Speaker #0Bienvenue dans Histoire d'artisan, je suis Lisa Millet et je serai votre guide dans l'exploration de l'artisanat. Ce mois-ci sur Histoire d'artisan, on parle de deux métiers qui demandent des compétences différentes mais qui sont souvent réalisés par un même artisan. Ce sont les métiers d'encadreur-encadreuse et d'odoreur-doreuse. Le métier de doreur-doreuse Le doreur est le professionnel qui applique de l'or, du cuivre, de l'argent ou de l'aluminium sous forme de feuilles sur des objets afin de les décorer ou de les restaurer. Ces objets peuvent être en bois, métal, verre, porcelaine, cuir, bref, plein de possibilités. Le doreur ou la doreuse est donc amené à travailler sur des meubles, des livres, des sculptures, des miroirs notamment. Aujourd'hui, le marché de la dorure fait que la réalité du travail du doreur se trouve surtout sur les chantiers. En effet, la dorure est très utilisée dans la décoration de bâtiments. Ainsi, un doreur est amené à souvent se déplacer sur les chantiers et rarement dans son atelier. Dans le cadre d'une restauration, il diagnostique l'époque d'exécution de l'œuvre et les méthodes utilisées à l'origine. Le doreur commence toujours son travail de dorure par un important nettoyage et une préparation des œuvres. C'est d'ailleurs ce qui prend le plus de temps. Il applique ensuite la pellicule manuellement et selon différentes techniques spécifiques en fonction de la matière à dorer et de l'usage de l'œuvre. Ainsi, suivant le style de dorure souhaité, très traditionnel ou plus contemporaine, on va utiliser une méthode différente pour « coller » les feuilles d'or. La première méthode est la dorure au mercure. La dorure au mercure est l'application d'un mélange de boulettes de mercure et d'or avec une brosse métallique. C'est un mélange de mercure avec de l'or en fusion. L'objet métallique est recouvert par l'amalgame, puis chauffé pour faire évaporer le mercure jusqu'à sa complète disparition. Malheureusement, Cette technique est excessivement dangereuse pour l'homme et, aujourd'hui, seuls les chefs d'entreprise ont l'autorisation de la pratiquer à leurs risques et périls. Rappelons qu'au temps du Roi Soleil, où Versailles brillait du feu de ses ors, on observait des dizaines de doreurs atteints par la fièvre et les tremblements. C'est tout simplement parce que lors de leurs travaux, ils se retrouvaient recouverts jusqu'à la poitrine d'or au mercure. Ils mouraient rapidement dans d'atroces souffrances, se sacrifiant pour un salaire mirobolant. La deuxième technique est la dorure à l'eau. aussi appelée détrempe. C'est une technique du XVIIIe siècle. Elle est la technique la plus ancienne. Elle ne peut se pratiquer sans formation préalable et implique l'application par couche successive de différents produits. Cette technique requiert l'utilisation de feuilles d'or libre et de produits tels que la colle de peau de lapin, de lacret et divers pigments. Cette technique permet le brunissage, un terme de dorure pour dire polissage, de la surface à dorer avec de la pierre d'agate. ce qui lui donne une finition brillante. La troisième technique est la dorure à mixtion ou à l'huile. C'est une technique datant du XIXe siècle qui consiste à enduire le support d'un vernis transparent afin d'y poser les feuilles d'or. Le produit doit sécher 3 ou 12 heures selon la mixtion choisie. Au moment du lissage de l'or, on obtient une différence de brillance entre l'endroit où il y a eu le vernis et là où il n'y en a pas eu. Cette technique a acquis une mauvaise réputation due à des cas d'empoisonnement au plomb. ingrédient qui a été retiré de la composition du produit, non sans une baisse de qualité du produit dans un premier temps. Actuellement, sa qualité est satisfaisante. L'avantage principal de cette technique est qu'elle permet la plus grande finesse de la couche d'adhésif sous l'or, réduisant ainsi le risque de voir des traces de pinceaux ou de doigts. Le rendu est mat. Dans ce procédé de dorure, l'adhésion des feuilles reste fragile. Elle ne résiste pas au grattage. C'est pourquoi elle est réservée de préférence aux éléments d'architecture qui restent hors de portée des chocs et rayures. Petit cours sur le carat. Le terme carat a été inventé au XIVe siècle en Angleterre pour simplifier le commerce de l'or. Il s'agit alors d'une mesure de pureté pour l'or, mais aussi pour d'autres métaux précieux. Sachant qu'un carat représente 1 24e de la masse totale d'un alliage, on trouve ainsi plusieurs puretés d'or allant du 9 carat au 24 carat. L'or 24 carat, aussi appelé or 99,99%, est de l'or pur. 24 parties sur 24 parties de la pièce étant de l'or pur sans trace d'autres métaux. D'une couleur jaune vif caractéristique, le 24 carats est le plus haut degré de pureté pour ce métal précieux. Aucun revendeur de bijoux ne peut donc fournir une pièce d'or 25 carats ou 26 carats. De même, il ne peut proposer un bijou à 24 carats. En revanche, ce sont les lingots d'or qui sont achetés dans des puretés en 24 carats. Sur le cours de l'or, le 24 carats est la forme la plus pure du métal précieux. Il est naturellement plus cher que les puretés inférieures. Notons enfin que certaines émissions de pièces de 10 francs françaises ont été conçues en or 90%. C'est le cas de la pièce demi-Napoléon. L'or pur 24 carats a pour poinçon un hippocampe tourné vers la droite. Si l'on se réfère au principe selon lequel un carat correspond à 1 24ème de la masse totale de la pièce, l'or 18 carats signifie que dans 24 grammes d'alliage, on trouve 18 grammes, soit 75,01% d'or pur. Il est généralement mélangé à 25% d'autres métaux comme le cuivre ou l'argent. Les bijoux sertis de diamants ou d'autres pierres sont souvent confectionnés en or 18 carats. On le reconnaît au poinçon en forme d'aigle. En dorure, l'or se présente en feuilles disposées dans un carnet de 8 cm de côté. Elles sont extrêmement fragiles, leur épaisseur variant de 0,1 à 0,8 microns. Il existe différentes versions de carnets, le 12 carats, le 16 carats, le 22 ou 22,5 carats, le 23,5 carat et le 24 carat. Les plus couramment utilisés sont le 22-22,5 carat et le 24 carat, ce dernier principalement pour la restauration de bois doré. D'autres alliages comme le palladium, qui fait partie du groupe du platine, le kaplan, un mélange de platine, de palladium et or de couleur grise, l'argent, le moongold, un alliage d'or et de palladium. Le 24 carat est le plus cher des ors jaunes. Le palladium reste, quant à lui, l'alliage le plus onéreux. A savoir que cela peut varier en fonction du cours de l'or bien sûr. Le métier d'encadreur et encadreuse. Le travail de l'encadreur est avant tout de protéger et de mettre en valeur un document ou un objet. La connaissance des œuvres, de leur style, des techniques, des matières et des composants est essentielle pour déterminer les matériaux ou le type de baguette à utiliser, ainsi que la méthode de fixation. Les professionnels de l'encadrement travaillent en étroite collaboration avec des doreurs, sculpteurs sur bois et restaurateurs de papier. Leur clientèle se compose majoritairement d'artistes, photographes, peintres, plasticiens. L'encadreur se doit de rester attentif aux innovations techniques dans le domaine des outils, des machines et des fournitures. Les relations avec la clientèle, particuliers, collectionneurs, artistes, marchands d'estampes et de tableaux ou musées sont très importantes. Exerçant un métier artisanal et commercial, l'encadreur doit faire face à la concurrence des activités de loisirs et des grandes surfaces. C'est notamment l'apparition de l'industrie du cadre qui a entraîné le déclin de ce métier. Petit cours sur le vocabulaire de l'encadrement. Un anneau est généralement en laiton, c'est le système d'accrochage de l'encadrement. La baguette ou moulure d'encadrement est assemblée pour constituer le cadre, qu'elle soit droite ou galbée, sculptée, ornée de motifs, de nervures ou de gorges, de plats ou de filets. Elle comporte toujours une feuillure pour intégrer le paquet. La feuillure est l'encoche de la baguette qui permet d'insérer le paquet. Elle comporte deux mesures essentielles, sa largeur, partie visible recouvrant le verre, et sa profondeur, qui contient l'épaisseur du paquet. Le paquet est l'ensemble de tous les éléments qui entourent le sujet, du carton de fond au verre, rembordé par un sujet de craft gommé. Le carton de fond sert de support à l'anneau. Remborder consiste à fermer les éléments serrés les uns contre les autres par un ruban de craft gommé. Le biseau est le bord taillé obliquement dans un carton de fond. Le biseau anglais est un biseau gainé sur le carton de fond. Aujourd'hui, les encadreurs en font très peu, car cela prend beaucoup de temps à faire et cela fait un peu vieillot. Il faut donc que cela aille avec le style du sujet. La fenêtre image est l'ouverture qui laisse apparaître le sujet une fois l'encadrement terminé. C'est le point de départ de toutes les mesures. Le passe-partout, appelé aussi le cache ou le passe, est la partie de l'encadrement se trouvant entre l'image et le cadre. La marge est la largeur donnée au passe-partout dans lequel on a taillé la fenêtre image qui borde le document. Si un encadreur vous parle de marge, il est fort probable qu'il vous parle plutôt du passe-partout. Le lavis est une technique de décoration du passe-partout. En fonction du style de l'œuvre, du cadre et de l'environnement, l'encadreur peut décider de décorer de filets, de bandeaux, voire d'éléments décoratifs le passe-partout. La plupart du temps, ces filets et ornements sont réalisés en lavis d'encre. Le lavis d'encre est une technique picturale consistant à n'utiliser qu'une seule couleur. Cela peut être de l'encre de chine, de l'aquarelle ou du brou de noix, un colorant naturel extrait de l'écorce de noix, qui sera dilué pour obtenir différentes intensités de couleurs. La sous-carte est la cartonnette située en bordure de la fenêtre image et qui permet d'agrandir le sujet. Elle est généralement habillée de papier. Enfin, gainer signifie habiller le biseau d'une bordure ou le passe-partout d'un papier tissu. Cela fait certes beaucoup de définitions à retenir, mais grâce à ça, vous pourrez comprendre votre encadreur ou votre encadreuse. Les types d'encadrement. Il y a l'encadrement dit traditionnel, qui convient à pratiquement tous les types de tableaux. On y trouve des techniques récurrentes, tels que le biseau anglais et le lavis. Les baguettes sont plutôt classiques, avec des moulures parfois dorées. Les passe-partout sont souvent de couleur et font rappel à l'une des couleurs se trouvant dans l'œuvre. On distingue le cadre classique du cadre contemporain. Dans ce type d'encadrement, les cadres sont souvent plats ou en pente. Ils sont en bois, tel que le chêne, avec parfois un petit liseré doré. Souvent, ce sont des cadres avec réhausse, c'est-à-dire que le verre est séparé du sujet avec une latte en bois. Le sujet peut parfois être sur un carton de fond visible, mais ce sera souvent avec seulement un passe-partout. Les passe-partouts sont souvent de couleur classique, blanc, crème, ivoire, avec une fenêtre image biseautée. Ce mois-ci, ce sont donc deux métiers que je vous fais découvrir. Le métier de doreur et doreuse, et le métier d'encadreur et encadreuse. J'ai encore une fois adoré rentrer dans cet univers. J'espère qu'il en sera de même pour vous. Une fois n'est pas coutume, nous avons beaucoup débattu sur l'artisanat français avec mon invitée Alice Marais. Je tenais à la remercier pour son aide pour la préparation de cet épisode. Les informations sur ces deux métiers sont relativement difficiles à trouver et son expertise m'a été précieuse. N'hésitez pas à me poser les questions en m'écrivant sur le compte Instagram d'Histoire d'Artisan. Je me ferai un plaisir d'y répondre. Vous pouvez continuer de m'aider à faire découvrir les histoires d'artisans au plus grand nombre en mettant une note sur iTunes et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. En attendant, je vous dis à la semaine prochaine avec une nouvelle histoire. Sous-tit