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L'environnement au cœur de ma santé

"Les espèces invasives sont-elles nocives ?"

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25min |30/12/2024
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Description

Une espèce exotique est une espèce introduite en dehors de son aire de répartition naturelle : il peut s'agir d'espèces animales, végétales, de champignons, micro-organismes, dont l'introduction est volontaire ou non sur un territoire. Une espèce exotique est considérée comme envahissante (EEE - ou espèce invasive) lorsque son introduction ou sa propagation ont des effets néfastes, voire constituent une menace pour la biodiversité et l'ensemble des services écosystémiques associés (source Fredon Grand Est). Or, chaque année, nos régions sont envahies par des espèces de plus en plus problématiques. Il s’agit notamment des chenilles processionnaires, de l’ambroisie et du Datura.

 

Pour ce 8e épisode consacré aux espèces invasives, Vanessa Rougier reçoit Louis Audren, responsable de projets chez Fredon Grand Est, qui permet d’en apprendre davantage sur la manière de gérer ces nuisibles, l’état de la science à ce sujet et les solutions pratiques à mettre en œuvre au quotidien pour préserver sa santé.


Cet épisode est proposé par la Mutualité Française Grand Est, en partenariat avec l'Agence Régionale de Santé Grand Est, la Région Grand Est et la Dreal Grand Est dans le cadre du Plan régional santé environnement (PRSE).


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, nous vous souhaitons la bienvenue dans le podcast L'environnement au cœur de ma santé le rendez-vous qui explore les relations entre la santé et l'environnement. Je suis Vanessa Rougier, je travaille dans le champ de la prévention et promotion de la santé depuis 18 ans et avec l'aide de mes invités, je découvre quelles solutions pratiques mettre en œuvre au quotidien pour vivre mieux et en meilleure santé. Cet épisode est proposé par la Mutualité Française Grand Est, en partenariat avec la DREAL Grand Est et Fredon. Grand Est. L'été dernier, nous avons été envahis par des espèces de plus en plus problématiques dans nos jardins et nos campagnes. Il s'agit notamment des chenilles processionnaires, de l'ambroisie et de la datura. Pour cet épisode consacré aux espèces invasives, je reçois Louis Audren, responsable de projet Frodon Grand Est, qui nous permettra d'en apprendre davantage sur la manière de gérer ces nuisibles, l'état de la science à ce sujet et les solutions pratiques à mettre en œuvre au quotidien. pour préserver sa santé. Bonjour Louis.

  • Speaker #1

    Bonjour Vanessa.

  • Speaker #0

    Vous travaillez chez Fredon Grand Est, dites-nous en plus sur cet organisme qui n'est pas encore bien connu du grand public.

  • Speaker #1

    Alors Fredon Grand Est, on est un organisme régional. On a un titre un petit peu particulier, celui d'organisme à vocation sanitaire pour le végétal. Ce qui fait qu'en fait on est habilité à travailler avec l'État sur des missions de délégation de services publics. Donc l'État nous délègue des missions. autour de la prévention, de la surveillance de parasites ou de plantes qui peuvent poser des problématiques. Sur ce sujet, on travaille directement avec l'État sur des missions de protection des végétaux, et notamment pour montrer qu'on a une bonne qualité de production, et ça c'est un gros facteur favorisateur pour l'export, notamment pour montrer qu'on a de très très bonnes qualités de production. On travaille aussi sur des sujets plutôt liés à l'environnement, notamment avec les agences de l'eau et la région aussi, sur des sujets plutôt de transition liés à la végétalisation. Alors particulièrement, notamment au sein des collectivités, on travaille beaucoup par exemple sur la végétalisation des cours d'école. On peut aussi travailler sur les cimetières, grosses problématiques liées à leur entretien. Et puis d'autres gestionnaires aussi, dépendamment des problématiques qui sont rencontrées par les acteurs. Et puis plus récemment, on travaille aussi sur des sujets de santé publique. Donc là, on travaille directement en lien avec l'Agence régionale de santé Grand Est, avec laquelle on a une convention triennale qui est signée. Donc là, on est dans notre troisième convention triennale qui a pour durée 2024-2026. L'idée, c'est de mettre en place un plan d'action régional sur des espèces qui peuvent poser problème à la santé humaine.

  • Speaker #0

    Donc vous êtes très bien placé pour parler des espèces nuisibles. Chenilles processionnaires, ambroisies, daturas. Ces espèces animales et végétales ont un impact sur la santé humaine. Est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, ce sont des espèces qui peuvent exposer les populations à des risques sanitaires. On va distinguer deux cas d'attaque. On va dire que ce sont des espèces qui peuvent soit être problématiques en raison de leurs caractéristiques biologiques, c'est-à-dire qu'en elles-mêmes, elles vont porter des caractéristiques qui peuvent être problématiques. On va par exemple parler de pollen d'ambroisie qui vont être problématiques. pour des questions d'allergie ou de soyeurs tiquantes qui vont être émises par des processionnaires. Le deuxième cas, ça va être plutôt des espèces qu'on va appeler vectrices, c'est-à-dire qu'elles vont avoir la capacité de nous transmettre des maladies. Et là, on va par exemple parler de moustiques tigres ou de tiques. Ces espèces, elles sont particulières, elles sont chacune avec des biologies différentes et elles peuvent être soit autochtones, c'est-à-dire qu'elles ont toujours été présentes dans notre environnement, comme par exemple les chenilles processionnaires, ou alors elles peuvent être... alloctones, c'est-à-dire qu'elles ont été importées, qu'elles ont été introduites, volontairement ou involontairement par l'homme.

  • Speaker #0

    On pourrait penser que ces espèces n'ont strictement rien à voir entre elles, entre l'ambroisie et la chenille. Et pourtant, elles ont des points communs. Quels sont-ils ?

  • Speaker #1

    Ce qu'on peut dire, c'est que les évolutions climatiques, les différents changements climatiques, qui sont déjà observés ou qui sont prévus quand on regarde les différents scénarios de changements climatiques, vont avoir tendance... à favoriser l'implantation d'espèces nouvelles, voire celles qui sont déjà implantées, qui sont déjà introduites, de favoriser leur développement en raison de températures, par exemple, qui vont être beaucoup plus propices l'hiver et qui vont favoriser ou éviter des pertes hivernales, par exemple.

  • Speaker #0

    Et du coup, est-ce un problème en Grand Est, ces espèces invasives ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un problème en Grand Est, puis c'est un problème aussi au niveau national. Nous, le Grand Est, on va avoir des configurations un petit peu différentes selon les espèces. A noter qu'elles ne se développent toutes pas de la même façon sur notre territoire. Donc elles vont être présentes à des niveaux plus ou moins importants. Donc c'est un problème parce que dans tous les cas, elles vont être de plus en plus présentes et leur atteinte à la santé risque d'être de plus en plus prégnante pour les habitants qui vivent sur ce territoire.

  • Speaker #0

    Alors justement, on parle de l'ambroisie de plus en plus et pourtant on la connaît peu en fait. Comment peut-on la reconnaître dans nos campagnes ?

  • Speaker #1

    Alors l'ambroisie, son nom complet c'est l'ambroisie à feuilles d'armoise. En fait, elle a des caractéristiques qui la font ressembler à l'armoise commune, qui est une plante en fait qui est présente sur notre territoire de façon naturelle. Et donc elle va avoir notamment des feuilles qui vont beaucoup ressembler à l'armoise commune. Alors une fois qu'on a dit ça, on n'a pas dit grand chose parce que ce n'est pas forcément facile à identifier pour des gens qui ne seraient pas botanistes. Je dirais que ce qui est très simple à reconnaître sur l'ambroisie, c'est sa fleur. Elle a une fleur qui est en forme d'épi, comme un épi de blé si vous voulez, qui va être un peu jaune vert. Et donc ça, c'est assez caractéristique de l'ambroisie parce qu'il n'y a pas beaucoup de fleurs qui vont faire des inflorescences de cette forme-là. Donc ça, ça leur rend assez facile à reconnaître. Après, il y a des petites astuces simples. Maintenant, on a tous un téléphone sur nous. On a tous l'appli qui s'appelle PlanteNet, qui peut être utilisée facilement pour reconnaître des végétaux. Ça peut être un bon atout pour facilement reconnaître la plante. Il y a aussi une plateforme nationale de signalement, qui est disponible à tous, et qui permet, en cas de doute, si demain vous croisez une plante qui pourrait vous faire penser à ces caractéristes-là, de la prendre en photo et de nous l'envoyer. Comme ça, nous, on pourra vous confirmer si ça en est ou pas.

  • Speaker #0

    Finalement, quel est le problème avec l'ambroisie ?

  • Speaker #1

    L'ambroisie est connue pour... produire un pollen qui est extrêmement allergisant. Ça fait partie des pollens qui sont, en France en tout cas, les plus allergisants qu'on connaisse. Elle va diffuser ce pollen à partir d'août-septembre, c'est-à-dire plutôt en fin d'été, et ça, ça le rend finalement assez reconnaissable lorsqu'on parle d'allergie pollinique, parce qu'à cette période de l'année, il n'y a pas beaucoup de pollen circulant finalement. L'ambroisie, elle a été implantée en Auvergne-Rhône-Alpes, et donc c'est en Auvergne-Rhône-Alpes qu'actuellement il y a le plus d'ambroisie. et eux ça fait maintenant quelques temps qu'ils sont embêtés avec cette ambroisie. Et donc il y a eu en 2017 une analyse technico-économique pour savoir ce que représentait finalement le coût du pollen d'ambroisie pour cette région. Donc en 2017, lorsqu'ils ont croisé différents frais de santé, des désensibilisations orales, de la prise de médicaments antihistaminiques, ce genre de choses, et parfois même jusqu'à l'arrêt de travail parce que quand vous êtes vraiment allergique et que vous n'êtes pas bien, ben vous... ils ne pouvaient pas forcément travailler, ils se sont rendus compte que l'Ambrosie coûtait 40 millions d'euros par an pour cette seule région. Et donc vous voyez tout l'impact que peut avoir cette plante, aussi bien au niveau économique, mais aussi bien au niveau de la qualité de vie, parce que 10% des personnes étaient allergiques en Auvergne-Rhône-Alpes. Et donc ça, ça peut être un vrai frein pour les populations, parce que ça fait que pendant 2 ou 3 mois de l'année, vous avez une grosse perte de votre qualité de vie.

  • Speaker #0

    Vous avez parlé d'allergie à l'ambroisie, qui peut parfois aller jusqu'à l'asthme. Comment peut-on faire pour se séparer de cette plante ?

  • Speaker #1

    C'est assez facile. L'ambroisie, c'est une plante annuelle, c'est-à-dire qu'elle va faire son cycle sur un an. Il suffit simplement de couper son cycle avant qu'elle produise ce pollen. Couper ce cycle, ça veut dire simplement l'arracher à la période où elle n'a pas encore fleuri. À partir du moment où vous allez croiser une ambroisie et que vous en avez la confirmation, si vous n'êtes pas forcément en capacité de la reconnaître par vous-même. Une fois que vous avez la confirmation que ça en est bien, un simple arrachage peut suffire pour vous en débarrasser. Alors ça, c'est dans les cas où vous avez seulement une ou deux ambrosies devant vous. Si vous êtes face à une zone où il y a énormément d'ambrosies, on va passer à d'autres techniques de lutte. Alors la plus simple, ça va être de la fauche, mais dépendamment des milieux, on peut intervenir de différentes façons.

  • Speaker #0

    Nous retrouvons parfois dans les arbres de nos jardins ou de nos forêts Des chenilles processionnaires, en quoi sont-elles un problème ?

  • Speaker #1

    Les chenilles processionnaires sont connues pour émettre des soies urticantes. Ce sont des petites soies microscopiques qui peuvent vous toucher directement et provoquer notamment des urtications. En Grand Est, on a deux types de chenilles processionnaires, deux espèces distinctes. On va avoir celle du pin, qui est notamment présente et bien connue maintenant dans la Marne et dans l'Aube. Et puis on va avoir celle du chêne, qui est beaucoup plus présente finalement dans toute la zone Lorraine. énormément de chaînes qui sont présentes. Et elles sont problématiques parce qu'elles sont toutes les deux en train de gagner du terrain en Grand Est. Et on s'aperçoit de plus en plus des problématiques qu'elles peuvent engendrer sur la santé humaine. Donc, on a eu notamment sur la période 2019-2021 une vraie population de processionnaires du chêne qui a engendré beaucoup de problématiques de santé humaine sur certaines zones touristiques. Des fois, voilà, des... une dizaine de personnes qui se retrouvent avec des problématiques d'urtication et qui sont envoyées aux urgences parce qu'il y a eu une forte atteinte à cet endroit-là. Les chenilles processionnaires sont issues de papillons de nuit. C'est simplement un stade de l'espèce processionnaire. C'est plutôt les chenilles qui vont bien émettre des soies urticantes, ce n'est pas forcément les papillons. Les papillons, c'est des petits papillons de nuit qui vont vivre un ou deux jours. C'est juste une fonction de reproduction pour perpétrer l'espèce. C'est vraiment la problématique qui est liée au stade chenille.

  • Speaker #0

    Comment les reconnaît-on ?

  • Speaker #1

    Pour les chenilles procédures, c'est beaucoup plus facile que pour l'ambroisie parce qu'on a forcément des caractéristiques très simples qui peuvent être observées. Les chenilles procédures du pin ou du chêne, déjà, elles vont vivre sur les essences dont elles portent le nom. Vous ne trouverez jamais de procédure du pin ou du chêne sur d'autres essences d'arbres. A ceci près que pour les procédures du pin, elles peuvent vivre aussi sur des cèdres, mais c'est un petit détail. Ces chenilles, vous les retrouverez toujours sur ces essences-là, que sur les pins ou que sur les chênes, et c'est des chenilles qu'on va appeler grégaires, c'est-à-dire qu'elles vivent en meute, en colonie. Vous ne trouverez jamais, ou de façon extrêmement rare, une chenille isolée de processionnaire du pin ou du chêne. Ça va toujours être par amas de 100 ou 300 individus au niveau, souvent, d'un nid, ou alors des boules de soie blanches au bout des branches de pin. La processionnaire du chêne, elle est un petit peu plus difficile à voir parce que le nid va se trouver sur le tronc ou sur l'écorce. et va mimer un petit peu la couleur de l'essence du chêne. Donc là, c'est un petit peu plus difficile à voir. Mais voilà, à partir du moment où vous allez trouver un amas de chenilles sur un chêne, vous pouvez considérer que c'est très probablement de la processionnaire du chêne. Encore une fois, s'il y a des doutes sur l'identification, nous, on est là pour vous aider. Donc, il y a une plateforme de signalement national qui va être mise en ligne à partir de 2025. L'idée, c'est un peu comme la Lambroisie, finalement. À partir du moment où vous allez trouver un individu, une chenille qui vous semble un petit peu suspecte et que vous ne savez pas identifier, vous pouvez toujours faire une photo, nous l'envoyer en signalement et nous on peut vous confirmer très facilement si c'est ou pas une chenille processionnaire.

  • Speaker #0

    Et la région Grand Est est pilote sur cette plateforme ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, on a commencé à l'expérimenter en 2024, d'ailleurs avec aussi les collègues de Bourgogne-Franche-Comté, et ça devrait pouvoir conduire à sa bonne mise en ligne en 2025.

  • Speaker #0

    Quel est l'impact des chenilles processionnaires sur notre santé ?

  • Speaker #1

    Les chenilles processionnaires vont émettre des soies urticantes. Finalement, c'est une simple réaction de défense, c'est-à-dire que pour se protéger de prédateurs ou d'individus potentiellement malveillants, elle va avoir sur son dos des zones qui vont enfermer des soies urticantes. Ce sont des soies microscopiques qui ne sont pas visibles à l'œil nu. C'est très différent des poils ornementaux qu'elle va avoir sur elle. Elle va avoir la capacité d'envoyer lorsqu'elle va sentir une menace.... Alors ça, c'est problématique pour l'humain, parce que ces soies peuvent venir directement sur nous, arriver sur notre peau et provoquer des démangeaisons. Mais ça peut être plus grave aussi lorsqu'on va en recevoir dans les yeux, lorsqu'on va en respirer, voire parfois lorsqu'on va en ingérer. C'est dans des cas assez rares, mais peut-être sur des enfants, ça pourrait arriver, sur des enfants en bas âge. Donc là, il y a des atteintes qui peuvent être assez graves sur la santé. Ça n'atteint pas que la santé humaine, ça peut atteindre aussi la santé animale, et notamment les animaux de compagnie, même si les animaux d'élevage aussi peuvent avoir de petits soucis, mais particulièrement les animaux de compagnie, et je pense en l'occurrence aux chiens, dont le comportement est de mettre les choses dans leur bouche pour pouvoir voir ce que c'est. Et donc on a des cas de chiens qui ont ingéré des chenilles processionnaires, et donc ça, ça peut être extrêmement grave parce que ça peut provoquer une nécrose de la langue. Ça nécessite une consultation vétérinaire d'urgence. Et là, la survie de l'animal peut parfois être mise en danger lorsqu'il y a des atteintes très fortes.

  • Speaker #0

    Enfin, la datura, qui est une plante vendue en jardinerie, n'est-ce pas ?

  • Speaker #1

    Oui. La datura, c'est une plante qui va faire des fleurs en cloche, en forme de cloche, qui vont être un petit peu dentées, avec une couleur variable. Ça peut être un peu blanc qui tend vers le rose. Une plante assez luxuriante. assez visible souvent quand on la croise. Le datura est une plante toxique, d'ailleurs c'est toute la plante qui est toxique sur le datura, aussi bien les racines, les parties végétatives et même les graines. Donc ça c'est une vraie problématique, particulièrement pour le monde agricole, car évidemment ces graines peuvent se retrouver des fois dans... dans d'autres graines récoltées. Donc ça, ça peut provoquer évidemment des intoxications involontaires. Et on a eu déjà quelques cas au niveau national et puis des cas un peu plus locaux aussi. Mais il y a déjà eu des cas. Alors il y a eu un cas cette année, notamment en Bretagne, qui a fait quelques articles dessus, où il y avait une quarantaine de personnes sur une zone qui avait été intoxiquée à cause d'une farine contaminée. Donc les atteintes, elles peuvent être assez variables. Tout va dépendre de la quantité qu'on va ingérer. Merci. Mais ça peut évidemment aller de vomissements, de troubles assez généraux jusqu'à la mort, dépendamment des quantités qui sont ingérées. Donc ça, il faut être vraiment très vigilant avec cette plante. Pour le moment, en Grand Est, on commence vraiment à voir les problématiques sur le terrain. On a notamment toute la zone Est de la région qui commence à être fortement contaminée. où on a plusieurs dizaines de signalements par département. Et donc là, l'objectif, c'est vraiment de se saisir tout de suite de la problématique et essayer d'éliminer ces plantes qui sont, pour le coup, des espèces importées qui viennent du Mexique. Donc l'idée, c'est de s'en débarrasser le plus rapidement possible pour éviter qu'elles se répandent trop facilement sur le territoire. Et puis, forcément... pour atteindre la qualité de nos productions et provoquer des risques sur la santé humaine. Il faut noter que pour cette datura, le centre antipoison humain, qui recense un petit peu tous les cas d'intoxication sur la région, recense une dizaine de cas par an, une petite dizaine de cas par an. Pour le moment, c'est un petit peu à la marge, ce n'est finalement pas beaucoup, mais c'est parce qu'on n'a pas beaucoup de plantes. Donc si demain, le nombre de plantes augmente, on risque d'avoir plus de cas humains.

  • Speaker #0

    Le principe de cette émission, c'est de donner des conseils pratiques à nos auditeurs. Nous en venons aux pistes de solutions. Comment peut-on bien vivre en bonne intelligence avec ces espèces ?

  • Speaker #1

    Alors ce qu'on peut dire déjà, c'est que ces espèces ont un point commun, c'est qu'on peut toutes les trois les trouver dans nos jardins. Donc on l'a dit, le datura c'est une plante ornementale aussi, donc on la vend encore en jardinier, donc le risque c'est qu'on implante soi-même le datura dans nos jardins. Donc évidemment, le fait de connaître le risque et de savoir ce qu'on achète, ça peut déjà permettre de limiter un petit peu la problématique. Les processionnaires, on peut aussi les trouver dans notre jardin. Il suffit que vous ayez un pin ou un chêne dans votre jardin et vous pouvez facilement vous retrouver avec des nids de processionnaires. Et puis l'ambroisie, vous pouvez aussi la retrouver dans votre jardin parce que finalement l'ambroisie, elle est de la même famille que le tournesol. C'est une astéracée. Et lorsque finalement les agriculteurs vont faire leur récolte de tournesol, ils peuvent parfois aussi récolter des graines d'ambroisie. Et donc... Les graines d'ambroisie vont se retrouver dans les mélanges de graines pour oiseaux qui sont composées de graines de tournesol. Et donc, on a pas mal de signalements maintenant en grand test. On a à peu près une dizaine par an de personnes qui se retrouvent dans leur jardin avec des pieds d'ambroisie au pied des mangeoires pour oiseaux. Évidemment, le fait de connaître ces espèces, de savoir les reconnaître, d'être un petit peu sensibilisé, ça permet de facilement les reconnaître et de facilement s'en débarrasser derrière. On l'a dit, pour l'ambroisie, c'est assez facile. Le datura, évidemment, c'est aussi une plante annuelle, on peut facilement s'en débarrasser en l'arrachant. A ceci près que là, on vous conseille de porter des gants, parce que comme je l'ai précisé, c'est une plante qui est toxique. Donc l'idée, c'est de ne pas se contaminer. Pour les processionnaires, c'est un petit peu plus délicat. Vous êtes sur des espèces qui vont vivre dans des arbres, donc un petit peu en hauteur. Là, on conseille vraiment d'appeler des sociétés spécialisées dans la destruction, qui vont faire ça en ayant des équipements de protection, des équipements pour travailler en hauteur. et limiter le risque pour l'opérateur.

  • Speaker #0

    Parfois dans les jardins et dans les forêts, on voit des colliers autour des pins. À quoi ça sert et est-ce que cela permet d'éviter nos chenilles ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qu'on appelle un piège collier. C'est effectivement un piège qu'on va mettre autour de l'arbre. Le principe est assez simple, c'est que c'est une sorte de gouttière qui va venir récolter les chenilles processionnaires du pin lorsqu'elles vont descendre de l'arbre. Alors ça, c'est lié à la biologie de l'espèce. C'est une séquence comportementale qui fait que la processionnaire du pain, à un moment de son cycle, va avoir besoin de descendre pour aller s'enterrer dans le sol. Le principe du piège, il est simple, c'est de ramasser les chenilles pendant qu'elles sont en train de descendre finalement de l'arbre. Donc, vous allez avoir une gouttière qui permet de les récolter et un sac collecteur. Donc ça, c'est un outil aussi qui est très facile à mettre en place pour les particuliers ou même pour certains gestionnaires. Lorsque vous avez quelques arbres avec un risque de processionnaire du pain, vous pouvez installer ces... ces pièges colliers pour récolter les chenilles et éviter de recontaminer votre pain de façon trop régulière.

  • Speaker #0

    Il me semble que ça ne coûte pas très cher, ces colliers autour des pains.

  • Speaker #1

    Non, non, non. Ce sont des pièges qui vont être entre une vingtaine et trente, quarante, peut-être même un peu plus parfois. Ça dépend en fait de la circonférence de votre pain. Donc évidemment, plus le pain va être imposant, plus le piège va être cher. Mais ce sont des pièges qui, à l'achat, sont... Avec un coût relativement raisonnable. Mais surtout, une fois qu'il est mis en place, vous n'avez qu'à renouveler le sac collecteur. Et ça, ça ne coûte que quelques euros par an. Donc pour une solution sur la durée, ça peut être assez intéressant.

  • Speaker #0

    Donc 20 à 40 euros par an. Par contre, pour les chênes, on n'aura pas forcément la même façon de procéder.

  • Speaker #1

    Et non, pour le chêne, c'est un petit peu plus délicat. Les procédures du chêne, elles n'ont pas ce comportement de vouloir descendre à un moment de leur cycle dans le sol. Il faut constater que ce sont des espèces qui sont finalement complètement différentes, même si elles ont un nom commun, elles ont des biologies un petit peu différentes. Donc aujourd'hui, on n'a pas forcément de piège pour les processionnaires du chêne qui peuvent capturer facilement cette espèce-là.

  • Speaker #0

    Et donc du coup, il faudra faire appel à des professionnels ?

  • Speaker #1

    Oui, on conseille vraiment de faire appel à des professionnels dans ces cas-là, parce que ce sont des espèces qui peuvent porter atteinte à la santé humaine et qui nécessitent parfois des équipements. Donc, le particulier ou la personne qui n'est pas forcément en capacité de le faire bien risque de se faire plus de mal que de bien en essayant de le faire soi-même.

  • Speaker #0

    Peut-on compter sur la nature pour nous donner des solutions, finalement ?

  • Speaker #1

    Oui, la nature va être un bon allié, évidemment, comme d'habitude. En fait, toutes ces espèces, elles sont vraiment... C'est problématique parce qu'on a un petit peu déréglé notre environnement. Et donc évidemment, l'ambroisier va aimer les sols artificialisés, un peu nus. Les processionnaires vont se plaire dans les zones où il y a beaucoup de pain. Donc évidemment, à partir du moment où on va avoir des parcelles agricoles ou des zones laissées à nu, ou par exemple des monocultures forestières avec que des pains ou que des chênes, ça va être des gros favorisateurs pour ces espèces-là. Donc l'idée, évidemment, c'est de réinviter un peu la nature dans tous ces espaces. de repenser un petit peu la biodiversité, d'avoir des zones peut-être un petit peu plus mélangées en termes forestiers. Ça peut être aussi, par exemple, de revégétaliser les zones qui ont été mises à nu en essayant d'apporter des espèces locales, bien denses, bien diversifiées. Et ça, ça peut être des vrais freins pour limiter ces espèces-là. On peut aussi mettre en avant quelques prédateurs, par exemple pour les processionnaires. Les mésanges, les chauves-souris peuvent en consommer. Donc évidemment, installer des nichoirs ou des gîtes à chauves-souris. Ça peut permettre à la biodiversité de revenir à des endroits où elle était un petit peu absente et de limiter certains de ces problématiques. On peut aussi parler des populations d'insectes. Alors même si là, c'est un petit peu plus difficile à favoriser en tant que tel, on peut parler d'hôtels à insectes, de conservation des bandes enherbées, des bandes fleuries pour essayer de garder des populations qui peuvent parfois consommer ces populations d'insectes et qui peuvent évidemment nous rendre beaucoup de services.

  • Speaker #0

    Un mot de conclusion ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ce qu'on peut dire, c'est que... Finalement, la nature a toujours présenté des risques. Ces problématiques ne sont pas forcément très nouvelles, même si elles sont un peu actualisées au regard des nouveaux changements climatiques. Dernièrement, on constate quand même que toutes ces espèces, le changement climatique les a amplifiées, en tout cas qu'elles sont beaucoup plus présentes et qu'il y a de plus en plus d'introductions d'espèces qui potentiellement derrière peuvent poser des problématiques de santé humaine. Évidemment... l'objectif, ce n'est pas d'être plus inquiet sur l'état de notre environnement que ça. L'idée, c'est aussi de mettre en avant tous les bénéfices ou co-bénéfices que peut nous produire ou nous prodiguer plutôt la nature, aussi bien sur des aspects de santé biologique en tant que tel, de santé mentale, qualité de l'air, de l'eau, etc. Donc la nature, c'est beaucoup plus un bien à protéger que quelque chose à combattre finalement. Aujourd'hui, nos enjeux se situent vraiment autour de la prévention. On voit bien que de plus en plus, on s'éloigne un petit peu de la nature et que des espèces finalement qu'on était en capacité de reconnaître, de nommer, aujourd'hui c'est des savoirs qui se perdent un petit peu. Donc il y a des vrais enjeux de connaissance, de prévention, pour que tout le monde reprenne contact avec la nature, reconnaisse de plus en plus toutes ces nouvelles espèces qui peuvent être problématiques ou qui ne le sont pas forcément. Là aujourd'hui, on parle de quelques espèces qui... peuvent atteindre la santé humaine, mais il y en a plein d'autres finalement qui ne nous veulent aucun mal, on va dire. Donc l'objectif, c'est vraiment de se réapproprier ces enjeux et la connaissance un peu de notre environnement, pour se prémunir de ces potentiels effets délétères.

  • Speaker #0

    Merci Louis.

  • Speaker #1

    Merci Vanessa.

  • Speaker #0

    Alors, en résumé, certaines espèces d'invasifs sont présentes dans nos jardins, nos forêts et nos campagnes, à l'image des chenilles processionnaires, du datura et de l'ambroisie. Alors contacte les humains peuvent déclencher des allergies, des démangeaisons, voire des empoisonnements. Arrêter de planter des pins dans notre région, notamment dans la Marne, éviter les forêts monocultures, l'artificialisation des sols, peut être une des pistes de solution. Naturaliser le plus possible, reverdir les villes via les associations d'habitants également. Repérer les premiers signes de surveillance des arbres, en particulier dans les pins, où tout un chacun peut y déposer des pièges colliers collecteurs de chenilles. Les applications de reconnaissance et des plateformes de signalement sont aussi disponibles. très pratiques pour repérer et agir rapidement. Faisons de la nature notre allié en favorisant la biodiversité. Cela permettra notamment à de nouvelles plantes de prendre la place du datura et de l'ambroisie et à des prédateurs comme les oiseaux de se régaler de belles chenilles processionnaires. Découvrez nos podcasts, l'environnement au cœur de ma santé, au cours de prochains épisodes sur les moustiques tigres, les punaises de lit, les tiques et bien d'autres. A bientôt !

Description

Une espèce exotique est une espèce introduite en dehors de son aire de répartition naturelle : il peut s'agir d'espèces animales, végétales, de champignons, micro-organismes, dont l'introduction est volontaire ou non sur un territoire. Une espèce exotique est considérée comme envahissante (EEE - ou espèce invasive) lorsque son introduction ou sa propagation ont des effets néfastes, voire constituent une menace pour la biodiversité et l'ensemble des services écosystémiques associés (source Fredon Grand Est). Or, chaque année, nos régions sont envahies par des espèces de plus en plus problématiques. Il s’agit notamment des chenilles processionnaires, de l’ambroisie et du Datura.

 

Pour ce 8e épisode consacré aux espèces invasives, Vanessa Rougier reçoit Louis Audren, responsable de projets chez Fredon Grand Est, qui permet d’en apprendre davantage sur la manière de gérer ces nuisibles, l’état de la science à ce sujet et les solutions pratiques à mettre en œuvre au quotidien pour préserver sa santé.


Cet épisode est proposé par la Mutualité Française Grand Est, en partenariat avec l'Agence Régionale de Santé Grand Est, la Région Grand Est et la Dreal Grand Est dans le cadre du Plan régional santé environnement (PRSE).


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, nous vous souhaitons la bienvenue dans le podcast L'environnement au cœur de ma santé le rendez-vous qui explore les relations entre la santé et l'environnement. Je suis Vanessa Rougier, je travaille dans le champ de la prévention et promotion de la santé depuis 18 ans et avec l'aide de mes invités, je découvre quelles solutions pratiques mettre en œuvre au quotidien pour vivre mieux et en meilleure santé. Cet épisode est proposé par la Mutualité Française Grand Est, en partenariat avec la DREAL Grand Est et Fredon. Grand Est. L'été dernier, nous avons été envahis par des espèces de plus en plus problématiques dans nos jardins et nos campagnes. Il s'agit notamment des chenilles processionnaires, de l'ambroisie et de la datura. Pour cet épisode consacré aux espèces invasives, je reçois Louis Audren, responsable de projet Frodon Grand Est, qui nous permettra d'en apprendre davantage sur la manière de gérer ces nuisibles, l'état de la science à ce sujet et les solutions pratiques à mettre en œuvre au quotidien. pour préserver sa santé. Bonjour Louis.

  • Speaker #1

    Bonjour Vanessa.

  • Speaker #0

    Vous travaillez chez Fredon Grand Est, dites-nous en plus sur cet organisme qui n'est pas encore bien connu du grand public.

  • Speaker #1

    Alors Fredon Grand Est, on est un organisme régional. On a un titre un petit peu particulier, celui d'organisme à vocation sanitaire pour le végétal. Ce qui fait qu'en fait on est habilité à travailler avec l'État sur des missions de délégation de services publics. Donc l'État nous délègue des missions. autour de la prévention, de la surveillance de parasites ou de plantes qui peuvent poser des problématiques. Sur ce sujet, on travaille directement avec l'État sur des missions de protection des végétaux, et notamment pour montrer qu'on a une bonne qualité de production, et ça c'est un gros facteur favorisateur pour l'export, notamment pour montrer qu'on a de très très bonnes qualités de production. On travaille aussi sur des sujets plutôt liés à l'environnement, notamment avec les agences de l'eau et la région aussi, sur des sujets plutôt de transition liés à la végétalisation. Alors particulièrement, notamment au sein des collectivités, on travaille beaucoup par exemple sur la végétalisation des cours d'école. On peut aussi travailler sur les cimetières, grosses problématiques liées à leur entretien. Et puis d'autres gestionnaires aussi, dépendamment des problématiques qui sont rencontrées par les acteurs. Et puis plus récemment, on travaille aussi sur des sujets de santé publique. Donc là, on travaille directement en lien avec l'Agence régionale de santé Grand Est, avec laquelle on a une convention triennale qui est signée. Donc là, on est dans notre troisième convention triennale qui a pour durée 2024-2026. L'idée, c'est de mettre en place un plan d'action régional sur des espèces qui peuvent poser problème à la santé humaine.

  • Speaker #0

    Donc vous êtes très bien placé pour parler des espèces nuisibles. Chenilles processionnaires, ambroisies, daturas. Ces espèces animales et végétales ont un impact sur la santé humaine. Est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, ce sont des espèces qui peuvent exposer les populations à des risques sanitaires. On va distinguer deux cas d'attaque. On va dire que ce sont des espèces qui peuvent soit être problématiques en raison de leurs caractéristiques biologiques, c'est-à-dire qu'en elles-mêmes, elles vont porter des caractéristiques qui peuvent être problématiques. On va par exemple parler de pollen d'ambroisie qui vont être problématiques. pour des questions d'allergie ou de soyeurs tiquantes qui vont être émises par des processionnaires. Le deuxième cas, ça va être plutôt des espèces qu'on va appeler vectrices, c'est-à-dire qu'elles vont avoir la capacité de nous transmettre des maladies. Et là, on va par exemple parler de moustiques tigres ou de tiques. Ces espèces, elles sont particulières, elles sont chacune avec des biologies différentes et elles peuvent être soit autochtones, c'est-à-dire qu'elles ont toujours été présentes dans notre environnement, comme par exemple les chenilles processionnaires, ou alors elles peuvent être... alloctones, c'est-à-dire qu'elles ont été importées, qu'elles ont été introduites, volontairement ou involontairement par l'homme.

  • Speaker #0

    On pourrait penser que ces espèces n'ont strictement rien à voir entre elles, entre l'ambroisie et la chenille. Et pourtant, elles ont des points communs. Quels sont-ils ?

  • Speaker #1

    Ce qu'on peut dire, c'est que les évolutions climatiques, les différents changements climatiques, qui sont déjà observés ou qui sont prévus quand on regarde les différents scénarios de changements climatiques, vont avoir tendance... à favoriser l'implantation d'espèces nouvelles, voire celles qui sont déjà implantées, qui sont déjà introduites, de favoriser leur développement en raison de températures, par exemple, qui vont être beaucoup plus propices l'hiver et qui vont favoriser ou éviter des pertes hivernales, par exemple.

  • Speaker #0

    Et du coup, est-ce un problème en Grand Est, ces espèces invasives ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un problème en Grand Est, puis c'est un problème aussi au niveau national. Nous, le Grand Est, on va avoir des configurations un petit peu différentes selon les espèces. A noter qu'elles ne se développent toutes pas de la même façon sur notre territoire. Donc elles vont être présentes à des niveaux plus ou moins importants. Donc c'est un problème parce que dans tous les cas, elles vont être de plus en plus présentes et leur atteinte à la santé risque d'être de plus en plus prégnante pour les habitants qui vivent sur ce territoire.

  • Speaker #0

    Alors justement, on parle de l'ambroisie de plus en plus et pourtant on la connaît peu en fait. Comment peut-on la reconnaître dans nos campagnes ?

  • Speaker #1

    Alors l'ambroisie, son nom complet c'est l'ambroisie à feuilles d'armoise. En fait, elle a des caractéristiques qui la font ressembler à l'armoise commune, qui est une plante en fait qui est présente sur notre territoire de façon naturelle. Et donc elle va avoir notamment des feuilles qui vont beaucoup ressembler à l'armoise commune. Alors une fois qu'on a dit ça, on n'a pas dit grand chose parce que ce n'est pas forcément facile à identifier pour des gens qui ne seraient pas botanistes. Je dirais que ce qui est très simple à reconnaître sur l'ambroisie, c'est sa fleur. Elle a une fleur qui est en forme d'épi, comme un épi de blé si vous voulez, qui va être un peu jaune vert. Et donc ça, c'est assez caractéristique de l'ambroisie parce qu'il n'y a pas beaucoup de fleurs qui vont faire des inflorescences de cette forme-là. Donc ça, ça leur rend assez facile à reconnaître. Après, il y a des petites astuces simples. Maintenant, on a tous un téléphone sur nous. On a tous l'appli qui s'appelle PlanteNet, qui peut être utilisée facilement pour reconnaître des végétaux. Ça peut être un bon atout pour facilement reconnaître la plante. Il y a aussi une plateforme nationale de signalement, qui est disponible à tous, et qui permet, en cas de doute, si demain vous croisez une plante qui pourrait vous faire penser à ces caractéristes-là, de la prendre en photo et de nous l'envoyer. Comme ça, nous, on pourra vous confirmer si ça en est ou pas.

  • Speaker #0

    Finalement, quel est le problème avec l'ambroisie ?

  • Speaker #1

    L'ambroisie est connue pour... produire un pollen qui est extrêmement allergisant. Ça fait partie des pollens qui sont, en France en tout cas, les plus allergisants qu'on connaisse. Elle va diffuser ce pollen à partir d'août-septembre, c'est-à-dire plutôt en fin d'été, et ça, ça le rend finalement assez reconnaissable lorsqu'on parle d'allergie pollinique, parce qu'à cette période de l'année, il n'y a pas beaucoup de pollen circulant finalement. L'ambroisie, elle a été implantée en Auvergne-Rhône-Alpes, et donc c'est en Auvergne-Rhône-Alpes qu'actuellement il y a le plus d'ambroisie. et eux ça fait maintenant quelques temps qu'ils sont embêtés avec cette ambroisie. Et donc il y a eu en 2017 une analyse technico-économique pour savoir ce que représentait finalement le coût du pollen d'ambroisie pour cette région. Donc en 2017, lorsqu'ils ont croisé différents frais de santé, des désensibilisations orales, de la prise de médicaments antihistaminiques, ce genre de choses, et parfois même jusqu'à l'arrêt de travail parce que quand vous êtes vraiment allergique et que vous n'êtes pas bien, ben vous... ils ne pouvaient pas forcément travailler, ils se sont rendus compte que l'Ambrosie coûtait 40 millions d'euros par an pour cette seule région. Et donc vous voyez tout l'impact que peut avoir cette plante, aussi bien au niveau économique, mais aussi bien au niveau de la qualité de vie, parce que 10% des personnes étaient allergiques en Auvergne-Rhône-Alpes. Et donc ça, ça peut être un vrai frein pour les populations, parce que ça fait que pendant 2 ou 3 mois de l'année, vous avez une grosse perte de votre qualité de vie.

  • Speaker #0

    Vous avez parlé d'allergie à l'ambroisie, qui peut parfois aller jusqu'à l'asthme. Comment peut-on faire pour se séparer de cette plante ?

  • Speaker #1

    C'est assez facile. L'ambroisie, c'est une plante annuelle, c'est-à-dire qu'elle va faire son cycle sur un an. Il suffit simplement de couper son cycle avant qu'elle produise ce pollen. Couper ce cycle, ça veut dire simplement l'arracher à la période où elle n'a pas encore fleuri. À partir du moment où vous allez croiser une ambroisie et que vous en avez la confirmation, si vous n'êtes pas forcément en capacité de la reconnaître par vous-même. Une fois que vous avez la confirmation que ça en est bien, un simple arrachage peut suffire pour vous en débarrasser. Alors ça, c'est dans les cas où vous avez seulement une ou deux ambrosies devant vous. Si vous êtes face à une zone où il y a énormément d'ambrosies, on va passer à d'autres techniques de lutte. Alors la plus simple, ça va être de la fauche, mais dépendamment des milieux, on peut intervenir de différentes façons.

  • Speaker #0

    Nous retrouvons parfois dans les arbres de nos jardins ou de nos forêts Des chenilles processionnaires, en quoi sont-elles un problème ?

  • Speaker #1

    Les chenilles processionnaires sont connues pour émettre des soies urticantes. Ce sont des petites soies microscopiques qui peuvent vous toucher directement et provoquer notamment des urtications. En Grand Est, on a deux types de chenilles processionnaires, deux espèces distinctes. On va avoir celle du pin, qui est notamment présente et bien connue maintenant dans la Marne et dans l'Aube. Et puis on va avoir celle du chêne, qui est beaucoup plus présente finalement dans toute la zone Lorraine. énormément de chaînes qui sont présentes. Et elles sont problématiques parce qu'elles sont toutes les deux en train de gagner du terrain en Grand Est. Et on s'aperçoit de plus en plus des problématiques qu'elles peuvent engendrer sur la santé humaine. Donc, on a eu notamment sur la période 2019-2021 une vraie population de processionnaires du chêne qui a engendré beaucoup de problématiques de santé humaine sur certaines zones touristiques. Des fois, voilà, des... une dizaine de personnes qui se retrouvent avec des problématiques d'urtication et qui sont envoyées aux urgences parce qu'il y a eu une forte atteinte à cet endroit-là. Les chenilles processionnaires sont issues de papillons de nuit. C'est simplement un stade de l'espèce processionnaire. C'est plutôt les chenilles qui vont bien émettre des soies urticantes, ce n'est pas forcément les papillons. Les papillons, c'est des petits papillons de nuit qui vont vivre un ou deux jours. C'est juste une fonction de reproduction pour perpétrer l'espèce. C'est vraiment la problématique qui est liée au stade chenille.

  • Speaker #0

    Comment les reconnaît-on ?

  • Speaker #1

    Pour les chenilles procédures, c'est beaucoup plus facile que pour l'ambroisie parce qu'on a forcément des caractéristiques très simples qui peuvent être observées. Les chenilles procédures du pin ou du chêne, déjà, elles vont vivre sur les essences dont elles portent le nom. Vous ne trouverez jamais de procédure du pin ou du chêne sur d'autres essences d'arbres. A ceci près que pour les procédures du pin, elles peuvent vivre aussi sur des cèdres, mais c'est un petit détail. Ces chenilles, vous les retrouverez toujours sur ces essences-là, que sur les pins ou que sur les chênes, et c'est des chenilles qu'on va appeler grégaires, c'est-à-dire qu'elles vivent en meute, en colonie. Vous ne trouverez jamais, ou de façon extrêmement rare, une chenille isolée de processionnaire du pin ou du chêne. Ça va toujours être par amas de 100 ou 300 individus au niveau, souvent, d'un nid, ou alors des boules de soie blanches au bout des branches de pin. La processionnaire du chêne, elle est un petit peu plus difficile à voir parce que le nid va se trouver sur le tronc ou sur l'écorce. et va mimer un petit peu la couleur de l'essence du chêne. Donc là, c'est un petit peu plus difficile à voir. Mais voilà, à partir du moment où vous allez trouver un amas de chenilles sur un chêne, vous pouvez considérer que c'est très probablement de la processionnaire du chêne. Encore une fois, s'il y a des doutes sur l'identification, nous, on est là pour vous aider. Donc, il y a une plateforme de signalement national qui va être mise en ligne à partir de 2025. L'idée, c'est un peu comme la Lambroisie, finalement. À partir du moment où vous allez trouver un individu, une chenille qui vous semble un petit peu suspecte et que vous ne savez pas identifier, vous pouvez toujours faire une photo, nous l'envoyer en signalement et nous on peut vous confirmer très facilement si c'est ou pas une chenille processionnaire.

  • Speaker #0

    Et la région Grand Est est pilote sur cette plateforme ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, on a commencé à l'expérimenter en 2024, d'ailleurs avec aussi les collègues de Bourgogne-Franche-Comté, et ça devrait pouvoir conduire à sa bonne mise en ligne en 2025.

  • Speaker #0

    Quel est l'impact des chenilles processionnaires sur notre santé ?

  • Speaker #1

    Les chenilles processionnaires vont émettre des soies urticantes. Finalement, c'est une simple réaction de défense, c'est-à-dire que pour se protéger de prédateurs ou d'individus potentiellement malveillants, elle va avoir sur son dos des zones qui vont enfermer des soies urticantes. Ce sont des soies microscopiques qui ne sont pas visibles à l'œil nu. C'est très différent des poils ornementaux qu'elle va avoir sur elle. Elle va avoir la capacité d'envoyer lorsqu'elle va sentir une menace.... Alors ça, c'est problématique pour l'humain, parce que ces soies peuvent venir directement sur nous, arriver sur notre peau et provoquer des démangeaisons. Mais ça peut être plus grave aussi lorsqu'on va en recevoir dans les yeux, lorsqu'on va en respirer, voire parfois lorsqu'on va en ingérer. C'est dans des cas assez rares, mais peut-être sur des enfants, ça pourrait arriver, sur des enfants en bas âge. Donc là, il y a des atteintes qui peuvent être assez graves sur la santé. Ça n'atteint pas que la santé humaine, ça peut atteindre aussi la santé animale, et notamment les animaux de compagnie, même si les animaux d'élevage aussi peuvent avoir de petits soucis, mais particulièrement les animaux de compagnie, et je pense en l'occurrence aux chiens, dont le comportement est de mettre les choses dans leur bouche pour pouvoir voir ce que c'est. Et donc on a des cas de chiens qui ont ingéré des chenilles processionnaires, et donc ça, ça peut être extrêmement grave parce que ça peut provoquer une nécrose de la langue. Ça nécessite une consultation vétérinaire d'urgence. Et là, la survie de l'animal peut parfois être mise en danger lorsqu'il y a des atteintes très fortes.

  • Speaker #0

    Enfin, la datura, qui est une plante vendue en jardinerie, n'est-ce pas ?

  • Speaker #1

    Oui. La datura, c'est une plante qui va faire des fleurs en cloche, en forme de cloche, qui vont être un petit peu dentées, avec une couleur variable. Ça peut être un peu blanc qui tend vers le rose. Une plante assez luxuriante. assez visible souvent quand on la croise. Le datura est une plante toxique, d'ailleurs c'est toute la plante qui est toxique sur le datura, aussi bien les racines, les parties végétatives et même les graines. Donc ça c'est une vraie problématique, particulièrement pour le monde agricole, car évidemment ces graines peuvent se retrouver des fois dans... dans d'autres graines récoltées. Donc ça, ça peut provoquer évidemment des intoxications involontaires. Et on a eu déjà quelques cas au niveau national et puis des cas un peu plus locaux aussi. Mais il y a déjà eu des cas. Alors il y a eu un cas cette année, notamment en Bretagne, qui a fait quelques articles dessus, où il y avait une quarantaine de personnes sur une zone qui avait été intoxiquée à cause d'une farine contaminée. Donc les atteintes, elles peuvent être assez variables. Tout va dépendre de la quantité qu'on va ingérer. Merci. Mais ça peut évidemment aller de vomissements, de troubles assez généraux jusqu'à la mort, dépendamment des quantités qui sont ingérées. Donc ça, il faut être vraiment très vigilant avec cette plante. Pour le moment, en Grand Est, on commence vraiment à voir les problématiques sur le terrain. On a notamment toute la zone Est de la région qui commence à être fortement contaminée. où on a plusieurs dizaines de signalements par département. Et donc là, l'objectif, c'est vraiment de se saisir tout de suite de la problématique et essayer d'éliminer ces plantes qui sont, pour le coup, des espèces importées qui viennent du Mexique. Donc l'idée, c'est de s'en débarrasser le plus rapidement possible pour éviter qu'elles se répandent trop facilement sur le territoire. Et puis, forcément... pour atteindre la qualité de nos productions et provoquer des risques sur la santé humaine. Il faut noter que pour cette datura, le centre antipoison humain, qui recense un petit peu tous les cas d'intoxication sur la région, recense une dizaine de cas par an, une petite dizaine de cas par an. Pour le moment, c'est un petit peu à la marge, ce n'est finalement pas beaucoup, mais c'est parce qu'on n'a pas beaucoup de plantes. Donc si demain, le nombre de plantes augmente, on risque d'avoir plus de cas humains.

  • Speaker #0

    Le principe de cette émission, c'est de donner des conseils pratiques à nos auditeurs. Nous en venons aux pistes de solutions. Comment peut-on bien vivre en bonne intelligence avec ces espèces ?

  • Speaker #1

    Alors ce qu'on peut dire déjà, c'est que ces espèces ont un point commun, c'est qu'on peut toutes les trois les trouver dans nos jardins. Donc on l'a dit, le datura c'est une plante ornementale aussi, donc on la vend encore en jardinier, donc le risque c'est qu'on implante soi-même le datura dans nos jardins. Donc évidemment, le fait de connaître le risque et de savoir ce qu'on achète, ça peut déjà permettre de limiter un petit peu la problématique. Les processionnaires, on peut aussi les trouver dans notre jardin. Il suffit que vous ayez un pin ou un chêne dans votre jardin et vous pouvez facilement vous retrouver avec des nids de processionnaires. Et puis l'ambroisie, vous pouvez aussi la retrouver dans votre jardin parce que finalement l'ambroisie, elle est de la même famille que le tournesol. C'est une astéracée. Et lorsque finalement les agriculteurs vont faire leur récolte de tournesol, ils peuvent parfois aussi récolter des graines d'ambroisie. Et donc... Les graines d'ambroisie vont se retrouver dans les mélanges de graines pour oiseaux qui sont composées de graines de tournesol. Et donc, on a pas mal de signalements maintenant en grand test. On a à peu près une dizaine par an de personnes qui se retrouvent dans leur jardin avec des pieds d'ambroisie au pied des mangeoires pour oiseaux. Évidemment, le fait de connaître ces espèces, de savoir les reconnaître, d'être un petit peu sensibilisé, ça permet de facilement les reconnaître et de facilement s'en débarrasser derrière. On l'a dit, pour l'ambroisie, c'est assez facile. Le datura, évidemment, c'est aussi une plante annuelle, on peut facilement s'en débarrasser en l'arrachant. A ceci près que là, on vous conseille de porter des gants, parce que comme je l'ai précisé, c'est une plante qui est toxique. Donc l'idée, c'est de ne pas se contaminer. Pour les processionnaires, c'est un petit peu plus délicat. Vous êtes sur des espèces qui vont vivre dans des arbres, donc un petit peu en hauteur. Là, on conseille vraiment d'appeler des sociétés spécialisées dans la destruction, qui vont faire ça en ayant des équipements de protection, des équipements pour travailler en hauteur. et limiter le risque pour l'opérateur.

  • Speaker #0

    Parfois dans les jardins et dans les forêts, on voit des colliers autour des pins. À quoi ça sert et est-ce que cela permet d'éviter nos chenilles ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qu'on appelle un piège collier. C'est effectivement un piège qu'on va mettre autour de l'arbre. Le principe est assez simple, c'est que c'est une sorte de gouttière qui va venir récolter les chenilles processionnaires du pin lorsqu'elles vont descendre de l'arbre. Alors ça, c'est lié à la biologie de l'espèce. C'est une séquence comportementale qui fait que la processionnaire du pain, à un moment de son cycle, va avoir besoin de descendre pour aller s'enterrer dans le sol. Le principe du piège, il est simple, c'est de ramasser les chenilles pendant qu'elles sont en train de descendre finalement de l'arbre. Donc, vous allez avoir une gouttière qui permet de les récolter et un sac collecteur. Donc ça, c'est un outil aussi qui est très facile à mettre en place pour les particuliers ou même pour certains gestionnaires. Lorsque vous avez quelques arbres avec un risque de processionnaire du pain, vous pouvez installer ces... ces pièges colliers pour récolter les chenilles et éviter de recontaminer votre pain de façon trop régulière.

  • Speaker #0

    Il me semble que ça ne coûte pas très cher, ces colliers autour des pains.

  • Speaker #1

    Non, non, non. Ce sont des pièges qui vont être entre une vingtaine et trente, quarante, peut-être même un peu plus parfois. Ça dépend en fait de la circonférence de votre pain. Donc évidemment, plus le pain va être imposant, plus le piège va être cher. Mais ce sont des pièges qui, à l'achat, sont... Avec un coût relativement raisonnable. Mais surtout, une fois qu'il est mis en place, vous n'avez qu'à renouveler le sac collecteur. Et ça, ça ne coûte que quelques euros par an. Donc pour une solution sur la durée, ça peut être assez intéressant.

  • Speaker #0

    Donc 20 à 40 euros par an. Par contre, pour les chênes, on n'aura pas forcément la même façon de procéder.

  • Speaker #1

    Et non, pour le chêne, c'est un petit peu plus délicat. Les procédures du chêne, elles n'ont pas ce comportement de vouloir descendre à un moment de leur cycle dans le sol. Il faut constater que ce sont des espèces qui sont finalement complètement différentes, même si elles ont un nom commun, elles ont des biologies un petit peu différentes. Donc aujourd'hui, on n'a pas forcément de piège pour les processionnaires du chêne qui peuvent capturer facilement cette espèce-là.

  • Speaker #0

    Et donc du coup, il faudra faire appel à des professionnels ?

  • Speaker #1

    Oui, on conseille vraiment de faire appel à des professionnels dans ces cas-là, parce que ce sont des espèces qui peuvent porter atteinte à la santé humaine et qui nécessitent parfois des équipements. Donc, le particulier ou la personne qui n'est pas forcément en capacité de le faire bien risque de se faire plus de mal que de bien en essayant de le faire soi-même.

  • Speaker #0

    Peut-on compter sur la nature pour nous donner des solutions, finalement ?

  • Speaker #1

    Oui, la nature va être un bon allié, évidemment, comme d'habitude. En fait, toutes ces espèces, elles sont vraiment... C'est problématique parce qu'on a un petit peu déréglé notre environnement. Et donc évidemment, l'ambroisier va aimer les sols artificialisés, un peu nus. Les processionnaires vont se plaire dans les zones où il y a beaucoup de pain. Donc évidemment, à partir du moment où on va avoir des parcelles agricoles ou des zones laissées à nu, ou par exemple des monocultures forestières avec que des pains ou que des chênes, ça va être des gros favorisateurs pour ces espèces-là. Donc l'idée, évidemment, c'est de réinviter un peu la nature dans tous ces espaces. de repenser un petit peu la biodiversité, d'avoir des zones peut-être un petit peu plus mélangées en termes forestiers. Ça peut être aussi, par exemple, de revégétaliser les zones qui ont été mises à nu en essayant d'apporter des espèces locales, bien denses, bien diversifiées. Et ça, ça peut être des vrais freins pour limiter ces espèces-là. On peut aussi mettre en avant quelques prédateurs, par exemple pour les processionnaires. Les mésanges, les chauves-souris peuvent en consommer. Donc évidemment, installer des nichoirs ou des gîtes à chauves-souris. Ça peut permettre à la biodiversité de revenir à des endroits où elle était un petit peu absente et de limiter certains de ces problématiques. On peut aussi parler des populations d'insectes. Alors même si là, c'est un petit peu plus difficile à favoriser en tant que tel, on peut parler d'hôtels à insectes, de conservation des bandes enherbées, des bandes fleuries pour essayer de garder des populations qui peuvent parfois consommer ces populations d'insectes et qui peuvent évidemment nous rendre beaucoup de services.

  • Speaker #0

    Un mot de conclusion ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ce qu'on peut dire, c'est que... Finalement, la nature a toujours présenté des risques. Ces problématiques ne sont pas forcément très nouvelles, même si elles sont un peu actualisées au regard des nouveaux changements climatiques. Dernièrement, on constate quand même que toutes ces espèces, le changement climatique les a amplifiées, en tout cas qu'elles sont beaucoup plus présentes et qu'il y a de plus en plus d'introductions d'espèces qui potentiellement derrière peuvent poser des problématiques de santé humaine. Évidemment... l'objectif, ce n'est pas d'être plus inquiet sur l'état de notre environnement que ça. L'idée, c'est aussi de mettre en avant tous les bénéfices ou co-bénéfices que peut nous produire ou nous prodiguer plutôt la nature, aussi bien sur des aspects de santé biologique en tant que tel, de santé mentale, qualité de l'air, de l'eau, etc. Donc la nature, c'est beaucoup plus un bien à protéger que quelque chose à combattre finalement. Aujourd'hui, nos enjeux se situent vraiment autour de la prévention. On voit bien que de plus en plus, on s'éloigne un petit peu de la nature et que des espèces finalement qu'on était en capacité de reconnaître, de nommer, aujourd'hui c'est des savoirs qui se perdent un petit peu. Donc il y a des vrais enjeux de connaissance, de prévention, pour que tout le monde reprenne contact avec la nature, reconnaisse de plus en plus toutes ces nouvelles espèces qui peuvent être problématiques ou qui ne le sont pas forcément. Là aujourd'hui, on parle de quelques espèces qui... peuvent atteindre la santé humaine, mais il y en a plein d'autres finalement qui ne nous veulent aucun mal, on va dire. Donc l'objectif, c'est vraiment de se réapproprier ces enjeux et la connaissance un peu de notre environnement, pour se prémunir de ces potentiels effets délétères.

  • Speaker #0

    Merci Louis.

  • Speaker #1

    Merci Vanessa.

  • Speaker #0

    Alors, en résumé, certaines espèces d'invasifs sont présentes dans nos jardins, nos forêts et nos campagnes, à l'image des chenilles processionnaires, du datura et de l'ambroisie. Alors contacte les humains peuvent déclencher des allergies, des démangeaisons, voire des empoisonnements. Arrêter de planter des pins dans notre région, notamment dans la Marne, éviter les forêts monocultures, l'artificialisation des sols, peut être une des pistes de solution. Naturaliser le plus possible, reverdir les villes via les associations d'habitants également. Repérer les premiers signes de surveillance des arbres, en particulier dans les pins, où tout un chacun peut y déposer des pièges colliers collecteurs de chenilles. Les applications de reconnaissance et des plateformes de signalement sont aussi disponibles. très pratiques pour repérer et agir rapidement. Faisons de la nature notre allié en favorisant la biodiversité. Cela permettra notamment à de nouvelles plantes de prendre la place du datura et de l'ambroisie et à des prédateurs comme les oiseaux de se régaler de belles chenilles processionnaires. Découvrez nos podcasts, l'environnement au cœur de ma santé, au cours de prochains épisodes sur les moustiques tigres, les punaises de lit, les tiques et bien d'autres. A bientôt !

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Description

Une espèce exotique est une espèce introduite en dehors de son aire de répartition naturelle : il peut s'agir d'espèces animales, végétales, de champignons, micro-organismes, dont l'introduction est volontaire ou non sur un territoire. Une espèce exotique est considérée comme envahissante (EEE - ou espèce invasive) lorsque son introduction ou sa propagation ont des effets néfastes, voire constituent une menace pour la biodiversité et l'ensemble des services écosystémiques associés (source Fredon Grand Est). Or, chaque année, nos régions sont envahies par des espèces de plus en plus problématiques. Il s’agit notamment des chenilles processionnaires, de l’ambroisie et du Datura.

 

Pour ce 8e épisode consacré aux espèces invasives, Vanessa Rougier reçoit Louis Audren, responsable de projets chez Fredon Grand Est, qui permet d’en apprendre davantage sur la manière de gérer ces nuisibles, l’état de la science à ce sujet et les solutions pratiques à mettre en œuvre au quotidien pour préserver sa santé.


Cet épisode est proposé par la Mutualité Française Grand Est, en partenariat avec l'Agence Régionale de Santé Grand Est, la Région Grand Est et la Dreal Grand Est dans le cadre du Plan régional santé environnement (PRSE).


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, nous vous souhaitons la bienvenue dans le podcast L'environnement au cœur de ma santé le rendez-vous qui explore les relations entre la santé et l'environnement. Je suis Vanessa Rougier, je travaille dans le champ de la prévention et promotion de la santé depuis 18 ans et avec l'aide de mes invités, je découvre quelles solutions pratiques mettre en œuvre au quotidien pour vivre mieux et en meilleure santé. Cet épisode est proposé par la Mutualité Française Grand Est, en partenariat avec la DREAL Grand Est et Fredon. Grand Est. L'été dernier, nous avons été envahis par des espèces de plus en plus problématiques dans nos jardins et nos campagnes. Il s'agit notamment des chenilles processionnaires, de l'ambroisie et de la datura. Pour cet épisode consacré aux espèces invasives, je reçois Louis Audren, responsable de projet Frodon Grand Est, qui nous permettra d'en apprendre davantage sur la manière de gérer ces nuisibles, l'état de la science à ce sujet et les solutions pratiques à mettre en œuvre au quotidien. pour préserver sa santé. Bonjour Louis.

  • Speaker #1

    Bonjour Vanessa.

  • Speaker #0

    Vous travaillez chez Fredon Grand Est, dites-nous en plus sur cet organisme qui n'est pas encore bien connu du grand public.

  • Speaker #1

    Alors Fredon Grand Est, on est un organisme régional. On a un titre un petit peu particulier, celui d'organisme à vocation sanitaire pour le végétal. Ce qui fait qu'en fait on est habilité à travailler avec l'État sur des missions de délégation de services publics. Donc l'État nous délègue des missions. autour de la prévention, de la surveillance de parasites ou de plantes qui peuvent poser des problématiques. Sur ce sujet, on travaille directement avec l'État sur des missions de protection des végétaux, et notamment pour montrer qu'on a une bonne qualité de production, et ça c'est un gros facteur favorisateur pour l'export, notamment pour montrer qu'on a de très très bonnes qualités de production. On travaille aussi sur des sujets plutôt liés à l'environnement, notamment avec les agences de l'eau et la région aussi, sur des sujets plutôt de transition liés à la végétalisation. Alors particulièrement, notamment au sein des collectivités, on travaille beaucoup par exemple sur la végétalisation des cours d'école. On peut aussi travailler sur les cimetières, grosses problématiques liées à leur entretien. Et puis d'autres gestionnaires aussi, dépendamment des problématiques qui sont rencontrées par les acteurs. Et puis plus récemment, on travaille aussi sur des sujets de santé publique. Donc là, on travaille directement en lien avec l'Agence régionale de santé Grand Est, avec laquelle on a une convention triennale qui est signée. Donc là, on est dans notre troisième convention triennale qui a pour durée 2024-2026. L'idée, c'est de mettre en place un plan d'action régional sur des espèces qui peuvent poser problème à la santé humaine.

  • Speaker #0

    Donc vous êtes très bien placé pour parler des espèces nuisibles. Chenilles processionnaires, ambroisies, daturas. Ces espèces animales et végétales ont un impact sur la santé humaine. Est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, ce sont des espèces qui peuvent exposer les populations à des risques sanitaires. On va distinguer deux cas d'attaque. On va dire que ce sont des espèces qui peuvent soit être problématiques en raison de leurs caractéristiques biologiques, c'est-à-dire qu'en elles-mêmes, elles vont porter des caractéristiques qui peuvent être problématiques. On va par exemple parler de pollen d'ambroisie qui vont être problématiques. pour des questions d'allergie ou de soyeurs tiquantes qui vont être émises par des processionnaires. Le deuxième cas, ça va être plutôt des espèces qu'on va appeler vectrices, c'est-à-dire qu'elles vont avoir la capacité de nous transmettre des maladies. Et là, on va par exemple parler de moustiques tigres ou de tiques. Ces espèces, elles sont particulières, elles sont chacune avec des biologies différentes et elles peuvent être soit autochtones, c'est-à-dire qu'elles ont toujours été présentes dans notre environnement, comme par exemple les chenilles processionnaires, ou alors elles peuvent être... alloctones, c'est-à-dire qu'elles ont été importées, qu'elles ont été introduites, volontairement ou involontairement par l'homme.

  • Speaker #0

    On pourrait penser que ces espèces n'ont strictement rien à voir entre elles, entre l'ambroisie et la chenille. Et pourtant, elles ont des points communs. Quels sont-ils ?

  • Speaker #1

    Ce qu'on peut dire, c'est que les évolutions climatiques, les différents changements climatiques, qui sont déjà observés ou qui sont prévus quand on regarde les différents scénarios de changements climatiques, vont avoir tendance... à favoriser l'implantation d'espèces nouvelles, voire celles qui sont déjà implantées, qui sont déjà introduites, de favoriser leur développement en raison de températures, par exemple, qui vont être beaucoup plus propices l'hiver et qui vont favoriser ou éviter des pertes hivernales, par exemple.

  • Speaker #0

    Et du coup, est-ce un problème en Grand Est, ces espèces invasives ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un problème en Grand Est, puis c'est un problème aussi au niveau national. Nous, le Grand Est, on va avoir des configurations un petit peu différentes selon les espèces. A noter qu'elles ne se développent toutes pas de la même façon sur notre territoire. Donc elles vont être présentes à des niveaux plus ou moins importants. Donc c'est un problème parce que dans tous les cas, elles vont être de plus en plus présentes et leur atteinte à la santé risque d'être de plus en plus prégnante pour les habitants qui vivent sur ce territoire.

  • Speaker #0

    Alors justement, on parle de l'ambroisie de plus en plus et pourtant on la connaît peu en fait. Comment peut-on la reconnaître dans nos campagnes ?

  • Speaker #1

    Alors l'ambroisie, son nom complet c'est l'ambroisie à feuilles d'armoise. En fait, elle a des caractéristiques qui la font ressembler à l'armoise commune, qui est une plante en fait qui est présente sur notre territoire de façon naturelle. Et donc elle va avoir notamment des feuilles qui vont beaucoup ressembler à l'armoise commune. Alors une fois qu'on a dit ça, on n'a pas dit grand chose parce que ce n'est pas forcément facile à identifier pour des gens qui ne seraient pas botanistes. Je dirais que ce qui est très simple à reconnaître sur l'ambroisie, c'est sa fleur. Elle a une fleur qui est en forme d'épi, comme un épi de blé si vous voulez, qui va être un peu jaune vert. Et donc ça, c'est assez caractéristique de l'ambroisie parce qu'il n'y a pas beaucoup de fleurs qui vont faire des inflorescences de cette forme-là. Donc ça, ça leur rend assez facile à reconnaître. Après, il y a des petites astuces simples. Maintenant, on a tous un téléphone sur nous. On a tous l'appli qui s'appelle PlanteNet, qui peut être utilisée facilement pour reconnaître des végétaux. Ça peut être un bon atout pour facilement reconnaître la plante. Il y a aussi une plateforme nationale de signalement, qui est disponible à tous, et qui permet, en cas de doute, si demain vous croisez une plante qui pourrait vous faire penser à ces caractéristes-là, de la prendre en photo et de nous l'envoyer. Comme ça, nous, on pourra vous confirmer si ça en est ou pas.

  • Speaker #0

    Finalement, quel est le problème avec l'ambroisie ?

  • Speaker #1

    L'ambroisie est connue pour... produire un pollen qui est extrêmement allergisant. Ça fait partie des pollens qui sont, en France en tout cas, les plus allergisants qu'on connaisse. Elle va diffuser ce pollen à partir d'août-septembre, c'est-à-dire plutôt en fin d'été, et ça, ça le rend finalement assez reconnaissable lorsqu'on parle d'allergie pollinique, parce qu'à cette période de l'année, il n'y a pas beaucoup de pollen circulant finalement. L'ambroisie, elle a été implantée en Auvergne-Rhône-Alpes, et donc c'est en Auvergne-Rhône-Alpes qu'actuellement il y a le plus d'ambroisie. et eux ça fait maintenant quelques temps qu'ils sont embêtés avec cette ambroisie. Et donc il y a eu en 2017 une analyse technico-économique pour savoir ce que représentait finalement le coût du pollen d'ambroisie pour cette région. Donc en 2017, lorsqu'ils ont croisé différents frais de santé, des désensibilisations orales, de la prise de médicaments antihistaminiques, ce genre de choses, et parfois même jusqu'à l'arrêt de travail parce que quand vous êtes vraiment allergique et que vous n'êtes pas bien, ben vous... ils ne pouvaient pas forcément travailler, ils se sont rendus compte que l'Ambrosie coûtait 40 millions d'euros par an pour cette seule région. Et donc vous voyez tout l'impact que peut avoir cette plante, aussi bien au niveau économique, mais aussi bien au niveau de la qualité de vie, parce que 10% des personnes étaient allergiques en Auvergne-Rhône-Alpes. Et donc ça, ça peut être un vrai frein pour les populations, parce que ça fait que pendant 2 ou 3 mois de l'année, vous avez une grosse perte de votre qualité de vie.

  • Speaker #0

    Vous avez parlé d'allergie à l'ambroisie, qui peut parfois aller jusqu'à l'asthme. Comment peut-on faire pour se séparer de cette plante ?

  • Speaker #1

    C'est assez facile. L'ambroisie, c'est une plante annuelle, c'est-à-dire qu'elle va faire son cycle sur un an. Il suffit simplement de couper son cycle avant qu'elle produise ce pollen. Couper ce cycle, ça veut dire simplement l'arracher à la période où elle n'a pas encore fleuri. À partir du moment où vous allez croiser une ambroisie et que vous en avez la confirmation, si vous n'êtes pas forcément en capacité de la reconnaître par vous-même. Une fois que vous avez la confirmation que ça en est bien, un simple arrachage peut suffire pour vous en débarrasser. Alors ça, c'est dans les cas où vous avez seulement une ou deux ambrosies devant vous. Si vous êtes face à une zone où il y a énormément d'ambrosies, on va passer à d'autres techniques de lutte. Alors la plus simple, ça va être de la fauche, mais dépendamment des milieux, on peut intervenir de différentes façons.

  • Speaker #0

    Nous retrouvons parfois dans les arbres de nos jardins ou de nos forêts Des chenilles processionnaires, en quoi sont-elles un problème ?

  • Speaker #1

    Les chenilles processionnaires sont connues pour émettre des soies urticantes. Ce sont des petites soies microscopiques qui peuvent vous toucher directement et provoquer notamment des urtications. En Grand Est, on a deux types de chenilles processionnaires, deux espèces distinctes. On va avoir celle du pin, qui est notamment présente et bien connue maintenant dans la Marne et dans l'Aube. Et puis on va avoir celle du chêne, qui est beaucoup plus présente finalement dans toute la zone Lorraine. énormément de chaînes qui sont présentes. Et elles sont problématiques parce qu'elles sont toutes les deux en train de gagner du terrain en Grand Est. Et on s'aperçoit de plus en plus des problématiques qu'elles peuvent engendrer sur la santé humaine. Donc, on a eu notamment sur la période 2019-2021 une vraie population de processionnaires du chêne qui a engendré beaucoup de problématiques de santé humaine sur certaines zones touristiques. Des fois, voilà, des... une dizaine de personnes qui se retrouvent avec des problématiques d'urtication et qui sont envoyées aux urgences parce qu'il y a eu une forte atteinte à cet endroit-là. Les chenilles processionnaires sont issues de papillons de nuit. C'est simplement un stade de l'espèce processionnaire. C'est plutôt les chenilles qui vont bien émettre des soies urticantes, ce n'est pas forcément les papillons. Les papillons, c'est des petits papillons de nuit qui vont vivre un ou deux jours. C'est juste une fonction de reproduction pour perpétrer l'espèce. C'est vraiment la problématique qui est liée au stade chenille.

  • Speaker #0

    Comment les reconnaît-on ?

  • Speaker #1

    Pour les chenilles procédures, c'est beaucoup plus facile que pour l'ambroisie parce qu'on a forcément des caractéristiques très simples qui peuvent être observées. Les chenilles procédures du pin ou du chêne, déjà, elles vont vivre sur les essences dont elles portent le nom. Vous ne trouverez jamais de procédure du pin ou du chêne sur d'autres essences d'arbres. A ceci près que pour les procédures du pin, elles peuvent vivre aussi sur des cèdres, mais c'est un petit détail. Ces chenilles, vous les retrouverez toujours sur ces essences-là, que sur les pins ou que sur les chênes, et c'est des chenilles qu'on va appeler grégaires, c'est-à-dire qu'elles vivent en meute, en colonie. Vous ne trouverez jamais, ou de façon extrêmement rare, une chenille isolée de processionnaire du pin ou du chêne. Ça va toujours être par amas de 100 ou 300 individus au niveau, souvent, d'un nid, ou alors des boules de soie blanches au bout des branches de pin. La processionnaire du chêne, elle est un petit peu plus difficile à voir parce que le nid va se trouver sur le tronc ou sur l'écorce. et va mimer un petit peu la couleur de l'essence du chêne. Donc là, c'est un petit peu plus difficile à voir. Mais voilà, à partir du moment où vous allez trouver un amas de chenilles sur un chêne, vous pouvez considérer que c'est très probablement de la processionnaire du chêne. Encore une fois, s'il y a des doutes sur l'identification, nous, on est là pour vous aider. Donc, il y a une plateforme de signalement national qui va être mise en ligne à partir de 2025. L'idée, c'est un peu comme la Lambroisie, finalement. À partir du moment où vous allez trouver un individu, une chenille qui vous semble un petit peu suspecte et que vous ne savez pas identifier, vous pouvez toujours faire une photo, nous l'envoyer en signalement et nous on peut vous confirmer très facilement si c'est ou pas une chenille processionnaire.

  • Speaker #0

    Et la région Grand Est est pilote sur cette plateforme ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, on a commencé à l'expérimenter en 2024, d'ailleurs avec aussi les collègues de Bourgogne-Franche-Comté, et ça devrait pouvoir conduire à sa bonne mise en ligne en 2025.

  • Speaker #0

    Quel est l'impact des chenilles processionnaires sur notre santé ?

  • Speaker #1

    Les chenilles processionnaires vont émettre des soies urticantes. Finalement, c'est une simple réaction de défense, c'est-à-dire que pour se protéger de prédateurs ou d'individus potentiellement malveillants, elle va avoir sur son dos des zones qui vont enfermer des soies urticantes. Ce sont des soies microscopiques qui ne sont pas visibles à l'œil nu. C'est très différent des poils ornementaux qu'elle va avoir sur elle. Elle va avoir la capacité d'envoyer lorsqu'elle va sentir une menace.... Alors ça, c'est problématique pour l'humain, parce que ces soies peuvent venir directement sur nous, arriver sur notre peau et provoquer des démangeaisons. Mais ça peut être plus grave aussi lorsqu'on va en recevoir dans les yeux, lorsqu'on va en respirer, voire parfois lorsqu'on va en ingérer. C'est dans des cas assez rares, mais peut-être sur des enfants, ça pourrait arriver, sur des enfants en bas âge. Donc là, il y a des atteintes qui peuvent être assez graves sur la santé. Ça n'atteint pas que la santé humaine, ça peut atteindre aussi la santé animale, et notamment les animaux de compagnie, même si les animaux d'élevage aussi peuvent avoir de petits soucis, mais particulièrement les animaux de compagnie, et je pense en l'occurrence aux chiens, dont le comportement est de mettre les choses dans leur bouche pour pouvoir voir ce que c'est. Et donc on a des cas de chiens qui ont ingéré des chenilles processionnaires, et donc ça, ça peut être extrêmement grave parce que ça peut provoquer une nécrose de la langue. Ça nécessite une consultation vétérinaire d'urgence. Et là, la survie de l'animal peut parfois être mise en danger lorsqu'il y a des atteintes très fortes.

  • Speaker #0

    Enfin, la datura, qui est une plante vendue en jardinerie, n'est-ce pas ?

  • Speaker #1

    Oui. La datura, c'est une plante qui va faire des fleurs en cloche, en forme de cloche, qui vont être un petit peu dentées, avec une couleur variable. Ça peut être un peu blanc qui tend vers le rose. Une plante assez luxuriante. assez visible souvent quand on la croise. Le datura est une plante toxique, d'ailleurs c'est toute la plante qui est toxique sur le datura, aussi bien les racines, les parties végétatives et même les graines. Donc ça c'est une vraie problématique, particulièrement pour le monde agricole, car évidemment ces graines peuvent se retrouver des fois dans... dans d'autres graines récoltées. Donc ça, ça peut provoquer évidemment des intoxications involontaires. Et on a eu déjà quelques cas au niveau national et puis des cas un peu plus locaux aussi. Mais il y a déjà eu des cas. Alors il y a eu un cas cette année, notamment en Bretagne, qui a fait quelques articles dessus, où il y avait une quarantaine de personnes sur une zone qui avait été intoxiquée à cause d'une farine contaminée. Donc les atteintes, elles peuvent être assez variables. Tout va dépendre de la quantité qu'on va ingérer. Merci. Mais ça peut évidemment aller de vomissements, de troubles assez généraux jusqu'à la mort, dépendamment des quantités qui sont ingérées. Donc ça, il faut être vraiment très vigilant avec cette plante. Pour le moment, en Grand Est, on commence vraiment à voir les problématiques sur le terrain. On a notamment toute la zone Est de la région qui commence à être fortement contaminée. où on a plusieurs dizaines de signalements par département. Et donc là, l'objectif, c'est vraiment de se saisir tout de suite de la problématique et essayer d'éliminer ces plantes qui sont, pour le coup, des espèces importées qui viennent du Mexique. Donc l'idée, c'est de s'en débarrasser le plus rapidement possible pour éviter qu'elles se répandent trop facilement sur le territoire. Et puis, forcément... pour atteindre la qualité de nos productions et provoquer des risques sur la santé humaine. Il faut noter que pour cette datura, le centre antipoison humain, qui recense un petit peu tous les cas d'intoxication sur la région, recense une dizaine de cas par an, une petite dizaine de cas par an. Pour le moment, c'est un petit peu à la marge, ce n'est finalement pas beaucoup, mais c'est parce qu'on n'a pas beaucoup de plantes. Donc si demain, le nombre de plantes augmente, on risque d'avoir plus de cas humains.

  • Speaker #0

    Le principe de cette émission, c'est de donner des conseils pratiques à nos auditeurs. Nous en venons aux pistes de solutions. Comment peut-on bien vivre en bonne intelligence avec ces espèces ?

  • Speaker #1

    Alors ce qu'on peut dire déjà, c'est que ces espèces ont un point commun, c'est qu'on peut toutes les trois les trouver dans nos jardins. Donc on l'a dit, le datura c'est une plante ornementale aussi, donc on la vend encore en jardinier, donc le risque c'est qu'on implante soi-même le datura dans nos jardins. Donc évidemment, le fait de connaître le risque et de savoir ce qu'on achète, ça peut déjà permettre de limiter un petit peu la problématique. Les processionnaires, on peut aussi les trouver dans notre jardin. Il suffit que vous ayez un pin ou un chêne dans votre jardin et vous pouvez facilement vous retrouver avec des nids de processionnaires. Et puis l'ambroisie, vous pouvez aussi la retrouver dans votre jardin parce que finalement l'ambroisie, elle est de la même famille que le tournesol. C'est une astéracée. Et lorsque finalement les agriculteurs vont faire leur récolte de tournesol, ils peuvent parfois aussi récolter des graines d'ambroisie. Et donc... Les graines d'ambroisie vont se retrouver dans les mélanges de graines pour oiseaux qui sont composées de graines de tournesol. Et donc, on a pas mal de signalements maintenant en grand test. On a à peu près une dizaine par an de personnes qui se retrouvent dans leur jardin avec des pieds d'ambroisie au pied des mangeoires pour oiseaux. Évidemment, le fait de connaître ces espèces, de savoir les reconnaître, d'être un petit peu sensibilisé, ça permet de facilement les reconnaître et de facilement s'en débarrasser derrière. On l'a dit, pour l'ambroisie, c'est assez facile. Le datura, évidemment, c'est aussi une plante annuelle, on peut facilement s'en débarrasser en l'arrachant. A ceci près que là, on vous conseille de porter des gants, parce que comme je l'ai précisé, c'est une plante qui est toxique. Donc l'idée, c'est de ne pas se contaminer. Pour les processionnaires, c'est un petit peu plus délicat. Vous êtes sur des espèces qui vont vivre dans des arbres, donc un petit peu en hauteur. Là, on conseille vraiment d'appeler des sociétés spécialisées dans la destruction, qui vont faire ça en ayant des équipements de protection, des équipements pour travailler en hauteur. et limiter le risque pour l'opérateur.

  • Speaker #0

    Parfois dans les jardins et dans les forêts, on voit des colliers autour des pins. À quoi ça sert et est-ce que cela permet d'éviter nos chenilles ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qu'on appelle un piège collier. C'est effectivement un piège qu'on va mettre autour de l'arbre. Le principe est assez simple, c'est que c'est une sorte de gouttière qui va venir récolter les chenilles processionnaires du pin lorsqu'elles vont descendre de l'arbre. Alors ça, c'est lié à la biologie de l'espèce. C'est une séquence comportementale qui fait que la processionnaire du pain, à un moment de son cycle, va avoir besoin de descendre pour aller s'enterrer dans le sol. Le principe du piège, il est simple, c'est de ramasser les chenilles pendant qu'elles sont en train de descendre finalement de l'arbre. Donc, vous allez avoir une gouttière qui permet de les récolter et un sac collecteur. Donc ça, c'est un outil aussi qui est très facile à mettre en place pour les particuliers ou même pour certains gestionnaires. Lorsque vous avez quelques arbres avec un risque de processionnaire du pain, vous pouvez installer ces... ces pièges colliers pour récolter les chenilles et éviter de recontaminer votre pain de façon trop régulière.

  • Speaker #0

    Il me semble que ça ne coûte pas très cher, ces colliers autour des pains.

  • Speaker #1

    Non, non, non. Ce sont des pièges qui vont être entre une vingtaine et trente, quarante, peut-être même un peu plus parfois. Ça dépend en fait de la circonférence de votre pain. Donc évidemment, plus le pain va être imposant, plus le piège va être cher. Mais ce sont des pièges qui, à l'achat, sont... Avec un coût relativement raisonnable. Mais surtout, une fois qu'il est mis en place, vous n'avez qu'à renouveler le sac collecteur. Et ça, ça ne coûte que quelques euros par an. Donc pour une solution sur la durée, ça peut être assez intéressant.

  • Speaker #0

    Donc 20 à 40 euros par an. Par contre, pour les chênes, on n'aura pas forcément la même façon de procéder.

  • Speaker #1

    Et non, pour le chêne, c'est un petit peu plus délicat. Les procédures du chêne, elles n'ont pas ce comportement de vouloir descendre à un moment de leur cycle dans le sol. Il faut constater que ce sont des espèces qui sont finalement complètement différentes, même si elles ont un nom commun, elles ont des biologies un petit peu différentes. Donc aujourd'hui, on n'a pas forcément de piège pour les processionnaires du chêne qui peuvent capturer facilement cette espèce-là.

  • Speaker #0

    Et donc du coup, il faudra faire appel à des professionnels ?

  • Speaker #1

    Oui, on conseille vraiment de faire appel à des professionnels dans ces cas-là, parce que ce sont des espèces qui peuvent porter atteinte à la santé humaine et qui nécessitent parfois des équipements. Donc, le particulier ou la personne qui n'est pas forcément en capacité de le faire bien risque de se faire plus de mal que de bien en essayant de le faire soi-même.

  • Speaker #0

    Peut-on compter sur la nature pour nous donner des solutions, finalement ?

  • Speaker #1

    Oui, la nature va être un bon allié, évidemment, comme d'habitude. En fait, toutes ces espèces, elles sont vraiment... C'est problématique parce qu'on a un petit peu déréglé notre environnement. Et donc évidemment, l'ambroisier va aimer les sols artificialisés, un peu nus. Les processionnaires vont se plaire dans les zones où il y a beaucoup de pain. Donc évidemment, à partir du moment où on va avoir des parcelles agricoles ou des zones laissées à nu, ou par exemple des monocultures forestières avec que des pains ou que des chênes, ça va être des gros favorisateurs pour ces espèces-là. Donc l'idée, évidemment, c'est de réinviter un peu la nature dans tous ces espaces. de repenser un petit peu la biodiversité, d'avoir des zones peut-être un petit peu plus mélangées en termes forestiers. Ça peut être aussi, par exemple, de revégétaliser les zones qui ont été mises à nu en essayant d'apporter des espèces locales, bien denses, bien diversifiées. Et ça, ça peut être des vrais freins pour limiter ces espèces-là. On peut aussi mettre en avant quelques prédateurs, par exemple pour les processionnaires. Les mésanges, les chauves-souris peuvent en consommer. Donc évidemment, installer des nichoirs ou des gîtes à chauves-souris. Ça peut permettre à la biodiversité de revenir à des endroits où elle était un petit peu absente et de limiter certains de ces problématiques. On peut aussi parler des populations d'insectes. Alors même si là, c'est un petit peu plus difficile à favoriser en tant que tel, on peut parler d'hôtels à insectes, de conservation des bandes enherbées, des bandes fleuries pour essayer de garder des populations qui peuvent parfois consommer ces populations d'insectes et qui peuvent évidemment nous rendre beaucoup de services.

  • Speaker #0

    Un mot de conclusion ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ce qu'on peut dire, c'est que... Finalement, la nature a toujours présenté des risques. Ces problématiques ne sont pas forcément très nouvelles, même si elles sont un peu actualisées au regard des nouveaux changements climatiques. Dernièrement, on constate quand même que toutes ces espèces, le changement climatique les a amplifiées, en tout cas qu'elles sont beaucoup plus présentes et qu'il y a de plus en plus d'introductions d'espèces qui potentiellement derrière peuvent poser des problématiques de santé humaine. Évidemment... l'objectif, ce n'est pas d'être plus inquiet sur l'état de notre environnement que ça. L'idée, c'est aussi de mettre en avant tous les bénéfices ou co-bénéfices que peut nous produire ou nous prodiguer plutôt la nature, aussi bien sur des aspects de santé biologique en tant que tel, de santé mentale, qualité de l'air, de l'eau, etc. Donc la nature, c'est beaucoup plus un bien à protéger que quelque chose à combattre finalement. Aujourd'hui, nos enjeux se situent vraiment autour de la prévention. On voit bien que de plus en plus, on s'éloigne un petit peu de la nature et que des espèces finalement qu'on était en capacité de reconnaître, de nommer, aujourd'hui c'est des savoirs qui se perdent un petit peu. Donc il y a des vrais enjeux de connaissance, de prévention, pour que tout le monde reprenne contact avec la nature, reconnaisse de plus en plus toutes ces nouvelles espèces qui peuvent être problématiques ou qui ne le sont pas forcément. Là aujourd'hui, on parle de quelques espèces qui... peuvent atteindre la santé humaine, mais il y en a plein d'autres finalement qui ne nous veulent aucun mal, on va dire. Donc l'objectif, c'est vraiment de se réapproprier ces enjeux et la connaissance un peu de notre environnement, pour se prémunir de ces potentiels effets délétères.

  • Speaker #0

    Merci Louis.

  • Speaker #1

    Merci Vanessa.

  • Speaker #0

    Alors, en résumé, certaines espèces d'invasifs sont présentes dans nos jardins, nos forêts et nos campagnes, à l'image des chenilles processionnaires, du datura et de l'ambroisie. Alors contacte les humains peuvent déclencher des allergies, des démangeaisons, voire des empoisonnements. Arrêter de planter des pins dans notre région, notamment dans la Marne, éviter les forêts monocultures, l'artificialisation des sols, peut être une des pistes de solution. Naturaliser le plus possible, reverdir les villes via les associations d'habitants également. Repérer les premiers signes de surveillance des arbres, en particulier dans les pins, où tout un chacun peut y déposer des pièges colliers collecteurs de chenilles. Les applications de reconnaissance et des plateformes de signalement sont aussi disponibles. très pratiques pour repérer et agir rapidement. Faisons de la nature notre allié en favorisant la biodiversité. Cela permettra notamment à de nouvelles plantes de prendre la place du datura et de l'ambroisie et à des prédateurs comme les oiseaux de se régaler de belles chenilles processionnaires. Découvrez nos podcasts, l'environnement au cœur de ma santé, au cours de prochains épisodes sur les moustiques tigres, les punaises de lit, les tiques et bien d'autres. A bientôt !

Description

Une espèce exotique est une espèce introduite en dehors de son aire de répartition naturelle : il peut s'agir d'espèces animales, végétales, de champignons, micro-organismes, dont l'introduction est volontaire ou non sur un territoire. Une espèce exotique est considérée comme envahissante (EEE - ou espèce invasive) lorsque son introduction ou sa propagation ont des effets néfastes, voire constituent une menace pour la biodiversité et l'ensemble des services écosystémiques associés (source Fredon Grand Est). Or, chaque année, nos régions sont envahies par des espèces de plus en plus problématiques. Il s’agit notamment des chenilles processionnaires, de l’ambroisie et du Datura.

 

Pour ce 8e épisode consacré aux espèces invasives, Vanessa Rougier reçoit Louis Audren, responsable de projets chez Fredon Grand Est, qui permet d’en apprendre davantage sur la manière de gérer ces nuisibles, l’état de la science à ce sujet et les solutions pratiques à mettre en œuvre au quotidien pour préserver sa santé.


Cet épisode est proposé par la Mutualité Française Grand Est, en partenariat avec l'Agence Régionale de Santé Grand Est, la Région Grand Est et la Dreal Grand Est dans le cadre du Plan régional santé environnement (PRSE).


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, nous vous souhaitons la bienvenue dans le podcast L'environnement au cœur de ma santé le rendez-vous qui explore les relations entre la santé et l'environnement. Je suis Vanessa Rougier, je travaille dans le champ de la prévention et promotion de la santé depuis 18 ans et avec l'aide de mes invités, je découvre quelles solutions pratiques mettre en œuvre au quotidien pour vivre mieux et en meilleure santé. Cet épisode est proposé par la Mutualité Française Grand Est, en partenariat avec la DREAL Grand Est et Fredon. Grand Est. L'été dernier, nous avons été envahis par des espèces de plus en plus problématiques dans nos jardins et nos campagnes. Il s'agit notamment des chenilles processionnaires, de l'ambroisie et de la datura. Pour cet épisode consacré aux espèces invasives, je reçois Louis Audren, responsable de projet Frodon Grand Est, qui nous permettra d'en apprendre davantage sur la manière de gérer ces nuisibles, l'état de la science à ce sujet et les solutions pratiques à mettre en œuvre au quotidien. pour préserver sa santé. Bonjour Louis.

  • Speaker #1

    Bonjour Vanessa.

  • Speaker #0

    Vous travaillez chez Fredon Grand Est, dites-nous en plus sur cet organisme qui n'est pas encore bien connu du grand public.

  • Speaker #1

    Alors Fredon Grand Est, on est un organisme régional. On a un titre un petit peu particulier, celui d'organisme à vocation sanitaire pour le végétal. Ce qui fait qu'en fait on est habilité à travailler avec l'État sur des missions de délégation de services publics. Donc l'État nous délègue des missions. autour de la prévention, de la surveillance de parasites ou de plantes qui peuvent poser des problématiques. Sur ce sujet, on travaille directement avec l'État sur des missions de protection des végétaux, et notamment pour montrer qu'on a une bonne qualité de production, et ça c'est un gros facteur favorisateur pour l'export, notamment pour montrer qu'on a de très très bonnes qualités de production. On travaille aussi sur des sujets plutôt liés à l'environnement, notamment avec les agences de l'eau et la région aussi, sur des sujets plutôt de transition liés à la végétalisation. Alors particulièrement, notamment au sein des collectivités, on travaille beaucoup par exemple sur la végétalisation des cours d'école. On peut aussi travailler sur les cimetières, grosses problématiques liées à leur entretien. Et puis d'autres gestionnaires aussi, dépendamment des problématiques qui sont rencontrées par les acteurs. Et puis plus récemment, on travaille aussi sur des sujets de santé publique. Donc là, on travaille directement en lien avec l'Agence régionale de santé Grand Est, avec laquelle on a une convention triennale qui est signée. Donc là, on est dans notre troisième convention triennale qui a pour durée 2024-2026. L'idée, c'est de mettre en place un plan d'action régional sur des espèces qui peuvent poser problème à la santé humaine.

  • Speaker #0

    Donc vous êtes très bien placé pour parler des espèces nuisibles. Chenilles processionnaires, ambroisies, daturas. Ces espèces animales et végétales ont un impact sur la santé humaine. Est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, ce sont des espèces qui peuvent exposer les populations à des risques sanitaires. On va distinguer deux cas d'attaque. On va dire que ce sont des espèces qui peuvent soit être problématiques en raison de leurs caractéristiques biologiques, c'est-à-dire qu'en elles-mêmes, elles vont porter des caractéristiques qui peuvent être problématiques. On va par exemple parler de pollen d'ambroisie qui vont être problématiques. pour des questions d'allergie ou de soyeurs tiquantes qui vont être émises par des processionnaires. Le deuxième cas, ça va être plutôt des espèces qu'on va appeler vectrices, c'est-à-dire qu'elles vont avoir la capacité de nous transmettre des maladies. Et là, on va par exemple parler de moustiques tigres ou de tiques. Ces espèces, elles sont particulières, elles sont chacune avec des biologies différentes et elles peuvent être soit autochtones, c'est-à-dire qu'elles ont toujours été présentes dans notre environnement, comme par exemple les chenilles processionnaires, ou alors elles peuvent être... alloctones, c'est-à-dire qu'elles ont été importées, qu'elles ont été introduites, volontairement ou involontairement par l'homme.

  • Speaker #0

    On pourrait penser que ces espèces n'ont strictement rien à voir entre elles, entre l'ambroisie et la chenille. Et pourtant, elles ont des points communs. Quels sont-ils ?

  • Speaker #1

    Ce qu'on peut dire, c'est que les évolutions climatiques, les différents changements climatiques, qui sont déjà observés ou qui sont prévus quand on regarde les différents scénarios de changements climatiques, vont avoir tendance... à favoriser l'implantation d'espèces nouvelles, voire celles qui sont déjà implantées, qui sont déjà introduites, de favoriser leur développement en raison de températures, par exemple, qui vont être beaucoup plus propices l'hiver et qui vont favoriser ou éviter des pertes hivernales, par exemple.

  • Speaker #0

    Et du coup, est-ce un problème en Grand Est, ces espèces invasives ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un problème en Grand Est, puis c'est un problème aussi au niveau national. Nous, le Grand Est, on va avoir des configurations un petit peu différentes selon les espèces. A noter qu'elles ne se développent toutes pas de la même façon sur notre territoire. Donc elles vont être présentes à des niveaux plus ou moins importants. Donc c'est un problème parce que dans tous les cas, elles vont être de plus en plus présentes et leur atteinte à la santé risque d'être de plus en plus prégnante pour les habitants qui vivent sur ce territoire.

  • Speaker #0

    Alors justement, on parle de l'ambroisie de plus en plus et pourtant on la connaît peu en fait. Comment peut-on la reconnaître dans nos campagnes ?

  • Speaker #1

    Alors l'ambroisie, son nom complet c'est l'ambroisie à feuilles d'armoise. En fait, elle a des caractéristiques qui la font ressembler à l'armoise commune, qui est une plante en fait qui est présente sur notre territoire de façon naturelle. Et donc elle va avoir notamment des feuilles qui vont beaucoup ressembler à l'armoise commune. Alors une fois qu'on a dit ça, on n'a pas dit grand chose parce que ce n'est pas forcément facile à identifier pour des gens qui ne seraient pas botanistes. Je dirais que ce qui est très simple à reconnaître sur l'ambroisie, c'est sa fleur. Elle a une fleur qui est en forme d'épi, comme un épi de blé si vous voulez, qui va être un peu jaune vert. Et donc ça, c'est assez caractéristique de l'ambroisie parce qu'il n'y a pas beaucoup de fleurs qui vont faire des inflorescences de cette forme-là. Donc ça, ça leur rend assez facile à reconnaître. Après, il y a des petites astuces simples. Maintenant, on a tous un téléphone sur nous. On a tous l'appli qui s'appelle PlanteNet, qui peut être utilisée facilement pour reconnaître des végétaux. Ça peut être un bon atout pour facilement reconnaître la plante. Il y a aussi une plateforme nationale de signalement, qui est disponible à tous, et qui permet, en cas de doute, si demain vous croisez une plante qui pourrait vous faire penser à ces caractéristes-là, de la prendre en photo et de nous l'envoyer. Comme ça, nous, on pourra vous confirmer si ça en est ou pas.

  • Speaker #0

    Finalement, quel est le problème avec l'ambroisie ?

  • Speaker #1

    L'ambroisie est connue pour... produire un pollen qui est extrêmement allergisant. Ça fait partie des pollens qui sont, en France en tout cas, les plus allergisants qu'on connaisse. Elle va diffuser ce pollen à partir d'août-septembre, c'est-à-dire plutôt en fin d'été, et ça, ça le rend finalement assez reconnaissable lorsqu'on parle d'allergie pollinique, parce qu'à cette période de l'année, il n'y a pas beaucoup de pollen circulant finalement. L'ambroisie, elle a été implantée en Auvergne-Rhône-Alpes, et donc c'est en Auvergne-Rhône-Alpes qu'actuellement il y a le plus d'ambroisie. et eux ça fait maintenant quelques temps qu'ils sont embêtés avec cette ambroisie. Et donc il y a eu en 2017 une analyse technico-économique pour savoir ce que représentait finalement le coût du pollen d'ambroisie pour cette région. Donc en 2017, lorsqu'ils ont croisé différents frais de santé, des désensibilisations orales, de la prise de médicaments antihistaminiques, ce genre de choses, et parfois même jusqu'à l'arrêt de travail parce que quand vous êtes vraiment allergique et que vous n'êtes pas bien, ben vous... ils ne pouvaient pas forcément travailler, ils se sont rendus compte que l'Ambrosie coûtait 40 millions d'euros par an pour cette seule région. Et donc vous voyez tout l'impact que peut avoir cette plante, aussi bien au niveau économique, mais aussi bien au niveau de la qualité de vie, parce que 10% des personnes étaient allergiques en Auvergne-Rhône-Alpes. Et donc ça, ça peut être un vrai frein pour les populations, parce que ça fait que pendant 2 ou 3 mois de l'année, vous avez une grosse perte de votre qualité de vie.

  • Speaker #0

    Vous avez parlé d'allergie à l'ambroisie, qui peut parfois aller jusqu'à l'asthme. Comment peut-on faire pour se séparer de cette plante ?

  • Speaker #1

    C'est assez facile. L'ambroisie, c'est une plante annuelle, c'est-à-dire qu'elle va faire son cycle sur un an. Il suffit simplement de couper son cycle avant qu'elle produise ce pollen. Couper ce cycle, ça veut dire simplement l'arracher à la période où elle n'a pas encore fleuri. À partir du moment où vous allez croiser une ambroisie et que vous en avez la confirmation, si vous n'êtes pas forcément en capacité de la reconnaître par vous-même. Une fois que vous avez la confirmation que ça en est bien, un simple arrachage peut suffire pour vous en débarrasser. Alors ça, c'est dans les cas où vous avez seulement une ou deux ambrosies devant vous. Si vous êtes face à une zone où il y a énormément d'ambrosies, on va passer à d'autres techniques de lutte. Alors la plus simple, ça va être de la fauche, mais dépendamment des milieux, on peut intervenir de différentes façons.

  • Speaker #0

    Nous retrouvons parfois dans les arbres de nos jardins ou de nos forêts Des chenilles processionnaires, en quoi sont-elles un problème ?

  • Speaker #1

    Les chenilles processionnaires sont connues pour émettre des soies urticantes. Ce sont des petites soies microscopiques qui peuvent vous toucher directement et provoquer notamment des urtications. En Grand Est, on a deux types de chenilles processionnaires, deux espèces distinctes. On va avoir celle du pin, qui est notamment présente et bien connue maintenant dans la Marne et dans l'Aube. Et puis on va avoir celle du chêne, qui est beaucoup plus présente finalement dans toute la zone Lorraine. énormément de chaînes qui sont présentes. Et elles sont problématiques parce qu'elles sont toutes les deux en train de gagner du terrain en Grand Est. Et on s'aperçoit de plus en plus des problématiques qu'elles peuvent engendrer sur la santé humaine. Donc, on a eu notamment sur la période 2019-2021 une vraie population de processionnaires du chêne qui a engendré beaucoup de problématiques de santé humaine sur certaines zones touristiques. Des fois, voilà, des... une dizaine de personnes qui se retrouvent avec des problématiques d'urtication et qui sont envoyées aux urgences parce qu'il y a eu une forte atteinte à cet endroit-là. Les chenilles processionnaires sont issues de papillons de nuit. C'est simplement un stade de l'espèce processionnaire. C'est plutôt les chenilles qui vont bien émettre des soies urticantes, ce n'est pas forcément les papillons. Les papillons, c'est des petits papillons de nuit qui vont vivre un ou deux jours. C'est juste une fonction de reproduction pour perpétrer l'espèce. C'est vraiment la problématique qui est liée au stade chenille.

  • Speaker #0

    Comment les reconnaît-on ?

  • Speaker #1

    Pour les chenilles procédures, c'est beaucoup plus facile que pour l'ambroisie parce qu'on a forcément des caractéristiques très simples qui peuvent être observées. Les chenilles procédures du pin ou du chêne, déjà, elles vont vivre sur les essences dont elles portent le nom. Vous ne trouverez jamais de procédure du pin ou du chêne sur d'autres essences d'arbres. A ceci près que pour les procédures du pin, elles peuvent vivre aussi sur des cèdres, mais c'est un petit détail. Ces chenilles, vous les retrouverez toujours sur ces essences-là, que sur les pins ou que sur les chênes, et c'est des chenilles qu'on va appeler grégaires, c'est-à-dire qu'elles vivent en meute, en colonie. Vous ne trouverez jamais, ou de façon extrêmement rare, une chenille isolée de processionnaire du pin ou du chêne. Ça va toujours être par amas de 100 ou 300 individus au niveau, souvent, d'un nid, ou alors des boules de soie blanches au bout des branches de pin. La processionnaire du chêne, elle est un petit peu plus difficile à voir parce que le nid va se trouver sur le tronc ou sur l'écorce. et va mimer un petit peu la couleur de l'essence du chêne. Donc là, c'est un petit peu plus difficile à voir. Mais voilà, à partir du moment où vous allez trouver un amas de chenilles sur un chêne, vous pouvez considérer que c'est très probablement de la processionnaire du chêne. Encore une fois, s'il y a des doutes sur l'identification, nous, on est là pour vous aider. Donc, il y a une plateforme de signalement national qui va être mise en ligne à partir de 2025. L'idée, c'est un peu comme la Lambroisie, finalement. À partir du moment où vous allez trouver un individu, une chenille qui vous semble un petit peu suspecte et que vous ne savez pas identifier, vous pouvez toujours faire une photo, nous l'envoyer en signalement et nous on peut vous confirmer très facilement si c'est ou pas une chenille processionnaire.

  • Speaker #0

    Et la région Grand Est est pilote sur cette plateforme ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, on a commencé à l'expérimenter en 2024, d'ailleurs avec aussi les collègues de Bourgogne-Franche-Comté, et ça devrait pouvoir conduire à sa bonne mise en ligne en 2025.

  • Speaker #0

    Quel est l'impact des chenilles processionnaires sur notre santé ?

  • Speaker #1

    Les chenilles processionnaires vont émettre des soies urticantes. Finalement, c'est une simple réaction de défense, c'est-à-dire que pour se protéger de prédateurs ou d'individus potentiellement malveillants, elle va avoir sur son dos des zones qui vont enfermer des soies urticantes. Ce sont des soies microscopiques qui ne sont pas visibles à l'œil nu. C'est très différent des poils ornementaux qu'elle va avoir sur elle. Elle va avoir la capacité d'envoyer lorsqu'elle va sentir une menace.... Alors ça, c'est problématique pour l'humain, parce que ces soies peuvent venir directement sur nous, arriver sur notre peau et provoquer des démangeaisons. Mais ça peut être plus grave aussi lorsqu'on va en recevoir dans les yeux, lorsqu'on va en respirer, voire parfois lorsqu'on va en ingérer. C'est dans des cas assez rares, mais peut-être sur des enfants, ça pourrait arriver, sur des enfants en bas âge. Donc là, il y a des atteintes qui peuvent être assez graves sur la santé. Ça n'atteint pas que la santé humaine, ça peut atteindre aussi la santé animale, et notamment les animaux de compagnie, même si les animaux d'élevage aussi peuvent avoir de petits soucis, mais particulièrement les animaux de compagnie, et je pense en l'occurrence aux chiens, dont le comportement est de mettre les choses dans leur bouche pour pouvoir voir ce que c'est. Et donc on a des cas de chiens qui ont ingéré des chenilles processionnaires, et donc ça, ça peut être extrêmement grave parce que ça peut provoquer une nécrose de la langue. Ça nécessite une consultation vétérinaire d'urgence. Et là, la survie de l'animal peut parfois être mise en danger lorsqu'il y a des atteintes très fortes.

  • Speaker #0

    Enfin, la datura, qui est une plante vendue en jardinerie, n'est-ce pas ?

  • Speaker #1

    Oui. La datura, c'est une plante qui va faire des fleurs en cloche, en forme de cloche, qui vont être un petit peu dentées, avec une couleur variable. Ça peut être un peu blanc qui tend vers le rose. Une plante assez luxuriante. assez visible souvent quand on la croise. Le datura est une plante toxique, d'ailleurs c'est toute la plante qui est toxique sur le datura, aussi bien les racines, les parties végétatives et même les graines. Donc ça c'est une vraie problématique, particulièrement pour le monde agricole, car évidemment ces graines peuvent se retrouver des fois dans... dans d'autres graines récoltées. Donc ça, ça peut provoquer évidemment des intoxications involontaires. Et on a eu déjà quelques cas au niveau national et puis des cas un peu plus locaux aussi. Mais il y a déjà eu des cas. Alors il y a eu un cas cette année, notamment en Bretagne, qui a fait quelques articles dessus, où il y avait une quarantaine de personnes sur une zone qui avait été intoxiquée à cause d'une farine contaminée. Donc les atteintes, elles peuvent être assez variables. Tout va dépendre de la quantité qu'on va ingérer. Merci. Mais ça peut évidemment aller de vomissements, de troubles assez généraux jusqu'à la mort, dépendamment des quantités qui sont ingérées. Donc ça, il faut être vraiment très vigilant avec cette plante. Pour le moment, en Grand Est, on commence vraiment à voir les problématiques sur le terrain. On a notamment toute la zone Est de la région qui commence à être fortement contaminée. où on a plusieurs dizaines de signalements par département. Et donc là, l'objectif, c'est vraiment de se saisir tout de suite de la problématique et essayer d'éliminer ces plantes qui sont, pour le coup, des espèces importées qui viennent du Mexique. Donc l'idée, c'est de s'en débarrasser le plus rapidement possible pour éviter qu'elles se répandent trop facilement sur le territoire. Et puis, forcément... pour atteindre la qualité de nos productions et provoquer des risques sur la santé humaine. Il faut noter que pour cette datura, le centre antipoison humain, qui recense un petit peu tous les cas d'intoxication sur la région, recense une dizaine de cas par an, une petite dizaine de cas par an. Pour le moment, c'est un petit peu à la marge, ce n'est finalement pas beaucoup, mais c'est parce qu'on n'a pas beaucoup de plantes. Donc si demain, le nombre de plantes augmente, on risque d'avoir plus de cas humains.

  • Speaker #0

    Le principe de cette émission, c'est de donner des conseils pratiques à nos auditeurs. Nous en venons aux pistes de solutions. Comment peut-on bien vivre en bonne intelligence avec ces espèces ?

  • Speaker #1

    Alors ce qu'on peut dire déjà, c'est que ces espèces ont un point commun, c'est qu'on peut toutes les trois les trouver dans nos jardins. Donc on l'a dit, le datura c'est une plante ornementale aussi, donc on la vend encore en jardinier, donc le risque c'est qu'on implante soi-même le datura dans nos jardins. Donc évidemment, le fait de connaître le risque et de savoir ce qu'on achète, ça peut déjà permettre de limiter un petit peu la problématique. Les processionnaires, on peut aussi les trouver dans notre jardin. Il suffit que vous ayez un pin ou un chêne dans votre jardin et vous pouvez facilement vous retrouver avec des nids de processionnaires. Et puis l'ambroisie, vous pouvez aussi la retrouver dans votre jardin parce que finalement l'ambroisie, elle est de la même famille que le tournesol. C'est une astéracée. Et lorsque finalement les agriculteurs vont faire leur récolte de tournesol, ils peuvent parfois aussi récolter des graines d'ambroisie. Et donc... Les graines d'ambroisie vont se retrouver dans les mélanges de graines pour oiseaux qui sont composées de graines de tournesol. Et donc, on a pas mal de signalements maintenant en grand test. On a à peu près une dizaine par an de personnes qui se retrouvent dans leur jardin avec des pieds d'ambroisie au pied des mangeoires pour oiseaux. Évidemment, le fait de connaître ces espèces, de savoir les reconnaître, d'être un petit peu sensibilisé, ça permet de facilement les reconnaître et de facilement s'en débarrasser derrière. On l'a dit, pour l'ambroisie, c'est assez facile. Le datura, évidemment, c'est aussi une plante annuelle, on peut facilement s'en débarrasser en l'arrachant. A ceci près que là, on vous conseille de porter des gants, parce que comme je l'ai précisé, c'est une plante qui est toxique. Donc l'idée, c'est de ne pas se contaminer. Pour les processionnaires, c'est un petit peu plus délicat. Vous êtes sur des espèces qui vont vivre dans des arbres, donc un petit peu en hauteur. Là, on conseille vraiment d'appeler des sociétés spécialisées dans la destruction, qui vont faire ça en ayant des équipements de protection, des équipements pour travailler en hauteur. et limiter le risque pour l'opérateur.

  • Speaker #0

    Parfois dans les jardins et dans les forêts, on voit des colliers autour des pins. À quoi ça sert et est-ce que cela permet d'éviter nos chenilles ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qu'on appelle un piège collier. C'est effectivement un piège qu'on va mettre autour de l'arbre. Le principe est assez simple, c'est que c'est une sorte de gouttière qui va venir récolter les chenilles processionnaires du pin lorsqu'elles vont descendre de l'arbre. Alors ça, c'est lié à la biologie de l'espèce. C'est une séquence comportementale qui fait que la processionnaire du pain, à un moment de son cycle, va avoir besoin de descendre pour aller s'enterrer dans le sol. Le principe du piège, il est simple, c'est de ramasser les chenilles pendant qu'elles sont en train de descendre finalement de l'arbre. Donc, vous allez avoir une gouttière qui permet de les récolter et un sac collecteur. Donc ça, c'est un outil aussi qui est très facile à mettre en place pour les particuliers ou même pour certains gestionnaires. Lorsque vous avez quelques arbres avec un risque de processionnaire du pain, vous pouvez installer ces... ces pièges colliers pour récolter les chenilles et éviter de recontaminer votre pain de façon trop régulière.

  • Speaker #0

    Il me semble que ça ne coûte pas très cher, ces colliers autour des pains.

  • Speaker #1

    Non, non, non. Ce sont des pièges qui vont être entre une vingtaine et trente, quarante, peut-être même un peu plus parfois. Ça dépend en fait de la circonférence de votre pain. Donc évidemment, plus le pain va être imposant, plus le piège va être cher. Mais ce sont des pièges qui, à l'achat, sont... Avec un coût relativement raisonnable. Mais surtout, une fois qu'il est mis en place, vous n'avez qu'à renouveler le sac collecteur. Et ça, ça ne coûte que quelques euros par an. Donc pour une solution sur la durée, ça peut être assez intéressant.

  • Speaker #0

    Donc 20 à 40 euros par an. Par contre, pour les chênes, on n'aura pas forcément la même façon de procéder.

  • Speaker #1

    Et non, pour le chêne, c'est un petit peu plus délicat. Les procédures du chêne, elles n'ont pas ce comportement de vouloir descendre à un moment de leur cycle dans le sol. Il faut constater que ce sont des espèces qui sont finalement complètement différentes, même si elles ont un nom commun, elles ont des biologies un petit peu différentes. Donc aujourd'hui, on n'a pas forcément de piège pour les processionnaires du chêne qui peuvent capturer facilement cette espèce-là.

  • Speaker #0

    Et donc du coup, il faudra faire appel à des professionnels ?

  • Speaker #1

    Oui, on conseille vraiment de faire appel à des professionnels dans ces cas-là, parce que ce sont des espèces qui peuvent porter atteinte à la santé humaine et qui nécessitent parfois des équipements. Donc, le particulier ou la personne qui n'est pas forcément en capacité de le faire bien risque de se faire plus de mal que de bien en essayant de le faire soi-même.

  • Speaker #0

    Peut-on compter sur la nature pour nous donner des solutions, finalement ?

  • Speaker #1

    Oui, la nature va être un bon allié, évidemment, comme d'habitude. En fait, toutes ces espèces, elles sont vraiment... C'est problématique parce qu'on a un petit peu déréglé notre environnement. Et donc évidemment, l'ambroisier va aimer les sols artificialisés, un peu nus. Les processionnaires vont se plaire dans les zones où il y a beaucoup de pain. Donc évidemment, à partir du moment où on va avoir des parcelles agricoles ou des zones laissées à nu, ou par exemple des monocultures forestières avec que des pains ou que des chênes, ça va être des gros favorisateurs pour ces espèces-là. Donc l'idée, évidemment, c'est de réinviter un peu la nature dans tous ces espaces. de repenser un petit peu la biodiversité, d'avoir des zones peut-être un petit peu plus mélangées en termes forestiers. Ça peut être aussi, par exemple, de revégétaliser les zones qui ont été mises à nu en essayant d'apporter des espèces locales, bien denses, bien diversifiées. Et ça, ça peut être des vrais freins pour limiter ces espèces-là. On peut aussi mettre en avant quelques prédateurs, par exemple pour les processionnaires. Les mésanges, les chauves-souris peuvent en consommer. Donc évidemment, installer des nichoirs ou des gîtes à chauves-souris. Ça peut permettre à la biodiversité de revenir à des endroits où elle était un petit peu absente et de limiter certains de ces problématiques. On peut aussi parler des populations d'insectes. Alors même si là, c'est un petit peu plus difficile à favoriser en tant que tel, on peut parler d'hôtels à insectes, de conservation des bandes enherbées, des bandes fleuries pour essayer de garder des populations qui peuvent parfois consommer ces populations d'insectes et qui peuvent évidemment nous rendre beaucoup de services.

  • Speaker #0

    Un mot de conclusion ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ce qu'on peut dire, c'est que... Finalement, la nature a toujours présenté des risques. Ces problématiques ne sont pas forcément très nouvelles, même si elles sont un peu actualisées au regard des nouveaux changements climatiques. Dernièrement, on constate quand même que toutes ces espèces, le changement climatique les a amplifiées, en tout cas qu'elles sont beaucoup plus présentes et qu'il y a de plus en plus d'introductions d'espèces qui potentiellement derrière peuvent poser des problématiques de santé humaine. Évidemment... l'objectif, ce n'est pas d'être plus inquiet sur l'état de notre environnement que ça. L'idée, c'est aussi de mettre en avant tous les bénéfices ou co-bénéfices que peut nous produire ou nous prodiguer plutôt la nature, aussi bien sur des aspects de santé biologique en tant que tel, de santé mentale, qualité de l'air, de l'eau, etc. Donc la nature, c'est beaucoup plus un bien à protéger que quelque chose à combattre finalement. Aujourd'hui, nos enjeux se situent vraiment autour de la prévention. On voit bien que de plus en plus, on s'éloigne un petit peu de la nature et que des espèces finalement qu'on était en capacité de reconnaître, de nommer, aujourd'hui c'est des savoirs qui se perdent un petit peu. Donc il y a des vrais enjeux de connaissance, de prévention, pour que tout le monde reprenne contact avec la nature, reconnaisse de plus en plus toutes ces nouvelles espèces qui peuvent être problématiques ou qui ne le sont pas forcément. Là aujourd'hui, on parle de quelques espèces qui... peuvent atteindre la santé humaine, mais il y en a plein d'autres finalement qui ne nous veulent aucun mal, on va dire. Donc l'objectif, c'est vraiment de se réapproprier ces enjeux et la connaissance un peu de notre environnement, pour se prémunir de ces potentiels effets délétères.

  • Speaker #0

    Merci Louis.

  • Speaker #1

    Merci Vanessa.

  • Speaker #0

    Alors, en résumé, certaines espèces d'invasifs sont présentes dans nos jardins, nos forêts et nos campagnes, à l'image des chenilles processionnaires, du datura et de l'ambroisie. Alors contacte les humains peuvent déclencher des allergies, des démangeaisons, voire des empoisonnements. Arrêter de planter des pins dans notre région, notamment dans la Marne, éviter les forêts monocultures, l'artificialisation des sols, peut être une des pistes de solution. Naturaliser le plus possible, reverdir les villes via les associations d'habitants également. Repérer les premiers signes de surveillance des arbres, en particulier dans les pins, où tout un chacun peut y déposer des pièges colliers collecteurs de chenilles. Les applications de reconnaissance et des plateformes de signalement sont aussi disponibles. très pratiques pour repérer et agir rapidement. Faisons de la nature notre allié en favorisant la biodiversité. Cela permettra notamment à de nouvelles plantes de prendre la place du datura et de l'ambroisie et à des prédateurs comme les oiseaux de se régaler de belles chenilles processionnaires. Découvrez nos podcasts, l'environnement au cœur de ma santé, au cours de prochains épisodes sur les moustiques tigres, les punaises de lit, les tiques et bien d'autres. A bientôt !

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