- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans mon atelier.
- Speaker #1
Bienvenue dans le podcast d'Histoire d'artisan. Je suis Lisa Millet, présidente de l'association Eponyme. Histoire d'artisan valorise l'ingénierie des artisans d'art en mettant en avant l'innovation et la recherche au sein des ateliers. Aujourd'hui, je vous emmène à la découverte d'un univers fascinant, celui de l'émaillage sur lave, en compagnie de la talentueuse Lydia Belguitard. Dans cet épisode, Lydia nous explique comment l'émailleur sur lave travaille cette roche volcanique unique. pour créer des pièces d'une incroyable résistance, tout en nous dévoilant les secrets de l'émail, un matériau fascinant aux propriétés aussi bien artistiques que pratiques. Entre tradition ancestrale et technique moderne, elle nous emmène dans les coulisses de son atelier et nous révèle pourquoi la lave est surnommée la pierre éternelle. Belle écoute !
- Speaker #2
Bonjour Lydia, et pas bienvenue dans ton atelier parce qu'on est chez moi. Donc, tu nous mens ? Mais bon, c'est un peu de ma faute.
- Speaker #0
C'était plus pratique.
- Speaker #2
Oui, franchement, merci de venir jusqu'à moi parce que ça faisait un bout de temps que je voulais venir jusqu'à toi.
- Speaker #0
Mais c'est vrai que c'est compliqué d'arriver en centre-Bretagne. Je sais que ça freine énormément de gens. C'est comme ça.
- Speaker #2
Donc, Lydia, tu es émailleuse sur lave et designer. Tu vas, dans ce premier épisode, nous raconter ce qu'est le métier d'émailleur sur lave.
- Speaker #0
L'émaillage sur lave...... C'est un procédé qui consiste à déposer de l'émail sur la roche volcanique, en l'occurrence sur une roche volcanique française. Nous, on garde ce principe-là parce qu'il y a d'autres volcans dans d'autres pays, le plus connu étant aussi l'Etna, avec pas mal d'émailleurs sur lave en Italie. Mais voilà, le principe, c'est qu'on peut émailler sur cette roche qui est la seule pierre naturelle qui peut subir une cuisson. Donc voilà, on a l'habitude de voir l'émail, on utilise le même type des mots. que les céramistes, sauf que cette fois-ci, au lieu d'être sur de la terre, c'est sur de la pierre. Donc le process est un petit peu différent, les applications sont différentes et les qualités intrinsèques après des pièces sont différentes aussi.
- Speaker #2
Mais quand tu dis c'est la seule pierre, l'argile, c'est de la terre, c'est pas de la pierre. C'est de la terre,
- Speaker #0
mais bon, parce que la terre finalement c'est composé aussi de pierre. On est sur deux familles, on est cousins, on est vraiment cousins, sauf que les propriétés des matériaux sont différentes, c'est-à-dire que, et notamment, c'est les coefficients de dilatation qui vont avoir un rôle important et qui font la différence aussi entre la terre et la pierre. La lave a un coefficient de dilatation qui est proche de zéro ce qui fait qu'elle résiste aux températures extrêmes, au gel, au chaud, aux acides aussi. On l'appelle la pierre éternelle d'ailleurs souvent et souvent le qualificatif qui est employé c'est inaltérable. Elle s'altère comme d'autres matériaux, chaque matériau a ses limites mais c'est quand même un matériau qui est très résistant et c'est Et pour ça d'ailleurs, on peut orienter plus vers de la lave émaillée que vers de la céramique selon les applications.
- Speaker #2
Peut-être que tu peux revenir sur ce qu'est de l'émail, parce que finalement les céramistes qui nous écoutent savent, mais il n'y a pas tout le monde qui est au courant de quoi est composé l'émail.
- Speaker #0
Donc l'émail, c'est en fait des poudres minérales. donc différentes compositions, différents minéraux. Selon les minéraux, ça va changer la composition de l'émail, il va falloir le cuire d'une façon ou d'une autre, selon la teinte, selon sa composition, avec des oxydes colorants. C'est un mélange de poudre, en fait, que nous on vient mélanger avec de l'eau, et qui, à forte température, va entrer en fusion et donc se vitrifier. Et en fait, c'est comme une couche de verre, c'est comme du verre en poudre qu'on applique sur la lave, où on est vraiment sur un matériau qui est purement minéral, couche de verre, entre guillemets. sur la lave.
- Speaker #2
Oui donc les propriétés de l'émail te permettent en fait de, parce que la lave c'est un peu poreux,
- Speaker #0
et en fait l'émail te permet de protéger on va dire d'une certaine manière la lave qui est poreuse. Effectivement la lave elle est poreuse, elle est très bulleuse donc elle va boire immédiatement l'eau, boire l'huile, elle va d'ailleurs conserver la chaleur ou le froid très longtemps, c'est un matériau qui reçoit quoi. qui fait un peu éponge. Et effectivement, l'émail qui va le recouvrir va le protéger, pas forcément l'hydrofuger, parce qu'en fait, sur le tressaillage qui est à la surface de l'émail, on peut quand même avoir des entrées de matière, en fait. Mais après, ça va dépendre des émeaux qu'on va utiliser. Grosso modo, sur un plan de travail, on peut quand même considérer que le plan de travail est imperméable.
- Speaker #2
C'est ce mot que je cherchais, imperméable. Merci. Trop bien. Du coup, tu nous as expliqué ce matériau spécifique. J'ai dans ma tête comme idée, vraiment, je pense que c'est une énorme idée reçue, que quand tu reçois de la lave, en fait, c'est un gros caillou aggloméré. Et je sais quand je vois vos œuvres que c'est tout plat. Donc, est-ce que vous, vous recevez des plaques de lave ou des gros cailloux à traiter ?
- Speaker #0
Alors, dans la carrière, donc chez notre fournisseur, effectivement, lui, il est dans la carrière, donc il va débiter des gros... Caillou, comme tu dis. Voilà, des grosses masses de pierres. Sauf que lui va venir avec tout son équipement, parce que du coup, il y a des commandes numériques, puis tout plein d'équipements que je ne saurais pas détailler. Mais en fait, nous, on commande les formats adaptés à notre four. Donc, les épaisseurs, les dimensions, les formes. Parfois, s'il y a des formes un peu particulières, on peut tout à fait envoyer un fichier 3D. Et puis, lui, il nous le débite à la commande numérique. Donc, nous, on reçoit effectivement des plaques, en fonction de nos demandes. Donc en fait, il peut débiter des formes un peu spécifiques avec des perforations un peu particulières selon les projets. Et après, nous, la majorité du temps, en fait, on commande une plaque avec le format maximal que peut accueillir notre four. On les reçoit comme ça et nous, on fait le façonnage. Après, à l'atelier, parce que nous aussi, on a des débiteuses à eau, meuleuses avec des disques diamants. Donc la plupart du temps, c'est nous qui faisons nous-mêmes, qui donnons la forme aux pièces qui sortent de l'atelier. Mais voilà. On demande une épaisseur particulière, le plus souvent 15 mm, c'est vraiment l'épaisseur parfaite pour le carrier comme pour nous, mais après ça peut descendre à 10, ça peut monter à 35, voire plus, en fonction des projets encore une fois.
- Speaker #2
Et du coup, quand tu dis en fonction des projets, c'est quand tu lui commandes, en gros quand tu as un client qui te dit moi je veux tel projet, tu ne peux pas lui dire ok ce sera prêt dans une semaine parce qu'il faut d'abord que tu passes par la commande de la pièce.
- Speaker #0
Oui, alors évidemment, comme je te disais, souvent on commande des palettes complètes avec notre forme maximale de four. Donc on a toujours un stock à l'année avec lequel on tourne et on a rarement besoin de commander ponctuellement auprès de notre carrier. On fait avec ce qu'on a et en fait on anticipe si on voit que la palette commence à diminuer. On a toujours un minimum sécure pour répondre à la demande immédiate et pouvoir du coup être réactif.
- Speaker #2
L'émail, on ne l'a pas précisé tout à l'heure, mais il nécessite d'être cuit.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #2
Pour ça, tu as une taille de four.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #2
Parce qu'un four de céramiste, c'est un four souvent rond.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #2
ou sur lequel tu peux faire des étages, qui est un peu haut.
- Speaker #0
Toi,
- Speaker #2
c'est exact ? Enfin, j'imagine que non, parce que tu ne fais pas des trucs ronds. Eh bien,
- Speaker #0
oui, vu qu'on travaille effectivement en forme de plaque, nous, on a ce qu'on appelle un four valise, c'est-à-dire qui s'ouvre par le haut. Je fais le geste, mais personne ne me voit. Mais un four valise qui permet de cuire des plaques, un peu comme les verriers, en fait. OK,
- Speaker #2
qui est anti-fond du fusing.
- Speaker #0
Voilà, ou ceux qui travaillent la pâte de verre.
- Speaker #2
Ou les vitraillistes.
- Speaker #0
Oui, voilà. Donc c'est des fours vraiment valises, dans lesquels on peut quand même, comme les fours des céramistes, mettre des petits plots, cumuler plusieurs pièces. Donc soit on optimise comme un Tetris dans le four, soit on a des grandes plaques qui, elles, prennent l'entièreté de l'espace. Et donc c'est un four, nous on a un four électrique, qui monte. Nous, en tant qu'émailers sur lave, on dit qu'on cuit à basse température. On frôle les 1000 degrés, mais on n'y va pas. Donc ok à basse température mais parce que c'est le point de fusion de notre émail et c'est pas encore le point de fusion de notre lave. Donc on est entre les deux et c'est là que tout se joue en fait.
- Speaker #2
Ok donc ça veut dire que si tu le dépasses, si ton four il pète un câble, t'as plus de lave.
- Speaker #0
La lave elle va rentrer en fusion d'une certaine manière, ça m'est jamais arrivé. J'ai pas d'exemple autour de moi bien que mon fournisseur, je sais pas, il a une technique un peu particulière où il fait rentrer en fusion je crois le dessus de la lave. Mais il saurait mieux en parler que moi, je vais pas rentrer dans... Non ça mais... Oui il a un projet comme ça effectivement où c'est le dessus de la lave qui rentre en fusion. Non mais je vais pas rentrer dans le détail de ça, je sais pas mais c'est très beau.
- Speaker #2
Donc t'as tes stocks de plaques que toi tu peux redécouper derrière. Alors moi je suis toujours fascinée par vos vidéos sur Instagram. Je trouve que tu as l'impression de tout rendre bien dans les cases. Tu mets une goutte et puis ça prend la place.
- Speaker #0
Oui, c'est vraiment une technique particulière qui s'appelle le cloisonné. Effectivement, on cloisonne, on crée des petites cases, comme tu dis, dans lesquelles on va déposer l'émail. Alors, dans une certaine mesure, l'émail tient dans la case parce qu'on dépose avec délicatesse, mais ça nous arrive. régulièrement sur deux cases qui vont rentrer en fusion avec deux couleurs différentes. Et là, c'est catastrophe. Donc là, on entend quelques cris dans l'atelier parce qu'il faut être en plus patient. Il faut attendre le lendemain pour rectifier ou alors tout enlever. Enfin, c'est jamais cool, quoi.
- Speaker #2
Et pour rectifier, il faut que tu découpes l'émail ?
- Speaker #0
Non, en fait, si tu veux, quand on dépose l'émail sur la lave, c'est donc un mélange de poudre et d'eau. Donc un peu comme une pâte à gâteau, mais assez liquide, plutôt crêpe. Donc on dépose notre émail. et on doit attendre qu'il sèche, donc le lendemain le plus souvent. Et du coup, ça redevient de la poudre, mais agglutinée. Je ne sais pas quel terme employer, mais qui fait qu'en fait, on peut gratter. Tu vois, on souffle, on gratte, on souffle. Et là, on dit qu'on vient sculpter l'émail parce qu'en fait, on peut le rectifier. S'il y a une petite bavure, on vient lui redonner une forme, une belle courbe qui ne serait pas très belle à la pose. Elle peut le devenir le lendemain.
- Speaker #2
C'est vraiment comme les céramistes.
- Speaker #0
Du coup,
- Speaker #2
je continue dans le parallèle avec les céramistes. Oui. Vous êtes... comme eux, c'est-à-dire que vous lancez votre four en partant de l'atelier le soir.
- Speaker #0
Ouais, aux heures creuses. C'est ça.
- Speaker #2
C'est moins cher.
- Speaker #0
Bah oui, oui. C'est moins cher. Du coup, une cuisson dure environ 9 heures. Et effectivement, après, on ouvre le four qu'en fin de journée, le soir du lendemain, quoi. Ah ouais ? Ouais, le temps que le four redescende en température. Il monte, on va dire, à 990 degrés et on attend 250 degrés pour ouvrir le four. Il y a plusieurs raisons à ça. C'est le choc, évidemment, thermique à éviter. Et aussi le thermomètre qui s'abîme quand on ouvre le four à une température un peu trop élevée. Mais je reviens sur le parallèle que tu fais avec les céramistes. Parce que je crois que ce qui nous différencie pour avoir discuté beaucoup avec eux lors de salons, etc. C'est justement cette technique du cloisonné, la pose. Je crois qu'ils nous envient assez cette technique parce qu'en fait, contrairement à la terre, notre pierre ne boit pas immédiatement l'eau contenue dans l'émail. Ce qui fait qu'on travaille bien à plat avec un niveau parce que sinon, ça coule. Et en fait, ça nous permet de faire cette technique du cloisonné alors qu'eux ont une terre qui boit immédiatement l'eau. Ce qui fait qu'ils ne peuvent pas travailler l'émail sur le dessus de la même manière que nous. Souvent, ils font des cloisonnés. Pareil, je ne suis pas céramiste, mais j'ai souvent entendu à la cire, des choses comme ça un petit peu plus galère. J'ai l'impression que nous, c'est vraiment un trait de feutre sur la lave.
- Speaker #2
J'allais te demander concrètement en quoi ça consiste un cloisonné.
- Speaker #0
Cloisonné, donc en fait, une fois que la pierre est préparée, c'est-à-dire qu'elle a subi une première cuisson avec un bouche-port, qui est pareil, c'est des poudres minérales. Une fois que ce bouche-port est cuit, On obtient une surface bien plane sur la lave. Et en fait, on vient avec un feutre, qui est en fait un marqueur. Ce n'est pas un feutre exceptionnel, c'est un marqueur. Ça peut être aussi même un crayon de papier. Tant que le corps est un peu gras, ça vient du coup barrer la route à l'eau contenue dans l'émail. Et c'est ça la technique du cloisonné, c'est qu'on vient jouer un peu avec la physique des corps. Un corps gras et l'eau, qui viennent en tout cas se heurter l'un à l'autre.
- Speaker #2
Ok, je comprends très bien. Tu me disais en off aussi, on parlait un peu de ce métier et on parlait du fait que... il avait évolué et tu parlais d'un mot que je n'arrive pas à dire, désuétude. Tu disais que c'était quand même un métier qui était assez désué.
- Speaker #0
Oui, je dirais que, mais je pense que c'est assez unanime chez les émailleurs, en tout cas avec lesquels je peux échanger. C'est vrai que la lave-émaillée, elle était un petit peu cantonnée à l'objet souvenir d'Auvergne. Il y a toujours des ateliers qui tournent bien d'ailleurs avec... Ce principe de petit objet, on va en Auvergne, on repart avec une lave-émailée, avec la chaîne des puits. C'est bien parce que c'est quelque chose de vernaculaire. Enfin, vraiment, c'est leur héritage aussi. Donc, c'est toujours sympa de repartir avec une lave-émailée. Mais du coup, il y a un petit côté un peu kitschou qui laissait une porte ouverte énorme à des projets beaucoup plus contemporains, beaucoup plus ambitieux, artistiquement parlant. Donc en fait, c'est par ce biais-là que nous, on est rentrés, je dirais, dans cette grande famille des émailleurs sur lave et qu'on essaye de faire quelque chose qui puisse entrer plus dans le champ du contemporain que l'objet souvenir d'Auvergne. Qui, voilà, encore une fois, a toute sa place, mais il y avait un truc à faire, quoi.
- Speaker #2
Il y en a beaucoup des émailleurs sur lave en France ?
- Speaker #0
Alors, je n'ai pas le chiffre de l'INMA, mais qui n'est plus l'INMA.
- Speaker #2
L'ISFF, l'Institut des savoir-faire français.
- Speaker #0
Où je crois qu'on est entre 100 et 150 en France, tout de même. Mais voilà, il y a effectivement une partie de petits ateliers locaux, plutôt sur l'objet décoratif, vraiment lié à la chaîne des puits, à son histoire. Et après, il y a un grand pan d'émailleurs grande surface, qui eux ont un beau champ aussi d'application dans l'architecture intérieure, où on est vraiment sur des pièces massives, mais souvent très monochrome, avec un beau tressaillage d'un émail blanc. Enfin, c'est toujours très beau. toujours des pièces quand même un peu hors normes. Et après, il est resté un peu, je dirais, l'entre-deux. C'est-à-dire la pièce un peu travaillée au cloisonné, mais qui rentre quand même dans l'architecture d'intérieur d'aujourd'hui et qui ne soit pas des grosses pièces massives. En fait, il y a ces trois échelles-là, dont certaines étaient peut-être peu explorées. Pour moi, c'est ça. Après, c'est mon point de vue aussi sur ce savoir-faire-là, dans lequel je suis rentrée quand même assez tardivement. Mais c'est pour moi les trois grandes familles de l'émailage sur lave.
- Speaker #2
Quand tu en parles... Tu parles beaucoup de surface plane. Vous ne pouvez faire que ça ?
- Speaker #0
Alors non, mais quand même. On pourrait envisager, on envisage, ça a été envisagé. Il y a des émailleurs qui sont émailleurs sculpteurs, qui vont sculpter la lave. Parce que c'est quand même par ça qu'on a commencé à découvrir la lave. C'est quand elle est seule, est sculptée, et on peut l'émailler. Voilà, moi personnellement, je ne travaille pas comme ça. Je travaille vraiment sur des surfaces planes, mais on pourrait tout à fait imaginer un espèce de bas-relief ou créer des décaissés qui pourraient faire jouer sur différents niveaux. En fait, tout reste un peu à explorer, je trouve, sur le champ de l'artistique en lave-émailé. Parce qu'il a été beaucoup utilisé pour de la signalétique, pour des plans de travail, pour de l'objet souvenir. Mais l'aspect artistique, je trouve, a été un petit peu mis de côté. Alors, il y a quand même des personnes, évidemment. qui font des très belles choses, et notamment je pense à Laurence Castanier, qui a un nom assez majeur dans les maillages sur lave, parce qu'en fait elle fait partie de l'école de Volvic, elle est formatrice dans les maillages sur lave, elle a une histoire familiale qui est rattachée à la lave depuis longtemps, et elle, elle fait des pièces artistiques avec sa patte, qui est très reconnaissable, et en même temps elle a à cœur vraiment cette notion de transmission, elle est toujours là pour tout le monde, pour donner les bons conseils, puisqu'à la fois elle a le côté artistique et à la fois technicienne.
- Speaker #2
Mais tu ne peux pas faire un bol émaillé.
- Speaker #0
Alors si,
- Speaker #2
oh si,
- Speaker #0
mais ça va être par exemple plutôt au pistolet du coup, parce qu'en fait l'émail va couler. Donc on parlait de la technique du cloisonné, mais il y a aussi d'autres techniques, dont celle du pistolet. Donc concrètement c'est comme quand on peint une voiture, voilà la peinture là. On peut aussi le faire avec un émail et du coup on passe des couches successives, c'est comme ça qu'ils émaillent les plans de travail d'ailleurs. Donc sur un bol on peut imaginer passer plusieurs couches successives pour que l'émail en fait petit à petit s'assèche tellement immédiatement que ça tient sur la pierre quoi. Mais on ne peut pas, comme un céramiste, venir baigner le bol en lave dans un bain d'émail. Parce que là, pour le coup, ça ne boit pas. Mais on peut imaginer ça, on peut imaginer aussi être patient et se dire que le bol, on émaille une tranche, on le tourne un peu, on émaille une autre tranche. Enfin, je suis en train de me projeter sur un projet un peu fou que tu me proposes là. Mais ça a dû être fait aussi. Et après, il y a aussi des céramistes qui utilisent la lave en poudre comme émail. Donc, par exemple, on a Monsieur Le Bouteiller, qui est un céramiste de Volvic. Il prend de la lave en poudre et il le met sur ses céramiques, en fait. Donc, en fait, il utilise la lave en émail. Oh, wow ! Ouais. Donc, en fait, il y a un champ des possibles qui est un peu sans fin. Et il faut juste avoir un peu de temps devant soi pour fouiller, quoi. Ce qui n'est pas toujours le cas. D'ailleurs, c'est un peu difficile de trouver. Même quand bien même on a envie d'expérimenter des choses. Après, avec la vie de l'atelier, ce n'est pas facile,
- Speaker #2
quoi. C'est un vrai sujet chez Histoire d'artisanat. Ouais, ouais. Ok, donc on a parlé un peu des différentes façons d'aborder la lave et l'émaillage sur lave. Et donc toi, tu disais vraiment qu'il y a un champ qui est complètement ouvert, assez peu exploité entre la décoration sur lave et vraiment la lave dans l'architecture.
- Speaker #0
Oui, je crois que vraiment, pour faire vraiment le lien entre l'émaillage sur lave, La décoration, le design et l'architecture intérieure, en fait, c'est vraiment, on est sur des dialogues qui sont hyper intéressants et pas suffisamment exploités d'après moi. Mais ça veut dire aussi qu'en tant qu'émailure sur lave, il faut avoir aussi une connaissance, je dirais, du milieu de l'architecture intérieure. Donc on ne peut pas non plus être partout. C'est vrai qu'on ne peut pas demander à un émailure sur lave qui est formé, qui n'a pas un parcours de designer ou un parcours d'architecte intérieur. Et je pense que c'est ça qui, conjugué, peut donner des choses. Ou alors, il faut vraiment... qu'il y a un échange entre l'architecte intérieur et les mailleurs sur lave et de vraiment essayer d'emmener le projet le plus loin possible. Mais c'est vrai qu'en ayant les mêmes langages, c'est plus facile pour pouvoir vraiment faire entrer ce savoir-faire-là dans le milieu de la décoration.
- Speaker #2
Moi, je trouve que c'est un vrai sujet qu'on essaye d'aborder chez Histoire d'artisan, mais qui est sans fin et qui est quand même assez lourd. On reste une association avec des bénévoles, donc on essaye aussi d'agir à notre niveau. Mais ce que tu parles de ce langage, je pense... La vision que j'ai quand même, c'est que dans les écoles, je trouve qu'il y a encore des lacunes. Oui, des lacunes. Tu as une première lacune qui est sur l'entrepreneuriat.
- Speaker #0
On ne sait pas d'en quoi on met les pieds. Oui. Quand bien même il y a des cours, c'est vrai que quand on est à l'école, quand on a des cours de gestion, juste on se dit, oh là là, on n'est pas raccroché à la réalité, ça nous paraît loin. Et c'est essentiel. Oui. Et je crois qu'il y a un gap entre apprendre l'entrepreneuriat, mais en même temps réussir à... tenir les élèves pour qu'ils se sentent intéressés à ce moment-là, parce que c'est vrai que eux ne se projettent pas forcément tout de suite quand ils sont étudiants. Mais il faut quand même leur donner ces notions-là, mais non, c'est un vrai sujet, c'est clair.
- Speaker #2
Mais c'est un vrai sujet dans toutes les formations.
- Speaker #0
Oui, c'est un vrai sujet dans toutes les formations, mais il faut savoir que la lave-émaillée n'est pas enseignée, comme d'autres savoir-faire artisanaux peuvent l'être dans des écoles, parfois de design, les DNMAD, etc. Il ne faut pas être étudiant. pratiquer la lave-maillée, en fait, c'est une formation diplômante adulte, et il n'y en a qu'une seule, qui est à Volvic. Donc, en fait, ce qui arrive, et c'est là aussi que, du coup, tout peut un peu s'expliquer, c'est que beaucoup de personnes arrivent en ayant déjà un... J'allais dire... J'ai ce mot-là qui revient, background, désolée.
- Speaker #2
On te l'autorise.
- Speaker #0
En ayant déjà eu, en fait, une vie professionnelle, un parcours tout autre, et beaucoup arrivent dans cette formation diplomante,
- Speaker #2
du coup... Oui, avec l'art historique, quoi, et l'art richesse.
- Speaker #0
Et du coup, pas forcément connectés, je pense, c'est un point de vue, encore une fois, au milieu artistique dès le début, ou aux enjeux qui devraient être les nôtres en tant qu'artisans d'art. Mais là, je réfléchis en même temps qu'on échange, tu vois.
- Speaker #2
effectivement du coup ça s'explique un peu que ça reste une formation adulte donc avec beaucoup de réorientation sur des métiers qui étaient complètement différents à la base et pourtant on aurait tendance à dire que les formations de reconversion c'est quand même moi je trouve des formations hyper riche dans le sens où justement tu viens avec ton historique avec ton passé j'ai un exemple d'une stagiaire qui était passée à l'atelier qui s'appelle melissa que j'aime beaucoup qui elle justement elle avait un parcours dans le marketing
- Speaker #0
la communication qu'elle a voulu quitter, qui s'est réorientée vers la taille de pierre. Donc, elle est sculptrice. Elle me pardonnera si je n'utilise pas les bons mots pour expliquer sa profession aujourd'hui, mais elle est sculptrice et elle a fait cette formation sur l'AVE pour apporter quelque chose en plus à ses sculptures. Mais du coup, voilà, elle avait un pied quand même déjà dans la communication. Et ça, ça apporte aussi. Ça apporte vachement.
- Speaker #2
Je pense que c'est frustrant pour les artisans qui baignent dedans depuis le post-bac, voir... avant le bac, mais quand t'as eu un métier de communicant, de gestionnaire d'entreprise, de financier, en fait, t'arrives avec des avantages.
- Speaker #0
T'as des clés que malheureusement t'as pas acquis, ou t'as peut-être loupé le coche facilement, parce que les choses vont quand même hyper vite. Nous, on essaye de rester connectés avec notre temps pour essayer de suivre le rythme. Je suis pas vieille, je suis pas jeune non plus. Et du coup, on est au cœur de l'intelligence artificielle. bah ouais mais il faut prendre le train en cours et puis bénéficier de tout ce que ça peut apporter enfin là c'est un point de vue je pense qu'il y en a qui vont pas du tout d'accord avec moi mais moi j'y ai vu déjà des bénéfices et je suis contente de pas faire partie aussi des métiers qui vont malheureusement en souffrir là en tant qu'émailleuse sur lave je me sens assez safe mais il y a tout l'à côté en fait ouais mais c'est marrant parce que on va lancer un débat dès l'épisode 1 ce qui arrive assez rarement mais c'est marrant parce que en
- Speaker #2
fait historiquement... Les artisans ont été remplacés par les machines. Donc, on va dire que les faiseurs ont été remplacés par des machines. Ou les cols bleus ont été remplacés par des machines. Aujourd'hui, les cols blancs sont en train de se faire remplacer par des machines. Et ça choque tout le monde. Mais ça a choqué tout le monde aussi quand les cols bleus se sont fait remplacer. C'est vrai. Et il n'empêche que ce qu'il en est resté, c'est le travail à valeur ajoutée. J'ai un peu ce sentiment de me dire, en fait, si les cols blancs se font remplacer par les machines, peut-être qu'on va... arrêter d'avoir un discours de l'artisanat, c'est une voie de garage, mon enfant, tu ne vas pas devenir artisan, tu ne vas jamais t'en sortir, et peut-être que ça va permettre de valoriser les métiers de la main.
- Speaker #0
C'est intéressant comme point de vue. C'est vrai que je n'avais pas forcément creusé sur cette réflexion que je trouve très intéressante. C'est des mutations, et comme toute chose, elles ont des points positifs comme négatifs, mais quand je vois, je donne un exemple, justement, on revient un peu à cette notion de marketing ou de conseiller. Quand je vois, je ne vais pas nommer l'appli, mais une AI qui arrive à me dire, bon ben voilà, pour ton prochain événement, je te conseille de faire ça, de faire ci, de faire ça, ça, ci, de le faire comme ça. Encore une fois, c'est toi qui te positionnes. Elle veille bien à te dire que ce soit juste des conseils. Mais du coup, je prends parce que je n'ai pas le temps. Encore une fois, le temps et l'artisanat, c'est encore un sujet. Je délègue volontiers, mais ça va énerver tout le monde ce que je dis.
- Speaker #2
Ah non, mais moi, je consomme l'intelligence artificielle, mais à toutes les sauces. Mais vraiment ! Et en l'occurrence, je suis dans le même avis que toi. C'est genre, si tu fais l'autruche, à un moment, ça va te retomber dessus.
- Speaker #0
Et là, en fait, ça te donne un temps, des conseils qui sont plutôt judicieux. Ça te libère du temps pour être créatif et pour développer ton savoir-faire.
- Speaker #2
Mais je vais même aller plus loin que ça. C'est que si tu avais pris un consultant pour t'aider à imaginer ton événement, il aurait utilisé l'intelligence artificielle pour imaginer ton événement. Donc en fait, tu es en train de gagner de l'argent et du temps parce que tu aurais dû briefer. le consultant, t'aurais pris du temps alors que là t'as fait un petit prompt.
- Speaker #0
Bim ! Bim ! Bim !
- Speaker #2
Épicace, pas cher !
- Speaker #0
Non mais ouais, voilà. Donc c'est vrai que j'ai des neveux d'ailleurs qui veillent à ça, à ce que je reste toujours un peu dans le game quoi. Donc voilà, c'est vrai que c'est des sujets qui sont intéressants et je pense que ça mérite de pas les balayer d'un revers de la main quand on est dans un atelier et d'en rire ou de voilà, mais de prendre le point et de vraiment savoir ce qu'on rejette. Parce qu'on peut évidemment rejeter ce truc, mais réfléchir aux choses en fait. pour voir comment elles peuvent apporter.
- Speaker #2
En tout cas, c'était hyper intéressant. Merci beaucoup, Lydia.
- Speaker #0
Je t'en prie. Merci à toi.
- Speaker #2
Et je te dis à très vite pour le second épisode. Salut. A bientôt.
- Speaker #0
Salut.
- Speaker #1
Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que ce premier épisode sur le métier avec Lydia Belguitard, émailleuse sur lave et designer vous aura plu. Dans le prochain épisode, elle nous racontera le chemin qu'il a mené à combiner son amour du design et de l'artisanat. Vous pouvez continuer de m'aider à faire découvrir les histoires d'artisans au plus grand nombre en mettant une note, un commentaire et en vous abonnant sur votre plateforme de streaming préférée. Vous pouvez nous retrouver sur Instagram pour découvrir le métier en images. Nous sommes toujours heureux de recevoir vos témoignages et vos ressentis sur les épisodes de podcast. Si vous avez envie, vous pouvez nous transmettre un message en nous écrivant à podcast.histoirel'artisan.com A bientôt avec une nouvelle histoire !