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Je suis migrant·e

L'exil dans le corps - 2ème partie

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25min |10/04/2025
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L'exil dans le corps - 2ème partie

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25min |10/04/2025
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Description

Ce 4ème épisode, en 2 volets, retrace le parcours de Fatimata et de son mari Mbemba.


Marié depuis peu, Mbemba fuit précipitamment la Guinée et laisse derrière lui sa jeune épouse Fatimata. Il ne se reverront pas avant huit ans. Dans un récit croisé, tous les deux reviennent sur l’histoire de leur corps menacé, leur corps soumis à la solitude et leur corps exploité dans le travail ou la société.



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    3,6% de la population mondiale n'habite pas dans son pays de naissance. De ce chiffre est née notre envie de raconter les histoires des migrations qui forgent cette réalité. Les parcours de celles et ceux qui souffrent de n'être que des statistiques. Je suis migrant leur rend la parole.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de frères de race, mais des frères dans le refus de n'être qu'un passant. Des frères... par l'art et par le chant, et l'énergie déployée chaque jour à tenir tête au néant. Frère de terre, Michel Baglan.

  • Speaker #2

    Moi, je m'appelle Kamara Mbemba, je viens de la Guinée-Conakry.

  • Speaker #0

    Je suis migrant, épisode 4, l'exil dans le corps, deuxième partie. Vous allez découvrir Mamba, le mari de Fatimata que vous avez entendu dans la première partie. Dans un récit croisé, tous les deux reviennent sur l'histoire de leur corps menacé, leur corps soumis à la solitude et leur corps exploité dans le travail ou la société. Pour une meilleure compréhension des propos qui vont suivre, ayez en tête qu'il arrive fréquemment que des pronoms soient utilisés dans le mauvais genre. Elle devient lui, et inversement. Mamba a 34 ans au moment de l'enregistrement. Il est arrivé seul en France en 2017. Et après huit longues années à vivre éloignés l'un de l'autre, lui à Limoges, elle à Sangoya, ils viennent de se retrouver.

  • Speaker #2

    Je suis content parce que ma femme est là à côté. Là maintenant, je ne me sens pas sûr. Si tu n'as pas un parent ou une famille, ce n'est pas facile. Tu vas venir dans un pays comme ça, quelqu'un va mettre confiance en toi, il va t'aider comme il faut, ce n'est pas facile. Tu te sens sûr de tout ce que tu fais. ça dépend de toi. Avec les amis, on se voit, mais il n'y a pas d'aide. C'est ça. On peut rigoler, on fait tout, mais pour dire que je vais t'aider ou bien quoi que ce soit, je vais te donner des idées pour que tu avances, non, non, non. Pour dire que toi aussi, pour que tu vas avoir tes papiers, non, non, non, on ne te donne pas. Mais quand même, si c'est l'un de leurs connaissances, l'un de leurs familles, ça ne peut pas être pareil. Non, non, non, on le met dans le bon chemin.

  • Speaker #0

    C'est donc seul que Memba organise l'avenue de Fatimata en France. Il part un temps en Allemagne pour aller travailler et réunir la somme nécessaire.

  • Speaker #2

    Quand j'ai gagné 3500 euros, j'ai ramené 3000 euros pour que ma femme soit là. Elle est venue de l'avion jusqu'en Tunisie. Après la Tunisie, elle a pris le bateau là-bas pour venir à

  • Speaker #3

    Lampedusa. Je suis venue en Tunisie. Mais tout ça, je parlais avec Mbemba. Même sa maman aussi ne savait pas. Tout ce qui est parrainé, je ne savais pas. La maman de Mbemba, son frère est décédé, son père est là-bas. Le même jour-là, je me suis profité. Je me suis cachée. C'est moi et Mbemba qui avons fait ça au téléphone, nous deux. Ce n'est pas facile pour traverser. Quoi ? Même si tu as l'âge, si tu n'as pas de visa, tu ne peux pas. L'eau, pour traverser, pour venir ici. On a fait deux jours de l'eau. Pour faire une traverse, on a fait deux jours. Il y avait un bâton. Lui, ils ont fait une naufrage. C'est le jour-là, je n'ai jamais vu quelqu'un mourir. C'est le jour-là que je connais, j'ai vu un enfant avec sa maman, lui en train d'envoyer le bébé. Le bébé est presque trois mois comme ça. J'ai pleuré. Mais quand toi aussi, dès que tu vas faire comme ça, on te... Tu ne parles pas, tu ne fais rien. Si tu montes au bâton, tu vas t'asseoir comme ça. Jusqu'à Italie. Dès que tu décolles là-bas, on va te jeter. On va te jeter. Tu vas perdre ta vie. Tu ne bois pas, tu as envie de rentrer aux toilettes. Tu fais tout ça là-bas, là où tu es assis.

  • Speaker #0

    Mamba a lui-même fait cette traversée quelques années auparavant. Un an et demi de voyage en tout, à travers le Mali, le Burkina, le Niger, la Libye et enfin l'Italie. Le désert nigérien, les prisons libyennes, la torture, Mounir nous en a déjà peint l'horreur dans le premier épisode « Je suis aussi Mounir » . Même si chaque histoire est singulière, vous n'entendrez donc pas ici le parcours de migration de Mamba dans son intégralité. Mais il revient sur ce qui a déclenché sa fuite de Guinée.

  • Speaker #2

    Quand j'étais en Guinée, je travaillais au port autonome de Conakry, j'étais comme chauffeur pour l'eau. On s'agirait des manchandises et puis on sort pour aller livrer. Sur la propriété des camions, ils mettaient des intermédiaires en cas de problème ou en cas de manque de carburant ou quoi que ce soit. Nous, on ne voit pas le patron, on voit direct les intermédiaires. C'est eux qui m'ont aidé à avoir ce travail. Avant de commencer le travail, ils m'ont expliqué beaucoup de choses. Ils vont me payer, mais je vais leur donner leur part d'abord, avant que je commence à toucher pour moi. C'est qui nous surveille. C'est eux qui nous donnaient des ordres. Qu'est-ce qu'ils voulaient en fait, c'est de voler le massandise. Ils nous faisaient sortir dans le port, on garde le camion, et ils viennent, ils diminuent le massandise. Moi je n'acceptais pas. Moi je voulais voir le patron. Ils pensaient que quand je vais aller voir le patron, c'était pour aller salir leur nom. Ils ont fait un coup contre moi pour me faire quitter au travail. Pour avoir du travail, ce n'est pas facile, même si tu as ton métier. Donc du coup, j'ai pris le courage de travailler avec eux, en m'insultant, en me minimisant. Ils ont donné des ordres à des gens qui voulaient me faire du mal. dans le port parce que moi tous leurs secrets je détenais dans mon téléphone donc ils se sont mis un coup contre moi en me frappant en me perçant avec le couteau je suis allé chez moi et ma

  • Speaker #3

    mère m'a donné un peu d'argent d'aller au pays voisin de chez nous à Bamako au Mali entre moi et Mbimbaka même au pays c'était bien seulement il avait eu un problème Il a disparu au pays pour venir ici maintenant. Moi, j'ai fait couture. J'étais au travail. Il a duré le jour pour rentrer. Je me suis inquiétée. Je ne dors pas. Je ne mange pas. On faisait les sacrifices. Nous, on a peur que peut-être il est décédé. On m'avait dit que mon mari a laissé l'eau. C'est les avions qui sont venus pour le sauver maintenant. Ses amis disaient que son mari est mort. Ton mari est mort, ton mari est mort. Elle a pris le téléphone pour m'appeler. Je suis en vie. Je suis contente le jour-là.

  • Speaker #0

    Quand Fatimata reçoit cet appel, Mamba a déjà rejoint l'Europe. Il parle français, donc son choix s'est tout naturellement porté sur la France et dans un premier temps sur Paris.

  • Speaker #2

    Il y a un monsieur aussi qui est venu me voir. Il m'a dit... Ici, il ne faut pas chercher à rester ici. Ici, c'est Grand Paris. Ici, c'est une grande ville. Donc, ça va être dur pour toi pour avoir un hébergement ou quoi que ce soit. Donc, il faut chercher à aller dans les petites villes. Là, tu pourras faire tes documents là-bas. Ils m'ont donné les noms, Bordeaux, Limoges et Angoulême. Quand je pars là-bas, ça pourrait aller avec des associations et tout. J'ai dit d'accord et j'ai pris la route de Limoges. Quand je suis à la gare, je ne connaissais personne. J'ai dormi là-bas, devant la gare, après le matin, je suis parti aux 5-15, j'ai fait 7 jours là-bas, je dormais là-bas, le matin on sort et la nuit on revient. J'ai vu un musicien qui passait avec un instrument qui moi aussi je jouais. Quand j'ai vu l'instrument là, ça m'a fait beaucoup rappel. Je me suis présenté, je joue l'instrument là, moi aussi je suis musicien, mais je ne connais personne. Pour faire la connaissance avec des gens, c'est grâce à ce monsieur Issa, c'est un Sénégalais. Il joue souvent pour la mairie, dans les écoles. pour les handicapés et faire des animations pour eux. Il avait un courant, il m'a donné ça et je l'accompagne partout maintenant. J'ai eu maintenant le courage d'aller faire ma demande parce qu'on ne pouvait pas rester sans un séjour ni rien. Donc je suis allé faire ma demande d'asile.

  • Speaker #0

    Comme Mamba a donné ses empreintes en Italie, sa demande d'asile relève de l'État italien. C'est la procédure du Blanc. Il est donc sommé par l'État français d'y retourner et se retrouve sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français. Exécutable pendant 18 mois à l'époque. Aujourd'hui, ce serait trois ans.

  • Speaker #2

    La police est venue me chercher en me disant qu'il fallait que je retourne en Italie. Je ne pouvais pas me retourner en Italie. Je ne connais personne là-bas. J'avais eu peur pour les enduits avec la police, donc je suis allé me cacher à Clermont-Ferrand, où il y a beaucoup de médecins que je connais là-bas aussi. Je faisais la musique avec eux, en travaillant dans les restos du cœur et secours. catholique. Après les 1 an 6 mois, je me suis retourné à Limoges. Je suis allé encore faire une demande. Ils m'ont donné une procédure normale mais accélérée. Je n'ai touché rien. Je n'ai pas droit à un hébergement. On ne me paye pas ni rien. Je suis allé à Ofra. Ils m'ont donné des négatifs encore. J'étais parti au syndicat mais j'étais dehors. Donc l'histoire que je vais aller raconter, comment je vais boucher, comment je vais travailler dans mon histoire, comment je vais... Je n'ai pas fait parce que je n'ai pas eu le temps de le faire. Tu dors ici aujourd'hui, le lendemain, la propriétaire ferme la porte et tu es dehors, tu ne peux pas faire tout ça dehors aussi. En ce moment, le seul souci que tu as, c'est de chercher là où tu dors d'abord. pour que ta tête soit tranquille et de trouver de quoi manger. Donc le reste tu peux oublier même si tu avais envie de faire quelque chose, tu ne peux pas le faire parce que avec les soucis ça ne pouvait pas. C'est un des uns qui m'a donné négatif, et m'a donné qui-t-il. Là ça m'a beaucoup pris la tête, je ne savais pas où aller, j'avais des soucis, qu'est-ce que je vais faire maintenant pour rester en France. Quand j'ai rencontré mon histoire à Lofra et au CNDH, ils n'étaient pas tellement d'accord parce qu'il n'y avait pas de preuve. Ils voulaient voir les documents qui montraient que je travaillais au port autonome. Je ne savais pas aussi que là-bas, ils vont me demander ces documents, ces documents. Et puis, quand ils m'ont demandé ça, ça m'a beaucoup choqué parce que moi, je sais que tous les documents-là se trouvent chez moi. Parce que j'ai une attestation qui prouve que je travaille là-bas. C'est avec moi maintenant. J'avais tous les documents, mais eux voulaient voir ça le jour de mon rendez-vous. J'ai fait une demande réexamen de mon asile. Donc j'attends la réponse. Mon intention, je ne vais pas quitter quand même la France. Même si vous me faites tourner, tourner, mais quand même, je sais que ça va aller. Ça va aller avec le courage. Ça va aller. Pour le moment, je n'ai pas peur parce que je suis dans la procédure. de mon acide réexamen actuellement. Je n'ai pas peur et je n'ai pas de kit-tiaf. Quand tu as un kit-tiaf et que la police te prend, c'est un peu dangereux. Donc, tu peux terminer dans le centre de réintention. Donc, c'est tout ce que j'ai évité. J'ai une pièce d'entité avec moi. Ils ne me contrôlent pas beaucoup, mais tu ne peux pas rester dans un pays sans une pièce d'entité. C'est quand même risquant, même à part de la police. Si quelque chose peut m'arriver à quelque part. Personne ne connaît qui je suis, je n'ai pas une pièce d'identité, où j'habite, personne ne peut connaître ça. Donc ça aussi c'est inquiétant. Quand tu es en Afrique, tu ne peux pas découvrir tout ça. Tu ne peux pas connaître toutes les souffrances qu'on a entendues. Quand j'étais en Afrique, non, je n'ai jamais appris ça. Tout le monde se comprend, tu vas vers l'Europe. Donc, il n'y a pas de difficulté en Europe. Quand les gens même te voient, tout le monde a envie d'être comme toi. Oui, mais personne ne va dire que l'Europe est difficile, il y a ça. Non, non, non. Personne ne va te donner des conseils. Vous dites qu'il ne faut pas venir. Même si tu donnes maintenant des conseils, il y en a qui vont penser peut-être que toi tu es déjà rentré. Tu ne veux pas qu'ils viennent, donc ils ne vont pas écouter les conseils.

  • Speaker #1

    L'exil est rond, un cercle, un anneau. Tes pieds en font le tour. Tu traverses la terre, et ce n'est pas ta terre. Le jour t'éveille, et ce n'est pas le tien. La nuit arrive, il manque tes étoiles. Tu te trouves des frères, mais ce n'est pas ton sang. Tu es comme un fantôme qui rougit, de ne pas aimer plus ceux qui t'aiment si fort. Et n'est-il pas vraiment étrange que te manquent les épines ennemies de la patrie, l'âpre détresse de ton peuple, les ennuis qui t'attendent, qui te montreront les dents dès le seuil de la porte.

  • Speaker #2

    Portes,

  • Speaker #1

    exil, Pablo Neruda, mémorial de l'île noire.

  • Speaker #0

    Pendant que Mbemba se démène pour régulariser sa présence en France, son absence qui se prolonge commence à être perçue comme un abandon de sa famille.

  • Speaker #3

    Ma famille comme Mbemba disparaît pour venir ici. Ils ont dit que je vais prendre un mari maintenant. J'ai dit non. Moi et mon mari, on n'est pas. pas divorcée. Donc moi encore j'ai dit mon mari il m'a rien fait du tout. Pour le moment il y a une difficulté pour mon mari. C'est pas à cause de ça que je veux quitter d'elle. Tu sais Mbemba, c'est un homme qui peut garder une femme, vraiment. Malgré lui il n'a pas de papiers. Parce qu'il y a des femmes si un homme n'a pas de papiers, ils vont quitter. Lui n'a rien mais il m'a beaucoup soutenu. Je ne sais même pas comment je vais le remercier. On a fait presque huit ans. Moi et mon mari on n'a pas su voir mais on parlait au téléphone quand même. C'était compliqué parce que huit ans ça c'est pas un jour, c'est pas une semaine, c'est pas un mois. Nos deux billes, on ne parlait pas au téléphone. On en fait presque un an. Mais tu sais rien. Seulement, si je parle avec lui, il va dire que ma femme ici, c'est pas facile. Si tu dis à quelqu'un que c'est pas facile, c'est une grande parole. C'est une grande parole chez nous, en Afrique. La personne qui a la mentalité normale, il va connaître que oui, ça ne va pas du tout.

  • Speaker #0

    Et ce qui ne va vraiment pas pour Mbemba, c'est l'extrême difficulté à trouver du travail. Quand il y parvient... En travaillant comme saisonnier au ramassage des pommes ou comme agent de sécurité affecté au contrôle des passes sanitaires pendant l'épidémie de coronavirus, il n'est pas au bout de ses mésaventures.

  • Speaker #2

    Je travaille avec le papier de quelqu'un parce que mon papier d'asile ne pouvait pas travailler là-bas. Aujourd'hui même, j'étais avec un frère qui m'a donné ce papier. Je suis allé faire un CV à son nom parce que lui a ce papier. Je vais aller chercher dans les antéribles. Comme ça, si je trouve, moi je peux aller. Je ne peux pas rester toute l'année comme ça sans rien faire. Il y a des antépices qui ne vont pas s'éprimer. Il y a des antépices comme les pommes. Ils ne peuvent pas réfléchir parce qu'ils savent que ce n'est pas tout le monde qui peut aller faire le travail. Ils veulent juste que le travail soit fait. Sinon, ils sont au courant, ça fait des années. Et même, ils embauchent des gens par la connaissance. Comme exemple, les gens qui travaillent dans les machines, chez eux là-bas, aux pommes, qui ont tellement duré là-bas, ils peuvent emmener des gens, même s'ils ne tapent pas de papier, ils peuvent s'embaucher. C'est rare de voir quelqu'un qui a ses papiers, il va travailler au peuple, c'est rare. Ils vont dire qu'ils ne font pas ça, ça c'est un travail d'esclavage. Parce que nous qui sommes arrivés, on a le courage, on peut faire n'importe quel travail pour s'en sortir. Ils nous donnent même leurs papiers d'aller travailler parce que c'est bon pour eux. Parce que le chômage, c'est les arranges. S'ils ont la pitié de toi, ils vont prendre 300 euros chaque mois que tu travailles. Il y en a même qui bloquent tout. Tu ne touches pas ton argent. Ça m'a beaucoup découragé aussi pour le travail en Bretagne. Là-bas aussi, on a travaillé. On était devant un hôpital là-bas. Au moment du coronavirus, avant de rentrer à l'hôpital, nous, on était à la porte. Quand tu viens, avec ton papier, on a le téléphone. On va. Si c'est valable, tu rentres. Si ce n'est pas valable, tu ne rentres pas. On travaillait, mais on n'était pas payés. Le monsieur, il gagne beaucoup sur nous, c'est un Sénégalais. Quand on nous paye 2300 et lui, il nous donne 600 euros, donc on lui a dit de mettre un peu quand même, on met 800 euros, c'est bon. Mais il n'a pas pu faire et puis même les 600 euros là aussi, il ne te donne pas direct, il te donne 150, 200, 250 en disant qu'il voit son compte est bloqué, il ne peut pas sortir tout. Je pensais que oui, avec mon métier, ça pouvait aller. Même si j'allais refaire une formation. Mais avec mon métier, j'étais tellement content pour ça. Pour le chauffeur de camion, j'ai mon permis avec moi. Je pensais que ça allait aller. Après un an, deux ans, je me suis dit peut-être, je vais attendre encore voir. Je vois rien n'échange, rien ne va. Donc, ça m'a beaucoup étonné. Il y a une dame qui voulait m'aider au niveau des camions là. Donc, le patron là aussi, il voulait tellement m'aider. Mais finalement, ça n'a pas été. Pour faire la formation-là aussi, j'ai pas les papiers, il faut que je pèche. Comme mon poids lourd, c'est très cher, donc je suis obligé de rester jusqu'à avoir mes papiers, et puis je vais le refaire.

  • Speaker #0

    Si Mbemba s'accroche à son projet, c'est parce que de lui dépend aussi une fillette de 7 ans restée au pays.

  • Speaker #3

    J'avais pris la grossesse une fois, j'avais perdu ça pour Mbemba. Le deuxième, j'avais pris ça derrière Mbemba. appelé. Mais quand même, elle a accepté. Elle a accepté le bébé tout, tout, tout. Le bébé a grandi avec moi. C'est pas moi, c'est pas lui aussi. Je suis un enfant. Je ne peux pas rester comme ça jusqu'à 1, en 2, en 3, en 4, en 5, en 6, en 7, en 8 ans, comme ça, tu vois. Je vais trouver un enfant maintenant. Mais elle a accepté. Elle a dit tout ce que tu fais derrière moi, il faut que j'accepte. Parce que Ce n'était pas ma volonté. Sinon, si j'étais là-bas, tu ne peux pas faire ça. Mais comme Mbemba a quitté, c'est pour cela qu'elle accepte le bébé maintenant.

  • Speaker #2

    Mon fils est avec ma mère. C'est ma mère qui s'occupe de tout là-bas. Et moi, si je gagne un peu, j'envoie ma mère pour son école et pour son habillement. Je lui donne du courage. Il n'y a pas qu'elle va écouter les gens dans les quartiers. Ton père est en Europe, ça fait des années, il ne fait rien pour toi, donc je l'encourage. Je viens de lui envoyer une tablette. Quand il quitte l'école, il y a quelqu'un qui lui donne le cours chez nous encore. Elle n'a pas de soucis au niveau de ça. Si je gagne, je ne peux pas garder ça avec moi. Je ramène tout ce que je gagne, je les donne. Et tous, ils savent quand même que je n'ai pas mes papiers, donc je les ai tous dit. Ma fille, quand même, je ne l'ai pas dit, mais tous mes frères, mon père et ma mère sont au courant. Je leur ai dit qu'ici, si tu n'as pas tes papiers, tu n'as rien. Donc, c'est comme ça, on a le temps de vivre pour l'instant.

  • Speaker #0

    Chaque mois, Memba verse 20 euros pour les frais de scolarité de sa fille, mais ne pourrait pour l'instant pas subvenir à ses besoins ici en France.

  • Speaker #3

    Bon, pour le moment, mon mari n'a pas le 7 mois. S'il avait deux mois pour venir, il va venir. Sur le moment, j'ai parlé avec lui une seule fois. Une seule fois depuis que je suis venue ici. L'inquiète.

  • Speaker #0

    Et si Fatimata se plaît à imaginer sa future famille avec trois enfants, elle voudrait leur donner tout l'amour qu'elle-même n'a pas reçu. et une instruction qui s'est limitée pour elle à l'école coranique.

  • Speaker #3

    Parce que moi, le souffrance que j'ai, je ne veux pas que mon enfant aussi va vivre ça. Parce que moi, mon papa, il a pris trois ou quatre femmes. Des fois, vous allez manger, des fois, vous ne mangez pas. Si toutes les femmes qui sont au pays là-bas, elles sont venues ici, ce n'est pas la même chose. Et si on prend soin d'une femme, Mais chez nous, c'est toi qui vas faire tout. Comme Bémba, si elle était européenne, elle va prendre pour le moment trois femmes, quatre femmes. Mais ici, on ne peut pas prendre deux femmes. Ici, c'est une seule femme. Ici, c'est bon. Je suis contente même. Comme je suis là, mon mari ne peut plus. Si c'était européen, je connais. Je connais les gens. Sûrement, c'est les Blancs qui sont changés. Ils sont d'habitude de prendre une seule femme. Oui, j'aime ça. Avec les blancs. Je donne là-bas 200%. Vraiment. Sinon, nous, les hommes africains, ils vont torturer leurs femmes. Ils vont torturer très, très fort. Comme mon papa. Moi, j'ai pris le bon bien, Bimba. C'est Bimba qui a pris moi la main de mon papa. Sinon, pour moi, c'était fini. C'était fini.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, presque un an après ces enregistrements, Fatimata et Mamba vont plutôt bien et vivent ensemble chez un ami qui les héberge. Ils ont eu un fils, pour lequel ils ont déposé une demande d'asile. Leurs propres démarches n'ont malheureusement pas connu d'avancée heureuse et ils sont toujours sans papier. Mamba ne travaille pas, Fatimata continue à se rendre deux fois par mois à l'hôpital pour son traitement contre la tuberculose. À cause de cela, elle ne peut pas aller têter. Ils espèrent encore trouver une solution pour faire venir leur fille en France et la soustraire à l'excision souhaitée par ses grands-parents paternels en Guinée, des parents que Mamba espère revoir avant leur mort, un pays où il se voit revenir finir ses jours.

  • Speaker #4

    Les rumeurs de bataille, les accords de mitrailleux Les violons de la peur qui font graisser le cœur Les caboules dans la nuit accompagnées de fris De familles séparées de leurs fils bien-aimés Toi qui traînes ta vie et ton bal du pays Le long de ces hivers tellement loin du land d'Ain. Reveniras-tu là-bas chanter la libère ?

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter Je suis migrant, une série documentaire indépendante. Merci à Mamba et à Fatimata qui ont bien voulu nous partager leur récit de vie et leur récit de migration. Et merci à vous pour votre écoute.

  • Speaker #4

    Que chantent à nouveau les espoirs de ton île ?

Description

Ce 4ème épisode, en 2 volets, retrace le parcours de Fatimata et de son mari Mbemba.


Marié depuis peu, Mbemba fuit précipitamment la Guinée et laisse derrière lui sa jeune épouse Fatimata. Il ne se reverront pas avant huit ans. Dans un récit croisé, tous les deux reviennent sur l’histoire de leur corps menacé, leur corps soumis à la solitude et leur corps exploité dans le travail ou la société.



📖 SOURCES :



🎵 MUSIQUES :



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Pour nous contacter : jesuismigrant@protonmail.com | Instagram : jesuismigrant.podcast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    3,6% de la population mondiale n'habite pas dans son pays de naissance. De ce chiffre est née notre envie de raconter les histoires des migrations qui forgent cette réalité. Les parcours de celles et ceux qui souffrent de n'être que des statistiques. Je suis migrant leur rend la parole.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de frères de race, mais des frères dans le refus de n'être qu'un passant. Des frères... par l'art et par le chant, et l'énergie déployée chaque jour à tenir tête au néant. Frère de terre, Michel Baglan.

  • Speaker #2

    Moi, je m'appelle Kamara Mbemba, je viens de la Guinée-Conakry.

  • Speaker #0

    Je suis migrant, épisode 4, l'exil dans le corps, deuxième partie. Vous allez découvrir Mamba, le mari de Fatimata que vous avez entendu dans la première partie. Dans un récit croisé, tous les deux reviennent sur l'histoire de leur corps menacé, leur corps soumis à la solitude et leur corps exploité dans le travail ou la société. Pour une meilleure compréhension des propos qui vont suivre, ayez en tête qu'il arrive fréquemment que des pronoms soient utilisés dans le mauvais genre. Elle devient lui, et inversement. Mamba a 34 ans au moment de l'enregistrement. Il est arrivé seul en France en 2017. Et après huit longues années à vivre éloignés l'un de l'autre, lui à Limoges, elle à Sangoya, ils viennent de se retrouver.

  • Speaker #2

    Je suis content parce que ma femme est là à côté. Là maintenant, je ne me sens pas sûr. Si tu n'as pas un parent ou une famille, ce n'est pas facile. Tu vas venir dans un pays comme ça, quelqu'un va mettre confiance en toi, il va t'aider comme il faut, ce n'est pas facile. Tu te sens sûr de tout ce que tu fais. ça dépend de toi. Avec les amis, on se voit, mais il n'y a pas d'aide. C'est ça. On peut rigoler, on fait tout, mais pour dire que je vais t'aider ou bien quoi que ce soit, je vais te donner des idées pour que tu avances, non, non, non. Pour dire que toi aussi, pour que tu vas avoir tes papiers, non, non, non, on ne te donne pas. Mais quand même, si c'est l'un de leurs connaissances, l'un de leurs familles, ça ne peut pas être pareil. Non, non, non, on le met dans le bon chemin.

  • Speaker #0

    C'est donc seul que Memba organise l'avenue de Fatimata en France. Il part un temps en Allemagne pour aller travailler et réunir la somme nécessaire.

  • Speaker #2

    Quand j'ai gagné 3500 euros, j'ai ramené 3000 euros pour que ma femme soit là. Elle est venue de l'avion jusqu'en Tunisie. Après la Tunisie, elle a pris le bateau là-bas pour venir à

  • Speaker #3

    Lampedusa. Je suis venue en Tunisie. Mais tout ça, je parlais avec Mbemba. Même sa maman aussi ne savait pas. Tout ce qui est parrainé, je ne savais pas. La maman de Mbemba, son frère est décédé, son père est là-bas. Le même jour-là, je me suis profité. Je me suis cachée. C'est moi et Mbemba qui avons fait ça au téléphone, nous deux. Ce n'est pas facile pour traverser. Quoi ? Même si tu as l'âge, si tu n'as pas de visa, tu ne peux pas. L'eau, pour traverser, pour venir ici. On a fait deux jours de l'eau. Pour faire une traverse, on a fait deux jours. Il y avait un bâton. Lui, ils ont fait une naufrage. C'est le jour-là, je n'ai jamais vu quelqu'un mourir. C'est le jour-là que je connais, j'ai vu un enfant avec sa maman, lui en train d'envoyer le bébé. Le bébé est presque trois mois comme ça. J'ai pleuré. Mais quand toi aussi, dès que tu vas faire comme ça, on te... Tu ne parles pas, tu ne fais rien. Si tu montes au bâton, tu vas t'asseoir comme ça. Jusqu'à Italie. Dès que tu décolles là-bas, on va te jeter. On va te jeter. Tu vas perdre ta vie. Tu ne bois pas, tu as envie de rentrer aux toilettes. Tu fais tout ça là-bas, là où tu es assis.

  • Speaker #0

    Mamba a lui-même fait cette traversée quelques années auparavant. Un an et demi de voyage en tout, à travers le Mali, le Burkina, le Niger, la Libye et enfin l'Italie. Le désert nigérien, les prisons libyennes, la torture, Mounir nous en a déjà peint l'horreur dans le premier épisode « Je suis aussi Mounir » . Même si chaque histoire est singulière, vous n'entendrez donc pas ici le parcours de migration de Mamba dans son intégralité. Mais il revient sur ce qui a déclenché sa fuite de Guinée.

  • Speaker #2

    Quand j'étais en Guinée, je travaillais au port autonome de Conakry, j'étais comme chauffeur pour l'eau. On s'agirait des manchandises et puis on sort pour aller livrer. Sur la propriété des camions, ils mettaient des intermédiaires en cas de problème ou en cas de manque de carburant ou quoi que ce soit. Nous, on ne voit pas le patron, on voit direct les intermédiaires. C'est eux qui m'ont aidé à avoir ce travail. Avant de commencer le travail, ils m'ont expliqué beaucoup de choses. Ils vont me payer, mais je vais leur donner leur part d'abord, avant que je commence à toucher pour moi. C'est qui nous surveille. C'est eux qui nous donnaient des ordres. Qu'est-ce qu'ils voulaient en fait, c'est de voler le massandise. Ils nous faisaient sortir dans le port, on garde le camion, et ils viennent, ils diminuent le massandise. Moi je n'acceptais pas. Moi je voulais voir le patron. Ils pensaient que quand je vais aller voir le patron, c'était pour aller salir leur nom. Ils ont fait un coup contre moi pour me faire quitter au travail. Pour avoir du travail, ce n'est pas facile, même si tu as ton métier. Donc du coup, j'ai pris le courage de travailler avec eux, en m'insultant, en me minimisant. Ils ont donné des ordres à des gens qui voulaient me faire du mal. dans le port parce que moi tous leurs secrets je détenais dans mon téléphone donc ils se sont mis un coup contre moi en me frappant en me perçant avec le couteau je suis allé chez moi et ma

  • Speaker #3

    mère m'a donné un peu d'argent d'aller au pays voisin de chez nous à Bamako au Mali entre moi et Mbimbaka même au pays c'était bien seulement il avait eu un problème Il a disparu au pays pour venir ici maintenant. Moi, j'ai fait couture. J'étais au travail. Il a duré le jour pour rentrer. Je me suis inquiétée. Je ne dors pas. Je ne mange pas. On faisait les sacrifices. Nous, on a peur que peut-être il est décédé. On m'avait dit que mon mari a laissé l'eau. C'est les avions qui sont venus pour le sauver maintenant. Ses amis disaient que son mari est mort. Ton mari est mort, ton mari est mort. Elle a pris le téléphone pour m'appeler. Je suis en vie. Je suis contente le jour-là.

  • Speaker #0

    Quand Fatimata reçoit cet appel, Mamba a déjà rejoint l'Europe. Il parle français, donc son choix s'est tout naturellement porté sur la France et dans un premier temps sur Paris.

  • Speaker #2

    Il y a un monsieur aussi qui est venu me voir. Il m'a dit... Ici, il ne faut pas chercher à rester ici. Ici, c'est Grand Paris. Ici, c'est une grande ville. Donc, ça va être dur pour toi pour avoir un hébergement ou quoi que ce soit. Donc, il faut chercher à aller dans les petites villes. Là, tu pourras faire tes documents là-bas. Ils m'ont donné les noms, Bordeaux, Limoges et Angoulême. Quand je pars là-bas, ça pourrait aller avec des associations et tout. J'ai dit d'accord et j'ai pris la route de Limoges. Quand je suis à la gare, je ne connaissais personne. J'ai dormi là-bas, devant la gare, après le matin, je suis parti aux 5-15, j'ai fait 7 jours là-bas, je dormais là-bas, le matin on sort et la nuit on revient. J'ai vu un musicien qui passait avec un instrument qui moi aussi je jouais. Quand j'ai vu l'instrument là, ça m'a fait beaucoup rappel. Je me suis présenté, je joue l'instrument là, moi aussi je suis musicien, mais je ne connais personne. Pour faire la connaissance avec des gens, c'est grâce à ce monsieur Issa, c'est un Sénégalais. Il joue souvent pour la mairie, dans les écoles. pour les handicapés et faire des animations pour eux. Il avait un courant, il m'a donné ça et je l'accompagne partout maintenant. J'ai eu maintenant le courage d'aller faire ma demande parce qu'on ne pouvait pas rester sans un séjour ni rien. Donc je suis allé faire ma demande d'asile.

  • Speaker #0

    Comme Mamba a donné ses empreintes en Italie, sa demande d'asile relève de l'État italien. C'est la procédure du Blanc. Il est donc sommé par l'État français d'y retourner et se retrouve sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français. Exécutable pendant 18 mois à l'époque. Aujourd'hui, ce serait trois ans.

  • Speaker #2

    La police est venue me chercher en me disant qu'il fallait que je retourne en Italie. Je ne pouvais pas me retourner en Italie. Je ne connais personne là-bas. J'avais eu peur pour les enduits avec la police, donc je suis allé me cacher à Clermont-Ferrand, où il y a beaucoup de médecins que je connais là-bas aussi. Je faisais la musique avec eux, en travaillant dans les restos du cœur et secours. catholique. Après les 1 an 6 mois, je me suis retourné à Limoges. Je suis allé encore faire une demande. Ils m'ont donné une procédure normale mais accélérée. Je n'ai touché rien. Je n'ai pas droit à un hébergement. On ne me paye pas ni rien. Je suis allé à Ofra. Ils m'ont donné des négatifs encore. J'étais parti au syndicat mais j'étais dehors. Donc l'histoire que je vais aller raconter, comment je vais boucher, comment je vais travailler dans mon histoire, comment je vais... Je n'ai pas fait parce que je n'ai pas eu le temps de le faire. Tu dors ici aujourd'hui, le lendemain, la propriétaire ferme la porte et tu es dehors, tu ne peux pas faire tout ça dehors aussi. En ce moment, le seul souci que tu as, c'est de chercher là où tu dors d'abord. pour que ta tête soit tranquille et de trouver de quoi manger. Donc le reste tu peux oublier même si tu avais envie de faire quelque chose, tu ne peux pas le faire parce que avec les soucis ça ne pouvait pas. C'est un des uns qui m'a donné négatif, et m'a donné qui-t-il. Là ça m'a beaucoup pris la tête, je ne savais pas où aller, j'avais des soucis, qu'est-ce que je vais faire maintenant pour rester en France. Quand j'ai rencontré mon histoire à Lofra et au CNDH, ils n'étaient pas tellement d'accord parce qu'il n'y avait pas de preuve. Ils voulaient voir les documents qui montraient que je travaillais au port autonome. Je ne savais pas aussi que là-bas, ils vont me demander ces documents, ces documents. Et puis, quand ils m'ont demandé ça, ça m'a beaucoup choqué parce que moi, je sais que tous les documents-là se trouvent chez moi. Parce que j'ai une attestation qui prouve que je travaille là-bas. C'est avec moi maintenant. J'avais tous les documents, mais eux voulaient voir ça le jour de mon rendez-vous. J'ai fait une demande réexamen de mon asile. Donc j'attends la réponse. Mon intention, je ne vais pas quitter quand même la France. Même si vous me faites tourner, tourner, mais quand même, je sais que ça va aller. Ça va aller avec le courage. Ça va aller. Pour le moment, je n'ai pas peur parce que je suis dans la procédure. de mon acide réexamen actuellement. Je n'ai pas peur et je n'ai pas de kit-tiaf. Quand tu as un kit-tiaf et que la police te prend, c'est un peu dangereux. Donc, tu peux terminer dans le centre de réintention. Donc, c'est tout ce que j'ai évité. J'ai une pièce d'entité avec moi. Ils ne me contrôlent pas beaucoup, mais tu ne peux pas rester dans un pays sans une pièce d'entité. C'est quand même risquant, même à part de la police. Si quelque chose peut m'arriver à quelque part. Personne ne connaît qui je suis, je n'ai pas une pièce d'identité, où j'habite, personne ne peut connaître ça. Donc ça aussi c'est inquiétant. Quand tu es en Afrique, tu ne peux pas découvrir tout ça. Tu ne peux pas connaître toutes les souffrances qu'on a entendues. Quand j'étais en Afrique, non, je n'ai jamais appris ça. Tout le monde se comprend, tu vas vers l'Europe. Donc, il n'y a pas de difficulté en Europe. Quand les gens même te voient, tout le monde a envie d'être comme toi. Oui, mais personne ne va dire que l'Europe est difficile, il y a ça. Non, non, non. Personne ne va te donner des conseils. Vous dites qu'il ne faut pas venir. Même si tu donnes maintenant des conseils, il y en a qui vont penser peut-être que toi tu es déjà rentré. Tu ne veux pas qu'ils viennent, donc ils ne vont pas écouter les conseils.

  • Speaker #1

    L'exil est rond, un cercle, un anneau. Tes pieds en font le tour. Tu traverses la terre, et ce n'est pas ta terre. Le jour t'éveille, et ce n'est pas le tien. La nuit arrive, il manque tes étoiles. Tu te trouves des frères, mais ce n'est pas ton sang. Tu es comme un fantôme qui rougit, de ne pas aimer plus ceux qui t'aiment si fort. Et n'est-il pas vraiment étrange que te manquent les épines ennemies de la patrie, l'âpre détresse de ton peuple, les ennuis qui t'attendent, qui te montreront les dents dès le seuil de la porte.

  • Speaker #2

    Portes,

  • Speaker #1

    exil, Pablo Neruda, mémorial de l'île noire.

  • Speaker #0

    Pendant que Mbemba se démène pour régulariser sa présence en France, son absence qui se prolonge commence à être perçue comme un abandon de sa famille.

  • Speaker #3

    Ma famille comme Mbemba disparaît pour venir ici. Ils ont dit que je vais prendre un mari maintenant. J'ai dit non. Moi et mon mari, on n'est pas. pas divorcée. Donc moi encore j'ai dit mon mari il m'a rien fait du tout. Pour le moment il y a une difficulté pour mon mari. C'est pas à cause de ça que je veux quitter d'elle. Tu sais Mbemba, c'est un homme qui peut garder une femme, vraiment. Malgré lui il n'a pas de papiers. Parce qu'il y a des femmes si un homme n'a pas de papiers, ils vont quitter. Lui n'a rien mais il m'a beaucoup soutenu. Je ne sais même pas comment je vais le remercier. On a fait presque huit ans. Moi et mon mari on n'a pas su voir mais on parlait au téléphone quand même. C'était compliqué parce que huit ans ça c'est pas un jour, c'est pas une semaine, c'est pas un mois. Nos deux billes, on ne parlait pas au téléphone. On en fait presque un an. Mais tu sais rien. Seulement, si je parle avec lui, il va dire que ma femme ici, c'est pas facile. Si tu dis à quelqu'un que c'est pas facile, c'est une grande parole. C'est une grande parole chez nous, en Afrique. La personne qui a la mentalité normale, il va connaître que oui, ça ne va pas du tout.

  • Speaker #0

    Et ce qui ne va vraiment pas pour Mbemba, c'est l'extrême difficulté à trouver du travail. Quand il y parvient... En travaillant comme saisonnier au ramassage des pommes ou comme agent de sécurité affecté au contrôle des passes sanitaires pendant l'épidémie de coronavirus, il n'est pas au bout de ses mésaventures.

  • Speaker #2

    Je travaille avec le papier de quelqu'un parce que mon papier d'asile ne pouvait pas travailler là-bas. Aujourd'hui même, j'étais avec un frère qui m'a donné ce papier. Je suis allé faire un CV à son nom parce que lui a ce papier. Je vais aller chercher dans les antéribles. Comme ça, si je trouve, moi je peux aller. Je ne peux pas rester toute l'année comme ça sans rien faire. Il y a des antépices qui ne vont pas s'éprimer. Il y a des antépices comme les pommes. Ils ne peuvent pas réfléchir parce qu'ils savent que ce n'est pas tout le monde qui peut aller faire le travail. Ils veulent juste que le travail soit fait. Sinon, ils sont au courant, ça fait des années. Et même, ils embauchent des gens par la connaissance. Comme exemple, les gens qui travaillent dans les machines, chez eux là-bas, aux pommes, qui ont tellement duré là-bas, ils peuvent emmener des gens, même s'ils ne tapent pas de papier, ils peuvent s'embaucher. C'est rare de voir quelqu'un qui a ses papiers, il va travailler au peuple, c'est rare. Ils vont dire qu'ils ne font pas ça, ça c'est un travail d'esclavage. Parce que nous qui sommes arrivés, on a le courage, on peut faire n'importe quel travail pour s'en sortir. Ils nous donnent même leurs papiers d'aller travailler parce que c'est bon pour eux. Parce que le chômage, c'est les arranges. S'ils ont la pitié de toi, ils vont prendre 300 euros chaque mois que tu travailles. Il y en a même qui bloquent tout. Tu ne touches pas ton argent. Ça m'a beaucoup découragé aussi pour le travail en Bretagne. Là-bas aussi, on a travaillé. On était devant un hôpital là-bas. Au moment du coronavirus, avant de rentrer à l'hôpital, nous, on était à la porte. Quand tu viens, avec ton papier, on a le téléphone. On va. Si c'est valable, tu rentres. Si ce n'est pas valable, tu ne rentres pas. On travaillait, mais on n'était pas payés. Le monsieur, il gagne beaucoup sur nous, c'est un Sénégalais. Quand on nous paye 2300 et lui, il nous donne 600 euros, donc on lui a dit de mettre un peu quand même, on met 800 euros, c'est bon. Mais il n'a pas pu faire et puis même les 600 euros là aussi, il ne te donne pas direct, il te donne 150, 200, 250 en disant qu'il voit son compte est bloqué, il ne peut pas sortir tout. Je pensais que oui, avec mon métier, ça pouvait aller. Même si j'allais refaire une formation. Mais avec mon métier, j'étais tellement content pour ça. Pour le chauffeur de camion, j'ai mon permis avec moi. Je pensais que ça allait aller. Après un an, deux ans, je me suis dit peut-être, je vais attendre encore voir. Je vois rien n'échange, rien ne va. Donc, ça m'a beaucoup étonné. Il y a une dame qui voulait m'aider au niveau des camions là. Donc, le patron là aussi, il voulait tellement m'aider. Mais finalement, ça n'a pas été. Pour faire la formation-là aussi, j'ai pas les papiers, il faut que je pèche. Comme mon poids lourd, c'est très cher, donc je suis obligé de rester jusqu'à avoir mes papiers, et puis je vais le refaire.

  • Speaker #0

    Si Mbemba s'accroche à son projet, c'est parce que de lui dépend aussi une fillette de 7 ans restée au pays.

  • Speaker #3

    J'avais pris la grossesse une fois, j'avais perdu ça pour Mbemba. Le deuxième, j'avais pris ça derrière Mbemba. appelé. Mais quand même, elle a accepté. Elle a accepté le bébé tout, tout, tout. Le bébé a grandi avec moi. C'est pas moi, c'est pas lui aussi. Je suis un enfant. Je ne peux pas rester comme ça jusqu'à 1, en 2, en 3, en 4, en 5, en 6, en 7, en 8 ans, comme ça, tu vois. Je vais trouver un enfant maintenant. Mais elle a accepté. Elle a dit tout ce que tu fais derrière moi, il faut que j'accepte. Parce que Ce n'était pas ma volonté. Sinon, si j'étais là-bas, tu ne peux pas faire ça. Mais comme Mbemba a quitté, c'est pour cela qu'elle accepte le bébé maintenant.

  • Speaker #2

    Mon fils est avec ma mère. C'est ma mère qui s'occupe de tout là-bas. Et moi, si je gagne un peu, j'envoie ma mère pour son école et pour son habillement. Je lui donne du courage. Il n'y a pas qu'elle va écouter les gens dans les quartiers. Ton père est en Europe, ça fait des années, il ne fait rien pour toi, donc je l'encourage. Je viens de lui envoyer une tablette. Quand il quitte l'école, il y a quelqu'un qui lui donne le cours chez nous encore. Elle n'a pas de soucis au niveau de ça. Si je gagne, je ne peux pas garder ça avec moi. Je ramène tout ce que je gagne, je les donne. Et tous, ils savent quand même que je n'ai pas mes papiers, donc je les ai tous dit. Ma fille, quand même, je ne l'ai pas dit, mais tous mes frères, mon père et ma mère sont au courant. Je leur ai dit qu'ici, si tu n'as pas tes papiers, tu n'as rien. Donc, c'est comme ça, on a le temps de vivre pour l'instant.

  • Speaker #0

    Chaque mois, Memba verse 20 euros pour les frais de scolarité de sa fille, mais ne pourrait pour l'instant pas subvenir à ses besoins ici en France.

  • Speaker #3

    Bon, pour le moment, mon mari n'a pas le 7 mois. S'il avait deux mois pour venir, il va venir. Sur le moment, j'ai parlé avec lui une seule fois. Une seule fois depuis que je suis venue ici. L'inquiète.

  • Speaker #0

    Et si Fatimata se plaît à imaginer sa future famille avec trois enfants, elle voudrait leur donner tout l'amour qu'elle-même n'a pas reçu. et une instruction qui s'est limitée pour elle à l'école coranique.

  • Speaker #3

    Parce que moi, le souffrance que j'ai, je ne veux pas que mon enfant aussi va vivre ça. Parce que moi, mon papa, il a pris trois ou quatre femmes. Des fois, vous allez manger, des fois, vous ne mangez pas. Si toutes les femmes qui sont au pays là-bas, elles sont venues ici, ce n'est pas la même chose. Et si on prend soin d'une femme, Mais chez nous, c'est toi qui vas faire tout. Comme Bémba, si elle était européenne, elle va prendre pour le moment trois femmes, quatre femmes. Mais ici, on ne peut pas prendre deux femmes. Ici, c'est une seule femme. Ici, c'est bon. Je suis contente même. Comme je suis là, mon mari ne peut plus. Si c'était européen, je connais. Je connais les gens. Sûrement, c'est les Blancs qui sont changés. Ils sont d'habitude de prendre une seule femme. Oui, j'aime ça. Avec les blancs. Je donne là-bas 200%. Vraiment. Sinon, nous, les hommes africains, ils vont torturer leurs femmes. Ils vont torturer très, très fort. Comme mon papa. Moi, j'ai pris le bon bien, Bimba. C'est Bimba qui a pris moi la main de mon papa. Sinon, pour moi, c'était fini. C'était fini.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, presque un an après ces enregistrements, Fatimata et Mamba vont plutôt bien et vivent ensemble chez un ami qui les héberge. Ils ont eu un fils, pour lequel ils ont déposé une demande d'asile. Leurs propres démarches n'ont malheureusement pas connu d'avancée heureuse et ils sont toujours sans papier. Mamba ne travaille pas, Fatimata continue à se rendre deux fois par mois à l'hôpital pour son traitement contre la tuberculose. À cause de cela, elle ne peut pas aller têter. Ils espèrent encore trouver une solution pour faire venir leur fille en France et la soustraire à l'excision souhaitée par ses grands-parents paternels en Guinée, des parents que Mamba espère revoir avant leur mort, un pays où il se voit revenir finir ses jours.

  • Speaker #4

    Les rumeurs de bataille, les accords de mitrailleux Les violons de la peur qui font graisser le cœur Les caboules dans la nuit accompagnées de fris De familles séparées de leurs fils bien-aimés Toi qui traînes ta vie et ton bal du pays Le long de ces hivers tellement loin du land d'Ain. Reveniras-tu là-bas chanter la libère ?

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter Je suis migrant, une série documentaire indépendante. Merci à Mamba et à Fatimata qui ont bien voulu nous partager leur récit de vie et leur récit de migration. Et merci à vous pour votre écoute.

  • Speaker #4

    Que chantent à nouveau les espoirs de ton île ?

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Description

Ce 4ème épisode, en 2 volets, retrace le parcours de Fatimata et de son mari Mbemba.


Marié depuis peu, Mbemba fuit précipitamment la Guinée et laisse derrière lui sa jeune épouse Fatimata. Il ne se reverront pas avant huit ans. Dans un récit croisé, tous les deux reviennent sur l’histoire de leur corps menacé, leur corps soumis à la solitude et leur corps exploité dans le travail ou la société.



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Pour nous contacter : jesuismigrant@protonmail.com | Instagram : jesuismigrant.podcast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    3,6% de la population mondiale n'habite pas dans son pays de naissance. De ce chiffre est née notre envie de raconter les histoires des migrations qui forgent cette réalité. Les parcours de celles et ceux qui souffrent de n'être que des statistiques. Je suis migrant leur rend la parole.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de frères de race, mais des frères dans le refus de n'être qu'un passant. Des frères... par l'art et par le chant, et l'énergie déployée chaque jour à tenir tête au néant. Frère de terre, Michel Baglan.

  • Speaker #2

    Moi, je m'appelle Kamara Mbemba, je viens de la Guinée-Conakry.

  • Speaker #0

    Je suis migrant, épisode 4, l'exil dans le corps, deuxième partie. Vous allez découvrir Mamba, le mari de Fatimata que vous avez entendu dans la première partie. Dans un récit croisé, tous les deux reviennent sur l'histoire de leur corps menacé, leur corps soumis à la solitude et leur corps exploité dans le travail ou la société. Pour une meilleure compréhension des propos qui vont suivre, ayez en tête qu'il arrive fréquemment que des pronoms soient utilisés dans le mauvais genre. Elle devient lui, et inversement. Mamba a 34 ans au moment de l'enregistrement. Il est arrivé seul en France en 2017. Et après huit longues années à vivre éloignés l'un de l'autre, lui à Limoges, elle à Sangoya, ils viennent de se retrouver.

  • Speaker #2

    Je suis content parce que ma femme est là à côté. Là maintenant, je ne me sens pas sûr. Si tu n'as pas un parent ou une famille, ce n'est pas facile. Tu vas venir dans un pays comme ça, quelqu'un va mettre confiance en toi, il va t'aider comme il faut, ce n'est pas facile. Tu te sens sûr de tout ce que tu fais. ça dépend de toi. Avec les amis, on se voit, mais il n'y a pas d'aide. C'est ça. On peut rigoler, on fait tout, mais pour dire que je vais t'aider ou bien quoi que ce soit, je vais te donner des idées pour que tu avances, non, non, non. Pour dire que toi aussi, pour que tu vas avoir tes papiers, non, non, non, on ne te donne pas. Mais quand même, si c'est l'un de leurs connaissances, l'un de leurs familles, ça ne peut pas être pareil. Non, non, non, on le met dans le bon chemin.

  • Speaker #0

    C'est donc seul que Memba organise l'avenue de Fatimata en France. Il part un temps en Allemagne pour aller travailler et réunir la somme nécessaire.

  • Speaker #2

    Quand j'ai gagné 3500 euros, j'ai ramené 3000 euros pour que ma femme soit là. Elle est venue de l'avion jusqu'en Tunisie. Après la Tunisie, elle a pris le bateau là-bas pour venir à

  • Speaker #3

    Lampedusa. Je suis venue en Tunisie. Mais tout ça, je parlais avec Mbemba. Même sa maman aussi ne savait pas. Tout ce qui est parrainé, je ne savais pas. La maman de Mbemba, son frère est décédé, son père est là-bas. Le même jour-là, je me suis profité. Je me suis cachée. C'est moi et Mbemba qui avons fait ça au téléphone, nous deux. Ce n'est pas facile pour traverser. Quoi ? Même si tu as l'âge, si tu n'as pas de visa, tu ne peux pas. L'eau, pour traverser, pour venir ici. On a fait deux jours de l'eau. Pour faire une traverse, on a fait deux jours. Il y avait un bâton. Lui, ils ont fait une naufrage. C'est le jour-là, je n'ai jamais vu quelqu'un mourir. C'est le jour-là que je connais, j'ai vu un enfant avec sa maman, lui en train d'envoyer le bébé. Le bébé est presque trois mois comme ça. J'ai pleuré. Mais quand toi aussi, dès que tu vas faire comme ça, on te... Tu ne parles pas, tu ne fais rien. Si tu montes au bâton, tu vas t'asseoir comme ça. Jusqu'à Italie. Dès que tu décolles là-bas, on va te jeter. On va te jeter. Tu vas perdre ta vie. Tu ne bois pas, tu as envie de rentrer aux toilettes. Tu fais tout ça là-bas, là où tu es assis.

  • Speaker #0

    Mamba a lui-même fait cette traversée quelques années auparavant. Un an et demi de voyage en tout, à travers le Mali, le Burkina, le Niger, la Libye et enfin l'Italie. Le désert nigérien, les prisons libyennes, la torture, Mounir nous en a déjà peint l'horreur dans le premier épisode « Je suis aussi Mounir » . Même si chaque histoire est singulière, vous n'entendrez donc pas ici le parcours de migration de Mamba dans son intégralité. Mais il revient sur ce qui a déclenché sa fuite de Guinée.

  • Speaker #2

    Quand j'étais en Guinée, je travaillais au port autonome de Conakry, j'étais comme chauffeur pour l'eau. On s'agirait des manchandises et puis on sort pour aller livrer. Sur la propriété des camions, ils mettaient des intermédiaires en cas de problème ou en cas de manque de carburant ou quoi que ce soit. Nous, on ne voit pas le patron, on voit direct les intermédiaires. C'est eux qui m'ont aidé à avoir ce travail. Avant de commencer le travail, ils m'ont expliqué beaucoup de choses. Ils vont me payer, mais je vais leur donner leur part d'abord, avant que je commence à toucher pour moi. C'est qui nous surveille. C'est eux qui nous donnaient des ordres. Qu'est-ce qu'ils voulaient en fait, c'est de voler le massandise. Ils nous faisaient sortir dans le port, on garde le camion, et ils viennent, ils diminuent le massandise. Moi je n'acceptais pas. Moi je voulais voir le patron. Ils pensaient que quand je vais aller voir le patron, c'était pour aller salir leur nom. Ils ont fait un coup contre moi pour me faire quitter au travail. Pour avoir du travail, ce n'est pas facile, même si tu as ton métier. Donc du coup, j'ai pris le courage de travailler avec eux, en m'insultant, en me minimisant. Ils ont donné des ordres à des gens qui voulaient me faire du mal. dans le port parce que moi tous leurs secrets je détenais dans mon téléphone donc ils se sont mis un coup contre moi en me frappant en me perçant avec le couteau je suis allé chez moi et ma

  • Speaker #3

    mère m'a donné un peu d'argent d'aller au pays voisin de chez nous à Bamako au Mali entre moi et Mbimbaka même au pays c'était bien seulement il avait eu un problème Il a disparu au pays pour venir ici maintenant. Moi, j'ai fait couture. J'étais au travail. Il a duré le jour pour rentrer. Je me suis inquiétée. Je ne dors pas. Je ne mange pas. On faisait les sacrifices. Nous, on a peur que peut-être il est décédé. On m'avait dit que mon mari a laissé l'eau. C'est les avions qui sont venus pour le sauver maintenant. Ses amis disaient que son mari est mort. Ton mari est mort, ton mari est mort. Elle a pris le téléphone pour m'appeler. Je suis en vie. Je suis contente le jour-là.

  • Speaker #0

    Quand Fatimata reçoit cet appel, Mamba a déjà rejoint l'Europe. Il parle français, donc son choix s'est tout naturellement porté sur la France et dans un premier temps sur Paris.

  • Speaker #2

    Il y a un monsieur aussi qui est venu me voir. Il m'a dit... Ici, il ne faut pas chercher à rester ici. Ici, c'est Grand Paris. Ici, c'est une grande ville. Donc, ça va être dur pour toi pour avoir un hébergement ou quoi que ce soit. Donc, il faut chercher à aller dans les petites villes. Là, tu pourras faire tes documents là-bas. Ils m'ont donné les noms, Bordeaux, Limoges et Angoulême. Quand je pars là-bas, ça pourrait aller avec des associations et tout. J'ai dit d'accord et j'ai pris la route de Limoges. Quand je suis à la gare, je ne connaissais personne. J'ai dormi là-bas, devant la gare, après le matin, je suis parti aux 5-15, j'ai fait 7 jours là-bas, je dormais là-bas, le matin on sort et la nuit on revient. J'ai vu un musicien qui passait avec un instrument qui moi aussi je jouais. Quand j'ai vu l'instrument là, ça m'a fait beaucoup rappel. Je me suis présenté, je joue l'instrument là, moi aussi je suis musicien, mais je ne connais personne. Pour faire la connaissance avec des gens, c'est grâce à ce monsieur Issa, c'est un Sénégalais. Il joue souvent pour la mairie, dans les écoles. pour les handicapés et faire des animations pour eux. Il avait un courant, il m'a donné ça et je l'accompagne partout maintenant. J'ai eu maintenant le courage d'aller faire ma demande parce qu'on ne pouvait pas rester sans un séjour ni rien. Donc je suis allé faire ma demande d'asile.

  • Speaker #0

    Comme Mamba a donné ses empreintes en Italie, sa demande d'asile relève de l'État italien. C'est la procédure du Blanc. Il est donc sommé par l'État français d'y retourner et se retrouve sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français. Exécutable pendant 18 mois à l'époque. Aujourd'hui, ce serait trois ans.

  • Speaker #2

    La police est venue me chercher en me disant qu'il fallait que je retourne en Italie. Je ne pouvais pas me retourner en Italie. Je ne connais personne là-bas. J'avais eu peur pour les enduits avec la police, donc je suis allé me cacher à Clermont-Ferrand, où il y a beaucoup de médecins que je connais là-bas aussi. Je faisais la musique avec eux, en travaillant dans les restos du cœur et secours. catholique. Après les 1 an 6 mois, je me suis retourné à Limoges. Je suis allé encore faire une demande. Ils m'ont donné une procédure normale mais accélérée. Je n'ai touché rien. Je n'ai pas droit à un hébergement. On ne me paye pas ni rien. Je suis allé à Ofra. Ils m'ont donné des négatifs encore. J'étais parti au syndicat mais j'étais dehors. Donc l'histoire que je vais aller raconter, comment je vais boucher, comment je vais travailler dans mon histoire, comment je vais... Je n'ai pas fait parce que je n'ai pas eu le temps de le faire. Tu dors ici aujourd'hui, le lendemain, la propriétaire ferme la porte et tu es dehors, tu ne peux pas faire tout ça dehors aussi. En ce moment, le seul souci que tu as, c'est de chercher là où tu dors d'abord. pour que ta tête soit tranquille et de trouver de quoi manger. Donc le reste tu peux oublier même si tu avais envie de faire quelque chose, tu ne peux pas le faire parce que avec les soucis ça ne pouvait pas. C'est un des uns qui m'a donné négatif, et m'a donné qui-t-il. Là ça m'a beaucoup pris la tête, je ne savais pas où aller, j'avais des soucis, qu'est-ce que je vais faire maintenant pour rester en France. Quand j'ai rencontré mon histoire à Lofra et au CNDH, ils n'étaient pas tellement d'accord parce qu'il n'y avait pas de preuve. Ils voulaient voir les documents qui montraient que je travaillais au port autonome. Je ne savais pas aussi que là-bas, ils vont me demander ces documents, ces documents. Et puis, quand ils m'ont demandé ça, ça m'a beaucoup choqué parce que moi, je sais que tous les documents-là se trouvent chez moi. Parce que j'ai une attestation qui prouve que je travaille là-bas. C'est avec moi maintenant. J'avais tous les documents, mais eux voulaient voir ça le jour de mon rendez-vous. J'ai fait une demande réexamen de mon asile. Donc j'attends la réponse. Mon intention, je ne vais pas quitter quand même la France. Même si vous me faites tourner, tourner, mais quand même, je sais que ça va aller. Ça va aller avec le courage. Ça va aller. Pour le moment, je n'ai pas peur parce que je suis dans la procédure. de mon acide réexamen actuellement. Je n'ai pas peur et je n'ai pas de kit-tiaf. Quand tu as un kit-tiaf et que la police te prend, c'est un peu dangereux. Donc, tu peux terminer dans le centre de réintention. Donc, c'est tout ce que j'ai évité. J'ai une pièce d'entité avec moi. Ils ne me contrôlent pas beaucoup, mais tu ne peux pas rester dans un pays sans une pièce d'entité. C'est quand même risquant, même à part de la police. Si quelque chose peut m'arriver à quelque part. Personne ne connaît qui je suis, je n'ai pas une pièce d'identité, où j'habite, personne ne peut connaître ça. Donc ça aussi c'est inquiétant. Quand tu es en Afrique, tu ne peux pas découvrir tout ça. Tu ne peux pas connaître toutes les souffrances qu'on a entendues. Quand j'étais en Afrique, non, je n'ai jamais appris ça. Tout le monde se comprend, tu vas vers l'Europe. Donc, il n'y a pas de difficulté en Europe. Quand les gens même te voient, tout le monde a envie d'être comme toi. Oui, mais personne ne va dire que l'Europe est difficile, il y a ça. Non, non, non. Personne ne va te donner des conseils. Vous dites qu'il ne faut pas venir. Même si tu donnes maintenant des conseils, il y en a qui vont penser peut-être que toi tu es déjà rentré. Tu ne veux pas qu'ils viennent, donc ils ne vont pas écouter les conseils.

  • Speaker #1

    L'exil est rond, un cercle, un anneau. Tes pieds en font le tour. Tu traverses la terre, et ce n'est pas ta terre. Le jour t'éveille, et ce n'est pas le tien. La nuit arrive, il manque tes étoiles. Tu te trouves des frères, mais ce n'est pas ton sang. Tu es comme un fantôme qui rougit, de ne pas aimer plus ceux qui t'aiment si fort. Et n'est-il pas vraiment étrange que te manquent les épines ennemies de la patrie, l'âpre détresse de ton peuple, les ennuis qui t'attendent, qui te montreront les dents dès le seuil de la porte.

  • Speaker #2

    Portes,

  • Speaker #1

    exil, Pablo Neruda, mémorial de l'île noire.

  • Speaker #0

    Pendant que Mbemba se démène pour régulariser sa présence en France, son absence qui se prolonge commence à être perçue comme un abandon de sa famille.

  • Speaker #3

    Ma famille comme Mbemba disparaît pour venir ici. Ils ont dit que je vais prendre un mari maintenant. J'ai dit non. Moi et mon mari, on n'est pas. pas divorcée. Donc moi encore j'ai dit mon mari il m'a rien fait du tout. Pour le moment il y a une difficulté pour mon mari. C'est pas à cause de ça que je veux quitter d'elle. Tu sais Mbemba, c'est un homme qui peut garder une femme, vraiment. Malgré lui il n'a pas de papiers. Parce qu'il y a des femmes si un homme n'a pas de papiers, ils vont quitter. Lui n'a rien mais il m'a beaucoup soutenu. Je ne sais même pas comment je vais le remercier. On a fait presque huit ans. Moi et mon mari on n'a pas su voir mais on parlait au téléphone quand même. C'était compliqué parce que huit ans ça c'est pas un jour, c'est pas une semaine, c'est pas un mois. Nos deux billes, on ne parlait pas au téléphone. On en fait presque un an. Mais tu sais rien. Seulement, si je parle avec lui, il va dire que ma femme ici, c'est pas facile. Si tu dis à quelqu'un que c'est pas facile, c'est une grande parole. C'est une grande parole chez nous, en Afrique. La personne qui a la mentalité normale, il va connaître que oui, ça ne va pas du tout.

  • Speaker #0

    Et ce qui ne va vraiment pas pour Mbemba, c'est l'extrême difficulté à trouver du travail. Quand il y parvient... En travaillant comme saisonnier au ramassage des pommes ou comme agent de sécurité affecté au contrôle des passes sanitaires pendant l'épidémie de coronavirus, il n'est pas au bout de ses mésaventures.

  • Speaker #2

    Je travaille avec le papier de quelqu'un parce que mon papier d'asile ne pouvait pas travailler là-bas. Aujourd'hui même, j'étais avec un frère qui m'a donné ce papier. Je suis allé faire un CV à son nom parce que lui a ce papier. Je vais aller chercher dans les antéribles. Comme ça, si je trouve, moi je peux aller. Je ne peux pas rester toute l'année comme ça sans rien faire. Il y a des antépices qui ne vont pas s'éprimer. Il y a des antépices comme les pommes. Ils ne peuvent pas réfléchir parce qu'ils savent que ce n'est pas tout le monde qui peut aller faire le travail. Ils veulent juste que le travail soit fait. Sinon, ils sont au courant, ça fait des années. Et même, ils embauchent des gens par la connaissance. Comme exemple, les gens qui travaillent dans les machines, chez eux là-bas, aux pommes, qui ont tellement duré là-bas, ils peuvent emmener des gens, même s'ils ne tapent pas de papier, ils peuvent s'embaucher. C'est rare de voir quelqu'un qui a ses papiers, il va travailler au peuple, c'est rare. Ils vont dire qu'ils ne font pas ça, ça c'est un travail d'esclavage. Parce que nous qui sommes arrivés, on a le courage, on peut faire n'importe quel travail pour s'en sortir. Ils nous donnent même leurs papiers d'aller travailler parce que c'est bon pour eux. Parce que le chômage, c'est les arranges. S'ils ont la pitié de toi, ils vont prendre 300 euros chaque mois que tu travailles. Il y en a même qui bloquent tout. Tu ne touches pas ton argent. Ça m'a beaucoup découragé aussi pour le travail en Bretagne. Là-bas aussi, on a travaillé. On était devant un hôpital là-bas. Au moment du coronavirus, avant de rentrer à l'hôpital, nous, on était à la porte. Quand tu viens, avec ton papier, on a le téléphone. On va. Si c'est valable, tu rentres. Si ce n'est pas valable, tu ne rentres pas. On travaillait, mais on n'était pas payés. Le monsieur, il gagne beaucoup sur nous, c'est un Sénégalais. Quand on nous paye 2300 et lui, il nous donne 600 euros, donc on lui a dit de mettre un peu quand même, on met 800 euros, c'est bon. Mais il n'a pas pu faire et puis même les 600 euros là aussi, il ne te donne pas direct, il te donne 150, 200, 250 en disant qu'il voit son compte est bloqué, il ne peut pas sortir tout. Je pensais que oui, avec mon métier, ça pouvait aller. Même si j'allais refaire une formation. Mais avec mon métier, j'étais tellement content pour ça. Pour le chauffeur de camion, j'ai mon permis avec moi. Je pensais que ça allait aller. Après un an, deux ans, je me suis dit peut-être, je vais attendre encore voir. Je vois rien n'échange, rien ne va. Donc, ça m'a beaucoup étonné. Il y a une dame qui voulait m'aider au niveau des camions là. Donc, le patron là aussi, il voulait tellement m'aider. Mais finalement, ça n'a pas été. Pour faire la formation-là aussi, j'ai pas les papiers, il faut que je pèche. Comme mon poids lourd, c'est très cher, donc je suis obligé de rester jusqu'à avoir mes papiers, et puis je vais le refaire.

  • Speaker #0

    Si Mbemba s'accroche à son projet, c'est parce que de lui dépend aussi une fillette de 7 ans restée au pays.

  • Speaker #3

    J'avais pris la grossesse une fois, j'avais perdu ça pour Mbemba. Le deuxième, j'avais pris ça derrière Mbemba. appelé. Mais quand même, elle a accepté. Elle a accepté le bébé tout, tout, tout. Le bébé a grandi avec moi. C'est pas moi, c'est pas lui aussi. Je suis un enfant. Je ne peux pas rester comme ça jusqu'à 1, en 2, en 3, en 4, en 5, en 6, en 7, en 8 ans, comme ça, tu vois. Je vais trouver un enfant maintenant. Mais elle a accepté. Elle a dit tout ce que tu fais derrière moi, il faut que j'accepte. Parce que Ce n'était pas ma volonté. Sinon, si j'étais là-bas, tu ne peux pas faire ça. Mais comme Mbemba a quitté, c'est pour cela qu'elle accepte le bébé maintenant.

  • Speaker #2

    Mon fils est avec ma mère. C'est ma mère qui s'occupe de tout là-bas. Et moi, si je gagne un peu, j'envoie ma mère pour son école et pour son habillement. Je lui donne du courage. Il n'y a pas qu'elle va écouter les gens dans les quartiers. Ton père est en Europe, ça fait des années, il ne fait rien pour toi, donc je l'encourage. Je viens de lui envoyer une tablette. Quand il quitte l'école, il y a quelqu'un qui lui donne le cours chez nous encore. Elle n'a pas de soucis au niveau de ça. Si je gagne, je ne peux pas garder ça avec moi. Je ramène tout ce que je gagne, je les donne. Et tous, ils savent quand même que je n'ai pas mes papiers, donc je les ai tous dit. Ma fille, quand même, je ne l'ai pas dit, mais tous mes frères, mon père et ma mère sont au courant. Je leur ai dit qu'ici, si tu n'as pas tes papiers, tu n'as rien. Donc, c'est comme ça, on a le temps de vivre pour l'instant.

  • Speaker #0

    Chaque mois, Memba verse 20 euros pour les frais de scolarité de sa fille, mais ne pourrait pour l'instant pas subvenir à ses besoins ici en France.

  • Speaker #3

    Bon, pour le moment, mon mari n'a pas le 7 mois. S'il avait deux mois pour venir, il va venir. Sur le moment, j'ai parlé avec lui une seule fois. Une seule fois depuis que je suis venue ici. L'inquiète.

  • Speaker #0

    Et si Fatimata se plaît à imaginer sa future famille avec trois enfants, elle voudrait leur donner tout l'amour qu'elle-même n'a pas reçu. et une instruction qui s'est limitée pour elle à l'école coranique.

  • Speaker #3

    Parce que moi, le souffrance que j'ai, je ne veux pas que mon enfant aussi va vivre ça. Parce que moi, mon papa, il a pris trois ou quatre femmes. Des fois, vous allez manger, des fois, vous ne mangez pas. Si toutes les femmes qui sont au pays là-bas, elles sont venues ici, ce n'est pas la même chose. Et si on prend soin d'une femme, Mais chez nous, c'est toi qui vas faire tout. Comme Bémba, si elle était européenne, elle va prendre pour le moment trois femmes, quatre femmes. Mais ici, on ne peut pas prendre deux femmes. Ici, c'est une seule femme. Ici, c'est bon. Je suis contente même. Comme je suis là, mon mari ne peut plus. Si c'était européen, je connais. Je connais les gens. Sûrement, c'est les Blancs qui sont changés. Ils sont d'habitude de prendre une seule femme. Oui, j'aime ça. Avec les blancs. Je donne là-bas 200%. Vraiment. Sinon, nous, les hommes africains, ils vont torturer leurs femmes. Ils vont torturer très, très fort. Comme mon papa. Moi, j'ai pris le bon bien, Bimba. C'est Bimba qui a pris moi la main de mon papa. Sinon, pour moi, c'était fini. C'était fini.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, presque un an après ces enregistrements, Fatimata et Mamba vont plutôt bien et vivent ensemble chez un ami qui les héberge. Ils ont eu un fils, pour lequel ils ont déposé une demande d'asile. Leurs propres démarches n'ont malheureusement pas connu d'avancée heureuse et ils sont toujours sans papier. Mamba ne travaille pas, Fatimata continue à se rendre deux fois par mois à l'hôpital pour son traitement contre la tuberculose. À cause de cela, elle ne peut pas aller têter. Ils espèrent encore trouver une solution pour faire venir leur fille en France et la soustraire à l'excision souhaitée par ses grands-parents paternels en Guinée, des parents que Mamba espère revoir avant leur mort, un pays où il se voit revenir finir ses jours.

  • Speaker #4

    Les rumeurs de bataille, les accords de mitrailleux Les violons de la peur qui font graisser le cœur Les caboules dans la nuit accompagnées de fris De familles séparées de leurs fils bien-aimés Toi qui traînes ta vie et ton bal du pays Le long de ces hivers tellement loin du land d'Ain. Reveniras-tu là-bas chanter la libère ?

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter Je suis migrant, une série documentaire indépendante. Merci à Mamba et à Fatimata qui ont bien voulu nous partager leur récit de vie et leur récit de migration. Et merci à vous pour votre écoute.

  • Speaker #4

    Que chantent à nouveau les espoirs de ton île ?

Description

Ce 4ème épisode, en 2 volets, retrace le parcours de Fatimata et de son mari Mbemba.


Marié depuis peu, Mbemba fuit précipitamment la Guinée et laisse derrière lui sa jeune épouse Fatimata. Il ne se reverront pas avant huit ans. Dans un récit croisé, tous les deux reviennent sur l’histoire de leur corps menacé, leur corps soumis à la solitude et leur corps exploité dans le travail ou la société.



📖 SOURCES :



🎵 MUSIQUES :



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    3,6% de la population mondiale n'habite pas dans son pays de naissance. De ce chiffre est née notre envie de raconter les histoires des migrations qui forgent cette réalité. Les parcours de celles et ceux qui souffrent de n'être que des statistiques. Je suis migrant leur rend la parole.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de frères de race, mais des frères dans le refus de n'être qu'un passant. Des frères... par l'art et par le chant, et l'énergie déployée chaque jour à tenir tête au néant. Frère de terre, Michel Baglan.

  • Speaker #2

    Moi, je m'appelle Kamara Mbemba, je viens de la Guinée-Conakry.

  • Speaker #0

    Je suis migrant, épisode 4, l'exil dans le corps, deuxième partie. Vous allez découvrir Mamba, le mari de Fatimata que vous avez entendu dans la première partie. Dans un récit croisé, tous les deux reviennent sur l'histoire de leur corps menacé, leur corps soumis à la solitude et leur corps exploité dans le travail ou la société. Pour une meilleure compréhension des propos qui vont suivre, ayez en tête qu'il arrive fréquemment que des pronoms soient utilisés dans le mauvais genre. Elle devient lui, et inversement. Mamba a 34 ans au moment de l'enregistrement. Il est arrivé seul en France en 2017. Et après huit longues années à vivre éloignés l'un de l'autre, lui à Limoges, elle à Sangoya, ils viennent de se retrouver.

  • Speaker #2

    Je suis content parce que ma femme est là à côté. Là maintenant, je ne me sens pas sûr. Si tu n'as pas un parent ou une famille, ce n'est pas facile. Tu vas venir dans un pays comme ça, quelqu'un va mettre confiance en toi, il va t'aider comme il faut, ce n'est pas facile. Tu te sens sûr de tout ce que tu fais. ça dépend de toi. Avec les amis, on se voit, mais il n'y a pas d'aide. C'est ça. On peut rigoler, on fait tout, mais pour dire que je vais t'aider ou bien quoi que ce soit, je vais te donner des idées pour que tu avances, non, non, non. Pour dire que toi aussi, pour que tu vas avoir tes papiers, non, non, non, on ne te donne pas. Mais quand même, si c'est l'un de leurs connaissances, l'un de leurs familles, ça ne peut pas être pareil. Non, non, non, on le met dans le bon chemin.

  • Speaker #0

    C'est donc seul que Memba organise l'avenue de Fatimata en France. Il part un temps en Allemagne pour aller travailler et réunir la somme nécessaire.

  • Speaker #2

    Quand j'ai gagné 3500 euros, j'ai ramené 3000 euros pour que ma femme soit là. Elle est venue de l'avion jusqu'en Tunisie. Après la Tunisie, elle a pris le bateau là-bas pour venir à

  • Speaker #3

    Lampedusa. Je suis venue en Tunisie. Mais tout ça, je parlais avec Mbemba. Même sa maman aussi ne savait pas. Tout ce qui est parrainé, je ne savais pas. La maman de Mbemba, son frère est décédé, son père est là-bas. Le même jour-là, je me suis profité. Je me suis cachée. C'est moi et Mbemba qui avons fait ça au téléphone, nous deux. Ce n'est pas facile pour traverser. Quoi ? Même si tu as l'âge, si tu n'as pas de visa, tu ne peux pas. L'eau, pour traverser, pour venir ici. On a fait deux jours de l'eau. Pour faire une traverse, on a fait deux jours. Il y avait un bâton. Lui, ils ont fait une naufrage. C'est le jour-là, je n'ai jamais vu quelqu'un mourir. C'est le jour-là que je connais, j'ai vu un enfant avec sa maman, lui en train d'envoyer le bébé. Le bébé est presque trois mois comme ça. J'ai pleuré. Mais quand toi aussi, dès que tu vas faire comme ça, on te... Tu ne parles pas, tu ne fais rien. Si tu montes au bâton, tu vas t'asseoir comme ça. Jusqu'à Italie. Dès que tu décolles là-bas, on va te jeter. On va te jeter. Tu vas perdre ta vie. Tu ne bois pas, tu as envie de rentrer aux toilettes. Tu fais tout ça là-bas, là où tu es assis.

  • Speaker #0

    Mamba a lui-même fait cette traversée quelques années auparavant. Un an et demi de voyage en tout, à travers le Mali, le Burkina, le Niger, la Libye et enfin l'Italie. Le désert nigérien, les prisons libyennes, la torture, Mounir nous en a déjà peint l'horreur dans le premier épisode « Je suis aussi Mounir » . Même si chaque histoire est singulière, vous n'entendrez donc pas ici le parcours de migration de Mamba dans son intégralité. Mais il revient sur ce qui a déclenché sa fuite de Guinée.

  • Speaker #2

    Quand j'étais en Guinée, je travaillais au port autonome de Conakry, j'étais comme chauffeur pour l'eau. On s'agirait des manchandises et puis on sort pour aller livrer. Sur la propriété des camions, ils mettaient des intermédiaires en cas de problème ou en cas de manque de carburant ou quoi que ce soit. Nous, on ne voit pas le patron, on voit direct les intermédiaires. C'est eux qui m'ont aidé à avoir ce travail. Avant de commencer le travail, ils m'ont expliqué beaucoup de choses. Ils vont me payer, mais je vais leur donner leur part d'abord, avant que je commence à toucher pour moi. C'est qui nous surveille. C'est eux qui nous donnaient des ordres. Qu'est-ce qu'ils voulaient en fait, c'est de voler le massandise. Ils nous faisaient sortir dans le port, on garde le camion, et ils viennent, ils diminuent le massandise. Moi je n'acceptais pas. Moi je voulais voir le patron. Ils pensaient que quand je vais aller voir le patron, c'était pour aller salir leur nom. Ils ont fait un coup contre moi pour me faire quitter au travail. Pour avoir du travail, ce n'est pas facile, même si tu as ton métier. Donc du coup, j'ai pris le courage de travailler avec eux, en m'insultant, en me minimisant. Ils ont donné des ordres à des gens qui voulaient me faire du mal. dans le port parce que moi tous leurs secrets je détenais dans mon téléphone donc ils se sont mis un coup contre moi en me frappant en me perçant avec le couteau je suis allé chez moi et ma

  • Speaker #3

    mère m'a donné un peu d'argent d'aller au pays voisin de chez nous à Bamako au Mali entre moi et Mbimbaka même au pays c'était bien seulement il avait eu un problème Il a disparu au pays pour venir ici maintenant. Moi, j'ai fait couture. J'étais au travail. Il a duré le jour pour rentrer. Je me suis inquiétée. Je ne dors pas. Je ne mange pas. On faisait les sacrifices. Nous, on a peur que peut-être il est décédé. On m'avait dit que mon mari a laissé l'eau. C'est les avions qui sont venus pour le sauver maintenant. Ses amis disaient que son mari est mort. Ton mari est mort, ton mari est mort. Elle a pris le téléphone pour m'appeler. Je suis en vie. Je suis contente le jour-là.

  • Speaker #0

    Quand Fatimata reçoit cet appel, Mamba a déjà rejoint l'Europe. Il parle français, donc son choix s'est tout naturellement porté sur la France et dans un premier temps sur Paris.

  • Speaker #2

    Il y a un monsieur aussi qui est venu me voir. Il m'a dit... Ici, il ne faut pas chercher à rester ici. Ici, c'est Grand Paris. Ici, c'est une grande ville. Donc, ça va être dur pour toi pour avoir un hébergement ou quoi que ce soit. Donc, il faut chercher à aller dans les petites villes. Là, tu pourras faire tes documents là-bas. Ils m'ont donné les noms, Bordeaux, Limoges et Angoulême. Quand je pars là-bas, ça pourrait aller avec des associations et tout. J'ai dit d'accord et j'ai pris la route de Limoges. Quand je suis à la gare, je ne connaissais personne. J'ai dormi là-bas, devant la gare, après le matin, je suis parti aux 5-15, j'ai fait 7 jours là-bas, je dormais là-bas, le matin on sort et la nuit on revient. J'ai vu un musicien qui passait avec un instrument qui moi aussi je jouais. Quand j'ai vu l'instrument là, ça m'a fait beaucoup rappel. Je me suis présenté, je joue l'instrument là, moi aussi je suis musicien, mais je ne connais personne. Pour faire la connaissance avec des gens, c'est grâce à ce monsieur Issa, c'est un Sénégalais. Il joue souvent pour la mairie, dans les écoles. pour les handicapés et faire des animations pour eux. Il avait un courant, il m'a donné ça et je l'accompagne partout maintenant. J'ai eu maintenant le courage d'aller faire ma demande parce qu'on ne pouvait pas rester sans un séjour ni rien. Donc je suis allé faire ma demande d'asile.

  • Speaker #0

    Comme Mamba a donné ses empreintes en Italie, sa demande d'asile relève de l'État italien. C'est la procédure du Blanc. Il est donc sommé par l'État français d'y retourner et se retrouve sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français. Exécutable pendant 18 mois à l'époque. Aujourd'hui, ce serait trois ans.

  • Speaker #2

    La police est venue me chercher en me disant qu'il fallait que je retourne en Italie. Je ne pouvais pas me retourner en Italie. Je ne connais personne là-bas. J'avais eu peur pour les enduits avec la police, donc je suis allé me cacher à Clermont-Ferrand, où il y a beaucoup de médecins que je connais là-bas aussi. Je faisais la musique avec eux, en travaillant dans les restos du cœur et secours. catholique. Après les 1 an 6 mois, je me suis retourné à Limoges. Je suis allé encore faire une demande. Ils m'ont donné une procédure normale mais accélérée. Je n'ai touché rien. Je n'ai pas droit à un hébergement. On ne me paye pas ni rien. Je suis allé à Ofra. Ils m'ont donné des négatifs encore. J'étais parti au syndicat mais j'étais dehors. Donc l'histoire que je vais aller raconter, comment je vais boucher, comment je vais travailler dans mon histoire, comment je vais... Je n'ai pas fait parce que je n'ai pas eu le temps de le faire. Tu dors ici aujourd'hui, le lendemain, la propriétaire ferme la porte et tu es dehors, tu ne peux pas faire tout ça dehors aussi. En ce moment, le seul souci que tu as, c'est de chercher là où tu dors d'abord. pour que ta tête soit tranquille et de trouver de quoi manger. Donc le reste tu peux oublier même si tu avais envie de faire quelque chose, tu ne peux pas le faire parce que avec les soucis ça ne pouvait pas. C'est un des uns qui m'a donné négatif, et m'a donné qui-t-il. Là ça m'a beaucoup pris la tête, je ne savais pas où aller, j'avais des soucis, qu'est-ce que je vais faire maintenant pour rester en France. Quand j'ai rencontré mon histoire à Lofra et au CNDH, ils n'étaient pas tellement d'accord parce qu'il n'y avait pas de preuve. Ils voulaient voir les documents qui montraient que je travaillais au port autonome. Je ne savais pas aussi que là-bas, ils vont me demander ces documents, ces documents. Et puis, quand ils m'ont demandé ça, ça m'a beaucoup choqué parce que moi, je sais que tous les documents-là se trouvent chez moi. Parce que j'ai une attestation qui prouve que je travaille là-bas. C'est avec moi maintenant. J'avais tous les documents, mais eux voulaient voir ça le jour de mon rendez-vous. J'ai fait une demande réexamen de mon asile. Donc j'attends la réponse. Mon intention, je ne vais pas quitter quand même la France. Même si vous me faites tourner, tourner, mais quand même, je sais que ça va aller. Ça va aller avec le courage. Ça va aller. Pour le moment, je n'ai pas peur parce que je suis dans la procédure. de mon acide réexamen actuellement. Je n'ai pas peur et je n'ai pas de kit-tiaf. Quand tu as un kit-tiaf et que la police te prend, c'est un peu dangereux. Donc, tu peux terminer dans le centre de réintention. Donc, c'est tout ce que j'ai évité. J'ai une pièce d'entité avec moi. Ils ne me contrôlent pas beaucoup, mais tu ne peux pas rester dans un pays sans une pièce d'entité. C'est quand même risquant, même à part de la police. Si quelque chose peut m'arriver à quelque part. Personne ne connaît qui je suis, je n'ai pas une pièce d'identité, où j'habite, personne ne peut connaître ça. Donc ça aussi c'est inquiétant. Quand tu es en Afrique, tu ne peux pas découvrir tout ça. Tu ne peux pas connaître toutes les souffrances qu'on a entendues. Quand j'étais en Afrique, non, je n'ai jamais appris ça. Tout le monde se comprend, tu vas vers l'Europe. Donc, il n'y a pas de difficulté en Europe. Quand les gens même te voient, tout le monde a envie d'être comme toi. Oui, mais personne ne va dire que l'Europe est difficile, il y a ça. Non, non, non. Personne ne va te donner des conseils. Vous dites qu'il ne faut pas venir. Même si tu donnes maintenant des conseils, il y en a qui vont penser peut-être que toi tu es déjà rentré. Tu ne veux pas qu'ils viennent, donc ils ne vont pas écouter les conseils.

  • Speaker #1

    L'exil est rond, un cercle, un anneau. Tes pieds en font le tour. Tu traverses la terre, et ce n'est pas ta terre. Le jour t'éveille, et ce n'est pas le tien. La nuit arrive, il manque tes étoiles. Tu te trouves des frères, mais ce n'est pas ton sang. Tu es comme un fantôme qui rougit, de ne pas aimer plus ceux qui t'aiment si fort. Et n'est-il pas vraiment étrange que te manquent les épines ennemies de la patrie, l'âpre détresse de ton peuple, les ennuis qui t'attendent, qui te montreront les dents dès le seuil de la porte.

  • Speaker #2

    Portes,

  • Speaker #1

    exil, Pablo Neruda, mémorial de l'île noire.

  • Speaker #0

    Pendant que Mbemba se démène pour régulariser sa présence en France, son absence qui se prolonge commence à être perçue comme un abandon de sa famille.

  • Speaker #3

    Ma famille comme Mbemba disparaît pour venir ici. Ils ont dit que je vais prendre un mari maintenant. J'ai dit non. Moi et mon mari, on n'est pas. pas divorcée. Donc moi encore j'ai dit mon mari il m'a rien fait du tout. Pour le moment il y a une difficulté pour mon mari. C'est pas à cause de ça que je veux quitter d'elle. Tu sais Mbemba, c'est un homme qui peut garder une femme, vraiment. Malgré lui il n'a pas de papiers. Parce qu'il y a des femmes si un homme n'a pas de papiers, ils vont quitter. Lui n'a rien mais il m'a beaucoup soutenu. Je ne sais même pas comment je vais le remercier. On a fait presque huit ans. Moi et mon mari on n'a pas su voir mais on parlait au téléphone quand même. C'était compliqué parce que huit ans ça c'est pas un jour, c'est pas une semaine, c'est pas un mois. Nos deux billes, on ne parlait pas au téléphone. On en fait presque un an. Mais tu sais rien. Seulement, si je parle avec lui, il va dire que ma femme ici, c'est pas facile. Si tu dis à quelqu'un que c'est pas facile, c'est une grande parole. C'est une grande parole chez nous, en Afrique. La personne qui a la mentalité normale, il va connaître que oui, ça ne va pas du tout.

  • Speaker #0

    Et ce qui ne va vraiment pas pour Mbemba, c'est l'extrême difficulté à trouver du travail. Quand il y parvient... En travaillant comme saisonnier au ramassage des pommes ou comme agent de sécurité affecté au contrôle des passes sanitaires pendant l'épidémie de coronavirus, il n'est pas au bout de ses mésaventures.

  • Speaker #2

    Je travaille avec le papier de quelqu'un parce que mon papier d'asile ne pouvait pas travailler là-bas. Aujourd'hui même, j'étais avec un frère qui m'a donné ce papier. Je suis allé faire un CV à son nom parce que lui a ce papier. Je vais aller chercher dans les antéribles. Comme ça, si je trouve, moi je peux aller. Je ne peux pas rester toute l'année comme ça sans rien faire. Il y a des antépices qui ne vont pas s'éprimer. Il y a des antépices comme les pommes. Ils ne peuvent pas réfléchir parce qu'ils savent que ce n'est pas tout le monde qui peut aller faire le travail. Ils veulent juste que le travail soit fait. Sinon, ils sont au courant, ça fait des années. Et même, ils embauchent des gens par la connaissance. Comme exemple, les gens qui travaillent dans les machines, chez eux là-bas, aux pommes, qui ont tellement duré là-bas, ils peuvent emmener des gens, même s'ils ne tapent pas de papier, ils peuvent s'embaucher. C'est rare de voir quelqu'un qui a ses papiers, il va travailler au peuple, c'est rare. Ils vont dire qu'ils ne font pas ça, ça c'est un travail d'esclavage. Parce que nous qui sommes arrivés, on a le courage, on peut faire n'importe quel travail pour s'en sortir. Ils nous donnent même leurs papiers d'aller travailler parce que c'est bon pour eux. Parce que le chômage, c'est les arranges. S'ils ont la pitié de toi, ils vont prendre 300 euros chaque mois que tu travailles. Il y en a même qui bloquent tout. Tu ne touches pas ton argent. Ça m'a beaucoup découragé aussi pour le travail en Bretagne. Là-bas aussi, on a travaillé. On était devant un hôpital là-bas. Au moment du coronavirus, avant de rentrer à l'hôpital, nous, on était à la porte. Quand tu viens, avec ton papier, on a le téléphone. On va. Si c'est valable, tu rentres. Si ce n'est pas valable, tu ne rentres pas. On travaillait, mais on n'était pas payés. Le monsieur, il gagne beaucoup sur nous, c'est un Sénégalais. Quand on nous paye 2300 et lui, il nous donne 600 euros, donc on lui a dit de mettre un peu quand même, on met 800 euros, c'est bon. Mais il n'a pas pu faire et puis même les 600 euros là aussi, il ne te donne pas direct, il te donne 150, 200, 250 en disant qu'il voit son compte est bloqué, il ne peut pas sortir tout. Je pensais que oui, avec mon métier, ça pouvait aller. Même si j'allais refaire une formation. Mais avec mon métier, j'étais tellement content pour ça. Pour le chauffeur de camion, j'ai mon permis avec moi. Je pensais que ça allait aller. Après un an, deux ans, je me suis dit peut-être, je vais attendre encore voir. Je vois rien n'échange, rien ne va. Donc, ça m'a beaucoup étonné. Il y a une dame qui voulait m'aider au niveau des camions là. Donc, le patron là aussi, il voulait tellement m'aider. Mais finalement, ça n'a pas été. Pour faire la formation-là aussi, j'ai pas les papiers, il faut que je pèche. Comme mon poids lourd, c'est très cher, donc je suis obligé de rester jusqu'à avoir mes papiers, et puis je vais le refaire.

  • Speaker #0

    Si Mbemba s'accroche à son projet, c'est parce que de lui dépend aussi une fillette de 7 ans restée au pays.

  • Speaker #3

    J'avais pris la grossesse une fois, j'avais perdu ça pour Mbemba. Le deuxième, j'avais pris ça derrière Mbemba. appelé. Mais quand même, elle a accepté. Elle a accepté le bébé tout, tout, tout. Le bébé a grandi avec moi. C'est pas moi, c'est pas lui aussi. Je suis un enfant. Je ne peux pas rester comme ça jusqu'à 1, en 2, en 3, en 4, en 5, en 6, en 7, en 8 ans, comme ça, tu vois. Je vais trouver un enfant maintenant. Mais elle a accepté. Elle a dit tout ce que tu fais derrière moi, il faut que j'accepte. Parce que Ce n'était pas ma volonté. Sinon, si j'étais là-bas, tu ne peux pas faire ça. Mais comme Mbemba a quitté, c'est pour cela qu'elle accepte le bébé maintenant.

  • Speaker #2

    Mon fils est avec ma mère. C'est ma mère qui s'occupe de tout là-bas. Et moi, si je gagne un peu, j'envoie ma mère pour son école et pour son habillement. Je lui donne du courage. Il n'y a pas qu'elle va écouter les gens dans les quartiers. Ton père est en Europe, ça fait des années, il ne fait rien pour toi, donc je l'encourage. Je viens de lui envoyer une tablette. Quand il quitte l'école, il y a quelqu'un qui lui donne le cours chez nous encore. Elle n'a pas de soucis au niveau de ça. Si je gagne, je ne peux pas garder ça avec moi. Je ramène tout ce que je gagne, je les donne. Et tous, ils savent quand même que je n'ai pas mes papiers, donc je les ai tous dit. Ma fille, quand même, je ne l'ai pas dit, mais tous mes frères, mon père et ma mère sont au courant. Je leur ai dit qu'ici, si tu n'as pas tes papiers, tu n'as rien. Donc, c'est comme ça, on a le temps de vivre pour l'instant.

  • Speaker #0

    Chaque mois, Memba verse 20 euros pour les frais de scolarité de sa fille, mais ne pourrait pour l'instant pas subvenir à ses besoins ici en France.

  • Speaker #3

    Bon, pour le moment, mon mari n'a pas le 7 mois. S'il avait deux mois pour venir, il va venir. Sur le moment, j'ai parlé avec lui une seule fois. Une seule fois depuis que je suis venue ici. L'inquiète.

  • Speaker #0

    Et si Fatimata se plaît à imaginer sa future famille avec trois enfants, elle voudrait leur donner tout l'amour qu'elle-même n'a pas reçu. et une instruction qui s'est limitée pour elle à l'école coranique.

  • Speaker #3

    Parce que moi, le souffrance que j'ai, je ne veux pas que mon enfant aussi va vivre ça. Parce que moi, mon papa, il a pris trois ou quatre femmes. Des fois, vous allez manger, des fois, vous ne mangez pas. Si toutes les femmes qui sont au pays là-bas, elles sont venues ici, ce n'est pas la même chose. Et si on prend soin d'une femme, Mais chez nous, c'est toi qui vas faire tout. Comme Bémba, si elle était européenne, elle va prendre pour le moment trois femmes, quatre femmes. Mais ici, on ne peut pas prendre deux femmes. Ici, c'est une seule femme. Ici, c'est bon. Je suis contente même. Comme je suis là, mon mari ne peut plus. Si c'était européen, je connais. Je connais les gens. Sûrement, c'est les Blancs qui sont changés. Ils sont d'habitude de prendre une seule femme. Oui, j'aime ça. Avec les blancs. Je donne là-bas 200%. Vraiment. Sinon, nous, les hommes africains, ils vont torturer leurs femmes. Ils vont torturer très, très fort. Comme mon papa. Moi, j'ai pris le bon bien, Bimba. C'est Bimba qui a pris moi la main de mon papa. Sinon, pour moi, c'était fini. C'était fini.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, presque un an après ces enregistrements, Fatimata et Mamba vont plutôt bien et vivent ensemble chez un ami qui les héberge. Ils ont eu un fils, pour lequel ils ont déposé une demande d'asile. Leurs propres démarches n'ont malheureusement pas connu d'avancée heureuse et ils sont toujours sans papier. Mamba ne travaille pas, Fatimata continue à se rendre deux fois par mois à l'hôpital pour son traitement contre la tuberculose. À cause de cela, elle ne peut pas aller têter. Ils espèrent encore trouver une solution pour faire venir leur fille en France et la soustraire à l'excision souhaitée par ses grands-parents paternels en Guinée, des parents que Mamba espère revoir avant leur mort, un pays où il se voit revenir finir ses jours.

  • Speaker #4

    Les rumeurs de bataille, les accords de mitrailleux Les violons de la peur qui font graisser le cœur Les caboules dans la nuit accompagnées de fris De familles séparées de leurs fils bien-aimés Toi qui traînes ta vie et ton bal du pays Le long de ces hivers tellement loin du land d'Ain. Reveniras-tu là-bas chanter la libère ?

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter Je suis migrant, une série documentaire indépendante. Merci à Mamba et à Fatimata qui ont bien voulu nous partager leur récit de vie et leur récit de migration. Et merci à vous pour votre écoute.

  • Speaker #4

    Que chantent à nouveau les espoirs de ton île ?

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