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Inclusif - Ep.9 - Léticia : le burn out, moteur de changement cover
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Inclusif - Ep.9 - Léticia : le burn out, moteur de changement

Inclusif - Ep.9 - Léticia : le burn out, moteur de changement

22min |22/11/2024
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Inclusif - Ep.9 - Léticia : le burn out, moteur de changement

22min |22/11/2024
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Description

Ce syndrôme d'épuisement professionnel a failli lui coûter la vie. C'est Léticia, coach, secouriste en santé mentale qui l'affirme haut et fort, "comme une punchline". Elle nous explique comment cette épreuve l'a révélée à elle-même et lui a progressivement ouvert le champ de l'accompagnement des autres, jusqu'à partager aujourd'hui la présidence de la CPME Haute-Loire. Elle érige fièrement les valeurs humaines comme essentielles dans le bon fonctionnement des entreprises.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Inclusif. Aujourd'hui, nous abordons un sujet crucial et malheureusement trop courant, le burn-out causé par un environnement de soins toxiques. Pour certains, c'est une simple expression, mais pour ceux qui l'ont vécu, cela peut être une question d'enfer. Aujourd'hui, Yann reçoit Laetitia Grangeux, une femme inspirante qui a l'opportunité d'enfermer un management toxique et d'un harcèlement insidieux qui l'ont menée au bord du Louvre. Après un burn-out sévère qui lui a failli tout égale, Laetitia s'est lancée dans un parcours de reconstruction. Enquête de sens et de valeur humaine, elle a réussi à se réinventer, de bon en bon, pour élever ceux qui traversent des situations similaires. Son expérience, elle nous a aussi couché dans un livre inspirant, un témoignage puissant sur le burn-out et la résilience. Je suis Sherazan, dans nos épisodes nous mettons en lumière des histoires inspirantes et des initiatives innovantes. Vous entendrez les témoignages de dirigeants d'entreprises engagés en faveur de l'inclusion des personnes en situation de handicap, certains ayant eux-mêmes vécu une telle situation, et des salariés qui ont pu faire de leur différence une force. Nous partagerons leurs expériences, leurs défis et les stratégies qu'ils ont mises en place pour créer des environnements de travail véritables et ouverts à tous.

  • Speaker #1

    Bonjour Letitia, tu me reçois aujourd'hui chez toi. Déjà, pour commencer, est-ce que tu peux nous parler un peu de toi, de ton parcours pro qui t'a amené aujourd'hui à... à être coprésidente de la CPME Haute-Loire ? Alors,

  • Speaker #2

    mon parcours, ça a été celui d'une personne qui pensait savoir ce qu'elle voulait faire depuis qu'elle est petite. Donc, je pensais être professeure des écoles. Donc, j'ai tracé à peu près la route. Je me suis formée aux sciences d'éducation, notamment en sciences humaines. Je suis partie à l'UFM et puis je me suis rendue compte que ce n'était pas ma voie. Je me suis reconvertie dans la session socio-professionnelle tout de suite, du coup, en comprenant qu'il y avait des compétences qui étaient transférables à notre public, les adultes. J'ai travaillé pour, à l'époque, Pôle emploi. J'ai commencé ma carrière comme ça, auprès des entreprises, des bénéficiaires. Et puis, je suis partie ensuite dans l'insertion plutôt associative. Et j'ai vécu en 2013 un burn-out dans une structure associative, suite à notamment du harcèlement professionnel et à de la surcharge de travail. Et ce burn-out, je le dis, ça ressemble presque à une punchline aujourd'hui, ça fait 9 ans que j'en parle, mais c'est vraiment ça, il a failli me coûter la vie. Et suite à ça, j'ai retravaillé dans la section dans une autre entreprise. Là, j'ai une super équipe. Donc là, c'était cool. Mais il y a eu des tournements de fonds avec du coup un licenciement économique pour tout le monde. Et là, je me dis mais ce n'est pas possible. Je veux faire de l'humain. Et partout où je passe dans l'humain, ça manque d'humain. Il y a des choses qui ne me conviennent pas. Comment je pourrais investir cette mission que j'ai envie de donner auprès des autres ? Notamment le fait que personne n'envisage le suicide dans le travail. sans me faire moi-même dévorer par le travail et ou les équipes autour de moi. Donc, je me suis lancée dans la conquête du métier de coach. Grâce à Christina Cordula et Pascal Le Grand Frère, à l'époque, je regardais un peu la télé. Je ne voulais pas faire exactement comme eux, mais il y avait quelque chose dans ce qu'ils offraient qui m'inspirait tellement. Le fait qu'ils rendent la responsabilité et le pouvoir aux personnes qu'elles soient actrices du changement. Ça, ça me... Donc j'ai commencé à enquêter sur le métier, j'ai rencontré beaucoup de coachs et je me suis rendue compte que je pouvais vraiment façonner le métier en fonction d'abord de ma personnalité, de mon histoire et de ce que j'ai envie moi d'offrir au monde. Donc voilà, c'était en 2015, je me suis formée, j'ai été certifiée en 2015, je me suis formée au métier et puis je me suis lancée dans l'aventure. Je me suis d'abord lancée seule, puis j'ai eu une grosse entreprise, enfin grosse pour moi, j'ai développé et puis je suis revenue seule aujourd'hui. Et entre temps, sur le parcours, j'ai découvert la CPME en tant qu'adhérente d'abord. Ce qui m'a marquée à la CPME, il y a eu plusieurs choses. A l'époque, ça a été qu'on me considère alors que je n'avais pas de salarié. Ça a contribué, ça a participé à m'aider à me dire que même si je n'ai pas de salarié, je suis chef d'entreprise. Je ne suis pas un micro-entrepreneur, un bébé quelque chose. J'ai de la valeur et mon entreprise aussi. Donc ça, le fait qu'on me regarde, qu'on regarde mon travail entre pairs, ça a contribué quand même à me donner de la confiance aussi, quand même beaucoup. On m'a donné carte blanche en tant qu'adhérente pour dire mais s'il y a des choses que tu veux proposer dans ce que tu sais faire, propose-les. C'est ce que j'ai fait. Donc je suis devenue une adhérente active ensuite, pas que passive. Et puis un jour, mon coprésident actuel est venu me chercher pour me proposer la coprésidence. Mais avant ça... Je l'avais rencontré, Jean-Michel, en période Covid. On a pris mes nouvelles, j'étais adhérente encore. On m'a téléphoné pour voir comment j'allais. On est venu me voir dans mon petit cabinet de ma haute Loire, avec un panier garni, pour me dire comment tu vas toi aujourd'hui. Et ça, ça parle des valeurs de la CPME. Et donc forcément, ça a été une évidence quand il me cherchait pour devenir coprésidente, de me dire... Ouais, ok, j'y réfléchis déjà.

  • Speaker #1

    Tu as mentionné le vécu de ton burn-out, le rebond aussi derrière. Comment c'est arrivé ? Comment tu as vécu cette douloureuse expérience ? Et puis surtout, comment tu as rebondi derrière ?

  • Speaker #2

    Alors c'est arrivé, maintenant j'ai le recul pour en parler, que je n'avais pas à l'époque, puisque la première phase de glissement vers le burn-out, ce syndrome, c'est le déni. C'est arrivé parce que quand j'étais dans cette association, je voulais un enfant. C'est marrant de commencer comme ça. Je voulais un enfant. Et pour moi, un enfant, ça devait se concevoir dans la sécurité financière. Donc, il fallait que j'ai mon CDI. Donc, il fallait que je fasse mes preuves. Donc déjà, il y avait un besoin de me surinvestir pour prouver, pour obtenir ce que je voulais. Donc, ça veut aussi dire quelque chose de l'entreprise dans laquelle j'étais, l'association. C'est qu'il y avait une espèce de chantage qui s'était mis en place avec la direction. Fais tes preuves, vas-y, on a compris ton projet de vie. donne tout et en fonction on verra. Donc il y avait déjà quelque chose qui n'était pas cool à cet endroit-là. Ensuite, je l'ai fait parce que j'ai un profil. J'ai le profil de quelqu'un qui craignait l'autorité, qui s'est construite sur un gros besoin de reconnaissance. Je me surinvestissais parce que j'avais besoin d'exister à travers le regard de l'autre. Et que tout ce que j'ai mené dans cette mission professionnelle, je l'ai mené pour me construire aussi, avec cette croyance que... J'ai la responsabilité de mon projet d'enfant, donc je dois tout donner, quitte à vraiment tout donner. Donc le nombre d'heures, la sueur, les larmes, accepter d'être humiliée publiquement, parce qu'après ça s'est transformé en harcèlement au travail. Je me faisais humilier devant mes stagiaires par ma responsable. Il y avait des ordres et des contre-ordres, il y avait une hiérarchie pas claire. Mon cadre de travail n'était pas clair, donc moins c'est clair, plus c'est facile pour les gens qui manipulent de manipuler. Il y avait une division pour le règne aussi qui était ressentie en interne, dans l'organisation interne. Et le burn-out, ça a été aussi... Je me suis mariée pendant cette mission là-bas. Et mon voyage de noces, je l'ai vécu dans la crainte du retour. Donc j'ai bousillé mon voyage de noces. Et puis il y a eu le moment de trop. Après, donc là je te parle, tout ça s'est condensé sur plusieurs mois. Il y a eu l'épreuve de trop. À cette époque-là, j'étais dans la formation logistique, KSS aussi, j'ai eu plein de vie. Et j'ai refusé de donner un KSS à une... J'étais formateur ou testeur, mais pas sur les mêmes sessions. Et j'ai refusé de donner un KSS à quelqu'un qui m'a menacée de mort. Et quand j'en ai parlé à ma RH, on est partis sur... mais non c'est rien toi t'inquiète pas en fait une fois trop j'ai pas été prise en compte sauf que moi j'ai vraiment eu peur pour ma vie et ce jour là je suis en voiture et j'ai envie de prendre l'arbre et je fonce et je fonce et je fonce et au dernier dernier dernier moment je tourne le volant et là je me rends compte qu'il y a un problème et donc je suis allée voir le médecin généraliste et c'est lui, on est en 2013 qui pose le mot burn out... Je ne sais pas ce que c'est cette affaire, ce jour-là. Et il m'explique un peu ce que c'est. Et comme 99% des gens que je reçois aujourd'hui, quand ils sont dans ce cas-là de déni ou de réveil, mais qui ne sont pas encore en arrêt maladie, je lui réponds non, surtout pas, ça va être pire après. Et là, ils m'aident beaucoup à me dire non, mais là, en fait, il n'y aura pas d'après. L'après, ce ne sera pas là-bas. Il faut vraiment s'arrêter et il faut découvrir ce que c'est que ça.

  • Speaker #1

    J'ai vu sur le panneau de ta maison que... C'était sur la santé mentale, le bien-être professionnel, sortant d'un born-out, comme tu as pu le vivre. Comment, du coup, on passe à l'opposé, c'est-à-dire d'intégrer le bien-être professionnel comme un élément central ou essentiel dans le fonctionnement ou la stratégie d'une entreprise ?

  • Speaker #2

    À travers mon cas, ça a été d'abord, je me suis soignée, grâce à une psychologue, et ensuite à une... capacité de résilience que je pense qu'il y a déjà en moi, forte. Je pense aussi que j'étais une entrepreneur qui ne se connaissait pas. Je n'ai pas d'entrepreneur dans ma famille, je n'avais pas de modèle d'entrepreneuriat autour de moi et je ne savais pas que j'étais une entrepreneur qui s'ignorait. Donc j'ai aussi, en faisant un travail sur moi, notamment en psy, compris que je me sentais jamais bien dans une équipe salariée parce que j'étais une leader qui n'avait pas de poste de leader. et je n'arrivais pas à investir au leadership et du coup je t'ai frustrée constamment, le manque de sens je ne pouvais pas supporter, un grand besoin d'indépendance et que finalement le besoin de reconnaissance ce n'est pas comme ça que je pouvais le nourrir, je pouvais le nourrir autrement. Donc il y a eu des prises de conscience dans le soin. Ensuite, ça a été une évidence pour moi. Alors je t'ai parlé d'un moment où j'ai voulu prendre un arbre. Il y a eu un deuxième moment très fort dans ma guérison. Ça a été un moment où ça s'est passé là-bas. J'étais sur mon lit avec les cachets pour me remettre. Des gros cachets. Et je me suis fait une promesse. C'était soit je prenais tous les cachets et on en finissait là maintenant. Soit je ne les prenais pas, je ne dis pas qu'il ne faut pas prendre de cachet attention à ce que je dis, la médication a son sens et moi je ne suis pas là pour dire ce qu'il faut les prendre ou pas, mais dans mon cas à moi, j'ai eu besoin de faire ça, de tout vider et de dire par contre je me lève et plus jamais, jamais je subis ma vie. Ce jour-là, j'ai réalisé que le burn-out c'était un moment miroir de ma vie. où j'avais vécu déjà de la violence, j'ai vécu des violences conjugales, j'ai vécu toutes les formes de violences physiques, enfin beaucoup. Et c'était ni plus ni moins qu'un énième endroit pour reproduire des schémas de pensée, de croyances, de comportements. Et je me suis dit, plus dans la violence. Maintenant, je choisis ma vie, ma manière de la vivre, de la mener. Et donc tout ça a contribué à me dire, mais en fait, j'ai envie en plus d'aider les autres à le faire. Donc j'ai beaucoup lu, je suis allée à des conférences, je me suis renseignée beaucoup mieux sur ce que c'était ce phénomène du burn-out. J'ai voulu me spécialiser sous cette question.

  • Speaker #1

    T'as écrit un bouquin ? Ouais.

  • Speaker #2

    J'ai écrit un bouquin. Alors je ne l'ai pas écrit. Je l'ai écrit quand je me suis estimée guérie. Ça a pris des années. Je l'ai écrit le jour où un client m'a demandé de le faire. En me disant Laetitia, tu m'inspires, je pense que tu peux inspirer du monde. Écris un bouquin, ça aidera des gens.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que finalement, le burn-out a été un élément déclencheur de cette conviction à étayer auprès du plus grand nombre que le bien-être pro, il faut y passer, c'est une nécessité en fait.

  • Speaker #2

    Les clients me disent, j'aime travailler avec toi parce que tu l'as vécu, tu sais de quoi tu parles. Et oui, c'est parce que je l'ai vécu que j'en parle. Oui, il y a eu un avant et un après, moi j'ai choisi d'en faire une occasion de me révéler à moi. et d'aider les autres à se révéler à eux-mêmes. Donc oui, c'est devenu une mission, en fait. L'avoir vécu est devenu une mission pour demain, de préservation, de prévention, et c'était une évidence, en fait. Mais l'évidence, je l'ai construite, je l'ai façonnée après, au gré de mes formations professionnelles. Le coaching d'abord, qui a été un peu mon squelette, et le muscle autour, ça a été les formations NERTI, pour nettoyer les angoisses, ça a été le disque pour la communication, ça a été pour le management, ça a été... Petit à petit, au fur et à mesure que je me suis redécouverte dans l'entrepreneuriat, je me suis façonnée et j'ai rencontré mon client. C'est mon client qui m'a aidée à traverser les besoins, les peurs, qui m'a aidée à me dire si je suis au bon endroit, si je suis là où je veux être. J'ai pu améliorer cette vision des choses avec le temps.

  • Speaker #1

    On sent que tu t'es construite, que tu t'es façonnée en tant que... Patronne, patronne de toi-même, patronne de ton activité, patronne de tes convictions aussi. Est-ce que ça, ça contribue aussi à mettre en évidence les difficultés que tu perçois dans les personnes que tu accompagnes déjà d'une part, et d'autre part, en fait, de les aider à transformer ça en quelque chose de positif pour eux ?

  • Speaker #2

    Alors oui, mais oui absolument, je pense que de l'avoir vécu, ça m'aide encore mieux à aider. Et le fait d'investir dans une posture de coach professionnel, donc de neutralité absolue et de miroir, de don jugement, de renvoyer à l'autre tout en se rappelant qu'à ce moment-là je ne suis pas sachante, c'est le mais. C'est mais avec tout un travail de supervision à côté pour faire quelque chose de positif, des transferts qu'il pourrait y avoir. Éviter un transfert, oui déjà, mais en même temps c'est un peu inévitable parce qu'on est deux humains l'un en face de l'autre. Le but, ce n'est pas de dire faites comme moi, mais faites comme vous. C'est ce que je dis aussi dans mon livre. Je ne suis pas l'exemple à suivre. Je suis à priori source d'inspiration pour des personnes. Et tant mieux, parce que j'aime ça aussi, inspirer, insuffler. Mais pas en disant je vais vous façonner dans mon moule, mais pour dire voilà comment moi j'ai fait pour faire comme moi et je vais vous aider à faire comme vous. Donc vous posez les bonnes questions pour que vous lâchiez celles qui ne vous font pas avancer. Et que vous investissiez parce que c'est votre soi et votre propre transformation. Avec ce que vous allez choisir de mettre dedans et d'enlever. Avec faire le tri entre ce qui m'appartient, ce qui ne m'appartient pas. Comment j'ose prendre ma place. Dire oui, dire non.

  • Speaker #1

    Alors petite anecdote amusante en fait. Je suis allé parcourir ton profil LinkedIn. Peut-être carte de visite pro. Et j'ai vu que tu comparais ton rôle à celui d'un jardinier. à aider du coup les gens à semer leurs graines du sucé. Est-ce que tu te vois un peu comme finalement une agricultrice de la résilience et de la confiance ? C'est marrant. C'est un peu ça ?

  • Speaker #2

    J'aime bien l'idée parce que je suis une fille de la ville, moi à la base. Je suis venue à la campagne par amour, d'abord d'un homme, et puis maintenant j'aime mes montagnes, j'aime ma campagne, j'aime ma Haute-Loire, et je suis belle-fille d'un agriculteur à la retraite. J'ai été sensibilisée du coup à ce milieu et à ses valeurs. Et je pense, tu vois, typiquement, quelque chose que j'aime voir dans le regard de mon beau-père, quand on parle travail, tous les deux, on n'est pas du tout dans le même domaine, du coup, pro, mais je pense qu'on partage une valeur travail, avec la notion d'effort, qui est à la fois, moi, que j'aime, et à la fois qui est mon point de vigilance, puisque en tant qu'entrepreneur, avec un fonctionnement cognitif un peu atypique, dans la potentialité, etc. J'ai un grand besoin de vigilance sur comment je me suis investie et comment je me rappelle, c'est une question à laquelle j'essaie de répondre dans mon livre, est-ce qu'on guérit du burn-out ? Oui, mais on n'en est jamais vacciné, donc comment je peux devenir mon propre bourreau de travail et y faire attention ? Mais oui, j'aime bien ce rapport à l'agriculture parce qu'il y a cette notion, je pense à la fois d'aimer sa terre aussi, et moi ma terre, si je fais le parallèle avec ma vie et ce qui m'a conduit à être là. mes racines, mes valeurs, mes besoins. En fait, tout ce terreau-là qui est la base de l'entreprise, d'une entreprise mission, d'une mission entreprise et d'une culture d'entreprise et qu'on ne doit pas oublier qu'on doit à la fois chérir et en même temps qu'il ne doit pas nous rendre esclaves.

  • Speaker #1

    Alors, tu as vécu un baronnat que tu as transformé, heureusement. Et puis, il y a le Covid qui est passé par là. En quoi cet événement, quand même, qui a marqué énormément les gens à travers le monde, et en France notamment, a changé la manière dont les dirigeants abordent le bien-être des employés ?

  • Speaker #2

    Le post-Covid, ça a été une exposante création d'entreprise dans le bien-être, que j'ai accompagnée, avec des personnes qui ont beaucoup vécu des fuites en avant, je pense aussi, pour qui le projet entrepreneurial n'était pas le vrai projet. Donc moi, j'ai aussi accompagné des gens à ne pas y aller. C'est chouette que tu aies compris qu'en fait tu plaçais le travail dans ta vie peut-être pas au bon endroit, ou que ça a été le bon endroit pendant un temps mais que ce n'est plus le cas, c'est ok. Par contre ça ne veut pas forcément dire que tu es fait pour entreprendre, donc il y a beaucoup d'enjeux là. L'entrepreneur qui a des salariés, aujourd'hui force de constater que s'il y a autant de créations, c'est qu'il y a de la reconversion, donc il y a des fuites aussi, des départs. On a vécu quand même de grands départs de migration presque de salariés. Démission ? Oui, c'est ça, la grande démission. Oui, oui. Tu as dit quoi ? Moi, je dis que ça dit de nos entreprises qu'elles ont le choix aujourd'hui entre enfin se poser les bonnes questions, quelle est la place de l'humain, de la valeur humaine dans le travail, comment on repense peut-être le management en parlant de management situationnel, par exemple, comment on décide que ce n'est pas de la fainéantise ou un manque de reconnaissance ou d'intérêt ou d'engagement que de décider de replacer le travail ailleurs dans sa vie. Et en même temps, qu'on éduque autrement nos jeunes, qu'on éduque autrement soi-même aussi, l'adulte qu'on est devenu et nos enfants, pour penser la notion quand même travail et effort, pour ne pas tomber dans l'individualisme et perdre cette valeur du collectif aussi qu'on cherche dans une entreprise. Mais pour nourrir le collectif, il faut questionner l'individuel et les deux doivent aller ensemble. Parler du burn-out, du risque psychosocial, ce n'est pas une perte de temps, c'est un investissement. C'est sensibiliser chacun au signaux d'alerte, c'est une manière de responsabiliser chacun sur... Moi je dois être en fait le premier responsable de mon bien-être avant de parler de mon patron, et en même temps mon patron qui est sensibilisé à ce sujet va mettre en place des conditions de travail, des leviers qui permettront aussi d'être plus productifs, parce que mon dieu pourquoi on ne comprend pas encore aujourd'hui en France que ça coûte cher de ne pas s'en soucier, le turnover, l'absentéisme et le présentéisme dont on parle. Très peu, mais le fait de venir quand on est malade au travail, de contaminer tout le monde et puis de ne pas être productif, de faire des erreurs qu'on va devoir rattraper, ce n'est pas non plus une bonne idée. Très concrètement, ça fait neuf ans que je suis à mon compte. Avec mes mots à moi, on me prenait pour un bisounours quand j'ai démarré. On me disait, elle est gentille, elle est mignonne avec son idéalisme. Aujourd'hui, on vient me chercher. Quand je dis on, je parle d'entreprises qui viennent me chercher pour intervenir à titre individuel ou collectif. Il y a eu un changement. Il y a eu un changement, il est lent, il est trop lent encore, je pense. C'est pas partout, c'est pas tous les secteurs d'activité qui sont touchés en même temps. Il y a des secteurs d'activité pour qui c'est plus compliqué à aborder, notamment quand c'est plus masculin, quand c'est plus... On parle d'ego là. Et l'ego, tant que l'ego drive...

  • Speaker #1

    on n'est pas au bon endroit. Merci Lisa pour être comme ça livrée avec beaucoup de franchise sur ta part. Merci de nous avoir reçus à Ausha.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Et puis on n'oublie pas que la santé mentale... et potentiellement avant l'e-mail du demain, on se prête à attendre à ces sujets-là, à vous impliquer au boulot de vie, et puis à vivre plus sereinement le travail demain que peut-être pour une soirée de bain.

  • Speaker #2

    Je pense vraiment que là, j'ai parlé de ça de manière très sérieuse. On peut aussi parler de sujets très sérieux sans se prendre au sérieux. Il y a des manières très ludiques d'aborder ces sujets-là. On peut le faire de manière à impliquer des équipes de manière ludique aussi. Pas en faire un sujet ni tabou, ça devient de moins en moins tabou, ni lourd forcément à porter, mais en faire un sujet. Et faire de l'étonnement comme ça. Je pense que si on y met de la conviction, on peut aller très loin. Dans la préservation aussi des équipes, et si on préserve l'humain, on préserve l'activité.

  • Speaker #1

    Donc, nous n'avons pas peur de la rire. Merci, Sistah. Merci. Et puis, on rappelle que le podcast inclusif est soutenu par l'AGF et le Frontier de la Rougueur. Merci à vous, à bientôt.

Description

Ce syndrôme d'épuisement professionnel a failli lui coûter la vie. C'est Léticia, coach, secouriste en santé mentale qui l'affirme haut et fort, "comme une punchline". Elle nous explique comment cette épreuve l'a révélée à elle-même et lui a progressivement ouvert le champ de l'accompagnement des autres, jusqu'à partager aujourd'hui la présidence de la CPME Haute-Loire. Elle érige fièrement les valeurs humaines comme essentielles dans le bon fonctionnement des entreprises.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Inclusif. Aujourd'hui, nous abordons un sujet crucial et malheureusement trop courant, le burn-out causé par un environnement de soins toxiques. Pour certains, c'est une simple expression, mais pour ceux qui l'ont vécu, cela peut être une question d'enfer. Aujourd'hui, Yann reçoit Laetitia Grangeux, une femme inspirante qui a l'opportunité d'enfermer un management toxique et d'un harcèlement insidieux qui l'ont menée au bord du Louvre. Après un burn-out sévère qui lui a failli tout égale, Laetitia s'est lancée dans un parcours de reconstruction. Enquête de sens et de valeur humaine, elle a réussi à se réinventer, de bon en bon, pour élever ceux qui traversent des situations similaires. Son expérience, elle nous a aussi couché dans un livre inspirant, un témoignage puissant sur le burn-out et la résilience. Je suis Sherazan, dans nos épisodes nous mettons en lumière des histoires inspirantes et des initiatives innovantes. Vous entendrez les témoignages de dirigeants d'entreprises engagés en faveur de l'inclusion des personnes en situation de handicap, certains ayant eux-mêmes vécu une telle situation, et des salariés qui ont pu faire de leur différence une force. Nous partagerons leurs expériences, leurs défis et les stratégies qu'ils ont mises en place pour créer des environnements de travail véritables et ouverts à tous.

  • Speaker #1

    Bonjour Letitia, tu me reçois aujourd'hui chez toi. Déjà, pour commencer, est-ce que tu peux nous parler un peu de toi, de ton parcours pro qui t'a amené aujourd'hui à... à être coprésidente de la CPME Haute-Loire ? Alors,

  • Speaker #2

    mon parcours, ça a été celui d'une personne qui pensait savoir ce qu'elle voulait faire depuis qu'elle est petite. Donc, je pensais être professeure des écoles. Donc, j'ai tracé à peu près la route. Je me suis formée aux sciences d'éducation, notamment en sciences humaines. Je suis partie à l'UFM et puis je me suis rendue compte que ce n'était pas ma voie. Je me suis reconvertie dans la session socio-professionnelle tout de suite, du coup, en comprenant qu'il y avait des compétences qui étaient transférables à notre public, les adultes. J'ai travaillé pour, à l'époque, Pôle emploi. J'ai commencé ma carrière comme ça, auprès des entreprises, des bénéficiaires. Et puis, je suis partie ensuite dans l'insertion plutôt associative. Et j'ai vécu en 2013 un burn-out dans une structure associative, suite à notamment du harcèlement professionnel et à de la surcharge de travail. Et ce burn-out, je le dis, ça ressemble presque à une punchline aujourd'hui, ça fait 9 ans que j'en parle, mais c'est vraiment ça, il a failli me coûter la vie. Et suite à ça, j'ai retravaillé dans la section dans une autre entreprise. Là, j'ai une super équipe. Donc là, c'était cool. Mais il y a eu des tournements de fonds avec du coup un licenciement économique pour tout le monde. Et là, je me dis mais ce n'est pas possible. Je veux faire de l'humain. Et partout où je passe dans l'humain, ça manque d'humain. Il y a des choses qui ne me conviennent pas. Comment je pourrais investir cette mission que j'ai envie de donner auprès des autres ? Notamment le fait que personne n'envisage le suicide dans le travail. sans me faire moi-même dévorer par le travail et ou les équipes autour de moi. Donc, je me suis lancée dans la conquête du métier de coach. Grâce à Christina Cordula et Pascal Le Grand Frère, à l'époque, je regardais un peu la télé. Je ne voulais pas faire exactement comme eux, mais il y avait quelque chose dans ce qu'ils offraient qui m'inspirait tellement. Le fait qu'ils rendent la responsabilité et le pouvoir aux personnes qu'elles soient actrices du changement. Ça, ça me... Donc j'ai commencé à enquêter sur le métier, j'ai rencontré beaucoup de coachs et je me suis rendue compte que je pouvais vraiment façonner le métier en fonction d'abord de ma personnalité, de mon histoire et de ce que j'ai envie moi d'offrir au monde. Donc voilà, c'était en 2015, je me suis formée, j'ai été certifiée en 2015, je me suis formée au métier et puis je me suis lancée dans l'aventure. Je me suis d'abord lancée seule, puis j'ai eu une grosse entreprise, enfin grosse pour moi, j'ai développé et puis je suis revenue seule aujourd'hui. Et entre temps, sur le parcours, j'ai découvert la CPME en tant qu'adhérente d'abord. Ce qui m'a marquée à la CPME, il y a eu plusieurs choses. A l'époque, ça a été qu'on me considère alors que je n'avais pas de salarié. Ça a contribué, ça a participé à m'aider à me dire que même si je n'ai pas de salarié, je suis chef d'entreprise. Je ne suis pas un micro-entrepreneur, un bébé quelque chose. J'ai de la valeur et mon entreprise aussi. Donc ça, le fait qu'on me regarde, qu'on regarde mon travail entre pairs, ça a contribué quand même à me donner de la confiance aussi, quand même beaucoup. On m'a donné carte blanche en tant qu'adhérente pour dire mais s'il y a des choses que tu veux proposer dans ce que tu sais faire, propose-les. C'est ce que j'ai fait. Donc je suis devenue une adhérente active ensuite, pas que passive. Et puis un jour, mon coprésident actuel est venu me chercher pour me proposer la coprésidence. Mais avant ça... Je l'avais rencontré, Jean-Michel, en période Covid. On a pris mes nouvelles, j'étais adhérente encore. On m'a téléphoné pour voir comment j'allais. On est venu me voir dans mon petit cabinet de ma haute Loire, avec un panier garni, pour me dire comment tu vas toi aujourd'hui. Et ça, ça parle des valeurs de la CPME. Et donc forcément, ça a été une évidence quand il me cherchait pour devenir coprésidente, de me dire... Ouais, ok, j'y réfléchis déjà.

  • Speaker #1

    Tu as mentionné le vécu de ton burn-out, le rebond aussi derrière. Comment c'est arrivé ? Comment tu as vécu cette douloureuse expérience ? Et puis surtout, comment tu as rebondi derrière ?

  • Speaker #2

    Alors c'est arrivé, maintenant j'ai le recul pour en parler, que je n'avais pas à l'époque, puisque la première phase de glissement vers le burn-out, ce syndrome, c'est le déni. C'est arrivé parce que quand j'étais dans cette association, je voulais un enfant. C'est marrant de commencer comme ça. Je voulais un enfant. Et pour moi, un enfant, ça devait se concevoir dans la sécurité financière. Donc, il fallait que j'ai mon CDI. Donc, il fallait que je fasse mes preuves. Donc déjà, il y avait un besoin de me surinvestir pour prouver, pour obtenir ce que je voulais. Donc, ça veut aussi dire quelque chose de l'entreprise dans laquelle j'étais, l'association. C'est qu'il y avait une espèce de chantage qui s'était mis en place avec la direction. Fais tes preuves, vas-y, on a compris ton projet de vie. donne tout et en fonction on verra. Donc il y avait déjà quelque chose qui n'était pas cool à cet endroit-là. Ensuite, je l'ai fait parce que j'ai un profil. J'ai le profil de quelqu'un qui craignait l'autorité, qui s'est construite sur un gros besoin de reconnaissance. Je me surinvestissais parce que j'avais besoin d'exister à travers le regard de l'autre. Et que tout ce que j'ai mené dans cette mission professionnelle, je l'ai mené pour me construire aussi, avec cette croyance que... J'ai la responsabilité de mon projet d'enfant, donc je dois tout donner, quitte à vraiment tout donner. Donc le nombre d'heures, la sueur, les larmes, accepter d'être humiliée publiquement, parce qu'après ça s'est transformé en harcèlement au travail. Je me faisais humilier devant mes stagiaires par ma responsable. Il y avait des ordres et des contre-ordres, il y avait une hiérarchie pas claire. Mon cadre de travail n'était pas clair, donc moins c'est clair, plus c'est facile pour les gens qui manipulent de manipuler. Il y avait une division pour le règne aussi qui était ressentie en interne, dans l'organisation interne. Et le burn-out, ça a été aussi... Je me suis mariée pendant cette mission là-bas. Et mon voyage de noces, je l'ai vécu dans la crainte du retour. Donc j'ai bousillé mon voyage de noces. Et puis il y a eu le moment de trop. Après, donc là je te parle, tout ça s'est condensé sur plusieurs mois. Il y a eu l'épreuve de trop. À cette époque-là, j'étais dans la formation logistique, KSS aussi, j'ai eu plein de vie. Et j'ai refusé de donner un KSS à une... J'étais formateur ou testeur, mais pas sur les mêmes sessions. Et j'ai refusé de donner un KSS à quelqu'un qui m'a menacée de mort. Et quand j'en ai parlé à ma RH, on est partis sur... mais non c'est rien toi t'inquiète pas en fait une fois trop j'ai pas été prise en compte sauf que moi j'ai vraiment eu peur pour ma vie et ce jour là je suis en voiture et j'ai envie de prendre l'arbre et je fonce et je fonce et je fonce et au dernier dernier dernier moment je tourne le volant et là je me rends compte qu'il y a un problème et donc je suis allée voir le médecin généraliste et c'est lui, on est en 2013 qui pose le mot burn out... Je ne sais pas ce que c'est cette affaire, ce jour-là. Et il m'explique un peu ce que c'est. Et comme 99% des gens que je reçois aujourd'hui, quand ils sont dans ce cas-là de déni ou de réveil, mais qui ne sont pas encore en arrêt maladie, je lui réponds non, surtout pas, ça va être pire après. Et là, ils m'aident beaucoup à me dire non, mais là, en fait, il n'y aura pas d'après. L'après, ce ne sera pas là-bas. Il faut vraiment s'arrêter et il faut découvrir ce que c'est que ça.

  • Speaker #1

    J'ai vu sur le panneau de ta maison que... C'était sur la santé mentale, le bien-être professionnel, sortant d'un born-out, comme tu as pu le vivre. Comment, du coup, on passe à l'opposé, c'est-à-dire d'intégrer le bien-être professionnel comme un élément central ou essentiel dans le fonctionnement ou la stratégie d'une entreprise ?

  • Speaker #2

    À travers mon cas, ça a été d'abord, je me suis soignée, grâce à une psychologue, et ensuite à une... capacité de résilience que je pense qu'il y a déjà en moi, forte. Je pense aussi que j'étais une entrepreneur qui ne se connaissait pas. Je n'ai pas d'entrepreneur dans ma famille, je n'avais pas de modèle d'entrepreneuriat autour de moi et je ne savais pas que j'étais une entrepreneur qui s'ignorait. Donc j'ai aussi, en faisant un travail sur moi, notamment en psy, compris que je me sentais jamais bien dans une équipe salariée parce que j'étais une leader qui n'avait pas de poste de leader. et je n'arrivais pas à investir au leadership et du coup je t'ai frustrée constamment, le manque de sens je ne pouvais pas supporter, un grand besoin d'indépendance et que finalement le besoin de reconnaissance ce n'est pas comme ça que je pouvais le nourrir, je pouvais le nourrir autrement. Donc il y a eu des prises de conscience dans le soin. Ensuite, ça a été une évidence pour moi. Alors je t'ai parlé d'un moment où j'ai voulu prendre un arbre. Il y a eu un deuxième moment très fort dans ma guérison. Ça a été un moment où ça s'est passé là-bas. J'étais sur mon lit avec les cachets pour me remettre. Des gros cachets. Et je me suis fait une promesse. C'était soit je prenais tous les cachets et on en finissait là maintenant. Soit je ne les prenais pas, je ne dis pas qu'il ne faut pas prendre de cachet attention à ce que je dis, la médication a son sens et moi je ne suis pas là pour dire ce qu'il faut les prendre ou pas, mais dans mon cas à moi, j'ai eu besoin de faire ça, de tout vider et de dire par contre je me lève et plus jamais, jamais je subis ma vie. Ce jour-là, j'ai réalisé que le burn-out c'était un moment miroir de ma vie. où j'avais vécu déjà de la violence, j'ai vécu des violences conjugales, j'ai vécu toutes les formes de violences physiques, enfin beaucoup. Et c'était ni plus ni moins qu'un énième endroit pour reproduire des schémas de pensée, de croyances, de comportements. Et je me suis dit, plus dans la violence. Maintenant, je choisis ma vie, ma manière de la vivre, de la mener. Et donc tout ça a contribué à me dire, mais en fait, j'ai envie en plus d'aider les autres à le faire. Donc j'ai beaucoup lu, je suis allée à des conférences, je me suis renseignée beaucoup mieux sur ce que c'était ce phénomène du burn-out. J'ai voulu me spécialiser sous cette question.

  • Speaker #1

    T'as écrit un bouquin ? Ouais.

  • Speaker #2

    J'ai écrit un bouquin. Alors je ne l'ai pas écrit. Je l'ai écrit quand je me suis estimée guérie. Ça a pris des années. Je l'ai écrit le jour où un client m'a demandé de le faire. En me disant Laetitia, tu m'inspires, je pense que tu peux inspirer du monde. Écris un bouquin, ça aidera des gens.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que finalement, le burn-out a été un élément déclencheur de cette conviction à étayer auprès du plus grand nombre que le bien-être pro, il faut y passer, c'est une nécessité en fait.

  • Speaker #2

    Les clients me disent, j'aime travailler avec toi parce que tu l'as vécu, tu sais de quoi tu parles. Et oui, c'est parce que je l'ai vécu que j'en parle. Oui, il y a eu un avant et un après, moi j'ai choisi d'en faire une occasion de me révéler à moi. et d'aider les autres à se révéler à eux-mêmes. Donc oui, c'est devenu une mission, en fait. L'avoir vécu est devenu une mission pour demain, de préservation, de prévention, et c'était une évidence, en fait. Mais l'évidence, je l'ai construite, je l'ai façonnée après, au gré de mes formations professionnelles. Le coaching d'abord, qui a été un peu mon squelette, et le muscle autour, ça a été les formations NERTI, pour nettoyer les angoisses, ça a été le disque pour la communication, ça a été pour le management, ça a été... Petit à petit, au fur et à mesure que je me suis redécouverte dans l'entrepreneuriat, je me suis façonnée et j'ai rencontré mon client. C'est mon client qui m'a aidée à traverser les besoins, les peurs, qui m'a aidée à me dire si je suis au bon endroit, si je suis là où je veux être. J'ai pu améliorer cette vision des choses avec le temps.

  • Speaker #1

    On sent que tu t'es construite, que tu t'es façonnée en tant que... Patronne, patronne de toi-même, patronne de ton activité, patronne de tes convictions aussi. Est-ce que ça, ça contribue aussi à mettre en évidence les difficultés que tu perçois dans les personnes que tu accompagnes déjà d'une part, et d'autre part, en fait, de les aider à transformer ça en quelque chose de positif pour eux ?

  • Speaker #2

    Alors oui, mais oui absolument, je pense que de l'avoir vécu, ça m'aide encore mieux à aider. Et le fait d'investir dans une posture de coach professionnel, donc de neutralité absolue et de miroir, de don jugement, de renvoyer à l'autre tout en se rappelant qu'à ce moment-là je ne suis pas sachante, c'est le mais. C'est mais avec tout un travail de supervision à côté pour faire quelque chose de positif, des transferts qu'il pourrait y avoir. Éviter un transfert, oui déjà, mais en même temps c'est un peu inévitable parce qu'on est deux humains l'un en face de l'autre. Le but, ce n'est pas de dire faites comme moi, mais faites comme vous. C'est ce que je dis aussi dans mon livre. Je ne suis pas l'exemple à suivre. Je suis à priori source d'inspiration pour des personnes. Et tant mieux, parce que j'aime ça aussi, inspirer, insuffler. Mais pas en disant je vais vous façonner dans mon moule, mais pour dire voilà comment moi j'ai fait pour faire comme moi et je vais vous aider à faire comme vous. Donc vous posez les bonnes questions pour que vous lâchiez celles qui ne vous font pas avancer. Et que vous investissiez parce que c'est votre soi et votre propre transformation. Avec ce que vous allez choisir de mettre dedans et d'enlever. Avec faire le tri entre ce qui m'appartient, ce qui ne m'appartient pas. Comment j'ose prendre ma place. Dire oui, dire non.

  • Speaker #1

    Alors petite anecdote amusante en fait. Je suis allé parcourir ton profil LinkedIn. Peut-être carte de visite pro. Et j'ai vu que tu comparais ton rôle à celui d'un jardinier. à aider du coup les gens à semer leurs graines du sucé. Est-ce que tu te vois un peu comme finalement une agricultrice de la résilience et de la confiance ? C'est marrant. C'est un peu ça ?

  • Speaker #2

    J'aime bien l'idée parce que je suis une fille de la ville, moi à la base. Je suis venue à la campagne par amour, d'abord d'un homme, et puis maintenant j'aime mes montagnes, j'aime ma campagne, j'aime ma Haute-Loire, et je suis belle-fille d'un agriculteur à la retraite. J'ai été sensibilisée du coup à ce milieu et à ses valeurs. Et je pense, tu vois, typiquement, quelque chose que j'aime voir dans le regard de mon beau-père, quand on parle travail, tous les deux, on n'est pas du tout dans le même domaine, du coup, pro, mais je pense qu'on partage une valeur travail, avec la notion d'effort, qui est à la fois, moi, que j'aime, et à la fois qui est mon point de vigilance, puisque en tant qu'entrepreneur, avec un fonctionnement cognitif un peu atypique, dans la potentialité, etc. J'ai un grand besoin de vigilance sur comment je me suis investie et comment je me rappelle, c'est une question à laquelle j'essaie de répondre dans mon livre, est-ce qu'on guérit du burn-out ? Oui, mais on n'en est jamais vacciné, donc comment je peux devenir mon propre bourreau de travail et y faire attention ? Mais oui, j'aime bien ce rapport à l'agriculture parce qu'il y a cette notion, je pense à la fois d'aimer sa terre aussi, et moi ma terre, si je fais le parallèle avec ma vie et ce qui m'a conduit à être là. mes racines, mes valeurs, mes besoins. En fait, tout ce terreau-là qui est la base de l'entreprise, d'une entreprise mission, d'une mission entreprise et d'une culture d'entreprise et qu'on ne doit pas oublier qu'on doit à la fois chérir et en même temps qu'il ne doit pas nous rendre esclaves.

  • Speaker #1

    Alors, tu as vécu un baronnat que tu as transformé, heureusement. Et puis, il y a le Covid qui est passé par là. En quoi cet événement, quand même, qui a marqué énormément les gens à travers le monde, et en France notamment, a changé la manière dont les dirigeants abordent le bien-être des employés ?

  • Speaker #2

    Le post-Covid, ça a été une exposante création d'entreprise dans le bien-être, que j'ai accompagnée, avec des personnes qui ont beaucoup vécu des fuites en avant, je pense aussi, pour qui le projet entrepreneurial n'était pas le vrai projet. Donc moi, j'ai aussi accompagné des gens à ne pas y aller. C'est chouette que tu aies compris qu'en fait tu plaçais le travail dans ta vie peut-être pas au bon endroit, ou que ça a été le bon endroit pendant un temps mais que ce n'est plus le cas, c'est ok. Par contre ça ne veut pas forcément dire que tu es fait pour entreprendre, donc il y a beaucoup d'enjeux là. L'entrepreneur qui a des salariés, aujourd'hui force de constater que s'il y a autant de créations, c'est qu'il y a de la reconversion, donc il y a des fuites aussi, des départs. On a vécu quand même de grands départs de migration presque de salariés. Démission ? Oui, c'est ça, la grande démission. Oui, oui. Tu as dit quoi ? Moi, je dis que ça dit de nos entreprises qu'elles ont le choix aujourd'hui entre enfin se poser les bonnes questions, quelle est la place de l'humain, de la valeur humaine dans le travail, comment on repense peut-être le management en parlant de management situationnel, par exemple, comment on décide que ce n'est pas de la fainéantise ou un manque de reconnaissance ou d'intérêt ou d'engagement que de décider de replacer le travail ailleurs dans sa vie. Et en même temps, qu'on éduque autrement nos jeunes, qu'on éduque autrement soi-même aussi, l'adulte qu'on est devenu et nos enfants, pour penser la notion quand même travail et effort, pour ne pas tomber dans l'individualisme et perdre cette valeur du collectif aussi qu'on cherche dans une entreprise. Mais pour nourrir le collectif, il faut questionner l'individuel et les deux doivent aller ensemble. Parler du burn-out, du risque psychosocial, ce n'est pas une perte de temps, c'est un investissement. C'est sensibiliser chacun au signaux d'alerte, c'est une manière de responsabiliser chacun sur... Moi je dois être en fait le premier responsable de mon bien-être avant de parler de mon patron, et en même temps mon patron qui est sensibilisé à ce sujet va mettre en place des conditions de travail, des leviers qui permettront aussi d'être plus productifs, parce que mon dieu pourquoi on ne comprend pas encore aujourd'hui en France que ça coûte cher de ne pas s'en soucier, le turnover, l'absentéisme et le présentéisme dont on parle. Très peu, mais le fait de venir quand on est malade au travail, de contaminer tout le monde et puis de ne pas être productif, de faire des erreurs qu'on va devoir rattraper, ce n'est pas non plus une bonne idée. Très concrètement, ça fait neuf ans que je suis à mon compte. Avec mes mots à moi, on me prenait pour un bisounours quand j'ai démarré. On me disait, elle est gentille, elle est mignonne avec son idéalisme. Aujourd'hui, on vient me chercher. Quand je dis on, je parle d'entreprises qui viennent me chercher pour intervenir à titre individuel ou collectif. Il y a eu un changement. Il y a eu un changement, il est lent, il est trop lent encore, je pense. C'est pas partout, c'est pas tous les secteurs d'activité qui sont touchés en même temps. Il y a des secteurs d'activité pour qui c'est plus compliqué à aborder, notamment quand c'est plus masculin, quand c'est plus... On parle d'ego là. Et l'ego, tant que l'ego drive...

  • Speaker #1

    on n'est pas au bon endroit. Merci Lisa pour être comme ça livrée avec beaucoup de franchise sur ta part. Merci de nous avoir reçus à Ausha.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Et puis on n'oublie pas que la santé mentale... et potentiellement avant l'e-mail du demain, on se prête à attendre à ces sujets-là, à vous impliquer au boulot de vie, et puis à vivre plus sereinement le travail demain que peut-être pour une soirée de bain.

  • Speaker #2

    Je pense vraiment que là, j'ai parlé de ça de manière très sérieuse. On peut aussi parler de sujets très sérieux sans se prendre au sérieux. Il y a des manières très ludiques d'aborder ces sujets-là. On peut le faire de manière à impliquer des équipes de manière ludique aussi. Pas en faire un sujet ni tabou, ça devient de moins en moins tabou, ni lourd forcément à porter, mais en faire un sujet. Et faire de l'étonnement comme ça. Je pense que si on y met de la conviction, on peut aller très loin. Dans la préservation aussi des équipes, et si on préserve l'humain, on préserve l'activité.

  • Speaker #1

    Donc, nous n'avons pas peur de la rire. Merci, Sistah. Merci. Et puis, on rappelle que le podcast inclusif est soutenu par l'AGF et le Frontier de la Rougueur. Merci à vous, à bientôt.

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Description

Ce syndrôme d'épuisement professionnel a failli lui coûter la vie. C'est Léticia, coach, secouriste en santé mentale qui l'affirme haut et fort, "comme une punchline". Elle nous explique comment cette épreuve l'a révélée à elle-même et lui a progressivement ouvert le champ de l'accompagnement des autres, jusqu'à partager aujourd'hui la présidence de la CPME Haute-Loire. Elle érige fièrement les valeurs humaines comme essentielles dans le bon fonctionnement des entreprises.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Inclusif. Aujourd'hui, nous abordons un sujet crucial et malheureusement trop courant, le burn-out causé par un environnement de soins toxiques. Pour certains, c'est une simple expression, mais pour ceux qui l'ont vécu, cela peut être une question d'enfer. Aujourd'hui, Yann reçoit Laetitia Grangeux, une femme inspirante qui a l'opportunité d'enfermer un management toxique et d'un harcèlement insidieux qui l'ont menée au bord du Louvre. Après un burn-out sévère qui lui a failli tout égale, Laetitia s'est lancée dans un parcours de reconstruction. Enquête de sens et de valeur humaine, elle a réussi à se réinventer, de bon en bon, pour élever ceux qui traversent des situations similaires. Son expérience, elle nous a aussi couché dans un livre inspirant, un témoignage puissant sur le burn-out et la résilience. Je suis Sherazan, dans nos épisodes nous mettons en lumière des histoires inspirantes et des initiatives innovantes. Vous entendrez les témoignages de dirigeants d'entreprises engagés en faveur de l'inclusion des personnes en situation de handicap, certains ayant eux-mêmes vécu une telle situation, et des salariés qui ont pu faire de leur différence une force. Nous partagerons leurs expériences, leurs défis et les stratégies qu'ils ont mises en place pour créer des environnements de travail véritables et ouverts à tous.

  • Speaker #1

    Bonjour Letitia, tu me reçois aujourd'hui chez toi. Déjà, pour commencer, est-ce que tu peux nous parler un peu de toi, de ton parcours pro qui t'a amené aujourd'hui à... à être coprésidente de la CPME Haute-Loire ? Alors,

  • Speaker #2

    mon parcours, ça a été celui d'une personne qui pensait savoir ce qu'elle voulait faire depuis qu'elle est petite. Donc, je pensais être professeure des écoles. Donc, j'ai tracé à peu près la route. Je me suis formée aux sciences d'éducation, notamment en sciences humaines. Je suis partie à l'UFM et puis je me suis rendue compte que ce n'était pas ma voie. Je me suis reconvertie dans la session socio-professionnelle tout de suite, du coup, en comprenant qu'il y avait des compétences qui étaient transférables à notre public, les adultes. J'ai travaillé pour, à l'époque, Pôle emploi. J'ai commencé ma carrière comme ça, auprès des entreprises, des bénéficiaires. Et puis, je suis partie ensuite dans l'insertion plutôt associative. Et j'ai vécu en 2013 un burn-out dans une structure associative, suite à notamment du harcèlement professionnel et à de la surcharge de travail. Et ce burn-out, je le dis, ça ressemble presque à une punchline aujourd'hui, ça fait 9 ans que j'en parle, mais c'est vraiment ça, il a failli me coûter la vie. Et suite à ça, j'ai retravaillé dans la section dans une autre entreprise. Là, j'ai une super équipe. Donc là, c'était cool. Mais il y a eu des tournements de fonds avec du coup un licenciement économique pour tout le monde. Et là, je me dis mais ce n'est pas possible. Je veux faire de l'humain. Et partout où je passe dans l'humain, ça manque d'humain. Il y a des choses qui ne me conviennent pas. Comment je pourrais investir cette mission que j'ai envie de donner auprès des autres ? Notamment le fait que personne n'envisage le suicide dans le travail. sans me faire moi-même dévorer par le travail et ou les équipes autour de moi. Donc, je me suis lancée dans la conquête du métier de coach. Grâce à Christina Cordula et Pascal Le Grand Frère, à l'époque, je regardais un peu la télé. Je ne voulais pas faire exactement comme eux, mais il y avait quelque chose dans ce qu'ils offraient qui m'inspirait tellement. Le fait qu'ils rendent la responsabilité et le pouvoir aux personnes qu'elles soient actrices du changement. Ça, ça me... Donc j'ai commencé à enquêter sur le métier, j'ai rencontré beaucoup de coachs et je me suis rendue compte que je pouvais vraiment façonner le métier en fonction d'abord de ma personnalité, de mon histoire et de ce que j'ai envie moi d'offrir au monde. Donc voilà, c'était en 2015, je me suis formée, j'ai été certifiée en 2015, je me suis formée au métier et puis je me suis lancée dans l'aventure. Je me suis d'abord lancée seule, puis j'ai eu une grosse entreprise, enfin grosse pour moi, j'ai développé et puis je suis revenue seule aujourd'hui. Et entre temps, sur le parcours, j'ai découvert la CPME en tant qu'adhérente d'abord. Ce qui m'a marquée à la CPME, il y a eu plusieurs choses. A l'époque, ça a été qu'on me considère alors que je n'avais pas de salarié. Ça a contribué, ça a participé à m'aider à me dire que même si je n'ai pas de salarié, je suis chef d'entreprise. Je ne suis pas un micro-entrepreneur, un bébé quelque chose. J'ai de la valeur et mon entreprise aussi. Donc ça, le fait qu'on me regarde, qu'on regarde mon travail entre pairs, ça a contribué quand même à me donner de la confiance aussi, quand même beaucoup. On m'a donné carte blanche en tant qu'adhérente pour dire mais s'il y a des choses que tu veux proposer dans ce que tu sais faire, propose-les. C'est ce que j'ai fait. Donc je suis devenue une adhérente active ensuite, pas que passive. Et puis un jour, mon coprésident actuel est venu me chercher pour me proposer la coprésidence. Mais avant ça... Je l'avais rencontré, Jean-Michel, en période Covid. On a pris mes nouvelles, j'étais adhérente encore. On m'a téléphoné pour voir comment j'allais. On est venu me voir dans mon petit cabinet de ma haute Loire, avec un panier garni, pour me dire comment tu vas toi aujourd'hui. Et ça, ça parle des valeurs de la CPME. Et donc forcément, ça a été une évidence quand il me cherchait pour devenir coprésidente, de me dire... Ouais, ok, j'y réfléchis déjà.

  • Speaker #1

    Tu as mentionné le vécu de ton burn-out, le rebond aussi derrière. Comment c'est arrivé ? Comment tu as vécu cette douloureuse expérience ? Et puis surtout, comment tu as rebondi derrière ?

  • Speaker #2

    Alors c'est arrivé, maintenant j'ai le recul pour en parler, que je n'avais pas à l'époque, puisque la première phase de glissement vers le burn-out, ce syndrome, c'est le déni. C'est arrivé parce que quand j'étais dans cette association, je voulais un enfant. C'est marrant de commencer comme ça. Je voulais un enfant. Et pour moi, un enfant, ça devait se concevoir dans la sécurité financière. Donc, il fallait que j'ai mon CDI. Donc, il fallait que je fasse mes preuves. Donc déjà, il y avait un besoin de me surinvestir pour prouver, pour obtenir ce que je voulais. Donc, ça veut aussi dire quelque chose de l'entreprise dans laquelle j'étais, l'association. C'est qu'il y avait une espèce de chantage qui s'était mis en place avec la direction. Fais tes preuves, vas-y, on a compris ton projet de vie. donne tout et en fonction on verra. Donc il y avait déjà quelque chose qui n'était pas cool à cet endroit-là. Ensuite, je l'ai fait parce que j'ai un profil. J'ai le profil de quelqu'un qui craignait l'autorité, qui s'est construite sur un gros besoin de reconnaissance. Je me surinvestissais parce que j'avais besoin d'exister à travers le regard de l'autre. Et que tout ce que j'ai mené dans cette mission professionnelle, je l'ai mené pour me construire aussi, avec cette croyance que... J'ai la responsabilité de mon projet d'enfant, donc je dois tout donner, quitte à vraiment tout donner. Donc le nombre d'heures, la sueur, les larmes, accepter d'être humiliée publiquement, parce qu'après ça s'est transformé en harcèlement au travail. Je me faisais humilier devant mes stagiaires par ma responsable. Il y avait des ordres et des contre-ordres, il y avait une hiérarchie pas claire. Mon cadre de travail n'était pas clair, donc moins c'est clair, plus c'est facile pour les gens qui manipulent de manipuler. Il y avait une division pour le règne aussi qui était ressentie en interne, dans l'organisation interne. Et le burn-out, ça a été aussi... Je me suis mariée pendant cette mission là-bas. Et mon voyage de noces, je l'ai vécu dans la crainte du retour. Donc j'ai bousillé mon voyage de noces. Et puis il y a eu le moment de trop. Après, donc là je te parle, tout ça s'est condensé sur plusieurs mois. Il y a eu l'épreuve de trop. À cette époque-là, j'étais dans la formation logistique, KSS aussi, j'ai eu plein de vie. Et j'ai refusé de donner un KSS à une... J'étais formateur ou testeur, mais pas sur les mêmes sessions. Et j'ai refusé de donner un KSS à quelqu'un qui m'a menacée de mort. Et quand j'en ai parlé à ma RH, on est partis sur... mais non c'est rien toi t'inquiète pas en fait une fois trop j'ai pas été prise en compte sauf que moi j'ai vraiment eu peur pour ma vie et ce jour là je suis en voiture et j'ai envie de prendre l'arbre et je fonce et je fonce et je fonce et au dernier dernier dernier moment je tourne le volant et là je me rends compte qu'il y a un problème et donc je suis allée voir le médecin généraliste et c'est lui, on est en 2013 qui pose le mot burn out... Je ne sais pas ce que c'est cette affaire, ce jour-là. Et il m'explique un peu ce que c'est. Et comme 99% des gens que je reçois aujourd'hui, quand ils sont dans ce cas-là de déni ou de réveil, mais qui ne sont pas encore en arrêt maladie, je lui réponds non, surtout pas, ça va être pire après. Et là, ils m'aident beaucoup à me dire non, mais là, en fait, il n'y aura pas d'après. L'après, ce ne sera pas là-bas. Il faut vraiment s'arrêter et il faut découvrir ce que c'est que ça.

  • Speaker #1

    J'ai vu sur le panneau de ta maison que... C'était sur la santé mentale, le bien-être professionnel, sortant d'un born-out, comme tu as pu le vivre. Comment, du coup, on passe à l'opposé, c'est-à-dire d'intégrer le bien-être professionnel comme un élément central ou essentiel dans le fonctionnement ou la stratégie d'une entreprise ?

  • Speaker #2

    À travers mon cas, ça a été d'abord, je me suis soignée, grâce à une psychologue, et ensuite à une... capacité de résilience que je pense qu'il y a déjà en moi, forte. Je pense aussi que j'étais une entrepreneur qui ne se connaissait pas. Je n'ai pas d'entrepreneur dans ma famille, je n'avais pas de modèle d'entrepreneuriat autour de moi et je ne savais pas que j'étais une entrepreneur qui s'ignorait. Donc j'ai aussi, en faisant un travail sur moi, notamment en psy, compris que je me sentais jamais bien dans une équipe salariée parce que j'étais une leader qui n'avait pas de poste de leader. et je n'arrivais pas à investir au leadership et du coup je t'ai frustrée constamment, le manque de sens je ne pouvais pas supporter, un grand besoin d'indépendance et que finalement le besoin de reconnaissance ce n'est pas comme ça que je pouvais le nourrir, je pouvais le nourrir autrement. Donc il y a eu des prises de conscience dans le soin. Ensuite, ça a été une évidence pour moi. Alors je t'ai parlé d'un moment où j'ai voulu prendre un arbre. Il y a eu un deuxième moment très fort dans ma guérison. Ça a été un moment où ça s'est passé là-bas. J'étais sur mon lit avec les cachets pour me remettre. Des gros cachets. Et je me suis fait une promesse. C'était soit je prenais tous les cachets et on en finissait là maintenant. Soit je ne les prenais pas, je ne dis pas qu'il ne faut pas prendre de cachet attention à ce que je dis, la médication a son sens et moi je ne suis pas là pour dire ce qu'il faut les prendre ou pas, mais dans mon cas à moi, j'ai eu besoin de faire ça, de tout vider et de dire par contre je me lève et plus jamais, jamais je subis ma vie. Ce jour-là, j'ai réalisé que le burn-out c'était un moment miroir de ma vie. où j'avais vécu déjà de la violence, j'ai vécu des violences conjugales, j'ai vécu toutes les formes de violences physiques, enfin beaucoup. Et c'était ni plus ni moins qu'un énième endroit pour reproduire des schémas de pensée, de croyances, de comportements. Et je me suis dit, plus dans la violence. Maintenant, je choisis ma vie, ma manière de la vivre, de la mener. Et donc tout ça a contribué à me dire, mais en fait, j'ai envie en plus d'aider les autres à le faire. Donc j'ai beaucoup lu, je suis allée à des conférences, je me suis renseignée beaucoup mieux sur ce que c'était ce phénomène du burn-out. J'ai voulu me spécialiser sous cette question.

  • Speaker #1

    T'as écrit un bouquin ? Ouais.

  • Speaker #2

    J'ai écrit un bouquin. Alors je ne l'ai pas écrit. Je l'ai écrit quand je me suis estimée guérie. Ça a pris des années. Je l'ai écrit le jour où un client m'a demandé de le faire. En me disant Laetitia, tu m'inspires, je pense que tu peux inspirer du monde. Écris un bouquin, ça aidera des gens.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que finalement, le burn-out a été un élément déclencheur de cette conviction à étayer auprès du plus grand nombre que le bien-être pro, il faut y passer, c'est une nécessité en fait.

  • Speaker #2

    Les clients me disent, j'aime travailler avec toi parce que tu l'as vécu, tu sais de quoi tu parles. Et oui, c'est parce que je l'ai vécu que j'en parle. Oui, il y a eu un avant et un après, moi j'ai choisi d'en faire une occasion de me révéler à moi. et d'aider les autres à se révéler à eux-mêmes. Donc oui, c'est devenu une mission, en fait. L'avoir vécu est devenu une mission pour demain, de préservation, de prévention, et c'était une évidence, en fait. Mais l'évidence, je l'ai construite, je l'ai façonnée après, au gré de mes formations professionnelles. Le coaching d'abord, qui a été un peu mon squelette, et le muscle autour, ça a été les formations NERTI, pour nettoyer les angoisses, ça a été le disque pour la communication, ça a été pour le management, ça a été... Petit à petit, au fur et à mesure que je me suis redécouverte dans l'entrepreneuriat, je me suis façonnée et j'ai rencontré mon client. C'est mon client qui m'a aidée à traverser les besoins, les peurs, qui m'a aidée à me dire si je suis au bon endroit, si je suis là où je veux être. J'ai pu améliorer cette vision des choses avec le temps.

  • Speaker #1

    On sent que tu t'es construite, que tu t'es façonnée en tant que... Patronne, patronne de toi-même, patronne de ton activité, patronne de tes convictions aussi. Est-ce que ça, ça contribue aussi à mettre en évidence les difficultés que tu perçois dans les personnes que tu accompagnes déjà d'une part, et d'autre part, en fait, de les aider à transformer ça en quelque chose de positif pour eux ?

  • Speaker #2

    Alors oui, mais oui absolument, je pense que de l'avoir vécu, ça m'aide encore mieux à aider. Et le fait d'investir dans une posture de coach professionnel, donc de neutralité absolue et de miroir, de don jugement, de renvoyer à l'autre tout en se rappelant qu'à ce moment-là je ne suis pas sachante, c'est le mais. C'est mais avec tout un travail de supervision à côté pour faire quelque chose de positif, des transferts qu'il pourrait y avoir. Éviter un transfert, oui déjà, mais en même temps c'est un peu inévitable parce qu'on est deux humains l'un en face de l'autre. Le but, ce n'est pas de dire faites comme moi, mais faites comme vous. C'est ce que je dis aussi dans mon livre. Je ne suis pas l'exemple à suivre. Je suis à priori source d'inspiration pour des personnes. Et tant mieux, parce que j'aime ça aussi, inspirer, insuffler. Mais pas en disant je vais vous façonner dans mon moule, mais pour dire voilà comment moi j'ai fait pour faire comme moi et je vais vous aider à faire comme vous. Donc vous posez les bonnes questions pour que vous lâchiez celles qui ne vous font pas avancer. Et que vous investissiez parce que c'est votre soi et votre propre transformation. Avec ce que vous allez choisir de mettre dedans et d'enlever. Avec faire le tri entre ce qui m'appartient, ce qui ne m'appartient pas. Comment j'ose prendre ma place. Dire oui, dire non.

  • Speaker #1

    Alors petite anecdote amusante en fait. Je suis allé parcourir ton profil LinkedIn. Peut-être carte de visite pro. Et j'ai vu que tu comparais ton rôle à celui d'un jardinier. à aider du coup les gens à semer leurs graines du sucé. Est-ce que tu te vois un peu comme finalement une agricultrice de la résilience et de la confiance ? C'est marrant. C'est un peu ça ?

  • Speaker #2

    J'aime bien l'idée parce que je suis une fille de la ville, moi à la base. Je suis venue à la campagne par amour, d'abord d'un homme, et puis maintenant j'aime mes montagnes, j'aime ma campagne, j'aime ma Haute-Loire, et je suis belle-fille d'un agriculteur à la retraite. J'ai été sensibilisée du coup à ce milieu et à ses valeurs. Et je pense, tu vois, typiquement, quelque chose que j'aime voir dans le regard de mon beau-père, quand on parle travail, tous les deux, on n'est pas du tout dans le même domaine, du coup, pro, mais je pense qu'on partage une valeur travail, avec la notion d'effort, qui est à la fois, moi, que j'aime, et à la fois qui est mon point de vigilance, puisque en tant qu'entrepreneur, avec un fonctionnement cognitif un peu atypique, dans la potentialité, etc. J'ai un grand besoin de vigilance sur comment je me suis investie et comment je me rappelle, c'est une question à laquelle j'essaie de répondre dans mon livre, est-ce qu'on guérit du burn-out ? Oui, mais on n'en est jamais vacciné, donc comment je peux devenir mon propre bourreau de travail et y faire attention ? Mais oui, j'aime bien ce rapport à l'agriculture parce qu'il y a cette notion, je pense à la fois d'aimer sa terre aussi, et moi ma terre, si je fais le parallèle avec ma vie et ce qui m'a conduit à être là. mes racines, mes valeurs, mes besoins. En fait, tout ce terreau-là qui est la base de l'entreprise, d'une entreprise mission, d'une mission entreprise et d'une culture d'entreprise et qu'on ne doit pas oublier qu'on doit à la fois chérir et en même temps qu'il ne doit pas nous rendre esclaves.

  • Speaker #1

    Alors, tu as vécu un baronnat que tu as transformé, heureusement. Et puis, il y a le Covid qui est passé par là. En quoi cet événement, quand même, qui a marqué énormément les gens à travers le monde, et en France notamment, a changé la manière dont les dirigeants abordent le bien-être des employés ?

  • Speaker #2

    Le post-Covid, ça a été une exposante création d'entreprise dans le bien-être, que j'ai accompagnée, avec des personnes qui ont beaucoup vécu des fuites en avant, je pense aussi, pour qui le projet entrepreneurial n'était pas le vrai projet. Donc moi, j'ai aussi accompagné des gens à ne pas y aller. C'est chouette que tu aies compris qu'en fait tu plaçais le travail dans ta vie peut-être pas au bon endroit, ou que ça a été le bon endroit pendant un temps mais que ce n'est plus le cas, c'est ok. Par contre ça ne veut pas forcément dire que tu es fait pour entreprendre, donc il y a beaucoup d'enjeux là. L'entrepreneur qui a des salariés, aujourd'hui force de constater que s'il y a autant de créations, c'est qu'il y a de la reconversion, donc il y a des fuites aussi, des départs. On a vécu quand même de grands départs de migration presque de salariés. Démission ? Oui, c'est ça, la grande démission. Oui, oui. Tu as dit quoi ? Moi, je dis que ça dit de nos entreprises qu'elles ont le choix aujourd'hui entre enfin se poser les bonnes questions, quelle est la place de l'humain, de la valeur humaine dans le travail, comment on repense peut-être le management en parlant de management situationnel, par exemple, comment on décide que ce n'est pas de la fainéantise ou un manque de reconnaissance ou d'intérêt ou d'engagement que de décider de replacer le travail ailleurs dans sa vie. Et en même temps, qu'on éduque autrement nos jeunes, qu'on éduque autrement soi-même aussi, l'adulte qu'on est devenu et nos enfants, pour penser la notion quand même travail et effort, pour ne pas tomber dans l'individualisme et perdre cette valeur du collectif aussi qu'on cherche dans une entreprise. Mais pour nourrir le collectif, il faut questionner l'individuel et les deux doivent aller ensemble. Parler du burn-out, du risque psychosocial, ce n'est pas une perte de temps, c'est un investissement. C'est sensibiliser chacun au signaux d'alerte, c'est une manière de responsabiliser chacun sur... Moi je dois être en fait le premier responsable de mon bien-être avant de parler de mon patron, et en même temps mon patron qui est sensibilisé à ce sujet va mettre en place des conditions de travail, des leviers qui permettront aussi d'être plus productifs, parce que mon dieu pourquoi on ne comprend pas encore aujourd'hui en France que ça coûte cher de ne pas s'en soucier, le turnover, l'absentéisme et le présentéisme dont on parle. Très peu, mais le fait de venir quand on est malade au travail, de contaminer tout le monde et puis de ne pas être productif, de faire des erreurs qu'on va devoir rattraper, ce n'est pas non plus une bonne idée. Très concrètement, ça fait neuf ans que je suis à mon compte. Avec mes mots à moi, on me prenait pour un bisounours quand j'ai démarré. On me disait, elle est gentille, elle est mignonne avec son idéalisme. Aujourd'hui, on vient me chercher. Quand je dis on, je parle d'entreprises qui viennent me chercher pour intervenir à titre individuel ou collectif. Il y a eu un changement. Il y a eu un changement, il est lent, il est trop lent encore, je pense. C'est pas partout, c'est pas tous les secteurs d'activité qui sont touchés en même temps. Il y a des secteurs d'activité pour qui c'est plus compliqué à aborder, notamment quand c'est plus masculin, quand c'est plus... On parle d'ego là. Et l'ego, tant que l'ego drive...

  • Speaker #1

    on n'est pas au bon endroit. Merci Lisa pour être comme ça livrée avec beaucoup de franchise sur ta part. Merci de nous avoir reçus à Ausha.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Et puis on n'oublie pas que la santé mentale... et potentiellement avant l'e-mail du demain, on se prête à attendre à ces sujets-là, à vous impliquer au boulot de vie, et puis à vivre plus sereinement le travail demain que peut-être pour une soirée de bain.

  • Speaker #2

    Je pense vraiment que là, j'ai parlé de ça de manière très sérieuse. On peut aussi parler de sujets très sérieux sans se prendre au sérieux. Il y a des manières très ludiques d'aborder ces sujets-là. On peut le faire de manière à impliquer des équipes de manière ludique aussi. Pas en faire un sujet ni tabou, ça devient de moins en moins tabou, ni lourd forcément à porter, mais en faire un sujet. Et faire de l'étonnement comme ça. Je pense que si on y met de la conviction, on peut aller très loin. Dans la préservation aussi des équipes, et si on préserve l'humain, on préserve l'activité.

  • Speaker #1

    Donc, nous n'avons pas peur de la rire. Merci, Sistah. Merci. Et puis, on rappelle que le podcast inclusif est soutenu par l'AGF et le Frontier de la Rougueur. Merci à vous, à bientôt.

Description

Ce syndrôme d'épuisement professionnel a failli lui coûter la vie. C'est Léticia, coach, secouriste en santé mentale qui l'affirme haut et fort, "comme une punchline". Elle nous explique comment cette épreuve l'a révélée à elle-même et lui a progressivement ouvert le champ de l'accompagnement des autres, jusqu'à partager aujourd'hui la présidence de la CPME Haute-Loire. Elle érige fièrement les valeurs humaines comme essentielles dans le bon fonctionnement des entreprises.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Inclusif. Aujourd'hui, nous abordons un sujet crucial et malheureusement trop courant, le burn-out causé par un environnement de soins toxiques. Pour certains, c'est une simple expression, mais pour ceux qui l'ont vécu, cela peut être une question d'enfer. Aujourd'hui, Yann reçoit Laetitia Grangeux, une femme inspirante qui a l'opportunité d'enfermer un management toxique et d'un harcèlement insidieux qui l'ont menée au bord du Louvre. Après un burn-out sévère qui lui a failli tout égale, Laetitia s'est lancée dans un parcours de reconstruction. Enquête de sens et de valeur humaine, elle a réussi à se réinventer, de bon en bon, pour élever ceux qui traversent des situations similaires. Son expérience, elle nous a aussi couché dans un livre inspirant, un témoignage puissant sur le burn-out et la résilience. Je suis Sherazan, dans nos épisodes nous mettons en lumière des histoires inspirantes et des initiatives innovantes. Vous entendrez les témoignages de dirigeants d'entreprises engagés en faveur de l'inclusion des personnes en situation de handicap, certains ayant eux-mêmes vécu une telle situation, et des salariés qui ont pu faire de leur différence une force. Nous partagerons leurs expériences, leurs défis et les stratégies qu'ils ont mises en place pour créer des environnements de travail véritables et ouverts à tous.

  • Speaker #1

    Bonjour Letitia, tu me reçois aujourd'hui chez toi. Déjà, pour commencer, est-ce que tu peux nous parler un peu de toi, de ton parcours pro qui t'a amené aujourd'hui à... à être coprésidente de la CPME Haute-Loire ? Alors,

  • Speaker #2

    mon parcours, ça a été celui d'une personne qui pensait savoir ce qu'elle voulait faire depuis qu'elle est petite. Donc, je pensais être professeure des écoles. Donc, j'ai tracé à peu près la route. Je me suis formée aux sciences d'éducation, notamment en sciences humaines. Je suis partie à l'UFM et puis je me suis rendue compte que ce n'était pas ma voie. Je me suis reconvertie dans la session socio-professionnelle tout de suite, du coup, en comprenant qu'il y avait des compétences qui étaient transférables à notre public, les adultes. J'ai travaillé pour, à l'époque, Pôle emploi. J'ai commencé ma carrière comme ça, auprès des entreprises, des bénéficiaires. Et puis, je suis partie ensuite dans l'insertion plutôt associative. Et j'ai vécu en 2013 un burn-out dans une structure associative, suite à notamment du harcèlement professionnel et à de la surcharge de travail. Et ce burn-out, je le dis, ça ressemble presque à une punchline aujourd'hui, ça fait 9 ans que j'en parle, mais c'est vraiment ça, il a failli me coûter la vie. Et suite à ça, j'ai retravaillé dans la section dans une autre entreprise. Là, j'ai une super équipe. Donc là, c'était cool. Mais il y a eu des tournements de fonds avec du coup un licenciement économique pour tout le monde. Et là, je me dis mais ce n'est pas possible. Je veux faire de l'humain. Et partout où je passe dans l'humain, ça manque d'humain. Il y a des choses qui ne me conviennent pas. Comment je pourrais investir cette mission que j'ai envie de donner auprès des autres ? Notamment le fait que personne n'envisage le suicide dans le travail. sans me faire moi-même dévorer par le travail et ou les équipes autour de moi. Donc, je me suis lancée dans la conquête du métier de coach. Grâce à Christina Cordula et Pascal Le Grand Frère, à l'époque, je regardais un peu la télé. Je ne voulais pas faire exactement comme eux, mais il y avait quelque chose dans ce qu'ils offraient qui m'inspirait tellement. Le fait qu'ils rendent la responsabilité et le pouvoir aux personnes qu'elles soient actrices du changement. Ça, ça me... Donc j'ai commencé à enquêter sur le métier, j'ai rencontré beaucoup de coachs et je me suis rendue compte que je pouvais vraiment façonner le métier en fonction d'abord de ma personnalité, de mon histoire et de ce que j'ai envie moi d'offrir au monde. Donc voilà, c'était en 2015, je me suis formée, j'ai été certifiée en 2015, je me suis formée au métier et puis je me suis lancée dans l'aventure. Je me suis d'abord lancée seule, puis j'ai eu une grosse entreprise, enfin grosse pour moi, j'ai développé et puis je suis revenue seule aujourd'hui. Et entre temps, sur le parcours, j'ai découvert la CPME en tant qu'adhérente d'abord. Ce qui m'a marquée à la CPME, il y a eu plusieurs choses. A l'époque, ça a été qu'on me considère alors que je n'avais pas de salarié. Ça a contribué, ça a participé à m'aider à me dire que même si je n'ai pas de salarié, je suis chef d'entreprise. Je ne suis pas un micro-entrepreneur, un bébé quelque chose. J'ai de la valeur et mon entreprise aussi. Donc ça, le fait qu'on me regarde, qu'on regarde mon travail entre pairs, ça a contribué quand même à me donner de la confiance aussi, quand même beaucoup. On m'a donné carte blanche en tant qu'adhérente pour dire mais s'il y a des choses que tu veux proposer dans ce que tu sais faire, propose-les. C'est ce que j'ai fait. Donc je suis devenue une adhérente active ensuite, pas que passive. Et puis un jour, mon coprésident actuel est venu me chercher pour me proposer la coprésidence. Mais avant ça... Je l'avais rencontré, Jean-Michel, en période Covid. On a pris mes nouvelles, j'étais adhérente encore. On m'a téléphoné pour voir comment j'allais. On est venu me voir dans mon petit cabinet de ma haute Loire, avec un panier garni, pour me dire comment tu vas toi aujourd'hui. Et ça, ça parle des valeurs de la CPME. Et donc forcément, ça a été une évidence quand il me cherchait pour devenir coprésidente, de me dire... Ouais, ok, j'y réfléchis déjà.

  • Speaker #1

    Tu as mentionné le vécu de ton burn-out, le rebond aussi derrière. Comment c'est arrivé ? Comment tu as vécu cette douloureuse expérience ? Et puis surtout, comment tu as rebondi derrière ?

  • Speaker #2

    Alors c'est arrivé, maintenant j'ai le recul pour en parler, que je n'avais pas à l'époque, puisque la première phase de glissement vers le burn-out, ce syndrome, c'est le déni. C'est arrivé parce que quand j'étais dans cette association, je voulais un enfant. C'est marrant de commencer comme ça. Je voulais un enfant. Et pour moi, un enfant, ça devait se concevoir dans la sécurité financière. Donc, il fallait que j'ai mon CDI. Donc, il fallait que je fasse mes preuves. Donc déjà, il y avait un besoin de me surinvestir pour prouver, pour obtenir ce que je voulais. Donc, ça veut aussi dire quelque chose de l'entreprise dans laquelle j'étais, l'association. C'est qu'il y avait une espèce de chantage qui s'était mis en place avec la direction. Fais tes preuves, vas-y, on a compris ton projet de vie. donne tout et en fonction on verra. Donc il y avait déjà quelque chose qui n'était pas cool à cet endroit-là. Ensuite, je l'ai fait parce que j'ai un profil. J'ai le profil de quelqu'un qui craignait l'autorité, qui s'est construite sur un gros besoin de reconnaissance. Je me surinvestissais parce que j'avais besoin d'exister à travers le regard de l'autre. Et que tout ce que j'ai mené dans cette mission professionnelle, je l'ai mené pour me construire aussi, avec cette croyance que... J'ai la responsabilité de mon projet d'enfant, donc je dois tout donner, quitte à vraiment tout donner. Donc le nombre d'heures, la sueur, les larmes, accepter d'être humiliée publiquement, parce qu'après ça s'est transformé en harcèlement au travail. Je me faisais humilier devant mes stagiaires par ma responsable. Il y avait des ordres et des contre-ordres, il y avait une hiérarchie pas claire. Mon cadre de travail n'était pas clair, donc moins c'est clair, plus c'est facile pour les gens qui manipulent de manipuler. Il y avait une division pour le règne aussi qui était ressentie en interne, dans l'organisation interne. Et le burn-out, ça a été aussi... Je me suis mariée pendant cette mission là-bas. Et mon voyage de noces, je l'ai vécu dans la crainte du retour. Donc j'ai bousillé mon voyage de noces. Et puis il y a eu le moment de trop. Après, donc là je te parle, tout ça s'est condensé sur plusieurs mois. Il y a eu l'épreuve de trop. À cette époque-là, j'étais dans la formation logistique, KSS aussi, j'ai eu plein de vie. Et j'ai refusé de donner un KSS à une... J'étais formateur ou testeur, mais pas sur les mêmes sessions. Et j'ai refusé de donner un KSS à quelqu'un qui m'a menacée de mort. Et quand j'en ai parlé à ma RH, on est partis sur... mais non c'est rien toi t'inquiète pas en fait une fois trop j'ai pas été prise en compte sauf que moi j'ai vraiment eu peur pour ma vie et ce jour là je suis en voiture et j'ai envie de prendre l'arbre et je fonce et je fonce et je fonce et au dernier dernier dernier moment je tourne le volant et là je me rends compte qu'il y a un problème et donc je suis allée voir le médecin généraliste et c'est lui, on est en 2013 qui pose le mot burn out... Je ne sais pas ce que c'est cette affaire, ce jour-là. Et il m'explique un peu ce que c'est. Et comme 99% des gens que je reçois aujourd'hui, quand ils sont dans ce cas-là de déni ou de réveil, mais qui ne sont pas encore en arrêt maladie, je lui réponds non, surtout pas, ça va être pire après. Et là, ils m'aident beaucoup à me dire non, mais là, en fait, il n'y aura pas d'après. L'après, ce ne sera pas là-bas. Il faut vraiment s'arrêter et il faut découvrir ce que c'est que ça.

  • Speaker #1

    J'ai vu sur le panneau de ta maison que... C'était sur la santé mentale, le bien-être professionnel, sortant d'un born-out, comme tu as pu le vivre. Comment, du coup, on passe à l'opposé, c'est-à-dire d'intégrer le bien-être professionnel comme un élément central ou essentiel dans le fonctionnement ou la stratégie d'une entreprise ?

  • Speaker #2

    À travers mon cas, ça a été d'abord, je me suis soignée, grâce à une psychologue, et ensuite à une... capacité de résilience que je pense qu'il y a déjà en moi, forte. Je pense aussi que j'étais une entrepreneur qui ne se connaissait pas. Je n'ai pas d'entrepreneur dans ma famille, je n'avais pas de modèle d'entrepreneuriat autour de moi et je ne savais pas que j'étais une entrepreneur qui s'ignorait. Donc j'ai aussi, en faisant un travail sur moi, notamment en psy, compris que je me sentais jamais bien dans une équipe salariée parce que j'étais une leader qui n'avait pas de poste de leader. et je n'arrivais pas à investir au leadership et du coup je t'ai frustrée constamment, le manque de sens je ne pouvais pas supporter, un grand besoin d'indépendance et que finalement le besoin de reconnaissance ce n'est pas comme ça que je pouvais le nourrir, je pouvais le nourrir autrement. Donc il y a eu des prises de conscience dans le soin. Ensuite, ça a été une évidence pour moi. Alors je t'ai parlé d'un moment où j'ai voulu prendre un arbre. Il y a eu un deuxième moment très fort dans ma guérison. Ça a été un moment où ça s'est passé là-bas. J'étais sur mon lit avec les cachets pour me remettre. Des gros cachets. Et je me suis fait une promesse. C'était soit je prenais tous les cachets et on en finissait là maintenant. Soit je ne les prenais pas, je ne dis pas qu'il ne faut pas prendre de cachet attention à ce que je dis, la médication a son sens et moi je ne suis pas là pour dire ce qu'il faut les prendre ou pas, mais dans mon cas à moi, j'ai eu besoin de faire ça, de tout vider et de dire par contre je me lève et plus jamais, jamais je subis ma vie. Ce jour-là, j'ai réalisé que le burn-out c'était un moment miroir de ma vie. où j'avais vécu déjà de la violence, j'ai vécu des violences conjugales, j'ai vécu toutes les formes de violences physiques, enfin beaucoup. Et c'était ni plus ni moins qu'un énième endroit pour reproduire des schémas de pensée, de croyances, de comportements. Et je me suis dit, plus dans la violence. Maintenant, je choisis ma vie, ma manière de la vivre, de la mener. Et donc tout ça a contribué à me dire, mais en fait, j'ai envie en plus d'aider les autres à le faire. Donc j'ai beaucoup lu, je suis allée à des conférences, je me suis renseignée beaucoup mieux sur ce que c'était ce phénomène du burn-out. J'ai voulu me spécialiser sous cette question.

  • Speaker #1

    T'as écrit un bouquin ? Ouais.

  • Speaker #2

    J'ai écrit un bouquin. Alors je ne l'ai pas écrit. Je l'ai écrit quand je me suis estimée guérie. Ça a pris des années. Je l'ai écrit le jour où un client m'a demandé de le faire. En me disant Laetitia, tu m'inspires, je pense que tu peux inspirer du monde. Écris un bouquin, ça aidera des gens.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que finalement, le burn-out a été un élément déclencheur de cette conviction à étayer auprès du plus grand nombre que le bien-être pro, il faut y passer, c'est une nécessité en fait.

  • Speaker #2

    Les clients me disent, j'aime travailler avec toi parce que tu l'as vécu, tu sais de quoi tu parles. Et oui, c'est parce que je l'ai vécu que j'en parle. Oui, il y a eu un avant et un après, moi j'ai choisi d'en faire une occasion de me révéler à moi. et d'aider les autres à se révéler à eux-mêmes. Donc oui, c'est devenu une mission, en fait. L'avoir vécu est devenu une mission pour demain, de préservation, de prévention, et c'était une évidence, en fait. Mais l'évidence, je l'ai construite, je l'ai façonnée après, au gré de mes formations professionnelles. Le coaching d'abord, qui a été un peu mon squelette, et le muscle autour, ça a été les formations NERTI, pour nettoyer les angoisses, ça a été le disque pour la communication, ça a été pour le management, ça a été... Petit à petit, au fur et à mesure que je me suis redécouverte dans l'entrepreneuriat, je me suis façonnée et j'ai rencontré mon client. C'est mon client qui m'a aidée à traverser les besoins, les peurs, qui m'a aidée à me dire si je suis au bon endroit, si je suis là où je veux être. J'ai pu améliorer cette vision des choses avec le temps.

  • Speaker #1

    On sent que tu t'es construite, que tu t'es façonnée en tant que... Patronne, patronne de toi-même, patronne de ton activité, patronne de tes convictions aussi. Est-ce que ça, ça contribue aussi à mettre en évidence les difficultés que tu perçois dans les personnes que tu accompagnes déjà d'une part, et d'autre part, en fait, de les aider à transformer ça en quelque chose de positif pour eux ?

  • Speaker #2

    Alors oui, mais oui absolument, je pense que de l'avoir vécu, ça m'aide encore mieux à aider. Et le fait d'investir dans une posture de coach professionnel, donc de neutralité absolue et de miroir, de don jugement, de renvoyer à l'autre tout en se rappelant qu'à ce moment-là je ne suis pas sachante, c'est le mais. C'est mais avec tout un travail de supervision à côté pour faire quelque chose de positif, des transferts qu'il pourrait y avoir. Éviter un transfert, oui déjà, mais en même temps c'est un peu inévitable parce qu'on est deux humains l'un en face de l'autre. Le but, ce n'est pas de dire faites comme moi, mais faites comme vous. C'est ce que je dis aussi dans mon livre. Je ne suis pas l'exemple à suivre. Je suis à priori source d'inspiration pour des personnes. Et tant mieux, parce que j'aime ça aussi, inspirer, insuffler. Mais pas en disant je vais vous façonner dans mon moule, mais pour dire voilà comment moi j'ai fait pour faire comme moi et je vais vous aider à faire comme vous. Donc vous posez les bonnes questions pour que vous lâchiez celles qui ne vous font pas avancer. Et que vous investissiez parce que c'est votre soi et votre propre transformation. Avec ce que vous allez choisir de mettre dedans et d'enlever. Avec faire le tri entre ce qui m'appartient, ce qui ne m'appartient pas. Comment j'ose prendre ma place. Dire oui, dire non.

  • Speaker #1

    Alors petite anecdote amusante en fait. Je suis allé parcourir ton profil LinkedIn. Peut-être carte de visite pro. Et j'ai vu que tu comparais ton rôle à celui d'un jardinier. à aider du coup les gens à semer leurs graines du sucé. Est-ce que tu te vois un peu comme finalement une agricultrice de la résilience et de la confiance ? C'est marrant. C'est un peu ça ?

  • Speaker #2

    J'aime bien l'idée parce que je suis une fille de la ville, moi à la base. Je suis venue à la campagne par amour, d'abord d'un homme, et puis maintenant j'aime mes montagnes, j'aime ma campagne, j'aime ma Haute-Loire, et je suis belle-fille d'un agriculteur à la retraite. J'ai été sensibilisée du coup à ce milieu et à ses valeurs. Et je pense, tu vois, typiquement, quelque chose que j'aime voir dans le regard de mon beau-père, quand on parle travail, tous les deux, on n'est pas du tout dans le même domaine, du coup, pro, mais je pense qu'on partage une valeur travail, avec la notion d'effort, qui est à la fois, moi, que j'aime, et à la fois qui est mon point de vigilance, puisque en tant qu'entrepreneur, avec un fonctionnement cognitif un peu atypique, dans la potentialité, etc. J'ai un grand besoin de vigilance sur comment je me suis investie et comment je me rappelle, c'est une question à laquelle j'essaie de répondre dans mon livre, est-ce qu'on guérit du burn-out ? Oui, mais on n'en est jamais vacciné, donc comment je peux devenir mon propre bourreau de travail et y faire attention ? Mais oui, j'aime bien ce rapport à l'agriculture parce qu'il y a cette notion, je pense à la fois d'aimer sa terre aussi, et moi ma terre, si je fais le parallèle avec ma vie et ce qui m'a conduit à être là. mes racines, mes valeurs, mes besoins. En fait, tout ce terreau-là qui est la base de l'entreprise, d'une entreprise mission, d'une mission entreprise et d'une culture d'entreprise et qu'on ne doit pas oublier qu'on doit à la fois chérir et en même temps qu'il ne doit pas nous rendre esclaves.

  • Speaker #1

    Alors, tu as vécu un baronnat que tu as transformé, heureusement. Et puis, il y a le Covid qui est passé par là. En quoi cet événement, quand même, qui a marqué énormément les gens à travers le monde, et en France notamment, a changé la manière dont les dirigeants abordent le bien-être des employés ?

  • Speaker #2

    Le post-Covid, ça a été une exposante création d'entreprise dans le bien-être, que j'ai accompagnée, avec des personnes qui ont beaucoup vécu des fuites en avant, je pense aussi, pour qui le projet entrepreneurial n'était pas le vrai projet. Donc moi, j'ai aussi accompagné des gens à ne pas y aller. C'est chouette que tu aies compris qu'en fait tu plaçais le travail dans ta vie peut-être pas au bon endroit, ou que ça a été le bon endroit pendant un temps mais que ce n'est plus le cas, c'est ok. Par contre ça ne veut pas forcément dire que tu es fait pour entreprendre, donc il y a beaucoup d'enjeux là. L'entrepreneur qui a des salariés, aujourd'hui force de constater que s'il y a autant de créations, c'est qu'il y a de la reconversion, donc il y a des fuites aussi, des départs. On a vécu quand même de grands départs de migration presque de salariés. Démission ? Oui, c'est ça, la grande démission. Oui, oui. Tu as dit quoi ? Moi, je dis que ça dit de nos entreprises qu'elles ont le choix aujourd'hui entre enfin se poser les bonnes questions, quelle est la place de l'humain, de la valeur humaine dans le travail, comment on repense peut-être le management en parlant de management situationnel, par exemple, comment on décide que ce n'est pas de la fainéantise ou un manque de reconnaissance ou d'intérêt ou d'engagement que de décider de replacer le travail ailleurs dans sa vie. Et en même temps, qu'on éduque autrement nos jeunes, qu'on éduque autrement soi-même aussi, l'adulte qu'on est devenu et nos enfants, pour penser la notion quand même travail et effort, pour ne pas tomber dans l'individualisme et perdre cette valeur du collectif aussi qu'on cherche dans une entreprise. Mais pour nourrir le collectif, il faut questionner l'individuel et les deux doivent aller ensemble. Parler du burn-out, du risque psychosocial, ce n'est pas une perte de temps, c'est un investissement. C'est sensibiliser chacun au signaux d'alerte, c'est une manière de responsabiliser chacun sur... Moi je dois être en fait le premier responsable de mon bien-être avant de parler de mon patron, et en même temps mon patron qui est sensibilisé à ce sujet va mettre en place des conditions de travail, des leviers qui permettront aussi d'être plus productifs, parce que mon dieu pourquoi on ne comprend pas encore aujourd'hui en France que ça coûte cher de ne pas s'en soucier, le turnover, l'absentéisme et le présentéisme dont on parle. Très peu, mais le fait de venir quand on est malade au travail, de contaminer tout le monde et puis de ne pas être productif, de faire des erreurs qu'on va devoir rattraper, ce n'est pas non plus une bonne idée. Très concrètement, ça fait neuf ans que je suis à mon compte. Avec mes mots à moi, on me prenait pour un bisounours quand j'ai démarré. On me disait, elle est gentille, elle est mignonne avec son idéalisme. Aujourd'hui, on vient me chercher. Quand je dis on, je parle d'entreprises qui viennent me chercher pour intervenir à titre individuel ou collectif. Il y a eu un changement. Il y a eu un changement, il est lent, il est trop lent encore, je pense. C'est pas partout, c'est pas tous les secteurs d'activité qui sont touchés en même temps. Il y a des secteurs d'activité pour qui c'est plus compliqué à aborder, notamment quand c'est plus masculin, quand c'est plus... On parle d'ego là. Et l'ego, tant que l'ego drive...

  • Speaker #1

    on n'est pas au bon endroit. Merci Lisa pour être comme ça livrée avec beaucoup de franchise sur ta part. Merci de nous avoir reçus à Ausha.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Et puis on n'oublie pas que la santé mentale... et potentiellement avant l'e-mail du demain, on se prête à attendre à ces sujets-là, à vous impliquer au boulot de vie, et puis à vivre plus sereinement le travail demain que peut-être pour une soirée de bain.

  • Speaker #2

    Je pense vraiment que là, j'ai parlé de ça de manière très sérieuse. On peut aussi parler de sujets très sérieux sans se prendre au sérieux. Il y a des manières très ludiques d'aborder ces sujets-là. On peut le faire de manière à impliquer des équipes de manière ludique aussi. Pas en faire un sujet ni tabou, ça devient de moins en moins tabou, ni lourd forcément à porter, mais en faire un sujet. Et faire de l'étonnement comme ça. Je pense que si on y met de la conviction, on peut aller très loin. Dans la préservation aussi des équipes, et si on préserve l'humain, on préserve l'activité.

  • Speaker #1

    Donc, nous n'avons pas peur de la rire. Merci, Sistah. Merci. Et puis, on rappelle que le podcast inclusif est soutenu par l'AGF et le Frontier de la Rougueur. Merci à vous, à bientôt.

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