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Anne So, entreprendre envers et contre tout cover
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J'ai coutume de dire...

Anne So, entreprendre envers et contre tout

Anne So, entreprendre envers et contre tout

22min |08/08/2024
Play
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Anne So, entreprendre envers et contre tout

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22min |08/08/2024
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Description

Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Anne So. Entrepreneuse aux multiples casquettes, elle nous partage son parcours exceptionnel, ses défis et ses réussites. Impactée par la crise actuelle en Nouvelle-Calédonie, elle nous livre ses clés pour ne pas désespérer et pour continuer à avancer malgré les épreuves.


Dans cet épisode, Anne So nous emmène au cœur de son quotidien et nous dévoile comment elle a su transformer les obstacles en opportunités, et trouver la force de persévérer.


Pour nous soutenir le podcast, vous pouvez faire un don : https://www.cotizup.com/jcdd


Réalisation et montage: Manon Dejean

Mixage : Philippe Buston


Illustration du podcast : Lavenstudio


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Anne So

    J'ai coutume de dire que c'est nous qui créons notre réalité et pas les événements extérieurs. J'ai coutume de dire. Un podcast réalisé par Manon Dejean.

  • Manon

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de J'ai coutume de dire. Aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Anson. Entrepreneuse aux multiples casquettes, elle partage avec nous son parcours, ses défis et ses réussites. Après avoir surmonté la crise du Covid-19, Elle se retrouve aujourd'hui impactée par la crise actuelle en Nouvelle-Calédonie. Elle nous livre ses clés pour ne pas désespérer et pour continuer à avancer malgré les épreuves. Dans cet épisode, Anso nous emmène au cœur de son quotidien d'entrepreneuse calédonienne et nous dévoile comment elle a su transformer les obstacles en opportunités et trouver la force de persévérer. Sans plus attendre, plongeons ensemble dans l'univers d'Anso et découvrons ses réflexions, ses stratégies et son inspiration. Salut Anso !

  • Anne So

    Salut !

  • Manon

    Comment ça va aujourd'hui ?

  • Anne So

    Bah écoute ça va super et toi ?

  • Manon

    Ça va bien. Dis-moi t'avais quelque chose à nous raconter aujourd'hui ?

  • Anne So

    Oui alors tout a commencé en 2020 au moment où je décide en fait de quitter le salariat et de vraiment donner une chance à mon entrepreneuriat. Et puis à ce moment là qu'est ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie ? La fermeture des frontières. Donc là j'avoue que c'est un gros challenge, challenge qui a été relevé plus d'une fois. Puis en fait, tu sais bien que l'entrepreneuriat, tu as des challenges personnels. Là, pour le coup, c'était un challenge économique. Et puis 2024, pour moi, c'était vraiment l'année où on allait amplifier les événements, amplifier aussi des produits, des projets. Enfin vraiment, c'était vraiment une année d'amplification sur l'entreprise. Voilà.

  • Manon

    Donc toi, tu es entrepreneur ? Ça représente quoi l'entrepreneuriat pour toi ?

  • Anne So

    L'entrepreneuriat pour moi, c'est vraiment le côté où tu vas décider par toi-même de prendre les responsabilités de toute ta vie. Que ce soit au niveau du temps, que ce soit au niveau de l'argent, que ce soit au niveau de tes clients avec qui tu as envie de travailler, comment tu as envie de travailler. Donc pour moi, en fait, c'est vraiment cette liberté de pouvoir choisir. Et donc,

  • Manon

    qu'est-ce que tu fais ? toi t'as choisi pour gérer ton entrepreneuriat et ta vie aujourd'hui ?

  • Anne So

    Aujourd'hui, j'ai choisi d'être sur plusieurs fronts, je dirais. J'aime beaucoup la photo, donc j'ai commencé par la photographie. J'ai commencé très tôt, à l'âge de 22 ans. Et puis après, j'ai dérivé un petit peu. Je suis arrivée sur tout ce qui était développement personnel, coaching personnel, tout ce qui va être énergie également. J'ai eu aussi l'opportunité de travailler avec une autre entreprise en partenariat où là j'ai vraiment appris les ficelles de la vente, du relationnel, etc. Et puis aujourd'hui je dirais qu'il y a aussi la danse. Donc le but vraiment aussi d'entrepreneuriat c'est de faire de ma vie l'espace où je me sens le plus en joie possible. Et pour moi, si tu n'as pas un travail dans lequel tu es joyeux, C'est compliqué de se lever le matin. Du coup,

  • Manon

    tu as quel âge et comment est-ce que tu as accumulé toutes ces compétences au cours de ces dernières années ?

  • Anne So

    Aujourd'hui, j'ai 31 ans. J'ai accumulé ces compétences via des stages, via certaines formations, via l'expérience personnelle. Et puis après, sur l'accompagnement des personnes, que ce soit aujourd'hui à travers la photo, la danse ou même le coaching, le but c'est vraiment de travailler sur... l'ensemble de la personnalité de la personne. C'est-à-dire que tout est lié. Donc ça peut être un problème au niveau du corps, ça peut être un problème d'estime de soi, ça peut être un problème professionnel. Et le but, c'est d'amener tout ça. Et tout ça, je l'ai acquis juste vraiment par l'expérience.

  • Manon

    Et donc pour revenir sur ton histoire, crise du Covid-19, qu'est-ce qui se passe à ce moment-là dans ta vie ?

  • Anne So

    Donc le premier confinement, je suis en partenariat avec cette entreprise. ça se passe on arrive à tout de suite passer en ligne il y a des choses on continue de travailler même si c'est très limité mais on est en équipe donc c'est beaucoup plus facile deuxième confinement la même chose donc ça va et troisième confinement là on se dit ok premier deuxième il s'est passé certaines choses les chiffres d'affaires n'ont pas été forcément au top pendant l'année 2020 2021 bon bah fin 2021 On se dit ok on met les choses en place et on y va quoi. Et là je joue gros, vraiment très gros. Et en fait on referme les portes et là il n'y a plus rien qui se passe. Donc ce moment là je dirais que ça a été le plus challengeant dans le sens où il a fallu vraiment puiser à l'intérieur de soi au niveau de ses ressources personnelles pour savoir en fait qu'est ce que je mets en place, là on est là, j'ai fait ça la dernière fois, qu'est ce qui a marché, qu'est ce qui n'a pas marché. Il y a toujours ce côté aussi dans l'entrepreneuriat où tu vas analyser selon les chiffres, selon les actions que tu as mis en place etc. Donc ça c'est cool. Mais faut pas que ça dure non plus trop longtemps quoi. À la sortie du Covid, il y a eu pas mal de choses qui se sont passées. Il y a eu une école de danse qui a été créée. On a commencé avec les masques. Mais tout ça, ça s'est passé. Ça a été. Mais ça a été, je dirais, quand même 4 ans, enfin 3 ans où c'était chaud quoi.

  • Manon

    Et après ça, l'entrepreneuriat pour toi s'est véritablement lancé et on arrive en 2024, le 13 mai 2024. Qu'est-ce qui se passe pour toi ? Où est-ce que tu en étais dans ta vie à ce moment-là ?

  • Anne So

    Donc à ce moment-là, j'accompagne en fait mon petit ami sur ses projets personnels également, notamment dans son entreprise. Et puis on est en train de répandre un appel d'offres pour Nouméa. Un appel d'offres qui va faire en sorte que son entreprise à lui va être... pérenne pendant quelques années. Donc on est à fond là dedans, on voit un petit peu tout ce qui se passe autour mais on se dit, on lâche pas, on continue, ça nous donne un objectif. Dans la semaine on se dit au final est-ce que ça vaut le coup de continuer ? Et en fait à un jour près de rendre l'appel d'offres on se dit ben... Non, on arrête, il y a eu trop de dégâts à ce moment-là, moralement ça va pas forcément fort, donc on se dit ok, on lâche, on lâche et puis on laisse aller, je dirais, et puis on voit ce qui se passe. Et donc à ce moment-là, on se dit aussi qu'on a envie de contribuer. Donc on y va, on va sur les barrages. On n'y reste pas trop longtemps parce qu'au final, il y a aussi ce souci en fait où les gens sont stressés, ils n'ont pas forcément beaucoup dormi. Et puis, il commence à y avoir des tensions entre les gens du quartier, tu vois. Et là, on se dit, bon, là, ce n'est pas forcément notre place à nous. Donc on a préféré s'isoler un peu plus, continuer à travailler sur nous, à faire en sorte que... Nous déjà on arrive à passer ce cap, que ce soit émotionnellement et puis je dirais même physiquement, parce que du coup on mange nos émotions, donc c'est un peu compliqué. Mais on se dit ok, quelques semaines après on s'y allait, c'est pas parce qu'il se passe tout ça qu'on ne doit pas continuer. Et pour moi, l'entrepreneuriat, c'est vraiment ça aussi, c'est pouvoir se relever, même peu importe les échecs. C'est se dire, ok, il y a eu ça, c'est pas parce qu'il y a eu ça que je ne peux pas continuer. Et donc, ça nous amène à s'ouvrir sur de nouveaux choix et à choisir des nouvelles choses aussi pour nous et pour les entreprises.

  • Manon

    Et donc, professionnellement, tu en es où à ce moment-là ?

  • Anne So

    À ce moment-là, j'ai quand même bien redémarré mon entreprise. J'ai une dizaine de cours particuliers. J'ai vendu beaucoup de shootings photos. C'est chouette, je suis en train de redémarrer aussi le coaching d'une manière différente. Donc il y a vraiment un essor qui est en train de se produire. Et pour moi, ce n'est pas vraiment négatif aussi ce qui est en train de se passer là. C'est-à-dire que le 13 mai, ok, il se passe ça. Puis en fait, c'est juste de se poser la question de pourquoi ça se passe. Est-ce que c'est vraiment là où mon âme aussi elle a envie d'aller ? Donc voilà, c'est juste une question en fait de se dire Ok, j'ai fait tout ça, c'est génial, je suis un peu triste parce que du coup t'as le côté Je vois plus mes élèves, t'as des élèves qui arrêtent, t'as des shootings où tu dois les avancer, faire en sorte que les gens soient heureux quand ils viennent devant la caméra et devant l'appareil photo. Mais en soi, c'est pas vraiment négatif. dans le sens où ça t'amène toi-même à te poser des questions sur toi, sur ta vie, sur ton entreprise, comment tu as envie de la développer. Et c'est un peu aussi la même chose que le Covid au final. Donc il y a eu aussi moins d'appréhension, disons, à travers l'entreprise, l'entrepreneuriat. Même si socialement, économiquement, tu te dis où est-ce qu'on va, il y a un truc derrière qui te dit, écoute, tu as vécu déjà trois Covid. en étant en entrepreneuriat. Donc forcément, ça va être simple. Là, tu vas pouvoir te relever. Tu as vécu ça, donc ça va aller.

  • Manon

    Quelle est ta réaction face à ce qui se passe dehors au moment du 13 mai 2024 et pendant les semaines qui s'ensuivent ?

  • Anne So

    C'est pas possible. Qu'est-ce qui est en train de se passer ? Qu'est-ce qu'ils sont en train de faire ? Vraiment, c'est vraiment ça, cette question de dire mais pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi il se passe ça ? Pourquoi ? Et en même temps, je comprends, tu vois. Après, tu te poses, tu te dis ok, comment ça se fait qu'il se passe ça ? Ah oui, ok, d'accord, je comprends. Mais c'est pas d'aujourd'hui. Tu vois, c'est pas d'aujourd'hui, moi j'ai grandi ici, j'ai été au collège de Rivière-Salée, j'ai été au lycée Petro-Attiti. Voilà, il y a ce côté où je comprends aussi l'autre, et notamment dans mon métier il vaut mieux comprendre l'autre si tu veux l'aider. Mais en même temps il y a ce pourquoi. Pourquoi t'as pas fait en sorte d'exprimer en fait ta colère, ton inquiétude, peu importe, autrement. Et je pense qu'à ce moment-là il y a aussi ce côté où tu te sens coupable. Tu te sens coupable d'une certaine manière, où tu te dis, putain, mais j'ai donné tellement, tellement de moi, avec l'énergie, avec le coaching, etc., que là, en fait, tu te dis, ça ne peut pas avancer. Donc, là, qu'est-ce qu'on fait ? Si tu n'as pas envie d'avancer, mais moi, j'ai envie que tu avances, en fait, déjà, rien que là, on ne peut pas se comprendre. Et puis, tu as ce côté aussi de dire... Je suis inquiète aussi parce que moi je suis en sécurité, mais ma famille elle est pas forcément en sécurité. Donc il y a tout ça aussi qui se passe à l'intérieur de soi, je me sens coupable de ne pas pouvoir être proche de ma famille. Et puis en fait, qu'est-ce qu'on va devenir ? Et puis si on est obligé de vivre ça pendant X années, comme ça s'est passé pendant les années 80, qu'est-ce qui se passe ? Donc c'est plus un état de questionnement à ce moment-là où on est vraiment dans le flou du pourquoi.

  • Manon

    Et à part ce sentiment de culpabilité, qu'est-ce que tu ressens en tant que Calédonienne justement ?

  • Anne So

    Je dirais qu'en tant que Calédonienne, tu veux toucher profond. En tant que Calédonienne, je pense que ça a été touché énormément de valeurs. Mais des valeurs que je crois que même... d'autres personnes ne connaissaient pas. Donc c'est intéressant aussi de voir ça, c'est-à-dire, tiens, j'avais cette valeur d'éducation, j'avais cette valeur familiale, du vivre ensemble, j'avais vraiment toutes ces valeurs-là. Et là, c'est comme si tout était détruit, en fait. Et c'est quelque chose d'inconscient, aussi, tu vois, à la base, comme je dis, moi, je savais que j'avais ces valeurs, mais aussi profondes, je ne pensais pas. Et donc là, ça va vraiment toucher quelque chose à l'intérieur de soi qui est de l'ordre, je dirais, du dégoût. Il y a toujours cette part de culpabilité, de dire mais pourquoi je ne l'ai pas vu avant ? Et puis cette part aussi de colère, que tu te dis ouais, je suis en colère en fait, parce que ça touche beaucoup de valeurs. Moi, je suis vraiment, tu sais, dans le côté plus tu vas te détacher aussi, de qui tu es réellement et plus tu vas pouvoir être ce que tu as envie d'être vraiment. Et donc dans ce côté-là, ben en fait tu traverses tout ce qu'il y a dans ton mental là qui était caché. Et là oui ça vient toucher profondément des valeurs calédoniennes, je pense des trucs aussi, de dire mais c'est ce que nos vieux ils ont construit et puis nous on est en train de tout gâcher quoi. Tu vois il y a vraiment ce truc de dire mais... C'est pas possible.

  • Manon

    L'autre jour, tu me parlais également de la symbolique du feu et de ce que les énergéticiens comme toi pouvaient ressentir par rapport à ce qui se passe aujourd'hui. Est-ce que tu peux un peu expliquer ça ?

  • Anne So

    Oui, alors, bon, ça, c'est pas venu tout de suite, hein, mais c'est après quand tu prends du recul. C'est vrai que sur la symbolique vraiment du feu, pour moi, le feu, c'est déjà ton feu intérieur. Ça va être aussi le feu de camp, le feu où on se rapproche, où on est là. Puis ça n'a pas forcément, dans certaines facettes, disons, de la symbolique du feu, c'est pas un côté destructeur. Et du coup, c'est dur à voir ça pour des personnes qui ont perdu leurs entreprises, qui ont... ben voilà, tout ça. Mais je pense qu'il y a vraiment ce côté où il y a le feu de joie aussi, tu vois. Et plus on fait un gros feu, et plus on est content, et plus on est joyeux. Mais ça c'est un côté du décor, puis après c'est à l'autre côté où en fait les gens sont attachés aux biens matériels, etc. Je pense que c'est une histoire de point de vue. Et puis après, c'est une histoire de qu'est-ce que ça fait réveiller chez toi aussi. Et comme je te disais la dernière fois, pour moi, de voir tout ce feu à l'extérieur, pour moi, c'est une invitation également à travailler notre feu intérieur. Mais pas le feu intérieur qui va te détruire, le feu intérieur qui va justement te permettre de rayonner et de faire en sorte que tu vas devenir magnétique pour tous tes projets, pour toutes tes choses qui vont se passer.

  • Manon

    Tu me parlais également de la schizophrénie calédonienne. Est-ce que tu souhaites en parler ?

  • Anne So

    La schizophrénie calédonienne. Ouais, alors ça c'est... C'est vrai que c'est un peu le côté... Je pense qu'en fait, il y a eu tellement d'idées qui ont été mises sur le tas en Calédonie. Alors je parle en Calédonie, mais je pense que c'est dans pas mal de pays également, où en fait, on ne sait plus qui on est vraiment. Et je pense qu'il y a aussi ça, c'est-à-dire que moi je suis calédonienne, j'ai mon papa qui est quand même métro. Dans ma famille, on est du côté de ma mère que des Calédoniens, on est descendant des Canarcosis. Et en fait, même dans notre famille, on est déjà divisé, c'est-à-dire qu'il y a des personnes qui sont pour la France et d'autres personnes qui vont être pour le côté canaqui et l'indépendance du pays. Quand tu vois ça déjà rien que dans ta propre famille, tu te dis, ouais, où est-ce qu'elle est ma place, et puis comment je dois me comporter. Et quand je parle de la schizophrénie, en fait, calédonienne, c'est de dire, bah en fait, on va jouer des rôles à chaque fois qu'on va être face à une personne, parce que quand tu vas être avec des canaques, tu vas te considérer comme, bah du coup, j'ai cette partie un peu canaque, donc du coup je me mets dans le côté canaque et je comprends ce qu'ils vivent, etc. Puis quand je suis avec des blancs, bah... Je me considère aussi comme une blanche parce que j'ai mon papa qui met trop, etc. Puis au final, tu ne sais jamais vraiment où tu es, tu vois. Et c'est ça que j'appelle un peu la schizophrénie calédonienne. Et je pense que d'autres personnes le diront aussi. C'est-à-dire que tu n'as pas vraiment ta place, que ce soit là ou là. On est tellement métissés actuellement, et même dans nos idées, que c'est compliqué de trouver la juste place.

  • Manon

    Comment ça va aujourd'hui ?

  • Anne So

    Je dirais qu'aujourd'hui ça va quand même mieux. J'ai pris pas mal de recul sur la situation, je sais où je vais, qu'est-ce que je vais faire, etc. Même si je pense que ça ne sera pas forcément un nouvel cahier de Nibs dans un premier temps. Dans le but c'est de continuer l'aventure entrepreneuriale. Et je pense qu'ici ça va être compliqué. Donc il y a un choix qui s'est fait de partir un petit peu de temps du pays, et puis aussi pour... prendre des formations, prendre de l'expérience aussi ailleurs, pour pouvoir revenir un peu plus solide, pour pouvoir justement reprendre cette reconstruction du pays, avec tous les acteurs économiques et sociaux. Et puis, j'ai coutume de dire que c'est nous qui créons notre réalité, et pas les événements extérieurs. Et c'est vrai qu'actuellement, même si on voit tout ça d'un point de vue économique et social, On voit que ça va être compliqué. Je pense que c'est aussi un travail de chacun de revenir en soi, de faire un certain travail intérieur, pour justement comprendre que tout ce qui a été mis là sur le plateau, c'est aussi en final un intérêt intérieur, une émotion qu'on n'a pas vraiment gérée. Et si on arrive à faire ça, je pense qu'économiquement et socialement ça ira mieux. Mais pour l'instant... ça va être un peu compliqué.

  • Manon

    Du coup, qu'est-ce que tu as appris de toi avec tout ce qui s'est passé là ?

  • Anne So

    Malgré les événements extérieurs, tu es toujours en vie. Tu es capable de survivre. C'est aussi qu'une histoire de point de vue, tout ce qui est en train de se passer à l'extérieur. Ça apprend aussi à connaître certaines valeurs que tu ne voyais pas, mais qui étaient vraiment enfouies. Ça... Apprend vraiment aussi à être résilient vis-à-vis des choses et à se dire ben c'est pas parce qu'il s'est passé tout ça que je vais mettre tout le monde dans le même sac, même si c'est très compliqué aujourd'hui. Et puis il y a aussi ce côté où t'apprends aussi que ben il n'y a jamais rien qui est parfait, il n'y a jamais rien qui est stable et que ben d'un point de vue, là pour le cours économique, on voit bien que notre économie n'était pas du tout stable. Et puis il y a ce côté où on était dans le déni, de dire non tout va bien, et puis au final non, tout va pas bien. Donc ouais, ça apprend tout ça, ça apprend à prendre vraiment du recul sur soi, sur les choses, sur comment tu vois aussi toute cette destruction matérielle. Est-ce que je la vois comme une œuvre d'art ? Parce que clairement, il y a des photographes aujourd'hui qui font des super photos. Est-ce que je la vois comme vraiment quelque chose qui a détruit des vies de famille, etc. ? Est-ce que je la vois comme... comme une personne vraiment qui est en colère et qui se dit mais c'est pas possible. Donc il y a tous ces points de vue en fait que je peux adopter. Et puis après je pense que c'est juste un choix de chacun. Donc moi je choisis de le voir comme ok c'est passé ça, sans point de vue, en essayant de pas trop porter de jugement, et en disant ok comment on reconsommer ensemble et comment on va se tenir main dans la main.

  • Manon

    Si tu as un mot pour la fin, et qu'est-ce que tu aurais envie de dire également aux gens qui se sentent comme toi ?

  • Anne So

    Que rien n'est impossible. Que de toute façon, ça dépend que de nous. Ça dépendra toujours que de nous. Du point de vue qu'on adopte, de ce qu'on choisit de ressentir également, même si on se dit souvent j'ai pas le choix etc. Je peux choisir mes émotions, je peux choisir où c'est que je vais, avec qui je vais, et comment j'y vais. Et ça, je pense que de toute façon, que tu sois salarié, entrepreneur, chômeur, maman au foyer, peu importe, tu as ce choix-là. Et puis, c'est aussi super cool de se dire qu'il s'est passé ça pour que des gens fassent vraiment le travail, en fait. Et peut-être qu'on aura des nouveaux métiers, des nouvelles choses. Super.

  • Manon

    Eh bien, merci beaucoup, Anne-Sophie, pour ce partage de témoignages.

  • Anne So

    Eh bien, merci à toi pour l'invitation.

  • Manon

    Merci d'avoir partagé avec nous ce moment et de nous avoir écouté tout au long de ce récit. À très bientôt pour un nouvel épisode de J'ai Coutume de Dire où d'autres voix et d'autres histoires viendront nous donner envie de nous réinventer et de réfléchir sur l'avenir. À très vite !

Description

Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Anne So. Entrepreneuse aux multiples casquettes, elle nous partage son parcours exceptionnel, ses défis et ses réussites. Impactée par la crise actuelle en Nouvelle-Calédonie, elle nous livre ses clés pour ne pas désespérer et pour continuer à avancer malgré les épreuves.


Dans cet épisode, Anne So nous emmène au cœur de son quotidien et nous dévoile comment elle a su transformer les obstacles en opportunités, et trouver la force de persévérer.


Pour nous soutenir le podcast, vous pouvez faire un don : https://www.cotizup.com/jcdd


Réalisation et montage: Manon Dejean

Mixage : Philippe Buston


Illustration du podcast : Lavenstudio


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Anne So

    J'ai coutume de dire que c'est nous qui créons notre réalité et pas les événements extérieurs. J'ai coutume de dire. Un podcast réalisé par Manon Dejean.

  • Manon

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de J'ai coutume de dire. Aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Anson. Entrepreneuse aux multiples casquettes, elle partage avec nous son parcours, ses défis et ses réussites. Après avoir surmonté la crise du Covid-19, Elle se retrouve aujourd'hui impactée par la crise actuelle en Nouvelle-Calédonie. Elle nous livre ses clés pour ne pas désespérer et pour continuer à avancer malgré les épreuves. Dans cet épisode, Anso nous emmène au cœur de son quotidien d'entrepreneuse calédonienne et nous dévoile comment elle a su transformer les obstacles en opportunités et trouver la force de persévérer. Sans plus attendre, plongeons ensemble dans l'univers d'Anso et découvrons ses réflexions, ses stratégies et son inspiration. Salut Anso !

  • Anne So

    Salut !

  • Manon

    Comment ça va aujourd'hui ?

  • Anne So

    Bah écoute ça va super et toi ?

  • Manon

    Ça va bien. Dis-moi t'avais quelque chose à nous raconter aujourd'hui ?

  • Anne So

    Oui alors tout a commencé en 2020 au moment où je décide en fait de quitter le salariat et de vraiment donner une chance à mon entrepreneuriat. Et puis à ce moment là qu'est ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie ? La fermeture des frontières. Donc là j'avoue que c'est un gros challenge, challenge qui a été relevé plus d'une fois. Puis en fait, tu sais bien que l'entrepreneuriat, tu as des challenges personnels. Là, pour le coup, c'était un challenge économique. Et puis 2024, pour moi, c'était vraiment l'année où on allait amplifier les événements, amplifier aussi des produits, des projets. Enfin vraiment, c'était vraiment une année d'amplification sur l'entreprise. Voilà.

  • Manon

    Donc toi, tu es entrepreneur ? Ça représente quoi l'entrepreneuriat pour toi ?

  • Anne So

    L'entrepreneuriat pour moi, c'est vraiment le côté où tu vas décider par toi-même de prendre les responsabilités de toute ta vie. Que ce soit au niveau du temps, que ce soit au niveau de l'argent, que ce soit au niveau de tes clients avec qui tu as envie de travailler, comment tu as envie de travailler. Donc pour moi, en fait, c'est vraiment cette liberté de pouvoir choisir. Et donc,

  • Manon

    qu'est-ce que tu fais ? toi t'as choisi pour gérer ton entrepreneuriat et ta vie aujourd'hui ?

  • Anne So

    Aujourd'hui, j'ai choisi d'être sur plusieurs fronts, je dirais. J'aime beaucoup la photo, donc j'ai commencé par la photographie. J'ai commencé très tôt, à l'âge de 22 ans. Et puis après, j'ai dérivé un petit peu. Je suis arrivée sur tout ce qui était développement personnel, coaching personnel, tout ce qui va être énergie également. J'ai eu aussi l'opportunité de travailler avec une autre entreprise en partenariat où là j'ai vraiment appris les ficelles de la vente, du relationnel, etc. Et puis aujourd'hui je dirais qu'il y a aussi la danse. Donc le but vraiment aussi d'entrepreneuriat c'est de faire de ma vie l'espace où je me sens le plus en joie possible. Et pour moi, si tu n'as pas un travail dans lequel tu es joyeux, C'est compliqué de se lever le matin. Du coup,

  • Manon

    tu as quel âge et comment est-ce que tu as accumulé toutes ces compétences au cours de ces dernières années ?

  • Anne So

    Aujourd'hui, j'ai 31 ans. J'ai accumulé ces compétences via des stages, via certaines formations, via l'expérience personnelle. Et puis après, sur l'accompagnement des personnes, que ce soit aujourd'hui à travers la photo, la danse ou même le coaching, le but c'est vraiment de travailler sur... l'ensemble de la personnalité de la personne. C'est-à-dire que tout est lié. Donc ça peut être un problème au niveau du corps, ça peut être un problème d'estime de soi, ça peut être un problème professionnel. Et le but, c'est d'amener tout ça. Et tout ça, je l'ai acquis juste vraiment par l'expérience.

  • Manon

    Et donc pour revenir sur ton histoire, crise du Covid-19, qu'est-ce qui se passe à ce moment-là dans ta vie ?

  • Anne So

    Donc le premier confinement, je suis en partenariat avec cette entreprise. ça se passe on arrive à tout de suite passer en ligne il y a des choses on continue de travailler même si c'est très limité mais on est en équipe donc c'est beaucoup plus facile deuxième confinement la même chose donc ça va et troisième confinement là on se dit ok premier deuxième il s'est passé certaines choses les chiffres d'affaires n'ont pas été forcément au top pendant l'année 2020 2021 bon bah fin 2021 On se dit ok on met les choses en place et on y va quoi. Et là je joue gros, vraiment très gros. Et en fait on referme les portes et là il n'y a plus rien qui se passe. Donc ce moment là je dirais que ça a été le plus challengeant dans le sens où il a fallu vraiment puiser à l'intérieur de soi au niveau de ses ressources personnelles pour savoir en fait qu'est ce que je mets en place, là on est là, j'ai fait ça la dernière fois, qu'est ce qui a marché, qu'est ce qui n'a pas marché. Il y a toujours ce côté aussi dans l'entrepreneuriat où tu vas analyser selon les chiffres, selon les actions que tu as mis en place etc. Donc ça c'est cool. Mais faut pas que ça dure non plus trop longtemps quoi. À la sortie du Covid, il y a eu pas mal de choses qui se sont passées. Il y a eu une école de danse qui a été créée. On a commencé avec les masques. Mais tout ça, ça s'est passé. Ça a été. Mais ça a été, je dirais, quand même 4 ans, enfin 3 ans où c'était chaud quoi.

  • Manon

    Et après ça, l'entrepreneuriat pour toi s'est véritablement lancé et on arrive en 2024, le 13 mai 2024. Qu'est-ce qui se passe pour toi ? Où est-ce que tu en étais dans ta vie à ce moment-là ?

  • Anne So

    Donc à ce moment-là, j'accompagne en fait mon petit ami sur ses projets personnels également, notamment dans son entreprise. Et puis on est en train de répandre un appel d'offres pour Nouméa. Un appel d'offres qui va faire en sorte que son entreprise à lui va être... pérenne pendant quelques années. Donc on est à fond là dedans, on voit un petit peu tout ce qui se passe autour mais on se dit, on lâche pas, on continue, ça nous donne un objectif. Dans la semaine on se dit au final est-ce que ça vaut le coup de continuer ? Et en fait à un jour près de rendre l'appel d'offres on se dit ben... Non, on arrête, il y a eu trop de dégâts à ce moment-là, moralement ça va pas forcément fort, donc on se dit ok, on lâche, on lâche et puis on laisse aller, je dirais, et puis on voit ce qui se passe. Et donc à ce moment-là, on se dit aussi qu'on a envie de contribuer. Donc on y va, on va sur les barrages. On n'y reste pas trop longtemps parce qu'au final, il y a aussi ce souci en fait où les gens sont stressés, ils n'ont pas forcément beaucoup dormi. Et puis, il commence à y avoir des tensions entre les gens du quartier, tu vois. Et là, on se dit, bon, là, ce n'est pas forcément notre place à nous. Donc on a préféré s'isoler un peu plus, continuer à travailler sur nous, à faire en sorte que... Nous déjà on arrive à passer ce cap, que ce soit émotionnellement et puis je dirais même physiquement, parce que du coup on mange nos émotions, donc c'est un peu compliqué. Mais on se dit ok, quelques semaines après on s'y allait, c'est pas parce qu'il se passe tout ça qu'on ne doit pas continuer. Et pour moi, l'entrepreneuriat, c'est vraiment ça aussi, c'est pouvoir se relever, même peu importe les échecs. C'est se dire, ok, il y a eu ça, c'est pas parce qu'il y a eu ça que je ne peux pas continuer. Et donc, ça nous amène à s'ouvrir sur de nouveaux choix et à choisir des nouvelles choses aussi pour nous et pour les entreprises.

  • Manon

    Et donc, professionnellement, tu en es où à ce moment-là ?

  • Anne So

    À ce moment-là, j'ai quand même bien redémarré mon entreprise. J'ai une dizaine de cours particuliers. J'ai vendu beaucoup de shootings photos. C'est chouette, je suis en train de redémarrer aussi le coaching d'une manière différente. Donc il y a vraiment un essor qui est en train de se produire. Et pour moi, ce n'est pas vraiment négatif aussi ce qui est en train de se passer là. C'est-à-dire que le 13 mai, ok, il se passe ça. Puis en fait, c'est juste de se poser la question de pourquoi ça se passe. Est-ce que c'est vraiment là où mon âme aussi elle a envie d'aller ? Donc voilà, c'est juste une question en fait de se dire Ok, j'ai fait tout ça, c'est génial, je suis un peu triste parce que du coup t'as le côté Je vois plus mes élèves, t'as des élèves qui arrêtent, t'as des shootings où tu dois les avancer, faire en sorte que les gens soient heureux quand ils viennent devant la caméra et devant l'appareil photo. Mais en soi, c'est pas vraiment négatif. dans le sens où ça t'amène toi-même à te poser des questions sur toi, sur ta vie, sur ton entreprise, comment tu as envie de la développer. Et c'est un peu aussi la même chose que le Covid au final. Donc il y a eu aussi moins d'appréhension, disons, à travers l'entreprise, l'entrepreneuriat. Même si socialement, économiquement, tu te dis où est-ce qu'on va, il y a un truc derrière qui te dit, écoute, tu as vécu déjà trois Covid. en étant en entrepreneuriat. Donc forcément, ça va être simple. Là, tu vas pouvoir te relever. Tu as vécu ça, donc ça va aller.

  • Manon

    Quelle est ta réaction face à ce qui se passe dehors au moment du 13 mai 2024 et pendant les semaines qui s'ensuivent ?

  • Anne So

    C'est pas possible. Qu'est-ce qui est en train de se passer ? Qu'est-ce qu'ils sont en train de faire ? Vraiment, c'est vraiment ça, cette question de dire mais pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi il se passe ça ? Pourquoi ? Et en même temps, je comprends, tu vois. Après, tu te poses, tu te dis ok, comment ça se fait qu'il se passe ça ? Ah oui, ok, d'accord, je comprends. Mais c'est pas d'aujourd'hui. Tu vois, c'est pas d'aujourd'hui, moi j'ai grandi ici, j'ai été au collège de Rivière-Salée, j'ai été au lycée Petro-Attiti. Voilà, il y a ce côté où je comprends aussi l'autre, et notamment dans mon métier il vaut mieux comprendre l'autre si tu veux l'aider. Mais en même temps il y a ce pourquoi. Pourquoi t'as pas fait en sorte d'exprimer en fait ta colère, ton inquiétude, peu importe, autrement. Et je pense qu'à ce moment-là il y a aussi ce côté où tu te sens coupable. Tu te sens coupable d'une certaine manière, où tu te dis, putain, mais j'ai donné tellement, tellement de moi, avec l'énergie, avec le coaching, etc., que là, en fait, tu te dis, ça ne peut pas avancer. Donc, là, qu'est-ce qu'on fait ? Si tu n'as pas envie d'avancer, mais moi, j'ai envie que tu avances, en fait, déjà, rien que là, on ne peut pas se comprendre. Et puis, tu as ce côté aussi de dire... Je suis inquiète aussi parce que moi je suis en sécurité, mais ma famille elle est pas forcément en sécurité. Donc il y a tout ça aussi qui se passe à l'intérieur de soi, je me sens coupable de ne pas pouvoir être proche de ma famille. Et puis en fait, qu'est-ce qu'on va devenir ? Et puis si on est obligé de vivre ça pendant X années, comme ça s'est passé pendant les années 80, qu'est-ce qui se passe ? Donc c'est plus un état de questionnement à ce moment-là où on est vraiment dans le flou du pourquoi.

  • Manon

    Et à part ce sentiment de culpabilité, qu'est-ce que tu ressens en tant que Calédonienne justement ?

  • Anne So

    Je dirais qu'en tant que Calédonienne, tu veux toucher profond. En tant que Calédonienne, je pense que ça a été touché énormément de valeurs. Mais des valeurs que je crois que même... d'autres personnes ne connaissaient pas. Donc c'est intéressant aussi de voir ça, c'est-à-dire, tiens, j'avais cette valeur d'éducation, j'avais cette valeur familiale, du vivre ensemble, j'avais vraiment toutes ces valeurs-là. Et là, c'est comme si tout était détruit, en fait. Et c'est quelque chose d'inconscient, aussi, tu vois, à la base, comme je dis, moi, je savais que j'avais ces valeurs, mais aussi profondes, je ne pensais pas. Et donc là, ça va vraiment toucher quelque chose à l'intérieur de soi qui est de l'ordre, je dirais, du dégoût. Il y a toujours cette part de culpabilité, de dire mais pourquoi je ne l'ai pas vu avant ? Et puis cette part aussi de colère, que tu te dis ouais, je suis en colère en fait, parce que ça touche beaucoup de valeurs. Moi, je suis vraiment, tu sais, dans le côté plus tu vas te détacher aussi, de qui tu es réellement et plus tu vas pouvoir être ce que tu as envie d'être vraiment. Et donc dans ce côté-là, ben en fait tu traverses tout ce qu'il y a dans ton mental là qui était caché. Et là oui ça vient toucher profondément des valeurs calédoniennes, je pense des trucs aussi, de dire mais c'est ce que nos vieux ils ont construit et puis nous on est en train de tout gâcher quoi. Tu vois il y a vraiment ce truc de dire mais... C'est pas possible.

  • Manon

    L'autre jour, tu me parlais également de la symbolique du feu et de ce que les énergéticiens comme toi pouvaient ressentir par rapport à ce qui se passe aujourd'hui. Est-ce que tu peux un peu expliquer ça ?

  • Anne So

    Oui, alors, bon, ça, c'est pas venu tout de suite, hein, mais c'est après quand tu prends du recul. C'est vrai que sur la symbolique vraiment du feu, pour moi, le feu, c'est déjà ton feu intérieur. Ça va être aussi le feu de camp, le feu où on se rapproche, où on est là. Puis ça n'a pas forcément, dans certaines facettes, disons, de la symbolique du feu, c'est pas un côté destructeur. Et du coup, c'est dur à voir ça pour des personnes qui ont perdu leurs entreprises, qui ont... ben voilà, tout ça. Mais je pense qu'il y a vraiment ce côté où il y a le feu de joie aussi, tu vois. Et plus on fait un gros feu, et plus on est content, et plus on est joyeux. Mais ça c'est un côté du décor, puis après c'est à l'autre côté où en fait les gens sont attachés aux biens matériels, etc. Je pense que c'est une histoire de point de vue. Et puis après, c'est une histoire de qu'est-ce que ça fait réveiller chez toi aussi. Et comme je te disais la dernière fois, pour moi, de voir tout ce feu à l'extérieur, pour moi, c'est une invitation également à travailler notre feu intérieur. Mais pas le feu intérieur qui va te détruire, le feu intérieur qui va justement te permettre de rayonner et de faire en sorte que tu vas devenir magnétique pour tous tes projets, pour toutes tes choses qui vont se passer.

  • Manon

    Tu me parlais également de la schizophrénie calédonienne. Est-ce que tu souhaites en parler ?

  • Anne So

    La schizophrénie calédonienne. Ouais, alors ça c'est... C'est vrai que c'est un peu le côté... Je pense qu'en fait, il y a eu tellement d'idées qui ont été mises sur le tas en Calédonie. Alors je parle en Calédonie, mais je pense que c'est dans pas mal de pays également, où en fait, on ne sait plus qui on est vraiment. Et je pense qu'il y a aussi ça, c'est-à-dire que moi je suis calédonienne, j'ai mon papa qui est quand même métro. Dans ma famille, on est du côté de ma mère que des Calédoniens, on est descendant des Canarcosis. Et en fait, même dans notre famille, on est déjà divisé, c'est-à-dire qu'il y a des personnes qui sont pour la France et d'autres personnes qui vont être pour le côté canaqui et l'indépendance du pays. Quand tu vois ça déjà rien que dans ta propre famille, tu te dis, ouais, où est-ce qu'elle est ma place, et puis comment je dois me comporter. Et quand je parle de la schizophrénie, en fait, calédonienne, c'est de dire, bah en fait, on va jouer des rôles à chaque fois qu'on va être face à une personne, parce que quand tu vas être avec des canaques, tu vas te considérer comme, bah du coup, j'ai cette partie un peu canaque, donc du coup je me mets dans le côté canaque et je comprends ce qu'ils vivent, etc. Puis quand je suis avec des blancs, bah... Je me considère aussi comme une blanche parce que j'ai mon papa qui met trop, etc. Puis au final, tu ne sais jamais vraiment où tu es, tu vois. Et c'est ça que j'appelle un peu la schizophrénie calédonienne. Et je pense que d'autres personnes le diront aussi. C'est-à-dire que tu n'as pas vraiment ta place, que ce soit là ou là. On est tellement métissés actuellement, et même dans nos idées, que c'est compliqué de trouver la juste place.

  • Manon

    Comment ça va aujourd'hui ?

  • Anne So

    Je dirais qu'aujourd'hui ça va quand même mieux. J'ai pris pas mal de recul sur la situation, je sais où je vais, qu'est-ce que je vais faire, etc. Même si je pense que ça ne sera pas forcément un nouvel cahier de Nibs dans un premier temps. Dans le but c'est de continuer l'aventure entrepreneuriale. Et je pense qu'ici ça va être compliqué. Donc il y a un choix qui s'est fait de partir un petit peu de temps du pays, et puis aussi pour... prendre des formations, prendre de l'expérience aussi ailleurs, pour pouvoir revenir un peu plus solide, pour pouvoir justement reprendre cette reconstruction du pays, avec tous les acteurs économiques et sociaux. Et puis, j'ai coutume de dire que c'est nous qui créons notre réalité, et pas les événements extérieurs. Et c'est vrai qu'actuellement, même si on voit tout ça d'un point de vue économique et social, On voit que ça va être compliqué. Je pense que c'est aussi un travail de chacun de revenir en soi, de faire un certain travail intérieur, pour justement comprendre que tout ce qui a été mis là sur le plateau, c'est aussi en final un intérêt intérieur, une émotion qu'on n'a pas vraiment gérée. Et si on arrive à faire ça, je pense qu'économiquement et socialement ça ira mieux. Mais pour l'instant... ça va être un peu compliqué.

  • Manon

    Du coup, qu'est-ce que tu as appris de toi avec tout ce qui s'est passé là ?

  • Anne So

    Malgré les événements extérieurs, tu es toujours en vie. Tu es capable de survivre. C'est aussi qu'une histoire de point de vue, tout ce qui est en train de se passer à l'extérieur. Ça apprend aussi à connaître certaines valeurs que tu ne voyais pas, mais qui étaient vraiment enfouies. Ça... Apprend vraiment aussi à être résilient vis-à-vis des choses et à se dire ben c'est pas parce qu'il s'est passé tout ça que je vais mettre tout le monde dans le même sac, même si c'est très compliqué aujourd'hui. Et puis il y a aussi ce côté où t'apprends aussi que ben il n'y a jamais rien qui est parfait, il n'y a jamais rien qui est stable et que ben d'un point de vue, là pour le cours économique, on voit bien que notre économie n'était pas du tout stable. Et puis il y a ce côté où on était dans le déni, de dire non tout va bien, et puis au final non, tout va pas bien. Donc ouais, ça apprend tout ça, ça apprend à prendre vraiment du recul sur soi, sur les choses, sur comment tu vois aussi toute cette destruction matérielle. Est-ce que je la vois comme une œuvre d'art ? Parce que clairement, il y a des photographes aujourd'hui qui font des super photos. Est-ce que je la vois comme vraiment quelque chose qui a détruit des vies de famille, etc. ? Est-ce que je la vois comme... comme une personne vraiment qui est en colère et qui se dit mais c'est pas possible. Donc il y a tous ces points de vue en fait que je peux adopter. Et puis après je pense que c'est juste un choix de chacun. Donc moi je choisis de le voir comme ok c'est passé ça, sans point de vue, en essayant de pas trop porter de jugement, et en disant ok comment on reconsommer ensemble et comment on va se tenir main dans la main.

  • Manon

    Si tu as un mot pour la fin, et qu'est-ce que tu aurais envie de dire également aux gens qui se sentent comme toi ?

  • Anne So

    Que rien n'est impossible. Que de toute façon, ça dépend que de nous. Ça dépendra toujours que de nous. Du point de vue qu'on adopte, de ce qu'on choisit de ressentir également, même si on se dit souvent j'ai pas le choix etc. Je peux choisir mes émotions, je peux choisir où c'est que je vais, avec qui je vais, et comment j'y vais. Et ça, je pense que de toute façon, que tu sois salarié, entrepreneur, chômeur, maman au foyer, peu importe, tu as ce choix-là. Et puis, c'est aussi super cool de se dire qu'il s'est passé ça pour que des gens fassent vraiment le travail, en fait. Et peut-être qu'on aura des nouveaux métiers, des nouvelles choses. Super.

  • Manon

    Eh bien, merci beaucoup, Anne-Sophie, pour ce partage de témoignages.

  • Anne So

    Eh bien, merci à toi pour l'invitation.

  • Manon

    Merci d'avoir partagé avec nous ce moment et de nous avoir écouté tout au long de ce récit. À très bientôt pour un nouvel épisode de J'ai Coutume de Dire où d'autres voix et d'autres histoires viendront nous donner envie de nous réinventer et de réfléchir sur l'avenir. À très vite !

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Description

Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Anne So. Entrepreneuse aux multiples casquettes, elle nous partage son parcours exceptionnel, ses défis et ses réussites. Impactée par la crise actuelle en Nouvelle-Calédonie, elle nous livre ses clés pour ne pas désespérer et pour continuer à avancer malgré les épreuves.


Dans cet épisode, Anne So nous emmène au cœur de son quotidien et nous dévoile comment elle a su transformer les obstacles en opportunités, et trouver la force de persévérer.


Pour nous soutenir le podcast, vous pouvez faire un don : https://www.cotizup.com/jcdd


Réalisation et montage: Manon Dejean

Mixage : Philippe Buston


Illustration du podcast : Lavenstudio


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Anne So

    J'ai coutume de dire que c'est nous qui créons notre réalité et pas les événements extérieurs. J'ai coutume de dire. Un podcast réalisé par Manon Dejean.

  • Manon

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de J'ai coutume de dire. Aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Anson. Entrepreneuse aux multiples casquettes, elle partage avec nous son parcours, ses défis et ses réussites. Après avoir surmonté la crise du Covid-19, Elle se retrouve aujourd'hui impactée par la crise actuelle en Nouvelle-Calédonie. Elle nous livre ses clés pour ne pas désespérer et pour continuer à avancer malgré les épreuves. Dans cet épisode, Anso nous emmène au cœur de son quotidien d'entrepreneuse calédonienne et nous dévoile comment elle a su transformer les obstacles en opportunités et trouver la force de persévérer. Sans plus attendre, plongeons ensemble dans l'univers d'Anso et découvrons ses réflexions, ses stratégies et son inspiration. Salut Anso !

  • Anne So

    Salut !

  • Manon

    Comment ça va aujourd'hui ?

  • Anne So

    Bah écoute ça va super et toi ?

  • Manon

    Ça va bien. Dis-moi t'avais quelque chose à nous raconter aujourd'hui ?

  • Anne So

    Oui alors tout a commencé en 2020 au moment où je décide en fait de quitter le salariat et de vraiment donner une chance à mon entrepreneuriat. Et puis à ce moment là qu'est ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie ? La fermeture des frontières. Donc là j'avoue que c'est un gros challenge, challenge qui a été relevé plus d'une fois. Puis en fait, tu sais bien que l'entrepreneuriat, tu as des challenges personnels. Là, pour le coup, c'était un challenge économique. Et puis 2024, pour moi, c'était vraiment l'année où on allait amplifier les événements, amplifier aussi des produits, des projets. Enfin vraiment, c'était vraiment une année d'amplification sur l'entreprise. Voilà.

  • Manon

    Donc toi, tu es entrepreneur ? Ça représente quoi l'entrepreneuriat pour toi ?

  • Anne So

    L'entrepreneuriat pour moi, c'est vraiment le côté où tu vas décider par toi-même de prendre les responsabilités de toute ta vie. Que ce soit au niveau du temps, que ce soit au niveau de l'argent, que ce soit au niveau de tes clients avec qui tu as envie de travailler, comment tu as envie de travailler. Donc pour moi, en fait, c'est vraiment cette liberté de pouvoir choisir. Et donc,

  • Manon

    qu'est-ce que tu fais ? toi t'as choisi pour gérer ton entrepreneuriat et ta vie aujourd'hui ?

  • Anne So

    Aujourd'hui, j'ai choisi d'être sur plusieurs fronts, je dirais. J'aime beaucoup la photo, donc j'ai commencé par la photographie. J'ai commencé très tôt, à l'âge de 22 ans. Et puis après, j'ai dérivé un petit peu. Je suis arrivée sur tout ce qui était développement personnel, coaching personnel, tout ce qui va être énergie également. J'ai eu aussi l'opportunité de travailler avec une autre entreprise en partenariat où là j'ai vraiment appris les ficelles de la vente, du relationnel, etc. Et puis aujourd'hui je dirais qu'il y a aussi la danse. Donc le but vraiment aussi d'entrepreneuriat c'est de faire de ma vie l'espace où je me sens le plus en joie possible. Et pour moi, si tu n'as pas un travail dans lequel tu es joyeux, C'est compliqué de se lever le matin. Du coup,

  • Manon

    tu as quel âge et comment est-ce que tu as accumulé toutes ces compétences au cours de ces dernières années ?

  • Anne So

    Aujourd'hui, j'ai 31 ans. J'ai accumulé ces compétences via des stages, via certaines formations, via l'expérience personnelle. Et puis après, sur l'accompagnement des personnes, que ce soit aujourd'hui à travers la photo, la danse ou même le coaching, le but c'est vraiment de travailler sur... l'ensemble de la personnalité de la personne. C'est-à-dire que tout est lié. Donc ça peut être un problème au niveau du corps, ça peut être un problème d'estime de soi, ça peut être un problème professionnel. Et le but, c'est d'amener tout ça. Et tout ça, je l'ai acquis juste vraiment par l'expérience.

  • Manon

    Et donc pour revenir sur ton histoire, crise du Covid-19, qu'est-ce qui se passe à ce moment-là dans ta vie ?

  • Anne So

    Donc le premier confinement, je suis en partenariat avec cette entreprise. ça se passe on arrive à tout de suite passer en ligne il y a des choses on continue de travailler même si c'est très limité mais on est en équipe donc c'est beaucoup plus facile deuxième confinement la même chose donc ça va et troisième confinement là on se dit ok premier deuxième il s'est passé certaines choses les chiffres d'affaires n'ont pas été forcément au top pendant l'année 2020 2021 bon bah fin 2021 On se dit ok on met les choses en place et on y va quoi. Et là je joue gros, vraiment très gros. Et en fait on referme les portes et là il n'y a plus rien qui se passe. Donc ce moment là je dirais que ça a été le plus challengeant dans le sens où il a fallu vraiment puiser à l'intérieur de soi au niveau de ses ressources personnelles pour savoir en fait qu'est ce que je mets en place, là on est là, j'ai fait ça la dernière fois, qu'est ce qui a marché, qu'est ce qui n'a pas marché. Il y a toujours ce côté aussi dans l'entrepreneuriat où tu vas analyser selon les chiffres, selon les actions que tu as mis en place etc. Donc ça c'est cool. Mais faut pas que ça dure non plus trop longtemps quoi. À la sortie du Covid, il y a eu pas mal de choses qui se sont passées. Il y a eu une école de danse qui a été créée. On a commencé avec les masques. Mais tout ça, ça s'est passé. Ça a été. Mais ça a été, je dirais, quand même 4 ans, enfin 3 ans où c'était chaud quoi.

  • Manon

    Et après ça, l'entrepreneuriat pour toi s'est véritablement lancé et on arrive en 2024, le 13 mai 2024. Qu'est-ce qui se passe pour toi ? Où est-ce que tu en étais dans ta vie à ce moment-là ?

  • Anne So

    Donc à ce moment-là, j'accompagne en fait mon petit ami sur ses projets personnels également, notamment dans son entreprise. Et puis on est en train de répandre un appel d'offres pour Nouméa. Un appel d'offres qui va faire en sorte que son entreprise à lui va être... pérenne pendant quelques années. Donc on est à fond là dedans, on voit un petit peu tout ce qui se passe autour mais on se dit, on lâche pas, on continue, ça nous donne un objectif. Dans la semaine on se dit au final est-ce que ça vaut le coup de continuer ? Et en fait à un jour près de rendre l'appel d'offres on se dit ben... Non, on arrête, il y a eu trop de dégâts à ce moment-là, moralement ça va pas forcément fort, donc on se dit ok, on lâche, on lâche et puis on laisse aller, je dirais, et puis on voit ce qui se passe. Et donc à ce moment-là, on se dit aussi qu'on a envie de contribuer. Donc on y va, on va sur les barrages. On n'y reste pas trop longtemps parce qu'au final, il y a aussi ce souci en fait où les gens sont stressés, ils n'ont pas forcément beaucoup dormi. Et puis, il commence à y avoir des tensions entre les gens du quartier, tu vois. Et là, on se dit, bon, là, ce n'est pas forcément notre place à nous. Donc on a préféré s'isoler un peu plus, continuer à travailler sur nous, à faire en sorte que... Nous déjà on arrive à passer ce cap, que ce soit émotionnellement et puis je dirais même physiquement, parce que du coup on mange nos émotions, donc c'est un peu compliqué. Mais on se dit ok, quelques semaines après on s'y allait, c'est pas parce qu'il se passe tout ça qu'on ne doit pas continuer. Et pour moi, l'entrepreneuriat, c'est vraiment ça aussi, c'est pouvoir se relever, même peu importe les échecs. C'est se dire, ok, il y a eu ça, c'est pas parce qu'il y a eu ça que je ne peux pas continuer. Et donc, ça nous amène à s'ouvrir sur de nouveaux choix et à choisir des nouvelles choses aussi pour nous et pour les entreprises.

  • Manon

    Et donc, professionnellement, tu en es où à ce moment-là ?

  • Anne So

    À ce moment-là, j'ai quand même bien redémarré mon entreprise. J'ai une dizaine de cours particuliers. J'ai vendu beaucoup de shootings photos. C'est chouette, je suis en train de redémarrer aussi le coaching d'une manière différente. Donc il y a vraiment un essor qui est en train de se produire. Et pour moi, ce n'est pas vraiment négatif aussi ce qui est en train de se passer là. C'est-à-dire que le 13 mai, ok, il se passe ça. Puis en fait, c'est juste de se poser la question de pourquoi ça se passe. Est-ce que c'est vraiment là où mon âme aussi elle a envie d'aller ? Donc voilà, c'est juste une question en fait de se dire Ok, j'ai fait tout ça, c'est génial, je suis un peu triste parce que du coup t'as le côté Je vois plus mes élèves, t'as des élèves qui arrêtent, t'as des shootings où tu dois les avancer, faire en sorte que les gens soient heureux quand ils viennent devant la caméra et devant l'appareil photo. Mais en soi, c'est pas vraiment négatif. dans le sens où ça t'amène toi-même à te poser des questions sur toi, sur ta vie, sur ton entreprise, comment tu as envie de la développer. Et c'est un peu aussi la même chose que le Covid au final. Donc il y a eu aussi moins d'appréhension, disons, à travers l'entreprise, l'entrepreneuriat. Même si socialement, économiquement, tu te dis où est-ce qu'on va, il y a un truc derrière qui te dit, écoute, tu as vécu déjà trois Covid. en étant en entrepreneuriat. Donc forcément, ça va être simple. Là, tu vas pouvoir te relever. Tu as vécu ça, donc ça va aller.

  • Manon

    Quelle est ta réaction face à ce qui se passe dehors au moment du 13 mai 2024 et pendant les semaines qui s'ensuivent ?

  • Anne So

    C'est pas possible. Qu'est-ce qui est en train de se passer ? Qu'est-ce qu'ils sont en train de faire ? Vraiment, c'est vraiment ça, cette question de dire mais pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi il se passe ça ? Pourquoi ? Et en même temps, je comprends, tu vois. Après, tu te poses, tu te dis ok, comment ça se fait qu'il se passe ça ? Ah oui, ok, d'accord, je comprends. Mais c'est pas d'aujourd'hui. Tu vois, c'est pas d'aujourd'hui, moi j'ai grandi ici, j'ai été au collège de Rivière-Salée, j'ai été au lycée Petro-Attiti. Voilà, il y a ce côté où je comprends aussi l'autre, et notamment dans mon métier il vaut mieux comprendre l'autre si tu veux l'aider. Mais en même temps il y a ce pourquoi. Pourquoi t'as pas fait en sorte d'exprimer en fait ta colère, ton inquiétude, peu importe, autrement. Et je pense qu'à ce moment-là il y a aussi ce côté où tu te sens coupable. Tu te sens coupable d'une certaine manière, où tu te dis, putain, mais j'ai donné tellement, tellement de moi, avec l'énergie, avec le coaching, etc., que là, en fait, tu te dis, ça ne peut pas avancer. Donc, là, qu'est-ce qu'on fait ? Si tu n'as pas envie d'avancer, mais moi, j'ai envie que tu avances, en fait, déjà, rien que là, on ne peut pas se comprendre. Et puis, tu as ce côté aussi de dire... Je suis inquiète aussi parce que moi je suis en sécurité, mais ma famille elle est pas forcément en sécurité. Donc il y a tout ça aussi qui se passe à l'intérieur de soi, je me sens coupable de ne pas pouvoir être proche de ma famille. Et puis en fait, qu'est-ce qu'on va devenir ? Et puis si on est obligé de vivre ça pendant X années, comme ça s'est passé pendant les années 80, qu'est-ce qui se passe ? Donc c'est plus un état de questionnement à ce moment-là où on est vraiment dans le flou du pourquoi.

  • Manon

    Et à part ce sentiment de culpabilité, qu'est-ce que tu ressens en tant que Calédonienne justement ?

  • Anne So

    Je dirais qu'en tant que Calédonienne, tu veux toucher profond. En tant que Calédonienne, je pense que ça a été touché énormément de valeurs. Mais des valeurs que je crois que même... d'autres personnes ne connaissaient pas. Donc c'est intéressant aussi de voir ça, c'est-à-dire, tiens, j'avais cette valeur d'éducation, j'avais cette valeur familiale, du vivre ensemble, j'avais vraiment toutes ces valeurs-là. Et là, c'est comme si tout était détruit, en fait. Et c'est quelque chose d'inconscient, aussi, tu vois, à la base, comme je dis, moi, je savais que j'avais ces valeurs, mais aussi profondes, je ne pensais pas. Et donc là, ça va vraiment toucher quelque chose à l'intérieur de soi qui est de l'ordre, je dirais, du dégoût. Il y a toujours cette part de culpabilité, de dire mais pourquoi je ne l'ai pas vu avant ? Et puis cette part aussi de colère, que tu te dis ouais, je suis en colère en fait, parce que ça touche beaucoup de valeurs. Moi, je suis vraiment, tu sais, dans le côté plus tu vas te détacher aussi, de qui tu es réellement et plus tu vas pouvoir être ce que tu as envie d'être vraiment. Et donc dans ce côté-là, ben en fait tu traverses tout ce qu'il y a dans ton mental là qui était caché. Et là oui ça vient toucher profondément des valeurs calédoniennes, je pense des trucs aussi, de dire mais c'est ce que nos vieux ils ont construit et puis nous on est en train de tout gâcher quoi. Tu vois il y a vraiment ce truc de dire mais... C'est pas possible.

  • Manon

    L'autre jour, tu me parlais également de la symbolique du feu et de ce que les énergéticiens comme toi pouvaient ressentir par rapport à ce qui se passe aujourd'hui. Est-ce que tu peux un peu expliquer ça ?

  • Anne So

    Oui, alors, bon, ça, c'est pas venu tout de suite, hein, mais c'est après quand tu prends du recul. C'est vrai que sur la symbolique vraiment du feu, pour moi, le feu, c'est déjà ton feu intérieur. Ça va être aussi le feu de camp, le feu où on se rapproche, où on est là. Puis ça n'a pas forcément, dans certaines facettes, disons, de la symbolique du feu, c'est pas un côté destructeur. Et du coup, c'est dur à voir ça pour des personnes qui ont perdu leurs entreprises, qui ont... ben voilà, tout ça. Mais je pense qu'il y a vraiment ce côté où il y a le feu de joie aussi, tu vois. Et plus on fait un gros feu, et plus on est content, et plus on est joyeux. Mais ça c'est un côté du décor, puis après c'est à l'autre côté où en fait les gens sont attachés aux biens matériels, etc. Je pense que c'est une histoire de point de vue. Et puis après, c'est une histoire de qu'est-ce que ça fait réveiller chez toi aussi. Et comme je te disais la dernière fois, pour moi, de voir tout ce feu à l'extérieur, pour moi, c'est une invitation également à travailler notre feu intérieur. Mais pas le feu intérieur qui va te détruire, le feu intérieur qui va justement te permettre de rayonner et de faire en sorte que tu vas devenir magnétique pour tous tes projets, pour toutes tes choses qui vont se passer.

  • Manon

    Tu me parlais également de la schizophrénie calédonienne. Est-ce que tu souhaites en parler ?

  • Anne So

    La schizophrénie calédonienne. Ouais, alors ça c'est... C'est vrai que c'est un peu le côté... Je pense qu'en fait, il y a eu tellement d'idées qui ont été mises sur le tas en Calédonie. Alors je parle en Calédonie, mais je pense que c'est dans pas mal de pays également, où en fait, on ne sait plus qui on est vraiment. Et je pense qu'il y a aussi ça, c'est-à-dire que moi je suis calédonienne, j'ai mon papa qui est quand même métro. Dans ma famille, on est du côté de ma mère que des Calédoniens, on est descendant des Canarcosis. Et en fait, même dans notre famille, on est déjà divisé, c'est-à-dire qu'il y a des personnes qui sont pour la France et d'autres personnes qui vont être pour le côté canaqui et l'indépendance du pays. Quand tu vois ça déjà rien que dans ta propre famille, tu te dis, ouais, où est-ce qu'elle est ma place, et puis comment je dois me comporter. Et quand je parle de la schizophrénie, en fait, calédonienne, c'est de dire, bah en fait, on va jouer des rôles à chaque fois qu'on va être face à une personne, parce que quand tu vas être avec des canaques, tu vas te considérer comme, bah du coup, j'ai cette partie un peu canaque, donc du coup je me mets dans le côté canaque et je comprends ce qu'ils vivent, etc. Puis quand je suis avec des blancs, bah... Je me considère aussi comme une blanche parce que j'ai mon papa qui met trop, etc. Puis au final, tu ne sais jamais vraiment où tu es, tu vois. Et c'est ça que j'appelle un peu la schizophrénie calédonienne. Et je pense que d'autres personnes le diront aussi. C'est-à-dire que tu n'as pas vraiment ta place, que ce soit là ou là. On est tellement métissés actuellement, et même dans nos idées, que c'est compliqué de trouver la juste place.

  • Manon

    Comment ça va aujourd'hui ?

  • Anne So

    Je dirais qu'aujourd'hui ça va quand même mieux. J'ai pris pas mal de recul sur la situation, je sais où je vais, qu'est-ce que je vais faire, etc. Même si je pense que ça ne sera pas forcément un nouvel cahier de Nibs dans un premier temps. Dans le but c'est de continuer l'aventure entrepreneuriale. Et je pense qu'ici ça va être compliqué. Donc il y a un choix qui s'est fait de partir un petit peu de temps du pays, et puis aussi pour... prendre des formations, prendre de l'expérience aussi ailleurs, pour pouvoir revenir un peu plus solide, pour pouvoir justement reprendre cette reconstruction du pays, avec tous les acteurs économiques et sociaux. Et puis, j'ai coutume de dire que c'est nous qui créons notre réalité, et pas les événements extérieurs. Et c'est vrai qu'actuellement, même si on voit tout ça d'un point de vue économique et social, On voit que ça va être compliqué. Je pense que c'est aussi un travail de chacun de revenir en soi, de faire un certain travail intérieur, pour justement comprendre que tout ce qui a été mis là sur le plateau, c'est aussi en final un intérêt intérieur, une émotion qu'on n'a pas vraiment gérée. Et si on arrive à faire ça, je pense qu'économiquement et socialement ça ira mieux. Mais pour l'instant... ça va être un peu compliqué.

  • Manon

    Du coup, qu'est-ce que tu as appris de toi avec tout ce qui s'est passé là ?

  • Anne So

    Malgré les événements extérieurs, tu es toujours en vie. Tu es capable de survivre. C'est aussi qu'une histoire de point de vue, tout ce qui est en train de se passer à l'extérieur. Ça apprend aussi à connaître certaines valeurs que tu ne voyais pas, mais qui étaient vraiment enfouies. Ça... Apprend vraiment aussi à être résilient vis-à-vis des choses et à se dire ben c'est pas parce qu'il s'est passé tout ça que je vais mettre tout le monde dans le même sac, même si c'est très compliqué aujourd'hui. Et puis il y a aussi ce côté où t'apprends aussi que ben il n'y a jamais rien qui est parfait, il n'y a jamais rien qui est stable et que ben d'un point de vue, là pour le cours économique, on voit bien que notre économie n'était pas du tout stable. Et puis il y a ce côté où on était dans le déni, de dire non tout va bien, et puis au final non, tout va pas bien. Donc ouais, ça apprend tout ça, ça apprend à prendre vraiment du recul sur soi, sur les choses, sur comment tu vois aussi toute cette destruction matérielle. Est-ce que je la vois comme une œuvre d'art ? Parce que clairement, il y a des photographes aujourd'hui qui font des super photos. Est-ce que je la vois comme vraiment quelque chose qui a détruit des vies de famille, etc. ? Est-ce que je la vois comme... comme une personne vraiment qui est en colère et qui se dit mais c'est pas possible. Donc il y a tous ces points de vue en fait que je peux adopter. Et puis après je pense que c'est juste un choix de chacun. Donc moi je choisis de le voir comme ok c'est passé ça, sans point de vue, en essayant de pas trop porter de jugement, et en disant ok comment on reconsommer ensemble et comment on va se tenir main dans la main.

  • Manon

    Si tu as un mot pour la fin, et qu'est-ce que tu aurais envie de dire également aux gens qui se sentent comme toi ?

  • Anne So

    Que rien n'est impossible. Que de toute façon, ça dépend que de nous. Ça dépendra toujours que de nous. Du point de vue qu'on adopte, de ce qu'on choisit de ressentir également, même si on se dit souvent j'ai pas le choix etc. Je peux choisir mes émotions, je peux choisir où c'est que je vais, avec qui je vais, et comment j'y vais. Et ça, je pense que de toute façon, que tu sois salarié, entrepreneur, chômeur, maman au foyer, peu importe, tu as ce choix-là. Et puis, c'est aussi super cool de se dire qu'il s'est passé ça pour que des gens fassent vraiment le travail, en fait. Et peut-être qu'on aura des nouveaux métiers, des nouvelles choses. Super.

  • Manon

    Eh bien, merci beaucoup, Anne-Sophie, pour ce partage de témoignages.

  • Anne So

    Eh bien, merci à toi pour l'invitation.

  • Manon

    Merci d'avoir partagé avec nous ce moment et de nous avoir écouté tout au long de ce récit. À très bientôt pour un nouvel épisode de J'ai Coutume de Dire où d'autres voix et d'autres histoires viendront nous donner envie de nous réinventer et de réfléchir sur l'avenir. À très vite !

Description

Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Anne So. Entrepreneuse aux multiples casquettes, elle nous partage son parcours exceptionnel, ses défis et ses réussites. Impactée par la crise actuelle en Nouvelle-Calédonie, elle nous livre ses clés pour ne pas désespérer et pour continuer à avancer malgré les épreuves.


Dans cet épisode, Anne So nous emmène au cœur de son quotidien et nous dévoile comment elle a su transformer les obstacles en opportunités, et trouver la force de persévérer.


Pour nous soutenir le podcast, vous pouvez faire un don : https://www.cotizup.com/jcdd


Réalisation et montage: Manon Dejean

Mixage : Philippe Buston


Illustration du podcast : Lavenstudio


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Anne So

    J'ai coutume de dire que c'est nous qui créons notre réalité et pas les événements extérieurs. J'ai coutume de dire. Un podcast réalisé par Manon Dejean.

  • Manon

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de J'ai coutume de dire. Aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Anson. Entrepreneuse aux multiples casquettes, elle partage avec nous son parcours, ses défis et ses réussites. Après avoir surmonté la crise du Covid-19, Elle se retrouve aujourd'hui impactée par la crise actuelle en Nouvelle-Calédonie. Elle nous livre ses clés pour ne pas désespérer et pour continuer à avancer malgré les épreuves. Dans cet épisode, Anso nous emmène au cœur de son quotidien d'entrepreneuse calédonienne et nous dévoile comment elle a su transformer les obstacles en opportunités et trouver la force de persévérer. Sans plus attendre, plongeons ensemble dans l'univers d'Anso et découvrons ses réflexions, ses stratégies et son inspiration. Salut Anso !

  • Anne So

    Salut !

  • Manon

    Comment ça va aujourd'hui ?

  • Anne So

    Bah écoute ça va super et toi ?

  • Manon

    Ça va bien. Dis-moi t'avais quelque chose à nous raconter aujourd'hui ?

  • Anne So

    Oui alors tout a commencé en 2020 au moment où je décide en fait de quitter le salariat et de vraiment donner une chance à mon entrepreneuriat. Et puis à ce moment là qu'est ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie ? La fermeture des frontières. Donc là j'avoue que c'est un gros challenge, challenge qui a été relevé plus d'une fois. Puis en fait, tu sais bien que l'entrepreneuriat, tu as des challenges personnels. Là, pour le coup, c'était un challenge économique. Et puis 2024, pour moi, c'était vraiment l'année où on allait amplifier les événements, amplifier aussi des produits, des projets. Enfin vraiment, c'était vraiment une année d'amplification sur l'entreprise. Voilà.

  • Manon

    Donc toi, tu es entrepreneur ? Ça représente quoi l'entrepreneuriat pour toi ?

  • Anne So

    L'entrepreneuriat pour moi, c'est vraiment le côté où tu vas décider par toi-même de prendre les responsabilités de toute ta vie. Que ce soit au niveau du temps, que ce soit au niveau de l'argent, que ce soit au niveau de tes clients avec qui tu as envie de travailler, comment tu as envie de travailler. Donc pour moi, en fait, c'est vraiment cette liberté de pouvoir choisir. Et donc,

  • Manon

    qu'est-ce que tu fais ? toi t'as choisi pour gérer ton entrepreneuriat et ta vie aujourd'hui ?

  • Anne So

    Aujourd'hui, j'ai choisi d'être sur plusieurs fronts, je dirais. J'aime beaucoup la photo, donc j'ai commencé par la photographie. J'ai commencé très tôt, à l'âge de 22 ans. Et puis après, j'ai dérivé un petit peu. Je suis arrivée sur tout ce qui était développement personnel, coaching personnel, tout ce qui va être énergie également. J'ai eu aussi l'opportunité de travailler avec une autre entreprise en partenariat où là j'ai vraiment appris les ficelles de la vente, du relationnel, etc. Et puis aujourd'hui je dirais qu'il y a aussi la danse. Donc le but vraiment aussi d'entrepreneuriat c'est de faire de ma vie l'espace où je me sens le plus en joie possible. Et pour moi, si tu n'as pas un travail dans lequel tu es joyeux, C'est compliqué de se lever le matin. Du coup,

  • Manon

    tu as quel âge et comment est-ce que tu as accumulé toutes ces compétences au cours de ces dernières années ?

  • Anne So

    Aujourd'hui, j'ai 31 ans. J'ai accumulé ces compétences via des stages, via certaines formations, via l'expérience personnelle. Et puis après, sur l'accompagnement des personnes, que ce soit aujourd'hui à travers la photo, la danse ou même le coaching, le but c'est vraiment de travailler sur... l'ensemble de la personnalité de la personne. C'est-à-dire que tout est lié. Donc ça peut être un problème au niveau du corps, ça peut être un problème d'estime de soi, ça peut être un problème professionnel. Et le but, c'est d'amener tout ça. Et tout ça, je l'ai acquis juste vraiment par l'expérience.

  • Manon

    Et donc pour revenir sur ton histoire, crise du Covid-19, qu'est-ce qui se passe à ce moment-là dans ta vie ?

  • Anne So

    Donc le premier confinement, je suis en partenariat avec cette entreprise. ça se passe on arrive à tout de suite passer en ligne il y a des choses on continue de travailler même si c'est très limité mais on est en équipe donc c'est beaucoup plus facile deuxième confinement la même chose donc ça va et troisième confinement là on se dit ok premier deuxième il s'est passé certaines choses les chiffres d'affaires n'ont pas été forcément au top pendant l'année 2020 2021 bon bah fin 2021 On se dit ok on met les choses en place et on y va quoi. Et là je joue gros, vraiment très gros. Et en fait on referme les portes et là il n'y a plus rien qui se passe. Donc ce moment là je dirais que ça a été le plus challengeant dans le sens où il a fallu vraiment puiser à l'intérieur de soi au niveau de ses ressources personnelles pour savoir en fait qu'est ce que je mets en place, là on est là, j'ai fait ça la dernière fois, qu'est ce qui a marché, qu'est ce qui n'a pas marché. Il y a toujours ce côté aussi dans l'entrepreneuriat où tu vas analyser selon les chiffres, selon les actions que tu as mis en place etc. Donc ça c'est cool. Mais faut pas que ça dure non plus trop longtemps quoi. À la sortie du Covid, il y a eu pas mal de choses qui se sont passées. Il y a eu une école de danse qui a été créée. On a commencé avec les masques. Mais tout ça, ça s'est passé. Ça a été. Mais ça a été, je dirais, quand même 4 ans, enfin 3 ans où c'était chaud quoi.

  • Manon

    Et après ça, l'entrepreneuriat pour toi s'est véritablement lancé et on arrive en 2024, le 13 mai 2024. Qu'est-ce qui se passe pour toi ? Où est-ce que tu en étais dans ta vie à ce moment-là ?

  • Anne So

    Donc à ce moment-là, j'accompagne en fait mon petit ami sur ses projets personnels également, notamment dans son entreprise. Et puis on est en train de répandre un appel d'offres pour Nouméa. Un appel d'offres qui va faire en sorte que son entreprise à lui va être... pérenne pendant quelques années. Donc on est à fond là dedans, on voit un petit peu tout ce qui se passe autour mais on se dit, on lâche pas, on continue, ça nous donne un objectif. Dans la semaine on se dit au final est-ce que ça vaut le coup de continuer ? Et en fait à un jour près de rendre l'appel d'offres on se dit ben... Non, on arrête, il y a eu trop de dégâts à ce moment-là, moralement ça va pas forcément fort, donc on se dit ok, on lâche, on lâche et puis on laisse aller, je dirais, et puis on voit ce qui se passe. Et donc à ce moment-là, on se dit aussi qu'on a envie de contribuer. Donc on y va, on va sur les barrages. On n'y reste pas trop longtemps parce qu'au final, il y a aussi ce souci en fait où les gens sont stressés, ils n'ont pas forcément beaucoup dormi. Et puis, il commence à y avoir des tensions entre les gens du quartier, tu vois. Et là, on se dit, bon, là, ce n'est pas forcément notre place à nous. Donc on a préféré s'isoler un peu plus, continuer à travailler sur nous, à faire en sorte que... Nous déjà on arrive à passer ce cap, que ce soit émotionnellement et puis je dirais même physiquement, parce que du coup on mange nos émotions, donc c'est un peu compliqué. Mais on se dit ok, quelques semaines après on s'y allait, c'est pas parce qu'il se passe tout ça qu'on ne doit pas continuer. Et pour moi, l'entrepreneuriat, c'est vraiment ça aussi, c'est pouvoir se relever, même peu importe les échecs. C'est se dire, ok, il y a eu ça, c'est pas parce qu'il y a eu ça que je ne peux pas continuer. Et donc, ça nous amène à s'ouvrir sur de nouveaux choix et à choisir des nouvelles choses aussi pour nous et pour les entreprises.

  • Manon

    Et donc, professionnellement, tu en es où à ce moment-là ?

  • Anne So

    À ce moment-là, j'ai quand même bien redémarré mon entreprise. J'ai une dizaine de cours particuliers. J'ai vendu beaucoup de shootings photos. C'est chouette, je suis en train de redémarrer aussi le coaching d'une manière différente. Donc il y a vraiment un essor qui est en train de se produire. Et pour moi, ce n'est pas vraiment négatif aussi ce qui est en train de se passer là. C'est-à-dire que le 13 mai, ok, il se passe ça. Puis en fait, c'est juste de se poser la question de pourquoi ça se passe. Est-ce que c'est vraiment là où mon âme aussi elle a envie d'aller ? Donc voilà, c'est juste une question en fait de se dire Ok, j'ai fait tout ça, c'est génial, je suis un peu triste parce que du coup t'as le côté Je vois plus mes élèves, t'as des élèves qui arrêtent, t'as des shootings où tu dois les avancer, faire en sorte que les gens soient heureux quand ils viennent devant la caméra et devant l'appareil photo. Mais en soi, c'est pas vraiment négatif. dans le sens où ça t'amène toi-même à te poser des questions sur toi, sur ta vie, sur ton entreprise, comment tu as envie de la développer. Et c'est un peu aussi la même chose que le Covid au final. Donc il y a eu aussi moins d'appréhension, disons, à travers l'entreprise, l'entrepreneuriat. Même si socialement, économiquement, tu te dis où est-ce qu'on va, il y a un truc derrière qui te dit, écoute, tu as vécu déjà trois Covid. en étant en entrepreneuriat. Donc forcément, ça va être simple. Là, tu vas pouvoir te relever. Tu as vécu ça, donc ça va aller.

  • Manon

    Quelle est ta réaction face à ce qui se passe dehors au moment du 13 mai 2024 et pendant les semaines qui s'ensuivent ?

  • Anne So

    C'est pas possible. Qu'est-ce qui est en train de se passer ? Qu'est-ce qu'ils sont en train de faire ? Vraiment, c'est vraiment ça, cette question de dire mais pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi il se passe ça ? Pourquoi ? Et en même temps, je comprends, tu vois. Après, tu te poses, tu te dis ok, comment ça se fait qu'il se passe ça ? Ah oui, ok, d'accord, je comprends. Mais c'est pas d'aujourd'hui. Tu vois, c'est pas d'aujourd'hui, moi j'ai grandi ici, j'ai été au collège de Rivière-Salée, j'ai été au lycée Petro-Attiti. Voilà, il y a ce côté où je comprends aussi l'autre, et notamment dans mon métier il vaut mieux comprendre l'autre si tu veux l'aider. Mais en même temps il y a ce pourquoi. Pourquoi t'as pas fait en sorte d'exprimer en fait ta colère, ton inquiétude, peu importe, autrement. Et je pense qu'à ce moment-là il y a aussi ce côté où tu te sens coupable. Tu te sens coupable d'une certaine manière, où tu te dis, putain, mais j'ai donné tellement, tellement de moi, avec l'énergie, avec le coaching, etc., que là, en fait, tu te dis, ça ne peut pas avancer. Donc, là, qu'est-ce qu'on fait ? Si tu n'as pas envie d'avancer, mais moi, j'ai envie que tu avances, en fait, déjà, rien que là, on ne peut pas se comprendre. Et puis, tu as ce côté aussi de dire... Je suis inquiète aussi parce que moi je suis en sécurité, mais ma famille elle est pas forcément en sécurité. Donc il y a tout ça aussi qui se passe à l'intérieur de soi, je me sens coupable de ne pas pouvoir être proche de ma famille. Et puis en fait, qu'est-ce qu'on va devenir ? Et puis si on est obligé de vivre ça pendant X années, comme ça s'est passé pendant les années 80, qu'est-ce qui se passe ? Donc c'est plus un état de questionnement à ce moment-là où on est vraiment dans le flou du pourquoi.

  • Manon

    Et à part ce sentiment de culpabilité, qu'est-ce que tu ressens en tant que Calédonienne justement ?

  • Anne So

    Je dirais qu'en tant que Calédonienne, tu veux toucher profond. En tant que Calédonienne, je pense que ça a été touché énormément de valeurs. Mais des valeurs que je crois que même... d'autres personnes ne connaissaient pas. Donc c'est intéressant aussi de voir ça, c'est-à-dire, tiens, j'avais cette valeur d'éducation, j'avais cette valeur familiale, du vivre ensemble, j'avais vraiment toutes ces valeurs-là. Et là, c'est comme si tout était détruit, en fait. Et c'est quelque chose d'inconscient, aussi, tu vois, à la base, comme je dis, moi, je savais que j'avais ces valeurs, mais aussi profondes, je ne pensais pas. Et donc là, ça va vraiment toucher quelque chose à l'intérieur de soi qui est de l'ordre, je dirais, du dégoût. Il y a toujours cette part de culpabilité, de dire mais pourquoi je ne l'ai pas vu avant ? Et puis cette part aussi de colère, que tu te dis ouais, je suis en colère en fait, parce que ça touche beaucoup de valeurs. Moi, je suis vraiment, tu sais, dans le côté plus tu vas te détacher aussi, de qui tu es réellement et plus tu vas pouvoir être ce que tu as envie d'être vraiment. Et donc dans ce côté-là, ben en fait tu traverses tout ce qu'il y a dans ton mental là qui était caché. Et là oui ça vient toucher profondément des valeurs calédoniennes, je pense des trucs aussi, de dire mais c'est ce que nos vieux ils ont construit et puis nous on est en train de tout gâcher quoi. Tu vois il y a vraiment ce truc de dire mais... C'est pas possible.

  • Manon

    L'autre jour, tu me parlais également de la symbolique du feu et de ce que les énergéticiens comme toi pouvaient ressentir par rapport à ce qui se passe aujourd'hui. Est-ce que tu peux un peu expliquer ça ?

  • Anne So

    Oui, alors, bon, ça, c'est pas venu tout de suite, hein, mais c'est après quand tu prends du recul. C'est vrai que sur la symbolique vraiment du feu, pour moi, le feu, c'est déjà ton feu intérieur. Ça va être aussi le feu de camp, le feu où on se rapproche, où on est là. Puis ça n'a pas forcément, dans certaines facettes, disons, de la symbolique du feu, c'est pas un côté destructeur. Et du coup, c'est dur à voir ça pour des personnes qui ont perdu leurs entreprises, qui ont... ben voilà, tout ça. Mais je pense qu'il y a vraiment ce côté où il y a le feu de joie aussi, tu vois. Et plus on fait un gros feu, et plus on est content, et plus on est joyeux. Mais ça c'est un côté du décor, puis après c'est à l'autre côté où en fait les gens sont attachés aux biens matériels, etc. Je pense que c'est une histoire de point de vue. Et puis après, c'est une histoire de qu'est-ce que ça fait réveiller chez toi aussi. Et comme je te disais la dernière fois, pour moi, de voir tout ce feu à l'extérieur, pour moi, c'est une invitation également à travailler notre feu intérieur. Mais pas le feu intérieur qui va te détruire, le feu intérieur qui va justement te permettre de rayonner et de faire en sorte que tu vas devenir magnétique pour tous tes projets, pour toutes tes choses qui vont se passer.

  • Manon

    Tu me parlais également de la schizophrénie calédonienne. Est-ce que tu souhaites en parler ?

  • Anne So

    La schizophrénie calédonienne. Ouais, alors ça c'est... C'est vrai que c'est un peu le côté... Je pense qu'en fait, il y a eu tellement d'idées qui ont été mises sur le tas en Calédonie. Alors je parle en Calédonie, mais je pense que c'est dans pas mal de pays également, où en fait, on ne sait plus qui on est vraiment. Et je pense qu'il y a aussi ça, c'est-à-dire que moi je suis calédonienne, j'ai mon papa qui est quand même métro. Dans ma famille, on est du côté de ma mère que des Calédoniens, on est descendant des Canarcosis. Et en fait, même dans notre famille, on est déjà divisé, c'est-à-dire qu'il y a des personnes qui sont pour la France et d'autres personnes qui vont être pour le côté canaqui et l'indépendance du pays. Quand tu vois ça déjà rien que dans ta propre famille, tu te dis, ouais, où est-ce qu'elle est ma place, et puis comment je dois me comporter. Et quand je parle de la schizophrénie, en fait, calédonienne, c'est de dire, bah en fait, on va jouer des rôles à chaque fois qu'on va être face à une personne, parce que quand tu vas être avec des canaques, tu vas te considérer comme, bah du coup, j'ai cette partie un peu canaque, donc du coup je me mets dans le côté canaque et je comprends ce qu'ils vivent, etc. Puis quand je suis avec des blancs, bah... Je me considère aussi comme une blanche parce que j'ai mon papa qui met trop, etc. Puis au final, tu ne sais jamais vraiment où tu es, tu vois. Et c'est ça que j'appelle un peu la schizophrénie calédonienne. Et je pense que d'autres personnes le diront aussi. C'est-à-dire que tu n'as pas vraiment ta place, que ce soit là ou là. On est tellement métissés actuellement, et même dans nos idées, que c'est compliqué de trouver la juste place.

  • Manon

    Comment ça va aujourd'hui ?

  • Anne So

    Je dirais qu'aujourd'hui ça va quand même mieux. J'ai pris pas mal de recul sur la situation, je sais où je vais, qu'est-ce que je vais faire, etc. Même si je pense que ça ne sera pas forcément un nouvel cahier de Nibs dans un premier temps. Dans le but c'est de continuer l'aventure entrepreneuriale. Et je pense qu'ici ça va être compliqué. Donc il y a un choix qui s'est fait de partir un petit peu de temps du pays, et puis aussi pour... prendre des formations, prendre de l'expérience aussi ailleurs, pour pouvoir revenir un peu plus solide, pour pouvoir justement reprendre cette reconstruction du pays, avec tous les acteurs économiques et sociaux. Et puis, j'ai coutume de dire que c'est nous qui créons notre réalité, et pas les événements extérieurs. Et c'est vrai qu'actuellement, même si on voit tout ça d'un point de vue économique et social, On voit que ça va être compliqué. Je pense que c'est aussi un travail de chacun de revenir en soi, de faire un certain travail intérieur, pour justement comprendre que tout ce qui a été mis là sur le plateau, c'est aussi en final un intérêt intérieur, une émotion qu'on n'a pas vraiment gérée. Et si on arrive à faire ça, je pense qu'économiquement et socialement ça ira mieux. Mais pour l'instant... ça va être un peu compliqué.

  • Manon

    Du coup, qu'est-ce que tu as appris de toi avec tout ce qui s'est passé là ?

  • Anne So

    Malgré les événements extérieurs, tu es toujours en vie. Tu es capable de survivre. C'est aussi qu'une histoire de point de vue, tout ce qui est en train de se passer à l'extérieur. Ça apprend aussi à connaître certaines valeurs que tu ne voyais pas, mais qui étaient vraiment enfouies. Ça... Apprend vraiment aussi à être résilient vis-à-vis des choses et à se dire ben c'est pas parce qu'il s'est passé tout ça que je vais mettre tout le monde dans le même sac, même si c'est très compliqué aujourd'hui. Et puis il y a aussi ce côté où t'apprends aussi que ben il n'y a jamais rien qui est parfait, il n'y a jamais rien qui est stable et que ben d'un point de vue, là pour le cours économique, on voit bien que notre économie n'était pas du tout stable. Et puis il y a ce côté où on était dans le déni, de dire non tout va bien, et puis au final non, tout va pas bien. Donc ouais, ça apprend tout ça, ça apprend à prendre vraiment du recul sur soi, sur les choses, sur comment tu vois aussi toute cette destruction matérielle. Est-ce que je la vois comme une œuvre d'art ? Parce que clairement, il y a des photographes aujourd'hui qui font des super photos. Est-ce que je la vois comme vraiment quelque chose qui a détruit des vies de famille, etc. ? Est-ce que je la vois comme... comme une personne vraiment qui est en colère et qui se dit mais c'est pas possible. Donc il y a tous ces points de vue en fait que je peux adopter. Et puis après je pense que c'est juste un choix de chacun. Donc moi je choisis de le voir comme ok c'est passé ça, sans point de vue, en essayant de pas trop porter de jugement, et en disant ok comment on reconsommer ensemble et comment on va se tenir main dans la main.

  • Manon

    Si tu as un mot pour la fin, et qu'est-ce que tu aurais envie de dire également aux gens qui se sentent comme toi ?

  • Anne So

    Que rien n'est impossible. Que de toute façon, ça dépend que de nous. Ça dépendra toujours que de nous. Du point de vue qu'on adopte, de ce qu'on choisit de ressentir également, même si on se dit souvent j'ai pas le choix etc. Je peux choisir mes émotions, je peux choisir où c'est que je vais, avec qui je vais, et comment j'y vais. Et ça, je pense que de toute façon, que tu sois salarié, entrepreneur, chômeur, maman au foyer, peu importe, tu as ce choix-là. Et puis, c'est aussi super cool de se dire qu'il s'est passé ça pour que des gens fassent vraiment le travail, en fait. Et peut-être qu'on aura des nouveaux métiers, des nouvelles choses. Super.

  • Manon

    Eh bien, merci beaucoup, Anne-Sophie, pour ce partage de témoignages.

  • Anne So

    Eh bien, merci à toi pour l'invitation.

  • Manon

    Merci d'avoir partagé avec nous ce moment et de nous avoir écouté tout au long de ce récit. À très bientôt pour un nouvel épisode de J'ai Coutume de Dire où d'autres voix et d'autres histoires viendront nous donner envie de nous réinventer et de réfléchir sur l'avenir. À très vite !

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