- Speaker #0
Bienvenue sur Amalgame, le podcast de l'ECI, un podcast pour faire un pas de côté. Et aujourd'hui, j'ai envie de vous faire découvrir une personne que j'ai rencontrée sur LinkedIn, suite à un poste sur l'éducation et la posture de coach, surtout parce que vous savez que pour moi, la posture de coach est quelque chose qui devrait être transmise à tous les accompagnants. Et c'est sur ce poste-là qu'Olivier Béguin a réagi. avec une intervention qui m'a suffisamment interpellée pour qu'on décide tous les deux d'échanger. Et puis finalement, on échange aujourd'hui sur le podcast. Donc, bienvenue Olivier.
- Speaker #1
Merci, merci Patricia. Je suis très heureux d'être avec toi aujourd'hui pour discuter de ce sujet, de la posture de coach dans l'éducation.
- Speaker #0
Exactement. Et est-ce que tu peux, avant qu'on démarre, nous expliquer un peu qui tu es, nous raconter un petit peu ton parcours ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Alors, je vais essayer de faire court, en tout cas, de mentionner peut-être les éléments qui sont peut-être les plus importants. Moi, je viens du monde de la finance. J'ai travaillé pendant plus d'une dizaine d'années. dizaines d'années dans des multinationales à différents postes financiers. Et un peu par hasard, j'ai été amené à débuter dans l'enseignement supérieur. Alors je dis par hasard, c'est pas tout à fait un hasard, parce que je viens d'une famille où il y a beaucoup de... d'enseignants, arrière-grand-père, grand-père, directeur d'école, je les salue d'ailleurs. Donc il y a une partie peut-être transgénérationnelle par rapport à ça qui m'a forcément attiré vers l'enseignement. Je faisais déjà... beaucoup de formations en interne dans les entreprises et j'ai eu l'opportunité de débuter en formation supérieure, en enseignement supérieur dans différents établissements. Et en fait, ce qui est intéressant, c'est que forcément qu'on est un peu parachuté là-dedans, on n'a pas été formé pour être enseignant. Donc au départ, je me rappelle cette situation un peu inconfortable pour moi en tant qu'enseignant, d'être devant une classe d'élèves et donc aborder les sujets dans une position assez haute, où on se met dans le mode de transmettre des connaissances du professeur qui connaît tout vers des étudiants qui sont en train de se faire connaître. qui ne savent pas grand-chose, en tout cas au départ. Position très inconfortable pour moi, je ne savais pas l'expliquer. Et en fait, au fur et à mesure des différentes charges d'enseignement que j'ai pu avoir, des différents profits d'étudiants, ma posture a considérablement évolué. Je pense que je pourrais revenir là-dessus. Et ça m'a rapproché énormément du caractère humain de l'éducation, qu'on n'est pas juste en position haute, bonjour, je fais mon cours, je transmets mes connaissances, au revoir. Entre temps, je vous ferai quelques évaluations pour juger si oui ou non vous êtes au niveau. Mais quelque chose de plus d'échange, d'approche plus d'échange avec les étudiants, qui permet aussi aux étudiants de finalement développer à la fois la conscience de pourquoi ils sont là, pourquoi ils suivent ce cours et qu'est-ce qu'ils veulent en retirer. Et leur permettre de développer un esprit critique et puis de... comment dire... à partir des connaissances qu'ils ont pu acquérir, c'est aussi savoir les utiliser dans d'autres contextes.
- Speaker #0
C'est intéressant, la transférabilité de toutes les compétences qu'on peut acquérir. Toi, tu enseignes aujourd'hui dans l'enseignement supérieur. Oui,
- Speaker #1
tout à fait.
- Speaker #0
Et comment tu dirais que dans ce que tu es en train de dire, il y a déjà énormément de matière et des choses. Comment tu dirais que ton rapport à ce mot transmission où ta définition, où le sens que tu mets derrière ce mot transmission a évolué ?
- Speaker #1
Je vais prendre une métaphore. Une métaphore un peu brutale peut-être. Je dirais que quand j'ai commencé, j'ai commencé pour être un peu plus précis, c'est quand même mon domaine, l'expertise de la finance, j'ai commencé en enseignant un master finance. Et je suis arrivé là, j'étais recruté pour mon expertise financière, bien sûr. Et je suis arrivé là, et quand je lui ai demandé un peu quel était le programme, on m'a dit, oula, tu fais un peu ce que tu veux. Bon, donc je me suis renseigné. Puis je me suis dit, voilà, il faut que chapitre 1, chapitre 2, chapitre 3. Donc la métaphore, ce serait, je prends le marteau, je tape. Et j'enfonce les pieux pour que ça rentre. Voilà. Et très curieusement... Je ne sais pas si c'était voulu ou pas, en tout cas je crois beaucoup à la synchronicité, mais très rapidement j'étais appelé en renfort, un peu en catastrophe, pour des étudiants qui n'étaient pas dans un master finance, mais plutôt sur des relations internationales, les ONG, des choses comme ça, pour faire un cours aussi, un peu de gestion financière. Et là je me suis retrouvé là avec des étudiants qui n'étaient pas du tout acquis à la cause, mais vraiment pas, qui avaient une peur des chiffres et qui disaient pourquoi... Pourquoi on me demande de suivre ce cours, etc. Et là, ça a été un moment extrêmement riche. Et je crois que j'ai eu la chance d'avoir pu m'appuyer sur quelques étudiants du groupe avec qui on a, entre guillemets, conçu le cours et conçu finalement, enfin, identifié de quoi vraiment ils avaient besoin pour la suite de leur carrière. Qu'est-ce qu'ils allaient pouvoir utiliser. Et donc, plutôt que le marteau qui enfonce des pieux, ce sera un peu la courroie de transmission. C'est-à-dire que la courroie, elle envoie, mais elle revient aussi. Et c'est ça qui était assez extraordinaire dans cette expérience.
- Speaker #0
Ça a inversé la formule.
- Speaker #1
Complètement inversé, et puis surtout une position d'humilité, où je n'étais pas le sachant qui dit « c'est ça qu'il faut que tu saches » , etc. Mais c'était plus en fonction de leurs intérêts, de ce qu'ils voulaient faire pour plus tard, travailler dans les ONG, dans les organisations internationales. de quoi ils auraient besoin pour tout simplement savoir discuter avec les financiers.
- Speaker #0
C'est intéressant parce que dans la première posture, il y a cette notion de service. Comment dire ? C'est à se demander au service de quoi on est. C'est peut-être au service de nous-mêmes finalement en tant que transmetteurs. Et dans cette deuxième expérience, ce que j'entends, c'est que quelque part, la transmission est au service. d'une cause identifiée, de quelque chose qui a été identifié, mais pas par le transmetteur. Donc, on est vraiment au service des récepteurs pour faire en sorte que ce qui est transmis soit vraiment en adéquation parfaite avec le besoin et la mise en pratique derrière. Donc ça, je trouve ça hyper...
- Speaker #1
On pourrait dire de la co-construction.
- Speaker #0
La co-construction. Tu t'es formée au coaching, donc dans ce parcours. Parcours, comment c'est arrivé tout ça ? Je te laisse poursuivre le parcours.
- Speaker #1
Écoute, je fais pas mal d'enseignement, je fais aussi du conseil en finances depuis une quinzaine d'années. Et c'est vrai que plus ça allait, plus je me rendais compte de l'importance de l'humain, que ce soit sur des projets où il y a du changement, où il y a de l'accompagnement des équipes, que ce soit même en éducation où finalement les étudiants venaient, mais ils avaient aussi des problématiques, qu'est-ce que je vais faire après ? quelle est mon orientation professionnelle. Il y avait de plus en plus ce besoin humain. Je pense que moi-même, peut-être par ma capacité d'écoute ou mon empathie, j'étais assez sensible à ça. Et ça m'a beaucoup attiré. J'ai voulu creuser ce sujet pour, au départ, quelque part, j'ai envie de dire, mieux faire mon boulot, c'est-à-dire mieux répondre aux attentes des personnes que je rencontrais, que ce soit en formation ou en conseil. Et donc c'est ça qui m'a poussé vers le coaching et qui a été extrêmement riche. Un certain nombre d'outils, surtout la posture, toutes les qualités du coach, que ce soit bienveillance, créer le climat de confiance, le développement de la conscience, l'écoute, l'écoute active, la réflexivité, etc. Ça a été très révélateur et c'est assez drôle parce que j'ai commencé cette formation en début d'année et j'ai pu en voir les bénéfices dans mes activités actuelles immédiatement.
- Speaker #0
Et c'est marrant parce que dans mon credo par rapport à ça, c'est que justement dans les formations de coaching, souvent on... On crée ces formations pour des personnes qui veulent vraiment devenir coach à temps plein. Et quelque part, ce que tu es en train d'amener là, c'est qu'un volet de la formation qui est très important, c'est ce que tu peux en tirer de bénéfice immédiat sur cette posture de coach, sans même connaître tous les outils, mais ce que ça vient changer dans la posture.
- Speaker #1
Dans la posture, dans l'interaction vis-à-vis des équipes qu'on accompagne ou même des étudiants. que l'on croise en fait. Et pour donner des exemples, je prends cette situation typique du on arrive en cours, vous avez une vingtaine d'étudiants, 25 étudiants, paf, chacun ouvre son laptop, commence à tapoter. pour prendre des notes, mais bon, il y a aussi des écrans WhatsApp, il y a aussi des écrans, etc. Donc, on sent qu'il y a un focus qui n'est pas forcément là chez les étudiants. En plus, ça dépend de l'heure à laquelle il est cours. Et je me vois récemment, un jour, dire, écoutez, aujourd'hui, on va faire cours. Et je voudrais, si vous êtes d'accord, que vous vous autorisiez à ne pas utiliser votre ordinateur. Essayons. Parce que tous les cours, vous ouvrez votre ordinateur, vous prenez des notes. Essayons, vous êtes pas obligés, vous faites comme vous voulez. Bon, alors il y a deux tiers qui ferment leur ordinateur. Et puis moi-même, je joue le même rôle. C'est-à-dire, je leur dis, moi-même, je ne vais pas utiliser d'ordinateur. Je prends le crayon, je prends le tableau et je fais cours avec vous. et vraiment en interaction. Et alors là, le résultat est absolument incroyable. C'est-à-dire que les étudiants posent des questions, se permettent d'interrompre, veulent creuser les sujets, font des ponts avec d'autres choses qu'ils ont pu voir auparavant, et ça donne des séances extrêmement riches. Et ce qu'ils en retirent, c'est que c'était quand même bien d'être connecté, d'être en présence, d'être là pendant ce cours. et on les sentait beaucoup plus acteurs plutôt que passifs à dire je prends des notes mais bon d'ailleurs je fais autre chose en même temps donc c'est cette posture c'est un peu s'autoriser à, se permettre sans obligation c'est pas la règle si tout ton ordinateur je te le supprime je te sors de la classe, non il n'y a pas de ça c'est autorisez-vous et ce qui est drôle aussi c'est que Au départ, il y a deux tiers des étudiants qui jouent le jeu. Puis au fur et à mesure de la séance, on voit les autres qui ferment leur écoute.
- Speaker #0
Très bien. Parce que tu as cet effet où finalement, l'avantage devient perceptible pour ceux qui étaient encore un petit peu réfractaires et qui se disent maintenant, il se passe un truc à côté là.
- Speaker #1
Oui, c'est ça.
- Speaker #0
Il se passe un truc là.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Et si tu fais le pont dans l'histoire que tu viens de nous raconter là, Et c'est marrant parce que c'est une histoire que j'ai pu vivre aussi en école de commerce sur des animations présentielles, où j'ai un peu cette même démarche, mais tu vois, c'est là que ça vient vraiment de la posture. Est-ce que toi, tu arrives à faire le pont entre les compétences de coaching, telles qu'elles sont éditées ? Bon, le référentiel que je connais le mieux, c'est celui de l'ICF, même si EMCC a des références aussi identiques avec nos intentions. Est-ce que tu arrives à faire le pont entre... les compétences justement que tu as pu apprendre dans ta formation et dans ton développement de coach et justement cette capacité à amener les élèves à être en présence justement et dans la façon dont tu l'as amené.
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Je fais complètement le lien, la relaisse. Je dirais que c'est moi-même. Attention, quand je décris cette situation, ce n'est pas le prof qui dit « c'est ça la règle, c'est ça ou rien » . C'est moi-même qui m'autorise déjà à leur proposer ça. Et c'est accepter aussi d'être vulnérable. Et ça, c'est un ancien élément de la formation de coaching.
- Speaker #0
Exactement, et c'est même une compétence très précise. C'est d'incarner l'esprit de coaching. Donc, tu es dans ta compétence, on va dire numéro 2, où tu es vraiment dans l'incarnation de cet état d'esprit de coaching. Mais l'autre, déjà, on s'autorise soit à travailler sur soi, à s'accepter, à accepter ses besoins. Et on ouvre aussi ça à l'autre.
- Speaker #1
C'est ça. Alors que j'aurais pu avoir une levée de bouclier, qui disent, ah non, hors de question. C'est déjà incarner cette compétence, ce que permet de soi-même, prendre un risque aussi, mais basé sur une intuition, tu vois, une intuition qui est, tiens, essayons quelque chose de différent, permettez-vous de vous reconnecter, et regardons ce que ça va donner. Et à la fin, on débriege, bien sûr.
- Speaker #0
Je trouve ça hyper intéressant. Donc, sur ce que peut apporter aussi cette posture-là de coach, comment tu dirais, qu'est-ce que tu dirais que sont les principaux bénéfices que tu peux tirer, toi en tant qu'enseignant, mais aussi en tant que, comme, dans ta relation à ces êtres humains, parce qu'on oublie qu'on est quand même dans une relation d'être humain à être humain. Qu'est-ce que cette posture de coach, justement, t'a permis de bénéficier ? Elle n'est pas très claire, ma question.
- Speaker #1
Si, si, c'est très clair. J'ai envie de répondre de façon un peu… ça fait peut-être un peu cliché, mais je dirais déjà, c'est l'acceptation de chaque étudiant comme il est. Et quelque part, c'est un peu imagé, mais l'amour inconditionnel, c'est-à-dire, vous venez comme vous êtes, je n'ai pas à vous juger sur qui vous êtes, vos défauts, vos qualités, vous mettre dans les cases. Je vous accepte déjà comme vous êtes. Et ça, c'est quelque chose de très important, parce que quand vous... quand on est en face d'une classe où vous avez 20, 25, 30, voire même plus, étudiants, en fait, il n'y en a pas deux qui sont pareils. Ils ont chacun leurs besoins, chacun leurs attentes, chacun leurs défauts, chacun leurs qualités. Et je n'aime pas d'ailleurs dire défauts-qualités, on va dire plutôt points forts, peut-être points d'amélioration. Et je pense notamment au profil que j'appelle les discrets, parce qu'il y a toujours des étudiants qui sont plus discrets, qui ne vont pas prendre la parole, qui n'aiment pas faire des exposés, des présentations. Et eux aussi, ils ont leur... leur capacité à apporter quelque chose dans un travail de groupe, même dans les interactions. Et là aussi, leur permettre de s'exprimer, de reconnaître leur spécificité, qui est, voilà, vous êtes peut-être plus discret, moins extraverti, mais vous avez aussi votre mot à dire et vous allez aussi apporter au cours du travail et au cours des échanges. Ça, c'est vraiment cette acceptation de chaque étudiant tel qu'il est. Je pense que c'est vraiment la chose la plus importante pour moi.
- Speaker #0
J'aime à dire que, justement, quand on veut aller vers une posture inclusive, qu'on veut développer sa posture inclusive, une des façons les plus efficaces de le faire, c'est justement de développer cette posture de coach qui, par essence, est inclusive. Elle reconnaît la singularité. Il y a même une compétence de coach qui reconnaît ça en disant qu'on agit avec la personne selon... Qui elle est.
- Speaker #1
Exactement. Sans chercher d'ailleurs à l'influencer ou la changer, mais vraiment dans le respect de la personne dans son intégralité.
- Speaker #0
Tu vois un deuxième avantage justement à cette posture de coach dans justement ta réalité d'enseignant ?
- Speaker #1
Un deuxième avantage, c'est lié aussi à cette singularité, c'est être en connexion avec les personnes. Arriver à se connecter et aussi avoir des intuitions sur leurs besoins. Peut-être aussi les questionner parfois sur les besoins, mais avoir des intuitions aussi. Et je repense, je te livre quelques anecdotes, parce que pour moi c'était assez révélateur, et c'est ça d'ailleurs. qui a un peu été le déclic vers la formation de coaching. Je me rappelle d'un étudiant très sérieux, toujours à fond, ordinateur, etc. Un jour, il arrive en cours, il me fait « Monsieur, je suis désolé, ça ne marche plus. » Enfin, très grave situation psychologique, quelque part. Je n'arrive même plus à ouvrir un livre. Je rentre chez moi, je veux rester seul, je ne veux voir personne, etc. Je ne sais pas comment continuer le cours. Je suis suivi par le service santé, etc. Il me dit, là, je ne peux pas. Je lui fais écouter. Voilà. Je lui dis, vous faites comme vous voulez. Vous pouvez venir en cours, vous ne venez pas. en fonction de votre besoin. Les absences, parce qu'on est évidemment chargé de noter les absences. De toute façon, c'est vu avec la partie santé, mais peut-être autorisez-vous de venir. La seule chose que je vous demande, c'est que vous écoutez, vous sortez quand vous voulez, vous n'avez pas d'obligation de prendre des notes, de faire des exercices, etc. Faites comme vous voulez. L'étudiant arrive, il s'assoit à sa place, et c'était extraordinaire. Pendant une demi-heure, il est resté, le bureau vide, parce qu'il ne pouvait plus ouvrir un cahier, etc. Il écoutait, et tout d'un coup, je le vois ouvrir son sac, chercher un calepin et un crayon, et il prend des notes. Et ici, il va faire des exercices un par un, etc. Alors, pas d'ordinateur, etc. Je n'ai rien dit, je l'ai laissé faire. Et c'était extraordinaire. C'est-à-dire qu'il... Donc, il s'est dit, en fait, je n'ai pas de pression. Je n'ai pas à atteindre ce niveau de performance ou à devoir être là, prendre des notes, tout faire, etc. En fait, je suis libre. Qu'est-ce que j'ai envie d'en faire ? Et il s'est remis en route par lui-même. Et c'était... J'avais des frissons quand j'en parle.
- Speaker #0
C'est énorme, en fait. Parce que ça, c'est des... On a l'impression que ce sont des petits riens, mais dans la vie de ce jeune garçon, ce n'est vraiment pas des riens. Ça me donne des frissons parce que... J'ai vécu des situations comme ça. Les étudiants, il y en a certains qui sont vraiment dans des détresses matérielles et psychologiques assez effroyables. Ce ne sont pas des choses que l'on voit tout de suite. Mais quand la confiance est installée, parce que ça parle de ça aussi, Olivier, parce que s'il est venu t'en parler, c'est que... Dans ce que tu incarnais, il y a quelque chose de confiance qui s'est installée pour libérer cette parole. Et ça, c'est hyper important. C'est-à-dire que pour avoir accès à cette qualité d'information de cet étudiant, en fait, tu as créé quelque chose d'autorisation, d'ouverture, d'accueil. Parce que souvent, les gens peuvent dire, oui, j'accueille les gens comme ils sont, je leur permets d'être comme ils sont, mais en attendant, Le seul vrai indicateur de ça, c'est que si quelqu'un est dans une forme de détresse comme là, en fait, c'est que la parole peut se libérer, l'information, elle t'arrive. Et à partir du moment où l'information, elle t'arrive, derrière, tu continues à incarner, et c'est ce que tu dis, tu continues à incarner l'être humain que tu veux être, finalement, et pas juste le prof que tu es. Et quelque part, ce que tu lui as fait, c'est lui permettre. C'est là où je fais vraiment le pont avec justement cette posture de coach. C'est lui permettre de reprendre la main sur l'objectif que lui se fixe. Quel est son objectif pour cette session ? Est-ce que c'est de tenir ? Est-ce que c'est de prendre des notes ? Est-ce qu'il l'a défini par lui-même ? Et toi, tu as vu cette prise de décision de ce qui s'est fixé par lui-même ? Parce qu'il n'avait aucune injonction, aucune attente. Il n'avait pas le poids de quoi que ce soit et de qui que ce soit sur ses épaules. Et donc, du coup, il a pu retrouver possession de ses moyens, de ses moyens d'action. Et en fait, ça, moi, je te dis bravo parce que ces moments-là, et ça, c'est la posture de coach. C'est des moments où la personne, on la remet dans une capacité à être libre de ce qu'elle fait et de ce qu'elle ne fait pas.
- Speaker #1
C'est ça, c'est ça. C'est ça, et c'était forcément un moment très fort, à postériori. Et c'est forcément touchant aussi de voir que cet étudiant, il avait sûrement aussi d'autres soucis, etc. Mais il a su, par lui-même, trouver comment se remettre en marche, on va dire, sans injonctions.
- Speaker #0
et ça c'est une première victoire que l'on obtient que ce jeune garçon a obtenu qui peut-être alors on ne dit pas que derrière tout est réglé qu'il n'a plus de soucis mais cette première victoire supposons que tous les enseignants avaient cette posture là que tu as s'ils pouvaient enquiller sur plusieurs petites victoires comme ça ça l'aiderait à regagner de l'énergie regagner de la force pour revenir dans l'apprentissage ... pour revenir dans une forme d'espoir, de revenir dans une forme de confiance sur ses capacités et donc d'estime.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
tout à fait. C'est des micro-actions comme ça qui font que l'élève qui n'est pas dedans, qui ne paraît pas là, peut revenir dedans, et peut même, pour qui sait, et c'est du déjà vu, performer.
- Speaker #1
Oui. Tout à fait.
- Speaker #0
Retrouver accès à ses capacités. Et que j'oppose avec cette notion un peu trop développement personnel de réseaux sociaux, d'exploiter tout son potentiel et tout ça. Non, c'est juste d'être là et faire ce qu'on a envie de faire et pas juste être bloqué dans ce qu'on a envie de faire. Si ce que j'ai envie correspond à 30% de mon potentiel...
- Speaker #1
Oui, puis être aligné. Être aligné. Avec déjà ses propres besoins et ce qu'on a envie de faire ici et maintenant, en fait.
- Speaker #0
C'est génial parce que ce que tu dis là parle aussi de la qualité de présence qui est une compétence clé en coaching. Pour moi, c'est la plus difficile à acquérir. C'est la qui paraît la plus simple, mais en réalité, c'est la plus difficile à acquérir. Et je trouve que ce que tu amènes là aussi amène cette réflexion sur la qualité de la présence de l'enseignant. Qu'est-ce que selon toi la posture de coach amène dans cette qualité de présence de l'enseignant dans sa fonction de transmission et d'accompagnement ?
- Speaker #1
J'ai pris beaucoup de recul justement par rapport à ça. Ta question est intéressante. La présence est... Et crucial, déjà la présence physique. On rentre dans la salle, déjà soi-même, on rentre dans l'arène, donc on sent des choses. Et puis le fait qu'on soit debout, alors heureusement aujourd'hui il n'y a plus d'estrade, mais il y a forcément déjà une position. On est un peu acteur. Physiquement, il se passe quelque chose avec les étudiants qui sont assis, soi-même on est debout, on peut circuler dans la salle. Ça crée déjà une présence. j'avais envie peut-être aussi de citer cette anecdote j'aime bien les anecdotes parce que c'est peut-être révélateur de toutes ces postures et de deux choses un peu théorique que l'on aborde sur la posture de coach je repense à un exercice là que j'avais demandé à mes étudiants que de faire en fait un exposé un exposé à l'oral bon Premier groupe passe, certains avaient leur smartphone, d'autres leur tablette, d'autres des notes dans la main, des slides très compliqués, il y en avait beaucoup trop pour les 10 minutes qu'ils avaient pour faire l'exposé. Enfin, t'imagines la chose avec la feuille qui tremble dans la main, etc. Bon, je leur laisse faire les choses. Et puis, sur le groupe d'après, je leur dis... Voilà, regardez ce qui s'est passé. Est-ce que vous étiez bien avec votre feuille dans la main ? Qu'est-ce que ça veut dire quand vous pliez à la feuille à la fin de votre intervention ? Est-ce que vous aviez vraiment besoin de votre smartphone ou de votre tablette ? Est-ce que vous avez vraiment regardé l'audience ? Qu'est-ce que vous pourriez améliorer dans votre prestation ? Et donc, leur permettre cette réflexivité de s'interroger eux-mêmes sur ce qu'ils ont fait et qu'est-ce qu'ils auraient aimé voir. pour être plus en connexion avec l'audience et pareil, faire participer à l'audience sur comment eux, ils ont vécu ce moment, est-ce qu'ils étaient connectés à la personne qui présente et est-ce qu'ils étaient aussi en pleine présence finalement avec la présentation ou est-ce qu'ils ont lâché parce que finalement la personne lisait sur ce qu'il y avait sur son téléphone, etc. Et ça, ça a été un moment clé, c'était le mois dernier, je crois. Un deuxième groupe arrive, il y en avait deux qui avaient des notes, je leur fais écouter. autorisez-vous, regardez, posez vos notes sur la table. Je vais vous dire quelque chose. Vous êtes étudiant, alors c'était pas tout à fait une posture de coach, mais vous voulez être parfait. Vous voulez avoir la meilleure note. Mais rien n'oubliez de ce que vous allez présenter. Je vous propose la chose suivante, c'est-à-dire, vous présentez, mais soyez en spontanéité, en présence. Peut-être que vous allez oublier des choses. Ce n'est pas grave si l'audience veut avoir ces informations. L'audience va vous poser des questions. S'il ne pose pas de questions, c'est qu'il n'y a pas besoin. Vous n'avez pas à être parfait, forcément. Autorisez-vous à être en pleine présence, en pleine connexion avec l'audience. Et alors, ce groupe m'a fait une présentation absolument extraordinaire. Ils n'ont pas eu besoin de leurs notes. Ils se sont révélés en connexion, en circulant dans la salle, en regardant l'audience un par un, etc. Et c'était fantastique. Et je me rappelle, une étudiante m'a dit, mais c'est incroyable ce que vous avez permis de faire, parce que pourtant, des présentations... on en fait dans notre formation on en fait tout le temps et vous êtes le premier qui nous libère de cette injonction de moi je veux que votre présentation soit parfaite il ne faut rien oublier il faut il faut éclairer tout non non autorisez-vous d'être en
- Speaker #0
pleine présence et après s'il y a des questions il y a des questions c'est tout ce que je trouve bien c'est ce que je trouve même génial c'est que tu dis c'est pas trop la posture de coach si t'as quand même dans la posture de coach de non Deux compétences que tu utilises clairement, c'est cette capacité à avoir des intuitions et en faire part et à la proposer sans l'imposer. Et donc, c'est ce que j'entends dans l'intonation que tu prends et j'imagine très bien la façon dont tu as dû l'amener. Je ne pense pas que tu as dit, bon, à partir de maintenant, les autres groupes, vous ne prenez pas vos notes parce qu'en fait, les notes, ça ne va pas. Vous allez voir, vous allez gagner quelque chose à ne pas prendre vos notes. Donc, les notes, on ne les prend pas. Non, là, ce n'est pas du tout ce que tu as mis. Donc, tu as vraiment cette compétence-là qui est une compétence de coach, qui est de partager des observations sur la base de ces observations, partager des intuitions et que tu combines avec cette capacité à proposer une tâche. Donc, un coach peut tout à fait, et ça, c'est ce qu'on apprend dans un coaching, c'est-à-dire on a observé tout ce qui s'est passé, tu as fait une session de débrief avec le groupe précédent et là, boum, tu proposes une tâche sans leur donner l'objectif, la finalité. de la tâche, mais en leur donnant de quoi sécuriser. Ça partait en 58. Tu as donné la tâche et tu l'as sécurisée. Tu leur laisses vivre pour ensuite la débriefer.
- Speaker #1
Donc là,
- Speaker #0
tu es en plein, plein dans ce qu'une posture de coach peut amener justement dans cette posture d'enseignant. Enseignant qui devient accompagnant, qui devient révélateur, qui permet de faire grandir.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
qui permet de faire grandir, qui permet aussi de doser. Je le fais peut-être un peu parfois par excès, mais sur les évaluations, par exemple, c'est vrai qu'un étudiant, il vient, il a peur, il veut avoir la bonne note, il veut passer. Il y a tout ça qui existe, de toute façon. Et moi, ce que j'aime bien faire, il y a des évaluations qui se font en groupe d'étudiants. Ce que j'aime bien faire, c'est leur dire, en fait, moi, ce qui m'intéresse, c'est comment vous allez déjà collaborer entre vous, mais aussi quelles questions vous allez vous poser pour résoudre la problématique qui vous est adressée. Et en fait, moi, je ne vais pas forcément vous noter sur le résultat final, je vais vous noter sur le processus. Comment vous avez fait pour résoudre le problème ? Peut-être vous allez me poser des questions. Moi, je suis le prof, j'ai de l'expertise, mais demain, de toute façon, en situation professionnelle, il vous manque quelque chose. Il faut aller chercher l'information et poser la bonne question. Et donc, finalement, l'évaluation, c'est quelle est votre capacité vous-même à résoudre une problématique ? Et ça, c'est assez intéressant. C'est perturbant pour certains étudiants qui sont habitués. Voilà, j'ai cinq questions, deux points par question, etc. C'est assez perturbant.
- Speaker #1
Moi, je trouve ça extraordinaire parce que mon cerveau, là, il traduit en fait, il traduit ce que tu es en train de dire en compétences de coach. Et là, là... Tu es d'accord avec moi qu'on est dans le cœur, le fin fond de ce qu'un coaching doit permettre à quelqu'un de faire, de quelle compétence ça permet d'acquérir, c'est changer de perception. Plutôt que de se dire « Oh, zut, je n'ai pas la réponse » , et s'enfoncer dans l'effroi du stress et la perte des capacités cognitives, c'est de se dire « Il y a une autre façon de voir la chose, je peux aller chercher une solution. » Et dans la vie, mais qu'est-ce que c'est précieux, ce mécanisme-là, c'est un muscle qu'on travaille. Et là, en fait, te dire que ce muscle-là, c'est celui qu'on cherche à développer, non en tant que coach quand on travaille avec un client, mais en tant qu'enseignant quand on adopte la posture de coach, du coup, on gagne ça, c'est travailler le muscle de l'étudiant à chercher des solutions, à voir les choses différemment, à ne pas s'enfermer et à ne pas considérer qu'il doit tout savoir et être parfait.
- Speaker #0
Et notre anecdote, justement, à ce niveau, et je crois que c'est assez… assez révélateur de tout ça. J'ai une étudiante qui m'a dit dernièrement, parce que justement, j'étais dans un questionnement réflexif pour leur faire contourner peut-être le caillou qui les bloquait dans la résolution d'un exercice. et elle me regarde et me fait et je trouvais ça enfin je les prie vraiment comme un compliment parce que pour moi c'est c'est justement cette posture de coach est essentiel pour permettre aux étudiants de vraiment d'apprendre de façon active md but you always have such a unique matic questions j'adore c'était exactement ça c'est à dire je dis pas est ce que c'est vrai est ce que c'est pas vrai c'est je les pousse questions ouvertes À réfléchir pour trouver par eux-mêmes comment faire.
- Speaker #1
S'il y en a qui nous écoutent et qui ne comprennent pas l'anglais, c'est là, l'étudiante a dit, vous avez toujours deux ces questions énigmatiques.
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Et oui, c'est un compliment.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Parce que tu sais, le fait de leur poser des questions comme ça, Olivier, ça montre à quel point tu as réellement confiance en eux et à quel point tu les considères comme étant capable.
- Speaker #0
Oui. Ah oui, c'est ça, c'est l'acceptation de l'autre tel qu'il est. Et justement, pas dans une position haute, mais sur aussi, vous pouvez aussi vous-même proposer, résoudre des choses. Même peut-être... Vous allez peut-être m'étonner en me posant une question où je n'ai même pas la réponse. En fait, moi, dans ma position d'enseignant, au tout début, j'étais là, j'avais cette exigence de savoir répondre à tout, de connaître tout, etc. Je me dis, mais si on me pose une question, je ne sais pas répondre, c'est la catastrophe. Alors aujourd'hui, plus du tout. Je ne sais pas, mais ce n'est pas grave. De toute façon, d'autres personnes ont peut-être la réponse. Et moi, je ne suis pas dans... ... Dans l'objectif de vous montrer que je connais tout à tout et vous, vous n'êtes rien. Ce n'est pas du tout ça.
- Speaker #1
Quand je t'écoute là aussi, ce qui me vient, c'est à quel point... Alors, deux choses. Il y a deux choses qui m'ont traversé l'esprit. On a tendance à dire, ah oui, posture de coach, diversité, bini oui oui. Mais bon, c'est très bien si on fait un cours de développement personnel ou si on fait un cours de communication. Mais là, j'ai envie de rappeler, Olivier, que tu es sur une matière financière. Et donc, on est bien en train de parler là de tout ce qu'on aborde là et fait sur une matière financière. Moi-même, quand j'étais en école de commerce, j'intervenais énormément sur les... les masters financiers et les MBA en stratégie. Donc, cette posture de gauche, elle n'est pas là pour améliorer uniquement les capacités à communiquer ou à faire des choses que certains trouvent gentillettes. Non, non, non. Elle est là pour rendre les gens plus puissants dans le sens plus capables d'agir, plus libres d'agir et plus autonomes et libres.
- Speaker #0
Et plus autonomes, tout à fait.
- Speaker #1
C'est hyper important. Ton regard sur justement... Alors, tu vois, on parle beaucoup aujourd'hui de diversité, on parle beaucoup de choses comme ça. Mon credo, c'est qu'on en parle beaucoup, mais en fait, on n'en parle pas. C'est-à-dire que soit on parle de la diversité quand on parle du handicap, soit on parle de la diversité quand on parle de la neurodivergence, soit on parle de la diversité parce qu'on parle des situations matériellement difficiles, etc., etc., etc. Moi, mon point, c'est que ça, c'est pas parler... de posture inclusive. Pour moi, la posture inclusive, c'est une posture que tu décris vraiment extrêmement bien. C'est celle dans laquelle chacun peut exister tel qu'il est. Et on est d'accord qu'un enseignant qui a 30 personnes devant lui ne peut pas être spécialiste des personnes qui ont été adoptées, spécialiste des personnes HPI, spécialiste des personnes TDAH, spécialiste des personnes qui ont des choix de vie différents de ce qu'on appelle bizarrement une forme de norme. On ne peut pas être spécialiste de tout ça. Donc toi, justement, comment est-ce que tu navigues concrètement dans tout ce bain humain diversifié ?
- Speaker #0
Je ne sais pas si je peux rationaliser cela dans une réponse. Ce que je peux te dire, et je pense que tu l'as déjà expérimenté aussi, c'est que ça consomme énormément d'énergie. Parce qu'il faut se connecter à chacun. Ça consomme beaucoup d'énergie. Et c'est un choix. C'est un choix. On peut très bien se dire, moi, je suis enseignant. Je n'ai pas envie d'aller là-dedans. Je ne m'intéresse pas. Moi, ce qui compte, c'est les connaissances, mon expérience. Je vous raconte ce que je sais faire. Et puis, voilà. ça demande beaucoup d'énergie. Après, il y a peut-être des personnes qui sont plus en capacité de le faire parce qu'ils ont peut-être plus de canaux empathiques, ils arrivent peut-être plus à créer. contact ou de la synchronicité avec les personnes à qui ils s'adressent et d'autres pour qui c'est peut-être plus difficile et c'est ok aussi. Ils le font sûrement différemment mais je ne sais pas comment rationaliser là.
- Speaker #1
En fait, ce que tu es en train de dire c'est que ça parle aussi beaucoup de qui l'on est. Et justement, moi, cette posture inclusive, je suis convaincue. Et c'est pour ça, quand je fais des formations ou des interventions ou des journées en entreprise sur le sujet, pour moi, le cœur de ce sujet, c'est justement qui l'on est. Et en fait, c'est ce que tu dis. C'est ce que tu es en train de dire, même si ce n'est pas rationalisé. Je vais te le rationaliser. Tu me dis si tu es d'accord avec l'approche dont je te parle. Mais pour moi, justement, la question de l'inclusion ne peut pas être ramenée uniquement à la connaissance d'une forme d'exclusion, mais plutôt ramenée à, justement, qui l'on est, son rapport à l'autre, à soi, nos biais, nos convictions, nos croyances, notre fonctionnement, notre degré d'empathie. Il y a tellement de paramètres intimes pour réellement développer la posture inclusive. Et c'est là où, en fait, la posture de coach est intéressante parce que tu vois bien que dans un... parcours pour devenir coach, on travaille tout ça. On se questionne sur tout ça. Et c'est cette prise de hauteur sur soi qui permet de mieux accueillir l'autre.
- Speaker #0
C'est ça. Je crois que c'est un bon résumé. Oui, tout à fait.
- Speaker #1
C'est un peu ce que tu disais, même quand tu ne l'as pas dit comme ça, mais tu vois, quand tu dis que ça demande de l'énergie pour d'autres, peut-être que ça en demande moins, mais en fait, c'est ça. C'est que la base, numéro un, Et c'est pour ça que d'ailleurs, dans les compétences du coach, c'est des compétences, pour ceux qui ne savent pas, mais les deux premières compétences, si on ne les valide pas en tant que coach, on ne peut juste pas valider du tout une certification. Donc, c'est cette capacité que l'on a à incarner cette posture de travail sur soi. La compétence 2, c'est ça, c'est vraiment le travail que l'on fait sur nous-mêmes, les formations que l'on peut faire, est-ce que l'on est supervisé pour justement améliorer cette capacité à prendre du recul. Tiens, en parlant de supervision, j'ai pas fini ma phrase, qui amène justement à mieux accueillir la diversité. En parlant de supervision, qu'est-ce que tu penses ? Je vais te dire pourquoi je te pose cette question. Pour moi... Un enseignant devrait être supervisé. J'ai fait pas mal, je fais beaucoup de formation auprès des enseignants et d'accompagnement ou de coaching auprès des dirigeants d'établissement. Et c'est vraiment des questions, des fois, que je leur adresse ou qui viennent d'eux-mêmes suite à une session d'accompagnement ou de formation. La question de la supervision des enseignants, qu'est-ce que tu en penses ?
- Speaker #0
je pense qu'il ya supervision et supervision parce qu'aujourd'hui des choses qui se font à l'inspection comme ça moi j'ai lancé dans des établissements c'était à l'étranger mais j'ai été mais audité, c'est-à-dire responsable de la formation, était venu voir un cours pour après, qu'on échange, qu'on fasse des feedbacks. OK, pourquoi pas ? Je pense qu'effectivement, la supervision, qui serait un peu comme... on a en coaching tout à fait plus travail sur le processus et ça comment tu aurais pu faire différemment et vraiment poser des questions vert c'est quelque chose qui serait extrêmement riche et bénéfique pour les enseignants mais au milieu d'une vie n'existe aujourd'hui ça existe pas ou peu ça existe sûrement dans certains établissements parce qu'il ya aussi une question de moyens il ya aussi une question de pas de temps parce que ça ça demande quand même du temps je pense que ce serait extrêmement bénéfique et à ce sujet je te lis encore une une anecdote. Je suis beaucoup dans les anecdotes. Non,
- Speaker #1
mais c'est chouette. Ça rend le truc vivant et tu nous fais voyager.
- Speaker #0
Justement, je vais te faire voyager dans l'école de mon fils. C'est en Hongrie. Mon fils a changé de maîtresse cette année. Une maîtresse qui est arrivée avec des méthodes un peu nouvelles, on va dire alternatives, d'enseignement. Et elle a... que voilà un court très directrice très directeur avec une position très haute ce qui est l'usage dans l'éducation hongroise mais peu importe que ça en hongrie elle était plutôt travaillant les étudiants les élèves, en petits groupes, et puis leur permettre d'être en co-construction, en collaboration, etc. Moi, j'ai trouvé ça super. Et en fait, ça a été un échec total. Échec total parce que faire vivre un groupe, c'est pas facile, déjà. Les élèves, ils ont quoi, une dizaine d'années ? Ils sont pas forcément habitués à travailler les uns avec les autres. Et ça n'avait jamais été fait avant dans cette école. C'était pas le système éducatif. éducatif, évidemment levé de bouclier des parents qui disent oui mais ils vont pas avoir les bonnes compétences à la fin etc bref il a fallu faire marche arrière pour cette enseignante et elle était seule à porter ça en école Et là, je pense que là où ça aurait été intéressant, c'est justement qu'elle soit, déjà qu'elle ne fasse pas ça toute seule, un peu de son côté, sur la base d'une conviction, mais qu'elle s'entoure et qu'effectivement, il y ait une émulation avec d'autres profs, qu'il y ait des échanges, de la supervision, des choses comme ça. Et ça aurait pu, avec du temps, bien sûr, ça ne se fait pas en quelques mois ou même en une seule année, mais je pense que c'est une approche qui pourrait vraiment faire la différence.
- Speaker #1
Écoute, je vais rebondir. sur ton anecdote parce que je suis intervenue il y a quelques années de ça maintenant dans une école classe de cm2 avec le même objectif c'est à dire donc il y avait l'enseignante donc moi je suis venue j'avais proposé de travailler sur la base d'un projet et donc pour la première fois les enfants ont été mis donc on a même changé les dispositions des tables On a vraiment tout changé. C'était très nouveau et je leur ai donné beaucoup d'outils, sans leur dire je vous donne des outils, d'outils pour justement collaborer ensemble. On avait créé des groupes projets. J'avais un groupe de juristes, un groupe de journalistes, ils avaient chacun leur objectif, on va dire, pour créer une communication. communes auprès de l'école, mais par exemple, les juristes devaient s'assurer des droits à l'image, par exemple. Donc, ils ont dû créer ensemble. Et là-dedans, on a essayé aussi de faire entrer des compétences de l'école, donc français, mathématiques. Et c'est vrai que quand on fait ce type de projet, ça demande à ce qu'il y ait... Alors, moi, j'en parle sur mon site, par exemple, tu sais, j'appelle ça l'équilibre inclusif, quand je parle d'inclusion. Et là, c'est la même chose. Quand on va sur ce genre de démarche, il faut qu'il y ait un équilibre entre l'environnement de l'école, est-ce que c'est porté ou pas, la personne qui transmet, est-ce qu'elle est bien équipée ou pas, et bien sûr, est-ce que les enfants eux-mêmes, on leur a expliqué la finalité. Donc en fait, il faut qu'il y ait cet équilibre entre les trois sphères, parce que sinon, il va manquer un bout. Et là, pour le coup, ça a été... un énorme succès. Les parents ont été heureux parce que, du coup, il y a beaucoup de choses. Il y avait une situation de harcèlement dans la classe, qui était cristallisée, des enfants qui ont pu être dévissés, je ne sais pas comment dire, solutionnés. La maman était venue en me disant, ça fait des années que ça dure et en fait, on n'arrivait pas à en sortir. Pareil, des enfants qui ne parlent pas. qui ont pu parler, parce qu'on avait tout un système de paroles, des enfants qui pensaient ne pas y arriver, mais du coup, ça débloque les apprentissages à côté. Parce qu'on crée une victoire, on crée une récompense, on crée de la confiance. Ceux qui ne parlaient pas au début, qui du coup se mettaient debout en disant « Oui, mais moi je vais faire ça ! » Ceux qui ne parlaient pas à l'oral, qui ne présentaient pas les projets, qui se mettaient à présenter les projets parce que c'était joyeux et qu'on avait le droit de se tromper. Et donc, c'est intéressant l'exemple que tu amènes là, Hongrie, Alors, Hongrie ou France, ce serait exactement pareil. À partir du moment où l'enseignant a une conviction et que du coup, il n'y a pas toute cette conscience.
- Speaker #0
C'est ça, c'est ça.
- Speaker #1
Ça peut finir en échec total. C'est ça. Ou alors, quand tout est bien posé, tout est bien calé, compétence 3 sur l'objectif. C'est vraiment les trucs de la posture de coach qui aident à calibrer ce type de projet et à faire en sorte que tout le monde soit partie prenante avec son propre objectif. Et puis, selon ce qu'on est, on est les prises de conscience. Et là, soit au niveau parents, enfants, école ou direction de l'école, ça a été génial.
- Speaker #0
Transformatif. Oui, j'entends.
- Speaker #1
Donc, tu vois, c'est vraiment ce que moi, je trouve intéressant dans cette posture de coach pour les enseignants et sur la question de la supervision. Quand c'est venu de la part d'enseignants, c'est vraiment dans l'angle, comprendre ce qui joue chez moi dans une situation où je suis en situation de contrôle. avec des élèves. Donc moi, je suis souvent accompagnée des enseignants cycle 1, cycle 2, donc jusqu'au collège, un peu lycée, et en école de commerce, c'était plutôt moi qui transmettais. Et ce qui ressort quand même, c'est le besoin. Et quand on prend conscience qu'en fait, il se passe des choses chez nous, du coup, c'est de travailler ça. Qu'est-ce qui se passe chez moi quand un enfant fait preuve de ce que moi, je considère être de l'insolence ? Ce qui est très différent que de dire « il est insolent » . Surtout quand on est face à un enfant HPI ou quoi, ou TDAH, ou DISS, ou même Asperger, qui va juste verbaliser ce qu'il ressent et ce qu'il pense au moment où c'est là, il ne fait pas preuve d'insolence, en fait. Mais qu'est-ce qui fait preuve de l'insolence ?
- Speaker #0
Oui, exactement. Qu'est-ce que ça renvoie, qu'est-ce que ça veut dire aussi sur moi ?
- Speaker #1
Qu'est-ce que ça veut dire sur moi ? Et ce travail-là, les enseignants ne le font juste jamais.
- Speaker #0
Ils ne le font jamais. Ils n'ont pas la possibilité de le faire. Et Dieu sait si c'est crucial. coaching.
- Speaker #1
Clairement.
- Speaker #0
Cette approche, ce questionnement, cette analyse aussi plus systémique, plus holistique de ce qui est en train de se jouer.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Regarde sur je me rappelle une intervention où on a travaillé sur la confiance et donc tout un sujet sur le feedback. Et là, les prises de conscience monumentales sur le pouvoir des mots et la construction du feedback. Et alors qu'on parlait d'enseignants qui étaient tuteurs pour des futurs enseignants, en fait, on a complètement vif sur qui est sûr. Mais est-ce qu'on peut parler des feedbacks qu'on fait aux élèves ? Parce que là, on se rend compte qu'il y a un sujet, en fait. Oui. Donc, intéressant, Olivier, on va... Passionnant. On va clôturer gentiment là-dessus. J'aimerais bien que tu nous partages ta vision finale suite à notre échange et les messages que tu veux transmettre.
- Speaker #0
Je crois qu'on a quand même bien balayé l'importance, ou finalement, qu'est-ce que peut apporter une posture de coach dans l'enseignement, qui au fond, je crois, c'est rendre l'étudiant... actif de son propre apprentissage et lui permettre, lui, aussi de s'interroger sur qu'est-ce qu'il veut faire de ses connaissances, comment il peut les utiliser aussi dans d'autres contextes, et finalement permettre à chacun de révéler son potentiel. Je crois que c'est ça. C'est un peu ma mission quand je suis enseignant. Mais je pense que ça pourrait faire l'objet d'une autre discussion. Il y a tout un... je pense, toute une évolution de l'éducation qu'on va voir avec l'intelligence artificielle qui arrive, et comment on fait pour intégrer ça, et surtout, comment on fait justement pour transformer l'éducation en une éducation des cours beaucoup plus expérientiels, justement.
- Speaker #1
J'adore, il faut qu'on en parle, parce que c'est un vrai sujet. C'était déjà vrai avec l'arrivée des réseaux sociaux, je me rappelle une intervention dans une école de cuisine, Et où là, les réseaux sociaux sont pourvoyeurs d'une quantité de cours, quelque part. Donc, des étudiants qui arrivent en s'entendant déjà, sachant qu'est-ce qu'on a à leur apporter. La position et l'apport du professeur évoluent aujourd'hui avec le temps. Il y a, on remet une couche monumentale. Donc, qu'est-ce qu'on apporte de plus que ce que la machine peut délivrer en quatre secondes ? C'est ça.
- Speaker #0
La posture de coach est une réponse, je pense, ou en tout cas, une réponse possible. qui peut permettre énormément d'évolution vers plus d'expérientiel, vers plus d'être les mains dedans, dans ce qu'on peut utiliser, dans comment on peut utiliser les compétences dans d'autres contextes. Je crois que tout ça, c'est un vrai... Ça sera une grande transformation du monde de l'éducation, en tout cas.
- Speaker #1
On prend rendez-vous ?
- Speaker #0
Ah ben, écoute ! Avec plaisir.
- Speaker #1
Je pense que c'est quelque chose qui... perd un peu les enseignants. Alors, on a eu le choc des générations, ensuite, on a l'arrivée de l'Internet, les réseaux sociaux, ça va vite, les changements sont brutaux pour les enseignants et finalement, leur formation, elle, n'a pas forcément évolué aussi vite. Tout ce qui est gestion de la diversité humaine, c'est pareil, tout cet aspect émotionnel, tout ça n'est pas vraiment abordé, donc oui, on prend rendez-vous pour parler de ça.
- Speaker #0
Avec plaisir. Merci, Patricia. Merci, Patricia.
- Speaker #1
C'était très, très riche. On se retrouve pour d'autres échanges, d'autres découvertes, d'autres pas de côté. Et puis, n'hésitez pas à contacter Olivier. On mettra toutes ses coordonnées sous la vidéo. Enfin, pas la vidéo, sous le podcast. Et moi, je vous invite à continuer à écouter les podcasts de l'ECU. À bientôt.
- Speaker #0
À bientôt. Merci.