- Speaker #0
Bienvenue dans l'Éclat féminin, le podcast qui célèbre le leadership féminin. Je suis Sandra Samoura. Bonne écoute Je reçois aujourd'hui une jeune femme entrepreneur animée par des convictions profondes, une détermination sans faille et une passion sincère, Fatima Eliaï, ingénieure de formation. Fatima a trouvé dans l'entrepreneuriat une et une. vit, danse, crée une marque qui lui ressemble, engagée et responsable. Elle a fondé MOSS, une marque de soins capillaires inclusif et éco-responsable, c'est pas rien, qui reflète son attachement à la nature et à la diversité. Elle a beaucoup à partager, c'est pourquoi on... Moi, je l'ai invitée aujourd'hui. Son histoire familiale, ses valeurs, ses expériences nourrissent chaque étape de son parcours entrepreneurial. Moi, ce qui m'intéresse, là, c'est quels ont été tes doutes, les frissons, les moments de grâce, les peurs, quelle est ta force intérieure, qu'est-ce qui t'a poussée à te lancer Bref, je suis impatiente de les coter, Fatima. Fatima, bonjour.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.
- Speaker #1
Merci à toi, Sandra, et merci pour cette... Très belle présentation.
- Speaker #0
Je t'en prie. Donc voilà, on va parler à cœur ouvert. Donc, qu'est-ce qui... Pourquoi Je dis mille questions déjà, mais qu'est-ce qui fait que tu t'es lancée dans cette aventure entrepreneuriale
- Speaker #1
Alors, qu'est-ce qui fait le pourquoi de MOSS Qu'est-ce qui fait que je me suis lancée J'avais cette envie d'entreprendre depuis très longtemps. J'ai grandi dans une famille où mon papa était entrepreneur, je l'ai vu grandir dans l'entrepreneuriat en commençant tout seul jusqu'à avoir une PME qui se développait. Et j'ai grandi dans ce cocon où il n'arrêtait pas de nous donner des leçons d'entrepreneuriat. Mes premiers jobs, c'était avec lui. Pendant les vacances, je n'allais pas voyager. Je restais avec lui dans la maison et il me donnait mon premier salaire. Donc, j'avais déjà un peu ce côté-là débrouillard. On va aller chercher son premier salaire et tout en tant qu'ado. Ça éveille un peu dans ce sens. Et par la suite, je ne savais pas exactement ce que j'allais faire. Mais j'étais sûre qu'il fallait que ça soit quelque chose qui m'anime, qui me passionne. Et lorsque j'ai quitté le Sénégal, parce que j'ai grandi au Sénégal, lorsque j'ai quitté le Sénégal et que je suis arrivée à Paris pour poursuivre mes études, j'avais plutôt fait une filière scientifique et j'ai adoré la biologie, la chimie, tout ça. J'aimais bien toucher à des choses, expérimenter, etc. Et lorsque j'arrive à Paris, je commence mes cours et je rencontre une copromotionnaire qui s'appelle Julie et qui me parle de sa passion pour le parfum. Et en échangeant, j'étais assez interpellée. Je vais, j'en parle à ma sœur et tout. Je dis, mais c'est quand même fou. Je parle à... J'ai parlé à quelqu'un qui me disait qu'elle voulait être... Parfois, pour moi, c'était... Je ne pouvais pas trop me permettre, en fait, de faire ce genre de métier parce que c'est trop accessoire, tu vois.
- Speaker #0
C'est trop que tu n'y autorisais pas.
- Speaker #1
Oui, je ne m'y autorisais pas. Moi, c'était vraiment dans ma tête. Soit je suis biochimiste, médecin, enfin, vraiment des choses très fonctionnelles, voilà. Ce que je me dis, c'est des métiers qui ont du sens. On voit très bien ce qu'on fait, tout, etc. Mais il y a aussi d'autres métiers qui sont drivés par la passion. Et donc, je regarde, je me renseigne sur la parfumerie et je vois qu'il y a aussi d'autres branches comme la cosmétique, l'aromatique et tout, etc. Et qu'est-ce que je fais Je regarde les écoles qui forment les cosméticiens parce que la cosmétique me parlait beaucoup vu qu'il y avait un peu de biologie. C'était pour moi, je pense, un peu une façon de me rassurer en mode, c'est toujours bien ce que tu fais, tu prends soin des gens. Il y avait aussi cette dimension un peu que je cherchais, de donner du sens à ce que je fais, d'avoir un impact. Et là, quand j'ai vu la cosmétique, c'était vraiment comme une évidence pour moi parce que j'adorais la chimie, la biologie. Je prenais soin de la peau. J'en apprenais vraiment beaucoup plus sur mes propres besoins. Et moi, j'avais quand même grandi avec une maman qui était très puriste dans ce qu'elle utilisait. Donc, elle nous sensibilisait beaucoup sur les matières transformées, les cosmétiques trop transformées. Vraiment, elle allait vers le plus simple. Le plus simple pour elle, c'était le mieux. Elle a appris ça de sa grand-mère. Je reviendrai un peu après. Et du coup, en grandissant avec vraiment cette éducation-là, j'ai reconnecté du coup de par mes études en cosmétique sur vraiment ce côté pas naturel. C'est vraiment le côté sécurité. Parce que tout n'est pas bon dans le naturel. Je vois l'aspect sécurité, l'aspect simpliste vraiment dans mon approche de la cosmétique. Et j'ai poursuivi donc mes études là-bas. J'ai eu de très belles années d'expérience dans différentes marques. Et pourquoi Moss, pour revenir à ta question, c'est vraiment quand j'ai commencé à avoir un problème personnel qui était l'alopécie. Et là, je m'étais dit, là, je ne trouve pas de solution sur le marché qui soit spécifique et inclusif. En fait, dès lors qu'on parlait de cheveux crépus, c'était forcément boucle, hydratation, etc. Il n'y avait pas l'aspect un peu médical. Vraiment, c'est un peu parce que... Dès qu'on parlait de préoccupation, il n'y avait pas de produit. Je me suis dit qu'on avait besoin de solutions spécifiques là-dessus. Vu que j'avais cet alopecie-là depuis ces trois ans-là, je me suis dit que je serais le cobaye. J'ai vraiment testé.
- Speaker #0
C'est vraiment ça. Je te coupe la parole. Je me dis que c'est ça l'élément des planches.
- Speaker #1
C'était vraiment l'alopecie que j'ai eue qui m'a fait me dire que je cherchais quoi faire. Là, tu sais maintenant quoi faire.
- Speaker #0
Après, ça y est, tu as l'idée. C'est génial. Et tu as un environnement de travail ou en tout cas un contexte qui rassemble ce que tu aimes, qui tu es, ton histoire, au vu des échanges que tu as eus avec ton père, ta maman, puisque j'ai bien suivi ça. Donc, une fois que tu as fait tout ce premier travail, on fait comment pour passer à l'action
- Speaker #1
Alors, pour passer à l'action, j'ai envie de dire, c'est quand même sortir de sa tête et pondre l'idée. Donc, vraiment, on passe de... de l'abstrait au concret. Et c'est un passage assez difficile. C'est un passage où on a très peur. On a peur d'être jugé, on a peur d'échouer. On a beaucoup, beaucoup de peur, des pensées limitantes aussi, qui surgissent de nulle part. Vraiment, l'encore connerie, pour moi, c'est un grand tremplin pour se connaître. Parce que ça révèle vraiment tout, je trouve, les aspects, les méandres de la personnalité, les choses qu'on veut cacher, mettre sous le tapis, ou même les choses qu'on aimerait révéler au plus grand nombre. Donc en fait, c'était un passage assez compliqué. Mais de manière, si je parle du projet, la première chose que j'ai fait, c'est que je suis sortie de ma tête, je me suis dit peut-être que ce n'est pas que mon problème. Je suis allée confronter l'idée à d'autres personnes qui seraient des potentiels clients. Donc, c'est un peu ce qu'on appelle l'étude de marché. Alors, je vais faire cette étude de marché, je pose des questions et je me rends compte qu'il y avait des sortes de mythes que j'avais. Donc, typiquement, je pensais que j'allais développer des shampoings dans un premier temps. Alors qu'en fait, je me rends compte que les cheveux crépus. Ils se lavent moins leurs cheveux. Donc, peut-être que ce n'est pas le produit avec lequel je devrais rentrer sur le marché. Parce qu'au début, je voulais vraiment faire une marque pour les cheveux crépus. Vu que j'avais les cheveux crépus et de la lepistige. Oui,
- Speaker #0
de toute façon, on part toujours un peu de soi.
- Speaker #1
Clairement. Et donc, je vais me confronter au marché. Et à force de demander, j'ai commencé à demander à d'autres personnes. Et même à en parler à d'autres personnes qui ne sont pas concernées. Qui me disent, moi, je pourrais utiliser ta solution. Franchement, si ça sort, je pourrais l'utiliser. Des personnes qui ont des cheveux ondulés, etc. qui me disent, mais Fatima, moi, je veux trop ce produit. Si jamais tu le sors, moi, je l'achète. Et là, je commence à me poser des questions. Je me dis, mais pourquoi je me limiterais aux cheveux crépus Je me rends compte quand même qu'il y a des personnes qui ont d'autres types de textures et qui ont des problématiques que le marché n'adresse pas bien forcément. Et c'est là, du coup, que j'ai commencé vraiment à affiner la proposition. Et ce que j'ai fait, donc une fois que j'avais l'étude de marché, je me suis vraiment concentrée sur vraiment l'offre. OK, j'ai tel, tel, tel élément. Comment je peux affiner mon offre pour que ça coïncide justement avec les statistiques que j'avais, typiquement j'avais des statistiques assez fous, j'avais plus de la moitié donc presque 60% des personnes que j'avais interrogées qui n'étaient pas satisfaites de leur routine capillaire, contrairement à la routine skincare où ils étaient plus satisfaits je me dis mais c'est fou, pourquoi on n'accepte de pas et là je me suis dit ok, là il y a quelque chose à faire et je me suis entourée je me suis entourée, ça c'est hyper important parce que dans cette phase justement de construction on peut avoir des sortes d'idées un peu figées qu'on ne veut pas qu'on ne veut pas remettre en question. Je me suis beaucoup entourée pour justement me rapprocher le plus de la réalité des choses parce que souvent, on part avec de grandes idées et juste en parlant à quelqu'un qui te donne une claque, tu te rends compte que cette personne a raison. Peut-être que ton idée, ce n'est pas si bien que ça.
- Speaker #0
En fait, est-ce que tu veux dire que quand on se lance dans l'entreprenariat, on a toujours de très belles idées qui nous conviennent parfaitement Oui. mais qu'il faut aller se tester, se confronter au réel et trouver quelqu'un, une espèce de sparring partner ou même des personnes qu'on ne connaît pas du tout qui vont pouvoir nous challenger un peu et nous aider à vérifier si finalement c'est une bonne idée ou pas.
- Speaker #1
Essentiel. Bon, moi, je l'ai peut-être même trop fait, mais ça, c'est essentiel parce qu'en fait, une fois du coup qu'on voit qu'on a le bon produit, ça nous conforte dans base, dans nos racines pour justement avancer. Parce que ce n'est pas bien de lancer un produit en ayant des doutes, on ne se donne pas à 100%. Justement... Ce que j'ai fait, moi, c'est que je me suis entourée de mentors qui, du coup, vraiment, je faisais des points assez réguliers. Il faut les trouver, ces personnes-là. Vraiment, c'est assez rare après de trouver des personnes qui gratuitement aident de leur sort. Donc, on peut peut-être proposer du capital pour les avoir. En tout cas, je me suis entourée de mentors. Je me suis entourée aussi de réseaux, de réseaux d'entrepreneurs, d'incubateurs. Vraiment avancer sur cette phase justement de pondre l'idée.
- Speaker #0
Et c'est ça, oui. Donc, ce que je retiens, c'est j'ai une idée. C'est super. Je vérifie qu'elle me parle. C'est très bien. Je me connais, l'entrepreneuriat est un accélérateur en termes de connaissances et d'apprentissage en soi-même. Et je confronte mes idées au réel, pour ne pas me tromper de chemin et ne pas faire un produit qui me plaît, mais finalement qui ne parlera à personne. Exact. Voilà.
- Speaker #1
Totalement. Et juste pour rajouter quelque chose, je me rappelle que moi, j'avais en tête l'idée de créer au tout début une gamme de 15 ou 20 produits. C'était vraiment mon idée. Pour moi, c'était soit ça, soit rien. parce que je voulais venir avec l'expertise et avoir un diagnostic à tous côtés etc et j'en parle à une de mes monteurs et qui me dit non tu peux pas faire ça, t'as pas les moyens tu vas clairement échouer si tu vas sur cette donc du coup qu'est-ce que t'as choisi donc là elle m'a dit en fait faut que tu aies un scénario ambitieux c'est bien d'avoir ce scénario là mais moi je veux aussi un plan B et c'était très difficile à accepter parce que je m'étais dit mais pourquoi on fait pas confiance à en mon idée et ma capacité de faire ça. Mais en fait, souvent quand tu es confronté aux obstacles, tu te rends compte que non, il ne faut pas s'obstiner. Il faut se remettre en question et juste te dire non, on va aller vers le scénario le plus réaliste. Là, à l'heure d'aujourd'hui, je ne peux pas faire le scénario idéaliste ou trop ambitieux. Il faut aussi savoir se remettre en question et ne pas le prendre comme une porte, un nom quand tu as des refus. Juste te rediriger vers d'autres options. Parce que ça va être ça dans tous les cas.
- Speaker #0
Ce que tu dis là, je trouve ça... C'est super intéressant parce que cette notion de se prendre une porte, comme tu dis, l'obstacle qui surgit, qui vient en plus se greffer sur l'obsence au peuple. Comment tu as réussi à le gérer Comment tu as réussi justement à te faire suffisamment confiance pour pouvoir changer de direction
- Speaker #1
C'était très, très difficile. Moi, quand je commençais le produit, j'axais beaucoup sur l'aspect innovant, sur le fait que je créais des produits spécifiques qui pouvaient conférencer aux cheveux crépus, comme les cheveux caucasiens. Et en fait, je me rendais compte que souvent, je parlais à des interlocuteurs qui étaient des décideurs pour les financements, etc. Je parlais à des interlocuteurs qui n'étaient absolument pas sensibles à ces questions-là et qui ne se rendaient pas du tout compte du marché qui existait. Et là, ce qui m'énervait... C'est qu'à chaque fois que je parlais de mon projet, on me disait Ouais, mais il y a telle marque... On n'arrêtait pas de me citer, par exemple, Les Secrets de Loli, une marque que je respecte énormément, puisqu'elle a tellement ouvert le champ des possibles pour des entrepreneurs comme moi, pour se dire juste C'est possible, en fait, continue tes rêves. Mais juste le fait de se confronter à ce genre de choses, je vous ai redit, mais on est 65 millions, je sais pas, 60 millions, 65 millions, peut-être plus, en France, et... En fait, vous voulez qu'il n'y ait qu'une seule marque pour ces personnes-là Enfin, je sais qu'il y en a d'autres, mais c'est la seule marque que vous voulez retenir pour toutes ces personnes Il ne faut pas qu'il y ait de l'innovation dans ce secteur-là Ce serait dommage quand même. Et par la suite, en fait, ça m'a confrontée. Ça m'a confrontée à me dire, tu vas aller les chercher, en fait. C'est quoi qu'il arrive si tu vas les chercher par la communauté, par toi-même, tu vas te battre pour prouver à ces gens qu'il y a ce marché-là et qu'il est possible. Donc en fait... Il faut trouver quelque chose qui te motive derrière à chaque fois. Un nom te dit toujours quelque chose. Quel est le message qu'il y a derrière ce nom Est-ce que c'est la personne qui connaît mal le marché Est-ce que c'est la personne qui est peut-être juste raciste Ou la personne qui est misogyne Parce que les statistiques aussi disent que les femmes noires, les femmes déjà, mais les femmes noires, elles font beaucoup moins d'argent. Donc, qu'est-ce que ce nom veut te dire Et qu'est-ce que tu peux aller chercher derrière Donc, c'est un peu ça qui m'a permis, en fait, de... prendre positivement, on va dire, les portes que je me prenais au début. Mais je t'avoue, c'est pas facile et surtout le temps que je perdais.
- Speaker #0
Alors explique-moi ça.
- Speaker #1
Parce qu'en fait, au début, quand tu as un non, ça te déprime. Tu ne comprends pas parce que tu as vraiment construit toute ton idée autour de ça et tu te prends une porte, tu te dis mais je ne vais pas avancer. Et tu perds du temps à guérir un peu de ce refus-là. Fabio Doré. Exactement. Et c'est un peu comme une blessure narcissique parce que le nom, tu te le prends personnellement. Et en fait, au bout d'un moment, je me suis rendue compte à quel point je perdais du temps à guérir de ces noms. Je me suis dit, non, je ne peux pas me permettre ça. Si je veux avancer, je ne peux pas me permettre ça. Je ne peux pas me permettre de déprimer pendant une semaine pour un nom que j'ai eu. Et j'ai commencé vraiment à internaliser qu'il faut que je tourne la page rapidement.
- Speaker #0
Alors, si tu veux donner un conseil à... Une jeune fille ou un jeune homme de ton âge qui se lance dans l'entrepreneuriat, qui se prend des noms comme toi, comme tout le monde, le conseil pour réussir à raccourcir cette phase de deuil, pour aller mieux et aller de l'avant Un petit conseil, un petit tips,
- Speaker #1
Fatima Un petit tips que je donnerais, moi qui m'aide beaucoup, c'est déjà diversifier les pistes qu'on a. Ne jamais juste mettre tous les oeufs dans le même panier. Vraiment toujours diversifier ceux. préparer à un éventuel non, à une objection, se préparer. Il faut toujours avoir une réponse à un non. Même si ça aboutit à rien, mais il faut toujours avoir une réponse. Il faut toujours concevoir ce scénario-là. Il ne faut pas se dire, non, mon conseiller est trop bien, bien sûr. Non, il faut toujours concevoir ce scénario-là. Et comme je disais tout à l'heure, c'était vraiment l'aspect sur... J'ai oublié le terme que j'ai utilisé tout à l'heure, mais c'était trouver le nom. Qu'est-ce que ça veut dire derrière Trouver vraiment un sens.
- Speaker #0
et surtout vérifier que ce n'est pas que l'autre qui projette ses propres fautes de peur, interrogations voilà,
- Speaker #1
parce que ça typiquement c'est pas moi le problème, donc je peux aller peut-être chercher d'autres investisseurs qui seraient peut-être plus en phase avec ce que je recherche, ou d'autres partenaires mais toujours trouver qu'est-ce qu'il y a derrière ce nom-là, ne pas le prendre personnellement vraiment ne prenez rien personnellement sinon ça...
- Speaker #0
merci de le dire, c'est important parce que c'est très facile de se dire c'est de ma faute oui,
- Speaker #1
très facile après souvent c'est de notre faute, ça il faut l'accepter Mais comme je dis souvent, vraiment aller chercher ce qu'il y a derrière le refus.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a eu un moment où tu as eu envie d'arrêter
- Speaker #1
Oui, il y a eu des moments où j'ai eu envie d'arrêter, mais c'était des moments assez éphémères et ça n'a jamais pris le dessus sur le reste. Il y a des moments où on se dit, j'ai jamais eu l'envie de me dire, ah non, j'arrête le projet, on va arrêter tout ça. Mais j'ai quand même eu des moments où je me dis... J'ai choisi la voie la plus dure en vrai. Il y a d'autres voies les plus simples. J'étais dans une très belle boîte, un bon salaire. Pourquoi j'ai quitté tout ça Mais en fait, il y a quand même la passion. C'est pour ça que c'est bien de faire quelque chose qui nous anime et qui nous passionne. Parce que la passion prend rapidement le dessus. L'envie d'aller chercher des choses prend rapidement le dessus. C'est pour ça que je trouve que c'est aussi une question d'éducation qu'on fait sur soi-même. Je ne dis pas personnalité parce que ça ne veut rien dire. Mais plus une question de... D'aller chercher la chose, de s'éduquer en fait à rebondir sur autre chose. Donc ouais, j'ai des histoires.
- Speaker #0
Et ça te permet de ne pas lâcher.
- Speaker #1
Ouais, et de ne pas se dire je vais arrêter. C'est-à-dire que même si aujourd'hui, financièrement, c'est pas possible, je dois aller me tourner vers un salaire ou etc. Je ne vais pas me dire je vais arrêter là-bas. Parce qu'il y a quand même une mission très profonde en moi. Sauf si voilà, là je côtoie sur la gorge, je ne peux plus payer mes factures, etc. Oui, bien sûr. Mais on n'y est pas encore.
- Speaker #0
En fait, ce que j'entends quand tu dis ça, c'est tellement puissant et tellement fort que de toute façon, il n'y a rien qui peut l'arrêter. Oui.
- Speaker #1
C'est ça Non, c'est vrai.
- Speaker #0
D'accord. Et alors, comment tu t'es sentie, toi, le jour où tu as vendu pour la première fois un de tes produits
- Speaker #1
Alors, le jour où j'ai vendu ou... Peut-être, je dirais le jour où j'ai pré-vendu. Parce que j'ai commencé par des précommandes pour justement pouvoir me financer. Parce qu'à force d'avoir des refus, il fallait trouver des solutions. Et la solution que j'avais, c'était de trouver du coup du financement participatif via une campagne de crowdfunding. Et en fait, en allant chercher ça, je me suis rendue compte... Bon, premièrement, notre projet faisait partie des tops sur la catégorie bien-être sur l'ULU. Pendant... la durée de la campagne, et ça, c'était hyper satisfaisant. Donc, en fait, on a une grande fierté, une sorte de satisfaction qui commence à émerger en se disant, ah oui, là, on est sur le concret. Là, les refus que j'ai eus, en fait, là, je me prouve qu'il y avait une raison pour laquelle je continuais. En fait, on commence à voir, ben non, en fait, là, je comprends que... Je comprends que... Je comprends tout ce qui m'a animée et pourquoi je le faisais. Et bon, ça, c'était l'étape des précommandes, mais l'étape des commandes, quand les gens ont le produit entre les mains. c'est ultra satisfaisant et surtout quand tu entends les retours de personnes qui te disent ça fait des années que je charge des produits pour mon cure chevelu pour mon psoriasis pour mes pellicules c'est la première fois que j'ai quelque chose qui m'apaise qui calme c'est incroyable peu importe les moments qu'on traverse c'est un booster mais incroyable donc ça c'est vraiment la récompense absolue ça ça fait chaud au coeur merci
- Speaker #0
vous la voyez pas mais elle a un smile non non clairement bah c'est pour ça qu'on le fait si c'était que la partie galère galère on serait pas dedans oui sûr et alors je veux revenir un peu sur ton histoire et tes valeurs parce que tu communiques quand même beaucoup dessus et moi je trouve que c'est très douce d'être attachée à tes racines et Comment tu traduis cela dans ton entreprise au quotidien Quelle place ça prend Oui,
- Speaker #1
c'est d'ailleurs une question que je me pose même aujourd'hui. Est-ce que je réussis à le faire Parce que c'est quelque chose d'hyper important pour moi. Et en fait, j'ai envie de créer une marque qui a un esprit, qui a une mission et pas juste une marque de produits basta. J'ai vraiment envie de créer quelque chose derrière. Alors, je crois qu'il y a un terme dans tout ce qui est psychologie, de la branding, etc. pour l'archétype. J'ai envie de créer un archétype très fort, où en fait, on parle limite à une personne quand on vient commander chez Moss. Et pourquoi ça C'est parce qu'en fait, il y a une balance que j'ai envie d'avoir entre l'innovation et l'héritage. Et c'est assez difficile à avoir, parce qu'en général, les marques se placent soit sur le côté très transmission, très héritage, très culturel, soit sur l'aspect très scientifique, très froid. Et c'est très difficile de lier les deux, je crois que je ne suis même pas encore arrivée, mais c'est vers ça que je... D'accord. Un vrai équilibre m'a su, parce que Mos, Mos veut dire beau dans la langue de ma grand-mère, et ma grand-mère était réputée pour...
- Speaker #0
Ta grand-mère parlait quelle langue Le Serreur.
- Speaker #1
Merci. Le Serreur qui est une langue du Sénégal, pardon. Et en fait c'est vraiment une dialecte qu'on parle au Sénégal, c'est pas parlé par tout le monde, donc tu peux parler à un Sénégalais qui ne connaît absolument pas ce que veut dire Mos. Et en fait, dans le serré, Mosse, c'est un diminutif de ce qui est beau. Il y a même des prénoms qui viennent de cette racine-là, comme Mossane, Mossande,
- Speaker #0
des choses comme ça.
- Speaker #1
Et en fait, Mosse veut dire beau, la manifestation du beau. Et ma grand-mère était répétée pour être très belle, mais surtout, en fait, elle faisait ses propres extraits, elle faisait ses propres mélanges. Et ma mère n'arrêtait pas de nous en parler. Moi, je ne l'ai jamais connue. J'avais juste deux photos d'elle. Vraiment, c'est tout. Et quand je la voyais, avec toute l'admiration... que ma mère, on a forcément grandi avec cette image. C'est cet idéal-là que je veux tendre et cette reconnexion de préserver cet héritage-là, de préserver cette transmission parce que ma mère ne s'en rend pas compte, mais le fait de nous en avoir parlé, elle a transmis ça comme ça. Donc, ouais.
- Speaker #0
Mais toi, tu es sur une transmission beaucoup plus large,
- Speaker #1
du coup. Parce que là,
- Speaker #0
tu parles de ta grand-mère et de ta mère, mais le fait de créer une marque, des produits qui parlent à de nombreuses personnes. Je te souhaite à l'infini. Concrètement. Cette transmission, elle a une autre place parce qu'elle est beaucoup plus large. Elle a comme vocation de toucher un maximum de personnes.
- Speaker #1
D'accord, complètement. Toucher un maximum de personnes et se rendre compte, en fait, à quel point l'éducation, c'est important. C'est pour ça même, je prends beaucoup de temps à éduquer sur des thèmes en particulier parce que j'ai vu l'impact sur moi. Et typiquement de comment on se voit, comment on aime nos cheveux, est-ce qu'on se conforme à des standards, plutôt que juste d'accepter la nature qu'on a, la nature de nos cheveux, la nature de notre peau. Ça, j'ai vu l'impact que ça a eu chez moi, donc j'ai envie d'en parler.
- Speaker #0
Et tu penses que le fait que une femme, demain, utilise Moss, en tout cas un ou deux ou trois produits de la marque, constatera que ça fait du bien à ses cheveux d'une part, et que cela aura une répercussion sur sa propre image et son propre ressenti de j'ai des cheveux crépus, je sais m'en occuper enfin correctement et ça me renvoie à une image positive de moi-même.
- Speaker #1
Complètement. C'est pour ça que tout à l'heure je parlais d'archétype, parce que moi je veux me placer sur un peu la marque Caregiver, qui donne de l'attention. Et quand je dis d'être de l'attention, c'est vraiment nous, on ne va pas parler de standard en disant aujourd'hui, lissez-vous les cheveux parce que c'est beau, c'est à la mode, etc. Ou la perfection de la boucle ou les couleurs. Non, on ne va pas parler de ça, ce n'est pas ce qui nous intéresse. En revanche, le bien-être, c'est quelque chose qui nous intéresse. Ou quand quelqu'un vient nous parler d'un problème lié à l'acceptation de ses cheveux, à... la sensibilité de ton cuir chevelu, la casse, des choses très factuelles. On peut donner des réponses parce que chaque personne est différente. Donc on ne va pas lui dire, toi en fait non, il te faut vraiment boucler à tout prix ou non. On va vraiment comprendre le type de cheveux qu'il a, comprendre la préoccupation qu'il a derrière, quelles réponses on peut apporter. C'est strictement juste ce qui nous intéresse.
- Speaker #0
Et dans ton discours, tu as déjà dit plusieurs fois éducation. Comment tu vas faire pour t'attaquer à l'éducation de façon concrète et surtout convaincante pour que tes clients ou ceux qui ne le sont pas encore aient envie de te suivre.
- Speaker #1
Alors là, avec les moyens que j'ai actuellement... On va forcément commencer de manière très modeste. Donc ce que je fais, c'est que j'ai créé une académie sur le site internet, l'académie du cheveu que j'appelle, où vraiment je parle de thèmes dans une approche assez scientifique et factuelle du cheveu. Où vraiment je transmets tout ce que j'ai connu via mes études dans la recherche et développement, les études en trichologie que j'ai faites. Où vraiment juste je parle de ce qu'est la santé du cœur chevelu, du cheveu. Donc de manière très très factuelle. Et aussi j'en parle sur les réseaux sociaux, je parle de plusieurs thèmes, et même de mythes qu'on véhicule, où vraiment on voit des marques qui véhiculent des mythes, des revendications qui en réalité ne sont pas si vraies que ça. Donc il y a ce rapport de vérité que je véhicule, et qui j'espère en tout cas pourra construire quelque chose d'assez fort avec les clients.
- Speaker #0
Et tu as déjà eu des retours Oui,
- Speaker #1
déjà ça fait un an et demi. que je faisais ça avant même que la marque ne sorte. Donc forcément, les gens m'ont connue comme ça. Bon, quand je dis les gens, c'est une petite communauté pour l'instant, mais ils m'ont connue en tout cas sur les réseaux sociaux comme ça, sur le fait que je portais un peu ma blouse de scientifique et je parlais de sujets en rapport avec... Typiquement, je parlais de la présence de pesticides dans les cheveux synthétiques et de l'impact sur la santé des femmes. Je parlais du défrisage et de l'impact sur la santé des femmes. et du lien qu'on a trouvé avec le cancer de l'utérus. Donc voilà, je traitais pas mal le sujet comme ça, qui pour moi, en fait, c'était important que ça soit des experts ou des personnes qui se renseignent sur le sujet qui prennent la parole. Et surtout des femmes qui sont concernées, comme moi, qui prennent la parole.
- Speaker #0
Donc pour toi, ce que j'entends là, encore une fois, c'est l'authenticité. et de la légitimité par ce que j'ai des experts autour de moi qui disent des choses vraies, vérifiées. Parce qu'avant tout, tu es scientifique, donc ça te spire pour tout ce que tu fais aujourd'hui. Et évidemment que quand on a toutes ces propositions-là, on fait un pas de plus vers une solution qu'on recherche toute longtemps. Et évidemment, je comprends que cet héritage que tu as et cette transmission, finalement, vont vraiment parler à beaucoup de personnes. Clairement. Parce qu'on est dans quelque chose de sain.
- Speaker #1
Clairement. C'est ça le mot.
- Speaker #0
C'est ça le mot Oui. Je suis trop fort.
- Speaker #1
C'est un instant concept. Vraiment, c'est un mot.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Construire un cercle sain, une safe space, c'est ce qu'on aimerait faire.
- Speaker #0
Oui. Bah écoute, c'est super. C'est super, je trouve ça tellement inspirant. Je te félicite, c'est un message génial. Et pour terminer, si tu devais terminer par une seule phrase, un seul concept, une seule idée, un seul encouragement, pour tous ceux qui se lancent dans l'entrepreneuriat et qui se disent que c'est trop dur, je ne sais pas par quel bout l'attraper, mais finalement qui ont une vraie conviction, une vraie passion, qu'est-ce que tu leur conseillerais
- Speaker #1
Ne restez pas dans un cadre que la société vous impose, c'est très facile de dire ça, surtout en tant que femme noire qui vit dans une société très racisée. Mais non, il faut refuser. Il faut refuser de rester dans un cadre que la société nous impose et se dire que ça va être difficile de ne pas se conformer, mais il y a un autre idéal possible et justement, c'est ce que tu veux construire. Donc ce ne sera pas facile, tu sors de ta zone de confort, ce ne sera pas facile, mais ce n'est pas parce que ce n'est pas facile que tu ne dois pas le faire. Et on peut ne pas réussir comme ce qu'on avait pensé, mais on aura toujours appris. Et moi je suis vraiment dans cette optique actuellement, de me dire peut-être que l'idée que j'avais il y a trois ans, ce n'est absolument pas ce qu'il y a maintenant. Et c'est vrai, ce n'est absolument pas ce que je pense. Je pensais ce que Moss est maintenant. Mais Moss, c'est quelque chose que les gens aiment. Moss, c'est quelque chose que moi-même, je suis fière du chemin parcouru. Qu'est-ce que j'ai appris jusque-là C'est ce qui est important. Oui.
- Speaker #0
Donc, on capitalise sur notre expérience qui nous a apporté énormément de choses.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
exactement. Même si, finalement, ça ne marche pas, ce n'est pas grave.
- Speaker #1
Exactement. Exactement. Et dernière chose. Il faut toujours être animé par, je pense, l'envie d'avoir un impact sur quelque chose de bien. Pour moi, c'est important. Pour moi, c'est important de faire du business, de faire de l'argent. Mais c'est quand même important de penser à quelque chose de bien.
- Speaker #0
L'impact positif. Oui. Ça, c'est ce qui te résume un peu
- Speaker #1
Beaucoup. Je dirais que c'est une aspiration que j'ai. Oui. En tout cas, quoi qu'il arrive, je vais toujours me dire, OK, je fais un truc, je ne veux pas le faire quand même que pour moi, à ma satisfaction personnelle, jusqu'où on peut aller.
- Speaker #0
C'est une ambition qui est énorme. Ça ne te met pas de réappréciation
- Speaker #1
Souvent, mais je suis quelqu'un qui se met l'appréciation, naturellement. Je suis une tristesse de la vie. Moi, ça m'a un peu changé d'ailleurs à me relativiser, franchement. Avant, j'avais vraiment des crises d'anxiété, quand j'étais en salariat. J'avais des crises d'anxiété, de spasmophilie, etc., que je n'arrivais pas à résoudre. Mais depuis l'entrepreneuriat, je relativise. Parce qu'en fait, on se réveille en réglant des problèmes. On ne peut pas vivre avec anxiété tout le temps.
- Speaker #0
C'est vrai, on ne peut pas. On ne peut pas, c'est ça. Écoute, Fatima, merci beaucoup. C'était vraiment très, très intéressant. Et j'espère que ça va aider les personnes qui nous écoutent, en tout cas qui ont ce projet qui est là dans la tête, quelque part, et qui vont passer le bas. Et pour celles qui sont en plein dedans, se dire qu'en fait, on ne se décourage pas. C'est difficile, mais on arrive à se dépasser. On est passionnés, donc ça, ça va nous motiver. Et on se fait confiance, surtout moi.
- Speaker #1
Complètement. C'est la valeur à garder, se faire confiance, même plus que les autres ne te font confiance.
- Speaker #0
On va terminer sur ça, c'est trop beau. Merci beaucoup Fatima.
- Speaker #1
Merci Sandra pour ton invitation.
- Speaker #0
Je t'en prie. Et nous, nous sommes en train de nous réunir dans notre vie. Je vous remercie.