Speaker #0Bienvenue dans le podcast d'Histoire d'artisan, je suis Lisa Millet, présidente de l'association Eponyme. Histoire d'artisan valorise l'ingénierie des artisans d'art en mettant en avant l'innovation et la recherche au sein des ateliers. Aujourd'hui, je vous propose un épisode un peu différent, où nous allons explorer un sujet qui fait écho aux enjeux actuels de l'artisanat d'art. La polémique autour des médailles des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Ces médailles, censées repléter l'excellence française et célébrer les victoires des athlètes, se sont retrouvées au centre d'une controverse à cause de défauts visibles comme des craquelures ou une dégradation du vernis. Ce format est nouveau pour le podcast et j'aimerais beaucoup avoir vos retours. Vos impressions sont précieuses, alors n'hésitez pas à m'écrire. Revenons à notre sujet. Les médailles olympiques, symboles de victoire et d'excellence, ont été au cœur d'une controverse. Craquelées, ternies, renvoyées. Elles racontent une histoire fascinante sur le défi que rencontrent les métiers d'art lorsqu'ils sont confrontés à des contraintes modernes. Alors, comment on en est arrivé là ? Quel enseignement peut-on en tirer de cet incident ? Je vous invite à plonger avec moi dans cette réflexion. Installez-vous confortablement et belle écoute ! Commençons par les faits. Sur les 5084 médailles produites pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, plus d'une centaine ont été renvoyées à la monnaie de Paris en raison de défauts visibles. Les athlètes concernés, parmi lesquels des figures emblématiques comme le skater américain Nigel Houston ou le nageur français Johan Endoy-Brouard et Clément Secci, ont partagé des images de leurs médailles abîmées sur les réseaux sociaux déclenchant une vague d'indignation. Les défauts signalés incluent des craquelures sur les bords, un vernis qui s'écaille et une détérioration globale donnant aux médailles un aspect usé après seulement quelques semaines. Ces témoignages ont été particulièrement gênants pour un événement aussi prestigieux que les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 où chaque détail est scruté comme un symbole de savoir-faire national. La Monnaie de Paris, chargée de leur production, a expliqué les problèmes en parlant de médailles. endommagée plutôt que défectueuse. Elle a tout de même reconnu que la cause principale était un problème de vernis. Cependant, ce problème dépasse le simple choix d'un matériau défectueux. Il révèle des failles dans tout le processus de fabrication. Pour bien comprendre cette polémique, il faut se pencher sur la technique de fabrication des médailles. Celles-ci sont principalement composées de bronze ou de laiton, des alliages métalliques connus pour leur sensibilité à l'oxydation. C'est un phénomène chimique naturel qui se produit lorsque le métal entre en contact avec l'oxygène de l'air ou de l'eau, ce qui altère son apparence et sa structure. C'est notamment ce qui se passe lorsque vous avez des bijoux en laiton ou en bronze. Pour prévenir cette dégradation, un vernis protecteur est traditionnellement appliqué. Cependant, l'interdiction récente du trioxyde de chrome, un composant clé des anciens vernis résistants, a contraint la monnaie de Paris à adopter un nouveau produit dans l'urgence. Ce vernis de substitution, mal testé et appliqué sous des délais beaucoup trop serrés, s'est avérée inefficace face aux agressions extérieures comme l'humidité, les frottements et les manipulations répétées par les athlètes. En parallèle, un autre problème technique a fragilisé les médailles. Lors de la fabrication, les frappes successives nécessaires pour imprimer les détails du design ont durci le métal. Un phénomène qu'on appelle écruissage, une question qui mérite d'être dans le jeu des 1000 euros de France Inter. Normalement, cette rigidité est corrigée par un recuit. un processus de chauffage contrôlé qui permet de détendre le matériau. Mais dans ce cas, cette étape semble avoir été négligée ou mal exécutée, rendant les médailles plus vulnérables aux fissures et craquelures. Enfin, la pression pour respecter des délais serrés a également joué un rôle. Certaines étapes critiques, comme les bains de galvanisation ou les tests de robustesse pardon, je vous parle technique, mais ça va vous expliquer plusieurs choses ont été écourtées ou sautées. ce qui a directement impacté la qualité finale des médailles. Petite histoire sur la Monnaie de Paris. Cette institution fondée en 864 est la plus ancienne en activité en France. Elle incarne un savoir-faire unique, mêlant précision industrielle et artisanat d'art. Ses ateliers, situés quai de Comté à Paris, perpétuent des techniques historiques telles que la gravure à la main ou l'estampage, tout en intégrant des innovations modernes comme la gravure numérique. Pour les médailles des JO 2024, un défi technique symbolique avait été relevé. inclure un fragment de la Tour Eiffel dans chaque médaille. Ces fragments, faits de fer récupéré lors de la rénovation de la Dame de Fer, devaient représenter l'alliance entre patrimoine et innovation. Cependant, cette ambition n'a pas suffi à garantir une qualité irréprochable. Les délais imposés, jugés irréalistes, ont poussé les artisans de la Monnaie de Paris à travailler dans des conditions où l'excellence artisanale devenait difficile à atteindre. Ce déséquilibre, où l'image et l'innovation ont primé sur le respect des processus traditionnels, met en lumière une problématique récurrente. L'artisanat d'art est trop souvent réduit à une étape d'exécution, alors qu'il devrait être intégré dès le début des prolongs. Cette affaire des médailles olympiques nous rappelle une vérité essentielle. Le temps long est une nécessité absolue pour l'artisanat d'art. Je me répète, le temps long est une nécessité absolue pour l'artisanat d'art. Fabriquer une médaille d'exception, ce n'est pas seulement suivre une série d'étapes techniques. C'est un travail minutieux qui exige une attention constante aux détails, une maîtrise des matériaux et surtout, du temps. Les logiques industrielles modernes qui privilégient la rapidité et la réduction des coûts entre souvent en conflit avec ces impératifs. Les choix techniques précipités, comme l'utilisation d'un vernis mal testé, ou les raccourcis pris pour respecter des échéances, compromettent non seulement la qualité des objets, mais aussi la transmission des savoir-faire. Cet incident doit servir de leçon. La recherche de l'innovation et de la modernité ne peut se faire au détriment de l'artisanat et de ses traditions. Des techniques numériques, comme la gravure 3D, peuvent compléter. le travail des artisans, mais elles ne remplaceront jamais leur œil expert et leur maîtrise des gestes anciens. Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que cet épisode vous aura permis de mieux comprendre la polémique autour des médailles des JO de Paris 2024, et plus largement les enjeux auxquels font face les métiers d'art aujourd'hui. Si ce format vous a plu, ou si vous avez des suggestions pour l'améliorer, je serai ravie de recevoir vos retours. Vous pouvez nous écrire à podcast arrobase histoire d'artisan.com ou venir échanger avec nous sur Instagram, où vous découvrirez des visuels et des témoignages autour des métiers d'art. Pour continuer de soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser une note, un commentaire ou à vous abonner sur votre plateforme d'écoute préférée. 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