- Speaker #0
Alors bienvenue sur le podcast Amalia, le podcast où on fait un pas de côté. Alors je suis en train de sourire parce que ça fait maintenant presque une heure qu'on discute avec Fabienne et qu'on n'a pas démarré l'enregistrement. Et on partage un moment d'une grande simplicité. On a parlé d'un peu tous les sujets et le sujet pour lequel on était censé se rencontrer aujourd'hui, c'est... un peu la charge raciale, la charge mentale, un peu l'héritage qu'on peut avoir. Mais j'ai envie d'ouvrir ce podcast et de dire qu'il n'a pas vraiment de sujet et qu'on va continuer à parler comme on le faisait, là, Fabienne, si tu veux bien. Et je te remercie d'être là.
- Speaker #1
Avec grand plaisir. Je suis super contente de passer ce moment-là avec toi. Et je vais même oublier, je pense qu'il y a des auditeurs, en fait. Je crois que tu vas être un peu égoïste à cet instant-là. Et de juste partager un moment sympa avec toi, Patricia. Parce que ça fait du bien, on en a besoin. plus que jamais aujourd'hui je trouve qu'on en parlait tout à l'heure sur l'ambiance on va dire l'environnement qui est de plus en plus anxiogène, beaucoup plus de peur et en fait de pouvoir créer une bulle de quelques minutes avec quelqu'un justement où c'est simple et facile, ça fait du bien au coeur et ça va me permettre de repartir pour ma journée donc merci en tout cas d'avance parce que je sais que ça va être ça, merci pour ce temps
- Speaker #0
Moi, je te retourne le remerciement parce que c'est des moments qui sont rares. On parle souvent des rencontres. Tu as fait partie des vraiment chouettes rencontres de mon année 2024. De par sa grande simplicité, comme je te disais tout à l'heure, la simplicité, c'est un mot qui est simple, qui veut dire énormément de choses. pour moi. Et c'est un peu de cette simplicité qu'on va partager à ceux qui voudront bien nous écouter. Juste, est-ce que tu peux commencer par nous raconter un petit peu qui tu es, ton parcours et après on reviendra sur des choses. Il y a des choses qu'on a partagées tout à l'heure sur lesquelles j'aimerais qu'on revienne.
- Speaker #1
Alors, cette question de qui tu es, c'est quelque chose qui m'anime depuis 4 ans, que j'y réfléchis. que j'y pense. En fait, l'histoire est née qu'il y a quatre ans, j'ai créé mon entreprise de coaching et de conseil en management. Et en fait, il fallait mettre un nom à cette entreprise. Et je cherchais, je cherchais comme tout le monde, je cherchais un nom à son entreprise qui parle à ses futurs clients, etc. Et en fait, moi, ça ne s'est pas exactement passé comme ça. C'est que moi, il y a beaucoup de choses qui m'apparaissent. Je ne peux pas expliquer comment. Ça devient une évidence, c'est ça. Et ce mot qui est arrivé, c'est oser être Et oser être pour être honnête, je ne comprenais pas le sens. Je me disais ok, oser être Puis je me suis dit mais comment je vais vendre ça à une entreprise ? Ils ne vont jamais rien comprendre. Oser être J'en ai fait un podcast. J'ai créé toute une marque autour de oser être Et c'est qu'il n'y a pas si longtemps que ça, finalement. que j'ai compris ce que c'est causer être. Ah non,
- Speaker #0
qu'est-ce que c'est causer être ?
- Speaker #1
En fait, c'est le fait de m'être libérée d'un certain nombre de croyances, de peurs qui m'ont amenée à aller chercher la personne que je suis au plus profond de moi. C'est-à-dire qu'on porte souvent des masques. On a, j'appelle ça aussi le crapaud, une partie qui est nos... nos peurs, etc. Et en fait, l'essence de qui on est, vraiment, qui est encore plus loin, plus profond que la personnalité, c'est plus fort que la personnalité, c'est vraiment l'essence. Et pour connecter à ça, en fait, j'ai eu deux choses. La première, c'est de travailler beaucoup sur moi, donc de vraiment avoir une vraie transformation personnelle grâce au coaching, grâce à la supervision après. Voilà, j'ai toujours été coachée pendant quatre ans, j'ai toujours été accompagnée. Donc ça, ça m'a aidé à les connecter. Mais ceux qui m'ont aidé le plus, ce sont mes clients. Parce que mes clients, en fait, donc j'accompagne aujourd'hui principalement des dirigeants et des managers. Et en fait, beaucoup de coaching individuel en one-to-one. Et dans ce coaching individuel, ce qui est intéressant, c'est que pour que la personne puisse oser se connecter à elle-même et qui elle est, et justement faire un travail à profondeur, le coach, il a besoin d'aller aussi connecter à cette partie de lui. Et en fait, à force de faire justement ces coachings-là et de la connecter à... à mon propre moi, on va dire, de qui je suis, et d'être totalement 100% libre et 100% moi, en fait, ça m'a aussi permis de rendre facile... Voilà cette connexion. Et voilà, et donc aujourd'hui, j'ose être moi 100%. Je le fais, si je mets un masque, je le fais en conscience, ce qui change drastiquement, justement de ma vie précédente pour faire le lien avec ce qui était ma vie d'avant ma création en 2020 de mon entreprise. Donc j'étais manager responsable d'équipe en innovation chez L'Oréal. Et justement, quand je suis arrivée en 2006, j'étais moi justement, parce que mes parents m'ont élevée comme ça. Donc j'étais, j'osais être moi, j'avais la coiffure, les cheveux, les couleurs, etc. Et au fur et à mesure des années, sans m'en rendre compte, parce que c'est plutôt insinueux, en fait, j'ai mis de plus en plus un masque. C'est-à-dire de ne pas faire ci, parce que j'avais des feedbacks, il ne faut pas faire ci, il ne faut pas être comme ci. trop rigoler, ça ne fait pas sérieux.
- Speaker #0
Tu dirais que c'est quelle partie de toi que tu as dû justement camoufler, adapter, mettre sous cloche ?
- Speaker #1
Vraiment, mon essence qui est que je suis quelqu'un de jovial, je prends la vie du bon côté, je suis quelqu'un qui va voir plutôt le positif hyper optimiste et je ne vois pas forcément le négatif chez les gens, dans le projet, dans n'importe quoi. Et donc, j'avais une certaine forme de naïveté qui était, mais qui, moi, me transcendait et qui faisait que j'adorais ce sentiment intérieur de la naïveté. Sauf que dans le monde de l'entreprise, j'ai bien compris très rapidement que la naïveté était jugée négativement. Donc, en fait, après, j'ai commencé à cacher un peu, à paraître sérieuse, à ne plus sourire, à montrer un visage plus fermé. Ça se voit sur des photos que je vois maintenant de cette époque-là. Les cheveux, je les ai laissés pousser alors que j'avais plutôt les cheveux courts. parce que ça faisait plus corporate. Je m'habillais aussi. L'Oréal, en plus, c'est le monde de la beauté, donc c'est en plus spécial. Et puis, au fur et à mesure du temps, je pense que j'ai grignoté, mais encore une fois, sans aucune conscience de tout ça. Donc voilà. Et il y a eu juste un jour, un événement, mais complètement anodin, où je suis avec ma chef et elle me dit un truc. Et là, je n'arrête pas de répéter en boucle jusqu'à ce que je rentre chez moi. Qu'est-ce que je fous là ? Qu'est-ce que je fous là ? Qu'est-ce que ça dit ? Je ne sais même plus. C'était une dispute sur un truc lambda, mais c'était la goutte d'eau de plus qui a fait que c'était un non-événement pour moi, mais c'était le cumul de tout ce que j'avais vu, vécu avant qui fait que j'ai dit, mais qu'est-ce que je fous là ? Et en fait, avec du recul, en refaisant l'histoire, en fait, j'ai tout fait. J'étais à ce truc-là où je pense que je n'étais tellement plus moi et ça m'a suivi pendant les quatre ans, ces quatre dernières années, où je... je me demandais qui j'étais. Je ne me savais plus. Je me disais, mais qui je suis réellement ? Et je pense que c'est ce cheminement-là que j'ai fait pendant ces quatre ans-là, de savoir... Ce n'est pas d'être qui je veux, c'est plutôt de reconnecter avec qui je suis vraiment.
- Speaker #0
Tu étais, et voilà. Et ce sentiment, parce que ça, c'est un truc qui me parle aussi après le burn-out, parce que moi, j'ai passé pareil. Je me suis construite. Alors, ce que tu décris, alors c'est... C'est très marrant parce que ça, on n'en avait pas encore parlé. Mais ce que tu décris, c'est aussi ce que j'ai vécu, où je suis devenue une manager hyper adaptée, hyper… Oui, c'est ce truc où tu éloignes des parts de toi qui pourraient être dangereuses pour ta progression dans la société telle qu'elle est formulée, telle qu'elle est formalisée, telle que… Les demandes sont faites sans être faites, parce que des fois, tu as des demandes qui sont faites sans être faites, mais que tu reçois par empathie, par ce que tu veux. Et ce moment où tu as fait ça pendant des années, plus de 10 ans, 15 ans, 20 ans, où tu as fait ce travail de conformisation, je ne sais pas si ça existe, mais on va l'inventer aujourd'hui. Tu as fait ce travail, cet effort de conformité inconscient. Et qu'à un moment donné, donc moi, ça a été le burn-out. Toi, tu as eu ce fameux moment où tu te dis, qu'est-ce que je fous là ? Et à un moment donné, se pose la question, mais tu es qui ? Et en fait, tu n'as pas de réponse. C'est-à-dire que moi, une fois que j'ai eu ce burn-out, que j'ai été sortie du système entreprise, le néant. Le néant. C'est-à-dire que sans mon titre de responsable du département pilotage de la performance de cette société, en dehors de ça, j'étais personne. Je ne savais pas.
- Speaker #1
Non mais c'est là où... C'est exactement ça, c'est exactement ça. Et ce qui était marrant en fait dans l'histoire, parce que je reste connectée avec des anciens collègues et tout, qui ont un très bon souvenir de moi, c'est qu'il y avait des moments quand même où j'étais moi. Mais en fait, c'était dans certaines conditions, c'est-à-dire avec des personnes à qui je fais extrêmement confiance. C'est là qu'on voit pourquoi l'importance de la confiance en entreprise était importante pour autoriser les gens à être eux-mêmes. Petit comité et confiance. Et donc, il y a des personnes qui ont connecté avec moi comme ça et qui, justement, n'ont pas compris mon départ, ont regretté, etc. Parce qu'ils ont vu, eux, cette partie-là de moi. Mais ce n'était pas la... personnes que je montrais le plus dans l'entreprise, ce n'était pas suffisant au quotidien, parce que ça veut dire qu'on se perd, en fait, en quelque part, parce qu'on n'est pas assez soi dans une journée, en fait.
- Speaker #0
Non, mais c'est clair. On n'est pas assez soi dans une journée. Elle est magnifique, cette phrase. C'est vrai qu'on pourrait se poser et se poser et regarder les dernières journées qu'on a passées, là, et plutôt que de noter les trois kiffs du jour, se noter les moments, parce que c'est ce truc à la mode, mais se noter. les moments de la journée où vraiment on a osé, où on a été soi-même. Et alors, à ton avis, Fabienne, à ton avis, ce serait quoi les repères ? Qu'est-ce que tu dirais qu'il y a comme repères pour savoir si on a été soi-même ? Si quelqu'un se dit, voilà, je vais reprendre ma semaine et je vais regarder dans ma semaine lundi, mardi, lundi, quand est-ce que j'ai vraiment senti, et tu vois, j'utilise le verbe senti, que j'ai été moi-même.
- Speaker #1
C'est intéressant ce que tu dis parce que, tu vois, le seul truc qui me vient à l'esprit spontanément, c'est le corps, c'est-à-dire les signaux du corps. C'est-à-dire que, je ne sais pas pourquoi je dis ça, mais c'est le truc qui me vient comme ça, les signaux du corps, les vibrations, elles ne sont pas les mêmes. Mais en fait, faut-il encore être connecté au corps ? C'est-à-dire que moi, je sais que je ne faisais pas forcément de lien entre mes émotions, mon corps, ma tête, tu vois, j'étais très cérébrale. Et donc, en fait, je ne connectais pas forcément avec les émotions et le corps. C'est ce que j'invite mes clients à faire, c'est-à-dire de lâcher un peu le mental pour pouvoir connecter un peu plus avec le corps. Mais en fait, quand tu es toi, en termes d'énergie, en termes de vibrations, en termes de... C'est un autre niveau. Tandis que quand tu n'es pas toi, en fait, tout devient douloureux, tout devient difficile, tout devient chiant, tout devient... Tu vois, c'est... c'est vraiment l'ombre et la lumière tu vois un peu ce côté là c'est vraiment c'est lourd est-ce que tu as ressenti à un moment donné de la légèreté est-ce qu'à un moment donné tu as dit je me suis sentie en
- Speaker #0
vibration ça veut dire quoi ça veut dire j'ai senti qu'on va considérer qu'on est des émetteurs comme une radio et tout ça Est-ce que là, j'ai senti que l'émission que j'ai faite, ce que j'ai émis était fluide, lumineux ?
- Speaker #1
C'est ça, normal.
- Speaker #0
Normal, voilà, normal.
- Speaker #1
Oui, c'est ça.
- Speaker #0
Normal pour moi, pas normal pour les autres. Parce que le problème, c'est de chercher à être normal pour les autres.
- Speaker #1
Tout à fait, tout à fait. C'est vraiment pour soi. Et là, c'est encore, je pense, quelque chose que moi, j'ai appris avec ces quatre ans et qui a été clé, c'est l'introspection. C'est-à-dire que... quand tu commences à faire de l'introspection, tu commences à connecter à ça et tu commences à te dire, OK, là, qu'est-ce qui... Comment je me sentais ? Comment j'étais ? Comment... Et quand tu sors de ce que tu es en train de faire ou de ce avec qui tu étais, tu repars avec plus d'énergie que quand tu es toi. C'est-à-dire que tu n'es pas... Je trouve que quand tu mets un masque, ça te demande déjà une énergie, tu pompes une partie d'énergie pour mettre ce masque, pour le tenir. Donc en fait, tout ça, on ne le sent pas, mais ça, c'est de la charge mentale, c'est de l'énergie pompée qui est prise pour faire ce rôle.
- Speaker #0
Exactement. Et elle n'est pas payée, parce qu'à Hollywood, tout ça, sur les plateaux à Cincinnati, ils sont payés pour le mettre, le masque.
- Speaker #1
Exactement, c'est vrai. Exactement, et en plus, on n'est pas payés. On n'est pas payés. on le fait en plus voilà et donc en fait cette énergie là qu'on ne conscientise pas qu'on ne se rend pas compte comment ça prend et en fait ce qui était intéressant c'est que quand justement tu commences à retirer le masque les gens ils te disent ton visage il a changé parce que les gens ils voient même sur ton visage physique bien sûr parce qu'en fait t'as plus d'énergie t'as plus envie t'es plus positif etc parce que justement toute l'énergie que tu mettais à mettre ce masque tu le remets tu peux la mettre sur autre chose sur autre chose en fait pour moi c'est un peu ça quoi merci
- Speaker #0
Et dans ce que tu dis, il y a la question de, en gros, qu'est-ce qui est normal pour moi ? En fait, c'est d'être en capacité de répondre à ces questions. Qu'est-ce qui est normal pour moi ? Parce qu'en fait, ce pour moi il a l'air anodin, mais il n'est pas anodin. Parce que ce qui est normal… Pour moi, ça veut dire que je me considère, ça veut dire que je considère mes besoins, je considère mes limites, ça veut dire que je considère. En fait, non seulement j'ai conscience, mais en plus, je considère. Parce qu'il y a des gens qui ont conscience que ça, je n'aime pas trop, mais ils ont la conscience de ce qu'ils aiment ou qu'ils n'aiment pas trop, mais ils ne considèrent pas ça.
- Speaker #1
C'est là que c'est intéressant ce que tu dis, parce que je le retrouve éminemment sur l'ensemble de mes clientes. qui ont une charge mentale plus plus, c'est d'être sa priorité. C'est ça. Moi, ça a été une bascule très clairement de ne pas me soucier de ce que les gens pensent et de si je suis égoïste ou pas, de savoir que je dis, moi, je passe avant, par exemple, des fois, mes enfants. C'est-à-dire que je sens que je suis fatiguée, je ne vais pas bien et j'ai besoin, je ne sais pas, de sortir, de voir des copines. Et je décide de le faire en toute conscience et de me faire passer, même avant mes enfants, avec cette croyance que plus moi je suis modélisante pour mes enfants, je suis bien, plus je serai aussi bien et moi-même au quotidien. Et puis c'est ce qu'ils vont voir aussi de moi. Et eux-mêmes, ils vont s'autoriser à être eux et à vivre comme ça. Donc c'est un peu ça, mais c'est vraiment se détacher de ça. qui peut ne pas être évident, qui a été pour moi en tout cas clé de me dire je suis ma priorité, qui est une phrase simple, mais qui en fait c'est un vrai cheminement et un vrai travail sur soi pour y arriver.
- Speaker #0
Est-ce que tu dirais, alors ça a l'air de passer du coq à l'âne, mais je ne pense pas, qu'en tant que femme noire, le fait de se dire je suis ma priorité, j'ai des besoins. Je me considère. Est-ce que tu penses que le fait d'être une femme noire, ça ajoute... Quel impact ça a sur ce cheminement que toi, tu as fait ?
- Speaker #1
Ça met beaucoup d'émotions que tu le poses comme ça. Je vais les redescendre et essayer d'être... Alors, il y a plusieurs choses dans ce que tu dis. C'est déjà notre éducation. Moi, je ne savais même pas ce que c'était le mot besoin, en fait. Moi, je me rappelle de la formation, je fais Chacal et Giraffe, qui est la communication non-violente. Et le formateur me dit, Fabienne, quel est ton besoin ? Et moi, je me vois en train de pleurer parce que je n'arrive pas à déterminer ce que c'est qu'un besoin. Dans ma culture, on ne dit pas, on n'a jamais posé de question qu'est-ce que tu veux. C'est comme ça et puis c'est tout en fait. Il n'y a pas de jugement de savoir est-ce que c'est bien ou pas bien. C'est pas ça le sujet, c'est que c'était comme ça. Et donc ça fait qu'on a un bagage culturel qui est assez fort, qui fait que déjà, voilà, l'éducation fait ça. Puis après, il y a tout le bagage de l'histoire qui vient d'avant. Est-ce qu'un esclave... avait l'autorisation de se dire je suis la priorité Il ne pouvait même pas, ce n'est même pas un truc. Et il faut se dire que si nous, nous sommes en vie et que nous sommes là, c'est que nous sommes l'héritage des plus forts, justement ceux qui ont dû peut-être s'oublier d'exister, d'être quelqu'un, pour pouvoir survivre. Donc en fait, nous, notre héritage, c'est ça. Et ça fait que c'est des personnes qui sont dans le sois fort qui sont dans le sois fort On hérite de trucs qu'on a dû s'oublier en quelque part pour pouvoir supporter la souffrance et la douleur qu'ils ont vécues. Et ça, c'est en nous, c'est dans nos cellules, quoi qu'on veuille ou pas.
- Speaker #0
J'assistais à une conférence hier sur les traumatismes qu'on a pu vivre et il y a une phrase qui m'a vraiment marquée, c'est que... On peut récupérer, je l'ai écrit telle qu'elle est, c'était une conférence de Nadine Bousquet, on peut récupérer un état de stress post-traumatique jusqu'à trois générations.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Donc, tu vois, quand on est antillaise,
- Speaker #1
bien sûr,
- Speaker #0
tu entends cette phrase.
- Speaker #1
Le truc, c'est que les gens, tu vois, des fois, ils me disent, ah oui, mais quand même, Fabienne, l'esclavage, c'était loin pour toi. Et je dis, attention.
- Speaker #0
C'est pas loin du tout.
- Speaker #1
C'est pas loin du tout. Et je dis, je vais vous donner un exemple très concret. À chaque fois, je donne cet exemple-là parce que pour montrer que ce n'était pas si loin, quand j'ai présenté mon mari, mon futur mari, parce qu'à l'époque, on n'était que juste de petits amis, à ma grand-mère, ça m'a un truc qui m'a marqué. D'ailleurs, ça m'a choqué. Je me revois vraiment même la scène où je présente mon mari qui est grand et blanc et ma grand-mère qui baisse la tête en me disant Bonjour, monsieur. Et moi, ça m'a foutu les boules, en fait. Tu vois, je me suis dit, punaise. Et donc, moi, j'ai réagi avec ma jeunesse. Je me suis dit, mamie, c'est mon copain. Non, non, mais tu ne te mets pas comme ça. J'ai été spontanée dans la réaction. C'est bien plus tard que ce truc-là est arrivé. Mais je me suis dit, elle, pour ma grand-mère, qui n'est pas si loin que ça, pour elle, elle était encore dans un système de dominé-dominant. Donc, en fait, ce n'est pas si loin que ça. cette histoire et c'est juste en être conscient que c'est là, on peut y travailler dessus etc. Mais c'est pas ça le sujet aujourd'hui que je voulais vraiment aborder, c'était plutôt de se dire qu'on a ce bagage là qui fait que c'est une charge aussi en plus parce qu'il y a ça, plus toutes les croyances, injonctions qui sont données au fur et à mesure sans qu'on se rende compte par exemple, et ça c'est que tous les gens issus de la diversité l'ont souvent, il faut pas faire de vagues. Fais attention Fabienne, pour ne pas pénaliser ceux qui viennent après. Fabienne, fais attention, qu'ils ne pensent pas qu'eux. Et en fait, ça fait que tout ce qu'on fait, ou tout ce qu'on est, c'est au regard des autres.
- Speaker #0
C'est au regard des autres. Et c'est pour servir aussi d'exemple, parce que j'imagine que, en tant que manager de haut niveau chez L'Oréal, ou même moi, ce que j'ai connu, tes collègues, il y en avait très peu qui te ressemblaient. Donc déjà, même si c'est que toi, Moi, dans la finance,
- Speaker #1
ça se comptait. Moi, j'étais chérie, ça va alors encore.
- Speaker #0
Ça t'a dit les femmes, mais femmes qui te ressemblent. Donc finalement, tu te retrouves, quoi que tu fasses, à être l'exemple.
- Speaker #1
Oui, exactement. Et puis, c'est un point qui est assez important. Alors, ça m'a fait créer une valeur importante d'exemplarité qui est quand même très prononcée chez moi. Mais en même temps, je suis fille aînée. Donc, en fait, ça rajoute en plus l'exemplarité. Mais c'est se détacher de savoir qu'est-ce qui m'appartient, qu'est-ce que j'ai envie de garder, qu'est-ce que je n'ai pas envie de garder. Et donc, il y a un certain nombre de choses où je me suis libérée. C'est vraiment ça, la libération. De dire, bon ça, j'ai envie d'être moi et je n'ai pas envie d'être parfaite. Donc, j'ai lâché mon soi parfait, j'ai lâché un certain nombre de soi fort, un certain nombre de choses comme ça, qui n'est encore pas fini. J'ai encore un long cheminement, je ne suis qu'au début. Mais en tout cas, rien que déjà, quand je vois le chemin que j'ai fait, ce que j'ai gagné en énergie, mais je ne peux pas expliquer. En fait, il faut le vivre pour le comprendre, mais l'énergie que j'ai gagnée en lâchant ça, en fait. C'est un truc de dingue. Parce que les gens me demandent à chaque fois, mais Fabienne, comment tu fais pour faire autant de trucs ? Je dis, mais parce qu'en fait, pendant tellement d'années, on me disait que j'avais déjà de l'énergie en ayant tout ça à penser, toute cette charge que j'avais. Dès lors que je l'ai enlevée, mais là, j'explose, en fait. Je suis le feu, en fait. parce que j'ai dû, je pense, inconsciemment créer ça, créer plus d'énergie, tout le temps, tout le temps, et en faire à mesure, c'est devenu un mécanisme inconscient de devoir en faire plus que les autres. Donc au moment où on enlève ce truc-là, en fait, on est hors normes. Moi, je me considère aujourd'hui, en termes d'énergie, hors normes, parce qu'ayant vécu ça, en fait.
- Speaker #0
C'est ça, c'est qu'en fait, en étant... en ayant cette charge d'être une femme, cette charge d'être noire, en fait, tu as développé un muscle de persévérance, d'exemplarité, de devoir en faire plus, de devoir prouver plus. Mais finalement, c'est un muscle qui a été entraîné.
- Speaker #1
Exactement. Et des années et des années.
- Speaker #0
Des années et des années. Plus tu mets l'héritage transgénérationnel dedans, ou forcément, en tout cas pour notre culture antillaise, si on est là. C'est qu'il y a quelqu'un qui a été déporté, qui a supporté la traversée, qui est arrivé vivant, psychologiquement, qui a tenu. Il y a tout ça, il y a le fait de tenir physiquement.
- Speaker #1
L'héritage qu'on a, il est puissant.
- Speaker #0
L'héritage est très puissant, il implique un grand héritage, une grande responsabilité, mais malgré tout, dans cet héritage, il y a aussi, par exemple, le fait d'avoir la bouche muselée et de ne pas pouvoir parler sous peine d'eux. Et c'est vrai que là, tu vois, on est là, on est deux, on est devant un micro, on parle. Mais pour arriver à ça, je pense, toi comme moi, c'est un travail colossal. Il y en a qui se mettent devant un micro et qui vont tout feu, tout flamme depuis toujours. Mais je pense que c'est d'ailleurs pour ça qu'on n'en voit pas tant que ça. Pour, dans notre culture, dans notre histoire, arriver à être et donc s'exprimer,
- Speaker #1
c'est un travail colossal que les gens ne peuvent pas imaginer. Et en fait, c'était intéressant parce que je discutais avec une DRH blanche et on parlait de ça, on parlait de... Parce que pour aller travailler en entreprise, etc., je discutais avec elle et elle me dit, elle me dit, je vais être honnête, je te dis que la majorité des DRH ne prennent pas en considération cette partie-là. Mais moi, c'est très clair. Quand je vois une femme noire devant moi pour un poste, je sais tout ce qu'elle a bavé et tout ce qu'elle a dû surmonter pour en arriver là. Pour moi, c'est un super potentiel. Pour moi, c'est évident. C'est-à-dire que si elle a réussi à arriver à ce niveau-là, il me dit, toi, tu as eu un doctorat. Après, tu es allé faire des postes de responsabilité dans une grande boîte. Tu es monté dans la hiérarchie jusqu'à un poste hyper stratégique de groupe. Et donc en fait, si tu es arrivé là, c'est qu'est-ce que tu as dû bouffer. De la même manière que des femmes qui arrivent au niveau de 440, moi j'ai la même image pour les femmes qui sont PDG d'une boîte de 440, je me dis mais qu'est-ce qu'elles ont dû bouffer, qu'est-ce qu'elles ont dû faire pour en arriver là ? Elles sont extrêmement fortes.
- Speaker #0
Et là, ça te fait un petit pourcentage de femmes qui ont réussi à exploiter leur potentiel. Mais alors, t'imagines, moi, je suis à fond inclusivité et tout ça. Et donc, si jamais j'ai une posture inclusive, ça veut dire que j'ai conscience de ça. Comme tu as des RH là, qui te disent... Et c'est important de citer le fait qu'elle a la peau blanche, parce que finalement, moi, je fais une digression dans ma digression, c'est qu'en supervision, la dernière fois, je posais une question, donc une coach en Afrique, une autre coach... en France, culture métropolitaine, française. Et donc, je posais, on était en train de creuser quelque chose en lien avec, justement, les origines. Et la coach dit, moi, ce que tu me poses comme question me touche parce que ça me renvoie à de la colère pour moi en tant que personne, mais pour mon peuple africain. Et tout à la fin, et c'est ça qui est magique dans les supervisions collectives, tu as la coach qui revient, blanche, et qui dit mais je ne comprends pas pourquoi tu as fait le lien entre... la situation que tu as vécue là et le peuple africain. Pour moi, qui suis noire aussi, le lien était évident. J'ai trouvé ça tellement magique d'humanité, de pouvoir avoir cette discussion de, oui, cette phrase-là, entendue par une personne qui n'a pas cette culture-là, n'aura pas le même sens que pour quelqu'un qui a vécu. Et donc, cette situation qui se présente va se refléter différemment selon qui l'on est, selon son histoire. Et ça, ce n'est pas faire du... Non, c'est d'être en conscience de nos singularités humaines, de vie, nos héritages, nos bagages, et donc du coup, en curiosité par rapport à ça. Et ça, c'est génial. Et tu vois, si dans les entreprises, on était en conscience de ça, combien de personnes avec de la diversité culturelle n'expriment pas ce qu'ils ont exprimé, n'exploitent pas ce qu'ils ont exploité, des fois ne demandent pas ce qu'ils méritent. en termes de salaire, en termes de poste, en termes de reconnaissance. N'osent pas changer pour postuler pour mieux parce qu'ils ne se reconnaissent pas. Ils se disent, j'ai déjà bien de la chance qu'on m'accepte ici. J'ai déjà bien. Mais non, non et non. Non.
- Speaker #1
Et ça, c'est un truc aussi qui est hyper intéressant. C'est-à-dire que quand tu dis ça, quand j'étais chez L'Oréal, j'étais mauvaise sur la partie. me valoriser en quelque part. Et donc, la négociation salariale, en parlant même pas, je négociais hyper bien pour les autres. Alors, mes équipes, ils m'adoraient pour ça. Ça, je sais fait faire. Donc, ça montrait que j'avais la compétence. Mais par contre, dès qu'il s'agissait de moi, non, mais déjà, je suis contente, j'ai déjà un bon poste. Et machin, nanana. Bon, bref. Et en fait, encore une fois, avec la transformation que j'ai suivie pendant les quatre ans, j'ai même été coachée sur l'argent. Parce qu'en fait, on a quand même un rapport. On a double peine, entre guillemets, parce qu'on est français. Donc, les Français ont un rapport bizarre avec l'argent. Plus on est une femme, donc on a un rapport. Plus on est noir, donc en fait, il y a aussi un rapport. Donc, en fait, nous, on cumule trois. Donc, c'était super intéressant, en tout cas, ce coaching-là sur l'argent parce que, justement, elle accompagne aussi des gens de la diversité qui voient bien les différences aussi par rapport à ça. Et en fait, ce qui est intéressant, c'est que j'ai commencé à évoquer le fait de... potentiellement de revenir en entreprise, j'ai dit, oh punaise, mais la différence, c'est là que je connais ma valeur.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
J'ai senti, mais dans mon corps, encore une fois, que ce n'était pas une phrase, comme on peut, un bout de chine pour les réseaux sociaux, etc. C'est vraiment profondément...
- Speaker #0
Je sais qui je suis, je sais ce que je vaux, je sais ce que je peux apporter dans une entreprise, je sais aussi mes limites, donc ce à quoi je dois faire attention par rapport à ce côté passionné que je peux avoir et qui fait que je peux tomber dans l'épuisement très facilement. Donc, comment je fais pour cadrer un peu tout ça ? Ce dont j'ai besoin justement pour me cadrer et je serai aussi m'exprimer sur mes besoins de manière très claire. et en face que la personne puisse répondre à mes besoins sans essayer de faire comprendre. Et donc, je me suis dit, waouh, un truc de dingue. Je sais ce que je vaux. Mais en fait, ça, ça n'a pas de prix.
- Speaker #1
Ça n'a pas de prix. Ça n'a pas de prix.
- Speaker #0
Ce sentiment-là de le ressentir. Mais là, je parle à plein, plein de femmes, plein de... Parce que là, il y a deux aspects. Nous, on est l'intersectionnalité avec Patricia. Il y a la femme. Et la charge raciale, donc c'est l'intersectionnalité. Mais même déjà, rien que les femmes, il y a tout un sujet sur ça, la valeur qu'on se porte. Et en plus, nous, on a le côté noir qui fait qu'en fait, on nous donnait une somme. La dernière fois, j'écoutais, il n'y a pas longtemps, parce que l'esclavage n'est pas fini, attention.
- Speaker #1
Non, bien sûr, on en parle.
- Speaker #0
Dans le monde, il est encore existant. Et donc là, il y a un noir qui est interviewé qui disait qu'il avait été vendu pour 500 dollars. Et donc, en fait, ça montre qu'en plus, notre vie ne vaut pas beaucoup d'argent. Donc, en fait, nous, en plus, c'est ancré ça chez nous, que notre vie ne vaut pas beaucoup d'argent, mais qui est encore une fois, qui ne nous appartient pas. Donc, rien qu'une femme noire aujourd'hui qui peut dire, j'ai de la valeur et je connais ma valeur, et ce n'est pas toi qui va décider de ma valeur. Ça, c'est un truc énorme, en fait.
- Speaker #1
Et je ne sais pas si beaucoup de gens peuvent, mais je pense que ça vaut aussi peut-être pour... d'autres, mais c'est vrai que nous, dans notre culture, c'est vraiment quelque chose de... Moi, si j'ai fait un burn-out aussi sévère, parce que j'en ai fait un très sévère, l'apprentissage premier, ce que je disais tout à l'heure quand on discutait avant l'enregistrement, c'est que le regard de l'autre aujourd'hui, autant avant c'était mon juge, c'était mon tout-ce-que-tu-veux, aujourd'hui, il n'a aucun impact sur moi. Mais ce que pensent les gens de moi, ceux qui disent ma régularité, ma fiabilité. tout ce que je veux, franchement. Et en fait, quand j'ai le burn-out, j'ai compris. Parce que moi, quand il m'arrive un truc, il faut que je comprenne. Il faut que je comprenne parce qu'il faut que je trouve une solution. Pour ça, il faut que je comprenne. J'ai fait des recherches dans tous les sens scientifiques. J'ai tout lu ce que je pouvais lire. Et ma conclusion de toutes ces recherches, en plus des aspects chimiques et tout ça, du mécanisme chimique, du stress et compagnie, c'est que j'étais la candidate idéale. Je ne connais pas ma valeur. Je ne crois pas en moi. Je veux absolument prouver que j'ai ma place. Et pourquoi je veux prouver que j'ai ma place ? Si le boulot, on me le donne, c'est quoi en fait ? Les gens savent. Si on ne paye pas, ce n'est pas parce que je n'ai pas de valeur. Si on ne paye pas, c'est parce que je ne l'ai pas demandé.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Sauf que moi, tu te dis, mais en fait, c'est parce que je n'ai pas fait mes preuves. Non, c'est parce que juste, tu ne l'as pas demandé. Et en fait, il y a demander et demander. Il y a des demandes où en fait... soi-même on a l'impression qu'on fait un caprice attention, ça ça n'a pas de poids la demande que tu fais parce que tu sais que c'est ta valeur que tu sais que c'est ce que tu apportes que tu n'es pas là pour emmerder les gens et qu'en fait tu es juste là, excusez-moi pour le terme et qu'en fait tu fais cette demande parce que ça correspond à du respect de soi et non pas à du caprice cette demande là elle n'a pas du tout le même poids là je te rejoins et en plus ça fait écho avec une réflexion que j'ai eue pas plus tard qu'hier sur
- Speaker #0
la démarche est déjà de travailler sur le regard que l'on porte sur soi. Parce qu'en fait, plus on travaille sur ça, plus après on va incarner ça. Et donc, en fait, on n'aura même pas besoin de parler. C'est-à-dire que moi, des fois, on me dit, Fabienne, pizdez, quand tu rentres dans une salle, on sent que tu es là. Et en fait, je dis, ben, je sais pas, j'ai rien fait. Je suis moi. Tu vois, je suis moi, je sais qui je suis, etc. Mais sans... Il n'y a pas de...
- Speaker #1
Oui, mais tu habites ton corps.
- Speaker #0
Je n'ai pas d'intention. C'est-à-dire que je ne mets aucune intention de dire Tiens, je veux que les gens voient que je suis sérieuse ou que les gens voient que… Comme j'ai pu avoir pendant des années. Je n'ai pas d'intention. Je suis là. Je suis juste moi. Et le fait que j'ai travaillé tellement à l'intérieur, j'ai bouché, j'ai eu le courage, parce qu'il faut du courage pour aller bouger ça, le nombre de soirées à pleurer, etc. Je ne vais pas mentir. J'étais des fois au fond du trou, des moments de tristesse très profondes quand je devais faire des deuils assez importants. du passé, mais je me dis tout ça me permet que ça ne me demande aucun effort je viens dans une salle, j'ai juste à être moi Et les gens me disent, oh, t'es lumineuse, oh, t'es rayonnante, oh, t'es ceci. J'ai juste, j'ai rien fait, en fait. Et donc, en fait, quand on voit ça, on se dit, c'est ça la clé. C'est juste de travailler suffisamment sur soi et de comprendre, d'avoir une bonne conscience de soi pour se dire, OK, j'ai juste là. J'ai juste à être moi. Et en fait, on va voir que, et je pense que sincèrement, quand je vais rencontrer des personnes, éventuellement, si je rencontre demain quelqu'un pour un poste, je n'aurai pas besoin de faire d'artifice. Je vais me dire, je vais être moi. Et en fait, la personne, elle va sentir que je suis quelqu'un de bien, qu'elle va sentir que je suis quelqu'un d'honnête, qu'on peut me faire confiance parce que c'est dans mes valeurs. Donc en fait, ça va se faire tout naturellement. Je n'ai pas besoin de forcer.
- Speaker #1
Et ce qui est génial là-dedans, c'est que ce soit dans le cadre d'un poste ou d'un partenariat en entrepreneur ou quoi, la personne, soit ça colle. Moi, c'est ce que je dis toujours maintenant. Peu importe la taille de l'entreprise, soit ça colle. Et ça colle. Mais on sait qu'on va pouvoir bosser. Je sais que je vais... pas produire d'efforts à mettre un masque, mais que je vais pouvoir produire mon effort à produire, à créer, à m'éclater cognitivement et dans la relation, mais pas à me changer pour plaire. Et cette personne, si par exemple, en étant moi-même, on en arrive à, non, ça ne va pas le faire, mais bingo, bingo, bingo, bingo, il ne faut pas que je perde du temps. De temps, on ne vit pas, et c'est le temps qui gagne. Il faut se prendre.
- Speaker #0
On devrait mettre cette phrase-là, parce que le temps qu'on gagne à être soi.
- Speaker #1
Le temps qu'on gagne à être soi, c'est un truc de fou. Mais pour ça, il ne faut pas être motivé, guidé ou que le fuel, ce soit la peur. Non. Par exemple, je ne sais pas, aujourd'hui, ça ne m'arrive plus parce que franchement, je suis tellement naturelle dans tout ce que je fais, même si ça ne correspond pas aux algorithmes. Je m'en fous. Aujourd'hui, quelqu'un me dirait... Ah oui, non, on a bien discuté avec vous, mais ça ne convient pas. Déjà, ça m'enverrait un signal, c'est que, ah tiens, j'ai eu un petit souci de positionnement, ou qu'est-ce qui fait que je suis dans un environnement où ça, ça arrive. Si ça devait m'arriver, c'est ce que je me dirais en premier lieu, c'est qu'il y a un endroit où je me suis trompée dans la chaîne. Et deux, gain de temps.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Gain de temps, gain de temps. Ah, moi je ne vais pas me changer. Ah si, si, ça m'est arrivé avec un client. Pardon.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Ça m'est arrivé avec un client où on fait la séance préliminaire et je sens que je ne suis pas bien, bien, bien dans la séance. Je sens que ça m'est arrivé une fois. Pas à l'aise. Mais j'y vais en étant moi parce que je vois que ma façon de questionner et puis il veut me faire aller à un endroit dans une façon de faire qui n'est pas la mienne. Et à la fin, il veut absolument me prouver que je suis la coach pour lui parce que moi, je commençais à lui expliquer que je pense que je n'étais pas la bonne coach pour lui. Fin de la séance, je finis par dire OK, à prendre le rendez-vous. Et après coup, je me dis, mais non, je n'ai pas été, je ne me suis pas sentie bien. Je ne me suis pas sentie bien dans le questionnement. Il m'a demandé, par exemple, de faire moins de métaphores. Sur le coup, je lui ai dit, écoute, tu me diras quand les métaphores, tu ne suis plus ou quoi. Et après coup, il me dit, non, tu ne me diras pas. Non, non, tu ne me diras pas.
- Speaker #0
Il y a toute personne. Il y a plein de personnes,
- Speaker #1
il y a plein de concerts.
- Speaker #0
Dans une situation.
- Speaker #1
où il faut que je fasse un effort d'être qui je ne suis pas. Et je me suis dit, c'est ce qu'on appelle des actes d'identité, ça. Et je lui ai renvoyé un message en me disant, écoute, je sais que je ne suis pas la bonne personne, même si tu vas à tout prix travailler avec moi, parce que sûrement j'ai écrit un livre, un patati, puis on lui a dit beaucoup de bien de moi, ça a été une recommandation. Je lui ai dit, mais je t'assure, je ne suis pas la bonne personne pour ça.
- Speaker #0
Ça m'est arrivé aussi une fois.
- Speaker #1
Et ça, c'est important, à un moment donné, de savoir qu'on est des êtres humains et donc on a des limites. On ne peut pas accompagner tout le monde. On n'est pas pertinent pour tout le monde. Plus je suis en conscience de moi, plus je suis en conscience que je ne suis pas pertinent pour tout le monde.
- Speaker #0
Exactement. Merci en tout cas pour la phrase que je garde, en tout cas, Patricia. Parce que tu vois, c'est là... elle a un impact sur mon cerveau. Parce que tu m'as fait dire cette phrase, mais en fait, quand je l'ai dit, elle a tellement de poids. Être soi est un gain de temps. Parce que moi, pour les personnes qui sont focus résultat, qui sont focus productivité, et je n'avais jamais fait le lien direct, en fait, le fait de mon cheminement, être soi, qui est mon cheminement. Et en même temps, j'ai toujours cette... C'est ma personnalité d'être focus résultat. Et en fait, je pense que ça peut parler aussi à mes clientes d'être soins, parce que c'est quelque chose que je pense qu'elles recherchent. Au début, elles ne le savent pas vraiment, mais je pense que c'est quand même ça qu'elles viennent chercher. Et avec cette notion de gain de temps et d'énergie, j'ai envie de dire. C'est un gain de temps et d'énergie.
- Speaker #1
Gain de temps et d'énergie. C'est de la longitude. En fait, tu gagnes en durabilité. Moi, j'aime parler. Durable. J'associe ça, quand j'en parle, à de la performance durable. C'est-à-dire qu'être soi te met dans une autre forme de performance, c'est une performance qui est durable et écologique.
- Speaker #0
C'est que tu gardes l'énergie surtout, c'est même pas l'autre.
- Speaker #1
Oui, parce que si tu n'as pas l'énergie, tu ne dures pas. Bon Fabienne, on arrive au bout. Je ne sais pas quel nom on donnera à ce podcast, je ne sais pas quelle pile rouge on donnera à ce podcast, mais je vais trouver. En tout cas, j'aimerais bien que tu me dises ce que tu as envie de partager pour clôturer. Tout ce qui te vient, sans question bien précise.
- Speaker #0
Non, mais en tout cas, j'ai passé un très bon moment, comme d'hab. constructif, enrichissant, encore une montée en conscience sur certaines choses, parce que le fait de parler, ça permet de mettre les choses dans le réel et donc de conscientiser des certaines choses que tu n'imagines pas ou que tu ne vois pas. C'est ce que j'adore dans le coaching, d'ailleurs. J'adore accompagner les collaborateurs, les dirigeants, les managers, parce que je trouve que c'est... tellement apprenant de parler, d'avoir un espace pour pouvoir échanger et être soi, que pour moi, ça n'a pas pris, mais bon, c'est mon avis. Donc voilà, en tout cas, merci pour ce moment. Et puis j'espère qu'il y en aura d'autres.
- Speaker #1
Oui, il y en aura d'autres. Moi, ce que j'apprécie, c'est que, tu vois, je suppose peut-être que le fil rouge, c'est cette notion que tu as amenée d'oser être et de voir à quel point, en fait, tu incarnes cette aventure et tu en parles bien comme une... Comme une aventure, comme une route avec des étapes, avec des prises de conscience, avec des émotions, avec des pleurs. À un moment donné, quand tu as raconté ça, j'avais le souvenir d'une question que j'avais eue en formation de coaching. J'accompagnais les coachs pendant un an, pendant leur formation, en fil rouge. À la fin, je leur avais dit, on a quelques minutes devant nous, on avait fini un peu plus tôt, posez-moi les questions que vous voulez, je suis dispo. Et une des questions, c'est Patricia, mais comment tu fais pour t'en foutre à ce point-là ? Tu as l'air de t'en foutre. J'ai beaucoup aimé cette question. Et ça a été, je pense, un peu le fil rouge de notre conversation là. J'ai dit, comment j'ai fait ? J'ai beaucoup pleuré. J'ai beaucoup eu peur. J'ai eu des grands moments de joie. J'ai beaucoup travaillé sur moi. Et à l'arrivée, oui, je m'en fous. Parce qu'il n'y a rien, mis à part ma santé, la santé de mes enfants, de mes parents, aujourd'hui mon rapport au risque, le risque n'est plus passé dans les mains de l'autre. Et en fait c'est là où on gagne du temps, c'est quand on ne place plus ni ses décisions, ni son regard, ni sa capacité à se mouvoir dans les mains de qui que ce soit d'autre ou dans une peur du futur. Et ça ne veut pas dire qu'aujourd'hui, je suis un moine bouddhiste et que je n'ai peur de rien. Non, non, non. Mes variations de petits kilos en attestent. Il y a encore des choses à travailler. Je ne suis pas... Mais par rapport à il y a encore 15 ans, 10 ans, mais alors ? Oui, être soi, ça fait gagner un temps monstrueux. Et ça demande des réajustements réguliers. C'est-à-dire que ce qu'on dit là... Dans six mois, dans un an, dans deux ans, il va y avoir un autre réajustement. On prendra des décisions différentes parce qu'on aura vécu des choses différentes. Ça, c'est hyper important que les gens conscientissent. C'est que ce n'est pas genre Ouais, je suis moi, je suis libre, j'ai accès à mon plein potentiel. Faux, faux, faux, faux, faux.
- Speaker #0
Et puis en plus, ça, ça voudrait dire qu'on est statique. C'est-à-dire que si on se dit ça, c'est qu'on est statique. Et vu que la vie est un mouvement permanent, en principe, C'est-à-dire qu'on bouge d'endroit, on bouge de temps, d'espace-temps, de magie. En fait, on n'est jamais dans la même situation. Et donc, une situation dans laquelle on peut être hyper confort, être soit 100%, forcément, la vie va nous emmener des challenges pour aller challenger ce truc-là, pour voir à quel point on peut tenir justement dans des conditions. Et donc, moi, je suis prête à ça, à aussi accepter cette part-là, qui fait partie aussi de l'aventure, comme tu dis, de dire, ouais, ça va être chahuté. En tout cas, là, je me sens bien parce que j'ai créé un environnement pour. Mais si je change d'environnement, je suis bien consciente aussi que tout ça peut changer aussi assez vite. Et je suis consciente, donc je fais faire attention.
- Speaker #1
On en reparle parce que cette notion de stabilité et de valorisation de la stabilité dans notre société, c'est un vrai problème.
- Speaker #0
Pour moi, je suis... C'est un vrai problème.
- Speaker #1
Bon, on ne va pas rouvrir cette fenêtre-là parce qu'on est reparti pour une heure, Fabienne, mais c'est un vrai sujet, en plus, qui me tient vraiment à cœur parce qu'on valorise trop les gens. Quand tu les vois dix ans avant et dix ans après, ils ont à peine changé de situation.
- Speaker #0
Oh, Dieu, my God !
- Speaker #1
Ils ont les mêmes doléances et les mêmes problèmes. Des fois, c'est la même boîte, la même maison, tout pareil. Et tu dis... Bon, on la referme. On referme cette parenthèse. Merci beaucoup
- Speaker #0
Fabienne Merci à toi
- Speaker #1
Patricia Merci pour ton authenticité on en fera d'autres parce que je pense qu'on a beaucoup de choses à partager et que oui on a un petit devoir d'exemplarité à retirer devant notre bouche et à ne pas parler donc on va continuer
- Speaker #0
Merci de donner la parole, merci beaucoup Patricia
- Speaker #1
A bientôt