- Speaker #0
Bonjour, je suis Ornella, fondatrice d'InfermiExpat en Suisse, et bienvenue sur le podcast InfermiExpat. Ce podcast porte un regard sur ces expatriés, professionnels de santé, qui ont décidé de tout quitter pour tenter une nouvelle expérience à l'étranger. L'occasion pour moi de partager leur parcours, leurs belles surprises, leurs craintes, mais aussi leurs peurs. Mais pas que, il y aura des retours d'expérience, des conseils en matière de formation et carrière. Bonne écoute ! Fabien, bonjour et merci d'avoir accepté mon invitation.
- Speaker #1
Merci à toi, Romina.
- Speaker #0
Alors Fabien, tu es infirmier originaire de Lille.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
En entière, précisément. Et donc tu es installé depuis maintenant à peu près deux ans en Suisse. Et donc tu t'es lancé dans une nouvelle activité qui est infirmier indépendant.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
D'accord. Donc avant d'en parler, puis de développer et d'aller un peu... plus dans le détail, on va un peu revenir sur le parcours professionnel et surtout sur ce qui t'a amené en Suisse. Alors ma première question que je pose à tous mes invités, et là tu vas pas déroger à la règle, ce sera pourquoi la Suisse ? Est-ce que c'était un projet ou est-ce que c'était une opportunité ?
- Speaker #1
Alors pour t'expliquer un petit peu mon parcours et aux auditeurs d'expat ou futurs expats, alors j'avais un cousin qui vivait en Suisse et je venais en vacances. Donc voilà, ça reste avant tout un coup de cœur sur le cadre de vie en tout cas, pour ma part. Et voilà, la vie a fait qu'avec ma compagne qui est aussi infirmière, elle m'a aidé dans ce projet. Donc je l'ai accompagné via mon cousin qui a pu être en accueil au départ, parce que c'est un point peut-être qu'on abordera, mais qui est assez compliqué aussi et que tu as peut-être abordé dans ton lien. Mais voilà, le logement est une des difficultés. Donc, on a eu cette chance au début de pouvoir être accueillis.
- Speaker #0
Ça,
- Speaker #1
c'est super, ça. Et c'est fait. Ça a facilité parce que c'est un aspect qui est compliqué, en tout cas, en Suisse. Donc, voilà, c'est un peu le cas de la région, la beauté du pays.
- Speaker #0
D'accord. Donc, on pourra dire alors finalement que c'est une opportunité. Oui,
- Speaker #1
exactement.
- Speaker #0
D'accord. Et pour revenir un petit peu sur ton parcours professionnel, dans un premier temps, Je le disais tout à l'heure, tu as fait tes études à Armentière. Est-ce que tu avais déjà une idée de la spécialité dans laquelle tu voulais travailler durant tes études ? Ou bien, finalement, c'est quelque chose que tu as décidé qui t'est tombé un petit peu dessus ?
- Speaker #1
Alors oui, c'est un concours de circonstance. J'étais soignant.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Donc, j'étais dans un établissement qui a financé mes études d'infirmier.
- Speaker #0
Ah, ça, c'est super.
- Speaker #1
un établissement de santé mentale. Donc, forcément, le cursus fait qu'on doit 5 ans à la fonction publique, ce qui a été mon cas dans cette spécialisation de santé mentale. Donc, j'étais dans ce domaine, dans lequel j'ai jusqu'à mon arrivée en Suisse, j'ai exercé, mais toujours avec cette envie, en tout cas, de garder le côté somatique. J'ai toujours aimé le côté technique des soins infirmiers. Et donc, en aparté, j'essayais au maximum de continuer de me former ou de pratiquer, en tout cas, les soins techniques.
- Speaker #0
D'accord. Oui, c'est vrai que c'est toujours bien, parce que les choses avancent tellement vite aussi, et de garder, comme on dit, garder la main un petit peu.
- Speaker #1
Exactement, c'est ça.
- Speaker #0
C'est un petit peu ça. Donc, du coup, tu restes spécialiste, en tout cas, tu t'orientes dans le domaine de la santé mentale. Et tu vas y travailler pendant combien de temps ?
- Speaker #1
Alors, donc, si j'inclus mes... Mon cursus d'études, j'y ai travaillé pendant presque 20 ans, en fait.
- Speaker #0
Ah, quand même !
- Speaker #1
À cœur mes études, voilà. Mais ça fait 20 ans en total, voilà.
- Speaker #0
Ah, mais on peut parler là de passion, là, au bout de 20 ans. Je ne sais pas si on peut parler... Moi, c'est ce qui me vient à l'esprit, quand tu me dis ça, 20 ans dans la même spécialité.
- Speaker #1
Ou de courage, dans ce cas-là, alors. Oui !
- Speaker #0
C'est vrai. Aussi, oui.
- Speaker #1
Oui, après, c'est la vie, chacun a son chemin, mais en tout cas, j'ai continué dans ce domaine-là.
- Speaker #0
Clairement, clairement. Donc, une vingtaine d'années dans cette spécialité-là, et à la suite de ça, tu arrives en Suisse en janvier 2020. Dans quelle ville d'ailleurs ? En janvier 2020. Alors, en janvier 2020, tu arrives en Suisse. Dans quelle ville d'ailleurs ?
- Speaker #1
Sur Lausanne.
- Speaker #0
Sur Lausanne, d'accord, ok, super. Et donc du coup, comment s'est préparé ton arrivée en Suisse ? Et surtout, dans quel état d'esprit tu étais ? Comment ça s'est organisé, administrativement parlant, si je puis dire, un petit peu ? Et puis moralement aussi, et professionnellement aussi, parce que je pense que c'était quelque chose de pas simple, ou pas.
- Speaker #1
Alors, j'ai, comme je le disais tout à l'heure, la chance que ma compagne m'ait précédée. Donc c'était aussi... de plusieurs mois, donc de six mois environ, même un peu plus avant. Ce qui fait qu'elle a découvert de tous les expatriés qui arrivent. J'ai pu les découvrir en même temps qu'elle, en fait, même si j'étais encore en France. Du coup, en fait, voilà, c'est un petit piège dont on reparlera après, en l'occurrence, la moelle que tu as déjà parlé.
- Speaker #0
Et oui.
- Speaker #1
D'autres sujets qui vous arrivent, certaines charges. J'avais la connaissance en fait de ces éléments.
- Speaker #0
D'accord, donc ce n'était pas complètement terrain inconnu.
- Speaker #1
Voilà, donc comme elle avait déjà un CDI dans un EMS, qui est l'équivalent des EHPAD en France, elle avait donc un studio, ce qui m'a permis d'emménager sans avoir la difficulté. Parce que c'est une réelle réalité en Suisse. Quand on arrive, quand on fait ce projet, de pouvoir venir, c'est très compliqué de trouver un appartement comme ça, soit les colocs, Airbnb ou d'autres.
- Speaker #0
support mais ils veulent des garanties face le logement oui ça évident du tout je n'ai pas eu du coup cette difficulté d'accord donc tu étais vraiment dans un état d'esprit serein presque bah
- Speaker #1
en tout cas oui ça a été facilité par par quelqu'un qui avait déjà fait le premier pas donc on a bien sûr bien sûr non et ça ça change tout finalement et tant mieux ça change effectivement beaucoup de choses donc c'est pour ça que j'en parle parce que c'est quelque chose à avoir en tête quand on veut C'est-à-dire d'anticiper aussi l'histoire du logement anthropique, qui est une réalité.
- Speaker #0
Et est-ce que tu peux nous en dire plus sur ta recherche de poste ? Comment ça s'est passé ? Est-ce que ça a été quelque chose de simple, comme ton arrivée en Suisse, ou bien ça a été un peu plus compliqué ?
- Speaker #1
Alors, c'est vrai qu'on n'a pas l'habitude, ce n'est pas du tout le même système. Donc, ma première étape, ça a été de… Je n'avais pas encore ma reconnaissance de Croix-Rouge.
- Speaker #0
Du coup… D'accord.
- Speaker #1
J'ai pu quand même trouver un poste en fait, dans l'attente de celle-ci, comme j'avais fourni mes documents, enfin voilà, dans un MS.
- Speaker #0
Tu l'avais spécifié ?
- Speaker #1
Dans une boîte d'intérim.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Donc les boîtes d'intérim, de toute façon, voilà, c'est un autre chose. Oui. Alors elles étaient de vous placer. Alors, c'est un business en Suisse qui n'est pas comme la France, c'est-à-dire, en l'occurrence, enfin je parle de la France, ça peut être d'autres pays, mais... En tout cas, ici, le salaire se négocie, se discute. Et puis, les agences d'intérim ont une rétro-commission si vous signez un CDI via leur intermédiaire. C'est une réalité que vous pouvez voir. C'est une bonne guerre, je dirais. Si on vous amène sur un très bon lieu de travail, tant mieux. Bien sûr. En tout cas, moi, arrivant, premier travail, je ne voulais pas m'engager tout de suite.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
On peut, en Suisse, vous signer un CDI très facilement. sachant que vous n'avez pas la sécurité de l'emploi garantie.
- Speaker #0
Ça, c'est bien que tu le précises aussi, parce qu'on ne se rend souvent pas compte des subtilités et des différences qu'il peut y avoir. On se dit, et c'est intéressant, je vais rebondir aussi encore plus sur ce que tu dis, puisque quand on préparait cet entretien, tu m'avais dit que la Suisse, ce n'est pas la France.
- Speaker #1
Il faut l'apprendre. On est comme disant Suisse, on est en France voisine. Mais on est dans une autre mentalité, d'autres lois forcément. On est dans une autre, mais elle s'apprend, il y a une culture à apprendre. C'est quand même différent.
- Speaker #0
C'est quand même différent, c'est une autre approche. Et là, tu l'expliques bien, tu l'expliques bien déjà dans le monde du travail. Déjà, ça n'a rien à voir.
- Speaker #1
Il y a vraiment des...
- Speaker #0
Par ta recherche de poste, tu nous disais que tu as démarché auprès d'une boîte d'intérim.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Donc,
- Speaker #0
tu trouves ton premier poste au travers de cette boîte d'intérim. Oui,
- Speaker #1
exactement. Donc, il faut savoir que pour ceux qui auraient envie de mener ce projet, il faut avoir un minimum de connaissances parce que vous négociez votre taux horaire. En France, on vous dit, voilà, tu as autant d'ancienneté, c'est comme ça. Ici, c'est un peu plus. C'est un peu différent, c'est un peu des fois un flou artistique et qu'on a du mal à saisir. qui a trouvé. Ce n'est pas aussi limpide qu'en France, donc il faut un peu, en fonction de son expérience, mais je pense que si vous vous rapprochez d'expat, elle vous renseignera, mais il faut avoir ces notions, en tout cas, de négociation qui n'existent pas en France.
- Speaker #0
C'est sûr. Non, je suis d'accord avec toi. Je suis d'accord avec toi. Et donc, par rapport à ce premier poste que tu trouves, tu le trouves dans quelle spécialité ? Toujours dans le domaine de la santé mentale ?
- Speaker #1
Du coup, j'étais en EMS. En EMS ? D'accord. Comme je disais tout à l'heure, l'équivalent des EHPAD, avec des conditions qui n'ont rien à voir. C'est-à-dire un infirmier avec quatre aides, ici on appelle les aides de soins, auxiliaires de soins, qui ne sont pas forcément aides-soignants, donc pas avec la même formation. Donc l'infirmier a un rôle très important de chef, surtout dans un service DMS.
- Speaker #0
D'accord. Et donc du coup, qu'est-ce que tu as pu observer dans les différences de prise en charge par exemple par rapport à la France ?
- Speaker #1
Alors déjà, on doit se réapproprier un vocabulaire qui est totalement différent. Donc vous aurez l'occasion de découvrir le tintibain ou autre, je ne sais pas encore, je n'ai plus en tête certains termes, mais on s'y habitue en fait. Et voilà, il y a plein de termes, les molécules sont différentes aussi. Donc il faut aussi s'y approprier les molécules. Après, on était en janvier 2020, on arrive en post-Covid, enfin pré-Covid plutôt. Et du coup, les choses ont changé forcément après dans les conditions que tout le monde a vécues. Mais on était dans des conditions, et même je pense pendant le Covid, qui étaient quand même très satisfaisantes. Et rien n'a comparé avec la France en termes de moyens en tout cas.
- Speaker #0
C'est ça, nous aussi au sens intensif, on était quand même assez privilégiés. Il faut quand même le reconnaître. Mais là, il y a quelque chose... dans la prise en charge peut-être qui t'a marqué au-delà du vocabulaire qui peut être différent, au-delà de la... Peut-être dans la prise en charge d'une manière globale, mais dans l'approche aussi, peut-être, du soin. Est-ce qu'il y a quelque chose qui...
- Speaker #1
C'est vraiment la notion de temps, c'est-à-dire de consacrer du temps. On ne laisse pas, par exemple, un résident en maison de retraite, donc en EMS, au lit, à part un cas vraiment extrême, mais on va avoir le temps de pouvoir lever. toutes les personnes, ce qui n'est pas forcément le cas en France pour certains dans certains établissements. Donc c'était vraiment les moyens qui étaient mis à disposition, les moyens humains, du coup, de retrouver du sens aussi à son travail dans la notion d'avoir du temps, de pouvoir, voilà, prendre le temps de faire ce qu'on doit faire, tout simplement.
- Speaker #0
C'est très intéressant ce que tu dis parce qu'on ne se rend pas compte souvent en France Et après, c'est vrai que dans mon cas, mais rapidement, on est plus dans l'action. On est beaucoup dans l'action, dans le faire. Et puis, savoir prendre le temps ou apprendre, ou réapprendre même à prendre le temps de faire les choses, c'est tellement plus agréable. Et puis, cette relation soignant-soigné, moi, je trouve qu'on retrouve aussi un peu plus. Prendre le temps de l'éducation thérapeutique. Il y a plein, finalement, de soins, au-delà du soin technique, finalement, qu'on réapprend, qu'on redécouvre. Finalement, c'est très intéressant ce que tu dis. Et donc du coup, tu es de quand ? Tu as germé l'idée d'être infirmière indépendante ?
- Speaker #1
Suite à ce passage d'environ 4-5 mois en EMS, j'ai enchaîné sur les soins à domicile. Ici, il y a des structures qui s'appellent les CMS, les centres médicaux sociaux, qui sont un service d'utilité publique, en sachant que ce n'est pas fonctionnaire, c'est un autre statut. D'accord. Donc c'est des soins à domicile tout simplement. J'ai intégré un CMS dans la fonction d'infirmier référent, qui est une fonction, entre autres, dans la prise en charge de soins, implique aussi la facturation. Parce qu'en Suisse, vous avez ce qu'on appelle Ausha 7, c'est-à-dire qu'un infirmier, je le fais maintenant en tant qu'indépendant, et je l'ai fait dans le cadre de la structure, on va établir un devis, un plan de soins, qui va découler sur un devis aux assurances, car le système de santé est différent. C'est pour ça qu'on parlait tout à l'heure de la LAMAL, qui est un peu l'équivalent du Mutuel en France. Il n'y a pas le système de sécurité sociale, sa différence. C'est la LAMAL. Et donc, on doit établir un devis de soins qu'on adresse à la LAMAL. Ça a été un peu mon quotidien pendant 18 mois où j'ai travaillé.
- Speaker #0
En gros, il y a plus d'administratif, tu es en train de me dire, par rapport à la France.
- Speaker #1
Alors, administratif et dans la réalité financière. C'est-à-dire qu'on a... On est complètement dans la réalité de facturer, puisqu'on facture en fait à nos patients. une prestation. Donc, il y a des remboursements ou pas en fonction des franchises, tout un tas de choses. Mais on est dans une dynamique qui est autre, qui est dans un pays libéral, ultra-libéralisme. Donc, avec cette notion financière qui rentre en compte.
- Speaker #0
D'accord. Et qui est beaucoup plus présente.
- Speaker #1
Beaucoup plus présente, oui.
- Speaker #0
D'accord. Et donc ça, c'était, si j'ai bien compris, dans le cadre de ton emploi en tant qu'infirmier.
- Speaker #1
Voilà. Infirmier, référent, voilà.
- Speaker #0
Référent à domicile. D'accord. Et donc, tu y es resté combien de temps ?
- Speaker #1
100 mois, pratiquement. Ok. Alors, parce que justement, pour revenir à ça, c'est que pour pouvoir avoir ce statut d'indépendant, il faut avoir un minimum de deux ans d'exercice en Suisse. Donc, j'ai dû attendre ce délai pour pouvoir postuler et prétendre à faire mes démarches.
- Speaker #0
D'accord. Mais qu'est-ce qui t'a finalement décidé de passer finalement d'infirmier référent en soins à domicile à infirmier indépendant ?
- Speaker #1
Alors, en tant que salarié, effectivement, on a une sécurité. Alors, il y a tout un tas de choses qui rentrent en contre. Carmela vous expliquera peut-être après ou autrement, mais le deuxième… Il y a très de détails,
- Speaker #0
oui, je référerai.
- Speaker #1
Voilà,
- Speaker #0
au lieu de… Je vais mettre des liens, justement, pour plus d'informations, mais succinctement, si tu veux.
- Speaker #1
Il y a certains avantages à être salarié. Par contre, il y avait des plaintes, c'est-à-dire qu'on est dans une structure qui est assez grosse et on a du mal à avoir la notion, justement, de référence, c'est-à-dire de… c'est comme ça qu'on est appelé infirmiers référents, mais il y a un turnover de soignants, parce que les institutions, les demandes, les besoins de la population sont de plus en plus importants, et du coup, les personnes ont besoin de quelqu'un qui soit toujours la même personne, ce qui n'est pas toujours réalisable. Donc, à un moment donné, je me suis dit, pourquoi pas faire moi-même ce que je fais actuellement, pour pouvoir suivre plus individuellement les personnes.
- Speaker #0
Bien sûr. Et donc, finalement, est-ce que tu peux nous dire, nous expliquer, être infirmier indépendant, qu'est-ce que c'est ?
- Speaker #1
Alors, être infirmier indépendant, c'est déjà avoir beaucoup d'autonomie, parce que c'est une gestion... Alors, il faut un réseau, déjà, parce que ça ne marche pas comme, si je compare à la France, où vous êtes dans un annuaire. Ici, je fais partie aussi d'un réseau de soins où il y a un annuaire, où je suis référencé. Mais les habitudes... de la population ne sont pas dans ce sens. C'est en train de se développer, mais on va dire, en tout cas, le CMS a le monopole avec maintenant ce qu'on appelle les Ausha, les structures de soins à domicile, qui sont diverses, qui sont rattachées à certains établissements, en l'occurrence la source, hommes à domicile, il y en a tout un tas, mais dans l'entité, et puis dans le passé, en tout cas, c'est le CMS qui a le monopole. les médecins ou les hôpitaux adressent au CMS. Donc, ça veut dire que déjà, quand vous allez entreprendre cette démarche, il faut déjà avoir un réseau. Parce que si vous n'êtes pas en contact avec des médecins ou les hôpitaux… Des médecins,
- Speaker #0
justement, c'est ce que j'allais dire, clairement.
- Speaker #1
Le fait d'avoir travaillé en soins à domicile, c'est aussi avoir montré certaines compétences auprès de collaborateurs, de collègues de réseau. Et du coup, ça permet aussi d'avoir quand même déjà une visibilité.
- Speaker #0
Bien sûr, finalement, ça a été un bon tremplin.
- Speaker #1
Exactement, oui. Parce que si vous n'avez pas déjà utilisé ne serait-ce que la facturation, ça peut être très compliqué de se lancer dedans sans maîtriser cet item, en sachant que ce n'est pas rédhibitoire, mais c'est un plus de maîtriser Ausha 7, en l'occurrence, et comment la construire.
- Speaker #0
D'accord. Donc après ça, là, au niveau des perruquilles. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ? Tu évoquais qu'il fallait deux ans d'exercice en Suisse pour prétendre être infirmière dépendante. Est-ce qu'il y a d'autres conditions ?
- Speaker #1
Oui, alors au-delà de la condition de faire reconnaître son diplôme par la Croix-Rouge, il faut aussi une autorisation d'exercice, de la pratique infirmière, donc des démarches administratives à faire. Après, en fonction de votre expertise, que ce soit en santé mentale, ça peut être en conseil à l'allaitement, par exemple. ça peut être sur les soins de plaies, cicatrisation, stomie, il y a certains items de spécialisation qui vous permettent de faire des suivis différents. Donc ça aussi, c'est à faire reconnaître. Il y a une instance, en tout cas pour la santé mentale, qui n'existe plus actuellement, qui a été arrêtée au 1er janvier de cette année, qui nécessite de fournir notre expérience auprès des assureurs qui peuvent le demander. Donc il y a cette première étape au niveau de la Direction Générale de la Santé. l'Asie. D'ailleurs, sur le site de l'Asie, vous avez un item, devenir indépendant, qui va reprendre, je dirais, encore mieux que moi, de mémoire. tous les éléments dont vous auriez besoin. Donc l'Asie, Suisse, et c'est un élément incontournable, donc on devient membre après de l'Asie, et il y a des démarches. Ensuite, il y a encore d'autres types de démarches, dont RCC, le registre du commerce, pour avoir un numéro, pour pouvoir être indépendant. Ensuite, il faut s'inscrire auprès de l'AVS, car vous cotisez, c'est-à-dire que c'est comme si vous étiez votre propre patron, donc vous cotisez avec vos jeux sociaux. Et voilà.
- Speaker #0
Pour résumer, c'est beaucoup de démarches administratives à faire. Oui,
- Speaker #1
c'est-à-dire que déjà, ce n'est pas possible pour quelqu'un de venir en Suisse et d'entamer cette démarche en tant qu'indépendant directement.
- Speaker #0
Je pense que ça, il faut quand même comprendre le système de santé aussi en Suisse, qui reste quand même assez complexe.
- Speaker #1
Voilà, c'est essentiel.
- Speaker #0
Il faut aussi se faire un réseau, si je résume ce que tu dis.
- Speaker #1
C'est ça, il faut avoir quand même un minimum de vécu. Dans tous les cas, la loi impose d'avoir... deux ans d'exercice en Suisse, dans tous les cas.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Un peu comme en France, d'ailleurs, ce qui est pareil.
- Speaker #0
Oui, c'est ça, exactement, pour se lancer en libéral. Parce qu'à contre-agent, on pourrait comparer, finalement, le statut d'infirmier indépendant à infirmier libéral.
- Speaker #1
Oui. Alors, en soi, ça paraît être la même chose, mais c'est un autre monde. C'est vraiment un autre monde. Parce que le système n'est pas le même administratif dans la construction, dans le réseau de soins, dans les interactions, dans le réseau de collaboration. Enfin, c'est... Oui, c'est complètement différent. Donc, il faut déjà apprendre le système suisse pour après, vous, potentiellement, l'embrasser. Donc, au-delà de ça, je voudrais rebondir sur... Bon, voilà, c'est un choix qui me convient parfaitement, qui, après, justement, peut-être toute une carrière... On parlait tout à l'heure de... Je t'ai dit que c'était plutôt du courage. Mais c'est peut-être d'être retiré, d'être un peu en autonomie et d'avoir une indépendance dans la manière de travailler qui m'a fait... et puis mon âge avancé, doucement, me donnait envie en tout cas de devenir indépendant. Et puis le terme indépendant, plutôt que libéral en France par exemple, si on prend l'étymologie, il prend tout son sens aussi. On devient indépendant, mais par contre, on est dépendant du réseau. Parce que si on ne collabore pas, alors j'ai des collègues indépendants aussi, qui ont une tag avec qui... qu'on travaille ensemble parce qu'à un moment donné, il faut s'associer. L'union fait la force, comme on dit.
- Speaker #0
Elle a raison.
- Speaker #1
On pense à la liberté peut-être de choisir ses patients, de choisir les situations cliniques ou les cas que l'on veut suivre et puis de gérer un peu ses horaires.
- Speaker #0
Oui, parce qu'au final, tu rebondis finalement sur la question que j'allais… Enfin, tu réponds plutôt à la question que j'allais te poser. C'est quels sont les avantages pour toi ? finalement d'être un fermier indépendant.
- Speaker #1
Voilà, tout ce que je viens de te décrire.
- Speaker #0
Voilà, c'est ça. C'est que tu viens, en fin de compte, de répondre à la question qu'elle est suivante.
- Speaker #1
C'est une notion, je pense, d'indépendance, de se permettre de choisir ou non certaines situations à un moment donné. Si on en a trop, on ne pourra pas en prendre. Alors, j'ai encore peu de recul. L'aspect financier peut être un élément, mais pour y arriver, ça veut dire que ça demande beaucoup d'implication et beaucoup... de temps quand même. Alors le système est peut-être avantageux mais pour l'instant je n'ai pas assez de recul, il faut quand même, je vais avoir parlé avec mes collègues, il faut au moins un an ou deux vraiment pour pouvoir s'installer financièrement et de se dire voilà j'ai une base de passion que je suis et de savoir un peu quels revenus générer parce que c'est un aspect qui est souvent fantasmatique chez la plupart des personnes qui ne connaissent pas la Suisse. c'est-à-dire l'argent.
- Speaker #0
Merci de le préciser, parce que c'est vrai que beaucoup mettent en avant l'aspect financier, je te rejoins complètement là-dessus, c'est-à-dire qu'il n'y a pas que ça. C'est un des aspects de la Suisse, mais ça ne fait pas tout.
- Speaker #1
Le choix, c'est de venir pour l'aspect financier, je pense que ce n'est pas la bonne raison, ça n'ira pas sur du long terme.
- Speaker #0
Du long terme, c'est ça exactement. Après, ceux qui viennent pour du court terme, pour l'aspect financier, très bien. faire mal à ça, il n'y a pas de souci. Mais sur du moyen ou long terme, là, ça risque d'être un peu plus compliqué.
- Speaker #1
Exactement. Après, la grande nuance, c'est aussi entre les personnes qui choisissent de rester en France ou de venir s'installer. On est dans une démarche qui est complètement différente et qui implique beaucoup de choses. Comme on discutait avec certaines contraintes. C'est un choix qui est vraiment à méditer et à construire. De se lancer comme ça au hasard, je ne pense pas que c'est la bonne méthode.
- Speaker #0
Je suis tout à fait d'accord avec toi. Et à contrario, les inconvénients que toi tu retrouves... à ce poste. Après, c'est vrai, comme tu disais, que tu n'as pas assez de recul pour vraiment évaluer, mais je pense que tu peux faire quand même un petit bilan.
- Speaker #1
Oui, alors quelqu'un qui n'aime pas être autonome, vous vous retrouvez du jour au lendemain, donc moi, en l'occurrence, c'était au 1er juin. Ben voilà, le 1er juin, vous n'avez encore aucun patient. Vous êtes avec un logiciel informatique dans lequel il faut souscrire, se familiariser. Oui. Donc, vous êtes un peu, je dirais, en errance. Vous n'avez pas une équipe sur laquelle s'appuyer, parce que la plupart du temps, on travaille en institution, on va prendre les collègues. Donc là, vous vous retrouvez seul. Donc c'est perturbant, quand même, au départ. J'ai eu très rapidement le premier patient, six jours après. D'accord. Je sais exactement, le 6 juin, j'ai eu pour le premier fois une personne. Mais voilà, donc c'est un peu déstabilisant. C'est pour ça que le début, en tout cas, est toujours compliqué dans chaque décision qu'on veut prendre, mais plus particulièrement, en tout cas, vers ce chemin-là d'indépendant. C'est que vous partez de zéro.
- Speaker #0
Et tu dirais qu'il faudra avoir quelle qualité pour justement entreprendre cette fonction d'infirmière indépendante ?
- Speaker #1
Une autre alternative qu'il aurait pu se poser, c'est-à-dire, lorsqu'on est déjà dans l'institution de salariés, on peut descendre son pourcentage de travail, entamer des démarches et commencer en aparté. Ce que les collègues à moi ont fait, qui est moins déstabilisant peut-être.
- Speaker #0
Oui, ça fait une transition douce.
- Speaker #1
Exactement. Donc moi, ce serait le conseil que je donnerais, c'est-à-dire de peut-être faire cette transition, de voir, de commencer déjà d'une part le marathon administratif. Bon, quand je dis marathon, c'est un semi-marathon. Donc de commencer ça et puis ensuite peut-être, oui, en alternance, c'est-à-dire de diminuer son taux de travail, ce qui est largement faisable ici, et de commencer en se faisant un petit peu connaître du réseau.
- Speaker #0
Oui, donc du coup, en résumé, conseil que tu donnerais à quelqu'un qui souhaiterait se lancer ? comme toi en tant qu'affirmé indépendant, ce serait de faire finalement une transition douce.
- Speaker #1
Oui, parce que là, concrètement, puisqu'on va revenir sur la réalité financière, pendant trois mois, je n'ai pas généré de revenus. Donc, ça veut dire que j'avais anticipé cette éventualité. D'accord. Parce que les assurances peuvent avoir trois, quatre mois de retard de paiement. Oui. Pour certaines, c'est une particularité aussi ici. Donc, ça veut dire que vous engagez, j'avais anticipé cet élément-là.
- Speaker #0
D'accord, mais c'est les démarches de remboursement qui étaient longues et pas finalement le fait de trouver, comme tu disais, ta patientèle.
- Speaker #1
Il y a les deux, c'est-à-dire qu'on ne peut pas avoir effectivement une patientèle suffisamment conséquente pour avoir un revenu qui est correct. Et d'autre part, il y a aussi le décalage entre le paiement, entre vos actes et puis le paiement par les assurances. Donc voilà, j'ai eu la chance qu'on me confie un mandat de soins qui m'a permis de combler mon début d'activité en tout cas. Mais voilà, ce n'est pas si simple que ça. Et c'est grâce à mon réseau de connaissances et à la confiance qu'on m'a apportée que j'ai pu justement avoir ce mandat de soins.
- Speaker #0
D'accord. Très intéressant ce que tu dis. Et j'espère que ça servira à d'autres qui souhaitent s'installer ou qui sont déjà installés en Suisse et qui aspirent à aussi devenir infirmiers indépendants comme toi. Et puis moi, ma dernière question justement, ce serait quel conseil ou information tu aurais voulu savoir avant de t'installer en Suisse ? Par exemple, parce qu'ici, on est friands de conseils.
- Speaker #1
Oui, alors, ce qu'il y a, c'est qu'il y a tellement, tellement, je pense, de particularités, de spécificités, que c'est difficile de les concentrer. Parce qu'on va à chaque fois découvrir des nouvelles choses qui vont se poser. Donc, il y a deux éléments. Soit, voilà, si vous venez vous installer en Suisse, il y a vraiment beaucoup de choses, des prérequis à connaître. Eh bien, tu le fais parfaitement avec ton site. Oui. Ah, c'est ça. vous allez réapprendre un fonctionnement, donc des codes. Donc, il faut s'y intéresser, aller peut-être voir à droite, à gauche, de voir des personnes ressources comme toi qui ont envie de transmettre les connaissances, les informations, pour se faire une idée. Et puis après, c'est de tomber sur les personnes bienveillantes qui sont dans la transmission, comme ta démarche que tu fais, tu es dans la transmission peut-être des erreurs ou de ce qu'on a vécu comme difficulté pour ne pas les reproduire, justement, pour éviter à ceux qui veulent engager ce projet. Exact. Après, il faut savoir qu'en Suisse, chaque document est payant.
- Speaker #0
Entre autres.
- Speaker #1
Si le désir est vraiment basé que sur l'aspect financier, non. On va découvrir que ça coûte très cher de vivre en Suisse. La vie est très onéreuse. Après, c'est une philosophie, c'est une qualité de vie, c'est d'autres conditions, une autre mentalité. Donc, ça peut ne pas plaire à tout le monde. Donc il ne faut pas l'idéaliser, mais il faut bien avoir conscience de paramètres que ce n'est pas la France, pour ce que je connais.
- Speaker #0
Non, super. Ça, je trouve que ça résume bien, finalement, ta pensée et là où tu voulais en venir. Et j'espère que ça servira vraiment à ceux qui nous écouteront. Vraiment.
- Speaker #1
Je l'espère aussi.
- Speaker #0
Fabien, je te remercie beaucoup.
- Speaker #1
Merci à toi.
- Speaker #0
Pour notre échange. Et j'espère qu'elle servira au plus grand nombre.
- Speaker #1
Je l'espère. Voilà. En tout cas, merci à toi.