Fragonard Parfumeur cover
Fragonard Parfumeur cover
Impossible-Possible (version française)

Fragonard Parfumeur

Fragonard Parfumeur

10min |24/10/2024
Play
Fragonard Parfumeur cover
Fragonard Parfumeur cover
Impossible-Possible (version française)

Fragonard Parfumeur

Fragonard Parfumeur

10min |24/10/2024
Play

Description

Pour ses 160 ans, Société Générale a voulu célébrer ses relations de confiance avec celles et ceux sans qui rien n’aurait été possible, ses clients et partenaires. Ainsi est né le projet artistique Impossible • Possible. Le photographe Marco D’Anna a réalisé pour le compte du Groupe une série de 75 portraits de ces derniers, entrepreneur(e)s, médecins, financiers, familles, bénévoles, musiciennes, industriels… Nous allons voulu aller au-delà des images…Découvrez ces histoires humaines, où l’impossible devient possible, ces récits authentiques où les protagonistes vous dévoilent leurs parcours, leurs visions, leurs passions.


Accéder au podcast et à son transcript : https://podcast.ausha.co/impossible-possible-version-francaise/fragonard-parfumeur


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Françoise Fabre

    C'est une chance extraordinaire d'être née dans cette famille avec une entreprise de la parfumerie à Grasse, avec autant de possibilités, autant de cordes à notre arc.

  • Agnès Webster

    Surtout que notre grand-père était notaire à Saint-Chamond. Donc nous avons eu beaucoup de chance qu'il décide que l'asthme le dérangeait, qu'il avait besoin de vivre à Grasse, qui était une station réputée pour la respiration, parce que c'était à 500 mètres d'altitude par rapport à la mer. Donc en 1921, il a transporté sa famille à Grasse. Il a vu que le métier principal de la ville, c'était la parfumerie. Il s'est fait élire président du syndicat des parfumeurs. Et de là, il a décidé d'acheter une petite société, de monter sa propre structure. Et il a installé son usine en l'appelant du nom du fils le plus connu de la ville de Grasse, Jean-Honoré Fragonard, le peintre de Louis XVI. Donc franchement, on a eu beaucoup de chance qu'il fasse tout ça, notre arrière-grand-père. Mon père était très traditionnel et il nous a élevées en disant : "Je n'ai que des filles, j'aurai des gendres pour travailler". Il disait à notre mère : "Laisse-les dormir, elles peuvent dormir se sont des filles". Ce qui était très agréable, on a beaucoup apprécié pendant notre enfance de ne pas avoir de pression.

  • Françoise Fabre

    Après, nous avions l'image de notre mère qui était très féministe, qui nous a élevées en nous disant : "Il n'y a d'indépendance qu'économique, donc vous devez avoir un métier, vous devez travailler". Et ça nous a beaucoup formées. Notre père était certainement plus autoritaire, mais il n'était pas tellement avec nous parce qu'il ne s'attendait pas à ce qu'on reprenne les rênes de l'entreprise. Il ne s'y attendait pas du tout.

  • Agnès Webster

    Et c'est quand il a vu qu'on allait travailler et qu'on n'allait pas chercher à se marier et à tenir un ménage qu'il s'est dit : "Après tout, pourquoi est-ce qu'elles ne viendraient pas avec nous ?". C'était à la fois un métier qui m'intéressait et qui me passionnait puisque le parfum c'est un métier qui fait rêver tout le monde et qui me faisait beaucoup rêver, mais qui était très masculin à l'époque au niveau de la direction. J'ai eu besoin que ma sœur vienne m'aider. Elle est arrivée très rapidement, donc en 86. Et nous avons formé un duo qui a fonctionné tout de suite, extrêmement vite et bien. Puis notre sœur aînée, qui est médecin, est venue nous rejoindre ultérieurement et s'occupe de nos collections de produits cosmétiques en supervisant le laboratoire de fabrication qui est à Eze Village.

  • Françoise Fabre

    Agnès a une personnalité très artistique, très créative, très conceptuelle. Et ce qu'elle ressentait à l'époque, c'est-à-dire la dureté de ce milieu masculin qui ne voulait pas d'elle. Quand elle est venue me chercher, moi, j'ai répondu oui très facilement parce que nous venions de passer quatre ans d'études ensemble et on s'était très bien entendues et on avait bien compris qu'on était complémentaires. Agnès m'a apporté la fantaisie, qui quand même me plaît, m'amuse. Et moi je lui ai apporté une sécurité dans le fonctionnement qui fait qu'il y a beaucoup de sujets dont elle n'a pas besoin de se préoccuper. Et à l'époque, on a fait un front ensemble contre, par moments, une adversité qui était certaine.

  • Agnès Webster

    Depuis près de 40 ans que nous travaillons toutes les deux et depuis une vingtaine d'années que nous dirigeons l'entreprise, personne n'a jamais réussi à s'immiscer entre nous. Moi, je sais ce que pense Françoise, Françoise sait ce que je pense.

  • Françoise Fabre

    En fait, nous avons un fonctionnement très gémellaire.

  • Agnès Webster

    Et c'est en se retrouvant dans le travail que finalement, nous avons cultivé cette complémentarité qui a fonctionné très bien, qui nous a donné beaucoup de souplesse. Ça fonctionne de façon très intuitive.

  • Françoise Fabre

    La force de notre entreprise, c'est l'entente que nous avons les trois sœurs. Et l'intelligence de ma sœur Agnès, qui est juste au-dessus de moi, c'est d'être entrée deux ans avant moi, de ne pas avoir dirigé l'entreprise comme la sœur aînée qui dirige tout et qui est une voix unique. Et nous, nous avons vraiment un fonctionnement à double voix, même à triple voix. Ce qui est inhabituel à Grasse, ce qui est inhabituel dans les entreprises d'une manière assez générale. Il n'y a pas de hiérarchie entre nous, on a la même vision, mais on a aussi le même pouvoir au sein de l'entreprise. Et ça, c'est une vraie force. Et cette solitude que peut avoir le chef d'entreprise, nous, nous ne l'avons pas. Nous ne l'avons jamais eue.

  • Agnès Webster

    Tout le monde travaille ensemble dans un but commun, qui est d'avoir la plus belle vie possible et de faire rayonner cette belle vie autour de nous par les produits que nous fabriquons, par la qualité de vie que nous essayons de donner dans notre entreprise et par la façon d'éduquer nos enfants pour qu'ils transmettent ces valeurs-là. On a eu la chance d'avoir des parents merveilleux. On essaie nous-mêmes d'être des parents assez bien. On verra s'ils diront un jour qu'on est merveilleuse, je ne sais pas. Mais en tout cas, on essaie de faire au mieux pour faire prévaloir cette belle entente que nous avons. Je pense que nous avons un management très féminin, oui. On a cette acuité qui fait qu'on est peut-être plus sensible au quotidien des gens. Donc c'est là où j'ai l'impression que nous réussissons bien notre rôle de chef d'entreprise, c'est que nous faisons très attention à nos équipes, nous faisons attention à ce que les gens soient bien dans leur travail, qu'ils soient heureux dans leur activité de tous les jours, on passe 8 heures par jour à travailler, il faut que ce soit le plus agréable possible. Nous faisons très attention à ce que tout le monde s'entende. Notre entreprise est une petite maison, mais qui brille de tous les côtés. Nous avons la chance d'avoir une politique culturelle assez dynamique, avec des expositions différentes dans nos musées, avec un métier sans cesse renouvelé. Il se passe plein de choses dans la parfumerie. Il y a plein de choses que nous pouvons partager avec les gens. Nous décisions de former les gens, nous décisions de les faire évoluer dans l'entreprise au maximum de leurs possibilités. Et puis, la joie de vivre quand même, la gaieté, la fantaisie, pour que quand même ce soit agréable de venir travailler chez Fragonard. Je pense que j'ai aussi la chance d'être entourée d'une équipe créative très forte. J'ai un directeur artistique depuis 30 ans qui me suit et qui nous suit dans toutes nos envies, dans tous nos désirs et dans nos petites folies. J'ai une équipe créative graphiste aussi très douée et qui donne corps à toutes les idées que nous pouvons leur apporter. Je me suis dit finalement, le management de mon père, qui était un management très sérieux, avait besoin d'être un peu pimenté de plus de chaleur humaine. Et j'ai eu à cœur de toujours penser à gratifier les gens, à leur dire combien ce qu'ils font c'est bien, combien nous apprécions le travail, combien ce dessin est joli, ou cette couleur est réussie, ou cette fragrance est particulièrement délicieuse. Parce que c'est important. Bien sûr que les gens peuvent le savoir, mais si on le leur dit, c'est encore mieux. La force que nous avons, Françoise et moi, c'est d'avoir développé une marque qui ne ressemble qu'à elle-même. Nous avons eu la chance de bénéficier de cette singularité et nous l'avons développée. Nous avons développé l'activité culturelle, nous avons développé une marque avec une façon de faire qui était en tout cas totalement atypique quand nous avons commencé. À la fin des années 90, quand nous sommes arrivées toutes les deux auprès de mon père en lui disant qu'on voulait raconter une entreprise qui irait dans toutes les pièces de la maison, que ce soit la salle de bain avec la parfumerie, la cuisine avec la vaisselle, le salon avec des coussins et le placard avec la garde-robe. Donc, c'était l'idée d'une marque transversale. À l'époque, on ne le disait pas. En 95, personne ne parlait de marque transversale. Et nous, on ne mettait pas les mots, mais par contre, on fabriquait les produits.

  • Françoise Fabre

    On a une entente extraordinaire, ça c'est la vérité.

  • Agnès Webster

    Une grande complémentarité.

  • Françoise Fabre

    Donc chacune a un domaine d'intervention. Je pense qu'on comprend ce que l'autre veut, ce que l'autre souhaite et on a la même vision.

  • Agnès Webster

    Nos enfants sont jeunes. Ils ont 18 ans pour les plus âgés et 15 ans pour les plus jeunes. Ils ont l'avenir devant eux. Nous faisons ce que nous pouvons pour leur donner les bonnes valeurs que nous essayons de transmettre dans l'entreprise. Après ce sera à eux de voir ce qu'ils veulent en faire.

  • Françoise Fabre

    Je pense que nos enfants auront envie de venir travailler chez Fragonard. Peut-être pas tous, mais comme on en a six, c'est beaucoup. On leur laisse bien sûr le choix de faire ce qu'ils veulent, mais ils aiment l'entreprise. Je pense qu'ils aiment beaucoup l'entreprise. Ils aiment toutes les possibilités qu'offre Fragonard. Nous vendons des parfums, nous vendons tous les articles pour la maison. Nous avons acheté une belle propriété agricole dans laquelle on fait un mât du parfumeur. Il y a les musées, il y a quand même énormément de métiers différents au sein de Fragonard, dans lesquels peut-être que chacun peut se retrouver. Et puis ça permet de projeter notre entreprise dans l'avenir aussi. Pour nous, c'est sympathique aussi de se dire qu'on a une transmission, on travaille dans l'esprit d'une transmission. Fragonard, pour nous, se définit comme étant une marque du bonheur, de la gaieté, de la fantaisie.

  • Agnès Webster

    Pour moi, Fragonard, c'est la couleur. Et la joie de vivre. Nous nous retrouvons là aussi sur les mêmes mots, toutes les deux.

Description

Pour ses 160 ans, Société Générale a voulu célébrer ses relations de confiance avec celles et ceux sans qui rien n’aurait été possible, ses clients et partenaires. Ainsi est né le projet artistique Impossible • Possible. Le photographe Marco D’Anna a réalisé pour le compte du Groupe une série de 75 portraits de ces derniers, entrepreneur(e)s, médecins, financiers, familles, bénévoles, musiciennes, industriels… Nous allons voulu aller au-delà des images…Découvrez ces histoires humaines, où l’impossible devient possible, ces récits authentiques où les protagonistes vous dévoilent leurs parcours, leurs visions, leurs passions.


Accéder au podcast et à son transcript : https://podcast.ausha.co/impossible-possible-version-francaise/fragonard-parfumeur


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Françoise Fabre

    C'est une chance extraordinaire d'être née dans cette famille avec une entreprise de la parfumerie à Grasse, avec autant de possibilités, autant de cordes à notre arc.

  • Agnès Webster

    Surtout que notre grand-père était notaire à Saint-Chamond. Donc nous avons eu beaucoup de chance qu'il décide que l'asthme le dérangeait, qu'il avait besoin de vivre à Grasse, qui était une station réputée pour la respiration, parce que c'était à 500 mètres d'altitude par rapport à la mer. Donc en 1921, il a transporté sa famille à Grasse. Il a vu que le métier principal de la ville, c'était la parfumerie. Il s'est fait élire président du syndicat des parfumeurs. Et de là, il a décidé d'acheter une petite société, de monter sa propre structure. Et il a installé son usine en l'appelant du nom du fils le plus connu de la ville de Grasse, Jean-Honoré Fragonard, le peintre de Louis XVI. Donc franchement, on a eu beaucoup de chance qu'il fasse tout ça, notre arrière-grand-père. Mon père était très traditionnel et il nous a élevées en disant : "Je n'ai que des filles, j'aurai des gendres pour travailler". Il disait à notre mère : "Laisse-les dormir, elles peuvent dormir se sont des filles". Ce qui était très agréable, on a beaucoup apprécié pendant notre enfance de ne pas avoir de pression.

  • Françoise Fabre

    Après, nous avions l'image de notre mère qui était très féministe, qui nous a élevées en nous disant : "Il n'y a d'indépendance qu'économique, donc vous devez avoir un métier, vous devez travailler". Et ça nous a beaucoup formées. Notre père était certainement plus autoritaire, mais il n'était pas tellement avec nous parce qu'il ne s'attendait pas à ce qu'on reprenne les rênes de l'entreprise. Il ne s'y attendait pas du tout.

  • Agnès Webster

    Et c'est quand il a vu qu'on allait travailler et qu'on n'allait pas chercher à se marier et à tenir un ménage qu'il s'est dit : "Après tout, pourquoi est-ce qu'elles ne viendraient pas avec nous ?". C'était à la fois un métier qui m'intéressait et qui me passionnait puisque le parfum c'est un métier qui fait rêver tout le monde et qui me faisait beaucoup rêver, mais qui était très masculin à l'époque au niveau de la direction. J'ai eu besoin que ma sœur vienne m'aider. Elle est arrivée très rapidement, donc en 86. Et nous avons formé un duo qui a fonctionné tout de suite, extrêmement vite et bien. Puis notre sœur aînée, qui est médecin, est venue nous rejoindre ultérieurement et s'occupe de nos collections de produits cosmétiques en supervisant le laboratoire de fabrication qui est à Eze Village.

  • Françoise Fabre

    Agnès a une personnalité très artistique, très créative, très conceptuelle. Et ce qu'elle ressentait à l'époque, c'est-à-dire la dureté de ce milieu masculin qui ne voulait pas d'elle. Quand elle est venue me chercher, moi, j'ai répondu oui très facilement parce que nous venions de passer quatre ans d'études ensemble et on s'était très bien entendues et on avait bien compris qu'on était complémentaires. Agnès m'a apporté la fantaisie, qui quand même me plaît, m'amuse. Et moi je lui ai apporté une sécurité dans le fonctionnement qui fait qu'il y a beaucoup de sujets dont elle n'a pas besoin de se préoccuper. Et à l'époque, on a fait un front ensemble contre, par moments, une adversité qui était certaine.

  • Agnès Webster

    Depuis près de 40 ans que nous travaillons toutes les deux et depuis une vingtaine d'années que nous dirigeons l'entreprise, personne n'a jamais réussi à s'immiscer entre nous. Moi, je sais ce que pense Françoise, Françoise sait ce que je pense.

  • Françoise Fabre

    En fait, nous avons un fonctionnement très gémellaire.

  • Agnès Webster

    Et c'est en se retrouvant dans le travail que finalement, nous avons cultivé cette complémentarité qui a fonctionné très bien, qui nous a donné beaucoup de souplesse. Ça fonctionne de façon très intuitive.

  • Françoise Fabre

    La force de notre entreprise, c'est l'entente que nous avons les trois sœurs. Et l'intelligence de ma sœur Agnès, qui est juste au-dessus de moi, c'est d'être entrée deux ans avant moi, de ne pas avoir dirigé l'entreprise comme la sœur aînée qui dirige tout et qui est une voix unique. Et nous, nous avons vraiment un fonctionnement à double voix, même à triple voix. Ce qui est inhabituel à Grasse, ce qui est inhabituel dans les entreprises d'une manière assez générale. Il n'y a pas de hiérarchie entre nous, on a la même vision, mais on a aussi le même pouvoir au sein de l'entreprise. Et ça, c'est une vraie force. Et cette solitude que peut avoir le chef d'entreprise, nous, nous ne l'avons pas. Nous ne l'avons jamais eue.

  • Agnès Webster

    Tout le monde travaille ensemble dans un but commun, qui est d'avoir la plus belle vie possible et de faire rayonner cette belle vie autour de nous par les produits que nous fabriquons, par la qualité de vie que nous essayons de donner dans notre entreprise et par la façon d'éduquer nos enfants pour qu'ils transmettent ces valeurs-là. On a eu la chance d'avoir des parents merveilleux. On essaie nous-mêmes d'être des parents assez bien. On verra s'ils diront un jour qu'on est merveilleuse, je ne sais pas. Mais en tout cas, on essaie de faire au mieux pour faire prévaloir cette belle entente que nous avons. Je pense que nous avons un management très féminin, oui. On a cette acuité qui fait qu'on est peut-être plus sensible au quotidien des gens. Donc c'est là où j'ai l'impression que nous réussissons bien notre rôle de chef d'entreprise, c'est que nous faisons très attention à nos équipes, nous faisons attention à ce que les gens soient bien dans leur travail, qu'ils soient heureux dans leur activité de tous les jours, on passe 8 heures par jour à travailler, il faut que ce soit le plus agréable possible. Nous faisons très attention à ce que tout le monde s'entende. Notre entreprise est une petite maison, mais qui brille de tous les côtés. Nous avons la chance d'avoir une politique culturelle assez dynamique, avec des expositions différentes dans nos musées, avec un métier sans cesse renouvelé. Il se passe plein de choses dans la parfumerie. Il y a plein de choses que nous pouvons partager avec les gens. Nous décisions de former les gens, nous décisions de les faire évoluer dans l'entreprise au maximum de leurs possibilités. Et puis, la joie de vivre quand même, la gaieté, la fantaisie, pour que quand même ce soit agréable de venir travailler chez Fragonard. Je pense que j'ai aussi la chance d'être entourée d'une équipe créative très forte. J'ai un directeur artistique depuis 30 ans qui me suit et qui nous suit dans toutes nos envies, dans tous nos désirs et dans nos petites folies. J'ai une équipe créative graphiste aussi très douée et qui donne corps à toutes les idées que nous pouvons leur apporter. Je me suis dit finalement, le management de mon père, qui était un management très sérieux, avait besoin d'être un peu pimenté de plus de chaleur humaine. Et j'ai eu à cœur de toujours penser à gratifier les gens, à leur dire combien ce qu'ils font c'est bien, combien nous apprécions le travail, combien ce dessin est joli, ou cette couleur est réussie, ou cette fragrance est particulièrement délicieuse. Parce que c'est important. Bien sûr que les gens peuvent le savoir, mais si on le leur dit, c'est encore mieux. La force que nous avons, Françoise et moi, c'est d'avoir développé une marque qui ne ressemble qu'à elle-même. Nous avons eu la chance de bénéficier de cette singularité et nous l'avons développée. Nous avons développé l'activité culturelle, nous avons développé une marque avec une façon de faire qui était en tout cas totalement atypique quand nous avons commencé. À la fin des années 90, quand nous sommes arrivées toutes les deux auprès de mon père en lui disant qu'on voulait raconter une entreprise qui irait dans toutes les pièces de la maison, que ce soit la salle de bain avec la parfumerie, la cuisine avec la vaisselle, le salon avec des coussins et le placard avec la garde-robe. Donc, c'était l'idée d'une marque transversale. À l'époque, on ne le disait pas. En 95, personne ne parlait de marque transversale. Et nous, on ne mettait pas les mots, mais par contre, on fabriquait les produits.

  • Françoise Fabre

    On a une entente extraordinaire, ça c'est la vérité.

  • Agnès Webster

    Une grande complémentarité.

  • Françoise Fabre

    Donc chacune a un domaine d'intervention. Je pense qu'on comprend ce que l'autre veut, ce que l'autre souhaite et on a la même vision.

  • Agnès Webster

    Nos enfants sont jeunes. Ils ont 18 ans pour les plus âgés et 15 ans pour les plus jeunes. Ils ont l'avenir devant eux. Nous faisons ce que nous pouvons pour leur donner les bonnes valeurs que nous essayons de transmettre dans l'entreprise. Après ce sera à eux de voir ce qu'ils veulent en faire.

  • Françoise Fabre

    Je pense que nos enfants auront envie de venir travailler chez Fragonard. Peut-être pas tous, mais comme on en a six, c'est beaucoup. On leur laisse bien sûr le choix de faire ce qu'ils veulent, mais ils aiment l'entreprise. Je pense qu'ils aiment beaucoup l'entreprise. Ils aiment toutes les possibilités qu'offre Fragonard. Nous vendons des parfums, nous vendons tous les articles pour la maison. Nous avons acheté une belle propriété agricole dans laquelle on fait un mât du parfumeur. Il y a les musées, il y a quand même énormément de métiers différents au sein de Fragonard, dans lesquels peut-être que chacun peut se retrouver. Et puis ça permet de projeter notre entreprise dans l'avenir aussi. Pour nous, c'est sympathique aussi de se dire qu'on a une transmission, on travaille dans l'esprit d'une transmission. Fragonard, pour nous, se définit comme étant une marque du bonheur, de la gaieté, de la fantaisie.

  • Agnès Webster

    Pour moi, Fragonard, c'est la couleur. Et la joie de vivre. Nous nous retrouvons là aussi sur les mêmes mots, toutes les deux.

Description

Pour ses 160 ans, Société Générale a voulu célébrer ses relations de confiance avec celles et ceux sans qui rien n’aurait été possible, ses clients et partenaires. Ainsi est né le projet artistique Impossible • Possible. Le photographe Marco D’Anna a réalisé pour le compte du Groupe une série de 75 portraits de ces derniers, entrepreneur(e)s, médecins, financiers, familles, bénévoles, musiciennes, industriels… Nous allons voulu aller au-delà des images…Découvrez ces histoires humaines, où l’impossible devient possible, ces récits authentiques où les protagonistes vous dévoilent leurs parcours, leurs visions, leurs passions.


Accéder au podcast et à son transcript : https://podcast.ausha.co/impossible-possible-version-francaise/fragonard-parfumeur


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Françoise Fabre

    C'est une chance extraordinaire d'être née dans cette famille avec une entreprise de la parfumerie à Grasse, avec autant de possibilités, autant de cordes à notre arc.

  • Agnès Webster

    Surtout que notre grand-père était notaire à Saint-Chamond. Donc nous avons eu beaucoup de chance qu'il décide que l'asthme le dérangeait, qu'il avait besoin de vivre à Grasse, qui était une station réputée pour la respiration, parce que c'était à 500 mètres d'altitude par rapport à la mer. Donc en 1921, il a transporté sa famille à Grasse. Il a vu que le métier principal de la ville, c'était la parfumerie. Il s'est fait élire président du syndicat des parfumeurs. Et de là, il a décidé d'acheter une petite société, de monter sa propre structure. Et il a installé son usine en l'appelant du nom du fils le plus connu de la ville de Grasse, Jean-Honoré Fragonard, le peintre de Louis XVI. Donc franchement, on a eu beaucoup de chance qu'il fasse tout ça, notre arrière-grand-père. Mon père était très traditionnel et il nous a élevées en disant : "Je n'ai que des filles, j'aurai des gendres pour travailler". Il disait à notre mère : "Laisse-les dormir, elles peuvent dormir se sont des filles". Ce qui était très agréable, on a beaucoup apprécié pendant notre enfance de ne pas avoir de pression.

  • Françoise Fabre

    Après, nous avions l'image de notre mère qui était très féministe, qui nous a élevées en nous disant : "Il n'y a d'indépendance qu'économique, donc vous devez avoir un métier, vous devez travailler". Et ça nous a beaucoup formées. Notre père était certainement plus autoritaire, mais il n'était pas tellement avec nous parce qu'il ne s'attendait pas à ce qu'on reprenne les rênes de l'entreprise. Il ne s'y attendait pas du tout.

  • Agnès Webster

    Et c'est quand il a vu qu'on allait travailler et qu'on n'allait pas chercher à se marier et à tenir un ménage qu'il s'est dit : "Après tout, pourquoi est-ce qu'elles ne viendraient pas avec nous ?". C'était à la fois un métier qui m'intéressait et qui me passionnait puisque le parfum c'est un métier qui fait rêver tout le monde et qui me faisait beaucoup rêver, mais qui était très masculin à l'époque au niveau de la direction. J'ai eu besoin que ma sœur vienne m'aider. Elle est arrivée très rapidement, donc en 86. Et nous avons formé un duo qui a fonctionné tout de suite, extrêmement vite et bien. Puis notre sœur aînée, qui est médecin, est venue nous rejoindre ultérieurement et s'occupe de nos collections de produits cosmétiques en supervisant le laboratoire de fabrication qui est à Eze Village.

  • Françoise Fabre

    Agnès a une personnalité très artistique, très créative, très conceptuelle. Et ce qu'elle ressentait à l'époque, c'est-à-dire la dureté de ce milieu masculin qui ne voulait pas d'elle. Quand elle est venue me chercher, moi, j'ai répondu oui très facilement parce que nous venions de passer quatre ans d'études ensemble et on s'était très bien entendues et on avait bien compris qu'on était complémentaires. Agnès m'a apporté la fantaisie, qui quand même me plaît, m'amuse. Et moi je lui ai apporté une sécurité dans le fonctionnement qui fait qu'il y a beaucoup de sujets dont elle n'a pas besoin de se préoccuper. Et à l'époque, on a fait un front ensemble contre, par moments, une adversité qui était certaine.

  • Agnès Webster

    Depuis près de 40 ans que nous travaillons toutes les deux et depuis une vingtaine d'années que nous dirigeons l'entreprise, personne n'a jamais réussi à s'immiscer entre nous. Moi, je sais ce que pense Françoise, Françoise sait ce que je pense.

  • Françoise Fabre

    En fait, nous avons un fonctionnement très gémellaire.

  • Agnès Webster

    Et c'est en se retrouvant dans le travail que finalement, nous avons cultivé cette complémentarité qui a fonctionné très bien, qui nous a donné beaucoup de souplesse. Ça fonctionne de façon très intuitive.

  • Françoise Fabre

    La force de notre entreprise, c'est l'entente que nous avons les trois sœurs. Et l'intelligence de ma sœur Agnès, qui est juste au-dessus de moi, c'est d'être entrée deux ans avant moi, de ne pas avoir dirigé l'entreprise comme la sœur aînée qui dirige tout et qui est une voix unique. Et nous, nous avons vraiment un fonctionnement à double voix, même à triple voix. Ce qui est inhabituel à Grasse, ce qui est inhabituel dans les entreprises d'une manière assez générale. Il n'y a pas de hiérarchie entre nous, on a la même vision, mais on a aussi le même pouvoir au sein de l'entreprise. Et ça, c'est une vraie force. Et cette solitude que peut avoir le chef d'entreprise, nous, nous ne l'avons pas. Nous ne l'avons jamais eue.

  • Agnès Webster

    Tout le monde travaille ensemble dans un but commun, qui est d'avoir la plus belle vie possible et de faire rayonner cette belle vie autour de nous par les produits que nous fabriquons, par la qualité de vie que nous essayons de donner dans notre entreprise et par la façon d'éduquer nos enfants pour qu'ils transmettent ces valeurs-là. On a eu la chance d'avoir des parents merveilleux. On essaie nous-mêmes d'être des parents assez bien. On verra s'ils diront un jour qu'on est merveilleuse, je ne sais pas. Mais en tout cas, on essaie de faire au mieux pour faire prévaloir cette belle entente que nous avons. Je pense que nous avons un management très féminin, oui. On a cette acuité qui fait qu'on est peut-être plus sensible au quotidien des gens. Donc c'est là où j'ai l'impression que nous réussissons bien notre rôle de chef d'entreprise, c'est que nous faisons très attention à nos équipes, nous faisons attention à ce que les gens soient bien dans leur travail, qu'ils soient heureux dans leur activité de tous les jours, on passe 8 heures par jour à travailler, il faut que ce soit le plus agréable possible. Nous faisons très attention à ce que tout le monde s'entende. Notre entreprise est une petite maison, mais qui brille de tous les côtés. Nous avons la chance d'avoir une politique culturelle assez dynamique, avec des expositions différentes dans nos musées, avec un métier sans cesse renouvelé. Il se passe plein de choses dans la parfumerie. Il y a plein de choses que nous pouvons partager avec les gens. Nous décisions de former les gens, nous décisions de les faire évoluer dans l'entreprise au maximum de leurs possibilités. Et puis, la joie de vivre quand même, la gaieté, la fantaisie, pour que quand même ce soit agréable de venir travailler chez Fragonard. Je pense que j'ai aussi la chance d'être entourée d'une équipe créative très forte. J'ai un directeur artistique depuis 30 ans qui me suit et qui nous suit dans toutes nos envies, dans tous nos désirs et dans nos petites folies. J'ai une équipe créative graphiste aussi très douée et qui donne corps à toutes les idées que nous pouvons leur apporter. Je me suis dit finalement, le management de mon père, qui était un management très sérieux, avait besoin d'être un peu pimenté de plus de chaleur humaine. Et j'ai eu à cœur de toujours penser à gratifier les gens, à leur dire combien ce qu'ils font c'est bien, combien nous apprécions le travail, combien ce dessin est joli, ou cette couleur est réussie, ou cette fragrance est particulièrement délicieuse. Parce que c'est important. Bien sûr que les gens peuvent le savoir, mais si on le leur dit, c'est encore mieux. La force que nous avons, Françoise et moi, c'est d'avoir développé une marque qui ne ressemble qu'à elle-même. Nous avons eu la chance de bénéficier de cette singularité et nous l'avons développée. Nous avons développé l'activité culturelle, nous avons développé une marque avec une façon de faire qui était en tout cas totalement atypique quand nous avons commencé. À la fin des années 90, quand nous sommes arrivées toutes les deux auprès de mon père en lui disant qu'on voulait raconter une entreprise qui irait dans toutes les pièces de la maison, que ce soit la salle de bain avec la parfumerie, la cuisine avec la vaisselle, le salon avec des coussins et le placard avec la garde-robe. Donc, c'était l'idée d'une marque transversale. À l'époque, on ne le disait pas. En 95, personne ne parlait de marque transversale. Et nous, on ne mettait pas les mots, mais par contre, on fabriquait les produits.

  • Françoise Fabre

    On a une entente extraordinaire, ça c'est la vérité.

  • Agnès Webster

    Une grande complémentarité.

  • Françoise Fabre

    Donc chacune a un domaine d'intervention. Je pense qu'on comprend ce que l'autre veut, ce que l'autre souhaite et on a la même vision.

  • Agnès Webster

    Nos enfants sont jeunes. Ils ont 18 ans pour les plus âgés et 15 ans pour les plus jeunes. Ils ont l'avenir devant eux. Nous faisons ce que nous pouvons pour leur donner les bonnes valeurs que nous essayons de transmettre dans l'entreprise. Après ce sera à eux de voir ce qu'ils veulent en faire.

  • Françoise Fabre

    Je pense que nos enfants auront envie de venir travailler chez Fragonard. Peut-être pas tous, mais comme on en a six, c'est beaucoup. On leur laisse bien sûr le choix de faire ce qu'ils veulent, mais ils aiment l'entreprise. Je pense qu'ils aiment beaucoup l'entreprise. Ils aiment toutes les possibilités qu'offre Fragonard. Nous vendons des parfums, nous vendons tous les articles pour la maison. Nous avons acheté une belle propriété agricole dans laquelle on fait un mât du parfumeur. Il y a les musées, il y a quand même énormément de métiers différents au sein de Fragonard, dans lesquels peut-être que chacun peut se retrouver. Et puis ça permet de projeter notre entreprise dans l'avenir aussi. Pour nous, c'est sympathique aussi de se dire qu'on a une transmission, on travaille dans l'esprit d'une transmission. Fragonard, pour nous, se définit comme étant une marque du bonheur, de la gaieté, de la fantaisie.

  • Agnès Webster

    Pour moi, Fragonard, c'est la couleur. Et la joie de vivre. Nous nous retrouvons là aussi sur les mêmes mots, toutes les deux.

Description

Pour ses 160 ans, Société Générale a voulu célébrer ses relations de confiance avec celles et ceux sans qui rien n’aurait été possible, ses clients et partenaires. Ainsi est né le projet artistique Impossible • Possible. Le photographe Marco D’Anna a réalisé pour le compte du Groupe une série de 75 portraits de ces derniers, entrepreneur(e)s, médecins, financiers, familles, bénévoles, musiciennes, industriels… Nous allons voulu aller au-delà des images…Découvrez ces histoires humaines, où l’impossible devient possible, ces récits authentiques où les protagonistes vous dévoilent leurs parcours, leurs visions, leurs passions.


Accéder au podcast et à son transcript : https://podcast.ausha.co/impossible-possible-version-francaise/fragonard-parfumeur


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Françoise Fabre

    C'est une chance extraordinaire d'être née dans cette famille avec une entreprise de la parfumerie à Grasse, avec autant de possibilités, autant de cordes à notre arc.

  • Agnès Webster

    Surtout que notre grand-père était notaire à Saint-Chamond. Donc nous avons eu beaucoup de chance qu'il décide que l'asthme le dérangeait, qu'il avait besoin de vivre à Grasse, qui était une station réputée pour la respiration, parce que c'était à 500 mètres d'altitude par rapport à la mer. Donc en 1921, il a transporté sa famille à Grasse. Il a vu que le métier principal de la ville, c'était la parfumerie. Il s'est fait élire président du syndicat des parfumeurs. Et de là, il a décidé d'acheter une petite société, de monter sa propre structure. Et il a installé son usine en l'appelant du nom du fils le plus connu de la ville de Grasse, Jean-Honoré Fragonard, le peintre de Louis XVI. Donc franchement, on a eu beaucoup de chance qu'il fasse tout ça, notre arrière-grand-père. Mon père était très traditionnel et il nous a élevées en disant : "Je n'ai que des filles, j'aurai des gendres pour travailler". Il disait à notre mère : "Laisse-les dormir, elles peuvent dormir se sont des filles". Ce qui était très agréable, on a beaucoup apprécié pendant notre enfance de ne pas avoir de pression.

  • Françoise Fabre

    Après, nous avions l'image de notre mère qui était très féministe, qui nous a élevées en nous disant : "Il n'y a d'indépendance qu'économique, donc vous devez avoir un métier, vous devez travailler". Et ça nous a beaucoup formées. Notre père était certainement plus autoritaire, mais il n'était pas tellement avec nous parce qu'il ne s'attendait pas à ce qu'on reprenne les rênes de l'entreprise. Il ne s'y attendait pas du tout.

  • Agnès Webster

    Et c'est quand il a vu qu'on allait travailler et qu'on n'allait pas chercher à se marier et à tenir un ménage qu'il s'est dit : "Après tout, pourquoi est-ce qu'elles ne viendraient pas avec nous ?". C'était à la fois un métier qui m'intéressait et qui me passionnait puisque le parfum c'est un métier qui fait rêver tout le monde et qui me faisait beaucoup rêver, mais qui était très masculin à l'époque au niveau de la direction. J'ai eu besoin que ma sœur vienne m'aider. Elle est arrivée très rapidement, donc en 86. Et nous avons formé un duo qui a fonctionné tout de suite, extrêmement vite et bien. Puis notre sœur aînée, qui est médecin, est venue nous rejoindre ultérieurement et s'occupe de nos collections de produits cosmétiques en supervisant le laboratoire de fabrication qui est à Eze Village.

  • Françoise Fabre

    Agnès a une personnalité très artistique, très créative, très conceptuelle. Et ce qu'elle ressentait à l'époque, c'est-à-dire la dureté de ce milieu masculin qui ne voulait pas d'elle. Quand elle est venue me chercher, moi, j'ai répondu oui très facilement parce que nous venions de passer quatre ans d'études ensemble et on s'était très bien entendues et on avait bien compris qu'on était complémentaires. Agnès m'a apporté la fantaisie, qui quand même me plaît, m'amuse. Et moi je lui ai apporté une sécurité dans le fonctionnement qui fait qu'il y a beaucoup de sujets dont elle n'a pas besoin de se préoccuper. Et à l'époque, on a fait un front ensemble contre, par moments, une adversité qui était certaine.

  • Agnès Webster

    Depuis près de 40 ans que nous travaillons toutes les deux et depuis une vingtaine d'années que nous dirigeons l'entreprise, personne n'a jamais réussi à s'immiscer entre nous. Moi, je sais ce que pense Françoise, Françoise sait ce que je pense.

  • Françoise Fabre

    En fait, nous avons un fonctionnement très gémellaire.

  • Agnès Webster

    Et c'est en se retrouvant dans le travail que finalement, nous avons cultivé cette complémentarité qui a fonctionné très bien, qui nous a donné beaucoup de souplesse. Ça fonctionne de façon très intuitive.

  • Françoise Fabre

    La force de notre entreprise, c'est l'entente que nous avons les trois sœurs. Et l'intelligence de ma sœur Agnès, qui est juste au-dessus de moi, c'est d'être entrée deux ans avant moi, de ne pas avoir dirigé l'entreprise comme la sœur aînée qui dirige tout et qui est une voix unique. Et nous, nous avons vraiment un fonctionnement à double voix, même à triple voix. Ce qui est inhabituel à Grasse, ce qui est inhabituel dans les entreprises d'une manière assez générale. Il n'y a pas de hiérarchie entre nous, on a la même vision, mais on a aussi le même pouvoir au sein de l'entreprise. Et ça, c'est une vraie force. Et cette solitude que peut avoir le chef d'entreprise, nous, nous ne l'avons pas. Nous ne l'avons jamais eue.

  • Agnès Webster

    Tout le monde travaille ensemble dans un but commun, qui est d'avoir la plus belle vie possible et de faire rayonner cette belle vie autour de nous par les produits que nous fabriquons, par la qualité de vie que nous essayons de donner dans notre entreprise et par la façon d'éduquer nos enfants pour qu'ils transmettent ces valeurs-là. On a eu la chance d'avoir des parents merveilleux. On essaie nous-mêmes d'être des parents assez bien. On verra s'ils diront un jour qu'on est merveilleuse, je ne sais pas. Mais en tout cas, on essaie de faire au mieux pour faire prévaloir cette belle entente que nous avons. Je pense que nous avons un management très féminin, oui. On a cette acuité qui fait qu'on est peut-être plus sensible au quotidien des gens. Donc c'est là où j'ai l'impression que nous réussissons bien notre rôle de chef d'entreprise, c'est que nous faisons très attention à nos équipes, nous faisons attention à ce que les gens soient bien dans leur travail, qu'ils soient heureux dans leur activité de tous les jours, on passe 8 heures par jour à travailler, il faut que ce soit le plus agréable possible. Nous faisons très attention à ce que tout le monde s'entende. Notre entreprise est une petite maison, mais qui brille de tous les côtés. Nous avons la chance d'avoir une politique culturelle assez dynamique, avec des expositions différentes dans nos musées, avec un métier sans cesse renouvelé. Il se passe plein de choses dans la parfumerie. Il y a plein de choses que nous pouvons partager avec les gens. Nous décisions de former les gens, nous décisions de les faire évoluer dans l'entreprise au maximum de leurs possibilités. Et puis, la joie de vivre quand même, la gaieté, la fantaisie, pour que quand même ce soit agréable de venir travailler chez Fragonard. Je pense que j'ai aussi la chance d'être entourée d'une équipe créative très forte. J'ai un directeur artistique depuis 30 ans qui me suit et qui nous suit dans toutes nos envies, dans tous nos désirs et dans nos petites folies. J'ai une équipe créative graphiste aussi très douée et qui donne corps à toutes les idées que nous pouvons leur apporter. Je me suis dit finalement, le management de mon père, qui était un management très sérieux, avait besoin d'être un peu pimenté de plus de chaleur humaine. Et j'ai eu à cœur de toujours penser à gratifier les gens, à leur dire combien ce qu'ils font c'est bien, combien nous apprécions le travail, combien ce dessin est joli, ou cette couleur est réussie, ou cette fragrance est particulièrement délicieuse. Parce que c'est important. Bien sûr que les gens peuvent le savoir, mais si on le leur dit, c'est encore mieux. La force que nous avons, Françoise et moi, c'est d'avoir développé une marque qui ne ressemble qu'à elle-même. Nous avons eu la chance de bénéficier de cette singularité et nous l'avons développée. Nous avons développé l'activité culturelle, nous avons développé une marque avec une façon de faire qui était en tout cas totalement atypique quand nous avons commencé. À la fin des années 90, quand nous sommes arrivées toutes les deux auprès de mon père en lui disant qu'on voulait raconter une entreprise qui irait dans toutes les pièces de la maison, que ce soit la salle de bain avec la parfumerie, la cuisine avec la vaisselle, le salon avec des coussins et le placard avec la garde-robe. Donc, c'était l'idée d'une marque transversale. À l'époque, on ne le disait pas. En 95, personne ne parlait de marque transversale. Et nous, on ne mettait pas les mots, mais par contre, on fabriquait les produits.

  • Françoise Fabre

    On a une entente extraordinaire, ça c'est la vérité.

  • Agnès Webster

    Une grande complémentarité.

  • Françoise Fabre

    Donc chacune a un domaine d'intervention. Je pense qu'on comprend ce que l'autre veut, ce que l'autre souhaite et on a la même vision.

  • Agnès Webster

    Nos enfants sont jeunes. Ils ont 18 ans pour les plus âgés et 15 ans pour les plus jeunes. Ils ont l'avenir devant eux. Nous faisons ce que nous pouvons pour leur donner les bonnes valeurs que nous essayons de transmettre dans l'entreprise. Après ce sera à eux de voir ce qu'ils veulent en faire.

  • Françoise Fabre

    Je pense que nos enfants auront envie de venir travailler chez Fragonard. Peut-être pas tous, mais comme on en a six, c'est beaucoup. On leur laisse bien sûr le choix de faire ce qu'ils veulent, mais ils aiment l'entreprise. Je pense qu'ils aiment beaucoup l'entreprise. Ils aiment toutes les possibilités qu'offre Fragonard. Nous vendons des parfums, nous vendons tous les articles pour la maison. Nous avons acheté une belle propriété agricole dans laquelle on fait un mât du parfumeur. Il y a les musées, il y a quand même énormément de métiers différents au sein de Fragonard, dans lesquels peut-être que chacun peut se retrouver. Et puis ça permet de projeter notre entreprise dans l'avenir aussi. Pour nous, c'est sympathique aussi de se dire qu'on a une transmission, on travaille dans l'esprit d'une transmission. Fragonard, pour nous, se définit comme étant une marque du bonheur, de la gaieté, de la fantaisie.

  • Agnès Webster

    Pour moi, Fragonard, c'est la couleur. Et la joie de vivre. Nous nous retrouvons là aussi sur les mêmes mots, toutes les deux.