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KINECAST, Podcast Kiné

Féminisation de la profession : défis et changements

Féminisation de la profession : défis et changements

36min |27/11/2025
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KINECAST, Podcast Kiné

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Description

👩‍⚕️ En 2024, 52,2 % des kinés sont des femmes. Et pourtant, la profession reste pensée pour un modèle… masculin.

Entre congés maternité sous-indemnisés, charge mentale constante, sexisme ordinaire et difficulté à s’engager dans les instances, les kinés femmes cumulent les défis.


🎯 invitée du jour :
Céline Marchal, kinésithérapeute en Meurthe-et-Moselle et membre du conseil fédéral de la FFMKR, revient sur les résultats d’une grande enquête menée par la FFMKR auprès de 1570 kinés en seulement 5 jours.


👉 Au programme :
• Exercice libéral au féminin : état des lieux
• Maternité, épuisement, agressions : chiffres et vécus
• Engagement syndical et charge mentale : pourquoi c’est si difficile
• Pistes concrètes pour faire évoluer la profession
• Et surtout : comment faire entendre la voix des femmes kinés 💬


🎧 Un épisode essentiel pour mieux comprendre les réalités d’une profession en pleine mutation, et donner la parole à celles qui la font vivre au quotidien.

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⚠️ Les opinions exprimées dans ce podcast sont celles de l’intervenante et ne reflètent pas nécessairement celles de la FFMKR.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, c'est Céline, kinésithérapeute près de Lille. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Kinécast de la FEDE, la communauté dynamique et innovante des kinésithérapeutes. Chaque semaine, vous découvrirez les témoignages, les conseils et les astuces de kinés passionnés et engagés sur des sujets qui vous interpellent dans votre pratique, et aussi sur l'actualité. Ensemble et avec la FEDE, bougeons les lignes de la kinésithérapie. Bonne écoute ! La Médicale, un réseau expert d'agents généraux pour accompagner les masseurs kinésithérapeutes dans leurs besoins professionnels et privés. La Médicale accompagne près d'un masseur kinésithérapeute sur trois en France. Rassurant non, des assurances adaptées aux besoins des masseurs kinésithérapeutes, tant professionnels que privés. Bonjour à tous, bonjour à toutes, bienvenue dans ce nouvel épisode de Kinecast. Aujourd'hui, on va se pencher sur un sujet au cœur de la profession. l'exercice au féminin. Au 1er janvier 2024, 52,2% des kinésithérapeutes en France sont des femmes. Au-delà de ce chiffre, des questions concrètes se posent, comme l'équilibre entre la vie professionnelle, la vie privée, la maternité aussi, mais aussi la charge mentale et la place des kinésithérapeutes dans la représentation de la profession. Pour parler de ce sujet, j'ai le plaisir aujourd'hui de recevoir Céline Marchal, kinésithérapeute en Meurthe-et-Moselle. Bonjour Céline.

  • Speaker #1

    Bonjour Céline.

  • Speaker #0

    Je te remercie tout d'abord d'avoir accepté de participer à cette émission.

  • Speaker #1

    Merci à toi de m'avoir invitée car c'est un sujet qui me tient à cœur.

  • Speaker #0

    Eh bien, tu vas nous expliquer pourquoi très bientôt. Mais tout d'abord, je te propose de te présenter s'il te plaît.

  • Speaker #1

    Ok, alors je suis donc Céline, je suis kiné à Nancy, diplômée depuis 1998. Presque dès le début de mon exercice, un ou deux ans près, je me suis syndiquée. Et pour moi, c'était un moyen de rester informée, de suivre les avancées de la profession, et puis jamais être isolée dans mon exercice. Donc, je fais de la kiné généraliste. J'ai changé plusieurs fois de cabinet. pour des changements de vie, on va dire. Et je travaille à la fois actuellement en libérale pure et dans un SMR en tant que libérale.

  • Speaker #0

    Alors, avant de parler de l'exercice au féminin, est-ce que tu peux nous expliquer tout d'abord pourquoi tu t'es engagée ?

  • Speaker #1

    Alors, au départ, j'étais simplement adhérente. Puis, je suis tout doucement rentrée dans le conseil d'administration et au bureau de la FFMKR de mon département. Et c'est là que, grâce à Corinne Frisch, j'ai eu envie d'aller plus loin. Et du coup, je me suis présentée en 2019 au niveau du National. Et du coup, j'ai été élue en 2019.

  • Speaker #0

    Au Conseil fédéral alors.

  • Speaker #1

    Au Conseil fédéral, voilà. C'est à ce moment-là qu'on m'a proposé de rejoindre le secrétariat, à l'époque qui s'appelait à la parité. Et du coup, ce secrétariat m'a amenée à rentrer dans les... dans la commission paritaire-égalitaire de l'UNAPL. Donc l'UNAPL, l'Union Nationale des Professionnels de Santé Libéraux. Pas de santé, des professionnels libéraux. Donc je me suis toujours sentie un peu féministe au fond de moi, mais cette expérience a véritablement ouvert mes yeux sur la place des femmes dans l'ensemble des professions libérales. Les réalités sont plutôt frappantes, les horaires de travail sont... souvent extensibles, des contraintes parentales difficiles à concilier, les congés maternités encore très précaires. Dans ce milieu, chaque femme doit se battre pour trouver sa place et la garder. En prenant du recul, j'ai réalisé que nos préfessions ont été pensées au départ par des hommes pour des hommes. Ces mêmes hommes qui exerçaient à l'époque seuls dans leur couple n'avaient pas imaginé la place que pourraient prendre les femmes dans ces métiers. Aujourd'hui, il nous appartient en tant que femmes de faire évoluer ces modèles pour qu'ils reflètent vraiment les réalités et les besoins des femmes professionnelles libérales.

  • Speaker #0

    Alors au-delà de ça... Pourquoi tu as voulu le porter pour la profession ?

  • Speaker #1

    Alors je me suis rendue compte, déjà au niveau de toutes les professions libérales, qu'on avait un même combat, c'était trouver notre place. Et je me suis rendue compte qu'au niveau des kinésithérapeutes, rien n'avait été vraiment fait à ce niveau-là. Les choses ont évolué dans le temps, mais en fait, on réalise que c'est quand même encore basé sur un exercice très masculin. Or, la profession, comme tu l'as dit tout à l'heure, se féminise de plus en plus, elle sera genie. Donc, il va falloir penser la profession autrement.

  • Speaker #0

    Donc, c'est un sujet qui est venu, bien sûr, au sein de la FFMKR, et donc particulièrement avec toi au Conseil fédéral. Alors, quel projet, comment vous avez souhaité travailler sur ce sujet ?

  • Speaker #1

    Au départ, la FFKR... Mes collègues au niveau du Conseil fédéral m'ont écoutée et on s'est rendu compte qu'il était temps de commencer à s'occuper des femmes kinésithérapeutes. Et du coup, on a voulu commencer à lancer une enquête parce qu'il fallait pouvoir observer ce phénomène. La profession, comme je l'ai déjà dit tout à l'heure, elle se féminise, elle se rajeunit et il est temps. de revoir l'exercice libéral par rapport à cette densité de femmes qui devient de plus en plus importante. Donc on a trouvé que c'était important de prendre en compte cette réalité, d'en mesurer les impacts et de donner la parole aux principales concernées, les femmes. Nous avons donc mis en place un groupe de travail pour prendre ce sujet en main.

  • Speaker #0

    Quel est le contenu ? Quels sont les différents thèmes de cette enquête ?

  • Speaker #1

    Je vais revenir sur comment on a mis l'enquête en place. Le groupe de travail s'est dit que le meilleur moyen d'écouter les femmes, c'était de leur poser des questions, afin de mieux comprendre comment elles exerçaient, qui elles étaient. Et on voulait recueillir des témoignages concrets sur leurs conditions d'exercice. Il se trouvait qu'on n'était pas loin de la journée du 8 mars, la journée du droit des femmes. Et du coup, ça a été le moment où on a un peu déclenché rapidement l'enquête. On a travaillé pas mal d'heures à ce moment-là parce que c'était un gros questionnaire. Et du coup, on l'a diffusé sur les canaux syndicaux, auprès de notre base de données, des femmes de notre base de données à la FFMKR. Et puis, on l'a lancé sur les réseaux sociaux, afin de toucher le plus grand nombre possible. On a choisi d'explorer plusieurs grands thèmes, la conciliation vie professionnelle, vie familiale, la gestion des congés maternités, les charges mentales et organisationnelles, mais aussi le rapport et la reconnaissance dans la profession de ces femmes, comment elles se sentaient. On a regardé un petit peu l'état de santé global et l'idée était de dresser un premier état des lieux qui puisse ensuite nourrir la réflexion collective. et ouvrir des propositions plus concrètes derrière.

  • Speaker #0

    Donc cette enquête alors, combien de femmes ont répondu à cette enquête ?

  • Speaker #1

    Alors la participation a été plutôt très significative, on a eu 1570 réponses en même pas 5 jours. Ce qui témoigne vraiment de l'intérêt réel porté au sujet. Cela montre aussi que beaucoup se reconnaissent dans ces problématiques et ressentent le besoin. de les voir mises en lumière. 69% d'entre elles ont entre 25 et 45 ans, donc elles sont plutôt jeunes. 71% ont au moins un enfant à charge, donc elles ont toutes ce lien vie pro, vie perso, vie familiale à mettre en avant. Et du coup, elles sont donc majoritaires à devoir concilier cette vie professionnelle et familiale.

  • Speaker #0

    Alors, qu'est-ce qui vous a le plus marqué ? dans les résultats de cette enquête ?

  • Speaker #1

    Ce qui a été plus marquant, c'est d'abord le chiffre. Seuls 17% des répondantes déclarent n'avoir jamais ressenti d'épuisement professionnel. Ça ne fait vraiment pas beaucoup. Ça veut dire qu'une immense majorité des femmes sont concernées par une forme de fatigue et de surcharge. Un autre point assez frappant, 43% disent avoir subi des agressions sexistes. de la part de leurs patients et 15% de la part d'autres professionnels de santé. Donc le milieu est encore difficile pour les femmes. Ça leur demande de faire attention. Je dirais quasi en permanence, parce que 43% des patients, c'est énorme. C'est un constat lourd et on voit que le sexisme reste une réalité dans notre quotidien et pour les femmes, c'est difficile à vivre. Malgré tout ça, ce qui est le plus surprenant, et je dirais que même ça me rassure, c'est que 70% d'entre elles considèrent avoir une bonne qualité de vie et restent plutôt optimistes dans leur exercice. C'est une forme de paradoxe, mais aussi une preuve de la résilience et de la force des femmes qui naissent face aux difficultés qu'elles rencontrent. Et ça, j'ai été vraiment très impressionnée.

  • Speaker #0

    Est-ce que parmi ces résultats, est-ce qu'il y a des choses qui correspondent justement à ce que toi-même tu vis dans ton quotidien ou tes collègues, tes consœurs ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais prendre dans mon propre quotidien, on va dire que le sexisme un petit peu. Pas trop avec les patients, je pense que j'ai appris à gérer une barrière, donc ça passe plutôt bien. Avec les autres professionnels de santé, ça je peux le ressentir. Ça peut être, moi je suis d'une génération antérieure, on va dire, les blacks sexistes étaient monnaie courante, et on se rend compte que nous on a appris à faire avec, et on laissait faire, et les générations ont changé, et je pense que c'est quelque chose de positif de ne pas se laisser rater. rabaisser et de prendre sa place en tant que femme dans ce milieu. Et ce n'est pas toujours évident. Et j'entends mes consoeurs quand elles sont mal à l'aise et quand elles ne supportent plus ce type de langage. Et je peux vraiment le comprendre. Et donc, oui, les femmes sont plutôt fortes. Elles parlent facilement de leur surcharge de travail, de leur charge mentale, mais elles ne lâchent rien. En sociologie, on les appelle les femmes warriors. Et la femme qui naît, apparemment, sont plutôt représentatives de ce phénomène.

  • Speaker #0

    Parmi les grands thèmes de cette enquête, il y a la maternité, l'équilibre entre cette vie professionnelle et la vie familiale. Comment les femmes ont répondu sur ces thèmes ?

  • Speaker #1

    Je voudrais faire un petit point d'histoire par rapport à ça. Pour les quiniers libérales, le congé maternité a longtemps été le parent pauvre, voire n'existait pas. Il faut rappeler que ce n'est qu'en 2006 que nous avons obtenu pour la première fois des indemnités journalières maternité. Elles étaient à l'époque très modestes. Perso, j'ai eu deux enfants avant cette date et on avait uniquement une prime à la maternité. Cette prime correspondait à peu près à un mois de charge. Sans parler des repas et tout, je parle charge professionnelle. Et il fallait anticiper, mettre de côté. Et du coup, vouloir une grossesse, vouloir des enfants, c'était anticiper et il fallait créer sa propre prévoyance, on va dire.

  • Speaker #0

    Et parfois même, certaines réduisaient leur temps de congé maternité.

  • Speaker #1

    Ah oui, mes deux congés maths, vu que j'avais réussi à mettre pas mal de côté, j'ai pris trois mois à chaque fois. C'est-à-dire 15 jours, 3 semaines avant accoucher et 2 mois derrière. C'était vraiment très court, mais j'ai dû anticiper pour m'offrir un temps avec mes bébés. Et c'est vrai que c'était dur à vivre, surtout qu'autour de nous, moi j'avais beaucoup de consœurs, enfin de non-consoeurs, mais de copines qui étaient elles-mêmes... En congé mat, qu'il y avait des congés mat plus avancés, qu'il y avait droit à un congé mat à l'allaitement, qu'il y avait droit à... Et tout ça, nous, en libéral, on ne l'avait pas. Donc, il fallait se le créer. Et j'étais fière d'avoir réussi à me dire, ouais, j'ai pris trois mois en tout, comparé à d'autres qui ont arrêté le travail la veille et qui ont repris 15 jours, 3 semaines après leur accouchement. Parce qu'elles n'avaient pas les finances pour gérer.

  • Speaker #0

    C'est une charge mentale aussi, supplémentaire.

  • Speaker #1

    Donc après, si je reprends un peu l'histoire, en 2019, la durée minimale indemnisée est passée de 6 à 8 semaines. Et depuis quelques années, nous pouvons bénéficier, comme les salariés, enfin, d'un temps de congé maternité de 112 jours. Donc à ce niveau-là, ça a bien évolué.

  • Speaker #0

    Mais que depuis peu de temps.

  • Speaker #1

    Que depuis peu de temps, exactement.

  • Speaker #0

    Alors c'est un combat syndical, je présume d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est un combat syndical. Et c'est un combat des femmes aussi. C'est vrai que je pense que des organismes comme l'UNAPL nous ont aidés à avancer dans ce type de combat. Et c'est là qu'on voit que non seulement on est professionnels kinés, on est professionnels de santé, mais on est des professionnels libéraux. Et tout ça, c'est un tout. Et il faut qu'on avance ensemble.

  • Speaker #0

    Alors on sait que ce congé maternité est mal indemnisé, difficile à organiser avec les patients. Comment faire pour que ça change, pour que ça s'améliore ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà on a réussi à gagner sur le temps de congé maternité. Donc oui, il est mal indemnisé et ça c'est vraiment un problème. Aujourd'hui une kiné libérale, elle touche une allocation forfaitaire d'un peu plus de 10 ans. près 3400 euros et la désindemnité journalière d'à peu près 56 euros sur l'ensemble de son congé mat. Cela représente à peu près 7000 euros. Je trouve que c'est important de donner des chiffres parce que finalement où est le problème ? C'est que nos charges sont beaucoup plus élevées que ça. Un congé maternité de 3 à 4 mois ça avoisine plutôt 10 à 15 000 euros selon les cabinets, selon notre type d'exercice. Et du coup, on voit que... Déjà, le calcul est vite fait, on part déjà sur un déficit. Et du coup, on se rend compte que c'est très compliqué et que ça n'aide pas les femmes à se décider ou à prendre un vrai congé maternité. À cela s'ajoute la difficulté d'organiser l'absence, trouver un remplaçant, c'est de plus en plus dur, qu'on soit en ville ou en campagne. dans tous les cas, la difficulté du remplaçant se pose et qu'est-ce qu'on fait de nos patients ? On a des patients chroniques avec des pathologies lourdes. Si on est en congé mat, on culpabilise, on est mal à l'aise, on ne peut pas toujours les renvoyer sur d'autres confrères qui sont tous déjà surchargés, surbookés et je pense qu'au niveau de la charge mentale de la femme qui naît, tout ça c'est très compliqué. Le congé de maternité, ça devrait être un moment protégé où il reste... où on puisse rentrer dans sa bulle. Et en fait, il reste une source de stress. Et du coup, on le ressent vraiment. Et faisant partie de groupes de femmes, non seulement kinés, libérales, mais aussi autres professionnels libéraux, on se rend compte que tout ça, c'est très compliqué pour ces femmes. Et ce n'est pas facile. Ce qui doit évoluer maintenant, c'est l'équité. Que les kinés aient accès... comme les médecins, à des aides complémentaires qui permettent de couvrir les charges de notre cabinet et garder nos indemnités journalières pour ce qui est normalement une indemnité de congé accident, c'est-à-dire notre vie courante et pas nos charges professionnelles. Et c'est là qu'il va falloir trouver des solutions pour que les femmes puissent enfin vivre cette période sereinement.

  • Speaker #0

    Une autre partie de l'enquête, il y a aussi l'engagement des femmes kinésithérapeutes dans la profession, de la représentation de la profession. Voilà, alors, et c'est bien sûr normal, elles demandent beaucoup de la part des syndicats, mais c'est parfois difficile pour elles de s'engager. Comment on pourrait justement améliorer ce point ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, je vais parler un petit peu de mon expérience. Je me suis engagée parce que je trouvais essentiel de défendre... notre profession et c'est quelque chose qui me tient à cœur. Je ne vois pas laisser les autres se battre pour moi alors qu'on a besoin de mains et de cerveau pour avancer. Et puis après, justement, ce côté spécificité pour les femmes, même si la nouvelle génération d'hommes commence à mieux comprendre nos engagements et notre façon de penser, ça reste quelque chose de pas évident. Et je pense qu'il faut des femmes pour défendre notre place. On le voit très concrètement, désolé, il existe souvent une différence d'organisation entre les cabinets dits de femmes ou les cabinets dits d'hommes. On se rend compte dans le questionnaire que les femmes vont essayer de travailler plus du travail de groupe parce que besoin de s'organiser au niveau des horaires, besoin de s'organiser sur le type d'exercice. Et les femmes, elles ont tendance à privilégier le groupe plutôt que l'isolé pour ne pas se retrouver coincées au niveau horaire. Parce qu'on sait que les patients qui travaillent, c'est le soir, parce que le soir, c'est nos enfants aussi. Et du coup, voilà. Je me suis rendue compte dans cette enquête que les femmes, elles se forment beaucoup et elles s'investissent beaucoup auprès de leurs patients. Et du coup, si on regarde un petit peu au niveau des chiffres, elles font beaucoup d'heures. mais n'ont pas forcément un gros gain monétaire. Elles restent en dessous des chiffres moyens de la Carpinko, qui est de 45 000 euros. Et du coup, c'est là que j'ai voulu voir aussi un petit peu ce qu'elles voulaient. Et elles se forment beaucoup autour de l'enfant, autour de la femme, autour de pathologies plus lourdes. Et en fait, on voit vraiment une différence d'exercice entre les femmes et les hommes. Elles sont plus dans le care et les hommes sont plus dans le cure. Et ça, sociologiquement, on a été éduqués comme ça. Et du coup, il y a plein de choses qui ressortent et où on se dit, comment essayer d'améliorer les choses pour les femmes. Cet engagement m'a permis de... prendre du recul, de me poser des questions sur nos pratiques, nos besoins. Surtout de voir qu'on n'est pas toute seule, en fait. On est bientôt plus de 50% de la profession. Si ça se trouve, on l'a dépassé, d'ailleurs, depuis le 1er janvier 2024.

  • Speaker #0

    Oui, parce que ce chiffre de 52,2%, c'est pour les salariés libéraux au mix. 49,8%,

  • Speaker #1

    si je me souviens bien, ou 0,7% pour juste les libérales. Donc, on est vraiment tout proche. Et grâce au syndicat, on peut analyser ces différences, mettre en lumière les difficultés et surtout essayer de proposer des solutions collectives. C'est la force du collectif, c'est ça qui m'a donné envie de franchir le pas et de m'impliquer un peu plus. La profession est largement féminisée aujourd'hui, il est donc essentiel qu'elle soit plus présente dans les syndicats, dans les structures. Je parle syndicat, mais on peut parler CPTS, on peut parler maison de santé, où c'est peut-être plus facile de s'intégrer. Il faut que leur voix soit entendue et que leur réalité de terrain soit réellement prise en compte. S'impliquer, c'est aussi défendre leur place dans le monde libéral et contribuer à faire évoluer ce monde pour qu'il corresponde mieux à nos besoins, à nos attentes de femmes.

  • Speaker #0

    Alors quels sont les freins justement à l'investissement de nos consoeurs ?

  • Speaker #1

    Le principal frein rencontré chez mes collègues, c'est vraiment le manque de temps. Alliés privés, pro, famille, peut-être milieu associatif. Je vais reparler un petit peu de moi, mais parce que c'est ça qui m'a amenée à avancer, à essayer d'étudier les positions. Quand mes enfants étaient petits, je faisais partie de l'assos de l'école, de l'assos du club de gym, de l'assos du club de judo. Tout ça, ça prend du temps, c'est de l'investissement. Et c'est souvent, on regarde les femmes qui sont là dans ces associations. Parce que c'est les femmes qui s'occupent de leurs enfants et qui font avancer ces associations. Et je dirais qu'on a ce problème, c'est que quand nos enfants sont plus jeunes, Prendre du temps syndical, professionnel, c'est peut-être compliqué. Et allier cette vie pro et responsabilité familiale, c'est vraiment très lourd. Donc elles ont du mal à ajouter par-dessus un engagement syndical. Pas qu'elles ne veulent pas, mais qu'elles ne peuvent pas. Pourtant, je suis convaincue que même une petite implication, des fois des petites réunions, des micro-crochets presque, permettraient de faire avancer et créer une vraie différence. On est plus que nombreuses à s'investir, mais on a besoin de temps. Et il va falloir réussir à attraper toutes ces femmes par-ci, par-là. Parce que je suis sûre qu'il y en a beaucoup qui ont des choses à dire. et à nous aider à avancer.

  • Speaker #0

    Oui, déjà, venir parfois lors de réunions qui sont proposées, de soirées d'échange, d'informations par les syndicats départementaux de la FED. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que si on regarde, moi j'ai essayé de voir un petit peu si elle préférait les réunions le matin, le soir, comment gérer, et en fait on se rend compte que c'est très compliqué. parce que le soir, il y a les enfants aussi, que le mari n'est pas toujours disponible en fonction de son travail aussi ou qu'elles sont déjà fatiguées de leur journée complète. Le week-end, justement, parler des milieux associatifs des enfants et tout ça, tout est très compliqué. Donc, il va falloir qu'on cherche et qu'on trouve une solution pour leur donner envie de venir avec nous.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment on peut les encourager à s'impliquer dans ces différentes instances ?

  • Speaker #1

    Alors... Avant d'aller dans les instances, il faut leur laisser la liberté de s'investir à la hauteur de ce qu'elles peuvent. On parle de temps, sans ajouter de pression supplémentaire sur leur quotidien. Ça peut être justement, quand je vois la longueur de ce questionnaire, elles ont été quand même très nombreuses à prendre le temps de le remplir. Et du coup, c'est peut-être par des micro-questionnaires ou des choses comme ça qu'on pourrait... Essayer de créer ce lien. La solution concrète pourrait être de créer des petites commissions thématiques qui demandent moins de temps de présence et offrent un espace plus accessible pour s'impliquer. C'est une façon d'ouvrir la porte à davantage de femmes et de valoriser progressivement leur engagement.

  • Speaker #0

    Quelle piste concrète te semble prioritaire justement pour améliorer l'exercice au féminin ?

  • Speaker #1

    Pour améliorer cet exercice, il faut faire évoluer notre profession. Plusieurs pistes me semblent prioritaires. Tout d'abord, il est indispensable de revaloriser et simplifier les aides aux congés maternités, afin que chaque femme puisse vivre cette période sereinement, sans subir de pression ni financière ni administrative. Cela s'ajoute la possibilité de diminuer ou de suspendre temporairement des cotisations comme l'URSSAF ou la CARPICO. C'est peut-être des choses qu'il faut qu'on discute pendant ce congé maternité pour alléger au moins la charge financière de cette période. C'est à voir, c'est des choses dont on parle, dont on commence à essayer d'avancer sur ce genre de choses. Ensuite, il faudrait revoir aussi les indemnités du congé parental. Aujourd'hui, un congé parental, s'il est pris à temps complet, les femmes sont obligées... de sortir de la Carpinko. Du coup, elles perdent des points retraite, elles perdent des cotisations, et à la fin, c'est encore elles, entre guillemets, qui trinquent. Peut-être qu'il y a des choses à voir sur aider les femmes sur le côté quotidien pour que leur journée de travail puisse être presque complète, mais peut-être en aidant mieux. Mieux sur les aides financières de garde d'enfants ou ce genre de choses, peut-être leur donner un petit complément congé parental pour qu'elles puissent travailler, mais moins, et ça reste encore très compliqué. Par ailleurs, il serait important de mieux accompagner les kinés en famille monoparentale, parce que c'est une période très compliquée, elles ont double charge. non seulement Elles ont les charges pro, mais en plus, elles ont la famille à gérer. Et là, actuellement, une femme seule qui naît libérale, avoir des enfants, il faut qu'elle fasse un choix entre son cabinet, ses enfants, pour tenir ses charges financières. Donc il y a peut-être un travail à faire sur ce côté monoparental. Enfin, une aide financière à la garde d'enfants, j'en parlais tout à l'heure. D'ailleurs, accessible à tous les kinés serait un levier concret pour sécuriser l'exercice et faciliter la continuité de l'activité professionnelle, indépendamment de la structure familiale. Donc ça, c'est des choses pareilles à négocier en pluripro, et c'est ce qu'on fait un petit peu au niveau de l'UNAPL.

  • Speaker #0

    Est-ce que, justement, il y a d'autres professionnels de santé ou libéraux, au sens plus large, pourraient justement... donner des pistes, avoir des visions qui pourraient suggérer des améliorations, justement.

  • Speaker #1

    Alors, on observe déjà au niveau des professionnels de santé que chez les médecins, il y a l'ASM, c'est l'avantage supplémentaire maternité. Alors, il n'est pas pour tous les médecins, parce qu'au départ, c'était pour les inciter à aller dans les zones soudentées. Et il est mis sous certaines conditions, mais cette aide, c'est pas loin de 2000 euros par mois. Donc, ça enlève déjà une grosse partie. de la charge financière, donc mentale, sur nos charges professionnelles. Et ça, c'est quelque chose sur lequel on essaye de se battre parce que ça pourrait être mis au niveau conventionnel. Chez les médecins, c'est le cas, c'est au niveau conventionnel. Et du coup, les autres professionnels de santé essayent d'obtenir cet ASM. Il faudra voir les conditions sous lesquelles on arrive à négocier. C'est toujours le problème, la négociation, surtout actuellement. Après, j'ai parlé avec des avocats.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est là qu'on voit que les avocates sont très très fortes. Elles ont réussi à faire comprendre aux hommes qu'un bon congé maternité pour les femmes avocates, c'était un bon congé maternité pour l'entreprise. Ils travaillent souvent en groupe, et même pour ceux qui travaillent en individuel, du coup, leur système va aider là-dessus. Ils ont mis en place une indemnité journalière. complémentaires à celles de la CPAM avec leurs prévoyances. Et du coup, c'est un petit peu comme ça qu'on est en France, c'est la globalité qui paye pour le congé maternité d'une femme. Et du coup, elle a moins de charges financières et elle sera, entre guillemets, moins mise à l'écart plus tard pour sa retraite parce qu'il y aura de l'argent qui sera quand même rentré. Ces dispositifs montrent bien qu'il est possible de sécuriser financièrement l'absence ou au moins de soutenir les professionnels pendant leur congé maternité.

  • Speaker #1

    Et selon toi, comment chaque kiné individuellement pourrait aider à faire bouger ces lignes ?

  • Speaker #0

    Je dirais qu'il faut que chaque kiné prenne le temps d'écouter son confrère ou sa consoeur. On a une évolution sociétale. Je vais revenir un petit peu sur le début. On était sur des cabinets très masculins qui travaillaient 10-12 heures par jour. La société a changé, le mode de pensée a changé avec le rajeunissement. On va dire qu'en général, tout le monde voudrait travailler un peu moins, que ce soit homme ou femme. Mais surtout, il faut se rendre compte que les femmes ont besoin, tant que les hommes ne s'investissent pas plus au niveau familial, de travailler moins. C'est pas qu'elles ne veulent pas travailler plus, c'est qu'elles doivent gérer les deux. Et on va dire que ça évolue, heureusement, mais on en est encore loin. Et du coup, il faut que les hommes acceptent de s'impliquer plus. Peut-être financièrement, pour aider ces femmes, les écouter, et peut-être leur mettre moins de pression. Moi, j'avais des collègues avant où elles n'osaient pas annoncer leur congé maternité à leurs confrères, quand elles étaient dans un cabinet de groupe, parce qu'elles avaient peur que, si elles étaient assistantes, qu'ils trouvent une solution pour les mettre dehors, parce qu'elles ne trouvaient pas de remplaçant, parce que... Et du coup, enlever cette pression, c'est très important. Peut-être que sur ces périodes un petit peu compliquées, il faut que les hommes des cabinets trouvent des solutions pour ne pas alourdir la charge mentale de la femme pendant cette période. Donc, l'écoute, je pense que c'est le plus important, et apprendre à communiquer.

  • Speaker #1

    Pour celles et ceux qui souhaiteraient justement... Voilà, reprendre un petit peu l'enquête de l'AFFM-CARE un peu plus précisément. Où peuvent-ils la redécouvrir ?

  • Speaker #0

    Alors, cette enquête, elle avait été faite autour de la journée de la femme au niveau du 8 mars 2025. Et du coup, on avait fait un jeudi de la fédé, le 8 mars tombant un samedi, si je me souviens bien. On avait fait un jeudi de la fédé le 13 mars de cette année. Et du coup, on peut revoir le replay de ce jeudi de la fédé. à ce niveau-là. Entre, on a fait une petite enquête plus au sein, là, on va dire, que des syndiqués où on va travailler cette enquête pour différencier les hommes et les femmes. On est en train de l'étudier, on a commencé un petit peu et on verra ce qu'on en fait bientôt, mais on en fera quelque chose.

  • Speaker #1

    Il y a une suite alors. On ajoutera justement les liens pour retrouver le jeudi de la FED qui est accessible comme les autres jeudis sur le site web de l'AFFMKR. Merci beaucoup Céline pour cette discussion. Je me suis reconnue aussi. Merci pour le partage de tes expériences personnelles. Je pense que chaque femme s'est retrouvée dans chacune de... de ces échanges. Est-ce que tu souhaiterais rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    Déjà, je voulais te remercier de m'avoir invitée parce qu'effectivement, j'ai tendance à faire des choses et pas forcément les mettre en avant. Et là, tu m'aides à les mettre en avant, donc c'est très bien. Et je pense que pour les femmes, c'est peut-être une tendance de femmes, justement, laisser se mettre en arrière, laisser les autres faire. Venez nous rejoindre dans les syndicats. Vous venez nous donner votre façon de penser, de ressentir les choses. On a besoin de vous et rejoignez-nous.

  • Speaker #1

    Voilà, on vous laisse la parole, donc n'hésitez pas. Merci beaucoup Céline.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    A bientôt, au revoir. Merci de nous avoir écoutés. On espère que cet épisode vous a plu. Si c'est le cas, je vous invite à laisser un avis sur votre plateforme d'écoute préférée et à partager l'épisode autour de vous. N'hésitez pas également à nous dire quels sujets vous aimeriez que l'on aborde dans les prochains épisodes et quels invités vous souhaiteriez écouter. Pour ça, dites-le nous en commentaire. N'oubliez pas de nous suivre sur les réseaux sociaux et de visiter le site web de la FFMKR. pour rester informés des dernières actualités et des événements à venir. Votre soutien et votre engagement sont essentiels pour faire avancer notre profession. La Médicale, un réseau expert d'agents généraux pour accompagner les masseurs kinésithérapeutes dans leurs besoins professionnels et privés. La Médicale accompagne près d'un masseur kinésithérapeute sur trois en France. Rassurant non ? Des assurances adaptées aux besoins des masseurs kinésithérapeutes, tant professionnels que privés.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de Céline Marchal

    01:52

  • L’engagement syndical de Céline

    02:36

  • Pourquoi parler d’exercice au féminin ?

    04:30

  • Lancement de l’enquête ffmkr

    05:20

  • Principaux axes de l’enquête

    07:14

  • Résultats marquants

    08:45

  • Maternité et congé mat en libéral : un combat

    11:40

  • Femmes kinés et engagement syndical

    17:48

  • Pistes d'amélioration

    25:56

  • Exemples d’autres professions

    28:55

  • comment prolonger la dynamique ?

    31:04

Description

👩‍⚕️ En 2024, 52,2 % des kinés sont des femmes. Et pourtant, la profession reste pensée pour un modèle… masculin.

Entre congés maternité sous-indemnisés, charge mentale constante, sexisme ordinaire et difficulté à s’engager dans les instances, les kinés femmes cumulent les défis.


🎯 invitée du jour :
Céline Marchal, kinésithérapeute en Meurthe-et-Moselle et membre du conseil fédéral de la FFMKR, revient sur les résultats d’une grande enquête menée par la FFMKR auprès de 1570 kinés en seulement 5 jours.


👉 Au programme :
• Exercice libéral au féminin : état des lieux
• Maternité, épuisement, agressions : chiffres et vécus
• Engagement syndical et charge mentale : pourquoi c’est si difficile
• Pistes concrètes pour faire évoluer la profession
• Et surtout : comment faire entendre la voix des femmes kinés 💬


🎧 Un épisode essentiel pour mieux comprendre les réalités d’une profession en pleine mutation, et donner la parole à celles qui la font vivre au quotidien.

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⚠️ Les opinions exprimées dans ce podcast sont celles de l’intervenante et ne reflètent pas nécessairement celles de la FFMKR.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, c'est Céline, kinésithérapeute près de Lille. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Kinécast de la FEDE, la communauté dynamique et innovante des kinésithérapeutes. Chaque semaine, vous découvrirez les témoignages, les conseils et les astuces de kinés passionnés et engagés sur des sujets qui vous interpellent dans votre pratique, et aussi sur l'actualité. Ensemble et avec la FEDE, bougeons les lignes de la kinésithérapie. Bonne écoute ! La Médicale, un réseau expert d'agents généraux pour accompagner les masseurs kinésithérapeutes dans leurs besoins professionnels et privés. La Médicale accompagne près d'un masseur kinésithérapeute sur trois en France. Rassurant non, des assurances adaptées aux besoins des masseurs kinésithérapeutes, tant professionnels que privés. Bonjour à tous, bonjour à toutes, bienvenue dans ce nouvel épisode de Kinecast. Aujourd'hui, on va se pencher sur un sujet au cœur de la profession. l'exercice au féminin. Au 1er janvier 2024, 52,2% des kinésithérapeutes en France sont des femmes. Au-delà de ce chiffre, des questions concrètes se posent, comme l'équilibre entre la vie professionnelle, la vie privée, la maternité aussi, mais aussi la charge mentale et la place des kinésithérapeutes dans la représentation de la profession. Pour parler de ce sujet, j'ai le plaisir aujourd'hui de recevoir Céline Marchal, kinésithérapeute en Meurthe-et-Moselle. Bonjour Céline.

  • Speaker #1

    Bonjour Céline.

  • Speaker #0

    Je te remercie tout d'abord d'avoir accepté de participer à cette émission.

  • Speaker #1

    Merci à toi de m'avoir invitée car c'est un sujet qui me tient à cœur.

  • Speaker #0

    Eh bien, tu vas nous expliquer pourquoi très bientôt. Mais tout d'abord, je te propose de te présenter s'il te plaît.

  • Speaker #1

    Ok, alors je suis donc Céline, je suis kiné à Nancy, diplômée depuis 1998. Presque dès le début de mon exercice, un ou deux ans près, je me suis syndiquée. Et pour moi, c'était un moyen de rester informée, de suivre les avancées de la profession, et puis jamais être isolée dans mon exercice. Donc, je fais de la kiné généraliste. J'ai changé plusieurs fois de cabinet. pour des changements de vie, on va dire. Et je travaille à la fois actuellement en libérale pure et dans un SMR en tant que libérale.

  • Speaker #0

    Alors, avant de parler de l'exercice au féminin, est-ce que tu peux nous expliquer tout d'abord pourquoi tu t'es engagée ?

  • Speaker #1

    Alors, au départ, j'étais simplement adhérente. Puis, je suis tout doucement rentrée dans le conseil d'administration et au bureau de la FFMKR de mon département. Et c'est là que, grâce à Corinne Frisch, j'ai eu envie d'aller plus loin. Et du coup, je me suis présentée en 2019 au niveau du National. Et du coup, j'ai été élue en 2019.

  • Speaker #0

    Au Conseil fédéral alors.

  • Speaker #1

    Au Conseil fédéral, voilà. C'est à ce moment-là qu'on m'a proposé de rejoindre le secrétariat, à l'époque qui s'appelait à la parité. Et du coup, ce secrétariat m'a amenée à rentrer dans les... dans la commission paritaire-égalitaire de l'UNAPL. Donc l'UNAPL, l'Union Nationale des Professionnels de Santé Libéraux. Pas de santé, des professionnels libéraux. Donc je me suis toujours sentie un peu féministe au fond de moi, mais cette expérience a véritablement ouvert mes yeux sur la place des femmes dans l'ensemble des professions libérales. Les réalités sont plutôt frappantes, les horaires de travail sont... souvent extensibles, des contraintes parentales difficiles à concilier, les congés maternités encore très précaires. Dans ce milieu, chaque femme doit se battre pour trouver sa place et la garder. En prenant du recul, j'ai réalisé que nos préfessions ont été pensées au départ par des hommes pour des hommes. Ces mêmes hommes qui exerçaient à l'époque seuls dans leur couple n'avaient pas imaginé la place que pourraient prendre les femmes dans ces métiers. Aujourd'hui, il nous appartient en tant que femmes de faire évoluer ces modèles pour qu'ils reflètent vraiment les réalités et les besoins des femmes professionnelles libérales.

  • Speaker #0

    Alors au-delà de ça... Pourquoi tu as voulu le porter pour la profession ?

  • Speaker #1

    Alors je me suis rendue compte, déjà au niveau de toutes les professions libérales, qu'on avait un même combat, c'était trouver notre place. Et je me suis rendue compte qu'au niveau des kinésithérapeutes, rien n'avait été vraiment fait à ce niveau-là. Les choses ont évolué dans le temps, mais en fait, on réalise que c'est quand même encore basé sur un exercice très masculin. Or, la profession, comme tu l'as dit tout à l'heure, se féminise de plus en plus, elle sera genie. Donc, il va falloir penser la profession autrement.

  • Speaker #0

    Donc, c'est un sujet qui est venu, bien sûr, au sein de la FFMKR, et donc particulièrement avec toi au Conseil fédéral. Alors, quel projet, comment vous avez souhaité travailler sur ce sujet ?

  • Speaker #1

    Au départ, la FFKR... Mes collègues au niveau du Conseil fédéral m'ont écoutée et on s'est rendu compte qu'il était temps de commencer à s'occuper des femmes kinésithérapeutes. Et du coup, on a voulu commencer à lancer une enquête parce qu'il fallait pouvoir observer ce phénomène. La profession, comme je l'ai déjà dit tout à l'heure, elle se féminise, elle se rajeunit et il est temps. de revoir l'exercice libéral par rapport à cette densité de femmes qui devient de plus en plus importante. Donc on a trouvé que c'était important de prendre en compte cette réalité, d'en mesurer les impacts et de donner la parole aux principales concernées, les femmes. Nous avons donc mis en place un groupe de travail pour prendre ce sujet en main.

  • Speaker #0

    Quel est le contenu ? Quels sont les différents thèmes de cette enquête ?

  • Speaker #1

    Je vais revenir sur comment on a mis l'enquête en place. Le groupe de travail s'est dit que le meilleur moyen d'écouter les femmes, c'était de leur poser des questions, afin de mieux comprendre comment elles exerçaient, qui elles étaient. Et on voulait recueillir des témoignages concrets sur leurs conditions d'exercice. Il se trouvait qu'on n'était pas loin de la journée du 8 mars, la journée du droit des femmes. Et du coup, ça a été le moment où on a un peu déclenché rapidement l'enquête. On a travaillé pas mal d'heures à ce moment-là parce que c'était un gros questionnaire. Et du coup, on l'a diffusé sur les canaux syndicaux, auprès de notre base de données, des femmes de notre base de données à la FFMKR. Et puis, on l'a lancé sur les réseaux sociaux, afin de toucher le plus grand nombre possible. On a choisi d'explorer plusieurs grands thèmes, la conciliation vie professionnelle, vie familiale, la gestion des congés maternités, les charges mentales et organisationnelles, mais aussi le rapport et la reconnaissance dans la profession de ces femmes, comment elles se sentaient. On a regardé un petit peu l'état de santé global et l'idée était de dresser un premier état des lieux qui puisse ensuite nourrir la réflexion collective. et ouvrir des propositions plus concrètes derrière.

  • Speaker #0

    Donc cette enquête alors, combien de femmes ont répondu à cette enquête ?

  • Speaker #1

    Alors la participation a été plutôt très significative, on a eu 1570 réponses en même pas 5 jours. Ce qui témoigne vraiment de l'intérêt réel porté au sujet. Cela montre aussi que beaucoup se reconnaissent dans ces problématiques et ressentent le besoin. de les voir mises en lumière. 69% d'entre elles ont entre 25 et 45 ans, donc elles sont plutôt jeunes. 71% ont au moins un enfant à charge, donc elles ont toutes ce lien vie pro, vie perso, vie familiale à mettre en avant. Et du coup, elles sont donc majoritaires à devoir concilier cette vie professionnelle et familiale.

  • Speaker #0

    Alors, qu'est-ce qui vous a le plus marqué ? dans les résultats de cette enquête ?

  • Speaker #1

    Ce qui a été plus marquant, c'est d'abord le chiffre. Seuls 17% des répondantes déclarent n'avoir jamais ressenti d'épuisement professionnel. Ça ne fait vraiment pas beaucoup. Ça veut dire qu'une immense majorité des femmes sont concernées par une forme de fatigue et de surcharge. Un autre point assez frappant, 43% disent avoir subi des agressions sexistes. de la part de leurs patients et 15% de la part d'autres professionnels de santé. Donc le milieu est encore difficile pour les femmes. Ça leur demande de faire attention. Je dirais quasi en permanence, parce que 43% des patients, c'est énorme. C'est un constat lourd et on voit que le sexisme reste une réalité dans notre quotidien et pour les femmes, c'est difficile à vivre. Malgré tout ça, ce qui est le plus surprenant, et je dirais que même ça me rassure, c'est que 70% d'entre elles considèrent avoir une bonne qualité de vie et restent plutôt optimistes dans leur exercice. C'est une forme de paradoxe, mais aussi une preuve de la résilience et de la force des femmes qui naissent face aux difficultés qu'elles rencontrent. Et ça, j'ai été vraiment très impressionnée.

  • Speaker #0

    Est-ce que parmi ces résultats, est-ce qu'il y a des choses qui correspondent justement à ce que toi-même tu vis dans ton quotidien ou tes collègues, tes consœurs ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais prendre dans mon propre quotidien, on va dire que le sexisme un petit peu. Pas trop avec les patients, je pense que j'ai appris à gérer une barrière, donc ça passe plutôt bien. Avec les autres professionnels de santé, ça je peux le ressentir. Ça peut être, moi je suis d'une génération antérieure, on va dire, les blacks sexistes étaient monnaie courante, et on se rend compte que nous on a appris à faire avec, et on laissait faire, et les générations ont changé, et je pense que c'est quelque chose de positif de ne pas se laisser rater. rabaisser et de prendre sa place en tant que femme dans ce milieu. Et ce n'est pas toujours évident. Et j'entends mes consoeurs quand elles sont mal à l'aise et quand elles ne supportent plus ce type de langage. Et je peux vraiment le comprendre. Et donc, oui, les femmes sont plutôt fortes. Elles parlent facilement de leur surcharge de travail, de leur charge mentale, mais elles ne lâchent rien. En sociologie, on les appelle les femmes warriors. Et la femme qui naît, apparemment, sont plutôt représentatives de ce phénomène.

  • Speaker #0

    Parmi les grands thèmes de cette enquête, il y a la maternité, l'équilibre entre cette vie professionnelle et la vie familiale. Comment les femmes ont répondu sur ces thèmes ?

  • Speaker #1

    Je voudrais faire un petit point d'histoire par rapport à ça. Pour les quiniers libérales, le congé maternité a longtemps été le parent pauvre, voire n'existait pas. Il faut rappeler que ce n'est qu'en 2006 que nous avons obtenu pour la première fois des indemnités journalières maternité. Elles étaient à l'époque très modestes. Perso, j'ai eu deux enfants avant cette date et on avait uniquement une prime à la maternité. Cette prime correspondait à peu près à un mois de charge. Sans parler des repas et tout, je parle charge professionnelle. Et il fallait anticiper, mettre de côté. Et du coup, vouloir une grossesse, vouloir des enfants, c'était anticiper et il fallait créer sa propre prévoyance, on va dire.

  • Speaker #0

    Et parfois même, certaines réduisaient leur temps de congé maternité.

  • Speaker #1

    Ah oui, mes deux congés maths, vu que j'avais réussi à mettre pas mal de côté, j'ai pris trois mois à chaque fois. C'est-à-dire 15 jours, 3 semaines avant accoucher et 2 mois derrière. C'était vraiment très court, mais j'ai dû anticiper pour m'offrir un temps avec mes bébés. Et c'est vrai que c'était dur à vivre, surtout qu'autour de nous, moi j'avais beaucoup de consœurs, enfin de non-consoeurs, mais de copines qui étaient elles-mêmes... En congé mat, qu'il y avait des congés mat plus avancés, qu'il y avait droit à un congé mat à l'allaitement, qu'il y avait droit à... Et tout ça, nous, en libéral, on ne l'avait pas. Donc, il fallait se le créer. Et j'étais fière d'avoir réussi à me dire, ouais, j'ai pris trois mois en tout, comparé à d'autres qui ont arrêté le travail la veille et qui ont repris 15 jours, 3 semaines après leur accouchement. Parce qu'elles n'avaient pas les finances pour gérer.

  • Speaker #0

    C'est une charge mentale aussi, supplémentaire.

  • Speaker #1

    Donc après, si je reprends un peu l'histoire, en 2019, la durée minimale indemnisée est passée de 6 à 8 semaines. Et depuis quelques années, nous pouvons bénéficier, comme les salariés, enfin, d'un temps de congé maternité de 112 jours. Donc à ce niveau-là, ça a bien évolué.

  • Speaker #0

    Mais que depuis peu de temps.

  • Speaker #1

    Que depuis peu de temps, exactement.

  • Speaker #0

    Alors c'est un combat syndical, je présume d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est un combat syndical. Et c'est un combat des femmes aussi. C'est vrai que je pense que des organismes comme l'UNAPL nous ont aidés à avancer dans ce type de combat. Et c'est là qu'on voit que non seulement on est professionnels kinés, on est professionnels de santé, mais on est des professionnels libéraux. Et tout ça, c'est un tout. Et il faut qu'on avance ensemble.

  • Speaker #0

    Alors on sait que ce congé maternité est mal indemnisé, difficile à organiser avec les patients. Comment faire pour que ça change, pour que ça s'améliore ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà on a réussi à gagner sur le temps de congé maternité. Donc oui, il est mal indemnisé et ça c'est vraiment un problème. Aujourd'hui une kiné libérale, elle touche une allocation forfaitaire d'un peu plus de 10 ans. près 3400 euros et la désindemnité journalière d'à peu près 56 euros sur l'ensemble de son congé mat. Cela représente à peu près 7000 euros. Je trouve que c'est important de donner des chiffres parce que finalement où est le problème ? C'est que nos charges sont beaucoup plus élevées que ça. Un congé maternité de 3 à 4 mois ça avoisine plutôt 10 à 15 000 euros selon les cabinets, selon notre type d'exercice. Et du coup, on voit que... Déjà, le calcul est vite fait, on part déjà sur un déficit. Et du coup, on se rend compte que c'est très compliqué et que ça n'aide pas les femmes à se décider ou à prendre un vrai congé maternité. À cela s'ajoute la difficulté d'organiser l'absence, trouver un remplaçant, c'est de plus en plus dur, qu'on soit en ville ou en campagne. dans tous les cas, la difficulté du remplaçant se pose et qu'est-ce qu'on fait de nos patients ? On a des patients chroniques avec des pathologies lourdes. Si on est en congé mat, on culpabilise, on est mal à l'aise, on ne peut pas toujours les renvoyer sur d'autres confrères qui sont tous déjà surchargés, surbookés et je pense qu'au niveau de la charge mentale de la femme qui naît, tout ça c'est très compliqué. Le congé de maternité, ça devrait être un moment protégé où il reste... où on puisse rentrer dans sa bulle. Et en fait, il reste une source de stress. Et du coup, on le ressent vraiment. Et faisant partie de groupes de femmes, non seulement kinés, libérales, mais aussi autres professionnels libéraux, on se rend compte que tout ça, c'est très compliqué pour ces femmes. Et ce n'est pas facile. Ce qui doit évoluer maintenant, c'est l'équité. Que les kinés aient accès... comme les médecins, à des aides complémentaires qui permettent de couvrir les charges de notre cabinet et garder nos indemnités journalières pour ce qui est normalement une indemnité de congé accident, c'est-à-dire notre vie courante et pas nos charges professionnelles. Et c'est là qu'il va falloir trouver des solutions pour que les femmes puissent enfin vivre cette période sereinement.

  • Speaker #0

    Une autre partie de l'enquête, il y a aussi l'engagement des femmes kinésithérapeutes dans la profession, de la représentation de la profession. Voilà, alors, et c'est bien sûr normal, elles demandent beaucoup de la part des syndicats, mais c'est parfois difficile pour elles de s'engager. Comment on pourrait justement améliorer ce point ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, je vais parler un petit peu de mon expérience. Je me suis engagée parce que je trouvais essentiel de défendre... notre profession et c'est quelque chose qui me tient à cœur. Je ne vois pas laisser les autres se battre pour moi alors qu'on a besoin de mains et de cerveau pour avancer. Et puis après, justement, ce côté spécificité pour les femmes, même si la nouvelle génération d'hommes commence à mieux comprendre nos engagements et notre façon de penser, ça reste quelque chose de pas évident. Et je pense qu'il faut des femmes pour défendre notre place. On le voit très concrètement, désolé, il existe souvent une différence d'organisation entre les cabinets dits de femmes ou les cabinets dits d'hommes. On se rend compte dans le questionnaire que les femmes vont essayer de travailler plus du travail de groupe parce que besoin de s'organiser au niveau des horaires, besoin de s'organiser sur le type d'exercice. Et les femmes, elles ont tendance à privilégier le groupe plutôt que l'isolé pour ne pas se retrouver coincées au niveau horaire. Parce qu'on sait que les patients qui travaillent, c'est le soir, parce que le soir, c'est nos enfants aussi. Et du coup, voilà. Je me suis rendue compte dans cette enquête que les femmes, elles se forment beaucoup et elles s'investissent beaucoup auprès de leurs patients. Et du coup, si on regarde un petit peu au niveau des chiffres, elles font beaucoup d'heures. mais n'ont pas forcément un gros gain monétaire. Elles restent en dessous des chiffres moyens de la Carpinko, qui est de 45 000 euros. Et du coup, c'est là que j'ai voulu voir aussi un petit peu ce qu'elles voulaient. Et elles se forment beaucoup autour de l'enfant, autour de la femme, autour de pathologies plus lourdes. Et en fait, on voit vraiment une différence d'exercice entre les femmes et les hommes. Elles sont plus dans le care et les hommes sont plus dans le cure. Et ça, sociologiquement, on a été éduqués comme ça. Et du coup, il y a plein de choses qui ressortent et où on se dit, comment essayer d'améliorer les choses pour les femmes. Cet engagement m'a permis de... prendre du recul, de me poser des questions sur nos pratiques, nos besoins. Surtout de voir qu'on n'est pas toute seule, en fait. On est bientôt plus de 50% de la profession. Si ça se trouve, on l'a dépassé, d'ailleurs, depuis le 1er janvier 2024.

  • Speaker #0

    Oui, parce que ce chiffre de 52,2%, c'est pour les salariés libéraux au mix. 49,8%,

  • Speaker #1

    si je me souviens bien, ou 0,7% pour juste les libérales. Donc, on est vraiment tout proche. Et grâce au syndicat, on peut analyser ces différences, mettre en lumière les difficultés et surtout essayer de proposer des solutions collectives. C'est la force du collectif, c'est ça qui m'a donné envie de franchir le pas et de m'impliquer un peu plus. La profession est largement féminisée aujourd'hui, il est donc essentiel qu'elle soit plus présente dans les syndicats, dans les structures. Je parle syndicat, mais on peut parler CPTS, on peut parler maison de santé, où c'est peut-être plus facile de s'intégrer. Il faut que leur voix soit entendue et que leur réalité de terrain soit réellement prise en compte. S'impliquer, c'est aussi défendre leur place dans le monde libéral et contribuer à faire évoluer ce monde pour qu'il corresponde mieux à nos besoins, à nos attentes de femmes.

  • Speaker #0

    Alors quels sont les freins justement à l'investissement de nos consoeurs ?

  • Speaker #1

    Le principal frein rencontré chez mes collègues, c'est vraiment le manque de temps. Alliés privés, pro, famille, peut-être milieu associatif. Je vais reparler un petit peu de moi, mais parce que c'est ça qui m'a amenée à avancer, à essayer d'étudier les positions. Quand mes enfants étaient petits, je faisais partie de l'assos de l'école, de l'assos du club de gym, de l'assos du club de judo. Tout ça, ça prend du temps, c'est de l'investissement. Et c'est souvent, on regarde les femmes qui sont là dans ces associations. Parce que c'est les femmes qui s'occupent de leurs enfants et qui font avancer ces associations. Et je dirais qu'on a ce problème, c'est que quand nos enfants sont plus jeunes, Prendre du temps syndical, professionnel, c'est peut-être compliqué. Et allier cette vie pro et responsabilité familiale, c'est vraiment très lourd. Donc elles ont du mal à ajouter par-dessus un engagement syndical. Pas qu'elles ne veulent pas, mais qu'elles ne peuvent pas. Pourtant, je suis convaincue que même une petite implication, des fois des petites réunions, des micro-crochets presque, permettraient de faire avancer et créer une vraie différence. On est plus que nombreuses à s'investir, mais on a besoin de temps. Et il va falloir réussir à attraper toutes ces femmes par-ci, par-là. Parce que je suis sûre qu'il y en a beaucoup qui ont des choses à dire. et à nous aider à avancer.

  • Speaker #0

    Oui, déjà, venir parfois lors de réunions qui sont proposées, de soirées d'échange, d'informations par les syndicats départementaux de la FED. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que si on regarde, moi j'ai essayé de voir un petit peu si elle préférait les réunions le matin, le soir, comment gérer, et en fait on se rend compte que c'est très compliqué. parce que le soir, il y a les enfants aussi, que le mari n'est pas toujours disponible en fonction de son travail aussi ou qu'elles sont déjà fatiguées de leur journée complète. Le week-end, justement, parler des milieux associatifs des enfants et tout ça, tout est très compliqué. Donc, il va falloir qu'on cherche et qu'on trouve une solution pour leur donner envie de venir avec nous.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment on peut les encourager à s'impliquer dans ces différentes instances ?

  • Speaker #1

    Alors... Avant d'aller dans les instances, il faut leur laisser la liberté de s'investir à la hauteur de ce qu'elles peuvent. On parle de temps, sans ajouter de pression supplémentaire sur leur quotidien. Ça peut être justement, quand je vois la longueur de ce questionnaire, elles ont été quand même très nombreuses à prendre le temps de le remplir. Et du coup, c'est peut-être par des micro-questionnaires ou des choses comme ça qu'on pourrait... Essayer de créer ce lien. La solution concrète pourrait être de créer des petites commissions thématiques qui demandent moins de temps de présence et offrent un espace plus accessible pour s'impliquer. C'est une façon d'ouvrir la porte à davantage de femmes et de valoriser progressivement leur engagement.

  • Speaker #0

    Quelle piste concrète te semble prioritaire justement pour améliorer l'exercice au féminin ?

  • Speaker #1

    Pour améliorer cet exercice, il faut faire évoluer notre profession. Plusieurs pistes me semblent prioritaires. Tout d'abord, il est indispensable de revaloriser et simplifier les aides aux congés maternités, afin que chaque femme puisse vivre cette période sereinement, sans subir de pression ni financière ni administrative. Cela s'ajoute la possibilité de diminuer ou de suspendre temporairement des cotisations comme l'URSSAF ou la CARPICO. C'est peut-être des choses qu'il faut qu'on discute pendant ce congé maternité pour alléger au moins la charge financière de cette période. C'est à voir, c'est des choses dont on parle, dont on commence à essayer d'avancer sur ce genre de choses. Ensuite, il faudrait revoir aussi les indemnités du congé parental. Aujourd'hui, un congé parental, s'il est pris à temps complet, les femmes sont obligées... de sortir de la Carpinko. Du coup, elles perdent des points retraite, elles perdent des cotisations, et à la fin, c'est encore elles, entre guillemets, qui trinquent. Peut-être qu'il y a des choses à voir sur aider les femmes sur le côté quotidien pour que leur journée de travail puisse être presque complète, mais peut-être en aidant mieux. Mieux sur les aides financières de garde d'enfants ou ce genre de choses, peut-être leur donner un petit complément congé parental pour qu'elles puissent travailler, mais moins, et ça reste encore très compliqué. Par ailleurs, il serait important de mieux accompagner les kinés en famille monoparentale, parce que c'est une période très compliquée, elles ont double charge. non seulement Elles ont les charges pro, mais en plus, elles ont la famille à gérer. Et là, actuellement, une femme seule qui naît libérale, avoir des enfants, il faut qu'elle fasse un choix entre son cabinet, ses enfants, pour tenir ses charges financières. Donc il y a peut-être un travail à faire sur ce côté monoparental. Enfin, une aide financière à la garde d'enfants, j'en parlais tout à l'heure. D'ailleurs, accessible à tous les kinés serait un levier concret pour sécuriser l'exercice et faciliter la continuité de l'activité professionnelle, indépendamment de la structure familiale. Donc ça, c'est des choses pareilles à négocier en pluripro, et c'est ce qu'on fait un petit peu au niveau de l'UNAPL.

  • Speaker #0

    Est-ce que, justement, il y a d'autres professionnels de santé ou libéraux, au sens plus large, pourraient justement... donner des pistes, avoir des visions qui pourraient suggérer des améliorations, justement.

  • Speaker #1

    Alors, on observe déjà au niveau des professionnels de santé que chez les médecins, il y a l'ASM, c'est l'avantage supplémentaire maternité. Alors, il n'est pas pour tous les médecins, parce qu'au départ, c'était pour les inciter à aller dans les zones soudentées. Et il est mis sous certaines conditions, mais cette aide, c'est pas loin de 2000 euros par mois. Donc, ça enlève déjà une grosse partie. de la charge financière, donc mentale, sur nos charges professionnelles. Et ça, c'est quelque chose sur lequel on essaye de se battre parce que ça pourrait être mis au niveau conventionnel. Chez les médecins, c'est le cas, c'est au niveau conventionnel. Et du coup, les autres professionnels de santé essayent d'obtenir cet ASM. Il faudra voir les conditions sous lesquelles on arrive à négocier. C'est toujours le problème, la négociation, surtout actuellement. Après, j'ai parlé avec des avocats.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est là qu'on voit que les avocates sont très très fortes. Elles ont réussi à faire comprendre aux hommes qu'un bon congé maternité pour les femmes avocates, c'était un bon congé maternité pour l'entreprise. Ils travaillent souvent en groupe, et même pour ceux qui travaillent en individuel, du coup, leur système va aider là-dessus. Ils ont mis en place une indemnité journalière. complémentaires à celles de la CPAM avec leurs prévoyances. Et du coup, c'est un petit peu comme ça qu'on est en France, c'est la globalité qui paye pour le congé maternité d'une femme. Et du coup, elle a moins de charges financières et elle sera, entre guillemets, moins mise à l'écart plus tard pour sa retraite parce qu'il y aura de l'argent qui sera quand même rentré. Ces dispositifs montrent bien qu'il est possible de sécuriser financièrement l'absence ou au moins de soutenir les professionnels pendant leur congé maternité.

  • Speaker #1

    Et selon toi, comment chaque kiné individuellement pourrait aider à faire bouger ces lignes ?

  • Speaker #0

    Je dirais qu'il faut que chaque kiné prenne le temps d'écouter son confrère ou sa consoeur. On a une évolution sociétale. Je vais revenir un petit peu sur le début. On était sur des cabinets très masculins qui travaillaient 10-12 heures par jour. La société a changé, le mode de pensée a changé avec le rajeunissement. On va dire qu'en général, tout le monde voudrait travailler un peu moins, que ce soit homme ou femme. Mais surtout, il faut se rendre compte que les femmes ont besoin, tant que les hommes ne s'investissent pas plus au niveau familial, de travailler moins. C'est pas qu'elles ne veulent pas travailler plus, c'est qu'elles doivent gérer les deux. Et on va dire que ça évolue, heureusement, mais on en est encore loin. Et du coup, il faut que les hommes acceptent de s'impliquer plus. Peut-être financièrement, pour aider ces femmes, les écouter, et peut-être leur mettre moins de pression. Moi, j'avais des collègues avant où elles n'osaient pas annoncer leur congé maternité à leurs confrères, quand elles étaient dans un cabinet de groupe, parce qu'elles avaient peur que, si elles étaient assistantes, qu'ils trouvent une solution pour les mettre dehors, parce qu'elles ne trouvaient pas de remplaçant, parce que... Et du coup, enlever cette pression, c'est très important. Peut-être que sur ces périodes un petit peu compliquées, il faut que les hommes des cabinets trouvent des solutions pour ne pas alourdir la charge mentale de la femme pendant cette période. Donc, l'écoute, je pense que c'est le plus important, et apprendre à communiquer.

  • Speaker #1

    Pour celles et ceux qui souhaiteraient justement... Voilà, reprendre un petit peu l'enquête de l'AFFM-CARE un peu plus précisément. Où peuvent-ils la redécouvrir ?

  • Speaker #0

    Alors, cette enquête, elle avait été faite autour de la journée de la femme au niveau du 8 mars 2025. Et du coup, on avait fait un jeudi de la fédé, le 8 mars tombant un samedi, si je me souviens bien. On avait fait un jeudi de la fédé le 13 mars de cette année. Et du coup, on peut revoir le replay de ce jeudi de la fédé. à ce niveau-là. Entre, on a fait une petite enquête plus au sein, là, on va dire, que des syndiqués où on va travailler cette enquête pour différencier les hommes et les femmes. On est en train de l'étudier, on a commencé un petit peu et on verra ce qu'on en fait bientôt, mais on en fera quelque chose.

  • Speaker #1

    Il y a une suite alors. On ajoutera justement les liens pour retrouver le jeudi de la FED qui est accessible comme les autres jeudis sur le site web de l'AFFMKR. Merci beaucoup Céline pour cette discussion. Je me suis reconnue aussi. Merci pour le partage de tes expériences personnelles. Je pense que chaque femme s'est retrouvée dans chacune de... de ces échanges. Est-ce que tu souhaiterais rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    Déjà, je voulais te remercier de m'avoir invitée parce qu'effectivement, j'ai tendance à faire des choses et pas forcément les mettre en avant. Et là, tu m'aides à les mettre en avant, donc c'est très bien. Et je pense que pour les femmes, c'est peut-être une tendance de femmes, justement, laisser se mettre en arrière, laisser les autres faire. Venez nous rejoindre dans les syndicats. Vous venez nous donner votre façon de penser, de ressentir les choses. On a besoin de vous et rejoignez-nous.

  • Speaker #1

    Voilà, on vous laisse la parole, donc n'hésitez pas. Merci beaucoup Céline.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    A bientôt, au revoir. Merci de nous avoir écoutés. On espère que cet épisode vous a plu. Si c'est le cas, je vous invite à laisser un avis sur votre plateforme d'écoute préférée et à partager l'épisode autour de vous. N'hésitez pas également à nous dire quels sujets vous aimeriez que l'on aborde dans les prochains épisodes et quels invités vous souhaiteriez écouter. Pour ça, dites-le nous en commentaire. N'oubliez pas de nous suivre sur les réseaux sociaux et de visiter le site web de la FFMKR. pour rester informés des dernières actualités et des événements à venir. Votre soutien et votre engagement sont essentiels pour faire avancer notre profession. La Médicale, un réseau expert d'agents généraux pour accompagner les masseurs kinésithérapeutes dans leurs besoins professionnels et privés. La Médicale accompagne près d'un masseur kinésithérapeute sur trois en France. Rassurant non ? Des assurances adaptées aux besoins des masseurs kinésithérapeutes, tant professionnels que privés.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de Céline Marchal

    01:52

  • L’engagement syndical de Céline

    02:36

  • Pourquoi parler d’exercice au féminin ?

    04:30

  • Lancement de l’enquête ffmkr

    05:20

  • Principaux axes de l’enquête

    07:14

  • Résultats marquants

    08:45

  • Maternité et congé mat en libéral : un combat

    11:40

  • Femmes kinés et engagement syndical

    17:48

  • Pistes d'amélioration

    25:56

  • Exemples d’autres professions

    28:55

  • comment prolonger la dynamique ?

    31:04

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Description

👩‍⚕️ En 2024, 52,2 % des kinés sont des femmes. Et pourtant, la profession reste pensée pour un modèle… masculin.

Entre congés maternité sous-indemnisés, charge mentale constante, sexisme ordinaire et difficulté à s’engager dans les instances, les kinés femmes cumulent les défis.


🎯 invitée du jour :
Céline Marchal, kinésithérapeute en Meurthe-et-Moselle et membre du conseil fédéral de la FFMKR, revient sur les résultats d’une grande enquête menée par la FFMKR auprès de 1570 kinés en seulement 5 jours.


👉 Au programme :
• Exercice libéral au féminin : état des lieux
• Maternité, épuisement, agressions : chiffres et vécus
• Engagement syndical et charge mentale : pourquoi c’est si difficile
• Pistes concrètes pour faire évoluer la profession
• Et surtout : comment faire entendre la voix des femmes kinés 💬


🎧 Un épisode essentiel pour mieux comprendre les réalités d’une profession en pleine mutation, et donner la parole à celles qui la font vivre au quotidien.

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⚠️ Les opinions exprimées dans ce podcast sont celles de l’intervenante et ne reflètent pas nécessairement celles de la FFMKR.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, c'est Céline, kinésithérapeute près de Lille. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Kinécast de la FEDE, la communauté dynamique et innovante des kinésithérapeutes. Chaque semaine, vous découvrirez les témoignages, les conseils et les astuces de kinés passionnés et engagés sur des sujets qui vous interpellent dans votre pratique, et aussi sur l'actualité. Ensemble et avec la FEDE, bougeons les lignes de la kinésithérapie. Bonne écoute ! La Médicale, un réseau expert d'agents généraux pour accompagner les masseurs kinésithérapeutes dans leurs besoins professionnels et privés. La Médicale accompagne près d'un masseur kinésithérapeute sur trois en France. Rassurant non, des assurances adaptées aux besoins des masseurs kinésithérapeutes, tant professionnels que privés. Bonjour à tous, bonjour à toutes, bienvenue dans ce nouvel épisode de Kinecast. Aujourd'hui, on va se pencher sur un sujet au cœur de la profession. l'exercice au féminin. Au 1er janvier 2024, 52,2% des kinésithérapeutes en France sont des femmes. Au-delà de ce chiffre, des questions concrètes se posent, comme l'équilibre entre la vie professionnelle, la vie privée, la maternité aussi, mais aussi la charge mentale et la place des kinésithérapeutes dans la représentation de la profession. Pour parler de ce sujet, j'ai le plaisir aujourd'hui de recevoir Céline Marchal, kinésithérapeute en Meurthe-et-Moselle. Bonjour Céline.

  • Speaker #1

    Bonjour Céline.

  • Speaker #0

    Je te remercie tout d'abord d'avoir accepté de participer à cette émission.

  • Speaker #1

    Merci à toi de m'avoir invitée car c'est un sujet qui me tient à cœur.

  • Speaker #0

    Eh bien, tu vas nous expliquer pourquoi très bientôt. Mais tout d'abord, je te propose de te présenter s'il te plaît.

  • Speaker #1

    Ok, alors je suis donc Céline, je suis kiné à Nancy, diplômée depuis 1998. Presque dès le début de mon exercice, un ou deux ans près, je me suis syndiquée. Et pour moi, c'était un moyen de rester informée, de suivre les avancées de la profession, et puis jamais être isolée dans mon exercice. Donc, je fais de la kiné généraliste. J'ai changé plusieurs fois de cabinet. pour des changements de vie, on va dire. Et je travaille à la fois actuellement en libérale pure et dans un SMR en tant que libérale.

  • Speaker #0

    Alors, avant de parler de l'exercice au féminin, est-ce que tu peux nous expliquer tout d'abord pourquoi tu t'es engagée ?

  • Speaker #1

    Alors, au départ, j'étais simplement adhérente. Puis, je suis tout doucement rentrée dans le conseil d'administration et au bureau de la FFMKR de mon département. Et c'est là que, grâce à Corinne Frisch, j'ai eu envie d'aller plus loin. Et du coup, je me suis présentée en 2019 au niveau du National. Et du coup, j'ai été élue en 2019.

  • Speaker #0

    Au Conseil fédéral alors.

  • Speaker #1

    Au Conseil fédéral, voilà. C'est à ce moment-là qu'on m'a proposé de rejoindre le secrétariat, à l'époque qui s'appelait à la parité. Et du coup, ce secrétariat m'a amenée à rentrer dans les... dans la commission paritaire-égalitaire de l'UNAPL. Donc l'UNAPL, l'Union Nationale des Professionnels de Santé Libéraux. Pas de santé, des professionnels libéraux. Donc je me suis toujours sentie un peu féministe au fond de moi, mais cette expérience a véritablement ouvert mes yeux sur la place des femmes dans l'ensemble des professions libérales. Les réalités sont plutôt frappantes, les horaires de travail sont... souvent extensibles, des contraintes parentales difficiles à concilier, les congés maternités encore très précaires. Dans ce milieu, chaque femme doit se battre pour trouver sa place et la garder. En prenant du recul, j'ai réalisé que nos préfessions ont été pensées au départ par des hommes pour des hommes. Ces mêmes hommes qui exerçaient à l'époque seuls dans leur couple n'avaient pas imaginé la place que pourraient prendre les femmes dans ces métiers. Aujourd'hui, il nous appartient en tant que femmes de faire évoluer ces modèles pour qu'ils reflètent vraiment les réalités et les besoins des femmes professionnelles libérales.

  • Speaker #0

    Alors au-delà de ça... Pourquoi tu as voulu le porter pour la profession ?

  • Speaker #1

    Alors je me suis rendue compte, déjà au niveau de toutes les professions libérales, qu'on avait un même combat, c'était trouver notre place. Et je me suis rendue compte qu'au niveau des kinésithérapeutes, rien n'avait été vraiment fait à ce niveau-là. Les choses ont évolué dans le temps, mais en fait, on réalise que c'est quand même encore basé sur un exercice très masculin. Or, la profession, comme tu l'as dit tout à l'heure, se féminise de plus en plus, elle sera genie. Donc, il va falloir penser la profession autrement.

  • Speaker #0

    Donc, c'est un sujet qui est venu, bien sûr, au sein de la FFMKR, et donc particulièrement avec toi au Conseil fédéral. Alors, quel projet, comment vous avez souhaité travailler sur ce sujet ?

  • Speaker #1

    Au départ, la FFKR... Mes collègues au niveau du Conseil fédéral m'ont écoutée et on s'est rendu compte qu'il était temps de commencer à s'occuper des femmes kinésithérapeutes. Et du coup, on a voulu commencer à lancer une enquête parce qu'il fallait pouvoir observer ce phénomène. La profession, comme je l'ai déjà dit tout à l'heure, elle se féminise, elle se rajeunit et il est temps. de revoir l'exercice libéral par rapport à cette densité de femmes qui devient de plus en plus importante. Donc on a trouvé que c'était important de prendre en compte cette réalité, d'en mesurer les impacts et de donner la parole aux principales concernées, les femmes. Nous avons donc mis en place un groupe de travail pour prendre ce sujet en main.

  • Speaker #0

    Quel est le contenu ? Quels sont les différents thèmes de cette enquête ?

  • Speaker #1

    Je vais revenir sur comment on a mis l'enquête en place. Le groupe de travail s'est dit que le meilleur moyen d'écouter les femmes, c'était de leur poser des questions, afin de mieux comprendre comment elles exerçaient, qui elles étaient. Et on voulait recueillir des témoignages concrets sur leurs conditions d'exercice. Il se trouvait qu'on n'était pas loin de la journée du 8 mars, la journée du droit des femmes. Et du coup, ça a été le moment où on a un peu déclenché rapidement l'enquête. On a travaillé pas mal d'heures à ce moment-là parce que c'était un gros questionnaire. Et du coup, on l'a diffusé sur les canaux syndicaux, auprès de notre base de données, des femmes de notre base de données à la FFMKR. Et puis, on l'a lancé sur les réseaux sociaux, afin de toucher le plus grand nombre possible. On a choisi d'explorer plusieurs grands thèmes, la conciliation vie professionnelle, vie familiale, la gestion des congés maternités, les charges mentales et organisationnelles, mais aussi le rapport et la reconnaissance dans la profession de ces femmes, comment elles se sentaient. On a regardé un petit peu l'état de santé global et l'idée était de dresser un premier état des lieux qui puisse ensuite nourrir la réflexion collective. et ouvrir des propositions plus concrètes derrière.

  • Speaker #0

    Donc cette enquête alors, combien de femmes ont répondu à cette enquête ?

  • Speaker #1

    Alors la participation a été plutôt très significative, on a eu 1570 réponses en même pas 5 jours. Ce qui témoigne vraiment de l'intérêt réel porté au sujet. Cela montre aussi que beaucoup se reconnaissent dans ces problématiques et ressentent le besoin. de les voir mises en lumière. 69% d'entre elles ont entre 25 et 45 ans, donc elles sont plutôt jeunes. 71% ont au moins un enfant à charge, donc elles ont toutes ce lien vie pro, vie perso, vie familiale à mettre en avant. Et du coup, elles sont donc majoritaires à devoir concilier cette vie professionnelle et familiale.

  • Speaker #0

    Alors, qu'est-ce qui vous a le plus marqué ? dans les résultats de cette enquête ?

  • Speaker #1

    Ce qui a été plus marquant, c'est d'abord le chiffre. Seuls 17% des répondantes déclarent n'avoir jamais ressenti d'épuisement professionnel. Ça ne fait vraiment pas beaucoup. Ça veut dire qu'une immense majorité des femmes sont concernées par une forme de fatigue et de surcharge. Un autre point assez frappant, 43% disent avoir subi des agressions sexistes. de la part de leurs patients et 15% de la part d'autres professionnels de santé. Donc le milieu est encore difficile pour les femmes. Ça leur demande de faire attention. Je dirais quasi en permanence, parce que 43% des patients, c'est énorme. C'est un constat lourd et on voit que le sexisme reste une réalité dans notre quotidien et pour les femmes, c'est difficile à vivre. Malgré tout ça, ce qui est le plus surprenant, et je dirais que même ça me rassure, c'est que 70% d'entre elles considèrent avoir une bonne qualité de vie et restent plutôt optimistes dans leur exercice. C'est une forme de paradoxe, mais aussi une preuve de la résilience et de la force des femmes qui naissent face aux difficultés qu'elles rencontrent. Et ça, j'ai été vraiment très impressionnée.

  • Speaker #0

    Est-ce que parmi ces résultats, est-ce qu'il y a des choses qui correspondent justement à ce que toi-même tu vis dans ton quotidien ou tes collègues, tes consœurs ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais prendre dans mon propre quotidien, on va dire que le sexisme un petit peu. Pas trop avec les patients, je pense que j'ai appris à gérer une barrière, donc ça passe plutôt bien. Avec les autres professionnels de santé, ça je peux le ressentir. Ça peut être, moi je suis d'une génération antérieure, on va dire, les blacks sexistes étaient monnaie courante, et on se rend compte que nous on a appris à faire avec, et on laissait faire, et les générations ont changé, et je pense que c'est quelque chose de positif de ne pas se laisser rater. rabaisser et de prendre sa place en tant que femme dans ce milieu. Et ce n'est pas toujours évident. Et j'entends mes consoeurs quand elles sont mal à l'aise et quand elles ne supportent plus ce type de langage. Et je peux vraiment le comprendre. Et donc, oui, les femmes sont plutôt fortes. Elles parlent facilement de leur surcharge de travail, de leur charge mentale, mais elles ne lâchent rien. En sociologie, on les appelle les femmes warriors. Et la femme qui naît, apparemment, sont plutôt représentatives de ce phénomène.

  • Speaker #0

    Parmi les grands thèmes de cette enquête, il y a la maternité, l'équilibre entre cette vie professionnelle et la vie familiale. Comment les femmes ont répondu sur ces thèmes ?

  • Speaker #1

    Je voudrais faire un petit point d'histoire par rapport à ça. Pour les quiniers libérales, le congé maternité a longtemps été le parent pauvre, voire n'existait pas. Il faut rappeler que ce n'est qu'en 2006 que nous avons obtenu pour la première fois des indemnités journalières maternité. Elles étaient à l'époque très modestes. Perso, j'ai eu deux enfants avant cette date et on avait uniquement une prime à la maternité. Cette prime correspondait à peu près à un mois de charge. Sans parler des repas et tout, je parle charge professionnelle. Et il fallait anticiper, mettre de côté. Et du coup, vouloir une grossesse, vouloir des enfants, c'était anticiper et il fallait créer sa propre prévoyance, on va dire.

  • Speaker #0

    Et parfois même, certaines réduisaient leur temps de congé maternité.

  • Speaker #1

    Ah oui, mes deux congés maths, vu que j'avais réussi à mettre pas mal de côté, j'ai pris trois mois à chaque fois. C'est-à-dire 15 jours, 3 semaines avant accoucher et 2 mois derrière. C'était vraiment très court, mais j'ai dû anticiper pour m'offrir un temps avec mes bébés. Et c'est vrai que c'était dur à vivre, surtout qu'autour de nous, moi j'avais beaucoup de consœurs, enfin de non-consoeurs, mais de copines qui étaient elles-mêmes... En congé mat, qu'il y avait des congés mat plus avancés, qu'il y avait droit à un congé mat à l'allaitement, qu'il y avait droit à... Et tout ça, nous, en libéral, on ne l'avait pas. Donc, il fallait se le créer. Et j'étais fière d'avoir réussi à me dire, ouais, j'ai pris trois mois en tout, comparé à d'autres qui ont arrêté le travail la veille et qui ont repris 15 jours, 3 semaines après leur accouchement. Parce qu'elles n'avaient pas les finances pour gérer.

  • Speaker #0

    C'est une charge mentale aussi, supplémentaire.

  • Speaker #1

    Donc après, si je reprends un peu l'histoire, en 2019, la durée minimale indemnisée est passée de 6 à 8 semaines. Et depuis quelques années, nous pouvons bénéficier, comme les salariés, enfin, d'un temps de congé maternité de 112 jours. Donc à ce niveau-là, ça a bien évolué.

  • Speaker #0

    Mais que depuis peu de temps.

  • Speaker #1

    Que depuis peu de temps, exactement.

  • Speaker #0

    Alors c'est un combat syndical, je présume d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est un combat syndical. Et c'est un combat des femmes aussi. C'est vrai que je pense que des organismes comme l'UNAPL nous ont aidés à avancer dans ce type de combat. Et c'est là qu'on voit que non seulement on est professionnels kinés, on est professionnels de santé, mais on est des professionnels libéraux. Et tout ça, c'est un tout. Et il faut qu'on avance ensemble.

  • Speaker #0

    Alors on sait que ce congé maternité est mal indemnisé, difficile à organiser avec les patients. Comment faire pour que ça change, pour que ça s'améliore ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà on a réussi à gagner sur le temps de congé maternité. Donc oui, il est mal indemnisé et ça c'est vraiment un problème. Aujourd'hui une kiné libérale, elle touche une allocation forfaitaire d'un peu plus de 10 ans. près 3400 euros et la désindemnité journalière d'à peu près 56 euros sur l'ensemble de son congé mat. Cela représente à peu près 7000 euros. Je trouve que c'est important de donner des chiffres parce que finalement où est le problème ? C'est que nos charges sont beaucoup plus élevées que ça. Un congé maternité de 3 à 4 mois ça avoisine plutôt 10 à 15 000 euros selon les cabinets, selon notre type d'exercice. Et du coup, on voit que... Déjà, le calcul est vite fait, on part déjà sur un déficit. Et du coup, on se rend compte que c'est très compliqué et que ça n'aide pas les femmes à se décider ou à prendre un vrai congé maternité. À cela s'ajoute la difficulté d'organiser l'absence, trouver un remplaçant, c'est de plus en plus dur, qu'on soit en ville ou en campagne. dans tous les cas, la difficulté du remplaçant se pose et qu'est-ce qu'on fait de nos patients ? On a des patients chroniques avec des pathologies lourdes. Si on est en congé mat, on culpabilise, on est mal à l'aise, on ne peut pas toujours les renvoyer sur d'autres confrères qui sont tous déjà surchargés, surbookés et je pense qu'au niveau de la charge mentale de la femme qui naît, tout ça c'est très compliqué. Le congé de maternité, ça devrait être un moment protégé où il reste... où on puisse rentrer dans sa bulle. Et en fait, il reste une source de stress. Et du coup, on le ressent vraiment. Et faisant partie de groupes de femmes, non seulement kinés, libérales, mais aussi autres professionnels libéraux, on se rend compte que tout ça, c'est très compliqué pour ces femmes. Et ce n'est pas facile. Ce qui doit évoluer maintenant, c'est l'équité. Que les kinés aient accès... comme les médecins, à des aides complémentaires qui permettent de couvrir les charges de notre cabinet et garder nos indemnités journalières pour ce qui est normalement une indemnité de congé accident, c'est-à-dire notre vie courante et pas nos charges professionnelles. Et c'est là qu'il va falloir trouver des solutions pour que les femmes puissent enfin vivre cette période sereinement.

  • Speaker #0

    Une autre partie de l'enquête, il y a aussi l'engagement des femmes kinésithérapeutes dans la profession, de la représentation de la profession. Voilà, alors, et c'est bien sûr normal, elles demandent beaucoup de la part des syndicats, mais c'est parfois difficile pour elles de s'engager. Comment on pourrait justement améliorer ce point ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, je vais parler un petit peu de mon expérience. Je me suis engagée parce que je trouvais essentiel de défendre... notre profession et c'est quelque chose qui me tient à cœur. Je ne vois pas laisser les autres se battre pour moi alors qu'on a besoin de mains et de cerveau pour avancer. Et puis après, justement, ce côté spécificité pour les femmes, même si la nouvelle génération d'hommes commence à mieux comprendre nos engagements et notre façon de penser, ça reste quelque chose de pas évident. Et je pense qu'il faut des femmes pour défendre notre place. On le voit très concrètement, désolé, il existe souvent une différence d'organisation entre les cabinets dits de femmes ou les cabinets dits d'hommes. On se rend compte dans le questionnaire que les femmes vont essayer de travailler plus du travail de groupe parce que besoin de s'organiser au niveau des horaires, besoin de s'organiser sur le type d'exercice. Et les femmes, elles ont tendance à privilégier le groupe plutôt que l'isolé pour ne pas se retrouver coincées au niveau horaire. Parce qu'on sait que les patients qui travaillent, c'est le soir, parce que le soir, c'est nos enfants aussi. Et du coup, voilà. Je me suis rendue compte dans cette enquête que les femmes, elles se forment beaucoup et elles s'investissent beaucoup auprès de leurs patients. Et du coup, si on regarde un petit peu au niveau des chiffres, elles font beaucoup d'heures. mais n'ont pas forcément un gros gain monétaire. Elles restent en dessous des chiffres moyens de la Carpinko, qui est de 45 000 euros. Et du coup, c'est là que j'ai voulu voir aussi un petit peu ce qu'elles voulaient. Et elles se forment beaucoup autour de l'enfant, autour de la femme, autour de pathologies plus lourdes. Et en fait, on voit vraiment une différence d'exercice entre les femmes et les hommes. Elles sont plus dans le care et les hommes sont plus dans le cure. Et ça, sociologiquement, on a été éduqués comme ça. Et du coup, il y a plein de choses qui ressortent et où on se dit, comment essayer d'améliorer les choses pour les femmes. Cet engagement m'a permis de... prendre du recul, de me poser des questions sur nos pratiques, nos besoins. Surtout de voir qu'on n'est pas toute seule, en fait. On est bientôt plus de 50% de la profession. Si ça se trouve, on l'a dépassé, d'ailleurs, depuis le 1er janvier 2024.

  • Speaker #0

    Oui, parce que ce chiffre de 52,2%, c'est pour les salariés libéraux au mix. 49,8%,

  • Speaker #1

    si je me souviens bien, ou 0,7% pour juste les libérales. Donc, on est vraiment tout proche. Et grâce au syndicat, on peut analyser ces différences, mettre en lumière les difficultés et surtout essayer de proposer des solutions collectives. C'est la force du collectif, c'est ça qui m'a donné envie de franchir le pas et de m'impliquer un peu plus. La profession est largement féminisée aujourd'hui, il est donc essentiel qu'elle soit plus présente dans les syndicats, dans les structures. Je parle syndicat, mais on peut parler CPTS, on peut parler maison de santé, où c'est peut-être plus facile de s'intégrer. Il faut que leur voix soit entendue et que leur réalité de terrain soit réellement prise en compte. S'impliquer, c'est aussi défendre leur place dans le monde libéral et contribuer à faire évoluer ce monde pour qu'il corresponde mieux à nos besoins, à nos attentes de femmes.

  • Speaker #0

    Alors quels sont les freins justement à l'investissement de nos consoeurs ?

  • Speaker #1

    Le principal frein rencontré chez mes collègues, c'est vraiment le manque de temps. Alliés privés, pro, famille, peut-être milieu associatif. Je vais reparler un petit peu de moi, mais parce que c'est ça qui m'a amenée à avancer, à essayer d'étudier les positions. Quand mes enfants étaient petits, je faisais partie de l'assos de l'école, de l'assos du club de gym, de l'assos du club de judo. Tout ça, ça prend du temps, c'est de l'investissement. Et c'est souvent, on regarde les femmes qui sont là dans ces associations. Parce que c'est les femmes qui s'occupent de leurs enfants et qui font avancer ces associations. Et je dirais qu'on a ce problème, c'est que quand nos enfants sont plus jeunes, Prendre du temps syndical, professionnel, c'est peut-être compliqué. Et allier cette vie pro et responsabilité familiale, c'est vraiment très lourd. Donc elles ont du mal à ajouter par-dessus un engagement syndical. Pas qu'elles ne veulent pas, mais qu'elles ne peuvent pas. Pourtant, je suis convaincue que même une petite implication, des fois des petites réunions, des micro-crochets presque, permettraient de faire avancer et créer une vraie différence. On est plus que nombreuses à s'investir, mais on a besoin de temps. Et il va falloir réussir à attraper toutes ces femmes par-ci, par-là. Parce que je suis sûre qu'il y en a beaucoup qui ont des choses à dire. et à nous aider à avancer.

  • Speaker #0

    Oui, déjà, venir parfois lors de réunions qui sont proposées, de soirées d'échange, d'informations par les syndicats départementaux de la FED. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que si on regarde, moi j'ai essayé de voir un petit peu si elle préférait les réunions le matin, le soir, comment gérer, et en fait on se rend compte que c'est très compliqué. parce que le soir, il y a les enfants aussi, que le mari n'est pas toujours disponible en fonction de son travail aussi ou qu'elles sont déjà fatiguées de leur journée complète. Le week-end, justement, parler des milieux associatifs des enfants et tout ça, tout est très compliqué. Donc, il va falloir qu'on cherche et qu'on trouve une solution pour leur donner envie de venir avec nous.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment on peut les encourager à s'impliquer dans ces différentes instances ?

  • Speaker #1

    Alors... Avant d'aller dans les instances, il faut leur laisser la liberté de s'investir à la hauteur de ce qu'elles peuvent. On parle de temps, sans ajouter de pression supplémentaire sur leur quotidien. Ça peut être justement, quand je vois la longueur de ce questionnaire, elles ont été quand même très nombreuses à prendre le temps de le remplir. Et du coup, c'est peut-être par des micro-questionnaires ou des choses comme ça qu'on pourrait... Essayer de créer ce lien. La solution concrète pourrait être de créer des petites commissions thématiques qui demandent moins de temps de présence et offrent un espace plus accessible pour s'impliquer. C'est une façon d'ouvrir la porte à davantage de femmes et de valoriser progressivement leur engagement.

  • Speaker #0

    Quelle piste concrète te semble prioritaire justement pour améliorer l'exercice au féminin ?

  • Speaker #1

    Pour améliorer cet exercice, il faut faire évoluer notre profession. Plusieurs pistes me semblent prioritaires. Tout d'abord, il est indispensable de revaloriser et simplifier les aides aux congés maternités, afin que chaque femme puisse vivre cette période sereinement, sans subir de pression ni financière ni administrative. Cela s'ajoute la possibilité de diminuer ou de suspendre temporairement des cotisations comme l'URSSAF ou la CARPICO. C'est peut-être des choses qu'il faut qu'on discute pendant ce congé maternité pour alléger au moins la charge financière de cette période. C'est à voir, c'est des choses dont on parle, dont on commence à essayer d'avancer sur ce genre de choses. Ensuite, il faudrait revoir aussi les indemnités du congé parental. Aujourd'hui, un congé parental, s'il est pris à temps complet, les femmes sont obligées... de sortir de la Carpinko. Du coup, elles perdent des points retraite, elles perdent des cotisations, et à la fin, c'est encore elles, entre guillemets, qui trinquent. Peut-être qu'il y a des choses à voir sur aider les femmes sur le côté quotidien pour que leur journée de travail puisse être presque complète, mais peut-être en aidant mieux. Mieux sur les aides financières de garde d'enfants ou ce genre de choses, peut-être leur donner un petit complément congé parental pour qu'elles puissent travailler, mais moins, et ça reste encore très compliqué. Par ailleurs, il serait important de mieux accompagner les kinés en famille monoparentale, parce que c'est une période très compliquée, elles ont double charge. non seulement Elles ont les charges pro, mais en plus, elles ont la famille à gérer. Et là, actuellement, une femme seule qui naît libérale, avoir des enfants, il faut qu'elle fasse un choix entre son cabinet, ses enfants, pour tenir ses charges financières. Donc il y a peut-être un travail à faire sur ce côté monoparental. Enfin, une aide financière à la garde d'enfants, j'en parlais tout à l'heure. D'ailleurs, accessible à tous les kinés serait un levier concret pour sécuriser l'exercice et faciliter la continuité de l'activité professionnelle, indépendamment de la structure familiale. Donc ça, c'est des choses pareilles à négocier en pluripro, et c'est ce qu'on fait un petit peu au niveau de l'UNAPL.

  • Speaker #0

    Est-ce que, justement, il y a d'autres professionnels de santé ou libéraux, au sens plus large, pourraient justement... donner des pistes, avoir des visions qui pourraient suggérer des améliorations, justement.

  • Speaker #1

    Alors, on observe déjà au niveau des professionnels de santé que chez les médecins, il y a l'ASM, c'est l'avantage supplémentaire maternité. Alors, il n'est pas pour tous les médecins, parce qu'au départ, c'était pour les inciter à aller dans les zones soudentées. Et il est mis sous certaines conditions, mais cette aide, c'est pas loin de 2000 euros par mois. Donc, ça enlève déjà une grosse partie. de la charge financière, donc mentale, sur nos charges professionnelles. Et ça, c'est quelque chose sur lequel on essaye de se battre parce que ça pourrait être mis au niveau conventionnel. Chez les médecins, c'est le cas, c'est au niveau conventionnel. Et du coup, les autres professionnels de santé essayent d'obtenir cet ASM. Il faudra voir les conditions sous lesquelles on arrive à négocier. C'est toujours le problème, la négociation, surtout actuellement. Après, j'ai parlé avec des avocats.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est là qu'on voit que les avocates sont très très fortes. Elles ont réussi à faire comprendre aux hommes qu'un bon congé maternité pour les femmes avocates, c'était un bon congé maternité pour l'entreprise. Ils travaillent souvent en groupe, et même pour ceux qui travaillent en individuel, du coup, leur système va aider là-dessus. Ils ont mis en place une indemnité journalière. complémentaires à celles de la CPAM avec leurs prévoyances. Et du coup, c'est un petit peu comme ça qu'on est en France, c'est la globalité qui paye pour le congé maternité d'une femme. Et du coup, elle a moins de charges financières et elle sera, entre guillemets, moins mise à l'écart plus tard pour sa retraite parce qu'il y aura de l'argent qui sera quand même rentré. Ces dispositifs montrent bien qu'il est possible de sécuriser financièrement l'absence ou au moins de soutenir les professionnels pendant leur congé maternité.

  • Speaker #1

    Et selon toi, comment chaque kiné individuellement pourrait aider à faire bouger ces lignes ?

  • Speaker #0

    Je dirais qu'il faut que chaque kiné prenne le temps d'écouter son confrère ou sa consoeur. On a une évolution sociétale. Je vais revenir un petit peu sur le début. On était sur des cabinets très masculins qui travaillaient 10-12 heures par jour. La société a changé, le mode de pensée a changé avec le rajeunissement. On va dire qu'en général, tout le monde voudrait travailler un peu moins, que ce soit homme ou femme. Mais surtout, il faut se rendre compte que les femmes ont besoin, tant que les hommes ne s'investissent pas plus au niveau familial, de travailler moins. C'est pas qu'elles ne veulent pas travailler plus, c'est qu'elles doivent gérer les deux. Et on va dire que ça évolue, heureusement, mais on en est encore loin. Et du coup, il faut que les hommes acceptent de s'impliquer plus. Peut-être financièrement, pour aider ces femmes, les écouter, et peut-être leur mettre moins de pression. Moi, j'avais des collègues avant où elles n'osaient pas annoncer leur congé maternité à leurs confrères, quand elles étaient dans un cabinet de groupe, parce qu'elles avaient peur que, si elles étaient assistantes, qu'ils trouvent une solution pour les mettre dehors, parce qu'elles ne trouvaient pas de remplaçant, parce que... Et du coup, enlever cette pression, c'est très important. Peut-être que sur ces périodes un petit peu compliquées, il faut que les hommes des cabinets trouvent des solutions pour ne pas alourdir la charge mentale de la femme pendant cette période. Donc, l'écoute, je pense que c'est le plus important, et apprendre à communiquer.

  • Speaker #1

    Pour celles et ceux qui souhaiteraient justement... Voilà, reprendre un petit peu l'enquête de l'AFFM-CARE un peu plus précisément. Où peuvent-ils la redécouvrir ?

  • Speaker #0

    Alors, cette enquête, elle avait été faite autour de la journée de la femme au niveau du 8 mars 2025. Et du coup, on avait fait un jeudi de la fédé, le 8 mars tombant un samedi, si je me souviens bien. On avait fait un jeudi de la fédé le 13 mars de cette année. Et du coup, on peut revoir le replay de ce jeudi de la fédé. à ce niveau-là. Entre, on a fait une petite enquête plus au sein, là, on va dire, que des syndiqués où on va travailler cette enquête pour différencier les hommes et les femmes. On est en train de l'étudier, on a commencé un petit peu et on verra ce qu'on en fait bientôt, mais on en fera quelque chose.

  • Speaker #1

    Il y a une suite alors. On ajoutera justement les liens pour retrouver le jeudi de la FED qui est accessible comme les autres jeudis sur le site web de l'AFFMKR. Merci beaucoup Céline pour cette discussion. Je me suis reconnue aussi. Merci pour le partage de tes expériences personnelles. Je pense que chaque femme s'est retrouvée dans chacune de... de ces échanges. Est-ce que tu souhaiterais rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    Déjà, je voulais te remercier de m'avoir invitée parce qu'effectivement, j'ai tendance à faire des choses et pas forcément les mettre en avant. Et là, tu m'aides à les mettre en avant, donc c'est très bien. Et je pense que pour les femmes, c'est peut-être une tendance de femmes, justement, laisser se mettre en arrière, laisser les autres faire. Venez nous rejoindre dans les syndicats. Vous venez nous donner votre façon de penser, de ressentir les choses. On a besoin de vous et rejoignez-nous.

  • Speaker #1

    Voilà, on vous laisse la parole, donc n'hésitez pas. Merci beaucoup Céline.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    A bientôt, au revoir. Merci de nous avoir écoutés. On espère que cet épisode vous a plu. Si c'est le cas, je vous invite à laisser un avis sur votre plateforme d'écoute préférée et à partager l'épisode autour de vous. N'hésitez pas également à nous dire quels sujets vous aimeriez que l'on aborde dans les prochains épisodes et quels invités vous souhaiteriez écouter. Pour ça, dites-le nous en commentaire. N'oubliez pas de nous suivre sur les réseaux sociaux et de visiter le site web de la FFMKR. pour rester informés des dernières actualités et des événements à venir. Votre soutien et votre engagement sont essentiels pour faire avancer notre profession. La Médicale, un réseau expert d'agents généraux pour accompagner les masseurs kinésithérapeutes dans leurs besoins professionnels et privés. La Médicale accompagne près d'un masseur kinésithérapeute sur trois en France. Rassurant non ? Des assurances adaptées aux besoins des masseurs kinésithérapeutes, tant professionnels que privés.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de Céline Marchal

    01:52

  • L’engagement syndical de Céline

    02:36

  • Pourquoi parler d’exercice au féminin ?

    04:30

  • Lancement de l’enquête ffmkr

    05:20

  • Principaux axes de l’enquête

    07:14

  • Résultats marquants

    08:45

  • Maternité et congé mat en libéral : un combat

    11:40

  • Femmes kinés et engagement syndical

    17:48

  • Pistes d'amélioration

    25:56

  • Exemples d’autres professions

    28:55

  • comment prolonger la dynamique ?

    31:04

Description

👩‍⚕️ En 2024, 52,2 % des kinés sont des femmes. Et pourtant, la profession reste pensée pour un modèle… masculin.

Entre congés maternité sous-indemnisés, charge mentale constante, sexisme ordinaire et difficulté à s’engager dans les instances, les kinés femmes cumulent les défis.


🎯 invitée du jour :
Céline Marchal, kinésithérapeute en Meurthe-et-Moselle et membre du conseil fédéral de la FFMKR, revient sur les résultats d’une grande enquête menée par la FFMKR auprès de 1570 kinés en seulement 5 jours.


👉 Au programme :
• Exercice libéral au féminin : état des lieux
• Maternité, épuisement, agressions : chiffres et vécus
• Engagement syndical et charge mentale : pourquoi c’est si difficile
• Pistes concrètes pour faire évoluer la profession
• Et surtout : comment faire entendre la voix des femmes kinés 💬


🎧 Un épisode essentiel pour mieux comprendre les réalités d’une profession en pleine mutation, et donner la parole à celles qui la font vivre au quotidien.

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⚠️ Les opinions exprimées dans ce podcast sont celles de l’intervenante et ne reflètent pas nécessairement celles de la FFMKR.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, c'est Céline, kinésithérapeute près de Lille. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Kinécast de la FEDE, la communauté dynamique et innovante des kinésithérapeutes. Chaque semaine, vous découvrirez les témoignages, les conseils et les astuces de kinés passionnés et engagés sur des sujets qui vous interpellent dans votre pratique, et aussi sur l'actualité. Ensemble et avec la FEDE, bougeons les lignes de la kinésithérapie. Bonne écoute ! La Médicale, un réseau expert d'agents généraux pour accompagner les masseurs kinésithérapeutes dans leurs besoins professionnels et privés. La Médicale accompagne près d'un masseur kinésithérapeute sur trois en France. Rassurant non, des assurances adaptées aux besoins des masseurs kinésithérapeutes, tant professionnels que privés. Bonjour à tous, bonjour à toutes, bienvenue dans ce nouvel épisode de Kinecast. Aujourd'hui, on va se pencher sur un sujet au cœur de la profession. l'exercice au féminin. Au 1er janvier 2024, 52,2% des kinésithérapeutes en France sont des femmes. Au-delà de ce chiffre, des questions concrètes se posent, comme l'équilibre entre la vie professionnelle, la vie privée, la maternité aussi, mais aussi la charge mentale et la place des kinésithérapeutes dans la représentation de la profession. Pour parler de ce sujet, j'ai le plaisir aujourd'hui de recevoir Céline Marchal, kinésithérapeute en Meurthe-et-Moselle. Bonjour Céline.

  • Speaker #1

    Bonjour Céline.

  • Speaker #0

    Je te remercie tout d'abord d'avoir accepté de participer à cette émission.

  • Speaker #1

    Merci à toi de m'avoir invitée car c'est un sujet qui me tient à cœur.

  • Speaker #0

    Eh bien, tu vas nous expliquer pourquoi très bientôt. Mais tout d'abord, je te propose de te présenter s'il te plaît.

  • Speaker #1

    Ok, alors je suis donc Céline, je suis kiné à Nancy, diplômée depuis 1998. Presque dès le début de mon exercice, un ou deux ans près, je me suis syndiquée. Et pour moi, c'était un moyen de rester informée, de suivre les avancées de la profession, et puis jamais être isolée dans mon exercice. Donc, je fais de la kiné généraliste. J'ai changé plusieurs fois de cabinet. pour des changements de vie, on va dire. Et je travaille à la fois actuellement en libérale pure et dans un SMR en tant que libérale.

  • Speaker #0

    Alors, avant de parler de l'exercice au féminin, est-ce que tu peux nous expliquer tout d'abord pourquoi tu t'es engagée ?

  • Speaker #1

    Alors, au départ, j'étais simplement adhérente. Puis, je suis tout doucement rentrée dans le conseil d'administration et au bureau de la FFMKR de mon département. Et c'est là que, grâce à Corinne Frisch, j'ai eu envie d'aller plus loin. Et du coup, je me suis présentée en 2019 au niveau du National. Et du coup, j'ai été élue en 2019.

  • Speaker #0

    Au Conseil fédéral alors.

  • Speaker #1

    Au Conseil fédéral, voilà. C'est à ce moment-là qu'on m'a proposé de rejoindre le secrétariat, à l'époque qui s'appelait à la parité. Et du coup, ce secrétariat m'a amenée à rentrer dans les... dans la commission paritaire-égalitaire de l'UNAPL. Donc l'UNAPL, l'Union Nationale des Professionnels de Santé Libéraux. Pas de santé, des professionnels libéraux. Donc je me suis toujours sentie un peu féministe au fond de moi, mais cette expérience a véritablement ouvert mes yeux sur la place des femmes dans l'ensemble des professions libérales. Les réalités sont plutôt frappantes, les horaires de travail sont... souvent extensibles, des contraintes parentales difficiles à concilier, les congés maternités encore très précaires. Dans ce milieu, chaque femme doit se battre pour trouver sa place et la garder. En prenant du recul, j'ai réalisé que nos préfessions ont été pensées au départ par des hommes pour des hommes. Ces mêmes hommes qui exerçaient à l'époque seuls dans leur couple n'avaient pas imaginé la place que pourraient prendre les femmes dans ces métiers. Aujourd'hui, il nous appartient en tant que femmes de faire évoluer ces modèles pour qu'ils reflètent vraiment les réalités et les besoins des femmes professionnelles libérales.

  • Speaker #0

    Alors au-delà de ça... Pourquoi tu as voulu le porter pour la profession ?

  • Speaker #1

    Alors je me suis rendue compte, déjà au niveau de toutes les professions libérales, qu'on avait un même combat, c'était trouver notre place. Et je me suis rendue compte qu'au niveau des kinésithérapeutes, rien n'avait été vraiment fait à ce niveau-là. Les choses ont évolué dans le temps, mais en fait, on réalise que c'est quand même encore basé sur un exercice très masculin. Or, la profession, comme tu l'as dit tout à l'heure, se féminise de plus en plus, elle sera genie. Donc, il va falloir penser la profession autrement.

  • Speaker #0

    Donc, c'est un sujet qui est venu, bien sûr, au sein de la FFMKR, et donc particulièrement avec toi au Conseil fédéral. Alors, quel projet, comment vous avez souhaité travailler sur ce sujet ?

  • Speaker #1

    Au départ, la FFKR... Mes collègues au niveau du Conseil fédéral m'ont écoutée et on s'est rendu compte qu'il était temps de commencer à s'occuper des femmes kinésithérapeutes. Et du coup, on a voulu commencer à lancer une enquête parce qu'il fallait pouvoir observer ce phénomène. La profession, comme je l'ai déjà dit tout à l'heure, elle se féminise, elle se rajeunit et il est temps. de revoir l'exercice libéral par rapport à cette densité de femmes qui devient de plus en plus importante. Donc on a trouvé que c'était important de prendre en compte cette réalité, d'en mesurer les impacts et de donner la parole aux principales concernées, les femmes. Nous avons donc mis en place un groupe de travail pour prendre ce sujet en main.

  • Speaker #0

    Quel est le contenu ? Quels sont les différents thèmes de cette enquête ?

  • Speaker #1

    Je vais revenir sur comment on a mis l'enquête en place. Le groupe de travail s'est dit que le meilleur moyen d'écouter les femmes, c'était de leur poser des questions, afin de mieux comprendre comment elles exerçaient, qui elles étaient. Et on voulait recueillir des témoignages concrets sur leurs conditions d'exercice. Il se trouvait qu'on n'était pas loin de la journée du 8 mars, la journée du droit des femmes. Et du coup, ça a été le moment où on a un peu déclenché rapidement l'enquête. On a travaillé pas mal d'heures à ce moment-là parce que c'était un gros questionnaire. Et du coup, on l'a diffusé sur les canaux syndicaux, auprès de notre base de données, des femmes de notre base de données à la FFMKR. Et puis, on l'a lancé sur les réseaux sociaux, afin de toucher le plus grand nombre possible. On a choisi d'explorer plusieurs grands thèmes, la conciliation vie professionnelle, vie familiale, la gestion des congés maternités, les charges mentales et organisationnelles, mais aussi le rapport et la reconnaissance dans la profession de ces femmes, comment elles se sentaient. On a regardé un petit peu l'état de santé global et l'idée était de dresser un premier état des lieux qui puisse ensuite nourrir la réflexion collective. et ouvrir des propositions plus concrètes derrière.

  • Speaker #0

    Donc cette enquête alors, combien de femmes ont répondu à cette enquête ?

  • Speaker #1

    Alors la participation a été plutôt très significative, on a eu 1570 réponses en même pas 5 jours. Ce qui témoigne vraiment de l'intérêt réel porté au sujet. Cela montre aussi que beaucoup se reconnaissent dans ces problématiques et ressentent le besoin. de les voir mises en lumière. 69% d'entre elles ont entre 25 et 45 ans, donc elles sont plutôt jeunes. 71% ont au moins un enfant à charge, donc elles ont toutes ce lien vie pro, vie perso, vie familiale à mettre en avant. Et du coup, elles sont donc majoritaires à devoir concilier cette vie professionnelle et familiale.

  • Speaker #0

    Alors, qu'est-ce qui vous a le plus marqué ? dans les résultats de cette enquête ?

  • Speaker #1

    Ce qui a été plus marquant, c'est d'abord le chiffre. Seuls 17% des répondantes déclarent n'avoir jamais ressenti d'épuisement professionnel. Ça ne fait vraiment pas beaucoup. Ça veut dire qu'une immense majorité des femmes sont concernées par une forme de fatigue et de surcharge. Un autre point assez frappant, 43% disent avoir subi des agressions sexistes. de la part de leurs patients et 15% de la part d'autres professionnels de santé. Donc le milieu est encore difficile pour les femmes. Ça leur demande de faire attention. Je dirais quasi en permanence, parce que 43% des patients, c'est énorme. C'est un constat lourd et on voit que le sexisme reste une réalité dans notre quotidien et pour les femmes, c'est difficile à vivre. Malgré tout ça, ce qui est le plus surprenant, et je dirais que même ça me rassure, c'est que 70% d'entre elles considèrent avoir une bonne qualité de vie et restent plutôt optimistes dans leur exercice. C'est une forme de paradoxe, mais aussi une preuve de la résilience et de la force des femmes qui naissent face aux difficultés qu'elles rencontrent. Et ça, j'ai été vraiment très impressionnée.

  • Speaker #0

    Est-ce que parmi ces résultats, est-ce qu'il y a des choses qui correspondent justement à ce que toi-même tu vis dans ton quotidien ou tes collègues, tes consœurs ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais prendre dans mon propre quotidien, on va dire que le sexisme un petit peu. Pas trop avec les patients, je pense que j'ai appris à gérer une barrière, donc ça passe plutôt bien. Avec les autres professionnels de santé, ça je peux le ressentir. Ça peut être, moi je suis d'une génération antérieure, on va dire, les blacks sexistes étaient monnaie courante, et on se rend compte que nous on a appris à faire avec, et on laissait faire, et les générations ont changé, et je pense que c'est quelque chose de positif de ne pas se laisser rater. rabaisser et de prendre sa place en tant que femme dans ce milieu. Et ce n'est pas toujours évident. Et j'entends mes consoeurs quand elles sont mal à l'aise et quand elles ne supportent plus ce type de langage. Et je peux vraiment le comprendre. Et donc, oui, les femmes sont plutôt fortes. Elles parlent facilement de leur surcharge de travail, de leur charge mentale, mais elles ne lâchent rien. En sociologie, on les appelle les femmes warriors. Et la femme qui naît, apparemment, sont plutôt représentatives de ce phénomène.

  • Speaker #0

    Parmi les grands thèmes de cette enquête, il y a la maternité, l'équilibre entre cette vie professionnelle et la vie familiale. Comment les femmes ont répondu sur ces thèmes ?

  • Speaker #1

    Je voudrais faire un petit point d'histoire par rapport à ça. Pour les quiniers libérales, le congé maternité a longtemps été le parent pauvre, voire n'existait pas. Il faut rappeler que ce n'est qu'en 2006 que nous avons obtenu pour la première fois des indemnités journalières maternité. Elles étaient à l'époque très modestes. Perso, j'ai eu deux enfants avant cette date et on avait uniquement une prime à la maternité. Cette prime correspondait à peu près à un mois de charge. Sans parler des repas et tout, je parle charge professionnelle. Et il fallait anticiper, mettre de côté. Et du coup, vouloir une grossesse, vouloir des enfants, c'était anticiper et il fallait créer sa propre prévoyance, on va dire.

  • Speaker #0

    Et parfois même, certaines réduisaient leur temps de congé maternité.

  • Speaker #1

    Ah oui, mes deux congés maths, vu que j'avais réussi à mettre pas mal de côté, j'ai pris trois mois à chaque fois. C'est-à-dire 15 jours, 3 semaines avant accoucher et 2 mois derrière. C'était vraiment très court, mais j'ai dû anticiper pour m'offrir un temps avec mes bébés. Et c'est vrai que c'était dur à vivre, surtout qu'autour de nous, moi j'avais beaucoup de consœurs, enfin de non-consoeurs, mais de copines qui étaient elles-mêmes... En congé mat, qu'il y avait des congés mat plus avancés, qu'il y avait droit à un congé mat à l'allaitement, qu'il y avait droit à... Et tout ça, nous, en libéral, on ne l'avait pas. Donc, il fallait se le créer. Et j'étais fière d'avoir réussi à me dire, ouais, j'ai pris trois mois en tout, comparé à d'autres qui ont arrêté le travail la veille et qui ont repris 15 jours, 3 semaines après leur accouchement. Parce qu'elles n'avaient pas les finances pour gérer.

  • Speaker #0

    C'est une charge mentale aussi, supplémentaire.

  • Speaker #1

    Donc après, si je reprends un peu l'histoire, en 2019, la durée minimale indemnisée est passée de 6 à 8 semaines. Et depuis quelques années, nous pouvons bénéficier, comme les salariés, enfin, d'un temps de congé maternité de 112 jours. Donc à ce niveau-là, ça a bien évolué.

  • Speaker #0

    Mais que depuis peu de temps.

  • Speaker #1

    Que depuis peu de temps, exactement.

  • Speaker #0

    Alors c'est un combat syndical, je présume d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est un combat syndical. Et c'est un combat des femmes aussi. C'est vrai que je pense que des organismes comme l'UNAPL nous ont aidés à avancer dans ce type de combat. Et c'est là qu'on voit que non seulement on est professionnels kinés, on est professionnels de santé, mais on est des professionnels libéraux. Et tout ça, c'est un tout. Et il faut qu'on avance ensemble.

  • Speaker #0

    Alors on sait que ce congé maternité est mal indemnisé, difficile à organiser avec les patients. Comment faire pour que ça change, pour que ça s'améliore ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà on a réussi à gagner sur le temps de congé maternité. Donc oui, il est mal indemnisé et ça c'est vraiment un problème. Aujourd'hui une kiné libérale, elle touche une allocation forfaitaire d'un peu plus de 10 ans. près 3400 euros et la désindemnité journalière d'à peu près 56 euros sur l'ensemble de son congé mat. Cela représente à peu près 7000 euros. Je trouve que c'est important de donner des chiffres parce que finalement où est le problème ? C'est que nos charges sont beaucoup plus élevées que ça. Un congé maternité de 3 à 4 mois ça avoisine plutôt 10 à 15 000 euros selon les cabinets, selon notre type d'exercice. Et du coup, on voit que... Déjà, le calcul est vite fait, on part déjà sur un déficit. Et du coup, on se rend compte que c'est très compliqué et que ça n'aide pas les femmes à se décider ou à prendre un vrai congé maternité. À cela s'ajoute la difficulté d'organiser l'absence, trouver un remplaçant, c'est de plus en plus dur, qu'on soit en ville ou en campagne. dans tous les cas, la difficulté du remplaçant se pose et qu'est-ce qu'on fait de nos patients ? On a des patients chroniques avec des pathologies lourdes. Si on est en congé mat, on culpabilise, on est mal à l'aise, on ne peut pas toujours les renvoyer sur d'autres confrères qui sont tous déjà surchargés, surbookés et je pense qu'au niveau de la charge mentale de la femme qui naît, tout ça c'est très compliqué. Le congé de maternité, ça devrait être un moment protégé où il reste... où on puisse rentrer dans sa bulle. Et en fait, il reste une source de stress. Et du coup, on le ressent vraiment. Et faisant partie de groupes de femmes, non seulement kinés, libérales, mais aussi autres professionnels libéraux, on se rend compte que tout ça, c'est très compliqué pour ces femmes. Et ce n'est pas facile. Ce qui doit évoluer maintenant, c'est l'équité. Que les kinés aient accès... comme les médecins, à des aides complémentaires qui permettent de couvrir les charges de notre cabinet et garder nos indemnités journalières pour ce qui est normalement une indemnité de congé accident, c'est-à-dire notre vie courante et pas nos charges professionnelles. Et c'est là qu'il va falloir trouver des solutions pour que les femmes puissent enfin vivre cette période sereinement.

  • Speaker #0

    Une autre partie de l'enquête, il y a aussi l'engagement des femmes kinésithérapeutes dans la profession, de la représentation de la profession. Voilà, alors, et c'est bien sûr normal, elles demandent beaucoup de la part des syndicats, mais c'est parfois difficile pour elles de s'engager. Comment on pourrait justement améliorer ce point ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, je vais parler un petit peu de mon expérience. Je me suis engagée parce que je trouvais essentiel de défendre... notre profession et c'est quelque chose qui me tient à cœur. Je ne vois pas laisser les autres se battre pour moi alors qu'on a besoin de mains et de cerveau pour avancer. Et puis après, justement, ce côté spécificité pour les femmes, même si la nouvelle génération d'hommes commence à mieux comprendre nos engagements et notre façon de penser, ça reste quelque chose de pas évident. Et je pense qu'il faut des femmes pour défendre notre place. On le voit très concrètement, désolé, il existe souvent une différence d'organisation entre les cabinets dits de femmes ou les cabinets dits d'hommes. On se rend compte dans le questionnaire que les femmes vont essayer de travailler plus du travail de groupe parce que besoin de s'organiser au niveau des horaires, besoin de s'organiser sur le type d'exercice. Et les femmes, elles ont tendance à privilégier le groupe plutôt que l'isolé pour ne pas se retrouver coincées au niveau horaire. Parce qu'on sait que les patients qui travaillent, c'est le soir, parce que le soir, c'est nos enfants aussi. Et du coup, voilà. Je me suis rendue compte dans cette enquête que les femmes, elles se forment beaucoup et elles s'investissent beaucoup auprès de leurs patients. Et du coup, si on regarde un petit peu au niveau des chiffres, elles font beaucoup d'heures. mais n'ont pas forcément un gros gain monétaire. Elles restent en dessous des chiffres moyens de la Carpinko, qui est de 45 000 euros. Et du coup, c'est là que j'ai voulu voir aussi un petit peu ce qu'elles voulaient. Et elles se forment beaucoup autour de l'enfant, autour de la femme, autour de pathologies plus lourdes. Et en fait, on voit vraiment une différence d'exercice entre les femmes et les hommes. Elles sont plus dans le care et les hommes sont plus dans le cure. Et ça, sociologiquement, on a été éduqués comme ça. Et du coup, il y a plein de choses qui ressortent et où on se dit, comment essayer d'améliorer les choses pour les femmes. Cet engagement m'a permis de... prendre du recul, de me poser des questions sur nos pratiques, nos besoins. Surtout de voir qu'on n'est pas toute seule, en fait. On est bientôt plus de 50% de la profession. Si ça se trouve, on l'a dépassé, d'ailleurs, depuis le 1er janvier 2024.

  • Speaker #0

    Oui, parce que ce chiffre de 52,2%, c'est pour les salariés libéraux au mix. 49,8%,

  • Speaker #1

    si je me souviens bien, ou 0,7% pour juste les libérales. Donc, on est vraiment tout proche. Et grâce au syndicat, on peut analyser ces différences, mettre en lumière les difficultés et surtout essayer de proposer des solutions collectives. C'est la force du collectif, c'est ça qui m'a donné envie de franchir le pas et de m'impliquer un peu plus. La profession est largement féminisée aujourd'hui, il est donc essentiel qu'elle soit plus présente dans les syndicats, dans les structures. Je parle syndicat, mais on peut parler CPTS, on peut parler maison de santé, où c'est peut-être plus facile de s'intégrer. Il faut que leur voix soit entendue et que leur réalité de terrain soit réellement prise en compte. S'impliquer, c'est aussi défendre leur place dans le monde libéral et contribuer à faire évoluer ce monde pour qu'il corresponde mieux à nos besoins, à nos attentes de femmes.

  • Speaker #0

    Alors quels sont les freins justement à l'investissement de nos consoeurs ?

  • Speaker #1

    Le principal frein rencontré chez mes collègues, c'est vraiment le manque de temps. Alliés privés, pro, famille, peut-être milieu associatif. Je vais reparler un petit peu de moi, mais parce que c'est ça qui m'a amenée à avancer, à essayer d'étudier les positions. Quand mes enfants étaient petits, je faisais partie de l'assos de l'école, de l'assos du club de gym, de l'assos du club de judo. Tout ça, ça prend du temps, c'est de l'investissement. Et c'est souvent, on regarde les femmes qui sont là dans ces associations. Parce que c'est les femmes qui s'occupent de leurs enfants et qui font avancer ces associations. Et je dirais qu'on a ce problème, c'est que quand nos enfants sont plus jeunes, Prendre du temps syndical, professionnel, c'est peut-être compliqué. Et allier cette vie pro et responsabilité familiale, c'est vraiment très lourd. Donc elles ont du mal à ajouter par-dessus un engagement syndical. Pas qu'elles ne veulent pas, mais qu'elles ne peuvent pas. Pourtant, je suis convaincue que même une petite implication, des fois des petites réunions, des micro-crochets presque, permettraient de faire avancer et créer une vraie différence. On est plus que nombreuses à s'investir, mais on a besoin de temps. Et il va falloir réussir à attraper toutes ces femmes par-ci, par-là. Parce que je suis sûre qu'il y en a beaucoup qui ont des choses à dire. et à nous aider à avancer.

  • Speaker #0

    Oui, déjà, venir parfois lors de réunions qui sont proposées, de soirées d'échange, d'informations par les syndicats départementaux de la FED. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que si on regarde, moi j'ai essayé de voir un petit peu si elle préférait les réunions le matin, le soir, comment gérer, et en fait on se rend compte que c'est très compliqué. parce que le soir, il y a les enfants aussi, que le mari n'est pas toujours disponible en fonction de son travail aussi ou qu'elles sont déjà fatiguées de leur journée complète. Le week-end, justement, parler des milieux associatifs des enfants et tout ça, tout est très compliqué. Donc, il va falloir qu'on cherche et qu'on trouve une solution pour leur donner envie de venir avec nous.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment on peut les encourager à s'impliquer dans ces différentes instances ?

  • Speaker #1

    Alors... Avant d'aller dans les instances, il faut leur laisser la liberté de s'investir à la hauteur de ce qu'elles peuvent. On parle de temps, sans ajouter de pression supplémentaire sur leur quotidien. Ça peut être justement, quand je vois la longueur de ce questionnaire, elles ont été quand même très nombreuses à prendre le temps de le remplir. Et du coup, c'est peut-être par des micro-questionnaires ou des choses comme ça qu'on pourrait... Essayer de créer ce lien. La solution concrète pourrait être de créer des petites commissions thématiques qui demandent moins de temps de présence et offrent un espace plus accessible pour s'impliquer. C'est une façon d'ouvrir la porte à davantage de femmes et de valoriser progressivement leur engagement.

  • Speaker #0

    Quelle piste concrète te semble prioritaire justement pour améliorer l'exercice au féminin ?

  • Speaker #1

    Pour améliorer cet exercice, il faut faire évoluer notre profession. Plusieurs pistes me semblent prioritaires. Tout d'abord, il est indispensable de revaloriser et simplifier les aides aux congés maternités, afin que chaque femme puisse vivre cette période sereinement, sans subir de pression ni financière ni administrative. Cela s'ajoute la possibilité de diminuer ou de suspendre temporairement des cotisations comme l'URSSAF ou la CARPICO. C'est peut-être des choses qu'il faut qu'on discute pendant ce congé maternité pour alléger au moins la charge financière de cette période. C'est à voir, c'est des choses dont on parle, dont on commence à essayer d'avancer sur ce genre de choses. Ensuite, il faudrait revoir aussi les indemnités du congé parental. Aujourd'hui, un congé parental, s'il est pris à temps complet, les femmes sont obligées... de sortir de la Carpinko. Du coup, elles perdent des points retraite, elles perdent des cotisations, et à la fin, c'est encore elles, entre guillemets, qui trinquent. Peut-être qu'il y a des choses à voir sur aider les femmes sur le côté quotidien pour que leur journée de travail puisse être presque complète, mais peut-être en aidant mieux. Mieux sur les aides financières de garde d'enfants ou ce genre de choses, peut-être leur donner un petit complément congé parental pour qu'elles puissent travailler, mais moins, et ça reste encore très compliqué. Par ailleurs, il serait important de mieux accompagner les kinés en famille monoparentale, parce que c'est une période très compliquée, elles ont double charge. non seulement Elles ont les charges pro, mais en plus, elles ont la famille à gérer. Et là, actuellement, une femme seule qui naît libérale, avoir des enfants, il faut qu'elle fasse un choix entre son cabinet, ses enfants, pour tenir ses charges financières. Donc il y a peut-être un travail à faire sur ce côté monoparental. Enfin, une aide financière à la garde d'enfants, j'en parlais tout à l'heure. D'ailleurs, accessible à tous les kinés serait un levier concret pour sécuriser l'exercice et faciliter la continuité de l'activité professionnelle, indépendamment de la structure familiale. Donc ça, c'est des choses pareilles à négocier en pluripro, et c'est ce qu'on fait un petit peu au niveau de l'UNAPL.

  • Speaker #0

    Est-ce que, justement, il y a d'autres professionnels de santé ou libéraux, au sens plus large, pourraient justement... donner des pistes, avoir des visions qui pourraient suggérer des améliorations, justement.

  • Speaker #1

    Alors, on observe déjà au niveau des professionnels de santé que chez les médecins, il y a l'ASM, c'est l'avantage supplémentaire maternité. Alors, il n'est pas pour tous les médecins, parce qu'au départ, c'était pour les inciter à aller dans les zones soudentées. Et il est mis sous certaines conditions, mais cette aide, c'est pas loin de 2000 euros par mois. Donc, ça enlève déjà une grosse partie. de la charge financière, donc mentale, sur nos charges professionnelles. Et ça, c'est quelque chose sur lequel on essaye de se battre parce que ça pourrait être mis au niveau conventionnel. Chez les médecins, c'est le cas, c'est au niveau conventionnel. Et du coup, les autres professionnels de santé essayent d'obtenir cet ASM. Il faudra voir les conditions sous lesquelles on arrive à négocier. C'est toujours le problème, la négociation, surtout actuellement. Après, j'ai parlé avec des avocats.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est là qu'on voit que les avocates sont très très fortes. Elles ont réussi à faire comprendre aux hommes qu'un bon congé maternité pour les femmes avocates, c'était un bon congé maternité pour l'entreprise. Ils travaillent souvent en groupe, et même pour ceux qui travaillent en individuel, du coup, leur système va aider là-dessus. Ils ont mis en place une indemnité journalière. complémentaires à celles de la CPAM avec leurs prévoyances. Et du coup, c'est un petit peu comme ça qu'on est en France, c'est la globalité qui paye pour le congé maternité d'une femme. Et du coup, elle a moins de charges financières et elle sera, entre guillemets, moins mise à l'écart plus tard pour sa retraite parce qu'il y aura de l'argent qui sera quand même rentré. Ces dispositifs montrent bien qu'il est possible de sécuriser financièrement l'absence ou au moins de soutenir les professionnels pendant leur congé maternité.

  • Speaker #1

    Et selon toi, comment chaque kiné individuellement pourrait aider à faire bouger ces lignes ?

  • Speaker #0

    Je dirais qu'il faut que chaque kiné prenne le temps d'écouter son confrère ou sa consoeur. On a une évolution sociétale. Je vais revenir un petit peu sur le début. On était sur des cabinets très masculins qui travaillaient 10-12 heures par jour. La société a changé, le mode de pensée a changé avec le rajeunissement. On va dire qu'en général, tout le monde voudrait travailler un peu moins, que ce soit homme ou femme. Mais surtout, il faut se rendre compte que les femmes ont besoin, tant que les hommes ne s'investissent pas plus au niveau familial, de travailler moins. C'est pas qu'elles ne veulent pas travailler plus, c'est qu'elles doivent gérer les deux. Et on va dire que ça évolue, heureusement, mais on en est encore loin. Et du coup, il faut que les hommes acceptent de s'impliquer plus. Peut-être financièrement, pour aider ces femmes, les écouter, et peut-être leur mettre moins de pression. Moi, j'avais des collègues avant où elles n'osaient pas annoncer leur congé maternité à leurs confrères, quand elles étaient dans un cabinet de groupe, parce qu'elles avaient peur que, si elles étaient assistantes, qu'ils trouvent une solution pour les mettre dehors, parce qu'elles ne trouvaient pas de remplaçant, parce que... Et du coup, enlever cette pression, c'est très important. Peut-être que sur ces périodes un petit peu compliquées, il faut que les hommes des cabinets trouvent des solutions pour ne pas alourdir la charge mentale de la femme pendant cette période. Donc, l'écoute, je pense que c'est le plus important, et apprendre à communiquer.

  • Speaker #1

    Pour celles et ceux qui souhaiteraient justement... Voilà, reprendre un petit peu l'enquête de l'AFFM-CARE un peu plus précisément. Où peuvent-ils la redécouvrir ?

  • Speaker #0

    Alors, cette enquête, elle avait été faite autour de la journée de la femme au niveau du 8 mars 2025. Et du coup, on avait fait un jeudi de la fédé, le 8 mars tombant un samedi, si je me souviens bien. On avait fait un jeudi de la fédé le 13 mars de cette année. Et du coup, on peut revoir le replay de ce jeudi de la fédé. à ce niveau-là. Entre, on a fait une petite enquête plus au sein, là, on va dire, que des syndiqués où on va travailler cette enquête pour différencier les hommes et les femmes. On est en train de l'étudier, on a commencé un petit peu et on verra ce qu'on en fait bientôt, mais on en fera quelque chose.

  • Speaker #1

    Il y a une suite alors. On ajoutera justement les liens pour retrouver le jeudi de la FED qui est accessible comme les autres jeudis sur le site web de l'AFFMKR. Merci beaucoup Céline pour cette discussion. Je me suis reconnue aussi. Merci pour le partage de tes expériences personnelles. Je pense que chaque femme s'est retrouvée dans chacune de... de ces échanges. Est-ce que tu souhaiterais rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    Déjà, je voulais te remercier de m'avoir invitée parce qu'effectivement, j'ai tendance à faire des choses et pas forcément les mettre en avant. Et là, tu m'aides à les mettre en avant, donc c'est très bien. Et je pense que pour les femmes, c'est peut-être une tendance de femmes, justement, laisser se mettre en arrière, laisser les autres faire. Venez nous rejoindre dans les syndicats. Vous venez nous donner votre façon de penser, de ressentir les choses. On a besoin de vous et rejoignez-nous.

  • Speaker #1

    Voilà, on vous laisse la parole, donc n'hésitez pas. Merci beaucoup Céline.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    A bientôt, au revoir. Merci de nous avoir écoutés. On espère que cet épisode vous a plu. Si c'est le cas, je vous invite à laisser un avis sur votre plateforme d'écoute préférée et à partager l'épisode autour de vous. N'hésitez pas également à nous dire quels sujets vous aimeriez que l'on aborde dans les prochains épisodes et quels invités vous souhaiteriez écouter. Pour ça, dites-le nous en commentaire. N'oubliez pas de nous suivre sur les réseaux sociaux et de visiter le site web de la FFMKR. pour rester informés des dernières actualités et des événements à venir. Votre soutien et votre engagement sont essentiels pour faire avancer notre profession. La Médicale, un réseau expert d'agents généraux pour accompagner les masseurs kinésithérapeutes dans leurs besoins professionnels et privés. La Médicale accompagne près d'un masseur kinésithérapeute sur trois en France. Rassurant non ? Des assurances adaptées aux besoins des masseurs kinésithérapeutes, tant professionnels que privés.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de Céline Marchal

    01:52

  • L’engagement syndical de Céline

    02:36

  • Pourquoi parler d’exercice au féminin ?

    04:30

  • Lancement de l’enquête ffmkr

    05:20

  • Principaux axes de l’enquête

    07:14

  • Résultats marquants

    08:45

  • Maternité et congé mat en libéral : un combat

    11:40

  • Femmes kinés et engagement syndical

    17:48

  • Pistes d'amélioration

    25:56

  • Exemples d’autres professions

    28:55

  • comment prolonger la dynamique ?

    31:04

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