- Speaker #0
Bienvenue sur Amalgame, le podcast de l'ECI, un podcast où l'on fait un pas de côté, où l'on prend le temps de réfléchir, de se questionner pour un monde plus inclusif. Aujourd'hui, j'ai envie de partager avec vous un sujet qui me tient à cœur, parce que souvent il a été abordé d'une façon, et il est abordé d'une façon, je trouve, un peu simpliste. Et avec Stéphanie Dienck, on va pouvoir parler du stress sous un angle qui est très... très rarement abordés. Donc, merci Stéphanie d'être avec nous.
- Speaker #1
Merci Patricia de m'inviter.
- Speaker #0
Alors, est-ce que déjà tu peux un peu nous partager qui tu es, ce que tu fais aujourd'hui, ta sensibilité ?
- Speaker #1
Alors, moi je suis Stéphanie, je suis coach spécialisée dans l'accompagnement des adultes enfants d'immigrés. et je travaille avec eux sur les attentes, les valeurs, ce qui est attendu par les traditions, par la société et comment ils peuvent se défaire de ça pour mener une vie qui leur correspond. C'est ça que je fais aujourd'hui et je travaille avec différentes techniques, donc des techniques de relaxation, en sophrologie. technique assez holistique qui prend en compte aussi leurs croyances traditionnelles.
- Speaker #0
Donc là, normalement, vous vous demandez, mais alors, quel est le lien entre ce que vient de nous partager Stéphanie et le stress ? Eh bien, on va le faire, en fait. C'est un peu ce qu'on va dérouler là durant toute cette session et cette séance pendant laquelle j'ai envie de vous amener à réfléchir, de vous amener à vous questionner sur votre propre stress. Donc, quand on parle de stress, généralement, Stéphanie, pour toi, quand on vient te voir et qu'on parle de stress, on parle de quoi ?
- Speaker #1
Ça va être les coups de stress, qu'on appelle les coups de stress, où à un moment donné, ça va monter par rapport au travail, par rapport au fait d'aller chercher son enfant et qu'on rate le train, etc. Donc, ça, on vient nous voir pour nous parler de ce stress-là. Et parfois, quand je leur parle, je leur dis Non, mais est-ce que… Vous avez des difficultés à dormir ? Est-ce que vous sentez le cœur qui palpite d'une manière assez régulière ? Ou vous n'arrivez pas à prendre des décisions ? Ou en termes d'émotions, c'est quelque chose qui chauffe régulièrement dans le corps en termes de sensations ? Là, je leur dis que ça aussi, c'est du stress. Et là, quand je qualifie ça de stress, un stress laton, on va dire que ces personnes-là ont des difficultés à mettre le terme stress. sur ces sensations-là, sur ces ressentis-là, sur ce qui constitue au final une habitude qu'ils ont de gérer leur quotidien.
- Speaker #0
Tout à fait. Donc en fait, le stress est plutôt perçu comme quelque chose qu'il faut gérer et qui est souvent lié à une pression extérieure, des obligations, des échéances. Mais finalement, ce stress-là... Aujourd'hui, il y a tout plein d'outils qui sont censés aider. Mais moi, j'ai envie qu'on se concentre sur une autre forme de stress, sous langue entrepreneur aussi, qui est le stress lié au fait de ne pas être soi. Est-ce que ça te parle ?
- Speaker #1
Totalement.
- Speaker #0
Alors ?
- Speaker #1
Totalement. En gérant justement avec mon expertise aujourd'hui, Le fait de ne pas être soi, de vouloir se conformer. En tant qu'entrepreneur, on a toujours envie du bien faire. Et donc, on va partir sur la perfection, sur la question de légitimité, beaucoup. Et parfois, on va surfaire et passer à côté de ce qui fait qui on est et cette qualité qu'on peut apporter, nous, en tant que coach, en tant qu'entrepreneur.
- Speaker #0
Ça, c'est quelque chose que toi, tu as pu vivre dans ton parcours, si tu pouvais nous faire un partage.
- Speaker #1
Totalement. Là, mon visage se déforme complètement. Mais ouais, carrément. Alors, dans mon parcours, donc moi, ma formation en coaching, donc ma reconversion professionnelle s'est faite il y a quand même déjà plusieurs années, depuis 2017. Et dans... J'ai découvert beaucoup de choses au cours de ces formations-là qui m'ont servi en gros somneux d'un coaching géant, on va dire une thérapie géante sur plusieurs années, où j'ai finalement appris à... prendre conscience en fait de qui j'étais, enfin qui je suis moi. En fait j'ai eu une enfance, une éducation qui fait que je suis toujours entrée dans les casiers. Il fallait que je sois la petite fille parfaite, j'avais les bonnes notes, jamais un mot plus haut que l'autre. Ça fait aussi partie de ma culture, envers mes traditions, je suis d'origine asiatique. Et en fait tout ça fait qu'il fallait que je rentre dans plein de cases. Donc je suis première case l'enfant d'immigrés, je suis la fille, je suis l'aînée de la famille, l'aînée des cousins aussi, qui fait que j'avais un rôle à tenir, donc d'enfant parfait. Et donc au cours de la scolarité c'était la même chose par rapport au travail. Ensuite j'étais cadre, j'habitais dans une banlieue bourgeoise, enfin je suis vraiment rentrée dans les cases. Jusqu'à ce qu'un jour, j'ai eu mon enfant et là je me suis dit qu'est-ce qui viendra moins de moi ? Et je pense que là il y a une libération de stress, du coup. Comme si c'était du stress qui s'était accumulé sans que je me rende compte que c'était un stress. Avec le recul aujourd'hui, je sais que mon quotidien c'était énormément de frustration, de petites colères. Et en fait j'étais juste pas à lui. Aujourd'hui, je sais que je n'étais pas alignée. Mais lorsque je me suis rendue compte que par rapport à la transmission qui j'étais, moi, et ce que j'avais envie de transmettre à ma fille, en fait, il y a une libération émotionnelle énorme, un vrai craquage. C'est un vrai craquage, vraiment. Un gros... Je ne sais pas si je pourrais parler de ça. pas un burn-out professionnel mais c'était un burn-out de ma vie. Vraiment ma vie, une question de sens. Et grâce à ce parcours de reconversion, j'ai appris à me réaligner et à me défaire de toutes ces différentes cases et ce stress-là, latent, s'est petit à petit désagrégé. Oui.
- Speaker #0
Et en tant qu'entrepreneur derrière, tu as eu ce premier travail. Et ce que tu dis, et qui est important, c'est que ce stress-là, finalement, ne se manifeste pas sous la forme d'un stress qu'on peut identifier parce que la société ne reconnaît pas vraiment ce stress-là. Alors que les études montrent qu'il y a un stress qui existe de suradaptation. Moi, j'aime à parler d'un stress de négation de soi parce que... ne pas être soi à tous les instants, même quand on l'a tellement fait qu'on ne se rend pas compte qu'on est en train de le faire, c'est ce que tu es en train de décrire, le jour où finalement on réalise ça, mais c'est la bombe finalement que tu décris, mais quand on se lance dans l'entrepreneuriat, je pense qu'il y a encore une autre couche de cet oignon ou de ce truc-là qui se manifeste.
- Speaker #1
Moi, j'ai une métaphore que j'utilise souvent, c'est que c'est comme si j'étais une fenêtre explorer, tu vois, une fenêtre Internet, et j'ai plein d'onglets ouverts qui tournent. Et en fait, ça se rafraîchit constamment, et en fait, c'est ça qui se passe dans ma tête, avec plein d'onglets d'ouverts. Et donc, quand je dis que ça se rafraîchit constamment, tous ces différents onglets, ça, je pourrais le corréler en fait à... un stress qui est là constamment, constamment présent. Donc, ça va être les différents clients, les différentes préparations, les différents coachings, les différents dossiers. Puis, j'avais plusieurs activités que je menais, on va dire, que je sais pas. je différenciais, c'est-à-dire ma préparation par exemple pour un accompagnement en coaching et différentes préparations d'un accompagnement en sophrologie. Et du coup, j'avais ça, déjà rien que ça par rapport aux clients, et puis le reste, bien sûr, les facturations, faire rentrer de l'argent, faire résouter. Enfin voilà. Et puis comme je suis quelqu'un qui... Je suis très sensible à mes émotions et j'ai aussi des difficultés à réguler ces émotions, quand il y en a beaucoup en même temps. Et donc moi, mon stress va être lié à la régulation de mes émotions.
- Speaker #0
Et émotions que tu souhaites réguler par rapport à tes clients, par rapport à cette gestion de facture, ou quel lien tu fais justement entre ces briques-là, avec toute cette valise entrepreneuriale, avec tout ce qu'elle comprend, toi et ta gestion émotionnelle, et ces émotions, quels liens tu fais, enfin ils se stressent, pardon, quels liens tu fais entre les trois ?
- Speaker #1
Le lien que je fais entre les trois, c'est, en fait ça fait partie de moi. tu vois c'est en fait c'est un stress qui mais c'est pas un stress qui est dans le sens où c'est pas désagréable c'est juste que j'ai une émotion qui va arriver qui tempile mais je sais que c'est un stress aujourd'hui qui est moteur ok et ça c'est intéressant aussi et donc le lien que je fais c'est que aujourd'hui maintenant que je sais où je suis et que j'arrive justement à à identifier d'où vient ce stress aujourd'hui, grâce au travail sur les émotions, le fait de réguler tout ça, c'est que je prends plus de temps. Plus de temps à... Comment dire ? Non, ce n'est pas prendre plus de temps, mais c'est une espèce de petit clin d'œil à Mathilde, du coup. C'est le slow entrepreneuriat. C'est de ne pas m'éparpiller. pieds partout et de recentrer mon énergie sur ce que j'ai envie de faire. Et je sais que ce stress-là, c'est parce que c'est un stress qui est moteur parce que je sais que j'ai envie de bien faire.
- Speaker #0
Est-ce que tu fais un lien, justement, entre ce que tu nous as expliqué dans ta première partie de carrière, où tu t'es tellement conformée, adaptée, que ça t'a généré un trop-plein, et peut-être des reliquats de ce fonctionnement-là qui peuvent aussi aujourd'hui, qui ont pu. dans ton démarrage entrepreneurial, avoir un impact sur le stress ressenti, sur cette volonté de bien faire, d'une autre manière, être cette bonne petite fille qui ne fait pas de vagues, d'être cette entrepreneur peut-être qui ne fait pas de vagues. Est-ce que tu as fait un lien ou tu fais un lien entre ces deux moments de ta vie ?
- Speaker #1
Bien sûr qu'il y a des reliquats parce que je suis qui je suis. C'est quelque chose qui restera toujours là. mais grâce en fait à la régulation émotionnelle aujourd'hui je sais que quand ça arrive quand je me sens, c'est avant de me sentir débordée c'est que je le ressens vraiment physiquement ce sont des sensations physiques quand je le sens arriver je me pose la question de savoir en fait qu'est ce qui se passe est ce que c'est parce que j'ai envie de bien faire Et est ce que c'est vraiment moi en fait c'est ça la question aujourd'hui je me pose toujours c'est est ce que j'ai vraiment envie de le faire ou est-ce que c'est prioritaire pour moi aujourd'hui, pour qui je le fais ? Et surtout, je me dis qu'est-ce que ça m'importe ? Et si je me dis en fait que tout est électriquement neutre, qu'il y a toujours du positif et du négatif quelque part. Par exemple, dû à ma sensibilité et à mon introversion, j'ai des difficultés par exemple à aller à la rencontre des personnes, à faire du réseautage. Et très souvent, je me dis OK. Le poids négatif, c'est ça. Mais le poids positif ou la charge électriquement positive, c'est que je vais rencontrer des super personnes et ça sera l'occasion pour moi d'échanger avec ces personnes-là et de partager ce que je fais. Et du coup, le stress, il devient positif.
- Speaker #0
Ça devient un moteur, mais ça devient un moteur parce que finalement, tu as développé une forme d'intelligence basée sur ce que tu as compris dans ta première partie de vie et vie professionnelle. que tu as transformé en fait en boussole, finalement, de dire, OK, est-ce que là, ce que je suis en train de faire, c'est pour moi, ou est-ce que c'est pour m'adapter, faire plaisir à Pierre, Paul ou Jacques ? Est-ce que j'ai vraiment envie ? Est-ce que c'est réellement important pour moi ? Donc, quelque part, tu arrives à te remettre à distance de la situation. Et dans ce que j'entends, et qui est hyper important, c'est la capacité qu'on peut avoir à dissocier qui l'on est de ce que l'on est en train de faire ou des décisions qu'on est en train de prendre. Parce que finalement, quand on se suradapte, c'est que finalement, on confond notre identité avec ce que l'on fait, le résultat de ce que l'on fait. Or, ce n'est pas vrai, ce n'est pas le cas. Moi, ce que tu dis là, ça me fait penser aussi dans mon parcours. Je pense que cette question de l'identité, de qui l'on est, de la négation de soi, c'est quelque chose pour moi qui est hyper important, puisque je pense que je devais avoir près de 40 ans quand je me suis aperçue à quel point, peut-être 35 ans au début et puis 40 ans après, cinq ans après, pour mes 40 ans, je me suis aperçue à quel point j'avais pu être dans la négation de tout ce que je suis, de mon fonctionnement, de l'image que je renvoie. Et non seulement ça a provoqué un stress latent, je parle souvent de stress latent lié à la charge, par exemple à la charge raciale ou à la charge de fonctionnement neuro, surtout lorsque ce n'est pas... connue de la personne, ce qui était mon cas, où il y a cette envie finalement de ressembler aux autres. Mais on n'a pas vraiment d'autres. Et en fait, ça, ça procure un stress parce que finalement, on doit toujours anticiper des besoins des autres. On doit toujours essayer de traduire ce que l'on pense être l'attente, ce qu'il faut être, ce qu'il faut faire. plutôt que juste se concentrer sur ce de quoi j'ai envie. Et ça, c'est quelque chose pour moi qui est très récent dans ma vie. Et c'est en préparant ce podcast que je me suis dit, mais en fait, non, je n'ai pas envie de parler du stress dans cet angle habituel, dans l'angle habituel, mais plutôt dans l'angle du stress que l'on s'auto-inflige inconsciemment, surtout quand on est jeune, dans le but de plaire et que l'on pratique tellement qu'on oublie qu'on l'a mis en place. Et qu'à un moment donné, tu l'as partagé. Donc pour toi, ça a été un peu cette espèce de burn-out. Pour moi, ça n'a pas été une espèce de burn-out, c'était un burn-out sévère. Où là, j'ai compris qu'en fait, ça avait été aussi sévère parce que j'avais été très loin, très très loin dans ce mécanisme de négation de qui je suis dans les profondeurs. Et ce stress-là, c'est un stress qui, en fait, je trouve, est le bon... Je ne me dirais rien, mais c'est une bonne fondation pour tous les autres stress. En fait, il sert vraiment de bon terreau pour tous les autres stress. Parce que si, par exemple, je suis une femme dans un monde d'hommes, j'ai un stress lié à ça. Et du coup, je vais avoir un stress de performance, un stress de perfectionnement qui s'appuie sur un stress déjà existant de se dire, mais en fait, je ne suis peut-être pas à ma place ou il faut que je prouve que je suis à ma place. Et ça, c'est quelque chose de très, je trouve, de très impactant en termes de santé. Ça te parle ?
- Speaker #1
Totalement. Totalement. Moi, pour la maladie, j'ai réalisé que je faisais une espèce de burn-out. quand j'ai perdu 10 kg. Donc, pour les gens qui me connaissent, je ne suis pas très épaisse. Je fais 1,65 m pour... Aujourd'hui, je fais 49 kg. À l'époque, je suis descendue à 43 kg. Et moi, je ne me rendais pas compte, en fait, que je perdais tout ce poil-là. Et c'est dans le regard des autres, particulièrement ma maman, qui s'inquiétait vraiment, vraiment. En fait, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui se passe avec Stéphanie ? Et à ce moment-là, je me suis dit, on a terminé le jeu. J'ai perdu tellement de poids en si peu de temps et je ne m'en suis pas rendue compte. Parce que justement, j'étais dans un conditionnement, il fallait correspondre au travail, il fallait correspondre à la maison, il fallait correspondre dans mon couple, il fallait correspondre dans la vie sociale. En fait, je ne savais plus qui j'étais et c'est là où j'ai commencé à… Tu parles d'impact de santé. en fait c'est là où je me suis rendu compte quelque chose n'allait pas mais avant ça c'est à dire que le mental en fait on est tellement conditionné que en fait on ne se rend plus compte de rien et donc la santé oui non voilà c'est vraiment c'est un anecdote que je veux partager c'est que c'est le corps qui m'a dit mais en fait top c'est pour ça que j'ai pas eu un espèce de burn out mais moi ça s'est ressenti dans le corps parce que mon mental a fait avance avance avance parce que je ne pouvais pas m'arrêter du tout Parce que ma fille était vraiment petite et j'étais la seule à porter la famille sur le dos. Et en fait, c'est mon corps qui a pris.
- Speaker #0
Oui, c'est le corps qui prend. Et là, il y a ce moment où on s'aperçoit, dans ton cas, qu'il a perdu ses 10 kilos, mais il y a des signaux très faibles qu'il a forcément envoyés. Et je trouve dans cette question de stress, on parle souvent… d'outils, de techniques. Je pense que la première chose à faire, c'est ce retour au corps. Moi, je pense que c'est un point hyper important. C'est lié à ce que je disais tout à l'heure, mais j'ai découvert que j'avais un corps après 40 ans. Et pourtant, j'étais sportive, j'ai fait de l'athlète pendant des années et des années. J'ai toujours utilisé mon corps, mais selon de la performance. Est-ce qu'il a pris ou perdu du poids ? Aujourd'hui, je ne me pose plus la question. Il fait ce qu'il veut. Il agit au gré, justement. Mais je pense qu'il agit maintenant au gré de la réalité que je inflige, en fait, du niveau de stress ou de sérénité que je inflige. Et quand je me suis aperçue de ça, je me suis dit, en fait, la clé, même si je n'ai pas encore tout à fait saisi le truc, mais la clé réside dans ce rapport, cette communication, cette relation, cette interaction. Cette conscience que l'on a de ce corps qui, lui, a des capteurs d'une justesse incroyable, qui ne nous ment pas et qui pourrait justement être un indicateur de est-ce que tu es dans le bon environnement ? Est-ce que tu fais les choses pour toi ? Est-ce que les choses sont justes ? Des fois, au lieu de se dire tiens, je vais m'en remettre à je ne sais pas quoi, on peut déjà s'en remettre à soi et à ces ressentis que l'on a dans nos terminaisons nerveuses, dans nos corps en fait. Ça, c'est quelque chose que j'ai appris très tard. Et d'ailleurs, moi, quand je suis stressée, mais ça, je l'ai appris, quand on a préparé le sommet annuel en juin, beaucoup de personnes m'ont dit, mais Patricia, c'est fou comme tu es calme. Mais je sais que quand je suis stressée, en fait, ce qui en apparence prend le dessus, c'est un extrême calme pour prendre du recul. Mais maintenant, je ne me dis pas, ah non, non, non, je ne suis pas stressée. Je sais que c'est une façon que j'ai. intelligemment, enfin intelligente, de vivre avec ce stress plutôt que de m'agiter. Ce que j'aurais fait avant, c'est faire encore plus vite. D'ailleurs, j'ai commencé à faire ça, je suis tombée par terre, personne ne m'a vue, mais je suis tombée par terre. Et c'est là que je me suis redit, Patricia, Patricia, Patricia. Ok, ok. Tu reviens dans ton corps et tu fais les choses en conscience, dans le présent. Et ce sera juste comme ça doit l'être. Mais en fait, reprendre ce contrôle dans le sens très positif du mot contrôle, ça demande déjà d'avoir expérimenté son stress, de l'avoir accueilli, et après d'être en mesure d'en faire quelque chose. Parce que comme tu disais, ce n'est pas négatif le stress. Ça peut être mobilisant, mais ça mobilise les bonnes choses chez nous.
- Speaker #1
J'aime beaucoup ce que tu dis, parce que c'est vraiment en écho avec... Tu parlais tout à l'heure de l'intelligence, et donc beaucoup avec l'intelligence émotionnelle, moi je travaille beaucoup là-dessus, et donc pour moi il y a ces différentes étapes-là, c'est déjà prendre conscience de son corps, prendre conscience de ce que l'on ressent, prendre conscience du signal, ce que ça veut dire, et donc ensuite avec la tête, donc avec le mental, de se dire ok, qu'est-ce que ça veut dire ? et ensuite de prendre ce recul-là. Et donc il y a toutes ces petites étapes qui viennent... aider. Et comme tu dis, c'est avec aussi la connaissance de son fonctionnement, de l'entraînement aussi, qui permet ensuite, petit à petit, d'apprendre à réguler ce stress et d'en faire quelque chose de positif derrière.
- Speaker #0
Et tu vois, dans la discussion qu'on avait au démarrage sur la négation de soi, ce qui est plus on va dire surnois quelque part avec ce stress-là, c'est que même s'il se manifeste dans la discussion intérieure inconsciente, j'ai envie de dire, il y a toujours une bonne raison de continuer à ne pas être soi. Et donc, il y a toujours une bonne raison de ne pas écouter ce stress. Et ça, ce n'est pas des choses très conscientes, mais c'est vraiment, pour les personnes qui vont nous écouter, d'avoir cette réflexion de quelle partie de moi, en fait, je mets sous cloche ou quelle partie de moi j'ai même enterré, quelle partie de moi... Je cache aux autres et je me cache même à moi-même. Et ça peut être ma grande intelligence. Ça peut être ma grande créativité. Ça peut être mes origines, ma couleur de peau que je cherche à combler par autre chose. Ça peut être mon fonctionnement avec mon TDAH que je cherche à combler par une extrême attention et une extrême structure. Il y en a plein qui compensent par l'extrême opposée d'une difficulté liée à un mode de fonctionnement. Et en fait, c'est d'être en conscience de ce mécanisme-là qu'on a mis en place. Parce que c'est cette conscience-là de ce mécanisme qui va permettre de se dire Ok, quand j'étais petite, j'ai mis ça en place pour faire partie de ce monde. Et c'était bien joué.
- Speaker #1
Prendre soin de son petit enfant à l'intérieur.
- Speaker #0
Voilà, c'est bien joué. C'est bien,
- Speaker #1
bravo.
- Speaker #0
Ça permet de rencontrer les personnes qu'on a rencontrées, de vivre ce qu'on a vécu, positif, négatif. En tout cas, ça nous a amenés là où on en est aujourd'hui, à nous écouter toutes les deux dans le podcast. Donc, la vie est parfaite. La vie est parfaite. Mais maintenant, ce n'est pas toujours très adéquat. C'est stratégique, on a mis enfant. Mais c'est de se dire, en tant qu'adulte, là aujourd'hui, quelle est mon ambition pour moi-même ? Est-ce que j'ai une ambition pour moi-même ? Parce que si j'ai une ambition pour moi-même, ça veut dire déjà que je me respecte, que j'ai conscience de moi et que je suis consciente de la société. Du coup, ça veut dire aussi que je mets une juste distance par rapport à ce qui se passe. par rapport au résultat de mes actions, de mes choix. Il n'y a pas mort d'homme. En fait, je fais entrer dans ma vie, il n'y a pas mort d'homme, il n'y a pas mort de moi. On en rigole, mais c'est vrai. Oui,
- Speaker #1
c'est vrai.
- Speaker #0
Il n'y a juste pas mort de moi. Et donc, s'il n'y a pas mort de moi, si on n'a plus peur de ça, du coup, on peut peut-être laisser ce moi sortir de sa cachette et exprimer sa pleine puissance, parce que souvent, ce qu'on cache, c'est notre pleine puissance. En tout cas, notre singularité.
- Speaker #1
Ce que l'on cache, déjà... Ce que l'on cache, c'est aussi ce dont on a peur, au final.
- Speaker #0
Oui. La compléteté,
- Speaker #1
justement. Donc, même avant de cacher, moi, je sais que je suis passée par une période où, en fait, j'ai eu peur de découvrir.
- Speaker #0
Oui, peur de découvrir. Mais en même temps, on se construit des piliers, un peu, tu sais, comme dans le déterminé, vice-versa. On a construit nos beaux piliers, et là, on est en train de se dire, oula ! Il y en a un qui devient fébrile, là. Mais en attendant, il tient quelque chose d'important pour moi. Et c'est peut-être de se dire en tant qu'adulte, qu'est-ce que je peux construire de nouveau ? Est-ce que je peux expérimenter ? Et il y a une phrase que je dis toujours à mon fils, mon deuxième garçon, qui est un peu comme ça, qui a besoin de sécuriser les choses avant d'agir. Je lui dis, mais tu sais, on ne peut pas connaître le goût d'une pomme avant de l'avoir goûtée. Donc, si on veut savoir quel est le goût de la pomme, il faut la goûter et voir si on en a aussi. Là, c'est un peu pareil. C'est-à-dire qu'on a peur d'aller vers quelque chose de nouveau parce qu'on ne maîtrise pas la conséquence. Or, on maîtrise la conséquence de ce stress qu'on sait gérer, après tout, qui n'est pas tip-top, qui nous remalade l'hiver, qui nous donne des petits pics d'humeur, qui peut parfois nous donner des pertes de voix, des maux de gorge. On ne sait pas trop expliquer, mais ça, c'est bon, on gère. Et on préfère gérer ça plutôt que gérer un peu cette... cette peur de l'inconnu, cette peur de soi. Et cette rencontre qui sera faite au bout de chemin, mais qu'on ne va pas contrôler en amont. J'ai presque envie de dire, mais quel stress on préfère ? Le stress de la rencontre ou le stress de gérer la non-rencontre ? Je suis inspirée.
- Speaker #1
J'aime beaucoup. En tout cas, j'aime beaucoup. J'aime beaucoup. parce que tu viens de mettre les termes et tu viens de nommer cette émotion-là stress. Les gens ne sauront pas. Très souvent, on ne qualifie pas ça de stress, mais en fait, c'est aussi un stress.
- Speaker #0
Qu'est-ce que, selon toi, alors là, parce que, alors avant de partir sur ça, en tant qu'entrepreneur, ça a des impacts très forts. Quand on a déjà ce stress lié, par exemple, moi, je prends mon exemple, je me lance en tant qu'entrepreneur, je suis une femme dans un métier où dans la représentation visuelle, je ne sais pas pourquoi, il y a énormément d'hommes. Moi, j'étais déjà dans un métier où il y avait beaucoup d'hommes. Je suis noire, anti-aise, je me lance en tant qu'entrepreneur. Déjà avec ma culture anti-aides, il faut que je sois forte, il faut que j'ose, il faut que j'aille dans une direction qui n'est pas celle forcément qui est prise dans ma famille. Et ça me demande vraiment beaucoup. En plus juste de lancer ma boîte, cette charge-là, c'est une charge qui vient là en plus. Il faut que je me focalise, que j'apprenne à me focaliser sur une tâche, je ne sais pas faire ça. Il faut que... Je gère de l'administratif que je porte plein de casquettes. Alors, je sais faire plein de trucs en même temps, mais l'entrepreneur doit quand même se structurer. Et ça, c'est quelque chose qui, chez moi, est une source de stress. Donc, en fait, en tant qu'entrepreneur, toutes ces singularités que l'on a de notre vie ou de notre fonctionnement créent une base de stress à laquelle viennent s'ajouter toutes les autres formes de stress. Et ce qu'on a tendance à faire, c'est gérer le stress lié, par exemple, au chiffre d'affaires. En oubliant que de toute façon, même si je gère mon stress au chiffre d'affaires, j'aurai toujours ma base de chiffre d'affaires qui est un terreau fertile. Et à la moindre occasion, il fera pousser une germe de stress. Donc quelque part, j'ai envie de dire que le mieux, c'est de s'occuper du terreau et peut-être de changer l'engrais qu'il y a là-dedans sur cette inclusion de soi pour amener de la sérénité au niveau du terreau. Et mieux gérer les conditions climatiques, plutôt que d'avoir des trucs stressants qui poussent, de gérer plutôt l'environnement extérieur qui, lui, peut être stressant, mais sur lequel j'ai un contrôle, parce que j'ai un contrôle sur moi. Je suis claire ou alors je suis partie dans des métaphores trop métaphorisantes ? Non,
- Speaker #1
non, non, c'est clair. C'est très clair pour moi. Moi, j'aime beaucoup. On a des métaphores en lien avec l'hétéro, les conditions climatiques, les germes qui poussent, la floraison, tout ça. Moi, ça me parle totalement.
- Speaker #0
Je ne suis pas pervers. Aujourd'hui, comment, par rapport à ce stress latent, par rapport à ta vie d'entrepreneur, qu'est-ce que tu as pu mettre en place pour gagner en sérénité et continuer à avancer ? Parce qu'on se connaît depuis un certain temps. Je sais que tu es passé par tout plein d'étapes justement en lien avec ce stress-là identitaire, ce terreau identitaire. Quelles sont les étapes que tu as traversées ? Est-ce que tu mets en place pour aujourd'hui continuer à avancer en étant toi ?
- Speaker #1
C'est ça, en fait. C'est en fait en étant moi.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
En étant moi. Et je suis passée par ces différents stress que tu as évoqués, au moins par rapport à mes origines. Déjà, de faire un... d'être auto-entrepreneur et d'être dans l'accompagnement. Déjà, ça, c'était un gros, gros stress. J'allais en disant, en fait, qu'est-ce que tu fais ? Quand j'explique ce que je fais, mes parents ont des difficultés à vraiment comprendre ce que je fais. Et dans ces cultures-là, c'est très tabou de faire appel de toute manière à…
- Speaker #0
Tout à fait.
- Speaker #1
de parler de façon de stress mental, de santé mentale, c'est déjà très tabou. Et donc moi, de me focaliser là-dessus et de partir sur cet axe-là très spécifique, ça a été un très gros… Je pense que c'est pour ça justement, pour cette question-là identitaire que j'ai mis beaucoup de temps à arriver là où j'en suis aujourd'hui. Et ma meilleure stratégie, c'est d'être vraiment moi et de mettre les mots petit à petit. de découvrir que je suis quelqu'un d'hypersensible, de dire que je suis quelqu'un d'attroverti et en fait de le dire et en fait d'être moi alors que ce soit dans mes relations sociales et même professionnelles, de dire en fait qui je suis et ça ça m'aide beaucoup et maintenant au départ donc forcément il y a la peur aussi de dire De l'affirmer, de dire je ne suis pas très forte en réseautage, je suis mal à l'aise. Au départ, je ne le disais jamais, je me forçais totalement. Donc, conditionnement tout ça. Mais en fait, aujourd'hui, c'est juste de mettre les mots et quelque part d'assumer. Ça me permet, moi, de réduire ce stress-là. En tout cas, je suis beaucoup moins stressée par rapport à ça. Ensuite, dans mes stratégies au quotidien, c'est de m'octroyer des pauses. des rituels en fait, c'est des espèces d'ancrages dans mon quotidien qui font que j'arrive à... C'est même tenir une journée, parce que je tiens les journées, mais ce sont des rituels. Moi, je parle beaucoup de café, de faire une postée, post-café, parce que c'est un ancrage, moi, qui me permet de souffler et reprendre mon énergie.
- Speaker #0
Et revenir à ton corps aussi.
- Speaker #1
Et revenir exactement à mon corps. Parce que dans ce qu'on fait, on travaille beaucoup en visio. Je travaille beaucoup en visio, donc j'ai beaucoup de concentration. Je suis présente pour l'autre personne, mais durant mes accompagnements, durant mes séances. Et le fait de faire ces pauses-là, pour moi, elles sont importantes parce que ça me permet de revenir à mon corps, à moi. Mes ressentis, mes émotions. Et en fait, ça, c'est une technique. Après je travaille sur les sensations avec des petites visualisations internes qui me font propre et ça me permet de me reconnecter. Et donc c'est ça qui m'aide beaucoup. Et grâce à ça, j'arrive ensuite à articuler la progression de la journée et de me dire mon énergie, comment elle est et comment je vais enchaîner avec la séance qui vient par exemple. Et donc vraiment tout en transparence, de dire en introduction de séance, voilà mon énergie, je te l'annonce, mon énergie, comment elle sera, comment je gère et comment je suis de moins en moins stressée. En tout cas, je le régule comme ça.
- Speaker #0
C'est chouette et puis ça se sent. C'est vrai qu'on se connaît maintenant depuis un certain nombre d'années. C'est vrai que... Cette sérénité, elle est là, elle s'installe. Donc, si je récapitule, c'est ce travail de conscience et d'acceptation de soi, le fait de s'assumer et de prendre des temps, même très courts, le temps d'un café, d'un thé, pour revenir à soi, revenir à son corps. Et en dernier point, c'était les trois points principaux que tu as amenés. Je réfléchissais si j'avais un point... de sérénité oui moi dans les choses qui me permettent je pense que le rêve chez moi est quelque chose d'important parce que mon rêve il m'appartient et mon rêve il est qu'à moi et prendre des temps pour rêver et parfois les écrire me permet en fait d'avoir une certaine forme de sérénité sur le fait que je me trahis pas que j'avance dans la direction ou pas de mon rêve, en tout cas de prendre des décisions éclairées par rapport à ça. Je crois que le fait de s'autoriser à rêver, très égoïstement ses propres rêves à soi, c'est, je trouve, une façon aussi de gagner en sérénité, parce qu'on retrouve quelque chose qui nous appartient et sur lequel on est les seuls, en fait, comment dire ça ? On est les seuls réalisateurs de ce rêve. Et en fait, ça me rend très sereine de savoir ce dont moi j'ai envie. Voilà, c'est ça. Le rêve me reconnecte à ce dont moi j'ai envie. Et comme ça, je n'ai plus peur maintenant de subir ce que quelqu'un d'autre a envie que je sois ou que je fasse. Et je trouve que ça me met dans des relations beaucoup plus sereines et authentiques aussi. Ça agit sur le système et ça me rend beaucoup moins malléable. Bon, comment tu conclurais ?
- Speaker #1
Moi, ça me fait penser en fait à l'alignement, tu vois. Je ne sais plus qui disait, c'est un proverbe, enfin je ne sais pas, une phrase que j'ai entendue, il disait, mais en fait, elle est arrivée là, donc elle, parce que ça parlait d'une femme, comment elle a réussi à y arriver, à atteindre cet objectif-là, parce qu'en fait, elle savait où est-ce qu'elle allait, tout simplement. C'est cette espèce d'alignement quand tu dis, tu parles de rêve, la réalisation de soi, c'est ça, c'est d'être beaucoup plus serein. Parce qu'en fait, tu parlais de boussole tout à l'heure, en fait, on a un objectif. Je sais où je vais. C'est clair, c'est limpide et ça me met sur le bon chemin. Et je sais prendre quelle sortie d'autoroute prendre. Tu vois,
- Speaker #0
je sais où je vais. C'est ça. Et quand il se passe un événement dans nos vies, cette boussole nous permet de savoir si oui ou non, elle nous concerne, il nous concerne cet événement. Plutôt que de tout prendre à la même force, à la même vitesse et à la même fréquence, en fait, il y a des événements qui sont, oui, certes très gênants, mais sur lesquels je n'ai pas la main, qui ne me concernent pas, et sur lesquels je n'ai vraiment aucun impact possible. Donc, en fait, je ne prends pas ce stress. Et il y a des stress, oui, qui me concernent, sur lesquels j'ai la main, je peux agir. et qui concerne ma vision de mon monde idéal ou de ce à quoi je veux contribuer. Et là, oui, je prends le stress et là, j'en fais quelque chose. Et c'est important, toi, tu parlais tout à l'heure de tout un tas, on va dire, d'indicateurs, de son tableau de bord interne. Et je rajoute ce point de GPS que l'on a, et qui change, on a plein, mais ça fait quand même un fil rouge de point de GPS à l'arrivée. Merci Stéphanie. Merci,
- Speaker #1
Patrice.
- Speaker #0
On va vous laisser avec cette réflexion. Merci pour ta générosité et encore une fois, comme toujours, ton authenticité et ta sensibilité. Et j'espère que ça va amener les personnes qui nous écoutent à réfléchir, non pas à leur stress, mais plutôt à leurs rêves et à réfléchir à la part d'elles qu'elles ont décidé de ne pas offrir au monde et voir s'il n'est pas temps de l'offrir pour gagner en sérénité. Et oui, ça demande de passer par une phase désagréable, peut-être inconfortable liée à l'inconnu, mais c'est la seule manière d'arriver à un réel changement et de sortir de la sphère du stress paralysant, mais plutôt au stress mobilisant lié à l'excitation. de la rencontre. Je vous dis à bientôt sur le podcast de l'ECI. Vous avez plein d'autres épisodes à découvrir. N'hésitez pas à continuer le partage, à continuer à écouter et je vous retrouve très bientôt avec une nouvelle personne pour un nouveau sujet.
- Speaker #1
À bientôt !