- Speaker #0
Vous écoutez l'Éclat Féminin, je suis Sandra Samoura, bonne écoute. Bonjour, bienvenue dans ce nouvel épisode de l'Éclat Féminin. Aujourd'hui, nous évoquons l'émotion au cœur de la création. Pour cela, Nous allons explorer le parcours de Maggie Ngandou sous le prisme de la gestion des émotions dans l'entrepreneuriat. La création d'une marque, c'est bien plus qu'un acte entrepreneurial. C'est une aventure humaine, un parcours émotionnel intense, où chaque étape laisse une empreinte. Quand Maggie décide de se lancer dans cette aventure, elle n'imagine pas encore à quel point ce chemin sera ponctué de voies intenses, de doutes profonds, mais surtout d'une force intérieure insoupçonnée. Dans cet épisode, nous ne parlons pas de chiffres ni de stratégie marketing, mais comme vous l'aurez compris, d'émotions. Ces émotions qui, dans l'ombre, fascinent les choix, les décisions et parfois même les renoncements. Comment surmonter les tempêtes émotionnelles qui jalonnent le parcours de la création ? Et surtout, comment puiser dans ces émotions pour avancer encore et toujours ? Maggie Bienvenue, merci beaucoup d'avoir accepté.
- Speaker #1
Merci à toi Sandra pour ton invitation.
- Speaker #0
Je t'en prie. Alors ma toute première question Maggie, évidemment, quel a été le déclencheur émotionnel qui t'a poussé à te lancer dans cette aventure de l'entrepreneuriat ?
- Speaker #1
Mon dernier cancer.
- Speaker #0
Ah, direct dans le milieu des sujets. Tu peux développer un petit peu.
- Speaker #1
Alors moi j'ai un parcours qui est assez… À la fois, pour moi, j'estime compliqué, mais qui a été très instructif dans ma vie, on va dire. Ces dernières années, j'ai eu un premier cancer de la thyroïde à 17 ans, avec des traitements qui ont duré un peu plus de 5 ans. Donc aujourd'hui, je me retrouve avec des traitements à vie. Et j'ai eu un cancer du sein à l'âge de 34 ans, mastectomie, chimiothérapie. radiotrait de thérapie. Donc, avec un suivi pendant dix ans. Oui. Voilà. J'avais encore un traitement à prendre.
- Speaker #0
D'accord. Donc, je comprends qu'évidemment, ça a été quand même un moment très difficile, deux moments très difficiles. Et là, toi, tu avais une idée incroyable. Tu te dis, tiens, de ce truc très négatif, parce que je le souhaite à personne, moi, je vais en faire quelque chose d'autre. Je vais le transformer, c'est ça ?
- Speaker #1
Il faut savoir que moi, là-bas, je suis de profession, je suis aide-soignante. Oui. Voilà, je suis aide-soignante. Cette idée, elle n'est pas venue directement, pour être honnête. Ce qui s'est passé, c'est que suite à ma mastectomie, j'ai dû acheter ma première lingerie. Donc, moi, déjà, j'étais complètement réfractaire à l'idée de me dire qu'il fallait que je me rende dans un magasin pour acheter ça, parce que déjà, je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. tombé dessus, je n'acceptais pas tout simplement la vision de ce nouveau corps. Il me fallait un temps d'adaptation par rapport à ça. Et donc, j'ai envoyé un proche à moi, aller m'acheter ma première lingerie. Et je me rappelle ce jour-là, il me la ramène à l'hôpital et puis il me dit « Je suis désolée, j'ai trouvé que ça. » Je vois le truc, je dis « C'est bon, je suis. » C'est la première réaction que j'ai eue. Et pourtant, j'étais encore à l'hôpital à ce moment-là. Et là, en fait, je me dis, c'est un homme, il ne sait pas choisir. Moi, c'est comme ça que je l'ai prise. Et puis, en me rendant, moi-même, par la suite, pour essayer de trouver de la lingerie, regarder ce qui se faisait sur Internet, là, je me suis rendue compte que je vais avoir des problèmes, en fait, pour trouver une lingerie qui me correspond. Et de là, j'en ai parlé parce que j'étais suivie aussi par un psychologue, parce que ce n'était pas mon premier cancer, que là, j'étais partie pour une durée assez longue. Et donc là, je lui parle de ma problématique. Je lui dis, ben voilà, moi, j'ai de la lingerie, ça ne me plaît pas. Et j'aimerais savoir, est-ce que je suis la seule femme dans cette situation à trouver la linge inroche ? Et puis j'ai ma prothèse mammaire qui… qui bouge dans tous les sens dans la journée, donc est-ce que je suis la seule ? Et puis là il me dit que non, vous n'êtes pas la seule. Donc, ça a commencé un peu à être urlupiné dans ma tête. J'ai commencé à réfléchir, à me dire est-ce que je ne peux pas faire quelque chose. Et puis, je commençais aussi à voir le milieu professionnel dans lequel j'évoluais autrement. Je n'avais plus envie de la vie que je menais. Elle n'avait plus de sens.
- Speaker #0
Et alors, ça veut dire que je te coupe, mais est-ce que là, cette idée qui commençait à germer en fait… elle est venue se connecter à ce que tu viens de dire. Ma situation professionnelle n'avait plus vraiment sens. Et là, il y a une espèce de connexion qui s'est faite.
- Speaker #1
Oui, en fait, c'était deux pensées différentes. Mais après, au fur et à mesure du temps, qui se sont rejoignies l'une et l'autre. Mais au début, pour moi, c'était qu'est-ce que je fais ? Parce que je ne voyais plus du tout la vie de la même manière. J'avais envie de vivre autre chose. Je pense aussi que je m'étais aussi mentie à moi-même aussi. Qu'est-ce que tu veux dire ? Moi, à la base, j'ai toujours voulu faire du commerce international. OK. Moi, à la base, c'était ça, mais la vie, on l'a décidé autrement parce que j'ai fait des choix qui ont changé ma trajectoire, tout simplement. À la suite de ça, je me suis posée, je me suis dit, meilleur Maggie, est-ce que c'est vraiment ça que tu as envie de faire ? Est-ce que tu as vraiment envie de rester dans ce milieu-là ? Alors, ce que je vais dire, ça va paraître bizarre, mais je pense que certaines personnes peuvent me comprendre sur ce que je vais dire. Je n'ai pas envie de croiser qui que ce soit quand je vais dire ça. Le cancer, il a été une bénédiction pour moi.
- Speaker #0
Ok, alors vas-y, explique-nous pourquoi.
- Speaker #1
Voilà, parce qu'il faut savoir qu'en 2019... Je suis arrivée à bout, je suis arrivée à saturation. Il faut savoir que moi, j'ai fait tous mes traitements sans jamais poser d'arrêt maladie. C'est-à-dire que je travaillais de nuit, j'allais une fois par semaine à ma chimio. Quand j'avais la radiothérapie, je faisais pareil. Quand j'ai eu la mastectomie, il faut savoir que j'ai posé mes vacances.
- Speaker #0
Non mais attends, c'est un truc de la chimie,
- Speaker #1
trois semaines de vacances. Mais qui a tout, madame ? Vraiment, en fait...
- Speaker #0
Pourquoi ? Pourquoi tu as fait ça ?
- Speaker #1
J'avais besoin de travailler. Il faut comprendre que ma vie, en fait, c'était maison, hôpital, sinon. Et moi, ça, je ne voulais pas, parce que je passais le plus clair de mon temps à l'hôpital. Donc, moi, ce que je voulais, c'était maison, travail, hôpital. Moi, je suis quelqu'un qui se dit que chaque décision, chaque acte qu'on pose, en fait, chaque jour, ça aura des répercussions. Que ce soit positif ou négatif. Et en prenant cette décision-là, moi, je n'étais absolument pas dans le déni. Il faut savoir que je suis une personne qui vit dans sa réalité. Je ne cherche pas à me monter des films. Par contre, je suis quelqu'un, j'ai besoin en tout cas de poser des actes. j'ai compris très vite que j'avais pas de prise sur ce qui allait sur ma destination finale. Je ne savais pas si j'allais vivre ou mourir parce que ce n'était pas mon premier cancer. Et là, je me retrouvais encore une fois avec un cancer différent. Donc, la finalité, je ne la connaissais pas. Vu que je ne la connaissais pas, j'avais besoin de m'attacher à quelque chose que je pouvais encore gérer. Et ce que je pouvais encore gérer, c'était aller à l'hôpital, c'était aller au travail et c'était rester avec mes parents.
- Speaker #0
C'était une façon de garder le contrôle au moins sur quelque chose.
- Speaker #1
Voilà, parce que je n'avais plus ce contrôle-là total. Et donc, en décidant ça, un an. Et quand la mastectomie arrive, là, je pose trois semaines de vacances. Je vais à l'hôpital, je rentre soi-disant de vacances. Et là, c'est une amie à moi. collègues de travail qui changeaient en fait mes pansements le soir au boulot. Et j'avais les infirmières aussi qui venaient par moments à domicile, qui savaient aussi que je travaillais. Les médecins ne l'avaient pas recommandé, ils souhaitaient que je m'arrête, mais moi j'ai dit non. Et finalement, je crois que c'est 2020 ou 2019, je crois, là je sature. Je vois mon oncologue et je lui dis, écoutez, il faut que je m'arrête. En fait, je n'en peux plus. Il faut que je m'arrête. Psychologiquement, je ne sais plus où j'en suis. J'ai besoin vraiment de mettre les choses à plat dans ma vie et sur tout ce que je veux faire. Donc là, j'étais encore prise en charge par l'hôpital. Donc, il y avait encore des soins à côté. Donc là, ils m'ont dit OK. Nous, c'est ce qu'on voulait déjà depuis exactement 5 ans. Donc, là, on m'arrête. Première reconstruction mammaire en 2019. Et là, je fais une infection. Alors là, c'est bizarre, je me dis, je ne comprends pas. Une infection me met à terre. Mes traitements, cancer, tout ça, ça ne m'a pas mis à terre. Je ne comprends pas. En fait, j'étais vraiment dans la compréhension totale. Et là, je me suis dit, non, Maggie, il faut vraiment que tu te poulies. Et là, quand je me suis posée, je me suis posée un an. D'accord. Un an où je me suis focalisée sur moi. Un an où j'ai... penser au futur que je voulais, même si je savais que je vivais avec une épée d'amoclès sur ma tête. Là, ça a été magnifique parce que j'ai enclenché des choses. J'ai commencé à apprendre l'espagnol. Pendant mon arrêt, je continuais à aller à l'hôpital. Et là, je me rappelle mon travail, la fondation pour laquelle je travaillais. Là, je parle honnêtement, cette fois-ci, avec la directrice de l'époque. Et là, je lui ai dit ce que j'avais. Un petit mémaquillage, je ne comprends pas. Pourquoi vous ne nous avez rien dit, en fait ? Et là, au bout d'un an, je leur dis, écoutez, je veux partir. J'ai dit, je ne sais pas exactement aujourd'hui où je vais, mais je veux partir parce que je veux continuer à m'occuper des gens, mais plus de cette manière-là. Ma place, elle n'est plus là, en fait.
- Speaker #0
Et est-ce qu'à ce moment-là, tu avais déjà compris que tu allais lancer ton aventure ou c'était en train de germer encore ?
- Speaker #1
C'était en train de germer. Mais je savais que ma place n'était plus là-bas. C'était en train de germer. Ils m'ont dit OK. Ils ont signé une rupture conventionnelle avec moi. Ça a été un peu compliqué d'ailleurs. Au début, le siège ne m'a pas facilité les choses.
- Speaker #0
Personnellement.
- Speaker #1
Pas facilité les choses. Mais ce qui est génial, c'est que ma responsable de l'époque s'est vraiment battue. Parce qu'elle connaissait ma situation. Et elle s'est vraiment battue pour que ça se fasse. Et donc là, la rupture conventionnelle se fait. Et là, je reçois un virement bancaire. Parce que ça faisait quasiment dix ans que j'étais chez eux. Et là, j'ai dit, waouh ! Je me disais, qu'est-ce que je vais faire de cet argent ? Comme quoi, comme je disais, les décisions qu'on prend ont des répercussions. J'ai appris l'espagnol toute seule. Sordo-lingo. Et là, je me paye un billet d'avion. Je me dis, je vais aller à Cuba. Là, je prends mon sac à dos. J'ai un pilier d'avion.
- Speaker #0
Depuis tout à l'heure,
- Speaker #1
j'arrête pas d'aller au cinéma. Et c'est après le Covid, ça, où on avait le droit de revoyager. Et là, je me fais vacciner. Alors que franchement, à la base, je voulais pas. Mais ce qui a fait que je me suis fait vacciner, c'est parce que je voulais prendre l'avion. Donc je me suis fait vacciner, je paye mon billet, je pars à Cuba. Je prends mon Airbnb sur place et là, je passe les un mois les plus magnifiques de ma vie. Coupé de tout, je ne connais personne. Je rencontre des gens là-bas sur place, mais tout simplement, je suis revenue avec un autre mood. Pourquoi ? Parce que là, j'ai rencontré des gens qui n'ont rien, mais vraiment rien, et qu'ils arrivent avec peu à sortir des business magnifiques, mais juste en fait pour manger, très clairement, parce qu'il y a un embargo sur ce pays, donc la vie est très difficile. Et quand j'ai vu ça, je me suis dit non mais en fait Maggie, t'as la chance d'être encore là. Tu vis dans un pays qui te donne certains atouts en fait pour pouvoir avancer. T'as des gens, ils ont des coupures d'eau, des coupures d'électricité, qui se lavent à l'eau froide, qui mangent le même repas tous les jours. T'es encore en train de te dire après ce que tu viens de vivre, je sais pas quoi faire, je sais pas où aller. Et ils m'ont mis une saquette. Ça a pris claque. Là, je suis rentrée. J'ai dit, allez, je lance. Et tout ça, je suis rentrée. J'ai pris tous les renseignements que j'avais besoin de prendre. J'ai regardé le marché sur lequel je m'apprêtais à me lancer. J'ai fait ma petite étude du marché. Je t'ai précisé que je ne savais même pas que c'était une étude de marché que j'étais en train de faire. Mars 2022, je pousse la porte de la BGE. Oui,
- Speaker #0
la boutique de gestion de Paris.
- Speaker #1
Voilà. Et là, je rencontre... La première personne qui accueille ce projet là, Monsieur Youva Berey, qui m'a aidé et qui m'a énormément accompagné.
- Speaker #0
Mais alors du coup, c'est un teasing de dingue que tu fais depuis tout à l'heure. Qu'est-ce que tu as créé ?
- Speaker #1
En fait, une lingerie pour les femmes atteintes d'un cancer du sein. Alors là, on est plus dans quelque chose avec beaucoup plus de design et qui permet d'avoir une symétrie parfaite entre la prothèse mammaire externe et le poids du sein naturel. Donc voilà.
- Speaker #0
Donc tu as répondu en fait à ton interrogation quand... La première personne qui t'a acheté de la lingerie, t'a apporté l'objet et tu t'es dit, mais c'est moche. C'est parti de là.
- Speaker #1
C'est parti de là, mais il a fallu des années.
- Speaker #0
Et alors, ces premiers pas, je ne sais pas si tu te considérais déjà comme une entrepreneuse, mais en tout cas, tu comprends bien que Cuba, ça a été le gros déclencheur. La grosse motivation, tu reviens beaucoup plus forte et surtout, tu te dis, j'ai rien à perdre. J'ai entendu ça dans ce que tu viens de me dire. Donc ces premiers pas en tant qu'entrepreneuse, comment ça se passe ? Est-ce que tu es bousculée ? Est-ce que tu trouves très vite tes repères ? Comment tu te démènes avec tout ça ?
- Speaker #1
Alors il faut savoir que je n'ai pas arrêté de travailler. J'avais arrêté de travailler, j'ai eu barripture conventionnelle, entre temps j'ai été aux Assyriques, France Travail. À la suite de ça, ce qui s'est passé, c'est que j'ai été bousculée pour beaucoup de choses. Parce que très clairement, vous avez le prêt, qui est compliqué. Et puis, je me suis rendue compte que j'allais sur un produit qui nécessitait quand même un prototype. Et donc là, on est confronté à la réalité du financement. C'est bien, je peux venir proposer mon projet, dire ce que je veux faire, mais il n'y a pas de matière. Voilà, donc les gens ont... aussi besoin de voir. Et là, j'ai compris très vite que l'argent n'allait pas me le donner comme ça, et qu'il fallait que j'aille chercher l'argent dont j'avais besoin pour sortir au moins un prototype et puis tester justement mon produit. Et ça, c'était quelque chose d'important. Et donc, pour ça, ce que j'ai fait, et encore une fois, pourquoi le passé peut avoir des répercussions sur le futur. Je me rappelle qu'à l'époque, à l'hôpital, on m'avait dit « Maggie, t'as droit à la MDPH » . Et moi je dis « mais je ne suis pas handicapée » . Et tout m'a dit « mais si, si, si, tu as eu un cancer du sein, tu peux avoir droit » . J'ai dit « ok » . Donc moi je monte le dossier, sans savoir que ce dossier que j'avais monté plusieurs années en arrière allait être bénéfique pour moi quasiment cinq ans plus tard. Même pas quatre ans, quatre ans plus tard. Mon conseiller justement, M. Youva Beray de la BGE, me dit « Mais Maggie, est-ce que vous avez, je crois que c'était MDPH, quelque chose comme ça ? » Je lui dis « Ah, ça me dit quelque chose, je crois que oui. » Il me dit « Normalement, vous avez droit à une subvention. » J'ai dit « Ah bon ? » Et là, je tombe des nues. Et donc, c'était une subvention à l'époque de, je crois, un peu plus de 6 000 euros. Il fallait que je... C'est donné, ce n'est pas remboursé. Et moi, il fallait que je complète entre 1200 et 1300 euros. Donc en gros, ça me faisait à peu près 7200 euros. Et j'ai dit ok. Bah oui. Et donc en fait, je me suis retrouvée avec l'argent qui me restait de ma rupture conventionnelle, avec cet argent-là, et j'ai dit je sais que ça ne va pas être assez, donc je vais retourner au boulot.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Et donc j'ai décidé de reprendre le travail. Et là, j'ai travaillé jour et demi, chose à ne pas faire. Je l'ai fait. Donc, ce qui m'a permis de payer les deux premiers prototypes, de payer la styliste qui m'a accompagnée, de payer aussi l'avocate en droit intellectuel des marques, parce que j'ai essayé vraiment, dès le début, de vraiment ficeler le projet, parce que moi, je suis du milieu médical, donc ça, je ne connais pas. Donc, il fallait que je m'entoure de professionnels très rapidement pour ne pas faire d'erreurs. Et malgré tout, ça ne m'a pas empêchée d'en faire quand même.
- Speaker #0
Oui, mais je pense que ça, c'est... Justement, c'est intéressant parce que tu dis, moi, je suis du milieu médical. Comment tu as fait pour t'entourer des personnes avec lesquelles tu allais travailler sur de nouveaux projets ? Puisque l'avocat, le design, tout ça, ce n'est pas ton métier. Comment tu fais pour choisir ces personnes-là ?
- Speaker #1
Alors, c'est là où on dit que c'est important d'être accompagné. Alors moi, j'ai la chance d'être suivie par ce monsieur-là, Youva Beraï, mais à l'époque, il était à l'ouvre-boîte d'Argenteuil. Et donc, à l'ouvre-boîte d'Argenteuil, ils mettent un dispositif pour accompagner les jeunes entrepreneurs. Donc c'est une pépinière d'entreprise, ça porte bien son nom. Donc, c'est une pépinière d'entreprise. Et en fait, sur place, j'avais vraiment tout ce qu'il me fallait pour pouvoir avancer. Et puis, ils nous guident. Donc, ils ne font pas tout à notre place. Donc, moi, ce que je faisais, par exemple, pour la styliste, je suis partie sur une plateforme. J'ai lancé une annonce. La première styliste que j'ai eue ne me convenait pas. Donc, j'ai stoppé. Le deuxième aussi. Elle, je l'ai trouvée. J'avais laissé tomber. Je me suis dit... Je n'y arriverai pas. Et trois mois après, je reçois un message d'une femme qui me dit « Est-ce que l'annonce est toujours disponible ? » Je dis « Non mais c'est pas vrai ! » Et la coup de cœur professionnelle sur cette femme, elle est encore dans le projet aujourd'hui. Moi, je marche au coup de cœur aussi. Et voilà comment je l'ai trouvée. Puis l'avocate, c'est lors d'une masterclass. Voilà, lors d'une masterclass, j'ai fait appel à elle directement. Donc pour protéger la marque en France et en Europe. Voilà, et puis faire d'autres choses aussi au niveau de la marque pour moi. Voilà, c'est surtout ça. Puis après, c'est le réseau que j'ai réussi à me construire. Après, il y a eu le concours des Argenteuil que j'ai gagné aussi en 2023. Ce qui m'a permis encore de bénéficier aussi d'autres fonds par derrière que j'ai réinjectés aussi dans l'entreprise pour toute cette... partie éridée aussi.
- Speaker #0
Donc en fait, si je comprends bien, un, c'est se faire accompagner par des structures professionnelles, et pas que des amis qui nous font des feedbacks positifs, mais qui malgré tout, nous n'êtes pas se faire accompagner par des professionnels. J'entends que tu as eu quand même un ou plusieurs primes, je crois, et ça, ça apporte de la visibilité.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Et ça aussi, ça aide pour après décrocher de nouveaux Merci. de nouveaux fonds ou de nouveaux contacts, développer ton réseau.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Donc ça, c'est indispensable. Oui. C'est indispensable, lorsqu'on se lance dans cette aventure, de penser à ça.
- Speaker #1
Moi, je dirais qu'à un moment donné, c'est une évidence, en fait. Quand on n'a pas les moyens, on est obligé de passer par différents chemins pour y arriver. Après, moi, je veux dire aussi que je suis dans un milieu professionnel, on ne va pas se mentir, il y a du boulot. Donc si on a envie de travailler durement pour pouvoir rentrer une certaine somme par mois, on peut le faire via les agences d'intérim ou autre. Donc je veux dire, moi j'ai utilisé tous les leviers possibles pour pouvoir financer mon projet. Parce que très clairement aujourd'hui, ce qui a financé mon projet, c'est une partie, effectivement, c'est les concours. Une autre partie, c'est la subvention AGFIP. Tout le reste, c'est moi. C'est pour faire bien. C'est mes salaires que j'ai dû injecter chaque mois pour financer surtout la partie recherche et développement, les déplacements de la styliste et puis les prestations des avocats. Ce n'est pas… voilà.
- Speaker #0
Oui, ce n'est pas gratuit tout ça.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Jusqu'à présent, j'entends que tu étais une femme. extraordinairement forte quand même. Je ne vais pas dire Wonder Woman, mais quand même, on n'est pas loin. Mais je suppose que tu as eu des périodes où tu as toujours des périodes de doute, où tu t'interroges, où tout est fluide. Tu es sur un fleuve tranquille.
- Speaker #1
Alors déjà, je n'aime pas le mot femme forte. Parce que pour moi, ce mot-là, en fait, ça me ramène à de la douleur. Parce que je me dis, OK, femme forte, mais à quel prix ? Je suis quelqu'un, j'ai des moments de doute, comme tout le monde, mais... Comme je dis, j'ai été à bonne école. J'ai été à bonne école, j'ai eu une vie pas facile. Voilà, je ne vais pas tout raconter ici. J'ai eu une vie pas facile et mes deux cancers, j'ai été à bonne école avec eux. Donc la patience, j'ai dû l'apprendre. J'ai dû aussi apprendre à vivre dans ma réalité et ne pas chercher à enjoliver les choses qui n'existent pas. Oui. Voilà. Je suis triste comme tout le monde. Mais je me suis imposée un temps limite, 48 heures, pas plus. D'accord. Voilà. Donc, c'est-à-dire que quand il y a une nouvelle que je prends, moi, je suis dans comment régler le problème au bout des 72 heures. Voilà. Parce que je suis aussi un être humain, donc il me faut le temps. Il me faut deux jours d'encaisser les choses. Mais après, au bout du troisième jour, il faut que je sois dans la solution.
- Speaker #0
Tu es dans... J'ai une amie qui dit, on est en mouvement. On reste en mouvement tout le temps. Donc quand tu me dis ça, moi j'ai 48h, 72h max, ok j'accuse le coup, mais je suis en mouvement pour trouver une solution et continuer d'avancer.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Je reste pas, sinon t'es bloquée.
- Speaker #1
Je suis bloquée et... Je me dis que quelque part, je n'ai rien à perdre. Je n'ai rien à perdre parce que je ne dis pas que le pire j'ai déjà vécu. La douleur, juste le fait de ne pas savoir si tu seras là demain. Parce que très clairement, j'étais partie pour ça. Le premier, c'était une catastrophe aussi. Le deuxième, cancer aussi. J'ai envie de dire, je n'ai pas de raison de me plaindre pour moi aujourd'hui. C'est ça. Je peux me plaindre comme tout le monde. J'ai la chance d'être encore en vie. Moi, il y a plus de 1200 cancers, en fait, de cancers du sein chez les femmes. Il y a des femmes qui en meurent chaque jour. Moi, j'ai cette chance-là d'être encore là. Je ne dis pas que je n'ai pas le droit de me plaindre, mais je ne peux pas rester là-dessus éternellement pendant un mois, quinze jours, une semaine. Ce n'est pas possible. Pour moi, ce n'est pas possible.
- Speaker #0
Et est-ce que, si tu n'avais pas eu ces deux cancers, tu serais aujourd'hui à la tête de cette entreprise ?
- Speaker #1
Je ne sais pas. Je ne sais pas. Franchement, là, je... Je n'en ai aucune idée. Moi, chez quelqu'un, j'ai du mal à me projeter sur ce qui aurait pu se passer avant parce que moi, je suis dans ma réalité.
- Speaker #0
Je te pose la question parce que tout à l'heure, tu as dit que ces deux cancers, finalement, ça a été bénéfique. J'ai compris qu'effectivement, ça t'avait permis de te dire... finalement c'est quoi ma vie et qu'est-ce que j'ai envie de faire donc on voit bien que c'est quand même au-delà du fait que c'était un déclencheur médical sur ta santé qui a eu un impact fort que ça a pris aussi une autre place pour toi dans ta vie donc c'est pour ça que je te pose cette question là parce que moi quand je t'écoute je me dis franchement peut-être que tu aurais fait de l'entrepreneuriat parce que tu voulais faire du commerce international mais peut-être que ça t'a juste entre guillemets accéléré et dire ouais Merci. Il est temps maintenant.
- Speaker #1
C'est vrai que j'ai, par rapport à ce que tu dis, c'est vrai parce que j'ai des proches à moi qui me disent, en fait, Maggie, t'es peut-être en train de retourner à tes premiers amours, en fait. C'est tout simplement ça. Peut-être, je dis, oui, c'est vrai, parce qu'à la base, moi, j'étais pas, c'est pas ce que je voulais faire. À la base, je voulais pas, je voulais pas être dans ce milieu-là. Donc... C'est les circonstances qui ont fait que j'ai évolué dedans. Ça m'a plu. Voilà, ça m'a plu. Et aujourd'hui, je souhaite passer à autre chose.
- Speaker #0
Et alors, comment tu te trouves ? Puisque tu es dans l'action, dans le mouvement, tu agis, tu es proactive, tu sais ce que tu veux faire avec cette boîte-là, tu connais ton objectif professionnel et personnel, mais tu es aussi... tu as aussi une vie privée, comment tu trouves l'équilibre ? Parce que je pense que c'est une vraie question que tout le monde se pose aussi quand on se lance dans l'entrepreneuriat comme ça, c'est est-ce que tout est mêlé ? Ou est-ce qu'on arrive à avoir des moments pour soi ? Comment tu arrives à t'organiser ?
- Speaker #1
Alors ces derniers temps, ces dernières années, c'était très difficile. Je ne savais pas doser. Il faut savoir que moi je suis quelqu'un qui ne sait pas doser. Moi, c'est tout ou rien, donc je vais tout le temps. Et d'ailleurs, ça, c'est des choses qu'on me reproche. Je ne sais pas du tout doser. Alors, comment je fais pour gérer ? Alors, pour être honnête avec toi, j'essaie seulement de gérer seulement de petites têtes de moi. Donc, tu vois, c'est récent. Il faut que je commence par le travail, donc à lever un petit peu le pied. C'est ce que j'essaie de faire depuis ces derniers temps. Et j'essaie d'un peu plus structurer. les choses. J'essaie de structurer un peu plus les choses et c'est là où je dis que l'accompagnement aussi est important parce que voilà la nouvelle responsable de l'ouvre-boîte Olfa qui s'occupe aussi de moi. Ces neuf derniers mois, le fait qu'on ait travaillé sur les priorités structurées au niveau de mon travail, ça fait que j'ai du temps. J'en ai un peu plus qu'avant.
- Speaker #0
Pas assez, mais un peu plus qu'avant. Et ça me permet de passer un peu plus de temps aujourd'hui avec mes proches. Ça me permet de voir un peu plus mes amis aussi, mes proches aussi. Donc, comment je fais ? J'aime bosser, quoi. J'aime ce que je fais. Donc, si je ne fais pas attention, ça peut durer des heures et des heures. Oui,
- Speaker #1
parce que quand même, les entrepreneurs, ils disent tous. Elles disent toutes aussi. Oui, c'est tout le temps. On bosse, on bosse, on bosse, parce que finalement, c'est notre bébé, c'est notre projet, donc on y va à fond. Toutefois, effectivement, les gens qui t'accompagnent, ils te font remarquer qu'il faut structurer, il faut organiser. Il ne s'agirait pas non plus de s'épuiser. Donc, même si j'imagine bien qu'on est à fond, il y a quand même des moments où tu te préserves et tu prends du temps pour toi ou pour tes proches. Et ce n'est peut-être pas toute la journée, mais c'est du temps. J'imagine que c'est trouver des moments de qualité, même si ce n'est pas loin. Tout à fait. C'est ça ? C'est plutôt des moments de qualité ?
- Speaker #0
C'est plutôt des moments de qualité et c'est essayer aussi de faire des choses. Parce que moi, je suis quelqu'un qui ne sort pas. Je suis très casanière. Donc vraiment, moi, c'est plus si je dois aller manger quelque chose dehors. Voilà, c'est plus ça. Et c'est très rare. C'est très rare. Donc moi, effectivement, c'est plus des moments de qualité.
- Speaker #1
En tout cas, toi, tu as trouvé ton équilibre ? Pas encore. Pas encore.
- Speaker #0
Voilà, pas encore parce qu'il faut que je me fasse aider aussi à côté. Donc, pour que je puisse trouver cet équilibre-là, il faut que j'arrive aussi à compléter au niveau des personnes qui m'entourent aujourd'hui au niveau de l'entreprise. Et là, je pense que j'arriverai à trouver juste le milieu. Mais pour l'instant, je suis loin encore.
- Speaker #1
Tu es sur le bon chemin. Et alors cette entreprise, on n'en a pas vu depuis tout à l'heure, pardon, mais tu ne l'as pas dit, comment elle s'appelle cette belle entreprise ?
- Speaker #0
Dos Palomas.
- Speaker #1
Dos Palomas, pourquoi ce nom ?
- Speaker #0
Alors Dos Palomas en espagnol c'est deux colombes. Pourquoi en espagnol ? Parce que comme j'avais dit tout à l'heure, j'ai fait des rencontres à Cuba et puis des rencontres merveilleuses là-bas. Et il faut savoir que moi, je n'ai pas connu mes grands-parents. et la dernière fois que j'y étais j'ai rencontré une femme vous savez les coups de coeur comme ça vous comprenez pas en fait ce truc là qui vous transporte je rencontre cette femme là et puis on est prise d'amour l'une pour l'autre en fait directement des gestes d'affection qu'elle a eu envers moi comme une mamie en fait tout simplement en espagnol c'est pour elle c'est pour elle et puis Le dernier séjour que j'ai fait là-bas, je l'ai fait aussi dans une période où j'étais en stand-by dans ma tête. Il y a beaucoup de choses qui cogitaient. Et puis quand j'avais échangé avec elle, j'avais passé le dernier séjour de moi. J'avais échangé avec elle et là je me suis dit... Elle m'a tellement redonné de la force et de l'amour pendant cette période-là. Je suis rentrée en France et... Je me suis dit, ouais, c'est ce nom-là que je vais donner pour elle. Et puis pourquoi deux colombes ? Le chiffre 2, c'est pour mes deux cancers. D'accord. Voilà. Colombe parce que ça signifie la renaissance. Ah, c'est très beau. La renaissance, le partage et le commencement d'autre chose.
- Speaker #1
OK, donc c'était une évidence,
- Speaker #0
non ? Voilà, c'était une évidence. C'est deux colombes qui s'envolent, en fait, l'une derrière l'autre. Moi, j'ai vraiment voulu qu'il y ait une histoire, en fait, derrière ce nom-là, parce qu'il y a des personnes qui ont contribué à tout ça. Je veux dire, quand moi, j'ai vécu mon cancer, je n'étais pas toute seule. Je n'étais pas toute seule, donc c'est aussi pour les personnes qui m'ont soutenue et qui m'ont portée, parce qu'aujourd'hui, ce début d'autre chose, en fait, ils le vivent avec moi. Donc c'est pour elle aussi, c'est pour cette manie, je ne dirais pas son nom ici, voilà c'est pour elle et elle le sait.
- Speaker #1
Moi je trouve ça super beau ce que tu dis là, et c'est très romantique, j'ose le dire. Et c'est très très beau, et pour le coup je te propose de finir là-dessus, parce que je pense que c'est vraiment, c'est un message tellement positif et lumineux, je le dis tel que je le ressens là. merci beaucoup pour ce partage parce que c'est très touchant c'est une très très belle parenthèse merci, merci énormément à bientôt à très bientôt Je suis intéressé par le fait que les gens sont très intéressés.