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Journal d'une parabadiste

#15 La classification en sport paralympique : injustices, tricheries et pistes d'amélioration

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16min |05/12/2024
Play
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Description

Partie 2 de l'épisode sur la classification ! Après avoir abordé les tenants et aboutissants de la classification en sport paralympique dans la 1ère partie, on va aujourd'hui discuter de ses limites.


Car tout système à ses barrières et les compétitions paralympiques n'y coupent pas.


Entre laissés pour compte, injustices, tricheries... le système de classe est loin d'être parfait. Pas si simple de conjuguer handicap et sport.


Cependant, il est aussi important de souligner les pare-feux mis en place pour limiter ces excès et garantir des compétitions les plus équitables.


Une 2e partie importante pour compléter le sujet de la classification des athlètes paralympiques !



🎙️ Pour suivre le podcast sur Instagram, et découvrir du contenu vidéo exclusif, interagir avec moi et poser vos questions qui pourront être abordées dans les futurs épisodes : https://www.instagram.com/paralympienne.podcast/


🏸 Pour me suivre dans mon quotidien de sportive de haut niveau, sur mes tournois internationaux et à l'entraînement : https://www.instagram.com/milena_surreau/



Pour les puristes : https://www.facebook.com/MilenaSurreau


📥 Pour ne rien rater, c'est sur ma Newsletter que ça se passe : http://eepurl.com/ib1cZ5


Avis aux professionnel, LinkedIn est encore le réseau ou je suis la plus active ! https://www.linkedin.com/in/milena-surreau/


Milena SURREAU


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous vous êtes déjà enflammé devant une finale du 100 mètres et les podiums des Jeux vous procurent des frissons. Le sport vous galvanise et les sportifs vous font rêver. Mais derrière les médailles, le chemin vers le jour de gloire est un long parcours semé d'embûches et de challenges. Alors quant à cela s'ajoute le handicap, la route peut s'annoncer encore plus sinueuse. Je m'appelle Milena Suro, je suis sportive de haut niveau en para-badminton. Le but de ce podcast est de vous parler de la vie d'une sportive en quête des Jeux, entre exigence du haut niveau et galère du handicap. afin de mieux comprendre le quotidien de ces sportifs à part et de cerner les enjeux de l'accessibilité. Alors si vous aimez le sport, le développement personnel ou que vous êtes touché de près ou de loin par le handicap, ce podcast est fait pour vous. Bonjour et bienvenue dans l'épisode 15 de mon podcast Journal d'une parabadiste. Aujourd'hui c'est un peu particulier puisque c'est la partie 2 de l'épisode précédent au sujet de la classification en parasport. J'en profite deux secondes pour vous dire de ne pas... pas oublier de vous abonner au podcast pour rater aucun épisode, et surtout de lui mettre une note sur votre plateforme d'écoute pour que je puisse toucher de plus en plus de monde avec le référencement. Et pareil, me rejoindre sur les réseaux sociaux, arrobase parabadiste.podcast. Il y a deux semaines, dans l'épisode 14, je vous expliquais ce qu'était la classification, quel est son but, dans quelle mesure l'équité est préservée dans les compétitions paralympiques, donc... Pour ceux qui me découvrent aujourd'hui, je vous invite vraiment à aller d'abord écouter l'épisode 14 pour bien comprendre de quoi on parle, tous les tenants et aboutissants, et ensuite de revenir écouter cette partie 2. Aujourd'hui, on est donc rendu au processus de classification. Comment est-ce qu'on décide qu'un athlète doit concourir dans telle ou telle classe ? La classification, elle se passe en quatre étapes. D'abord, on doit constituer un dossier de classification dans lequel on va noter la classe dans laquelle on estime appartenir, la nature de notre handicap, ses conséquences, s'il est fluctuant, stable, évolutif, etc. Et ça, c'est rempli par un médecin qui nous suit et qui nous connaît. Ce dossier, il est envoyé aux classificateurs de notre sport. Les classificateurs, ce sont des gens qui sont généralement kinés et parfois médecins et qui ont été formés... pour connaître les différentes classes du sport dans lequel ils deviennent classificateurs, puisqu'on le rappelle, tous les sports ont des règles de classification et de seuil de handicap minimum différents. Donc ces personnes connaissent toutes les règles de classification de ce sport et peuvent donc savoir que telle ou telle atteinte correspond à telle ou telle classe. La deuxième étape, elle consiste donc à être évaluée par des classificateurs, et ça, ça se fait en marge. d'un tournoi international où sur certaines étapes de Coupe du Monde, il y a une journée consacrée à l'évaluation des nouveaux joueurs. On est donc d'abord évalué physiquement sur une table de kiné, où là, en fonction du dossier qu'on a rempli, les kinés vont évaluer les atteintes. Donc pour les handicaps neuraux, ça va être une évaluation de la spasticité, du déficit moteur. Pour les amputés, ça va être une mesure du membre résiduel, etc. Ensuite, on passe à la troisième étape qui est une observation sur... terrain. Donc là, c'est la mise en situation observée par les classificateurs où ils vont donc pouvoir regarder comment la personne se déplace, comment ses limitations se caractérisent en situation et ça leur permet de voir un peu plus concrètement comment se traduisent les déficits cliniques. Parce que parfois, entre ce qu'on a sur le papier et comment ça se traduit sur un terrain, il peut y avoir des petites différences. À la fin de cette troisième étape, les classificateurs vont nous mettre dans une classe qui permet de passer à la dernière étape, c'est l'observation en compétition. C'est ce qu'on appelle la première apparition. C'est un peu la compétition test qui va permettre soit de valider définitivement la proposition des classificateurs, soit de changer de classe parce qu'on se rend compte que la personne ne correspond finalement pas aux exigences de la classe de sa première apparition. Ça permet aussi parfois de démasquer les tricheurs qui n'avaient pas tout donné pendant leur mise en situation, mais qui une fois sur un terrain de compétition se mettent à galoper comme des lapins. Une fois cette compétition terminée, les classificateurs vont valider une classe pour l'athlète. Et là, on va avoir ce qu'on appelle un statut de classification qui en gros est soit confirmé quand on a un handicap stable, soit fixe review quand on a un handicap qui est amené à fluctuer. avec du coup une fréquence à laquelle l'athlète devra repasser tout le processus de classification, généralement tous les ans ou tous les deux ans. Cependant, ça nous amène une ouverture sur les limites de la classification en sport paralympique, parce que, comme dans tout système, il y a malheureusement des limites, des laissés-pour-compte et des tricheurs. Dans la première partie, donc dans l'épisode 14, j'évoquais le fait qu'il y a une liste de handicaps éligibles et une liste non exhaustive de handicaps non éligibles pour être classifiés dans les sports paralympiques. Cette liste de handicaps éligibles, elle est assez restreinte, et ce pour deux raisons. La première, c'est due à l'histoire des Jeux paralympiques, qui à la base étaient réservés aux blessés médulaires de guerre. Alors petit à petit, ça s'est étendu aux amputés, puis aux handicaps neurologiques ou orthopédiques. qui permet d'être debout, pour ensuite donner la liste de handicaps qu'on connaît aujourd'hui. Le souci, c'est qu'on a augmenté le nombre de handicaps éligibles, mais le quota d'athlètes, lui, il est désormais fixe, et le comité international paralympique n'autorise que 4400 athlètes maximum aux Jeux paralympiques. À chaque fois qu'on ouvre un type de handicap supplémentaire, ça veut dire accueillir plus d'athlètes d'un côté, mais en enlever de l'autre. Pour des raisons d'organisation des compétitions, des capacités d'accueil du village, etc. J'en parle un peu dans l'épisode 9 du podcast, je ne vais pas revenir en détail dessus. Donc, disons que le comité international paralympique est aujourd'hui un peu frileux à l'idée de trop s'étendre parce que ça leur rajouterait des contraintes organisationnelles complexes qui n'ont, je pense, pas envie d'étudier à l'heure actuelle. Ensuite, la deuxième raison, c'est qu'on en revient à l'équité. Cette liste de handicaps éligibles, ce sont des limitations qui sont... cliniquement évaluables. On peut mesurer la taille d'un membre, on peut mesurer la spasticité, on peut mesurer la puissance d'un muscle en examinant une personne, on peut faire une IRM d'un cerveau lésé, mais on ne peut pas mesurer la douleur qui est un ressenti exprimé par la personne, on ne peut pas mesurer l'hyperlaxité d'une articulation et surtout ses conséquences sur une performance sportive, etc. Donc malheureusement, le comité paralympique a fait le choix de tout bonnement exclure. ces handicaps de la liste pour s'assurer de l'équité sportive et qu'il n'y ait que des handicaps que l'on peut mesurer, quantifier à l'examen clinique et ou voir sur une imagerie. Et malheureusement, ça exclut un nombre énorme d'athlètes qui peuvent avoir des pathologies très invalidantes, qui ont un réel impact sur la performance sportive, mais qui du coup ne sont pas éligibles. Il y a aussi une deuxième subtilité, c'est qu'une nouvelle fois pour... se couvrir et garantir l'équité et éviter les tentatives de fraude qu'on ne pourrait pas démasquer, le comité paralympique a décidé que certaines pathologies n'étaient pas éligibles, même si la personne présente des limitations fonctionnelles éligibles. Et c'est là que ça devient encore plus discriminant. Je vais donner un exemple plus concret, parce que c'est un peu complexe. J'ai entendu le mois dernier le témoignage d'une athlète qui a une maladie qui rend son tissu conjonctif fragile. le syndrome d'Ehlers-Danlos. Du fait de sa pathologie, elle se fait énormément d'entorses, de luxations, et en plus d'une fatigue énorme dans son quotidien, puisqu'elle doit faire attention à ses moindres fraises et gestes pour ne pas se blesser, elle doit utiliser un fauteuil roulant dans sa vie parce que ses jambes ne sont pas assez stables pour marcher sans se déboîter un genou, une cheville, etc. Du fait de son quotidien de malade chronique et de cette hyperlaxité, elle a très peu de force dans les jambes et dans les mains. Donc sur le papier... elle rentre dans le handicap éligible perte de force musculaire et elle pourrait potentiellement concourir avec son fauteuil roulant. Sauf que non, parce que sa pathologie a été déclarée comme non éligible. Donc d'un côté, elle rentre dans les critères fonctionnels, mais de l'autre, elle ne rentre pas dans la liste des pathologies éligibles. Donc elle ne peut pas être classifiée. Cette situation est de plus en plus fréquente, parce que le sport, c'est un vecteur très important d'une bonne santé, et notamment quand on a une maladie. Sauf que tous ces athlètes avec des pathologies non éligibles, ils se retrouvent mis de côté, alors même que fonctionnellement, ils ont les mêmes limitations physiques que les autres para-athlètes éligibles. Donc ici, ça pose quand même un réel souci d'injustice pour ces personnes qui sont tout bonnement exclues parce qu'elles ont le bon physique, mais pas le bon diagnostic pour entrer dans les critères. Le CIP préfère, je pense... prendre d'énormes précautions et exclure des gens de bonne foi qui auraient totalement leur place dans le parasport pour éviter que des gens mal intentionnés fraudent. C'est pour ça qu'aujourd'hui, le seul moyen d'être classifié, c'est d'avoir un handicap que l'on peut prouver par un examen d'imagerie ou un examen clinique couplé à un diagnostic prouvant l'origine du handicap. Parce que malheureusement, les fraudes sont une réalité. Une triste réalité, mais une réalité quand même. Et beaucoup d'athlètes et parfois même de fédérations nationales vont tricher pour pouvoir performer dans un parasport contre des gens moins handicapés qu'eux. Il n'est pas rare que des athlètes aggravent leur état le jour de la classification. pour être considérés comme très handicapés, et donc derrière que leur compétition soit plus facile, puisque face à des athlètes en plus grande difficulté fonctionnelle qu'eux. Il y a eu plusieurs enquêtes journalistiques qui se sont intéressées à ce sujet, pour essayer de comprendre les techniques de triche, les motivations. Donc la technique la plus répandue, c'est tout simplement le jour de la classification, faire semblant de ne pas pouvoir courir. Moi c'est quelque chose dont j'ai été témoin sur un tournoi, une joueuse qui lors de son... passage en classification, à l'évaluation sur le terrain, ne pouvaient quasiment pas courir avec une boiterie immense. Et le lendemain, pendant le tournoi, elle courait partout sans souci. Après, il y a quand même beaucoup de pare-feu qui sont mis en place, comme je l'ai expliqué avec cette liste de handicaps éligibles et non éligibles qui essayent de limiter les possibilités de fraude. Ensuite, un point important, c'est la classification en plusieurs étapes, avec donc le dossier médical de l'athlète, l'évaluation clinique. par des professionnels de santé, l'évaluation sur terrain et surtout, le plus important ensuite, l'observation en compétition où il est difficile de faire semblant avec l'appât du gain. Et puis, il y a au final une procédure de contestation possible. Si on estime qu'un athlète n'est pas dans la bonne classe, les fédérations nationales peuvent lancer des contestations pour que l'athlète soit réévalué si les classificateurs considèrent qu'effectivement, une réévaluation doit avoir lieu. Donc même si oui, il y a des triches, comme partout, je trouve que globalement, en tout cas dans mon sport, il y a une vraie tendance à l'équité et peu de triches. Malheureusement, même dans le meilleur des mondes sans triches, il reste toujours que l'équité parfaite n'existe pas, et que fatalement, certains athlètes se retrouvent plus lésés que d'autres dans leur classe. Parce que comme je le disais dans l'épisode précédent, dans la partie 1, il ne peut pas y avoir autant de classes que d'athlètes. Il faut un minimum de densité. pour faire des compétitions, et donc forcément, on mixe les profils et les attentes. Et donc, entre un joueur qui va par exemple être à la limite haute de sa classe, c'est-à-dire qu'il est éligible, mais qu'à peu de choses près, il n'aurait pas été assez handicapé pour l'être, et que de l'autre côté, on a un joueur qui est à la limite basse de sa classe, et qu'à peu de choses près, il aurait été mis dans la classe de handicap plus importante, on voit que ces deux athlètes... vont se retrouver dans la même classe, alors qu'au final, sur une compétition, on verra un grand écart entre les deux. Parce qu'ils sont l'un et l'autre à chaque limite haute et basse de leur classe. C'est un peu ce qui s'est passé aux Jeux Paralympiques dans ma poule, où moi j'ai un handicap assez important pour la classe SL4, et j'étais avec notamment une joueuse qui est à la limite de ne pas être éligible. Donc entre nous deux, forcément on voit un gouffre. Malheureusement, il n'y a pas grand chose à faire par rapport à ça. On ne peut pas démultiplier les classes. Donc c'est sûr que malheureusement, certains athlètes se retrouvent quand même lésés par la classification et par les handicaps minimums définis dans chaque classe. Et de l'autre côté, il y a parfois des difficultés à évaluer certains athlètes parce qu'il peut être difficile de faire la part entre les limitations que provoque le handicap et la compensation qu'a mis en place l'athlète en travaillant d'arrache-pied. Je pense à Nick Mayhew en athlétisme qui a été classifié en T37. parce qu'à l'examen clinique, sa condition physique montrait clairement une hémiplégie de la jambe et du bras, et les classificateurs l'ont finalement changé de classe pour le mettre en T38, donc avec des athlètes ayant un handicap moins important, parce qu'ils ont décrété que son record personnel au 100 mètres était beaucoup trop rapide pour un T37. Alors que cet athlète a travaillé d'arrache-pied pour augmenter ses performances, pour devenir le meilleur et avoir un record personnel très haut, les classificateurs ont plutôt décidé que ça voulait dire qu'il n'était pas dans la bonne classe de handicap parce qu'il court entre guillemets trop vite pour un T37. Et ça aussi, c'est une injustice énorme pour ces athlètes qui sont très talentueux et performants malgré leurs atteintes. Mais du coup, on va décider qu'en fait, on va plutôt les mettre dans une autre classe de handicap. Mais c'est pour ça que les classifications sont en constante évolution pour le meilleur, mais aussi parfois pour le pire. Néanmoins, dans la plupart des sports, les choses vont dans le bon sens avec de plus en plus d'évolutions qui prennent en compte les demandes des athlètes. J'ai entendu dire qu'il y allait aussi peut-être avoir une ouverture sur la question de ces fameuses pathologies non éligibles. Pour l'instant, je n'ai pas plus d'informations, donc je ne vais pas m'étaler là-dessus. Et quoi qu'il en soit, les athlètes sont de plus en plus au cœur des décisions grâce aux élections et aux conseils d'administration dans lesquels on a des sièges pour participer aux décisions parce qu'il y a toujours plus d'enjeux avec la professionnalisation du sport paralympique, la médiatisation en constante augmentation et des nouvelles questions qui sont mises sur la table comme par exemple quid du cumul des handicaps moteurs et sensoriels par exemple. des athlètes aveugles et amputés ou des paraplégiques et déficients visuels, ça pose la question de l'ajustement des classes et de la prise en compte de ces doubles profils. Voilà pour cette deuxième partie sur la classification. Moi je vous dis à dans deux semaines pour le prochain épisode. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'imagine donc que le contenu vous a plu alors je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous et vous abonner pour ne louper aucun épisode à venir. Tous les liens utiles sont dans la description, alors allez y jeter un coup d'œil, et moi je vous dis à la prochaine !

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Partie 2 de l'épisode sur la classification ! Après avoir abordé les tenants et aboutissants de la classification en sport paralympique dans la 1ère partie, on va aujourd'hui discuter de ses limites.


Car tout système à ses barrières et les compétitions paralympiques n'y coupent pas.


Entre laissés pour compte, injustices, tricheries... le système de classe est loin d'être parfait. Pas si simple de conjuguer handicap et sport.


Cependant, il est aussi important de souligner les pare-feux mis en place pour limiter ces excès et garantir des compétitions les plus équitables.


Une 2e partie importante pour compléter le sujet de la classification des athlètes paralympiques !



🎙️ Pour suivre le podcast sur Instagram, et découvrir du contenu vidéo exclusif, interagir avec moi et poser vos questions qui pourront être abordées dans les futurs épisodes : https://www.instagram.com/paralympienne.podcast/


🏸 Pour me suivre dans mon quotidien de sportive de haut niveau, sur mes tournois internationaux et à l'entraînement : https://www.instagram.com/milena_surreau/



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Milena SURREAU


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Vous vous êtes déjà enflammé devant une finale du 100 mètres et les podiums des Jeux vous procurent des frissons. Le sport vous galvanise et les sportifs vous font rêver. Mais derrière les médailles, le chemin vers le jour de gloire est un long parcours semé d'embûches et de challenges. Alors quant à cela s'ajoute le handicap, la route peut s'annoncer encore plus sinueuse. Je m'appelle Milena Suro, je suis sportive de haut niveau en para-badminton. Le but de ce podcast est de vous parler de la vie d'une sportive en quête des Jeux, entre exigence du haut niveau et galère du handicap. afin de mieux comprendre le quotidien de ces sportifs à part et de cerner les enjeux de l'accessibilité. Alors si vous aimez le sport, le développement personnel ou que vous êtes touché de près ou de loin par le handicap, ce podcast est fait pour vous. Bonjour et bienvenue dans l'épisode 15 de mon podcast Journal d'une parabadiste. Aujourd'hui c'est un peu particulier puisque c'est la partie 2 de l'épisode précédent au sujet de la classification en parasport. J'en profite deux secondes pour vous dire de ne pas... pas oublier de vous abonner au podcast pour rater aucun épisode, et surtout de lui mettre une note sur votre plateforme d'écoute pour que je puisse toucher de plus en plus de monde avec le référencement. Et pareil, me rejoindre sur les réseaux sociaux, arrobase parabadiste.podcast. Il y a deux semaines, dans l'épisode 14, je vous expliquais ce qu'était la classification, quel est son but, dans quelle mesure l'équité est préservée dans les compétitions paralympiques, donc... Pour ceux qui me découvrent aujourd'hui, je vous invite vraiment à aller d'abord écouter l'épisode 14 pour bien comprendre de quoi on parle, tous les tenants et aboutissants, et ensuite de revenir écouter cette partie 2. Aujourd'hui, on est donc rendu au processus de classification. Comment est-ce qu'on décide qu'un athlète doit concourir dans telle ou telle classe ? La classification, elle se passe en quatre étapes. D'abord, on doit constituer un dossier de classification dans lequel on va noter la classe dans laquelle on estime appartenir, la nature de notre handicap, ses conséquences, s'il est fluctuant, stable, évolutif, etc. Et ça, c'est rempli par un médecin qui nous suit et qui nous connaît. Ce dossier, il est envoyé aux classificateurs de notre sport. Les classificateurs, ce sont des gens qui sont généralement kinés et parfois médecins et qui ont été formés... pour connaître les différentes classes du sport dans lequel ils deviennent classificateurs, puisqu'on le rappelle, tous les sports ont des règles de classification et de seuil de handicap minimum différents. Donc ces personnes connaissent toutes les règles de classification de ce sport et peuvent donc savoir que telle ou telle atteinte correspond à telle ou telle classe. La deuxième étape, elle consiste donc à être évaluée par des classificateurs, et ça, ça se fait en marge. d'un tournoi international où sur certaines étapes de Coupe du Monde, il y a une journée consacrée à l'évaluation des nouveaux joueurs. On est donc d'abord évalué physiquement sur une table de kiné, où là, en fonction du dossier qu'on a rempli, les kinés vont évaluer les atteintes. Donc pour les handicaps neuraux, ça va être une évaluation de la spasticité, du déficit moteur. Pour les amputés, ça va être une mesure du membre résiduel, etc. Ensuite, on passe à la troisième étape qui est une observation sur... terrain. Donc là, c'est la mise en situation observée par les classificateurs où ils vont donc pouvoir regarder comment la personne se déplace, comment ses limitations se caractérisent en situation et ça leur permet de voir un peu plus concrètement comment se traduisent les déficits cliniques. Parce que parfois, entre ce qu'on a sur le papier et comment ça se traduit sur un terrain, il peut y avoir des petites différences. À la fin de cette troisième étape, les classificateurs vont nous mettre dans une classe qui permet de passer à la dernière étape, c'est l'observation en compétition. C'est ce qu'on appelle la première apparition. C'est un peu la compétition test qui va permettre soit de valider définitivement la proposition des classificateurs, soit de changer de classe parce qu'on se rend compte que la personne ne correspond finalement pas aux exigences de la classe de sa première apparition. Ça permet aussi parfois de démasquer les tricheurs qui n'avaient pas tout donné pendant leur mise en situation, mais qui une fois sur un terrain de compétition se mettent à galoper comme des lapins. Une fois cette compétition terminée, les classificateurs vont valider une classe pour l'athlète. Et là, on va avoir ce qu'on appelle un statut de classification qui en gros est soit confirmé quand on a un handicap stable, soit fixe review quand on a un handicap qui est amené à fluctuer. avec du coup une fréquence à laquelle l'athlète devra repasser tout le processus de classification, généralement tous les ans ou tous les deux ans. Cependant, ça nous amène une ouverture sur les limites de la classification en sport paralympique, parce que, comme dans tout système, il y a malheureusement des limites, des laissés-pour-compte et des tricheurs. Dans la première partie, donc dans l'épisode 14, j'évoquais le fait qu'il y a une liste de handicaps éligibles et une liste non exhaustive de handicaps non éligibles pour être classifiés dans les sports paralympiques. Cette liste de handicaps éligibles, elle est assez restreinte, et ce pour deux raisons. La première, c'est due à l'histoire des Jeux paralympiques, qui à la base étaient réservés aux blessés médulaires de guerre. Alors petit à petit, ça s'est étendu aux amputés, puis aux handicaps neurologiques ou orthopédiques. qui permet d'être debout, pour ensuite donner la liste de handicaps qu'on connaît aujourd'hui. Le souci, c'est qu'on a augmenté le nombre de handicaps éligibles, mais le quota d'athlètes, lui, il est désormais fixe, et le comité international paralympique n'autorise que 4400 athlètes maximum aux Jeux paralympiques. À chaque fois qu'on ouvre un type de handicap supplémentaire, ça veut dire accueillir plus d'athlètes d'un côté, mais en enlever de l'autre. Pour des raisons d'organisation des compétitions, des capacités d'accueil du village, etc. J'en parle un peu dans l'épisode 9 du podcast, je ne vais pas revenir en détail dessus. Donc, disons que le comité international paralympique est aujourd'hui un peu frileux à l'idée de trop s'étendre parce que ça leur rajouterait des contraintes organisationnelles complexes qui n'ont, je pense, pas envie d'étudier à l'heure actuelle. Ensuite, la deuxième raison, c'est qu'on en revient à l'équité. Cette liste de handicaps éligibles, ce sont des limitations qui sont... cliniquement évaluables. On peut mesurer la taille d'un membre, on peut mesurer la spasticité, on peut mesurer la puissance d'un muscle en examinant une personne, on peut faire une IRM d'un cerveau lésé, mais on ne peut pas mesurer la douleur qui est un ressenti exprimé par la personne, on ne peut pas mesurer l'hyperlaxité d'une articulation et surtout ses conséquences sur une performance sportive, etc. Donc malheureusement, le comité paralympique a fait le choix de tout bonnement exclure. ces handicaps de la liste pour s'assurer de l'équité sportive et qu'il n'y ait que des handicaps que l'on peut mesurer, quantifier à l'examen clinique et ou voir sur une imagerie. Et malheureusement, ça exclut un nombre énorme d'athlètes qui peuvent avoir des pathologies très invalidantes, qui ont un réel impact sur la performance sportive, mais qui du coup ne sont pas éligibles. Il y a aussi une deuxième subtilité, c'est qu'une nouvelle fois pour... se couvrir et garantir l'équité et éviter les tentatives de fraude qu'on ne pourrait pas démasquer, le comité paralympique a décidé que certaines pathologies n'étaient pas éligibles, même si la personne présente des limitations fonctionnelles éligibles. Et c'est là que ça devient encore plus discriminant. Je vais donner un exemple plus concret, parce que c'est un peu complexe. J'ai entendu le mois dernier le témoignage d'une athlète qui a une maladie qui rend son tissu conjonctif fragile. le syndrome d'Ehlers-Danlos. Du fait de sa pathologie, elle se fait énormément d'entorses, de luxations, et en plus d'une fatigue énorme dans son quotidien, puisqu'elle doit faire attention à ses moindres fraises et gestes pour ne pas se blesser, elle doit utiliser un fauteuil roulant dans sa vie parce que ses jambes ne sont pas assez stables pour marcher sans se déboîter un genou, une cheville, etc. Du fait de son quotidien de malade chronique et de cette hyperlaxité, elle a très peu de force dans les jambes et dans les mains. Donc sur le papier... elle rentre dans le handicap éligible perte de force musculaire et elle pourrait potentiellement concourir avec son fauteuil roulant. Sauf que non, parce que sa pathologie a été déclarée comme non éligible. Donc d'un côté, elle rentre dans les critères fonctionnels, mais de l'autre, elle ne rentre pas dans la liste des pathologies éligibles. Donc elle ne peut pas être classifiée. Cette situation est de plus en plus fréquente, parce que le sport, c'est un vecteur très important d'une bonne santé, et notamment quand on a une maladie. Sauf que tous ces athlètes avec des pathologies non éligibles, ils se retrouvent mis de côté, alors même que fonctionnellement, ils ont les mêmes limitations physiques que les autres para-athlètes éligibles. Donc ici, ça pose quand même un réel souci d'injustice pour ces personnes qui sont tout bonnement exclues parce qu'elles ont le bon physique, mais pas le bon diagnostic pour entrer dans les critères. Le CIP préfère, je pense... prendre d'énormes précautions et exclure des gens de bonne foi qui auraient totalement leur place dans le parasport pour éviter que des gens mal intentionnés fraudent. C'est pour ça qu'aujourd'hui, le seul moyen d'être classifié, c'est d'avoir un handicap que l'on peut prouver par un examen d'imagerie ou un examen clinique couplé à un diagnostic prouvant l'origine du handicap. Parce que malheureusement, les fraudes sont une réalité. Une triste réalité, mais une réalité quand même. Et beaucoup d'athlètes et parfois même de fédérations nationales vont tricher pour pouvoir performer dans un parasport contre des gens moins handicapés qu'eux. Il n'est pas rare que des athlètes aggravent leur état le jour de la classification. pour être considérés comme très handicapés, et donc derrière que leur compétition soit plus facile, puisque face à des athlètes en plus grande difficulté fonctionnelle qu'eux. Il y a eu plusieurs enquêtes journalistiques qui se sont intéressées à ce sujet, pour essayer de comprendre les techniques de triche, les motivations. Donc la technique la plus répandue, c'est tout simplement le jour de la classification, faire semblant de ne pas pouvoir courir. Moi c'est quelque chose dont j'ai été témoin sur un tournoi, une joueuse qui lors de son... passage en classification, à l'évaluation sur le terrain, ne pouvaient quasiment pas courir avec une boiterie immense. Et le lendemain, pendant le tournoi, elle courait partout sans souci. Après, il y a quand même beaucoup de pare-feu qui sont mis en place, comme je l'ai expliqué avec cette liste de handicaps éligibles et non éligibles qui essayent de limiter les possibilités de fraude. Ensuite, un point important, c'est la classification en plusieurs étapes, avec donc le dossier médical de l'athlète, l'évaluation clinique. par des professionnels de santé, l'évaluation sur terrain et surtout, le plus important ensuite, l'observation en compétition où il est difficile de faire semblant avec l'appât du gain. Et puis, il y a au final une procédure de contestation possible. Si on estime qu'un athlète n'est pas dans la bonne classe, les fédérations nationales peuvent lancer des contestations pour que l'athlète soit réévalué si les classificateurs considèrent qu'effectivement, une réévaluation doit avoir lieu. Donc même si oui, il y a des triches, comme partout, je trouve que globalement, en tout cas dans mon sport, il y a une vraie tendance à l'équité et peu de triches. Malheureusement, même dans le meilleur des mondes sans triches, il reste toujours que l'équité parfaite n'existe pas, et que fatalement, certains athlètes se retrouvent plus lésés que d'autres dans leur classe. Parce que comme je le disais dans l'épisode précédent, dans la partie 1, il ne peut pas y avoir autant de classes que d'athlètes. Il faut un minimum de densité. pour faire des compétitions, et donc forcément, on mixe les profils et les attentes. Et donc, entre un joueur qui va par exemple être à la limite haute de sa classe, c'est-à-dire qu'il est éligible, mais qu'à peu de choses près, il n'aurait pas été assez handicapé pour l'être, et que de l'autre côté, on a un joueur qui est à la limite basse de sa classe, et qu'à peu de choses près, il aurait été mis dans la classe de handicap plus importante, on voit que ces deux athlètes... vont se retrouver dans la même classe, alors qu'au final, sur une compétition, on verra un grand écart entre les deux. Parce qu'ils sont l'un et l'autre à chaque limite haute et basse de leur classe. C'est un peu ce qui s'est passé aux Jeux Paralympiques dans ma poule, où moi j'ai un handicap assez important pour la classe SL4, et j'étais avec notamment une joueuse qui est à la limite de ne pas être éligible. Donc entre nous deux, forcément on voit un gouffre. Malheureusement, il n'y a pas grand chose à faire par rapport à ça. On ne peut pas démultiplier les classes. Donc c'est sûr que malheureusement, certains athlètes se retrouvent quand même lésés par la classification et par les handicaps minimums définis dans chaque classe. Et de l'autre côté, il y a parfois des difficultés à évaluer certains athlètes parce qu'il peut être difficile de faire la part entre les limitations que provoque le handicap et la compensation qu'a mis en place l'athlète en travaillant d'arrache-pied. Je pense à Nick Mayhew en athlétisme qui a été classifié en T37. parce qu'à l'examen clinique, sa condition physique montrait clairement une hémiplégie de la jambe et du bras, et les classificateurs l'ont finalement changé de classe pour le mettre en T38, donc avec des athlètes ayant un handicap moins important, parce qu'ils ont décrété que son record personnel au 100 mètres était beaucoup trop rapide pour un T37. Alors que cet athlète a travaillé d'arrache-pied pour augmenter ses performances, pour devenir le meilleur et avoir un record personnel très haut, les classificateurs ont plutôt décidé que ça voulait dire qu'il n'était pas dans la bonne classe de handicap parce qu'il court entre guillemets trop vite pour un T37. Et ça aussi, c'est une injustice énorme pour ces athlètes qui sont très talentueux et performants malgré leurs atteintes. Mais du coup, on va décider qu'en fait, on va plutôt les mettre dans une autre classe de handicap. Mais c'est pour ça que les classifications sont en constante évolution pour le meilleur, mais aussi parfois pour le pire. Néanmoins, dans la plupart des sports, les choses vont dans le bon sens avec de plus en plus d'évolutions qui prennent en compte les demandes des athlètes. J'ai entendu dire qu'il y allait aussi peut-être avoir une ouverture sur la question de ces fameuses pathologies non éligibles. Pour l'instant, je n'ai pas plus d'informations, donc je ne vais pas m'étaler là-dessus. Et quoi qu'il en soit, les athlètes sont de plus en plus au cœur des décisions grâce aux élections et aux conseils d'administration dans lesquels on a des sièges pour participer aux décisions parce qu'il y a toujours plus d'enjeux avec la professionnalisation du sport paralympique, la médiatisation en constante augmentation et des nouvelles questions qui sont mises sur la table comme par exemple quid du cumul des handicaps moteurs et sensoriels par exemple. des athlètes aveugles et amputés ou des paraplégiques et déficients visuels, ça pose la question de l'ajustement des classes et de la prise en compte de ces doubles profils. Voilà pour cette deuxième partie sur la classification. Moi je vous dis à dans deux semaines pour le prochain épisode. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'imagine donc que le contenu vous a plu alors je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous et vous abonner pour ne louper aucun épisode à venir. Tous les liens utiles sont dans la description, alors allez y jeter un coup d'œil, et moi je vous dis à la prochaine !

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Description

Partie 2 de l'épisode sur la classification ! Après avoir abordé les tenants et aboutissants de la classification en sport paralympique dans la 1ère partie, on va aujourd'hui discuter de ses limites.


Car tout système à ses barrières et les compétitions paralympiques n'y coupent pas.


Entre laissés pour compte, injustices, tricheries... le système de classe est loin d'être parfait. Pas si simple de conjuguer handicap et sport.


Cependant, il est aussi important de souligner les pare-feux mis en place pour limiter ces excès et garantir des compétitions les plus équitables.


Une 2e partie importante pour compléter le sujet de la classification des athlètes paralympiques !



🎙️ Pour suivre le podcast sur Instagram, et découvrir du contenu vidéo exclusif, interagir avec moi et poser vos questions qui pourront être abordées dans les futurs épisodes : https://www.instagram.com/paralympienne.podcast/


🏸 Pour me suivre dans mon quotidien de sportive de haut niveau, sur mes tournois internationaux et à l'entraînement : https://www.instagram.com/milena_surreau/



Pour les puristes : https://www.facebook.com/MilenaSurreau


📥 Pour ne rien rater, c'est sur ma Newsletter que ça se passe : http://eepurl.com/ib1cZ5


Avis aux professionnel, LinkedIn est encore le réseau ou je suis la plus active ! https://www.linkedin.com/in/milena-surreau/


Milena SURREAU


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous vous êtes déjà enflammé devant une finale du 100 mètres et les podiums des Jeux vous procurent des frissons. Le sport vous galvanise et les sportifs vous font rêver. Mais derrière les médailles, le chemin vers le jour de gloire est un long parcours semé d'embûches et de challenges. Alors quant à cela s'ajoute le handicap, la route peut s'annoncer encore plus sinueuse. Je m'appelle Milena Suro, je suis sportive de haut niveau en para-badminton. Le but de ce podcast est de vous parler de la vie d'une sportive en quête des Jeux, entre exigence du haut niveau et galère du handicap. afin de mieux comprendre le quotidien de ces sportifs à part et de cerner les enjeux de l'accessibilité. Alors si vous aimez le sport, le développement personnel ou que vous êtes touché de près ou de loin par le handicap, ce podcast est fait pour vous. Bonjour et bienvenue dans l'épisode 15 de mon podcast Journal d'une parabadiste. Aujourd'hui c'est un peu particulier puisque c'est la partie 2 de l'épisode précédent au sujet de la classification en parasport. J'en profite deux secondes pour vous dire de ne pas... pas oublier de vous abonner au podcast pour rater aucun épisode, et surtout de lui mettre une note sur votre plateforme d'écoute pour que je puisse toucher de plus en plus de monde avec le référencement. Et pareil, me rejoindre sur les réseaux sociaux, arrobase parabadiste.podcast. Il y a deux semaines, dans l'épisode 14, je vous expliquais ce qu'était la classification, quel est son but, dans quelle mesure l'équité est préservée dans les compétitions paralympiques, donc... Pour ceux qui me découvrent aujourd'hui, je vous invite vraiment à aller d'abord écouter l'épisode 14 pour bien comprendre de quoi on parle, tous les tenants et aboutissants, et ensuite de revenir écouter cette partie 2. Aujourd'hui, on est donc rendu au processus de classification. Comment est-ce qu'on décide qu'un athlète doit concourir dans telle ou telle classe ? La classification, elle se passe en quatre étapes. D'abord, on doit constituer un dossier de classification dans lequel on va noter la classe dans laquelle on estime appartenir, la nature de notre handicap, ses conséquences, s'il est fluctuant, stable, évolutif, etc. Et ça, c'est rempli par un médecin qui nous suit et qui nous connaît. Ce dossier, il est envoyé aux classificateurs de notre sport. Les classificateurs, ce sont des gens qui sont généralement kinés et parfois médecins et qui ont été formés... pour connaître les différentes classes du sport dans lequel ils deviennent classificateurs, puisqu'on le rappelle, tous les sports ont des règles de classification et de seuil de handicap minimum différents. Donc ces personnes connaissent toutes les règles de classification de ce sport et peuvent donc savoir que telle ou telle atteinte correspond à telle ou telle classe. La deuxième étape, elle consiste donc à être évaluée par des classificateurs, et ça, ça se fait en marge. d'un tournoi international où sur certaines étapes de Coupe du Monde, il y a une journée consacrée à l'évaluation des nouveaux joueurs. On est donc d'abord évalué physiquement sur une table de kiné, où là, en fonction du dossier qu'on a rempli, les kinés vont évaluer les atteintes. Donc pour les handicaps neuraux, ça va être une évaluation de la spasticité, du déficit moteur. Pour les amputés, ça va être une mesure du membre résiduel, etc. Ensuite, on passe à la troisième étape qui est une observation sur... terrain. Donc là, c'est la mise en situation observée par les classificateurs où ils vont donc pouvoir regarder comment la personne se déplace, comment ses limitations se caractérisent en situation et ça leur permet de voir un peu plus concrètement comment se traduisent les déficits cliniques. Parce que parfois, entre ce qu'on a sur le papier et comment ça se traduit sur un terrain, il peut y avoir des petites différences. À la fin de cette troisième étape, les classificateurs vont nous mettre dans une classe qui permet de passer à la dernière étape, c'est l'observation en compétition. C'est ce qu'on appelle la première apparition. C'est un peu la compétition test qui va permettre soit de valider définitivement la proposition des classificateurs, soit de changer de classe parce qu'on se rend compte que la personne ne correspond finalement pas aux exigences de la classe de sa première apparition. Ça permet aussi parfois de démasquer les tricheurs qui n'avaient pas tout donné pendant leur mise en situation, mais qui une fois sur un terrain de compétition se mettent à galoper comme des lapins. Une fois cette compétition terminée, les classificateurs vont valider une classe pour l'athlète. Et là, on va avoir ce qu'on appelle un statut de classification qui en gros est soit confirmé quand on a un handicap stable, soit fixe review quand on a un handicap qui est amené à fluctuer. avec du coup une fréquence à laquelle l'athlète devra repasser tout le processus de classification, généralement tous les ans ou tous les deux ans. Cependant, ça nous amène une ouverture sur les limites de la classification en sport paralympique, parce que, comme dans tout système, il y a malheureusement des limites, des laissés-pour-compte et des tricheurs. Dans la première partie, donc dans l'épisode 14, j'évoquais le fait qu'il y a une liste de handicaps éligibles et une liste non exhaustive de handicaps non éligibles pour être classifiés dans les sports paralympiques. Cette liste de handicaps éligibles, elle est assez restreinte, et ce pour deux raisons. La première, c'est due à l'histoire des Jeux paralympiques, qui à la base étaient réservés aux blessés médulaires de guerre. Alors petit à petit, ça s'est étendu aux amputés, puis aux handicaps neurologiques ou orthopédiques. qui permet d'être debout, pour ensuite donner la liste de handicaps qu'on connaît aujourd'hui. Le souci, c'est qu'on a augmenté le nombre de handicaps éligibles, mais le quota d'athlètes, lui, il est désormais fixe, et le comité international paralympique n'autorise que 4400 athlètes maximum aux Jeux paralympiques. À chaque fois qu'on ouvre un type de handicap supplémentaire, ça veut dire accueillir plus d'athlètes d'un côté, mais en enlever de l'autre. Pour des raisons d'organisation des compétitions, des capacités d'accueil du village, etc. J'en parle un peu dans l'épisode 9 du podcast, je ne vais pas revenir en détail dessus. Donc, disons que le comité international paralympique est aujourd'hui un peu frileux à l'idée de trop s'étendre parce que ça leur rajouterait des contraintes organisationnelles complexes qui n'ont, je pense, pas envie d'étudier à l'heure actuelle. Ensuite, la deuxième raison, c'est qu'on en revient à l'équité. Cette liste de handicaps éligibles, ce sont des limitations qui sont... cliniquement évaluables. On peut mesurer la taille d'un membre, on peut mesurer la spasticité, on peut mesurer la puissance d'un muscle en examinant une personne, on peut faire une IRM d'un cerveau lésé, mais on ne peut pas mesurer la douleur qui est un ressenti exprimé par la personne, on ne peut pas mesurer l'hyperlaxité d'une articulation et surtout ses conséquences sur une performance sportive, etc. Donc malheureusement, le comité paralympique a fait le choix de tout bonnement exclure. ces handicaps de la liste pour s'assurer de l'équité sportive et qu'il n'y ait que des handicaps que l'on peut mesurer, quantifier à l'examen clinique et ou voir sur une imagerie. Et malheureusement, ça exclut un nombre énorme d'athlètes qui peuvent avoir des pathologies très invalidantes, qui ont un réel impact sur la performance sportive, mais qui du coup ne sont pas éligibles. Il y a aussi une deuxième subtilité, c'est qu'une nouvelle fois pour... se couvrir et garantir l'équité et éviter les tentatives de fraude qu'on ne pourrait pas démasquer, le comité paralympique a décidé que certaines pathologies n'étaient pas éligibles, même si la personne présente des limitations fonctionnelles éligibles. Et c'est là que ça devient encore plus discriminant. Je vais donner un exemple plus concret, parce que c'est un peu complexe. J'ai entendu le mois dernier le témoignage d'une athlète qui a une maladie qui rend son tissu conjonctif fragile. le syndrome d'Ehlers-Danlos. Du fait de sa pathologie, elle se fait énormément d'entorses, de luxations, et en plus d'une fatigue énorme dans son quotidien, puisqu'elle doit faire attention à ses moindres fraises et gestes pour ne pas se blesser, elle doit utiliser un fauteuil roulant dans sa vie parce que ses jambes ne sont pas assez stables pour marcher sans se déboîter un genou, une cheville, etc. Du fait de son quotidien de malade chronique et de cette hyperlaxité, elle a très peu de force dans les jambes et dans les mains. Donc sur le papier... elle rentre dans le handicap éligible perte de force musculaire et elle pourrait potentiellement concourir avec son fauteuil roulant. Sauf que non, parce que sa pathologie a été déclarée comme non éligible. Donc d'un côté, elle rentre dans les critères fonctionnels, mais de l'autre, elle ne rentre pas dans la liste des pathologies éligibles. Donc elle ne peut pas être classifiée. Cette situation est de plus en plus fréquente, parce que le sport, c'est un vecteur très important d'une bonne santé, et notamment quand on a une maladie. Sauf que tous ces athlètes avec des pathologies non éligibles, ils se retrouvent mis de côté, alors même que fonctionnellement, ils ont les mêmes limitations physiques que les autres para-athlètes éligibles. Donc ici, ça pose quand même un réel souci d'injustice pour ces personnes qui sont tout bonnement exclues parce qu'elles ont le bon physique, mais pas le bon diagnostic pour entrer dans les critères. Le CIP préfère, je pense... prendre d'énormes précautions et exclure des gens de bonne foi qui auraient totalement leur place dans le parasport pour éviter que des gens mal intentionnés fraudent. C'est pour ça qu'aujourd'hui, le seul moyen d'être classifié, c'est d'avoir un handicap que l'on peut prouver par un examen d'imagerie ou un examen clinique couplé à un diagnostic prouvant l'origine du handicap. Parce que malheureusement, les fraudes sont une réalité. Une triste réalité, mais une réalité quand même. Et beaucoup d'athlètes et parfois même de fédérations nationales vont tricher pour pouvoir performer dans un parasport contre des gens moins handicapés qu'eux. Il n'est pas rare que des athlètes aggravent leur état le jour de la classification. pour être considérés comme très handicapés, et donc derrière que leur compétition soit plus facile, puisque face à des athlètes en plus grande difficulté fonctionnelle qu'eux. Il y a eu plusieurs enquêtes journalistiques qui se sont intéressées à ce sujet, pour essayer de comprendre les techniques de triche, les motivations. Donc la technique la plus répandue, c'est tout simplement le jour de la classification, faire semblant de ne pas pouvoir courir. Moi c'est quelque chose dont j'ai été témoin sur un tournoi, une joueuse qui lors de son... passage en classification, à l'évaluation sur le terrain, ne pouvaient quasiment pas courir avec une boiterie immense. Et le lendemain, pendant le tournoi, elle courait partout sans souci. Après, il y a quand même beaucoup de pare-feu qui sont mis en place, comme je l'ai expliqué avec cette liste de handicaps éligibles et non éligibles qui essayent de limiter les possibilités de fraude. Ensuite, un point important, c'est la classification en plusieurs étapes, avec donc le dossier médical de l'athlète, l'évaluation clinique. par des professionnels de santé, l'évaluation sur terrain et surtout, le plus important ensuite, l'observation en compétition où il est difficile de faire semblant avec l'appât du gain. Et puis, il y a au final une procédure de contestation possible. Si on estime qu'un athlète n'est pas dans la bonne classe, les fédérations nationales peuvent lancer des contestations pour que l'athlète soit réévalué si les classificateurs considèrent qu'effectivement, une réévaluation doit avoir lieu. Donc même si oui, il y a des triches, comme partout, je trouve que globalement, en tout cas dans mon sport, il y a une vraie tendance à l'équité et peu de triches. Malheureusement, même dans le meilleur des mondes sans triches, il reste toujours que l'équité parfaite n'existe pas, et que fatalement, certains athlètes se retrouvent plus lésés que d'autres dans leur classe. Parce que comme je le disais dans l'épisode précédent, dans la partie 1, il ne peut pas y avoir autant de classes que d'athlètes. Il faut un minimum de densité. pour faire des compétitions, et donc forcément, on mixe les profils et les attentes. Et donc, entre un joueur qui va par exemple être à la limite haute de sa classe, c'est-à-dire qu'il est éligible, mais qu'à peu de choses près, il n'aurait pas été assez handicapé pour l'être, et que de l'autre côté, on a un joueur qui est à la limite basse de sa classe, et qu'à peu de choses près, il aurait été mis dans la classe de handicap plus importante, on voit que ces deux athlètes... vont se retrouver dans la même classe, alors qu'au final, sur une compétition, on verra un grand écart entre les deux. Parce qu'ils sont l'un et l'autre à chaque limite haute et basse de leur classe. C'est un peu ce qui s'est passé aux Jeux Paralympiques dans ma poule, où moi j'ai un handicap assez important pour la classe SL4, et j'étais avec notamment une joueuse qui est à la limite de ne pas être éligible. Donc entre nous deux, forcément on voit un gouffre. Malheureusement, il n'y a pas grand chose à faire par rapport à ça. On ne peut pas démultiplier les classes. Donc c'est sûr que malheureusement, certains athlètes se retrouvent quand même lésés par la classification et par les handicaps minimums définis dans chaque classe. Et de l'autre côté, il y a parfois des difficultés à évaluer certains athlètes parce qu'il peut être difficile de faire la part entre les limitations que provoque le handicap et la compensation qu'a mis en place l'athlète en travaillant d'arrache-pied. Je pense à Nick Mayhew en athlétisme qui a été classifié en T37. parce qu'à l'examen clinique, sa condition physique montrait clairement une hémiplégie de la jambe et du bras, et les classificateurs l'ont finalement changé de classe pour le mettre en T38, donc avec des athlètes ayant un handicap moins important, parce qu'ils ont décrété que son record personnel au 100 mètres était beaucoup trop rapide pour un T37. Alors que cet athlète a travaillé d'arrache-pied pour augmenter ses performances, pour devenir le meilleur et avoir un record personnel très haut, les classificateurs ont plutôt décidé que ça voulait dire qu'il n'était pas dans la bonne classe de handicap parce qu'il court entre guillemets trop vite pour un T37. Et ça aussi, c'est une injustice énorme pour ces athlètes qui sont très talentueux et performants malgré leurs atteintes. Mais du coup, on va décider qu'en fait, on va plutôt les mettre dans une autre classe de handicap. Mais c'est pour ça que les classifications sont en constante évolution pour le meilleur, mais aussi parfois pour le pire. Néanmoins, dans la plupart des sports, les choses vont dans le bon sens avec de plus en plus d'évolutions qui prennent en compte les demandes des athlètes. J'ai entendu dire qu'il y allait aussi peut-être avoir une ouverture sur la question de ces fameuses pathologies non éligibles. Pour l'instant, je n'ai pas plus d'informations, donc je ne vais pas m'étaler là-dessus. Et quoi qu'il en soit, les athlètes sont de plus en plus au cœur des décisions grâce aux élections et aux conseils d'administration dans lesquels on a des sièges pour participer aux décisions parce qu'il y a toujours plus d'enjeux avec la professionnalisation du sport paralympique, la médiatisation en constante augmentation et des nouvelles questions qui sont mises sur la table comme par exemple quid du cumul des handicaps moteurs et sensoriels par exemple. des athlètes aveugles et amputés ou des paraplégiques et déficients visuels, ça pose la question de l'ajustement des classes et de la prise en compte de ces doubles profils. Voilà pour cette deuxième partie sur la classification. Moi je vous dis à dans deux semaines pour le prochain épisode. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'imagine donc que le contenu vous a plu alors je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous et vous abonner pour ne louper aucun épisode à venir. Tous les liens utiles sont dans la description, alors allez y jeter un coup d'œil, et moi je vous dis à la prochaine !

Description

Partie 2 de l'épisode sur la classification ! Après avoir abordé les tenants et aboutissants de la classification en sport paralympique dans la 1ère partie, on va aujourd'hui discuter de ses limites.


Car tout système à ses barrières et les compétitions paralympiques n'y coupent pas.


Entre laissés pour compte, injustices, tricheries... le système de classe est loin d'être parfait. Pas si simple de conjuguer handicap et sport.


Cependant, il est aussi important de souligner les pare-feux mis en place pour limiter ces excès et garantir des compétitions les plus équitables.


Une 2e partie importante pour compléter le sujet de la classification des athlètes paralympiques !



🎙️ Pour suivre le podcast sur Instagram, et découvrir du contenu vidéo exclusif, interagir avec moi et poser vos questions qui pourront être abordées dans les futurs épisodes : https://www.instagram.com/paralympienne.podcast/


🏸 Pour me suivre dans mon quotidien de sportive de haut niveau, sur mes tournois internationaux et à l'entraînement : https://www.instagram.com/milena_surreau/



Pour les puristes : https://www.facebook.com/MilenaSurreau


📥 Pour ne rien rater, c'est sur ma Newsletter que ça se passe : http://eepurl.com/ib1cZ5


Avis aux professionnel, LinkedIn est encore le réseau ou je suis la plus active ! https://www.linkedin.com/in/milena-surreau/


Milena SURREAU


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous vous êtes déjà enflammé devant une finale du 100 mètres et les podiums des Jeux vous procurent des frissons. Le sport vous galvanise et les sportifs vous font rêver. Mais derrière les médailles, le chemin vers le jour de gloire est un long parcours semé d'embûches et de challenges. Alors quant à cela s'ajoute le handicap, la route peut s'annoncer encore plus sinueuse. Je m'appelle Milena Suro, je suis sportive de haut niveau en para-badminton. Le but de ce podcast est de vous parler de la vie d'une sportive en quête des Jeux, entre exigence du haut niveau et galère du handicap. afin de mieux comprendre le quotidien de ces sportifs à part et de cerner les enjeux de l'accessibilité. Alors si vous aimez le sport, le développement personnel ou que vous êtes touché de près ou de loin par le handicap, ce podcast est fait pour vous. Bonjour et bienvenue dans l'épisode 15 de mon podcast Journal d'une parabadiste. Aujourd'hui c'est un peu particulier puisque c'est la partie 2 de l'épisode précédent au sujet de la classification en parasport. J'en profite deux secondes pour vous dire de ne pas... pas oublier de vous abonner au podcast pour rater aucun épisode, et surtout de lui mettre une note sur votre plateforme d'écoute pour que je puisse toucher de plus en plus de monde avec le référencement. Et pareil, me rejoindre sur les réseaux sociaux, arrobase parabadiste.podcast. Il y a deux semaines, dans l'épisode 14, je vous expliquais ce qu'était la classification, quel est son but, dans quelle mesure l'équité est préservée dans les compétitions paralympiques, donc... Pour ceux qui me découvrent aujourd'hui, je vous invite vraiment à aller d'abord écouter l'épisode 14 pour bien comprendre de quoi on parle, tous les tenants et aboutissants, et ensuite de revenir écouter cette partie 2. Aujourd'hui, on est donc rendu au processus de classification. Comment est-ce qu'on décide qu'un athlète doit concourir dans telle ou telle classe ? La classification, elle se passe en quatre étapes. D'abord, on doit constituer un dossier de classification dans lequel on va noter la classe dans laquelle on estime appartenir, la nature de notre handicap, ses conséquences, s'il est fluctuant, stable, évolutif, etc. Et ça, c'est rempli par un médecin qui nous suit et qui nous connaît. Ce dossier, il est envoyé aux classificateurs de notre sport. Les classificateurs, ce sont des gens qui sont généralement kinés et parfois médecins et qui ont été formés... pour connaître les différentes classes du sport dans lequel ils deviennent classificateurs, puisqu'on le rappelle, tous les sports ont des règles de classification et de seuil de handicap minimum différents. Donc ces personnes connaissent toutes les règles de classification de ce sport et peuvent donc savoir que telle ou telle atteinte correspond à telle ou telle classe. La deuxième étape, elle consiste donc à être évaluée par des classificateurs, et ça, ça se fait en marge. d'un tournoi international où sur certaines étapes de Coupe du Monde, il y a une journée consacrée à l'évaluation des nouveaux joueurs. On est donc d'abord évalué physiquement sur une table de kiné, où là, en fonction du dossier qu'on a rempli, les kinés vont évaluer les atteintes. Donc pour les handicaps neuraux, ça va être une évaluation de la spasticité, du déficit moteur. Pour les amputés, ça va être une mesure du membre résiduel, etc. Ensuite, on passe à la troisième étape qui est une observation sur... terrain. Donc là, c'est la mise en situation observée par les classificateurs où ils vont donc pouvoir regarder comment la personne se déplace, comment ses limitations se caractérisent en situation et ça leur permet de voir un peu plus concrètement comment se traduisent les déficits cliniques. Parce que parfois, entre ce qu'on a sur le papier et comment ça se traduit sur un terrain, il peut y avoir des petites différences. À la fin de cette troisième étape, les classificateurs vont nous mettre dans une classe qui permet de passer à la dernière étape, c'est l'observation en compétition. C'est ce qu'on appelle la première apparition. C'est un peu la compétition test qui va permettre soit de valider définitivement la proposition des classificateurs, soit de changer de classe parce qu'on se rend compte que la personne ne correspond finalement pas aux exigences de la classe de sa première apparition. Ça permet aussi parfois de démasquer les tricheurs qui n'avaient pas tout donné pendant leur mise en situation, mais qui une fois sur un terrain de compétition se mettent à galoper comme des lapins. Une fois cette compétition terminée, les classificateurs vont valider une classe pour l'athlète. Et là, on va avoir ce qu'on appelle un statut de classification qui en gros est soit confirmé quand on a un handicap stable, soit fixe review quand on a un handicap qui est amené à fluctuer. avec du coup une fréquence à laquelle l'athlète devra repasser tout le processus de classification, généralement tous les ans ou tous les deux ans. Cependant, ça nous amène une ouverture sur les limites de la classification en sport paralympique, parce que, comme dans tout système, il y a malheureusement des limites, des laissés-pour-compte et des tricheurs. Dans la première partie, donc dans l'épisode 14, j'évoquais le fait qu'il y a une liste de handicaps éligibles et une liste non exhaustive de handicaps non éligibles pour être classifiés dans les sports paralympiques. Cette liste de handicaps éligibles, elle est assez restreinte, et ce pour deux raisons. La première, c'est due à l'histoire des Jeux paralympiques, qui à la base étaient réservés aux blessés médulaires de guerre. Alors petit à petit, ça s'est étendu aux amputés, puis aux handicaps neurologiques ou orthopédiques. qui permet d'être debout, pour ensuite donner la liste de handicaps qu'on connaît aujourd'hui. Le souci, c'est qu'on a augmenté le nombre de handicaps éligibles, mais le quota d'athlètes, lui, il est désormais fixe, et le comité international paralympique n'autorise que 4400 athlètes maximum aux Jeux paralympiques. À chaque fois qu'on ouvre un type de handicap supplémentaire, ça veut dire accueillir plus d'athlètes d'un côté, mais en enlever de l'autre. Pour des raisons d'organisation des compétitions, des capacités d'accueil du village, etc. J'en parle un peu dans l'épisode 9 du podcast, je ne vais pas revenir en détail dessus. Donc, disons que le comité international paralympique est aujourd'hui un peu frileux à l'idée de trop s'étendre parce que ça leur rajouterait des contraintes organisationnelles complexes qui n'ont, je pense, pas envie d'étudier à l'heure actuelle. Ensuite, la deuxième raison, c'est qu'on en revient à l'équité. Cette liste de handicaps éligibles, ce sont des limitations qui sont... cliniquement évaluables. On peut mesurer la taille d'un membre, on peut mesurer la spasticité, on peut mesurer la puissance d'un muscle en examinant une personne, on peut faire une IRM d'un cerveau lésé, mais on ne peut pas mesurer la douleur qui est un ressenti exprimé par la personne, on ne peut pas mesurer l'hyperlaxité d'une articulation et surtout ses conséquences sur une performance sportive, etc. Donc malheureusement, le comité paralympique a fait le choix de tout bonnement exclure. ces handicaps de la liste pour s'assurer de l'équité sportive et qu'il n'y ait que des handicaps que l'on peut mesurer, quantifier à l'examen clinique et ou voir sur une imagerie. Et malheureusement, ça exclut un nombre énorme d'athlètes qui peuvent avoir des pathologies très invalidantes, qui ont un réel impact sur la performance sportive, mais qui du coup ne sont pas éligibles. Il y a aussi une deuxième subtilité, c'est qu'une nouvelle fois pour... se couvrir et garantir l'équité et éviter les tentatives de fraude qu'on ne pourrait pas démasquer, le comité paralympique a décidé que certaines pathologies n'étaient pas éligibles, même si la personne présente des limitations fonctionnelles éligibles. Et c'est là que ça devient encore plus discriminant. Je vais donner un exemple plus concret, parce que c'est un peu complexe. J'ai entendu le mois dernier le témoignage d'une athlète qui a une maladie qui rend son tissu conjonctif fragile. le syndrome d'Ehlers-Danlos. Du fait de sa pathologie, elle se fait énormément d'entorses, de luxations, et en plus d'une fatigue énorme dans son quotidien, puisqu'elle doit faire attention à ses moindres fraises et gestes pour ne pas se blesser, elle doit utiliser un fauteuil roulant dans sa vie parce que ses jambes ne sont pas assez stables pour marcher sans se déboîter un genou, une cheville, etc. Du fait de son quotidien de malade chronique et de cette hyperlaxité, elle a très peu de force dans les jambes et dans les mains. Donc sur le papier... elle rentre dans le handicap éligible perte de force musculaire et elle pourrait potentiellement concourir avec son fauteuil roulant. Sauf que non, parce que sa pathologie a été déclarée comme non éligible. Donc d'un côté, elle rentre dans les critères fonctionnels, mais de l'autre, elle ne rentre pas dans la liste des pathologies éligibles. Donc elle ne peut pas être classifiée. Cette situation est de plus en plus fréquente, parce que le sport, c'est un vecteur très important d'une bonne santé, et notamment quand on a une maladie. Sauf que tous ces athlètes avec des pathologies non éligibles, ils se retrouvent mis de côté, alors même que fonctionnellement, ils ont les mêmes limitations physiques que les autres para-athlètes éligibles. Donc ici, ça pose quand même un réel souci d'injustice pour ces personnes qui sont tout bonnement exclues parce qu'elles ont le bon physique, mais pas le bon diagnostic pour entrer dans les critères. Le CIP préfère, je pense... prendre d'énormes précautions et exclure des gens de bonne foi qui auraient totalement leur place dans le parasport pour éviter que des gens mal intentionnés fraudent. C'est pour ça qu'aujourd'hui, le seul moyen d'être classifié, c'est d'avoir un handicap que l'on peut prouver par un examen d'imagerie ou un examen clinique couplé à un diagnostic prouvant l'origine du handicap. Parce que malheureusement, les fraudes sont une réalité. Une triste réalité, mais une réalité quand même. Et beaucoup d'athlètes et parfois même de fédérations nationales vont tricher pour pouvoir performer dans un parasport contre des gens moins handicapés qu'eux. Il n'est pas rare que des athlètes aggravent leur état le jour de la classification. pour être considérés comme très handicapés, et donc derrière que leur compétition soit plus facile, puisque face à des athlètes en plus grande difficulté fonctionnelle qu'eux. Il y a eu plusieurs enquêtes journalistiques qui se sont intéressées à ce sujet, pour essayer de comprendre les techniques de triche, les motivations. Donc la technique la plus répandue, c'est tout simplement le jour de la classification, faire semblant de ne pas pouvoir courir. Moi c'est quelque chose dont j'ai été témoin sur un tournoi, une joueuse qui lors de son... passage en classification, à l'évaluation sur le terrain, ne pouvaient quasiment pas courir avec une boiterie immense. Et le lendemain, pendant le tournoi, elle courait partout sans souci. Après, il y a quand même beaucoup de pare-feu qui sont mis en place, comme je l'ai expliqué avec cette liste de handicaps éligibles et non éligibles qui essayent de limiter les possibilités de fraude. Ensuite, un point important, c'est la classification en plusieurs étapes, avec donc le dossier médical de l'athlète, l'évaluation clinique. par des professionnels de santé, l'évaluation sur terrain et surtout, le plus important ensuite, l'observation en compétition où il est difficile de faire semblant avec l'appât du gain. Et puis, il y a au final une procédure de contestation possible. Si on estime qu'un athlète n'est pas dans la bonne classe, les fédérations nationales peuvent lancer des contestations pour que l'athlète soit réévalué si les classificateurs considèrent qu'effectivement, une réévaluation doit avoir lieu. Donc même si oui, il y a des triches, comme partout, je trouve que globalement, en tout cas dans mon sport, il y a une vraie tendance à l'équité et peu de triches. Malheureusement, même dans le meilleur des mondes sans triches, il reste toujours que l'équité parfaite n'existe pas, et que fatalement, certains athlètes se retrouvent plus lésés que d'autres dans leur classe. Parce que comme je le disais dans l'épisode précédent, dans la partie 1, il ne peut pas y avoir autant de classes que d'athlètes. Il faut un minimum de densité. pour faire des compétitions, et donc forcément, on mixe les profils et les attentes. Et donc, entre un joueur qui va par exemple être à la limite haute de sa classe, c'est-à-dire qu'il est éligible, mais qu'à peu de choses près, il n'aurait pas été assez handicapé pour l'être, et que de l'autre côté, on a un joueur qui est à la limite basse de sa classe, et qu'à peu de choses près, il aurait été mis dans la classe de handicap plus importante, on voit que ces deux athlètes... vont se retrouver dans la même classe, alors qu'au final, sur une compétition, on verra un grand écart entre les deux. Parce qu'ils sont l'un et l'autre à chaque limite haute et basse de leur classe. C'est un peu ce qui s'est passé aux Jeux Paralympiques dans ma poule, où moi j'ai un handicap assez important pour la classe SL4, et j'étais avec notamment une joueuse qui est à la limite de ne pas être éligible. Donc entre nous deux, forcément on voit un gouffre. Malheureusement, il n'y a pas grand chose à faire par rapport à ça. On ne peut pas démultiplier les classes. Donc c'est sûr que malheureusement, certains athlètes se retrouvent quand même lésés par la classification et par les handicaps minimums définis dans chaque classe. Et de l'autre côté, il y a parfois des difficultés à évaluer certains athlètes parce qu'il peut être difficile de faire la part entre les limitations que provoque le handicap et la compensation qu'a mis en place l'athlète en travaillant d'arrache-pied. Je pense à Nick Mayhew en athlétisme qui a été classifié en T37. parce qu'à l'examen clinique, sa condition physique montrait clairement une hémiplégie de la jambe et du bras, et les classificateurs l'ont finalement changé de classe pour le mettre en T38, donc avec des athlètes ayant un handicap moins important, parce qu'ils ont décrété que son record personnel au 100 mètres était beaucoup trop rapide pour un T37. Alors que cet athlète a travaillé d'arrache-pied pour augmenter ses performances, pour devenir le meilleur et avoir un record personnel très haut, les classificateurs ont plutôt décidé que ça voulait dire qu'il n'était pas dans la bonne classe de handicap parce qu'il court entre guillemets trop vite pour un T37. Et ça aussi, c'est une injustice énorme pour ces athlètes qui sont très talentueux et performants malgré leurs atteintes. Mais du coup, on va décider qu'en fait, on va plutôt les mettre dans une autre classe de handicap. Mais c'est pour ça que les classifications sont en constante évolution pour le meilleur, mais aussi parfois pour le pire. Néanmoins, dans la plupart des sports, les choses vont dans le bon sens avec de plus en plus d'évolutions qui prennent en compte les demandes des athlètes. J'ai entendu dire qu'il y allait aussi peut-être avoir une ouverture sur la question de ces fameuses pathologies non éligibles. Pour l'instant, je n'ai pas plus d'informations, donc je ne vais pas m'étaler là-dessus. Et quoi qu'il en soit, les athlètes sont de plus en plus au cœur des décisions grâce aux élections et aux conseils d'administration dans lesquels on a des sièges pour participer aux décisions parce qu'il y a toujours plus d'enjeux avec la professionnalisation du sport paralympique, la médiatisation en constante augmentation et des nouvelles questions qui sont mises sur la table comme par exemple quid du cumul des handicaps moteurs et sensoriels par exemple. des athlètes aveugles et amputés ou des paraplégiques et déficients visuels, ça pose la question de l'ajustement des classes et de la prise en compte de ces doubles profils. Voilà pour cette deuxième partie sur la classification. Moi je vous dis à dans deux semaines pour le prochain épisode. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'imagine donc que le contenu vous a plu alors je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous et vous abonner pour ne louper aucun épisode à venir. Tous les liens utiles sont dans la description, alors allez y jeter un coup d'œil, et moi je vous dis à la prochaine !

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