Description
En avril 2011, la maison des Dupont de Ligonnès à Nantes devient étrangement silencieuse. Les enfants n’apparaissent plus à l’école, Agnès ne donne plus signe de vie, les volets restent fermés.
C’est entre le 3 et le 5 avril que cinq membres de la famille sont tués de manière précise. Très rapidement, le père, Xavier, est désigné comme le principal suspect. Son profil d’homme discret, pieux, méthodique, intrigue. Pourtant, il continue d’être aperçu pendant plusieurs jours après les meurtres. Il multiplie les déplacements dans le sud de la France, toujours seul, dormant dans des hôtels bon marché, payant en liquide.
Les coupures étranges de son téléphone et sa réapparition dans des lieux éloignés soulèvent une question majeure : a-t-il été aidé pour fuir ? Le 15 avril, il disparaît définitivement à Roquebrune-sur-Argens, sans laisser de trace. Cette fuite silencieuse et ordonnée pousse les enquêteurs à envisager l’existence d’un complice. Parmi les figures de l’entourage de Xavier, un nom revient : Emmanuel Teneur. Ami de longue date, rencontré dans les années 1980 aux États-Unis, Teneur reste l’un des rares proches à maintenir des liens étroits avec lui. Peu exposé médiatiquement, il intrigue par son silence. Ses échanges passés avec Xavier, son profil discret et cultivé, sa connaissance des habitudes de son ami, en font un personnage trouble dans l’ombre de cette affaire. Interrogé, il se montre poli, mais ses réponses sont floues.
Aucun élément concret ne le relie à la cavale, mais plusieurs indices laissent penser qu’il aurait pu, ponctuellement, jouer un rôle. Son refus constant de s’exprimer publiquement accentue encore le mystère autour de lui. Les déplacements de Xavier entre le 11 et le 15 avril renforcent l’idée d’une fuite maîtrisée. Il suit un itinéraire presque linéaire vers le sud-est, s’arrêtant dans des lieux modestes, laissant une trace discrète mais lisible. Pourtant, le 15 avril, tout s’arrête : il quitte un hôtel à pied, sans téléphone actif, sans témoin.
Aucun élément ne confirme cette aide, mais tout semble l’évoquer. Ce moment précis de sa disparition reste l’un des plus opaques de l’enquête, comme si quelqu’un, dans l’ombre, avait permis ce dernier saut dans l’invisible. Depuis 2011, aucune preuve tangible n’a permis d’affirmer si Xavier est vivant ou mort. Les enquêteurs peinent à comprendre comment il aurait pu vivre en autonomie totale, sans trace bancaire, sans identité, sans erreur. Une fuite de cette envergure implique une discipline extrême, une capacité à se réinventer, mais surtout, un point de départ solide. Certains évoquent une aide ponctuelle : faux papiers, logement temporaire, soutien logistique.
Au fil des ans, des signalements émergent, tous non confirmés, décrivant un homme âgé, discret, fuyant les papiers et les conversations. Aucun ne permet d’aboutir. Pourtant, leur répétition entretient la piste d’un homme vivant dans les marges, avec rigueur. Une telle disparition, aussi totale qu’inexplicable, nourrit l’hypothèse du complice.
Pas nécessairement un co-auteur des meurtres, mais un soutien au moment clé, celui où tout bascule. Peut-être quelqu’un qui a cru aider sans connaître la gravité des faits. Peut-être un ami fidèle. Peut-être une organisation plus large.
En tout cas, cette aide potentielle éclaire autrement l’image de Xavier : non comme un fugitif désespéré, mais comme un homme préparé, soutenu, peut-être même protégé. Alors que l’enquête reste ouverte, cette piste d’une complicité longtemps sous-estimée devient l’un des éléments les plus crédibles pour expliquer une disparition aussi parfaite.
Xavier Dupont de Ligonnès n’a pas été retrouvé, peut-être parce qu’il n’a jamais vraiment été seul.