais un conseil à donner à tous ces parents qui sont justement désespérés par leurs enfants qui ne travaillent pas à l'école et qui ne sont pas intéressés par les matières classiques ?

  • Speaker #0

    Bah écoute, sans faire le vieux con, c'est juste qu'il faut quand même qu'ils le fassent parce que c'est une culture générale qu'on apprend. Ensuite, il faut aussi qu'ils aient des temps off et qu'ils fassent ce qu'ils ont envie. Donc si c'est le sport qui les intéresse, peut-être qu'ils seront des années plus tard, mais si c'est le sport qui les intéresse maintenant, il faut qu'ils fassent du sport à fond. Il faut apprendre à faire quelque chose. Ça, c'est vraiment ma vision très personnelle. apprendre à faire des choses à fond, à 100% jusqu'au bout, pour savoir à quel point ça peut coûter un engagement sur quelque chose. Par exemple, tu peux dire que tu arrives en finale de Coupe de France. Personne ne connaît ce sport dans certains milieux, mais tu as fait quelque chose de A à Z, il y a un aboutissement. Et quand tu y arrives, tu te dis que finalement, je suis peut-être arrivé pour les maths. Du coup, tu commences par la base, et tu arrives à avoir ta bonne note au bac, et tu te dis que tu as réussi. Après, tu feras sur des choses qui te plaisent, dans un milieu économique aussi, trouver un métier qui peut te faire vivre et en même temps qui te fasse kiffer. C'est la base, c'est l'objectif. C'est cool. Au début, on parlait de formation artisanale. Moi, je n'ai pas fait la formation à l'école boule. Il y a beaucoup de gens qui me disent, ah, t'as fait boule. C'est pas parce que t'es ébéniste que t'as fait boule. Oui, il y a beaucoup de boulistes en France, mais il n'y a pas que cette école déjà qui forme et t'es posé de faire une école pour être ébéniste. Et il y a même une fois, une... une personne qui parlait de moi à d'autres et j'étais là, j'entendais, elle avait dit que j'avais fait l'école boule. C'était une personne qui me vendait un client, donc gentiment. Mais du coup, j'ai dû arriver et dire, ouais, non... on parait que bélan dans ma barbe mais non je n'ai pas fait l'école boule d'un coup on voit après dans les yeux ah t'as pas fait l'école boule,

  • Speaker #2

    bah t'es pas ébéniste alors est-ce que tu as une anecdote à nous raconter ?

  • Speaker #0

    une anecdote il y a eu une anecdote qui a pas mal marqué ma vie il y a quelques temps du coup j'avais fait cette formation en ébénisterie en stage j'ai bossé avec les gars pendant un an et j'avais fait justement de l'ébénisterie pour pas rester assis sur ma chaise de créatif et pouvoir me lever et faire des choses aussi et justement je reste tout le temps debout maintenant je m'assois plus souvent et le problème c'est que bah en voulant bosser pour des gars en voulant monter ma boîte mais petitement je bossais le vendredi pour moi plus les week-ends donc je bossais 7 jours sur 7 toute l'année tout le temps à fond et du coup je revenais d'un rendez vous client qui était perso en plus le soir une voiture m'a fauché en moto et du coup bah pif voilà une fémur genre bien fracturé et je me suis retrouvé un an habité un an à l'hôpital pour un mec qui ne voulait pas rester assis c'était un peu un no-comble mais ça m'a permis de déjà je positif tout le temps surtout donc j'en ai tiré des conséquences ça m'a calmé aussi d'un point de vue je suis moins foufou moins cheval fou j'essaie de faire attention et ça m'a permis de rencontrer déjà des personnes extraordinaires en centre de rééducation qui n'ont plus de jambes donc déjà aujourd'hui quand on est un peu fatigué la vie est terminée toujours cette petite voix d'air qui me dit c'est que t'es mieux là quand même avec tes deux jambes à pouvoir marcher donc te prends pas et continue de sourire et de kiffer tout ça clairement ça je me le dis très souvent et c'est pas c'est vraiment pas une c'est pas hypocrite quoi que dire ça c'est vraiment vrai je me le dis souvent et et ça m'a permis de prendre le temps justement quand t'es allongé par contre t'es le carré au plafond tu réfléchis à ce que tu veux faire donc j'avais toujours ce objectif de monter ma boîte mais du coup je me suis dit bah Quand je reviendrai, au début, les chirurgiens me disent « T'en as pour 6 mois et c'est bon, tu reprends le travail. » En fait, non. Au début, c'était 3 mois, après 6 mois, c'était 1 an. Et du coup, voilà. Heureusement, je ne le dis pas direct, mais j'avais l'objectif de vite remonter et remettre le pied à étrier. Pour le coup, je ne voulais bosser que pour moi. Je voulais arrêter de me faire expérience pour une autre boîte. Et donc, j'ai réfléchi au nom, j'ai réfléchi au logo, j'ai réfléchi à toute la démarche, l'économie, j'ai monté mon business plan. tout ce qui est faisable à l'assis ou à l'onger, j'ai pu faire tout ça. Et j'ai commencé à dessiner aussi pas mal de choses. J'ai fait des projets en modélisation et qui étaient prêts pour le jour où je pourrais justement remettre le pied par terre. Et quand c'est arrivé, les ateliers Synapse, les fameux gars qui m'ont formé, m'ont donné la chance d'avoir un espace chez eux pour pouvoir bosser, reprendre le travail sans avoir de pression de loyer et de frais assez lourds. Et du coup, grâce à eux, pendant un an, j'ai pu me lancer. Au début, j'étais avec ma canne à la Doctor House. Je montais sur la mézanine, l'escalier un peu, mais avec la canne. J'avais des planches dans un bras et la canne dans l'autre. J'avançais, je travaillais l'atelier, je mettais 10 minutes. Franchement, c'était folklorique. Heureusement qu'ils m'ont laissé cette possibilité, parce qu'un mec avec une canne dans l'atelier, normalement, ce n'est pas trop ce qu'on imagine. Et là, c'était vraiment trop bien. Et j'ai pu faire des démobiliers comme ça. Je mettais beaucoup plus de temps qu'aujourd'hui forcément. Mais en m'appliquant, j'ai pu lancer. Et puis là, après, au bout d'un an, je pense qu'il est temps que je prenne mon envol. Ça y est, je n'avais plus de problème à la jambe. Je commençais à faire un petit peu de rentrée d'argent pour pouvoir payer un loyer. Je me suis fait, on y va, on s'en va.

  • Speaker #2

    Quelles sont tes sources d'inspiration ?

  • Speaker #0

    Les sources d'inspiration, elles viennent de... tous les jours, vraiment de n'importe où. En fait, je me balade, je vais voir une barrière avec un petit détail rigolo. Je fais ah putain, c'est une bonne idée. Mais du coup, appliqué dans un autre domaine, ça peut apporter quelque chose de super intéressant. Et souvent, ça vient de l'industrie. J'aime bien le design industriel et les assemblages extrêmement d'ingénierie, très intelligent et très, très travaillé, très précis. Ça, je trouve ça magnifique. Une pièce genre du ruineau, je trouve ça magnifique. C'est une des plus belles pièces de design parce que le design, ça part aussi du design industriel quand même. Ça, c'est une vraie inspiration de Zain Industriel. C'est presque un objectif aussi, un jour, de pouvoir faire des projets, justement, à l'échelle indus.

  • Speaker #2

    Je ne sais pas ce que c'est une turbineuse.

  • Speaker #0

    Une turbine, par exemple, une turbine d'avion pour un réacteur. Ou ça peut être, genre, juste une entretoise filetée à l'intérieur. Enfin, voilà, j'en ai ici, enfin, des pièces, des pièces même de cargayerie, mais qui sont extrêmement bien finies, qui sont vraiment, genre, la machine est calibrée pour faire ça parfaitement sur une série de 10 000. C'est incroyable, je trouve ça super beau. Donc ces pièces appliquées justement dans tous les jours que tu peux croiser comme ça, sur des machines, des ornithes, c'est inspirant je trouve. Et puis après, ce qui inspire beaucoup, c'est l'atelier justement. tu fais un projet pour quelqu'un, mais en faisant ce projet tu te dis ah putain c'est trop malin ce système, et en fait tu vas pouvoir l'appliquer justement sans faire de plagiat, au contraire c'est juste faire un petit pas de côté et avec ce pas de côté tu vas pouvoir faire un objet totalement différent l'assemblage va pas avoir le même usage, peut-être mais ça va te faire justement une inspiration et ça vient tout seul en fait et quand t'es tout seul c'est ça qui est bien, c'est que les projets viennent au compte-goutte mais justement t'en as pas trop, t'as juste ce qu'il faut et les inspirations aussi, parce que quand t'en as trop tu notes tout dans un carnet mais t'aboutis à rien Ce qu'il faut, c'est avoir quelques inspirations, mais pouvoir les aboutir sur des photos, sur des tables, des choses comme ça. Et puis après, forcément, il y a le design qui vient aussi en jeu, avec tout ce que j'ai pu faire comme expo, voire comme émission. Dans les cours, j'aime beaucoup le design années 60-70, mais après, j'aime beaucoup le design d'espace aussi, les artistes, tout. Franchement, ça vient de partout après. Mais ça, c'est l'univers design qui parle un peu plus.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux nous présenter ton artisanat ? Et par là, j'entends un petit peu ton travail au jour le jour, les techniques que tu utilises.

  • Speaker #0

    Ouais. Du coup, présenter mon artisanat, ça ne serait pas genre les belles histoires, parce que du coup, l'artisanat que je vais essayer de mettre en place, c'est vraiment plutôt le travail manuel. Au-delà de simplement le travail du bois, j'essaie de travailler d'autres matériaux, mais sans dire que je ne suis pas sévrier, je ne suis pas maroquiner, mais du coup, je m'ouvre à d'autres techniques. Celui que je fais tous les jours, c'est vraiment essayer de passer du dessin à la matière. Donc ça va souvent être du travail avec tout type de matériaux, principalement le bois, pour le mettre en application. Après, dans l'atelier, ce n'est pas un atelier très grand, donc du coup, il y a beaucoup d'outils portatifs. Mais j'essaie de pousser au maximum justement, je ne veux pas avoir trop de machines stationnaires qui prennent beaucoup d'espace, beaucoup d'entretien, beaucoup d'investissement. Donc c'est plutôt du portatif et en le poussant au maximum, tu peux faire des détails super intéressants et réutiliser aussi les outils de l'époque. On ne sait pas tous les jours, mais quand tu les utilises, ça fait plaisir. C'est-à-dire les sites de bois que tu as récupéré chez le grand-père, il y a juste à les raffuter. L'acier était de meilleure qualité à l'époque qu'aujourd'hui, donc en plus c'est un meilleur outil que ce que je pourrais acheter de neuf aujourd'hui. les scies japonaises, tous ces outils assez incroyables qui permettent dans la journée, je passe assez vite de l'ordinateur aux machines et l'ordi fait partie de l'artisanat pour moi. Autant que par exemple, aujourd'hui, on parle beaucoup des réseaux Instagram et compagnie. Instagram, c'est une machine qui fait partie de l'atelier pour moi. C'est un outil qu'il faut savoir manier, qu'il faut faire attention de ne pas se blesser avec et il faut vraiment l'utiliser à bon escient. pour les bons projets, mais qui te permet de finir ton projet. Et je trouve que c'est vraiment important de le voir comme ça, parce qu'en tant qu'artisan, c'est, je crois, un des premiers médias qu'on va avoir depuis que les artisanats existent, qui permet de montrer aux gens ce qui se passe à l'atelier. Et quand un client, il me demande une table, et qu'en story, il va voir sa table se faire, je pense que ça n'a pas de valeur pour le client. Enfin, ça n'a pas de valeur, c'est sûr, c'est juste du sentiment, mais ça a une plus-value énorme sur l'objet, et c'est assez intéressant. Et après, moi, j'aime bien aussi tout ce qui va être un peu poétique ou sensible. Par exemple, j'avais fait une bibliothèque pour ma mère avec le châtaignier de mon grand-père qui était béniste, qui est décédé aujourd'hui. On avait vraiment le cœur du bois, en plus, qui était en forme de flower power. Donc, c'était ouf. Alors, j'ai kiffé. Et en comptant, il y avait 113 anneaux, approximativement. Donc, du coup, j'ai pu dire à ma mère que j'ai fait sa bibliothèque avec le bois du grand-père. Et en plus, le bois, plus de moutous, donc c'est assez fort. Ça te permet de te dire, quand tu bosses sur une planche, Tu dis là, je vais m'appliquer. Et je veux faire bien, je ne veux pas rater. Ce n'est pas genre, je la rate, ce n'est pas grave, je jette le bois, je reprends un et je recommence. Non, je le fais. Et même auquel cas, tu vois, parce qu'un accident, ça arrive, il faut savoir réparer, il ne faut pas jeter. Et justement, je ne suis plus dans cette démarche de toujours essayer d'optimiser. Et la matière, dans le design aussi que je mets en place, c'est des objets qui vont avoir des formes très épurées, parce que j'aime aussi les choses sobres et élégantes, mais aussi parce que je veux avoir des objets qui rentrent dans une... une réalité économique et en même temps rester sur du matériau de qualité. Donc en gros, les clients parfois vont dire, du coup, c'est trop cher, on peut passer sur de l'aggloméré. Non, je ne bosse pas avec ces bois-là parce que selon moi, c'est des saloperies. Il y a plein de cols, c'est toxique, ça ne m'intéresse pas de le travailler. Je bosse avec du massif. Du coup, moins tu as de matière sur l'objet, plus tu vas mettre de la bonne qualité au même prix. Donc c'est vraiment l'idée de faire des lignes très simples pour justement garder cette matière-là. Et pareil sur les finitions, finition naturelle de bonne qualité donc moins tu as de surface, plus tu pourras vendre ton objet à un prix quand même qui rentre dans une réalité économique. Donc ça rentre vraiment dans le design je pense qu'il y a aussi cette notion de pouvoir le vendre ton objet. S'il est invendable ça n'a aucun sens. Parfois on voit des dessins passés qui n'ont pas de sens parce que dans la réalité oui tu peux le faire mais à quel prix ? Personne ne peut jamais j'ai marché ça. C'est impossible. Mais ça peut être intéressant aussi. J'ai un objet unique à 50 000 balles. Mais c'est pas une affaire. C'est pas encore arrivé. Je serais pas fameux comme ça aussi.

  • Speaker #2

    Donc en fait, toi, tu as un métier où tu passes du temps sur l'ordinateur à dessiner. Et ensuite, tu vas modéliser ça. Ouais. Contrairement à... Alors moi, je te parle du cliché de l'ébéniste. Pour moi, il a incarné un stylo, il fait des croquis et... Oui,

  • Speaker #0

    les croquis, t'en fais toujours. Il y a un tableau Vélida en plein milieu de la télé, c'est vraiment pas pour rien. C'est en mode, quand il y a un client même, on dessine tout de suite pour s'expliquer. Le dessin, c'est très important. Après, l'ordinateur, ça permet de faire beaucoup de choses et ça permet de monter en 3D un projet assez complexe avec les bonnes épaisseurs, tout ça. Donc, il faut vraiment être très rigoureux sur l'ordinateur. C'est pareil, c'est comme Instagram. c'est une machine. C'est comme une ponceuse orbitale, c'est comme une défonceuse. Il faut vraiment le connaître. Quand tu l'utilises bien, ça marche super bien. Et du coup, les 3D, ça te permet ensuite de faire tes fiches de débit. Et une fiche de débit, c'est un tableau Excel. Franchement, on ne fera pas l'agent comptable quand on fait ça. Mais du coup, c'est hyper important de le faire très rigoureusement. Une fois envoyé au fournisseur, il t'envoie les planches et qu'après, il y ait le meuble plus grand à assembler. Et ça, au début, c'était ce que je pouvais faire dans l'autre atelier, c'était justement partir du tronc d'arbre, sectionner en plots, donc déligner. Et en partant de ça, je délignais l'écorce, je panotais, donc je choisissais mes pièces de bois vraiment en fonction de la teinte, des nœuds, de tout ça. Et je faisais des panneaux, et ensuite je faisais mon meuble. Tout ça, ça prend beaucoup de place, ça prend extrêmement de temps. Savoir le faire, c'est très important, mais aujourd'hui, maintenant, les panneaux, il y a des fournisseurs en France qui, c'est leur métier de partir de l'arbre. et de faire un panneau. Ils ont les machines pour ça et c'est très, très bien. Du coup, dès que tu veux te mettre dans une réalité économique, il faut passer par là. Mais c'est bien d'avoir fait avant tout le parcours manuel. C'est ce qu'on apprend sur le moment dans les écoles. Moi, je l'ai appris parce que du coup, là où je me suis formé, on le faisait. Et puis, quand je suis revenu de l'accident, j'avais le temps de faire ça justement parce que comme je n'avais pas d'argent, ça coûte moins cher quand même d'acheter un plot d'art qui a un panneau déjà fait. du coup c'était mon temps et j'ai appris à le faire donc c'était cool et la question qui était sur l'ordinateur pas beaucoup, mais un peu quand même.

  • Speaker #2

    Quels sont les projets sur lesquels tu travailles en ce moment ?

  • Speaker #0

    En ce moment, je travaille sur pas mal de projets qui vont être plus, justement, design. Donc, c'est des créations personnelles et des créations aussi que j'ai faites en collaboration avec Timothée Conquéré. Donc là, on a monté une nouvelle structure. Donc, avec Apical, qui est vraiment l'auto-entreprise où je travaille, je suis artisan avec un regard designer. Et il y a Formel Studio qu'on vient de monter il y a 2-3 semaines avec Timothée Concaret. Là c'est plus des designers avec du coup le regard artisanal. Donc ça permet d'avoir aussi le savoir-faire artisanal, la possibilité de prototyper. Donc là c'est justement ce qu'on est en train de faire, c'est pour l'exposition à Naolehof en septembre. On développe des gammes d'objets, table, bande, bibliothèque, en tant que designer. Et après on appuie directement à l'artisanat, donc on fabrique nos photos, on prépare tout ça pour les expos. Donc en ce moment c'est des projets persos mais qui ont vraiment un but concret au final. et d'ici peu de temps, c'est assez intéressant. Ce qui est aussi, ce n'est pas qu'un projet perso, on a six ans pour le faire en place et il faut le faire pour le mois prochain. Et après, à côté de ça, il y a pas mal de projets qui passent aussi parce que je suis arrivé il n'y a pas longtemps dans l'immeuble, enfin dans mon nouvel atelier, avec les habitations qui sont à côté. Et à l'inauguration, il y a pas mal de clients qui sont venus. Maintenant, les particuliers, j'en prends de moins en moins parce qu'il y a de moins en moins de demandes quand on ne les cherche pas. Mais là, en l'occurrence, il y a deux, trois voisins voisines qui ont voulu avoir une belle pièce de bois chez eux. Je suis sur ces projets-là aussi en parallèle et c'est assez chouette. Ça crée du lien social avec les gens du quartier, donc ça, c'est extrêmement bien. Et en plus, pour les livraisons, c'est optimal, tant pour moi que pour eux. Ça leur coûte moins cher. En plus, moi, c'est hyper facile de partir de l'atelier avec le panneau chargé sur les chariots et d'arriver, s'il manque vraiment quelque chose, je suis à côté. Donc, c'est trop bien. Puis au-delà de ça, il y a le contact avec les gens, c'est plus perso. Je les reverrai plus tard pour me dire comment c'est, où je suis. Enfin, c'est assez cool, tout ce côté-là.

  • Speaker #2

    T'as parlé d'une exposition en septembre ?

  • Speaker #0

    Ouais. Alors en septembre, ça va être pour la Design Week. C'est Now le Off, qui va se passer dans le Marais cette année. Avant, c'était au Doc. C'était la monnaie du design à Paris.

  • Speaker #2

    Tu l'écris comment ?

  • Speaker #0

    C'est N-O-W, le O2F. OK. Maintenant, le Off. Et ça existe depuis quelques années. En gros, l'idée, c'est de mettre en avant les nouveaux designers et artisans qui montent sur la scène. Les millénials, comme ils les appellent. C'est le jeune d'aujourd'hui. Et là, on se lance, nous c'est un peu le lancement officiel pour Formel Studio, donc avec le logo, la charge graphique, les trois premières collections qu'on a pu monter. Donc dessiner, effet, on a certaines déjà un peu vendues à des particuliers. L'idée c'est de trouver d'autres clients, surtout de dire, nous on fait ça, c'est notre style, et on le fait avec cette qualité de finition. Et on le fait en France avec des matériaux français, donc tout le bois est français, la finition est naturelle. Il y a des principes perso que j'applique vraiment dans mon métier. C'est pas en mode, ah ça y est, là, il faut gagner de la thune, j'oublie tous mes principes. Au contraire, je vais me challenger pour réussir à appliquer mes principes de ma vie personnelle dans mon métier. L'idée, c'est aussi de faire des projets qui tiennent dans le temps, pour ne pas avoir à les jeter dans 5 ans, ou dans 2 ans même. Et il y a aussi le côté, le regard des gens, qui peuvent se lasser d'un meuble. Et du coup, un meuble sobre, classe, élégant, c'est ce que j'essaie de faire. donc après voilà, chacun son goût et les couleurs mais en gros c'est plus tu vas rester sobre et élégant et le petit détail subtil qui fait que ton objet vraiment a une touche en plus et bah ça ça peut permettre aussi à l'objet de vivre plus longtemps parce que les gens c'est pas l'objet qui va se casser c'est les gens qui vont le jeter ou le revendre ou autre chose donc s'ils le revendent c'est bien parce que ça va suivre un nouveau cours mais s'ils le jettent ou qu'ils l'abandonnent quelque part bah c'est perdu et donc après bon acheter un et encore et encore et on s'arrête jamais c'est vraiment essayer de faire ça pour des matériaux durables français donc essayer d'avoir un impact carbone le plus faible possible même si forcément tu en as, parce que tu crées un objet. mais après aussi que dans la ligne, ça puisse être intemporel.

  • Speaker #2

    Tu m'avais parlé juste avant qu'on enregistre d'un projet. Quand je suis arrivée, il y avait deux personnes. Tu m'as expliqué un petit peu ce projet.

  • Speaker #0

    Les deux personnes qui étaient là, du coup, c'est... Il y avait le gérant d'une entreprise de curage de bureaux. Ça consiste en fait à récupérer tout le mobilier dans des entreprises qui soit ont fait faillite, soit se délocalisent, soit changent de locaux. Lui, il récupère tout ça. il le remet en état et il le revend. Mais dans tout ce qu'il remet en état, il y a beaucoup de panneaux, notamment de table, de bureau, qui ne peuvent pas se réutiliser comme ça, qui sont abîmés d'un côté, ou autres qui ne peuvent pas être revendus, réutilisés. Donc là, c'est un peu un nouveau terme qui sort, c'est le upcycling, c'est réutiliser des matériaux de recyclage, mais en faire quelque chose en plus. C'est vraiment faire un nouvel objet avec, qui redonne envie à des gens de le posséder, ça permet de ne pas jeter la matière, ou de ne même pas la recycler, c'est juste la remodeler, de contemporain et qui soit fonctionnel. Donc là, avec eux, il y a cette ligne qui est d'utiliser des plateaux, dessiner un objet et donc le prototyper ici. Là où c'est assez intéressant, c'est une entreprise qui fait de la réinsertion ou de l'insertion de personnes. Ça peut être aussi bien des personnes qui sortent de prison que des migrants. Il y a de tout profil. Et c'est des gens qui n'ont pas forcément touché à la matière à l'époque ou alors qui ont travaillé dans leur vie sur des machines. Mais voilà. qui ne savent pas forcément comment faire pour faire son mobilier. Donc l'idée, c'est d'arriver chez eux et de les aider à former les personnes. Il y a vraiment un caractère déjà formateur qui est très intéressant, parce que quand on forme, on se forme soi-même plus quasiment que quand on va former les gens. Et il y a aussi le côté social qui est incroyablement fort, dans le sens où il y a des personnes qui viennent, qui parlent français mais pas forcément très bien, et qui vont dire « oui, j'ai compris » , mais en fait, ils n'auront pas forcément compris. Et il faut vraiment essayer de mettre en application. de manière safe parce qu'on est sur des machines très dangereuses un doigt ça part très vite, donc l'idée c'est que personne ne se blesse, mais en même temps de pouvoir les faire pratiquer tout de suite et que dans le temps ça dure, moi quand je ne suis plus là il faut qu'ils puissent encore fabriquer ces tables et ces bureaux et ces objets et que ça reste une qualité aussi, donc il y aura forcément un suivi, mais l'idée c'est que ces personnes soient valorisées aussi et trouvent des compétences, comme moi quand j'ai appris j'ai pas fait d'école, j'ai appris sur le tas, c'est un peu pareil donc là c'est leur donner cette possibilité et essayer vraiment d'être avec un détail et un soutien du détail important. pour leur transmettre ça, qu'ils fassent des beaux objets, mais qu'ils apprennent aussi. C'est un projet qui est en train de se monter. Et ce côté, vraiment, garder l'artisanat au service du social, je ne m'y attendais pas. C'est tombé dessus comme ça. Mais c'est exactement des projets comme ça qui me motivent aussi pour tous les matins, tous les jours.

  • Speaker #2

    J'en viens à la question des projets futurs. Quels sont tes projets pour le futur ?

  • Speaker #0

    Et les projets futurs, dans un futur proche, là, il y a des projets avec des belles entreprises qui m'ont contacté. Pour justement, c'était contacté sur tout le formel studio. Donc là, c'est avec Timothée. Et l'idée, c'est faire justement, ça tombe les deux en même temps, mais ça me fait prendre conscience que le cycling, c'est une demande qui arrive vraiment fortement. Et là, l'idée, c'est sur des anciens trains de l'époque, des années 60. C'est réutiliser des objets, donc tout ce qu'il y avait sur les trains à l'époque. et en faire des objets contemporains. Là, en l'occurrence, c'est avec la SNCF. C'est le petit gris de l'époque, donc un transfilien qui a roulé, roulé, roulé. Ma grand-mère le connaissait, c'était dans les années 60. Ce gisement de matière est encore là, n'a pas été détruit, et c'est iconique. Donc en fait, il faut en faire quelque chose, le remanier au goût du jour, donc il y a un vrai travail de designer, mais avec un vrai regard arsenal, parce qu'il faut justement que ça tienne, ça marche. Et l'idée, c'est de rester comme la SNCF, c'est design industriel, Roger Tavon, toutes ces inspirations-là, c'est du design fonctionnel, utile. et résistant. C'est vraiment avoir cette idée et ensuite le faire. Après, c'est une vente aux enchères qui va se faire sur une exposition au mois de décembre. Tous les bénéfices reviennent à une association. C'était le Resto du Coeur l'année dernière. Cette année, on ne sait pas encore qui ça va être. En plus, il y a cette portée sociale qui m'est chère et qui, à chaque fois, ça se met devant moi comme ça, du pain béni. Et je me dis, mais c'est trop bien. Tu bosses pour des choses qui t'inspirent, qui te font plaisir, qui sont éthiques, qui sont bien pour l'environnement, dans la ligne du temps et en plus, qui sont sociales. Donc franchement, coup bénéfique, trop bien.

  • Speaker #2

    Quels sont les principaux enjeux que tu rencontres aujourd'hui dans ton métier ?

  • Speaker #0

    L'enjeu pour l'artisan, c'est forcément se faire plaisir, mais c'est aussi d'arriver à payer son loyer. Les trois bases fondamentales, c'est à se nommer, à se loger, à se métirer. Avec ça, on peut vivre. Et du coup, forcément, il faut faire rentrer de l'argent. Et ce qui est assez difficile aussi, c'est que si tu es au fond de ton atelier tout seul, les projets ne vont pas forcément se faire comme ça. Il faut apprendre à faire les devis, les factures, pour rendre son temps au juste prix. L'idée, c'est de faire ça aussi. Et il y a un autre enjeu, c'est celui de la sécurité. C'est quand même un métier manuel où il y a des risques potentiels. Il faut anticiper tout ça. Et il faut toujours essayer de se projeter. Un accident, ça peut mettre le pied à terre pendant quelques temps. Sachant que pour le coup, j'ai déjà vécu ce genre de traumatisme dans la vie pro. Qui ne m'a pas battu loin de là. Au contraire, ça m'a rendu plus fort. Donc l'idée, c'est que si un jour, il se passe quelque chose, il faut simplement assumer économiquement les frais fixes qu'il faut. Donc il faut anticiper ça. Pour avoir un regard, il y a de l'artisan dans son atelier. Il faut essayer vraiment de gérer ce problème-là. Si jamais il se passe quelque chose le jour, il faut rebondir, toujours de la bonne manière. Même avec une main en main, il y a des mecs qui se débrouillent. Il y a des très belles histoires qui existent. C'est un enjeu aussi, c'est de faire attention à soi.

  • Speaker #2

    Et toi, tu fais comment justement pour anticiper ces possibles accidents ?

  • Speaker #0

    En fait, depuis l'accident, j'imagine souvent des situations d'accident. Je pense que c'est un peu le trauma qui peut rester. Il y a beaucoup de moments où je me dis attention à ça. Hier soir, pendant tout le moment, j'étais à l'escalade, je fais du bloc. Il y a un mur qui est en dalle. Si on glisse, on peut facilement se taper la mâchoire. Franchement, je préfère aller monter un autre mur que de monter celui-là. Parce que si jamais tu glisses, tu te fractures une chicot, c'est dommage. C'est juste essayer d'éviter les problèmes. Le problème, c'est que la nature revient toujours au galop. Que tu la pousses, elle revient. Et j'ai une nature à vouloir toujours foncer. et aujourd'hui je suis en vélo plus en moto souvent je me dis ralentis quoi fais gaffe parce que c'est con de te faire renverser par une voiture et de ne pas pouvoir bosser pendant deux mois quand tu es tout seul. Si toi, tu n'es pas là, les machines ne tournent pas et elles s'enrayent. Donc, il faut que tu sois là.

  • Speaker #2

    Tu as un casque ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, j'ai un casque. C'est bien lignable. Ma copine m'a mis des lignes partout. J'en ai sur les rayons. Ça fait des petits cœurs bleus. C'est génial. Il y a tout ce qu'il faut.

  • Speaker #2

    C'est bien, c'est bien. Comment tu vois ton artisanat en général dans le futur ?

  • Speaker #0

    Dans le futur, l'artisanat, les pénisteries, je le vois vraiment être plus présent. Les gens ont ce besoin de faire du bricolage. On le voit très bien avec Weekendoo qui fait venir des gens dans les ateliers former les gens pendant trois heures en partie avec un objet matériel. Les gens veulent vraiment revenir à ça. Je pense que les formations pour les jeunes vont se développer. On le voit aujourd'hui, ça revient sur le devant de la scène, tous ces métiers manuels, et ils sont valorisés. Justement, on montre que c'est aussi un vrai savoir. Je vois bien les business theory devenir un métier assez démocratisé. Après, on parle de makers aujourd'hui. J'avoue que ce terme-là, il est un peu vague, mais c'est un peu ceux qui dessinent et qui font. Et il y a beaucoup de profils qui sont des designers, mais qui sont artisans aussi, qui veulent vraiment bosser de leur main. Il y en a, ils appellent ça les néo-artisans, il me semble. En gros, c'est vraiment cette nouvelle vague d'artisans qui n'ont pas fait une grande école et ensuite qui vont faire que ce métier toute leur vie. Ils touchent un peu à tout, en gros. Le côté artisan designer, je le vois bien fusionner et faire vraiment une filière presque à part entière. L'humain historique dans le futur, c'est aussi une image qui change. C'est quelque chose qui m'a marqué quand j'ai commencé à travailler, parce que j'ai fait des études de design au début. Je me présentais plus comme designer. Tout de suite, un peu l'effet de halo. Designer, ça va être celui qui va être assis, qui va se la péter un peu, alors que pas du tout. Tous les designers ne sont vraiment pas comme ça. Enfin, ceux que je connais en tout cas. Quand j'ai fait formation en ébénisterie, je me suis plus dit ébéniste. Ébéniste, personne ne te donne un chapeau et dit ça y est, tu es ébéniste, tu l'es dès lors que tu travailles le bois. Ce que tu comptes, c'est que tu es ébéniste, tu vas apprendre toute ta vie à l'être et à rester. Un ébéniste de 60 ans, évidemment, a un savoir énorme par rapport à un ébéniste qui commence depuis deux ans. Mais voilà, on ne peut pas attendre d'avoir 60 ans de métier pour dire je suis ébéniste. Et quand j'avais commencé à dire je tombe, je suis veniste. J'ai été assez surpris par le capital sympathie que tout le monde a tout de suite. Et tout le monde connaît quelqu'un qui travaille le bois. Le bois, c'est une matière qui est vraiment aimée de manière générale par les gens, chaleureuse, qu'on connaît bien chez nous. Il y a beaucoup de forêts, donc c'est vraiment dans notre culture. Et ça, c'est un capital sympathie qui m'a marqué et que j'adore. Donc c'est vrai que quand je me décris en général, je vais plus être ébéniste que designer, pas parce que je préfère me faire mousser et qu'on me dit « Ah, super, c'est sympa et tout » , mais parce que je me sens plus aujourd'hui ébéniste que designer. Et le fait de créer Formel Studio avec Timothée, c'est parce que je ne veux pas perdre de vue le design. En tout cas, c'est plus de l'artisanat avec un regard designer. Et Formel, on part plus designer avec ce regard artisanal. Je parle beaucoup trop, c'est un truc de ouf. Je suis une wavy-plaine, en fait.

  • Speaker #2

    Non, t'inquiète pas. Merci beaucoup, Nicolas. Merci d'avoir partagé ton savoir, ton histoire. Merci. Et puis, à bientôt. Merci.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que l'histoire de Nicolas vous aura inspiré. Si vous souhaitez en savoir plus sur son travail, n'hésitez pas à vous rendre sur Facebook ou Instagram à Histoire d'artisan. Vous pouvez m'aider à faire découvrir les histoires d'artisan au plus grand nombre en mettant une note sur iTunes et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire.

Description

Dans cet épisode nous accueillons Nicolas Mérigout, designer ébéniste. C’est le jour où il a compris qu’il voulait faire du design que Nicolas a eu son déclic. Il est passé des cinq derniers de la classe au lycée aux premiers en école de design. Il nous raconte ce qui l’a amené à passer de la conception à la création, le bois étant comme une évidence pour lui puisqu’il a grandi dans une famille d’ébénistes. Il y a quelques années, Nicolas a eu un accident de la route qui l’a immobilisé pendant un an. De cette épreuve il en a fait une force et a construit sa marque Apical Studio. Derrière ce projet il y a de vraies valeurs éthiques et environnementales. Il souhaite que ses créations suivent ses clients pendant de nombreuses années c’est pourquoi il réfléchit à des design indémodables dans des matières durables. 

Si vous souhaitez en savoir plus sur son travail, n’hésitez pas à m’écrire sur facebook ou instagram à histoiresdartisans. Vous pouvez m’aider à faire découvrir les Histoires d’Artisans au plus grand nombre en mettant une note sur Itunes et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. J’espère que l’Histoire de Nicolas vous inspirera et que vous finirez cette épisode comme moi, avec le sourire. Belle écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans mon atelier.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Histoire d'artisan. Je suis Lysée Millet et je serai votre guide dans l'exploration de l'artisanat. Je vous fais découvrir les visages, plutôt les voix, de ces femmes et hommes qui ont décidé de passer leur vie à clé. Aujourd'hui, nous accueillons Nicolas Mérigou, designer ébéniste. C'est le jour où il a compris qu'il voulait faire du design que Nicolas a eu son déclic. Il est passé des cinq derniers de la classe au lycée, au premier en école de design. Il nous raconte ce qui l'a amené à passer de la conception à la création, le bois étant comme une évidence pour lui, puisqu'il a grandi dans une famille d'ébénistes. Il y a quelques années, Nicolas a eu un accident de la route qui l'a immobilisé pendant un an. De cette épreuve, il en a fait une force et a construit sa marque Apical Studio. Derrière ce projet, il y a de vraies valeurs éthiques et environnementales. Il souhaite que ses créations suivent ses clients pendant de nombreuses années. C'est pourquoi il réfléchit à des designs indémodables dans des matières durables. J'espère que l'histoire de Nicolas vous inspirera et que vous finirez cet épisode comme moi, avec le sourire. Belle écoute !

  • Speaker #2

    Bonjour Nicolas et merci de m'accueillir dans ton atelier. Est-ce que tu peux nous raconter ton histoire Nicolas ?

  • Speaker #0

    Alors ma histoire a commencé par des études en design. Donc l'idée c'était de faire un BTS design d'espace, plus orienté vers l'arche d'intérieur. Ensuite j'ai fait un DSA, donc un master en design global. Donc là c'était plutôt l'enjeu d'élargir un peu les connaissances en termes de design. Donc il y a design textile, produit, espace et graphisme. Et ce fameux DSA où j'étais, c'était un des premiers en France qui faisait justement... un mélange entre les espaces, les produits et les graphistes. C'était des classes de 24 avec 8 espaces, 8 produits, 8 graphistes et l'idée c'était de bosser ensemble sur des projets comme si on était en agence de design. Donc ça permet d'élargir le réseau et du coup aujourd'hui mes colloques qui sont une graphiste et un produit venaient de ce DSA aussi et voilà ça fait un vrai réseau qui est assez mélangé comme dans une agence donc ça m'a semblé plus intéressant et ça m'a apporté beaucoup de collaboration future. Et ensuite, après ça, après le master, donc là, c'était la partie scolaire. Tout ce qui s'est passé pendant le master, c'était beaucoup d'ordinateurs, très, très peu d'ateliers, très peu d'activités debout. Et rester assis, c'est assez compliqué pour moi. D'ailleurs, j'ai mal sur mes chaises. Et l'idée, c'était de passer côté atelier, parce que j'aime beaucoup le travail. Donc, en partant de ce DSA, je me suis dit, tiens, il me reste trois mois de stage conventionné. Qu'est-ce que je peux en faire avant de commencer une vie pro ? Donc j'ai appelé plein d'entreprises sur Paris, plutôt pour faire de l'alternance au début avec une école en formation, que des refus, personne prend d'alternance, c'est très très compliqué d'avoir un alternance justement et en plus qui n'a jamais bossé dans les ministéries. L'idée j'ai fait ok, vas-y on fait un stage, si ça vous va, ils ont dit allez on est parti, donc j'étais Atelier CY à l'époque, c'était une entreprise qui s'appelle aujourd'hui Atelier Synapse, mais c'est la même chose, c'est juste ils sont affilés avec un CY en plus. Et en trois mois, j'ai appris un max de choses, vraiment beaucoup, avec des grosses journées, 10 heures, 22 heures, des chantiers assez durs. Mais du coup, tu apprends vraiment la vraie vie, le vrai travail, et autant le bois que plein de choses dans les chantiers. Et du coup, après, j'ai bossé un an en freelance avec eux. Donc, c'est là où j'ai pu bien asseoir les connaissances, mettre en pratique et en étant payé en tant que pro. Du coup, s'ils se rendent compte un peu de la valeur du travail, le temps de travail, toutes ces choses-là, ça permet de faire un premier passage. et ensuite donc petit accident de la vie donc qu'un accident de la route qui m'a permis de réfléchir pas mal sur tout ça et donc de revenir ensuite et bosser que pour moi donc en créant apical studio qui est mon auto entreprise et là qui est plus tournée donc artisanat mais en gardant un peu d'amour à mon bagage de designer et d'ici le matin d'application de proposer aux clients ben voilà un artisanat avec un regard designer donc essayer d'avoir des proportions juste, avoir un bel esthétisme de l'objet, un rangement c'est pas simplement un casier et c'est fini. Du coup voilà, avec les finitions, le travail de détails, toutes ces choses là, et de pouvoir le faire. Et l'idée de faire du coup ce parcours manuel, c'était aussi dans un objectif de vie, c'était que je voulais continuer le design, mais quand on n'a pas de sous, on ne peut pas payer ses prototypes. Donc du coup, si tu n'as pas de commandes, tu ne peux pas faire tes créations. Et l'idée c'était d'apprendre à pouvoir apprendre l'artisanat, Donc les Benistory ça a été naturel pour moi parce que du coup la grand-père était menuisier, le grand-père aussi, donc j'ai toujours été un peu béni dans cet univers et j'ai souvent travaillé le bois en tant que type. Donc quand je revois mes projets d'avant, je me dis putain je respectais pas la matière. Les erreurs de débutant assez énormes, mais bon voilà il faut bien apprendre. Et du coup pour apprendre ce savoir-faire, pour fabriquer ses propres protos, ça a été vraiment genre comme un éclair, ça me semblait évident. Et du coup j'ai pu commencer à faire ça. Donc petit à petit j'ai pu faire mes premiers protos. Donc voilà, de plus en plus perfectionné. Aujourd'hui, c'est justement cette cartouche qui me permet de me dire que le monde du design... Et atteignable dans le sens où si je n'ai pas de clients, ça ne m'arrête pas. Je dessine, je fabrique, je fais les photos et on me propose. Et dès que j'ai un client, c'est un petit projet en côté. Ça permet vraiment de se dire qu'on n'est pas tenu par quelque chose. On peut y aller et quoi qu'il se passe, après il n'y a que des bonnes occasions, des bonnes opportunités qui se présentent en général. Ce qu'il faut, c'est toujours avancer. Au moins, je ne suis pas freiné par ce côté-là matériel et le problème financier. sur quand on n'a pas de mécène qui paye deux ans de développement pour un objet, il faut faire ça même et du coup, autant le faire bien.

  • Speaker #2

    Visiblement, tu as une certaine appétence pour le bois. Qu'est-ce qui t'a donné envie d'aller vers le design ?

  • Speaker #0

    Le design, c'était... Là, pour le coup, c'est vraiment en mode... Ça m'est venu comme un flash. Parce que moi, je ne suis pas du tout scolaire. Donc, tout ce qui était les études, le collège, j'en ai un très bon souvenir parce qu'il y avait les récréations. Mais sinon, je... beaucoup de difficultés à rester en place justement sur une chaise et écouter quelqu'un parler, faire des cours magistraux qui étaient intéressants avec du recul mais qui m'ennuyaient profondément à l'époque et du coup en cours de technologie en 3ème genre le seul cours où on commençait à toucher un peu des choses on a dû faire une horloge et on devait dessiner notre horloge du coup à l'époque j'avais dessiné une guitare parce que je faisais de la guitare comme tout adolescent qui se restait avec les cheveux longs et du coup le fait de pouvoir créer quelque chose. avec un stylo et une feuille et de le mettre ensuite en matière, ben franchement j'étais mais beaucoup proche sur ce cours là, j'en ai passé des heures et des heures à faire plein de croquis, en plus chez moi chose que je faisais jamais parce qu'en fait j'en ai devoir, je voulais même pas les faire et là je m'en rajoutais, donc je me suis dit ça c'est cool, et après ce moment je me suis dit je veux faire du design produit donc après je suis parti en design d'espace parce que il y a eu une autre inspiration entre temps mais il y avait cet objectif de produit et après le design, petit à petit dans mes études justement, je regardais souvent Télé Matin le matin avec un week design de Sylvie Améliard, je peux parler d'elle. Et ça, ça m'a donné vraiment envie de faire des choses de plus en plus, justement, abouties. Et ça m'a carrément boosté, en fait, parce que tous les matins, je devais me lever pour aller au lycée, faire mon PS. Là, finalement, je voyais une petite revue de design avec des expos, des choses qui étaient hyper intéressantes. Et ça, je me disais, putain, mais OK. Et en fait, toute la journée, je pensais à ça dans ma tête. Je crionnais, je faisais plein de trucs. J'essayais d'écouter au mieux les cours pour essayer d'avoir le bac que je l'ai eu. Mais voilà, sans... Avec du mal quand même, j'ai dû bosser beaucoup et sans beaucoup de plaisir, on va dire. Mais bon, j'imagine comme pas mal de personnes. Et après, dès que je suis placé côté design en mise à niveau, donc en mana, c'est une sorte de Ausha, ensuite en BTS. Là, c'était genre, je suis passé du, je sais quoi, peut-être dans les cinq derniers de la classe, je suis passé le premier, ça c'était une évidence. Genre, je bossais, même pas forcément tout le temps, mais trop bien. Et les premières charrettes jusqu'à quatre heures du mat, tout ça, et en fait, c'est trop bien. c'est là où tu te rends compte que ça c'est une passion parce que du coup tu comptes pas tes heures et tu peux ne pas dormir pour un projet et c'est trop bien, le design ouais c'est une évidence après c'est la création au delà du design j'aime beaucoup la culture design j'aime beaucoup ça c'est genre dessiner et le mettre en volume c'est trop bien

  • Speaker #2

    Et si tu avais un conseil à donner à tous ces parents qui sont justement désespérés par leurs enfants qui ne travaillent pas à l'école et qui ne sont pas intéressés par les matières classiques ?

  • Speaker #0

    Bah écoute, sans faire le vieux con, c'est juste qu'il faut quand même qu'ils le fassent parce que c'est une culture générale qu'on apprend. Ensuite, il faut aussi qu'ils aient des temps off et qu'ils fassent ce qu'ils ont envie. Donc si c'est le sport qui les intéresse, peut-être qu'ils seront des années plus tard, mais si c'est le sport qui les intéresse maintenant, il faut qu'ils fassent du sport à fond. Il faut apprendre à faire quelque chose. Ça, c'est vraiment ma vision très personnelle. apprendre à faire des choses à fond, à 100% jusqu'au bout, pour savoir à quel point ça peut coûter un engagement sur quelque chose. Par exemple, tu peux dire que tu arrives en finale de Coupe de France. Personne ne connaît ce sport dans certains milieux, mais tu as fait quelque chose de A à Z, il y a un aboutissement. Et quand tu y arrives, tu te dis que finalement, je suis peut-être arrivé pour les maths. Du coup, tu commences par la base, et tu arrives à avoir ta bonne note au bac, et tu te dis que tu as réussi. Après, tu feras sur des choses qui te plaisent, dans un milieu économique aussi, trouver un métier qui peut te faire vivre et en même temps qui te fasse kiffer. C'est la base, c'est l'objectif. C'est cool. Au début, on parlait de formation artisanale. Moi, je n'ai pas fait la formation à l'école boule. Il y a beaucoup de gens qui me disent, ah, t'as fait boule. C'est pas parce que t'es ébéniste que t'as fait boule. Oui, il y a beaucoup de boulistes en France, mais il n'y a pas que cette école déjà qui forme et t'es posé de faire une école pour être ébéniste. Et il y a même une fois, une... une personne qui parlait de moi à d'autres et j'étais là, j'entendais, elle avait dit que j'avais fait l'école boule. C'était une personne qui me vendait un client, donc gentiment. Mais du coup, j'ai dû arriver et dire, ouais, non... on parait que bélan dans ma barbe mais non je n'ai pas fait l'école boule d'un coup on voit après dans les yeux ah t'as pas fait l'école boule,

  • Speaker #2

    bah t'es pas ébéniste alors est-ce que tu as une anecdote à nous raconter ?

  • Speaker #0

    une anecdote il y a eu une anecdote qui a pas mal marqué ma vie il y a quelques temps du coup j'avais fait cette formation en ébénisterie en stage j'ai bossé avec les gars pendant un an et j'avais fait justement de l'ébénisterie pour pas rester assis sur ma chaise de créatif et pouvoir me lever et faire des choses aussi et justement je reste tout le temps debout maintenant je m'assois plus souvent et le problème c'est que bah en voulant bosser pour des gars en voulant monter ma boîte mais petitement je bossais le vendredi pour moi plus les week-ends donc je bossais 7 jours sur 7 toute l'année tout le temps à fond et du coup je revenais d'un rendez vous client qui était perso en plus le soir une voiture m'a fauché en moto et du coup bah pif voilà une fémur genre bien fracturé et je me suis retrouvé un an habité un an à l'hôpital pour un mec qui ne voulait pas rester assis c'était un peu un no-comble mais ça m'a permis de déjà je positif tout le temps surtout donc j'en ai tiré des conséquences ça m'a calmé aussi d'un point de vue je suis moins foufou moins cheval fou j'essaie de faire attention et ça m'a permis de rencontrer déjà des personnes extraordinaires en centre de rééducation qui n'ont plus de jambes donc déjà aujourd'hui quand on est un peu fatigué la vie est terminée toujours cette petite voix d'air qui me dit c'est que t'es mieux là quand même avec tes deux jambes à pouvoir marcher donc te prends pas et continue de sourire et de kiffer tout ça clairement ça je me le dis très souvent et c'est pas c'est vraiment pas une c'est pas hypocrite quoi que dire ça c'est vraiment vrai je me le dis souvent et et ça m'a permis de prendre le temps justement quand t'es allongé par contre t'es le carré au plafond tu réfléchis à ce que tu veux faire donc j'avais toujours ce objectif de monter ma boîte mais du coup je me suis dit bah Quand je reviendrai, au début, les chirurgiens me disent « T'en as pour 6 mois et c'est bon, tu reprends le travail. » En fait, non. Au début, c'était 3 mois, après 6 mois, c'était 1 an. Et du coup, voilà. Heureusement, je ne le dis pas direct, mais j'avais l'objectif de vite remonter et remettre le pied à étrier. Pour le coup, je ne voulais bosser que pour moi. Je voulais arrêter de me faire expérience pour une autre boîte. Et donc, j'ai réfléchi au nom, j'ai réfléchi au logo, j'ai réfléchi à toute la démarche, l'économie, j'ai monté mon business plan. tout ce qui est faisable à l'assis ou à l'onger, j'ai pu faire tout ça. Et j'ai commencé à dessiner aussi pas mal de choses. J'ai fait des projets en modélisation et qui étaient prêts pour le jour où je pourrais justement remettre le pied par terre. Et quand c'est arrivé, les ateliers Synapse, les fameux gars qui m'ont formé, m'ont donné la chance d'avoir un espace chez eux pour pouvoir bosser, reprendre le travail sans avoir de pression de loyer et de frais assez lourds. Et du coup, grâce à eux, pendant un an, j'ai pu me lancer. Au début, j'étais avec ma canne à la Doctor House. Je montais sur la mézanine, l'escalier un peu, mais avec la canne. J'avais des planches dans un bras et la canne dans l'autre. J'avançais, je travaillais l'atelier, je mettais 10 minutes. Franchement, c'était folklorique. Heureusement qu'ils m'ont laissé cette possibilité, parce qu'un mec avec une canne dans l'atelier, normalement, ce n'est pas trop ce qu'on imagine. Et là, c'était vraiment trop bien. Et j'ai pu faire des démobiliers comme ça. Je mettais beaucoup plus de temps qu'aujourd'hui forcément. Mais en m'appliquant, j'ai pu lancer. Et puis là, après, au bout d'un an, je pense qu'il est temps que je prenne mon envol. Ça y est, je n'avais plus de problème à la jambe. Je commençais à faire un petit peu de rentrée d'argent pour pouvoir payer un loyer. Je me suis fait, on y va, on s'en va.

  • Speaker #2

    Quelles sont tes sources d'inspiration ?

  • Speaker #0

    Les sources d'inspiration, elles viennent de... tous les jours, vraiment de n'importe où. En fait, je me balade, je vais voir une barrière avec un petit détail rigolo. Je fais ah putain, c'est une bonne idée. Mais du coup, appliqué dans un autre domaine, ça peut apporter quelque chose de super intéressant. Et souvent, ça vient de l'industrie. J'aime bien le design industriel et les assemblages extrêmement d'ingénierie, très intelligent et très, très travaillé, très précis. Ça, je trouve ça magnifique. Une pièce genre du ruineau, je trouve ça magnifique. C'est une des plus belles pièces de design parce que le design, ça part aussi du design industriel quand même. Ça, c'est une vraie inspiration de Zain Industriel. C'est presque un objectif aussi, un jour, de pouvoir faire des projets, justement, à l'échelle indus.

  • Speaker #2

    Je ne sais pas ce que c'est une turbineuse.

  • Speaker #0

    Une turbine, par exemple, une turbine d'avion pour un réacteur. Ou ça peut être, genre, juste une entretoise filetée à l'intérieur. Enfin, voilà, j'en ai ici, enfin, des pièces, des pièces même de cargayerie, mais qui sont extrêmement bien finies, qui sont vraiment, genre, la machine est calibrée pour faire ça parfaitement sur une série de 10 000. C'est incroyable, je trouve ça super beau. Donc ces pièces appliquées justement dans tous les jours que tu peux croiser comme ça, sur des machines, des ornithes, c'est inspirant je trouve. Et puis après, ce qui inspire beaucoup, c'est l'atelier justement. tu fais un projet pour quelqu'un, mais en faisant ce projet tu te dis ah putain c'est trop malin ce système, et en fait tu vas pouvoir l'appliquer justement sans faire de plagiat, au contraire c'est juste faire un petit pas de côté et avec ce pas de côté tu vas pouvoir faire un objet totalement différent l'assemblage va pas avoir le même usage, peut-être mais ça va te faire justement une inspiration et ça vient tout seul en fait et quand t'es tout seul c'est ça qui est bien, c'est que les projets viennent au compte-goutte mais justement t'en as pas trop, t'as juste ce qu'il faut et les inspirations aussi, parce que quand t'en as trop tu notes tout dans un carnet mais t'aboutis à rien Ce qu'il faut, c'est avoir quelques inspirations, mais pouvoir les aboutir sur des photos, sur des tables, des choses comme ça. Et puis après, forcément, il y a le design qui vient aussi en jeu, avec tout ce que j'ai pu faire comme expo, voire comme émission. Dans les cours, j'aime beaucoup le design années 60-70, mais après, j'aime beaucoup le design d'espace aussi, les artistes, tout. Franchement, ça vient de partout après. Mais ça, c'est l'univers design qui parle un peu plus.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux nous présenter ton artisanat ? Et par là, j'entends un petit peu ton travail au jour le jour, les techniques que tu utilises.

  • Speaker #0

    Ouais. Du coup, présenter mon artisanat, ça ne serait pas genre les belles histoires, parce que du coup, l'artisanat que je vais essayer de mettre en place, c'est vraiment plutôt le travail manuel. Au-delà de simplement le travail du bois, j'essaie de travailler d'autres matériaux, mais sans dire que je ne suis pas sévrier, je ne suis pas maroquiner, mais du coup, je m'ouvre à d'autres techniques. Celui que je fais tous les jours, c'est vraiment essayer de passer du dessin à la matière. Donc ça va souvent être du travail avec tout type de matériaux, principalement le bois, pour le mettre en application. Après, dans l'atelier, ce n'est pas un atelier très grand, donc du coup, il y a beaucoup d'outils portatifs. Mais j'essaie de pousser au maximum justement, je ne veux pas avoir trop de machines stationnaires qui prennent beaucoup d'espace, beaucoup d'entretien, beaucoup d'investissement. Donc c'est plutôt du portatif et en le poussant au maximum, tu peux faire des détails super intéressants et réutiliser aussi les outils de l'époque. On ne sait pas tous les jours, mais quand tu les utilises, ça fait plaisir. C'est-à-dire les sites de bois que tu as récupéré chez le grand-père, il y a juste à les raffuter. L'acier était de meilleure qualité à l'époque qu'aujourd'hui, donc en plus c'est un meilleur outil que ce que je pourrais acheter de neuf aujourd'hui. les scies japonaises, tous ces outils assez incroyables qui permettent dans la journée, je passe assez vite de l'ordinateur aux machines et l'ordi fait partie de l'artisanat pour moi. Autant que par exemple, aujourd'hui, on parle beaucoup des réseaux Instagram et compagnie. Instagram, c'est une machine qui fait partie de l'atelier pour moi. C'est un outil qu'il faut savoir manier, qu'il faut faire attention de ne pas se blesser avec et il faut vraiment l'utiliser à bon escient. pour les bons projets, mais qui te permet de finir ton projet. Et je trouve que c'est vraiment important de le voir comme ça, parce qu'en tant qu'artisan, c'est, je crois, un des premiers médias qu'on va avoir depuis que les artisanats existent, qui permet de montrer aux gens ce qui se passe à l'atelier. Et quand un client, il me demande une table, et qu'en story, il va voir sa table se faire, je pense que ça n'a pas de valeur pour le client. Enfin, ça n'a pas de valeur, c'est sûr, c'est juste du sentiment, mais ça a une plus-value énorme sur l'objet, et c'est assez intéressant. Et après, moi, j'aime bien aussi tout ce qui va être un peu poétique ou sensible. Par exemple, j'avais fait une bibliothèque pour ma mère avec le châtaignier de mon grand-père qui était béniste, qui est décédé aujourd'hui. On avait vraiment le cœur du bois, en plus, qui était en forme de flower power. Donc, c'était ouf. Alors, j'ai kiffé. Et en comptant, il y avait 113 anneaux, approximativement. Donc, du coup, j'ai pu dire à ma mère que j'ai fait sa bibliothèque avec le bois du grand-père. Et en plus, le bois, plus de moutous, donc c'est assez fort. Ça te permet de te dire, quand tu bosses sur une planche, Tu dis là, je vais m'appliquer. Et je veux faire bien, je ne veux pas rater. Ce n'est pas genre, je la rate, ce n'est pas grave, je jette le bois, je reprends un et je recommence. Non, je le fais. Et même auquel cas, tu vois, parce qu'un accident, ça arrive, il faut savoir réparer, il ne faut pas jeter. Et justement, je ne suis plus dans cette démarche de toujours essayer d'optimiser. Et la matière, dans le design aussi que je mets en place, c'est des objets qui vont avoir des formes très épurées, parce que j'aime aussi les choses sobres et élégantes, mais aussi parce que je veux avoir des objets qui rentrent dans une... une réalité économique et en même temps rester sur du matériau de qualité. Donc en gros, les clients parfois vont dire, du coup, c'est trop cher, on peut passer sur de l'aggloméré. Non, je ne bosse pas avec ces bois-là parce que selon moi, c'est des saloperies. Il y a plein de cols, c'est toxique, ça ne m'intéresse pas de le travailler. Je bosse avec du massif. Du coup, moins tu as de matière sur l'objet, plus tu vas mettre de la bonne qualité au même prix. Donc c'est vraiment l'idée de faire des lignes très simples pour justement garder cette matière-là. Et pareil sur les finitions, finition naturelle de bonne qualité donc moins tu as de surface, plus tu pourras vendre ton objet à un prix quand même qui rentre dans une réalité économique. Donc ça rentre vraiment dans le design je pense qu'il y a aussi cette notion de pouvoir le vendre ton objet. S'il est invendable ça n'a aucun sens. Parfois on voit des dessins passés qui n'ont pas de sens parce que dans la réalité oui tu peux le faire mais à quel prix ? Personne ne peut jamais j'ai marché ça. C'est impossible. Mais ça peut être intéressant aussi. J'ai un objet unique à 50 000 balles. Mais c'est pas une affaire. C'est pas encore arrivé. Je serais pas fameux comme ça aussi.

  • Speaker #2

    Donc en fait, toi, tu as un métier où tu passes du temps sur l'ordinateur à dessiner. Et ensuite, tu vas modéliser ça. Ouais. Contrairement à... Alors moi, je te parle du cliché de l'ébéniste. Pour moi, il a incarné un stylo, il fait des croquis et... Oui,

  • Speaker #0

    les croquis, t'en fais toujours. Il y a un tableau Vélida en plein milieu de la télé, c'est vraiment pas pour rien. C'est en mode, quand il y a un client même, on dessine tout de suite pour s'expliquer. Le dessin, c'est très important. Après, l'ordinateur, ça permet de faire beaucoup de choses et ça permet de monter en 3D un projet assez complexe avec les bonnes épaisseurs, tout ça. Donc, il faut vraiment être très rigoureux sur l'ordinateur. C'est pareil, c'est comme Instagram. c'est une machine. C'est comme une ponceuse orbitale, c'est comme une défonceuse. Il faut vraiment le connaître. Quand tu l'utilises bien, ça marche super bien. Et du coup, les 3D, ça te permet ensuite de faire tes fiches de débit. Et une fiche de débit, c'est un tableau Excel. Franchement, on ne fera pas l'agent comptable quand on fait ça. Mais du coup, c'est hyper important de le faire très rigoureusement. Une fois envoyé au fournisseur, il t'envoie les planches et qu'après, il y ait le meuble plus grand à assembler. Et ça, au début, c'était ce que je pouvais faire dans l'autre atelier, c'était justement partir du tronc d'arbre, sectionner en plots, donc déligner. Et en partant de ça, je délignais l'écorce, je panotais, donc je choisissais mes pièces de bois vraiment en fonction de la teinte, des nœuds, de tout ça. Et je faisais des panneaux, et ensuite je faisais mon meuble. Tout ça, ça prend beaucoup de place, ça prend extrêmement de temps. Savoir le faire, c'est très important, mais aujourd'hui, maintenant, les panneaux, il y a des fournisseurs en France qui, c'est leur métier de partir de l'arbre. et de faire un panneau. Ils ont les machines pour ça et c'est très, très bien. Du coup, dès que tu veux te mettre dans une réalité économique, il faut passer par là. Mais c'est bien d'avoir fait avant tout le parcours manuel. C'est ce qu'on apprend sur le moment dans les écoles. Moi, je l'ai appris parce que du coup, là où je me suis formé, on le faisait. Et puis, quand je suis revenu de l'accident, j'avais le temps de faire ça justement parce que comme je n'avais pas d'argent, ça coûte moins cher quand même d'acheter un plot d'art qui a un panneau déjà fait. du coup c'était mon temps et j'ai appris à le faire donc c'était cool et la question qui était sur l'ordinateur pas beaucoup, mais un peu quand même.

  • Speaker #2

    Quels sont les projets sur lesquels tu travailles en ce moment ?

  • Speaker #0

    En ce moment, je travaille sur pas mal de projets qui vont être plus, justement, design. Donc, c'est des créations personnelles et des créations aussi que j'ai faites en collaboration avec Timothée Conquéré. Donc là, on a monté une nouvelle structure. Donc, avec Apical, qui est vraiment l'auto-entreprise où je travaille, je suis artisan avec un regard designer. Et il y a Formel Studio qu'on vient de monter il y a 2-3 semaines avec Timothée Concaret. Là c'est plus des designers avec du coup le regard artisanal. Donc ça permet d'avoir aussi le savoir-faire artisanal, la possibilité de prototyper. Donc là c'est justement ce qu'on est en train de faire, c'est pour l'exposition à Naolehof en septembre. On développe des gammes d'objets, table, bande, bibliothèque, en tant que designer. Et après on appuie directement à l'artisanat, donc on fabrique nos photos, on prépare tout ça pour les expos. Donc en ce moment c'est des projets persos mais qui ont vraiment un but concret au final. et d'ici peu de temps, c'est assez intéressant. Ce qui est aussi, ce n'est pas qu'un projet perso, on a six ans pour le faire en place et il faut le faire pour le mois prochain. Et après, à côté de ça, il y a pas mal de projets qui passent aussi parce que je suis arrivé il n'y a pas longtemps dans l'immeuble, enfin dans mon nouvel atelier, avec les habitations qui sont à côté. Et à l'inauguration, il y a pas mal de clients qui sont venus. Maintenant, les particuliers, j'en prends de moins en moins parce qu'il y a de moins en moins de demandes quand on ne les cherche pas. Mais là, en l'occurrence, il y a deux, trois voisins voisines qui ont voulu avoir une belle pièce de bois chez eux. Je suis sur ces projets-là aussi en parallèle et c'est assez chouette. Ça crée du lien social avec les gens du quartier, donc ça, c'est extrêmement bien. Et en plus, pour les livraisons, c'est optimal, tant pour moi que pour eux. Ça leur coûte moins cher. En plus, moi, c'est hyper facile de partir de l'atelier avec le panneau chargé sur les chariots et d'arriver, s'il manque vraiment quelque chose, je suis à côté. Donc, c'est trop bien. Puis au-delà de ça, il y a le contact avec les gens, c'est plus perso. Je les reverrai plus tard pour me dire comment c'est, où je suis. Enfin, c'est assez cool, tout ce côté-là.

  • Speaker #2

    T'as parlé d'une exposition en septembre ?

  • Speaker #0

    Ouais. Alors en septembre, ça va être pour la Design Week. C'est Now le Off, qui va se passer dans le Marais cette année. Avant, c'était au Doc. C'était la monnaie du design à Paris.

  • Speaker #2

    Tu l'écris comment ?

  • Speaker #0

    C'est N-O-W, le O2F. OK. Maintenant, le Off. Et ça existe depuis quelques années. En gros, l'idée, c'est de mettre en avant les nouveaux designers et artisans qui montent sur la scène. Les millénials, comme ils les appellent. C'est le jeune d'aujourd'hui. Et là, on se lance, nous c'est un peu le lancement officiel pour Formel Studio, donc avec le logo, la charge graphique, les trois premières collections qu'on a pu monter. Donc dessiner, effet, on a certaines déjà un peu vendues à des particuliers. L'idée c'est de trouver d'autres clients, surtout de dire, nous on fait ça, c'est notre style, et on le fait avec cette qualité de finition. Et on le fait en France avec des matériaux français, donc tout le bois est français, la finition est naturelle. Il y a des principes perso que j'applique vraiment dans mon métier. C'est pas en mode, ah ça y est, là, il faut gagner de la thune, j'oublie tous mes principes. Au contraire, je vais me challenger pour réussir à appliquer mes principes de ma vie personnelle dans mon métier. L'idée, c'est aussi de faire des projets qui tiennent dans le temps, pour ne pas avoir à les jeter dans 5 ans, ou dans 2 ans même. Et il y a aussi le côté, le regard des gens, qui peuvent se lasser d'un meuble. Et du coup, un meuble sobre, classe, élégant, c'est ce que j'essaie de faire. donc après voilà, chacun son goût et les couleurs mais en gros c'est plus tu vas rester sobre et élégant et le petit détail subtil qui fait que ton objet vraiment a une touche en plus et bah ça ça peut permettre aussi à l'objet de vivre plus longtemps parce que les gens c'est pas l'objet qui va se casser c'est les gens qui vont le jeter ou le revendre ou autre chose donc s'ils le revendent c'est bien parce que ça va suivre un nouveau cours mais s'ils le jettent ou qu'ils l'abandonnent quelque part bah c'est perdu et donc après bon acheter un et encore et encore et on s'arrête jamais c'est vraiment essayer de faire ça pour des matériaux durables français donc essayer d'avoir un impact carbone le plus faible possible même si forcément tu en as, parce que tu crées un objet. mais après aussi que dans la ligne, ça puisse être intemporel.

  • Speaker #2

    Tu m'avais parlé juste avant qu'on enregistre d'un projet. Quand je suis arrivée, il y avait deux personnes. Tu m'as expliqué un petit peu ce projet.

  • Speaker #0

    Les deux personnes qui étaient là, du coup, c'est... Il y avait le gérant d'une entreprise de curage de bureaux. Ça consiste en fait à récupérer tout le mobilier dans des entreprises qui soit ont fait faillite, soit se délocalisent, soit changent de locaux. Lui, il récupère tout ça. il le remet en état et il le revend. Mais dans tout ce qu'il remet en état, il y a beaucoup de panneaux, notamment de table, de bureau, qui ne peuvent pas se réutiliser comme ça, qui sont abîmés d'un côté, ou autres qui ne peuvent pas être revendus, réutilisés. Donc là, c'est un peu un nouveau terme qui sort, c'est le upcycling, c'est réutiliser des matériaux de recyclage, mais en faire quelque chose en plus. C'est vraiment faire un nouvel objet avec, qui redonne envie à des gens de le posséder, ça permet de ne pas jeter la matière, ou de ne même pas la recycler, c'est juste la remodeler, de contemporain et qui soit fonctionnel. Donc là, avec eux, il y a cette ligne qui est d'utiliser des plateaux, dessiner un objet et donc le prototyper ici. Là où c'est assez intéressant, c'est une entreprise qui fait de la réinsertion ou de l'insertion de personnes. Ça peut être aussi bien des personnes qui sortent de prison que des migrants. Il y a de tout profil. Et c'est des gens qui n'ont pas forcément touché à la matière à l'époque ou alors qui ont travaillé dans leur vie sur des machines. Mais voilà. qui ne savent pas forcément comment faire pour faire son mobilier. Donc l'idée, c'est d'arriver chez eux et de les aider à former les personnes. Il y a vraiment un caractère déjà formateur qui est très intéressant, parce que quand on forme, on se forme soi-même plus quasiment que quand on va former les gens. Et il y a aussi le côté social qui est incroyablement fort, dans le sens où il y a des personnes qui viennent, qui parlent français mais pas forcément très bien, et qui vont dire « oui, j'ai compris » , mais en fait, ils n'auront pas forcément compris. Et il faut vraiment essayer de mettre en application. de manière safe parce qu'on est sur des machines très dangereuses un doigt ça part très vite, donc l'idée c'est que personne ne se blesse, mais en même temps de pouvoir les faire pratiquer tout de suite et que dans le temps ça dure, moi quand je ne suis plus là il faut qu'ils puissent encore fabriquer ces tables et ces bureaux et ces objets et que ça reste une qualité aussi, donc il y aura forcément un suivi, mais l'idée c'est que ces personnes soient valorisées aussi et trouvent des compétences, comme moi quand j'ai appris j'ai pas fait d'école, j'ai appris sur le tas, c'est un peu pareil donc là c'est leur donner cette possibilité et essayer vraiment d'être avec un détail et un soutien du détail important. pour leur transmettre ça, qu'ils fassent des beaux objets, mais qu'ils apprennent aussi. C'est un projet qui est en train de se monter. Et ce côté, vraiment, garder l'artisanat au service du social, je ne m'y attendais pas. C'est tombé dessus comme ça. Mais c'est exactement des projets comme ça qui me motivent aussi pour tous les matins, tous les jours.

  • Speaker #2

    J'en viens à la question des projets futurs. Quels sont tes projets pour le futur ?

  • Speaker #0

    Et les projets futurs, dans un futur proche, là, il y a des projets avec des belles entreprises qui m'ont contacté. Pour justement, c'était contacté sur tout le formel studio. Donc là, c'est avec Timothée. Et l'idée, c'est faire justement, ça tombe les deux en même temps, mais ça me fait prendre conscience que le cycling, c'est une demande qui arrive vraiment fortement. Et là, l'idée, c'est sur des anciens trains de l'époque, des années 60. C'est réutiliser des objets, donc tout ce qu'il y avait sur les trains à l'époque. et en faire des objets contemporains. Là, en l'occurrence, c'est avec la SNCF. C'est le petit gris de l'époque, donc un transfilien qui a roulé, roulé, roulé. Ma grand-mère le connaissait, c'était dans les années 60. Ce gisement de matière est encore là, n'a pas été détruit, et c'est iconique. Donc en fait, il faut en faire quelque chose, le remanier au goût du jour, donc il y a un vrai travail de designer, mais avec un vrai regard arsenal, parce qu'il faut justement que ça tienne, ça marche. Et l'idée, c'est de rester comme la SNCF, c'est design industriel, Roger Tavon, toutes ces inspirations-là, c'est du design fonctionnel, utile. et résistant. C'est vraiment avoir cette idée et ensuite le faire. Après, c'est une vente aux enchères qui va se faire sur une exposition au mois de décembre. Tous les bénéfices reviennent à une association. C'était le Resto du Coeur l'année dernière. Cette année, on ne sait pas encore qui ça va être. En plus, il y a cette portée sociale qui m'est chère et qui, à chaque fois, ça se met devant moi comme ça, du pain béni. Et je me dis, mais c'est trop bien. Tu bosses pour des choses qui t'inspirent, qui te font plaisir, qui sont éthiques, qui sont bien pour l'environnement, dans la ligne du temps et en plus, qui sont sociales. Donc franchement, coup bénéfique, trop bien.

  • Speaker #2

    Quels sont les principaux enjeux que tu rencontres aujourd'hui dans ton métier ?

  • Speaker #0

    L'enjeu pour l'artisan, c'est forcément se faire plaisir, mais c'est aussi d'arriver à payer son loyer. Les trois bases fondamentales, c'est à se nommer, à se loger, à se métirer. Avec ça, on peut vivre. Et du coup, forcément, il faut faire rentrer de l'argent. Et ce qui est assez difficile aussi, c'est que si tu es au fond de ton atelier tout seul, les projets ne vont pas forcément se faire comme ça. Il faut apprendre à faire les devis, les factures, pour rendre son temps au juste prix. L'idée, c'est de faire ça aussi. Et il y a un autre enjeu, c'est celui de la sécurité. C'est quand même un métier manuel où il y a des risques potentiels. Il faut anticiper tout ça. Et il faut toujours essayer de se projeter. Un accident, ça peut mettre le pied à terre pendant quelques temps. Sachant que pour le coup, j'ai déjà vécu ce genre de traumatisme dans la vie pro. Qui ne m'a pas battu loin de là. Au contraire, ça m'a rendu plus fort. Donc l'idée, c'est que si un jour, il se passe quelque chose, il faut simplement assumer économiquement les frais fixes qu'il faut. Donc il faut anticiper ça. Pour avoir un regard, il y a de l'artisan dans son atelier. Il faut essayer vraiment de gérer ce problème-là. Si jamais il se passe quelque chose le jour, il faut rebondir, toujours de la bonne manière. Même avec une main en main, il y a des mecs qui se débrouillent. Il y a des très belles histoires qui existent. C'est un enjeu aussi, c'est de faire attention à soi.

  • Speaker #2

    Et toi, tu fais comment justement pour anticiper ces possibles accidents ?

  • Speaker #0

    En fait, depuis l'accident, j'imagine souvent des situations d'accident. Je pense que c'est un peu le trauma qui peut rester. Il y a beaucoup de moments où je me dis attention à ça. Hier soir, pendant tout le moment, j'étais à l'escalade, je fais du bloc. Il y a un mur qui est en dalle. Si on glisse, on peut facilement se taper la mâchoire. Franchement, je préfère aller monter un autre mur que de monter celui-là. Parce que si jamais tu glisses, tu te fractures une chicot, c'est dommage. C'est juste essayer d'éviter les problèmes. Le problème, c'est que la nature revient toujours au galop. Que tu la pousses, elle revient. Et j'ai une nature à vouloir toujours foncer. et aujourd'hui je suis en vélo plus en moto souvent je me dis ralentis quoi fais gaffe parce que c'est con de te faire renverser par une voiture et de ne pas pouvoir bosser pendant deux mois quand tu es tout seul. Si toi, tu n'es pas là, les machines ne tournent pas et elles s'enrayent. Donc, il faut que tu sois là.

  • Speaker #2

    Tu as un casque ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, j'ai un casque. C'est bien lignable. Ma copine m'a mis des lignes partout. J'en ai sur les rayons. Ça fait des petits cœurs bleus. C'est génial. Il y a tout ce qu'il faut.

  • Speaker #2

    C'est bien, c'est bien. Comment tu vois ton artisanat en général dans le futur ?

  • Speaker #0

    Dans le futur, l'artisanat, les pénisteries, je le vois vraiment être plus présent. Les gens ont ce besoin de faire du bricolage. On le voit très bien avec Weekendoo qui fait venir des gens dans les ateliers former les gens pendant trois heures en partie avec un objet matériel. Les gens veulent vraiment revenir à ça. Je pense que les formations pour les jeunes vont se développer. On le voit aujourd'hui, ça revient sur le devant de la scène, tous ces métiers manuels, et ils sont valorisés. Justement, on montre que c'est aussi un vrai savoir. Je vois bien les business theory devenir un métier assez démocratisé. Après, on parle de makers aujourd'hui. J'avoue que ce terme-là, il est un peu vague, mais c'est un peu ceux qui dessinent et qui font. Et il y a beaucoup de profils qui sont des designers, mais qui sont artisans aussi, qui veulent vraiment bosser de leur main. Il y en a, ils appellent ça les néo-artisans, il me semble. En gros, c'est vraiment cette nouvelle vague d'artisans qui n'ont pas fait une grande école et ensuite qui vont faire que ce métier toute leur vie. Ils touchent un peu à tout, en gros. Le côté artisan designer, je le vois bien fusionner et faire vraiment une filière presque à part entière. L'humain historique dans le futur, c'est aussi une image qui change. C'est quelque chose qui m'a marqué quand j'ai commencé à travailler, parce que j'ai fait des études de design au début. Je me présentais plus comme designer. Tout de suite, un peu l'effet de halo. Designer, ça va être celui qui va être assis, qui va se la péter un peu, alors que pas du tout. Tous les designers ne sont vraiment pas comme ça. Enfin, ceux que je connais en tout cas. Quand j'ai fait formation en ébénisterie, je me suis plus dit ébéniste. Ébéniste, personne ne te donne un chapeau et dit ça y est, tu es ébéniste, tu l'es dès lors que tu travailles le bois. Ce que tu comptes, c'est que tu es ébéniste, tu vas apprendre toute ta vie à l'être et à rester. Un ébéniste de 60 ans, évidemment, a un savoir énorme par rapport à un ébéniste qui commence depuis deux ans. Mais voilà, on ne peut pas attendre d'avoir 60 ans de métier pour dire je suis ébéniste. Et quand j'avais commencé à dire je tombe, je suis veniste. J'ai été assez surpris par le capital sympathie que tout le monde a tout de suite. Et tout le monde connaît quelqu'un qui travaille le bois. Le bois, c'est une matière qui est vraiment aimée de manière générale par les gens, chaleureuse, qu'on connaît bien chez nous. Il y a beaucoup de forêts, donc c'est vraiment dans notre culture. Et ça, c'est un capital sympathie qui m'a marqué et que j'adore. Donc c'est vrai que quand je me décris en général, je vais plus être ébéniste que designer, pas parce que je préfère me faire mousser et qu'on me dit « Ah, super, c'est sympa et tout » , mais parce que je me sens plus aujourd'hui ébéniste que designer. Et le fait de créer Formel Studio avec Timothée, c'est parce que je ne veux pas perdre de vue le design. En tout cas, c'est plus de l'artisanat avec un regard designer. Et Formel, on part plus designer avec ce regard artisanal. Je parle beaucoup trop, c'est un truc de ouf. Je suis une wavy-plaine, en fait.

  • Speaker #2

    Non, t'inquiète pas. Merci beaucoup, Nicolas. Merci d'avoir partagé ton savoir, ton histoire. Merci. Et puis, à bientôt. Merci.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que l'histoire de Nicolas vous aura inspiré. Si vous souhaitez en savoir plus sur son travail, n'hésitez pas à vous rendre sur Facebook ou Instagram à Histoire d'artisan. Vous pouvez m'aider à faire découvrir les histoires d'artisan au plus grand nombre en mettant une note sur iTunes et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire.

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Description

Dans cet épisode nous accueillons Nicolas Mérigout, designer ébéniste. C’est le jour où il a compris qu’il voulait faire du design que Nicolas a eu son déclic. Il est passé des cinq derniers de la classe au lycée aux premiers en école de design. Il nous raconte ce qui l’a amené à passer de la conception à la création, le bois étant comme une évidence pour lui puisqu’il a grandi dans une famille d’ébénistes. Il y a quelques années, Nicolas a eu un accident de la route qui l’a immobilisé pendant un an. De cette épreuve il en a fait une force et a construit sa marque Apical Studio. Derrière ce projet il y a de vraies valeurs éthiques et environnementales. Il souhaite que ses créations suivent ses clients pendant de nombreuses années c’est pourquoi il réfléchit à des design indémodables dans des matières durables. 

Si vous souhaitez en savoir plus sur son travail, n’hésitez pas à m’écrire sur facebook ou instagram à histoiresdartisans. Vous pouvez m’aider à faire découvrir les Histoires d’Artisans au plus grand nombre en mettant une note sur Itunes et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. J’espère que l’Histoire de Nicolas vous inspirera et que vous finirez cette épisode comme moi, avec le sourire. Belle écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans mon atelier.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Histoire d'artisan. Je suis Lysée Millet et je serai votre guide dans l'exploration de l'artisanat. Je vous fais découvrir les visages, plutôt les voix, de ces femmes et hommes qui ont décidé de passer leur vie à clé. Aujourd'hui, nous accueillons Nicolas Mérigou, designer ébéniste. C'est le jour où il a compris qu'il voulait faire du design que Nicolas a eu son déclic. Il est passé des cinq derniers de la classe au lycée, au premier en école de design. Il nous raconte ce qui l'a amené à passer de la conception à la création, le bois étant comme une évidence pour lui, puisqu'il a grandi dans une famille d'ébénistes. Il y a quelques années, Nicolas a eu un accident de la route qui l'a immobilisé pendant un an. De cette épreuve, il en a fait une force et a construit sa marque Apical Studio. Derrière ce projet, il y a de vraies valeurs éthiques et environnementales. Il souhaite que ses créations suivent ses clients pendant de nombreuses années. C'est pourquoi il réfléchit à des designs indémodables dans des matières durables. J'espère que l'histoire de Nicolas vous inspirera et que vous finirez cet épisode comme moi, avec le sourire. Belle écoute !

  • Speaker #2

    Bonjour Nicolas et merci de m'accueillir dans ton atelier. Est-ce que tu peux nous raconter ton histoire Nicolas ?

  • Speaker #0

    Alors ma histoire a commencé par des études en design. Donc l'idée c'était de faire un BTS design d'espace, plus orienté vers l'arche d'intérieur. Ensuite j'ai fait un DSA, donc un master en design global. Donc là c'était plutôt l'enjeu d'élargir un peu les connaissances en termes de design. Donc il y a design textile, produit, espace et graphisme. Et ce fameux DSA où j'étais, c'était un des premiers en France qui faisait justement... un mélange entre les espaces, les produits et les graphistes. C'était des classes de 24 avec 8 espaces, 8 produits, 8 graphistes et l'idée c'était de bosser ensemble sur des projets comme si on était en agence de design. Donc ça permet d'élargir le réseau et du coup aujourd'hui mes colloques qui sont une graphiste et un produit venaient de ce DSA aussi et voilà ça fait un vrai réseau qui est assez mélangé comme dans une agence donc ça m'a semblé plus intéressant et ça m'a apporté beaucoup de collaboration future. Et ensuite, après ça, après le master, donc là, c'était la partie scolaire. Tout ce qui s'est passé pendant le master, c'était beaucoup d'ordinateurs, très, très peu d'ateliers, très peu d'activités debout. Et rester assis, c'est assez compliqué pour moi. D'ailleurs, j'ai mal sur mes chaises. Et l'idée, c'était de passer côté atelier, parce que j'aime beaucoup le travail. Donc, en partant de ce DSA, je me suis dit, tiens, il me reste trois mois de stage conventionné. Qu'est-ce que je peux en faire avant de commencer une vie pro ? Donc j'ai appelé plein d'entreprises sur Paris, plutôt pour faire de l'alternance au début avec une école en formation, que des refus, personne prend d'alternance, c'est très très compliqué d'avoir un alternance justement et en plus qui n'a jamais bossé dans les ministéries. L'idée j'ai fait ok, vas-y on fait un stage, si ça vous va, ils ont dit allez on est parti, donc j'étais Atelier CY à l'époque, c'était une entreprise qui s'appelle aujourd'hui Atelier Synapse, mais c'est la même chose, c'est juste ils sont affilés avec un CY en plus. Et en trois mois, j'ai appris un max de choses, vraiment beaucoup, avec des grosses journées, 10 heures, 22 heures, des chantiers assez durs. Mais du coup, tu apprends vraiment la vraie vie, le vrai travail, et autant le bois que plein de choses dans les chantiers. Et du coup, après, j'ai bossé un an en freelance avec eux. Donc, c'est là où j'ai pu bien asseoir les connaissances, mettre en pratique et en étant payé en tant que pro. Du coup, s'ils se rendent compte un peu de la valeur du travail, le temps de travail, toutes ces choses-là, ça permet de faire un premier passage. et ensuite donc petit accident de la vie donc qu'un accident de la route qui m'a permis de réfléchir pas mal sur tout ça et donc de revenir ensuite et bosser que pour moi donc en créant apical studio qui est mon auto entreprise et là qui est plus tournée donc artisanat mais en gardant un peu d'amour à mon bagage de designer et d'ici le matin d'application de proposer aux clients ben voilà un artisanat avec un regard designer donc essayer d'avoir des proportions juste, avoir un bel esthétisme de l'objet, un rangement c'est pas simplement un casier et c'est fini. Du coup voilà, avec les finitions, le travail de détails, toutes ces choses là, et de pouvoir le faire. Et l'idée de faire du coup ce parcours manuel, c'était aussi dans un objectif de vie, c'était que je voulais continuer le design, mais quand on n'a pas de sous, on ne peut pas payer ses prototypes. Donc du coup, si tu n'as pas de commandes, tu ne peux pas faire tes créations. Et l'idée c'était d'apprendre à pouvoir apprendre l'artisanat, Donc les Benistory ça a été naturel pour moi parce que du coup la grand-père était menuisier, le grand-père aussi, donc j'ai toujours été un peu béni dans cet univers et j'ai souvent travaillé le bois en tant que type. Donc quand je revois mes projets d'avant, je me dis putain je respectais pas la matière. Les erreurs de débutant assez énormes, mais bon voilà il faut bien apprendre. Et du coup pour apprendre ce savoir-faire, pour fabriquer ses propres protos, ça a été vraiment genre comme un éclair, ça me semblait évident. Et du coup j'ai pu commencer à faire ça. Donc petit à petit j'ai pu faire mes premiers protos. Donc voilà, de plus en plus perfectionné. Aujourd'hui, c'est justement cette cartouche qui me permet de me dire que le monde du design... Et atteignable dans le sens où si je n'ai pas de clients, ça ne m'arrête pas. Je dessine, je fabrique, je fais les photos et on me propose. Et dès que j'ai un client, c'est un petit projet en côté. Ça permet vraiment de se dire qu'on n'est pas tenu par quelque chose. On peut y aller et quoi qu'il se passe, après il n'y a que des bonnes occasions, des bonnes opportunités qui se présentent en général. Ce qu'il faut, c'est toujours avancer. Au moins, je ne suis pas freiné par ce côté-là matériel et le problème financier. sur quand on n'a pas de mécène qui paye deux ans de développement pour un objet, il faut faire ça même et du coup, autant le faire bien.

  • Speaker #2

    Visiblement, tu as une certaine appétence pour le bois. Qu'est-ce qui t'a donné envie d'aller vers le design ?

  • Speaker #0

    Le design, c'était... Là, pour le coup, c'est vraiment en mode... Ça m'est venu comme un flash. Parce que moi, je ne suis pas du tout scolaire. Donc, tout ce qui était les études, le collège, j'en ai un très bon souvenir parce qu'il y avait les récréations. Mais sinon, je... beaucoup de difficultés à rester en place justement sur une chaise et écouter quelqu'un parler, faire des cours magistraux qui étaient intéressants avec du recul mais qui m'ennuyaient profondément à l'époque et du coup en cours de technologie en 3ème genre le seul cours où on commençait à toucher un peu des choses on a dû faire une horloge et on devait dessiner notre horloge du coup à l'époque j'avais dessiné une guitare parce que je faisais de la guitare comme tout adolescent qui se restait avec les cheveux longs et du coup le fait de pouvoir créer quelque chose. avec un stylo et une feuille et de le mettre ensuite en matière, ben franchement j'étais mais beaucoup proche sur ce cours là, j'en ai passé des heures et des heures à faire plein de croquis, en plus chez moi chose que je faisais jamais parce qu'en fait j'en ai devoir, je voulais même pas les faire et là je m'en rajoutais, donc je me suis dit ça c'est cool, et après ce moment je me suis dit je veux faire du design produit donc après je suis parti en design d'espace parce que il y a eu une autre inspiration entre temps mais il y avait cet objectif de produit et après le design, petit à petit dans mes études justement, je regardais souvent Télé Matin le matin avec un week design de Sylvie Améliard, je peux parler d'elle. Et ça, ça m'a donné vraiment envie de faire des choses de plus en plus, justement, abouties. Et ça m'a carrément boosté, en fait, parce que tous les matins, je devais me lever pour aller au lycée, faire mon PS. Là, finalement, je voyais une petite revue de design avec des expos, des choses qui étaient hyper intéressantes. Et ça, je me disais, putain, mais OK. Et en fait, toute la journée, je pensais à ça dans ma tête. Je crionnais, je faisais plein de trucs. J'essayais d'écouter au mieux les cours pour essayer d'avoir le bac que je l'ai eu. Mais voilà, sans... Avec du mal quand même, j'ai dû bosser beaucoup et sans beaucoup de plaisir, on va dire. Mais bon, j'imagine comme pas mal de personnes. Et après, dès que je suis placé côté design en mise à niveau, donc en mana, c'est une sorte de Ausha, ensuite en BTS. Là, c'était genre, je suis passé du, je sais quoi, peut-être dans les cinq derniers de la classe, je suis passé le premier, ça c'était une évidence. Genre, je bossais, même pas forcément tout le temps, mais trop bien. Et les premières charrettes jusqu'à quatre heures du mat, tout ça, et en fait, c'est trop bien. c'est là où tu te rends compte que ça c'est une passion parce que du coup tu comptes pas tes heures et tu peux ne pas dormir pour un projet et c'est trop bien, le design ouais c'est une évidence après c'est la création au delà du design j'aime beaucoup la culture design j'aime beaucoup ça c'est genre dessiner et le mettre en volume c'est trop bien

  • Speaker #2

    Et si tu avais un conseil à donner à tous ces parents qui sont justement désespérés par leurs enfants qui ne travaillent pas à l'école et qui ne sont pas intéressés par les matières classiques ?

  • Speaker #0

    Bah écoute, sans faire le vieux con, c'est juste qu'il faut quand même qu'ils le fassent parce que c'est une culture générale qu'on apprend. Ensuite, il faut aussi qu'ils aient des temps off et qu'ils fassent ce qu'ils ont envie. Donc si c'est le sport qui les intéresse, peut-être qu'ils seront des années plus tard, mais si c'est le sport qui les intéresse maintenant, il faut qu'ils fassent du sport à fond. Il faut apprendre à faire quelque chose. Ça, c'est vraiment ma vision très personnelle. apprendre à faire des choses à fond, à 100% jusqu'au bout, pour savoir à quel point ça peut coûter un engagement sur quelque chose. Par exemple, tu peux dire que tu arrives en finale de Coupe de France. Personne ne connaît ce sport dans certains milieux, mais tu as fait quelque chose de A à Z, il y a un aboutissement. Et quand tu y arrives, tu te dis que finalement, je suis peut-être arrivé pour les maths. Du coup, tu commences par la base, et tu arrives à avoir ta bonne note au bac, et tu te dis que tu as réussi. Après, tu feras sur des choses qui te plaisent, dans un milieu économique aussi, trouver un métier qui peut te faire vivre et en même temps qui te fasse kiffer. C'est la base, c'est l'objectif. C'est cool. Au début, on parlait de formation artisanale. Moi, je n'ai pas fait la formation à l'école boule. Il y a beaucoup de gens qui me disent, ah, t'as fait boule. C'est pas parce que t'es ébéniste que t'as fait boule. Oui, il y a beaucoup de boulistes en France, mais il n'y a pas que cette école déjà qui forme et t'es posé de faire une école pour être ébéniste. Et il y a même une fois, une... une personne qui parlait de moi à d'autres et j'étais là, j'entendais, elle avait dit que j'avais fait l'école boule. C'était une personne qui me vendait un client, donc gentiment. Mais du coup, j'ai dû arriver et dire, ouais, non... on parait que bélan dans ma barbe mais non je n'ai pas fait l'école boule d'un coup on voit après dans les yeux ah t'as pas fait l'école boule,

  • Speaker #2

    bah t'es pas ébéniste alors est-ce que tu as une anecdote à nous raconter ?

  • Speaker #0

    une anecdote il y a eu une anecdote qui a pas mal marqué ma vie il y a quelques temps du coup j'avais fait cette formation en ébénisterie en stage j'ai bossé avec les gars pendant un an et j'avais fait justement de l'ébénisterie pour pas rester assis sur ma chaise de créatif et pouvoir me lever et faire des choses aussi et justement je reste tout le temps debout maintenant je m'assois plus souvent et le problème c'est que bah en voulant bosser pour des gars en voulant monter ma boîte mais petitement je bossais le vendredi pour moi plus les week-ends donc je bossais 7 jours sur 7 toute l'année tout le temps à fond et du coup je revenais d'un rendez vous client qui était perso en plus le soir une voiture m'a fauché en moto et du coup bah pif voilà une fémur genre bien fracturé et je me suis retrouvé un an habité un an à l'hôpital pour un mec qui ne voulait pas rester assis c'était un peu un no-comble mais ça m'a permis de déjà je positif tout le temps surtout donc j'en ai tiré des conséquences ça m'a calmé aussi d'un point de vue je suis moins foufou moins cheval fou j'essaie de faire attention et ça m'a permis de rencontrer déjà des personnes extraordinaires en centre de rééducation qui n'ont plus de jambes donc déjà aujourd'hui quand on est un peu fatigué la vie est terminée toujours cette petite voix d'air qui me dit c'est que t'es mieux là quand même avec tes deux jambes à pouvoir marcher donc te prends pas et continue de sourire et de kiffer tout ça clairement ça je me le dis très souvent et c'est pas c'est vraiment pas une c'est pas hypocrite quoi que dire ça c'est vraiment vrai je me le dis souvent et et ça m'a permis de prendre le temps justement quand t'es allongé par contre t'es le carré au plafond tu réfléchis à ce que tu veux faire donc j'avais toujours ce objectif de monter ma boîte mais du coup je me suis dit bah Quand je reviendrai, au début, les chirurgiens me disent « T'en as pour 6 mois et c'est bon, tu reprends le travail. » En fait, non. Au début, c'était 3 mois, après 6 mois, c'était 1 an. Et du coup, voilà. Heureusement, je ne le dis pas direct, mais j'avais l'objectif de vite remonter et remettre le pied à étrier. Pour le coup, je ne voulais bosser que pour moi. Je voulais arrêter de me faire expérience pour une autre boîte. Et donc, j'ai réfléchi au nom, j'ai réfléchi au logo, j'ai réfléchi à toute la démarche, l'économie, j'ai monté mon business plan. tout ce qui est faisable à l'assis ou à l'onger, j'ai pu faire tout ça. Et j'ai commencé à dessiner aussi pas mal de choses. J'ai fait des projets en modélisation et qui étaient prêts pour le jour où je pourrais justement remettre le pied par terre. Et quand c'est arrivé, les ateliers Synapse, les fameux gars qui m'ont formé, m'ont donné la chance d'avoir un espace chez eux pour pouvoir bosser, reprendre le travail sans avoir de pression de loyer et de frais assez lourds. Et du coup, grâce à eux, pendant un an, j'ai pu me lancer. Au début, j'étais avec ma canne à la Doctor House. Je montais sur la mézanine, l'escalier un peu, mais avec la canne. J'avais des planches dans un bras et la canne dans l'autre. J'avançais, je travaillais l'atelier, je mettais 10 minutes. Franchement, c'était folklorique. Heureusement qu'ils m'ont laissé cette possibilité, parce qu'un mec avec une canne dans l'atelier, normalement, ce n'est pas trop ce qu'on imagine. Et là, c'était vraiment trop bien. Et j'ai pu faire des démobiliers comme ça. Je mettais beaucoup plus de temps qu'aujourd'hui forcément. Mais en m'appliquant, j'ai pu lancer. Et puis là, après, au bout d'un an, je pense qu'il est temps que je prenne mon envol. Ça y est, je n'avais plus de problème à la jambe. Je commençais à faire un petit peu de rentrée d'argent pour pouvoir payer un loyer. Je me suis fait, on y va, on s'en va.

  • Speaker #2

    Quelles sont tes sources d'inspiration ?

  • Speaker #0

    Les sources d'inspiration, elles viennent de... tous les jours, vraiment de n'importe où. En fait, je me balade, je vais voir une barrière avec un petit détail rigolo. Je fais ah putain, c'est une bonne idée. Mais du coup, appliqué dans un autre domaine, ça peut apporter quelque chose de super intéressant. Et souvent, ça vient de l'industrie. J'aime bien le design industriel et les assemblages extrêmement d'ingénierie, très intelligent et très, très travaillé, très précis. Ça, je trouve ça magnifique. Une pièce genre du ruineau, je trouve ça magnifique. C'est une des plus belles pièces de design parce que le design, ça part aussi du design industriel quand même. Ça, c'est une vraie inspiration de Zain Industriel. C'est presque un objectif aussi, un jour, de pouvoir faire des projets, justement, à l'échelle indus.

  • Speaker #2

    Je ne sais pas ce que c'est une turbineuse.

  • Speaker #0

    Une turbine, par exemple, une turbine d'avion pour un réacteur. Ou ça peut être, genre, juste une entretoise filetée à l'intérieur. Enfin, voilà, j'en ai ici, enfin, des pièces, des pièces même de cargayerie, mais qui sont extrêmement bien finies, qui sont vraiment, genre, la machine est calibrée pour faire ça parfaitement sur une série de 10 000. C'est incroyable, je trouve ça super beau. Donc ces pièces appliquées justement dans tous les jours que tu peux croiser comme ça, sur des machines, des ornithes, c'est inspirant je trouve. Et puis après, ce qui inspire beaucoup, c'est l'atelier justement. tu fais un projet pour quelqu'un, mais en faisant ce projet tu te dis ah putain c'est trop malin ce système, et en fait tu vas pouvoir l'appliquer justement sans faire de plagiat, au contraire c'est juste faire un petit pas de côté et avec ce pas de côté tu vas pouvoir faire un objet totalement différent l'assemblage va pas avoir le même usage, peut-être mais ça va te faire justement une inspiration et ça vient tout seul en fait et quand t'es tout seul c'est ça qui est bien, c'est que les projets viennent au compte-goutte mais justement t'en as pas trop, t'as juste ce qu'il faut et les inspirations aussi, parce que quand t'en as trop tu notes tout dans un carnet mais t'aboutis à rien Ce qu'il faut, c'est avoir quelques inspirations, mais pouvoir les aboutir sur des photos, sur des tables, des choses comme ça. Et puis après, forcément, il y a le design qui vient aussi en jeu, avec tout ce que j'ai pu faire comme expo, voire comme émission. Dans les cours, j'aime beaucoup le design années 60-70, mais après, j'aime beaucoup le design d'espace aussi, les artistes, tout. Franchement, ça vient de partout après. Mais ça, c'est l'univers design qui parle un peu plus.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux nous présenter ton artisanat ? Et par là, j'entends un petit peu ton travail au jour le jour, les techniques que tu utilises.

  • Speaker #0

    Ouais. Du coup, présenter mon artisanat, ça ne serait pas genre les belles histoires, parce que du coup, l'artisanat que je vais essayer de mettre en place, c'est vraiment plutôt le travail manuel. Au-delà de simplement le travail du bois, j'essaie de travailler d'autres matériaux, mais sans dire que je ne suis pas sévrier, je ne suis pas maroquiner, mais du coup, je m'ouvre à d'autres techniques. Celui que je fais tous les jours, c'est vraiment essayer de passer du dessin à la matière. Donc ça va souvent être du travail avec tout type de matériaux, principalement le bois, pour le mettre en application. Après, dans l'atelier, ce n'est pas un atelier très grand, donc du coup, il y a beaucoup d'outils portatifs. Mais j'essaie de pousser au maximum justement, je ne veux pas avoir trop de machines stationnaires qui prennent beaucoup d'espace, beaucoup d'entretien, beaucoup d'investissement. Donc c'est plutôt du portatif et en le poussant au maximum, tu peux faire des détails super intéressants et réutiliser aussi les outils de l'époque. On ne sait pas tous les jours, mais quand tu les utilises, ça fait plaisir. C'est-à-dire les sites de bois que tu as récupéré chez le grand-père, il y a juste à les raffuter. L'acier était de meilleure qualité à l'époque qu'aujourd'hui, donc en plus c'est un meilleur outil que ce que je pourrais acheter de neuf aujourd'hui. les scies japonaises, tous ces outils assez incroyables qui permettent dans la journée, je passe assez vite de l'ordinateur aux machines et l'ordi fait partie de l'artisanat pour moi. Autant que par exemple, aujourd'hui, on parle beaucoup des réseaux Instagram et compagnie. Instagram, c'est une machine qui fait partie de l'atelier pour moi. C'est un outil qu'il faut savoir manier, qu'il faut faire attention de ne pas se blesser avec et il faut vraiment l'utiliser à bon escient. pour les bons projets, mais qui te permet de finir ton projet. Et je trouve que c'est vraiment important de le voir comme ça, parce qu'en tant qu'artisan, c'est, je crois, un des premiers médias qu'on va avoir depuis que les artisanats existent, qui permet de montrer aux gens ce qui se passe à l'atelier. Et quand un client, il me demande une table, et qu'en story, il va voir sa table se faire, je pense que ça n'a pas de valeur pour le client. Enfin, ça n'a pas de valeur, c'est sûr, c'est juste du sentiment, mais ça a une plus-value énorme sur l'objet, et c'est assez intéressant. Et après, moi, j'aime bien aussi tout ce qui va être un peu poétique ou sensible. Par exemple, j'avais fait une bibliothèque pour ma mère avec le châtaignier de mon grand-père qui était béniste, qui est décédé aujourd'hui. On avait vraiment le cœur du bois, en plus, qui était en forme de flower power. Donc, c'était ouf. Alors, j'ai kiffé. Et en comptant, il y avait 113 anneaux, approximativement. Donc, du coup, j'ai pu dire à ma mère que j'ai fait sa bibliothèque avec le bois du grand-père. Et en plus, le bois, plus de moutous, donc c'est assez fort. Ça te permet de te dire, quand tu bosses sur une planche, Tu dis là, je vais m'appliquer. Et je veux faire bien, je ne veux pas rater. Ce n'est pas genre, je la rate, ce n'est pas grave, je jette le bois, je reprends un et je recommence. Non, je le fais. Et même auquel cas, tu vois, parce qu'un accident, ça arrive, il faut savoir réparer, il ne faut pas jeter. Et justement, je ne suis plus dans cette démarche de toujours essayer d'optimiser. Et la matière, dans le design aussi que je mets en place, c'est des objets qui vont avoir des formes très épurées, parce que j'aime aussi les choses sobres et élégantes, mais aussi parce que je veux avoir des objets qui rentrent dans une... une réalité économique et en même temps rester sur du matériau de qualité. Donc en gros, les clients parfois vont dire, du coup, c'est trop cher, on peut passer sur de l'aggloméré. Non, je ne bosse pas avec ces bois-là parce que selon moi, c'est des saloperies. Il y a plein de cols, c'est toxique, ça ne m'intéresse pas de le travailler. Je bosse avec du massif. Du coup, moins tu as de matière sur l'objet, plus tu vas mettre de la bonne qualité au même prix. Donc c'est vraiment l'idée de faire des lignes très simples pour justement garder cette matière-là. Et pareil sur les finitions, finition naturelle de bonne qualité donc moins tu as de surface, plus tu pourras vendre ton objet à un prix quand même qui rentre dans une réalité économique. Donc ça rentre vraiment dans le design je pense qu'il y a aussi cette notion de pouvoir le vendre ton objet. S'il est invendable ça n'a aucun sens. Parfois on voit des dessins passés qui n'ont pas de sens parce que dans la réalité oui tu peux le faire mais à quel prix ? Personne ne peut jamais j'ai marché ça. C'est impossible. Mais ça peut être intéressant aussi. J'ai un objet unique à 50 000 balles. Mais c'est pas une affaire. C'est pas encore arrivé. Je serais pas fameux comme ça aussi.

  • Speaker #2

    Donc en fait, toi, tu as un métier où tu passes du temps sur l'ordinateur à dessiner. Et ensuite, tu vas modéliser ça. Ouais. Contrairement à... Alors moi, je te parle du cliché de l'ébéniste. Pour moi, il a incarné un stylo, il fait des croquis et... Oui,

  • Speaker #0

    les croquis, t'en fais toujours. Il y a un tableau Vélida en plein milieu de la télé, c'est vraiment pas pour rien. C'est en mode, quand il y a un client même, on dessine tout de suite pour s'expliquer. Le dessin, c'est très important. Après, l'ordinateur, ça permet de faire beaucoup de choses et ça permet de monter en 3D un projet assez complexe avec les bonnes épaisseurs, tout ça. Donc, il faut vraiment être très rigoureux sur l'ordinateur. C'est pareil, c'est comme Instagram. c'est une machine. C'est comme une ponceuse orbitale, c'est comme une défonceuse. Il faut vraiment le connaître. Quand tu l'utilises bien, ça marche super bien. Et du coup, les 3D, ça te permet ensuite de faire tes fiches de débit. Et une fiche de débit, c'est un tableau Excel. Franchement, on ne fera pas l'agent comptable quand on fait ça. Mais du coup, c'est hyper important de le faire très rigoureusement. Une fois envoyé au fournisseur, il t'envoie les planches et qu'après, il y ait le meuble plus grand à assembler. Et ça, au début, c'était ce que je pouvais faire dans l'autre atelier, c'était justement partir du tronc d'arbre, sectionner en plots, donc déligner. Et en partant de ça, je délignais l'écorce, je panotais, donc je choisissais mes pièces de bois vraiment en fonction de la teinte, des nœuds, de tout ça. Et je faisais des panneaux, et ensuite je faisais mon meuble. Tout ça, ça prend beaucoup de place, ça prend extrêmement de temps. Savoir le faire, c'est très important, mais aujourd'hui, maintenant, les panneaux, il y a des fournisseurs en France qui, c'est leur métier de partir de l'arbre. et de faire un panneau. Ils ont les machines pour ça et c'est très, très bien. Du coup, dès que tu veux te mettre dans une réalité économique, il faut passer par là. Mais c'est bien d'avoir fait avant tout le parcours manuel. C'est ce qu'on apprend sur le moment dans les écoles. Moi, je l'ai appris parce que du coup, là où je me suis formé, on le faisait. Et puis, quand je suis revenu de l'accident, j'avais le temps de faire ça justement parce que comme je n'avais pas d'argent, ça coûte moins cher quand même d'acheter un plot d'art qui a un panneau déjà fait. du coup c'était mon temps et j'ai appris à le faire donc c'était cool et la question qui était sur l'ordinateur pas beaucoup, mais un peu quand même.

  • Speaker #2

    Quels sont les projets sur lesquels tu travailles en ce moment ?

  • Speaker #0

    En ce moment, je travaille sur pas mal de projets qui vont être plus, justement, design. Donc, c'est des créations personnelles et des créations aussi que j'ai faites en collaboration avec Timothée Conquéré. Donc là, on a monté une nouvelle structure. Donc, avec Apical, qui est vraiment l'auto-entreprise où je travaille, je suis artisan avec un regard designer. Et il y a Formel Studio qu'on vient de monter il y a 2-3 semaines avec Timothée Concaret. Là c'est plus des designers avec du coup le regard artisanal. Donc ça permet d'avoir aussi le savoir-faire artisanal, la possibilité de prototyper. Donc là c'est justement ce qu'on est en train de faire, c'est pour l'exposition à Naolehof en septembre. On développe des gammes d'objets, table, bande, bibliothèque, en tant que designer. Et après on appuie directement à l'artisanat, donc on fabrique nos photos, on prépare tout ça pour les expos. Donc en ce moment c'est des projets persos mais qui ont vraiment un but concret au final. et d'ici peu de temps, c'est assez intéressant. Ce qui est aussi, ce n'est pas qu'un projet perso, on a six ans pour le faire en place et il faut le faire pour le mois prochain. Et après, à côté de ça, il y a pas mal de projets qui passent aussi parce que je suis arrivé il n'y a pas longtemps dans l'immeuble, enfin dans mon nouvel atelier, avec les habitations qui sont à côté. Et à l'inauguration, il y a pas mal de clients qui sont venus. Maintenant, les particuliers, j'en prends de moins en moins parce qu'il y a de moins en moins de demandes quand on ne les cherche pas. Mais là, en l'occurrence, il y a deux, trois voisins voisines qui ont voulu avoir une belle pièce de bois chez eux. Je suis sur ces projets-là aussi en parallèle et c'est assez chouette. Ça crée du lien social avec les gens du quartier, donc ça, c'est extrêmement bien. Et en plus, pour les livraisons, c'est optimal, tant pour moi que pour eux. Ça leur coûte moins cher. En plus, moi, c'est hyper facile de partir de l'atelier avec le panneau chargé sur les chariots et d'arriver, s'il manque vraiment quelque chose, je suis à côté. Donc, c'est trop bien. Puis au-delà de ça, il y a le contact avec les gens, c'est plus perso. Je les reverrai plus tard pour me dire comment c'est, où je suis. Enfin, c'est assez cool, tout ce côté-là.

  • Speaker #2

    T'as parlé d'une exposition en septembre ?

  • Speaker #0

    Ouais. Alors en septembre, ça va être pour la Design Week. C'est Now le Off, qui va se passer dans le Marais cette année. Avant, c'était au Doc. C'était la monnaie du design à Paris.

  • Speaker #2

    Tu l'écris comment ?

  • Speaker #0

    C'est N-O-W, le O2F. OK. Maintenant, le Off. Et ça existe depuis quelques années. En gros, l'idée, c'est de mettre en avant les nouveaux designers et artisans qui montent sur la scène. Les millénials, comme ils les appellent. C'est le jeune d'aujourd'hui. Et là, on se lance, nous c'est un peu le lancement officiel pour Formel Studio, donc avec le logo, la charge graphique, les trois premières collections qu'on a pu monter. Donc dessiner, effet, on a certaines déjà un peu vendues à des particuliers. L'idée c'est de trouver d'autres clients, surtout de dire, nous on fait ça, c'est notre style, et on le fait avec cette qualité de finition. Et on le fait en France avec des matériaux français, donc tout le bois est français, la finition est naturelle. Il y a des principes perso que j'applique vraiment dans mon métier. C'est pas en mode, ah ça y est, là, il faut gagner de la thune, j'oublie tous mes principes. Au contraire, je vais me challenger pour réussir à appliquer mes principes de ma vie personnelle dans mon métier. L'idée, c'est aussi de faire des projets qui tiennent dans le temps, pour ne pas avoir à les jeter dans 5 ans, ou dans 2 ans même. Et il y a aussi le côté, le regard des gens, qui peuvent se lasser d'un meuble. Et du coup, un meuble sobre, classe, élégant, c'est ce que j'essaie de faire. donc après voilà, chacun son goût et les couleurs mais en gros c'est plus tu vas rester sobre et élégant et le petit détail subtil qui fait que ton objet vraiment a une touche en plus et bah ça ça peut permettre aussi à l'objet de vivre plus longtemps parce que les gens c'est pas l'objet qui va se casser c'est les gens qui vont le jeter ou le revendre ou autre chose donc s'ils le revendent c'est bien parce que ça va suivre un nouveau cours mais s'ils le jettent ou qu'ils l'abandonnent quelque part bah c'est perdu et donc après bon acheter un et encore et encore et on s'arrête jamais c'est vraiment essayer de faire ça pour des matériaux durables français donc essayer d'avoir un impact carbone le plus faible possible même si forcément tu en as, parce que tu crées un objet. mais après aussi que dans la ligne, ça puisse être intemporel.

  • Speaker #2

    Tu m'avais parlé juste avant qu'on enregistre d'un projet. Quand je suis arrivée, il y avait deux personnes. Tu m'as expliqué un petit peu ce projet.

  • Speaker #0

    Les deux personnes qui étaient là, du coup, c'est... Il y avait le gérant d'une entreprise de curage de bureaux. Ça consiste en fait à récupérer tout le mobilier dans des entreprises qui soit ont fait faillite, soit se délocalisent, soit changent de locaux. Lui, il récupère tout ça. il le remet en état et il le revend. Mais dans tout ce qu'il remet en état, il y a beaucoup de panneaux, notamment de table, de bureau, qui ne peuvent pas se réutiliser comme ça, qui sont abîmés d'un côté, ou autres qui ne peuvent pas être revendus, réutilisés. Donc là, c'est un peu un nouveau terme qui sort, c'est le upcycling, c'est réutiliser des matériaux de recyclage, mais en faire quelque chose en plus. C'est vraiment faire un nouvel objet avec, qui redonne envie à des gens de le posséder, ça permet de ne pas jeter la matière, ou de ne même pas la recycler, c'est juste la remodeler, de contemporain et qui soit fonctionnel. Donc là, avec eux, il y a cette ligne qui est d'utiliser des plateaux, dessiner un objet et donc le prototyper ici. Là où c'est assez intéressant, c'est une entreprise qui fait de la réinsertion ou de l'insertion de personnes. Ça peut être aussi bien des personnes qui sortent de prison que des migrants. Il y a de tout profil. Et c'est des gens qui n'ont pas forcément touché à la matière à l'époque ou alors qui ont travaillé dans leur vie sur des machines. Mais voilà. qui ne savent pas forcément comment faire pour faire son mobilier. Donc l'idée, c'est d'arriver chez eux et de les aider à former les personnes. Il y a vraiment un caractère déjà formateur qui est très intéressant, parce que quand on forme, on se forme soi-même plus quasiment que quand on va former les gens. Et il y a aussi le côté social qui est incroyablement fort, dans le sens où il y a des personnes qui viennent, qui parlent français mais pas forcément très bien, et qui vont dire « oui, j'ai compris » , mais en fait, ils n'auront pas forcément compris. Et il faut vraiment essayer de mettre en application. de manière safe parce qu'on est sur des machines très dangereuses un doigt ça part très vite, donc l'idée c'est que personne ne se blesse, mais en même temps de pouvoir les faire pratiquer tout de suite et que dans le temps ça dure, moi quand je ne suis plus là il faut qu'ils puissent encore fabriquer ces tables et ces bureaux et ces objets et que ça reste une qualité aussi, donc il y aura forcément un suivi, mais l'idée c'est que ces personnes soient valorisées aussi et trouvent des compétences, comme moi quand j'ai appris j'ai pas fait d'école, j'ai appris sur le tas, c'est un peu pareil donc là c'est leur donner cette possibilité et essayer vraiment d'être avec un détail et un soutien du détail important. pour leur transmettre ça, qu'ils fassent des beaux objets, mais qu'ils apprennent aussi. C'est un projet qui est en train de se monter. Et ce côté, vraiment, garder l'artisanat au service du social, je ne m'y attendais pas. C'est tombé dessus comme ça. Mais c'est exactement des projets comme ça qui me motivent aussi pour tous les matins, tous les jours.

  • Speaker #2

    J'en viens à la question des projets futurs. Quels sont tes projets pour le futur ?

  • Speaker #0

    Et les projets futurs, dans un futur proche, là, il y a des projets avec des belles entreprises qui m'ont contacté. Pour justement, c'était contacté sur tout le formel studio. Donc là, c'est avec Timothée. Et l'idée, c'est faire justement, ça tombe les deux en même temps, mais ça me fait prendre conscience que le cycling, c'est une demande qui arrive vraiment fortement. Et là, l'idée, c'est sur des anciens trains de l'époque, des années 60. C'est réutiliser des objets, donc tout ce qu'il y avait sur les trains à l'époque. et en faire des objets contemporains. Là, en l'occurrence, c'est avec la SNCF. C'est le petit gris de l'époque, donc un transfilien qui a roulé, roulé, roulé. Ma grand-mère le connaissait, c'était dans les années 60. Ce gisement de matière est encore là, n'a pas été détruit, et c'est iconique. Donc en fait, il faut en faire quelque chose, le remanier au goût du jour, donc il y a un vrai travail de designer, mais avec un vrai regard arsenal, parce qu'il faut justement que ça tienne, ça marche. Et l'idée, c'est de rester comme la SNCF, c'est design industriel, Roger Tavon, toutes ces inspirations-là, c'est du design fonctionnel, utile. et résistant. C'est vraiment avoir cette idée et ensuite le faire. Après, c'est une vente aux enchères qui va se faire sur une exposition au mois de décembre. Tous les bénéfices reviennent à une association. C'était le Resto du Coeur l'année dernière. Cette année, on ne sait pas encore qui ça va être. En plus, il y a cette portée sociale qui m'est chère et qui, à chaque fois, ça se met devant moi comme ça, du pain béni. Et je me dis, mais c'est trop bien. Tu bosses pour des choses qui t'inspirent, qui te font plaisir, qui sont éthiques, qui sont bien pour l'environnement, dans la ligne du temps et en plus, qui sont sociales. Donc franchement, coup bénéfique, trop bien.

  • Speaker #2

    Quels sont les principaux enjeux que tu rencontres aujourd'hui dans ton métier ?

  • Speaker #0

    L'enjeu pour l'artisan, c'est forcément se faire plaisir, mais c'est aussi d'arriver à payer son loyer. Les trois bases fondamentales, c'est à se nommer, à se loger, à se métirer. Avec ça, on peut vivre. Et du coup, forcément, il faut faire rentrer de l'argent. Et ce qui est assez difficile aussi, c'est que si tu es au fond de ton atelier tout seul, les projets ne vont pas forcément se faire comme ça. Il faut apprendre à faire les devis, les factures, pour rendre son temps au juste prix. L'idée, c'est de faire ça aussi. Et il y a un autre enjeu, c'est celui de la sécurité. C'est quand même un métier manuel où il y a des risques potentiels. Il faut anticiper tout ça. Et il faut toujours essayer de se projeter. Un accident, ça peut mettre le pied à terre pendant quelques temps. Sachant que pour le coup, j'ai déjà vécu ce genre de traumatisme dans la vie pro. Qui ne m'a pas battu loin de là. Au contraire, ça m'a rendu plus fort. Donc l'idée, c'est que si un jour, il se passe quelque chose, il faut simplement assumer économiquement les frais fixes qu'il faut. Donc il faut anticiper ça. Pour avoir un regard, il y a de l'artisan dans son atelier. Il faut essayer vraiment de gérer ce problème-là. Si jamais il se passe quelque chose le jour, il faut rebondir, toujours de la bonne manière. Même avec une main en main, il y a des mecs qui se débrouillent. Il y a des très belles histoires qui existent. C'est un enjeu aussi, c'est de faire attention à soi.

  • Speaker #2

    Et toi, tu fais comment justement pour anticiper ces possibles accidents ?

  • Speaker #0

    En fait, depuis l'accident, j'imagine souvent des situations d'accident. Je pense que c'est un peu le trauma qui peut rester. Il y a beaucoup de moments où je me dis attention à ça. Hier soir, pendant tout le moment, j'étais à l'escalade, je fais du bloc. Il y a un mur qui est en dalle. Si on glisse, on peut facilement se taper la mâchoire. Franchement, je préfère aller monter un autre mur que de monter celui-là. Parce que si jamais tu glisses, tu te fractures une chicot, c'est dommage. C'est juste essayer d'éviter les problèmes. Le problème, c'est que la nature revient toujours au galop. Que tu la pousses, elle revient. Et j'ai une nature à vouloir toujours foncer. et aujourd'hui je suis en vélo plus en moto souvent je me dis ralentis quoi fais gaffe parce que c'est con de te faire renverser par une voiture et de ne pas pouvoir bosser pendant deux mois quand tu es tout seul. Si toi, tu n'es pas là, les machines ne tournent pas et elles s'enrayent. Donc, il faut que tu sois là.

  • Speaker #2

    Tu as un casque ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, j'ai un casque. C'est bien lignable. Ma copine m'a mis des lignes partout. J'en ai sur les rayons. Ça fait des petits cœurs bleus. C'est génial. Il y a tout ce qu'il faut.

  • Speaker #2

    C'est bien, c'est bien. Comment tu vois ton artisanat en général dans le futur ?

  • Speaker #0

    Dans le futur, l'artisanat, les pénisteries, je le vois vraiment être plus présent. Les gens ont ce besoin de faire du bricolage. On le voit très bien avec Weekendoo qui fait venir des gens dans les ateliers former les gens pendant trois heures en partie avec un objet matériel. Les gens veulent vraiment revenir à ça. Je pense que les formations pour les jeunes vont se développer. On le voit aujourd'hui, ça revient sur le devant de la scène, tous ces métiers manuels, et ils sont valorisés. Justement, on montre que c'est aussi un vrai savoir. Je vois bien les business theory devenir un métier assez démocratisé. Après, on parle de makers aujourd'hui. J'avoue que ce terme-là, il est un peu vague, mais c'est un peu ceux qui dessinent et qui font. Et il y a beaucoup de profils qui sont des designers, mais qui sont artisans aussi, qui veulent vraiment bosser de leur main. Il y en a, ils appellent ça les néo-artisans, il me semble. En gros, c'est vraiment cette nouvelle vague d'artisans qui n'ont pas fait une grande école et ensuite qui vont faire que ce métier toute leur vie. Ils touchent un peu à tout, en gros. Le côté artisan designer, je le vois bien fusionner et faire vraiment une filière presque à part entière. L'humain historique dans le futur, c'est aussi une image qui change. C'est quelque chose qui m'a marqué quand j'ai commencé à travailler, parce que j'ai fait des études de design au début. Je me présentais plus comme designer. Tout de suite, un peu l'effet de halo. Designer, ça va être celui qui va être assis, qui va se la péter un peu, alors que pas du tout. Tous les designers ne sont vraiment pas comme ça. Enfin, ceux que je connais en tout cas. Quand j'ai fait formation en ébénisterie, je me suis plus dit ébéniste. Ébéniste, personne ne te donne un chapeau et dit ça y est, tu es ébéniste, tu l'es dès lors que tu travailles le bois. Ce que tu comptes, c'est que tu es ébéniste, tu vas apprendre toute ta vie à l'être et à rester. Un ébéniste de 60 ans, évidemment, a un savoir énorme par rapport à un ébéniste qui commence depuis deux ans. Mais voilà, on ne peut pas attendre d'avoir 60 ans de métier pour dire je suis ébéniste. Et quand j'avais commencé à dire je tombe, je suis veniste. J'ai été assez surpris par le capital sympathie que tout le monde a tout de suite. Et tout le monde connaît quelqu'un qui travaille le bois. Le bois, c'est une matière qui est vraiment aimée de manière générale par les gens, chaleureuse, qu'on connaît bien chez nous. Il y a beaucoup de forêts, donc c'est vraiment dans notre culture. Et ça, c'est un capital sympathie qui m'a marqué et que j'adore. Donc c'est vrai que quand je me décris en général, je vais plus être ébéniste que designer, pas parce que je préfère me faire mousser et qu'on me dit « Ah, super, c'est sympa et tout » , mais parce que je me sens plus aujourd'hui ébéniste que designer. Et le fait de créer Formel Studio avec Timothée, c'est parce que je ne veux pas perdre de vue le design. En tout cas, c'est plus de l'artisanat avec un regard designer. Et Formel, on part plus designer avec ce regard artisanal. Je parle beaucoup trop, c'est un truc de ouf. Je suis une wavy-plaine, en fait.

  • Speaker #2

    Non, t'inquiète pas. Merci beaucoup, Nicolas. Merci d'avoir partagé ton savoir, ton histoire. Merci. Et puis, à bientôt. Merci.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que l'histoire de Nicolas vous aura inspiré. Si vous souhaitez en savoir plus sur son travail, n'hésitez pas à vous rendre sur Facebook ou Instagram à Histoire d'artisan. Vous pouvez m'aider à faire découvrir les histoires d'artisan au plus grand nombre en mettant une note sur iTunes et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire.

Description

Dans cet épisode nous accueillons Nicolas Mérigout, designer ébéniste. C’est le jour où il a compris qu’il voulait faire du design que Nicolas a eu son déclic. Il est passé des cinq derniers de la classe au lycée aux premiers en école de design. Il nous raconte ce qui l’a amené à passer de la conception à la création, le bois étant comme une évidence pour lui puisqu’il a grandi dans une famille d’ébénistes. Il y a quelques années, Nicolas a eu un accident de la route qui l’a immobilisé pendant un an. De cette épreuve il en a fait une force et a construit sa marque Apical Studio. Derrière ce projet il y a de vraies valeurs éthiques et environnementales. Il souhaite que ses créations suivent ses clients pendant de nombreuses années c’est pourquoi il réfléchit à des design indémodables dans des matières durables. 

Si vous souhaitez en savoir plus sur son travail, n’hésitez pas à m’écrire sur facebook ou instagram à histoiresdartisans. Vous pouvez m’aider à faire découvrir les Histoires d’Artisans au plus grand nombre en mettant une note sur Itunes et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. J’espère que l’Histoire de Nicolas vous inspirera et que vous finirez cette épisode comme moi, avec le sourire. Belle écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans mon atelier.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Histoire d'artisan. Je suis Lysée Millet et je serai votre guide dans l'exploration de l'artisanat. Je vous fais découvrir les visages, plutôt les voix, de ces femmes et hommes qui ont décidé de passer leur vie à clé. Aujourd'hui, nous accueillons Nicolas Mérigou, designer ébéniste. C'est le jour où il a compris qu'il voulait faire du design que Nicolas a eu son déclic. Il est passé des cinq derniers de la classe au lycée, au premier en école de design. Il nous raconte ce qui l'a amené à passer de la conception à la création, le bois étant comme une évidence pour lui, puisqu'il a grandi dans une famille d'ébénistes. Il y a quelques années, Nicolas a eu un accident de la route qui l'a immobilisé pendant un an. De cette épreuve, il en a fait une force et a construit sa marque Apical Studio. Derrière ce projet, il y a de vraies valeurs éthiques et environnementales. Il souhaite que ses créations suivent ses clients pendant de nombreuses années. C'est pourquoi il réfléchit à des designs indémodables dans des matières durables. J'espère que l'histoire de Nicolas vous inspirera et que vous finirez cet épisode comme moi, avec le sourire. Belle écoute !

  • Speaker #2

    Bonjour Nicolas et merci de m'accueillir dans ton atelier. Est-ce que tu peux nous raconter ton histoire Nicolas ?

  • Speaker #0

    Alors ma histoire a commencé par des études en design. Donc l'idée c'était de faire un BTS design d'espace, plus orienté vers l'arche d'intérieur. Ensuite j'ai fait un DSA, donc un master en design global. Donc là c'était plutôt l'enjeu d'élargir un peu les connaissances en termes de design. Donc il y a design textile, produit, espace et graphisme. Et ce fameux DSA où j'étais, c'était un des premiers en France qui faisait justement... un mélange entre les espaces, les produits et les graphistes. C'était des classes de 24 avec 8 espaces, 8 produits, 8 graphistes et l'idée c'était de bosser ensemble sur des projets comme si on était en agence de design. Donc ça permet d'élargir le réseau et du coup aujourd'hui mes colloques qui sont une graphiste et un produit venaient de ce DSA aussi et voilà ça fait un vrai réseau qui est assez mélangé comme dans une agence donc ça m'a semblé plus intéressant et ça m'a apporté beaucoup de collaboration future. Et ensuite, après ça, après le master, donc là, c'était la partie scolaire. Tout ce qui s'est passé pendant le master, c'était beaucoup d'ordinateurs, très, très peu d'ateliers, très peu d'activités debout. Et rester assis, c'est assez compliqué pour moi. D'ailleurs, j'ai mal sur mes chaises. Et l'idée, c'était de passer côté atelier, parce que j'aime beaucoup le travail. Donc, en partant de ce DSA, je me suis dit, tiens, il me reste trois mois de stage conventionné. Qu'est-ce que je peux en faire avant de commencer une vie pro ? Donc j'ai appelé plein d'entreprises sur Paris, plutôt pour faire de l'alternance au début avec une école en formation, que des refus, personne prend d'alternance, c'est très très compliqué d'avoir un alternance justement et en plus qui n'a jamais bossé dans les ministéries. L'idée j'ai fait ok, vas-y on fait un stage, si ça vous va, ils ont dit allez on est parti, donc j'étais Atelier CY à l'époque, c'était une entreprise qui s'appelle aujourd'hui Atelier Synapse, mais c'est la même chose, c'est juste ils sont affilés avec un CY en plus. Et en trois mois, j'ai appris un max de choses, vraiment beaucoup, avec des grosses journées, 10 heures, 22 heures, des chantiers assez durs. Mais du coup, tu apprends vraiment la vraie vie, le vrai travail, et autant le bois que plein de choses dans les chantiers. Et du coup, après, j'ai bossé un an en freelance avec eux. Donc, c'est là où j'ai pu bien asseoir les connaissances, mettre en pratique et en étant payé en tant que pro. Du coup, s'ils se rendent compte un peu de la valeur du travail, le temps de travail, toutes ces choses-là, ça permet de faire un premier passage. et ensuite donc petit accident de la vie donc qu'un accident de la route qui m'a permis de réfléchir pas mal sur tout ça et donc de revenir ensuite et bosser que pour moi donc en créant apical studio qui est mon auto entreprise et là qui est plus tournée donc artisanat mais en gardant un peu d'amour à mon bagage de designer et d'ici le matin d'application de proposer aux clients ben voilà un artisanat avec un regard designer donc essayer d'avoir des proportions juste, avoir un bel esthétisme de l'objet, un rangement c'est pas simplement un casier et c'est fini. Du coup voilà, avec les finitions, le travail de détails, toutes ces choses là, et de pouvoir le faire. Et l'idée de faire du coup ce parcours manuel, c'était aussi dans un objectif de vie, c'était que je voulais continuer le design, mais quand on n'a pas de sous, on ne peut pas payer ses prototypes. Donc du coup, si tu n'as pas de commandes, tu ne peux pas faire tes créations. Et l'idée c'était d'apprendre à pouvoir apprendre l'artisanat, Donc les Benistory ça a été naturel pour moi parce que du coup la grand-père était menuisier, le grand-père aussi, donc j'ai toujours été un peu béni dans cet univers et j'ai souvent travaillé le bois en tant que type. Donc quand je revois mes projets d'avant, je me dis putain je respectais pas la matière. Les erreurs de débutant assez énormes, mais bon voilà il faut bien apprendre. Et du coup pour apprendre ce savoir-faire, pour fabriquer ses propres protos, ça a été vraiment genre comme un éclair, ça me semblait évident. Et du coup j'ai pu commencer à faire ça. Donc petit à petit j'ai pu faire mes premiers protos. Donc voilà, de plus en plus perfectionné. Aujourd'hui, c'est justement cette cartouche qui me permet de me dire que le monde du design... Et atteignable dans le sens où si je n'ai pas de clients, ça ne m'arrête pas. Je dessine, je fabrique, je fais les photos et on me propose. Et dès que j'ai un client, c'est un petit projet en côté. Ça permet vraiment de se dire qu'on n'est pas tenu par quelque chose. On peut y aller et quoi qu'il se passe, après il n'y a que des bonnes occasions, des bonnes opportunités qui se présentent en général. Ce qu'il faut, c'est toujours avancer. Au moins, je ne suis pas freiné par ce côté-là matériel et le problème financier. sur quand on n'a pas de mécène qui paye deux ans de développement pour un objet, il faut faire ça même et du coup, autant le faire bien.

  • Speaker #2

    Visiblement, tu as une certaine appétence pour le bois. Qu'est-ce qui t'a donné envie d'aller vers le design ?

  • Speaker #0

    Le design, c'était... Là, pour le coup, c'est vraiment en mode... Ça m'est venu comme un flash. Parce que moi, je ne suis pas du tout scolaire. Donc, tout ce qui était les études, le collège, j'en ai un très bon souvenir parce qu'il y avait les récréations. Mais sinon, je... beaucoup de difficultés à rester en place justement sur une chaise et écouter quelqu'un parler, faire des cours magistraux qui étaient intéressants avec du recul mais qui m'ennuyaient profondément à l'époque et du coup en cours de technologie en 3ème genre le seul cours où on commençait à toucher un peu des choses on a dû faire une horloge et on devait dessiner notre horloge du coup à l'époque j'avais dessiné une guitare parce que je faisais de la guitare comme tout adolescent qui se restait avec les cheveux longs et du coup le fait de pouvoir créer quelque chose. avec un stylo et une feuille et de le mettre ensuite en matière, ben franchement j'étais mais beaucoup proche sur ce cours là, j'en ai passé des heures et des heures à faire plein de croquis, en plus chez moi chose que je faisais jamais parce qu'en fait j'en ai devoir, je voulais même pas les faire et là je m'en rajoutais, donc je me suis dit ça c'est cool, et après ce moment je me suis dit je veux faire du design produit donc après je suis parti en design d'espace parce que il y a eu une autre inspiration entre temps mais il y avait cet objectif de produit et après le design, petit à petit dans mes études justement, je regardais souvent Télé Matin le matin avec un week design de Sylvie Améliard, je peux parler d'elle. Et ça, ça m'a donné vraiment envie de faire des choses de plus en plus, justement, abouties. Et ça m'a carrément boosté, en fait, parce que tous les matins, je devais me lever pour aller au lycée, faire mon PS. Là, finalement, je voyais une petite revue de design avec des expos, des choses qui étaient hyper intéressantes. Et ça, je me disais, putain, mais OK. Et en fait, toute la journée, je pensais à ça dans ma tête. Je crionnais, je faisais plein de trucs. J'essayais d'écouter au mieux les cours pour essayer d'avoir le bac que je l'ai eu. Mais voilà, sans... Avec du mal quand même, j'ai dû bosser beaucoup et sans beaucoup de plaisir, on va dire. Mais bon, j'imagine comme pas mal de personnes. Et après, dès que je suis placé côté design en mise à niveau, donc en mana, c'est une sorte de Ausha, ensuite en BTS. Là, c'était genre, je suis passé du, je sais quoi, peut-être dans les cinq derniers de la classe, je suis passé le premier, ça c'était une évidence. Genre, je bossais, même pas forcément tout le temps, mais trop bien. Et les premières charrettes jusqu'à quatre heures du mat, tout ça, et en fait, c'est trop bien. c'est là où tu te rends compte que ça c'est une passion parce que du coup tu comptes pas tes heures et tu peux ne pas dormir pour un projet et c'est trop bien, le design ouais c'est une évidence après c'est la création au delà du design j'aime beaucoup la culture design j'aime beaucoup ça c'est genre dessiner et le mettre en volume c'est trop bien

  • Speaker #2

    Et si tu avais un conseil à donner à tous ces parents qui sont justement désespérés par leurs enfants qui ne travaillent pas à l'école et qui ne sont pas intéressés par les matières classiques ?

  • Speaker #0

    Bah écoute, sans faire le vieux con, c'est juste qu'il faut quand même qu'ils le fassent parce que c'est une culture générale qu'on apprend. Ensuite, il faut aussi qu'ils aient des temps off et qu'ils fassent ce qu'ils ont envie. Donc si c'est le sport qui les intéresse, peut-être qu'ils seront des années plus tard, mais si c'est le sport qui les intéresse maintenant, il faut qu'ils fassent du sport à fond. Il faut apprendre à faire quelque chose. Ça, c'est vraiment ma vision très personnelle. apprendre à faire des choses à fond, à 100% jusqu'au bout, pour savoir à quel point ça peut coûter un engagement sur quelque chose. Par exemple, tu peux dire que tu arrives en finale de Coupe de France. Personne ne connaît ce sport dans certains milieux, mais tu as fait quelque chose de A à Z, il y a un aboutissement. Et quand tu y arrives, tu te dis que finalement, je suis peut-être arrivé pour les maths. Du coup, tu commences par la base, et tu arrives à avoir ta bonne note au bac, et tu te dis que tu as réussi. Après, tu feras sur des choses qui te plaisent, dans un milieu économique aussi, trouver un métier qui peut te faire vivre et en même temps qui te fasse kiffer. C'est la base, c'est l'objectif. C'est cool. Au début, on parlait de formation artisanale. Moi, je n'ai pas fait la formation à l'école boule. Il y a beaucoup de gens qui me disent, ah, t'as fait boule. C'est pas parce que t'es ébéniste que t'as fait boule. Oui, il y a beaucoup de boulistes en France, mais il n'y a pas que cette école déjà qui forme et t'es posé de faire une école pour être ébéniste. Et il y a même une fois, une... une personne qui parlait de moi à d'autres et j'étais là, j'entendais, elle avait dit que j'avais fait l'école boule. C'était une personne qui me vendait un client, donc gentiment. Mais du coup, j'ai dû arriver et dire, ouais, non... on parait que bélan dans ma barbe mais non je n'ai pas fait l'école boule d'un coup on voit après dans les yeux ah t'as pas fait l'école boule,

  • Speaker #2

    bah t'es pas ébéniste alors est-ce que tu as une anecdote à nous raconter ?

  • Speaker #0

    une anecdote il y a eu une anecdote qui a pas mal marqué ma vie il y a quelques temps du coup j'avais fait cette formation en ébénisterie en stage j'ai bossé avec les gars pendant un an et j'avais fait justement de l'ébénisterie pour pas rester assis sur ma chaise de créatif et pouvoir me lever et faire des choses aussi et justement je reste tout le temps debout maintenant je m'assois plus souvent et le problème c'est que bah en voulant bosser pour des gars en voulant monter ma boîte mais petitement je bossais le vendredi pour moi plus les week-ends donc je bossais 7 jours sur 7 toute l'année tout le temps à fond et du coup je revenais d'un rendez vous client qui était perso en plus le soir une voiture m'a fauché en moto et du coup bah pif voilà une fémur genre bien fracturé et je me suis retrouvé un an habité un an à l'hôpital pour un mec qui ne voulait pas rester assis c'était un peu un no-comble mais ça m'a permis de déjà je positif tout le temps surtout donc j'en ai tiré des conséquences ça m'a calmé aussi d'un point de vue je suis moins foufou moins cheval fou j'essaie de faire attention et ça m'a permis de rencontrer déjà des personnes extraordinaires en centre de rééducation qui n'ont plus de jambes donc déjà aujourd'hui quand on est un peu fatigué la vie est terminée toujours cette petite voix d'air qui me dit c'est que t'es mieux là quand même avec tes deux jambes à pouvoir marcher donc te prends pas et continue de sourire et de kiffer tout ça clairement ça je me le dis très souvent et c'est pas c'est vraiment pas une c'est pas hypocrite quoi que dire ça c'est vraiment vrai je me le dis souvent et et ça m'a permis de prendre le temps justement quand t'es allongé par contre t'es le carré au plafond tu réfléchis à ce que tu veux faire donc j'avais toujours ce objectif de monter ma boîte mais du coup je me suis dit bah Quand je reviendrai, au début, les chirurgiens me disent « T'en as pour 6 mois et c'est bon, tu reprends le travail. » En fait, non. Au début, c'était 3 mois, après 6 mois, c'était 1 an. Et du coup, voilà. Heureusement, je ne le dis pas direct, mais j'avais l'objectif de vite remonter et remettre le pied à étrier. Pour le coup, je ne voulais bosser que pour moi. Je voulais arrêter de me faire expérience pour une autre boîte. Et donc, j'ai réfléchi au nom, j'ai réfléchi au logo, j'ai réfléchi à toute la démarche, l'économie, j'ai monté mon business plan. tout ce qui est faisable à l'assis ou à l'onger, j'ai pu faire tout ça. Et j'ai commencé à dessiner aussi pas mal de choses. J'ai fait des projets en modélisation et qui étaient prêts pour le jour où je pourrais justement remettre le pied par terre. Et quand c'est arrivé, les ateliers Synapse, les fameux gars qui m'ont formé, m'ont donné la chance d'avoir un espace chez eux pour pouvoir bosser, reprendre le travail sans avoir de pression de loyer et de frais assez lourds. Et du coup, grâce à eux, pendant un an, j'ai pu me lancer. Au début, j'étais avec ma canne à la Doctor House. Je montais sur la mézanine, l'escalier un peu, mais avec la canne. J'avais des planches dans un bras et la canne dans l'autre. J'avançais, je travaillais l'atelier, je mettais 10 minutes. Franchement, c'était folklorique. Heureusement qu'ils m'ont laissé cette possibilité, parce qu'un mec avec une canne dans l'atelier, normalement, ce n'est pas trop ce qu'on imagine. Et là, c'était vraiment trop bien. Et j'ai pu faire des démobiliers comme ça. Je mettais beaucoup plus de temps qu'aujourd'hui forcément. Mais en m'appliquant, j'ai pu lancer. Et puis là, après, au bout d'un an, je pense qu'il est temps que je prenne mon envol. Ça y est, je n'avais plus de problème à la jambe. Je commençais à faire un petit peu de rentrée d'argent pour pouvoir payer un loyer. Je me suis fait, on y va, on s'en va.

  • Speaker #2

    Quelles sont tes sources d'inspiration ?

  • Speaker #0

    Les sources d'inspiration, elles viennent de... tous les jours, vraiment de n'importe où. En fait, je me balade, je vais voir une barrière avec un petit détail rigolo. Je fais ah putain, c'est une bonne idée. Mais du coup, appliqué dans un autre domaine, ça peut apporter quelque chose de super intéressant. Et souvent, ça vient de l'industrie. J'aime bien le design industriel et les assemblages extrêmement d'ingénierie, très intelligent et très, très travaillé, très précis. Ça, je trouve ça magnifique. Une pièce genre du ruineau, je trouve ça magnifique. C'est une des plus belles pièces de design parce que le design, ça part aussi du design industriel quand même. Ça, c'est une vraie inspiration de Zain Industriel. C'est presque un objectif aussi, un jour, de pouvoir faire des projets, justement, à l'échelle indus.

  • Speaker #2

    Je ne sais pas ce que c'est une turbineuse.

  • Speaker #0

    Une turbine, par exemple, une turbine d'avion pour un réacteur. Ou ça peut être, genre, juste une entretoise filetée à l'intérieur. Enfin, voilà, j'en ai ici, enfin, des pièces, des pièces même de cargayerie, mais qui sont extrêmement bien finies, qui sont vraiment, genre, la machine est calibrée pour faire ça parfaitement sur une série de 10 000. C'est incroyable, je trouve ça super beau. Donc ces pièces appliquées justement dans tous les jours que tu peux croiser comme ça, sur des machines, des ornithes, c'est inspirant je trouve. Et puis après, ce qui inspire beaucoup, c'est l'atelier justement. tu fais un projet pour quelqu'un, mais en faisant ce projet tu te dis ah putain c'est trop malin ce système, et en fait tu vas pouvoir l'appliquer justement sans faire de plagiat, au contraire c'est juste faire un petit pas de côté et avec ce pas de côté tu vas pouvoir faire un objet totalement différent l'assemblage va pas avoir le même usage, peut-être mais ça va te faire justement une inspiration et ça vient tout seul en fait et quand t'es tout seul c'est ça qui est bien, c'est que les projets viennent au compte-goutte mais justement t'en as pas trop, t'as juste ce qu'il faut et les inspirations aussi, parce que quand t'en as trop tu notes tout dans un carnet mais t'aboutis à rien Ce qu'il faut, c'est avoir quelques inspirations, mais pouvoir les aboutir sur des photos, sur des tables, des choses comme ça. Et puis après, forcément, il y a le design qui vient aussi en jeu, avec tout ce que j'ai pu faire comme expo, voire comme émission. Dans les cours, j'aime beaucoup le design années 60-70, mais après, j'aime beaucoup le design d'espace aussi, les artistes, tout. Franchement, ça vient de partout après. Mais ça, c'est l'univers design qui parle un peu plus.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux nous présenter ton artisanat ? Et par là, j'entends un petit peu ton travail au jour le jour, les techniques que tu utilises.

  • Speaker #0

    Ouais. Du coup, présenter mon artisanat, ça ne serait pas genre les belles histoires, parce que du coup, l'artisanat que je vais essayer de mettre en place, c'est vraiment plutôt le travail manuel. Au-delà de simplement le travail du bois, j'essaie de travailler d'autres matériaux, mais sans dire que je ne suis pas sévrier, je ne suis pas maroquiner, mais du coup, je m'ouvre à d'autres techniques. Celui que je fais tous les jours, c'est vraiment essayer de passer du dessin à la matière. Donc ça va souvent être du travail avec tout type de matériaux, principalement le bois, pour le mettre en application. Après, dans l'atelier, ce n'est pas un atelier très grand, donc du coup, il y a beaucoup d'outils portatifs. Mais j'essaie de pousser au maximum justement, je ne veux pas avoir trop de machines stationnaires qui prennent beaucoup d'espace, beaucoup d'entretien, beaucoup d'investissement. Donc c'est plutôt du portatif et en le poussant au maximum, tu peux faire des détails super intéressants et réutiliser aussi les outils de l'époque. On ne sait pas tous les jours, mais quand tu les utilises, ça fait plaisir. C'est-à-dire les sites de bois que tu as récupéré chez le grand-père, il y a juste à les raffuter. L'acier était de meilleure qualité à l'époque qu'aujourd'hui, donc en plus c'est un meilleur outil que ce que je pourrais acheter de neuf aujourd'hui. les scies japonaises, tous ces outils assez incroyables qui permettent dans la journée, je passe assez vite de l'ordinateur aux machines et l'ordi fait partie de l'artisanat pour moi. Autant que par exemple, aujourd'hui, on parle beaucoup des réseaux Instagram et compagnie. Instagram, c'est une machine qui fait partie de l'atelier pour moi. C'est un outil qu'il faut savoir manier, qu'il faut faire attention de ne pas se blesser avec et il faut vraiment l'utiliser à bon escient. pour les bons projets, mais qui te permet de finir ton projet. Et je trouve que c'est vraiment important de le voir comme ça, parce qu'en tant qu'artisan, c'est, je crois, un des premiers médias qu'on va avoir depuis que les artisanats existent, qui permet de montrer aux gens ce qui se passe à l'atelier. Et quand un client, il me demande une table, et qu'en story, il va voir sa table se faire, je pense que ça n'a pas de valeur pour le client. Enfin, ça n'a pas de valeur, c'est sûr, c'est juste du sentiment, mais ça a une plus-value énorme sur l'objet, et c'est assez intéressant. Et après, moi, j'aime bien aussi tout ce qui va être un peu poétique ou sensible. Par exemple, j'avais fait une bibliothèque pour ma mère avec le châtaignier de mon grand-père qui était béniste, qui est décédé aujourd'hui. On avait vraiment le cœur du bois, en plus, qui était en forme de flower power. Donc, c'était ouf. Alors, j'ai kiffé. Et en comptant, il y avait 113 anneaux, approximativement. Donc, du coup, j'ai pu dire à ma mère que j'ai fait sa bibliothèque avec le bois du grand-père. Et en plus, le bois, plus de moutous, donc c'est assez fort. Ça te permet de te dire, quand tu bosses sur une planche, Tu dis là, je vais m'appliquer. Et je veux faire bien, je ne veux pas rater. Ce n'est pas genre, je la rate, ce n'est pas grave, je jette le bois, je reprends un et je recommence. Non, je le fais. Et même auquel cas, tu vois, parce qu'un accident, ça arrive, il faut savoir réparer, il ne faut pas jeter. Et justement, je ne suis plus dans cette démarche de toujours essayer d'optimiser. Et la matière, dans le design aussi que je mets en place, c'est des objets qui vont avoir des formes très épurées, parce que j'aime aussi les choses sobres et élégantes, mais aussi parce que je veux avoir des objets qui rentrent dans une... une réalité économique et en même temps rester sur du matériau de qualité. Donc en gros, les clients parfois vont dire, du coup, c'est trop cher, on peut passer sur de l'aggloméré. Non, je ne bosse pas avec ces bois-là parce que selon moi, c'est des saloperies. Il y a plein de cols, c'est toxique, ça ne m'intéresse pas de le travailler. Je bosse avec du massif. Du coup, moins tu as de matière sur l'objet, plus tu vas mettre de la bonne qualité au même prix. Donc c'est vraiment l'idée de faire des lignes très simples pour justement garder cette matière-là. Et pareil sur les finitions, finition naturelle de bonne qualité donc moins tu as de surface, plus tu pourras vendre ton objet à un prix quand même qui rentre dans une réalité économique. Donc ça rentre vraiment dans le design je pense qu'il y a aussi cette notion de pouvoir le vendre ton objet. S'il est invendable ça n'a aucun sens. Parfois on voit des dessins passés qui n'ont pas de sens parce que dans la réalité oui tu peux le faire mais à quel prix ? Personne ne peut jamais j'ai marché ça. C'est impossible. Mais ça peut être intéressant aussi. J'ai un objet unique à 50 000 balles. Mais c'est pas une affaire. C'est pas encore arrivé. Je serais pas fameux comme ça aussi.

  • Speaker #2

    Donc en fait, toi, tu as un métier où tu passes du temps sur l'ordinateur à dessiner. Et ensuite, tu vas modéliser ça. Ouais. Contrairement à... Alors moi, je te parle du cliché de l'ébéniste. Pour moi, il a incarné un stylo, il fait des croquis et... Oui,

  • Speaker #0

    les croquis, t'en fais toujours. Il y a un tableau Vélida en plein milieu de la télé, c'est vraiment pas pour rien. C'est en mode, quand il y a un client même, on dessine tout de suite pour s'expliquer. Le dessin, c'est très important. Après, l'ordinateur, ça permet de faire beaucoup de choses et ça permet de monter en 3D un projet assez complexe avec les bonnes épaisseurs, tout ça. Donc, il faut vraiment être très rigoureux sur l'ordinateur. C'est pareil, c'est comme Instagram. c'est une machine. C'est comme une ponceuse orbitale, c'est comme une défonceuse. Il faut vraiment le connaître. Quand tu l'utilises bien, ça marche super bien. Et du coup, les 3D, ça te permet ensuite de faire tes fiches de débit. Et une fiche de débit, c'est un tableau Excel. Franchement, on ne fera pas l'agent comptable quand on fait ça. Mais du coup, c'est hyper important de le faire très rigoureusement. Une fois envoyé au fournisseur, il t'envoie les planches et qu'après, il y ait le meuble plus grand à assembler. Et ça, au début, c'était ce que je pouvais faire dans l'autre atelier, c'était justement partir du tronc d'arbre, sectionner en plots, donc déligner. Et en partant de ça, je délignais l'écorce, je panotais, donc je choisissais mes pièces de bois vraiment en fonction de la teinte, des nœuds, de tout ça. Et je faisais des panneaux, et ensuite je faisais mon meuble. Tout ça, ça prend beaucoup de place, ça prend extrêmement de temps. Savoir le faire, c'est très important, mais aujourd'hui, maintenant, les panneaux, il y a des fournisseurs en France qui, c'est leur métier de partir de l'arbre. et de faire un panneau. Ils ont les machines pour ça et c'est très, très bien. Du coup, dès que tu veux te mettre dans une réalité économique, il faut passer par là. Mais c'est bien d'avoir fait avant tout le parcours manuel. C'est ce qu'on apprend sur le moment dans les écoles. Moi, je l'ai appris parce que du coup, là où je me suis formé, on le faisait. Et puis, quand je suis revenu de l'accident, j'avais le temps de faire ça justement parce que comme je n'avais pas d'argent, ça coûte moins cher quand même d'acheter un plot d'art qui a un panneau déjà fait. du coup c'était mon temps et j'ai appris à le faire donc c'était cool et la question qui était sur l'ordinateur pas beaucoup, mais un peu quand même.

  • Speaker #2

    Quels sont les projets sur lesquels tu travailles en ce moment ?

  • Speaker #0

    En ce moment, je travaille sur pas mal de projets qui vont être plus, justement, design. Donc, c'est des créations personnelles et des créations aussi que j'ai faites en collaboration avec Timothée Conquéré. Donc là, on a monté une nouvelle structure. Donc, avec Apical, qui est vraiment l'auto-entreprise où je travaille, je suis artisan avec un regard designer. Et il y a Formel Studio qu'on vient de monter il y a 2-3 semaines avec Timothée Concaret. Là c'est plus des designers avec du coup le regard artisanal. Donc ça permet d'avoir aussi le savoir-faire artisanal, la possibilité de prototyper. Donc là c'est justement ce qu'on est en train de faire, c'est pour l'exposition à Naolehof en septembre. On développe des gammes d'objets, table, bande, bibliothèque, en tant que designer. Et après on appuie directement à l'artisanat, donc on fabrique nos photos, on prépare tout ça pour les expos. Donc en ce moment c'est des projets persos mais qui ont vraiment un but concret au final. et d'ici peu de temps, c'est assez intéressant. Ce qui est aussi, ce n'est pas qu'un projet perso, on a six ans pour le faire en place et il faut le faire pour le mois prochain. Et après, à côté de ça, il y a pas mal de projets qui passent aussi parce que je suis arrivé il n'y a pas longtemps dans l'immeuble, enfin dans mon nouvel atelier, avec les habitations qui sont à côté. Et à l'inauguration, il y a pas mal de clients qui sont venus. Maintenant, les particuliers, j'en prends de moins en moins parce qu'il y a de moins en moins de demandes quand on ne les cherche pas. Mais là, en l'occurrence, il y a deux, trois voisins voisines qui ont voulu avoir une belle pièce de bois chez eux. Je suis sur ces projets-là aussi en parallèle et c'est assez chouette. Ça crée du lien social avec les gens du quartier, donc ça, c'est extrêmement bien. Et en plus, pour les livraisons, c'est optimal, tant pour moi que pour eux. Ça leur coûte moins cher. En plus, moi, c'est hyper facile de partir de l'atelier avec le panneau chargé sur les chariots et d'arriver, s'il manque vraiment quelque chose, je suis à côté. Donc, c'est trop bien. Puis au-delà de ça, il y a le contact avec les gens, c'est plus perso. Je les reverrai plus tard pour me dire comment c'est, où je suis. Enfin, c'est assez cool, tout ce côté-là.

  • Speaker #2

    T'as parlé d'une exposition en septembre ?

  • Speaker #0

    Ouais. Alors en septembre, ça va être pour la Design Week. C'est Now le Off, qui va se passer dans le Marais cette année. Avant, c'était au Doc. C'était la monnaie du design à Paris.

  • Speaker #2

    Tu l'écris comment ?

  • Speaker #0

    C'est N-O-W, le O2F. OK. Maintenant, le Off. Et ça existe depuis quelques années. En gros, l'idée, c'est de mettre en avant les nouveaux designers et artisans qui montent sur la scène. Les millénials, comme ils les appellent. C'est le jeune d'aujourd'hui. Et là, on se lance, nous c'est un peu le lancement officiel pour Formel Studio, donc avec le logo, la charge graphique, les trois premières collections qu'on a pu monter. Donc dessiner, effet, on a certaines déjà un peu vendues à des particuliers. L'idée c'est de trouver d'autres clients, surtout de dire, nous on fait ça, c'est notre style, et on le fait avec cette qualité de finition. Et on le fait en France avec des matériaux français, donc tout le bois est français, la finition est naturelle. Il y a des principes perso que j'applique vraiment dans mon métier. C'est pas en mode, ah ça y est, là, il faut gagner de la thune, j'oublie tous mes principes. Au contraire, je vais me challenger pour réussir à appliquer mes principes de ma vie personnelle dans mon métier. L'idée, c'est aussi de faire des projets qui tiennent dans le temps, pour ne pas avoir à les jeter dans 5 ans, ou dans 2 ans même. Et il y a aussi le côté, le regard des gens, qui peuvent se lasser d'un meuble. Et du coup, un meuble sobre, classe, élégant, c'est ce que j'essaie de faire. donc après voilà, chacun son goût et les couleurs mais en gros c'est plus tu vas rester sobre et élégant et le petit détail subtil qui fait que ton objet vraiment a une touche en plus et bah ça ça peut permettre aussi à l'objet de vivre plus longtemps parce que les gens c'est pas l'objet qui va se casser c'est les gens qui vont le jeter ou le revendre ou autre chose donc s'ils le revendent c'est bien parce que ça va suivre un nouveau cours mais s'ils le jettent ou qu'ils l'abandonnent quelque part bah c'est perdu et donc après bon acheter un et encore et encore et on s'arrête jamais c'est vraiment essayer de faire ça pour des matériaux durables français donc essayer d'avoir un impact carbone le plus faible possible même si forcément tu en as, parce que tu crées un objet. mais après aussi que dans la ligne, ça puisse être intemporel.

  • Speaker #2

    Tu m'avais parlé juste avant qu'on enregistre d'un projet. Quand je suis arrivée, il y avait deux personnes. Tu m'as expliqué un petit peu ce projet.

  • Speaker #0

    Les deux personnes qui étaient là, du coup, c'est... Il y avait le gérant d'une entreprise de curage de bureaux. Ça consiste en fait à récupérer tout le mobilier dans des entreprises qui soit ont fait faillite, soit se délocalisent, soit changent de locaux. Lui, il récupère tout ça. il le remet en état et il le revend. Mais dans tout ce qu'il remet en état, il y a beaucoup de panneaux, notamment de table, de bureau, qui ne peuvent pas se réutiliser comme ça, qui sont abîmés d'un côté, ou autres qui ne peuvent pas être revendus, réutilisés. Donc là, c'est un peu un nouveau terme qui sort, c'est le upcycling, c'est réutiliser des matériaux de recyclage, mais en faire quelque chose en plus. C'est vraiment faire un nouvel objet avec, qui redonne envie à des gens de le posséder, ça permet de ne pas jeter la matière, ou de ne même pas la recycler, c'est juste la remodeler, de contemporain et qui soit fonctionnel. Donc là, avec eux, il y a cette ligne qui est d'utiliser des plateaux, dessiner un objet et donc le prototyper ici. Là où c'est assez intéressant, c'est une entreprise qui fait de la réinsertion ou de l'insertion de personnes. Ça peut être aussi bien des personnes qui sortent de prison que des migrants. Il y a de tout profil. Et c'est des gens qui n'ont pas forcément touché à la matière à l'époque ou alors qui ont travaillé dans leur vie sur des machines. Mais voilà. qui ne savent pas forcément comment faire pour faire son mobilier. Donc l'idée, c'est d'arriver chez eux et de les aider à former les personnes. Il y a vraiment un caractère déjà formateur qui est très intéressant, parce que quand on forme, on se forme soi-même plus quasiment que quand on va former les gens. Et il y a aussi le côté social qui est incroyablement fort, dans le sens où il y a des personnes qui viennent, qui parlent français mais pas forcément très bien, et qui vont dire « oui, j'ai compris » , mais en fait, ils n'auront pas forcément compris. Et il faut vraiment essayer de mettre en application. de manière safe parce qu'on est sur des machines très dangereuses un doigt ça part très vite, donc l'idée c'est que personne ne se blesse, mais en même temps de pouvoir les faire pratiquer tout de suite et que dans le temps ça dure, moi quand je ne suis plus là il faut qu'ils puissent encore fabriquer ces tables et ces bureaux et ces objets et que ça reste une qualité aussi, donc il y aura forcément un suivi, mais l'idée c'est que ces personnes soient valorisées aussi et trouvent des compétences, comme moi quand j'ai appris j'ai pas fait d'école, j'ai appris sur le tas, c'est un peu pareil donc là c'est leur donner cette possibilité et essayer vraiment d'être avec un détail et un soutien du détail important. pour leur transmettre ça, qu'ils fassent des beaux objets, mais qu'ils apprennent aussi. C'est un projet qui est en train de se monter. Et ce côté, vraiment, garder l'artisanat au service du social, je ne m'y attendais pas. C'est tombé dessus comme ça. Mais c'est exactement des projets comme ça qui me motivent aussi pour tous les matins, tous les jours.

  • Speaker #2

    J'en viens à la question des projets futurs. Quels sont tes projets pour le futur ?

  • Speaker #0

    Et les projets futurs, dans un futur proche, là, il y a des projets avec des belles entreprises qui m'ont contacté. Pour justement, c'était contacté sur tout le formel studio. Donc là, c'est avec Timothée. Et l'idée, c'est faire justement, ça tombe les deux en même temps, mais ça me fait prendre conscience que le cycling, c'est une demande qui arrive vraiment fortement. Et là, l'idée, c'est sur des anciens trains de l'époque, des années 60. C'est réutiliser des objets, donc tout ce qu'il y avait sur les trains à l'époque. et en faire des objets contemporains. Là, en l'occurrence, c'est avec la SNCF. C'est le petit gris de l'époque, donc un transfilien qui a roulé, roulé, roulé. Ma grand-mère le connaissait, c'était dans les années 60. Ce gisement de matière est encore là, n'a pas été détruit, et c'est iconique. Donc en fait, il faut en faire quelque chose, le remanier au goût du jour, donc il y a un vrai travail de designer, mais avec un vrai regard arsenal, parce qu'il faut justement que ça tienne, ça marche. Et l'idée, c'est de rester comme la SNCF, c'est design industriel, Roger Tavon, toutes ces inspirations-là, c'est du design fonctionnel, utile. et résistant. C'est vraiment avoir cette idée et ensuite le faire. Après, c'est une vente aux enchères qui va se faire sur une exposition au mois de décembre. Tous les bénéfices reviennent à une association. C'était le Resto du Coeur l'année dernière. Cette année, on ne sait pas encore qui ça va être. En plus, il y a cette portée sociale qui m'est chère et qui, à chaque fois, ça se met devant moi comme ça, du pain béni. Et je me dis, mais c'est trop bien. Tu bosses pour des choses qui t'inspirent, qui te font plaisir, qui sont éthiques, qui sont bien pour l'environnement, dans la ligne du temps et en plus, qui sont sociales. Donc franchement, coup bénéfique, trop bien.

  • Speaker #2

    Quels sont les principaux enjeux que tu rencontres aujourd'hui dans ton métier ?

  • Speaker #0

    L'enjeu pour l'artisan, c'est forcément se faire plaisir, mais c'est aussi d'arriver à payer son loyer. Les trois bases fondamentales, c'est à se nommer, à se loger, à se métirer. Avec ça, on peut vivre. Et du coup, forcément, il faut faire rentrer de l'argent. Et ce qui est assez difficile aussi, c'est que si tu es au fond de ton atelier tout seul, les projets ne vont pas forcément se faire comme ça. Il faut apprendre à faire les devis, les factures, pour rendre son temps au juste prix. L'idée, c'est de faire ça aussi. Et il y a un autre enjeu, c'est celui de la sécurité. C'est quand même un métier manuel où il y a des risques potentiels. Il faut anticiper tout ça. Et il faut toujours essayer de se projeter. Un accident, ça peut mettre le pied à terre pendant quelques temps. Sachant que pour le coup, j'ai déjà vécu ce genre de traumatisme dans la vie pro. Qui ne m'a pas battu loin de là. Au contraire, ça m'a rendu plus fort. Donc l'idée, c'est que si un jour, il se passe quelque chose, il faut simplement assumer économiquement les frais fixes qu'il faut. Donc il faut anticiper ça. Pour avoir un regard, il y a de l'artisan dans son atelier. Il faut essayer vraiment de gérer ce problème-là. Si jamais il se passe quelque chose le jour, il faut rebondir, toujours de la bonne manière. Même avec une main en main, il y a des mecs qui se débrouillent. Il y a des très belles histoires qui existent. C'est un enjeu aussi, c'est de faire attention à soi.

  • Speaker #2

    Et toi, tu fais comment justement pour anticiper ces possibles accidents ?

  • Speaker #0

    En fait, depuis l'accident, j'imagine souvent des situations d'accident. Je pense que c'est un peu le trauma qui peut rester. Il y a beaucoup de moments où je me dis attention à ça. Hier soir, pendant tout le moment, j'étais à l'escalade, je fais du bloc. Il y a un mur qui est en dalle. Si on glisse, on peut facilement se taper la mâchoire. Franchement, je préfère aller monter un autre mur que de monter celui-là. Parce que si jamais tu glisses, tu te fractures une chicot, c'est dommage. C'est juste essayer d'éviter les problèmes. Le problème, c'est que la nature revient toujours au galop. Que tu la pousses, elle revient. Et j'ai une nature à vouloir toujours foncer. et aujourd'hui je suis en vélo plus en moto souvent je me dis ralentis quoi fais gaffe parce que c'est con de te faire renverser par une voiture et de ne pas pouvoir bosser pendant deux mois quand tu es tout seul. Si toi, tu n'es pas là, les machines ne tournent pas et elles s'enrayent. Donc, il faut que tu sois là.

  • Speaker #2

    Tu as un casque ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, j'ai un casque. C'est bien lignable. Ma copine m'a mis des lignes partout. J'en ai sur les rayons. Ça fait des petits cœurs bleus. C'est génial. Il y a tout ce qu'il faut.

  • Speaker #2

    C'est bien, c'est bien. Comment tu vois ton artisanat en général dans le futur ?

  • Speaker #0

    Dans le futur, l'artisanat, les pénisteries, je le vois vraiment être plus présent. Les gens ont ce besoin de faire du bricolage. On le voit très bien avec Weekendoo qui fait venir des gens dans les ateliers former les gens pendant trois heures en partie avec un objet matériel. Les gens veulent vraiment revenir à ça. Je pense que les formations pour les jeunes vont se développer. On le voit aujourd'hui, ça revient sur le devant de la scène, tous ces métiers manuels, et ils sont valorisés. Justement, on montre que c'est aussi un vrai savoir. Je vois bien les business theory devenir un métier assez démocratisé. Après, on parle de makers aujourd'hui. J'avoue que ce terme-là, il est un peu vague, mais c'est un peu ceux qui dessinent et qui font. Et il y a beaucoup de profils qui sont des designers, mais qui sont artisans aussi, qui veulent vraiment bosser de leur main. Il y en a, ils appellent ça les néo-artisans, il me semble. En gros, c'est vraiment cette nouvelle vague d'artisans qui n'ont pas fait une grande école et ensuite qui vont faire que ce métier toute leur vie. Ils touchent un peu à tout, en gros. Le côté artisan designer, je le vois bien fusionner et faire vraiment une filière presque à part entière. L'humain historique dans le futur, c'est aussi une image qui change. C'est quelque chose qui m'a marqué quand j'ai commencé à travailler, parce que j'ai fait des études de design au début. Je me présentais plus comme designer. Tout de suite, un peu l'effet de halo. Designer, ça va être celui qui va être assis, qui va se la péter un peu, alors que pas du tout. Tous les designers ne sont vraiment pas comme ça. Enfin, ceux que je connais en tout cas. Quand j'ai fait formation en ébénisterie, je me suis plus dit ébéniste. Ébéniste, personne ne te donne un chapeau et dit ça y est, tu es ébéniste, tu l'es dès lors que tu travailles le bois. Ce que tu comptes, c'est que tu es ébéniste, tu vas apprendre toute ta vie à l'être et à rester. Un ébéniste de 60 ans, évidemment, a un savoir énorme par rapport à un ébéniste qui commence depuis deux ans. Mais voilà, on ne peut pas attendre d'avoir 60 ans de métier pour dire je suis ébéniste. Et quand j'avais commencé à dire je tombe, je suis veniste. J'ai été assez surpris par le capital sympathie que tout le monde a tout de suite. Et tout le monde connaît quelqu'un qui travaille le bois. Le bois, c'est une matière qui est vraiment aimée de manière générale par les gens, chaleureuse, qu'on connaît bien chez nous. Il y a beaucoup de forêts, donc c'est vraiment dans notre culture. Et ça, c'est un capital sympathie qui m'a marqué et que j'adore. Donc c'est vrai que quand je me décris en général, je vais plus être ébéniste que designer, pas parce que je préfère me faire mousser et qu'on me dit « Ah, super, c'est sympa et tout » , mais parce que je me sens plus aujourd'hui ébéniste que designer. Et le fait de créer Formel Studio avec Timothée, c'est parce que je ne veux pas perdre de vue le design. En tout cas, c'est plus de l'artisanat avec un regard designer. Et Formel, on part plus designer avec ce regard artisanal. Je parle beaucoup trop, c'est un truc de ouf. Je suis une wavy-plaine, en fait.

  • Speaker #2

    Non, t'inquiète pas. Merci beaucoup, Nicolas. Merci d'avoir partagé ton savoir, ton histoire. Merci. Et puis, à bientôt. Merci.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que l'histoire de Nicolas vous aura inspiré. Si vous souhaitez en savoir plus sur son travail, n'hésitez pas à vous rendre sur Facebook ou Instagram à Histoire d'artisan. Vous pouvez m'aider à faire découvrir les histoires d'artisan au plus grand nombre en mettant une note sur iTunes et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire.

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