En route vers Paris 2024 - Avec Charles Noakes et Mourad Amrani cover
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Hors-Champ

En route vers Paris 2024 - Avec Charles Noakes et Mourad Amrani

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33min |14/08/2024
Play
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En route vers Paris 2024 - Avec Charles Noakes et Mourad Amrani

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33min |14/08/2024
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Description

Dans cet épisode de Hors-Champ, nous avons le plaisir d'accueillir Charles Noakes et Mourad Amrani, un duo déterminé à marquer les Jeux Paralympiques de Paris 2024. Charles, athlète de para-badminton, et son coach Mourad nous plongent au cœur de leur préparation intense pour cet événement mondial. Ils partagent avec nous les défis qu’ils rencontrent, l’importance de la stratégie, et la résilience nécessaire pour viser l'excellence. Une conversation inspirante sur le chemin vers Paris, où chaque détail compte et où l'esprit d'équipe est plus crucial que jamais.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode d'Hors Champs, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du sport de haut niveau. Dans cet épisode, on est en compagnie de Charles, qui participera cette année aux Jeux de Paris, et de Mourad, son entraîneur. Est-ce que peut-être pour commencer, Charles, vous pouvez nous parler un petit peu de votre parcours sportif jusqu'à présent et comment on en arrive jusqu'aux Jeux Olympiques ?

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, je m'appelle Charles Noc, j'ai 26 ans, je suis sportif d'Haut-Niveau. On parle de badminton, c'est du badminton pour une personne en situation de handicap. Le badminton, ça fait 6 ans que je le pratique. J'ai commencé en octobre, novembre 2017. J'ai d'abord commencé à jouer en tant que loisir. Parce que de base, je suis quelqu'un de très sportif, j'ai fait beaucoup de foot. J'ai fait 2 ans de foot, j'ai fait 3 ans de tennis. ans de judo, j'ai fait du tennis de table aussi donc je suis quelqu'un de très sportif et après avoir arrêté le judo je voulais me lancer dans une nouvelle expérience et j'avais un bon niveau en badminton au collège ou lycée et du coup après avoir arrêté le judo je me suis dit qu'est ce que je peux faire donc je me suis lancé dans le badminton J'ai pris une licence dans le club de Saint-Herblain. Je m'entraînais le lundi soir et le vendredi soir. Ensuite, c'est mon ancien entraîneur et mon président du club qui m'a proposé d'essayer du para-minton, parce qu'il voyait que j'avais un déclin par rapport à la taille. Et dans le para-minton, il y a une catégorie pour les personnes de petite taille. Je suis quelqu'un de très curieux, très ouvert. J'ai dit oui. Je suis venu un mercredi soir au club, c'était vers 20h. Je jouais contre des personnes en fauteuil roulant, des personnes avec des prothèses. Et je trouvais l'ambiance. très très bon enfant chacun chacun se charrier chacun se moquer les uns des autres mais c'était toujours bon enfant donc c'était des énormes bien ce qui me plaisait bien et je me sentais vraiment intégré vraiment à l'aise donc je continue à faire des entraînements le mercredi soir et au fur et à mesure il faut pour l'entraîner avec eux que j'étais bien bien investi bien bien bien encadré donc m'a proposé de décès de faire les champions de france mon premier champion de france tu as pertu en janvier 2010 est en 2018 par an et j'ai fait des bons matchs, j'ai fait des bons résultats, j'ai eu quelques médailles et à partir de là mon entraîneur de l'époque m'a proposé de bâtir un projet paralympique pour Paris mais le deal c'était d'abord que je finisse mes études donc j'ai fait une licence en management du sport à l'ISFAC à Nantes et je lui ai dit laisse moi faire mes études comme ça je suis tranquille parce qu'aujourd'hui c'est dur de vivre du para-badminton, du badminton mais aussi du handisport en général donc c'est important d'avoir un diplôme sur le coup de quoi aussi se passe quelque chose Et donc, quand j'ai fini mes études en juillet 2019, j'ai par la suite intégré le Pôle sport de Nantes en août 2019.

  • Speaker #0

    Et du coup, est-ce que vous avez rencontré Mourad ? Est-ce que vous l'avez rencontré au Crêpes de Nantes ou est-ce que vous l'avez rencontré avant ?

  • Speaker #2

    En fait, on s'est rencontrés lors d'un repas. avec Philippe, qui était le président du club de Saint-Herblain. On y a été conviés avec un entraîneur national sur un projet d'aide sur un fauteuil, un joueur en fauteuil. Et il y avait Charles. Il était là avec nous, il s'est présenté, on l'a rencontré. Il nous a bien fait comprendre qu'il fallait attendre un an. On a dit c'est long, un an, mais bon... Il a souhaité, et il avait raison, finir ses études. C'est important de finir ses études pour pouvoir se consacrer pleinement dans un projet de haut niveau. Et suite à ce repas, on s'est dit, bon, on verra. Puis un an plus tard, il a toqué à la porte. Coucou, c'est moi, Charles. Tu te rappelles ? On avait dit, je voulais venir. OK, alors Philippe, on s'est dit, bon, allez, viens avec les autres. Puis il est venu comme ça. Sur le pôle espoir, c'était l'ancien Krebs à Doulon. Et il nous a rejoints sur le pôle avec des entraînements quotidiens. Donc ça a été dur, mais il s'est accroché.

  • Speaker #0

    Comment vous décrivez votre relation à l'heure actuelle ? Est-ce que c'est de la confiance ? Vous rigolez tous les deux, donc il y a beaucoup de complicité,

  • Speaker #1

    je pense. Oui, il y a beaucoup de confiance. Mourad, c'est quelqu'un de très exigeant, très rigoureux. Moi aussi. Et ce n'est pas tous les jours facile. Il veut que j'exprime les meilleures de moi, donc c'est toujours plus, plus, plus, plus. Et c'est aussi un bon défi, donc ça montre que c'est important de travailler très dur au quotidien, se donner un 150% à chaque entraînement et vraiment se donner les moyens de réussir. C'est pas vrai, comme je l'ai dit, c'est pas tout le temps facile, parce que le haut niveau ça demande beaucoup de sacrifices, ça demande beaucoup de travail. Je pense que c'est pas donné à tout le monde, mais moi je suis quelqu'un qui... qui est un peu nouveau dans le haut niveau. Avant, je ne connaissais pas ce que c'était, parce que j'ai fait seulement des sports amateurs. Et découvrir le haut niveau, je me suis dit, c'est un nouveau défi. C'est un nouveau projet, c'est un projet ambitieux. On n'a pas la chance d'avoir un projet olympique ou paralympique. Donc cette chance-là, il faut la saisir, il faut se donner les moyens de réussir. Et ce qui est bien avec Mourad, c'est que c'est quelqu'un de très bienveillant, qui veut que tu réussisses, donc qui va tout mettre en place pour que tu sois dans les meilleures conditions possibles pour devenir un champion. Je le remercie de m'avoir tendu la main. C'est en partie grâce à lui que j'en suis là aujourd'hui. C'est aussi en partie grâce à lui que je vais sûrement participer au jeu par un pilote de Paris. La relation est très bien. Ce n'est pas tous les jours comme on le souhaite, mais c'est toujours pour mon bien à moi et aussi pour son bien à lui. Pour moi, un projet de haut niveau, c'est un projet commun. Chacun a des compétences. L'objectif, c'est de rendre deux. de les partager et de céder mutuellement vers un autre judice commun, d'être champion à Paris.

  • Speaker #2

    Il ne dit pas tout. En fait, je vais avouer, il est têtu, je suis têtu. On est têtu et déterminé. Et du coup, ça tire l'un et l'autre vers le haut. Et son objectif principal, ça reste la perf. Et du coup, ça motive au quotidien de le pousser, de le pousser. Parce que... Derrière, il va pousser, pousser pour que tout autour de lui avance. On se complète beaucoup sur beaucoup de schémas, surtout sur la volonté d'aller chercher des médailles et d'aller briller à Paris. Il se donne énormément de moyens et du coup, c'est très facile de le suivre. Il arrive le matin, il est hyper rigoureux, hyper consensueux, il est endurant. Mais il persévère. Ce n'était pas facile, s'en arriver. Il est arrivé, c'était dur, se retrouver face à des jeunes de 12 ans. Se dire, je ne vais pas perdre contre des gamins quand même. Et des gamins de 12 ans, c'était déjà très fort, puisqu'ils avaient 7-8 ans de badminton de plus que lui. Il s'est accroché. Il y a eu des moments durs. Peut-être de solitude, sûrement même. Et puis aujourd'hui, c'est un peu une famille. Il y a une entraide mutuelle entre tous, entre nous, et l'objectif c'est d'avancer. Ouais, c'est un athlète.

  • Speaker #1

    Après ce qui est bien, c'est avec les gamins, c'est des gamins très déterminés, c'est très mature pour leur âge, et quand je suis arrivé, ils m'ont toujours aidé, ils m'ont toujours tendu la main. Moi, il me l'a bien dit, les jeunes ne vont jamais te faire cadeau dans la vie, donc c'est à toi de t'adapter aux jeunes, c'est pas à eux de s'adapter à toi. C'est à toi de travailler dur. Ce qui est intéressant avec les jeunes, c'est qu'ils peuvent m'apporter leur expérience badistique, et moi je peux leur apporter mon expérience en tant qu'humain. Quand je suis arrivé, j'avais 21 ans. Aujourd'hui j'en ai 26.

  • Speaker #0

    Tu es un peu le grand frère.

  • Speaker #1

    Oui, je suis un peu le grand frère. Même encore aujourd'hui, il y a des jeunes de 13-15 ans qui continuent de me donner des conseils. Et justement, je prends ça comme une réelle opportunité. Parce qu'eux, ils veulent que je réussisse, ils veulent mon bien. Donc ça montre que c'est des jeunes bien éduqués, qui ont des belles valeurs. Et qui veulent aussi, eux, devenir des champions. Parce que nous, on a la chance en tant que paras de voyager aux quatre coins du monde. Donc tous les mois, on est parti à l'autre bout. On peut être au Japon, on peut être au Brésil, on peut être au Canada ou en Thaïlande. Et les jeunes, ils restent principalement en France ou en Europe. Ils ne peuvent pas aller plus loin. Pour l'instant.

  • Speaker #2

    Il y a une numération collective.

  • Speaker #1

    Je parle en tant que joueur de Pôle Espoir.

  • Speaker #2

    Mais il y a une numération collective.

  • Speaker #1

    Et indirectement, ça les fait rêver aussi. Parce qu'eux aussi veulent voyager aux quatre coins du monde et briller. Donc moi, j'ai cette chance-là aujourd'hui de pouvoir vivre toute cette expérience-là. Donc si je peux leur transmettre tout ce que je vis au quotidien, ça va être un grand plaisir. Parce qu'ils m'ont tendu la main quand je suis arrivé, donc c'est aussi à moi en tant que...

  • Speaker #0

    C'est un échange.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un échange.

  • Speaker #2

    En fait, avec son projet, ce grand projet, Paris, les Jeux à la maison, des championnats du monde, des compétitions aux quatre coins du monde, il a aussi fait rêver les jeunes autour de lui.

  • Speaker #0

    C'est votre projet à tous et plus seulement le sien.

  • Speaker #2

    Oui, et puis derrière, ils l'ont encouragé aux quatre coins de la planète. Tout le monde regardait ses matchs, tout le monde... l'encourage, tout le monde lui envoie des messages. Et lui, pareil, il les encourage, parce qu'il y a des jeunes qui sont médaillés européens, dans les meilleurs joueurs français, dans les meilleurs joueurs européens, membres des équipes de France. Donc, ils sont tous en train de se motiver les uns les autres et puis s'encourager. Et c'est ça le plus beau, c'est cette inclusion qui s'est créée. naturellement entre des projets différents mais qui a tiré le meilleur de Charles et le meilleur des jeunes. Donc ils lui doivent beaucoup aussi.

  • Speaker #1

    Ce qui est vraiment bien c'est que la plupart des jeunes ils sont à un super niveau national, niveau européen, voire international. Et vu qu'ils sont jeunes, ils vont progresser chaque jour, ils vont grandir, ils vont gagner en musculature. Donc pour moi ça doit être dur au quotidien donc c'est un moment qu'il faut... Il ne faut rien lâcher, je dois continuer de travailler pour ne pas perdre le rythme. Parce que plus eux vont avancer, plus moi aussi je vais avancer. Tout ce que j'aurais subi à l'entraînement, je vais beaucoup moins le subir en tant que joueur para lorsque je vais faire des compétitions internationales. Donc plus eux avancent, plus moi j'avance. Donc au final, c'est vraiment gagnant pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, vous êtes tous main dans la main. L'objectif, c'est une médaille d'or à Paris du coup ?

  • Speaker #1

    Oui, l'objectif c'est de gagner la médaille d'or à Paris. C'est ce que j'ai... C'est le Saint Graal. C'est ce que je dis à Mourad quand je suis arrivé. Je lui ai dit, moi je suis un champion à Paris en 2024. Briller dans la ville de lumière et Paris, ce serait vraiment quelque chose d'incroyable. Parce que les Jeux à la maison, ça fait 100 ans qu'ils n'ont pas eu lieu. Donc aujourd'hui, je pense... être arrivé à un stade où je peux battre tout le monde. Et je pense que le fait d'être à la maison, à la fois ça met une petite pression, mais à la fois ça permet au joueur de sortir de sa zone de confort. S'il faut aller chercher un objectif, un rêve, c'est maintenant. Je pense avoir mis tous les moyens nécessaires pour être performant. L'objectif, c'est vraiment de gagner à Paris, d'être prêt physiquement, mais surtout mentalement. parce qu'aujourd'hui, on connaît l'importance du mental sur la perf d'un sportif. C'est à peu près 60-70% de la perf. Et ça, il ne faut pas du tout le négliger. Aujourd'hui, je suis suivi par un psychologue et un préparateur mental qui m'accompagnent toutes les semaines. Justement, je suis prêt à toute situation, que j'accepte qui je suis, que j'accepte d'être entouré de beaucoup de personnes. de supprimer la pression, d'accepter l'échec, parce qu'on ne peut pas tout le temps gagner, même si c'est le choix de l'entraîneur qui a perdu ses cheveux à cause de ça. Et oui,

  • Speaker #2

    on est toujours à ça.

  • Speaker #1

    Mais oui, le mental c'est hyper important, on sait qu'à Paris ça va être grandiose, il y aura beaucoup de... Il y aura beaucoup de sollicitations, beaucoup de pression, il y aura beaucoup de monde. Donc ça, c'est des éléments à gérer en amont pour ne pas que ça nous perturbe le jour au jour. Donc c'est important de le faire maintenant, de le travailler. Et qu'une fois qu'on est à Paris, ça devienne une habitude.

  • Speaker #2

    Il y a bien résumé la chose, parce qu'il y a des attentes. Chaque athlète, mais indirectement, chaque coach, on a des attentes. Et là, c'est important qu'il y ait... qu'il soit sur ses objectifs, on a parlé de médaille, il faut être réaliste et ambitieux. Et tout en étant réaliste et ambitieux, il faut aller là-bas pour chercher la médaille d'or. À un moment donné, ça a été écrit, il n'a pas dit, mais quand il est arrivé, dès le départ, il y a eu un projet d'écrit, une feuille de route, et là, on est en plein dedans. L'objectif c'était Paris pour démarrer derrière sur Los Angeles et d'autres Jeux Olympiques. C'est que le début ? C'est que le début, en fait, il marque l'histoire.

  • Speaker #1

    Je suis très jeune dans la discipline. Par rapport à mes principaux concurrents, qui eux ça fait 10 ans qu'ils font du bad, moi ça fait seulement 6 ans, 6 ans et demi. Je suis tout nouveau, j'ai tout à prouver, j'ai tout ce qu'il y a à gagner aussi. Je n'ai pas à gagner de titre majeur encore, donc j'espère bien conquérir Paris. pour être le premier.

  • Speaker #0

    Vous parlez de l'importance du mental dans la performance sportive. Mourad, en tant qu'entraîneur, comment vous arrivez à le soutenir dans les moments d'échec ou les moments où c'est plus difficile ? Et comment vous le relancez vers l'objectif de Paris ?

  • Speaker #2

    C'est facile de le relancer sur Paris. C'est sur la feuille de route. Il n'y a pas le choix. Il n'y a pas le choix. Et puis, en fait, aujourd'hui, échec, victoire, la limite est petite. C'est ce qu'aujourd'hui... Une victoire sur un score de 21-19 sur un troisième set ou une défaite à 21-19, il n'y a que le victoire ou défaite. Indirectement, il faut se concentrer sur ses objectifs et surtout sur les compétences et tout ce qu'on a mis en place à l'entraînement. La seule chose, ce sont les process, savoir comment j'ai réalisé mes performances et comment je peux avancer avec. Aujourd'hui, il est très fort là-dedans. J'ai beaucoup hâte d'arriver à visualiser. où il doit aller, mais surtout comment il fait ses perfs. Après, on préfère toujours gagner. J'en ai perdu mes cheveux, il n'arrête pas d'en parler.

  • Speaker #1

    Il faut toujours revenir le dimanche.

  • Speaker #2

    Voilà, il y a des petites choses qu'on se dit. Toujours jouer le dimanche. Le dimanche, c'est le jour de finale. On ne se déplace pas pour visiter les villes.

  • Speaker #0

    Faites pas de tourisme.

  • Speaker #2

    Non, il n'y a pas de tourisme, j'avoue. Tout le monde pense que les quatre coins du monde, c'est pour la compète, mais c'est rythmé sur se lever, petit déjeuner, s'entraîner, préparer les matchs, analyser les matchs, faire les matchs. Et puis derrière, l'importance de la préparation mentale. C'est là la clé pour tous ces athlètes, pour gérer non pas le stress d'une compétition, mais cette motivation qui arrive derrière pour se gonfler et aller chercher encore plus de perfs.

  • Speaker #0

    Vous l'avez légèrement abordé à un moment donné au début de l'épisode. Vous avez dû faire des sacrifices pour arriver à ce niveau de performance. Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    Les sacrifices... commencé dès le départ, dès que je suis arrivé, où je devais me lever très tôt le matin et rentrer tard le soir. Aujourd'hui, une journée de type, c'est que j'arrive vers 8h, 8h30, ça dépend des jours, et je rentre chez moi vers 19h, 19h30. Donc forcément, je vois moins ma famille, moins mes parents. Je vois moins mes amis, parce qu'aujourd'hui le haut niveau ça demande beaucoup de concentration, d'être focus à 100% sur le projet. Ça veut dire moins de sorties, je ne vais quasiment plus en boîte de nuit, ça c'était avant, lorsque j'étais étudiant. Il faut que je fasse attention à ce que je mange, donc moins de fast-food, moins de cochonneries, tout ce qui est sucre, coca et autres. Il faut que je me couche beaucoup plus tôt. Aujourd'hui je me couche vers 22h30, j'essaie de lire une demi-heure avant, histoire d'avoir l'esprit apaisé. Ça c'était pas ça au départ, mais j'ai tout de suite compris qu'il fallait que je change tout ça, parce que sinon ça allait nuire à la performance sportive. Aujourd'hui notre tuyau de travail c'est notre corps, et si notre corps n'est pas en bonne santé, on risque d'être moins performant et justement se blesser derrière. Et pareil ça arrive vite, donc il faut mettre... toutes les bonnes choses de notre côté. Il faut faire des bons choix, prendre les bonnes décisions. Et ça passe notamment par une bonne alimentation, une bonne hydratation, un bon rythme de sommeil. Il faut beaucoup s'étirer aussi. Et éviter tout un peu les sollicitations un peu néfastes, les sorties.

  • Speaker #0

    Une hygiène de vie est réprochable.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça.

  • Speaker #2

    Et rentrer dans le monde du travail. C'est le commun du mortel, à partir d'un certain âge, on arrête de sortir,

  • Speaker #0

    on arrête les bêtises,

  • Speaker #2

    le monde du travail. Tout le monde pense que ce sont des sacrifices, mais à un moment donné ce sont des choix aussi. Quand on se fixe un objectif, dans toute vie, à chaque instant de la vie, on fait des choix, et ce ne sont pas forcément des sacrifices, des choix forts. pour atteindre ses objectifs. Et il en fait beaucoup pour s'entraîner, pour être là tôt le matin. Il arrive à 8h, 8h30 dans la salle, il repart le soir, il est 18h30 avec des week-ends bien chargés en compétition. Il fait... Il a fait un choix de vie, un choix de vie, comme pourrait faire un dentiste,

  • Speaker #1

    un homme d'affaires. Comme l'a dit Mourad précédemment, on a écrit une feuille de route en commun. J'ai rajouté un petit truc dans ma chambre, j'ai un mood board. C'est un tableau sur lequel sont inscrits tous mes objectifs, mes leviers de motivation, les phrases que Mourad ou d'autres sportifs ont pu partager et qui me semblaient importantes de noter. J'ai aussi écrit un peu... Un peu ce qui me faisait me lever le matin. Donc c'est important de savoir pourquoi on travaille et aussi pourquoi. C'est deux questions différentes. Et l'objectif c'est vraiment que quand je me lève le matin, je le regarde et je vais travailler. Donc je comprends pourquoi j'ai travaillé. Et le soir quand je rentre, avant de me coucher, je le relis une fois pour me dire que t'as fait tous ces efforts aujourd'hui pour atteindre tes objectifs que tu t'es fixé. Et moi je suis quelqu'un de très visuel donc c'est important de... de savoir où est-ce que je vais, comment je le fais, et quel moyen il faut mettre en place pour y arriver.

  • Speaker #0

    Mourad, en tant qu'entraîneur, est-ce que vous vous sentez en avance à l'heure par rapport à cette feuille de route ?

  • Speaker #2

    On est en avance, on a un an d'avance pour le plan sportif. Après, sur les résultats, ils vont venir et je n'ai aucune inquiétude là-dessus. Il est en avance, il a énormément, énormément travaillé, son investissement au quotidien, on le félicite parce que j'ai eu beaucoup d'athlètes, ça fait plus de 30 ans que j'entraîne. Sa rigueur, son abnégation, son travail acharné font que oui, on est en avance. La prise d'expérience, on ne peut pas demander à un athlète d'avoir 10 ans d'expérience avec seulement 5 années de badminton. À ce niveau-là, il y a plein de petits détails qui font la différence. Là, il est en train de les prendre un à un, donc c'est plutôt cool.

  • Speaker #0

    Vous êtes serein ?

  • Speaker #2

    Oui, je suis serein.

  • Speaker #0

    C'est vos premiers Jeux Olympiques à vous ? Vous avez déjà accompagné d'autres athlètes ?

  • Speaker #2

    Ça va être les premiers. J'ai déjà eu d'autres athlètes qui sont allés au jeu. Donc, je connais un peu le tempérament. Après, je pense que là, pour toute la France, ça va être une première. Les premiers jeux à Paris pour tout athlète, tout entraîneur. Sinon, il faudrait avoir 101 ans. Donc, ça va être compliqué. On vous le souhaite, on vous le souhaite. Ça va être beau. Les équipes de France. vont être là et puis je suis sûr que la France va briller.

  • Speaker #0

    Vous en parliez un peu tout à l'heure, vous êtes dans un groupe intergénérationnel où il y a beaucoup beaucoup de jeunes, des personnes un peu plus âgées aussi. Est-ce que vous changez des différences de mental en fonction des générations ou pas du tout ?

  • Speaker #2

    Ça change, ça évolue hein, mais bon.

  • Speaker #1

    Chacun, chaque joueur a son mental. Il y en a qui sont plutôt introvertis, d'autres plutôt extravertis. Donc aujourd'hui au pot il y a un mélange de tout. et ce qui est intéressant c'est qu'il y a certains jeunes je prends l'exemple de Com c'est un jeune de 14 ans c'est lui qui m'a justement donné des conseils à l'âge de 10 ans et lui à chaque fois que je joue contre lui il va toujours faire en sorte de me déstabiliser, de me sortir de mon match donc il va faire esprit de tricher ou de changer les scores ou de lancer une petite pique entre les points et justement c'est ça il me l'a dit et il le fait exprès pour... pour justement me tester, voir comment j'ai réagi, est-ce que je sors de mon match ou pas. Et s'il voit qu'il y a une petite tête ouverte, il va rentrer dedans et faire en sorte de me faire perdre mes moyens. Et pour moi, c'est un super exercice parce que ça me permet de mettre en application ce que j'ai vu, soit à l'entraînement, ce que j'ai vu en préparation mentale ou en psychologie. Et l'objectif, c'est vraiment de vivre l'enfer à l'entraînement. Et que d'ailleurs, quand on arrive en tournoi, ça puisse être un peu le bonheur. Ça serait facile. Oui, ça serait facile. Aujourd'hui, je pense que chaque joueur a un tempérament différent, chacun a un portier à chacun. L'objet, c'est vraiment de faire des matchs ou de s'entraîner avec différents joueurs. Comme ça, tu peux mettre plusieurs cordes à ton arc. Et quand tu es en situation de para, quand tu veux contrer différents adversaires, tu peux justement employer différentes flèches pour contrer l'adversaire et derrière gagner.

  • Speaker #2

    Je viens de comprendre ce qu'il vient de raconter cette petite anecdote. Mais j'ai vu qu'il mettait ça en application contre son camarade Abdou. Il vient d'avouer. Ça le fait sourire parce que derrière, il fait sortir Abdou à chaque match de ses gonds. Donc je viens de comprendre d'où venez. On va discuter avec Koum après.

  • Speaker #1

    Non mais après ça reste toujours bon enfant. Et puis on s'aide mutuellement et ça le plus important. Donc l'objectif c'est vraiment de tirer chacun vers le haut pour que chacun puisse atteindre ses objectifs personnels. Et ça, c'est pas un point dans un groupe. On a la chance d'avoir un super groupe, un groupe qui vit bien, un groupe qui s'entend bien. Et ça, c'est pas partout pareil. Donc, on a vraiment cette chance-là. Il faut vraiment profiter et travailler dur pour aller le plus loin possible.

  • Speaker #2

    Il y a un super groupe. Il y a des jeunes filles, des jeunes hommes qui sont magnifiques. Tous ces jeunes-là, une émulation vraiment forte, mais avec des tempéraments... Vraiment très fort, puisque ça reste quand même pour beaucoup des compétiteurs. Il y a neuf athlètes qui sont membres des équipes de France sur les catégories jeunes. Et donc, ils ont soif de victoire, soif de gagner, cette envie forte de dominer un peu la planète badminton. Et avec ce côté entraide, jovial, toujours un petit mot pour l'autre, du soutien et puis un petit message pour soutenir celui qui... qui est pas bien mais tout en titillant pour le pousser un petit peu quoi c'est toujours drôle.

  • Speaker #1

    Ce qui était drôle c'est quand je suis arrivé au pôle les gamins ils étaient plus petits que moi ils étaient vraiment petits donc j'ai eu la chance de les voir grandir au fur et à mesure des années. Avant je pouvais les titiller en disant que j'étais un plus grand qu'eux que ce soit en âge ou en taille mais maintenant ça a changé je suis plus petit du groupe. Faut l'accepter et parfois ils me charrient là dessus.

  • Speaker #2

    T'es plus grand des petits.

  • Speaker #1

    Ouais je suis plus grand des petits. En âge, je suis plus grand aussi. Et voilà, donc c'est toujours bonne enfance, se charrier, et voilà. Il n'y a rien de blessant.

  • Speaker #0

    Est-ce que dans votre préparation et votre entraînement au quotidien, vous utilisez les nouvelles technologies, l'analyse vidéo, les mesures des paramètres physiques ?

  • Speaker #2

    Oui, parce qu'aujourd'hui, ça prend une place prépondérante dans la préparation physique. En plus, on a l'avantage, on est au CREBS de Nantes, donc il y a un pôle recherche et innovation, il y a des experts dans ce domaine, ce qui fait que c'est facilitant aujourd'hui. On a l'appui de la MRP et du CREPS pour aider sur ce volet, puisque ça arrive depuis quelques années, sur plusieurs facteurs, que ce soit sur le Emotion pour développer sa concentration, sur les analyses vidéo, sur les mesures par rapport à la pré-physique et autres. Aujourd'hui, grâce au CREPS, on est doté d'outils, mais c'est surtout comment les utiliser, on a les experts autour. C'est un vrai plus aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Vous avez dû apprendre, ça fait 30 ans que vous coachez. Vous avez dû apprendre au fur et à mesure à utiliser tous ces nouveaux outils.

  • Speaker #2

    Non, c'est facile. On a des experts et il y a plein de jeunes qui utilisent ça mieux que nous et plus rapidement. Alors oui, je m'intéresse puisque la technologie, on est toujours attiré par ça pour comprendre et autres. Mais il y a des experts ici, 3-4 experts qui nous aident au quotidien et c'est plus facile. On ne peut pas être bon partout.

  • Speaker #0

    Et Charles, vous, c'est pas bizarre des fois de jouer avec des électrodes ou dans des contextes un peu particuliers pour ces fins de recherche ?

  • Speaker #1

    Je crois que je n'ai jamais joué avec des électrodes. Je crois que je n'ai jamais fait de test.

  • Speaker #2

    Les capteurs, déjà avec My Big Bang ou là avec iMotion.

  • Speaker #1

    Oui, ça, oui. Pour moi, c'est important d'essayer. Donc, s'il faut jouer avec des électrodes ou s'il faut jouer avec des capteurs ou s'il faut jouer avec une caméra. Je le fais avec grand plaisir si ça m'aide justement à devenir beaucoup plus performant. Aujourd'hui, on connaît le progrès de la science, la technologie, on connaît l'importance du digital, tout l'univers de connectivité, je pense que ça se dit. Mais ça montre que l'humain avance, que la technologie avance, que le sport se digitalise de plus en plus. C'est important d'être à la pointe, de s'y intéresser, prendre ce qu'il y a à prendre et voir si ça marche.

  • Speaker #2

    Vous avez compris notre relation. En fait, il arrive à l'entraînement, je lui dis, rentre dans cette salle, fais ça. J'y vais. Il y va, il fait confiance. Et puis après, c'est bien. C'est pas mal.

  • Speaker #1

    Je suis robotisé.

  • Speaker #2

    Il avance. Non, mais c'est l'atout avec Charles. C'est cette curiosité qu'il a et cette soif d'apprendre. Et ce qui permet aujourd'hui de... Cette ouverture, elle est importante, l'ouverture d'esprit. Sinon, on reste fermé et celui qui n'évolue pas, régresse.

  • Speaker #0

    Belle citation. Quelles sont vos aspirations pour l'avenir après les Jeux Olympiques ?

  • Speaker #1

    Après les Jeux ?

  • Speaker #2

    Des vacances.

  • Speaker #1

    Oui, des vacances, c'est sûr. Ça fait quelques temps que je travaille tous les jours. Ensuite, j'aimerais bien continuer jusqu'à Los Angeles en 2028 ou Brisbane en 2032. Mais en contrepartie, pourquoi pas de continuer à développer le handisport à la chaîne nationale puis internationale, parce que j'ai la chance d'être bilingue ou anglophone. Mon père est anglais, ma mère est française, donc je maîtrise les deux langues. Et sinon, j'aimerais bien continuer à travailler dans tout ce qui est communication, marketing.

  • Speaker #0

    Oui, ce qui est le fait de vos études.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Toujours en lien avec le sport, que ce soit travailler en France ou même parfois à l'étranger, ou même trouver une entreprise qui puisse m'embaucher. grâce à une CIP pour justement que je puisse travailler un peu à côté, avoir un revenu. Aujourd'hui, une saison en Parabas-Mitton, c'est une saison très coûteuse, une saison qui avoisine les 30 000-35 000 euros chaque année. Ça comprend les frais de déplacement, le logistique, les hôtels, les frais d'inscription, l'achat d'équipement. D'où l'importance d'avoir un revenu, d'avoir des sponsors, des personnes qui t'accompagnent. Donc oui, j'aimerais bien continuer à travailler dans tout ce qui est management, communication, marketing, toujours en lien avec le sport, tout en continuant... à travailler sur mon projet sportif et les prochaines Olympiades. Donc aujourd'hui, je pense que le fait de vivre cette première expérience, ça me permet de voir ce qui est bien, ce qui est moins bien, ce qui a développé, pour que pour les années futures, je puisse être dans les meilleures conditions possibles, trouver une stabilité et continuer à arriver.

  • Speaker #0

    C'est un test grand en nature.

  • Speaker #1

    C'est un test grand en nature, aussi grand que... que Paris, qu'un projet paralympique ou olympique.

  • Speaker #0

    Est-ce que pour finir cette discussion, vous avez une anecdote ou une belle émotion que vous avez partagée ensemble à nous raconter ?

  • Speaker #2

    Oula ! Je vais laisser trouver l'anecdote là parce qu'il y en a tellement.

  • Speaker #1

    Peut-être l'élément déclencheur, ce qui m'a vraiment libéré, c'est quand j'ai battu le numéro 1 mondial et le champion paralympique, c'était en Espagne l'année dernière. Je les ai battus coup sur coup et pour moi c'était en quelque sorte une validation. Ce que j'attendais ce moment-là depuis un certain temps, souvent j'ai joué aux portes des quart de finale ou de la demi-finale et je n'avais pas encore battu un top 3 mondial. Et le fait de les avoir battus coup sur coup, ça a montré que j'étais capable de battre tout le monde. Avec beaucoup de travail, beaucoup de détermination, on pouvait devenir grand, on pouvait gagner. Et le fait de les avoir battus coup sur coup, ça m'a permis de voir que moi aussi j'ai ma place, moi aussi je peux être un champion. Donc voilà, je me donne les moyens de réussir et l'objectif c'est vraiment de continuer cette voie-là pour continuer à grimper au classement mondial et être champion par impitre, être champion du monde, être champion d'Europe. Tous les titres majeurs que je n'ai pas encore aujourd'hui, ça c'est des objectifs que je souhaite atteindre, que je n'ai pas encore atteint. Ça montre qu'il y a encore du travail. Il faut encore travailler avec Mourad et continuer à aller de l'avant.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous, vous avez ressenti quand il a gagné contre le top 3 mondial ?

  • Speaker #2

    C'était une belle victoire en fait. Il s'est préparé sur plusieurs compétitions. Il partait en compétition au départ, il arrivait et puis en... Il y avait le pôle, il y avait beaucoup de choses. Il partait en compète et il est revenu et il me dit J'ai perdu 21-4, 21-5 contre cette tête. Je dis Ah, ok. Six mois plus tard, il perd 21-10, 21-15. On regarde le match et puis analyse vidéo. Donc je dis Mais regarde, tu as perdu un point là, deux points là. Il y a beaucoup de points que tu perds de cette manière. Ok, allez, on va bosser. C'est toujours comme ça, analyse vidéo, on bosse, il bosse, il bosse, il bosse. Et puis... Il y avait une petite faille, puis il s'est engouffré dedans. C'était beau, il y avait beaucoup d'émotion. Parce qu'en fait, ce sont des athlètes qui ont 10 ans de plus que lui en termes de bad. Et ce n'est pas facile, ce n'est pas donné à tout le monde de rattraper autant d'expérience en si peu de temps. Parce que quelques années, c'est très peu. Rattraper 10 ans, 5 ans face à tous ces athlètes, c'est énorme. Et du coup, sur cette victoire, il y avait beaucoup d'émotions à la fin, un soulagement, mais surtout ce petit côté où on se dit Ouais, ça va le faire Parce qu'on peut être confiant sur Paris, tout ça, mais rattraper de tels champions, maintenant ça peut le faire, on les a battus. Donc du coup, on peut aller plus loin, tout en sachant que ce n'est pas évident quand on arrive dans un sport pour Charles comme ça et de se dire Ok, je suis fan de lui, de lui, de lui et de lui. Donc on est fan de ces athlètes-là au départ. Et après, on veut les battre. Et du coup, cette étape, il l'a franchie. Et ça, c'est beau. Donc bravo.

  • Speaker #1

    Salut coach.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci à tous les deux d'être venus discuter avec nous. C'était super intéressant. Pour toutes les personnes qui nous écoutent, on se retrouve le mois prochain sur toutes les plateformes d'écoute. Et sinon, rendez-vous sur nos réseaux sociaux.

  • Speaker #2

    Merci.

Description

Dans cet épisode de Hors-Champ, nous avons le plaisir d'accueillir Charles Noakes et Mourad Amrani, un duo déterminé à marquer les Jeux Paralympiques de Paris 2024. Charles, athlète de para-badminton, et son coach Mourad nous plongent au cœur de leur préparation intense pour cet événement mondial. Ils partagent avec nous les défis qu’ils rencontrent, l’importance de la stratégie, et la résilience nécessaire pour viser l'excellence. Une conversation inspirante sur le chemin vers Paris, où chaque détail compte et où l'esprit d'équipe est plus crucial que jamais.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode d'Hors Champs, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du sport de haut niveau. Dans cet épisode, on est en compagnie de Charles, qui participera cette année aux Jeux de Paris, et de Mourad, son entraîneur. Est-ce que peut-être pour commencer, Charles, vous pouvez nous parler un petit peu de votre parcours sportif jusqu'à présent et comment on en arrive jusqu'aux Jeux Olympiques ?

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, je m'appelle Charles Noc, j'ai 26 ans, je suis sportif d'Haut-Niveau. On parle de badminton, c'est du badminton pour une personne en situation de handicap. Le badminton, ça fait 6 ans que je le pratique. J'ai commencé en octobre, novembre 2017. J'ai d'abord commencé à jouer en tant que loisir. Parce que de base, je suis quelqu'un de très sportif, j'ai fait beaucoup de foot. J'ai fait 2 ans de foot, j'ai fait 3 ans de tennis. ans de judo, j'ai fait du tennis de table aussi donc je suis quelqu'un de très sportif et après avoir arrêté le judo je voulais me lancer dans une nouvelle expérience et j'avais un bon niveau en badminton au collège ou lycée et du coup après avoir arrêté le judo je me suis dit qu'est ce que je peux faire donc je me suis lancé dans le badminton J'ai pris une licence dans le club de Saint-Herblain. Je m'entraînais le lundi soir et le vendredi soir. Ensuite, c'est mon ancien entraîneur et mon président du club qui m'a proposé d'essayer du para-minton, parce qu'il voyait que j'avais un déclin par rapport à la taille. Et dans le para-minton, il y a une catégorie pour les personnes de petite taille. Je suis quelqu'un de très curieux, très ouvert. J'ai dit oui. Je suis venu un mercredi soir au club, c'était vers 20h. Je jouais contre des personnes en fauteuil roulant, des personnes avec des prothèses. Et je trouvais l'ambiance. très très bon enfant chacun chacun se charrier chacun se moquer les uns des autres mais c'était toujours bon enfant donc c'était des énormes bien ce qui me plaisait bien et je me sentais vraiment intégré vraiment à l'aise donc je continue à faire des entraînements le mercredi soir et au fur et à mesure il faut pour l'entraîner avec eux que j'étais bien bien investi bien bien bien encadré donc m'a proposé de décès de faire les champions de france mon premier champion de france tu as pertu en janvier 2010 est en 2018 par an et j'ai fait des bons matchs, j'ai fait des bons résultats, j'ai eu quelques médailles et à partir de là mon entraîneur de l'époque m'a proposé de bâtir un projet paralympique pour Paris mais le deal c'était d'abord que je finisse mes études donc j'ai fait une licence en management du sport à l'ISFAC à Nantes et je lui ai dit laisse moi faire mes études comme ça je suis tranquille parce qu'aujourd'hui c'est dur de vivre du para-badminton, du badminton mais aussi du handisport en général donc c'est important d'avoir un diplôme sur le coup de quoi aussi se passe quelque chose Et donc, quand j'ai fini mes études en juillet 2019, j'ai par la suite intégré le Pôle sport de Nantes en août 2019.

  • Speaker #0

    Et du coup, est-ce que vous avez rencontré Mourad ? Est-ce que vous l'avez rencontré au Crêpes de Nantes ou est-ce que vous l'avez rencontré avant ?

  • Speaker #2

    En fait, on s'est rencontrés lors d'un repas. avec Philippe, qui était le président du club de Saint-Herblain. On y a été conviés avec un entraîneur national sur un projet d'aide sur un fauteuil, un joueur en fauteuil. Et il y avait Charles. Il était là avec nous, il s'est présenté, on l'a rencontré. Il nous a bien fait comprendre qu'il fallait attendre un an. On a dit c'est long, un an, mais bon... Il a souhaité, et il avait raison, finir ses études. C'est important de finir ses études pour pouvoir se consacrer pleinement dans un projet de haut niveau. Et suite à ce repas, on s'est dit, bon, on verra. Puis un an plus tard, il a toqué à la porte. Coucou, c'est moi, Charles. Tu te rappelles ? On avait dit, je voulais venir. OK, alors Philippe, on s'est dit, bon, allez, viens avec les autres. Puis il est venu comme ça. Sur le pôle espoir, c'était l'ancien Krebs à Doulon. Et il nous a rejoints sur le pôle avec des entraînements quotidiens. Donc ça a été dur, mais il s'est accroché.

  • Speaker #0

    Comment vous décrivez votre relation à l'heure actuelle ? Est-ce que c'est de la confiance ? Vous rigolez tous les deux, donc il y a beaucoup de complicité,

  • Speaker #1

    je pense. Oui, il y a beaucoup de confiance. Mourad, c'est quelqu'un de très exigeant, très rigoureux. Moi aussi. Et ce n'est pas tous les jours facile. Il veut que j'exprime les meilleures de moi, donc c'est toujours plus, plus, plus, plus. Et c'est aussi un bon défi, donc ça montre que c'est important de travailler très dur au quotidien, se donner un 150% à chaque entraînement et vraiment se donner les moyens de réussir. C'est pas vrai, comme je l'ai dit, c'est pas tout le temps facile, parce que le haut niveau ça demande beaucoup de sacrifices, ça demande beaucoup de travail. Je pense que c'est pas donné à tout le monde, mais moi je suis quelqu'un qui... qui est un peu nouveau dans le haut niveau. Avant, je ne connaissais pas ce que c'était, parce que j'ai fait seulement des sports amateurs. Et découvrir le haut niveau, je me suis dit, c'est un nouveau défi. C'est un nouveau projet, c'est un projet ambitieux. On n'a pas la chance d'avoir un projet olympique ou paralympique. Donc cette chance-là, il faut la saisir, il faut se donner les moyens de réussir. Et ce qui est bien avec Mourad, c'est que c'est quelqu'un de très bienveillant, qui veut que tu réussisses, donc qui va tout mettre en place pour que tu sois dans les meilleures conditions possibles pour devenir un champion. Je le remercie de m'avoir tendu la main. C'est en partie grâce à lui que j'en suis là aujourd'hui. C'est aussi en partie grâce à lui que je vais sûrement participer au jeu par un pilote de Paris. La relation est très bien. Ce n'est pas tous les jours comme on le souhaite, mais c'est toujours pour mon bien à moi et aussi pour son bien à lui. Pour moi, un projet de haut niveau, c'est un projet commun. Chacun a des compétences. L'objectif, c'est de rendre deux. de les partager et de céder mutuellement vers un autre judice commun, d'être champion à Paris.

  • Speaker #2

    Il ne dit pas tout. En fait, je vais avouer, il est têtu, je suis têtu. On est têtu et déterminé. Et du coup, ça tire l'un et l'autre vers le haut. Et son objectif principal, ça reste la perf. Et du coup, ça motive au quotidien de le pousser, de le pousser. Parce que... Derrière, il va pousser, pousser pour que tout autour de lui avance. On se complète beaucoup sur beaucoup de schémas, surtout sur la volonté d'aller chercher des médailles et d'aller briller à Paris. Il se donne énormément de moyens et du coup, c'est très facile de le suivre. Il arrive le matin, il est hyper rigoureux, hyper consensueux, il est endurant. Mais il persévère. Ce n'était pas facile, s'en arriver. Il est arrivé, c'était dur, se retrouver face à des jeunes de 12 ans. Se dire, je ne vais pas perdre contre des gamins quand même. Et des gamins de 12 ans, c'était déjà très fort, puisqu'ils avaient 7-8 ans de badminton de plus que lui. Il s'est accroché. Il y a eu des moments durs. Peut-être de solitude, sûrement même. Et puis aujourd'hui, c'est un peu une famille. Il y a une entraide mutuelle entre tous, entre nous, et l'objectif c'est d'avancer. Ouais, c'est un athlète.

  • Speaker #1

    Après ce qui est bien, c'est avec les gamins, c'est des gamins très déterminés, c'est très mature pour leur âge, et quand je suis arrivé, ils m'ont toujours aidé, ils m'ont toujours tendu la main. Moi, il me l'a bien dit, les jeunes ne vont jamais te faire cadeau dans la vie, donc c'est à toi de t'adapter aux jeunes, c'est pas à eux de s'adapter à toi. C'est à toi de travailler dur. Ce qui est intéressant avec les jeunes, c'est qu'ils peuvent m'apporter leur expérience badistique, et moi je peux leur apporter mon expérience en tant qu'humain. Quand je suis arrivé, j'avais 21 ans. Aujourd'hui j'en ai 26.

  • Speaker #0

    Tu es un peu le grand frère.

  • Speaker #1

    Oui, je suis un peu le grand frère. Même encore aujourd'hui, il y a des jeunes de 13-15 ans qui continuent de me donner des conseils. Et justement, je prends ça comme une réelle opportunité. Parce qu'eux, ils veulent que je réussisse, ils veulent mon bien. Donc ça montre que c'est des jeunes bien éduqués, qui ont des belles valeurs. Et qui veulent aussi, eux, devenir des champions. Parce que nous, on a la chance en tant que paras de voyager aux quatre coins du monde. Donc tous les mois, on est parti à l'autre bout. On peut être au Japon, on peut être au Brésil, on peut être au Canada ou en Thaïlande. Et les jeunes, ils restent principalement en France ou en Europe. Ils ne peuvent pas aller plus loin. Pour l'instant.

  • Speaker #2

    Il y a une numération collective.

  • Speaker #1

    Je parle en tant que joueur de Pôle Espoir.

  • Speaker #2

    Mais il y a une numération collective.

  • Speaker #1

    Et indirectement, ça les fait rêver aussi. Parce qu'eux aussi veulent voyager aux quatre coins du monde et briller. Donc moi, j'ai cette chance-là aujourd'hui de pouvoir vivre toute cette expérience-là. Donc si je peux leur transmettre tout ce que je vis au quotidien, ça va être un grand plaisir. Parce qu'ils m'ont tendu la main quand je suis arrivé, donc c'est aussi à moi en tant que...

  • Speaker #0

    C'est un échange.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un échange.

  • Speaker #2

    En fait, avec son projet, ce grand projet, Paris, les Jeux à la maison, des championnats du monde, des compétitions aux quatre coins du monde, il a aussi fait rêver les jeunes autour de lui.

  • Speaker #0

    C'est votre projet à tous et plus seulement le sien.

  • Speaker #2

    Oui, et puis derrière, ils l'ont encouragé aux quatre coins de la planète. Tout le monde regardait ses matchs, tout le monde... l'encourage, tout le monde lui envoie des messages. Et lui, pareil, il les encourage, parce qu'il y a des jeunes qui sont médaillés européens, dans les meilleurs joueurs français, dans les meilleurs joueurs européens, membres des équipes de France. Donc, ils sont tous en train de se motiver les uns les autres et puis s'encourager. Et c'est ça le plus beau, c'est cette inclusion qui s'est créée. naturellement entre des projets différents mais qui a tiré le meilleur de Charles et le meilleur des jeunes. Donc ils lui doivent beaucoup aussi.

  • Speaker #1

    Ce qui est vraiment bien c'est que la plupart des jeunes ils sont à un super niveau national, niveau européen, voire international. Et vu qu'ils sont jeunes, ils vont progresser chaque jour, ils vont grandir, ils vont gagner en musculature. Donc pour moi ça doit être dur au quotidien donc c'est un moment qu'il faut... Il ne faut rien lâcher, je dois continuer de travailler pour ne pas perdre le rythme. Parce que plus eux vont avancer, plus moi aussi je vais avancer. Tout ce que j'aurais subi à l'entraînement, je vais beaucoup moins le subir en tant que joueur para lorsque je vais faire des compétitions internationales. Donc plus eux avancent, plus moi j'avance. Donc au final, c'est vraiment gagnant pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, vous êtes tous main dans la main. L'objectif, c'est une médaille d'or à Paris du coup ?

  • Speaker #1

    Oui, l'objectif c'est de gagner la médaille d'or à Paris. C'est ce que j'ai... C'est le Saint Graal. C'est ce que je dis à Mourad quand je suis arrivé. Je lui ai dit, moi je suis un champion à Paris en 2024. Briller dans la ville de lumière et Paris, ce serait vraiment quelque chose d'incroyable. Parce que les Jeux à la maison, ça fait 100 ans qu'ils n'ont pas eu lieu. Donc aujourd'hui, je pense... être arrivé à un stade où je peux battre tout le monde. Et je pense que le fait d'être à la maison, à la fois ça met une petite pression, mais à la fois ça permet au joueur de sortir de sa zone de confort. S'il faut aller chercher un objectif, un rêve, c'est maintenant. Je pense avoir mis tous les moyens nécessaires pour être performant. L'objectif, c'est vraiment de gagner à Paris, d'être prêt physiquement, mais surtout mentalement. parce qu'aujourd'hui, on connaît l'importance du mental sur la perf d'un sportif. C'est à peu près 60-70% de la perf. Et ça, il ne faut pas du tout le négliger. Aujourd'hui, je suis suivi par un psychologue et un préparateur mental qui m'accompagnent toutes les semaines. Justement, je suis prêt à toute situation, que j'accepte qui je suis, que j'accepte d'être entouré de beaucoup de personnes. de supprimer la pression, d'accepter l'échec, parce qu'on ne peut pas tout le temps gagner, même si c'est le choix de l'entraîneur qui a perdu ses cheveux à cause de ça. Et oui,

  • Speaker #2

    on est toujours à ça.

  • Speaker #1

    Mais oui, le mental c'est hyper important, on sait qu'à Paris ça va être grandiose, il y aura beaucoup de... Il y aura beaucoup de sollicitations, beaucoup de pression, il y aura beaucoup de monde. Donc ça, c'est des éléments à gérer en amont pour ne pas que ça nous perturbe le jour au jour. Donc c'est important de le faire maintenant, de le travailler. Et qu'une fois qu'on est à Paris, ça devienne une habitude.

  • Speaker #2

    Il y a bien résumé la chose, parce qu'il y a des attentes. Chaque athlète, mais indirectement, chaque coach, on a des attentes. Et là, c'est important qu'il y ait... qu'il soit sur ses objectifs, on a parlé de médaille, il faut être réaliste et ambitieux. Et tout en étant réaliste et ambitieux, il faut aller là-bas pour chercher la médaille d'or. À un moment donné, ça a été écrit, il n'a pas dit, mais quand il est arrivé, dès le départ, il y a eu un projet d'écrit, une feuille de route, et là, on est en plein dedans. L'objectif c'était Paris pour démarrer derrière sur Los Angeles et d'autres Jeux Olympiques. C'est que le début ? C'est que le début, en fait, il marque l'histoire.

  • Speaker #1

    Je suis très jeune dans la discipline. Par rapport à mes principaux concurrents, qui eux ça fait 10 ans qu'ils font du bad, moi ça fait seulement 6 ans, 6 ans et demi. Je suis tout nouveau, j'ai tout à prouver, j'ai tout ce qu'il y a à gagner aussi. Je n'ai pas à gagner de titre majeur encore, donc j'espère bien conquérir Paris. pour être le premier.

  • Speaker #0

    Vous parlez de l'importance du mental dans la performance sportive. Mourad, en tant qu'entraîneur, comment vous arrivez à le soutenir dans les moments d'échec ou les moments où c'est plus difficile ? Et comment vous le relancez vers l'objectif de Paris ?

  • Speaker #2

    C'est facile de le relancer sur Paris. C'est sur la feuille de route. Il n'y a pas le choix. Il n'y a pas le choix. Et puis, en fait, aujourd'hui, échec, victoire, la limite est petite. C'est ce qu'aujourd'hui... Une victoire sur un score de 21-19 sur un troisième set ou une défaite à 21-19, il n'y a que le victoire ou défaite. Indirectement, il faut se concentrer sur ses objectifs et surtout sur les compétences et tout ce qu'on a mis en place à l'entraînement. La seule chose, ce sont les process, savoir comment j'ai réalisé mes performances et comment je peux avancer avec. Aujourd'hui, il est très fort là-dedans. J'ai beaucoup hâte d'arriver à visualiser. où il doit aller, mais surtout comment il fait ses perfs. Après, on préfère toujours gagner. J'en ai perdu mes cheveux, il n'arrête pas d'en parler.

  • Speaker #1

    Il faut toujours revenir le dimanche.

  • Speaker #2

    Voilà, il y a des petites choses qu'on se dit. Toujours jouer le dimanche. Le dimanche, c'est le jour de finale. On ne se déplace pas pour visiter les villes.

  • Speaker #0

    Faites pas de tourisme.

  • Speaker #2

    Non, il n'y a pas de tourisme, j'avoue. Tout le monde pense que les quatre coins du monde, c'est pour la compète, mais c'est rythmé sur se lever, petit déjeuner, s'entraîner, préparer les matchs, analyser les matchs, faire les matchs. Et puis derrière, l'importance de la préparation mentale. C'est là la clé pour tous ces athlètes, pour gérer non pas le stress d'une compétition, mais cette motivation qui arrive derrière pour se gonfler et aller chercher encore plus de perfs.

  • Speaker #0

    Vous l'avez légèrement abordé à un moment donné au début de l'épisode. Vous avez dû faire des sacrifices pour arriver à ce niveau de performance. Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    Les sacrifices... commencé dès le départ, dès que je suis arrivé, où je devais me lever très tôt le matin et rentrer tard le soir. Aujourd'hui, une journée de type, c'est que j'arrive vers 8h, 8h30, ça dépend des jours, et je rentre chez moi vers 19h, 19h30. Donc forcément, je vois moins ma famille, moins mes parents. Je vois moins mes amis, parce qu'aujourd'hui le haut niveau ça demande beaucoup de concentration, d'être focus à 100% sur le projet. Ça veut dire moins de sorties, je ne vais quasiment plus en boîte de nuit, ça c'était avant, lorsque j'étais étudiant. Il faut que je fasse attention à ce que je mange, donc moins de fast-food, moins de cochonneries, tout ce qui est sucre, coca et autres. Il faut que je me couche beaucoup plus tôt. Aujourd'hui je me couche vers 22h30, j'essaie de lire une demi-heure avant, histoire d'avoir l'esprit apaisé. Ça c'était pas ça au départ, mais j'ai tout de suite compris qu'il fallait que je change tout ça, parce que sinon ça allait nuire à la performance sportive. Aujourd'hui notre tuyau de travail c'est notre corps, et si notre corps n'est pas en bonne santé, on risque d'être moins performant et justement se blesser derrière. Et pareil ça arrive vite, donc il faut mettre... toutes les bonnes choses de notre côté. Il faut faire des bons choix, prendre les bonnes décisions. Et ça passe notamment par une bonne alimentation, une bonne hydratation, un bon rythme de sommeil. Il faut beaucoup s'étirer aussi. Et éviter tout un peu les sollicitations un peu néfastes, les sorties.

  • Speaker #0

    Une hygiène de vie est réprochable.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça.

  • Speaker #2

    Et rentrer dans le monde du travail. C'est le commun du mortel, à partir d'un certain âge, on arrête de sortir,

  • Speaker #0

    on arrête les bêtises,

  • Speaker #2

    le monde du travail. Tout le monde pense que ce sont des sacrifices, mais à un moment donné ce sont des choix aussi. Quand on se fixe un objectif, dans toute vie, à chaque instant de la vie, on fait des choix, et ce ne sont pas forcément des sacrifices, des choix forts. pour atteindre ses objectifs. Et il en fait beaucoup pour s'entraîner, pour être là tôt le matin. Il arrive à 8h, 8h30 dans la salle, il repart le soir, il est 18h30 avec des week-ends bien chargés en compétition. Il fait... Il a fait un choix de vie, un choix de vie, comme pourrait faire un dentiste,

  • Speaker #1

    un homme d'affaires. Comme l'a dit Mourad précédemment, on a écrit une feuille de route en commun. J'ai rajouté un petit truc dans ma chambre, j'ai un mood board. C'est un tableau sur lequel sont inscrits tous mes objectifs, mes leviers de motivation, les phrases que Mourad ou d'autres sportifs ont pu partager et qui me semblaient importantes de noter. J'ai aussi écrit un peu... Un peu ce qui me faisait me lever le matin. Donc c'est important de savoir pourquoi on travaille et aussi pourquoi. C'est deux questions différentes. Et l'objectif c'est vraiment que quand je me lève le matin, je le regarde et je vais travailler. Donc je comprends pourquoi j'ai travaillé. Et le soir quand je rentre, avant de me coucher, je le relis une fois pour me dire que t'as fait tous ces efforts aujourd'hui pour atteindre tes objectifs que tu t'es fixé. Et moi je suis quelqu'un de très visuel donc c'est important de... de savoir où est-ce que je vais, comment je le fais, et quel moyen il faut mettre en place pour y arriver.

  • Speaker #0

    Mourad, en tant qu'entraîneur, est-ce que vous vous sentez en avance à l'heure par rapport à cette feuille de route ?

  • Speaker #2

    On est en avance, on a un an d'avance pour le plan sportif. Après, sur les résultats, ils vont venir et je n'ai aucune inquiétude là-dessus. Il est en avance, il a énormément, énormément travaillé, son investissement au quotidien, on le félicite parce que j'ai eu beaucoup d'athlètes, ça fait plus de 30 ans que j'entraîne. Sa rigueur, son abnégation, son travail acharné font que oui, on est en avance. La prise d'expérience, on ne peut pas demander à un athlète d'avoir 10 ans d'expérience avec seulement 5 années de badminton. À ce niveau-là, il y a plein de petits détails qui font la différence. Là, il est en train de les prendre un à un, donc c'est plutôt cool.

  • Speaker #0

    Vous êtes serein ?

  • Speaker #2

    Oui, je suis serein.

  • Speaker #0

    C'est vos premiers Jeux Olympiques à vous ? Vous avez déjà accompagné d'autres athlètes ?

  • Speaker #2

    Ça va être les premiers. J'ai déjà eu d'autres athlètes qui sont allés au jeu. Donc, je connais un peu le tempérament. Après, je pense que là, pour toute la France, ça va être une première. Les premiers jeux à Paris pour tout athlète, tout entraîneur. Sinon, il faudrait avoir 101 ans. Donc, ça va être compliqué. On vous le souhaite, on vous le souhaite. Ça va être beau. Les équipes de France. vont être là et puis je suis sûr que la France va briller.

  • Speaker #0

    Vous en parliez un peu tout à l'heure, vous êtes dans un groupe intergénérationnel où il y a beaucoup beaucoup de jeunes, des personnes un peu plus âgées aussi. Est-ce que vous changez des différences de mental en fonction des générations ou pas du tout ?

  • Speaker #2

    Ça change, ça évolue hein, mais bon.

  • Speaker #1

    Chacun, chaque joueur a son mental. Il y en a qui sont plutôt introvertis, d'autres plutôt extravertis. Donc aujourd'hui au pot il y a un mélange de tout. et ce qui est intéressant c'est qu'il y a certains jeunes je prends l'exemple de Com c'est un jeune de 14 ans c'est lui qui m'a justement donné des conseils à l'âge de 10 ans et lui à chaque fois que je joue contre lui il va toujours faire en sorte de me déstabiliser, de me sortir de mon match donc il va faire esprit de tricher ou de changer les scores ou de lancer une petite pique entre les points et justement c'est ça il me l'a dit et il le fait exprès pour... pour justement me tester, voir comment j'ai réagi, est-ce que je sors de mon match ou pas. Et s'il voit qu'il y a une petite tête ouverte, il va rentrer dedans et faire en sorte de me faire perdre mes moyens. Et pour moi, c'est un super exercice parce que ça me permet de mettre en application ce que j'ai vu, soit à l'entraînement, ce que j'ai vu en préparation mentale ou en psychologie. Et l'objectif, c'est vraiment de vivre l'enfer à l'entraînement. Et que d'ailleurs, quand on arrive en tournoi, ça puisse être un peu le bonheur. Ça serait facile. Oui, ça serait facile. Aujourd'hui, je pense que chaque joueur a un tempérament différent, chacun a un portier à chacun. L'objet, c'est vraiment de faire des matchs ou de s'entraîner avec différents joueurs. Comme ça, tu peux mettre plusieurs cordes à ton arc. Et quand tu es en situation de para, quand tu veux contrer différents adversaires, tu peux justement employer différentes flèches pour contrer l'adversaire et derrière gagner.

  • Speaker #2

    Je viens de comprendre ce qu'il vient de raconter cette petite anecdote. Mais j'ai vu qu'il mettait ça en application contre son camarade Abdou. Il vient d'avouer. Ça le fait sourire parce que derrière, il fait sortir Abdou à chaque match de ses gonds. Donc je viens de comprendre d'où venez. On va discuter avec Koum après.

  • Speaker #1

    Non mais après ça reste toujours bon enfant. Et puis on s'aide mutuellement et ça le plus important. Donc l'objectif c'est vraiment de tirer chacun vers le haut pour que chacun puisse atteindre ses objectifs personnels. Et ça, c'est pas un point dans un groupe. On a la chance d'avoir un super groupe, un groupe qui vit bien, un groupe qui s'entend bien. Et ça, c'est pas partout pareil. Donc, on a vraiment cette chance-là. Il faut vraiment profiter et travailler dur pour aller le plus loin possible.

  • Speaker #2

    Il y a un super groupe. Il y a des jeunes filles, des jeunes hommes qui sont magnifiques. Tous ces jeunes-là, une émulation vraiment forte, mais avec des tempéraments... Vraiment très fort, puisque ça reste quand même pour beaucoup des compétiteurs. Il y a neuf athlètes qui sont membres des équipes de France sur les catégories jeunes. Et donc, ils ont soif de victoire, soif de gagner, cette envie forte de dominer un peu la planète badminton. Et avec ce côté entraide, jovial, toujours un petit mot pour l'autre, du soutien et puis un petit message pour soutenir celui qui... qui est pas bien mais tout en titillant pour le pousser un petit peu quoi c'est toujours drôle.

  • Speaker #1

    Ce qui était drôle c'est quand je suis arrivé au pôle les gamins ils étaient plus petits que moi ils étaient vraiment petits donc j'ai eu la chance de les voir grandir au fur et à mesure des années. Avant je pouvais les titiller en disant que j'étais un plus grand qu'eux que ce soit en âge ou en taille mais maintenant ça a changé je suis plus petit du groupe. Faut l'accepter et parfois ils me charrient là dessus.

  • Speaker #2

    T'es plus grand des petits.

  • Speaker #1

    Ouais je suis plus grand des petits. En âge, je suis plus grand aussi. Et voilà, donc c'est toujours bonne enfance, se charrier, et voilà. Il n'y a rien de blessant.

  • Speaker #0

    Est-ce que dans votre préparation et votre entraînement au quotidien, vous utilisez les nouvelles technologies, l'analyse vidéo, les mesures des paramètres physiques ?

  • Speaker #2

    Oui, parce qu'aujourd'hui, ça prend une place prépondérante dans la préparation physique. En plus, on a l'avantage, on est au CREBS de Nantes, donc il y a un pôle recherche et innovation, il y a des experts dans ce domaine, ce qui fait que c'est facilitant aujourd'hui. On a l'appui de la MRP et du CREPS pour aider sur ce volet, puisque ça arrive depuis quelques années, sur plusieurs facteurs, que ce soit sur le Emotion pour développer sa concentration, sur les analyses vidéo, sur les mesures par rapport à la pré-physique et autres. Aujourd'hui, grâce au CREPS, on est doté d'outils, mais c'est surtout comment les utiliser, on a les experts autour. C'est un vrai plus aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Vous avez dû apprendre, ça fait 30 ans que vous coachez. Vous avez dû apprendre au fur et à mesure à utiliser tous ces nouveaux outils.

  • Speaker #2

    Non, c'est facile. On a des experts et il y a plein de jeunes qui utilisent ça mieux que nous et plus rapidement. Alors oui, je m'intéresse puisque la technologie, on est toujours attiré par ça pour comprendre et autres. Mais il y a des experts ici, 3-4 experts qui nous aident au quotidien et c'est plus facile. On ne peut pas être bon partout.

  • Speaker #0

    Et Charles, vous, c'est pas bizarre des fois de jouer avec des électrodes ou dans des contextes un peu particuliers pour ces fins de recherche ?

  • Speaker #1

    Je crois que je n'ai jamais joué avec des électrodes. Je crois que je n'ai jamais fait de test.

  • Speaker #2

    Les capteurs, déjà avec My Big Bang ou là avec iMotion.

  • Speaker #1

    Oui, ça, oui. Pour moi, c'est important d'essayer. Donc, s'il faut jouer avec des électrodes ou s'il faut jouer avec des capteurs ou s'il faut jouer avec une caméra. Je le fais avec grand plaisir si ça m'aide justement à devenir beaucoup plus performant. Aujourd'hui, on connaît le progrès de la science, la technologie, on connaît l'importance du digital, tout l'univers de connectivité, je pense que ça se dit. Mais ça montre que l'humain avance, que la technologie avance, que le sport se digitalise de plus en plus. C'est important d'être à la pointe, de s'y intéresser, prendre ce qu'il y a à prendre et voir si ça marche.

  • Speaker #2

    Vous avez compris notre relation. En fait, il arrive à l'entraînement, je lui dis, rentre dans cette salle, fais ça. J'y vais. Il y va, il fait confiance. Et puis après, c'est bien. C'est pas mal.

  • Speaker #1

    Je suis robotisé.

  • Speaker #2

    Il avance. Non, mais c'est l'atout avec Charles. C'est cette curiosité qu'il a et cette soif d'apprendre. Et ce qui permet aujourd'hui de... Cette ouverture, elle est importante, l'ouverture d'esprit. Sinon, on reste fermé et celui qui n'évolue pas, régresse.

  • Speaker #0

    Belle citation. Quelles sont vos aspirations pour l'avenir après les Jeux Olympiques ?

  • Speaker #1

    Après les Jeux ?

  • Speaker #2

    Des vacances.

  • Speaker #1

    Oui, des vacances, c'est sûr. Ça fait quelques temps que je travaille tous les jours. Ensuite, j'aimerais bien continuer jusqu'à Los Angeles en 2028 ou Brisbane en 2032. Mais en contrepartie, pourquoi pas de continuer à développer le handisport à la chaîne nationale puis internationale, parce que j'ai la chance d'être bilingue ou anglophone. Mon père est anglais, ma mère est française, donc je maîtrise les deux langues. Et sinon, j'aimerais bien continuer à travailler dans tout ce qui est communication, marketing.

  • Speaker #0

    Oui, ce qui est le fait de vos études.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Toujours en lien avec le sport, que ce soit travailler en France ou même parfois à l'étranger, ou même trouver une entreprise qui puisse m'embaucher. grâce à une CIP pour justement que je puisse travailler un peu à côté, avoir un revenu. Aujourd'hui, une saison en Parabas-Mitton, c'est une saison très coûteuse, une saison qui avoisine les 30 000-35 000 euros chaque année. Ça comprend les frais de déplacement, le logistique, les hôtels, les frais d'inscription, l'achat d'équipement. D'où l'importance d'avoir un revenu, d'avoir des sponsors, des personnes qui t'accompagnent. Donc oui, j'aimerais bien continuer à travailler dans tout ce qui est management, communication, marketing, toujours en lien avec le sport, tout en continuant... à travailler sur mon projet sportif et les prochaines Olympiades. Donc aujourd'hui, je pense que le fait de vivre cette première expérience, ça me permet de voir ce qui est bien, ce qui est moins bien, ce qui a développé, pour que pour les années futures, je puisse être dans les meilleures conditions possibles, trouver une stabilité et continuer à arriver.

  • Speaker #0

    C'est un test grand en nature.

  • Speaker #1

    C'est un test grand en nature, aussi grand que... que Paris, qu'un projet paralympique ou olympique.

  • Speaker #0

    Est-ce que pour finir cette discussion, vous avez une anecdote ou une belle émotion que vous avez partagée ensemble à nous raconter ?

  • Speaker #2

    Oula ! Je vais laisser trouver l'anecdote là parce qu'il y en a tellement.

  • Speaker #1

    Peut-être l'élément déclencheur, ce qui m'a vraiment libéré, c'est quand j'ai battu le numéro 1 mondial et le champion paralympique, c'était en Espagne l'année dernière. Je les ai battus coup sur coup et pour moi c'était en quelque sorte une validation. Ce que j'attendais ce moment-là depuis un certain temps, souvent j'ai joué aux portes des quart de finale ou de la demi-finale et je n'avais pas encore battu un top 3 mondial. Et le fait de les avoir battus coup sur coup, ça a montré que j'étais capable de battre tout le monde. Avec beaucoup de travail, beaucoup de détermination, on pouvait devenir grand, on pouvait gagner. Et le fait de les avoir battus coup sur coup, ça m'a permis de voir que moi aussi j'ai ma place, moi aussi je peux être un champion. Donc voilà, je me donne les moyens de réussir et l'objectif c'est vraiment de continuer cette voie-là pour continuer à grimper au classement mondial et être champion par impitre, être champion du monde, être champion d'Europe. Tous les titres majeurs que je n'ai pas encore aujourd'hui, ça c'est des objectifs que je souhaite atteindre, que je n'ai pas encore atteint. Ça montre qu'il y a encore du travail. Il faut encore travailler avec Mourad et continuer à aller de l'avant.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous, vous avez ressenti quand il a gagné contre le top 3 mondial ?

  • Speaker #2

    C'était une belle victoire en fait. Il s'est préparé sur plusieurs compétitions. Il partait en compétition au départ, il arrivait et puis en... Il y avait le pôle, il y avait beaucoup de choses. Il partait en compète et il est revenu et il me dit J'ai perdu 21-4, 21-5 contre cette tête. Je dis Ah, ok. Six mois plus tard, il perd 21-10, 21-15. On regarde le match et puis analyse vidéo. Donc je dis Mais regarde, tu as perdu un point là, deux points là. Il y a beaucoup de points que tu perds de cette manière. Ok, allez, on va bosser. C'est toujours comme ça, analyse vidéo, on bosse, il bosse, il bosse, il bosse. Et puis... Il y avait une petite faille, puis il s'est engouffré dedans. C'était beau, il y avait beaucoup d'émotion. Parce qu'en fait, ce sont des athlètes qui ont 10 ans de plus que lui en termes de bad. Et ce n'est pas facile, ce n'est pas donné à tout le monde de rattraper autant d'expérience en si peu de temps. Parce que quelques années, c'est très peu. Rattraper 10 ans, 5 ans face à tous ces athlètes, c'est énorme. Et du coup, sur cette victoire, il y avait beaucoup d'émotions à la fin, un soulagement, mais surtout ce petit côté où on se dit Ouais, ça va le faire Parce qu'on peut être confiant sur Paris, tout ça, mais rattraper de tels champions, maintenant ça peut le faire, on les a battus. Donc du coup, on peut aller plus loin, tout en sachant que ce n'est pas évident quand on arrive dans un sport pour Charles comme ça et de se dire Ok, je suis fan de lui, de lui, de lui et de lui. Donc on est fan de ces athlètes-là au départ. Et après, on veut les battre. Et du coup, cette étape, il l'a franchie. Et ça, c'est beau. Donc bravo.

  • Speaker #1

    Salut coach.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci à tous les deux d'être venus discuter avec nous. C'était super intéressant. Pour toutes les personnes qui nous écoutent, on se retrouve le mois prochain sur toutes les plateformes d'écoute. Et sinon, rendez-vous sur nos réseaux sociaux.

  • Speaker #2

    Merci.

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Description

Dans cet épisode de Hors-Champ, nous avons le plaisir d'accueillir Charles Noakes et Mourad Amrani, un duo déterminé à marquer les Jeux Paralympiques de Paris 2024. Charles, athlète de para-badminton, et son coach Mourad nous plongent au cœur de leur préparation intense pour cet événement mondial. Ils partagent avec nous les défis qu’ils rencontrent, l’importance de la stratégie, et la résilience nécessaire pour viser l'excellence. Une conversation inspirante sur le chemin vers Paris, où chaque détail compte et où l'esprit d'équipe est plus crucial que jamais.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode d'Hors Champs, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du sport de haut niveau. Dans cet épisode, on est en compagnie de Charles, qui participera cette année aux Jeux de Paris, et de Mourad, son entraîneur. Est-ce que peut-être pour commencer, Charles, vous pouvez nous parler un petit peu de votre parcours sportif jusqu'à présent et comment on en arrive jusqu'aux Jeux Olympiques ?

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, je m'appelle Charles Noc, j'ai 26 ans, je suis sportif d'Haut-Niveau. On parle de badminton, c'est du badminton pour une personne en situation de handicap. Le badminton, ça fait 6 ans que je le pratique. J'ai commencé en octobre, novembre 2017. J'ai d'abord commencé à jouer en tant que loisir. Parce que de base, je suis quelqu'un de très sportif, j'ai fait beaucoup de foot. J'ai fait 2 ans de foot, j'ai fait 3 ans de tennis. ans de judo, j'ai fait du tennis de table aussi donc je suis quelqu'un de très sportif et après avoir arrêté le judo je voulais me lancer dans une nouvelle expérience et j'avais un bon niveau en badminton au collège ou lycée et du coup après avoir arrêté le judo je me suis dit qu'est ce que je peux faire donc je me suis lancé dans le badminton J'ai pris une licence dans le club de Saint-Herblain. Je m'entraînais le lundi soir et le vendredi soir. Ensuite, c'est mon ancien entraîneur et mon président du club qui m'a proposé d'essayer du para-minton, parce qu'il voyait que j'avais un déclin par rapport à la taille. Et dans le para-minton, il y a une catégorie pour les personnes de petite taille. Je suis quelqu'un de très curieux, très ouvert. J'ai dit oui. Je suis venu un mercredi soir au club, c'était vers 20h. Je jouais contre des personnes en fauteuil roulant, des personnes avec des prothèses. Et je trouvais l'ambiance. très très bon enfant chacun chacun se charrier chacun se moquer les uns des autres mais c'était toujours bon enfant donc c'était des énormes bien ce qui me plaisait bien et je me sentais vraiment intégré vraiment à l'aise donc je continue à faire des entraînements le mercredi soir et au fur et à mesure il faut pour l'entraîner avec eux que j'étais bien bien investi bien bien bien encadré donc m'a proposé de décès de faire les champions de france mon premier champion de france tu as pertu en janvier 2010 est en 2018 par an et j'ai fait des bons matchs, j'ai fait des bons résultats, j'ai eu quelques médailles et à partir de là mon entraîneur de l'époque m'a proposé de bâtir un projet paralympique pour Paris mais le deal c'était d'abord que je finisse mes études donc j'ai fait une licence en management du sport à l'ISFAC à Nantes et je lui ai dit laisse moi faire mes études comme ça je suis tranquille parce qu'aujourd'hui c'est dur de vivre du para-badminton, du badminton mais aussi du handisport en général donc c'est important d'avoir un diplôme sur le coup de quoi aussi se passe quelque chose Et donc, quand j'ai fini mes études en juillet 2019, j'ai par la suite intégré le Pôle sport de Nantes en août 2019.

  • Speaker #0

    Et du coup, est-ce que vous avez rencontré Mourad ? Est-ce que vous l'avez rencontré au Crêpes de Nantes ou est-ce que vous l'avez rencontré avant ?

  • Speaker #2

    En fait, on s'est rencontrés lors d'un repas. avec Philippe, qui était le président du club de Saint-Herblain. On y a été conviés avec un entraîneur national sur un projet d'aide sur un fauteuil, un joueur en fauteuil. Et il y avait Charles. Il était là avec nous, il s'est présenté, on l'a rencontré. Il nous a bien fait comprendre qu'il fallait attendre un an. On a dit c'est long, un an, mais bon... Il a souhaité, et il avait raison, finir ses études. C'est important de finir ses études pour pouvoir se consacrer pleinement dans un projet de haut niveau. Et suite à ce repas, on s'est dit, bon, on verra. Puis un an plus tard, il a toqué à la porte. Coucou, c'est moi, Charles. Tu te rappelles ? On avait dit, je voulais venir. OK, alors Philippe, on s'est dit, bon, allez, viens avec les autres. Puis il est venu comme ça. Sur le pôle espoir, c'était l'ancien Krebs à Doulon. Et il nous a rejoints sur le pôle avec des entraînements quotidiens. Donc ça a été dur, mais il s'est accroché.

  • Speaker #0

    Comment vous décrivez votre relation à l'heure actuelle ? Est-ce que c'est de la confiance ? Vous rigolez tous les deux, donc il y a beaucoup de complicité,

  • Speaker #1

    je pense. Oui, il y a beaucoup de confiance. Mourad, c'est quelqu'un de très exigeant, très rigoureux. Moi aussi. Et ce n'est pas tous les jours facile. Il veut que j'exprime les meilleures de moi, donc c'est toujours plus, plus, plus, plus. Et c'est aussi un bon défi, donc ça montre que c'est important de travailler très dur au quotidien, se donner un 150% à chaque entraînement et vraiment se donner les moyens de réussir. C'est pas vrai, comme je l'ai dit, c'est pas tout le temps facile, parce que le haut niveau ça demande beaucoup de sacrifices, ça demande beaucoup de travail. Je pense que c'est pas donné à tout le monde, mais moi je suis quelqu'un qui... qui est un peu nouveau dans le haut niveau. Avant, je ne connaissais pas ce que c'était, parce que j'ai fait seulement des sports amateurs. Et découvrir le haut niveau, je me suis dit, c'est un nouveau défi. C'est un nouveau projet, c'est un projet ambitieux. On n'a pas la chance d'avoir un projet olympique ou paralympique. Donc cette chance-là, il faut la saisir, il faut se donner les moyens de réussir. Et ce qui est bien avec Mourad, c'est que c'est quelqu'un de très bienveillant, qui veut que tu réussisses, donc qui va tout mettre en place pour que tu sois dans les meilleures conditions possibles pour devenir un champion. Je le remercie de m'avoir tendu la main. C'est en partie grâce à lui que j'en suis là aujourd'hui. C'est aussi en partie grâce à lui que je vais sûrement participer au jeu par un pilote de Paris. La relation est très bien. Ce n'est pas tous les jours comme on le souhaite, mais c'est toujours pour mon bien à moi et aussi pour son bien à lui. Pour moi, un projet de haut niveau, c'est un projet commun. Chacun a des compétences. L'objectif, c'est de rendre deux. de les partager et de céder mutuellement vers un autre judice commun, d'être champion à Paris.

  • Speaker #2

    Il ne dit pas tout. En fait, je vais avouer, il est têtu, je suis têtu. On est têtu et déterminé. Et du coup, ça tire l'un et l'autre vers le haut. Et son objectif principal, ça reste la perf. Et du coup, ça motive au quotidien de le pousser, de le pousser. Parce que... Derrière, il va pousser, pousser pour que tout autour de lui avance. On se complète beaucoup sur beaucoup de schémas, surtout sur la volonté d'aller chercher des médailles et d'aller briller à Paris. Il se donne énormément de moyens et du coup, c'est très facile de le suivre. Il arrive le matin, il est hyper rigoureux, hyper consensueux, il est endurant. Mais il persévère. Ce n'était pas facile, s'en arriver. Il est arrivé, c'était dur, se retrouver face à des jeunes de 12 ans. Se dire, je ne vais pas perdre contre des gamins quand même. Et des gamins de 12 ans, c'était déjà très fort, puisqu'ils avaient 7-8 ans de badminton de plus que lui. Il s'est accroché. Il y a eu des moments durs. Peut-être de solitude, sûrement même. Et puis aujourd'hui, c'est un peu une famille. Il y a une entraide mutuelle entre tous, entre nous, et l'objectif c'est d'avancer. Ouais, c'est un athlète.

  • Speaker #1

    Après ce qui est bien, c'est avec les gamins, c'est des gamins très déterminés, c'est très mature pour leur âge, et quand je suis arrivé, ils m'ont toujours aidé, ils m'ont toujours tendu la main. Moi, il me l'a bien dit, les jeunes ne vont jamais te faire cadeau dans la vie, donc c'est à toi de t'adapter aux jeunes, c'est pas à eux de s'adapter à toi. C'est à toi de travailler dur. Ce qui est intéressant avec les jeunes, c'est qu'ils peuvent m'apporter leur expérience badistique, et moi je peux leur apporter mon expérience en tant qu'humain. Quand je suis arrivé, j'avais 21 ans. Aujourd'hui j'en ai 26.

  • Speaker #0

    Tu es un peu le grand frère.

  • Speaker #1

    Oui, je suis un peu le grand frère. Même encore aujourd'hui, il y a des jeunes de 13-15 ans qui continuent de me donner des conseils. Et justement, je prends ça comme une réelle opportunité. Parce qu'eux, ils veulent que je réussisse, ils veulent mon bien. Donc ça montre que c'est des jeunes bien éduqués, qui ont des belles valeurs. Et qui veulent aussi, eux, devenir des champions. Parce que nous, on a la chance en tant que paras de voyager aux quatre coins du monde. Donc tous les mois, on est parti à l'autre bout. On peut être au Japon, on peut être au Brésil, on peut être au Canada ou en Thaïlande. Et les jeunes, ils restent principalement en France ou en Europe. Ils ne peuvent pas aller plus loin. Pour l'instant.

  • Speaker #2

    Il y a une numération collective.

  • Speaker #1

    Je parle en tant que joueur de Pôle Espoir.

  • Speaker #2

    Mais il y a une numération collective.

  • Speaker #1

    Et indirectement, ça les fait rêver aussi. Parce qu'eux aussi veulent voyager aux quatre coins du monde et briller. Donc moi, j'ai cette chance-là aujourd'hui de pouvoir vivre toute cette expérience-là. Donc si je peux leur transmettre tout ce que je vis au quotidien, ça va être un grand plaisir. Parce qu'ils m'ont tendu la main quand je suis arrivé, donc c'est aussi à moi en tant que...

  • Speaker #0

    C'est un échange.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un échange.

  • Speaker #2

    En fait, avec son projet, ce grand projet, Paris, les Jeux à la maison, des championnats du monde, des compétitions aux quatre coins du monde, il a aussi fait rêver les jeunes autour de lui.

  • Speaker #0

    C'est votre projet à tous et plus seulement le sien.

  • Speaker #2

    Oui, et puis derrière, ils l'ont encouragé aux quatre coins de la planète. Tout le monde regardait ses matchs, tout le monde... l'encourage, tout le monde lui envoie des messages. Et lui, pareil, il les encourage, parce qu'il y a des jeunes qui sont médaillés européens, dans les meilleurs joueurs français, dans les meilleurs joueurs européens, membres des équipes de France. Donc, ils sont tous en train de se motiver les uns les autres et puis s'encourager. Et c'est ça le plus beau, c'est cette inclusion qui s'est créée. naturellement entre des projets différents mais qui a tiré le meilleur de Charles et le meilleur des jeunes. Donc ils lui doivent beaucoup aussi.

  • Speaker #1

    Ce qui est vraiment bien c'est que la plupart des jeunes ils sont à un super niveau national, niveau européen, voire international. Et vu qu'ils sont jeunes, ils vont progresser chaque jour, ils vont grandir, ils vont gagner en musculature. Donc pour moi ça doit être dur au quotidien donc c'est un moment qu'il faut... Il ne faut rien lâcher, je dois continuer de travailler pour ne pas perdre le rythme. Parce que plus eux vont avancer, plus moi aussi je vais avancer. Tout ce que j'aurais subi à l'entraînement, je vais beaucoup moins le subir en tant que joueur para lorsque je vais faire des compétitions internationales. Donc plus eux avancent, plus moi j'avance. Donc au final, c'est vraiment gagnant pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, vous êtes tous main dans la main. L'objectif, c'est une médaille d'or à Paris du coup ?

  • Speaker #1

    Oui, l'objectif c'est de gagner la médaille d'or à Paris. C'est ce que j'ai... C'est le Saint Graal. C'est ce que je dis à Mourad quand je suis arrivé. Je lui ai dit, moi je suis un champion à Paris en 2024. Briller dans la ville de lumière et Paris, ce serait vraiment quelque chose d'incroyable. Parce que les Jeux à la maison, ça fait 100 ans qu'ils n'ont pas eu lieu. Donc aujourd'hui, je pense... être arrivé à un stade où je peux battre tout le monde. Et je pense que le fait d'être à la maison, à la fois ça met une petite pression, mais à la fois ça permet au joueur de sortir de sa zone de confort. S'il faut aller chercher un objectif, un rêve, c'est maintenant. Je pense avoir mis tous les moyens nécessaires pour être performant. L'objectif, c'est vraiment de gagner à Paris, d'être prêt physiquement, mais surtout mentalement. parce qu'aujourd'hui, on connaît l'importance du mental sur la perf d'un sportif. C'est à peu près 60-70% de la perf. Et ça, il ne faut pas du tout le négliger. Aujourd'hui, je suis suivi par un psychologue et un préparateur mental qui m'accompagnent toutes les semaines. Justement, je suis prêt à toute situation, que j'accepte qui je suis, que j'accepte d'être entouré de beaucoup de personnes. de supprimer la pression, d'accepter l'échec, parce qu'on ne peut pas tout le temps gagner, même si c'est le choix de l'entraîneur qui a perdu ses cheveux à cause de ça. Et oui,

  • Speaker #2

    on est toujours à ça.

  • Speaker #1

    Mais oui, le mental c'est hyper important, on sait qu'à Paris ça va être grandiose, il y aura beaucoup de... Il y aura beaucoup de sollicitations, beaucoup de pression, il y aura beaucoup de monde. Donc ça, c'est des éléments à gérer en amont pour ne pas que ça nous perturbe le jour au jour. Donc c'est important de le faire maintenant, de le travailler. Et qu'une fois qu'on est à Paris, ça devienne une habitude.

  • Speaker #2

    Il y a bien résumé la chose, parce qu'il y a des attentes. Chaque athlète, mais indirectement, chaque coach, on a des attentes. Et là, c'est important qu'il y ait... qu'il soit sur ses objectifs, on a parlé de médaille, il faut être réaliste et ambitieux. Et tout en étant réaliste et ambitieux, il faut aller là-bas pour chercher la médaille d'or. À un moment donné, ça a été écrit, il n'a pas dit, mais quand il est arrivé, dès le départ, il y a eu un projet d'écrit, une feuille de route, et là, on est en plein dedans. L'objectif c'était Paris pour démarrer derrière sur Los Angeles et d'autres Jeux Olympiques. C'est que le début ? C'est que le début, en fait, il marque l'histoire.

  • Speaker #1

    Je suis très jeune dans la discipline. Par rapport à mes principaux concurrents, qui eux ça fait 10 ans qu'ils font du bad, moi ça fait seulement 6 ans, 6 ans et demi. Je suis tout nouveau, j'ai tout à prouver, j'ai tout ce qu'il y a à gagner aussi. Je n'ai pas à gagner de titre majeur encore, donc j'espère bien conquérir Paris. pour être le premier.

  • Speaker #0

    Vous parlez de l'importance du mental dans la performance sportive. Mourad, en tant qu'entraîneur, comment vous arrivez à le soutenir dans les moments d'échec ou les moments où c'est plus difficile ? Et comment vous le relancez vers l'objectif de Paris ?

  • Speaker #2

    C'est facile de le relancer sur Paris. C'est sur la feuille de route. Il n'y a pas le choix. Il n'y a pas le choix. Et puis, en fait, aujourd'hui, échec, victoire, la limite est petite. C'est ce qu'aujourd'hui... Une victoire sur un score de 21-19 sur un troisième set ou une défaite à 21-19, il n'y a que le victoire ou défaite. Indirectement, il faut se concentrer sur ses objectifs et surtout sur les compétences et tout ce qu'on a mis en place à l'entraînement. La seule chose, ce sont les process, savoir comment j'ai réalisé mes performances et comment je peux avancer avec. Aujourd'hui, il est très fort là-dedans. J'ai beaucoup hâte d'arriver à visualiser. où il doit aller, mais surtout comment il fait ses perfs. Après, on préfère toujours gagner. J'en ai perdu mes cheveux, il n'arrête pas d'en parler.

  • Speaker #1

    Il faut toujours revenir le dimanche.

  • Speaker #2

    Voilà, il y a des petites choses qu'on se dit. Toujours jouer le dimanche. Le dimanche, c'est le jour de finale. On ne se déplace pas pour visiter les villes.

  • Speaker #0

    Faites pas de tourisme.

  • Speaker #2

    Non, il n'y a pas de tourisme, j'avoue. Tout le monde pense que les quatre coins du monde, c'est pour la compète, mais c'est rythmé sur se lever, petit déjeuner, s'entraîner, préparer les matchs, analyser les matchs, faire les matchs. Et puis derrière, l'importance de la préparation mentale. C'est là la clé pour tous ces athlètes, pour gérer non pas le stress d'une compétition, mais cette motivation qui arrive derrière pour se gonfler et aller chercher encore plus de perfs.

  • Speaker #0

    Vous l'avez légèrement abordé à un moment donné au début de l'épisode. Vous avez dû faire des sacrifices pour arriver à ce niveau de performance. Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    Les sacrifices... commencé dès le départ, dès que je suis arrivé, où je devais me lever très tôt le matin et rentrer tard le soir. Aujourd'hui, une journée de type, c'est que j'arrive vers 8h, 8h30, ça dépend des jours, et je rentre chez moi vers 19h, 19h30. Donc forcément, je vois moins ma famille, moins mes parents. Je vois moins mes amis, parce qu'aujourd'hui le haut niveau ça demande beaucoup de concentration, d'être focus à 100% sur le projet. Ça veut dire moins de sorties, je ne vais quasiment plus en boîte de nuit, ça c'était avant, lorsque j'étais étudiant. Il faut que je fasse attention à ce que je mange, donc moins de fast-food, moins de cochonneries, tout ce qui est sucre, coca et autres. Il faut que je me couche beaucoup plus tôt. Aujourd'hui je me couche vers 22h30, j'essaie de lire une demi-heure avant, histoire d'avoir l'esprit apaisé. Ça c'était pas ça au départ, mais j'ai tout de suite compris qu'il fallait que je change tout ça, parce que sinon ça allait nuire à la performance sportive. Aujourd'hui notre tuyau de travail c'est notre corps, et si notre corps n'est pas en bonne santé, on risque d'être moins performant et justement se blesser derrière. Et pareil ça arrive vite, donc il faut mettre... toutes les bonnes choses de notre côté. Il faut faire des bons choix, prendre les bonnes décisions. Et ça passe notamment par une bonne alimentation, une bonne hydratation, un bon rythme de sommeil. Il faut beaucoup s'étirer aussi. Et éviter tout un peu les sollicitations un peu néfastes, les sorties.

  • Speaker #0

    Une hygiène de vie est réprochable.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça.

  • Speaker #2

    Et rentrer dans le monde du travail. C'est le commun du mortel, à partir d'un certain âge, on arrête de sortir,

  • Speaker #0

    on arrête les bêtises,

  • Speaker #2

    le monde du travail. Tout le monde pense que ce sont des sacrifices, mais à un moment donné ce sont des choix aussi. Quand on se fixe un objectif, dans toute vie, à chaque instant de la vie, on fait des choix, et ce ne sont pas forcément des sacrifices, des choix forts. pour atteindre ses objectifs. Et il en fait beaucoup pour s'entraîner, pour être là tôt le matin. Il arrive à 8h, 8h30 dans la salle, il repart le soir, il est 18h30 avec des week-ends bien chargés en compétition. Il fait... Il a fait un choix de vie, un choix de vie, comme pourrait faire un dentiste,

  • Speaker #1

    un homme d'affaires. Comme l'a dit Mourad précédemment, on a écrit une feuille de route en commun. J'ai rajouté un petit truc dans ma chambre, j'ai un mood board. C'est un tableau sur lequel sont inscrits tous mes objectifs, mes leviers de motivation, les phrases que Mourad ou d'autres sportifs ont pu partager et qui me semblaient importantes de noter. J'ai aussi écrit un peu... Un peu ce qui me faisait me lever le matin. Donc c'est important de savoir pourquoi on travaille et aussi pourquoi. C'est deux questions différentes. Et l'objectif c'est vraiment que quand je me lève le matin, je le regarde et je vais travailler. Donc je comprends pourquoi j'ai travaillé. Et le soir quand je rentre, avant de me coucher, je le relis une fois pour me dire que t'as fait tous ces efforts aujourd'hui pour atteindre tes objectifs que tu t'es fixé. Et moi je suis quelqu'un de très visuel donc c'est important de... de savoir où est-ce que je vais, comment je le fais, et quel moyen il faut mettre en place pour y arriver.

  • Speaker #0

    Mourad, en tant qu'entraîneur, est-ce que vous vous sentez en avance à l'heure par rapport à cette feuille de route ?

  • Speaker #2

    On est en avance, on a un an d'avance pour le plan sportif. Après, sur les résultats, ils vont venir et je n'ai aucune inquiétude là-dessus. Il est en avance, il a énormément, énormément travaillé, son investissement au quotidien, on le félicite parce que j'ai eu beaucoup d'athlètes, ça fait plus de 30 ans que j'entraîne. Sa rigueur, son abnégation, son travail acharné font que oui, on est en avance. La prise d'expérience, on ne peut pas demander à un athlète d'avoir 10 ans d'expérience avec seulement 5 années de badminton. À ce niveau-là, il y a plein de petits détails qui font la différence. Là, il est en train de les prendre un à un, donc c'est plutôt cool.

  • Speaker #0

    Vous êtes serein ?

  • Speaker #2

    Oui, je suis serein.

  • Speaker #0

    C'est vos premiers Jeux Olympiques à vous ? Vous avez déjà accompagné d'autres athlètes ?

  • Speaker #2

    Ça va être les premiers. J'ai déjà eu d'autres athlètes qui sont allés au jeu. Donc, je connais un peu le tempérament. Après, je pense que là, pour toute la France, ça va être une première. Les premiers jeux à Paris pour tout athlète, tout entraîneur. Sinon, il faudrait avoir 101 ans. Donc, ça va être compliqué. On vous le souhaite, on vous le souhaite. Ça va être beau. Les équipes de France. vont être là et puis je suis sûr que la France va briller.

  • Speaker #0

    Vous en parliez un peu tout à l'heure, vous êtes dans un groupe intergénérationnel où il y a beaucoup beaucoup de jeunes, des personnes un peu plus âgées aussi. Est-ce que vous changez des différences de mental en fonction des générations ou pas du tout ?

  • Speaker #2

    Ça change, ça évolue hein, mais bon.

  • Speaker #1

    Chacun, chaque joueur a son mental. Il y en a qui sont plutôt introvertis, d'autres plutôt extravertis. Donc aujourd'hui au pot il y a un mélange de tout. et ce qui est intéressant c'est qu'il y a certains jeunes je prends l'exemple de Com c'est un jeune de 14 ans c'est lui qui m'a justement donné des conseils à l'âge de 10 ans et lui à chaque fois que je joue contre lui il va toujours faire en sorte de me déstabiliser, de me sortir de mon match donc il va faire esprit de tricher ou de changer les scores ou de lancer une petite pique entre les points et justement c'est ça il me l'a dit et il le fait exprès pour... pour justement me tester, voir comment j'ai réagi, est-ce que je sors de mon match ou pas. Et s'il voit qu'il y a une petite tête ouverte, il va rentrer dedans et faire en sorte de me faire perdre mes moyens. Et pour moi, c'est un super exercice parce que ça me permet de mettre en application ce que j'ai vu, soit à l'entraînement, ce que j'ai vu en préparation mentale ou en psychologie. Et l'objectif, c'est vraiment de vivre l'enfer à l'entraînement. Et que d'ailleurs, quand on arrive en tournoi, ça puisse être un peu le bonheur. Ça serait facile. Oui, ça serait facile. Aujourd'hui, je pense que chaque joueur a un tempérament différent, chacun a un portier à chacun. L'objet, c'est vraiment de faire des matchs ou de s'entraîner avec différents joueurs. Comme ça, tu peux mettre plusieurs cordes à ton arc. Et quand tu es en situation de para, quand tu veux contrer différents adversaires, tu peux justement employer différentes flèches pour contrer l'adversaire et derrière gagner.

  • Speaker #2

    Je viens de comprendre ce qu'il vient de raconter cette petite anecdote. Mais j'ai vu qu'il mettait ça en application contre son camarade Abdou. Il vient d'avouer. Ça le fait sourire parce que derrière, il fait sortir Abdou à chaque match de ses gonds. Donc je viens de comprendre d'où venez. On va discuter avec Koum après.

  • Speaker #1

    Non mais après ça reste toujours bon enfant. Et puis on s'aide mutuellement et ça le plus important. Donc l'objectif c'est vraiment de tirer chacun vers le haut pour que chacun puisse atteindre ses objectifs personnels. Et ça, c'est pas un point dans un groupe. On a la chance d'avoir un super groupe, un groupe qui vit bien, un groupe qui s'entend bien. Et ça, c'est pas partout pareil. Donc, on a vraiment cette chance-là. Il faut vraiment profiter et travailler dur pour aller le plus loin possible.

  • Speaker #2

    Il y a un super groupe. Il y a des jeunes filles, des jeunes hommes qui sont magnifiques. Tous ces jeunes-là, une émulation vraiment forte, mais avec des tempéraments... Vraiment très fort, puisque ça reste quand même pour beaucoup des compétiteurs. Il y a neuf athlètes qui sont membres des équipes de France sur les catégories jeunes. Et donc, ils ont soif de victoire, soif de gagner, cette envie forte de dominer un peu la planète badminton. Et avec ce côté entraide, jovial, toujours un petit mot pour l'autre, du soutien et puis un petit message pour soutenir celui qui... qui est pas bien mais tout en titillant pour le pousser un petit peu quoi c'est toujours drôle.

  • Speaker #1

    Ce qui était drôle c'est quand je suis arrivé au pôle les gamins ils étaient plus petits que moi ils étaient vraiment petits donc j'ai eu la chance de les voir grandir au fur et à mesure des années. Avant je pouvais les titiller en disant que j'étais un plus grand qu'eux que ce soit en âge ou en taille mais maintenant ça a changé je suis plus petit du groupe. Faut l'accepter et parfois ils me charrient là dessus.

  • Speaker #2

    T'es plus grand des petits.

  • Speaker #1

    Ouais je suis plus grand des petits. En âge, je suis plus grand aussi. Et voilà, donc c'est toujours bonne enfance, se charrier, et voilà. Il n'y a rien de blessant.

  • Speaker #0

    Est-ce que dans votre préparation et votre entraînement au quotidien, vous utilisez les nouvelles technologies, l'analyse vidéo, les mesures des paramètres physiques ?

  • Speaker #2

    Oui, parce qu'aujourd'hui, ça prend une place prépondérante dans la préparation physique. En plus, on a l'avantage, on est au CREBS de Nantes, donc il y a un pôle recherche et innovation, il y a des experts dans ce domaine, ce qui fait que c'est facilitant aujourd'hui. On a l'appui de la MRP et du CREPS pour aider sur ce volet, puisque ça arrive depuis quelques années, sur plusieurs facteurs, que ce soit sur le Emotion pour développer sa concentration, sur les analyses vidéo, sur les mesures par rapport à la pré-physique et autres. Aujourd'hui, grâce au CREPS, on est doté d'outils, mais c'est surtout comment les utiliser, on a les experts autour. C'est un vrai plus aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Vous avez dû apprendre, ça fait 30 ans que vous coachez. Vous avez dû apprendre au fur et à mesure à utiliser tous ces nouveaux outils.

  • Speaker #2

    Non, c'est facile. On a des experts et il y a plein de jeunes qui utilisent ça mieux que nous et plus rapidement. Alors oui, je m'intéresse puisque la technologie, on est toujours attiré par ça pour comprendre et autres. Mais il y a des experts ici, 3-4 experts qui nous aident au quotidien et c'est plus facile. On ne peut pas être bon partout.

  • Speaker #0

    Et Charles, vous, c'est pas bizarre des fois de jouer avec des électrodes ou dans des contextes un peu particuliers pour ces fins de recherche ?

  • Speaker #1

    Je crois que je n'ai jamais joué avec des électrodes. Je crois que je n'ai jamais fait de test.

  • Speaker #2

    Les capteurs, déjà avec My Big Bang ou là avec iMotion.

  • Speaker #1

    Oui, ça, oui. Pour moi, c'est important d'essayer. Donc, s'il faut jouer avec des électrodes ou s'il faut jouer avec des capteurs ou s'il faut jouer avec une caméra. Je le fais avec grand plaisir si ça m'aide justement à devenir beaucoup plus performant. Aujourd'hui, on connaît le progrès de la science, la technologie, on connaît l'importance du digital, tout l'univers de connectivité, je pense que ça se dit. Mais ça montre que l'humain avance, que la technologie avance, que le sport se digitalise de plus en plus. C'est important d'être à la pointe, de s'y intéresser, prendre ce qu'il y a à prendre et voir si ça marche.

  • Speaker #2

    Vous avez compris notre relation. En fait, il arrive à l'entraînement, je lui dis, rentre dans cette salle, fais ça. J'y vais. Il y va, il fait confiance. Et puis après, c'est bien. C'est pas mal.

  • Speaker #1

    Je suis robotisé.

  • Speaker #2

    Il avance. Non, mais c'est l'atout avec Charles. C'est cette curiosité qu'il a et cette soif d'apprendre. Et ce qui permet aujourd'hui de... Cette ouverture, elle est importante, l'ouverture d'esprit. Sinon, on reste fermé et celui qui n'évolue pas, régresse.

  • Speaker #0

    Belle citation. Quelles sont vos aspirations pour l'avenir après les Jeux Olympiques ?

  • Speaker #1

    Après les Jeux ?

  • Speaker #2

    Des vacances.

  • Speaker #1

    Oui, des vacances, c'est sûr. Ça fait quelques temps que je travaille tous les jours. Ensuite, j'aimerais bien continuer jusqu'à Los Angeles en 2028 ou Brisbane en 2032. Mais en contrepartie, pourquoi pas de continuer à développer le handisport à la chaîne nationale puis internationale, parce que j'ai la chance d'être bilingue ou anglophone. Mon père est anglais, ma mère est française, donc je maîtrise les deux langues. Et sinon, j'aimerais bien continuer à travailler dans tout ce qui est communication, marketing.

  • Speaker #0

    Oui, ce qui est le fait de vos études.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Toujours en lien avec le sport, que ce soit travailler en France ou même parfois à l'étranger, ou même trouver une entreprise qui puisse m'embaucher. grâce à une CIP pour justement que je puisse travailler un peu à côté, avoir un revenu. Aujourd'hui, une saison en Parabas-Mitton, c'est une saison très coûteuse, une saison qui avoisine les 30 000-35 000 euros chaque année. Ça comprend les frais de déplacement, le logistique, les hôtels, les frais d'inscription, l'achat d'équipement. D'où l'importance d'avoir un revenu, d'avoir des sponsors, des personnes qui t'accompagnent. Donc oui, j'aimerais bien continuer à travailler dans tout ce qui est management, communication, marketing, toujours en lien avec le sport, tout en continuant... à travailler sur mon projet sportif et les prochaines Olympiades. Donc aujourd'hui, je pense que le fait de vivre cette première expérience, ça me permet de voir ce qui est bien, ce qui est moins bien, ce qui a développé, pour que pour les années futures, je puisse être dans les meilleures conditions possibles, trouver une stabilité et continuer à arriver.

  • Speaker #0

    C'est un test grand en nature.

  • Speaker #1

    C'est un test grand en nature, aussi grand que... que Paris, qu'un projet paralympique ou olympique.

  • Speaker #0

    Est-ce que pour finir cette discussion, vous avez une anecdote ou une belle émotion que vous avez partagée ensemble à nous raconter ?

  • Speaker #2

    Oula ! Je vais laisser trouver l'anecdote là parce qu'il y en a tellement.

  • Speaker #1

    Peut-être l'élément déclencheur, ce qui m'a vraiment libéré, c'est quand j'ai battu le numéro 1 mondial et le champion paralympique, c'était en Espagne l'année dernière. Je les ai battus coup sur coup et pour moi c'était en quelque sorte une validation. Ce que j'attendais ce moment-là depuis un certain temps, souvent j'ai joué aux portes des quart de finale ou de la demi-finale et je n'avais pas encore battu un top 3 mondial. Et le fait de les avoir battus coup sur coup, ça a montré que j'étais capable de battre tout le monde. Avec beaucoup de travail, beaucoup de détermination, on pouvait devenir grand, on pouvait gagner. Et le fait de les avoir battus coup sur coup, ça m'a permis de voir que moi aussi j'ai ma place, moi aussi je peux être un champion. Donc voilà, je me donne les moyens de réussir et l'objectif c'est vraiment de continuer cette voie-là pour continuer à grimper au classement mondial et être champion par impitre, être champion du monde, être champion d'Europe. Tous les titres majeurs que je n'ai pas encore aujourd'hui, ça c'est des objectifs que je souhaite atteindre, que je n'ai pas encore atteint. Ça montre qu'il y a encore du travail. Il faut encore travailler avec Mourad et continuer à aller de l'avant.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous, vous avez ressenti quand il a gagné contre le top 3 mondial ?

  • Speaker #2

    C'était une belle victoire en fait. Il s'est préparé sur plusieurs compétitions. Il partait en compétition au départ, il arrivait et puis en... Il y avait le pôle, il y avait beaucoup de choses. Il partait en compète et il est revenu et il me dit J'ai perdu 21-4, 21-5 contre cette tête. Je dis Ah, ok. Six mois plus tard, il perd 21-10, 21-15. On regarde le match et puis analyse vidéo. Donc je dis Mais regarde, tu as perdu un point là, deux points là. Il y a beaucoup de points que tu perds de cette manière. Ok, allez, on va bosser. C'est toujours comme ça, analyse vidéo, on bosse, il bosse, il bosse, il bosse. Et puis... Il y avait une petite faille, puis il s'est engouffré dedans. C'était beau, il y avait beaucoup d'émotion. Parce qu'en fait, ce sont des athlètes qui ont 10 ans de plus que lui en termes de bad. Et ce n'est pas facile, ce n'est pas donné à tout le monde de rattraper autant d'expérience en si peu de temps. Parce que quelques années, c'est très peu. Rattraper 10 ans, 5 ans face à tous ces athlètes, c'est énorme. Et du coup, sur cette victoire, il y avait beaucoup d'émotions à la fin, un soulagement, mais surtout ce petit côté où on se dit Ouais, ça va le faire Parce qu'on peut être confiant sur Paris, tout ça, mais rattraper de tels champions, maintenant ça peut le faire, on les a battus. Donc du coup, on peut aller plus loin, tout en sachant que ce n'est pas évident quand on arrive dans un sport pour Charles comme ça et de se dire Ok, je suis fan de lui, de lui, de lui et de lui. Donc on est fan de ces athlètes-là au départ. Et après, on veut les battre. Et du coup, cette étape, il l'a franchie. Et ça, c'est beau. Donc bravo.

  • Speaker #1

    Salut coach.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci à tous les deux d'être venus discuter avec nous. C'était super intéressant. Pour toutes les personnes qui nous écoutent, on se retrouve le mois prochain sur toutes les plateformes d'écoute. Et sinon, rendez-vous sur nos réseaux sociaux.

  • Speaker #2

    Merci.

Description

Dans cet épisode de Hors-Champ, nous avons le plaisir d'accueillir Charles Noakes et Mourad Amrani, un duo déterminé à marquer les Jeux Paralympiques de Paris 2024. Charles, athlète de para-badminton, et son coach Mourad nous plongent au cœur de leur préparation intense pour cet événement mondial. Ils partagent avec nous les défis qu’ils rencontrent, l’importance de la stratégie, et la résilience nécessaire pour viser l'excellence. Une conversation inspirante sur le chemin vers Paris, où chaque détail compte et où l'esprit d'équipe est plus crucial que jamais.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode d'Hors Champs, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du sport de haut niveau. Dans cet épisode, on est en compagnie de Charles, qui participera cette année aux Jeux de Paris, et de Mourad, son entraîneur. Est-ce que peut-être pour commencer, Charles, vous pouvez nous parler un petit peu de votre parcours sportif jusqu'à présent et comment on en arrive jusqu'aux Jeux Olympiques ?

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, je m'appelle Charles Noc, j'ai 26 ans, je suis sportif d'Haut-Niveau. On parle de badminton, c'est du badminton pour une personne en situation de handicap. Le badminton, ça fait 6 ans que je le pratique. J'ai commencé en octobre, novembre 2017. J'ai d'abord commencé à jouer en tant que loisir. Parce que de base, je suis quelqu'un de très sportif, j'ai fait beaucoup de foot. J'ai fait 2 ans de foot, j'ai fait 3 ans de tennis. ans de judo, j'ai fait du tennis de table aussi donc je suis quelqu'un de très sportif et après avoir arrêté le judo je voulais me lancer dans une nouvelle expérience et j'avais un bon niveau en badminton au collège ou lycée et du coup après avoir arrêté le judo je me suis dit qu'est ce que je peux faire donc je me suis lancé dans le badminton J'ai pris une licence dans le club de Saint-Herblain. Je m'entraînais le lundi soir et le vendredi soir. Ensuite, c'est mon ancien entraîneur et mon président du club qui m'a proposé d'essayer du para-minton, parce qu'il voyait que j'avais un déclin par rapport à la taille. Et dans le para-minton, il y a une catégorie pour les personnes de petite taille. Je suis quelqu'un de très curieux, très ouvert. J'ai dit oui. Je suis venu un mercredi soir au club, c'était vers 20h. Je jouais contre des personnes en fauteuil roulant, des personnes avec des prothèses. Et je trouvais l'ambiance. très très bon enfant chacun chacun se charrier chacun se moquer les uns des autres mais c'était toujours bon enfant donc c'était des énormes bien ce qui me plaisait bien et je me sentais vraiment intégré vraiment à l'aise donc je continue à faire des entraînements le mercredi soir et au fur et à mesure il faut pour l'entraîner avec eux que j'étais bien bien investi bien bien bien encadré donc m'a proposé de décès de faire les champions de france mon premier champion de france tu as pertu en janvier 2010 est en 2018 par an et j'ai fait des bons matchs, j'ai fait des bons résultats, j'ai eu quelques médailles et à partir de là mon entraîneur de l'époque m'a proposé de bâtir un projet paralympique pour Paris mais le deal c'était d'abord que je finisse mes études donc j'ai fait une licence en management du sport à l'ISFAC à Nantes et je lui ai dit laisse moi faire mes études comme ça je suis tranquille parce qu'aujourd'hui c'est dur de vivre du para-badminton, du badminton mais aussi du handisport en général donc c'est important d'avoir un diplôme sur le coup de quoi aussi se passe quelque chose Et donc, quand j'ai fini mes études en juillet 2019, j'ai par la suite intégré le Pôle sport de Nantes en août 2019.

  • Speaker #0

    Et du coup, est-ce que vous avez rencontré Mourad ? Est-ce que vous l'avez rencontré au Crêpes de Nantes ou est-ce que vous l'avez rencontré avant ?

  • Speaker #2

    En fait, on s'est rencontrés lors d'un repas. avec Philippe, qui était le président du club de Saint-Herblain. On y a été conviés avec un entraîneur national sur un projet d'aide sur un fauteuil, un joueur en fauteuil. Et il y avait Charles. Il était là avec nous, il s'est présenté, on l'a rencontré. Il nous a bien fait comprendre qu'il fallait attendre un an. On a dit c'est long, un an, mais bon... Il a souhaité, et il avait raison, finir ses études. C'est important de finir ses études pour pouvoir se consacrer pleinement dans un projet de haut niveau. Et suite à ce repas, on s'est dit, bon, on verra. Puis un an plus tard, il a toqué à la porte. Coucou, c'est moi, Charles. Tu te rappelles ? On avait dit, je voulais venir. OK, alors Philippe, on s'est dit, bon, allez, viens avec les autres. Puis il est venu comme ça. Sur le pôle espoir, c'était l'ancien Krebs à Doulon. Et il nous a rejoints sur le pôle avec des entraînements quotidiens. Donc ça a été dur, mais il s'est accroché.

  • Speaker #0

    Comment vous décrivez votre relation à l'heure actuelle ? Est-ce que c'est de la confiance ? Vous rigolez tous les deux, donc il y a beaucoup de complicité,

  • Speaker #1

    je pense. Oui, il y a beaucoup de confiance. Mourad, c'est quelqu'un de très exigeant, très rigoureux. Moi aussi. Et ce n'est pas tous les jours facile. Il veut que j'exprime les meilleures de moi, donc c'est toujours plus, plus, plus, plus. Et c'est aussi un bon défi, donc ça montre que c'est important de travailler très dur au quotidien, se donner un 150% à chaque entraînement et vraiment se donner les moyens de réussir. C'est pas vrai, comme je l'ai dit, c'est pas tout le temps facile, parce que le haut niveau ça demande beaucoup de sacrifices, ça demande beaucoup de travail. Je pense que c'est pas donné à tout le monde, mais moi je suis quelqu'un qui... qui est un peu nouveau dans le haut niveau. Avant, je ne connaissais pas ce que c'était, parce que j'ai fait seulement des sports amateurs. Et découvrir le haut niveau, je me suis dit, c'est un nouveau défi. C'est un nouveau projet, c'est un projet ambitieux. On n'a pas la chance d'avoir un projet olympique ou paralympique. Donc cette chance-là, il faut la saisir, il faut se donner les moyens de réussir. Et ce qui est bien avec Mourad, c'est que c'est quelqu'un de très bienveillant, qui veut que tu réussisses, donc qui va tout mettre en place pour que tu sois dans les meilleures conditions possibles pour devenir un champion. Je le remercie de m'avoir tendu la main. C'est en partie grâce à lui que j'en suis là aujourd'hui. C'est aussi en partie grâce à lui que je vais sûrement participer au jeu par un pilote de Paris. La relation est très bien. Ce n'est pas tous les jours comme on le souhaite, mais c'est toujours pour mon bien à moi et aussi pour son bien à lui. Pour moi, un projet de haut niveau, c'est un projet commun. Chacun a des compétences. L'objectif, c'est de rendre deux. de les partager et de céder mutuellement vers un autre judice commun, d'être champion à Paris.

  • Speaker #2

    Il ne dit pas tout. En fait, je vais avouer, il est têtu, je suis têtu. On est têtu et déterminé. Et du coup, ça tire l'un et l'autre vers le haut. Et son objectif principal, ça reste la perf. Et du coup, ça motive au quotidien de le pousser, de le pousser. Parce que... Derrière, il va pousser, pousser pour que tout autour de lui avance. On se complète beaucoup sur beaucoup de schémas, surtout sur la volonté d'aller chercher des médailles et d'aller briller à Paris. Il se donne énormément de moyens et du coup, c'est très facile de le suivre. Il arrive le matin, il est hyper rigoureux, hyper consensueux, il est endurant. Mais il persévère. Ce n'était pas facile, s'en arriver. Il est arrivé, c'était dur, se retrouver face à des jeunes de 12 ans. Se dire, je ne vais pas perdre contre des gamins quand même. Et des gamins de 12 ans, c'était déjà très fort, puisqu'ils avaient 7-8 ans de badminton de plus que lui. Il s'est accroché. Il y a eu des moments durs. Peut-être de solitude, sûrement même. Et puis aujourd'hui, c'est un peu une famille. Il y a une entraide mutuelle entre tous, entre nous, et l'objectif c'est d'avancer. Ouais, c'est un athlète.

  • Speaker #1

    Après ce qui est bien, c'est avec les gamins, c'est des gamins très déterminés, c'est très mature pour leur âge, et quand je suis arrivé, ils m'ont toujours aidé, ils m'ont toujours tendu la main. Moi, il me l'a bien dit, les jeunes ne vont jamais te faire cadeau dans la vie, donc c'est à toi de t'adapter aux jeunes, c'est pas à eux de s'adapter à toi. C'est à toi de travailler dur. Ce qui est intéressant avec les jeunes, c'est qu'ils peuvent m'apporter leur expérience badistique, et moi je peux leur apporter mon expérience en tant qu'humain. Quand je suis arrivé, j'avais 21 ans. Aujourd'hui j'en ai 26.

  • Speaker #0

    Tu es un peu le grand frère.

  • Speaker #1

    Oui, je suis un peu le grand frère. Même encore aujourd'hui, il y a des jeunes de 13-15 ans qui continuent de me donner des conseils. Et justement, je prends ça comme une réelle opportunité. Parce qu'eux, ils veulent que je réussisse, ils veulent mon bien. Donc ça montre que c'est des jeunes bien éduqués, qui ont des belles valeurs. Et qui veulent aussi, eux, devenir des champions. Parce que nous, on a la chance en tant que paras de voyager aux quatre coins du monde. Donc tous les mois, on est parti à l'autre bout. On peut être au Japon, on peut être au Brésil, on peut être au Canada ou en Thaïlande. Et les jeunes, ils restent principalement en France ou en Europe. Ils ne peuvent pas aller plus loin. Pour l'instant.

  • Speaker #2

    Il y a une numération collective.

  • Speaker #1

    Je parle en tant que joueur de Pôle Espoir.

  • Speaker #2

    Mais il y a une numération collective.

  • Speaker #1

    Et indirectement, ça les fait rêver aussi. Parce qu'eux aussi veulent voyager aux quatre coins du monde et briller. Donc moi, j'ai cette chance-là aujourd'hui de pouvoir vivre toute cette expérience-là. Donc si je peux leur transmettre tout ce que je vis au quotidien, ça va être un grand plaisir. Parce qu'ils m'ont tendu la main quand je suis arrivé, donc c'est aussi à moi en tant que...

  • Speaker #0

    C'est un échange.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un échange.

  • Speaker #2

    En fait, avec son projet, ce grand projet, Paris, les Jeux à la maison, des championnats du monde, des compétitions aux quatre coins du monde, il a aussi fait rêver les jeunes autour de lui.

  • Speaker #0

    C'est votre projet à tous et plus seulement le sien.

  • Speaker #2

    Oui, et puis derrière, ils l'ont encouragé aux quatre coins de la planète. Tout le monde regardait ses matchs, tout le monde... l'encourage, tout le monde lui envoie des messages. Et lui, pareil, il les encourage, parce qu'il y a des jeunes qui sont médaillés européens, dans les meilleurs joueurs français, dans les meilleurs joueurs européens, membres des équipes de France. Donc, ils sont tous en train de se motiver les uns les autres et puis s'encourager. Et c'est ça le plus beau, c'est cette inclusion qui s'est créée. naturellement entre des projets différents mais qui a tiré le meilleur de Charles et le meilleur des jeunes. Donc ils lui doivent beaucoup aussi.

  • Speaker #1

    Ce qui est vraiment bien c'est que la plupart des jeunes ils sont à un super niveau national, niveau européen, voire international. Et vu qu'ils sont jeunes, ils vont progresser chaque jour, ils vont grandir, ils vont gagner en musculature. Donc pour moi ça doit être dur au quotidien donc c'est un moment qu'il faut... Il ne faut rien lâcher, je dois continuer de travailler pour ne pas perdre le rythme. Parce que plus eux vont avancer, plus moi aussi je vais avancer. Tout ce que j'aurais subi à l'entraînement, je vais beaucoup moins le subir en tant que joueur para lorsque je vais faire des compétitions internationales. Donc plus eux avancent, plus moi j'avance. Donc au final, c'est vraiment gagnant pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, vous êtes tous main dans la main. L'objectif, c'est une médaille d'or à Paris du coup ?

  • Speaker #1

    Oui, l'objectif c'est de gagner la médaille d'or à Paris. C'est ce que j'ai... C'est le Saint Graal. C'est ce que je dis à Mourad quand je suis arrivé. Je lui ai dit, moi je suis un champion à Paris en 2024. Briller dans la ville de lumière et Paris, ce serait vraiment quelque chose d'incroyable. Parce que les Jeux à la maison, ça fait 100 ans qu'ils n'ont pas eu lieu. Donc aujourd'hui, je pense... être arrivé à un stade où je peux battre tout le monde. Et je pense que le fait d'être à la maison, à la fois ça met une petite pression, mais à la fois ça permet au joueur de sortir de sa zone de confort. S'il faut aller chercher un objectif, un rêve, c'est maintenant. Je pense avoir mis tous les moyens nécessaires pour être performant. L'objectif, c'est vraiment de gagner à Paris, d'être prêt physiquement, mais surtout mentalement. parce qu'aujourd'hui, on connaît l'importance du mental sur la perf d'un sportif. C'est à peu près 60-70% de la perf. Et ça, il ne faut pas du tout le négliger. Aujourd'hui, je suis suivi par un psychologue et un préparateur mental qui m'accompagnent toutes les semaines. Justement, je suis prêt à toute situation, que j'accepte qui je suis, que j'accepte d'être entouré de beaucoup de personnes. de supprimer la pression, d'accepter l'échec, parce qu'on ne peut pas tout le temps gagner, même si c'est le choix de l'entraîneur qui a perdu ses cheveux à cause de ça. Et oui,

  • Speaker #2

    on est toujours à ça.

  • Speaker #1

    Mais oui, le mental c'est hyper important, on sait qu'à Paris ça va être grandiose, il y aura beaucoup de... Il y aura beaucoup de sollicitations, beaucoup de pression, il y aura beaucoup de monde. Donc ça, c'est des éléments à gérer en amont pour ne pas que ça nous perturbe le jour au jour. Donc c'est important de le faire maintenant, de le travailler. Et qu'une fois qu'on est à Paris, ça devienne une habitude.

  • Speaker #2

    Il y a bien résumé la chose, parce qu'il y a des attentes. Chaque athlète, mais indirectement, chaque coach, on a des attentes. Et là, c'est important qu'il y ait... qu'il soit sur ses objectifs, on a parlé de médaille, il faut être réaliste et ambitieux. Et tout en étant réaliste et ambitieux, il faut aller là-bas pour chercher la médaille d'or. À un moment donné, ça a été écrit, il n'a pas dit, mais quand il est arrivé, dès le départ, il y a eu un projet d'écrit, une feuille de route, et là, on est en plein dedans. L'objectif c'était Paris pour démarrer derrière sur Los Angeles et d'autres Jeux Olympiques. C'est que le début ? C'est que le début, en fait, il marque l'histoire.

  • Speaker #1

    Je suis très jeune dans la discipline. Par rapport à mes principaux concurrents, qui eux ça fait 10 ans qu'ils font du bad, moi ça fait seulement 6 ans, 6 ans et demi. Je suis tout nouveau, j'ai tout à prouver, j'ai tout ce qu'il y a à gagner aussi. Je n'ai pas à gagner de titre majeur encore, donc j'espère bien conquérir Paris. pour être le premier.

  • Speaker #0

    Vous parlez de l'importance du mental dans la performance sportive. Mourad, en tant qu'entraîneur, comment vous arrivez à le soutenir dans les moments d'échec ou les moments où c'est plus difficile ? Et comment vous le relancez vers l'objectif de Paris ?

  • Speaker #2

    C'est facile de le relancer sur Paris. C'est sur la feuille de route. Il n'y a pas le choix. Il n'y a pas le choix. Et puis, en fait, aujourd'hui, échec, victoire, la limite est petite. C'est ce qu'aujourd'hui... Une victoire sur un score de 21-19 sur un troisième set ou une défaite à 21-19, il n'y a que le victoire ou défaite. Indirectement, il faut se concentrer sur ses objectifs et surtout sur les compétences et tout ce qu'on a mis en place à l'entraînement. La seule chose, ce sont les process, savoir comment j'ai réalisé mes performances et comment je peux avancer avec. Aujourd'hui, il est très fort là-dedans. J'ai beaucoup hâte d'arriver à visualiser. où il doit aller, mais surtout comment il fait ses perfs. Après, on préfère toujours gagner. J'en ai perdu mes cheveux, il n'arrête pas d'en parler.

  • Speaker #1

    Il faut toujours revenir le dimanche.

  • Speaker #2

    Voilà, il y a des petites choses qu'on se dit. Toujours jouer le dimanche. Le dimanche, c'est le jour de finale. On ne se déplace pas pour visiter les villes.

  • Speaker #0

    Faites pas de tourisme.

  • Speaker #2

    Non, il n'y a pas de tourisme, j'avoue. Tout le monde pense que les quatre coins du monde, c'est pour la compète, mais c'est rythmé sur se lever, petit déjeuner, s'entraîner, préparer les matchs, analyser les matchs, faire les matchs. Et puis derrière, l'importance de la préparation mentale. C'est là la clé pour tous ces athlètes, pour gérer non pas le stress d'une compétition, mais cette motivation qui arrive derrière pour se gonfler et aller chercher encore plus de perfs.

  • Speaker #0

    Vous l'avez légèrement abordé à un moment donné au début de l'épisode. Vous avez dû faire des sacrifices pour arriver à ce niveau de performance. Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    Les sacrifices... commencé dès le départ, dès que je suis arrivé, où je devais me lever très tôt le matin et rentrer tard le soir. Aujourd'hui, une journée de type, c'est que j'arrive vers 8h, 8h30, ça dépend des jours, et je rentre chez moi vers 19h, 19h30. Donc forcément, je vois moins ma famille, moins mes parents. Je vois moins mes amis, parce qu'aujourd'hui le haut niveau ça demande beaucoup de concentration, d'être focus à 100% sur le projet. Ça veut dire moins de sorties, je ne vais quasiment plus en boîte de nuit, ça c'était avant, lorsque j'étais étudiant. Il faut que je fasse attention à ce que je mange, donc moins de fast-food, moins de cochonneries, tout ce qui est sucre, coca et autres. Il faut que je me couche beaucoup plus tôt. Aujourd'hui je me couche vers 22h30, j'essaie de lire une demi-heure avant, histoire d'avoir l'esprit apaisé. Ça c'était pas ça au départ, mais j'ai tout de suite compris qu'il fallait que je change tout ça, parce que sinon ça allait nuire à la performance sportive. Aujourd'hui notre tuyau de travail c'est notre corps, et si notre corps n'est pas en bonne santé, on risque d'être moins performant et justement se blesser derrière. Et pareil ça arrive vite, donc il faut mettre... toutes les bonnes choses de notre côté. Il faut faire des bons choix, prendre les bonnes décisions. Et ça passe notamment par une bonne alimentation, une bonne hydratation, un bon rythme de sommeil. Il faut beaucoup s'étirer aussi. Et éviter tout un peu les sollicitations un peu néfastes, les sorties.

  • Speaker #0

    Une hygiène de vie est réprochable.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça.

  • Speaker #2

    Et rentrer dans le monde du travail. C'est le commun du mortel, à partir d'un certain âge, on arrête de sortir,

  • Speaker #0

    on arrête les bêtises,

  • Speaker #2

    le monde du travail. Tout le monde pense que ce sont des sacrifices, mais à un moment donné ce sont des choix aussi. Quand on se fixe un objectif, dans toute vie, à chaque instant de la vie, on fait des choix, et ce ne sont pas forcément des sacrifices, des choix forts. pour atteindre ses objectifs. Et il en fait beaucoup pour s'entraîner, pour être là tôt le matin. Il arrive à 8h, 8h30 dans la salle, il repart le soir, il est 18h30 avec des week-ends bien chargés en compétition. Il fait... Il a fait un choix de vie, un choix de vie, comme pourrait faire un dentiste,

  • Speaker #1

    un homme d'affaires. Comme l'a dit Mourad précédemment, on a écrit une feuille de route en commun. J'ai rajouté un petit truc dans ma chambre, j'ai un mood board. C'est un tableau sur lequel sont inscrits tous mes objectifs, mes leviers de motivation, les phrases que Mourad ou d'autres sportifs ont pu partager et qui me semblaient importantes de noter. J'ai aussi écrit un peu... Un peu ce qui me faisait me lever le matin. Donc c'est important de savoir pourquoi on travaille et aussi pourquoi. C'est deux questions différentes. Et l'objectif c'est vraiment que quand je me lève le matin, je le regarde et je vais travailler. Donc je comprends pourquoi j'ai travaillé. Et le soir quand je rentre, avant de me coucher, je le relis une fois pour me dire que t'as fait tous ces efforts aujourd'hui pour atteindre tes objectifs que tu t'es fixé. Et moi je suis quelqu'un de très visuel donc c'est important de... de savoir où est-ce que je vais, comment je le fais, et quel moyen il faut mettre en place pour y arriver.

  • Speaker #0

    Mourad, en tant qu'entraîneur, est-ce que vous vous sentez en avance à l'heure par rapport à cette feuille de route ?

  • Speaker #2

    On est en avance, on a un an d'avance pour le plan sportif. Après, sur les résultats, ils vont venir et je n'ai aucune inquiétude là-dessus. Il est en avance, il a énormément, énormément travaillé, son investissement au quotidien, on le félicite parce que j'ai eu beaucoup d'athlètes, ça fait plus de 30 ans que j'entraîne. Sa rigueur, son abnégation, son travail acharné font que oui, on est en avance. La prise d'expérience, on ne peut pas demander à un athlète d'avoir 10 ans d'expérience avec seulement 5 années de badminton. À ce niveau-là, il y a plein de petits détails qui font la différence. Là, il est en train de les prendre un à un, donc c'est plutôt cool.

  • Speaker #0

    Vous êtes serein ?

  • Speaker #2

    Oui, je suis serein.

  • Speaker #0

    C'est vos premiers Jeux Olympiques à vous ? Vous avez déjà accompagné d'autres athlètes ?

  • Speaker #2

    Ça va être les premiers. J'ai déjà eu d'autres athlètes qui sont allés au jeu. Donc, je connais un peu le tempérament. Après, je pense que là, pour toute la France, ça va être une première. Les premiers jeux à Paris pour tout athlète, tout entraîneur. Sinon, il faudrait avoir 101 ans. Donc, ça va être compliqué. On vous le souhaite, on vous le souhaite. Ça va être beau. Les équipes de France. vont être là et puis je suis sûr que la France va briller.

  • Speaker #0

    Vous en parliez un peu tout à l'heure, vous êtes dans un groupe intergénérationnel où il y a beaucoup beaucoup de jeunes, des personnes un peu plus âgées aussi. Est-ce que vous changez des différences de mental en fonction des générations ou pas du tout ?

  • Speaker #2

    Ça change, ça évolue hein, mais bon.

  • Speaker #1

    Chacun, chaque joueur a son mental. Il y en a qui sont plutôt introvertis, d'autres plutôt extravertis. Donc aujourd'hui au pot il y a un mélange de tout. et ce qui est intéressant c'est qu'il y a certains jeunes je prends l'exemple de Com c'est un jeune de 14 ans c'est lui qui m'a justement donné des conseils à l'âge de 10 ans et lui à chaque fois que je joue contre lui il va toujours faire en sorte de me déstabiliser, de me sortir de mon match donc il va faire esprit de tricher ou de changer les scores ou de lancer une petite pique entre les points et justement c'est ça il me l'a dit et il le fait exprès pour... pour justement me tester, voir comment j'ai réagi, est-ce que je sors de mon match ou pas. Et s'il voit qu'il y a une petite tête ouverte, il va rentrer dedans et faire en sorte de me faire perdre mes moyens. Et pour moi, c'est un super exercice parce que ça me permet de mettre en application ce que j'ai vu, soit à l'entraînement, ce que j'ai vu en préparation mentale ou en psychologie. Et l'objectif, c'est vraiment de vivre l'enfer à l'entraînement. Et que d'ailleurs, quand on arrive en tournoi, ça puisse être un peu le bonheur. Ça serait facile. Oui, ça serait facile. Aujourd'hui, je pense que chaque joueur a un tempérament différent, chacun a un portier à chacun. L'objet, c'est vraiment de faire des matchs ou de s'entraîner avec différents joueurs. Comme ça, tu peux mettre plusieurs cordes à ton arc. Et quand tu es en situation de para, quand tu veux contrer différents adversaires, tu peux justement employer différentes flèches pour contrer l'adversaire et derrière gagner.

  • Speaker #2

    Je viens de comprendre ce qu'il vient de raconter cette petite anecdote. Mais j'ai vu qu'il mettait ça en application contre son camarade Abdou. Il vient d'avouer. Ça le fait sourire parce que derrière, il fait sortir Abdou à chaque match de ses gonds. Donc je viens de comprendre d'où venez. On va discuter avec Koum après.

  • Speaker #1

    Non mais après ça reste toujours bon enfant. Et puis on s'aide mutuellement et ça le plus important. Donc l'objectif c'est vraiment de tirer chacun vers le haut pour que chacun puisse atteindre ses objectifs personnels. Et ça, c'est pas un point dans un groupe. On a la chance d'avoir un super groupe, un groupe qui vit bien, un groupe qui s'entend bien. Et ça, c'est pas partout pareil. Donc, on a vraiment cette chance-là. Il faut vraiment profiter et travailler dur pour aller le plus loin possible.

  • Speaker #2

    Il y a un super groupe. Il y a des jeunes filles, des jeunes hommes qui sont magnifiques. Tous ces jeunes-là, une émulation vraiment forte, mais avec des tempéraments... Vraiment très fort, puisque ça reste quand même pour beaucoup des compétiteurs. Il y a neuf athlètes qui sont membres des équipes de France sur les catégories jeunes. Et donc, ils ont soif de victoire, soif de gagner, cette envie forte de dominer un peu la planète badminton. Et avec ce côté entraide, jovial, toujours un petit mot pour l'autre, du soutien et puis un petit message pour soutenir celui qui... qui est pas bien mais tout en titillant pour le pousser un petit peu quoi c'est toujours drôle.

  • Speaker #1

    Ce qui était drôle c'est quand je suis arrivé au pôle les gamins ils étaient plus petits que moi ils étaient vraiment petits donc j'ai eu la chance de les voir grandir au fur et à mesure des années. Avant je pouvais les titiller en disant que j'étais un plus grand qu'eux que ce soit en âge ou en taille mais maintenant ça a changé je suis plus petit du groupe. Faut l'accepter et parfois ils me charrient là dessus.

  • Speaker #2

    T'es plus grand des petits.

  • Speaker #1

    Ouais je suis plus grand des petits. En âge, je suis plus grand aussi. Et voilà, donc c'est toujours bonne enfance, se charrier, et voilà. Il n'y a rien de blessant.

  • Speaker #0

    Est-ce que dans votre préparation et votre entraînement au quotidien, vous utilisez les nouvelles technologies, l'analyse vidéo, les mesures des paramètres physiques ?

  • Speaker #2

    Oui, parce qu'aujourd'hui, ça prend une place prépondérante dans la préparation physique. En plus, on a l'avantage, on est au CREBS de Nantes, donc il y a un pôle recherche et innovation, il y a des experts dans ce domaine, ce qui fait que c'est facilitant aujourd'hui. On a l'appui de la MRP et du CREPS pour aider sur ce volet, puisque ça arrive depuis quelques années, sur plusieurs facteurs, que ce soit sur le Emotion pour développer sa concentration, sur les analyses vidéo, sur les mesures par rapport à la pré-physique et autres. Aujourd'hui, grâce au CREPS, on est doté d'outils, mais c'est surtout comment les utiliser, on a les experts autour. C'est un vrai plus aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Vous avez dû apprendre, ça fait 30 ans que vous coachez. Vous avez dû apprendre au fur et à mesure à utiliser tous ces nouveaux outils.

  • Speaker #2

    Non, c'est facile. On a des experts et il y a plein de jeunes qui utilisent ça mieux que nous et plus rapidement. Alors oui, je m'intéresse puisque la technologie, on est toujours attiré par ça pour comprendre et autres. Mais il y a des experts ici, 3-4 experts qui nous aident au quotidien et c'est plus facile. On ne peut pas être bon partout.

  • Speaker #0

    Et Charles, vous, c'est pas bizarre des fois de jouer avec des électrodes ou dans des contextes un peu particuliers pour ces fins de recherche ?

  • Speaker #1

    Je crois que je n'ai jamais joué avec des électrodes. Je crois que je n'ai jamais fait de test.

  • Speaker #2

    Les capteurs, déjà avec My Big Bang ou là avec iMotion.

  • Speaker #1

    Oui, ça, oui. Pour moi, c'est important d'essayer. Donc, s'il faut jouer avec des électrodes ou s'il faut jouer avec des capteurs ou s'il faut jouer avec une caméra. Je le fais avec grand plaisir si ça m'aide justement à devenir beaucoup plus performant. Aujourd'hui, on connaît le progrès de la science, la technologie, on connaît l'importance du digital, tout l'univers de connectivité, je pense que ça se dit. Mais ça montre que l'humain avance, que la technologie avance, que le sport se digitalise de plus en plus. C'est important d'être à la pointe, de s'y intéresser, prendre ce qu'il y a à prendre et voir si ça marche.

  • Speaker #2

    Vous avez compris notre relation. En fait, il arrive à l'entraînement, je lui dis, rentre dans cette salle, fais ça. J'y vais. Il y va, il fait confiance. Et puis après, c'est bien. C'est pas mal.

  • Speaker #1

    Je suis robotisé.

  • Speaker #2

    Il avance. Non, mais c'est l'atout avec Charles. C'est cette curiosité qu'il a et cette soif d'apprendre. Et ce qui permet aujourd'hui de... Cette ouverture, elle est importante, l'ouverture d'esprit. Sinon, on reste fermé et celui qui n'évolue pas, régresse.

  • Speaker #0

    Belle citation. Quelles sont vos aspirations pour l'avenir après les Jeux Olympiques ?

  • Speaker #1

    Après les Jeux ?

  • Speaker #2

    Des vacances.

  • Speaker #1

    Oui, des vacances, c'est sûr. Ça fait quelques temps que je travaille tous les jours. Ensuite, j'aimerais bien continuer jusqu'à Los Angeles en 2028 ou Brisbane en 2032. Mais en contrepartie, pourquoi pas de continuer à développer le handisport à la chaîne nationale puis internationale, parce que j'ai la chance d'être bilingue ou anglophone. Mon père est anglais, ma mère est française, donc je maîtrise les deux langues. Et sinon, j'aimerais bien continuer à travailler dans tout ce qui est communication, marketing.

  • Speaker #0

    Oui, ce qui est le fait de vos études.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Toujours en lien avec le sport, que ce soit travailler en France ou même parfois à l'étranger, ou même trouver une entreprise qui puisse m'embaucher. grâce à une CIP pour justement que je puisse travailler un peu à côté, avoir un revenu. Aujourd'hui, une saison en Parabas-Mitton, c'est une saison très coûteuse, une saison qui avoisine les 30 000-35 000 euros chaque année. Ça comprend les frais de déplacement, le logistique, les hôtels, les frais d'inscription, l'achat d'équipement. D'où l'importance d'avoir un revenu, d'avoir des sponsors, des personnes qui t'accompagnent. Donc oui, j'aimerais bien continuer à travailler dans tout ce qui est management, communication, marketing, toujours en lien avec le sport, tout en continuant... à travailler sur mon projet sportif et les prochaines Olympiades. Donc aujourd'hui, je pense que le fait de vivre cette première expérience, ça me permet de voir ce qui est bien, ce qui est moins bien, ce qui a développé, pour que pour les années futures, je puisse être dans les meilleures conditions possibles, trouver une stabilité et continuer à arriver.

  • Speaker #0

    C'est un test grand en nature.

  • Speaker #1

    C'est un test grand en nature, aussi grand que... que Paris, qu'un projet paralympique ou olympique.

  • Speaker #0

    Est-ce que pour finir cette discussion, vous avez une anecdote ou une belle émotion que vous avez partagée ensemble à nous raconter ?

  • Speaker #2

    Oula ! Je vais laisser trouver l'anecdote là parce qu'il y en a tellement.

  • Speaker #1

    Peut-être l'élément déclencheur, ce qui m'a vraiment libéré, c'est quand j'ai battu le numéro 1 mondial et le champion paralympique, c'était en Espagne l'année dernière. Je les ai battus coup sur coup et pour moi c'était en quelque sorte une validation. Ce que j'attendais ce moment-là depuis un certain temps, souvent j'ai joué aux portes des quart de finale ou de la demi-finale et je n'avais pas encore battu un top 3 mondial. Et le fait de les avoir battus coup sur coup, ça a montré que j'étais capable de battre tout le monde. Avec beaucoup de travail, beaucoup de détermination, on pouvait devenir grand, on pouvait gagner. Et le fait de les avoir battus coup sur coup, ça m'a permis de voir que moi aussi j'ai ma place, moi aussi je peux être un champion. Donc voilà, je me donne les moyens de réussir et l'objectif c'est vraiment de continuer cette voie-là pour continuer à grimper au classement mondial et être champion par impitre, être champion du monde, être champion d'Europe. Tous les titres majeurs que je n'ai pas encore aujourd'hui, ça c'est des objectifs que je souhaite atteindre, que je n'ai pas encore atteint. Ça montre qu'il y a encore du travail. Il faut encore travailler avec Mourad et continuer à aller de l'avant.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous, vous avez ressenti quand il a gagné contre le top 3 mondial ?

  • Speaker #2

    C'était une belle victoire en fait. Il s'est préparé sur plusieurs compétitions. Il partait en compétition au départ, il arrivait et puis en... Il y avait le pôle, il y avait beaucoup de choses. Il partait en compète et il est revenu et il me dit J'ai perdu 21-4, 21-5 contre cette tête. Je dis Ah, ok. Six mois plus tard, il perd 21-10, 21-15. On regarde le match et puis analyse vidéo. Donc je dis Mais regarde, tu as perdu un point là, deux points là. Il y a beaucoup de points que tu perds de cette manière. Ok, allez, on va bosser. C'est toujours comme ça, analyse vidéo, on bosse, il bosse, il bosse, il bosse. Et puis... Il y avait une petite faille, puis il s'est engouffré dedans. C'était beau, il y avait beaucoup d'émotion. Parce qu'en fait, ce sont des athlètes qui ont 10 ans de plus que lui en termes de bad. Et ce n'est pas facile, ce n'est pas donné à tout le monde de rattraper autant d'expérience en si peu de temps. Parce que quelques années, c'est très peu. Rattraper 10 ans, 5 ans face à tous ces athlètes, c'est énorme. Et du coup, sur cette victoire, il y avait beaucoup d'émotions à la fin, un soulagement, mais surtout ce petit côté où on se dit Ouais, ça va le faire Parce qu'on peut être confiant sur Paris, tout ça, mais rattraper de tels champions, maintenant ça peut le faire, on les a battus. Donc du coup, on peut aller plus loin, tout en sachant que ce n'est pas évident quand on arrive dans un sport pour Charles comme ça et de se dire Ok, je suis fan de lui, de lui, de lui et de lui. Donc on est fan de ces athlètes-là au départ. Et après, on veut les battre. Et du coup, cette étape, il l'a franchie. Et ça, c'est beau. Donc bravo.

  • Speaker #1

    Salut coach.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci à tous les deux d'être venus discuter avec nous. C'était super intéressant. Pour toutes les personnes qui nous écoutent, on se retrouve le mois prochain sur toutes les plateformes d'écoute. Et sinon, rendez-vous sur nos réseaux sociaux.

  • Speaker #2

    Merci.

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