62 - Lydia Belghitar, émailleuse sur lave et designer cover
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Histoires d'Artisans

62 - Lydia Belghitar, émailleuse sur lave et designer

62 - Lydia Belghitar, émailleuse sur lave et designer

42min |19/12/2024
Play
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Histoires d'Artisans

62 - Lydia Belghitar, émailleuse sur lave et designer

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Description

Le parcours inspirant de Lydia Belghitar : Du design à l’émaillage sur lave


Dans ce nouvel épisode d’Histoires d’Artisans, plongez dans l'histoire de Lydia Belghitar, émailleuse sur lave et designer. Après un début de carrière prometteur chez IKEA, Lydia décide de suivre une voie plus personnelle, celle de l’artisanat d’art. Elle raconte son parcours fascinant, de sa formation en architecture d’intérieur à la création de son propre studio, Studio LER, qu’elle a pensé avec son mari. Vous découvrirez comment elle allie le design contemporain à une technique artisanale ancienne pour donner vie à des créations uniques. Cet épisode est aussi une histoire de résilience, marquée par des épreuves personnelles qu’elle a surmontées avec passion et détermination.


Laissez-vous inspirer par son chemin, où tradition et innovation se rencontrent, et apprenez comment Lydia a transformé son amour du design en un métier d’art à part entière.


Histoires d’Artisans est l’association qui valorise l’ingénierie des artisans d’art en mettant en avant l’innovation, le design et la recherche au sein des ateliers. Ce podcast est le reflet d’un univers merveilleux et beau et où le bien fait et les matériaux sont au centre des discussions.


Références de l'épisode :

La céramiste dont Lydia parle est Joëlle Swanet.


Liens de l’épisode : 

Studio Ler

Instagram

Site


Histoires d’Artisans

Site

Instagram

Le Carnet des Innovations


Production et réalisation : Lisa Millet

Montage et musiques : Quentin Blic


Si vous avez envie de nous transmettre un message, vous pouvez nous écrire à podcast@histoiresdartisans.com.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, bienvenue dans mon atelier.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans le podcast d'Histoire d'artisan. Je suis Lisa Millet, présidente de l'association Eponyme. Histoire d'artisan valorise l'ingénierie des artisans d'art en mettant en avant l'innovation et la recherche au sein des ateliers. Aujourd'hui, je vous emmène dans l'univers fascinant de la lave-émaillée avec Lydia Belleguitard, émailleuse sur lave et designer. Une artisane talentueuse et passionnée. Après avoir fait ses armes dans le design d'espace et l'architecture d'intérieur, Lydia a suivi un chemin particulier qui l'a mené à combiner son amour du design et de l'artisanat. Elle partage avec nous son incroyable aventure, de ses débuts chez Ikea à la création de son propre studio, Studio Lair, en collaboration avec son mari. Découvrez comment elle a transformé un savoir-faire ancien en une entreprise moderne et florissante, tout en surmontant des épreuves personnelles marquantes. Laissez-vous inspirer par ce parcours touchant et sa vision novatrice de l'artisanat.

  • Speaker #2

    Belle écoute ! Bonjour Lydia, nous ne sommes pas dans ton atelier. À mon grand désarroi, nous sommes chez moi, c'est toi qui t'es déplacée jusqu'à moi et je t'en remercie.

  • Speaker #0

    Avec plaisir.

  • Speaker #2

    Lydia, tu es émailleuse sur lave et designer. Est-ce que tu peux nous raconter, j'ai cru comprendre que tu étais d'abord e-designer et ensuite émailleuse sur lave, est-ce que tu peux nous raconter ton cheminement ?

  • Speaker #0

    Donc effectivement, j'ai fait des études en design. J'ai commencé par un BTS design d'espace, un golem. Ensuite, j'ai fait les beaux-arts d'Angers. donc en option design. Donc j'ai fait 7 ans de design plutôt spécialisé objet, parce que design d'espace, c'est plutôt l'architecture intérieure, donc ponctué par différents stages aussi qui ont été vraiment percutants dans mon parcours, notamment un stage de 4 mois pour Mathieu Lehanner, qui a une actualité assez forte en ce moment, et qui ont été un peu des révélations, parce que vraiment, là je découvrais qu'on pouvait bien se marrer aussi dans un studio. On pouvait vraiment aller loin dans des démarches, avec déjà les métiers d'art au cœur de sa création aussi à l'époque. Des collaborations, les échanges avec les clients, tout ça, ça a été hyper nourrissant. Donc voilà, parcours en design. S'en est suivi plutôt un emploi en tant qu'architecte intérieur, parce qu'en fait, j'ai été embauchée tout de suite après les études chez Ikea. Ok. Donc en fait, je suis rentrée...

  • Speaker #2

    Grand méchant.

  • Speaker #0

    Ouais. Je suis restée longtemps en plus. Oh ! Oh ! Donc j'ai commencé à Ikea Tour, deux ans, je suis restée là. Et après, j'ai demandé en fait une mutation à Ikea Clermont-Ferrand. Mais c'est là que tout s'est joué en fait, parce que cette mutation a été demandée parce qu'à l'époque, j'étais avec mon mari. Et en fait, mon mari avait une formation de taille de pierre qu'il avait dû abandonner pour privilégier la logistique dans des grandes boîtes. Enfin bon, voilà, il voulait revenir à la taille de pierre. Et donc moi, j'étais chez Ikea, donc en tant qu'architecte intérieur, et je voulais revenir au design d'objets. Donc on s'est dit, fort de ce constat, que peut-on faire à deux qui réuniraient nos compétences respectives ? Donc moi le design, lui la pierre, qu'est-ce qu'on fait avec ça ? Et en fait, en fouillant vraiment sur internet, enfin un petit peu en échangeant avec tout le monde, on a découvert la lave émaillée comme ça. Et un jour d'ailleurs, pas longtemps après qu'on se pose la question sur ce savoir-faire-là, un peu étrange qu'on a vu nulle part, qui fait ça ? Je suis tombée sur une pièce à Emmaüs, une pièce faite en Auvergne, vraiment old school. Là, vraiment, on est sur de l'émaillage sur lave old school d'une sénette auvergnate très traditionnelle. Et du coup, je l'ai acheté, j'ai ramené ça à la maison. Je fais, bah, regarde, c'est ça la lave-émaillage. J'en ai trouvé à Tours. Et du coup, on s'est dit, bah ouais, le savoir-faire, il est génial. On est entre la céramique, mais on a un truc qui est suffisamment solide pour être exploité sur du mobilier, sur du revêtement. contre, ouais, il y a quelque chose à faire. Ça rejoint un peu ce qu'on disait sur l'épisode 1, on trouvait que c'était un peu désuet et de comment on peut rafraîchir un peu le truc. En toute humilité, on n'est pas là non plus pour révolutionner quoi que ce soit, on est plusieurs d'ailleurs, et Maillor sur là va faire des choses quand même très contemporaines. Mais voilà, à ce moment-là, c'était notre constat, on veut faire des trucs de ouf, on l'avait maillé.

  • Speaker #2

    Des trucs de ouf !

  • Speaker #0

    Et du coup, j'ai demandé ma mutation à Clermont-Ferrand dans cette optique-là. On a vendu notre maison, une rupture conventionnelle, pour aller se former à l'école d'architecture de Volvic, en émaillage sur lave, pendant un an. Donc on parle de cette formation professionnelle. Et donc, je travaillais chez IKEA, et le soir, on développait ce qui deviendra Studio Lair, avec déjà notre four, l'envie de prototyper, l'envie d'associer la lave à d'autres matériaux. Et puis, on commençait vraiment à avoir un bon réseau d'artisans autour de nous, à développer le site internet. Et malheureusement, c'est là que l'histoire change un peu. Mon mari est tombé gravement malade. Donc ça, c'était en 2015. Donc on a dû laisser Studiolaire, entre parenthèses, pour le soigner. Malheureusement, c'est une maladie qui a duré trois ans, à l'issue de laquelle c'est la maladie qui a gagné. Donc en fait, il est décédé en 2018. Donc ouais, trois ans après. Avant ça, on avait fait un rapprochement familial en Bretagne. Donc dans ce contexte de maladie, pour être accompagné par la famille. Et il est décédé pas longtemps après, un mois après qu'on soit installé en fait. Mais donc on s'est rapproché de sa famille, en l'occurrence de sa sœur Jessica, qui habitait, qui est en fait ma voisine, et avec laquelle on développera donc Studiolaire toutes les deux. Donc en fait c'est vraiment une histoire qui est restée familiale, qui a été extrêmement violente à vivre, et du coup qui nous a donné encore plus envie, parce que c'est un projet, du coup c'était le projet de son frère. mon projet, c'est vraiment un projet de vie. Donc du coup, elle m'a rejoint un peu sur le tas, parce qu'elle n'est pas issue de ce milieu-là, ni du design, ni de l'émaillage sur lave. Donc on a un petit peu testé tout ça ensemble, parce que c'était quand même lui à la base l'émailleur. Mais pendant qu'il était malade, il continuait à nous transmettre, du coup, peu importe ce qu'il arrive à la fin de cette maladie, il faut que tu saches faire ci, ça, ça. Comment tu fais ci ? Comment tu fais ça ? Donc des fois, il me disait, bon, vas-y ! Tu reçois la lave, qu'est-ce que tu fais ? Donc là, je reçois la lave, donc je la façonne. Ensuite, je la lave, je l'émail. Enfin bon, je ne vais pas rentrer dans le détail, mais c'était une espèce de continuité de formation théorique dans un contexte un peu difficile. Mais ça nous a donné un peu des ailes aussi, avec Jess, d'envie d'aller au bout, en fait. Et pas de se dire, je retourne chez Kia, je fais quoi ? Je baisse les bras. Voilà, on a continué. On a développé d'abord dans un premier temps. On a commencé en développant des pièces auto-éditées. On s'est dit, on va faire une gamme. On va développer la gamme qu'on avait dessinée avec Renato. C'était Renato, mon mari. On développe cette gamme-là. On se l'approprie. Et on essaye de vendre ça. Bon, ben voilà, on est en centre-Bretagne. Attention, on est en centre-Bretagne. Dans le Cresbreys. pour ceux qui parlent le breton. Centre-Bretagne, on fait de la lave-émaillée. Autant dire qu'il a fallu vraiment donner corps et âme pour développer ce projet, qui n'est plus un projet, maintenant c'est une entreprise établie. Pendant longtemps, on utilise d'ailleurs ce mot projet pour décrire son entreprise, souvent dans les premières années. Non, non, là c'est bon, ça vit, c'est cool. Je pense que Réna serait très fière. D'ailleurs, on se le dit souvent et puis ça nous donne encore plus des ailes. Voilà, tout ça pour dire. Ben voilà,

  • Speaker #2

    tout ça pour raconter ton histoire. Ouais, et donc les statuts, vous les aviez déposés avec Renato ?

  • Speaker #0

    Ouais, mais on a changé plein de fois de statut à cause du RSI. À l'époque, c'était vraiment compliqué. On a eu beaucoup d'aide avec un expert comptable fabuleux, une assistante sociale fabuleuse, mais ça a été beaucoup d'admins pour modifier les statuts, etc. Mais on va dire qu'officiellement, c'est en 2018, juin 2018, que Studiolaire a commencé.

  • Speaker #2

    Donc déjà six ans. Ouais,

  • Speaker #0

    six ans.

  • Speaker #2

    J'en ai parlé avec un pote, parce que le podcast a fêté ses 5 ans cette année. Et il met en story Mon entreprise fête ses 5 ans Et je dis Ah, félicitations ! Il fait vivement que Histoire d'artisan arrive à ce point. Et je lui dis Bah t'exagères, parce que c'était avant toi ! Et je lui dis Bah attends, l'année prochaine, nous fêtons nos 6 ans ensemble ! Il fait Ouais, c'est la rentrée en maternelle ! Ah,

  • Speaker #0

    tout de suite, ça ramène vers le bas, quoi ! Le bas de l'échelle !

  • Speaker #2

    Mais t'imagines, la rentrée aux primaires, c'est un truc de... ouf dans une vie.

  • Speaker #0

    Ah bah, ça dépend de comment tu le vois, oui. C'est un truc de ouf et en même temps, il reste, attends, il reste le CP. Il reste le CP, le collège, le lycée, la fac. Tu sais, il y a encore, ouais, mais il y a quelque chose devant, quoi. Oui, mais c'est une belle étape. Ouais,

  • Speaker #2

    c'est une belle étape.

  • Speaker #0

    D'accord, on est d'accord.

  • Speaker #2

    Franchement, quand ton enfant, il rentre au CP, t'es hyper fière quand même.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #2

    Donc, voilà, ton projet est rentré au CP.

  • Speaker #0

    Voilà, on est rentré au CP. Eh ben dis donc, on n'a pas fini de voir des choses arriver.

  • Speaker #2

    Bientôt la crise d'ado.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux nous expliquer, tu l'as déjà abordé un peu dans l'épisode 1 et tu l'as un peu abordé là aussi, mais quelle est ta relation avec ton métier aujourd'hui ? Comment vous vous êtes positionnée, même si on a eu des petits indices ? Et avec qui tu travailles ?

  • Speaker #0

    Oui, comme je te le disais, bagage de designer. Donc c'est vrai que j'ai une appétence pour les matériaux dans leur globalité. En fait... J'aime la lave, j'aime l'émailler, mais j'aime bien l'associer à d'autres matériaux, le bois notamment, parce que du coup, ils ont des propriétés tellement complémentaires que j'aime beaucoup les associer, mais aussi avec le métal, on travaille en fait du coup avec pas mal d'artisans. Donc on n'est pas toujours tout seul dans l'atelier, déjà on est deux, mais voilà, on a une ébéniste, une autre ébéniste, un menuisier, un ferronnier, enfin d'ailleurs... Plus d'ébénistes que de débénistes, enfin ils ont chacun leur particularité, donc en fait on les sollicite selon les projets. Et en fait, eux, tu vois justement, tu disais que la lave, elle se travaille sous forme de plaque, en tout cas on la travaille nous sous forme de plaque, et du coup là où on vient apporter le volume, par exemple pour une table, un piétement, etc., c'est en l'associant avec d'autres matériaux. On peut s'amuser aussi, en tant que designer, du coup je peux dessiner les pièces dans leur globalité et faire faire. Donc, c'est là aussi que nos clients, qui sont majoritairement des architectes intérieurs, peuvent très bien arriver et nous dire je veux une table, dessinez-la moi, faites-la, on échange, c'est toujours à quatre mains et toujours dans la discussion, mais on peut gérer des projets de design globaux. Et ça, je pense que c'est vrai que c'est un plus, parce qu'ils peuvent un peu décharger leur charge mentale d'architecte intérieur et elle est vraiment importante quand on échange avec eux. Donc, il faut être un peu sûr. tous les fronts sur un chantier. Et du coup, voilà, je pense que ça, c'est quelque chose d'important. Donc, on travaille comme ça et puis, sa vie, les projets sont très variés, du coup, puisqu'on travaille sous forme de plaques, mais ça peut être une petite poignée de lave associée à des entretoises en alu, comme ça peut être, comme je le disais, une table avec un piétement en bois, comme ça peut être un luminaire. Là, par exemple, on a fait deux appliques où le support est en bois. Il y a des entretoises également. Voilà. La conception est importante à l'atelier. J'y mets un point d'honneur, moi c'est là où je me marre aussi. Donc je passe un peu de temps derrière l'ordinateur parce que je fais des modélisations 3D, réalistes, etc. Mais parce qu'il faut que nos clients puissent se projeter tout de suite sur déjà un matériau qui est méconnu. Le rendu est difficilement imitable numériquement, donc il faut utiliser un peu différents outils pour pouvoir communiquer clairement un projet.

  • Speaker #2

    Ça doit être hyper riche en fait, parce qu'il n'y a aucun projet qui doit se ressembler. C'est un champ des possibles assez large et c'est relativement... Je vais dire, c'est relativement rare, non. Il y a beaucoup d'artisans qui sont en capacité de faire beaucoup de choses. Mais en tout cas, vous, vous avez l'air de ne pas avoir de contraintes, en tout cas, en termes de possibilités.

  • Speaker #0

    Oui, je les vois peu, en tout cas. C'est vrai que j'aime bien, peu importe le cas, ils déchargent les contraintes. J'aime bien expérimenter. Donc, on aime bien pousser le truc un peu loin. Des fois, on se dit, attends, on prend ce projet. Vas-y, on y va. Même si c'est un peu fou. C'est ça qui est marrant, quoi. Dans la limite, effectivement, de ce qu'on sait faire. Puisque... On connaît aussi nos limites. On sait qu'il y a certaines pièces, là on avait eu un projet récemment qu'on a dû refuser parce que c'était, je ne sais plus combien, 100 pièces identiques, mais des pièces assez grosses parce que c'était des plans vasques, 100 pièces identiques qui allaient nous prendre toute l'année prochaine. C'était un gros, gros budget, un gros hôtel. Là, on s'est délégué. Là, on sait qu'il y a des émailleurs sur lave qui ont... un peu plus cette compétence-là et moins d'appétence pour la pièce unique, moi j'ai envie de m'amuser sur chaque pièce. Et là, tu me fais 100 pièces, c'est un petit peu trop. On peut faire de la petite série, mais on va savoir aussi orienter vers des personnes qui peuvent envoyer un peu plus vite. On a des émailleurs qui sont spécialisés dans les grandes surfaces. On travaille avec quelqu'un qui est en Auvergne d'ailleurs, où on lui envoie sans problème des clients qui seront de toute façon plus en recherche d'un émail uni, donc moins travaillé, avec sur de la quantité. et l'hyperactivité parce que là pour le coup la personne en question elle a des fenouilles qu'elle a plein de four on est sur un autre type d'ateliers nous on est vraiment sur la pièce unique avec une forte valeur ajoutée créative voilà en tout cas c'est ce vers quoi on essaye de tendre quoi mais je trouve que c'est ce qui fait à la fois la richesse et la difficulté de l'artisanat et plus particulièrement de l'artisanat d'art c'est que en fait en fonction des équipements

  • Speaker #2

    tu ne vas pas être en capacité de produire la même chose. Et tu vois, là, tu expliques que cet atelier, ils ont des équipements différents aux tiens et qu'en fait, 100 fois la même chose, pour eux, c'est moins douloureux que pour vous.

  • Speaker #0

    Tout à fait, c'est ça.

  • Speaker #2

    Et ça fait partie des sujets qu'on souhaite aborder avec Histoire d'artisan. C'est cette pluralité de, il n'y a pas un maroquinier, il y a des maroquiniers, il n'y a pas un céramiste, il y a des céramistes. Je trouve ça intéressant que tu montres un exemple concret. Et dans ces cas-là, et pareil, c'est marrant parce que... J'en parlais, j'ai donné une formation, pas sous le nom Histoire d'artisan, mais sur ma partie freelance, avec un organisme de formation lyonnais qui s'appelle l'Orafu, auprès d'artisans d'art et d'artistes. Et à un moment, je leur parle justement d'étudier leur concurrence. Et je leur disais, mais en fait, pour moi, dans l'artisanat d'art, à partir du moment où vous êtes seul à votre compte, il ne faut pas voir ça comme des concurrents, il faut voir ça comme des partenaires. Et en l'occurrence, il y a un métier où ça se ressent beaucoup, c'est le vitrail. Quand tu as toute une église à refaire. en fait tu peux pas être seule à refaire cette église

  • Speaker #0

    Donc il y a beaucoup de...

  • Speaker #2

    Et du coup, ils sont assez soudés. Et c'est un truc finalement que je trouve que les entreprises françaises devraient s'inspirer. C'est pas parce que tu fais exactement la même chose que moi que tu es mon concurrent. Au contraire, ça se trouve, on peut dupliquer nos forces de frappe. Ou ça se trouve, tu as un outil que je n'ai pas qui nous permettra d'avancer plus vite.

  • Speaker #0

    Ah oui, non mais je suis complètement d'accord avec toi. Et c'est un discours que je tiens régulièrement. D'ailleurs, je ne les appelle pas des concurrents, mais plutôt des collègues. Après, dans le milieu de la lave-émaillée, on est quand même dans un milieu de pierreux. Auvergnat. Donc c'est assez fermé. Du coup, je sais qu'il y a cette peur que l'autre te pique des idées, etc. De ne pas trop communiquer. Je sais que certaines entreprises freinent énormément sur leur communication pour ne pas laisser la place à ça. Là où nous, on fait complètement l'inverse. Parce que je me dis que si mon collègue Emmaier commence à faire des pièces qui sont similaires aux miennes, le but c'est aussi d'updater et de développer le savoir-faire au-delà de nos ateliers. C'est de comment on prend un savoir-faire et on l'emmène le plus loin possible. Un concurrent, du coup, entre guillemets, s'il est là et qu'il fait des choses comme ça, assez similaires, c'est à toi de te dire, bon, moi, j'ai été un peu avant-gardiste peut-être sur certains trucs. Il faut que je le devienne de nouveau et que je repropose encore autre chose. Et on peut toujours emmener un savoir-faire encore plus loin, différemment avec une autre patte.

  • Speaker #2

    Mon père dirait, je bois du petit lait. Mais vraiment, c'est un truc que je dis tout le temps aux artisans, c'est si vous avez peur de vous faire voler votre idée, c'est que vous pensez que votre savoir-faire n'a pas suffisamment de valeur pour que juste quelqu'un puisse le copier. Et d'ailleurs, en concept marketing, dans les grosses entreprises, il y a beaucoup de grosses entreprises qui se copient. Et il y a un peu ce concept du suiveur. Il y a notamment une histoire qui est relativement connue, c'est dès qu'il y a un McDo qui ouvre, il y a un Burger King qui ouvre à côté. Et en fait, Burger King a décidé d'être un suiveur et de ne pas investir... dans des trucs risqués ou même dans l'étude de la zone de chalandise, comme on l'appelle. Ah oui,

  • Speaker #0

    pour lui, l'étude est faite, en fait.

  • Speaker #2

    Pour lui, l'étude est faite. Si McDo s'est mis là, c'est qu'il y a un marché, et donc Burger King suit. Et ils jouent sur ça. Dans leur com, ils jouent sur ça. Et dans les grosses boîtes, c'est assez OK. Enfin, c'est le positionnement des grosses boîtes. Et moi, ce que je dis aux artisans d'art, je leur dis exactement la même chose. Je leur dis, si t'as peur de communiquer et de te faire voler ton idée, c'est que tu penses que tu n'es qu'une idée. Or, déjà, tes centaines d'idées est un savoir-faire intellectuel. Et ce n'est pas parce qu'on voit un visuel qu'on comprend toute la technique qu'il y a derrière. Ce n'est pas parce qu'on voit un visuel qu'on peut se dire, je vais refaire exactement la même chose. Après,

  • Speaker #0

    il y a aussi l'idée de se dire que quand tu commences à travailler un matériau en particulier, quand tu proposes quelque chose, d'essayer que ce soit pertinent dans le sens où comment ça ne servirait pas forcément que ton atelier et comment ça peut servir le savoir-faire. Comment ça peut servir ? Parce que les mèches sur lave, c'est quand même un savoir-faire qui est à sauvegarder. Là, il y a un retour qui est plutôt rassurant et je suis contente d'en faire partie. Mais j'aime bien me dire, et souvent je le conseille parce que moi aussi, je suis élue à la chambre des métiers. Et du coup, de dire autour de moi, il faut qu'il y ait un dialogue, il faut que les choses se nourrissent mutuellement. Ce n'est pas juste un gagne-pain, c'est aussi qu'est-ce que tu apportes de nouveau ? Alors la nouveauté encore, ce n'est pas non plus à chaque fois des révolutions, mais qu'est-ce que tu apportes ? Quel regard tu poses, toi, sur un savoir-faire ? L'idée, c'est pas de s'en défaire complètement et d'être dans l'innovation. Ce mot un peu moche, là, qui est difficile pour moi parce que je le trouve flou, en même temps trop exigeant, en même temps... Enfin, il est compliqué, ce mot, je trouve.

  • Speaker #2

    Tu sais que c'est nous ce qu'on défend chez Essor d'Artisan ? L'innovation.

  • Speaker #0

    Ah ouais ? Bah oui, en plus, je l'ai vu, oui. Mais moi, je ne comprends pas bien ce mot.

  • Speaker #2

    Mais comme tu dis, il est hyper flou.

  • Speaker #0

    Il est hyper flou. Bah ouais, parce qu'en fait, moi, il y a plein de gens qui me disent ouais, mais c'est innovant Non, j'applique les techniques, le savoir-faire qu'on m'a appris. Mais c'est le regard alors, c'est le regard qui est innovant. Oui,

  • Speaker #1

    mais parce qu'en fait, je pense qu'on est brainwashed par la Startup Nation qui nous dit en fait, quand t'es innovant, c'est qu'il y a de la techno.

  • Speaker #0

    C'est un brevet ou je sais pas quoi.

  • Speaker #1

    Il y a de la techno.

  • Speaker #0

    Mais du coup, même dans des concours d'artisanat, j'en ai fait il n'y a pas longtemps, il y a une clause parfois sur certains d'innovation. La dernière fois, je me suis vu remplir. Je ne vois pas en quoi je suis... Je ne sais pas ce que vous voulez dire par innovation. J'applique un savoir-faire ancestral avec mon regard, mais je n'ai pas déposé de brevets, je n'ai pas techniquement inventé un truc incroyable. C'est juste un axe, une vision particulière. Et donc, cette innovation, elle me pose un peu problème. Moi, j'ai du mal à l'intégrer.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que, justement, tout à l'heure, tu parlais et j'étais prête à faire la transition sur la question de, est-ce que tu as un projet de recherche ou d'innovation ? Pour moi, à partir du moment où, quand vous avez regardé le paysage de la lave émaillée et que vous vous êtes rendu compte qu'il y a un marché à aller chercher, c'est que vous êtes innovant. Vous avez une approche de la lave émaillée qui n'est pas la même que celle qui est vue et revue. Mais l'innovation, elle est partout. Quand on me pose la question, je dis l'innovation, ça peut être... En fait, je ne sais pas parce que, en l'occurrence, j'ai un peu cette idée reçue que la lave, c'est léger. Idée reçue, oui. Ok, c'est très lourd. Donc voilà, parfait. Du coup, comment tu fais quand tu as des grosses plaques à déplacer ? Il faut faire en sorte que ton corps puisse les déplacer. Et donc je dis, ne serait-ce que de réfléchir à l'ergonomie de ton atelier, c'est de l'innovation. Réfléchir à tes processus de production pour qu'ils soient calés, c'est de l'innovation. Je te racontais tout à l'heure que j'ai travaillé un an chez Jérémy Maxwell-Ventrebert sous Fleur de Verre. Dans ces sujets d'innovation, que moi j'identifie comme de l'innovation, il y a, il a des pièces, ça fait 10-15 ans qu'il les fait. Il continue d'essayer d'optimiser la prod et de faire en sorte que cette pièce, elle mette de moins en moins de temps à être produite. Pour moi, l'innovation, en fait, mais c'est parce qu'on est vraiment genre brainwashed sur le fait que l'innovation, c'est qu'en fait, on a mis du code et du machin et de l'intelligence artificielle. Non, mais j'ai développé cette idée parce que moi, je me suis agacée, mais vraiment. agacé. Je te racontais tout à l'heure qu'en 2020, j'ai voulu monter ma boîte. Forcément, quand tu montes ta boîte, tu t'intéresses aux aides que tu peux obtenir.

  • Speaker #0

    Et il y en a un paquet sur l'innovation. Et si tu Ausha les cases... À la BPI... C'est pour ça que c'est compliqué, je trouve, ce terme.

  • Speaker #1

    Mais parce qu'on le restreint trop. Mais pour moi, il est hyper vaste. À la BPI, donc la Banque Publique d'Investissement, qui est une banque qui égale les startups, et je pèse mes mots, il y a plusieurs critères. Il y a un critère de on te donne l'argent que si... tu as en gros le même argent déjà sur ton compte.

  • Speaker #0

    Déjà de l'argent, oui, c'est ce que j'allais dire.

  • Speaker #1

    Donc en fait, quand tu n'es pas un bac plus 5 qui a grandi dans une famille aisée, tu n'as pas 15 000 euros sur ton compte pour investir dans ta boîte, donc tu n'as pas les 15 000 euros de la BPI. Il faut faire des choix de sélection, mais bon. Et il y a un autre sujet, c'est il faut de l'innovation technologique.

  • Speaker #0

    Ah oui, innovation technologique.

  • Speaker #1

    Et j'ai... pété mon câble parce que tout le monde me disait ah mais t'as qu'à faire une plateforme de mise en relation entre les artisans et les architectes. Et j'étais là non ça marche pas, ça marche pas, arrêtez. C'est pas parce que je vais essayer de faire des matching à base de grosse intelligence artificielle qui est pas du tout de l'intelligence artificielle qu'on se le dise. C'est pas parce que je vais faire ça que ça va fonctionner les gars. Arrêtez. Mais vraiment et du coup je suis partie et j'ai fait vas-y la BPI je les déteste. Voilà. Mais je trouve ça tellement inégalitaire. Ouais. Ça veut dire que le boulanger en bas chez toi, qui se lève à pas d'heure pour faire en sorte de redynamiser tout un quartier, qui fait en sorte que là où les entreprises, elles ont pris tous les bureaux et que du coup, la ville, elle est morte le soir, lui, il va mettre une boulangerie et il va faire en sorte de régaler le peu d'habitants qui restent. Lui, il n'a pas d'aide. Et je rebondis encore sur ce débat d'innovation. Ça a été reconduit. Il y a un crédit qui s'appelle le crédit d'impôt recherche. Le crédit d'impôt recherche, il touche les entreprises. Et un des critères, c'est que vous devez montrer que le résultat de votre recherche n'a jamais existé. Donc, il y a un énorme travail de justification que si tu as ce crédit d'impôt recherche, c'est parce que ce que tu as développé n'existe dans aucune entreprise dans tout le monde. Et il y a un crédit d'impôt métier d'art qui a été reconduit en 2024 jusqu'en 2026, si je ne me trompe pas. Et bien, ce critère, il n'y est pas. En gros, il faut juste que tu prouves que ce que tu as développé en tant que recherche n'existait pas dans ton atelier avant.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord.

  • Speaker #1

    Et je trouve que ça montre qu'il y a une certaine compréhension quand même que l'artisan, c'est beaucoup d'entreprises unipersonnelles. Oui,

  • Speaker #0

    oui, je pense qu'il y a une volonté quand même d'essayer de comprendre un peu mieux le secteur qui souffre quand même toujours. Oui, il y a des progrès, mais qui souffrent toujours, on ne dira jamais assez d'un regard biaisé sur comment fonctionne un atelier, qui sont les artisans d'art et comment ils travaillent. Mais c'est vrai que cette notion aussi d'équipement... Nous, on s'est posé cette question sur, est-ce qu'il ne faut pas, parce qu'on nous pose un peu à investir quand on veut des aides, il faut investir, équipement, équipement, équipement. Sauf que nous, on ne veut pas un four plus grand, par exemple. A chaque fois, tout le monde nous pose la question, vous pouvez prendre un four plus grand pour faire des plus grands projets ? Non, en fait, si je prends un four plus grand, il faut un local plus grand, il faut des Fenwick. C'est un autre rapport au corps, un autre rapport à la création qui n'est pas du tout celui sur lequel je veux me positionner. Donc, oui, c'est assez contrainte. Mais c'est ce que je disais à un rendez-vous aujourd'hui, c'est de la contrainte qu'on fait des belles choses aussi. Et voilà, nous quand on doit faire un calpinage pour faire une pièce un peu plus grande, en fait le calpinage il participe au motif, on l'intègre dedans, c'est peut-être même sur ce calpinage, sur la ligne d'assemblage, qu'on va partir pour définir le motif. Et en fait, c'est aussi ça qu'on trouve intéressant par rapport à cet équipement, qui est quand même un gros équipement, parce que pour être émueure sur lave, les fours font un grand four qui fait presque 2 mètres de long, 1,50 mètre de large. Donc voilà, mais c'est un vrai sujet, cette question d'équipement, d'innovation. Mais il faut savoir se positionner, savoir où... Du coup, il y a plein de concours que j'ai... J'ai participé à des concours, je ne les ai pas eus, sur ce critère-là, je pense majoritairement. Rentrer dans des cases, par exemple, moi j'ai des pièces qui associent du bois, de l'alu, et de la laver-mailler et je ne fais pas la totalité de ma pièce, parce que moi je suis designer, donc j'aime bien associer les matériaux. Donc pareil, il y a des exclusions un peu. Il faut que la pièce soit entièrement faite par vous. Moi, ça ne me fait pas toujours vibrer. Alors après, certaines quand même. Mais la variété des profils et la typologie de métier, on veut toujours mettre les gens dans des cases et c'est compliqué. C'est compliqué. Du coup, il faut rester droit dans ses basques. Voilà, se dire, du coup, je ne sais pas, moi, par exemple, je ne suis pas atelier d'art de France parce que, oui, moi, mon code NAF, c'est un code NAF de designer. Parce qu'en fait, je suis de formation de designer. Je travaille d'autres matériaux. Je travaille avec d'autres gens qui participent aux pièces. Enfin, voilà, il y a tout un... C'est un vaste sujet.

  • Speaker #1

    Mais attends, mais du coup, tu es élue à la CMA, mais à la Chambre de métier de l'artisanat. Mais en fait, tu n'es pas artisane ?

  • Speaker #0

    Si, je suis artisan d'art. J'ai quand même la notion artisan d'art sur mon cabisse. Enfin, mon cabisse. Mais le code NAF est un code NAF de designer. Mais j'ai quand même... Oui, à chaque fois, c'est un sujet.

  • Speaker #1

    Du coup, je vais poser ma question. Est-ce que tu as un projet de recherche ou d'innovation dont tu pourrais nous parler ? Je sais que du coup, c'est compliqué parce que justement, on vient d'en parler.

  • Speaker #0

    Là, tout de suite, ce qui me vient, c'est ce que j'ai envie pour 2025. J'ai plusieurs choses qui me viennent, mais alors là c'est plutôt la typologie de projet, plutôt que vraiment une innovation. On va dire plutôt sur ce que tu me demandes, ce que j'aimerais. Après avoir fait l'événement Amour Vivant l'année dernière avec Hélène Aguilar, j'ai rencontré une céramiste, je ne saurais plus redonner son nom, qui est une spécialiste de l'émail.

  • Speaker #1

    Si ça te revient après, je le mettrai dans les références de l'épisode.

  • Speaker #0

    Ok, et en fait, elle parlait de la provenance des émeaux. parce que je ne saurais pas aller très loin sur le sujet justement. Donc nous, on n'utilise que des émaux non plombeux. Alors de toute façon, on est tellement sensibles à la question de la santé qu'on a enlevé plein de choses de tout ce qui nous a été pourtant transmis. Il faut utiliser du MX54 pour mélanger la couleur à peindre sur la chaîne. Le MX54, ça pue, ça sent la toxicité à plein nez. J'avais appelé le fournisseur qui m'avait dit Alors attends, oui, il faut que je retrouve. Il y avait une espèce de flou artistique. Je l'ai banni. J'ai banni aussi tout ce qui est de l'ordre de la sérigraphie. Parce que pour sérigraphier la lave, il peut être sérigraphié. Déjà, nous, on n'en a pas l'intérêt puisqu'on n'est pas sur un principe déjà de série. Mais aussi, ça utilise des produits hyper nocifs qu'on a bannis également.

  • Speaker #1

    La sérigraphie dans la lave, ça fonctionne comment ?

  • Speaker #0

    C'est pareil. Alors du coup, moi, je n'ai pas sérigraphié. Mon mari avait été formé à la sérigraphie dans l'école. Mais c'est pareil, c'est le même principe de cadre. Sauf que du coup, on est sur de l'émail. Et puis après, il y a un slide-off. Enfin, il y a des... des produits ajoutés. Donc c'est vrai que je suis assez sensible à cette question de la toxicité et de la santé dans nos métiers. Et donc, les émots. J'avais posé la question d'ailleurs à Amour Vivant, comment répondre à la demande en termes de quantité aussi, parce qu'on en consomme quand même pas mal d'émots, donc il y a un problème économique aussi qui se pose à ça. Mais bon, plus on en parlera, plus il y aura de solutions et plus il y aura peut-être de quantité. Mais je pense qu'on en est encore au tout début et que du coup, ça ne matche pas encore parfaitement entre l'envie et le marché. Ce serait creuser sur cette notion-là. Nous, on récupère des émeaux. Quand on fait du pistolet, on récupère les émeaux. Pour en faire un autre émail de récupération, on essaye de faire des choses. Mais j'aimerais bien travailler sur des émeaux qui soient plus propres.

  • Speaker #1

    Je sais qu'en céramique, il y a des formations pour apprendre à faire ces émeaux. Tu pourrais faire une formation initialement orientée céramiste ?

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Parce qu'on utilise les mêmes... Vraiment, nous, on cuit à basse température comme les... Comme ceux qui cuisent la faïence qui se cuit à basse température. Donc oui, oui. Il y a plein de choses à mettre en place, en fait, qu'il faudrait faire. En rentrant à l'atelier, je te promets, j'y pense.

  • Speaker #1

    Mais écoute, dans tous les cas, on te suivra sur ce sujet. Et le jour... ou tu as un truc à nous raconter, on te met dans un carnet des innovations.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Trop bien. Ok. Tu pourras dire que tu as fait de l'innovation.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Mais c'est un chouette projet. Et tu sais que, enfin, j'ai appris ça avec un céramiste que j'adore, Corentin Brison, qui lui fait ses aimants. qui fait souvent des petits vlogs de journée et qui disait la dernière fois je vais chez le médecin, c'est pas grave mais juste en fait je vais tester ma santé parce que je travaille des émaux et c'est dangereux pour la santé et je me souviens j'avais fait un vernissage avec lui et il m'avait raconté que tous ces émaux il les faisait tester chimiquement dans un laboratoire et tout ça donc il investit vraiment dans le test de l'émail et en fait quand il m'a dit ça j'ai fait mais évidemment c'est des questions enfin tu vois genre t'as des t'as de... Surtout des céramistes, t'as des tas de marchés de céramistes. Quand t'achètes un bol qui te plaît, tu te demandes pas si l'émail il est bien quoi.

  • Speaker #0

    Et puis pour tout, tu vois, t'achètes des emplois à Tagine au Maroc, laisse tomber. En fait tout, donc c'est pour ça qu'il faut aussi temporiser. On fait énormément, je sais que nous on est hyper impliqués sur le sujet, on fait énormément de choses pour se protéger nous et nos clients. Tu vois, pas minorer mais temporiser. L'impact que nous, qui utilisons quand même des matériaux naturels, même si naturel ne veut pas dire inoffensif, on est bien d'accord. Je pense qu'il y a beaucoup plus de choses sur lesquelles il faudrait bosser avant. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et que vous, vous êtes ceux qui font le plus attention, mais que les grosses boîtes qui ont clairement les moyens de faire très attention ne le font pas. Mais bon, les grands méchants. On en vient à la question de l'anecdote. Est-ce que tu pourrais nous raconter une anecdote avec ton métier ?

  • Speaker #0

    Une anecdote qui a peut-être un peu de lien en plus avec un projet actuel. Parce qu'actuellement... On fait un projet pour le Japon. Et le brief, c'est on veut que toutes les pièces soient différentes. C'est des petits portes en sang. Il y en a une vingtaine. Et le brief, c'est on veut qu'ils soient tous différents. Et que n'essayez pas de rattraper s'il y a un truc qui ne va pas. C'est le fameux wabi-sabi. C'est-à-dire d'accepter, au Japon, ils sont quand même vraiment meilleurs que nous sur ça. D'accepter la trace du geste, l'erreur, la petite bulle. Où nous, en plus, quand on fait les choses... Le client souvent ne voit pas et nous on est là et nous on laisse moins passer en fait que l'utilisateur souvent. Donc c'est un peu ça, c'est se dire lâcher un peu de l'est avec le souci de la perfection. Du coup la petite anecdote en lien c'est qu'une fois il y a un plateau qu'on a fait, les plateaux ok, donc c'est un peu nos plateaux phares qu'on fait depuis le début. On l'avait complètement loupé, on disait lui il rattrape, laisse tomber. Bon qu'est-ce qu'on en fait ? Bah vas-y on va meuler, on enlève tous les mailles dessus. Bon bref on le pose dans l'endroit où on se dit... Ça part à la benne entre guillemets parce qu'on en fait toujours quelque chose. Et puis il y a une cliente qui arrive à l'atelier, qui avait regardé le showroom, parce qu'on a un petit showroom, qui n'avait pas trouvé forcément son bonheur et qui arrive à l'atelier, qui a vu le plateau, qui a fait c'est celui-là. Ah non mais c'est celui-là. Il y a une cliente ? Il y a quelqu'un ? Non. Ah non mais je le prends. Là c'est... Ah ouais non il est fabuleux. Et donc... Parce qu'il était plein d'erreurs, il y avait plein de bulles. Donc en fait, l'objectif initial qu'on avait, des mailles bien plans, bien lisses, notre objectif n'était pas tenu. Donc on a estimé qu'il n'était pas bon. Et en fait, voilà. Donc c'est ça aussi que j'aimerais bien peut-être en axe d'amélioration aussi de l'année prochaine. C'est développer des pièces un peu... J'assume le geste, je suis un peu plus dans la texture. Parce que là, on fait des choses qui sont quand même très contrôlées. On sait que c'est notre patte avec cette technique du cloisonné. Mais voilà, d'être un peu plus dans la liberté d'expression plastique. Voilà, d'être plus...

  • Speaker #1

    Dans le laisser-aller.

  • Speaker #0

    Ouais, dans de la barbouille, dans des... Voilà, tester, un peu du... Ouais, de lâcher un peu le geste, quoi. Que le geste fasse un peu le taf, à la place du cerveau.

  • Speaker #1

    Alors déjà, est-ce que cette cliente est au courant qu'à la base, vous pensiez que c'était raté ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Ça se trouve, elle va l'apprendre en écoutant le podcast.

  • Speaker #0

    Peut-être. C'était il y a longtemps. C'est pas grave, ça donne une histoire sur son plateau, c'est ça qui intéresse.

  • Speaker #1

    En rentrant un peu dans le milieu des métiers d'art et de l'artisanat, mon entourage me posait des questions. Et notamment une question, c'est comment on reconnaît un objet fait par un artisan qui maîtrise son geste ? Et d'ailleurs, j'ai écrit un article pour le journal sur ça, qui se base toujours sur quelque chose que m'a dit Corentin Brison. Vraiment, je passerai encore une fois mon... Je parle tout le temps de toi Corentin, je pense que t'écoutes pas les épisodes mais ça je parle tout le temps de toi. En fait, ce que Corentin, parce que je lui posais la question, il y a des céramistes, il y en a plein. Et je lui disais mais à partir de quand on peut se considérer céramiste ? Et il m'a dit à partir du moment où c'est toi qui dompte la matière et pas la matière qui te dompte. Et Corentin, il a un modèle de tasse, il tourne des tasses. elles sont toutes pareilles. Et la semaine dernière, donc on enregistre l'épisode dans septembre, la semaine dernière c'était la Paris Design Week, je suis allée à un vernissage d'exposition et puis je me balade et à un moment je vois une pièce en céramique avec, il restait les coulures du moule et elles n'avaient pas été tournassées pour enlever ces coulures que normalement... quand on utilise un moule en céramique, on enlève ses couleurs. Mais c'est la même chose d'ailleurs quand on tourne, on a toujours le dessous là qui est à rattraper parce qu'il y a une grosse forme pas très agréable en plus au toucher et assez coupante. Et c'était une exposition un peu conceptuelle avec des trucs un peu chelous. Et en l'occurrence là, c'était une pièce en forme un peu de Lego. Et je me suis dit... À tout moment, il va nous expliquer qu'en fait, c'est désiré parce que c'est le choix de l'artiste de vouloir intégrer le défaut dans l'objet et tout. Je lui dis, ok, mais dans ce cas-là, si t'en fais d'autres, tu les fais pareil. Et en fait, c'était la seule qui était comme ça. Il en avait fait d'autres, de vraiment la même forme, mais de couleurs différentes. Et c'était la seule qui n'avait pas été tournassée. Et c'est là où je me suis dit, mec, tu nous emboucanes un peu. T'as oublié de tournasser ta pièce, elle est émaillée, c'est trop tard, et en fait t'essayes de nous dire que c'est un concept. Et je comprends un peu ce truc de, à la fois le défaut de faire l'histoire de la pièce, et à la fois, il n'empêche que la maîtrise de la matière à son paroxysme, ça montre votre expertise. Et c'est marrant, j'ai une anecdote qui vient d'un épisode de podcast qui date de 2020. avec Tipeee Atelier, donc ils sont des souffleurs de verre. Et à l'époque, je posais la question sur les idées reçues qu'on pouvait avoir sur un métier. Et il me raconte, il me dit, il y a des gens qui pensent que mes pièces, parce qu'elles n'ont pas de bulles, elles ne sont pas, ce n'est pas des pièces soufflées. Et il y a des gens qui pensent qu'une pièce soufflée, c'est une pièce avec des bulles. Et il dit, mais non, une pièce soufflée avec des bulles, c'est soit un choix esthétique, soit une pièce ratée.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et en fait c'est si drôle !

  • Speaker #0

    Mais après je trouve ça normal, on se positionne d'une façon ou d'une autre. Après il y a le bel échec.

  • Speaker #1

    La tarte à thym quoi ! Oui,

  • Speaker #0

    voilà. Non mais se libérer un peu, il y a un entre-deux peut-être, il y a un positionnement à trouver, mais je trouve qu'il n'y a pas de bonne réponse. Il n'y a pas de bonne réponse. Mais par contre je reviens juste sur la question que tu disais, comment on sait qu'une pièce par quelqu'un est réussie ? En fait, ça me fait penser à ce que je disais tout à l'heure sur ce que tu apportes au savoir-faire, dépendamment de ce que lui peut t'apporter, de ce que tu auras appris, de ce qu'on t'a appris. Et on parlait des céramistes qui sont, comme tu l'as dit, très nombreux. Et je trouve que là, il y a aussi un sujet, chez les céramistes en particulier, c'est quand tu deviens céramiste, qu'est-ce que tu apportes à la céramique ? Et je pense que certains pourraient développer cette question-là, parce que du coup, moi je trouve que c'est la pâte que tu apportes au savoir-faire. qui va donner aussi sa valeur. Quand tu identifies, ça, c'est un tel. Je trouve que c'est beau quand même. Quand tu arrives à te différencier, ça peut être sur un détail, mais je trouve qu'en tant qu'artisan d'art, c'est important de se positionner sur ça, sur, encore une fois, ce que tu apportes et comment on t'identifie.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, on en revient à notre sujet de communiquer et montrer son travail. Si tu as une vraie orientation artistique, En fait, les gens peuvent te copier, mais pour eux, ça va être brouillon. Et pour toi, ça va être très...

  • Speaker #0

    Si c'est vraiment... S'il y a une patte, s'il y a quelque chose. Après, il y a aussi la propriété intellectuelle. Enfin bon, je veux dire, il y a des choses... En plus, aujourd'hui, on communique par mail, par les réseaux, par un machin. C'est assez facile à dater. Enfin, ouais, je trouve que c'est un peu craindre pas grand-chose, quoi. Enfin, chacun se positionne bien comme il veut, surtout.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Il y a une question qui est, quels sont tes futurs pro... projets, les futurs projets que tu as envie de développer. Je crois que tu nous as déjà parlé d'un projet que tu aimerais développer. Est-ce que tu as d'autres projets sur lesquels tu aimerais travailler, que tu aimerais développer ?

  • Speaker #0

    Cette année, on a eu une idée un peu folle, mais je ne sais pas jusqu'où je peux te dire. C'est parce que c'est trop frais et de toute façon, je ne pourrais pas dire le nom, mais on a envie de partager la création artistique de certains projets qu'on va mener avec une tierce personne, qu'on appellerait peut-être ambassadrice. En l'occurrence, c'est une femme. Mais on n'a rien défini ensemble encore. Peut-être que finalement, ça va tomber à l'eau, etc. Mais on aime bien l'idée qu'il y ait quelqu'un comme ça, qu'on admire, avec laquelle on a déjà travaillé et qu'on aimerait travailler. Voilà, qu'elle ait comme ça, qu'elle puisse participer à un projet un peu plus, avoir son regard sur certains projets. Et notamment... sur le milieu du luxe, qui est vaste aussi, sur le retail, en fait, on aimerait bien travailler sur cette notion de présentoir, de scénographie, ouais.

  • Speaker #1

    Du coup, faire un projet à six mains qui vous permet encore une fois d'ouvrir vos chakras et de découvrir un autre univers.

  • Speaker #0

    Ouais, en étant fidèle à nous, mais d'avoir un regard bien particulier, une expertise, en fait, qu'on n'a pas forcément et qui, je pense, peut être nourrissante, peut nous nourrir mutuellement. En tout cas, on est vraiment... On défend très fort la collaboration. C'est à chaque fois là que les choses se font et que les choses deviennent plus intéressantes encore. C'est vraiment un truc qu'on a appris au fil des années.

  • Speaker #1

    Moi, je pense que c'est la collaboration, c'est la richesse. C'est que tu arrives dans l'univers de quelqu'un d'autre et ce que tu disais, c'est la créativité, elle est aussi dans la contrainte. Et moi, je suis persuadée de la valeur ajoutée, de collaborer avec quelqu'un. Mais on parle de créativité, mais même d'un point de vue marketing.

  • Speaker #0

    Il y a plein de façons de collaborer, de plein de façons différentes. Ça peut être des collaborations avec un autre artiste sur une pièce. Ça, vraiment, nous, on adore. On adore ça. On adore se challenger sur aussi... Par exemple, on fait surtout des formes plutôt géométriques, plutôt, je dirais, s'il fallait nommer une inspiration, on serait un peu art déco. C'est un peu banal, mais c'est vrai, c'est comme ça. Et là, par exemple, on a travaillé, et on travaille encore sur des pièces avec Victor Cadenne. Un artiste avec lequel on adore travailler parce qu'il a un univers qui est complètement différent du nôtre, très figuratif, très inspiré de l'histoire. Et en fait, du coup, on est sur vraiment des antipodes en termes d'esthétique. Et j'adore, j'ai adoré émailler ses pièces. Lui, du coup, c'est par notre savoir-faire qu'il y trouve du sens pour ses pièces et pour ses dessins. Ça, c'est riche, ça, c'est intéressant parce qu'on sort de notre zone de confort en dessinant. Je ne sais pas, j'ai dessiné des animaux. C'est toujours complètement onirique. Enfin, je ne saurais pas. Il saura plus décrire son propre travail, peut-être. Mais en tout cas, c'est frais, c'est rafraîchissant. Et je pense qu'on s'apporte mutuellement et j'espère que ça transpira à travers les pièces qui vont bientôt être... Elles sont produites, mais qui seront bientôt dévoilées. On va dire.

  • Speaker #1

    Vous allez bientôt nous faire des résidences d'artistes,

  • Speaker #0

    en fait. Alors, je ne sais pas comment ça peut s'orchestrer, étant donné mon rôle, on l'évoquait tout à l'heure, de mère. Déjà. Donc, rôle de maman. Et puis, en tant qu'Emmailleuse sur lave, voilà, j'ai du mal à projeter. En tout cas, l'envie est là de faire plein de choses, de bouger, de sortir de l'atelier, de découvrir aussi peut-être dans d'autres pays. En plus, c'est une année, on a envie de faire plein de trucs avec Jess. Mais voilà, chaque chose en son temps. mais je pense qu'il y a plein de choses nouvelles qui pourront alimenter les prochaines années.

  • Speaker #1

    Eh bien, on arrive à la dernière question qui est, qu'est-ce que tu souhaites pour ton métier en général, ton univers, tes collègues, comme tu les appelles ?

  • Speaker #0

    Oui, j'aimerais bien que le savoir-faire transgresse un peu les lois de l'émaillage sur lave dans le temps, qu'elle aille sur des chantiers d'envergure aussi, parce que des fois, c'est ponctuel. Alors, il y a des gros projets qui sont, on va dire souvent les gros projets, ça va être une trentaine de plateaux en lave-maillé pour un restaurant, par exemple. Ça, c'est des très beaux projets dont mes collègues et nous-mêmes sommes gourmands. On a envie de beaux projets où on nous laisse une belle part de liberté aussi. Donc voilà, que ça prenne sens, qu'il y ait un peu plus de sens sur les projets qui arrivent et qu'ils ne soient pas juste cantonnés à un vieux souvenir d'Auvergne. Voilà. Ça se déploie sur des projets, je ne dirais pas au-delà de nos frontières. Franchement, je ne prône pas l'exportation dans quelque manière que ce soit. Je pense que chacun doit se concentrer un peu sur sa zone, pour toutes les raisons qu'on connaît. Après, répondre à la demande, oui, mais en tout cas, je pense qu'en France, il y a déjà beaucoup de choses à faire pour placer ce savoir-faire-là, qui mérite, parce que c'est assez illimité en termes de finition, de couleur et de fonction. Donc c'est ça, c'est juste voir ça développer, puis je serai contente d'y avoir un peu participé. Alors je ne sais pas dans quelle mesure j'ai pas de vision comme ça, de recul sur les années qui défilent en regardant ce matériau-là. Mais voilà, que chacun apporte sa pierre un peu à l'édifice pour que les choses aillent plus loin.

  • Speaker #1

    C'est un très beau mot de la fin. Merci beaucoup Lydia, merci pour ton temps, merci de t'être déplacée.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir. À bientôt. À bientôt, salut.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que ce deuxième épisode avec Lydia Belguittard, émailleuse sur live et designer, vous aura plu. Son histoire est un bel exemple de résilience et de passion pour son métier, un mélange unique de créativité et de tradition. Vous pouvez continuer de m'aider à faire découvrir les histoires d'artisans au plus grand nombre en mettant une note, un commentaire et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. Vous pouvez nous retrouver sur Instagram pour découvrir le métier en images. Nous sommes toujours heureux de recevoir vos témoignages et vos ressentis sur les épisodes de podcast. Si vous avez envie de nous transmettre un message, vous pouvez nous écrire à podcast.histoired'artisan.com En attendant, je vous dis à bientôt avec une nouvelle histoire.

Description

Le parcours inspirant de Lydia Belghitar : Du design à l’émaillage sur lave


Dans ce nouvel épisode d’Histoires d’Artisans, plongez dans l'histoire de Lydia Belghitar, émailleuse sur lave et designer. Après un début de carrière prometteur chez IKEA, Lydia décide de suivre une voie plus personnelle, celle de l’artisanat d’art. Elle raconte son parcours fascinant, de sa formation en architecture d’intérieur à la création de son propre studio, Studio LER, qu’elle a pensé avec son mari. Vous découvrirez comment elle allie le design contemporain à une technique artisanale ancienne pour donner vie à des créations uniques. Cet épisode est aussi une histoire de résilience, marquée par des épreuves personnelles qu’elle a surmontées avec passion et détermination.


Laissez-vous inspirer par son chemin, où tradition et innovation se rencontrent, et apprenez comment Lydia a transformé son amour du design en un métier d’art à part entière.


Histoires d’Artisans est l’association qui valorise l’ingénierie des artisans d’art en mettant en avant l’innovation, le design et la recherche au sein des ateliers. Ce podcast est le reflet d’un univers merveilleux et beau et où le bien fait et les matériaux sont au centre des discussions.


Références de l'épisode :

La céramiste dont Lydia parle est Joëlle Swanet.


Liens de l’épisode : 

Studio Ler

Instagram

Site


Histoires d’Artisans

Site

Instagram

Le Carnet des Innovations


Production et réalisation : Lisa Millet

Montage et musiques : Quentin Blic


Si vous avez envie de nous transmettre un message, vous pouvez nous écrire à podcast@histoiresdartisans.com.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, bienvenue dans mon atelier.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans le podcast d'Histoire d'artisan. Je suis Lisa Millet, présidente de l'association Eponyme. Histoire d'artisan valorise l'ingénierie des artisans d'art en mettant en avant l'innovation et la recherche au sein des ateliers. Aujourd'hui, je vous emmène dans l'univers fascinant de la lave-émaillée avec Lydia Belleguitard, émailleuse sur lave et designer. Une artisane talentueuse et passionnée. Après avoir fait ses armes dans le design d'espace et l'architecture d'intérieur, Lydia a suivi un chemin particulier qui l'a mené à combiner son amour du design et de l'artisanat. Elle partage avec nous son incroyable aventure, de ses débuts chez Ikea à la création de son propre studio, Studio Lair, en collaboration avec son mari. Découvrez comment elle a transformé un savoir-faire ancien en une entreprise moderne et florissante, tout en surmontant des épreuves personnelles marquantes. Laissez-vous inspirer par ce parcours touchant et sa vision novatrice de l'artisanat.

  • Speaker #2

    Belle écoute ! Bonjour Lydia, nous ne sommes pas dans ton atelier. À mon grand désarroi, nous sommes chez moi, c'est toi qui t'es déplacée jusqu'à moi et je t'en remercie.

  • Speaker #0

    Avec plaisir.

  • Speaker #2

    Lydia, tu es émailleuse sur lave et designer. Est-ce que tu peux nous raconter, j'ai cru comprendre que tu étais d'abord e-designer et ensuite émailleuse sur lave, est-ce que tu peux nous raconter ton cheminement ?

  • Speaker #0

    Donc effectivement, j'ai fait des études en design. J'ai commencé par un BTS design d'espace, un golem. Ensuite, j'ai fait les beaux-arts d'Angers. donc en option design. Donc j'ai fait 7 ans de design plutôt spécialisé objet, parce que design d'espace, c'est plutôt l'architecture intérieure, donc ponctué par différents stages aussi qui ont été vraiment percutants dans mon parcours, notamment un stage de 4 mois pour Mathieu Lehanner, qui a une actualité assez forte en ce moment, et qui ont été un peu des révélations, parce que vraiment, là je découvrais qu'on pouvait bien se marrer aussi dans un studio. On pouvait vraiment aller loin dans des démarches, avec déjà les métiers d'art au cœur de sa création aussi à l'époque. Des collaborations, les échanges avec les clients, tout ça, ça a été hyper nourrissant. Donc voilà, parcours en design. S'en est suivi plutôt un emploi en tant qu'architecte intérieur, parce qu'en fait, j'ai été embauchée tout de suite après les études chez Ikea. Ok. Donc en fait, je suis rentrée...

  • Speaker #2

    Grand méchant.

  • Speaker #0

    Ouais. Je suis restée longtemps en plus. Oh ! Oh ! Donc j'ai commencé à Ikea Tour, deux ans, je suis restée là. Et après, j'ai demandé en fait une mutation à Ikea Clermont-Ferrand. Mais c'est là que tout s'est joué en fait, parce que cette mutation a été demandée parce qu'à l'époque, j'étais avec mon mari. Et en fait, mon mari avait une formation de taille de pierre qu'il avait dû abandonner pour privilégier la logistique dans des grandes boîtes. Enfin bon, voilà, il voulait revenir à la taille de pierre. Et donc moi, j'étais chez Ikea, donc en tant qu'architecte intérieur, et je voulais revenir au design d'objets. Donc on s'est dit, fort de ce constat, que peut-on faire à deux qui réuniraient nos compétences respectives ? Donc moi le design, lui la pierre, qu'est-ce qu'on fait avec ça ? Et en fait, en fouillant vraiment sur internet, enfin un petit peu en échangeant avec tout le monde, on a découvert la lave émaillée comme ça. Et un jour d'ailleurs, pas longtemps après qu'on se pose la question sur ce savoir-faire-là, un peu étrange qu'on a vu nulle part, qui fait ça ? Je suis tombée sur une pièce à Emmaüs, une pièce faite en Auvergne, vraiment old school. Là, vraiment, on est sur de l'émaillage sur lave old school d'une sénette auvergnate très traditionnelle. Et du coup, je l'ai acheté, j'ai ramené ça à la maison. Je fais, bah, regarde, c'est ça la lave-émaillage. J'en ai trouvé à Tours. Et du coup, on s'est dit, bah ouais, le savoir-faire, il est génial. On est entre la céramique, mais on a un truc qui est suffisamment solide pour être exploité sur du mobilier, sur du revêtement. contre, ouais, il y a quelque chose à faire. Ça rejoint un peu ce qu'on disait sur l'épisode 1, on trouvait que c'était un peu désuet et de comment on peut rafraîchir un peu le truc. En toute humilité, on n'est pas là non plus pour révolutionner quoi que ce soit, on est plusieurs d'ailleurs, et Maillor sur là va faire des choses quand même très contemporaines. Mais voilà, à ce moment-là, c'était notre constat, on veut faire des trucs de ouf, on l'avait maillé.

  • Speaker #2

    Des trucs de ouf !

  • Speaker #0

    Et du coup, j'ai demandé ma mutation à Clermont-Ferrand dans cette optique-là. On a vendu notre maison, une rupture conventionnelle, pour aller se former à l'école d'architecture de Volvic, en émaillage sur lave, pendant un an. Donc on parle de cette formation professionnelle. Et donc, je travaillais chez IKEA, et le soir, on développait ce qui deviendra Studio Lair, avec déjà notre four, l'envie de prototyper, l'envie d'associer la lave à d'autres matériaux. Et puis, on commençait vraiment à avoir un bon réseau d'artisans autour de nous, à développer le site internet. Et malheureusement, c'est là que l'histoire change un peu. Mon mari est tombé gravement malade. Donc ça, c'était en 2015. Donc on a dû laisser Studiolaire, entre parenthèses, pour le soigner. Malheureusement, c'est une maladie qui a duré trois ans, à l'issue de laquelle c'est la maladie qui a gagné. Donc en fait, il est décédé en 2018. Donc ouais, trois ans après. Avant ça, on avait fait un rapprochement familial en Bretagne. Donc dans ce contexte de maladie, pour être accompagné par la famille. Et il est décédé pas longtemps après, un mois après qu'on soit installé en fait. Mais donc on s'est rapproché de sa famille, en l'occurrence de sa sœur Jessica, qui habitait, qui est en fait ma voisine, et avec laquelle on développera donc Studiolaire toutes les deux. Donc en fait c'est vraiment une histoire qui est restée familiale, qui a été extrêmement violente à vivre, et du coup qui nous a donné encore plus envie, parce que c'est un projet, du coup c'était le projet de son frère. mon projet, c'est vraiment un projet de vie. Donc du coup, elle m'a rejoint un peu sur le tas, parce qu'elle n'est pas issue de ce milieu-là, ni du design, ni de l'émaillage sur lave. Donc on a un petit peu testé tout ça ensemble, parce que c'était quand même lui à la base l'émailleur. Mais pendant qu'il était malade, il continuait à nous transmettre, du coup, peu importe ce qu'il arrive à la fin de cette maladie, il faut que tu saches faire ci, ça, ça. Comment tu fais ci ? Comment tu fais ça ? Donc des fois, il me disait, bon, vas-y ! Tu reçois la lave, qu'est-ce que tu fais ? Donc là, je reçois la lave, donc je la façonne. Ensuite, je la lave, je l'émail. Enfin bon, je ne vais pas rentrer dans le détail, mais c'était une espèce de continuité de formation théorique dans un contexte un peu difficile. Mais ça nous a donné un peu des ailes aussi, avec Jess, d'envie d'aller au bout, en fait. Et pas de se dire, je retourne chez Kia, je fais quoi ? Je baisse les bras. Voilà, on a continué. On a développé d'abord dans un premier temps. On a commencé en développant des pièces auto-éditées. On s'est dit, on va faire une gamme. On va développer la gamme qu'on avait dessinée avec Renato. C'était Renato, mon mari. On développe cette gamme-là. On se l'approprie. Et on essaye de vendre ça. Bon, ben voilà, on est en centre-Bretagne. Attention, on est en centre-Bretagne. Dans le Cresbreys. pour ceux qui parlent le breton. Centre-Bretagne, on fait de la lave-émaillée. Autant dire qu'il a fallu vraiment donner corps et âme pour développer ce projet, qui n'est plus un projet, maintenant c'est une entreprise établie. Pendant longtemps, on utilise d'ailleurs ce mot projet pour décrire son entreprise, souvent dans les premières années. Non, non, là c'est bon, ça vit, c'est cool. Je pense que Réna serait très fière. D'ailleurs, on se le dit souvent et puis ça nous donne encore plus des ailes. Voilà, tout ça pour dire. Ben voilà,

  • Speaker #2

    tout ça pour raconter ton histoire. Ouais, et donc les statuts, vous les aviez déposés avec Renato ?

  • Speaker #0

    Ouais, mais on a changé plein de fois de statut à cause du RSI. À l'époque, c'était vraiment compliqué. On a eu beaucoup d'aide avec un expert comptable fabuleux, une assistante sociale fabuleuse, mais ça a été beaucoup d'admins pour modifier les statuts, etc. Mais on va dire qu'officiellement, c'est en 2018, juin 2018, que Studiolaire a commencé.

  • Speaker #2

    Donc déjà six ans. Ouais,

  • Speaker #0

    six ans.

  • Speaker #2

    J'en ai parlé avec un pote, parce que le podcast a fêté ses 5 ans cette année. Et il met en story Mon entreprise fête ses 5 ans Et je dis Ah, félicitations ! Il fait vivement que Histoire d'artisan arrive à ce point. Et je lui dis Bah t'exagères, parce que c'était avant toi ! Et je lui dis Bah attends, l'année prochaine, nous fêtons nos 6 ans ensemble ! Il fait Ouais, c'est la rentrée en maternelle ! Ah,

  • Speaker #0

    tout de suite, ça ramène vers le bas, quoi ! Le bas de l'échelle !

  • Speaker #2

    Mais t'imagines, la rentrée aux primaires, c'est un truc de... ouf dans une vie.

  • Speaker #0

    Ah bah, ça dépend de comment tu le vois, oui. C'est un truc de ouf et en même temps, il reste, attends, il reste le CP. Il reste le CP, le collège, le lycée, la fac. Tu sais, il y a encore, ouais, mais il y a quelque chose devant, quoi. Oui, mais c'est une belle étape. Ouais,

  • Speaker #2

    c'est une belle étape.

  • Speaker #0

    D'accord, on est d'accord.

  • Speaker #2

    Franchement, quand ton enfant, il rentre au CP, t'es hyper fière quand même.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #2

    Donc, voilà, ton projet est rentré au CP.

  • Speaker #0

    Voilà, on est rentré au CP. Eh ben dis donc, on n'a pas fini de voir des choses arriver.

  • Speaker #2

    Bientôt la crise d'ado.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux nous expliquer, tu l'as déjà abordé un peu dans l'épisode 1 et tu l'as un peu abordé là aussi, mais quelle est ta relation avec ton métier aujourd'hui ? Comment vous vous êtes positionnée, même si on a eu des petits indices ? Et avec qui tu travailles ?

  • Speaker #0

    Oui, comme je te le disais, bagage de designer. Donc c'est vrai que j'ai une appétence pour les matériaux dans leur globalité. En fait... J'aime la lave, j'aime l'émailler, mais j'aime bien l'associer à d'autres matériaux, le bois notamment, parce que du coup, ils ont des propriétés tellement complémentaires que j'aime beaucoup les associer, mais aussi avec le métal, on travaille en fait du coup avec pas mal d'artisans. Donc on n'est pas toujours tout seul dans l'atelier, déjà on est deux, mais voilà, on a une ébéniste, une autre ébéniste, un menuisier, un ferronnier, enfin d'ailleurs... Plus d'ébénistes que de débénistes, enfin ils ont chacun leur particularité, donc en fait on les sollicite selon les projets. Et en fait, eux, tu vois justement, tu disais que la lave, elle se travaille sous forme de plaque, en tout cas on la travaille nous sous forme de plaque, et du coup là où on vient apporter le volume, par exemple pour une table, un piétement, etc., c'est en l'associant avec d'autres matériaux. On peut s'amuser aussi, en tant que designer, du coup je peux dessiner les pièces dans leur globalité et faire faire. Donc, c'est là aussi que nos clients, qui sont majoritairement des architectes intérieurs, peuvent très bien arriver et nous dire je veux une table, dessinez-la moi, faites-la, on échange, c'est toujours à quatre mains et toujours dans la discussion, mais on peut gérer des projets de design globaux. Et ça, je pense que c'est vrai que c'est un plus, parce qu'ils peuvent un peu décharger leur charge mentale d'architecte intérieur et elle est vraiment importante quand on échange avec eux. Donc, il faut être un peu sûr. tous les fronts sur un chantier. Et du coup, voilà, je pense que ça, c'est quelque chose d'important. Donc, on travaille comme ça et puis, sa vie, les projets sont très variés, du coup, puisqu'on travaille sous forme de plaques, mais ça peut être une petite poignée de lave associée à des entretoises en alu, comme ça peut être, comme je le disais, une table avec un piétement en bois, comme ça peut être un luminaire. Là, par exemple, on a fait deux appliques où le support est en bois. Il y a des entretoises également. Voilà. La conception est importante à l'atelier. J'y mets un point d'honneur, moi c'est là où je me marre aussi. Donc je passe un peu de temps derrière l'ordinateur parce que je fais des modélisations 3D, réalistes, etc. Mais parce qu'il faut que nos clients puissent se projeter tout de suite sur déjà un matériau qui est méconnu. Le rendu est difficilement imitable numériquement, donc il faut utiliser un peu différents outils pour pouvoir communiquer clairement un projet.

  • Speaker #2

    Ça doit être hyper riche en fait, parce qu'il n'y a aucun projet qui doit se ressembler. C'est un champ des possibles assez large et c'est relativement... Je vais dire, c'est relativement rare, non. Il y a beaucoup d'artisans qui sont en capacité de faire beaucoup de choses. Mais en tout cas, vous, vous avez l'air de ne pas avoir de contraintes, en tout cas, en termes de possibilités.

  • Speaker #0

    Oui, je les vois peu, en tout cas. C'est vrai que j'aime bien, peu importe le cas, ils déchargent les contraintes. J'aime bien expérimenter. Donc, on aime bien pousser le truc un peu loin. Des fois, on se dit, attends, on prend ce projet. Vas-y, on y va. Même si c'est un peu fou. C'est ça qui est marrant, quoi. Dans la limite, effectivement, de ce qu'on sait faire. Puisque... On connaît aussi nos limites. On sait qu'il y a certaines pièces, là on avait eu un projet récemment qu'on a dû refuser parce que c'était, je ne sais plus combien, 100 pièces identiques, mais des pièces assez grosses parce que c'était des plans vasques, 100 pièces identiques qui allaient nous prendre toute l'année prochaine. C'était un gros, gros budget, un gros hôtel. Là, on s'est délégué. Là, on sait qu'il y a des émailleurs sur lave qui ont... un peu plus cette compétence-là et moins d'appétence pour la pièce unique, moi j'ai envie de m'amuser sur chaque pièce. Et là, tu me fais 100 pièces, c'est un petit peu trop. On peut faire de la petite série, mais on va savoir aussi orienter vers des personnes qui peuvent envoyer un peu plus vite. On a des émailleurs qui sont spécialisés dans les grandes surfaces. On travaille avec quelqu'un qui est en Auvergne d'ailleurs, où on lui envoie sans problème des clients qui seront de toute façon plus en recherche d'un émail uni, donc moins travaillé, avec sur de la quantité. et l'hyperactivité parce que là pour le coup la personne en question elle a des fenouilles qu'elle a plein de four on est sur un autre type d'ateliers nous on est vraiment sur la pièce unique avec une forte valeur ajoutée créative voilà en tout cas c'est ce vers quoi on essaye de tendre quoi mais je trouve que c'est ce qui fait à la fois la richesse et la difficulté de l'artisanat et plus particulièrement de l'artisanat d'art c'est que en fait en fonction des équipements

  • Speaker #2

    tu ne vas pas être en capacité de produire la même chose. Et tu vois, là, tu expliques que cet atelier, ils ont des équipements différents aux tiens et qu'en fait, 100 fois la même chose, pour eux, c'est moins douloureux que pour vous.

  • Speaker #0

    Tout à fait, c'est ça.

  • Speaker #2

    Et ça fait partie des sujets qu'on souhaite aborder avec Histoire d'artisan. C'est cette pluralité de, il n'y a pas un maroquinier, il y a des maroquiniers, il n'y a pas un céramiste, il y a des céramistes. Je trouve ça intéressant que tu montres un exemple concret. Et dans ces cas-là, et pareil, c'est marrant parce que... J'en parlais, j'ai donné une formation, pas sous le nom Histoire d'artisan, mais sur ma partie freelance, avec un organisme de formation lyonnais qui s'appelle l'Orafu, auprès d'artisans d'art et d'artistes. Et à un moment, je leur parle justement d'étudier leur concurrence. Et je leur disais, mais en fait, pour moi, dans l'artisanat d'art, à partir du moment où vous êtes seul à votre compte, il ne faut pas voir ça comme des concurrents, il faut voir ça comme des partenaires. Et en l'occurrence, il y a un métier où ça se ressent beaucoup, c'est le vitrail. Quand tu as toute une église à refaire. en fait tu peux pas être seule à refaire cette église

  • Speaker #0

    Donc il y a beaucoup de...

  • Speaker #2

    Et du coup, ils sont assez soudés. Et c'est un truc finalement que je trouve que les entreprises françaises devraient s'inspirer. C'est pas parce que tu fais exactement la même chose que moi que tu es mon concurrent. Au contraire, ça se trouve, on peut dupliquer nos forces de frappe. Ou ça se trouve, tu as un outil que je n'ai pas qui nous permettra d'avancer plus vite.

  • Speaker #0

    Ah oui, non mais je suis complètement d'accord avec toi. Et c'est un discours que je tiens régulièrement. D'ailleurs, je ne les appelle pas des concurrents, mais plutôt des collègues. Après, dans le milieu de la lave-émaillée, on est quand même dans un milieu de pierreux. Auvergnat. Donc c'est assez fermé. Du coup, je sais qu'il y a cette peur que l'autre te pique des idées, etc. De ne pas trop communiquer. Je sais que certaines entreprises freinent énormément sur leur communication pour ne pas laisser la place à ça. Là où nous, on fait complètement l'inverse. Parce que je me dis que si mon collègue Emmaier commence à faire des pièces qui sont similaires aux miennes, le but c'est aussi d'updater et de développer le savoir-faire au-delà de nos ateliers. C'est de comment on prend un savoir-faire et on l'emmène le plus loin possible. Un concurrent, du coup, entre guillemets, s'il est là et qu'il fait des choses comme ça, assez similaires, c'est à toi de te dire, bon, moi, j'ai été un peu avant-gardiste peut-être sur certains trucs. Il faut que je le devienne de nouveau et que je repropose encore autre chose. Et on peut toujours emmener un savoir-faire encore plus loin, différemment avec une autre patte.

  • Speaker #2

    Mon père dirait, je bois du petit lait. Mais vraiment, c'est un truc que je dis tout le temps aux artisans, c'est si vous avez peur de vous faire voler votre idée, c'est que vous pensez que votre savoir-faire n'a pas suffisamment de valeur pour que juste quelqu'un puisse le copier. Et d'ailleurs, en concept marketing, dans les grosses entreprises, il y a beaucoup de grosses entreprises qui se copient. Et il y a un peu ce concept du suiveur. Il y a notamment une histoire qui est relativement connue, c'est dès qu'il y a un McDo qui ouvre, il y a un Burger King qui ouvre à côté. Et en fait, Burger King a décidé d'être un suiveur et de ne pas investir... dans des trucs risqués ou même dans l'étude de la zone de chalandise, comme on l'appelle. Ah oui,

  • Speaker #0

    pour lui, l'étude est faite, en fait.

  • Speaker #2

    Pour lui, l'étude est faite. Si McDo s'est mis là, c'est qu'il y a un marché, et donc Burger King suit. Et ils jouent sur ça. Dans leur com, ils jouent sur ça. Et dans les grosses boîtes, c'est assez OK. Enfin, c'est le positionnement des grosses boîtes. Et moi, ce que je dis aux artisans d'art, je leur dis exactement la même chose. Je leur dis, si t'as peur de communiquer et de te faire voler ton idée, c'est que tu penses que tu n'es qu'une idée. Or, déjà, tes centaines d'idées est un savoir-faire intellectuel. Et ce n'est pas parce qu'on voit un visuel qu'on comprend toute la technique qu'il y a derrière. Ce n'est pas parce qu'on voit un visuel qu'on peut se dire, je vais refaire exactement la même chose. Après,

  • Speaker #0

    il y a aussi l'idée de se dire que quand tu commences à travailler un matériau en particulier, quand tu proposes quelque chose, d'essayer que ce soit pertinent dans le sens où comment ça ne servirait pas forcément que ton atelier et comment ça peut servir le savoir-faire. Comment ça peut servir ? Parce que les mèches sur lave, c'est quand même un savoir-faire qui est à sauvegarder. Là, il y a un retour qui est plutôt rassurant et je suis contente d'en faire partie. Mais j'aime bien me dire, et souvent je le conseille parce que moi aussi, je suis élue à la chambre des métiers. Et du coup, de dire autour de moi, il faut qu'il y ait un dialogue, il faut que les choses se nourrissent mutuellement. Ce n'est pas juste un gagne-pain, c'est aussi qu'est-ce que tu apportes de nouveau ? Alors la nouveauté encore, ce n'est pas non plus à chaque fois des révolutions, mais qu'est-ce que tu apportes ? Quel regard tu poses, toi, sur un savoir-faire ? L'idée, c'est pas de s'en défaire complètement et d'être dans l'innovation. Ce mot un peu moche, là, qui est difficile pour moi parce que je le trouve flou, en même temps trop exigeant, en même temps... Enfin, il est compliqué, ce mot, je trouve.

  • Speaker #2

    Tu sais que c'est nous ce qu'on défend chez Essor d'Artisan ? L'innovation.

  • Speaker #0

    Ah ouais ? Bah oui, en plus, je l'ai vu, oui. Mais moi, je ne comprends pas bien ce mot.

  • Speaker #2

    Mais comme tu dis, il est hyper flou.

  • Speaker #0

    Il est hyper flou. Bah ouais, parce qu'en fait, moi, il y a plein de gens qui me disent ouais, mais c'est innovant Non, j'applique les techniques, le savoir-faire qu'on m'a appris. Mais c'est le regard alors, c'est le regard qui est innovant. Oui,

  • Speaker #1

    mais parce qu'en fait, je pense qu'on est brainwashed par la Startup Nation qui nous dit en fait, quand t'es innovant, c'est qu'il y a de la techno.

  • Speaker #0

    C'est un brevet ou je sais pas quoi.

  • Speaker #1

    Il y a de la techno.

  • Speaker #0

    Mais du coup, même dans des concours d'artisanat, j'en ai fait il n'y a pas longtemps, il y a une clause parfois sur certains d'innovation. La dernière fois, je me suis vu remplir. Je ne vois pas en quoi je suis... Je ne sais pas ce que vous voulez dire par innovation. J'applique un savoir-faire ancestral avec mon regard, mais je n'ai pas déposé de brevets, je n'ai pas techniquement inventé un truc incroyable. C'est juste un axe, une vision particulière. Et donc, cette innovation, elle me pose un peu problème. Moi, j'ai du mal à l'intégrer.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que, justement, tout à l'heure, tu parlais et j'étais prête à faire la transition sur la question de, est-ce que tu as un projet de recherche ou d'innovation ? Pour moi, à partir du moment où, quand vous avez regardé le paysage de la lave émaillée et que vous vous êtes rendu compte qu'il y a un marché à aller chercher, c'est que vous êtes innovant. Vous avez une approche de la lave émaillée qui n'est pas la même que celle qui est vue et revue. Mais l'innovation, elle est partout. Quand on me pose la question, je dis l'innovation, ça peut être... En fait, je ne sais pas parce que, en l'occurrence, j'ai un peu cette idée reçue que la lave, c'est léger. Idée reçue, oui. Ok, c'est très lourd. Donc voilà, parfait. Du coup, comment tu fais quand tu as des grosses plaques à déplacer ? Il faut faire en sorte que ton corps puisse les déplacer. Et donc je dis, ne serait-ce que de réfléchir à l'ergonomie de ton atelier, c'est de l'innovation. Réfléchir à tes processus de production pour qu'ils soient calés, c'est de l'innovation. Je te racontais tout à l'heure que j'ai travaillé un an chez Jérémy Maxwell-Ventrebert sous Fleur de Verre. Dans ces sujets d'innovation, que moi j'identifie comme de l'innovation, il y a, il a des pièces, ça fait 10-15 ans qu'il les fait. Il continue d'essayer d'optimiser la prod et de faire en sorte que cette pièce, elle mette de moins en moins de temps à être produite. Pour moi, l'innovation, en fait, mais c'est parce qu'on est vraiment genre brainwashed sur le fait que l'innovation, c'est qu'en fait, on a mis du code et du machin et de l'intelligence artificielle. Non, mais j'ai développé cette idée parce que moi, je me suis agacée, mais vraiment. agacé. Je te racontais tout à l'heure qu'en 2020, j'ai voulu monter ma boîte. Forcément, quand tu montes ta boîte, tu t'intéresses aux aides que tu peux obtenir.

  • Speaker #0

    Et il y en a un paquet sur l'innovation. Et si tu Ausha les cases... À la BPI... C'est pour ça que c'est compliqué, je trouve, ce terme.

  • Speaker #1

    Mais parce qu'on le restreint trop. Mais pour moi, il est hyper vaste. À la BPI, donc la Banque Publique d'Investissement, qui est une banque qui égale les startups, et je pèse mes mots, il y a plusieurs critères. Il y a un critère de on te donne l'argent que si... tu as en gros le même argent déjà sur ton compte.

  • Speaker #0

    Déjà de l'argent, oui, c'est ce que j'allais dire.

  • Speaker #1

    Donc en fait, quand tu n'es pas un bac plus 5 qui a grandi dans une famille aisée, tu n'as pas 15 000 euros sur ton compte pour investir dans ta boîte, donc tu n'as pas les 15 000 euros de la BPI. Il faut faire des choix de sélection, mais bon. Et il y a un autre sujet, c'est il faut de l'innovation technologique.

  • Speaker #0

    Ah oui, innovation technologique.

  • Speaker #1

    Et j'ai... pété mon câble parce que tout le monde me disait ah mais t'as qu'à faire une plateforme de mise en relation entre les artisans et les architectes. Et j'étais là non ça marche pas, ça marche pas, arrêtez. C'est pas parce que je vais essayer de faire des matching à base de grosse intelligence artificielle qui est pas du tout de l'intelligence artificielle qu'on se le dise. C'est pas parce que je vais faire ça que ça va fonctionner les gars. Arrêtez. Mais vraiment et du coup je suis partie et j'ai fait vas-y la BPI je les déteste. Voilà. Mais je trouve ça tellement inégalitaire. Ouais. Ça veut dire que le boulanger en bas chez toi, qui se lève à pas d'heure pour faire en sorte de redynamiser tout un quartier, qui fait en sorte que là où les entreprises, elles ont pris tous les bureaux et que du coup, la ville, elle est morte le soir, lui, il va mettre une boulangerie et il va faire en sorte de régaler le peu d'habitants qui restent. Lui, il n'a pas d'aide. Et je rebondis encore sur ce débat d'innovation. Ça a été reconduit. Il y a un crédit qui s'appelle le crédit d'impôt recherche. Le crédit d'impôt recherche, il touche les entreprises. Et un des critères, c'est que vous devez montrer que le résultat de votre recherche n'a jamais existé. Donc, il y a un énorme travail de justification que si tu as ce crédit d'impôt recherche, c'est parce que ce que tu as développé n'existe dans aucune entreprise dans tout le monde. Et il y a un crédit d'impôt métier d'art qui a été reconduit en 2024 jusqu'en 2026, si je ne me trompe pas. Et bien, ce critère, il n'y est pas. En gros, il faut juste que tu prouves que ce que tu as développé en tant que recherche n'existait pas dans ton atelier avant.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord.

  • Speaker #1

    Et je trouve que ça montre qu'il y a une certaine compréhension quand même que l'artisan, c'est beaucoup d'entreprises unipersonnelles. Oui,

  • Speaker #0

    oui, je pense qu'il y a une volonté quand même d'essayer de comprendre un peu mieux le secteur qui souffre quand même toujours. Oui, il y a des progrès, mais qui souffrent toujours, on ne dira jamais assez d'un regard biaisé sur comment fonctionne un atelier, qui sont les artisans d'art et comment ils travaillent. Mais c'est vrai que cette notion aussi d'équipement... Nous, on s'est posé cette question sur, est-ce qu'il ne faut pas, parce qu'on nous pose un peu à investir quand on veut des aides, il faut investir, équipement, équipement, équipement. Sauf que nous, on ne veut pas un four plus grand, par exemple. A chaque fois, tout le monde nous pose la question, vous pouvez prendre un four plus grand pour faire des plus grands projets ? Non, en fait, si je prends un four plus grand, il faut un local plus grand, il faut des Fenwick. C'est un autre rapport au corps, un autre rapport à la création qui n'est pas du tout celui sur lequel je veux me positionner. Donc, oui, c'est assez contrainte. Mais c'est ce que je disais à un rendez-vous aujourd'hui, c'est de la contrainte qu'on fait des belles choses aussi. Et voilà, nous quand on doit faire un calpinage pour faire une pièce un peu plus grande, en fait le calpinage il participe au motif, on l'intègre dedans, c'est peut-être même sur ce calpinage, sur la ligne d'assemblage, qu'on va partir pour définir le motif. Et en fait, c'est aussi ça qu'on trouve intéressant par rapport à cet équipement, qui est quand même un gros équipement, parce que pour être émueure sur lave, les fours font un grand four qui fait presque 2 mètres de long, 1,50 mètre de large. Donc voilà, mais c'est un vrai sujet, cette question d'équipement, d'innovation. Mais il faut savoir se positionner, savoir où... Du coup, il y a plein de concours que j'ai... J'ai participé à des concours, je ne les ai pas eus, sur ce critère-là, je pense majoritairement. Rentrer dans des cases, par exemple, moi j'ai des pièces qui associent du bois, de l'alu, et de la laver-mailler et je ne fais pas la totalité de ma pièce, parce que moi je suis designer, donc j'aime bien associer les matériaux. Donc pareil, il y a des exclusions un peu. Il faut que la pièce soit entièrement faite par vous. Moi, ça ne me fait pas toujours vibrer. Alors après, certaines quand même. Mais la variété des profils et la typologie de métier, on veut toujours mettre les gens dans des cases et c'est compliqué. C'est compliqué. Du coup, il faut rester droit dans ses basques. Voilà, se dire, du coup, je ne sais pas, moi, par exemple, je ne suis pas atelier d'art de France parce que, oui, moi, mon code NAF, c'est un code NAF de designer. Parce qu'en fait, je suis de formation de designer. Je travaille d'autres matériaux. Je travaille avec d'autres gens qui participent aux pièces. Enfin, voilà, il y a tout un... C'est un vaste sujet.

  • Speaker #1

    Mais attends, mais du coup, tu es élue à la CMA, mais à la Chambre de métier de l'artisanat. Mais en fait, tu n'es pas artisane ?

  • Speaker #0

    Si, je suis artisan d'art. J'ai quand même la notion artisan d'art sur mon cabisse. Enfin, mon cabisse. Mais le code NAF est un code NAF de designer. Mais j'ai quand même... Oui, à chaque fois, c'est un sujet.

  • Speaker #1

    Du coup, je vais poser ma question. Est-ce que tu as un projet de recherche ou d'innovation dont tu pourrais nous parler ? Je sais que du coup, c'est compliqué parce que justement, on vient d'en parler.

  • Speaker #0

    Là, tout de suite, ce qui me vient, c'est ce que j'ai envie pour 2025. J'ai plusieurs choses qui me viennent, mais alors là c'est plutôt la typologie de projet, plutôt que vraiment une innovation. On va dire plutôt sur ce que tu me demandes, ce que j'aimerais. Après avoir fait l'événement Amour Vivant l'année dernière avec Hélène Aguilar, j'ai rencontré une céramiste, je ne saurais plus redonner son nom, qui est une spécialiste de l'émail.

  • Speaker #1

    Si ça te revient après, je le mettrai dans les références de l'épisode.

  • Speaker #0

    Ok, et en fait, elle parlait de la provenance des émeaux. parce que je ne saurais pas aller très loin sur le sujet justement. Donc nous, on n'utilise que des émaux non plombeux. Alors de toute façon, on est tellement sensibles à la question de la santé qu'on a enlevé plein de choses de tout ce qui nous a été pourtant transmis. Il faut utiliser du MX54 pour mélanger la couleur à peindre sur la chaîne. Le MX54, ça pue, ça sent la toxicité à plein nez. J'avais appelé le fournisseur qui m'avait dit Alors attends, oui, il faut que je retrouve. Il y avait une espèce de flou artistique. Je l'ai banni. J'ai banni aussi tout ce qui est de l'ordre de la sérigraphie. Parce que pour sérigraphier la lave, il peut être sérigraphié. Déjà, nous, on n'en a pas l'intérêt puisqu'on n'est pas sur un principe déjà de série. Mais aussi, ça utilise des produits hyper nocifs qu'on a bannis également.

  • Speaker #1

    La sérigraphie dans la lave, ça fonctionne comment ?

  • Speaker #0

    C'est pareil. Alors du coup, moi, je n'ai pas sérigraphié. Mon mari avait été formé à la sérigraphie dans l'école. Mais c'est pareil, c'est le même principe de cadre. Sauf que du coup, on est sur de l'émail. Et puis après, il y a un slide-off. Enfin, il y a des... des produits ajoutés. Donc c'est vrai que je suis assez sensible à cette question de la toxicité et de la santé dans nos métiers. Et donc, les émots. J'avais posé la question d'ailleurs à Amour Vivant, comment répondre à la demande en termes de quantité aussi, parce qu'on en consomme quand même pas mal d'émots, donc il y a un problème économique aussi qui se pose à ça. Mais bon, plus on en parlera, plus il y aura de solutions et plus il y aura peut-être de quantité. Mais je pense qu'on en est encore au tout début et que du coup, ça ne matche pas encore parfaitement entre l'envie et le marché. Ce serait creuser sur cette notion-là. Nous, on récupère des émeaux. Quand on fait du pistolet, on récupère les émeaux. Pour en faire un autre émail de récupération, on essaye de faire des choses. Mais j'aimerais bien travailler sur des émeaux qui soient plus propres.

  • Speaker #1

    Je sais qu'en céramique, il y a des formations pour apprendre à faire ces émeaux. Tu pourrais faire une formation initialement orientée céramiste ?

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Parce qu'on utilise les mêmes... Vraiment, nous, on cuit à basse température comme les... Comme ceux qui cuisent la faïence qui se cuit à basse température. Donc oui, oui. Il y a plein de choses à mettre en place, en fait, qu'il faudrait faire. En rentrant à l'atelier, je te promets, j'y pense.

  • Speaker #1

    Mais écoute, dans tous les cas, on te suivra sur ce sujet. Et le jour... ou tu as un truc à nous raconter, on te met dans un carnet des innovations.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Trop bien. Ok. Tu pourras dire que tu as fait de l'innovation.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Mais c'est un chouette projet. Et tu sais que, enfin, j'ai appris ça avec un céramiste que j'adore, Corentin Brison, qui lui fait ses aimants. qui fait souvent des petits vlogs de journée et qui disait la dernière fois je vais chez le médecin, c'est pas grave mais juste en fait je vais tester ma santé parce que je travaille des émaux et c'est dangereux pour la santé et je me souviens j'avais fait un vernissage avec lui et il m'avait raconté que tous ces émaux il les faisait tester chimiquement dans un laboratoire et tout ça donc il investit vraiment dans le test de l'émail et en fait quand il m'a dit ça j'ai fait mais évidemment c'est des questions enfin tu vois genre t'as des t'as de... Surtout des céramistes, t'as des tas de marchés de céramistes. Quand t'achètes un bol qui te plaît, tu te demandes pas si l'émail il est bien quoi.

  • Speaker #0

    Et puis pour tout, tu vois, t'achètes des emplois à Tagine au Maroc, laisse tomber. En fait tout, donc c'est pour ça qu'il faut aussi temporiser. On fait énormément, je sais que nous on est hyper impliqués sur le sujet, on fait énormément de choses pour se protéger nous et nos clients. Tu vois, pas minorer mais temporiser. L'impact que nous, qui utilisons quand même des matériaux naturels, même si naturel ne veut pas dire inoffensif, on est bien d'accord. Je pense qu'il y a beaucoup plus de choses sur lesquelles il faudrait bosser avant. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et que vous, vous êtes ceux qui font le plus attention, mais que les grosses boîtes qui ont clairement les moyens de faire très attention ne le font pas. Mais bon, les grands méchants. On en vient à la question de l'anecdote. Est-ce que tu pourrais nous raconter une anecdote avec ton métier ?

  • Speaker #0

    Une anecdote qui a peut-être un peu de lien en plus avec un projet actuel. Parce qu'actuellement... On fait un projet pour le Japon. Et le brief, c'est on veut que toutes les pièces soient différentes. C'est des petits portes en sang. Il y en a une vingtaine. Et le brief, c'est on veut qu'ils soient tous différents. Et que n'essayez pas de rattraper s'il y a un truc qui ne va pas. C'est le fameux wabi-sabi. C'est-à-dire d'accepter, au Japon, ils sont quand même vraiment meilleurs que nous sur ça. D'accepter la trace du geste, l'erreur, la petite bulle. Où nous, en plus, quand on fait les choses... Le client souvent ne voit pas et nous on est là et nous on laisse moins passer en fait que l'utilisateur souvent. Donc c'est un peu ça, c'est se dire lâcher un peu de l'est avec le souci de la perfection. Du coup la petite anecdote en lien c'est qu'une fois il y a un plateau qu'on a fait, les plateaux ok, donc c'est un peu nos plateaux phares qu'on fait depuis le début. On l'avait complètement loupé, on disait lui il rattrape, laisse tomber. Bon qu'est-ce qu'on en fait ? Bah vas-y on va meuler, on enlève tous les mailles dessus. Bon bref on le pose dans l'endroit où on se dit... Ça part à la benne entre guillemets parce qu'on en fait toujours quelque chose. Et puis il y a une cliente qui arrive à l'atelier, qui avait regardé le showroom, parce qu'on a un petit showroom, qui n'avait pas trouvé forcément son bonheur et qui arrive à l'atelier, qui a vu le plateau, qui a fait c'est celui-là. Ah non mais c'est celui-là. Il y a une cliente ? Il y a quelqu'un ? Non. Ah non mais je le prends. Là c'est... Ah ouais non il est fabuleux. Et donc... Parce qu'il était plein d'erreurs, il y avait plein de bulles. Donc en fait, l'objectif initial qu'on avait, des mailles bien plans, bien lisses, notre objectif n'était pas tenu. Donc on a estimé qu'il n'était pas bon. Et en fait, voilà. Donc c'est ça aussi que j'aimerais bien peut-être en axe d'amélioration aussi de l'année prochaine. C'est développer des pièces un peu... J'assume le geste, je suis un peu plus dans la texture. Parce que là, on fait des choses qui sont quand même très contrôlées. On sait que c'est notre patte avec cette technique du cloisonné. Mais voilà, d'être un peu plus dans la liberté d'expression plastique. Voilà, d'être plus...

  • Speaker #1

    Dans le laisser-aller.

  • Speaker #0

    Ouais, dans de la barbouille, dans des... Voilà, tester, un peu du... Ouais, de lâcher un peu le geste, quoi. Que le geste fasse un peu le taf, à la place du cerveau.

  • Speaker #1

    Alors déjà, est-ce que cette cliente est au courant qu'à la base, vous pensiez que c'était raté ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Ça se trouve, elle va l'apprendre en écoutant le podcast.

  • Speaker #0

    Peut-être. C'était il y a longtemps. C'est pas grave, ça donne une histoire sur son plateau, c'est ça qui intéresse.

  • Speaker #1

    En rentrant un peu dans le milieu des métiers d'art et de l'artisanat, mon entourage me posait des questions. Et notamment une question, c'est comment on reconnaît un objet fait par un artisan qui maîtrise son geste ? Et d'ailleurs, j'ai écrit un article pour le journal sur ça, qui se base toujours sur quelque chose que m'a dit Corentin Brison. Vraiment, je passerai encore une fois mon... Je parle tout le temps de toi Corentin, je pense que t'écoutes pas les épisodes mais ça je parle tout le temps de toi. En fait, ce que Corentin, parce que je lui posais la question, il y a des céramistes, il y en a plein. Et je lui disais mais à partir de quand on peut se considérer céramiste ? Et il m'a dit à partir du moment où c'est toi qui dompte la matière et pas la matière qui te dompte. Et Corentin, il a un modèle de tasse, il tourne des tasses. elles sont toutes pareilles. Et la semaine dernière, donc on enregistre l'épisode dans septembre, la semaine dernière c'était la Paris Design Week, je suis allée à un vernissage d'exposition et puis je me balade et à un moment je vois une pièce en céramique avec, il restait les coulures du moule et elles n'avaient pas été tournassées pour enlever ces coulures que normalement... quand on utilise un moule en céramique, on enlève ses couleurs. Mais c'est la même chose d'ailleurs quand on tourne, on a toujours le dessous là qui est à rattraper parce qu'il y a une grosse forme pas très agréable en plus au toucher et assez coupante. Et c'était une exposition un peu conceptuelle avec des trucs un peu chelous. Et en l'occurrence là, c'était une pièce en forme un peu de Lego. Et je me suis dit... À tout moment, il va nous expliquer qu'en fait, c'est désiré parce que c'est le choix de l'artiste de vouloir intégrer le défaut dans l'objet et tout. Je lui dis, ok, mais dans ce cas-là, si t'en fais d'autres, tu les fais pareil. Et en fait, c'était la seule qui était comme ça. Il en avait fait d'autres, de vraiment la même forme, mais de couleurs différentes. Et c'était la seule qui n'avait pas été tournassée. Et c'est là où je me suis dit, mec, tu nous emboucanes un peu. T'as oublié de tournasser ta pièce, elle est émaillée, c'est trop tard, et en fait t'essayes de nous dire que c'est un concept. Et je comprends un peu ce truc de, à la fois le défaut de faire l'histoire de la pièce, et à la fois, il n'empêche que la maîtrise de la matière à son paroxysme, ça montre votre expertise. Et c'est marrant, j'ai une anecdote qui vient d'un épisode de podcast qui date de 2020. avec Tipeee Atelier, donc ils sont des souffleurs de verre. Et à l'époque, je posais la question sur les idées reçues qu'on pouvait avoir sur un métier. Et il me raconte, il me dit, il y a des gens qui pensent que mes pièces, parce qu'elles n'ont pas de bulles, elles ne sont pas, ce n'est pas des pièces soufflées. Et il y a des gens qui pensent qu'une pièce soufflée, c'est une pièce avec des bulles. Et il dit, mais non, une pièce soufflée avec des bulles, c'est soit un choix esthétique, soit une pièce ratée.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et en fait c'est si drôle !

  • Speaker #0

    Mais après je trouve ça normal, on se positionne d'une façon ou d'une autre. Après il y a le bel échec.

  • Speaker #1

    La tarte à thym quoi ! Oui,

  • Speaker #0

    voilà. Non mais se libérer un peu, il y a un entre-deux peut-être, il y a un positionnement à trouver, mais je trouve qu'il n'y a pas de bonne réponse. Il n'y a pas de bonne réponse. Mais par contre je reviens juste sur la question que tu disais, comment on sait qu'une pièce par quelqu'un est réussie ? En fait, ça me fait penser à ce que je disais tout à l'heure sur ce que tu apportes au savoir-faire, dépendamment de ce que lui peut t'apporter, de ce que tu auras appris, de ce qu'on t'a appris. Et on parlait des céramistes qui sont, comme tu l'as dit, très nombreux. Et je trouve que là, il y a aussi un sujet, chez les céramistes en particulier, c'est quand tu deviens céramiste, qu'est-ce que tu apportes à la céramique ? Et je pense que certains pourraient développer cette question-là, parce que du coup, moi je trouve que c'est la pâte que tu apportes au savoir-faire. qui va donner aussi sa valeur. Quand tu identifies, ça, c'est un tel. Je trouve que c'est beau quand même. Quand tu arrives à te différencier, ça peut être sur un détail, mais je trouve qu'en tant qu'artisan d'art, c'est important de se positionner sur ça, sur, encore une fois, ce que tu apportes et comment on t'identifie.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, on en revient à notre sujet de communiquer et montrer son travail. Si tu as une vraie orientation artistique, En fait, les gens peuvent te copier, mais pour eux, ça va être brouillon. Et pour toi, ça va être très...

  • Speaker #0

    Si c'est vraiment... S'il y a une patte, s'il y a quelque chose. Après, il y a aussi la propriété intellectuelle. Enfin bon, je veux dire, il y a des choses... En plus, aujourd'hui, on communique par mail, par les réseaux, par un machin. C'est assez facile à dater. Enfin, ouais, je trouve que c'est un peu craindre pas grand-chose, quoi. Enfin, chacun se positionne bien comme il veut, surtout.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Il y a une question qui est, quels sont tes futurs pro... projets, les futurs projets que tu as envie de développer. Je crois que tu nous as déjà parlé d'un projet que tu aimerais développer. Est-ce que tu as d'autres projets sur lesquels tu aimerais travailler, que tu aimerais développer ?

  • Speaker #0

    Cette année, on a eu une idée un peu folle, mais je ne sais pas jusqu'où je peux te dire. C'est parce que c'est trop frais et de toute façon, je ne pourrais pas dire le nom, mais on a envie de partager la création artistique de certains projets qu'on va mener avec une tierce personne, qu'on appellerait peut-être ambassadrice. En l'occurrence, c'est une femme. Mais on n'a rien défini ensemble encore. Peut-être que finalement, ça va tomber à l'eau, etc. Mais on aime bien l'idée qu'il y ait quelqu'un comme ça, qu'on admire, avec laquelle on a déjà travaillé et qu'on aimerait travailler. Voilà, qu'elle ait comme ça, qu'elle puisse participer à un projet un peu plus, avoir son regard sur certains projets. Et notamment... sur le milieu du luxe, qui est vaste aussi, sur le retail, en fait, on aimerait bien travailler sur cette notion de présentoir, de scénographie, ouais.

  • Speaker #1

    Du coup, faire un projet à six mains qui vous permet encore une fois d'ouvrir vos chakras et de découvrir un autre univers.

  • Speaker #0

    Ouais, en étant fidèle à nous, mais d'avoir un regard bien particulier, une expertise, en fait, qu'on n'a pas forcément et qui, je pense, peut être nourrissante, peut nous nourrir mutuellement. En tout cas, on est vraiment... On défend très fort la collaboration. C'est à chaque fois là que les choses se font et que les choses deviennent plus intéressantes encore. C'est vraiment un truc qu'on a appris au fil des années.

  • Speaker #1

    Moi, je pense que c'est la collaboration, c'est la richesse. C'est que tu arrives dans l'univers de quelqu'un d'autre et ce que tu disais, c'est la créativité, elle est aussi dans la contrainte. Et moi, je suis persuadée de la valeur ajoutée, de collaborer avec quelqu'un. Mais on parle de créativité, mais même d'un point de vue marketing.

  • Speaker #0

    Il y a plein de façons de collaborer, de plein de façons différentes. Ça peut être des collaborations avec un autre artiste sur une pièce. Ça, vraiment, nous, on adore. On adore ça. On adore se challenger sur aussi... Par exemple, on fait surtout des formes plutôt géométriques, plutôt, je dirais, s'il fallait nommer une inspiration, on serait un peu art déco. C'est un peu banal, mais c'est vrai, c'est comme ça. Et là, par exemple, on a travaillé, et on travaille encore sur des pièces avec Victor Cadenne. Un artiste avec lequel on adore travailler parce qu'il a un univers qui est complètement différent du nôtre, très figuratif, très inspiré de l'histoire. Et en fait, du coup, on est sur vraiment des antipodes en termes d'esthétique. Et j'adore, j'ai adoré émailler ses pièces. Lui, du coup, c'est par notre savoir-faire qu'il y trouve du sens pour ses pièces et pour ses dessins. Ça, c'est riche, ça, c'est intéressant parce qu'on sort de notre zone de confort en dessinant. Je ne sais pas, j'ai dessiné des animaux. C'est toujours complètement onirique. Enfin, je ne saurais pas. Il saura plus décrire son propre travail, peut-être. Mais en tout cas, c'est frais, c'est rafraîchissant. Et je pense qu'on s'apporte mutuellement et j'espère que ça transpira à travers les pièces qui vont bientôt être... Elles sont produites, mais qui seront bientôt dévoilées. On va dire.

  • Speaker #1

    Vous allez bientôt nous faire des résidences d'artistes,

  • Speaker #0

    en fait. Alors, je ne sais pas comment ça peut s'orchestrer, étant donné mon rôle, on l'évoquait tout à l'heure, de mère. Déjà. Donc, rôle de maman. Et puis, en tant qu'Emmailleuse sur lave, voilà, j'ai du mal à projeter. En tout cas, l'envie est là de faire plein de choses, de bouger, de sortir de l'atelier, de découvrir aussi peut-être dans d'autres pays. En plus, c'est une année, on a envie de faire plein de trucs avec Jess. Mais voilà, chaque chose en son temps. mais je pense qu'il y a plein de choses nouvelles qui pourront alimenter les prochaines années.

  • Speaker #1

    Eh bien, on arrive à la dernière question qui est, qu'est-ce que tu souhaites pour ton métier en général, ton univers, tes collègues, comme tu les appelles ?

  • Speaker #0

    Oui, j'aimerais bien que le savoir-faire transgresse un peu les lois de l'émaillage sur lave dans le temps, qu'elle aille sur des chantiers d'envergure aussi, parce que des fois, c'est ponctuel. Alors, il y a des gros projets qui sont, on va dire souvent les gros projets, ça va être une trentaine de plateaux en lave-maillé pour un restaurant, par exemple. Ça, c'est des très beaux projets dont mes collègues et nous-mêmes sommes gourmands. On a envie de beaux projets où on nous laisse une belle part de liberté aussi. Donc voilà, que ça prenne sens, qu'il y ait un peu plus de sens sur les projets qui arrivent et qu'ils ne soient pas juste cantonnés à un vieux souvenir d'Auvergne. Voilà. Ça se déploie sur des projets, je ne dirais pas au-delà de nos frontières. Franchement, je ne prône pas l'exportation dans quelque manière que ce soit. Je pense que chacun doit se concentrer un peu sur sa zone, pour toutes les raisons qu'on connaît. Après, répondre à la demande, oui, mais en tout cas, je pense qu'en France, il y a déjà beaucoup de choses à faire pour placer ce savoir-faire-là, qui mérite, parce que c'est assez illimité en termes de finition, de couleur et de fonction. Donc c'est ça, c'est juste voir ça développer, puis je serai contente d'y avoir un peu participé. Alors je ne sais pas dans quelle mesure j'ai pas de vision comme ça, de recul sur les années qui défilent en regardant ce matériau-là. Mais voilà, que chacun apporte sa pierre un peu à l'édifice pour que les choses aillent plus loin.

  • Speaker #1

    C'est un très beau mot de la fin. Merci beaucoup Lydia, merci pour ton temps, merci de t'être déplacée.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir. À bientôt. À bientôt, salut.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que ce deuxième épisode avec Lydia Belguittard, émailleuse sur live et designer, vous aura plu. Son histoire est un bel exemple de résilience et de passion pour son métier, un mélange unique de créativité et de tradition. Vous pouvez continuer de m'aider à faire découvrir les histoires d'artisans au plus grand nombre en mettant une note, un commentaire et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. Vous pouvez nous retrouver sur Instagram pour découvrir le métier en images. Nous sommes toujours heureux de recevoir vos témoignages et vos ressentis sur les épisodes de podcast. Si vous avez envie de nous transmettre un message, vous pouvez nous écrire à podcast.histoired'artisan.com En attendant, je vous dis à bientôt avec une nouvelle histoire.

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Description

Le parcours inspirant de Lydia Belghitar : Du design à l’émaillage sur lave


Dans ce nouvel épisode d’Histoires d’Artisans, plongez dans l'histoire de Lydia Belghitar, émailleuse sur lave et designer. Après un début de carrière prometteur chez IKEA, Lydia décide de suivre une voie plus personnelle, celle de l’artisanat d’art. Elle raconte son parcours fascinant, de sa formation en architecture d’intérieur à la création de son propre studio, Studio LER, qu’elle a pensé avec son mari. Vous découvrirez comment elle allie le design contemporain à une technique artisanale ancienne pour donner vie à des créations uniques. Cet épisode est aussi une histoire de résilience, marquée par des épreuves personnelles qu’elle a surmontées avec passion et détermination.


Laissez-vous inspirer par son chemin, où tradition et innovation se rencontrent, et apprenez comment Lydia a transformé son amour du design en un métier d’art à part entière.


Histoires d’Artisans est l’association qui valorise l’ingénierie des artisans d’art en mettant en avant l’innovation, le design et la recherche au sein des ateliers. Ce podcast est le reflet d’un univers merveilleux et beau et où le bien fait et les matériaux sont au centre des discussions.


Références de l'épisode :

La céramiste dont Lydia parle est Joëlle Swanet.


Liens de l’épisode : 

Studio Ler

Instagram

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Histoires d’Artisans

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Instagram

Le Carnet des Innovations


Production et réalisation : Lisa Millet

Montage et musiques : Quentin Blic


Si vous avez envie de nous transmettre un message, vous pouvez nous écrire à podcast@histoiresdartisans.com.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, bienvenue dans mon atelier.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans le podcast d'Histoire d'artisan. Je suis Lisa Millet, présidente de l'association Eponyme. Histoire d'artisan valorise l'ingénierie des artisans d'art en mettant en avant l'innovation et la recherche au sein des ateliers. Aujourd'hui, je vous emmène dans l'univers fascinant de la lave-émaillée avec Lydia Belleguitard, émailleuse sur lave et designer. Une artisane talentueuse et passionnée. Après avoir fait ses armes dans le design d'espace et l'architecture d'intérieur, Lydia a suivi un chemin particulier qui l'a mené à combiner son amour du design et de l'artisanat. Elle partage avec nous son incroyable aventure, de ses débuts chez Ikea à la création de son propre studio, Studio Lair, en collaboration avec son mari. Découvrez comment elle a transformé un savoir-faire ancien en une entreprise moderne et florissante, tout en surmontant des épreuves personnelles marquantes. Laissez-vous inspirer par ce parcours touchant et sa vision novatrice de l'artisanat.

  • Speaker #2

    Belle écoute ! Bonjour Lydia, nous ne sommes pas dans ton atelier. À mon grand désarroi, nous sommes chez moi, c'est toi qui t'es déplacée jusqu'à moi et je t'en remercie.

  • Speaker #0

    Avec plaisir.

  • Speaker #2

    Lydia, tu es émailleuse sur lave et designer. Est-ce que tu peux nous raconter, j'ai cru comprendre que tu étais d'abord e-designer et ensuite émailleuse sur lave, est-ce que tu peux nous raconter ton cheminement ?

  • Speaker #0

    Donc effectivement, j'ai fait des études en design. J'ai commencé par un BTS design d'espace, un golem. Ensuite, j'ai fait les beaux-arts d'Angers. donc en option design. Donc j'ai fait 7 ans de design plutôt spécialisé objet, parce que design d'espace, c'est plutôt l'architecture intérieure, donc ponctué par différents stages aussi qui ont été vraiment percutants dans mon parcours, notamment un stage de 4 mois pour Mathieu Lehanner, qui a une actualité assez forte en ce moment, et qui ont été un peu des révélations, parce que vraiment, là je découvrais qu'on pouvait bien se marrer aussi dans un studio. On pouvait vraiment aller loin dans des démarches, avec déjà les métiers d'art au cœur de sa création aussi à l'époque. Des collaborations, les échanges avec les clients, tout ça, ça a été hyper nourrissant. Donc voilà, parcours en design. S'en est suivi plutôt un emploi en tant qu'architecte intérieur, parce qu'en fait, j'ai été embauchée tout de suite après les études chez Ikea. Ok. Donc en fait, je suis rentrée...

  • Speaker #2

    Grand méchant.

  • Speaker #0

    Ouais. Je suis restée longtemps en plus. Oh ! Oh ! Donc j'ai commencé à Ikea Tour, deux ans, je suis restée là. Et après, j'ai demandé en fait une mutation à Ikea Clermont-Ferrand. Mais c'est là que tout s'est joué en fait, parce que cette mutation a été demandée parce qu'à l'époque, j'étais avec mon mari. Et en fait, mon mari avait une formation de taille de pierre qu'il avait dû abandonner pour privilégier la logistique dans des grandes boîtes. Enfin bon, voilà, il voulait revenir à la taille de pierre. Et donc moi, j'étais chez Ikea, donc en tant qu'architecte intérieur, et je voulais revenir au design d'objets. Donc on s'est dit, fort de ce constat, que peut-on faire à deux qui réuniraient nos compétences respectives ? Donc moi le design, lui la pierre, qu'est-ce qu'on fait avec ça ? Et en fait, en fouillant vraiment sur internet, enfin un petit peu en échangeant avec tout le monde, on a découvert la lave émaillée comme ça. Et un jour d'ailleurs, pas longtemps après qu'on se pose la question sur ce savoir-faire-là, un peu étrange qu'on a vu nulle part, qui fait ça ? Je suis tombée sur une pièce à Emmaüs, une pièce faite en Auvergne, vraiment old school. Là, vraiment, on est sur de l'émaillage sur lave old school d'une sénette auvergnate très traditionnelle. Et du coup, je l'ai acheté, j'ai ramené ça à la maison. Je fais, bah, regarde, c'est ça la lave-émaillage. J'en ai trouvé à Tours. Et du coup, on s'est dit, bah ouais, le savoir-faire, il est génial. On est entre la céramique, mais on a un truc qui est suffisamment solide pour être exploité sur du mobilier, sur du revêtement. contre, ouais, il y a quelque chose à faire. Ça rejoint un peu ce qu'on disait sur l'épisode 1, on trouvait que c'était un peu désuet et de comment on peut rafraîchir un peu le truc. En toute humilité, on n'est pas là non plus pour révolutionner quoi que ce soit, on est plusieurs d'ailleurs, et Maillor sur là va faire des choses quand même très contemporaines. Mais voilà, à ce moment-là, c'était notre constat, on veut faire des trucs de ouf, on l'avait maillé.

  • Speaker #2

    Des trucs de ouf !

  • Speaker #0

    Et du coup, j'ai demandé ma mutation à Clermont-Ferrand dans cette optique-là. On a vendu notre maison, une rupture conventionnelle, pour aller se former à l'école d'architecture de Volvic, en émaillage sur lave, pendant un an. Donc on parle de cette formation professionnelle. Et donc, je travaillais chez IKEA, et le soir, on développait ce qui deviendra Studio Lair, avec déjà notre four, l'envie de prototyper, l'envie d'associer la lave à d'autres matériaux. Et puis, on commençait vraiment à avoir un bon réseau d'artisans autour de nous, à développer le site internet. Et malheureusement, c'est là que l'histoire change un peu. Mon mari est tombé gravement malade. Donc ça, c'était en 2015. Donc on a dû laisser Studiolaire, entre parenthèses, pour le soigner. Malheureusement, c'est une maladie qui a duré trois ans, à l'issue de laquelle c'est la maladie qui a gagné. Donc en fait, il est décédé en 2018. Donc ouais, trois ans après. Avant ça, on avait fait un rapprochement familial en Bretagne. Donc dans ce contexte de maladie, pour être accompagné par la famille. Et il est décédé pas longtemps après, un mois après qu'on soit installé en fait. Mais donc on s'est rapproché de sa famille, en l'occurrence de sa sœur Jessica, qui habitait, qui est en fait ma voisine, et avec laquelle on développera donc Studiolaire toutes les deux. Donc en fait c'est vraiment une histoire qui est restée familiale, qui a été extrêmement violente à vivre, et du coup qui nous a donné encore plus envie, parce que c'est un projet, du coup c'était le projet de son frère. mon projet, c'est vraiment un projet de vie. Donc du coup, elle m'a rejoint un peu sur le tas, parce qu'elle n'est pas issue de ce milieu-là, ni du design, ni de l'émaillage sur lave. Donc on a un petit peu testé tout ça ensemble, parce que c'était quand même lui à la base l'émailleur. Mais pendant qu'il était malade, il continuait à nous transmettre, du coup, peu importe ce qu'il arrive à la fin de cette maladie, il faut que tu saches faire ci, ça, ça. Comment tu fais ci ? Comment tu fais ça ? Donc des fois, il me disait, bon, vas-y ! Tu reçois la lave, qu'est-ce que tu fais ? Donc là, je reçois la lave, donc je la façonne. Ensuite, je la lave, je l'émail. Enfin bon, je ne vais pas rentrer dans le détail, mais c'était une espèce de continuité de formation théorique dans un contexte un peu difficile. Mais ça nous a donné un peu des ailes aussi, avec Jess, d'envie d'aller au bout, en fait. Et pas de se dire, je retourne chez Kia, je fais quoi ? Je baisse les bras. Voilà, on a continué. On a développé d'abord dans un premier temps. On a commencé en développant des pièces auto-éditées. On s'est dit, on va faire une gamme. On va développer la gamme qu'on avait dessinée avec Renato. C'était Renato, mon mari. On développe cette gamme-là. On se l'approprie. Et on essaye de vendre ça. Bon, ben voilà, on est en centre-Bretagne. Attention, on est en centre-Bretagne. Dans le Cresbreys. pour ceux qui parlent le breton. Centre-Bretagne, on fait de la lave-émaillée. Autant dire qu'il a fallu vraiment donner corps et âme pour développer ce projet, qui n'est plus un projet, maintenant c'est une entreprise établie. Pendant longtemps, on utilise d'ailleurs ce mot projet pour décrire son entreprise, souvent dans les premières années. Non, non, là c'est bon, ça vit, c'est cool. Je pense que Réna serait très fière. D'ailleurs, on se le dit souvent et puis ça nous donne encore plus des ailes. Voilà, tout ça pour dire. Ben voilà,

  • Speaker #2

    tout ça pour raconter ton histoire. Ouais, et donc les statuts, vous les aviez déposés avec Renato ?

  • Speaker #0

    Ouais, mais on a changé plein de fois de statut à cause du RSI. À l'époque, c'était vraiment compliqué. On a eu beaucoup d'aide avec un expert comptable fabuleux, une assistante sociale fabuleuse, mais ça a été beaucoup d'admins pour modifier les statuts, etc. Mais on va dire qu'officiellement, c'est en 2018, juin 2018, que Studiolaire a commencé.

  • Speaker #2

    Donc déjà six ans. Ouais,

  • Speaker #0

    six ans.

  • Speaker #2

    J'en ai parlé avec un pote, parce que le podcast a fêté ses 5 ans cette année. Et il met en story Mon entreprise fête ses 5 ans Et je dis Ah, félicitations ! Il fait vivement que Histoire d'artisan arrive à ce point. Et je lui dis Bah t'exagères, parce que c'était avant toi ! Et je lui dis Bah attends, l'année prochaine, nous fêtons nos 6 ans ensemble ! Il fait Ouais, c'est la rentrée en maternelle ! Ah,

  • Speaker #0

    tout de suite, ça ramène vers le bas, quoi ! Le bas de l'échelle !

  • Speaker #2

    Mais t'imagines, la rentrée aux primaires, c'est un truc de... ouf dans une vie.

  • Speaker #0

    Ah bah, ça dépend de comment tu le vois, oui. C'est un truc de ouf et en même temps, il reste, attends, il reste le CP. Il reste le CP, le collège, le lycée, la fac. Tu sais, il y a encore, ouais, mais il y a quelque chose devant, quoi. Oui, mais c'est une belle étape. Ouais,

  • Speaker #2

    c'est une belle étape.

  • Speaker #0

    D'accord, on est d'accord.

  • Speaker #2

    Franchement, quand ton enfant, il rentre au CP, t'es hyper fière quand même.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #2

    Donc, voilà, ton projet est rentré au CP.

  • Speaker #0

    Voilà, on est rentré au CP. Eh ben dis donc, on n'a pas fini de voir des choses arriver.

  • Speaker #2

    Bientôt la crise d'ado.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux nous expliquer, tu l'as déjà abordé un peu dans l'épisode 1 et tu l'as un peu abordé là aussi, mais quelle est ta relation avec ton métier aujourd'hui ? Comment vous vous êtes positionnée, même si on a eu des petits indices ? Et avec qui tu travailles ?

  • Speaker #0

    Oui, comme je te le disais, bagage de designer. Donc c'est vrai que j'ai une appétence pour les matériaux dans leur globalité. En fait... J'aime la lave, j'aime l'émailler, mais j'aime bien l'associer à d'autres matériaux, le bois notamment, parce que du coup, ils ont des propriétés tellement complémentaires que j'aime beaucoup les associer, mais aussi avec le métal, on travaille en fait du coup avec pas mal d'artisans. Donc on n'est pas toujours tout seul dans l'atelier, déjà on est deux, mais voilà, on a une ébéniste, une autre ébéniste, un menuisier, un ferronnier, enfin d'ailleurs... Plus d'ébénistes que de débénistes, enfin ils ont chacun leur particularité, donc en fait on les sollicite selon les projets. Et en fait, eux, tu vois justement, tu disais que la lave, elle se travaille sous forme de plaque, en tout cas on la travaille nous sous forme de plaque, et du coup là où on vient apporter le volume, par exemple pour une table, un piétement, etc., c'est en l'associant avec d'autres matériaux. On peut s'amuser aussi, en tant que designer, du coup je peux dessiner les pièces dans leur globalité et faire faire. Donc, c'est là aussi que nos clients, qui sont majoritairement des architectes intérieurs, peuvent très bien arriver et nous dire je veux une table, dessinez-la moi, faites-la, on échange, c'est toujours à quatre mains et toujours dans la discussion, mais on peut gérer des projets de design globaux. Et ça, je pense que c'est vrai que c'est un plus, parce qu'ils peuvent un peu décharger leur charge mentale d'architecte intérieur et elle est vraiment importante quand on échange avec eux. Donc, il faut être un peu sûr. tous les fronts sur un chantier. Et du coup, voilà, je pense que ça, c'est quelque chose d'important. Donc, on travaille comme ça et puis, sa vie, les projets sont très variés, du coup, puisqu'on travaille sous forme de plaques, mais ça peut être une petite poignée de lave associée à des entretoises en alu, comme ça peut être, comme je le disais, une table avec un piétement en bois, comme ça peut être un luminaire. Là, par exemple, on a fait deux appliques où le support est en bois. Il y a des entretoises également. Voilà. La conception est importante à l'atelier. J'y mets un point d'honneur, moi c'est là où je me marre aussi. Donc je passe un peu de temps derrière l'ordinateur parce que je fais des modélisations 3D, réalistes, etc. Mais parce qu'il faut que nos clients puissent se projeter tout de suite sur déjà un matériau qui est méconnu. Le rendu est difficilement imitable numériquement, donc il faut utiliser un peu différents outils pour pouvoir communiquer clairement un projet.

  • Speaker #2

    Ça doit être hyper riche en fait, parce qu'il n'y a aucun projet qui doit se ressembler. C'est un champ des possibles assez large et c'est relativement... Je vais dire, c'est relativement rare, non. Il y a beaucoup d'artisans qui sont en capacité de faire beaucoup de choses. Mais en tout cas, vous, vous avez l'air de ne pas avoir de contraintes, en tout cas, en termes de possibilités.

  • Speaker #0

    Oui, je les vois peu, en tout cas. C'est vrai que j'aime bien, peu importe le cas, ils déchargent les contraintes. J'aime bien expérimenter. Donc, on aime bien pousser le truc un peu loin. Des fois, on se dit, attends, on prend ce projet. Vas-y, on y va. Même si c'est un peu fou. C'est ça qui est marrant, quoi. Dans la limite, effectivement, de ce qu'on sait faire. Puisque... On connaît aussi nos limites. On sait qu'il y a certaines pièces, là on avait eu un projet récemment qu'on a dû refuser parce que c'était, je ne sais plus combien, 100 pièces identiques, mais des pièces assez grosses parce que c'était des plans vasques, 100 pièces identiques qui allaient nous prendre toute l'année prochaine. C'était un gros, gros budget, un gros hôtel. Là, on s'est délégué. Là, on sait qu'il y a des émailleurs sur lave qui ont... un peu plus cette compétence-là et moins d'appétence pour la pièce unique, moi j'ai envie de m'amuser sur chaque pièce. Et là, tu me fais 100 pièces, c'est un petit peu trop. On peut faire de la petite série, mais on va savoir aussi orienter vers des personnes qui peuvent envoyer un peu plus vite. On a des émailleurs qui sont spécialisés dans les grandes surfaces. On travaille avec quelqu'un qui est en Auvergne d'ailleurs, où on lui envoie sans problème des clients qui seront de toute façon plus en recherche d'un émail uni, donc moins travaillé, avec sur de la quantité. et l'hyperactivité parce que là pour le coup la personne en question elle a des fenouilles qu'elle a plein de four on est sur un autre type d'ateliers nous on est vraiment sur la pièce unique avec une forte valeur ajoutée créative voilà en tout cas c'est ce vers quoi on essaye de tendre quoi mais je trouve que c'est ce qui fait à la fois la richesse et la difficulté de l'artisanat et plus particulièrement de l'artisanat d'art c'est que en fait en fonction des équipements

  • Speaker #2

    tu ne vas pas être en capacité de produire la même chose. Et tu vois, là, tu expliques que cet atelier, ils ont des équipements différents aux tiens et qu'en fait, 100 fois la même chose, pour eux, c'est moins douloureux que pour vous.

  • Speaker #0

    Tout à fait, c'est ça.

  • Speaker #2

    Et ça fait partie des sujets qu'on souhaite aborder avec Histoire d'artisan. C'est cette pluralité de, il n'y a pas un maroquinier, il y a des maroquiniers, il n'y a pas un céramiste, il y a des céramistes. Je trouve ça intéressant que tu montres un exemple concret. Et dans ces cas-là, et pareil, c'est marrant parce que... J'en parlais, j'ai donné une formation, pas sous le nom Histoire d'artisan, mais sur ma partie freelance, avec un organisme de formation lyonnais qui s'appelle l'Orafu, auprès d'artisans d'art et d'artistes. Et à un moment, je leur parle justement d'étudier leur concurrence. Et je leur disais, mais en fait, pour moi, dans l'artisanat d'art, à partir du moment où vous êtes seul à votre compte, il ne faut pas voir ça comme des concurrents, il faut voir ça comme des partenaires. Et en l'occurrence, il y a un métier où ça se ressent beaucoup, c'est le vitrail. Quand tu as toute une église à refaire. en fait tu peux pas être seule à refaire cette église

  • Speaker #0

    Donc il y a beaucoup de...

  • Speaker #2

    Et du coup, ils sont assez soudés. Et c'est un truc finalement que je trouve que les entreprises françaises devraient s'inspirer. C'est pas parce que tu fais exactement la même chose que moi que tu es mon concurrent. Au contraire, ça se trouve, on peut dupliquer nos forces de frappe. Ou ça se trouve, tu as un outil que je n'ai pas qui nous permettra d'avancer plus vite.

  • Speaker #0

    Ah oui, non mais je suis complètement d'accord avec toi. Et c'est un discours que je tiens régulièrement. D'ailleurs, je ne les appelle pas des concurrents, mais plutôt des collègues. Après, dans le milieu de la lave-émaillée, on est quand même dans un milieu de pierreux. Auvergnat. Donc c'est assez fermé. Du coup, je sais qu'il y a cette peur que l'autre te pique des idées, etc. De ne pas trop communiquer. Je sais que certaines entreprises freinent énormément sur leur communication pour ne pas laisser la place à ça. Là où nous, on fait complètement l'inverse. Parce que je me dis que si mon collègue Emmaier commence à faire des pièces qui sont similaires aux miennes, le but c'est aussi d'updater et de développer le savoir-faire au-delà de nos ateliers. C'est de comment on prend un savoir-faire et on l'emmène le plus loin possible. Un concurrent, du coup, entre guillemets, s'il est là et qu'il fait des choses comme ça, assez similaires, c'est à toi de te dire, bon, moi, j'ai été un peu avant-gardiste peut-être sur certains trucs. Il faut que je le devienne de nouveau et que je repropose encore autre chose. Et on peut toujours emmener un savoir-faire encore plus loin, différemment avec une autre patte.

  • Speaker #2

    Mon père dirait, je bois du petit lait. Mais vraiment, c'est un truc que je dis tout le temps aux artisans, c'est si vous avez peur de vous faire voler votre idée, c'est que vous pensez que votre savoir-faire n'a pas suffisamment de valeur pour que juste quelqu'un puisse le copier. Et d'ailleurs, en concept marketing, dans les grosses entreprises, il y a beaucoup de grosses entreprises qui se copient. Et il y a un peu ce concept du suiveur. Il y a notamment une histoire qui est relativement connue, c'est dès qu'il y a un McDo qui ouvre, il y a un Burger King qui ouvre à côté. Et en fait, Burger King a décidé d'être un suiveur et de ne pas investir... dans des trucs risqués ou même dans l'étude de la zone de chalandise, comme on l'appelle. Ah oui,

  • Speaker #0

    pour lui, l'étude est faite, en fait.

  • Speaker #2

    Pour lui, l'étude est faite. Si McDo s'est mis là, c'est qu'il y a un marché, et donc Burger King suit. Et ils jouent sur ça. Dans leur com, ils jouent sur ça. Et dans les grosses boîtes, c'est assez OK. Enfin, c'est le positionnement des grosses boîtes. Et moi, ce que je dis aux artisans d'art, je leur dis exactement la même chose. Je leur dis, si t'as peur de communiquer et de te faire voler ton idée, c'est que tu penses que tu n'es qu'une idée. Or, déjà, tes centaines d'idées est un savoir-faire intellectuel. Et ce n'est pas parce qu'on voit un visuel qu'on comprend toute la technique qu'il y a derrière. Ce n'est pas parce qu'on voit un visuel qu'on peut se dire, je vais refaire exactement la même chose. Après,

  • Speaker #0

    il y a aussi l'idée de se dire que quand tu commences à travailler un matériau en particulier, quand tu proposes quelque chose, d'essayer que ce soit pertinent dans le sens où comment ça ne servirait pas forcément que ton atelier et comment ça peut servir le savoir-faire. Comment ça peut servir ? Parce que les mèches sur lave, c'est quand même un savoir-faire qui est à sauvegarder. Là, il y a un retour qui est plutôt rassurant et je suis contente d'en faire partie. Mais j'aime bien me dire, et souvent je le conseille parce que moi aussi, je suis élue à la chambre des métiers. Et du coup, de dire autour de moi, il faut qu'il y ait un dialogue, il faut que les choses se nourrissent mutuellement. Ce n'est pas juste un gagne-pain, c'est aussi qu'est-ce que tu apportes de nouveau ? Alors la nouveauté encore, ce n'est pas non plus à chaque fois des révolutions, mais qu'est-ce que tu apportes ? Quel regard tu poses, toi, sur un savoir-faire ? L'idée, c'est pas de s'en défaire complètement et d'être dans l'innovation. Ce mot un peu moche, là, qui est difficile pour moi parce que je le trouve flou, en même temps trop exigeant, en même temps... Enfin, il est compliqué, ce mot, je trouve.

  • Speaker #2

    Tu sais que c'est nous ce qu'on défend chez Essor d'Artisan ? L'innovation.

  • Speaker #0

    Ah ouais ? Bah oui, en plus, je l'ai vu, oui. Mais moi, je ne comprends pas bien ce mot.

  • Speaker #2

    Mais comme tu dis, il est hyper flou.

  • Speaker #0

    Il est hyper flou. Bah ouais, parce qu'en fait, moi, il y a plein de gens qui me disent ouais, mais c'est innovant Non, j'applique les techniques, le savoir-faire qu'on m'a appris. Mais c'est le regard alors, c'est le regard qui est innovant. Oui,

  • Speaker #1

    mais parce qu'en fait, je pense qu'on est brainwashed par la Startup Nation qui nous dit en fait, quand t'es innovant, c'est qu'il y a de la techno.

  • Speaker #0

    C'est un brevet ou je sais pas quoi.

  • Speaker #1

    Il y a de la techno.

  • Speaker #0

    Mais du coup, même dans des concours d'artisanat, j'en ai fait il n'y a pas longtemps, il y a une clause parfois sur certains d'innovation. La dernière fois, je me suis vu remplir. Je ne vois pas en quoi je suis... Je ne sais pas ce que vous voulez dire par innovation. J'applique un savoir-faire ancestral avec mon regard, mais je n'ai pas déposé de brevets, je n'ai pas techniquement inventé un truc incroyable. C'est juste un axe, une vision particulière. Et donc, cette innovation, elle me pose un peu problème. Moi, j'ai du mal à l'intégrer.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que, justement, tout à l'heure, tu parlais et j'étais prête à faire la transition sur la question de, est-ce que tu as un projet de recherche ou d'innovation ? Pour moi, à partir du moment où, quand vous avez regardé le paysage de la lave émaillée et que vous vous êtes rendu compte qu'il y a un marché à aller chercher, c'est que vous êtes innovant. Vous avez une approche de la lave émaillée qui n'est pas la même que celle qui est vue et revue. Mais l'innovation, elle est partout. Quand on me pose la question, je dis l'innovation, ça peut être... En fait, je ne sais pas parce que, en l'occurrence, j'ai un peu cette idée reçue que la lave, c'est léger. Idée reçue, oui. Ok, c'est très lourd. Donc voilà, parfait. Du coup, comment tu fais quand tu as des grosses plaques à déplacer ? Il faut faire en sorte que ton corps puisse les déplacer. Et donc je dis, ne serait-ce que de réfléchir à l'ergonomie de ton atelier, c'est de l'innovation. Réfléchir à tes processus de production pour qu'ils soient calés, c'est de l'innovation. Je te racontais tout à l'heure que j'ai travaillé un an chez Jérémy Maxwell-Ventrebert sous Fleur de Verre. Dans ces sujets d'innovation, que moi j'identifie comme de l'innovation, il y a, il a des pièces, ça fait 10-15 ans qu'il les fait. Il continue d'essayer d'optimiser la prod et de faire en sorte que cette pièce, elle mette de moins en moins de temps à être produite. Pour moi, l'innovation, en fait, mais c'est parce qu'on est vraiment genre brainwashed sur le fait que l'innovation, c'est qu'en fait, on a mis du code et du machin et de l'intelligence artificielle. Non, mais j'ai développé cette idée parce que moi, je me suis agacée, mais vraiment. agacé. Je te racontais tout à l'heure qu'en 2020, j'ai voulu monter ma boîte. Forcément, quand tu montes ta boîte, tu t'intéresses aux aides que tu peux obtenir.

  • Speaker #0

    Et il y en a un paquet sur l'innovation. Et si tu Ausha les cases... À la BPI... C'est pour ça que c'est compliqué, je trouve, ce terme.

  • Speaker #1

    Mais parce qu'on le restreint trop. Mais pour moi, il est hyper vaste. À la BPI, donc la Banque Publique d'Investissement, qui est une banque qui égale les startups, et je pèse mes mots, il y a plusieurs critères. Il y a un critère de on te donne l'argent que si... tu as en gros le même argent déjà sur ton compte.

  • Speaker #0

    Déjà de l'argent, oui, c'est ce que j'allais dire.

  • Speaker #1

    Donc en fait, quand tu n'es pas un bac plus 5 qui a grandi dans une famille aisée, tu n'as pas 15 000 euros sur ton compte pour investir dans ta boîte, donc tu n'as pas les 15 000 euros de la BPI. Il faut faire des choix de sélection, mais bon. Et il y a un autre sujet, c'est il faut de l'innovation technologique.

  • Speaker #0

    Ah oui, innovation technologique.

  • Speaker #1

    Et j'ai... pété mon câble parce que tout le monde me disait ah mais t'as qu'à faire une plateforme de mise en relation entre les artisans et les architectes. Et j'étais là non ça marche pas, ça marche pas, arrêtez. C'est pas parce que je vais essayer de faire des matching à base de grosse intelligence artificielle qui est pas du tout de l'intelligence artificielle qu'on se le dise. C'est pas parce que je vais faire ça que ça va fonctionner les gars. Arrêtez. Mais vraiment et du coup je suis partie et j'ai fait vas-y la BPI je les déteste. Voilà. Mais je trouve ça tellement inégalitaire. Ouais. Ça veut dire que le boulanger en bas chez toi, qui se lève à pas d'heure pour faire en sorte de redynamiser tout un quartier, qui fait en sorte que là où les entreprises, elles ont pris tous les bureaux et que du coup, la ville, elle est morte le soir, lui, il va mettre une boulangerie et il va faire en sorte de régaler le peu d'habitants qui restent. Lui, il n'a pas d'aide. Et je rebondis encore sur ce débat d'innovation. Ça a été reconduit. Il y a un crédit qui s'appelle le crédit d'impôt recherche. Le crédit d'impôt recherche, il touche les entreprises. Et un des critères, c'est que vous devez montrer que le résultat de votre recherche n'a jamais existé. Donc, il y a un énorme travail de justification que si tu as ce crédit d'impôt recherche, c'est parce que ce que tu as développé n'existe dans aucune entreprise dans tout le monde. Et il y a un crédit d'impôt métier d'art qui a été reconduit en 2024 jusqu'en 2026, si je ne me trompe pas. Et bien, ce critère, il n'y est pas. En gros, il faut juste que tu prouves que ce que tu as développé en tant que recherche n'existait pas dans ton atelier avant.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord.

  • Speaker #1

    Et je trouve que ça montre qu'il y a une certaine compréhension quand même que l'artisan, c'est beaucoup d'entreprises unipersonnelles. Oui,

  • Speaker #0

    oui, je pense qu'il y a une volonté quand même d'essayer de comprendre un peu mieux le secteur qui souffre quand même toujours. Oui, il y a des progrès, mais qui souffrent toujours, on ne dira jamais assez d'un regard biaisé sur comment fonctionne un atelier, qui sont les artisans d'art et comment ils travaillent. Mais c'est vrai que cette notion aussi d'équipement... Nous, on s'est posé cette question sur, est-ce qu'il ne faut pas, parce qu'on nous pose un peu à investir quand on veut des aides, il faut investir, équipement, équipement, équipement. Sauf que nous, on ne veut pas un four plus grand, par exemple. A chaque fois, tout le monde nous pose la question, vous pouvez prendre un four plus grand pour faire des plus grands projets ? Non, en fait, si je prends un four plus grand, il faut un local plus grand, il faut des Fenwick. C'est un autre rapport au corps, un autre rapport à la création qui n'est pas du tout celui sur lequel je veux me positionner. Donc, oui, c'est assez contrainte. Mais c'est ce que je disais à un rendez-vous aujourd'hui, c'est de la contrainte qu'on fait des belles choses aussi. Et voilà, nous quand on doit faire un calpinage pour faire une pièce un peu plus grande, en fait le calpinage il participe au motif, on l'intègre dedans, c'est peut-être même sur ce calpinage, sur la ligne d'assemblage, qu'on va partir pour définir le motif. Et en fait, c'est aussi ça qu'on trouve intéressant par rapport à cet équipement, qui est quand même un gros équipement, parce que pour être émueure sur lave, les fours font un grand four qui fait presque 2 mètres de long, 1,50 mètre de large. Donc voilà, mais c'est un vrai sujet, cette question d'équipement, d'innovation. Mais il faut savoir se positionner, savoir où... Du coup, il y a plein de concours que j'ai... J'ai participé à des concours, je ne les ai pas eus, sur ce critère-là, je pense majoritairement. Rentrer dans des cases, par exemple, moi j'ai des pièces qui associent du bois, de l'alu, et de la laver-mailler et je ne fais pas la totalité de ma pièce, parce que moi je suis designer, donc j'aime bien associer les matériaux. Donc pareil, il y a des exclusions un peu. Il faut que la pièce soit entièrement faite par vous. Moi, ça ne me fait pas toujours vibrer. Alors après, certaines quand même. Mais la variété des profils et la typologie de métier, on veut toujours mettre les gens dans des cases et c'est compliqué. C'est compliqué. Du coup, il faut rester droit dans ses basques. Voilà, se dire, du coup, je ne sais pas, moi, par exemple, je ne suis pas atelier d'art de France parce que, oui, moi, mon code NAF, c'est un code NAF de designer. Parce qu'en fait, je suis de formation de designer. Je travaille d'autres matériaux. Je travaille avec d'autres gens qui participent aux pièces. Enfin, voilà, il y a tout un... C'est un vaste sujet.

  • Speaker #1

    Mais attends, mais du coup, tu es élue à la CMA, mais à la Chambre de métier de l'artisanat. Mais en fait, tu n'es pas artisane ?

  • Speaker #0

    Si, je suis artisan d'art. J'ai quand même la notion artisan d'art sur mon cabisse. Enfin, mon cabisse. Mais le code NAF est un code NAF de designer. Mais j'ai quand même... Oui, à chaque fois, c'est un sujet.

  • Speaker #1

    Du coup, je vais poser ma question. Est-ce que tu as un projet de recherche ou d'innovation dont tu pourrais nous parler ? Je sais que du coup, c'est compliqué parce que justement, on vient d'en parler.

  • Speaker #0

    Là, tout de suite, ce qui me vient, c'est ce que j'ai envie pour 2025. J'ai plusieurs choses qui me viennent, mais alors là c'est plutôt la typologie de projet, plutôt que vraiment une innovation. On va dire plutôt sur ce que tu me demandes, ce que j'aimerais. Après avoir fait l'événement Amour Vivant l'année dernière avec Hélène Aguilar, j'ai rencontré une céramiste, je ne saurais plus redonner son nom, qui est une spécialiste de l'émail.

  • Speaker #1

    Si ça te revient après, je le mettrai dans les références de l'épisode.

  • Speaker #0

    Ok, et en fait, elle parlait de la provenance des émeaux. parce que je ne saurais pas aller très loin sur le sujet justement. Donc nous, on n'utilise que des émaux non plombeux. Alors de toute façon, on est tellement sensibles à la question de la santé qu'on a enlevé plein de choses de tout ce qui nous a été pourtant transmis. Il faut utiliser du MX54 pour mélanger la couleur à peindre sur la chaîne. Le MX54, ça pue, ça sent la toxicité à plein nez. J'avais appelé le fournisseur qui m'avait dit Alors attends, oui, il faut que je retrouve. Il y avait une espèce de flou artistique. Je l'ai banni. J'ai banni aussi tout ce qui est de l'ordre de la sérigraphie. Parce que pour sérigraphier la lave, il peut être sérigraphié. Déjà, nous, on n'en a pas l'intérêt puisqu'on n'est pas sur un principe déjà de série. Mais aussi, ça utilise des produits hyper nocifs qu'on a bannis également.

  • Speaker #1

    La sérigraphie dans la lave, ça fonctionne comment ?

  • Speaker #0

    C'est pareil. Alors du coup, moi, je n'ai pas sérigraphié. Mon mari avait été formé à la sérigraphie dans l'école. Mais c'est pareil, c'est le même principe de cadre. Sauf que du coup, on est sur de l'émail. Et puis après, il y a un slide-off. Enfin, il y a des... des produits ajoutés. Donc c'est vrai que je suis assez sensible à cette question de la toxicité et de la santé dans nos métiers. Et donc, les émots. J'avais posé la question d'ailleurs à Amour Vivant, comment répondre à la demande en termes de quantité aussi, parce qu'on en consomme quand même pas mal d'émots, donc il y a un problème économique aussi qui se pose à ça. Mais bon, plus on en parlera, plus il y aura de solutions et plus il y aura peut-être de quantité. Mais je pense qu'on en est encore au tout début et que du coup, ça ne matche pas encore parfaitement entre l'envie et le marché. Ce serait creuser sur cette notion-là. Nous, on récupère des émeaux. Quand on fait du pistolet, on récupère les émeaux. Pour en faire un autre émail de récupération, on essaye de faire des choses. Mais j'aimerais bien travailler sur des émeaux qui soient plus propres.

  • Speaker #1

    Je sais qu'en céramique, il y a des formations pour apprendre à faire ces émeaux. Tu pourrais faire une formation initialement orientée céramiste ?

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Parce qu'on utilise les mêmes... Vraiment, nous, on cuit à basse température comme les... Comme ceux qui cuisent la faïence qui se cuit à basse température. Donc oui, oui. Il y a plein de choses à mettre en place, en fait, qu'il faudrait faire. En rentrant à l'atelier, je te promets, j'y pense.

  • Speaker #1

    Mais écoute, dans tous les cas, on te suivra sur ce sujet. Et le jour... ou tu as un truc à nous raconter, on te met dans un carnet des innovations.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Trop bien. Ok. Tu pourras dire que tu as fait de l'innovation.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Mais c'est un chouette projet. Et tu sais que, enfin, j'ai appris ça avec un céramiste que j'adore, Corentin Brison, qui lui fait ses aimants. qui fait souvent des petits vlogs de journée et qui disait la dernière fois je vais chez le médecin, c'est pas grave mais juste en fait je vais tester ma santé parce que je travaille des émaux et c'est dangereux pour la santé et je me souviens j'avais fait un vernissage avec lui et il m'avait raconté que tous ces émaux il les faisait tester chimiquement dans un laboratoire et tout ça donc il investit vraiment dans le test de l'émail et en fait quand il m'a dit ça j'ai fait mais évidemment c'est des questions enfin tu vois genre t'as des t'as de... Surtout des céramistes, t'as des tas de marchés de céramistes. Quand t'achètes un bol qui te plaît, tu te demandes pas si l'émail il est bien quoi.

  • Speaker #0

    Et puis pour tout, tu vois, t'achètes des emplois à Tagine au Maroc, laisse tomber. En fait tout, donc c'est pour ça qu'il faut aussi temporiser. On fait énormément, je sais que nous on est hyper impliqués sur le sujet, on fait énormément de choses pour se protéger nous et nos clients. Tu vois, pas minorer mais temporiser. L'impact que nous, qui utilisons quand même des matériaux naturels, même si naturel ne veut pas dire inoffensif, on est bien d'accord. Je pense qu'il y a beaucoup plus de choses sur lesquelles il faudrait bosser avant. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et que vous, vous êtes ceux qui font le plus attention, mais que les grosses boîtes qui ont clairement les moyens de faire très attention ne le font pas. Mais bon, les grands méchants. On en vient à la question de l'anecdote. Est-ce que tu pourrais nous raconter une anecdote avec ton métier ?

  • Speaker #0

    Une anecdote qui a peut-être un peu de lien en plus avec un projet actuel. Parce qu'actuellement... On fait un projet pour le Japon. Et le brief, c'est on veut que toutes les pièces soient différentes. C'est des petits portes en sang. Il y en a une vingtaine. Et le brief, c'est on veut qu'ils soient tous différents. Et que n'essayez pas de rattraper s'il y a un truc qui ne va pas. C'est le fameux wabi-sabi. C'est-à-dire d'accepter, au Japon, ils sont quand même vraiment meilleurs que nous sur ça. D'accepter la trace du geste, l'erreur, la petite bulle. Où nous, en plus, quand on fait les choses... Le client souvent ne voit pas et nous on est là et nous on laisse moins passer en fait que l'utilisateur souvent. Donc c'est un peu ça, c'est se dire lâcher un peu de l'est avec le souci de la perfection. Du coup la petite anecdote en lien c'est qu'une fois il y a un plateau qu'on a fait, les plateaux ok, donc c'est un peu nos plateaux phares qu'on fait depuis le début. On l'avait complètement loupé, on disait lui il rattrape, laisse tomber. Bon qu'est-ce qu'on en fait ? Bah vas-y on va meuler, on enlève tous les mailles dessus. Bon bref on le pose dans l'endroit où on se dit... Ça part à la benne entre guillemets parce qu'on en fait toujours quelque chose. Et puis il y a une cliente qui arrive à l'atelier, qui avait regardé le showroom, parce qu'on a un petit showroom, qui n'avait pas trouvé forcément son bonheur et qui arrive à l'atelier, qui a vu le plateau, qui a fait c'est celui-là. Ah non mais c'est celui-là. Il y a une cliente ? Il y a quelqu'un ? Non. Ah non mais je le prends. Là c'est... Ah ouais non il est fabuleux. Et donc... Parce qu'il était plein d'erreurs, il y avait plein de bulles. Donc en fait, l'objectif initial qu'on avait, des mailles bien plans, bien lisses, notre objectif n'était pas tenu. Donc on a estimé qu'il n'était pas bon. Et en fait, voilà. Donc c'est ça aussi que j'aimerais bien peut-être en axe d'amélioration aussi de l'année prochaine. C'est développer des pièces un peu... J'assume le geste, je suis un peu plus dans la texture. Parce que là, on fait des choses qui sont quand même très contrôlées. On sait que c'est notre patte avec cette technique du cloisonné. Mais voilà, d'être un peu plus dans la liberté d'expression plastique. Voilà, d'être plus...

  • Speaker #1

    Dans le laisser-aller.

  • Speaker #0

    Ouais, dans de la barbouille, dans des... Voilà, tester, un peu du... Ouais, de lâcher un peu le geste, quoi. Que le geste fasse un peu le taf, à la place du cerveau.

  • Speaker #1

    Alors déjà, est-ce que cette cliente est au courant qu'à la base, vous pensiez que c'était raté ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Ça se trouve, elle va l'apprendre en écoutant le podcast.

  • Speaker #0

    Peut-être. C'était il y a longtemps. C'est pas grave, ça donne une histoire sur son plateau, c'est ça qui intéresse.

  • Speaker #1

    En rentrant un peu dans le milieu des métiers d'art et de l'artisanat, mon entourage me posait des questions. Et notamment une question, c'est comment on reconnaît un objet fait par un artisan qui maîtrise son geste ? Et d'ailleurs, j'ai écrit un article pour le journal sur ça, qui se base toujours sur quelque chose que m'a dit Corentin Brison. Vraiment, je passerai encore une fois mon... Je parle tout le temps de toi Corentin, je pense que t'écoutes pas les épisodes mais ça je parle tout le temps de toi. En fait, ce que Corentin, parce que je lui posais la question, il y a des céramistes, il y en a plein. Et je lui disais mais à partir de quand on peut se considérer céramiste ? Et il m'a dit à partir du moment où c'est toi qui dompte la matière et pas la matière qui te dompte. Et Corentin, il a un modèle de tasse, il tourne des tasses. elles sont toutes pareilles. Et la semaine dernière, donc on enregistre l'épisode dans septembre, la semaine dernière c'était la Paris Design Week, je suis allée à un vernissage d'exposition et puis je me balade et à un moment je vois une pièce en céramique avec, il restait les coulures du moule et elles n'avaient pas été tournassées pour enlever ces coulures que normalement... quand on utilise un moule en céramique, on enlève ses couleurs. Mais c'est la même chose d'ailleurs quand on tourne, on a toujours le dessous là qui est à rattraper parce qu'il y a une grosse forme pas très agréable en plus au toucher et assez coupante. Et c'était une exposition un peu conceptuelle avec des trucs un peu chelous. Et en l'occurrence là, c'était une pièce en forme un peu de Lego. Et je me suis dit... À tout moment, il va nous expliquer qu'en fait, c'est désiré parce que c'est le choix de l'artiste de vouloir intégrer le défaut dans l'objet et tout. Je lui dis, ok, mais dans ce cas-là, si t'en fais d'autres, tu les fais pareil. Et en fait, c'était la seule qui était comme ça. Il en avait fait d'autres, de vraiment la même forme, mais de couleurs différentes. Et c'était la seule qui n'avait pas été tournassée. Et c'est là où je me suis dit, mec, tu nous emboucanes un peu. T'as oublié de tournasser ta pièce, elle est émaillée, c'est trop tard, et en fait t'essayes de nous dire que c'est un concept. Et je comprends un peu ce truc de, à la fois le défaut de faire l'histoire de la pièce, et à la fois, il n'empêche que la maîtrise de la matière à son paroxysme, ça montre votre expertise. Et c'est marrant, j'ai une anecdote qui vient d'un épisode de podcast qui date de 2020. avec Tipeee Atelier, donc ils sont des souffleurs de verre. Et à l'époque, je posais la question sur les idées reçues qu'on pouvait avoir sur un métier. Et il me raconte, il me dit, il y a des gens qui pensent que mes pièces, parce qu'elles n'ont pas de bulles, elles ne sont pas, ce n'est pas des pièces soufflées. Et il y a des gens qui pensent qu'une pièce soufflée, c'est une pièce avec des bulles. Et il dit, mais non, une pièce soufflée avec des bulles, c'est soit un choix esthétique, soit une pièce ratée.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et en fait c'est si drôle !

  • Speaker #0

    Mais après je trouve ça normal, on se positionne d'une façon ou d'une autre. Après il y a le bel échec.

  • Speaker #1

    La tarte à thym quoi ! Oui,

  • Speaker #0

    voilà. Non mais se libérer un peu, il y a un entre-deux peut-être, il y a un positionnement à trouver, mais je trouve qu'il n'y a pas de bonne réponse. Il n'y a pas de bonne réponse. Mais par contre je reviens juste sur la question que tu disais, comment on sait qu'une pièce par quelqu'un est réussie ? En fait, ça me fait penser à ce que je disais tout à l'heure sur ce que tu apportes au savoir-faire, dépendamment de ce que lui peut t'apporter, de ce que tu auras appris, de ce qu'on t'a appris. Et on parlait des céramistes qui sont, comme tu l'as dit, très nombreux. Et je trouve que là, il y a aussi un sujet, chez les céramistes en particulier, c'est quand tu deviens céramiste, qu'est-ce que tu apportes à la céramique ? Et je pense que certains pourraient développer cette question-là, parce que du coup, moi je trouve que c'est la pâte que tu apportes au savoir-faire. qui va donner aussi sa valeur. Quand tu identifies, ça, c'est un tel. Je trouve que c'est beau quand même. Quand tu arrives à te différencier, ça peut être sur un détail, mais je trouve qu'en tant qu'artisan d'art, c'est important de se positionner sur ça, sur, encore une fois, ce que tu apportes et comment on t'identifie.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, on en revient à notre sujet de communiquer et montrer son travail. Si tu as une vraie orientation artistique, En fait, les gens peuvent te copier, mais pour eux, ça va être brouillon. Et pour toi, ça va être très...

  • Speaker #0

    Si c'est vraiment... S'il y a une patte, s'il y a quelque chose. Après, il y a aussi la propriété intellectuelle. Enfin bon, je veux dire, il y a des choses... En plus, aujourd'hui, on communique par mail, par les réseaux, par un machin. C'est assez facile à dater. Enfin, ouais, je trouve que c'est un peu craindre pas grand-chose, quoi. Enfin, chacun se positionne bien comme il veut, surtout.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Il y a une question qui est, quels sont tes futurs pro... projets, les futurs projets que tu as envie de développer. Je crois que tu nous as déjà parlé d'un projet que tu aimerais développer. Est-ce que tu as d'autres projets sur lesquels tu aimerais travailler, que tu aimerais développer ?

  • Speaker #0

    Cette année, on a eu une idée un peu folle, mais je ne sais pas jusqu'où je peux te dire. C'est parce que c'est trop frais et de toute façon, je ne pourrais pas dire le nom, mais on a envie de partager la création artistique de certains projets qu'on va mener avec une tierce personne, qu'on appellerait peut-être ambassadrice. En l'occurrence, c'est une femme. Mais on n'a rien défini ensemble encore. Peut-être que finalement, ça va tomber à l'eau, etc. Mais on aime bien l'idée qu'il y ait quelqu'un comme ça, qu'on admire, avec laquelle on a déjà travaillé et qu'on aimerait travailler. Voilà, qu'elle ait comme ça, qu'elle puisse participer à un projet un peu plus, avoir son regard sur certains projets. Et notamment... sur le milieu du luxe, qui est vaste aussi, sur le retail, en fait, on aimerait bien travailler sur cette notion de présentoir, de scénographie, ouais.

  • Speaker #1

    Du coup, faire un projet à six mains qui vous permet encore une fois d'ouvrir vos chakras et de découvrir un autre univers.

  • Speaker #0

    Ouais, en étant fidèle à nous, mais d'avoir un regard bien particulier, une expertise, en fait, qu'on n'a pas forcément et qui, je pense, peut être nourrissante, peut nous nourrir mutuellement. En tout cas, on est vraiment... On défend très fort la collaboration. C'est à chaque fois là que les choses se font et que les choses deviennent plus intéressantes encore. C'est vraiment un truc qu'on a appris au fil des années.

  • Speaker #1

    Moi, je pense que c'est la collaboration, c'est la richesse. C'est que tu arrives dans l'univers de quelqu'un d'autre et ce que tu disais, c'est la créativité, elle est aussi dans la contrainte. Et moi, je suis persuadée de la valeur ajoutée, de collaborer avec quelqu'un. Mais on parle de créativité, mais même d'un point de vue marketing.

  • Speaker #0

    Il y a plein de façons de collaborer, de plein de façons différentes. Ça peut être des collaborations avec un autre artiste sur une pièce. Ça, vraiment, nous, on adore. On adore ça. On adore se challenger sur aussi... Par exemple, on fait surtout des formes plutôt géométriques, plutôt, je dirais, s'il fallait nommer une inspiration, on serait un peu art déco. C'est un peu banal, mais c'est vrai, c'est comme ça. Et là, par exemple, on a travaillé, et on travaille encore sur des pièces avec Victor Cadenne. Un artiste avec lequel on adore travailler parce qu'il a un univers qui est complètement différent du nôtre, très figuratif, très inspiré de l'histoire. Et en fait, du coup, on est sur vraiment des antipodes en termes d'esthétique. Et j'adore, j'ai adoré émailler ses pièces. Lui, du coup, c'est par notre savoir-faire qu'il y trouve du sens pour ses pièces et pour ses dessins. Ça, c'est riche, ça, c'est intéressant parce qu'on sort de notre zone de confort en dessinant. Je ne sais pas, j'ai dessiné des animaux. C'est toujours complètement onirique. Enfin, je ne saurais pas. Il saura plus décrire son propre travail, peut-être. Mais en tout cas, c'est frais, c'est rafraîchissant. Et je pense qu'on s'apporte mutuellement et j'espère que ça transpira à travers les pièces qui vont bientôt être... Elles sont produites, mais qui seront bientôt dévoilées. On va dire.

  • Speaker #1

    Vous allez bientôt nous faire des résidences d'artistes,

  • Speaker #0

    en fait. Alors, je ne sais pas comment ça peut s'orchestrer, étant donné mon rôle, on l'évoquait tout à l'heure, de mère. Déjà. Donc, rôle de maman. Et puis, en tant qu'Emmailleuse sur lave, voilà, j'ai du mal à projeter. En tout cas, l'envie est là de faire plein de choses, de bouger, de sortir de l'atelier, de découvrir aussi peut-être dans d'autres pays. En plus, c'est une année, on a envie de faire plein de trucs avec Jess. Mais voilà, chaque chose en son temps. mais je pense qu'il y a plein de choses nouvelles qui pourront alimenter les prochaines années.

  • Speaker #1

    Eh bien, on arrive à la dernière question qui est, qu'est-ce que tu souhaites pour ton métier en général, ton univers, tes collègues, comme tu les appelles ?

  • Speaker #0

    Oui, j'aimerais bien que le savoir-faire transgresse un peu les lois de l'émaillage sur lave dans le temps, qu'elle aille sur des chantiers d'envergure aussi, parce que des fois, c'est ponctuel. Alors, il y a des gros projets qui sont, on va dire souvent les gros projets, ça va être une trentaine de plateaux en lave-maillé pour un restaurant, par exemple. Ça, c'est des très beaux projets dont mes collègues et nous-mêmes sommes gourmands. On a envie de beaux projets où on nous laisse une belle part de liberté aussi. Donc voilà, que ça prenne sens, qu'il y ait un peu plus de sens sur les projets qui arrivent et qu'ils ne soient pas juste cantonnés à un vieux souvenir d'Auvergne. Voilà. Ça se déploie sur des projets, je ne dirais pas au-delà de nos frontières. Franchement, je ne prône pas l'exportation dans quelque manière que ce soit. Je pense que chacun doit se concentrer un peu sur sa zone, pour toutes les raisons qu'on connaît. Après, répondre à la demande, oui, mais en tout cas, je pense qu'en France, il y a déjà beaucoup de choses à faire pour placer ce savoir-faire-là, qui mérite, parce que c'est assez illimité en termes de finition, de couleur et de fonction. Donc c'est ça, c'est juste voir ça développer, puis je serai contente d'y avoir un peu participé. Alors je ne sais pas dans quelle mesure j'ai pas de vision comme ça, de recul sur les années qui défilent en regardant ce matériau-là. Mais voilà, que chacun apporte sa pierre un peu à l'édifice pour que les choses aillent plus loin.

  • Speaker #1

    C'est un très beau mot de la fin. Merci beaucoup Lydia, merci pour ton temps, merci de t'être déplacée.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir. À bientôt. À bientôt, salut.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que ce deuxième épisode avec Lydia Belguittard, émailleuse sur live et designer, vous aura plu. Son histoire est un bel exemple de résilience et de passion pour son métier, un mélange unique de créativité et de tradition. Vous pouvez continuer de m'aider à faire découvrir les histoires d'artisans au plus grand nombre en mettant une note, un commentaire et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. Vous pouvez nous retrouver sur Instagram pour découvrir le métier en images. Nous sommes toujours heureux de recevoir vos témoignages et vos ressentis sur les épisodes de podcast. Si vous avez envie de nous transmettre un message, vous pouvez nous écrire à podcast.histoired'artisan.com En attendant, je vous dis à bientôt avec une nouvelle histoire.

Description

Le parcours inspirant de Lydia Belghitar : Du design à l’émaillage sur lave


Dans ce nouvel épisode d’Histoires d’Artisans, plongez dans l'histoire de Lydia Belghitar, émailleuse sur lave et designer. Après un début de carrière prometteur chez IKEA, Lydia décide de suivre une voie plus personnelle, celle de l’artisanat d’art. Elle raconte son parcours fascinant, de sa formation en architecture d’intérieur à la création de son propre studio, Studio LER, qu’elle a pensé avec son mari. Vous découvrirez comment elle allie le design contemporain à une technique artisanale ancienne pour donner vie à des créations uniques. Cet épisode est aussi une histoire de résilience, marquée par des épreuves personnelles qu’elle a surmontées avec passion et détermination.


Laissez-vous inspirer par son chemin, où tradition et innovation se rencontrent, et apprenez comment Lydia a transformé son amour du design en un métier d’art à part entière.


Histoires d’Artisans est l’association qui valorise l’ingénierie des artisans d’art en mettant en avant l’innovation, le design et la recherche au sein des ateliers. Ce podcast est le reflet d’un univers merveilleux et beau et où le bien fait et les matériaux sont au centre des discussions.


Références de l'épisode :

La céramiste dont Lydia parle est Joëlle Swanet.


Liens de l’épisode : 

Studio Ler

Instagram

Site


Histoires d’Artisans

Site

Instagram

Le Carnet des Innovations


Production et réalisation : Lisa Millet

Montage et musiques : Quentin Blic


Si vous avez envie de nous transmettre un message, vous pouvez nous écrire à podcast@histoiresdartisans.com.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, bienvenue dans mon atelier.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans le podcast d'Histoire d'artisan. Je suis Lisa Millet, présidente de l'association Eponyme. Histoire d'artisan valorise l'ingénierie des artisans d'art en mettant en avant l'innovation et la recherche au sein des ateliers. Aujourd'hui, je vous emmène dans l'univers fascinant de la lave-émaillée avec Lydia Belleguitard, émailleuse sur lave et designer. Une artisane talentueuse et passionnée. Après avoir fait ses armes dans le design d'espace et l'architecture d'intérieur, Lydia a suivi un chemin particulier qui l'a mené à combiner son amour du design et de l'artisanat. Elle partage avec nous son incroyable aventure, de ses débuts chez Ikea à la création de son propre studio, Studio Lair, en collaboration avec son mari. Découvrez comment elle a transformé un savoir-faire ancien en une entreprise moderne et florissante, tout en surmontant des épreuves personnelles marquantes. Laissez-vous inspirer par ce parcours touchant et sa vision novatrice de l'artisanat.

  • Speaker #2

    Belle écoute ! Bonjour Lydia, nous ne sommes pas dans ton atelier. À mon grand désarroi, nous sommes chez moi, c'est toi qui t'es déplacée jusqu'à moi et je t'en remercie.

  • Speaker #0

    Avec plaisir.

  • Speaker #2

    Lydia, tu es émailleuse sur lave et designer. Est-ce que tu peux nous raconter, j'ai cru comprendre que tu étais d'abord e-designer et ensuite émailleuse sur lave, est-ce que tu peux nous raconter ton cheminement ?

  • Speaker #0

    Donc effectivement, j'ai fait des études en design. J'ai commencé par un BTS design d'espace, un golem. Ensuite, j'ai fait les beaux-arts d'Angers. donc en option design. Donc j'ai fait 7 ans de design plutôt spécialisé objet, parce que design d'espace, c'est plutôt l'architecture intérieure, donc ponctué par différents stages aussi qui ont été vraiment percutants dans mon parcours, notamment un stage de 4 mois pour Mathieu Lehanner, qui a une actualité assez forte en ce moment, et qui ont été un peu des révélations, parce que vraiment, là je découvrais qu'on pouvait bien se marrer aussi dans un studio. On pouvait vraiment aller loin dans des démarches, avec déjà les métiers d'art au cœur de sa création aussi à l'époque. Des collaborations, les échanges avec les clients, tout ça, ça a été hyper nourrissant. Donc voilà, parcours en design. S'en est suivi plutôt un emploi en tant qu'architecte intérieur, parce qu'en fait, j'ai été embauchée tout de suite après les études chez Ikea. Ok. Donc en fait, je suis rentrée...

  • Speaker #2

    Grand méchant.

  • Speaker #0

    Ouais. Je suis restée longtemps en plus. Oh ! Oh ! Donc j'ai commencé à Ikea Tour, deux ans, je suis restée là. Et après, j'ai demandé en fait une mutation à Ikea Clermont-Ferrand. Mais c'est là que tout s'est joué en fait, parce que cette mutation a été demandée parce qu'à l'époque, j'étais avec mon mari. Et en fait, mon mari avait une formation de taille de pierre qu'il avait dû abandonner pour privilégier la logistique dans des grandes boîtes. Enfin bon, voilà, il voulait revenir à la taille de pierre. Et donc moi, j'étais chez Ikea, donc en tant qu'architecte intérieur, et je voulais revenir au design d'objets. Donc on s'est dit, fort de ce constat, que peut-on faire à deux qui réuniraient nos compétences respectives ? Donc moi le design, lui la pierre, qu'est-ce qu'on fait avec ça ? Et en fait, en fouillant vraiment sur internet, enfin un petit peu en échangeant avec tout le monde, on a découvert la lave émaillée comme ça. Et un jour d'ailleurs, pas longtemps après qu'on se pose la question sur ce savoir-faire-là, un peu étrange qu'on a vu nulle part, qui fait ça ? Je suis tombée sur une pièce à Emmaüs, une pièce faite en Auvergne, vraiment old school. Là, vraiment, on est sur de l'émaillage sur lave old school d'une sénette auvergnate très traditionnelle. Et du coup, je l'ai acheté, j'ai ramené ça à la maison. Je fais, bah, regarde, c'est ça la lave-émaillage. J'en ai trouvé à Tours. Et du coup, on s'est dit, bah ouais, le savoir-faire, il est génial. On est entre la céramique, mais on a un truc qui est suffisamment solide pour être exploité sur du mobilier, sur du revêtement. contre, ouais, il y a quelque chose à faire. Ça rejoint un peu ce qu'on disait sur l'épisode 1, on trouvait que c'était un peu désuet et de comment on peut rafraîchir un peu le truc. En toute humilité, on n'est pas là non plus pour révolutionner quoi que ce soit, on est plusieurs d'ailleurs, et Maillor sur là va faire des choses quand même très contemporaines. Mais voilà, à ce moment-là, c'était notre constat, on veut faire des trucs de ouf, on l'avait maillé.

  • Speaker #2

    Des trucs de ouf !

  • Speaker #0

    Et du coup, j'ai demandé ma mutation à Clermont-Ferrand dans cette optique-là. On a vendu notre maison, une rupture conventionnelle, pour aller se former à l'école d'architecture de Volvic, en émaillage sur lave, pendant un an. Donc on parle de cette formation professionnelle. Et donc, je travaillais chez IKEA, et le soir, on développait ce qui deviendra Studio Lair, avec déjà notre four, l'envie de prototyper, l'envie d'associer la lave à d'autres matériaux. Et puis, on commençait vraiment à avoir un bon réseau d'artisans autour de nous, à développer le site internet. Et malheureusement, c'est là que l'histoire change un peu. Mon mari est tombé gravement malade. Donc ça, c'était en 2015. Donc on a dû laisser Studiolaire, entre parenthèses, pour le soigner. Malheureusement, c'est une maladie qui a duré trois ans, à l'issue de laquelle c'est la maladie qui a gagné. Donc en fait, il est décédé en 2018. Donc ouais, trois ans après. Avant ça, on avait fait un rapprochement familial en Bretagne. Donc dans ce contexte de maladie, pour être accompagné par la famille. Et il est décédé pas longtemps après, un mois après qu'on soit installé en fait. Mais donc on s'est rapproché de sa famille, en l'occurrence de sa sœur Jessica, qui habitait, qui est en fait ma voisine, et avec laquelle on développera donc Studiolaire toutes les deux. Donc en fait c'est vraiment une histoire qui est restée familiale, qui a été extrêmement violente à vivre, et du coup qui nous a donné encore plus envie, parce que c'est un projet, du coup c'était le projet de son frère. mon projet, c'est vraiment un projet de vie. Donc du coup, elle m'a rejoint un peu sur le tas, parce qu'elle n'est pas issue de ce milieu-là, ni du design, ni de l'émaillage sur lave. Donc on a un petit peu testé tout ça ensemble, parce que c'était quand même lui à la base l'émailleur. Mais pendant qu'il était malade, il continuait à nous transmettre, du coup, peu importe ce qu'il arrive à la fin de cette maladie, il faut que tu saches faire ci, ça, ça. Comment tu fais ci ? Comment tu fais ça ? Donc des fois, il me disait, bon, vas-y ! Tu reçois la lave, qu'est-ce que tu fais ? Donc là, je reçois la lave, donc je la façonne. Ensuite, je la lave, je l'émail. Enfin bon, je ne vais pas rentrer dans le détail, mais c'était une espèce de continuité de formation théorique dans un contexte un peu difficile. Mais ça nous a donné un peu des ailes aussi, avec Jess, d'envie d'aller au bout, en fait. Et pas de se dire, je retourne chez Kia, je fais quoi ? Je baisse les bras. Voilà, on a continué. On a développé d'abord dans un premier temps. On a commencé en développant des pièces auto-éditées. On s'est dit, on va faire une gamme. On va développer la gamme qu'on avait dessinée avec Renato. C'était Renato, mon mari. On développe cette gamme-là. On se l'approprie. Et on essaye de vendre ça. Bon, ben voilà, on est en centre-Bretagne. Attention, on est en centre-Bretagne. Dans le Cresbreys. pour ceux qui parlent le breton. Centre-Bretagne, on fait de la lave-émaillée. Autant dire qu'il a fallu vraiment donner corps et âme pour développer ce projet, qui n'est plus un projet, maintenant c'est une entreprise établie. Pendant longtemps, on utilise d'ailleurs ce mot projet pour décrire son entreprise, souvent dans les premières années. Non, non, là c'est bon, ça vit, c'est cool. Je pense que Réna serait très fière. D'ailleurs, on se le dit souvent et puis ça nous donne encore plus des ailes. Voilà, tout ça pour dire. Ben voilà,

  • Speaker #2

    tout ça pour raconter ton histoire. Ouais, et donc les statuts, vous les aviez déposés avec Renato ?

  • Speaker #0

    Ouais, mais on a changé plein de fois de statut à cause du RSI. À l'époque, c'était vraiment compliqué. On a eu beaucoup d'aide avec un expert comptable fabuleux, une assistante sociale fabuleuse, mais ça a été beaucoup d'admins pour modifier les statuts, etc. Mais on va dire qu'officiellement, c'est en 2018, juin 2018, que Studiolaire a commencé.

  • Speaker #2

    Donc déjà six ans. Ouais,

  • Speaker #0

    six ans.

  • Speaker #2

    J'en ai parlé avec un pote, parce que le podcast a fêté ses 5 ans cette année. Et il met en story Mon entreprise fête ses 5 ans Et je dis Ah, félicitations ! Il fait vivement que Histoire d'artisan arrive à ce point. Et je lui dis Bah t'exagères, parce que c'était avant toi ! Et je lui dis Bah attends, l'année prochaine, nous fêtons nos 6 ans ensemble ! Il fait Ouais, c'est la rentrée en maternelle ! Ah,

  • Speaker #0

    tout de suite, ça ramène vers le bas, quoi ! Le bas de l'échelle !

  • Speaker #2

    Mais t'imagines, la rentrée aux primaires, c'est un truc de... ouf dans une vie.

  • Speaker #0

    Ah bah, ça dépend de comment tu le vois, oui. C'est un truc de ouf et en même temps, il reste, attends, il reste le CP. Il reste le CP, le collège, le lycée, la fac. Tu sais, il y a encore, ouais, mais il y a quelque chose devant, quoi. Oui, mais c'est une belle étape. Ouais,

  • Speaker #2

    c'est une belle étape.

  • Speaker #0

    D'accord, on est d'accord.

  • Speaker #2

    Franchement, quand ton enfant, il rentre au CP, t'es hyper fière quand même.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #2

    Donc, voilà, ton projet est rentré au CP.

  • Speaker #0

    Voilà, on est rentré au CP. Eh ben dis donc, on n'a pas fini de voir des choses arriver.

  • Speaker #2

    Bientôt la crise d'ado.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux nous expliquer, tu l'as déjà abordé un peu dans l'épisode 1 et tu l'as un peu abordé là aussi, mais quelle est ta relation avec ton métier aujourd'hui ? Comment vous vous êtes positionnée, même si on a eu des petits indices ? Et avec qui tu travailles ?

  • Speaker #0

    Oui, comme je te le disais, bagage de designer. Donc c'est vrai que j'ai une appétence pour les matériaux dans leur globalité. En fait... J'aime la lave, j'aime l'émailler, mais j'aime bien l'associer à d'autres matériaux, le bois notamment, parce que du coup, ils ont des propriétés tellement complémentaires que j'aime beaucoup les associer, mais aussi avec le métal, on travaille en fait du coup avec pas mal d'artisans. Donc on n'est pas toujours tout seul dans l'atelier, déjà on est deux, mais voilà, on a une ébéniste, une autre ébéniste, un menuisier, un ferronnier, enfin d'ailleurs... Plus d'ébénistes que de débénistes, enfin ils ont chacun leur particularité, donc en fait on les sollicite selon les projets. Et en fait, eux, tu vois justement, tu disais que la lave, elle se travaille sous forme de plaque, en tout cas on la travaille nous sous forme de plaque, et du coup là où on vient apporter le volume, par exemple pour une table, un piétement, etc., c'est en l'associant avec d'autres matériaux. On peut s'amuser aussi, en tant que designer, du coup je peux dessiner les pièces dans leur globalité et faire faire. Donc, c'est là aussi que nos clients, qui sont majoritairement des architectes intérieurs, peuvent très bien arriver et nous dire je veux une table, dessinez-la moi, faites-la, on échange, c'est toujours à quatre mains et toujours dans la discussion, mais on peut gérer des projets de design globaux. Et ça, je pense que c'est vrai que c'est un plus, parce qu'ils peuvent un peu décharger leur charge mentale d'architecte intérieur et elle est vraiment importante quand on échange avec eux. Donc, il faut être un peu sûr. tous les fronts sur un chantier. Et du coup, voilà, je pense que ça, c'est quelque chose d'important. Donc, on travaille comme ça et puis, sa vie, les projets sont très variés, du coup, puisqu'on travaille sous forme de plaques, mais ça peut être une petite poignée de lave associée à des entretoises en alu, comme ça peut être, comme je le disais, une table avec un piétement en bois, comme ça peut être un luminaire. Là, par exemple, on a fait deux appliques où le support est en bois. Il y a des entretoises également. Voilà. La conception est importante à l'atelier. J'y mets un point d'honneur, moi c'est là où je me marre aussi. Donc je passe un peu de temps derrière l'ordinateur parce que je fais des modélisations 3D, réalistes, etc. Mais parce qu'il faut que nos clients puissent se projeter tout de suite sur déjà un matériau qui est méconnu. Le rendu est difficilement imitable numériquement, donc il faut utiliser un peu différents outils pour pouvoir communiquer clairement un projet.

  • Speaker #2

    Ça doit être hyper riche en fait, parce qu'il n'y a aucun projet qui doit se ressembler. C'est un champ des possibles assez large et c'est relativement... Je vais dire, c'est relativement rare, non. Il y a beaucoup d'artisans qui sont en capacité de faire beaucoup de choses. Mais en tout cas, vous, vous avez l'air de ne pas avoir de contraintes, en tout cas, en termes de possibilités.

  • Speaker #0

    Oui, je les vois peu, en tout cas. C'est vrai que j'aime bien, peu importe le cas, ils déchargent les contraintes. J'aime bien expérimenter. Donc, on aime bien pousser le truc un peu loin. Des fois, on se dit, attends, on prend ce projet. Vas-y, on y va. Même si c'est un peu fou. C'est ça qui est marrant, quoi. Dans la limite, effectivement, de ce qu'on sait faire. Puisque... On connaît aussi nos limites. On sait qu'il y a certaines pièces, là on avait eu un projet récemment qu'on a dû refuser parce que c'était, je ne sais plus combien, 100 pièces identiques, mais des pièces assez grosses parce que c'était des plans vasques, 100 pièces identiques qui allaient nous prendre toute l'année prochaine. C'était un gros, gros budget, un gros hôtel. Là, on s'est délégué. Là, on sait qu'il y a des émailleurs sur lave qui ont... un peu plus cette compétence-là et moins d'appétence pour la pièce unique, moi j'ai envie de m'amuser sur chaque pièce. Et là, tu me fais 100 pièces, c'est un petit peu trop. On peut faire de la petite série, mais on va savoir aussi orienter vers des personnes qui peuvent envoyer un peu plus vite. On a des émailleurs qui sont spécialisés dans les grandes surfaces. On travaille avec quelqu'un qui est en Auvergne d'ailleurs, où on lui envoie sans problème des clients qui seront de toute façon plus en recherche d'un émail uni, donc moins travaillé, avec sur de la quantité. et l'hyperactivité parce que là pour le coup la personne en question elle a des fenouilles qu'elle a plein de four on est sur un autre type d'ateliers nous on est vraiment sur la pièce unique avec une forte valeur ajoutée créative voilà en tout cas c'est ce vers quoi on essaye de tendre quoi mais je trouve que c'est ce qui fait à la fois la richesse et la difficulté de l'artisanat et plus particulièrement de l'artisanat d'art c'est que en fait en fonction des équipements

  • Speaker #2

    tu ne vas pas être en capacité de produire la même chose. Et tu vois, là, tu expliques que cet atelier, ils ont des équipements différents aux tiens et qu'en fait, 100 fois la même chose, pour eux, c'est moins douloureux que pour vous.

  • Speaker #0

    Tout à fait, c'est ça.

  • Speaker #2

    Et ça fait partie des sujets qu'on souhaite aborder avec Histoire d'artisan. C'est cette pluralité de, il n'y a pas un maroquinier, il y a des maroquiniers, il n'y a pas un céramiste, il y a des céramistes. Je trouve ça intéressant que tu montres un exemple concret. Et dans ces cas-là, et pareil, c'est marrant parce que... J'en parlais, j'ai donné une formation, pas sous le nom Histoire d'artisan, mais sur ma partie freelance, avec un organisme de formation lyonnais qui s'appelle l'Orafu, auprès d'artisans d'art et d'artistes. Et à un moment, je leur parle justement d'étudier leur concurrence. Et je leur disais, mais en fait, pour moi, dans l'artisanat d'art, à partir du moment où vous êtes seul à votre compte, il ne faut pas voir ça comme des concurrents, il faut voir ça comme des partenaires. Et en l'occurrence, il y a un métier où ça se ressent beaucoup, c'est le vitrail. Quand tu as toute une église à refaire. en fait tu peux pas être seule à refaire cette église

  • Speaker #0

    Donc il y a beaucoup de...

  • Speaker #2

    Et du coup, ils sont assez soudés. Et c'est un truc finalement que je trouve que les entreprises françaises devraient s'inspirer. C'est pas parce que tu fais exactement la même chose que moi que tu es mon concurrent. Au contraire, ça se trouve, on peut dupliquer nos forces de frappe. Ou ça se trouve, tu as un outil que je n'ai pas qui nous permettra d'avancer plus vite.

  • Speaker #0

    Ah oui, non mais je suis complètement d'accord avec toi. Et c'est un discours que je tiens régulièrement. D'ailleurs, je ne les appelle pas des concurrents, mais plutôt des collègues. Après, dans le milieu de la lave-émaillée, on est quand même dans un milieu de pierreux. Auvergnat. Donc c'est assez fermé. Du coup, je sais qu'il y a cette peur que l'autre te pique des idées, etc. De ne pas trop communiquer. Je sais que certaines entreprises freinent énormément sur leur communication pour ne pas laisser la place à ça. Là où nous, on fait complètement l'inverse. Parce que je me dis que si mon collègue Emmaier commence à faire des pièces qui sont similaires aux miennes, le but c'est aussi d'updater et de développer le savoir-faire au-delà de nos ateliers. C'est de comment on prend un savoir-faire et on l'emmène le plus loin possible. Un concurrent, du coup, entre guillemets, s'il est là et qu'il fait des choses comme ça, assez similaires, c'est à toi de te dire, bon, moi, j'ai été un peu avant-gardiste peut-être sur certains trucs. Il faut que je le devienne de nouveau et que je repropose encore autre chose. Et on peut toujours emmener un savoir-faire encore plus loin, différemment avec une autre patte.

  • Speaker #2

    Mon père dirait, je bois du petit lait. Mais vraiment, c'est un truc que je dis tout le temps aux artisans, c'est si vous avez peur de vous faire voler votre idée, c'est que vous pensez que votre savoir-faire n'a pas suffisamment de valeur pour que juste quelqu'un puisse le copier. Et d'ailleurs, en concept marketing, dans les grosses entreprises, il y a beaucoup de grosses entreprises qui se copient. Et il y a un peu ce concept du suiveur. Il y a notamment une histoire qui est relativement connue, c'est dès qu'il y a un McDo qui ouvre, il y a un Burger King qui ouvre à côté. Et en fait, Burger King a décidé d'être un suiveur et de ne pas investir... dans des trucs risqués ou même dans l'étude de la zone de chalandise, comme on l'appelle. Ah oui,

  • Speaker #0

    pour lui, l'étude est faite, en fait.

  • Speaker #2

    Pour lui, l'étude est faite. Si McDo s'est mis là, c'est qu'il y a un marché, et donc Burger King suit. Et ils jouent sur ça. Dans leur com, ils jouent sur ça. Et dans les grosses boîtes, c'est assez OK. Enfin, c'est le positionnement des grosses boîtes. Et moi, ce que je dis aux artisans d'art, je leur dis exactement la même chose. Je leur dis, si t'as peur de communiquer et de te faire voler ton idée, c'est que tu penses que tu n'es qu'une idée. Or, déjà, tes centaines d'idées est un savoir-faire intellectuel. Et ce n'est pas parce qu'on voit un visuel qu'on comprend toute la technique qu'il y a derrière. Ce n'est pas parce qu'on voit un visuel qu'on peut se dire, je vais refaire exactement la même chose. Après,

  • Speaker #0

    il y a aussi l'idée de se dire que quand tu commences à travailler un matériau en particulier, quand tu proposes quelque chose, d'essayer que ce soit pertinent dans le sens où comment ça ne servirait pas forcément que ton atelier et comment ça peut servir le savoir-faire. Comment ça peut servir ? Parce que les mèches sur lave, c'est quand même un savoir-faire qui est à sauvegarder. Là, il y a un retour qui est plutôt rassurant et je suis contente d'en faire partie. Mais j'aime bien me dire, et souvent je le conseille parce que moi aussi, je suis élue à la chambre des métiers. Et du coup, de dire autour de moi, il faut qu'il y ait un dialogue, il faut que les choses se nourrissent mutuellement. Ce n'est pas juste un gagne-pain, c'est aussi qu'est-ce que tu apportes de nouveau ? Alors la nouveauté encore, ce n'est pas non plus à chaque fois des révolutions, mais qu'est-ce que tu apportes ? Quel regard tu poses, toi, sur un savoir-faire ? L'idée, c'est pas de s'en défaire complètement et d'être dans l'innovation. Ce mot un peu moche, là, qui est difficile pour moi parce que je le trouve flou, en même temps trop exigeant, en même temps... Enfin, il est compliqué, ce mot, je trouve.

  • Speaker #2

    Tu sais que c'est nous ce qu'on défend chez Essor d'Artisan ? L'innovation.

  • Speaker #0

    Ah ouais ? Bah oui, en plus, je l'ai vu, oui. Mais moi, je ne comprends pas bien ce mot.

  • Speaker #2

    Mais comme tu dis, il est hyper flou.

  • Speaker #0

    Il est hyper flou. Bah ouais, parce qu'en fait, moi, il y a plein de gens qui me disent ouais, mais c'est innovant Non, j'applique les techniques, le savoir-faire qu'on m'a appris. Mais c'est le regard alors, c'est le regard qui est innovant. Oui,

  • Speaker #1

    mais parce qu'en fait, je pense qu'on est brainwashed par la Startup Nation qui nous dit en fait, quand t'es innovant, c'est qu'il y a de la techno.

  • Speaker #0

    C'est un brevet ou je sais pas quoi.

  • Speaker #1

    Il y a de la techno.

  • Speaker #0

    Mais du coup, même dans des concours d'artisanat, j'en ai fait il n'y a pas longtemps, il y a une clause parfois sur certains d'innovation. La dernière fois, je me suis vu remplir. Je ne vois pas en quoi je suis... Je ne sais pas ce que vous voulez dire par innovation. J'applique un savoir-faire ancestral avec mon regard, mais je n'ai pas déposé de brevets, je n'ai pas techniquement inventé un truc incroyable. C'est juste un axe, une vision particulière. Et donc, cette innovation, elle me pose un peu problème. Moi, j'ai du mal à l'intégrer.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que, justement, tout à l'heure, tu parlais et j'étais prête à faire la transition sur la question de, est-ce que tu as un projet de recherche ou d'innovation ? Pour moi, à partir du moment où, quand vous avez regardé le paysage de la lave émaillée et que vous vous êtes rendu compte qu'il y a un marché à aller chercher, c'est que vous êtes innovant. Vous avez une approche de la lave émaillée qui n'est pas la même que celle qui est vue et revue. Mais l'innovation, elle est partout. Quand on me pose la question, je dis l'innovation, ça peut être... En fait, je ne sais pas parce que, en l'occurrence, j'ai un peu cette idée reçue que la lave, c'est léger. Idée reçue, oui. Ok, c'est très lourd. Donc voilà, parfait. Du coup, comment tu fais quand tu as des grosses plaques à déplacer ? Il faut faire en sorte que ton corps puisse les déplacer. Et donc je dis, ne serait-ce que de réfléchir à l'ergonomie de ton atelier, c'est de l'innovation. Réfléchir à tes processus de production pour qu'ils soient calés, c'est de l'innovation. Je te racontais tout à l'heure que j'ai travaillé un an chez Jérémy Maxwell-Ventrebert sous Fleur de Verre. Dans ces sujets d'innovation, que moi j'identifie comme de l'innovation, il y a, il a des pièces, ça fait 10-15 ans qu'il les fait. Il continue d'essayer d'optimiser la prod et de faire en sorte que cette pièce, elle mette de moins en moins de temps à être produite. Pour moi, l'innovation, en fait, mais c'est parce qu'on est vraiment genre brainwashed sur le fait que l'innovation, c'est qu'en fait, on a mis du code et du machin et de l'intelligence artificielle. Non, mais j'ai développé cette idée parce que moi, je me suis agacée, mais vraiment. agacé. Je te racontais tout à l'heure qu'en 2020, j'ai voulu monter ma boîte. Forcément, quand tu montes ta boîte, tu t'intéresses aux aides que tu peux obtenir.

  • Speaker #0

    Et il y en a un paquet sur l'innovation. Et si tu Ausha les cases... À la BPI... C'est pour ça que c'est compliqué, je trouve, ce terme.

  • Speaker #1

    Mais parce qu'on le restreint trop. Mais pour moi, il est hyper vaste. À la BPI, donc la Banque Publique d'Investissement, qui est une banque qui égale les startups, et je pèse mes mots, il y a plusieurs critères. Il y a un critère de on te donne l'argent que si... tu as en gros le même argent déjà sur ton compte.

  • Speaker #0

    Déjà de l'argent, oui, c'est ce que j'allais dire.

  • Speaker #1

    Donc en fait, quand tu n'es pas un bac plus 5 qui a grandi dans une famille aisée, tu n'as pas 15 000 euros sur ton compte pour investir dans ta boîte, donc tu n'as pas les 15 000 euros de la BPI. Il faut faire des choix de sélection, mais bon. Et il y a un autre sujet, c'est il faut de l'innovation technologique.

  • Speaker #0

    Ah oui, innovation technologique.

  • Speaker #1

    Et j'ai... pété mon câble parce que tout le monde me disait ah mais t'as qu'à faire une plateforme de mise en relation entre les artisans et les architectes. Et j'étais là non ça marche pas, ça marche pas, arrêtez. C'est pas parce que je vais essayer de faire des matching à base de grosse intelligence artificielle qui est pas du tout de l'intelligence artificielle qu'on se le dise. C'est pas parce que je vais faire ça que ça va fonctionner les gars. Arrêtez. Mais vraiment et du coup je suis partie et j'ai fait vas-y la BPI je les déteste. Voilà. Mais je trouve ça tellement inégalitaire. Ouais. Ça veut dire que le boulanger en bas chez toi, qui se lève à pas d'heure pour faire en sorte de redynamiser tout un quartier, qui fait en sorte que là où les entreprises, elles ont pris tous les bureaux et que du coup, la ville, elle est morte le soir, lui, il va mettre une boulangerie et il va faire en sorte de régaler le peu d'habitants qui restent. Lui, il n'a pas d'aide. Et je rebondis encore sur ce débat d'innovation. Ça a été reconduit. Il y a un crédit qui s'appelle le crédit d'impôt recherche. Le crédit d'impôt recherche, il touche les entreprises. Et un des critères, c'est que vous devez montrer que le résultat de votre recherche n'a jamais existé. Donc, il y a un énorme travail de justification que si tu as ce crédit d'impôt recherche, c'est parce que ce que tu as développé n'existe dans aucune entreprise dans tout le monde. Et il y a un crédit d'impôt métier d'art qui a été reconduit en 2024 jusqu'en 2026, si je ne me trompe pas. Et bien, ce critère, il n'y est pas. En gros, il faut juste que tu prouves que ce que tu as développé en tant que recherche n'existait pas dans ton atelier avant.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord.

  • Speaker #1

    Et je trouve que ça montre qu'il y a une certaine compréhension quand même que l'artisan, c'est beaucoup d'entreprises unipersonnelles. Oui,

  • Speaker #0

    oui, je pense qu'il y a une volonté quand même d'essayer de comprendre un peu mieux le secteur qui souffre quand même toujours. Oui, il y a des progrès, mais qui souffrent toujours, on ne dira jamais assez d'un regard biaisé sur comment fonctionne un atelier, qui sont les artisans d'art et comment ils travaillent. Mais c'est vrai que cette notion aussi d'équipement... Nous, on s'est posé cette question sur, est-ce qu'il ne faut pas, parce qu'on nous pose un peu à investir quand on veut des aides, il faut investir, équipement, équipement, équipement. Sauf que nous, on ne veut pas un four plus grand, par exemple. A chaque fois, tout le monde nous pose la question, vous pouvez prendre un four plus grand pour faire des plus grands projets ? Non, en fait, si je prends un four plus grand, il faut un local plus grand, il faut des Fenwick. C'est un autre rapport au corps, un autre rapport à la création qui n'est pas du tout celui sur lequel je veux me positionner. Donc, oui, c'est assez contrainte. Mais c'est ce que je disais à un rendez-vous aujourd'hui, c'est de la contrainte qu'on fait des belles choses aussi. Et voilà, nous quand on doit faire un calpinage pour faire une pièce un peu plus grande, en fait le calpinage il participe au motif, on l'intègre dedans, c'est peut-être même sur ce calpinage, sur la ligne d'assemblage, qu'on va partir pour définir le motif. Et en fait, c'est aussi ça qu'on trouve intéressant par rapport à cet équipement, qui est quand même un gros équipement, parce que pour être émueure sur lave, les fours font un grand four qui fait presque 2 mètres de long, 1,50 mètre de large. Donc voilà, mais c'est un vrai sujet, cette question d'équipement, d'innovation. Mais il faut savoir se positionner, savoir où... Du coup, il y a plein de concours que j'ai... J'ai participé à des concours, je ne les ai pas eus, sur ce critère-là, je pense majoritairement. Rentrer dans des cases, par exemple, moi j'ai des pièces qui associent du bois, de l'alu, et de la laver-mailler et je ne fais pas la totalité de ma pièce, parce que moi je suis designer, donc j'aime bien associer les matériaux. Donc pareil, il y a des exclusions un peu. Il faut que la pièce soit entièrement faite par vous. Moi, ça ne me fait pas toujours vibrer. Alors après, certaines quand même. Mais la variété des profils et la typologie de métier, on veut toujours mettre les gens dans des cases et c'est compliqué. C'est compliqué. Du coup, il faut rester droit dans ses basques. Voilà, se dire, du coup, je ne sais pas, moi, par exemple, je ne suis pas atelier d'art de France parce que, oui, moi, mon code NAF, c'est un code NAF de designer. Parce qu'en fait, je suis de formation de designer. Je travaille d'autres matériaux. Je travaille avec d'autres gens qui participent aux pièces. Enfin, voilà, il y a tout un... C'est un vaste sujet.

  • Speaker #1

    Mais attends, mais du coup, tu es élue à la CMA, mais à la Chambre de métier de l'artisanat. Mais en fait, tu n'es pas artisane ?

  • Speaker #0

    Si, je suis artisan d'art. J'ai quand même la notion artisan d'art sur mon cabisse. Enfin, mon cabisse. Mais le code NAF est un code NAF de designer. Mais j'ai quand même... Oui, à chaque fois, c'est un sujet.

  • Speaker #1

    Du coup, je vais poser ma question. Est-ce que tu as un projet de recherche ou d'innovation dont tu pourrais nous parler ? Je sais que du coup, c'est compliqué parce que justement, on vient d'en parler.

  • Speaker #0

    Là, tout de suite, ce qui me vient, c'est ce que j'ai envie pour 2025. J'ai plusieurs choses qui me viennent, mais alors là c'est plutôt la typologie de projet, plutôt que vraiment une innovation. On va dire plutôt sur ce que tu me demandes, ce que j'aimerais. Après avoir fait l'événement Amour Vivant l'année dernière avec Hélène Aguilar, j'ai rencontré une céramiste, je ne saurais plus redonner son nom, qui est une spécialiste de l'émail.

  • Speaker #1

    Si ça te revient après, je le mettrai dans les références de l'épisode.

  • Speaker #0

    Ok, et en fait, elle parlait de la provenance des émeaux. parce que je ne saurais pas aller très loin sur le sujet justement. Donc nous, on n'utilise que des émaux non plombeux. Alors de toute façon, on est tellement sensibles à la question de la santé qu'on a enlevé plein de choses de tout ce qui nous a été pourtant transmis. Il faut utiliser du MX54 pour mélanger la couleur à peindre sur la chaîne. Le MX54, ça pue, ça sent la toxicité à plein nez. J'avais appelé le fournisseur qui m'avait dit Alors attends, oui, il faut que je retrouve. Il y avait une espèce de flou artistique. Je l'ai banni. J'ai banni aussi tout ce qui est de l'ordre de la sérigraphie. Parce que pour sérigraphier la lave, il peut être sérigraphié. Déjà, nous, on n'en a pas l'intérêt puisqu'on n'est pas sur un principe déjà de série. Mais aussi, ça utilise des produits hyper nocifs qu'on a bannis également.

  • Speaker #1

    La sérigraphie dans la lave, ça fonctionne comment ?

  • Speaker #0

    C'est pareil. Alors du coup, moi, je n'ai pas sérigraphié. Mon mari avait été formé à la sérigraphie dans l'école. Mais c'est pareil, c'est le même principe de cadre. Sauf que du coup, on est sur de l'émail. Et puis après, il y a un slide-off. Enfin, il y a des... des produits ajoutés. Donc c'est vrai que je suis assez sensible à cette question de la toxicité et de la santé dans nos métiers. Et donc, les émots. J'avais posé la question d'ailleurs à Amour Vivant, comment répondre à la demande en termes de quantité aussi, parce qu'on en consomme quand même pas mal d'émots, donc il y a un problème économique aussi qui se pose à ça. Mais bon, plus on en parlera, plus il y aura de solutions et plus il y aura peut-être de quantité. Mais je pense qu'on en est encore au tout début et que du coup, ça ne matche pas encore parfaitement entre l'envie et le marché. Ce serait creuser sur cette notion-là. Nous, on récupère des émeaux. Quand on fait du pistolet, on récupère les émeaux. Pour en faire un autre émail de récupération, on essaye de faire des choses. Mais j'aimerais bien travailler sur des émeaux qui soient plus propres.

  • Speaker #1

    Je sais qu'en céramique, il y a des formations pour apprendre à faire ces émeaux. Tu pourrais faire une formation initialement orientée céramiste ?

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Parce qu'on utilise les mêmes... Vraiment, nous, on cuit à basse température comme les... Comme ceux qui cuisent la faïence qui se cuit à basse température. Donc oui, oui. Il y a plein de choses à mettre en place, en fait, qu'il faudrait faire. En rentrant à l'atelier, je te promets, j'y pense.

  • Speaker #1

    Mais écoute, dans tous les cas, on te suivra sur ce sujet. Et le jour... ou tu as un truc à nous raconter, on te met dans un carnet des innovations.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Trop bien. Ok. Tu pourras dire que tu as fait de l'innovation.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Mais c'est un chouette projet. Et tu sais que, enfin, j'ai appris ça avec un céramiste que j'adore, Corentin Brison, qui lui fait ses aimants. qui fait souvent des petits vlogs de journée et qui disait la dernière fois je vais chez le médecin, c'est pas grave mais juste en fait je vais tester ma santé parce que je travaille des émaux et c'est dangereux pour la santé et je me souviens j'avais fait un vernissage avec lui et il m'avait raconté que tous ces émaux il les faisait tester chimiquement dans un laboratoire et tout ça donc il investit vraiment dans le test de l'émail et en fait quand il m'a dit ça j'ai fait mais évidemment c'est des questions enfin tu vois genre t'as des t'as de... Surtout des céramistes, t'as des tas de marchés de céramistes. Quand t'achètes un bol qui te plaît, tu te demandes pas si l'émail il est bien quoi.

  • Speaker #0

    Et puis pour tout, tu vois, t'achètes des emplois à Tagine au Maroc, laisse tomber. En fait tout, donc c'est pour ça qu'il faut aussi temporiser. On fait énormément, je sais que nous on est hyper impliqués sur le sujet, on fait énormément de choses pour se protéger nous et nos clients. Tu vois, pas minorer mais temporiser. L'impact que nous, qui utilisons quand même des matériaux naturels, même si naturel ne veut pas dire inoffensif, on est bien d'accord. Je pense qu'il y a beaucoup plus de choses sur lesquelles il faudrait bosser avant. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et que vous, vous êtes ceux qui font le plus attention, mais que les grosses boîtes qui ont clairement les moyens de faire très attention ne le font pas. Mais bon, les grands méchants. On en vient à la question de l'anecdote. Est-ce que tu pourrais nous raconter une anecdote avec ton métier ?

  • Speaker #0

    Une anecdote qui a peut-être un peu de lien en plus avec un projet actuel. Parce qu'actuellement... On fait un projet pour le Japon. Et le brief, c'est on veut que toutes les pièces soient différentes. C'est des petits portes en sang. Il y en a une vingtaine. Et le brief, c'est on veut qu'ils soient tous différents. Et que n'essayez pas de rattraper s'il y a un truc qui ne va pas. C'est le fameux wabi-sabi. C'est-à-dire d'accepter, au Japon, ils sont quand même vraiment meilleurs que nous sur ça. D'accepter la trace du geste, l'erreur, la petite bulle. Où nous, en plus, quand on fait les choses... Le client souvent ne voit pas et nous on est là et nous on laisse moins passer en fait que l'utilisateur souvent. Donc c'est un peu ça, c'est se dire lâcher un peu de l'est avec le souci de la perfection. Du coup la petite anecdote en lien c'est qu'une fois il y a un plateau qu'on a fait, les plateaux ok, donc c'est un peu nos plateaux phares qu'on fait depuis le début. On l'avait complètement loupé, on disait lui il rattrape, laisse tomber. Bon qu'est-ce qu'on en fait ? Bah vas-y on va meuler, on enlève tous les mailles dessus. Bon bref on le pose dans l'endroit où on se dit... Ça part à la benne entre guillemets parce qu'on en fait toujours quelque chose. Et puis il y a une cliente qui arrive à l'atelier, qui avait regardé le showroom, parce qu'on a un petit showroom, qui n'avait pas trouvé forcément son bonheur et qui arrive à l'atelier, qui a vu le plateau, qui a fait c'est celui-là. Ah non mais c'est celui-là. Il y a une cliente ? Il y a quelqu'un ? Non. Ah non mais je le prends. Là c'est... Ah ouais non il est fabuleux. Et donc... Parce qu'il était plein d'erreurs, il y avait plein de bulles. Donc en fait, l'objectif initial qu'on avait, des mailles bien plans, bien lisses, notre objectif n'était pas tenu. Donc on a estimé qu'il n'était pas bon. Et en fait, voilà. Donc c'est ça aussi que j'aimerais bien peut-être en axe d'amélioration aussi de l'année prochaine. C'est développer des pièces un peu... J'assume le geste, je suis un peu plus dans la texture. Parce que là, on fait des choses qui sont quand même très contrôlées. On sait que c'est notre patte avec cette technique du cloisonné. Mais voilà, d'être un peu plus dans la liberté d'expression plastique. Voilà, d'être plus...

  • Speaker #1

    Dans le laisser-aller.

  • Speaker #0

    Ouais, dans de la barbouille, dans des... Voilà, tester, un peu du... Ouais, de lâcher un peu le geste, quoi. Que le geste fasse un peu le taf, à la place du cerveau.

  • Speaker #1

    Alors déjà, est-ce que cette cliente est au courant qu'à la base, vous pensiez que c'était raté ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Ça se trouve, elle va l'apprendre en écoutant le podcast.

  • Speaker #0

    Peut-être. C'était il y a longtemps. C'est pas grave, ça donne une histoire sur son plateau, c'est ça qui intéresse.

  • Speaker #1

    En rentrant un peu dans le milieu des métiers d'art et de l'artisanat, mon entourage me posait des questions. Et notamment une question, c'est comment on reconnaît un objet fait par un artisan qui maîtrise son geste ? Et d'ailleurs, j'ai écrit un article pour le journal sur ça, qui se base toujours sur quelque chose que m'a dit Corentin Brison. Vraiment, je passerai encore une fois mon... Je parle tout le temps de toi Corentin, je pense que t'écoutes pas les épisodes mais ça je parle tout le temps de toi. En fait, ce que Corentin, parce que je lui posais la question, il y a des céramistes, il y en a plein. Et je lui disais mais à partir de quand on peut se considérer céramiste ? Et il m'a dit à partir du moment où c'est toi qui dompte la matière et pas la matière qui te dompte. Et Corentin, il a un modèle de tasse, il tourne des tasses. elles sont toutes pareilles. Et la semaine dernière, donc on enregistre l'épisode dans septembre, la semaine dernière c'était la Paris Design Week, je suis allée à un vernissage d'exposition et puis je me balade et à un moment je vois une pièce en céramique avec, il restait les coulures du moule et elles n'avaient pas été tournassées pour enlever ces coulures que normalement... quand on utilise un moule en céramique, on enlève ses couleurs. Mais c'est la même chose d'ailleurs quand on tourne, on a toujours le dessous là qui est à rattraper parce qu'il y a une grosse forme pas très agréable en plus au toucher et assez coupante. Et c'était une exposition un peu conceptuelle avec des trucs un peu chelous. Et en l'occurrence là, c'était une pièce en forme un peu de Lego. Et je me suis dit... À tout moment, il va nous expliquer qu'en fait, c'est désiré parce que c'est le choix de l'artiste de vouloir intégrer le défaut dans l'objet et tout. Je lui dis, ok, mais dans ce cas-là, si t'en fais d'autres, tu les fais pareil. Et en fait, c'était la seule qui était comme ça. Il en avait fait d'autres, de vraiment la même forme, mais de couleurs différentes. Et c'était la seule qui n'avait pas été tournassée. Et c'est là où je me suis dit, mec, tu nous emboucanes un peu. T'as oublié de tournasser ta pièce, elle est émaillée, c'est trop tard, et en fait t'essayes de nous dire que c'est un concept. Et je comprends un peu ce truc de, à la fois le défaut de faire l'histoire de la pièce, et à la fois, il n'empêche que la maîtrise de la matière à son paroxysme, ça montre votre expertise. Et c'est marrant, j'ai une anecdote qui vient d'un épisode de podcast qui date de 2020. avec Tipeee Atelier, donc ils sont des souffleurs de verre. Et à l'époque, je posais la question sur les idées reçues qu'on pouvait avoir sur un métier. Et il me raconte, il me dit, il y a des gens qui pensent que mes pièces, parce qu'elles n'ont pas de bulles, elles ne sont pas, ce n'est pas des pièces soufflées. Et il y a des gens qui pensent qu'une pièce soufflée, c'est une pièce avec des bulles. Et il dit, mais non, une pièce soufflée avec des bulles, c'est soit un choix esthétique, soit une pièce ratée.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et en fait c'est si drôle !

  • Speaker #0

    Mais après je trouve ça normal, on se positionne d'une façon ou d'une autre. Après il y a le bel échec.

  • Speaker #1

    La tarte à thym quoi ! Oui,

  • Speaker #0

    voilà. Non mais se libérer un peu, il y a un entre-deux peut-être, il y a un positionnement à trouver, mais je trouve qu'il n'y a pas de bonne réponse. Il n'y a pas de bonne réponse. Mais par contre je reviens juste sur la question que tu disais, comment on sait qu'une pièce par quelqu'un est réussie ? En fait, ça me fait penser à ce que je disais tout à l'heure sur ce que tu apportes au savoir-faire, dépendamment de ce que lui peut t'apporter, de ce que tu auras appris, de ce qu'on t'a appris. Et on parlait des céramistes qui sont, comme tu l'as dit, très nombreux. Et je trouve que là, il y a aussi un sujet, chez les céramistes en particulier, c'est quand tu deviens céramiste, qu'est-ce que tu apportes à la céramique ? Et je pense que certains pourraient développer cette question-là, parce que du coup, moi je trouve que c'est la pâte que tu apportes au savoir-faire. qui va donner aussi sa valeur. Quand tu identifies, ça, c'est un tel. Je trouve que c'est beau quand même. Quand tu arrives à te différencier, ça peut être sur un détail, mais je trouve qu'en tant qu'artisan d'art, c'est important de se positionner sur ça, sur, encore une fois, ce que tu apportes et comment on t'identifie.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, on en revient à notre sujet de communiquer et montrer son travail. Si tu as une vraie orientation artistique, En fait, les gens peuvent te copier, mais pour eux, ça va être brouillon. Et pour toi, ça va être très...

  • Speaker #0

    Si c'est vraiment... S'il y a une patte, s'il y a quelque chose. Après, il y a aussi la propriété intellectuelle. Enfin bon, je veux dire, il y a des choses... En plus, aujourd'hui, on communique par mail, par les réseaux, par un machin. C'est assez facile à dater. Enfin, ouais, je trouve que c'est un peu craindre pas grand-chose, quoi. Enfin, chacun se positionne bien comme il veut, surtout.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Il y a une question qui est, quels sont tes futurs pro... projets, les futurs projets que tu as envie de développer. Je crois que tu nous as déjà parlé d'un projet que tu aimerais développer. Est-ce que tu as d'autres projets sur lesquels tu aimerais travailler, que tu aimerais développer ?

  • Speaker #0

    Cette année, on a eu une idée un peu folle, mais je ne sais pas jusqu'où je peux te dire. C'est parce que c'est trop frais et de toute façon, je ne pourrais pas dire le nom, mais on a envie de partager la création artistique de certains projets qu'on va mener avec une tierce personne, qu'on appellerait peut-être ambassadrice. En l'occurrence, c'est une femme. Mais on n'a rien défini ensemble encore. Peut-être que finalement, ça va tomber à l'eau, etc. Mais on aime bien l'idée qu'il y ait quelqu'un comme ça, qu'on admire, avec laquelle on a déjà travaillé et qu'on aimerait travailler. Voilà, qu'elle ait comme ça, qu'elle puisse participer à un projet un peu plus, avoir son regard sur certains projets. Et notamment... sur le milieu du luxe, qui est vaste aussi, sur le retail, en fait, on aimerait bien travailler sur cette notion de présentoir, de scénographie, ouais.

  • Speaker #1

    Du coup, faire un projet à six mains qui vous permet encore une fois d'ouvrir vos chakras et de découvrir un autre univers.

  • Speaker #0

    Ouais, en étant fidèle à nous, mais d'avoir un regard bien particulier, une expertise, en fait, qu'on n'a pas forcément et qui, je pense, peut être nourrissante, peut nous nourrir mutuellement. En tout cas, on est vraiment... On défend très fort la collaboration. C'est à chaque fois là que les choses se font et que les choses deviennent plus intéressantes encore. C'est vraiment un truc qu'on a appris au fil des années.

  • Speaker #1

    Moi, je pense que c'est la collaboration, c'est la richesse. C'est que tu arrives dans l'univers de quelqu'un d'autre et ce que tu disais, c'est la créativité, elle est aussi dans la contrainte. Et moi, je suis persuadée de la valeur ajoutée, de collaborer avec quelqu'un. Mais on parle de créativité, mais même d'un point de vue marketing.

  • Speaker #0

    Il y a plein de façons de collaborer, de plein de façons différentes. Ça peut être des collaborations avec un autre artiste sur une pièce. Ça, vraiment, nous, on adore. On adore ça. On adore se challenger sur aussi... Par exemple, on fait surtout des formes plutôt géométriques, plutôt, je dirais, s'il fallait nommer une inspiration, on serait un peu art déco. C'est un peu banal, mais c'est vrai, c'est comme ça. Et là, par exemple, on a travaillé, et on travaille encore sur des pièces avec Victor Cadenne. Un artiste avec lequel on adore travailler parce qu'il a un univers qui est complètement différent du nôtre, très figuratif, très inspiré de l'histoire. Et en fait, du coup, on est sur vraiment des antipodes en termes d'esthétique. Et j'adore, j'ai adoré émailler ses pièces. Lui, du coup, c'est par notre savoir-faire qu'il y trouve du sens pour ses pièces et pour ses dessins. Ça, c'est riche, ça, c'est intéressant parce qu'on sort de notre zone de confort en dessinant. Je ne sais pas, j'ai dessiné des animaux. C'est toujours complètement onirique. Enfin, je ne saurais pas. Il saura plus décrire son propre travail, peut-être. Mais en tout cas, c'est frais, c'est rafraîchissant. Et je pense qu'on s'apporte mutuellement et j'espère que ça transpira à travers les pièces qui vont bientôt être... Elles sont produites, mais qui seront bientôt dévoilées. On va dire.

  • Speaker #1

    Vous allez bientôt nous faire des résidences d'artistes,

  • Speaker #0

    en fait. Alors, je ne sais pas comment ça peut s'orchestrer, étant donné mon rôle, on l'évoquait tout à l'heure, de mère. Déjà. Donc, rôle de maman. Et puis, en tant qu'Emmailleuse sur lave, voilà, j'ai du mal à projeter. En tout cas, l'envie est là de faire plein de choses, de bouger, de sortir de l'atelier, de découvrir aussi peut-être dans d'autres pays. En plus, c'est une année, on a envie de faire plein de trucs avec Jess. Mais voilà, chaque chose en son temps. mais je pense qu'il y a plein de choses nouvelles qui pourront alimenter les prochaines années.

  • Speaker #1

    Eh bien, on arrive à la dernière question qui est, qu'est-ce que tu souhaites pour ton métier en général, ton univers, tes collègues, comme tu les appelles ?

  • Speaker #0

    Oui, j'aimerais bien que le savoir-faire transgresse un peu les lois de l'émaillage sur lave dans le temps, qu'elle aille sur des chantiers d'envergure aussi, parce que des fois, c'est ponctuel. Alors, il y a des gros projets qui sont, on va dire souvent les gros projets, ça va être une trentaine de plateaux en lave-maillé pour un restaurant, par exemple. Ça, c'est des très beaux projets dont mes collègues et nous-mêmes sommes gourmands. On a envie de beaux projets où on nous laisse une belle part de liberté aussi. Donc voilà, que ça prenne sens, qu'il y ait un peu plus de sens sur les projets qui arrivent et qu'ils ne soient pas juste cantonnés à un vieux souvenir d'Auvergne. Voilà. Ça se déploie sur des projets, je ne dirais pas au-delà de nos frontières. Franchement, je ne prône pas l'exportation dans quelque manière que ce soit. Je pense que chacun doit se concentrer un peu sur sa zone, pour toutes les raisons qu'on connaît. Après, répondre à la demande, oui, mais en tout cas, je pense qu'en France, il y a déjà beaucoup de choses à faire pour placer ce savoir-faire-là, qui mérite, parce que c'est assez illimité en termes de finition, de couleur et de fonction. Donc c'est ça, c'est juste voir ça développer, puis je serai contente d'y avoir un peu participé. Alors je ne sais pas dans quelle mesure j'ai pas de vision comme ça, de recul sur les années qui défilent en regardant ce matériau-là. Mais voilà, que chacun apporte sa pierre un peu à l'édifice pour que les choses aillent plus loin.

  • Speaker #1

    C'est un très beau mot de la fin. Merci beaucoup Lydia, merci pour ton temps, merci de t'être déplacée.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir. À bientôt. À bientôt, salut.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que ce deuxième épisode avec Lydia Belguittard, émailleuse sur live et designer, vous aura plu. Son histoire est un bel exemple de résilience et de passion pour son métier, un mélange unique de créativité et de tradition. Vous pouvez continuer de m'aider à faire découvrir les histoires d'artisans au plus grand nombre en mettant une note, un commentaire et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. Vous pouvez nous retrouver sur Instagram pour découvrir le métier en images. Nous sommes toujours heureux de recevoir vos témoignages et vos ressentis sur les épisodes de podcast. Si vous avez envie de nous transmettre un message, vous pouvez nous écrire à podcast.histoired'artisan.com En attendant, je vous dis à bientôt avec une nouvelle histoire.

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