- Speaker #0
Bienvenue dans l'Éclat féminin, le podcast. Je suis Sandra Samoura. Bonne écoute. Bonjour, bienvenue dans ce nouvel épisode. J'ai rencontré Louane, une jeune femme pleine d'énergie qui dégage une volonté de faire enveloppée de douceur. Nous avons pris le temps de discuter pour mieux nous connaître, évidemment, un échange sincère au cours duquel j'ai découvert en elle une force tranquille, une volonté de jamais se raillir, elle rigole, et une évidence m'est apparue, il est essentiel de parler de celle qui ose s'affirmer en montrant qu'il est possible d'exister pleinement sans s'effacer. Je ne parle pas d'un combat contre la société, bien sûr, mais d'un choix de posture qui inspire et redéfinit le leadership féminin. Ce sujet touche à des dimensions profondes du leadership féminin et de l'identité individuelle dans un monde où l'on attend souvent des femmes qu'elles s'adaptent et qu'elles modulent leur expression. Dans le leadership, l'authenticité est souvent mise en avant comme une qualité essentielle. Mais comment l'incarner sans compromettre ses ambitions professionnelles ? Y a-t-il une différence entre compromis et compromission ? Jusqu'où peut-on aller sans risquer l'isolement ou le rejet ? Cette réflexion invite à explorer la frontière entre l'affirmation de soi et la rigidité et comment cultiver une intégrité qui permet d'être respectée sans s'effacer. Alors on va tenter de répondre à toutes ces questions avec Louane, donc je l'accueille. Bonjour Louane.
- Speaker #1
Bonjour Sandra.
- Speaker #0
Merci d'être venue et d'avoir répondu à mon invitation.
- Speaker #1
Avec plaisir,
- Speaker #0
partagez. Alors, comme je l'ai dit, j'ai eu envie de t'écouter car tu es jeune, ça c'est vrai. beaucoup plus jeune que moi en tout cas, pleine de détermination. Et ça, ça m'a vraiment interpellée. Parce que je me suis dit, elle est si jeune et déjà bien affirmée, la jeune fille. Donc, à quel moment, et ça c'est ma première question, à quel moment as-tu pris conscience qu'il était essentiel pour toi de ne pas te trahir ? C'est une vaste question.
- Speaker #1
Très vaste question, mais c'est bien, de toute façon on a le temps de répondre. Déjà, ne pas se trahir, j'aime beaucoup le terme, parce que je pense qu'en 2025, c'est très difficile de répondre à cette question-là. Je pense que d'une part, là où j'ai pris conscience, c'est quand j'ai compris comment la société évoluait et finalement les revers. Qu'est-ce que la société, finalement ? Quelle exigence qu'elle a de toi ? Et quand j'ai compris ça, je pense qu'à ce moment-là, je me suis dit, il faut que j'essaye d'être moi-même. Il faut que je m'y tiens. Parce que quoi que tu fasses, finalement, il faut rentrer dans les clous ou pas. Tu peux décider en fonction de ce que tu fais. Parce que moi, j'ai une définition assez précise de la société. J'ai grandi, j'ai été élevée en Martinique, une petite île dans la Caraïbe, qui est historiquement française, de son passé colonial. Je suis née là-bas, j'ai grandi, j'ai été élevée. C'est une île qui a une histoire assez forte, assez chargée. Et quand j'ai grandi, je suis partie en France métropolitaine pour mes études à 18 ans. Mais avant ça, j'avais une idée précise de ce qu'était la société. Mais c'était ma société en Martinique. C'est-à-dire, on parle de politiques qui prennent un peu de place. On parle aussi de jeunes dont la fête a une place importante. On parle aussi d'une culture qui est hyper forte, d'un tourisme de masse. Et en fait, toutes ces choses-là, c'était aussi ma vision de la société. Et puis, on a aussi des parents, une génération de parents qui couvent aussi. leurs enfants. Et je pense que ça, c'est culturel aussi, en Martinique, aux Antilles, de façon générale. Et donc, moi, j'ai été, je peux dire, j'ai été couvée assez tard. Et donc, à mes 18 ans, quand j'ai décidé de partir en France métropolitaine, ça a été un... J'avais un besoin de m'émanciper.
- Speaker #0
C'est-à-dire t'émanciper ?
- Speaker #1
De chercher par moi-même comment je peux évoluer. Sans qu'on me dise, ah ben ma fille, moi je te vois bien, médecin.
- Speaker #0
Ah oui, sans avoir les projections des autres en fait.
- Speaker #1
Voilà, les projections des autres, parce que voilà, Lille elle est petite, toute ma famille vit là-bas.
- Speaker #0
Tout le monde se connaît.
- Speaker #1
Tout le monde se connaît, donc c'est très facile d'avoir un travail par-ci, par-là. Donc je pense que dans un sens, j'avais envie de vivre la réalité des choses, et de voir une société que je ne connaissais pas encore. Ok. forcément, je l'ai su après, forcément différente de celle que je connaissais déjà en vivant en Martinique. Et ça n'a pas loupé. Donc, je suis arrivée à 18 ans. J'ai eu un bébé.
- Speaker #0
Un bébé à 18 ans. À 18 ans, on a encore un bébé. Voilà.
- Speaker #1
Je n'avais pas du tout la conscience des choses. Pour moi, tout était acquis. Ah, je suis en France. Tac, tac. Après, ce qui est bien, c'est que mes parents avaient un soutien. me donner un soutien énorme financièrement parlant, émotionnellement parlant aussi. Ça, c'est une chance. Et j'avais ma grande sœur qui était déjà sur place. D'accord. Elle aussi était partie pour faire ses études. Donc ça, ça se fait souvent en tant qu'ultramarin. Donc nous, de par le fait que la Martinique soit française, on va en France directement, c'est plus simple. Mais tu as plein de personnes qui vont au Canada, aux États-Unis. Moi, c'était la France. Et donc, besoin de m'émanciper, je me suis dit, écoute, ta sœur est déjà sur place, j'ai un peu de famille là-bas, ça va bien se passer, tu vas faire tes études. Mais j'avais un objectif, c'était de récupérer mon diplôme et de repartir ensuite l'exploiter en Martinique.
- Speaker #0
Alors, je ne vous cache pas que là, nous sommes à Paris. C'est ça. Qu'est-ce qui ne fait pas sens ?
- Speaker #1
Je pense que ça répond à la question, la vision de la société. Et deuxième chose, la France m'a fait comprendre qui j'étais. Oui. Voilà.
- Speaker #0
Ça, c'est super intéressant. Comprendre qui tu étais, c'est-à-dire, comment ça s'est passé ?
- Speaker #1
Ça s'est passé par plusieurs petites actions, petites situations, qui m'ont fait grandir, qui m'ont fait évoluer. qui m'ont... Comment je peux dire ? Je cherche l'expression pour dire... Qui m'ont un peu...
- Speaker #0
Forcée ? Affaissée. Ah, ça t'a affaiblie un petit peu ? Affaiblie, oui. Parce que t'as dû faire tomber quelques défenses ? Oui,
- Speaker #1
oui, oui.
- Speaker #0
Ça t'a obligée un petit peu à te mettre à nu ?
- Speaker #1
Exactement. Exactement. Donc, ils m'ont un peu affaiblie. Après, ski. ne te rend plus fort, c'est l'expérience que tu accumules et qui te fait comprendre que la prochaine fois, on va faire autrement ou la prochaine fois, je le ferai de une autre façon. Et ça, ça te fait comprendre qu'est-ce que tu n'aimes pas, qu'est-ce que tu aimes, qui tu es et ça renvoie aussi à une représentation sociale.
- Speaker #0
Je vais te couper parce que je voudrais juste te clarifier un petit peu. Quand tu... Quand tu dis ça, est-ce que tu es en train de dire qu'à un moment donné, entre la perception que tu as de toi-même, je perds ma voix, la perception que tu as de toi-même et celle que les autres ont de toi, finalement tu as observé qu'il y avait une différence et que c'est ça qui t'a mis mal à l'aise ou en tout cas qui t'a fortement dérangée ?
- Speaker #1
C'est ça. C'est ça ? C'est exactement ça. Je veux même parler d'identité. Oui. d'identité parce qu'on a tendance à se dire que l'île, les Antilles, la Caraïbe, ce n'est pas la France. Alors, c'est la France historiquement parlant, on est un département français, mais tu traverses littéralement l'Atlantique, tu changes de territoire. Tu ne vas pas juste à Marseille et puis tu as la mer et le soleil. Donc, il y a une culture, il y a une langue aussi. Donc, on parle français, on parle créole, on a un accent qu'on porte. Très fièrement, un accent que j'ai entre-temps perdu un peu, ça s'entend. Et donc, quand je suis arrivée, j'ai dû faire face à ça aussi, à comment je me représentais en tant qu'antillaise et comment la France perçoit un antillais, tout simplement. Et c'est par des situations assez précises, par exemple des entretiens d'embauche, parce que je peux arriver, je suis à l'université, je fais mes études, et puis à côté, on cherche un job étudiant. comme tout étudiant. Et on m'a fait comprendre, en tout cas je l'ai perçu, comme étant par exemple l'afro, c'est pas habituel ça, on ne le remarque pas, c'est pas culturel. Ils ne sont pas habitués, l'afro. On va me faire une remarque sur mon accent par exemple. Voilà.
- Speaker #0
Donc, des remarques qui sont évidemment très sensibles parce que ça touche à ton intégrité.
- Speaker #1
C'est ça. Et puis, pour moi, c'est normal. Enfin, j'ai un accent.
- Speaker #0
Comme un Marseillais a un accent.
- Speaker #1
Exactement. Voilà, exactement. Et puis, je pense que dans mon esprit aussi, et ça, c'est propre à l'antillais de façon générale, et ça, je l'ai tiré aussi du livre de François Non, qui parle de de s'adapter. de s'adapter à une communauté qui n'est pas habituée. Voilà, la France qui a sa façon de parler, ses codes, sa nourriture, sa culture, qu'on connaît très très bien en Martinique, mais c'est différent quand on vit sur place. Et donc voilà, ça va être vraiment ce rappel que tu es une femme noire, qui vit en région parisienne, et tu portes l'histoire de ton île. Et en rabâchant ça par des petites actions, par des rencontres, de « Ah, je ne t'ai pas reconnue aujourd'hui, tu as ton afro, tu as changé de coiffure, tu as… » Enfin, voilà, c'est…
- Speaker #0
Tu es en train de dire que tous les jours, on te ramène à ça, à cette identité-là. C'est ça,
- Speaker #1
c'est ça. Alors, peut-être pas tous les jours, mais… Souvent. Je dois… Voilà, souvent. En tout cas, quand je m'assume pleinement, puisque voilà, comme quelqu'un d'autre pourrait s'assumer pleinement, et c'est tout à fait normal, j'ai une petite pensée en me disant ah ben c'est sûr on va me dire quelque chose sur ma coupe ou ce qui fait de moi moi finalement ce qui fait ressortir un peu mon identité d'antillaise
- Speaker #0
comment t'as géré ça ? parce que j'imagine que pour toi c'était une grande première en venant de Martinique t'arrives ici, déjà culturellement c'est complètement différent, tu as raison on est quand même à au moins 7000 km Merci. comment t'as géré ces premiers regards un peu critiques ou très critiques, ces remarques qui pouvaient a priori ne pas être blessantes mais qui finalement le sont, comment t'as géré ça ?
- Speaker #1
Bah tu gères pas tu gères pas en fait t'es obligé de faire sur le moment de soit te plier un peu au commentaire à la limite aller dans le sens de la personne qui fait le commentaire Merci. Ou soit tu t'assumes pleinement et tu remets la personne à sa place en lui disant « En fait, c'est des cheveux texturés. » Mais ce sont des cheveux quand même ! Des cheveux texturés, nous on les coiffe comme ça. Limite, éduquer la personne parce qu'elle ne sait pas. Et j'ai même envie de dire que ce n'est même pas de leur faute. Donc tu as deux choix. C'est soit tu redresses un peu, tu recorriges la personne. au point même de l'éduquer derrière, ou soit tu fais avec, c'est-à-dire que tu ne parles pas.
- Speaker #0
Mais qu'est-ce que tu as choisi, toi ?
- Speaker #1
Écoute, au début, j'étais de celle qui ne disait rien. Qui ne disait rien et qui disait « Ah ben voilà, je me suis coiffée comme ça aujourd'hui, c'est un choix. » Et sans plus. Et là, la Louane d'aujourd'hui, elle éduque. Elle est du bifou.
- Speaker #0
Et la Louane d'hier qui ne disait rien. La Louane qui ne disait rien. Ça lui coûtait quoi de ne rien dire ?
- Speaker #1
Absolument rien.
- Speaker #0
Ça ne te coûtait rien du tout ? On fait une remarque qui te dérange, qui peut te blesser. Tu ne disais rien et tu passais.
- Speaker #1
Alors, c'est bien que tu poses la question parce que ça ne lui coûtait rien. Mais peut-être que oui, finalement. ça lui coûtait son... besoin d'intégrité. Alors, pardon, c'est pas du tout ça. Son besoin d'intégrer un groupe, d'intégrer d'être normal. Donc,
- Speaker #0
c'est le sentiment d'appartenance qui était plus fort.
- Speaker #1
C'est ça, le sentiment d'appartenance. C'est exactement ça. Il y avait un besoin d'avoir une représentation sociale qui soit pas forcément autre que le fait d'être antillais, d'être venu s'installer et tout. Mais juste le temps d'un instant d'être considérée comme une française qui étudie.
- Speaker #0
Et alors, entre ce moment où on ne dit rien, on a besoin d'appartenir à un groupe qui est tout à fait classique et normal psychologiquement, évidemment. Et le moment où Louane, elle éduque, elle répond, elle prend la main un petit peu quand même. Comment ce chemin-là, il s'est fait entre les deux positions ? Ça, c'est vraiment intéressant.
- Speaker #1
Ce chemin-là, il s'est fait par une évolution sur la maturité, déjà. Je pense que j'ai pris en maturité, comme tout le monde, qui évolue au fil des années. Et aussi un déclic de... En fait, je suis fière de qui je suis. tout simplement, il n'y a pas de question à avoir là-dessus c'est ce qu'il fait de toi-toi donc là si tu me dis qui tu es Je suis une femme noire, martiniquaise, caribéenne, française, qui vit en région parisienne, qui a un travail, qui aime ce qu'elle fait. Et en fait, ça, c'est par des situations qui sont arrivées, qui te donnent un petit coup de fouet quand même, qui te donnent un petit coup de massue. En disant, il faut que tu changes de comportement, tu n'as pas apprécié quand ça s'est fait, il faut que tu essaies de changer un peu la façon dont tu as réagi à telle situation et que tu essaies d'aller de l'avant. Ce n'est pas facile.
- Speaker #0
Non, ce n'est pas facile. Je connais des personnes qui sont bien plus âgées que toi et qui n'y arrivent toujours pas. donc comment on arrive à à un moment donné, face à une injonction qui nous dit « rentre dans le moule, sois comme tout le monde et basta » , comment on fait ? Quel est le déclic qui permet de dire « en fait, moi, je suis un petit peu différente de ce moule-là, donc je vais faire autrement » .
- Speaker #1
C'est accepter. Ça passe par l'acceptation. Il faut accepter. J'ai envie de, je ne sais pas, de mettre... de me faire belle, d'aller faire un entretien et de tout casser à l'entretien, en fait, il faut que je me mette en condition pour tout casser. Et ça, c'est... Ça passe par l'acceptation de soi, par le fait d'accepter que tu es cette personne-là, que tu parles d'une façon, que t'aimes te coiffer d'une façon, tu te sens en confiance avec cette façon-là. Et la confiance en soi. Ah ouais, ça c'est...
- Speaker #0
T'as mis le doigt sur le...
- Speaker #1
la chose la plus importante et ça passe par ça,
- Speaker #0
quand tu t'acceptes tu apprends à être en confiance avec toi-même et la confiance ça te fait faire des choses incroyable et est-ce que du coup toi tu as observé un changement de comportement de la part des autres à partir du moment où toi-même tu as décidé après toutes ces réflexions de t'assumer les autres forcément j'imagine ont dû voir une nouvelle personne face à elle Oui.
- Speaker #1
alors c'est une bonne question sachant que tu sais tu rencontres des gens ça va ça vient des gens qui rentrent dans ta vie des gens qui en ressortent je ne sais pas si à l'heure actuelle à part des amis ou la famille proche s'il y a des personnes qui seront en mesure de dire ok voilà il y a une Louane avant et une Louane après mais des retours que j'ai oui de mes amis de la famille oui oui une Louane qui est limite devenue une girl boss quoi Voilà.
- Speaker #0
J'aime bien cette expression.
- Speaker #1
Oui, et c'est un peu ce que je... Je n'étais pas du tout au courant, mais c'est un peu ce que je renvoie aussi.
- Speaker #0
Non, mais moi, je suis sur le girl boss. Et là, je fais le lien, évidemment, avec ton emploi, ton employeur. Comment on assume ça ? Parce qu'aujourd'hui, c'est salarié. Et j'imagine bien qu'au quotidien, quand on est salarié dans une entreprise, il y a des moments où ça va et des moments où ça ne va pas. Il y a des priorités, des enjeux, des injonctions qui font que ça passe ou ça ne passe pas. Et je sais par expérience que s'affirmer comme ça en étant une girl boss dans une boîte, ça peut être compliqué. Comment ça se passe pour toi ?
- Speaker #1
Ça se passe très bien, écoute. Oui, oui, ça se passe bien. Oui, on a forcément des moments où tu vas avoir des personnes, des collègues qui seront un peu plus rigides avec ta façon de faire. Et ça, c'est le fait de travailler en équipe aussi. L'idée, c'est que ça ne puisse pas non plus te faire perdre confiance en toi et surtout te dire que c'est toi le problème. Bien évidemment, la remise en question est importante. Il y a des situations où on cohabite, où on fait les choses ensemble. Mais j'arrive assez bien à le gérer, oui. Parce que je ne veux surtout pas perdre ça, cette authenticité de je suis moi. Et même dans mon travail, je viens apporter aussi ma façon de faire. Donc, bien évidemment, on est surtout en tant que salarié. Tu es régi à pas mal de réglementations en fonction du secteur aussi, dans le cadre du travail. Mais hiérarchiquement parlant, tu ne peux pas prendre toutes les décisions. Mais moi, mon poste me permet d'être assez créative, assez libre de faire les choses. Mais je ne ressens pas de pression à ce niveau-là. Je ne sens pas non plus qu'on me coupe l'herbe sous le pied en disant, écoute, tu es trop toi, arrête.
- Speaker #0
Est-ce que ça veut dire que ceci est permis parce que toi, tu as choisi le lieu, l'environnement professionnel, le type de structure avec lequel... t'as les travails, parce que j'extrapole un petit peu, je fais une caricature, c'est pas la peine de me jeter des pierres, mais j'imagine que si tu travaillais dans une banque privée très normée, très hiérarchisée et assez traditionnelle, ça serait peut-être un peu plus compliqué.
- Speaker #1
Absolument pas. Alors explique-moi ça. Absolument pas. Parce que je pense que, alors oui, forcément, en fait, je pense que le changement, il vient à partir du moment où quelqu'un vient te dire, écoute, il faut changer ça. Voilà. Et je ne me dis pas d'entrer, ah, mais telle entreprise...
- Speaker #0
Donc, toi, tu n'as pas choisi. Non. Tu es arrivée, tu as choisi juste ton métier.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Et tu t'es dit, de toute façon, ma clé, c'est moi. Oui. Et donc, il n'y a pas de souci avec ça. Exactement,
- Speaker #1
c'est mes compétences, c'est comment je travaille. Donc, ce n'est pas censé jouer sur le physique, par exemple, ou autre.
- Speaker #0
Donc, tu ne négocies pas, en fait ?
- Speaker #1
Je ne négocie pas. Non, je ne négocie pas. Ça peut arriver, effectivement, que quand tu arrives avec ce que tu as envie d'apporter, qu'on te fasse comprendre quand même que, attention, oui, Mais ça se passe comme ça. À ce moment-là, il n'y a aucun problème. Tu te plies aux règles. On parle d'acceptation aussi de comment la société fonctionne. C'est aussi ça. C'est aussi se remettre en question. C'est aussi écouter. Donc là, il n'y a pas de problème par rapport à ça. Mais je pense que l'environnement, non, ce n'est pas un frein. pour moi, je te donne juste une anecdote non mais c'est intéressant je suis arrivée premier jour de travail je suis arrivée avec mon afro voilà, alors on ne m'avait pas encore vue comme ça puisque les entretiens quand j'ai fait mes entretiens avant d'accéder au poste c'était une visio donc concrètement j'avais des nattes, des braids très pro entre guillemets finalement.
- Speaker #0
Ça passe partout.
- Speaker #1
Ça passe partout.
- Speaker #0
Aujourd'hui.
- Speaker #1
Aujourd'hui. J'avais des braids, chemise, etc. Et puis en arrivant, donc la première fois qu'on m'a vue, je suis arrivée avec mon afro, cheveux décolorés.
- Speaker #0
Tu l'as fait exprès ?
- Speaker #1
Non. Alors oui, peut-être un peu. Il faut être honnête avec moi. Oui, oui, j'ai fait exprès parce que j'avais besoin d'être entièrement moi et qu'on me voit d'entrée comme ça.
- Speaker #0
Et ce n'est pas de la provocation ? Non,
- Speaker #1
c'est juste, voilà, attendez-vous à ce que ça arrive souvent, en fait. C'était un peu ça le message.
- Speaker #0
C'était, attention, j'arrive, et ça, c'est moi. Voilà. Et vous me prenez comme ça.
- Speaker #1
Exactement, c'est ça. Donc, ça s'est très, très bien passé. On m'a présentée à l'équipe, machin. Donc, non, voilà, c'est un peu, je ne dirais pas aussi choqué, mais c'est aussi… Faire comprendre que c'est normal. Il faut qu'on décomplexifie un peu le fait de changer, d'être soi, de changer mon style vestimentaire parce qu'il faut me prendre dans les cases. Non, ça ne change pas notre façon de travailler, notre façon d'être. Il n'y a pas de raison.
- Speaker #0
Moi, ce qui m'intéresse quand je t'écoute, Loane, c'est cette confiance que tu as en toi. Comment tu la cultives ? Comment tu la développes ? Comment tu la rencontres ? parce que tout le monde ne l'a pas. Et il y a des personnes qui désespérément essayent d'avoir une telle confiance en eux et en elles et ça ne marche pas. En tout cas, il y a d'autres freins. Donc, comment tu fais, toi, pour cultiver cette confiance que tu as ? Est-ce que quelqu'un t'a aidée ou c'est naturel ? C'est inné ? Dis-moi tout.
- Speaker #1
Oui. Alors, des fois, elle n'est pas tout le temps là, la confiance. Il faut lui dire aussi, je fais semblant, parfois. Je pense que c'est important de faire semblant. Comment elle est née ? Je pense qu'au fil du temps, quand tu comprends aussi pourquoi tu fais les choses. Ça, c'est important. La raison de pourquoi tu fais les choses. Je suis arrivée, comme je t'ai dit, objectif, diplôme. diplôme en poche. Après le diplôme, on essaye de trouver une boîte, de travailler. Il y a aussi des projets à côté de création d'entreprise, voilà, plein de choses en tête. Et pour atteindre tout ça, il faut faire les choses, il faut aller chercher les choses. Et j'ai compris à un moment donné que ce n'était pas à qui qu'il fallait aller chercher. Et pour aller chercher, il faut parfois te rajouter un peu de poids sur le dos. Et je pense qu'elle est venue à ce moment-là. Quand j'ai eu ce déclic de « ok, c'est pas facile, il faut y aller » . Oui,
- Speaker #0
mais alors attends, c'est pas facile, il faut y aller. Il y a des personnes, je pense qu'on est très très nombreux à se dire « c'est pas facile, il faut y aller » . Et pourtant, tu as des personnes qui disent « comment je fais pour y aller ? » ou « j'ose pas y aller » , « je ne sais pas y aller » .
- Speaker #1
C'est comme, il faut que tu aies un but. En tout cas, moi, je le vois comme ça. J'ai besoin d'avoir un but quand je fais les choses. Et si tu n'as pas de but, tu ne sais pas où tu vas déjà. Tu ne sais pas comment. Alors, on ne sait pas comment, on ne sait jamais comment, mais c'est bien d'avoir le but. Tu sais qu'il faut que tu arrives là, donc tu mets les moyens en place. J'ai même envie de dire aussi, je pense que c'est intérieur aussi, c'est plus profond que ça, je n'ai pas le choix.
- Speaker #0
Alors, c'est quoi, ne pas avoir le choix ?
- Speaker #1
Pas le choix dans le sens où si tu veux être cette personne-là, donc en l'occurrence une girl boss plus plus.
- Speaker #0
On a devant nous la prochaine CEO du groupe le plus ouf de la Terre.
- Speaker #1
Voilà, à venir prochainement. Si tu te donnes un objectif de qui tu veux être, tu es obligé ? Je me mets cette pression-là, en tout cas. Ce n'est pas une pression celle d'une personne qui doit trouver un logement parce qu'elle est sans domicile. Je ne parle pas de cette pression-là. C'est une pression où on essaie de mettre nos efforts du bon côté, notre énergie du bon côté aussi. Et ça, c'est de bien s'entourer. c'est de garder une bonne image en fait c'est d'être un peu bonne partout, pas forcément excellente,
- Speaker #0
c'est pas le but et d'avancer comme ça mais t'as dit quelque chose qui me semble important, c'est d'être bien entourée parce qu'effectivement on peut être conditionné pour se dépasser et atteindre ses objectifs c'est ce que j'entends quand tu parles réussir, être un peu bonne partout Toutefois, le fait d'être bien entourée, ça joue beaucoup. Donc ça, c'est une clé quand même. Oui,
- Speaker #1
ça c'est une clé. Parce que tu as des moments où ça ne va pas. Tout simplement, il y a des moments où ça ne va pas, où tu te dis, est-ce que je ne fais plus pas les choses à l'envers ? Est-ce que je me mets trop la pression ? Qu'est-ce que je veux réellement ? Est-ce que finalement, quand je vais arriver au bout de la ligne, je ne vais plus vouloir ce que je ciblais dès le départ ? Et en fait, toutes ces questions-là te trottent. Donc, tu rentres dans une phase de doute. Et oui, être entouré, ça aide aussi à extérioriser, à en parler, quitte à avoir des avis positifs.
- Speaker #0
Oui, tu te fais conseiller aussi.
- Speaker #1
Exactement, positifs ou négatifs. Et oui, c'est hyper important. Donc, je dirais même que c'est en ayant ça, c'est-à-dire qu'en ciblant... en ayant cette vision précise de où tu vas, qui t'aide à faire les choses, tu prends en confiance parce que tu fais les choses. En tout cas, tu mets en place des actions pour faire les choses. Donc, tu prends en confiance littéralement ce qu'on est en train de faire. C'est une étape.
- Speaker #0
C'est-à-dire ?
- Speaker #1
C'est une étape parce que première expérience.
- Speaker #0
Oui, merci.
- Speaker #1
Voilà, merci à toi. Et ça va servir après. Ça va servir après.
- Speaker #0
Parce que là, l'enjeu, il est important ou pas ?
- Speaker #1
L'enjeu, il est important.
- Speaker #0
Pourquoi ?
- Speaker #1
Il est important... Ben écoute, je ne sais pas trop pourquoi il est important.
- Speaker #0
Mais tu sens que ça l'est. Ouais,
- Speaker #1
c'est ça.
- Speaker #0
Je sens ça l'air.
- Speaker #1
Donc, est-ce que tu es en train de dire qu'en ce moment, tu as une étape charnière ?
- Speaker #0
Oui. Oui, oui. Je pense que je suis dans une phase un peu d'expérimentation sur tout. Voilà, professionnellement parlant, sur l'aspect développement personnel aussi, carrément. Donc, je suis preneuse d'opportunités, même quand je sens que... Ouh là ! C'est un peu gros pour toi. C'est un peu trop grand pour toi. J'y vais quand même. En tout cas, j'essaie d'y aller. Même si finalement, je n'ai pas de...
- Speaker #1
Oui, ça correspond à ce que tu décrivais sur ta capacité. Déjà, tu as la confiance. Ta capacité à entrevoir aussi quels sont tes objectifs et où tu veux aller. Et à un moment donné, j'y vais. Voilà, je termine. J'arrive pas à le dire. J'y vais. Tu me poses pas de questions, j'y vais. Je trouve ça hyper intéressant d'entendre cela de ta part parce que encore une fois, tu es très jeune et c'est intéressant d'entendre quelqu'un de jeune dire moi j'ai suffisamment confiance en moi mais ce n'est pas arrivé par hasard quand même, je l'ai cultivé cette confiance-là, je me fais entourer. En tout cas, ce que j'entends, c'est que quand tu t'avances dans la vie, Quelle que soit l'entreprise, quel que soit le sujet, tu y vas avec tout ce qui fait que l'ouane est l'ouane.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Et tu ne négocies pas trop là-dessus parce qu'en fait, je comprends que si les autres ne te prennent pas telle que tu es, finalement, ils vont perdre une partie de toi, de ce que tu peux leur apporter, c'est ça ?
- Speaker #0
C'est exactement ça. C'est exactement ça. Et tout le monde devrait être soi, quel que soit les... On parle de professionnellement parlant ou autre. J'ai rencontré des gens qui jouent un personnage. Et ils ont besoin de jouer un personnage. Parce que c'est comme ça. Au travail, il faut être carré, il faut être ci,
- Speaker #1
il faut être ça. Ça, ça déborde à un moment donné.
- Speaker #0
Ça déborde dans tous les cas. Et un personnage, pour faire quoi ? Tu vois ? À part si vraiment, tu as une personnalité à chier, pardon. Mais non. Voilà, c'est...
- Speaker #1
Non, mais je comprends. Et ma dernière question, parce qu'on est arrivés déjà... Oh mince ! Déjà... On fera un autre épisode si tu veux, Loëm. Si t'as en face de toi, pardon, une jeune fille qui a entre 25 et 26 ans qui se pose des questions, justement, sur... qu'est-ce que je dois faire ? Est-ce qu'on me demande d'être comme ci, comme ça ? Est-ce que je dois y aller ? Est-ce que je dois changer ? J'ai une forte personnalité, ça a l'air de déranger, mais comment je deal avec ça ? Tu lui conseillerais quoi ?
- Speaker #0
Très bonne question. Je lui conseillerais de ne jamais cesser de se découvrir, d'expérimenter des choses, de voyager aussi. Wow, des voyages ! Oui, voyager. Voyager, les filles, c'est important. Voyager, voyage solo aussi. Pas forcément besoin d'aller très loin. Un petit voyage dans le sud, c'est bien, mais juste expérimenter quelque chose seul. Et en fait, plus on se découvre seul, et mieux, comme je l'ai dit au début, on sait ce qu'on veut, on sait ce qu'on veut pas. On sait ce qu'on aime, on sait ce qu'on aime pas. Et et en fait, on est dans l'acceptation et l'acceptation crée derrière « Ok, je m'accepte, donc j'ai confiance en ce que je fais, j'ai confiance en moi. » Et après, tu fais ce que tu veux.
- Speaker #1
Écoute, on va terminer là-dessus, c'est super joli. Ça marche. Merci beaucoup, Louane. C'est moi qui te remercie, Sandra. À bientôt.