- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue pour cette analyse proposée par IG Conseils. Aujourd'hui, nous décryptons un sujet crucial pour la sécurité juridique et éthique des entreprises, la procédure d'alerte. Ensemble, on va explorer comment prévenir les risques, protéger les lanceurs d'alerte et puis bien sûr, respecter le cadre légal et normatif. L'idée, c'est vraiment de démystifier un peu cette procédure. On la voit souvent comme une menace, mais en fait, il faut plutôt la voir comme un outil. Un outil de prévention, de protection pour l'entreprise, ses dirigeants, ses salariés. Un levier quoi, pour piloter avec, disons, plus de sérénité. Alors, entrons dans le vif du sujet. Cette procédure d'alerte, c'est quoi exactement si on devait la définir simplement ?
- Speaker #1
C'est un mécanisme légal en fait, conçu pour une détection précoce.
- Speaker #0
Précoce de quoi ?
- Speaker #1
De faits qui pourraient compromettre sérieusement la continuité de l'exploitation. On peut penser par exemple à une chute brutale du chiffre d'affaires. Des difficultés de trésorerie qui s'installent, la perte d'un gros client, un climat social très tendu, ou même des risques fiscaux, sociaux, environnementaux qui seraient mal gérés. Le but premier, c'est vraiment d'anticiper pour protéger, pas de sanctionner, c'est important ça.
- Speaker #0
D'accord, un système de vigilance préventif donc.
- Speaker #1
Et qui peut tirer cette sonnette d'alarme ? Qui sont les acteurs ?
- Speaker #0
Alors, il y a plusieurs acteurs possibles. Dans les entreprises de plus de 50 salariés, le CSE. le comité social et économique peut agir. S'il a connaissance de faits préoccupants pour la situation économique, bien sûr.
- Speaker #1
Les associés ou les actionnaires aussi, ils ont ce droit. Et évidemment, le commissaire au compte, le CAC. Pour lui, c'est même une obligation légale d'alerter s'il repère ce genre de faits pendant sa mission.
- Speaker #0
Ah oui, une obligation carrément.
- Speaker #1
Tout à fait. Et il ne faut pas oublier non plus le lanceur d'alerte interne. Ça peut être un salarié, un stagiaire, même un partenaire externe comme un fournisseur. Cette personne peut signaler des manquements graves, des problèmes éthiques ou légaux, via des canaux spécifiques. Ces canaux doivent être sécurisés, confidentiels. C'est notamment ce que prévoit la loi Wasserman pour protéger ces lanceurs d'alerte.
- Speaker #0
Très clair. Une fois qu'un de ces acteurs constate des faits inquiétants, comment ça se déroule ? Quelles sont les grandes étapes ?
- Speaker #1
Alors, typiquement, ça commence par une demande écrite. Une demande d'explication adressée au dirigeant. C'est l'initiateur de l'alerte, donc le CSE, le CAC, qui la rédige. Le dirigeant, lui, il a en général 15 jours pour répondre. Une réponse argumentée, bien sûr.
- Speaker #0
15 jours. Et si la réponse n'est pas jugée suffisante ? Si les doutes persistent ?
- Speaker #1
Là, la procédure monte d'un cran, si on peut dire. L'initiateur, que ce soit le CSE ou le CAC, va rédiger un rapport spécial. Ce rapport, ensuite, il est présenté aux organes de direction ou de gouvernance. Ça peut être le conseil d'administration, le conseil de surveillance, l'assemblée générale.
- Speaker #0
L'idée, c'est d'informer largement en fait.
- Speaker #1
Exactement. Informer et provoquer une discussion sur les solutions, les mesures à prendre. Et si vraiment la situation reste critique malgré tout ça, le CAC a une obligation ultime. Informer le président du tribunal de commerce. D'accord. Mais un point très important, tout ce processus est couvert par une confidentialité très stricte.
- Speaker #0
Oui, c'est essentiel ça. Le rôle du commissaire au compte, il semble vraiment central dans tout ça. J'imagine que son intervention est très normée.
- Speaker #1
Ah oui, absolument. Le CAC, c'est un peu la sentinelle indépendante, vous voyez. Et son action est balisée par ce qu'on appelle les normes d'exercice professionnel, les NEP. Les NEP, oui. Et il y en a une qui est clé ici, la NEP 570. Elle porte sur la continuité d'exploitation. En gros, elle oblige le CAC à évaluer si l'entreprise a la capacité de poursuivre son activité, sur un horizon d'au moins 12 mois.
- Speaker #0
12 mois, d'accord.
- Speaker #1
C'est ça. Pour ça, il analyse plein d'indicateurs. Les prévisions de trésorerie, l'accès au financement, les dépendances. Et s'il a un doute sérieux, l'alerte devient une obligation pour lui.
- Speaker #0
Et il y a d'autres NEP importantes ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. D'autres NEP nourrissent son jugement. Par exemple, la NEP 315 sur l'évaluation des risques, ou la NEP 265 qui concerne la communication des faiblesses du contrôle interne. Tout ça l'aide à repérer les signaux faibles, les signes avant-coureurs. Et bien sûr, toute sa démarche doit être super bien documentée, motivée. et respecter des délais précis.
- Speaker #0
C'est très encadré, et du côté de l'entreprise elle-même. Quelles sont ses obligations, surtout pour celles de plus de 50 salariés, concernant les alertes qui viendraient de l'interne ?
- Speaker #1
Alors, l'obligation principale pour ces entreprises, c'est de mettre en place une procédure interne.
- Speaker #0
Pour recueillir et traiter les signalements.
- Speaker #1
Concrètement, ça veut dire quoi ? Ça implique d'avoir un canal dédié. Un canal qui garantit la sécurité et la confidentialité. Confidentialité de l'identité du lanceur d'alerte et des informations transmises. C'est crucial. L'entreprise doit aussi accuser réception du signalement sous 7 jours ouvrés. Et ensuite, informer le lanceur d'alerte des suites envisagées ou déjà données. Ça, dans un délai raisonnable, maximum 3 mois. D'accord. Et pour que ça fonctionne bien, il faut désigner un référent interne. Quelqu'un de compétent, d'impartial. Et puis, communiquer clairement sur ce dispositif à tous les salariés. Faut que tout le monde soit au courant que ça existe et comment l'utiliser.
- Speaker #0
Tout ça peut paraître un peu lourd, peut-être, mais... Au fond, quel est l'intérêt pour une entreprise de bien maîtriser cette procédure ? Pourquoi c'est si important ?
- Speaker #1
L'intérêt est énorme. Vraiment, il faut dépasser l'idée d'une simple contrainte légale. C'est une chance en fait. Une opportunité d'agir avant que la situation devienne critique.
- Speaker #0
Une opportunité, comment ça ?
- Speaker #1
Les bénéfices sont concrets. Ça peut permettre de réduire des pertes financières importantes. Ça renforce aussi la culture de transparence, d'éthique dans l'entreprise. Et ça, ça améliore l'image, l'attractivité, y compris comme employeur. D'ailleurs, il y a une étude de l'OCDE qui montrait que si on traite rapidement ces signaux faibles, les chances de redressement de l'entreprise augmentent considérablement.
- Speaker #0
Ah oui, quand même.
- Speaker #1
Donc, ignorer les alertes, ne pas respecter les délais, sous-estimer certains risques, le fiscal, le social sont souvent sous-estimés. Ce sont vraiment des pièges qui peuvent coûter très cher.
- Speaker #0
Le message clé, donc, si je comprends bien, c'est anticiper, c'est protéger.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Comprendre ce mécanisme, savoir lire ses propres chiffres, ses indicateurs, Ça permet de prendre des décisions. plus sereinement et finalement de renforcer la pernillité de son activité. Merci d'avoir suivi cette discussion d'IG Conseils. L'article complet sur la procédure d'alerte est disponible sur notre blog. "blog.ig-conseils.com" article "Procédure d'alerte" Cette analyse vous a été proposée par IG Conseil. Notre mission, accompagner la maîtrise des meilleures pratiques en gestion d'entreprise, comptabilité, digitalisation et intelligence artificielle.
- Speaker #1
Et peut-être une pensée pour conclure. Au-delà de la simple conformité à la loi, comment est-ce que cette culture de la vigilance précoce, cette attention aux signaux faibles, peut devenir un vrai moteur d'agilité et même d'innovation pour l'entreprise ? C'est une question intéressante, je trouve.