- Speaker #0
C'est un peu comme plusieurs pelotes de laine en mêlée. Tu tires pour défaire un nœud, mais tu en resserres un autre ailleurs.
- Speaker #1
La paye, c'est tellement complexe que si trois gestionnaires de paye la refaisaient, ils obtiendraient trois résultats différents.
- Speaker #0
Gosser son salaire, c'est comme cuisiner. Il faut les bons ingrédients, un timing parfait, éviter de tout brûler.
- Speaker #1
Ben voilà. Munissez-vous de votre fiche de paye.
- Speaker #0
Joborama. Votre panorama sur l'emploi.
- Speaker #1
Bonjour à toutes et à tous, ravi de vous retrouver pour un nouvel épisode de Joborama. Je suis Jonathan Ausha, recruteur indépendant, expert RH et chroniqueur média spécialisé en emploi. Joborama est le podcast qui éclaire votre parcours professionnel et vous aide à avancer avec confiance. Que vous soyez étudiant à la recherche de votre première expérience, salarié en quête de nouvelles opportunités, entrepreneur. prêt à relever de nouveaux défis, recruteur désireux de découvrir les dernières tendances ou simplement curieux des coulisses du monde du travail, ce podcast est fait pour vous. Chaque épisode est une chance d'apprendre, de comprendre et de s'inspirer. Aujourd'hui, on aborde un sujet qui touche tout le monde, l'argent. Parce qu'au fond, on travaille tous pour être rémunéré, non ? Mais combien de fois vous êtes-vous retrouvé face à une fiche de paye incompréhensible ? ou à vous demander comment aborder le sujet du salaire lors d'un entretien. Pourquoi est-ce si compliqué, voire tabou ? Et surtout, comment prendre le contrôle sur cet aspect essentiel de nos vies professionnelles ? Ensemble, nous allons démystifier tout ça avec des conseils pratiques et des réponses claires. Préparez-vous à découvrir ce qui se cache derrière les chiffres, derrière les lignes, et à comprendre pourquoi cela a un impact bien plus grand que l'on ne l'imagine sur le monde du travail. Le salaire c'est bien plus qu'un simple chiffre inscrit sur une fiche de paie. C'est la reconnaissance de votre travail, un levier de motivation essentiel et un pilier de votre équilibre de vie. Pourtant, il reste souvent un sujet entouré de flou et d'incompréhension. Entre les lignes parfois illisibles des fiches de paie, les termes techniques comme brut, net imposable ou encore cotisation sociale, il est facile de s'y perdre. Et ce flou n'est pas un détail anodin, il peut engendrer des frustrations, des tensions et même de la méfiance tant du côté des salariés que des employeurs. Alors comment en est-on arrivé là ? Pourquoi la paix est-elle devenue ce casse-tête presque indéchiffrable ? Nous allons explorer ce grand mystère et surtout chercher à y voir plus clair avec notre invité, spécialiste du sujet. Bonjour Camille et merci d'être avec nous et bienvenue dans Joborama.
- Speaker #0
Bonjour Jonathan, merci beaucoup de m'avoir invité.
- Speaker #1
Alors, est-ce que tu peux te présenter rapidement pour nos auditeurs et nous parler un petit peu de ton métier au quotidien ?
- Speaker #0
Je suis Camille James, j'ai 32 ans et je suis gestionnaire de paye depuis septembre 2022 suite à une reconversion professionnelle réussie. Tu parlais de manager toxique dans le dernier épisode du podcast et c'est en partie à cause de cela que j'ai choisi de partir vers de nouveaux horizons. Après un bilan de compétences, je me suis orientée vers le métier de gestionnaire de paye. J'ai effectué une formation sur 16 mois en alternance au sein d'une entreprise des IEG et j'y suis toujours aujourd'hui.
- Speaker #1
Tu nous parles des IEG, c'est quoi exactement ?
- Speaker #0
L'acronyme IEG signifie industrie électrique et gazière.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Il désigne les entreprises du secteur de l'énergie en France, principalement liées à la production, au transport, à la distribution et à la fourniture d'électricité et de gaz. Les IEG regroupent des entreprises historiques qu'on connaît tous, comme EDF, RTE, ENGIE, ENEDIS, et elles sont soumises à un statut particulier pour leurs salariés, notamment en matière de droit du travail, de retraite et de protection sociale.
- Speaker #1
D'accord, c'est effectivement intéressant, un sujet qui nous concerne effectivement aujourd'hui, c'est des sujets qu'on va aborder. Selon une étude de l'IFOP, près de 40% des salariés avouent ne pas comprendre complètement leur fiche de paye et pourtant, document essentiel, il détaille non seulement ce que l'on gagne, mais aussi ou pas une partie de notre salaire. Camille, pour commencer, alors sans trop nous en dire à ce stade, gardons un petit peu suspense pour la suite. Paie, rémunération, salaire, c'est la même chose tout ça ?
- Speaker #0
On a souvent tendance à utiliser ces trois termes pour parler de l'argent qui arrive sur notre compte chaque mois. Mais en réalité, ils ne recouvrent pas tout à fait les mêmes notions. Si le métier s'appelle gestionnaire de paye, ce n'est pas un hasard. Le mot paye désigne un processus technique et administratif indispensable pour formaliser tout ça. On parle ici de la gestion des cotisations sociales, de la saisie des variables. En revanche, rémunération et salaire sont plus directement liés à ce que le salarié perçoit. La rémunération, c'est un terme plus large. Il inclut tout ce qu'un salarié reçoit en contrepartie de son travail, que ce soit en argent ou en avantages, comme une voiture de fonction par exemple. Le salaire, lui, est plus simple. Il est strictement monétaire et désigne la somme versée régulièrement aux salariés. Bref, si on mélange souvent ces mots, chacun a sa petite spécificité.
- Speaker #1
Permets-moi d'être un peu direct dès le début. Honnêtement, ce qui intéresse la plupart des salariés, c'est avant tout le chiffre en bas à droite, c'est-à-dire ce qu'ils vont réellement toucher sur leur compte bancaire. À quoi ça sert tout ce détail sur la fiche de paie ? Est-ce que ça sert vraiment à quelque chose ?
- Speaker #0
Alors je suis bien d'accord avec toi. Même si c'est mon métier... moi aussi je suis plus intéressée par le nombre en bas à droite sur ma fiche de paye à la fin du mois. S'il y a autant de détails qui n'en sont pas d'ailleurs, c'est parce que c'est tout simplement le déroulé hors données du calcul du montant en bas à droite. Nous pouvons le comparer à une démonstration mathématique. On part de données brutes, comme le salaire de base, les heures supplémentaires, les primes. À ce total de données brutes, on applique une succession d'étapes avec des calculs précis. C'est le bloc des cotisations et contributions. Et cela donne le résultat final, le fameux montant net qui arrive sur ton compte. Mais pas besoin d'avoir fait maths sup pour comprendre, je te rassure. Bon,
- Speaker #1
ça va alors.
- Speaker #0
En résumé, ce processus est essentiel pour garantir que les bonnes sommes soient prélevées et réparties entre les différentes caisses, comme celles de la retraite, de la sécurité sociale et d'autres contributions obligatoires. Elles jouent un rôle clé dans la transparence. Chaque travailleur peut ainsi savoir précisément quelles cotisations sont prélevées chaque mois, à quoi elles servent, et surtout comprendre comment on arrive au montant final de notre scénario net. C'est un outil à la fois technique et informatif qui permet de rendre visibles des mécanismes souvent perçus comme complexes ou opaques.
- Speaker #1
L'idée c'est qu'on décortique un petit peu tout ça, on connaît tous ces incompréhensions, ces tabous qui entourent le sujet. Panique, on va échanger en détail pour démystifier tout ça, mieux le comprendre ensemble. Alors on y va ?
- Speaker #0
C'est parti !
- Speaker #1
En France, une fiche de paye peut facilement contenir jusqu'à 30 lignes, alors que dans certains pays européens, elle n'en comporte pas plus de 10. Entre cotisations, taxes, exonérations, remboursements, avantages en nature, cela peut rapidement devenir un véritable casse-tête pour les employés. Et soyons honnêtes, parfois, c'est tout aussi confus pour les employeurs. C'est pas faux. Alors justement Camille, est-ce qu'on pourrait revenir un petit peu en arrière, si tu le veux bien, et que tu nous expliques pourquoi et comment le sujet de la paie est-il devenu aussi complexe en France ? Est-ce que c'est vraiment une spécificité française ou est-ce que c'est quelque chose qu'on retrouve aussi ailleurs ?
- Speaker #0
La complexité de la paie en France vient, je pense, de deux facteurs principaux. La richesse. de notre système social, et le droit du travail et toute la réglementation qui en découle. Ce n'est un secret pour personne, la France est un pays avec une couverture sociale très importante.
- Speaker #1
Bien d'accord.
- Speaker #0
Nous avons la retraite, le chômage, la sécurité sociale, les allocations familiales, la formation professionnelle. Et cette couverture sociale a besoin d'être financée. Chaque organisme faisant partie de ce système possède des caisses différentes avec des règles de calcul qui leur sont propres. Tout cela est aussi régi par plusieurs systèmes à différentes strates. Le droit du travail, les conventions collectives, les accords de branches, les accords d'entreprise. Et il y a une évolution constante de ces organismes et de ces textes. Chaque année, des changements sont apportés. Par exemple, pour suivre le coût de l'inflation. Des nouveaux plafonds, taux de cotisation et de nouvelles aides apparaissent. La paie doit constamment s'adapter à ces modifications. Et ça ne simplifie pas la tâche des gestionnaires.
- Speaker #1
Oui, effectivement, oui.
- Speaker #0
Pour résumer, la paie n'est pas uniquement constituée de calculs. Elle combine droit du travail, gestion sociale et fiscalité. Je t'avoue que je ne m'étais pas spécialement intéressée à ce qui se passe dans les autres pays avant la préparation de ce podcast. Mais nous avons tellement de spécificités chez nous. que je me suis focalisée sur ce qui me touche au quotidien. Ce que je peux dire, c'est qu'en France, nous avons la chance de bénéficier d'un système de répartition pour les retraites. C'est-à-dire que les retraites sont financées grâce à un système de caisse alimenté par les cotisations salariales et patronales, basé sur les revenus des travailleurs en activité, pour payer les pensions des retraités actuels. Aux Etats-Unis, le système de retraite fonctionne majoritairement avec des assurances privées, et les entreprises ne gèrent pas autant de cotisations. Idem pour la sécurité sociale. J'imagine donc que leur processus de paye est plus simple. A vérifier avec un bulletin de paye américain, je n'en ai jamais consulté.
- Speaker #1
Je n'en ai pas sous la main non plus.
- Speaker #0
Pour résumer, si le système de la paie est aussi compliqué en France, c'est bien une combinaison d'acteurs, de textes et de systèmes, mais cela nous donne une belle protection sociale.
- Speaker #1
Oui, alors là-dessus, on est d'accord sur la richesse de notre modèle de protection sociale. Justement, parlons cotisation sociale. Elle représente en moyenne 22% du salaire brut côté salarié et jusqu'à 45% pour l'employeur. Est-ce que tu peux nous expliquer plus précisément ce qu'elles sont ? Pourquoi elles ont un poids aussi important dans le salaire ? Comment on peut mieux les valoriser auprès des salariés, justement pour qu'ils en prennent pleinement conscience ?
- Speaker #0
Oui, alors les cotisations sociales, tu peux les voir comme des abonnements collectifs à un énorme système de solidarité.
- Speaker #1
Un petit peu comme Netflix, tout ça ?
- Speaker #0
Voilà, c'est un petit peu comme si Netflix représentait la retraite, Prime Vidéo, la sécurité sociale, etc. D'accord. Elles servent à financer le système social français, toutes les caisses dont on a parlé précédemment, la santé, la retraite, l'hommage, la CAF, et il faut les découper en deux catégories distinctes. Les salariales, et les patronales. Et c'est ce double effort, travailleurs et entreprises, qui explique pourquoi les cotisations ont un tel poids dans le coût global du travail. Vous auditeurs, quand vous regardez votre fiche de paye, vous voyez toutes ces lignes dont la signification ne semble pas si claire, mais ce que vous pouvez lire au travers, c'est qu'à chaque fois que vous allez chez le médecin, que vous êtes en arrêt maladie, en congé maternité et paternité, ou bien même à la retraite, vous bénéficiez directement de ces cotisations. En somme, nous pouvons comparer les cotisations sociales à une gigantesque assurance collective. Nous avons tendance à uniquement les voir comme une perte dans notre salaire. Je pense qu'il faudrait rendre plus lisible ce que chacun finance concrètement. Je sais pas, il faudrait une petite phrase récapitulative sur notre bulletin. comme les avantages d'une carte de fidélité. Du genre, grâce à vos cotisations, vous êtes couvert pour tel et tel service. Je pense également qu'il y aurait tout à gagner à créer une véritable communication sur ce qu'on gagne grâce à ces cotisations. Parce qu'au fond, elles sont là pour nous protéger, nous et nos proches.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Et c'est un beau système qu'il ne faut pas sous-estimer et préserver.
- Speaker #1
C'est intéressant ce que tu dis. C'est toujours bien de le mettre en évidence. Il faut préserver notre modèle. Est-ce qu'il y a des éléments, justement, malgré ça, qui sont encore mal compris aujourd'hui par les salariés ? Est-ce que tu as des exemples, peut-être des... Les anecdotes de malentendus assez classiques qu'on retrouve sur une fiche de paye.
- Speaker #0
Alors, pour reprendre et simplifier ce dont on a parlé précédemment, le butin de paye est découpé en plusieurs blocs. Nous avons le haut de bulletin avec tous les éléments bruts, le milieu de bulletin avec toutes les cotisations et contributions, et le bas de bulletin avec le net.
- Speaker #1
Bon, jusque là, d'accord.
- Speaker #0
On est bon. On y saupoudre un peu de prélèvements à la source, ta dame, notre net, ce qui tombe sur notre compte. Et pour répondre à ta question, clairement, le bloc du milieu est le plus mal compris. Oui. Il est l'illustration parfaite de tout ce qu'on avait cité plus haut. D'ailleurs, moi-même, avant de faire ma formation, j'étais incapable de comprendre à quoi correspondaient ces lignes. Un malentendu classique et souvent source d'anecdotes concerne les avantages en nature, notamment les voitures de fonction. Pour expliquer simplement, un avantage en nature est un bien ou un service appartenant à l'entreprise que celle-ci met à disposition du salarié pour son usage personnel. Mais voilà, la législation française interdit à une entreprise de fournir cet avantage gratuitement. Un forfait est donc calculé en fonction du type de véhicule et ce montant est inscrit sur le bulletin de paye. Il est ajouté en haut. comme un élément de rémunération, puis déduit en bas, après application des cotisations sociales. C'est là que se produit souvent le malentendu. Certains salariés disent j'aurais jamais dû accepter la voiture de fonction, ça me coûte super cher Ils pensent que la somme déduite en bas du bulletin correspond au coût total de leur véhicule. En réalité, ce n'est pas le cas. Ce qui leur coûte, c'est uniquement le pourcentage de cotisation à appliquer sur ce fameux forfait. C'est bien moins élevé que ce qu'ils imaginent.
- Speaker #1
Un exemple dont tu parles avec la voiture de fonction, je le trouve assez parlant. C'est-à-dire que parfois on s'imagine des choses alors que ce n'est pas du tout la réalité. Est-ce qu'on pourrait pas progressivement réduire cette complexité des fiches de paie ? Je sais qu'il y a une initiative qui a été lancée en France depuis quelques temps. Mais est-ce que c'est vraiment réalisable ? Est-ce que c'est pas encore une promesse de plus dans un système que moi je trouve un petit peu figé ? Est-ce qu'il y aurait des premières étapes à franchir pour y parvenir ?
- Speaker #0
Cette question est très subjective et touche à de nombreux enjeux politiques et sociaux. Je vais essayer d'apporter une réponse nuancée et objective. Simplifier le système ne serait vraiment pas une tâche facile. et je trouve légitime de se demander si cela est réalisable. Comme je l'ai mentionné précédemment, la multitude de strates légales, de textes juridiques et d'organismes sociaux a créé un enchevêtement difficile à démêler.
- Speaker #1
Oui, c'est ça le problème.
- Speaker #0
Oui, c'est un peu comme plusieurs pelotes de laine en mêlée. Tu tires pour défaire un nœud, mais tu en resserres un autre ailleurs. Cette complexité résulte de décennies de législation mises en place pour protéger les droits des salariés et pour maintenir un équilibre entre les différents acteurs du monde du travail, les syndicats, les employeurs et les organismes d'État. Les réformes du droit du travail et des institutions ont certes apporté plus de clarté et d'efficacité, mais à quel coût ? Par exemple, la suppression des cotisations salariales, maladie et chômage a permis une augmentation du salaire net des travailleurs. Mais le financement de l'assurance chômage et de la sécurité sociale repose désormais entièrement sur l'État. Cela soulève la question de l'équilibre budgétaire. Si les finances publiques se réduisent, comment garantir la pérennité de nos droits sociaux ? Chaque citoyen et citoyenne, en contribuant via les cotisations salariales, avait son mot à dire sur le sujet. Maintenant que nous ne cotisons plus, que nous ne participons plus directement au financement de ces systèmes, quel est notre recours ? Et cela a été en grande partie fait sous couvert de simplification de la fiche de paye. La simplification pour réduire le nombre de lignes a aussi amené à regrouper plusieurs éléments dans une même ligne. Il est donc quasiment impossible de recalculer une paye avec un bulletin simplifié. Alors qu'avant, les gestionnaires de paye de votre entourage pouvaient recalculer vos payes avec votre fiche et déceler les erreurs beaucoup plus facilement.
- Speaker #1
Que tu nous dis là, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, à vouloir peut-être... Pour simplifier à supprimer des lignes, derrière c'est beaucoup plus compliqué d'aller faire la vérification. Nous, effectivement dans notre entourage, ou même si on s'y connaît un petit peu, suite au podcast d'ailleurs, peut-être les gens comprendront mieux, ils pourront moins facilement vérifier leur salaire parce qu'il y aura des lignes absentes.
- Speaker #0
C'est un peu ça. Tu parlais des premières étapes à franchir pour simplifier. Je n'ai pas la prétention de m'y attaquer seule. Cependant, je pense qu'il serait pertinent de commencer par identifier les domaines où une simplification réelle est possible, notamment en fusionnant certains organismes sociaux pour en réduire le nombre.
- Speaker #1
Alors simplification de la fiche de paye, il y a souvent aussi une confusion pour beaucoup de salariés entre salaire brut, salaire net, net imposable. Une enquête récente révèle qu'un salarié sur trois confond encore brut et net, ce qui peut quand même générer de sacrés malentendus en entreprise, notamment au moment de négocier un salaire ou de signer un contrat. Camille, est-ce que tu peux nous expliquer de manière simple et claire la différence entre ces termes et surtout pourquoi il y a une... telle différence entre ce qu'un employeur paye et ce qu'un salarié reçoit réellement ?
- Speaker #0
C'est au final assez simple. Le salaire brut, c'est le montant total avant toute déduction. Il inclut la rémunération de base, les primes, les heures supplémentaires, les bonus. Grosso modo, c'est ce que tu gagnes avant que l'Etat et les caisses ne prennent leur part. Et le salaire net, c'est ce qui reste une fois que ces cotisations sociales et les impôts ont été déduits du salaire brut. Quant au net imposable, c'est un peu plus technique. Il s'agit du salaire brut, auquel on a déduit les heures supplémentaires ou complémentaires exonérées d'impôts, les cotisations sociales, mais auquel on a réintégré différents éléments. C'est pour cette raison qu'il est inférieur au brut, mais supérieur au net. Mais pour quelle raison est-il calculé ? Eh bien, comme son nom l'indique, il sert de base pour calculer l'impôt sur le revenu. Et je peux même t'en ajouter un, qui est apparu récemment sur nos bulletins. Depuis juillet 2023 exactement. Il s'agit du net social. Il correspond au montant des revenus pris en compte pour bénéficier d'allocations telles que la prime d'activité versée par la CAF. Maintenant... Concernant ta deuxième question sur la différence entre ce que l'employeur paye et ce que le salarié reçoit, cela provient encore des cotisations sociales et des impôts. Un montant brut est versé au salarié et le salarié est prélevé sur ce brut pour alimenter différentes caisses et organismes. Ce sont les cotisations salariales. Mais l'employeur doit aussi payer ce sont les cotisations patronales. Et bien évidemment, comme le salarié paye déjà sa part aux organismes, l'employeur va devoir prendre dans ses caisses pour payer ses cotisations. Et cela permet également de financer le système de protection sociale.
- Speaker #1
Parlons vraiment du sujet de la rémunération. On entend de plus en plus parler de transparence salariale. Certains pays, comme d'ailleurs les Pays-Bas, ont adopté une transparence totale sur les salaires, avec aussi des fiches de paye simplifiées. En revanche, en France, on semble encore un petit peu loin de cette révolution. Pourquoi, selon toi, c'est si compliqué de rendre la rémunération plus lisible et transparente ? C'est-à-dire, pourquoi on ne communique pas la rémunération de chacun au sein des entreprises ?
- Speaker #0
La rémunération des travailleurs est un sujet sensible et un peu tabou. Et cela parce qu'elle touche à des notions de justice, d'équité, mais aussi de confidentialité. Alors pas partout, certaines entreprises font le choix de communiquer sur le salaire de toutes et tous en les affichant ou en les communiquant. Une entreprise avec des grilles de salaire correspondant au titre des postes, avec des règles claires telles que le niveau d'études, l'expérience antérieure, permet une égalité au sein de tous les salariés. Si dire à tout le monde combien chacun gagne pourrait créer des tensions, plutôt que d'apporter de la clarté, c'est à mon sens parce qu'il y a une inégalité forte car chaque salarié a négocié sa rémunération. Et d'un autre côté, il peut être entendable pour une entreprise qui a du mal à recruter sur des métiers en tension, de laisser une grande marge sur cette négociation, voire acquérir les talents dont elle a besoin.
- Speaker #1
Et oui, bien sûr.
- Speaker #0
Et cela, quitte à créer une frustration sur les salariés anciens qui n'ont pas le même niveau de rémunération. Car il ne faut pas se leurrer. Tout se sait dans une entreprise. Les salariés communiquent entre eux et il leur arrive de parler rémunération. Peu importe ce que l'entreprise choisit de mener comme politique de rémunération. Il est sûr, en toutes circonstances, qu'elle doit être d'une transparence totale sur les règles de calcul et les mécanismes de rémunération. Comme par exemple, comment et pourquoi est attribuée telle ou telle prime.
- Speaker #1
C'est ça, en fait, je trouve, le cœur du sujet, en tout cas qui est lié à cette transparence, c'est qu'il y a forcément des limites. Cette transparence, on va avoir des risques qui vont apparaître, création de jalousie entre les salariés, entre collègues, des effets secondaires, j'allais dire, qui pourraient nuire à l'ambiance de travail.
- Speaker #0
Alors pour moi, il n'y a pas de limite à la transparence. Quand le système est juste et équitable. Évidemment, s'il ne l'est pas, et que deux collègues pour un même poste, avec des missions identiques, un même niveau d'études et une ancienneté similaire, ont deux salaires avec une grande disparité, cela va créer de vives tensions et nuire à l'ambiance de travail.
- Speaker #1
Et là, on peut tomber aussi dans le sujet, dont on entend malheureusement souvent parler, de la différence encore de salaire entre les hommes et les femmes pour postes équivalents.
- Speaker #0
C'est ça. Tu vas retrouver une différence. Les femmes peuvent être retardées dans leur carrière suite à un congé maternité. Il ne leur permettra pas de bénéficier de la même expérience. et de la même ancienneté, car certains employeurs vont considérer que pendant cette période-là, ils n'ont pas acquis de compétences, tandis que d'autres ne vont pas le prendre en compte. Mais dans ça, justement, c'est la justice qui n'est pas respectée et l'égalité.
- Speaker #1
De toute façon, évidemment, on le sait, le sujet de la rémunération, c'est un sujet quotidien en entreprise, surtout lorsqu'on commence à être un petit peu ancien, parce que va arriver très rapidement un nouveau sujet, quand on obtient de nouvelles responsabilités notamment, c'est celui de l'avancement sur salaire, en tout cas d'une augmentation. En France, on a 52% des salariés qui n'osent pas la demander, souvent par crainte, par manque de savoir-faire. Est-ce que tu aurais, toi, des conseils pratiques que tu pourrais donner à un salarié qui souhaite un petit peu renégocier leur salaire ? Et finalement, comment aborder ce sujet ? Est-ce qu'il y a des erreurs à éviter pour se retrouver dans une situation un petit peu inconfortable avec son employeur ?
- Speaker #0
Alors négocier son salaire, c'est comme cuisiner. Il faut les bons ingrédients, un timing parfait et éviter de tout brûler.
- Speaker #1
Ben voilà, l'image est parfaite.
- Speaker #0
Il faut se préparer en amont en se renseignant sur votre valeur sur le marché. Consultez des études de rémunération et des offres d'emploi similaires pour avoir une idée réaliste de ce que vaut votre poste. Il faut faire le bilan de vos contributions. Notez vos réussites, vos projets clés et tout ce que vous avez apporté à l'entreprise. Avoir des exemples concrets rend la demande plus solide. Et d'autant plus... si vous pouvez être à même de citer les félicitations reçues par votre manager sur telle ou telle mission.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Il faut être en mesure de justifier, de préparer, d'apporter des preuves du fait qu'on mérite finalement cette augmentation.
- Speaker #0
C'est ça. Il faut également identifier le bon moment pour amener le sujet, lors de l'entretien annuel ou après un gros succès professionnel, nouveau client, un objectif atteint. Et éviter de solliciter un rendez-vous à ce sujet lors de crise dans l'entreprise ou en période de tension.
- Speaker #1
Oui, le sens du timing a tout son importance.
- Speaker #0
Exactement. Enfin, il faut adopter la bonne attitude pendant l'entretien. Restez factuel. et positif. Je mérite plus ne fonctionne pas. Alors oubliez cette phrase. Il faut des arguments concrets, non des émotions. Montrez que vous êtes ouvert. L'entreprise n'est pas en capacité de vous augmenter. Négociez d'autres avantages. Une prime, une formation, du télétravail ou une évolution de poste. Et surtout, ne pas négliger l'élément essentiel qui vous fait peur. Exprimez votre demande en étant précis. J'aimerais une augmentation. Concernant les erreurs, ne vous comparez pas à vos collègues. Dire que machin gagne plus que moi va créer des tensions et révéler un manque flagrant de maturité. évitez les ultimatums. Si vous ne m'augmentez pas, je pars. À moins d'être réellement prêt à le faire. Parce que vous perdrez toute crédibilité pour la suite. Et même si je trouve que les émotions jouent un rôle essentiel dans le bien-être au travail, et leurs expressions permettent de débloquer de nombreuses situations, ce n'est absolument pas le cas quand on négocie sa rémunération. On laisse ses émotions de côté, on est clair, ouvert et positif. Et si on obtient une réponse négative, on demande des explications. Quel objectif dois-je atteindre pour obtenir cette augmentation ? En plus, cela vous permettra de voir si c'est atteignable ou si votre entreprise vous mène en bateau.
- Speaker #1
Donc si on résume, bon timing, excellente préparation. On peut éventuellement passer par des étapes avant de demander une augmentation. Ça peut être effectivement d'autres formes, d'autres formes d'avantages, des avancements de postes qui pourront préparer peut-être dans le futur cette augmentation. Et surtout, on ne se fâche pas, on évite de se braquer parce que ça ne mènera à rien.
- Speaker #0
Et tu disais dans ta question, tu parlais de situation inconfortable. Normalement, quand tu t'es préparé, Ce n'est plus une situation inconfortable et il est légitime de demander une augmentation si elle ne t'est pas soumise de fait.
- Speaker #1
Si on est à l'aise avec le fait de la demander parce que c'est préparé, qu'il y a des justifications valables, peut-être qu'on aura un refus, mais en tout cas on aura essayé, on sera droit dans ses bottes comme on dit.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Alors sur ce sujet de la rémunération, en tant que recruteur, j'ai forcément envie de dire un mot, puisque en effet, on ne devrait jamais esquiver cette question de la rémunération, surtout dans un processus de recrutement. Parce que c'est bien plus qu'un simple chiffre, c'est une question de valorisation et de transparence, on en a parlé. Pourtant, certaines entreprises hésitent encore aujourd'hui à aborder cette question de front, pensant peut-être éviter un sujet délicat ou n'étant pas du tout à l'aise parce que finalement mal préparé. Mais soyons clairs, un candidat qui connaît dès le départ les contours financiers d'un poste, c'est un candidat en confiance et ça pose les bases d'une relation professionnelle saine. Ignorer ou minimiser cet aspect, c'est risquer de créer des malentendus, voire de perdre des talents précieux en cours de route. Justement, parlons des offres d'emploi. Oui, elles doivent inclure une information sur le salaire ou à minima une fourchette. Ça ne devrait jamais être un secret. Cela montre que l'entreprise joue la carte de la transparence et respecte les attentes des candidats. D'ailleurs, tout simplement, de plus en plus de plateformes refusent même de publier les annonces sans qu'il y ait mention d'un salaire. C'est une... tendance forte et pour cause un recrutement doit être un échange clair dès le départ sur ce sujet de la rémunération côté candidat ne vous sentez jamais gêné d'aborder cette question en entretien vous êtes parfaitement légitime parler salaire ce n'est pas être intéressé ou déplacé c'est simplement chercher à comprendre si l'opportunité correspond à vos attentes et à votre valeur les compétences que vous apportez à l'entreprise mérite une reconnaissance juste et cela inclut bien sûr la rémunération. Si on revient côté employeur, toi en tant que gestionnaire de paye Camille, tu vois j'allais dire de l'autre côté de la barrière et on entend souvent dire que le salaire c'est l'un des plus gros postes de dépenses voire le plus important pour les employeurs. Pourtant ne pas bien rémunérer ou valoriser ses employés peut coûter bien plus cher au final parce qu'en termes de turnover ou pour attirer de nouveaux talents, c'est un petit peu moyen. Comment ? Les employeurs peuvent-ils mieux aborder le sujet du salaire pour fidéliser leurs talents, tout en restant compétitifs sur le marché ?
- Speaker #0
Comme ce que tu as évoqué, je pense que je ne vais pas dire grand-chose de nouveau. La transparence est un enjeu primordial. Si les employeurs veulent être compétitifs et attirer les talents, il est important de mentionner la rémunération proposée dans les offres d'emploi. On voit encore trop d'offres sans aucune mention du salaire, même pas une fourchette, comme tu l'as très justement dit. Alors une rémunération claire, on n'en parle même pas. Comme nous l'avons évoqué au début de ce podcast, le salaire et la rémunération, ce n'est pas exactement la même chose. La rémunération globale englobe bien plus les avantages en nature, les primes. C'est tout cela que l'entreprise doit mettre en avant pour se démarquer. Et pas citer dans les annonces les 50% de remboursement d'abonnement de transport, ce n'est pas un avantage, ou un réel élément de rémunération, comme tu dis. C'est obligatoire pour toutes les entreprises, c'est la loi, comme la mutuelle.
- Speaker #1
Ce que je retiens de cet épisode, c'est que la paye, c'est quand même loin de se réduire à une simple question d'argent, comme j'introduisais ce podcast. Elle reflète plutôt des choix de société, l'équilibre entre droit et devoir, et surtout, elle forge une relation de confiance entre l'employeur et ses employés. Camille, pour conclure, si tu devais donner un conseil aux salariés qui nous écoutent, aux employeurs qui nous écoutent pour aborder le sujet de la paye de manière plus sereine et constructive, qu'elle serait-il ?
- Speaker #0
Informez-vous et préparez vos questions. La paye, c'est une recette complexe. J'ai déjà fait des parallèles avec la cuisine, c'est une recette. On ne comprend pas tout au premier coup d'œil, mais avec un peu de curiosité, tout devient plus clair. Prenez le temps de bien comprendre votre fiche de paye, ses lignes et ses mécanismes. Si quelque chose vous semble flou, n'hésitez pas à poser des questions à votre gestionnaire de paye. Mais faites-le avec des bases. solide. Informez-vous avant, par exemple sur les cotisations sociales ou les avantages en nature. Cela montre que vous êtes impliqué et évite les malentendus. Et surtout, rappelez-vous que derrière la paie, il y a des règles complexes. Soyez patient, car même si une erreur peut arriver, elle n'est généralement pas intentionnelle. Et pour les employeurs, communiquez avec pédagogie et transparence. La paie, pour beaucoup de salariés, c'est un mystère. Prenez l'initiative d'expliquer simplement les éléments clés du bulletin de paie et le rôle des cotisations sociales, sans attendre qu'on vous pose la question. organiser des sessions d'information ou partager des supports clairs pour démystifier le processus. Par exemple, dans mon entreprise, nous avons un mini-module de formation de 10 minutes qui permet aux salariés de décrypter sa fiche de paye et de la comprendre. Quand des salariés ont des questions, je leur communique, ils suivent ce module et il est arrivé que nous en échangeons après coup. Soyez aussi à l'écoute. Si un salarié vient avec une question ou une inquiétude, répondez avec empathie et pédagogie. Même si vous êtes face à une demande complexe ou répétitive, Une bonne communication renforce la confiance et évite les frustrations. En résumé, pour une paie plus sereine, il faut de la curiosité côté salarié et de la pédagogie côté employeur. Quand chacun fait un pas vers l'autre, le sujet devient moins conflictuel.
- Speaker #1
Curiosité, communication, c'est quand même des conseils que l'on donne très régulièrement dans Joborama. Camille, rendez-vous récurrent dans Joborama et nos auditeurs le savent, c'est le moment de la rubrique où on se parle, franchement. "La paye, c'est tellement complexe que si trois gestionnaires de paye la refaisaient, ils obtiendraient trois résultats différents." Cette phrase que j'ai entendue récemment m'a quand même fait un petit peu réfléchir. Comment c'est possible que quelque chose d'aussi centrale pour les salariés et les entreprises soit à ce point une zone d'incertitude ? Alors, est-ce que c'est une légende urbaine ou est-ce qu'il y a une part de vérité dans cette phrase ?
- Speaker #0
Alors, il y a totalement une part de vérité. Comme on disait, la paye... ça s'appuie sur des textes juridiques, qui sont sujets à interprétation parfois. Voilà, pour donner un exemple concret, le calcul d'une indemnité de licenciement. On doit faire un comparatif, je ne vais pas expliquer tout le processus de calcul, mais on doit faire un comparatif, et dans ce comparatif, on doit à la fois regarder les trois derniers mois et les douze derniers mois. Là où c'est sujet à interprétation, c'est sur les trois derniers mois. Certains vont prendre les trois derniers mois à date de licenciement ou les trois derniers mois à date de notification de la rupture. Du coup, ce ne sont pas du tout la même chose parce que la notification de rupture intervient bien avant la date du licenciement.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Et ça,
- Speaker #0
ce n'est pas précisé dans le texte juridique.
- Speaker #1
En fait, ce qui pose problème, c'est qu'il y a entre guillemets de l'humain derrière, qu'il y a les textes de loi qui sont, comme tu l'as dit, sujet interprétation. Et donc, ça peut entraîner du flou derrière. Mais alors, est-ce qu'au final, le salarié, il est floué ? C'est-à-dire, est-ce que c'est vraiment des... il va y avoir des grosses différences ? Est-ce que ça veut dire que toutes les feuilles de paye d'aujourd'hui sont fausses et qu'on a tous eu un manque à gagner quelque part ?
- Speaker #0
Non. Non, non, parce qu'il y a... plein de règles de calcul qui sont claires et limpides et qu'on applique sur les payes. Le calcul des heures supplémentaires, lui, est très juste. La dernière modification de la loi du travail a complexifié beaucoup de choses. Parce qu'autrefois, avant ça, dans les calculs qui étaient appliqués, c'était ce qui était le plus avantageux pour le salarié. Maintenant, sur certains éléments, ce n'est pas ce qui est le plus avantageux pour le salarié.
- Speaker #1
Et ça, c'est la loi qui le dit ?
- Speaker #0
C'est la loi qui le dit.
- Speaker #1
D'accord. Ok. Mais alors, j'imagine que, et là on va parler de ton point de vue un petit peu plus personnel, mais toi en tant que gestionnaire de paye, cette marge d'erreur, cette marge d'interprétation ? J'imagine que ça doit engendrer du stress dans ton quotidien, au travail. Parfois même, tu dois avoir peur des tensions avec les salariés, avec ces erreurs possibles, non ?
- Speaker #0
Il faut savoir que s'il y a des erreurs sur une paye, nous avons trois ans pour régulariser, que ce soit en faveur ou en défaveur du salarié. Comme dans beaucoup de secteurs, le droit à l'erreur existe. Il est toujours très inconfortable de devoir appeler un salarié pour lui dire Excusez-moi, j'ai commis une erreur sur votre paye, nous devons vous reprendre C'est toujours très compliqué, je ne suis jamais à l'aise avec cette situation. Néanmoins, la loi le permet. Et dans ces cas-là, mon seul recours, moi personnellement, c'est de m'excuser auprès du salarié, de lui présenter mes excuses. Il faut savoir que les salariés, en tout cas au sein de mon entreprise, sont toujours assez compréhensifs de cette situation, parce qu'eux-mêmes sont des êtres humains et ont commis des erreurs. Sachant que les erreurs que l'on peut commettre sont aussi parfois en faveur du salarié. Il m'est arrivé de me rendre compte qu'un salarié n'avait pas... perçu des sommes qu'il devait percevoir. Et dans ce cas-là, cela a été régularisé parfois sur deux, trois ans que nous autorise la loi.
- Speaker #1
Cette complexité qui est malgré toi, on l'a largement détaillée dans l'épisode, qui est aussi liée aux différents textes de loi qui se sont succédés, au modèle de protection sociale qui est à la fois avantageux, mais aussi du coup exigeant. Est-ce que tu crois que cette complexité-là, elle ne contribue pas finalement à alimenter quelque part la méfiance qui... peut y avoir aujourd'hui entre employeurs et employés dans certaines entreprises ?
- Speaker #0
Je ne pense pas qu'il y ait de méfiance réelle. Quand on en a parlé, quand le système est juste, équitable, transparent, il n'y a pas de méfiance. J'ai déjà travaillé dans d'autres entreprises sur lesquelles ce système n'était absolument pas clair. Et dans ce cas-là, oui, il y a de la méfiance. Parce qu'on sait très bien que la même personne à côté de nous, qui a le même poste, les mêmes missions, va être payée davantage. malgré une ancienneté similaire. Dans ce cas-là, oui, ça engendre de la méfiance. La complexité, elle, du système de rémunération, je ne pense pas. Il faut savoir quand même que tous ces textes juridiques sont à disposition de toutes et tous sur Internet, sur le site Légifrance. Donc quand on a un doute sur quelque chose, nous pouvons aller consulter ces textes.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a des éléments qu'un salarié devrait absolument vérifier à chaque fois sur sa fiche de paye ?
- Speaker #0
Déjà, bien vérifier ses éléments variables, c'est-à-dire ses heures supplémentaires s'il en a eu, le versement de la prime, est-ce qu'elle a bien été calculée en fonction des conditions qui ont été fixées sur cette prime. Ensuite, sur le bas de bulletin, le net, voir si on a bien les remboursements de ses frais professionnels, si on a bien le remboursement de la part employeur de l'abonnement de transport. Pensez également à regarder le taux d'imposition, parce que vous... pouvez le choisir sur le site impots.gouv.fr.
- Speaker #1
Oui, donc vérifier que le taux que vous avez choisi sur le site impots.gouv soit bien le bon qui soit indiqué sur votre fiche de paye. C'est tout simple à vérifier et ça peut...
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Alors on rassure, bien évidemment, les auditeurs qui nous écoutent. Derrière ce système de gestion de la paye, il y a des vérifications qui sont faites et il y a des erreurs qui sont d'ailleurs rattrapées avant même que le bulletin de paye ne soit édité et le salarié ne s'en rendra jamais compte.
- Speaker #0
Ah bien sûr ! Bien sûr, il y a beaucoup de vérifications qui sont réalisées. Il y a des plans de contrôle qualité qui permettent de faire attention à ce que la rémunération, les salaires, les payes soient justes.
- Speaker #1
Et sauf erreur de ma part, vous avez des portefeuilles de salariés, des secteurs de salariés qui vous sont attribués, ce qui fait que vous avez régulièrement les mêmes qui reviennent tous les mois. Donc à force, vous connaissez aussi les situations de chacun et du coup, ça évite aussi les erreurs. Ce n'est pas des nouvelles personnes chaque mois qui reviennent pour la paye.
- Speaker #0
Exactement. Chaque gestionnaire de paye a un portefeuille et au bout d'un moment, au bout de quelques mois déjà, va connaître son portefeuille de paye, va connaître des situations, va savoir que tel salarié est en arrêt maladie depuis tant de temps, etc. Entreprise, nous sommes en lien direct avec les salariés.
- Speaker #1
Alors ce qui est sûr, c'est, je pense qu'on est tous d'accord, c'est que le sujet de la paye, ça reste quand même un défi, un défi collectif aujourd'hui. Pour avancer, peut-être faut-il plus de formation, d'outils adaptés. et surtout on a parlé d'une communication claire entre les entreprises et leurs collaborateurs. Merci beaucoup Camille d'avoir accepté de témoigner, d'apporter son expertise sur ce sujet dans Joborama. Les éclairages je pense sur la complexité de la paie, la transparence salariale, les bonnes pratiques à adopter nous ont tous permis de mieux comprendre ce sujet crucial et qui était précieux.
- Speaker #0
Merci Jonathan et maintenant que vous avez écouté ce podcast, je vous propose une mission, réécoutez-le. Cette fois, avec votre fiche de paye sous les yeux, vous verrez d'un coup, tout semblera plus limpide. Enfin, je l'espère.
- Speaker #1
Et bien voilà, munissez-vous de votre fiche de paye et comme toujours, restez curieux et ouverts aux conversations qui façonnent votre carrière. Nous arrivons à la fin de cet épisode dédié au sujet central, souvent sensible, mais toujours essentiel, la paye. Avec Camille, nous avons exploré les coulisses de ce domaine complexe et parfois méconnu, qui ne se limite pas, comme on l'a vu, à des chiffres sur une fiche de salaire, mais qui reflète aussi des enjeux humains, juridiques et organisationnels cruciaux. Nous avons vu que la paie n'est pas juste une formalité administrative, elle est un véritable levier d'attractivité et de rétention pour les entreprises, et en tant que candidat ou collaborateur, elle est aussi un sujet de droit et de transparence légitime à aborder. Alors, que retenir ? Côté entreprises, investissez dans une gestion de la paie précise, transparente et humaine. Vos équipes vous en remercieront et c'est un gage de confiance pour tous. Côté candidat et salarié, oser parler de ce sujet sans tabou, négocier, poser des questions, c'est une preuve de votre professionnalisme. Si cet épisode vous a plu ou qu'il vous a donné des idées ou des questions à creuser, n'hésitez pas à m'en faire part sur LinkedIn, Instagram ou Facebook ou directement sur les plateformes d'écoute. Dans notre prochain épisode, nous plongerons dans un autre sujet passionnant, l'intelligence artificielle. et l'emploi menace ou opportunité. On démêlera le vrai du faux avec une experte en intelligence artificielle pour les entreprises. Merci pour votre écoute fidèle et comme toujours, pensez à partager cet épisode pour faire découvrir Joborama à ceux qui, comme vous, veulent comprendre et agir sur le monde de l'emploi. C'était Joborama, votre panorama sur l'emploi.
