L'Épopée de Paul-Adrien Cormerais (PONY) par Sébastien Le Corfec cover
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L'épopée de...

L'Épopée de Paul-Adrien Cormerais (PONY) par Sébastien Le Corfec

L'Épopée de Paul-Adrien Cormerais (PONY) par Sébastien Le Corfec

50min |22/10/2024
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Description

Dans cet épisode captivant de "L'épopée de...", Sébastien Le Corfec nous plonge dans l'univers inspirant de Paul-Adrien Cormerais, cofondateur de Pony, une entreprise française qui redéfinit la mobilité partagée. Ce podcast met en lumière le parcours exceptionnel de Paul-Adrien qui a su allier son éducation en ingénierie à son désir d'entreprendre. Dès son plus jeune âge, il a nourri l'ambition de créer un impact positif dans le domaine de la mobilité, et c'est avec Clara Vaisse qu'il a fondé Pony en 2017.


L'épopée de Pony ne se limite pas à une simple aventure entrepreneuriale. En tant qu'acteur clé dans le secteur des vélos et trottinettes électriques en libre-service, l'entreprise se distingue par son approche participative et son réseau étendu qui touche 21 villes françaises. Paul-Adrien partage avec nous les défis qu'ils ont rencontrés lors des levées de fonds, offrant un aperçu précieux sur l'investissement dans le secteur de la mobilité. Il évoque également les leçons apprises sur le marché, soulignant l'importance de la qualité du service dans leur stratégie, un aspect crucial pour séduire les usagers et bâtir une relation de confiance.


Alors que l'épisode se déroule, Paul-Adrien nous fait découvrir la vision de Pony pour l'avenir de la mobilité urbaine. Il parle de la relocalisation de la production en France, une initiative qui fait écho aux aspirations du territoire, et qui vise à renforcer l'économie locale. La transmission de valeurs et l'intégration des usagers dans le modèle économique de Pony sont également au cœur de leur démarche, illustrant un entrepreneuriat responsable et durable.


Cet épisode de "L'épopée de..." est une véritable ode à l'innovation et à l'entrepreneuriat. Que vous soyez un dirigeant en quête d'inspiration, un passionné de mobilité ou simplement curieux des initiatives qui émergent dans l'Ouest de la France, vous trouverez dans cette discussion des éléments qui résonneront avec vous.


Ne manquez pas cette opportunité d'explorer l'épopée de Pony, une entreprise qui incarne l'avenir de la mobilité durable et qui s'inscrit dans la dynamique de Xplore et d'Epopée. Écoutez cet épisode pour comprendre comment l'entrepreneuriat peut transformer des défis en opportunités, et comment, grâce à des initiatives comme Pony, nous pouvons tous contribuer à un avenir plus vert et plus connecté. Rejoignez-nous pour cette aventure enrichissante !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Je suis Sébastien Le Corfec, associé de l'entreprise d'investissement Épopée. Nous nous sommes mis en quête des grands dirigeants de l'Arc Atlantique. Tout comme la saison 3, nous gardons les mêmes fondamentaux pour cette saison 4. Vous racontez leur épopée entrepreneuriale avec un focus sur la nouvelle génération suite au classement l'Épopée des 40. Ce classement recense les 40 personnalités de moins de 40 ans les plus influentes de l'Arc Atlantique. Quels ont été leurs parcours ? Comment ont-ils innové ? Quelle est leur vision pour leur territoire ? L'Épopée de Paul-Adrien Cormoré, cofondateur de Pony, c'est maintenant. Paul-Adrien, bonjour.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Bonjour.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Depuis 2017, toi et Clara Vaisse, développé depuis Angers et Bordeaux, l'opérateur de mobilité partagé Pony, vous êtes le seul acteur français proposant des trottinettes électriques et des vélos en libre-service avec un système participatif. Aujourd'hui, Pony est présent en 21 villes dont vous venez de lever dernièrement 23 millions d'euros et au cours des six derniers mois, plus de 300 000 utilisateurs ont ainsi enfourché un Pony pour se déplacer. Et toi, Paul-Adrien, comment tu pitcherais Pony en une minute ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Eh bien Pony, c'est un service de vélo électrique, trottinette électrique en libre-service, c'est-à-dire que c'est des vélos qui sont disponibles dans la rue, à la location, au trajet, au moyen d'une application mobile, et qui vous permettent de faire des trajets de façon très rapide, pratique, fiable, en centre-ville, soit pour aller d'un point A à un point B, soit en combinaison avec la voiture que vous avez dû laisser un peu loin, ou le train, parce que vous revenez de votre destination de vacances.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Je parlais de 21 villes en intro, tu peux en citer quelques-unes ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Oui, effectivement, on couvre l'ensemble du territoire, on est l'opérateur avec le meilleur maillage, le plus gros maillage de très très loin en France. Et on fait des villes, des très grandes villes comme par exemple Nice, Bordeaux, Tours, des villes un peu plus petites comme La Roche-sur-Yon, Bourges. Et entre les deux, il y a des villes comme Beauvais, comme Évry, comme Lorient.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Ok, on va revenir à toute façon sur tous ces points-là dans le podcast. Mais avant, on va essayer de parler de la genèse d'Oxford, des levées de fonds, des défis à venir. Mais tout d'abord, qui se cache derrière la startup, ta jeunesse, tes études ? Comment se passe ton enfance ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Moi, je suis Toulousain d'origine. On est trois. J'ai une petite soeur, un petit frère. J'ai eu une enfance assez normale avec ma mère qui est vétérinaire, mon pet qui est cadre commercial dans les travaux publics. Et parcours un peu classique, prépa, école d'ingé. Et finalement, par contre, avec un truc qui est toute ma vie et depuis toujours, la volonté absolue d'entreprendre et de créer quelque chose. Et ça, c'est... Tu vois, si je dois dire, je vois autour de moi les entrepreneurs, il y a toute une catégorie d'entrepreneurs qui ont presque un peu la même flamme que les artistes, c'est-à-dire ce besoin d'entreprendre, tu vois, ce truc de... C'est pas je fais un choix parce que, intelligemment, je me dis c'est mieux que d'être dans un grand groupe, quoi. Non, c'est juste, t'as le besoin de le créer, t'as besoin d'être à la tête de ton truc. Et ça, c'est un truc que j'ai ressenti très très tôt, l'envie de... Tu vois, de... Face à... n'importe quel problème, l'envie de trouver la solution à ce problème, l'envie de le créer, de le make it happen en fait. Et ça, ça m'est venu très tôt. Finalement, dans mes études, ça s'est matérialisé avec plusieurs projets que j'ai montés, des projets associatifs, des projets un peu business. J'ai tenté de monter une boîte en prépa, ce qui est une très mauvaise idée, je ne le recommande à personne. Et ensuite...

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Qu'est-ce que c'était cette boîte-là ? Même si ça a été un échec.

  • Paul-Adrien (Pony)

    C'était plus... Ça n'a pas abouti, si tu veux, mais... Je me suis lancé dans toute une réflexion sur comment on pourrait recréer du lien entre les générations, déplacer les personnes âgées dans les centres-villes. Excellent. Un truc, vraiment l'immaturité totale de la jeunesse. Mais en tout cas, je n'arrivais pas à me concentrer sur mes études. Et j'étais toujours attiré vers les choses qui pouvaient me marquer au quotidien. Et où je me disais, ça, je pense que je peux faire quelque chose. Et immédiatement, mon cerveau, il part. Et puis ça y est, les solutions se mettent en place, je commence à réfléchir, je commence à me documenter. Et puis bon, ça n'a pas vraiment abouti jusqu'à Pony, même si Pony, ce n'est pas notre premier projet. Mais voilà, finalement, je suis quand même allé au bout de mes études. J'ai même continué plus loin parce qu'après mon école d'ingé en France, je suis parti faire une spécialisation en mathématiques financières à Londres, à l'Imperial. Et une chose entraînant une autre, je me suis retrouvé chercheur en salle de marché, spécialisé sur les dérivés de taux. Donc je travaillais sur les modèles financiers de pricing et de calcul de risque des dérivés de taux d'intérêt. Et ça,

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    ça t'a stimulé ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et ouais, alors en fait, j'avoue, j'ai pris ce job un peu à la base pour valider mes études. J'étais en mode, de toute façon, je ne vais jamais faire ça, je vais créer ma boîte, j'avais déjà mes projets, etc. Et en fait, je devais faire un stage pour valider mes études et le mec qui m'a recruté a démissionné entre le moment où il m'a recruté et le moment où je suis arrivé. Et quand je suis arrivé, le mec était en train de partir et ils m'ont fait Bon, écoute, mets-toi là dans un coin Je me suis retrouvé dans la salle de marché de la BNP à Londres. Pendant à peu près trois semaines, je n'ai rien eu à faire. J'étais plus ou moins en train de me maintenir Roland Garros en attendant qu'on me donne un truc à faire. Et au bout d'un moment, ils m'ont fait Bon, écoute, oublie le sujet de stage. Le mec part. essaye de voir ce que tu peux faire de son scope. Et je me suis retrouvé propulsé sur un truc hyper intéressant, hyper exposé, avec des mecs à côté de moi qui étaient des gens extraordinaires, d'un niveau... Moi, j'étais le seul mec de l'équipe qui n'avait pas fait de thèse. Et le mec assis à ma droite, Chris Hunter, c'est le prof de Calculsto et le prof de physique des trous noirs de Cambridge. Et donc, en parallèle de son job à la BNP. Et donc, c'est des mecs... Incroyable. Incroyable. Et donc, effectivement, ça a été... J'avais un manager extraordinaire, Cyril Tankwe. Malheureusement, on s'est perdu de vue depuis Pony. Ça a été tellement intense. Mais un manager extraordinaire qui m'a vraiment poussé, qui m'a fait grandir, qui m'a fait grandir en maturité énormément. Et finalement, je suis resté 5 ans et demi tiré par cette énergie. Mais avec quand même cette conscience que... fondamentalement je ne suis pas un chercheur en mathématiques il y a des gens qui sont meilleurs que moi à faire ça et moi mon truc c'est l'entrepreneuriat et donc la bascule c'est à 26-27 ans ouais c'est ça exactement donc je fais 5 ans et demi et puis à un moment je me dis en fait j'étais à un stade où en fait au bout d'un moment t'apprends moins et puis et puis voilà j'avais ce besoin en fait d'être plus en maîtrise de ce que je faisais et j'étais sur un truc où j'avais atteint un niveau de spécialisation dans un domaine très particulier sur des sujets bien précis où en fait il y avait moi, mon boss et 2-3 autres mecs qui comprenaient ce qu'on faisait mais bon j'avais peur moi à la fois de pas être le meilleur là-dedans et à un moment de me retrouver bloqué et à la fois et en plus c'était pas vraiment donc je me suis dit J'avais tous ces projets, j'avais tous ces projets. Et en fait, la petite histoire, c'est que je suis allé voir mes collègues de la BNP. Moi, je travaillais beaucoup avec les traders, qui sont des gens qui ont un appétit au risque particulier. Et je leur ai dit, les gars, j'ai une idée. Je monte une boîte, je vais faire des vélos partagés. À l'époque, je n'avais pas pensé aux trottinettes pour être transparent. Ça s'appelait Pony Bikes. Et je leur ai dit, on va prendre des vélos. On va mettre un cadenas. Maintenant, avec le Bluetooth Low Energy, ça coûte quelques... 20 balles, voilà. Et en fait, on va pouvoir remplacer des centaines de millions d'euros d'infrastructures de parking Vélib par quelques dizaines d'euros par vélo de station mobile. Et en faisant ça, on a un réseau beaucoup plus fin, beaucoup moins cher, avec des parkings à tous les coins de rue. C'est Game Changer. Et en une après-midi, on fait notre seed de 200 000 pounds à l'époque. Excellent. Et là, je pose ma dème. Et puis c'est parti.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et à quel moment tu croises Clara, ta cofondatrice ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Alors Clara c'est ma cofondatrice, mais c'est aussi ma femme. Et on s'est rencontrés à la deuxième soirée de mon école d'ingénieur. D'accord. Donc c'est l'histoire de toute une vie. Donc on s'est rencontrés très jeunes et on a toujours été ensemble. Elle était dans une autre école, puis on s'est retrouvés à Londres, elle est venue à Londres. On a monté une autre boîte avant, Sibérie.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Donc ça c'était avant tes 25-26 ans que t'as...

  • Paul-Adrien (Pony)

    Ouais, ouais, ouais. Une marque de boissons, on faisait de la sève de bouleau. D'accord. Et donc on était les premiers à faire... On surfait un peu sur ce qu'était l'idée de... Il y a eu le Coconut Water qui était la grande traîne des boissons. On s'est dit, est-ce qu'il n'y a pas un truc plus healthy, meilleur pour l'environnement ? On est tombés sur l'eau de... boulot, avec une approche qui était je pense pas la bonne maintenant, mais on le savait pas à l'époque qui était de on était pas driveé vraiment par le produit, on était pas nous-mêmes à la base passionnés et convaincus du truc, mais on cherchait plus une opportunité business et maintenant je sais que c'est il faut quand même avoir une passion dans ce qu'on fait pour arriver au bout, c'est dur, mais bon malgré tout on s'est quand même lancé là-dedans et on a créé effectivement Siberi qui a été une des plus grosses croissances food and drinks au UK à l'époque À l'époque, c'était... quoi, 2013, 2014, quelque chose comme ça, avec Clara et du coup un autre associé, Mehdi, qui était un de mes meilleurs potes d'école aussi, qui lui aussi était en finance. Mehdi et Clara ont quitté leur job pour se mettre en plein sur Sibérie, et moi je suis resté à la BNP, et c'est là que j'ai commencé à... Après j'ai passé la main sur Sibérie, et j'ai commencé à bosser sur Pony, et après on a vendu Sibérie, et Clara m'a rejoint.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    D'accord, et elle te rejoint au bout de combien de temps ? Parce que tu as l'idée du côté de la...

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et le tout début. En fait, il se trouve que le calendrier a parfaitement matché. Donc, j'ai posé ma dème en avril et en mai, elle était avec moi.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et par rapport du coup à cette histoire de Pony, donc on comprend un peu la genèse, mais est-ce que tu peux revenir sur 3, 4 moments forts qui t'ont marqué, des phases clés du début jusqu'à maintenant ? Certes, il y a eu la levée de... de 23 millions et de nouveaux acteurs qui sont rentrés, sans parler que de financement, des moments forts dans cette histoire de

  • Paul-Adrien (Pony)

    Pony. Une histoire comme Pony, c'est des moments forts les uns après les autres, forcément. Je pense que les moments les plus forts, c'est les moments du début où tu te lances avec rien, avec une intuition de quelque chose, une envie profonde au fond de toi de te dire ce truc-là, ça me saoule. Moi, j'avais un... Un scoot à Londres, que je me suis fait voler, je me suis fait voler avec un vélo, et je voulais en fait une autre solution pour se déplacer, j'avais envie de travailler sur cette question. Donc tu pars avec un truc, mais tu sais pas trop comment tu vas y arriver. Et ce qui est assez choquant au début, c'est la vitesse à laquelle, finalement, en quelques mois, t'arrives à passer de zéro à presque un, et en tout cas, tu vois, un démonstrateur et quelque chose. Et donc ça, j'avoue que c'est une... période, la période du début qui est dingue. Donc moi, je suis parti en avril. Je suis parti un mois. Moi, j'avais fait que de la... J'étais que dans... J'étais chercheur mathématique en banque. J'étais en costume. Je ne connaissais rien au monde physique. Donc je faisais un peu d'électronique le week-end avec un pote pour... Comme mon hobby. Donc voilà. Bon, c'était quand même... Mais du coup, je suis parti en Chine comme ça. Il y avait un salon, il se trouve, le premier week-end de mai. il y a un salon du vélo à Shanghai je ne savais pas donc on est en quelle année ? mai 2017 je pars au salon de Shanghai le salon de Shanghai t'arrives et il y a la salle du salon des expos de Shanghai c'est un trèfle à 4 feuilles et chaque feuille du trèfle c'est 2 fois le stade de France donc le truc t'arrives le tour tu le fais en golfette, tu ne peux même pas le faire à pied c'est un délire et donc je rentre dans le truc tout le salon c'est pas le haut mais il y a quand même 2 feuilles et je me dis donc l'équivalent de 4 fois le stade de France c'est dédié au vélo sur 2 niveaux donc c'est genre délirant et on arrive nous on se dit on va faire du vélo sans station, on avait une idée vaguement que ça existait en Chine mais on avait pas trop réalisé et dis-toi, toute la surface du bâtiment il y a une banderole jaune qui doit faire du coup plusieurs centaines de mètres de long c'est le nom de Ofo qui se lance sur le vélo sans station en Chine donc là on est en mode la pancarte là C'est probablement 10 fois notre funding.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Oui, d'accord. Oui, oui, c'est ça. Donc,

  • Paul-Adrien (Pony)

    tu arrives et tu fais... Ah ouais, ouais, ouais. Donc là, on arrive et effectivement, on est dans un truc où 2017, 10% de la production mondiale de vélos, c'est du vélo sans station, qui n'existait pas en 2016. Ah ouais, c'est ça. C'est genre un délire. C'est des milliards qui sont cramés en deux ans. Donc là, on arrive sur un truc où on se dit, ah ouais, en fait, on pensait être les premiers. En fait, en Asie, ils sont déjà dans un autre monde. et en fait l'intuition qu'on a eu en fait on réalise que tout le monde a la même c'est à dire que tu prends le problème de la mobilité en ville tout le monde le comprend le problème de le vélo c'est cool tout le monde le comprend c'est chiant d'avoir un vélo chez soi parce que si t'as pas de parking où est-ce que tu le gares et tu te le fais voler et le vélo partagé avec station c'est pas très pratique ça coûte très très cher du coup c'est souvent contraint dans les hypercentres avec très peu de dispo comment tu fais ça à très grande échelle pour le plus grand nombre pour pas cher... Et donc tu te dis je vais mettre des cadenas bluetooth sur des vélos et donc au final tout le monde a l'idée donc on arrive et donc le choc de voir que ouais en fait ça a vraiment déjà explosé et le choc aussi de voir à quelle vitesse du coup en ce salon en trois jours on prend un rendez-vous tous les jours sur le mois qui suit et pendant un mois on fait une visite d'usine Parchaud sur toute la Chine et on passe trois commandes chez trois fournisseurs différents.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et des commandes de combien de ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    De 200 vélos pour tester à l'origine. Mécaniques parce qu'à l'époque notre ambition c'était du vélo électrique mais on ne savait pas le faire, c'était trop loin. Donc on commence par tester sur du vélo mécanique. Et une commande qu'on n'a jamais reçue, une commande qu'on a reçue avec un an de retard, et une commande qu'on a reçue fin août. Donc on passe la commande en mai, fin août on a les vélos, et on lance en septembre.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et tu lances en septembre à Londres ou t'étais déjà revenu en France ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    À Oxford, à l'origine. Là, à ce moment-là, on se dit c'est quoi les villes en Angleterre où ça a du sens ? On se dit on va classer par par modal vélo. En fait, en Angleterre, il n'y a pas de culture vélo. Il y a maintenant, ça a vachement changé, mais à l'époque, il n'y avait pas du tout. Il n'y a que deux villes qui sortent du lot, en fait il y a les villes universitaires, notamment Cambridge et Oxford. Oxford, il faut savoir que le gros du centre-ville, les bâtiments ont plus de 1000 ans, donc c'est vraiment pas fait pour la voiture. C'est interdit d'ailleurs de rentrer avec sa voiture personnelle. Et donc en fait, t'as pas trop le choix quoi. Et donc on contacte Cambridge et Oxford. Cambridge s'était déjà fait contacter par Ofo, ils étaient hyper défensifs, ils nous ont envoyé bouler. Et Oxford était en mode, mais génial ! Allons-y.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et du coup, Oxford, la première location s'opère quel mois ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Septembre, début septembre. Premier septembre, la rentrée, je ne sais plus, premier ou le deux, on lance. Et qu'est-ce qui se passe ? Le même jour, Opho lance à Oxford. C'est une de leurs premières villes dans le monde en dehors de Chine.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    D'accord. C'est fou, du coup, la probabilité. Est-ce qu'ils avaient... Parce que tu t'étais fourni auprès de cette...

  • Paul-Adrien (Pony)

    Non, c'est parce qu'en fait, en Chine, le marché a explosé. Ils ont vu qu'un de leurs problèmes sur leur marché domestique, c'est qu'il y a eu trop de boîtes qui se sont créées. Avec un cadre réglementaire qui, à l'époque, était hyper permissif. Donc, tu ne demandais pas aux villes d'autorisation officiellement. La réglementation, c'était tu as le droit de lancer.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Oui, c'est ça.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et du coup, en fait, tu te retrouvais avec 20, 30, 40 marques dans une ville. Les gens se battent, les mecs se battent pour... occuper l'espace le plus possible et c'est là que tu te retrouves avec les fameuses pyramides de vélo. Et donc pour éviter ça, le but c'était de lever très vite, d'être le premier sur le marché et d'étouffer les concurrents. Et donc quand au Foulence en fait ils ne sont pas prêts, dans l'app il n'y a pas la fonction paiement. Donc l'app elle te permet d'ouvrir les vélos mais tu ne peux pas payer, c'est gratuit. Et donc on est sur un truc où le mec il vient... Josie Driver qui finalement maintenant est devenu quelqu'un avec qui on s'entend très bien mais qui à l'époque est arrivé pas commode, c'est un rugbyman lui-même d'ailleurs diplômé d'Oxford, ancien general manager de Zipcar, ancien general manager de Cherno, la filiale de BMW et qui vient et qui fait écoute moi j'ai un mandat, c'est de buter les mecs comme toi pour éviter d'avoir trop de compétiteurs. Donc de toute façon, nous où que tu ailles, on va se mettre en face. Et on va mettre dix fois plus de vélos et gratuit.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et donc là, tu dis, c'est l'ascenseur émotionnel. C'est génial de recevoir ces vélos, mais tu as le concurrent qui arrive en face. Donc à partir de là, à un moment fort, tu dois décider, j'imagine, d'aller ailleurs.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Là, on a une première décision, c'est est-ce qu'on rend l'argent aux actionnaires ? Est-ce qu'en fait, trop tard ? Et on a une analyse qui vient à l'époque finalement de notre... expérience précédente sur les fast moving consumer goods, c'est-à-dire sur notre marché de l'eau, on se rend compte qu'en fait on n'est pas sur un truc qui est vraiment winner takes all. On est sur un marché hyper local, donc c'est-à-dire en fait, s'il n'y a pas le vélo en bas de chez toi, tu ne vas pas le louer. Et le fait d'être très gros à Shanghai, ça ne va pas t'aider à Oxford. Donc à chaque ville, le combat va repartir. Et donc le but, c'est d'avoir le même nombre de vélos que les concurrents. Et quand les gens, ils n'ont qu'un vélo, ils prennent en face deux. Mais quand ils en ont plusieurs, ils vont faire un choix. Et ce choix, c'est comme dans la grande distribution. Finalement, le trottoir, ça devient le rayon de supermarché. Et donc, tu vas faire ton choix sur trois critères qui sont le prix, le produit et la brande. Le prix dans le rayon de supermarché, c'est critique parce qu'il est affiché. Et les produits sont classés par prix. En fait, les trucs pas chers sont en bas, les trucs chers sont en haut. Donc, tu as les gens pas chers, ils veulent la cristalline, ils prennent en bas la cristalline. Et les gens qui veulent le truc un peu bien, ils prennent Evian en haut. Et puis, entre les deux, tu as Volvic qui est fonctionnel, produit, etc. Et donc, nous, on fait cette analyse sur notre marché. Et on se rend compte que finalement, comme le prix n'est pas visible, il n'y a pas de sensibilité au prix. Et tu es sur un truc impulse. De toute façon, tu es tellement moins cher que les autres options qui sont le taxi. Et le bus, en fait, en Angleterre, coûte très, très cher. Donc, à l'époque, nous, on est face au bus qui a 4 euros le trajet à peu près à Oxford. Donc, c'est genre vraiment cher. Et nous, on le faisait à 80 centimes. Donc, si tu veux... Et donc, en fait, en vrai, on est sur un truc zéro sensibilité prix. Donc là, on se dit, mais en fait, au faux... Le seul truc où ils peuvent nous tuer, c'est de déployer trop de vélos. Et donc là, immédiatement, on lance une opération finalement de lobbying pour dire aux villes en Angleterre, et en France ensuite très vite, l'élément réglementaire que vous devez mettre en place, c'est au minimum de faire que tous les opérateurs aient le même nombre de vélos. Sinon, c'est la guerre à celui qui met le plus de vélos de mauvaise qualité, plutôt que la guerre sur la qualité de service. Et on a du mal à obtenir gain de cause en France, c'est pour ça qu'on lance pas Paris à l'époque, c'est pour ça qu'on lance pas Lyon, qu'on se lance pas dans cette course en France très tôt, mais on obtient gain de cause en Angleterre, et donc au faux, et Pony, et après Mobike nous rejoint, on a tous les trois 500 vélos, et là on valide en fait toute notre compréhension situe des fondamentaux de marché, et qui sont encore aujourd'hui ce qui drive énormément notre stratégie et la façon dont on opère, c'est... Un, c'est la distrib, donc il faut que tu sois présent pour que les gens puissent t'acheter. Il ne faut pas que tu sois moins bien distribué que la compétition. Et deux, ensuite, il faut que tu tailles te battre sur ton triptyque prix-produit-qualité en comprenant qu'il y aura différents segments de marché. Il y a des gens qui vont être sensibles au prix, il y a des gens qui vont être sensibles à la vente, il y a des gens qui vont être sensibles à différents éléments produits. En comprenant que nous, sur notre marché, il y a peu de sensibilité prix. Et donc, c'est brand... produits et c'est là dessus qu'on va travailler on va énormément investir dans la brand et on fait rentrer dans notre capital un qui est dans le top 3 des plus grosses agences de branding mondial en fast moving consumer goods qui est JKR qui est donc la brand qui a fait Domino's Pizza Ains, M&M's tu vois c'est des gens qui savent faire des produits qui se vendent tout seul sur un rayon de supermarché qui est exactement notre produit donc c'est eux qui ont fait toute la brand Pony Et après, on travaille à fond sur le produit. Et c'est là qu'on fait le double pony, notre vélo de place.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et alors, à quel moment, en quelle année, tu arrives en France ? Ça se passe comment ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et bien, comment on arrive en France ? En fait, tout de suite, parce que pour valider notre théorie, donc nous, on voyait qu'en fait, donc on cherchait à... Tu comprends que tu n'es pas une boîte tech. Tu comprends qu'en réalité, tu es une boîte fast-moving consumer goods, tech-enabled. Et tu dois du coup réfléchir à ce... à cette segmentation de marché, quels sont les différents segments, quel est le segment le plus intéressant, où est-ce qu'il faut attaquer. Tu vas appliquer le textbook de la stratégie FMCG et donc le premier truc que tu testes, c'est la sensibilité prix. Et donc tu fais des campagnes de promo et tu vois un peu comment les gens répondent. Et nous, on avait zéro réponse, mais en même temps, les gens qui sont sensibles au prix, ils avaient Ofo qui était gratuit. Donc forcément, les gens qui utilisent Ponis et qui ne sont pas sensibles au prix. Et donc très vite, on comprend qu'en fait, Ofo... tous les jeunes un peu du bon qui traînent ils prennent les hauts faux qui partent dans les quartiers machin et pony basse et les vélos qui sont à la gare en parfait état fonctionnel et tous les gens qui viennent à oxford pour travailler les profs à l'université machin bam ils arrivent ils descendent du train ils savent qu'il ya les bonnes et 80 centimes de toute façon qui se prend la tête pour 80 centimes et hop c'est parti et donc et donc voilà donc on on avait cette première ce premier retour d'expérience à oxford mais on était dans un environnement concurrentiel complètement distordue par l'excès de capital en Chine, parce qu'au fond, à l'époque, il y avait 2 milliards quasi en 6 mois d'existence. Et donc, il nous fallait un terrain d'expérimentation. Et à ce moment-là, on est contacté par Angers. Le fils du président de l'agence de développement économique est en stage de langue.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Que j'ai croisé il y a un mois de ça à Angers, et qui m'a raconté l'histoire, que je n'avais pas ce bout de l'histoire, mais vas-y.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et donc, il est... Il est en stage de langue à Anglais, à Oxford. Il a l'air de ne pas trop savoir comment s'occuper. Il nous contacte, il fait Les gars, je vois que vous lancez ça, je trouve ça trop bien. Est-ce que je peux travailler pour vous ? Mais sans savoir qu'on était français. Et en fait, il en parle à son père, qui en parle à Christophe Béchut qui venait, qui est le maire d'Angers, qui venait de rentrer d'Asie, où il avait vu le truc, il s'est dit Ça, c'est génial. Et il nous contacte en mode Est-ce que vous pouvez lancer à Angers ? Et nous, on avait besoin d'un autre marché. avec un peu des garanties sur le fait qu'on allait pouvoir avoir un terrain d'expérimentation. Et Angers, c'est leur truc, l'expérimentation. Ils se brandent comme le terrain d'expérimentation de plein de choses. Et donc, c'était le match, en fait. C'est l'alchimie qui est tombée parfaitement. Et donc, on a lancé avec la garantie d'une exclusivité de six mois. Et voilà, c'était parfait. Et c'est devenu, en fait, finalement... Une énorme success story. Angers c'est une des meilleures performances mondiales aujourd'hui sur le marché du vélo en libre-service. Et c'est grâce à ce hasard de concours aux circonstances.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et c'est à Angers que tu commences à réfléchir à cette histoire de Pony Angel ? Oui. Alors ça c'est intéressant. Quand Westphal Valley Explore et Epope a investi chez vous, moi, c'est ce qui m'avait fait vraiment vibrer, de se dire, il a craqué un truc par rapport à la communauté.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et donc, du coup, on lance Angers, à l'époque, avec une logique, on va acheter des véhicules, on va les louer. Et en fait, il y a eu une telle, au niveau mondial, Le marché de ce qu'on appelle en France le free-floating, et qui pour la petite anecdote n'est pas un mot anglais, le free-floating, ça s'appelle dockless dans le monde anglo-saxon, et en fait free-floating c'est que les français qui appellent ça free-floating, en croyant que c'est anglais, mais en fait non, c'est un mot inventé par le ministère des Transnord. Et du coup, ce qu'on appelle le free-floating, en fait il y a eu un excès d'infusion de cash colossal, des milliards qui sont tombés d'un seul coup, avec... Un truc qui est très dur à opérer, qui demande vraiment de l'exécution très fine. Et du coup, si tu vas vite et fort, l'exécution ne suit pas. Et donc, effectivement, un gâchis absolu.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Les limes, les bolts.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Exactement. Les birds, notamment. Les mecs, ils lancent à Paris. Ils ont un gars, deux stagiaires, 3000 trottinettes. Pas d'entrepôt, pas d'employés. On est dans le full système des juceurs. C'est la gamme J. C'est la... C'est vraiment la course à l'hypercroissance dans ce qu'elle a eu de plus malsain.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et c'est cette analyse, cette perception où tu dis, ah bah tiens.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et en fait, ce truc-là, on le subit. C'est-à-dire qu'en fait, c'est tellement fort et tellement violent que ça crée un rejet vraiment de la population sur les gens. Ils n'ont pas envie de ça, en fait. Ils n'ont pas envie d'avoir des trottinettes à 800, 900 balles jetées comme ça au milieu des trottoirs qui t'empêchent de marcher, qui prennent l'eau, qui se cassent. C'est pas ça le... alors que fondamentalement ce que nous on proposait c'était de dire c'est quand même contraignant d'avoir chacun un vélo chez soi, ça prend de la place, si t'as de la chance que t'as un parking ou que t'es dans une ville en province qui craint pas trop, bon très bien, mais quand t'es dans le centre-ville d'une grande ville, si tu laisses ton vélo sur les arceaux, tu sais qu'au bout de 12 mois il faudra en racheter un autre. Et donc tous ces gens-là ont essayé d'apporter un nouveau maillon finalement dans l'offre de transport et on s'attendait à être très très bien reçus. Et il y a eu en fait un vrai rejet. de tout le système du fait effectivement des excès. Et donc, on a eu besoin de se dire, on avait du coup ce problème, à la fois de problème de financement, puisqu'on était en mode, bon, il faut financer ces flottes, qui va le faire ? Sachant que tout le monde avait cette intuition que c'était, que les unités économiques étaient catastrophiques, parce qu'ils regardaient des gros qui avaient énormément levé, et il y a un peu ce réflexe, si tu as levé beaucoup, c'est que tu es très bon, alors qu'en fait, pas du tout, c'était un outil stratégique, la levée. Donc cette intuition que l'unité économique, ce n'était pas bon. Et en plus, un peu ce rejet au fond des gens de se dire, ce n'est pas ça l'avenir dont j'ai envie. Et donc, il nous a fallu retourner complètement le système. Et à Angers, en fait, au contraire, nous, on avait notre petit bonhomme de chemin avec une gestion bon père de famille, très, très attentif sur la qualité du service, sur la qualité de l'entretien. On passait un temps fou. Moi, j'ai fait toutes les ops moi-même, déplacer les vélos, les réparer, etc. vraiment mener le truc aux petits oignons, les gens l'ont senti et puis on a sorti un nouveau modèle de vélo

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    très BMX avec des roues bâtons, hyper brandés, hyper beaux, et qui a fait un carton. Et les gens, ils m'ont appelé, ils m'ont dit est-ce que je peux en acheter ? Et j'étais là, ben non, c'est des vélos de partage, je suis vraiment désolé et tout. Et à un moment, c'est là que ça a fait tilt. Je me suis dit, mais en fait, mais si c'est ça le truc, c'est tous ces gens, ils adorent ce qu'on fait, ils ont envie de nous soutenir, ils adorent le produit, et en plus, nous, on a un problème de financement, et ben en fait, tout ça, ça a du sens. Et en fait, on va... on va faire que le système appartient aux usagers. Et donc, on a cherché un peu le moyen le plus simple de faire ça. Et le meilleur moyen le plus simple, c'est ce qu'on a appelé Adopt un pony. C'est t'achètes un pony, c'est le tien, tu peux le privatiser si tu veux. Donc, c'est vraiment tu l'achètes, tu payes la TVA. Et après, tu le laisses en partage sur la plateforme si tu veux ou pas. Si tu le laisses, dès que quelqu'un le loue, on te refile 50% du revenu. Et nous, avec le reste, on s'occupe de la maintenance.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et tu as combien aujourd'hui de pony angels ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Ouais, c'est un peu presque... plus de 3000 et c'est quand même plus de la moitié de la flotte, c'est plusieurs millions d'euros qui ont été investis comme ça, ça a fait toute notre croissance si tu veux jusque là, la dernière opération où on commence en fait à avoir une échelle qui permet en fait de trouver ce mode de financement il est top mais quand même un peu cher donc il a plein d'avantages et bien sûr ça va rester au coeur de notre ADN mais et là on commence seulement effectivement à avoir

  • Paul-Adrien (Pony)

    un autre mode de financement qui est de la dette infrastructure voilà qui se déploie mais jusqu'à présent toute notre présence a été portée par adopte un pognon et donc les villes se sont enchaînés après angers donc ce sont des appels d'offres auxquels tu as répondu et donc à chaque fois le même accueil attendait tu gagnais énormément d'appels d'offres parce que là il y avait le supplément d'âme qui fonctionnait bien oui ouais en fait ça a pris ça a pas été tout de suite ça a pris un peu de temps nous en fait on a

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Là, à ce moment-là, on s'est dit, en fait, il faut réguler. En fait, on a compris très tôt qu'on n'allait pas réussir si on ne travaillait pas main dans la main avec les villes. Et on a fait une petite erreur, on a tenté, d'ailleurs, à Nantes, de forcer un peu le passage, et ça s'est très, très mal passé. On a compris que la mobilité, c'était tellement stratégique et tellement au cœur de ce qui est une des responsabilités les plus essentielles, finalement, de la ville, que de toute façon... Il fallait qu'on s'inscrive dans ce que les villes cherchaient à construire et le seul moyen de grossir, c'était d'être partenaire. Et donc, en fait, on s'est mis complètement de côté de cette guerre à la croissance qui a poussé à Paris, Lyon, Marseille,

  • Paul-Adrien (Pony)

    les grandes métropoles,

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    les très grosses villes. Et au contraire, on a lobby pour expliquer que ce modèle-là, il n'allait pas aboutir. Qu'en fait, tu n'étais pas sur un marché qui allait avec une dynamique. On a expliqué notre truc de fast-moving consumer goods, du coup, de la distrib, c'est la distrib qui est là avec l'extra. Et que du coup, tu n'avais pas des dynamiques qui allaient arriver à une situation stable où c'est la qualité qui l'emportait, la qualité de service pour l'usager, la qualité des véhicules, etc. Et donc, on a fait un énorme travail d'explication auprès du régulateur de dire non, il faut trouver un cadre qui pousse à la qualité de service. Et ça, ça a fait que ça a été intégré dans la loi d'orientation des mobilités qui était en discussion à ce moment-là en 2019. L'arbitrage final n'est pas du tout... tout celui auquel on s'attendait. Mais bon, au final, aujourd'hui, le marché est régulé. Et cette régulation, elle a eu pour effet quand même de bloquer le marché pendant deux ans. 2019, la loi de l'augmentation est en discussion. Les villes se disent tant que ce n'est pas voté, on attend. 2020, le Covid. Sorti de Covid, on a un peu autre chose à faire. Et finalement, c'est que fin 2021 que le marché se rouvre. Donc, on a quelques villes en France qui ont lancé. Il y en avait que six, en fait, avant le Covid. C'est les grandes métropoles et Angers. Donc en fait, c'est Paris, Lyon, Lille, Marseille, Grenoble, Angers. C'était les 6 villes. Nous, on avait Bordeaux, Angers. Angers, la seule ville qui était en monopole. Et après ça, la France prend énormément de retard par rapport à ses voisins européens. Sauf qu'en revanche, 2021, nous, on a depuis eu le temps de faire nos preuves. eu le temps de trouver le bon modèle, le modèle opérationnel, comment on fait pour les bonnes règles de parking, qu'est-ce qu'on doit dire aux gens. Quand Bird lance à Paris, ils n'ont même pas de consignes sur le stationnement. Et ils n'arrivent pas à travailler avec la ville pour les mettre en place, parce que si la ville donne des recommandations, c'est qu'elle a double le service, ce qu'elle ne veut pas faire. Si les opérateurs se mettent ensemble d'accord, il y a cet énorme problème du passager clandestin, où celui qui ne le fait pas, il se retrouve avec un énorme avantage d'avoir un truc qui est plus permissif. Et donc c'est le chaos absolu. Donc tout le monde se crame sur ces villes à perdre des quantités énormes d'argent, de véhicules avec des trucs gérés n'importe comment, etc. Nous, On se concentre au contraire sur travailler le produit, travailler l'expérience client, travailler les processus opérationnels, travailler la conception des véhicules, travailler la relation avec la ville. Et quand le marché finalement, 2021, les villes se disent Ok, on se réengage dans cette thématique vélo, comment on retravaille la mobile, ça redevient un sujet clé. Là, on est là, on a un track record, on a un soutien de poids. Deux qui sont la ville de Bordeaux, la ville d'Angers, qui sont très généreuses dans leur soutien depuis toujours pour dire on a Pony, ça se passe super bien, c'était super partenaire, ça devient nos meilleurs ambassadeurs et effectivement, sur les deux dernières années, il y a eu 20 appels d'offres, on en gagne 17 et les 3 qu'on perd, c'est des villes qui renouvellent les acteurs en place 100% des villes qui lancent un service pour la première fois, 100% de la croissance du marché,

  • Paul-Adrien (Pony)

    c'est Pony Et justement, c'est énorme ton histoire, tu parles beaucoup de qualité de service, justement Comment vous êtes structuré côté RH, que ce soit par ville, au siège ? Comment ça se passe ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Écoute, finalement, contre toute attente, c'est assez efficace. C'est-à-dire qu'en fait, en réalité, on arrive à avoir une, deux personnes par ville sur la partie maintenance. Après, on a des équipes sur la partie déplacement, les équipes vraiment terrain, déplacement, recharge. Ça, en général, c'est quelque chose qu'on sous-traite beaucoup. On travaille avec des opérateurs de cyclo-logistique. On travaille depuis récemment avec La Poste, qui est rentrée dans notre capitale justement pour développer cette activité au niveau national. Et après, on a vachement travaillé sur les process pour pouvoir créer un maximum de synergie entre les villes et du coup, pouvoir travailler un maximum depuis le siège. Et donc, tout ça, c'est géré après depuis le siège.

  • Paul-Adrien (Pony)

    D'accord, ok. Et sur l'aspect innovation ? Donc... Tu nous dis au début que tu avais été sourcé en Chine. Je crois que tu as une vraie volonté par rapport à tes engagements sociétaux de rapatrier la production en France. Comment tu gères tout ça au quotidien, tes indicateurs,

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    tout ça ? Oui, c'est la difficulté de notre métier. C'est qu'en fait, notre entreprise, elle demande d'avoir effectivement plusieurs métiers en même temps. que ce soit la conception des véhicules, l'exploitation de la flotte, la tech, le travail avec les villes sur la stratégie de mobilité, etc. Et ce que je disais, c'est que très très tôt, on comprend cette dimension produit dès le tout début. Le produit, ça va être un élément clé dans la façon dont les gens vont prendre la décision. Et on investit très tôt dans la création d'une équipe hardware. Ce qui à l'époque choque les gens. Ils sont en mode, les gars, vous êtes 15, pourquoi vous faites vos propres vélos ? Parce qu'en fait, c'est le nerf de la guerre. Et ça, personne n'a voulu le comprendre jusqu'à très tard. Et donc, on fait vraiment l'effort d'être en maîtrise de ce qui va faire la différence. Et donc, parmi lesquels la conception du vélo. Donc, notre premier vélo, le premier badge de 200 est fait sur étagère, mais le deuxième, il est déjà conçu chez nous, à l'époque le vélo MECA. Ensuite, on passe quand même 18 mois sur le vélo ELEC. Ça a été très, très dur. Et on fait le premier long tail, donc premier vélo de place. en libre-service dans le monde, toujours le seul à date, c'est-à-dire le seul vélo partagé qui vous permet de prendre un passager, et ce dès 6 ans, et ça c'est game changer. Et donc voilà, on travaille sur ça, et donc effectivement en parallèle des process opérationnels, de toute la partie tech, donc il y a un siège qui est assez costaud, avec une équipe qui est restreinte, donc ça veut dire effectivement des gros horaires.

  • Paul-Adrien (Pony)

    J'imagine bien, et les prochaines étapes du coup ? pour Pony, l'histoire de batterie, tout ça. C'est quoi les grandes étapes suite à cette fabuleuse levée de fonds ? On reviendra tout à l'heure sur la partie un peu investissement, mais voilà, les grandes étapes à venir.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    En gros, là, on est à une étape où le modèle fonctionne. Toutes les villes sont rentables. Il y a quelques exceptions, des villes qui sont en train de lancer ou des villes qui sont... notamment tout ce qui est station balnéaire, le modèle est très saisonnier, il y a encore des petits ajustements à faire. Mais au global, toutes les villes gagnent de l'argent. Maintenant, c'est qu'une question de grossir pour absorber le siège et de consolider. Améliorer la qualité des véhicules, améliorer la qualité des op'', certifier ISO, etc. Relocaliser la production des vélos. Relocaliser la production des vélos, on le fait à la fois pour des enjeux sociétaux. mais aussi pour des enjeux commerciaux vis-à-vis des collectivités. Et enfin, surtout, et ça, c'est la très bonne nouvelle, pour des questions de unité économique. En fait, la réalité, c'est que produire en Asie, c'est cher. Le transport, c'est hors de prix. Il y a une volatilité incroyable à la fois sur le coût du transport et surtout sur les délais des transports. Donc, tu immobilises un BFR colossal. Tu as peu de vision, finalement, sur la date de délivrer. Et aujourd'hui, on peut faire en France... pas tout, une partie, et en Europe la totalité, mieux et moins cher. Et c'est ça la bonne nouvelle, c'est qu'en fait la relocalisation, elle ne vient pas simplement pour des enjeux RSE qui sont cools, mais qui ne sont pas, elle vient pour des vrais drivers business, et nous on est en train de s'en rendre compte, je pense que beaucoup de gens vont s'en rendre compte bientôt, et je m'attends à ce qu'effectivement on voit beaucoup de choses se rapprocher, et ça c'est cool.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et les coulisses, donc tu as enchaîné quelques levées de fonds. Est-ce que tu peux nous en parler, justement, cette danse du ventre que tu as dû faire pour convaincre les uns et les autres, que ce soit sur la dernière levée ou les précédentes ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Les levées de fonds, c'est une histoire. Nous, on a été sur un secteur qui a été très sexy. Mais on a raté le coche finalement des méga levées. Les méga levées, elles ont été faites par des gens qui avaient des méga CV. Donc c'était Dot, l'ancien head du Europe de Uber. Bird, c'est un des mecs du Comex de Lyft et de Uber. Thiers, c'est le CEO, le fondateur de l'équivalent de Back Market en Allemagne. Donc c'est des gens qui étaient avec un... un pédigré qui leur permettait de faire des seeds à 20, 30 millions. Alors que bon, moi, je sortais de nulle part. On a raté ce coche-là. Ces gars-là, ils ont appliqué textbook la stratégie hypercroissance qui, en fait, ne fonctionne pas sur notre marché pour les raisons qu'on a évoquées. Les dynamiques de marché n'amènent pas naturellement à une situation stable quand tu appliques cette stratégie. Elles ne te permettent pas de consolider des vraies barrières à l'entrée. Et donc, en fait, tu brûles du cash sans limite. Et donc en fait, c'était compliqué pour nous d'expliquer comment avec quelques millions, on va battre TIRC à 600 millions. Et donc ça a été un énorme travail de conviction, ça a pris vraiment énormément de temps. Et en fait, à la fin, c'est une rencontre humaine, d'abord avec Demeter, ensuite avec Épopée Gestion, avec Vlad qui avait poussé le dossier, et ça a été un Vlad, un énorme feat. Et ensuite, plus récemment, avec dans notre nouveau tour, les équipes de La Poste, les équipes de l'ADEME, la communauté Blast, les équipes de Colam. Et donc, à chaque fois, finalement, il a fallu vraiment faire un travail, je pense, du fait de la nature de notre marché, peut-être vraiment plus important que d'autres boîtes, mais à la fin. Ce qui nous a permis de réussir, c'était la profondeur d'analyse et de compréhension de notre marché, la clarté stratégique. Et puis après, effectivement, des gens qui ont cette fibre entrepreneuriale, qui voient le problème et qui ont envie de le résoudre à nos côtés. Et voilà, il a fallu rien lâcher, tenir bon. Mais c'est vrai que le dernier tour, 23 millions. 23 millions, c'est 10 millions de dettes à cette BAC, ce que personne quasiment n'a fait à notre échelle. C'est 13 millions d'equities et au total, c'est quasi 18 mois de roadshow. Oui,

  • Paul-Adrien (Pony)

    c'est ça. C'est vrai que pour avoir vécu les coulisses de la dernière levée, effectivement, on était aussi sur une phase à un moment où les levées de fonds étaient complexes. Il faut remettre tout ça vraiment dans... vraiment dans le contexte. Je t'entends beaucoup parler du territoire. Pour toi, c'est quoi la vision du territoire, de la mobilité ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    La voiture est en train de s'effacer du centre-ville. C'est le sens de l'histoire. Et si on enlève les voitures, il faut une alternative, il faut permettre aux gens de se déplacer. Et elle s'efface parce qu'on se rend compte qu'elle n'est pas très efficace. Quand la densité augmente, l'efficacité de la voiture chute. Les villes, elles augmentent tous en densité. Et donc, elles se font remplacer par les transports en commun. Et les transports en commun, ce n'est pas porte à porte. Les horaires, la plupart des villes, ça continue à 20h, il n'y a plus de bus. Des fois, s'il y a un tram, c'est jusqu'à minuit. Et bon, quand vous rentrez du bar, voilà. Mais même, vous fermez la boutique, si vous n'habitez pas près de la voie de tram, vous êtes quand même coincé dans votre voiture, qui n'est pas si pratique que ça à utiliser la journée. Et donc, il y a ce besoin de rajouter un nouveau maillon, une nouvelle brique dans l'offre de transport. Et c'est ça qu'on construit. On construit ce premier kilomètre, dernier kilomètre. C'est le mode de transport le plus rapide, le plus fiable sur les trajets de moins de 5 km en centre-ville, quelle que soit la ville. Et 5 km, dans la plupart des grandes villes françaises, vous faites 90% de vos trajets. Et donc, c'est ça qu'on est en train de construire. L'objectif, c'est de créer une marque qui est... C'est la Poste, c'est la SNCF, c'est vous arrivez dans n'importe quelle ville de France, vous sortez pogné. Et c'est ça la vision.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Donc tu parles de très grandes marques. Moi j'ai la sensation... Dans notre domaine des startups, de voir de moins en moins de capitaines d'industrie. Souvent les gars, une belle exécution avec leur startup, puis effectivement l'opportunité de vendre, de faire le cash-out qui va bien. Est-ce que c'est ton sentiment ? Est-ce que toi tu te vois justement comme un capitaine d'industrie de la mobilité ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Là c'est la question piège parce que... un point qu'il faut comprendre sur la levée, c'est que dans la levée, un élément clé quand même, c'est l'excit. Et quand tu lèves avec des fonds, et j'ai eu du mal à l'accepter, et ça a été aussi une des raisons pour laquelle j'ai probablement eu du mal à lever, c'est que moi, je venais pas réellement pour faire une vraie exit, je venais pour construire Renault. Moi, je veux avoir des usines de vélo, je veux être RATP, du vélo. Mais du coup les gens ils se demandent ok mais si j'investis quand est-ce que je gagne de l'argent ? Et moi je me dis on verra plus tard, quand on aura un énorme truc on trouvera bien un moyen. Et en fait c'est vrai que cette question de l'excit elle est compliquée parce que là ça fait quand même 7 ans maintenant, il y a des fonds qui nous suivent depuis un bon moment, qui ont eux des enjeux de liquidités. Et donc à la fois on est partagé entre cette conviction qu'on est quelque chose sur quelque chose d'énorme, quelque chose de très long terme. à la fois il y a des enjeux de liquidité donc il va falloir voir comment le marché il évolue moi, nous on est prêt à jouer ce rôle de capitaine d'industrie et on est déjà aujourd'hui un des gros donneurs d'or dans le monde du vélo sur les batteries, on pousse notamment Gouache qui est un fabricant bordelais de batteries réparables et on est leur plus gros client et ça fait 4 ans qu'on pousse leur développement on fait la même chose sur les... les modules IoT. Aujourd'hui, on travaille avec un acteur qui n'est pas français, mais qu'on a considérablement aidé à se développer, mais qui est européen. Et on travaille avec des acteurs français pour les aider à construire un nouveau produit qui est adapté à nos besoins. Il y a des discussions en cours avec un fabricant de contrôleurs à Grenoble. Ça fait depuis 2017 qu'on discute. Finalement, ça n'aboutit pas. Mais on avance, on avance, on avance. Et j'espère bien qu'un jour, on va y arriver. On fait faire nos roues en France maintenant. donc les pièces en alu qui font les roues sont faites à côté d'Annecy elles sont assemblées en France et donc petit à petit comme ça on relocalise, on construit on aide des gens, on donne de la visibilité et donc ça j'espère bien qu'on arrivera à continuer à jouer ce rôle maintenant la question de l'excit je pense que nous on la pense en se disant il y a peut-être un moment où le meilleur moyen d'être au service de notre vision c'est de s'adosser à... quelqu'un qui la partage et qui a les moyens d'aller là où nous on ne peut pas aller seul.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et justement, tu parles de bosser telle ou telle structure en France. Tiens, j'aurais peut-être un sujet du côté de Van pour toi, des jeunes qui ont inventé un truc pour remplacer la chaîne, transmission par cardan.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Une ici ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Exactement. Bref, c'est des sujets intéressants. Justement, est-ce que tu prends le temps ? de transmettre un peu tout ce savoir à la jeune génération où tu étais bourbourg sur tes focus.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    On est dans l'exécution là.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et on arrive à la fin de l'interview. Quelle question t'aimerais que l'on te pose et que l'on ne te pose jamais ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Alors là, écoute, je pense une question qu'on ne pose pas souvent. C'est finalement comment ça va ? Je pense que les gens ne se rendent pas compte à quel point être entrepreneur, c'est quand même un sacrifice. Alors, ce n'est pas le cas pour tous, il y a des boîtes, ça se passe, voilà. Mais c'est un sacerdoce quand même, c'est un investissement. Aujourd'hui, même si avec la dernière levée de fonds, mon salaire augmente de 40%, il reste plus bas que celui que j'avais à la BNP il y a 8 ans. J'ai fait plusieurs années avec... pas de revenus et du jour au lendemain tout peut s'arrêter et donc tu es face à énormément d'incertitudes maintenant j'ai un fils qui a deux ans bon bah c'est vrai que je l'envoie à la crèche je rentre le soir il est couché donc il y a ce truc de je pense effectivement bien c'est une question qu'on ne pose pas si souvent que ça et en fait quand tu es jeune tu exécutes tu pousses et tout et puis Et puis tu te rends compte quand même que ça s'accumule et c'est vrai que c'est un investissement.

  • Paul-Adrien (Pony)

    C'est étonnant que tu dises comment ça va parce que tu es le troisième ou quatrième interviewé à me dire mais on ne me pose jamais la question comment ça va. Donc tu vois c'est un truc qui revient assez régulièrement. Dernière question, es-tu d'accord avec moi pour qualifier la destinée de Pony d'Epic ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Ah ouais, je pense que franchement, il y a une série Netflix sur tout ce qui s'est passé. Le combat contre Ofo, quand on est lancé à Oxford, les mecs étaient rodés autour de notre staff. On avait embauché des meufs pour distribuer les flyers qui travaillaient avec nous de chez Sibérie. Donc des petites filles toutes mignonnes et tout machin. Et c'était que des anciens de l'armée qui les intimidaient. On a commencé comme ça en arrivant en Chine. Les immenses trucs, les milliers de vélos, les... piles, les trottinettes à Paris, les luttes dans les ministères pour faire changer les lois. On a écrit des... J'ai écrit, moi, personnellement, des amendements. Alors que... Et puis construire le truc, construire des vélos, relocaliser... Non, ça a été... C'est une sacrée histoire.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Merci, Paul-Adrien. C'était l'épopée de Pony. par Sébastien Le Corfeig. N'hésitez pas à réagir et à partager ce podcast qui est disponible sur nos sites web ainsi que sur Apple Podcasts, Spotify ou Deezer. Avec Épopée Gestion et Explore, nous ambitionnons de créer des champions sur l'arc atlantique avec nos véhicules d'investissement et d'accélération dédiés aux PME et aux entreprises innovantes du territoire. Merci Paul-Adrien.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Merci à toi.

Chapters

  • Introduction à l'épisode et présentation de Paul-Adrien Cormoré

    00:34

  • Genèse de Pony et son développement depuis 2017

    00:40

  • Parcours personnel de Paul-Adrien et ses débuts entrepreneuriaux

    02:15

  • Expérience à la BNP et transition vers l'entrepreneuriat

    04:36

  • Moments clés et défis rencontrés dans l'histoire de Pony

    10:41

  • Lancement à Oxford et compétition avec Ofo

    15:19

  • Expansion à Angers et le succès du modèle Pony

    22:02

  • Adoption du modèle 'Adopte un Pony' et implication des usagers

    29:01

  • Perspectives d'avenir et innovations au sein de Pony

    37:11

  • Réflexions sur la levée de fonds et la vision à long terme de Pony

    41:41

Description

Dans cet épisode captivant de "L'épopée de...", Sébastien Le Corfec nous plonge dans l'univers inspirant de Paul-Adrien Cormerais, cofondateur de Pony, une entreprise française qui redéfinit la mobilité partagée. Ce podcast met en lumière le parcours exceptionnel de Paul-Adrien qui a su allier son éducation en ingénierie à son désir d'entreprendre. Dès son plus jeune âge, il a nourri l'ambition de créer un impact positif dans le domaine de la mobilité, et c'est avec Clara Vaisse qu'il a fondé Pony en 2017.


L'épopée de Pony ne se limite pas à une simple aventure entrepreneuriale. En tant qu'acteur clé dans le secteur des vélos et trottinettes électriques en libre-service, l'entreprise se distingue par son approche participative et son réseau étendu qui touche 21 villes françaises. Paul-Adrien partage avec nous les défis qu'ils ont rencontrés lors des levées de fonds, offrant un aperçu précieux sur l'investissement dans le secteur de la mobilité. Il évoque également les leçons apprises sur le marché, soulignant l'importance de la qualité du service dans leur stratégie, un aspect crucial pour séduire les usagers et bâtir une relation de confiance.


Alors que l'épisode se déroule, Paul-Adrien nous fait découvrir la vision de Pony pour l'avenir de la mobilité urbaine. Il parle de la relocalisation de la production en France, une initiative qui fait écho aux aspirations du territoire, et qui vise à renforcer l'économie locale. La transmission de valeurs et l'intégration des usagers dans le modèle économique de Pony sont également au cœur de leur démarche, illustrant un entrepreneuriat responsable et durable.


Cet épisode de "L'épopée de..." est une véritable ode à l'innovation et à l'entrepreneuriat. Que vous soyez un dirigeant en quête d'inspiration, un passionné de mobilité ou simplement curieux des initiatives qui émergent dans l'Ouest de la France, vous trouverez dans cette discussion des éléments qui résonneront avec vous.


Ne manquez pas cette opportunité d'explorer l'épopée de Pony, une entreprise qui incarne l'avenir de la mobilité durable et qui s'inscrit dans la dynamique de Xplore et d'Epopée. Écoutez cet épisode pour comprendre comment l'entrepreneuriat peut transformer des défis en opportunités, et comment, grâce à des initiatives comme Pony, nous pouvons tous contribuer à un avenir plus vert et plus connecté. Rejoignez-nous pour cette aventure enrichissante !


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Transcription

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Je suis Sébastien Le Corfec, associé de l'entreprise d'investissement Épopée. Nous nous sommes mis en quête des grands dirigeants de l'Arc Atlantique. Tout comme la saison 3, nous gardons les mêmes fondamentaux pour cette saison 4. Vous racontez leur épopée entrepreneuriale avec un focus sur la nouvelle génération suite au classement l'Épopée des 40. Ce classement recense les 40 personnalités de moins de 40 ans les plus influentes de l'Arc Atlantique. Quels ont été leurs parcours ? Comment ont-ils innové ? Quelle est leur vision pour leur territoire ? L'Épopée de Paul-Adrien Cormoré, cofondateur de Pony, c'est maintenant. Paul-Adrien, bonjour.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Bonjour.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Depuis 2017, toi et Clara Vaisse, développé depuis Angers et Bordeaux, l'opérateur de mobilité partagé Pony, vous êtes le seul acteur français proposant des trottinettes électriques et des vélos en libre-service avec un système participatif. Aujourd'hui, Pony est présent en 21 villes dont vous venez de lever dernièrement 23 millions d'euros et au cours des six derniers mois, plus de 300 000 utilisateurs ont ainsi enfourché un Pony pour se déplacer. Et toi, Paul-Adrien, comment tu pitcherais Pony en une minute ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Eh bien Pony, c'est un service de vélo électrique, trottinette électrique en libre-service, c'est-à-dire que c'est des vélos qui sont disponibles dans la rue, à la location, au trajet, au moyen d'une application mobile, et qui vous permettent de faire des trajets de façon très rapide, pratique, fiable, en centre-ville, soit pour aller d'un point A à un point B, soit en combinaison avec la voiture que vous avez dû laisser un peu loin, ou le train, parce que vous revenez de votre destination de vacances.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Je parlais de 21 villes en intro, tu peux en citer quelques-unes ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Oui, effectivement, on couvre l'ensemble du territoire, on est l'opérateur avec le meilleur maillage, le plus gros maillage de très très loin en France. Et on fait des villes, des très grandes villes comme par exemple Nice, Bordeaux, Tours, des villes un peu plus petites comme La Roche-sur-Yon, Bourges. Et entre les deux, il y a des villes comme Beauvais, comme Évry, comme Lorient.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Ok, on va revenir à toute façon sur tous ces points-là dans le podcast. Mais avant, on va essayer de parler de la genèse d'Oxford, des levées de fonds, des défis à venir. Mais tout d'abord, qui se cache derrière la startup, ta jeunesse, tes études ? Comment se passe ton enfance ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Moi, je suis Toulousain d'origine. On est trois. J'ai une petite soeur, un petit frère. J'ai eu une enfance assez normale avec ma mère qui est vétérinaire, mon pet qui est cadre commercial dans les travaux publics. Et parcours un peu classique, prépa, école d'ingé. Et finalement, par contre, avec un truc qui est toute ma vie et depuis toujours, la volonté absolue d'entreprendre et de créer quelque chose. Et ça, c'est... Tu vois, si je dois dire, je vois autour de moi les entrepreneurs, il y a toute une catégorie d'entrepreneurs qui ont presque un peu la même flamme que les artistes, c'est-à-dire ce besoin d'entreprendre, tu vois, ce truc de... C'est pas je fais un choix parce que, intelligemment, je me dis c'est mieux que d'être dans un grand groupe, quoi. Non, c'est juste, t'as le besoin de le créer, t'as besoin d'être à la tête de ton truc. Et ça, c'est un truc que j'ai ressenti très très tôt, l'envie de... Tu vois, de... Face à... n'importe quel problème, l'envie de trouver la solution à ce problème, l'envie de le créer, de le make it happen en fait. Et ça, ça m'est venu très tôt. Finalement, dans mes études, ça s'est matérialisé avec plusieurs projets que j'ai montés, des projets associatifs, des projets un peu business. J'ai tenté de monter une boîte en prépa, ce qui est une très mauvaise idée, je ne le recommande à personne. Et ensuite...

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Qu'est-ce que c'était cette boîte-là ? Même si ça a été un échec.

  • Paul-Adrien (Pony)

    C'était plus... Ça n'a pas abouti, si tu veux, mais... Je me suis lancé dans toute une réflexion sur comment on pourrait recréer du lien entre les générations, déplacer les personnes âgées dans les centres-villes. Excellent. Un truc, vraiment l'immaturité totale de la jeunesse. Mais en tout cas, je n'arrivais pas à me concentrer sur mes études. Et j'étais toujours attiré vers les choses qui pouvaient me marquer au quotidien. Et où je me disais, ça, je pense que je peux faire quelque chose. Et immédiatement, mon cerveau, il part. Et puis ça y est, les solutions se mettent en place, je commence à réfléchir, je commence à me documenter. Et puis bon, ça n'a pas vraiment abouti jusqu'à Pony, même si Pony, ce n'est pas notre premier projet. Mais voilà, finalement, je suis quand même allé au bout de mes études. J'ai même continué plus loin parce qu'après mon école d'ingé en France, je suis parti faire une spécialisation en mathématiques financières à Londres, à l'Imperial. Et une chose entraînant une autre, je me suis retrouvé chercheur en salle de marché, spécialisé sur les dérivés de taux. Donc je travaillais sur les modèles financiers de pricing et de calcul de risque des dérivés de taux d'intérêt. Et ça,

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    ça t'a stimulé ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et ouais, alors en fait, j'avoue, j'ai pris ce job un peu à la base pour valider mes études. J'étais en mode, de toute façon, je ne vais jamais faire ça, je vais créer ma boîte, j'avais déjà mes projets, etc. Et en fait, je devais faire un stage pour valider mes études et le mec qui m'a recruté a démissionné entre le moment où il m'a recruté et le moment où je suis arrivé. Et quand je suis arrivé, le mec était en train de partir et ils m'ont fait Bon, écoute, mets-toi là dans un coin Je me suis retrouvé dans la salle de marché de la BNP à Londres. Pendant à peu près trois semaines, je n'ai rien eu à faire. J'étais plus ou moins en train de me maintenir Roland Garros en attendant qu'on me donne un truc à faire. Et au bout d'un moment, ils m'ont fait Bon, écoute, oublie le sujet de stage. Le mec part. essaye de voir ce que tu peux faire de son scope. Et je me suis retrouvé propulsé sur un truc hyper intéressant, hyper exposé, avec des mecs à côté de moi qui étaient des gens extraordinaires, d'un niveau... Moi, j'étais le seul mec de l'équipe qui n'avait pas fait de thèse. Et le mec assis à ma droite, Chris Hunter, c'est le prof de Calculsto et le prof de physique des trous noirs de Cambridge. Et donc, en parallèle de son job à la BNP. Et donc, c'est des mecs... Incroyable. Incroyable. Et donc, effectivement, ça a été... J'avais un manager extraordinaire, Cyril Tankwe. Malheureusement, on s'est perdu de vue depuis Pony. Ça a été tellement intense. Mais un manager extraordinaire qui m'a vraiment poussé, qui m'a fait grandir, qui m'a fait grandir en maturité énormément. Et finalement, je suis resté 5 ans et demi tiré par cette énergie. Mais avec quand même cette conscience que... fondamentalement je ne suis pas un chercheur en mathématiques il y a des gens qui sont meilleurs que moi à faire ça et moi mon truc c'est l'entrepreneuriat et donc la bascule c'est à 26-27 ans ouais c'est ça exactement donc je fais 5 ans et demi et puis à un moment je me dis en fait j'étais à un stade où en fait au bout d'un moment t'apprends moins et puis et puis voilà j'avais ce besoin en fait d'être plus en maîtrise de ce que je faisais et j'étais sur un truc où j'avais atteint un niveau de spécialisation dans un domaine très particulier sur des sujets bien précis où en fait il y avait moi, mon boss et 2-3 autres mecs qui comprenaient ce qu'on faisait mais bon j'avais peur moi à la fois de pas être le meilleur là-dedans et à un moment de me retrouver bloqué et à la fois et en plus c'était pas vraiment donc je me suis dit J'avais tous ces projets, j'avais tous ces projets. Et en fait, la petite histoire, c'est que je suis allé voir mes collègues de la BNP. Moi, je travaillais beaucoup avec les traders, qui sont des gens qui ont un appétit au risque particulier. Et je leur ai dit, les gars, j'ai une idée. Je monte une boîte, je vais faire des vélos partagés. À l'époque, je n'avais pas pensé aux trottinettes pour être transparent. Ça s'appelait Pony Bikes. Et je leur ai dit, on va prendre des vélos. On va mettre un cadenas. Maintenant, avec le Bluetooth Low Energy, ça coûte quelques... 20 balles, voilà. Et en fait, on va pouvoir remplacer des centaines de millions d'euros d'infrastructures de parking Vélib par quelques dizaines d'euros par vélo de station mobile. Et en faisant ça, on a un réseau beaucoup plus fin, beaucoup moins cher, avec des parkings à tous les coins de rue. C'est Game Changer. Et en une après-midi, on fait notre seed de 200 000 pounds à l'époque. Excellent. Et là, je pose ma dème. Et puis c'est parti.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et à quel moment tu croises Clara, ta cofondatrice ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Alors Clara c'est ma cofondatrice, mais c'est aussi ma femme. Et on s'est rencontrés à la deuxième soirée de mon école d'ingénieur. D'accord. Donc c'est l'histoire de toute une vie. Donc on s'est rencontrés très jeunes et on a toujours été ensemble. Elle était dans une autre école, puis on s'est retrouvés à Londres, elle est venue à Londres. On a monté une autre boîte avant, Sibérie.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Donc ça c'était avant tes 25-26 ans que t'as...

  • Paul-Adrien (Pony)

    Ouais, ouais, ouais. Une marque de boissons, on faisait de la sève de bouleau. D'accord. Et donc on était les premiers à faire... On surfait un peu sur ce qu'était l'idée de... Il y a eu le Coconut Water qui était la grande traîne des boissons. On s'est dit, est-ce qu'il n'y a pas un truc plus healthy, meilleur pour l'environnement ? On est tombés sur l'eau de... boulot, avec une approche qui était je pense pas la bonne maintenant, mais on le savait pas à l'époque qui était de on était pas driveé vraiment par le produit, on était pas nous-mêmes à la base passionnés et convaincus du truc, mais on cherchait plus une opportunité business et maintenant je sais que c'est il faut quand même avoir une passion dans ce qu'on fait pour arriver au bout, c'est dur, mais bon malgré tout on s'est quand même lancé là-dedans et on a créé effectivement Siberi qui a été une des plus grosses croissances food and drinks au UK à l'époque À l'époque, c'était... quoi, 2013, 2014, quelque chose comme ça, avec Clara et du coup un autre associé, Mehdi, qui était un de mes meilleurs potes d'école aussi, qui lui aussi était en finance. Mehdi et Clara ont quitté leur job pour se mettre en plein sur Sibérie, et moi je suis resté à la BNP, et c'est là que j'ai commencé à... Après j'ai passé la main sur Sibérie, et j'ai commencé à bosser sur Pony, et après on a vendu Sibérie, et Clara m'a rejoint.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    D'accord, et elle te rejoint au bout de combien de temps ? Parce que tu as l'idée du côté de la...

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et le tout début. En fait, il se trouve que le calendrier a parfaitement matché. Donc, j'ai posé ma dème en avril et en mai, elle était avec moi.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et par rapport du coup à cette histoire de Pony, donc on comprend un peu la genèse, mais est-ce que tu peux revenir sur 3, 4 moments forts qui t'ont marqué, des phases clés du début jusqu'à maintenant ? Certes, il y a eu la levée de... de 23 millions et de nouveaux acteurs qui sont rentrés, sans parler que de financement, des moments forts dans cette histoire de

  • Paul-Adrien (Pony)

    Pony. Une histoire comme Pony, c'est des moments forts les uns après les autres, forcément. Je pense que les moments les plus forts, c'est les moments du début où tu te lances avec rien, avec une intuition de quelque chose, une envie profonde au fond de toi de te dire ce truc-là, ça me saoule. Moi, j'avais un... Un scoot à Londres, que je me suis fait voler, je me suis fait voler avec un vélo, et je voulais en fait une autre solution pour se déplacer, j'avais envie de travailler sur cette question. Donc tu pars avec un truc, mais tu sais pas trop comment tu vas y arriver. Et ce qui est assez choquant au début, c'est la vitesse à laquelle, finalement, en quelques mois, t'arrives à passer de zéro à presque un, et en tout cas, tu vois, un démonstrateur et quelque chose. Et donc ça, j'avoue que c'est une... période, la période du début qui est dingue. Donc moi, je suis parti en avril. Je suis parti un mois. Moi, j'avais fait que de la... J'étais que dans... J'étais chercheur mathématique en banque. J'étais en costume. Je ne connaissais rien au monde physique. Donc je faisais un peu d'électronique le week-end avec un pote pour... Comme mon hobby. Donc voilà. Bon, c'était quand même... Mais du coup, je suis parti en Chine comme ça. Il y avait un salon, il se trouve, le premier week-end de mai. il y a un salon du vélo à Shanghai je ne savais pas donc on est en quelle année ? mai 2017 je pars au salon de Shanghai le salon de Shanghai t'arrives et il y a la salle du salon des expos de Shanghai c'est un trèfle à 4 feuilles et chaque feuille du trèfle c'est 2 fois le stade de France donc le truc t'arrives le tour tu le fais en golfette, tu ne peux même pas le faire à pied c'est un délire et donc je rentre dans le truc tout le salon c'est pas le haut mais il y a quand même 2 feuilles et je me dis donc l'équivalent de 4 fois le stade de France c'est dédié au vélo sur 2 niveaux donc c'est genre délirant et on arrive nous on se dit on va faire du vélo sans station, on avait une idée vaguement que ça existait en Chine mais on avait pas trop réalisé et dis-toi, toute la surface du bâtiment il y a une banderole jaune qui doit faire du coup plusieurs centaines de mètres de long c'est le nom de Ofo qui se lance sur le vélo sans station en Chine donc là on est en mode la pancarte là C'est probablement 10 fois notre funding.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Oui, d'accord. Oui, oui, c'est ça. Donc,

  • Paul-Adrien (Pony)

    tu arrives et tu fais... Ah ouais, ouais, ouais. Donc là, on arrive et effectivement, on est dans un truc où 2017, 10% de la production mondiale de vélos, c'est du vélo sans station, qui n'existait pas en 2016. Ah ouais, c'est ça. C'est genre un délire. C'est des milliards qui sont cramés en deux ans. Donc là, on arrive sur un truc où on se dit, ah ouais, en fait, on pensait être les premiers. En fait, en Asie, ils sont déjà dans un autre monde. et en fait l'intuition qu'on a eu en fait on réalise que tout le monde a la même c'est à dire que tu prends le problème de la mobilité en ville tout le monde le comprend le problème de le vélo c'est cool tout le monde le comprend c'est chiant d'avoir un vélo chez soi parce que si t'as pas de parking où est-ce que tu le gares et tu te le fais voler et le vélo partagé avec station c'est pas très pratique ça coûte très très cher du coup c'est souvent contraint dans les hypercentres avec très peu de dispo comment tu fais ça à très grande échelle pour le plus grand nombre pour pas cher... Et donc tu te dis je vais mettre des cadenas bluetooth sur des vélos et donc au final tout le monde a l'idée donc on arrive et donc le choc de voir que ouais en fait ça a vraiment déjà explosé et le choc aussi de voir à quelle vitesse du coup en ce salon en trois jours on prend un rendez-vous tous les jours sur le mois qui suit et pendant un mois on fait une visite d'usine Parchaud sur toute la Chine et on passe trois commandes chez trois fournisseurs différents.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et des commandes de combien de ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    De 200 vélos pour tester à l'origine. Mécaniques parce qu'à l'époque notre ambition c'était du vélo électrique mais on ne savait pas le faire, c'était trop loin. Donc on commence par tester sur du vélo mécanique. Et une commande qu'on n'a jamais reçue, une commande qu'on a reçue avec un an de retard, et une commande qu'on a reçue fin août. Donc on passe la commande en mai, fin août on a les vélos, et on lance en septembre.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et tu lances en septembre à Londres ou t'étais déjà revenu en France ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    À Oxford, à l'origine. Là, à ce moment-là, on se dit c'est quoi les villes en Angleterre où ça a du sens ? On se dit on va classer par par modal vélo. En fait, en Angleterre, il n'y a pas de culture vélo. Il y a maintenant, ça a vachement changé, mais à l'époque, il n'y avait pas du tout. Il n'y a que deux villes qui sortent du lot, en fait il y a les villes universitaires, notamment Cambridge et Oxford. Oxford, il faut savoir que le gros du centre-ville, les bâtiments ont plus de 1000 ans, donc c'est vraiment pas fait pour la voiture. C'est interdit d'ailleurs de rentrer avec sa voiture personnelle. Et donc en fait, t'as pas trop le choix quoi. Et donc on contacte Cambridge et Oxford. Cambridge s'était déjà fait contacter par Ofo, ils étaient hyper défensifs, ils nous ont envoyé bouler. Et Oxford était en mode, mais génial ! Allons-y.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et du coup, Oxford, la première location s'opère quel mois ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Septembre, début septembre. Premier septembre, la rentrée, je ne sais plus, premier ou le deux, on lance. Et qu'est-ce qui se passe ? Le même jour, Opho lance à Oxford. C'est une de leurs premières villes dans le monde en dehors de Chine.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    D'accord. C'est fou, du coup, la probabilité. Est-ce qu'ils avaient... Parce que tu t'étais fourni auprès de cette...

  • Paul-Adrien (Pony)

    Non, c'est parce qu'en fait, en Chine, le marché a explosé. Ils ont vu qu'un de leurs problèmes sur leur marché domestique, c'est qu'il y a eu trop de boîtes qui se sont créées. Avec un cadre réglementaire qui, à l'époque, était hyper permissif. Donc, tu ne demandais pas aux villes d'autorisation officiellement. La réglementation, c'était tu as le droit de lancer.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Oui, c'est ça.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et du coup, en fait, tu te retrouvais avec 20, 30, 40 marques dans une ville. Les gens se battent, les mecs se battent pour... occuper l'espace le plus possible et c'est là que tu te retrouves avec les fameuses pyramides de vélo. Et donc pour éviter ça, le but c'était de lever très vite, d'être le premier sur le marché et d'étouffer les concurrents. Et donc quand au Foulence en fait ils ne sont pas prêts, dans l'app il n'y a pas la fonction paiement. Donc l'app elle te permet d'ouvrir les vélos mais tu ne peux pas payer, c'est gratuit. Et donc on est sur un truc où le mec il vient... Josie Driver qui finalement maintenant est devenu quelqu'un avec qui on s'entend très bien mais qui à l'époque est arrivé pas commode, c'est un rugbyman lui-même d'ailleurs diplômé d'Oxford, ancien general manager de Zipcar, ancien general manager de Cherno, la filiale de BMW et qui vient et qui fait écoute moi j'ai un mandat, c'est de buter les mecs comme toi pour éviter d'avoir trop de compétiteurs. Donc de toute façon, nous où que tu ailles, on va se mettre en face. Et on va mettre dix fois plus de vélos et gratuit.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et donc là, tu dis, c'est l'ascenseur émotionnel. C'est génial de recevoir ces vélos, mais tu as le concurrent qui arrive en face. Donc à partir de là, à un moment fort, tu dois décider, j'imagine, d'aller ailleurs.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Là, on a une première décision, c'est est-ce qu'on rend l'argent aux actionnaires ? Est-ce qu'en fait, trop tard ? Et on a une analyse qui vient à l'époque finalement de notre... expérience précédente sur les fast moving consumer goods, c'est-à-dire sur notre marché de l'eau, on se rend compte qu'en fait on n'est pas sur un truc qui est vraiment winner takes all. On est sur un marché hyper local, donc c'est-à-dire en fait, s'il n'y a pas le vélo en bas de chez toi, tu ne vas pas le louer. Et le fait d'être très gros à Shanghai, ça ne va pas t'aider à Oxford. Donc à chaque ville, le combat va repartir. Et donc le but, c'est d'avoir le même nombre de vélos que les concurrents. Et quand les gens, ils n'ont qu'un vélo, ils prennent en face deux. Mais quand ils en ont plusieurs, ils vont faire un choix. Et ce choix, c'est comme dans la grande distribution. Finalement, le trottoir, ça devient le rayon de supermarché. Et donc, tu vas faire ton choix sur trois critères qui sont le prix, le produit et la brande. Le prix dans le rayon de supermarché, c'est critique parce qu'il est affiché. Et les produits sont classés par prix. En fait, les trucs pas chers sont en bas, les trucs chers sont en haut. Donc, tu as les gens pas chers, ils veulent la cristalline, ils prennent en bas la cristalline. Et les gens qui veulent le truc un peu bien, ils prennent Evian en haut. Et puis, entre les deux, tu as Volvic qui est fonctionnel, produit, etc. Et donc, nous, on fait cette analyse sur notre marché. Et on se rend compte que finalement, comme le prix n'est pas visible, il n'y a pas de sensibilité au prix. Et tu es sur un truc impulse. De toute façon, tu es tellement moins cher que les autres options qui sont le taxi. Et le bus, en fait, en Angleterre, coûte très, très cher. Donc, à l'époque, nous, on est face au bus qui a 4 euros le trajet à peu près à Oxford. Donc, c'est genre vraiment cher. Et nous, on le faisait à 80 centimes. Donc, si tu veux... Et donc, en fait, en vrai, on est sur un truc zéro sensibilité prix. Donc là, on se dit, mais en fait, au faux... Le seul truc où ils peuvent nous tuer, c'est de déployer trop de vélos. Et donc là, immédiatement, on lance une opération finalement de lobbying pour dire aux villes en Angleterre, et en France ensuite très vite, l'élément réglementaire que vous devez mettre en place, c'est au minimum de faire que tous les opérateurs aient le même nombre de vélos. Sinon, c'est la guerre à celui qui met le plus de vélos de mauvaise qualité, plutôt que la guerre sur la qualité de service. Et on a du mal à obtenir gain de cause en France, c'est pour ça qu'on lance pas Paris à l'époque, c'est pour ça qu'on lance pas Lyon, qu'on se lance pas dans cette course en France très tôt, mais on obtient gain de cause en Angleterre, et donc au faux, et Pony, et après Mobike nous rejoint, on a tous les trois 500 vélos, et là on valide en fait toute notre compréhension situe des fondamentaux de marché, et qui sont encore aujourd'hui ce qui drive énormément notre stratégie et la façon dont on opère, c'est... Un, c'est la distrib, donc il faut que tu sois présent pour que les gens puissent t'acheter. Il ne faut pas que tu sois moins bien distribué que la compétition. Et deux, ensuite, il faut que tu tailles te battre sur ton triptyque prix-produit-qualité en comprenant qu'il y aura différents segments de marché. Il y a des gens qui vont être sensibles au prix, il y a des gens qui vont être sensibles à la vente, il y a des gens qui vont être sensibles à différents éléments produits. En comprenant que nous, sur notre marché, il y a peu de sensibilité prix. Et donc, c'est brand... produits et c'est là dessus qu'on va travailler on va énormément investir dans la brand et on fait rentrer dans notre capital un qui est dans le top 3 des plus grosses agences de branding mondial en fast moving consumer goods qui est JKR qui est donc la brand qui a fait Domino's Pizza Ains, M&M's tu vois c'est des gens qui savent faire des produits qui se vendent tout seul sur un rayon de supermarché qui est exactement notre produit donc c'est eux qui ont fait toute la brand Pony Et après, on travaille à fond sur le produit. Et c'est là qu'on fait le double pony, notre vélo de place.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et alors, à quel moment, en quelle année, tu arrives en France ? Ça se passe comment ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et bien, comment on arrive en France ? En fait, tout de suite, parce que pour valider notre théorie, donc nous, on voyait qu'en fait, donc on cherchait à... Tu comprends que tu n'es pas une boîte tech. Tu comprends qu'en réalité, tu es une boîte fast-moving consumer goods, tech-enabled. Et tu dois du coup réfléchir à ce... à cette segmentation de marché, quels sont les différents segments, quel est le segment le plus intéressant, où est-ce qu'il faut attaquer. Tu vas appliquer le textbook de la stratégie FMCG et donc le premier truc que tu testes, c'est la sensibilité prix. Et donc tu fais des campagnes de promo et tu vois un peu comment les gens répondent. Et nous, on avait zéro réponse, mais en même temps, les gens qui sont sensibles au prix, ils avaient Ofo qui était gratuit. Donc forcément, les gens qui utilisent Ponis et qui ne sont pas sensibles au prix. Et donc très vite, on comprend qu'en fait, Ofo... tous les jeunes un peu du bon qui traînent ils prennent les hauts faux qui partent dans les quartiers machin et pony basse et les vélos qui sont à la gare en parfait état fonctionnel et tous les gens qui viennent à oxford pour travailler les profs à l'université machin bam ils arrivent ils descendent du train ils savent qu'il ya les bonnes et 80 centimes de toute façon qui se prend la tête pour 80 centimes et hop c'est parti et donc et donc voilà donc on on avait cette première ce premier retour d'expérience à oxford mais on était dans un environnement concurrentiel complètement distordue par l'excès de capital en Chine, parce qu'au fond, à l'époque, il y avait 2 milliards quasi en 6 mois d'existence. Et donc, il nous fallait un terrain d'expérimentation. Et à ce moment-là, on est contacté par Angers. Le fils du président de l'agence de développement économique est en stage de langue.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Que j'ai croisé il y a un mois de ça à Angers, et qui m'a raconté l'histoire, que je n'avais pas ce bout de l'histoire, mais vas-y.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et donc, il est... Il est en stage de langue à Anglais, à Oxford. Il a l'air de ne pas trop savoir comment s'occuper. Il nous contacte, il fait Les gars, je vois que vous lancez ça, je trouve ça trop bien. Est-ce que je peux travailler pour vous ? Mais sans savoir qu'on était français. Et en fait, il en parle à son père, qui en parle à Christophe Béchut qui venait, qui est le maire d'Angers, qui venait de rentrer d'Asie, où il avait vu le truc, il s'est dit Ça, c'est génial. Et il nous contacte en mode Est-ce que vous pouvez lancer à Angers ? Et nous, on avait besoin d'un autre marché. avec un peu des garanties sur le fait qu'on allait pouvoir avoir un terrain d'expérimentation. Et Angers, c'est leur truc, l'expérimentation. Ils se brandent comme le terrain d'expérimentation de plein de choses. Et donc, c'était le match, en fait. C'est l'alchimie qui est tombée parfaitement. Et donc, on a lancé avec la garantie d'une exclusivité de six mois. Et voilà, c'était parfait. Et c'est devenu, en fait, finalement... Une énorme success story. Angers c'est une des meilleures performances mondiales aujourd'hui sur le marché du vélo en libre-service. Et c'est grâce à ce hasard de concours aux circonstances.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et c'est à Angers que tu commences à réfléchir à cette histoire de Pony Angel ? Oui. Alors ça c'est intéressant. Quand Westphal Valley Explore et Epope a investi chez vous, moi, c'est ce qui m'avait fait vraiment vibrer, de se dire, il a craqué un truc par rapport à la communauté.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et donc, du coup, on lance Angers, à l'époque, avec une logique, on va acheter des véhicules, on va les louer. Et en fait, il y a eu une telle, au niveau mondial, Le marché de ce qu'on appelle en France le free-floating, et qui pour la petite anecdote n'est pas un mot anglais, le free-floating, ça s'appelle dockless dans le monde anglo-saxon, et en fait free-floating c'est que les français qui appellent ça free-floating, en croyant que c'est anglais, mais en fait non, c'est un mot inventé par le ministère des Transnord. Et du coup, ce qu'on appelle le free-floating, en fait il y a eu un excès d'infusion de cash colossal, des milliards qui sont tombés d'un seul coup, avec... Un truc qui est très dur à opérer, qui demande vraiment de l'exécution très fine. Et du coup, si tu vas vite et fort, l'exécution ne suit pas. Et donc, effectivement, un gâchis absolu.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Les limes, les bolts.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Exactement. Les birds, notamment. Les mecs, ils lancent à Paris. Ils ont un gars, deux stagiaires, 3000 trottinettes. Pas d'entrepôt, pas d'employés. On est dans le full système des juceurs. C'est la gamme J. C'est la... C'est vraiment la course à l'hypercroissance dans ce qu'elle a eu de plus malsain.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et c'est cette analyse, cette perception où tu dis, ah bah tiens.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et en fait, ce truc-là, on le subit. C'est-à-dire qu'en fait, c'est tellement fort et tellement violent que ça crée un rejet vraiment de la population sur les gens. Ils n'ont pas envie de ça, en fait. Ils n'ont pas envie d'avoir des trottinettes à 800, 900 balles jetées comme ça au milieu des trottoirs qui t'empêchent de marcher, qui prennent l'eau, qui se cassent. C'est pas ça le... alors que fondamentalement ce que nous on proposait c'était de dire c'est quand même contraignant d'avoir chacun un vélo chez soi, ça prend de la place, si t'as de la chance que t'as un parking ou que t'es dans une ville en province qui craint pas trop, bon très bien, mais quand t'es dans le centre-ville d'une grande ville, si tu laisses ton vélo sur les arceaux, tu sais qu'au bout de 12 mois il faudra en racheter un autre. Et donc tous ces gens-là ont essayé d'apporter un nouveau maillon finalement dans l'offre de transport et on s'attendait à être très très bien reçus. Et il y a eu en fait un vrai rejet. de tout le système du fait effectivement des excès. Et donc, on a eu besoin de se dire, on avait du coup ce problème, à la fois de problème de financement, puisqu'on était en mode, bon, il faut financer ces flottes, qui va le faire ? Sachant que tout le monde avait cette intuition que c'était, que les unités économiques étaient catastrophiques, parce qu'ils regardaient des gros qui avaient énormément levé, et il y a un peu ce réflexe, si tu as levé beaucoup, c'est que tu es très bon, alors qu'en fait, pas du tout, c'était un outil stratégique, la levée. Donc cette intuition que l'unité économique, ce n'était pas bon. Et en plus, un peu ce rejet au fond des gens de se dire, ce n'est pas ça l'avenir dont j'ai envie. Et donc, il nous a fallu retourner complètement le système. Et à Angers, en fait, au contraire, nous, on avait notre petit bonhomme de chemin avec une gestion bon père de famille, très, très attentif sur la qualité du service, sur la qualité de l'entretien. On passait un temps fou. Moi, j'ai fait toutes les ops moi-même, déplacer les vélos, les réparer, etc. vraiment mener le truc aux petits oignons, les gens l'ont senti et puis on a sorti un nouveau modèle de vélo

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    très BMX avec des roues bâtons, hyper brandés, hyper beaux, et qui a fait un carton. Et les gens, ils m'ont appelé, ils m'ont dit est-ce que je peux en acheter ? Et j'étais là, ben non, c'est des vélos de partage, je suis vraiment désolé et tout. Et à un moment, c'est là que ça a fait tilt. Je me suis dit, mais en fait, mais si c'est ça le truc, c'est tous ces gens, ils adorent ce qu'on fait, ils ont envie de nous soutenir, ils adorent le produit, et en plus, nous, on a un problème de financement, et ben en fait, tout ça, ça a du sens. Et en fait, on va... on va faire que le système appartient aux usagers. Et donc, on a cherché un peu le moyen le plus simple de faire ça. Et le meilleur moyen le plus simple, c'est ce qu'on a appelé Adopt un pony. C'est t'achètes un pony, c'est le tien, tu peux le privatiser si tu veux. Donc, c'est vraiment tu l'achètes, tu payes la TVA. Et après, tu le laisses en partage sur la plateforme si tu veux ou pas. Si tu le laisses, dès que quelqu'un le loue, on te refile 50% du revenu. Et nous, avec le reste, on s'occupe de la maintenance.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et tu as combien aujourd'hui de pony angels ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Ouais, c'est un peu presque... plus de 3000 et c'est quand même plus de la moitié de la flotte, c'est plusieurs millions d'euros qui ont été investis comme ça, ça a fait toute notre croissance si tu veux jusque là, la dernière opération où on commence en fait à avoir une échelle qui permet en fait de trouver ce mode de financement il est top mais quand même un peu cher donc il a plein d'avantages et bien sûr ça va rester au coeur de notre ADN mais et là on commence seulement effectivement à avoir

  • Paul-Adrien (Pony)

    un autre mode de financement qui est de la dette infrastructure voilà qui se déploie mais jusqu'à présent toute notre présence a été portée par adopte un pognon et donc les villes se sont enchaînés après angers donc ce sont des appels d'offres auxquels tu as répondu et donc à chaque fois le même accueil attendait tu gagnais énormément d'appels d'offres parce que là il y avait le supplément d'âme qui fonctionnait bien oui ouais en fait ça a pris ça a pas été tout de suite ça a pris un peu de temps nous en fait on a

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Là, à ce moment-là, on s'est dit, en fait, il faut réguler. En fait, on a compris très tôt qu'on n'allait pas réussir si on ne travaillait pas main dans la main avec les villes. Et on a fait une petite erreur, on a tenté, d'ailleurs, à Nantes, de forcer un peu le passage, et ça s'est très, très mal passé. On a compris que la mobilité, c'était tellement stratégique et tellement au cœur de ce qui est une des responsabilités les plus essentielles, finalement, de la ville, que de toute façon... Il fallait qu'on s'inscrive dans ce que les villes cherchaient à construire et le seul moyen de grossir, c'était d'être partenaire. Et donc, en fait, on s'est mis complètement de côté de cette guerre à la croissance qui a poussé à Paris, Lyon, Marseille,

  • Paul-Adrien (Pony)

    les grandes métropoles,

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    les très grosses villes. Et au contraire, on a lobby pour expliquer que ce modèle-là, il n'allait pas aboutir. Qu'en fait, tu n'étais pas sur un marché qui allait avec une dynamique. On a expliqué notre truc de fast-moving consumer goods, du coup, de la distrib, c'est la distrib qui est là avec l'extra. Et que du coup, tu n'avais pas des dynamiques qui allaient arriver à une situation stable où c'est la qualité qui l'emportait, la qualité de service pour l'usager, la qualité des véhicules, etc. Et donc, on a fait un énorme travail d'explication auprès du régulateur de dire non, il faut trouver un cadre qui pousse à la qualité de service. Et ça, ça a fait que ça a été intégré dans la loi d'orientation des mobilités qui était en discussion à ce moment-là en 2019. L'arbitrage final n'est pas du tout... tout celui auquel on s'attendait. Mais bon, au final, aujourd'hui, le marché est régulé. Et cette régulation, elle a eu pour effet quand même de bloquer le marché pendant deux ans. 2019, la loi de l'augmentation est en discussion. Les villes se disent tant que ce n'est pas voté, on attend. 2020, le Covid. Sorti de Covid, on a un peu autre chose à faire. Et finalement, c'est que fin 2021 que le marché se rouvre. Donc, on a quelques villes en France qui ont lancé. Il y en avait que six, en fait, avant le Covid. C'est les grandes métropoles et Angers. Donc en fait, c'est Paris, Lyon, Lille, Marseille, Grenoble, Angers. C'était les 6 villes. Nous, on avait Bordeaux, Angers. Angers, la seule ville qui était en monopole. Et après ça, la France prend énormément de retard par rapport à ses voisins européens. Sauf qu'en revanche, 2021, nous, on a depuis eu le temps de faire nos preuves. eu le temps de trouver le bon modèle, le modèle opérationnel, comment on fait pour les bonnes règles de parking, qu'est-ce qu'on doit dire aux gens. Quand Bird lance à Paris, ils n'ont même pas de consignes sur le stationnement. Et ils n'arrivent pas à travailler avec la ville pour les mettre en place, parce que si la ville donne des recommandations, c'est qu'elle a double le service, ce qu'elle ne veut pas faire. Si les opérateurs se mettent ensemble d'accord, il y a cet énorme problème du passager clandestin, où celui qui ne le fait pas, il se retrouve avec un énorme avantage d'avoir un truc qui est plus permissif. Et donc c'est le chaos absolu. Donc tout le monde se crame sur ces villes à perdre des quantités énormes d'argent, de véhicules avec des trucs gérés n'importe comment, etc. Nous, On se concentre au contraire sur travailler le produit, travailler l'expérience client, travailler les processus opérationnels, travailler la conception des véhicules, travailler la relation avec la ville. Et quand le marché finalement, 2021, les villes se disent Ok, on se réengage dans cette thématique vélo, comment on retravaille la mobile, ça redevient un sujet clé. Là, on est là, on a un track record, on a un soutien de poids. Deux qui sont la ville de Bordeaux, la ville d'Angers, qui sont très généreuses dans leur soutien depuis toujours pour dire on a Pony, ça se passe super bien, c'était super partenaire, ça devient nos meilleurs ambassadeurs et effectivement, sur les deux dernières années, il y a eu 20 appels d'offres, on en gagne 17 et les 3 qu'on perd, c'est des villes qui renouvellent les acteurs en place 100% des villes qui lancent un service pour la première fois, 100% de la croissance du marché,

  • Paul-Adrien (Pony)

    c'est Pony Et justement, c'est énorme ton histoire, tu parles beaucoup de qualité de service, justement Comment vous êtes structuré côté RH, que ce soit par ville, au siège ? Comment ça se passe ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Écoute, finalement, contre toute attente, c'est assez efficace. C'est-à-dire qu'en fait, en réalité, on arrive à avoir une, deux personnes par ville sur la partie maintenance. Après, on a des équipes sur la partie déplacement, les équipes vraiment terrain, déplacement, recharge. Ça, en général, c'est quelque chose qu'on sous-traite beaucoup. On travaille avec des opérateurs de cyclo-logistique. On travaille depuis récemment avec La Poste, qui est rentrée dans notre capitale justement pour développer cette activité au niveau national. Et après, on a vachement travaillé sur les process pour pouvoir créer un maximum de synergie entre les villes et du coup, pouvoir travailler un maximum depuis le siège. Et donc, tout ça, c'est géré après depuis le siège.

  • Paul-Adrien (Pony)

    D'accord, ok. Et sur l'aspect innovation ? Donc... Tu nous dis au début que tu avais été sourcé en Chine. Je crois que tu as une vraie volonté par rapport à tes engagements sociétaux de rapatrier la production en France. Comment tu gères tout ça au quotidien, tes indicateurs,

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    tout ça ? Oui, c'est la difficulté de notre métier. C'est qu'en fait, notre entreprise, elle demande d'avoir effectivement plusieurs métiers en même temps. que ce soit la conception des véhicules, l'exploitation de la flotte, la tech, le travail avec les villes sur la stratégie de mobilité, etc. Et ce que je disais, c'est que très très tôt, on comprend cette dimension produit dès le tout début. Le produit, ça va être un élément clé dans la façon dont les gens vont prendre la décision. Et on investit très tôt dans la création d'une équipe hardware. Ce qui à l'époque choque les gens. Ils sont en mode, les gars, vous êtes 15, pourquoi vous faites vos propres vélos ? Parce qu'en fait, c'est le nerf de la guerre. Et ça, personne n'a voulu le comprendre jusqu'à très tard. Et donc, on fait vraiment l'effort d'être en maîtrise de ce qui va faire la différence. Et donc, parmi lesquels la conception du vélo. Donc, notre premier vélo, le premier badge de 200 est fait sur étagère, mais le deuxième, il est déjà conçu chez nous, à l'époque le vélo MECA. Ensuite, on passe quand même 18 mois sur le vélo ELEC. Ça a été très, très dur. Et on fait le premier long tail, donc premier vélo de place. en libre-service dans le monde, toujours le seul à date, c'est-à-dire le seul vélo partagé qui vous permet de prendre un passager, et ce dès 6 ans, et ça c'est game changer. Et donc voilà, on travaille sur ça, et donc effectivement en parallèle des process opérationnels, de toute la partie tech, donc il y a un siège qui est assez costaud, avec une équipe qui est restreinte, donc ça veut dire effectivement des gros horaires.

  • Paul-Adrien (Pony)

    J'imagine bien, et les prochaines étapes du coup ? pour Pony, l'histoire de batterie, tout ça. C'est quoi les grandes étapes suite à cette fabuleuse levée de fonds ? On reviendra tout à l'heure sur la partie un peu investissement, mais voilà, les grandes étapes à venir.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    En gros, là, on est à une étape où le modèle fonctionne. Toutes les villes sont rentables. Il y a quelques exceptions, des villes qui sont en train de lancer ou des villes qui sont... notamment tout ce qui est station balnéaire, le modèle est très saisonnier, il y a encore des petits ajustements à faire. Mais au global, toutes les villes gagnent de l'argent. Maintenant, c'est qu'une question de grossir pour absorber le siège et de consolider. Améliorer la qualité des véhicules, améliorer la qualité des op'', certifier ISO, etc. Relocaliser la production des vélos. Relocaliser la production des vélos, on le fait à la fois pour des enjeux sociétaux. mais aussi pour des enjeux commerciaux vis-à-vis des collectivités. Et enfin, surtout, et ça, c'est la très bonne nouvelle, pour des questions de unité économique. En fait, la réalité, c'est que produire en Asie, c'est cher. Le transport, c'est hors de prix. Il y a une volatilité incroyable à la fois sur le coût du transport et surtout sur les délais des transports. Donc, tu immobilises un BFR colossal. Tu as peu de vision, finalement, sur la date de délivrer. Et aujourd'hui, on peut faire en France... pas tout, une partie, et en Europe la totalité, mieux et moins cher. Et c'est ça la bonne nouvelle, c'est qu'en fait la relocalisation, elle ne vient pas simplement pour des enjeux RSE qui sont cools, mais qui ne sont pas, elle vient pour des vrais drivers business, et nous on est en train de s'en rendre compte, je pense que beaucoup de gens vont s'en rendre compte bientôt, et je m'attends à ce qu'effectivement on voit beaucoup de choses se rapprocher, et ça c'est cool.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et les coulisses, donc tu as enchaîné quelques levées de fonds. Est-ce que tu peux nous en parler, justement, cette danse du ventre que tu as dû faire pour convaincre les uns et les autres, que ce soit sur la dernière levée ou les précédentes ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Les levées de fonds, c'est une histoire. Nous, on a été sur un secteur qui a été très sexy. Mais on a raté le coche finalement des méga levées. Les méga levées, elles ont été faites par des gens qui avaient des méga CV. Donc c'était Dot, l'ancien head du Europe de Uber. Bird, c'est un des mecs du Comex de Lyft et de Uber. Thiers, c'est le CEO, le fondateur de l'équivalent de Back Market en Allemagne. Donc c'est des gens qui étaient avec un... un pédigré qui leur permettait de faire des seeds à 20, 30 millions. Alors que bon, moi, je sortais de nulle part. On a raté ce coche-là. Ces gars-là, ils ont appliqué textbook la stratégie hypercroissance qui, en fait, ne fonctionne pas sur notre marché pour les raisons qu'on a évoquées. Les dynamiques de marché n'amènent pas naturellement à une situation stable quand tu appliques cette stratégie. Elles ne te permettent pas de consolider des vraies barrières à l'entrée. Et donc, en fait, tu brûles du cash sans limite. Et donc en fait, c'était compliqué pour nous d'expliquer comment avec quelques millions, on va battre TIRC à 600 millions. Et donc ça a été un énorme travail de conviction, ça a pris vraiment énormément de temps. Et en fait, à la fin, c'est une rencontre humaine, d'abord avec Demeter, ensuite avec Épopée Gestion, avec Vlad qui avait poussé le dossier, et ça a été un Vlad, un énorme feat. Et ensuite, plus récemment, avec dans notre nouveau tour, les équipes de La Poste, les équipes de l'ADEME, la communauté Blast, les équipes de Colam. Et donc, à chaque fois, finalement, il a fallu vraiment faire un travail, je pense, du fait de la nature de notre marché, peut-être vraiment plus important que d'autres boîtes, mais à la fin. Ce qui nous a permis de réussir, c'était la profondeur d'analyse et de compréhension de notre marché, la clarté stratégique. Et puis après, effectivement, des gens qui ont cette fibre entrepreneuriale, qui voient le problème et qui ont envie de le résoudre à nos côtés. Et voilà, il a fallu rien lâcher, tenir bon. Mais c'est vrai que le dernier tour, 23 millions. 23 millions, c'est 10 millions de dettes à cette BAC, ce que personne quasiment n'a fait à notre échelle. C'est 13 millions d'equities et au total, c'est quasi 18 mois de roadshow. Oui,

  • Paul-Adrien (Pony)

    c'est ça. C'est vrai que pour avoir vécu les coulisses de la dernière levée, effectivement, on était aussi sur une phase à un moment où les levées de fonds étaient complexes. Il faut remettre tout ça vraiment dans... vraiment dans le contexte. Je t'entends beaucoup parler du territoire. Pour toi, c'est quoi la vision du territoire, de la mobilité ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    La voiture est en train de s'effacer du centre-ville. C'est le sens de l'histoire. Et si on enlève les voitures, il faut une alternative, il faut permettre aux gens de se déplacer. Et elle s'efface parce qu'on se rend compte qu'elle n'est pas très efficace. Quand la densité augmente, l'efficacité de la voiture chute. Les villes, elles augmentent tous en densité. Et donc, elles se font remplacer par les transports en commun. Et les transports en commun, ce n'est pas porte à porte. Les horaires, la plupart des villes, ça continue à 20h, il n'y a plus de bus. Des fois, s'il y a un tram, c'est jusqu'à minuit. Et bon, quand vous rentrez du bar, voilà. Mais même, vous fermez la boutique, si vous n'habitez pas près de la voie de tram, vous êtes quand même coincé dans votre voiture, qui n'est pas si pratique que ça à utiliser la journée. Et donc, il y a ce besoin de rajouter un nouveau maillon, une nouvelle brique dans l'offre de transport. Et c'est ça qu'on construit. On construit ce premier kilomètre, dernier kilomètre. C'est le mode de transport le plus rapide, le plus fiable sur les trajets de moins de 5 km en centre-ville, quelle que soit la ville. Et 5 km, dans la plupart des grandes villes françaises, vous faites 90% de vos trajets. Et donc, c'est ça qu'on est en train de construire. L'objectif, c'est de créer une marque qui est... C'est la Poste, c'est la SNCF, c'est vous arrivez dans n'importe quelle ville de France, vous sortez pogné. Et c'est ça la vision.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Donc tu parles de très grandes marques. Moi j'ai la sensation... Dans notre domaine des startups, de voir de moins en moins de capitaines d'industrie. Souvent les gars, une belle exécution avec leur startup, puis effectivement l'opportunité de vendre, de faire le cash-out qui va bien. Est-ce que c'est ton sentiment ? Est-ce que toi tu te vois justement comme un capitaine d'industrie de la mobilité ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Là c'est la question piège parce que... un point qu'il faut comprendre sur la levée, c'est que dans la levée, un élément clé quand même, c'est l'excit. Et quand tu lèves avec des fonds, et j'ai eu du mal à l'accepter, et ça a été aussi une des raisons pour laquelle j'ai probablement eu du mal à lever, c'est que moi, je venais pas réellement pour faire une vraie exit, je venais pour construire Renault. Moi, je veux avoir des usines de vélo, je veux être RATP, du vélo. Mais du coup les gens ils se demandent ok mais si j'investis quand est-ce que je gagne de l'argent ? Et moi je me dis on verra plus tard, quand on aura un énorme truc on trouvera bien un moyen. Et en fait c'est vrai que cette question de l'excit elle est compliquée parce que là ça fait quand même 7 ans maintenant, il y a des fonds qui nous suivent depuis un bon moment, qui ont eux des enjeux de liquidités. Et donc à la fois on est partagé entre cette conviction qu'on est quelque chose sur quelque chose d'énorme, quelque chose de très long terme. à la fois il y a des enjeux de liquidité donc il va falloir voir comment le marché il évolue moi, nous on est prêt à jouer ce rôle de capitaine d'industrie et on est déjà aujourd'hui un des gros donneurs d'or dans le monde du vélo sur les batteries, on pousse notamment Gouache qui est un fabricant bordelais de batteries réparables et on est leur plus gros client et ça fait 4 ans qu'on pousse leur développement on fait la même chose sur les... les modules IoT. Aujourd'hui, on travaille avec un acteur qui n'est pas français, mais qu'on a considérablement aidé à se développer, mais qui est européen. Et on travaille avec des acteurs français pour les aider à construire un nouveau produit qui est adapté à nos besoins. Il y a des discussions en cours avec un fabricant de contrôleurs à Grenoble. Ça fait depuis 2017 qu'on discute. Finalement, ça n'aboutit pas. Mais on avance, on avance, on avance. Et j'espère bien qu'un jour, on va y arriver. On fait faire nos roues en France maintenant. donc les pièces en alu qui font les roues sont faites à côté d'Annecy elles sont assemblées en France et donc petit à petit comme ça on relocalise, on construit on aide des gens, on donne de la visibilité et donc ça j'espère bien qu'on arrivera à continuer à jouer ce rôle maintenant la question de l'excit je pense que nous on la pense en se disant il y a peut-être un moment où le meilleur moyen d'être au service de notre vision c'est de s'adosser à... quelqu'un qui la partage et qui a les moyens d'aller là où nous on ne peut pas aller seul.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et justement, tu parles de bosser telle ou telle structure en France. Tiens, j'aurais peut-être un sujet du côté de Van pour toi, des jeunes qui ont inventé un truc pour remplacer la chaîne, transmission par cardan.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Une ici ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Exactement. Bref, c'est des sujets intéressants. Justement, est-ce que tu prends le temps ? de transmettre un peu tout ce savoir à la jeune génération où tu étais bourbourg sur tes focus.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    On est dans l'exécution là.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et on arrive à la fin de l'interview. Quelle question t'aimerais que l'on te pose et que l'on ne te pose jamais ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Alors là, écoute, je pense une question qu'on ne pose pas souvent. C'est finalement comment ça va ? Je pense que les gens ne se rendent pas compte à quel point être entrepreneur, c'est quand même un sacrifice. Alors, ce n'est pas le cas pour tous, il y a des boîtes, ça se passe, voilà. Mais c'est un sacerdoce quand même, c'est un investissement. Aujourd'hui, même si avec la dernière levée de fonds, mon salaire augmente de 40%, il reste plus bas que celui que j'avais à la BNP il y a 8 ans. J'ai fait plusieurs années avec... pas de revenus et du jour au lendemain tout peut s'arrêter et donc tu es face à énormément d'incertitudes maintenant j'ai un fils qui a deux ans bon bah c'est vrai que je l'envoie à la crèche je rentre le soir il est couché donc il y a ce truc de je pense effectivement bien c'est une question qu'on ne pose pas si souvent que ça et en fait quand tu es jeune tu exécutes tu pousses et tout et puis Et puis tu te rends compte quand même que ça s'accumule et c'est vrai que c'est un investissement.

  • Paul-Adrien (Pony)

    C'est étonnant que tu dises comment ça va parce que tu es le troisième ou quatrième interviewé à me dire mais on ne me pose jamais la question comment ça va. Donc tu vois c'est un truc qui revient assez régulièrement. Dernière question, es-tu d'accord avec moi pour qualifier la destinée de Pony d'Epic ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Ah ouais, je pense que franchement, il y a une série Netflix sur tout ce qui s'est passé. Le combat contre Ofo, quand on est lancé à Oxford, les mecs étaient rodés autour de notre staff. On avait embauché des meufs pour distribuer les flyers qui travaillaient avec nous de chez Sibérie. Donc des petites filles toutes mignonnes et tout machin. Et c'était que des anciens de l'armée qui les intimidaient. On a commencé comme ça en arrivant en Chine. Les immenses trucs, les milliers de vélos, les... piles, les trottinettes à Paris, les luttes dans les ministères pour faire changer les lois. On a écrit des... J'ai écrit, moi, personnellement, des amendements. Alors que... Et puis construire le truc, construire des vélos, relocaliser... Non, ça a été... C'est une sacrée histoire.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Merci, Paul-Adrien. C'était l'épopée de Pony. par Sébastien Le Corfeig. N'hésitez pas à réagir et à partager ce podcast qui est disponible sur nos sites web ainsi que sur Apple Podcasts, Spotify ou Deezer. Avec Épopée Gestion et Explore, nous ambitionnons de créer des champions sur l'arc atlantique avec nos véhicules d'investissement et d'accélération dédiés aux PME et aux entreprises innovantes du territoire. Merci Paul-Adrien.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Merci à toi.

Chapters

  • Introduction à l'épisode et présentation de Paul-Adrien Cormoré

    00:34

  • Genèse de Pony et son développement depuis 2017

    00:40

  • Parcours personnel de Paul-Adrien et ses débuts entrepreneuriaux

    02:15

  • Expérience à la BNP et transition vers l'entrepreneuriat

    04:36

  • Moments clés et défis rencontrés dans l'histoire de Pony

    10:41

  • Lancement à Oxford et compétition avec Ofo

    15:19

  • Expansion à Angers et le succès du modèle Pony

    22:02

  • Adoption du modèle 'Adopte un Pony' et implication des usagers

    29:01

  • Perspectives d'avenir et innovations au sein de Pony

    37:11

  • Réflexions sur la levée de fonds et la vision à long terme de Pony

    41:41

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Description

Dans cet épisode captivant de "L'épopée de...", Sébastien Le Corfec nous plonge dans l'univers inspirant de Paul-Adrien Cormerais, cofondateur de Pony, une entreprise française qui redéfinit la mobilité partagée. Ce podcast met en lumière le parcours exceptionnel de Paul-Adrien qui a su allier son éducation en ingénierie à son désir d'entreprendre. Dès son plus jeune âge, il a nourri l'ambition de créer un impact positif dans le domaine de la mobilité, et c'est avec Clara Vaisse qu'il a fondé Pony en 2017.


L'épopée de Pony ne se limite pas à une simple aventure entrepreneuriale. En tant qu'acteur clé dans le secteur des vélos et trottinettes électriques en libre-service, l'entreprise se distingue par son approche participative et son réseau étendu qui touche 21 villes françaises. Paul-Adrien partage avec nous les défis qu'ils ont rencontrés lors des levées de fonds, offrant un aperçu précieux sur l'investissement dans le secteur de la mobilité. Il évoque également les leçons apprises sur le marché, soulignant l'importance de la qualité du service dans leur stratégie, un aspect crucial pour séduire les usagers et bâtir une relation de confiance.


Alors que l'épisode se déroule, Paul-Adrien nous fait découvrir la vision de Pony pour l'avenir de la mobilité urbaine. Il parle de la relocalisation de la production en France, une initiative qui fait écho aux aspirations du territoire, et qui vise à renforcer l'économie locale. La transmission de valeurs et l'intégration des usagers dans le modèle économique de Pony sont également au cœur de leur démarche, illustrant un entrepreneuriat responsable et durable.


Cet épisode de "L'épopée de..." est une véritable ode à l'innovation et à l'entrepreneuriat. Que vous soyez un dirigeant en quête d'inspiration, un passionné de mobilité ou simplement curieux des initiatives qui émergent dans l'Ouest de la France, vous trouverez dans cette discussion des éléments qui résonneront avec vous.


Ne manquez pas cette opportunité d'explorer l'épopée de Pony, une entreprise qui incarne l'avenir de la mobilité durable et qui s'inscrit dans la dynamique de Xplore et d'Epopée. Écoutez cet épisode pour comprendre comment l'entrepreneuriat peut transformer des défis en opportunités, et comment, grâce à des initiatives comme Pony, nous pouvons tous contribuer à un avenir plus vert et plus connecté. Rejoignez-nous pour cette aventure enrichissante !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Je suis Sébastien Le Corfec, associé de l'entreprise d'investissement Épopée. Nous nous sommes mis en quête des grands dirigeants de l'Arc Atlantique. Tout comme la saison 3, nous gardons les mêmes fondamentaux pour cette saison 4. Vous racontez leur épopée entrepreneuriale avec un focus sur la nouvelle génération suite au classement l'Épopée des 40. Ce classement recense les 40 personnalités de moins de 40 ans les plus influentes de l'Arc Atlantique. Quels ont été leurs parcours ? Comment ont-ils innové ? Quelle est leur vision pour leur territoire ? L'Épopée de Paul-Adrien Cormoré, cofondateur de Pony, c'est maintenant. Paul-Adrien, bonjour.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Bonjour.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Depuis 2017, toi et Clara Vaisse, développé depuis Angers et Bordeaux, l'opérateur de mobilité partagé Pony, vous êtes le seul acteur français proposant des trottinettes électriques et des vélos en libre-service avec un système participatif. Aujourd'hui, Pony est présent en 21 villes dont vous venez de lever dernièrement 23 millions d'euros et au cours des six derniers mois, plus de 300 000 utilisateurs ont ainsi enfourché un Pony pour se déplacer. Et toi, Paul-Adrien, comment tu pitcherais Pony en une minute ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Eh bien Pony, c'est un service de vélo électrique, trottinette électrique en libre-service, c'est-à-dire que c'est des vélos qui sont disponibles dans la rue, à la location, au trajet, au moyen d'une application mobile, et qui vous permettent de faire des trajets de façon très rapide, pratique, fiable, en centre-ville, soit pour aller d'un point A à un point B, soit en combinaison avec la voiture que vous avez dû laisser un peu loin, ou le train, parce que vous revenez de votre destination de vacances.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Je parlais de 21 villes en intro, tu peux en citer quelques-unes ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Oui, effectivement, on couvre l'ensemble du territoire, on est l'opérateur avec le meilleur maillage, le plus gros maillage de très très loin en France. Et on fait des villes, des très grandes villes comme par exemple Nice, Bordeaux, Tours, des villes un peu plus petites comme La Roche-sur-Yon, Bourges. Et entre les deux, il y a des villes comme Beauvais, comme Évry, comme Lorient.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Ok, on va revenir à toute façon sur tous ces points-là dans le podcast. Mais avant, on va essayer de parler de la genèse d'Oxford, des levées de fonds, des défis à venir. Mais tout d'abord, qui se cache derrière la startup, ta jeunesse, tes études ? Comment se passe ton enfance ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Moi, je suis Toulousain d'origine. On est trois. J'ai une petite soeur, un petit frère. J'ai eu une enfance assez normale avec ma mère qui est vétérinaire, mon pet qui est cadre commercial dans les travaux publics. Et parcours un peu classique, prépa, école d'ingé. Et finalement, par contre, avec un truc qui est toute ma vie et depuis toujours, la volonté absolue d'entreprendre et de créer quelque chose. Et ça, c'est... Tu vois, si je dois dire, je vois autour de moi les entrepreneurs, il y a toute une catégorie d'entrepreneurs qui ont presque un peu la même flamme que les artistes, c'est-à-dire ce besoin d'entreprendre, tu vois, ce truc de... C'est pas je fais un choix parce que, intelligemment, je me dis c'est mieux que d'être dans un grand groupe, quoi. Non, c'est juste, t'as le besoin de le créer, t'as besoin d'être à la tête de ton truc. Et ça, c'est un truc que j'ai ressenti très très tôt, l'envie de... Tu vois, de... Face à... n'importe quel problème, l'envie de trouver la solution à ce problème, l'envie de le créer, de le make it happen en fait. Et ça, ça m'est venu très tôt. Finalement, dans mes études, ça s'est matérialisé avec plusieurs projets que j'ai montés, des projets associatifs, des projets un peu business. J'ai tenté de monter une boîte en prépa, ce qui est une très mauvaise idée, je ne le recommande à personne. Et ensuite...

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Qu'est-ce que c'était cette boîte-là ? Même si ça a été un échec.

  • Paul-Adrien (Pony)

    C'était plus... Ça n'a pas abouti, si tu veux, mais... Je me suis lancé dans toute une réflexion sur comment on pourrait recréer du lien entre les générations, déplacer les personnes âgées dans les centres-villes. Excellent. Un truc, vraiment l'immaturité totale de la jeunesse. Mais en tout cas, je n'arrivais pas à me concentrer sur mes études. Et j'étais toujours attiré vers les choses qui pouvaient me marquer au quotidien. Et où je me disais, ça, je pense que je peux faire quelque chose. Et immédiatement, mon cerveau, il part. Et puis ça y est, les solutions se mettent en place, je commence à réfléchir, je commence à me documenter. Et puis bon, ça n'a pas vraiment abouti jusqu'à Pony, même si Pony, ce n'est pas notre premier projet. Mais voilà, finalement, je suis quand même allé au bout de mes études. J'ai même continué plus loin parce qu'après mon école d'ingé en France, je suis parti faire une spécialisation en mathématiques financières à Londres, à l'Imperial. Et une chose entraînant une autre, je me suis retrouvé chercheur en salle de marché, spécialisé sur les dérivés de taux. Donc je travaillais sur les modèles financiers de pricing et de calcul de risque des dérivés de taux d'intérêt. Et ça,

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    ça t'a stimulé ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et ouais, alors en fait, j'avoue, j'ai pris ce job un peu à la base pour valider mes études. J'étais en mode, de toute façon, je ne vais jamais faire ça, je vais créer ma boîte, j'avais déjà mes projets, etc. Et en fait, je devais faire un stage pour valider mes études et le mec qui m'a recruté a démissionné entre le moment où il m'a recruté et le moment où je suis arrivé. Et quand je suis arrivé, le mec était en train de partir et ils m'ont fait Bon, écoute, mets-toi là dans un coin Je me suis retrouvé dans la salle de marché de la BNP à Londres. Pendant à peu près trois semaines, je n'ai rien eu à faire. J'étais plus ou moins en train de me maintenir Roland Garros en attendant qu'on me donne un truc à faire. Et au bout d'un moment, ils m'ont fait Bon, écoute, oublie le sujet de stage. Le mec part. essaye de voir ce que tu peux faire de son scope. Et je me suis retrouvé propulsé sur un truc hyper intéressant, hyper exposé, avec des mecs à côté de moi qui étaient des gens extraordinaires, d'un niveau... Moi, j'étais le seul mec de l'équipe qui n'avait pas fait de thèse. Et le mec assis à ma droite, Chris Hunter, c'est le prof de Calculsto et le prof de physique des trous noirs de Cambridge. Et donc, en parallèle de son job à la BNP. Et donc, c'est des mecs... Incroyable. Incroyable. Et donc, effectivement, ça a été... J'avais un manager extraordinaire, Cyril Tankwe. Malheureusement, on s'est perdu de vue depuis Pony. Ça a été tellement intense. Mais un manager extraordinaire qui m'a vraiment poussé, qui m'a fait grandir, qui m'a fait grandir en maturité énormément. Et finalement, je suis resté 5 ans et demi tiré par cette énergie. Mais avec quand même cette conscience que... fondamentalement je ne suis pas un chercheur en mathématiques il y a des gens qui sont meilleurs que moi à faire ça et moi mon truc c'est l'entrepreneuriat et donc la bascule c'est à 26-27 ans ouais c'est ça exactement donc je fais 5 ans et demi et puis à un moment je me dis en fait j'étais à un stade où en fait au bout d'un moment t'apprends moins et puis et puis voilà j'avais ce besoin en fait d'être plus en maîtrise de ce que je faisais et j'étais sur un truc où j'avais atteint un niveau de spécialisation dans un domaine très particulier sur des sujets bien précis où en fait il y avait moi, mon boss et 2-3 autres mecs qui comprenaient ce qu'on faisait mais bon j'avais peur moi à la fois de pas être le meilleur là-dedans et à un moment de me retrouver bloqué et à la fois et en plus c'était pas vraiment donc je me suis dit J'avais tous ces projets, j'avais tous ces projets. Et en fait, la petite histoire, c'est que je suis allé voir mes collègues de la BNP. Moi, je travaillais beaucoup avec les traders, qui sont des gens qui ont un appétit au risque particulier. Et je leur ai dit, les gars, j'ai une idée. Je monte une boîte, je vais faire des vélos partagés. À l'époque, je n'avais pas pensé aux trottinettes pour être transparent. Ça s'appelait Pony Bikes. Et je leur ai dit, on va prendre des vélos. On va mettre un cadenas. Maintenant, avec le Bluetooth Low Energy, ça coûte quelques... 20 balles, voilà. Et en fait, on va pouvoir remplacer des centaines de millions d'euros d'infrastructures de parking Vélib par quelques dizaines d'euros par vélo de station mobile. Et en faisant ça, on a un réseau beaucoup plus fin, beaucoup moins cher, avec des parkings à tous les coins de rue. C'est Game Changer. Et en une après-midi, on fait notre seed de 200 000 pounds à l'époque. Excellent. Et là, je pose ma dème. Et puis c'est parti.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et à quel moment tu croises Clara, ta cofondatrice ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Alors Clara c'est ma cofondatrice, mais c'est aussi ma femme. Et on s'est rencontrés à la deuxième soirée de mon école d'ingénieur. D'accord. Donc c'est l'histoire de toute une vie. Donc on s'est rencontrés très jeunes et on a toujours été ensemble. Elle était dans une autre école, puis on s'est retrouvés à Londres, elle est venue à Londres. On a monté une autre boîte avant, Sibérie.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Donc ça c'était avant tes 25-26 ans que t'as...

  • Paul-Adrien (Pony)

    Ouais, ouais, ouais. Une marque de boissons, on faisait de la sève de bouleau. D'accord. Et donc on était les premiers à faire... On surfait un peu sur ce qu'était l'idée de... Il y a eu le Coconut Water qui était la grande traîne des boissons. On s'est dit, est-ce qu'il n'y a pas un truc plus healthy, meilleur pour l'environnement ? On est tombés sur l'eau de... boulot, avec une approche qui était je pense pas la bonne maintenant, mais on le savait pas à l'époque qui était de on était pas driveé vraiment par le produit, on était pas nous-mêmes à la base passionnés et convaincus du truc, mais on cherchait plus une opportunité business et maintenant je sais que c'est il faut quand même avoir une passion dans ce qu'on fait pour arriver au bout, c'est dur, mais bon malgré tout on s'est quand même lancé là-dedans et on a créé effectivement Siberi qui a été une des plus grosses croissances food and drinks au UK à l'époque À l'époque, c'était... quoi, 2013, 2014, quelque chose comme ça, avec Clara et du coup un autre associé, Mehdi, qui était un de mes meilleurs potes d'école aussi, qui lui aussi était en finance. Mehdi et Clara ont quitté leur job pour se mettre en plein sur Sibérie, et moi je suis resté à la BNP, et c'est là que j'ai commencé à... Après j'ai passé la main sur Sibérie, et j'ai commencé à bosser sur Pony, et après on a vendu Sibérie, et Clara m'a rejoint.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    D'accord, et elle te rejoint au bout de combien de temps ? Parce que tu as l'idée du côté de la...

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et le tout début. En fait, il se trouve que le calendrier a parfaitement matché. Donc, j'ai posé ma dème en avril et en mai, elle était avec moi.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et par rapport du coup à cette histoire de Pony, donc on comprend un peu la genèse, mais est-ce que tu peux revenir sur 3, 4 moments forts qui t'ont marqué, des phases clés du début jusqu'à maintenant ? Certes, il y a eu la levée de... de 23 millions et de nouveaux acteurs qui sont rentrés, sans parler que de financement, des moments forts dans cette histoire de

  • Paul-Adrien (Pony)

    Pony. Une histoire comme Pony, c'est des moments forts les uns après les autres, forcément. Je pense que les moments les plus forts, c'est les moments du début où tu te lances avec rien, avec une intuition de quelque chose, une envie profonde au fond de toi de te dire ce truc-là, ça me saoule. Moi, j'avais un... Un scoot à Londres, que je me suis fait voler, je me suis fait voler avec un vélo, et je voulais en fait une autre solution pour se déplacer, j'avais envie de travailler sur cette question. Donc tu pars avec un truc, mais tu sais pas trop comment tu vas y arriver. Et ce qui est assez choquant au début, c'est la vitesse à laquelle, finalement, en quelques mois, t'arrives à passer de zéro à presque un, et en tout cas, tu vois, un démonstrateur et quelque chose. Et donc ça, j'avoue que c'est une... période, la période du début qui est dingue. Donc moi, je suis parti en avril. Je suis parti un mois. Moi, j'avais fait que de la... J'étais que dans... J'étais chercheur mathématique en banque. J'étais en costume. Je ne connaissais rien au monde physique. Donc je faisais un peu d'électronique le week-end avec un pote pour... Comme mon hobby. Donc voilà. Bon, c'était quand même... Mais du coup, je suis parti en Chine comme ça. Il y avait un salon, il se trouve, le premier week-end de mai. il y a un salon du vélo à Shanghai je ne savais pas donc on est en quelle année ? mai 2017 je pars au salon de Shanghai le salon de Shanghai t'arrives et il y a la salle du salon des expos de Shanghai c'est un trèfle à 4 feuilles et chaque feuille du trèfle c'est 2 fois le stade de France donc le truc t'arrives le tour tu le fais en golfette, tu ne peux même pas le faire à pied c'est un délire et donc je rentre dans le truc tout le salon c'est pas le haut mais il y a quand même 2 feuilles et je me dis donc l'équivalent de 4 fois le stade de France c'est dédié au vélo sur 2 niveaux donc c'est genre délirant et on arrive nous on se dit on va faire du vélo sans station, on avait une idée vaguement que ça existait en Chine mais on avait pas trop réalisé et dis-toi, toute la surface du bâtiment il y a une banderole jaune qui doit faire du coup plusieurs centaines de mètres de long c'est le nom de Ofo qui se lance sur le vélo sans station en Chine donc là on est en mode la pancarte là C'est probablement 10 fois notre funding.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Oui, d'accord. Oui, oui, c'est ça. Donc,

  • Paul-Adrien (Pony)

    tu arrives et tu fais... Ah ouais, ouais, ouais. Donc là, on arrive et effectivement, on est dans un truc où 2017, 10% de la production mondiale de vélos, c'est du vélo sans station, qui n'existait pas en 2016. Ah ouais, c'est ça. C'est genre un délire. C'est des milliards qui sont cramés en deux ans. Donc là, on arrive sur un truc où on se dit, ah ouais, en fait, on pensait être les premiers. En fait, en Asie, ils sont déjà dans un autre monde. et en fait l'intuition qu'on a eu en fait on réalise que tout le monde a la même c'est à dire que tu prends le problème de la mobilité en ville tout le monde le comprend le problème de le vélo c'est cool tout le monde le comprend c'est chiant d'avoir un vélo chez soi parce que si t'as pas de parking où est-ce que tu le gares et tu te le fais voler et le vélo partagé avec station c'est pas très pratique ça coûte très très cher du coup c'est souvent contraint dans les hypercentres avec très peu de dispo comment tu fais ça à très grande échelle pour le plus grand nombre pour pas cher... Et donc tu te dis je vais mettre des cadenas bluetooth sur des vélos et donc au final tout le monde a l'idée donc on arrive et donc le choc de voir que ouais en fait ça a vraiment déjà explosé et le choc aussi de voir à quelle vitesse du coup en ce salon en trois jours on prend un rendez-vous tous les jours sur le mois qui suit et pendant un mois on fait une visite d'usine Parchaud sur toute la Chine et on passe trois commandes chez trois fournisseurs différents.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et des commandes de combien de ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    De 200 vélos pour tester à l'origine. Mécaniques parce qu'à l'époque notre ambition c'était du vélo électrique mais on ne savait pas le faire, c'était trop loin. Donc on commence par tester sur du vélo mécanique. Et une commande qu'on n'a jamais reçue, une commande qu'on a reçue avec un an de retard, et une commande qu'on a reçue fin août. Donc on passe la commande en mai, fin août on a les vélos, et on lance en septembre.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et tu lances en septembre à Londres ou t'étais déjà revenu en France ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    À Oxford, à l'origine. Là, à ce moment-là, on se dit c'est quoi les villes en Angleterre où ça a du sens ? On se dit on va classer par par modal vélo. En fait, en Angleterre, il n'y a pas de culture vélo. Il y a maintenant, ça a vachement changé, mais à l'époque, il n'y avait pas du tout. Il n'y a que deux villes qui sortent du lot, en fait il y a les villes universitaires, notamment Cambridge et Oxford. Oxford, il faut savoir que le gros du centre-ville, les bâtiments ont plus de 1000 ans, donc c'est vraiment pas fait pour la voiture. C'est interdit d'ailleurs de rentrer avec sa voiture personnelle. Et donc en fait, t'as pas trop le choix quoi. Et donc on contacte Cambridge et Oxford. Cambridge s'était déjà fait contacter par Ofo, ils étaient hyper défensifs, ils nous ont envoyé bouler. Et Oxford était en mode, mais génial ! Allons-y.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et du coup, Oxford, la première location s'opère quel mois ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Septembre, début septembre. Premier septembre, la rentrée, je ne sais plus, premier ou le deux, on lance. Et qu'est-ce qui se passe ? Le même jour, Opho lance à Oxford. C'est une de leurs premières villes dans le monde en dehors de Chine.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    D'accord. C'est fou, du coup, la probabilité. Est-ce qu'ils avaient... Parce que tu t'étais fourni auprès de cette...

  • Paul-Adrien (Pony)

    Non, c'est parce qu'en fait, en Chine, le marché a explosé. Ils ont vu qu'un de leurs problèmes sur leur marché domestique, c'est qu'il y a eu trop de boîtes qui se sont créées. Avec un cadre réglementaire qui, à l'époque, était hyper permissif. Donc, tu ne demandais pas aux villes d'autorisation officiellement. La réglementation, c'était tu as le droit de lancer.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Oui, c'est ça.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et du coup, en fait, tu te retrouvais avec 20, 30, 40 marques dans une ville. Les gens se battent, les mecs se battent pour... occuper l'espace le plus possible et c'est là que tu te retrouves avec les fameuses pyramides de vélo. Et donc pour éviter ça, le but c'était de lever très vite, d'être le premier sur le marché et d'étouffer les concurrents. Et donc quand au Foulence en fait ils ne sont pas prêts, dans l'app il n'y a pas la fonction paiement. Donc l'app elle te permet d'ouvrir les vélos mais tu ne peux pas payer, c'est gratuit. Et donc on est sur un truc où le mec il vient... Josie Driver qui finalement maintenant est devenu quelqu'un avec qui on s'entend très bien mais qui à l'époque est arrivé pas commode, c'est un rugbyman lui-même d'ailleurs diplômé d'Oxford, ancien general manager de Zipcar, ancien general manager de Cherno, la filiale de BMW et qui vient et qui fait écoute moi j'ai un mandat, c'est de buter les mecs comme toi pour éviter d'avoir trop de compétiteurs. Donc de toute façon, nous où que tu ailles, on va se mettre en face. Et on va mettre dix fois plus de vélos et gratuit.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et donc là, tu dis, c'est l'ascenseur émotionnel. C'est génial de recevoir ces vélos, mais tu as le concurrent qui arrive en face. Donc à partir de là, à un moment fort, tu dois décider, j'imagine, d'aller ailleurs.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Là, on a une première décision, c'est est-ce qu'on rend l'argent aux actionnaires ? Est-ce qu'en fait, trop tard ? Et on a une analyse qui vient à l'époque finalement de notre... expérience précédente sur les fast moving consumer goods, c'est-à-dire sur notre marché de l'eau, on se rend compte qu'en fait on n'est pas sur un truc qui est vraiment winner takes all. On est sur un marché hyper local, donc c'est-à-dire en fait, s'il n'y a pas le vélo en bas de chez toi, tu ne vas pas le louer. Et le fait d'être très gros à Shanghai, ça ne va pas t'aider à Oxford. Donc à chaque ville, le combat va repartir. Et donc le but, c'est d'avoir le même nombre de vélos que les concurrents. Et quand les gens, ils n'ont qu'un vélo, ils prennent en face deux. Mais quand ils en ont plusieurs, ils vont faire un choix. Et ce choix, c'est comme dans la grande distribution. Finalement, le trottoir, ça devient le rayon de supermarché. Et donc, tu vas faire ton choix sur trois critères qui sont le prix, le produit et la brande. Le prix dans le rayon de supermarché, c'est critique parce qu'il est affiché. Et les produits sont classés par prix. En fait, les trucs pas chers sont en bas, les trucs chers sont en haut. Donc, tu as les gens pas chers, ils veulent la cristalline, ils prennent en bas la cristalline. Et les gens qui veulent le truc un peu bien, ils prennent Evian en haut. Et puis, entre les deux, tu as Volvic qui est fonctionnel, produit, etc. Et donc, nous, on fait cette analyse sur notre marché. Et on se rend compte que finalement, comme le prix n'est pas visible, il n'y a pas de sensibilité au prix. Et tu es sur un truc impulse. De toute façon, tu es tellement moins cher que les autres options qui sont le taxi. Et le bus, en fait, en Angleterre, coûte très, très cher. Donc, à l'époque, nous, on est face au bus qui a 4 euros le trajet à peu près à Oxford. Donc, c'est genre vraiment cher. Et nous, on le faisait à 80 centimes. Donc, si tu veux... Et donc, en fait, en vrai, on est sur un truc zéro sensibilité prix. Donc là, on se dit, mais en fait, au faux... Le seul truc où ils peuvent nous tuer, c'est de déployer trop de vélos. Et donc là, immédiatement, on lance une opération finalement de lobbying pour dire aux villes en Angleterre, et en France ensuite très vite, l'élément réglementaire que vous devez mettre en place, c'est au minimum de faire que tous les opérateurs aient le même nombre de vélos. Sinon, c'est la guerre à celui qui met le plus de vélos de mauvaise qualité, plutôt que la guerre sur la qualité de service. Et on a du mal à obtenir gain de cause en France, c'est pour ça qu'on lance pas Paris à l'époque, c'est pour ça qu'on lance pas Lyon, qu'on se lance pas dans cette course en France très tôt, mais on obtient gain de cause en Angleterre, et donc au faux, et Pony, et après Mobike nous rejoint, on a tous les trois 500 vélos, et là on valide en fait toute notre compréhension situe des fondamentaux de marché, et qui sont encore aujourd'hui ce qui drive énormément notre stratégie et la façon dont on opère, c'est... Un, c'est la distrib, donc il faut que tu sois présent pour que les gens puissent t'acheter. Il ne faut pas que tu sois moins bien distribué que la compétition. Et deux, ensuite, il faut que tu tailles te battre sur ton triptyque prix-produit-qualité en comprenant qu'il y aura différents segments de marché. Il y a des gens qui vont être sensibles au prix, il y a des gens qui vont être sensibles à la vente, il y a des gens qui vont être sensibles à différents éléments produits. En comprenant que nous, sur notre marché, il y a peu de sensibilité prix. Et donc, c'est brand... produits et c'est là dessus qu'on va travailler on va énormément investir dans la brand et on fait rentrer dans notre capital un qui est dans le top 3 des plus grosses agences de branding mondial en fast moving consumer goods qui est JKR qui est donc la brand qui a fait Domino's Pizza Ains, M&M's tu vois c'est des gens qui savent faire des produits qui se vendent tout seul sur un rayon de supermarché qui est exactement notre produit donc c'est eux qui ont fait toute la brand Pony Et après, on travaille à fond sur le produit. Et c'est là qu'on fait le double pony, notre vélo de place.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et alors, à quel moment, en quelle année, tu arrives en France ? Ça se passe comment ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et bien, comment on arrive en France ? En fait, tout de suite, parce que pour valider notre théorie, donc nous, on voyait qu'en fait, donc on cherchait à... Tu comprends que tu n'es pas une boîte tech. Tu comprends qu'en réalité, tu es une boîte fast-moving consumer goods, tech-enabled. Et tu dois du coup réfléchir à ce... à cette segmentation de marché, quels sont les différents segments, quel est le segment le plus intéressant, où est-ce qu'il faut attaquer. Tu vas appliquer le textbook de la stratégie FMCG et donc le premier truc que tu testes, c'est la sensibilité prix. Et donc tu fais des campagnes de promo et tu vois un peu comment les gens répondent. Et nous, on avait zéro réponse, mais en même temps, les gens qui sont sensibles au prix, ils avaient Ofo qui était gratuit. Donc forcément, les gens qui utilisent Ponis et qui ne sont pas sensibles au prix. Et donc très vite, on comprend qu'en fait, Ofo... tous les jeunes un peu du bon qui traînent ils prennent les hauts faux qui partent dans les quartiers machin et pony basse et les vélos qui sont à la gare en parfait état fonctionnel et tous les gens qui viennent à oxford pour travailler les profs à l'université machin bam ils arrivent ils descendent du train ils savent qu'il ya les bonnes et 80 centimes de toute façon qui se prend la tête pour 80 centimes et hop c'est parti et donc et donc voilà donc on on avait cette première ce premier retour d'expérience à oxford mais on était dans un environnement concurrentiel complètement distordue par l'excès de capital en Chine, parce qu'au fond, à l'époque, il y avait 2 milliards quasi en 6 mois d'existence. Et donc, il nous fallait un terrain d'expérimentation. Et à ce moment-là, on est contacté par Angers. Le fils du président de l'agence de développement économique est en stage de langue.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Que j'ai croisé il y a un mois de ça à Angers, et qui m'a raconté l'histoire, que je n'avais pas ce bout de l'histoire, mais vas-y.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et donc, il est... Il est en stage de langue à Anglais, à Oxford. Il a l'air de ne pas trop savoir comment s'occuper. Il nous contacte, il fait Les gars, je vois que vous lancez ça, je trouve ça trop bien. Est-ce que je peux travailler pour vous ? Mais sans savoir qu'on était français. Et en fait, il en parle à son père, qui en parle à Christophe Béchut qui venait, qui est le maire d'Angers, qui venait de rentrer d'Asie, où il avait vu le truc, il s'est dit Ça, c'est génial. Et il nous contacte en mode Est-ce que vous pouvez lancer à Angers ? Et nous, on avait besoin d'un autre marché. avec un peu des garanties sur le fait qu'on allait pouvoir avoir un terrain d'expérimentation. Et Angers, c'est leur truc, l'expérimentation. Ils se brandent comme le terrain d'expérimentation de plein de choses. Et donc, c'était le match, en fait. C'est l'alchimie qui est tombée parfaitement. Et donc, on a lancé avec la garantie d'une exclusivité de six mois. Et voilà, c'était parfait. Et c'est devenu, en fait, finalement... Une énorme success story. Angers c'est une des meilleures performances mondiales aujourd'hui sur le marché du vélo en libre-service. Et c'est grâce à ce hasard de concours aux circonstances.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et c'est à Angers que tu commences à réfléchir à cette histoire de Pony Angel ? Oui. Alors ça c'est intéressant. Quand Westphal Valley Explore et Epope a investi chez vous, moi, c'est ce qui m'avait fait vraiment vibrer, de se dire, il a craqué un truc par rapport à la communauté.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et donc, du coup, on lance Angers, à l'époque, avec une logique, on va acheter des véhicules, on va les louer. Et en fait, il y a eu une telle, au niveau mondial, Le marché de ce qu'on appelle en France le free-floating, et qui pour la petite anecdote n'est pas un mot anglais, le free-floating, ça s'appelle dockless dans le monde anglo-saxon, et en fait free-floating c'est que les français qui appellent ça free-floating, en croyant que c'est anglais, mais en fait non, c'est un mot inventé par le ministère des Transnord. Et du coup, ce qu'on appelle le free-floating, en fait il y a eu un excès d'infusion de cash colossal, des milliards qui sont tombés d'un seul coup, avec... Un truc qui est très dur à opérer, qui demande vraiment de l'exécution très fine. Et du coup, si tu vas vite et fort, l'exécution ne suit pas. Et donc, effectivement, un gâchis absolu.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Les limes, les bolts.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Exactement. Les birds, notamment. Les mecs, ils lancent à Paris. Ils ont un gars, deux stagiaires, 3000 trottinettes. Pas d'entrepôt, pas d'employés. On est dans le full système des juceurs. C'est la gamme J. C'est la... C'est vraiment la course à l'hypercroissance dans ce qu'elle a eu de plus malsain.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et c'est cette analyse, cette perception où tu dis, ah bah tiens.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et en fait, ce truc-là, on le subit. C'est-à-dire qu'en fait, c'est tellement fort et tellement violent que ça crée un rejet vraiment de la population sur les gens. Ils n'ont pas envie de ça, en fait. Ils n'ont pas envie d'avoir des trottinettes à 800, 900 balles jetées comme ça au milieu des trottoirs qui t'empêchent de marcher, qui prennent l'eau, qui se cassent. C'est pas ça le... alors que fondamentalement ce que nous on proposait c'était de dire c'est quand même contraignant d'avoir chacun un vélo chez soi, ça prend de la place, si t'as de la chance que t'as un parking ou que t'es dans une ville en province qui craint pas trop, bon très bien, mais quand t'es dans le centre-ville d'une grande ville, si tu laisses ton vélo sur les arceaux, tu sais qu'au bout de 12 mois il faudra en racheter un autre. Et donc tous ces gens-là ont essayé d'apporter un nouveau maillon finalement dans l'offre de transport et on s'attendait à être très très bien reçus. Et il y a eu en fait un vrai rejet. de tout le système du fait effectivement des excès. Et donc, on a eu besoin de se dire, on avait du coup ce problème, à la fois de problème de financement, puisqu'on était en mode, bon, il faut financer ces flottes, qui va le faire ? Sachant que tout le monde avait cette intuition que c'était, que les unités économiques étaient catastrophiques, parce qu'ils regardaient des gros qui avaient énormément levé, et il y a un peu ce réflexe, si tu as levé beaucoup, c'est que tu es très bon, alors qu'en fait, pas du tout, c'était un outil stratégique, la levée. Donc cette intuition que l'unité économique, ce n'était pas bon. Et en plus, un peu ce rejet au fond des gens de se dire, ce n'est pas ça l'avenir dont j'ai envie. Et donc, il nous a fallu retourner complètement le système. Et à Angers, en fait, au contraire, nous, on avait notre petit bonhomme de chemin avec une gestion bon père de famille, très, très attentif sur la qualité du service, sur la qualité de l'entretien. On passait un temps fou. Moi, j'ai fait toutes les ops moi-même, déplacer les vélos, les réparer, etc. vraiment mener le truc aux petits oignons, les gens l'ont senti et puis on a sorti un nouveau modèle de vélo

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    très BMX avec des roues bâtons, hyper brandés, hyper beaux, et qui a fait un carton. Et les gens, ils m'ont appelé, ils m'ont dit est-ce que je peux en acheter ? Et j'étais là, ben non, c'est des vélos de partage, je suis vraiment désolé et tout. Et à un moment, c'est là que ça a fait tilt. Je me suis dit, mais en fait, mais si c'est ça le truc, c'est tous ces gens, ils adorent ce qu'on fait, ils ont envie de nous soutenir, ils adorent le produit, et en plus, nous, on a un problème de financement, et ben en fait, tout ça, ça a du sens. Et en fait, on va... on va faire que le système appartient aux usagers. Et donc, on a cherché un peu le moyen le plus simple de faire ça. Et le meilleur moyen le plus simple, c'est ce qu'on a appelé Adopt un pony. C'est t'achètes un pony, c'est le tien, tu peux le privatiser si tu veux. Donc, c'est vraiment tu l'achètes, tu payes la TVA. Et après, tu le laisses en partage sur la plateforme si tu veux ou pas. Si tu le laisses, dès que quelqu'un le loue, on te refile 50% du revenu. Et nous, avec le reste, on s'occupe de la maintenance.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et tu as combien aujourd'hui de pony angels ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Ouais, c'est un peu presque... plus de 3000 et c'est quand même plus de la moitié de la flotte, c'est plusieurs millions d'euros qui ont été investis comme ça, ça a fait toute notre croissance si tu veux jusque là, la dernière opération où on commence en fait à avoir une échelle qui permet en fait de trouver ce mode de financement il est top mais quand même un peu cher donc il a plein d'avantages et bien sûr ça va rester au coeur de notre ADN mais et là on commence seulement effectivement à avoir

  • Paul-Adrien (Pony)

    un autre mode de financement qui est de la dette infrastructure voilà qui se déploie mais jusqu'à présent toute notre présence a été portée par adopte un pognon et donc les villes se sont enchaînés après angers donc ce sont des appels d'offres auxquels tu as répondu et donc à chaque fois le même accueil attendait tu gagnais énormément d'appels d'offres parce que là il y avait le supplément d'âme qui fonctionnait bien oui ouais en fait ça a pris ça a pas été tout de suite ça a pris un peu de temps nous en fait on a

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Là, à ce moment-là, on s'est dit, en fait, il faut réguler. En fait, on a compris très tôt qu'on n'allait pas réussir si on ne travaillait pas main dans la main avec les villes. Et on a fait une petite erreur, on a tenté, d'ailleurs, à Nantes, de forcer un peu le passage, et ça s'est très, très mal passé. On a compris que la mobilité, c'était tellement stratégique et tellement au cœur de ce qui est une des responsabilités les plus essentielles, finalement, de la ville, que de toute façon... Il fallait qu'on s'inscrive dans ce que les villes cherchaient à construire et le seul moyen de grossir, c'était d'être partenaire. Et donc, en fait, on s'est mis complètement de côté de cette guerre à la croissance qui a poussé à Paris, Lyon, Marseille,

  • Paul-Adrien (Pony)

    les grandes métropoles,

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    les très grosses villes. Et au contraire, on a lobby pour expliquer que ce modèle-là, il n'allait pas aboutir. Qu'en fait, tu n'étais pas sur un marché qui allait avec une dynamique. On a expliqué notre truc de fast-moving consumer goods, du coup, de la distrib, c'est la distrib qui est là avec l'extra. Et que du coup, tu n'avais pas des dynamiques qui allaient arriver à une situation stable où c'est la qualité qui l'emportait, la qualité de service pour l'usager, la qualité des véhicules, etc. Et donc, on a fait un énorme travail d'explication auprès du régulateur de dire non, il faut trouver un cadre qui pousse à la qualité de service. Et ça, ça a fait que ça a été intégré dans la loi d'orientation des mobilités qui était en discussion à ce moment-là en 2019. L'arbitrage final n'est pas du tout... tout celui auquel on s'attendait. Mais bon, au final, aujourd'hui, le marché est régulé. Et cette régulation, elle a eu pour effet quand même de bloquer le marché pendant deux ans. 2019, la loi de l'augmentation est en discussion. Les villes se disent tant que ce n'est pas voté, on attend. 2020, le Covid. Sorti de Covid, on a un peu autre chose à faire. Et finalement, c'est que fin 2021 que le marché se rouvre. Donc, on a quelques villes en France qui ont lancé. Il y en avait que six, en fait, avant le Covid. C'est les grandes métropoles et Angers. Donc en fait, c'est Paris, Lyon, Lille, Marseille, Grenoble, Angers. C'était les 6 villes. Nous, on avait Bordeaux, Angers. Angers, la seule ville qui était en monopole. Et après ça, la France prend énormément de retard par rapport à ses voisins européens. Sauf qu'en revanche, 2021, nous, on a depuis eu le temps de faire nos preuves. eu le temps de trouver le bon modèle, le modèle opérationnel, comment on fait pour les bonnes règles de parking, qu'est-ce qu'on doit dire aux gens. Quand Bird lance à Paris, ils n'ont même pas de consignes sur le stationnement. Et ils n'arrivent pas à travailler avec la ville pour les mettre en place, parce que si la ville donne des recommandations, c'est qu'elle a double le service, ce qu'elle ne veut pas faire. Si les opérateurs se mettent ensemble d'accord, il y a cet énorme problème du passager clandestin, où celui qui ne le fait pas, il se retrouve avec un énorme avantage d'avoir un truc qui est plus permissif. Et donc c'est le chaos absolu. Donc tout le monde se crame sur ces villes à perdre des quantités énormes d'argent, de véhicules avec des trucs gérés n'importe comment, etc. Nous, On se concentre au contraire sur travailler le produit, travailler l'expérience client, travailler les processus opérationnels, travailler la conception des véhicules, travailler la relation avec la ville. Et quand le marché finalement, 2021, les villes se disent Ok, on se réengage dans cette thématique vélo, comment on retravaille la mobile, ça redevient un sujet clé. Là, on est là, on a un track record, on a un soutien de poids. Deux qui sont la ville de Bordeaux, la ville d'Angers, qui sont très généreuses dans leur soutien depuis toujours pour dire on a Pony, ça se passe super bien, c'était super partenaire, ça devient nos meilleurs ambassadeurs et effectivement, sur les deux dernières années, il y a eu 20 appels d'offres, on en gagne 17 et les 3 qu'on perd, c'est des villes qui renouvellent les acteurs en place 100% des villes qui lancent un service pour la première fois, 100% de la croissance du marché,

  • Paul-Adrien (Pony)

    c'est Pony Et justement, c'est énorme ton histoire, tu parles beaucoup de qualité de service, justement Comment vous êtes structuré côté RH, que ce soit par ville, au siège ? Comment ça se passe ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Écoute, finalement, contre toute attente, c'est assez efficace. C'est-à-dire qu'en fait, en réalité, on arrive à avoir une, deux personnes par ville sur la partie maintenance. Après, on a des équipes sur la partie déplacement, les équipes vraiment terrain, déplacement, recharge. Ça, en général, c'est quelque chose qu'on sous-traite beaucoup. On travaille avec des opérateurs de cyclo-logistique. On travaille depuis récemment avec La Poste, qui est rentrée dans notre capitale justement pour développer cette activité au niveau national. Et après, on a vachement travaillé sur les process pour pouvoir créer un maximum de synergie entre les villes et du coup, pouvoir travailler un maximum depuis le siège. Et donc, tout ça, c'est géré après depuis le siège.

  • Paul-Adrien (Pony)

    D'accord, ok. Et sur l'aspect innovation ? Donc... Tu nous dis au début que tu avais été sourcé en Chine. Je crois que tu as une vraie volonté par rapport à tes engagements sociétaux de rapatrier la production en France. Comment tu gères tout ça au quotidien, tes indicateurs,

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    tout ça ? Oui, c'est la difficulté de notre métier. C'est qu'en fait, notre entreprise, elle demande d'avoir effectivement plusieurs métiers en même temps. que ce soit la conception des véhicules, l'exploitation de la flotte, la tech, le travail avec les villes sur la stratégie de mobilité, etc. Et ce que je disais, c'est que très très tôt, on comprend cette dimension produit dès le tout début. Le produit, ça va être un élément clé dans la façon dont les gens vont prendre la décision. Et on investit très tôt dans la création d'une équipe hardware. Ce qui à l'époque choque les gens. Ils sont en mode, les gars, vous êtes 15, pourquoi vous faites vos propres vélos ? Parce qu'en fait, c'est le nerf de la guerre. Et ça, personne n'a voulu le comprendre jusqu'à très tard. Et donc, on fait vraiment l'effort d'être en maîtrise de ce qui va faire la différence. Et donc, parmi lesquels la conception du vélo. Donc, notre premier vélo, le premier badge de 200 est fait sur étagère, mais le deuxième, il est déjà conçu chez nous, à l'époque le vélo MECA. Ensuite, on passe quand même 18 mois sur le vélo ELEC. Ça a été très, très dur. Et on fait le premier long tail, donc premier vélo de place. en libre-service dans le monde, toujours le seul à date, c'est-à-dire le seul vélo partagé qui vous permet de prendre un passager, et ce dès 6 ans, et ça c'est game changer. Et donc voilà, on travaille sur ça, et donc effectivement en parallèle des process opérationnels, de toute la partie tech, donc il y a un siège qui est assez costaud, avec une équipe qui est restreinte, donc ça veut dire effectivement des gros horaires.

  • Paul-Adrien (Pony)

    J'imagine bien, et les prochaines étapes du coup ? pour Pony, l'histoire de batterie, tout ça. C'est quoi les grandes étapes suite à cette fabuleuse levée de fonds ? On reviendra tout à l'heure sur la partie un peu investissement, mais voilà, les grandes étapes à venir.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    En gros, là, on est à une étape où le modèle fonctionne. Toutes les villes sont rentables. Il y a quelques exceptions, des villes qui sont en train de lancer ou des villes qui sont... notamment tout ce qui est station balnéaire, le modèle est très saisonnier, il y a encore des petits ajustements à faire. Mais au global, toutes les villes gagnent de l'argent. Maintenant, c'est qu'une question de grossir pour absorber le siège et de consolider. Améliorer la qualité des véhicules, améliorer la qualité des op'', certifier ISO, etc. Relocaliser la production des vélos. Relocaliser la production des vélos, on le fait à la fois pour des enjeux sociétaux. mais aussi pour des enjeux commerciaux vis-à-vis des collectivités. Et enfin, surtout, et ça, c'est la très bonne nouvelle, pour des questions de unité économique. En fait, la réalité, c'est que produire en Asie, c'est cher. Le transport, c'est hors de prix. Il y a une volatilité incroyable à la fois sur le coût du transport et surtout sur les délais des transports. Donc, tu immobilises un BFR colossal. Tu as peu de vision, finalement, sur la date de délivrer. Et aujourd'hui, on peut faire en France... pas tout, une partie, et en Europe la totalité, mieux et moins cher. Et c'est ça la bonne nouvelle, c'est qu'en fait la relocalisation, elle ne vient pas simplement pour des enjeux RSE qui sont cools, mais qui ne sont pas, elle vient pour des vrais drivers business, et nous on est en train de s'en rendre compte, je pense que beaucoup de gens vont s'en rendre compte bientôt, et je m'attends à ce qu'effectivement on voit beaucoup de choses se rapprocher, et ça c'est cool.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et les coulisses, donc tu as enchaîné quelques levées de fonds. Est-ce que tu peux nous en parler, justement, cette danse du ventre que tu as dû faire pour convaincre les uns et les autres, que ce soit sur la dernière levée ou les précédentes ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Les levées de fonds, c'est une histoire. Nous, on a été sur un secteur qui a été très sexy. Mais on a raté le coche finalement des méga levées. Les méga levées, elles ont été faites par des gens qui avaient des méga CV. Donc c'était Dot, l'ancien head du Europe de Uber. Bird, c'est un des mecs du Comex de Lyft et de Uber. Thiers, c'est le CEO, le fondateur de l'équivalent de Back Market en Allemagne. Donc c'est des gens qui étaient avec un... un pédigré qui leur permettait de faire des seeds à 20, 30 millions. Alors que bon, moi, je sortais de nulle part. On a raté ce coche-là. Ces gars-là, ils ont appliqué textbook la stratégie hypercroissance qui, en fait, ne fonctionne pas sur notre marché pour les raisons qu'on a évoquées. Les dynamiques de marché n'amènent pas naturellement à une situation stable quand tu appliques cette stratégie. Elles ne te permettent pas de consolider des vraies barrières à l'entrée. Et donc, en fait, tu brûles du cash sans limite. Et donc en fait, c'était compliqué pour nous d'expliquer comment avec quelques millions, on va battre TIRC à 600 millions. Et donc ça a été un énorme travail de conviction, ça a pris vraiment énormément de temps. Et en fait, à la fin, c'est une rencontre humaine, d'abord avec Demeter, ensuite avec Épopée Gestion, avec Vlad qui avait poussé le dossier, et ça a été un Vlad, un énorme feat. Et ensuite, plus récemment, avec dans notre nouveau tour, les équipes de La Poste, les équipes de l'ADEME, la communauté Blast, les équipes de Colam. Et donc, à chaque fois, finalement, il a fallu vraiment faire un travail, je pense, du fait de la nature de notre marché, peut-être vraiment plus important que d'autres boîtes, mais à la fin. Ce qui nous a permis de réussir, c'était la profondeur d'analyse et de compréhension de notre marché, la clarté stratégique. Et puis après, effectivement, des gens qui ont cette fibre entrepreneuriale, qui voient le problème et qui ont envie de le résoudre à nos côtés. Et voilà, il a fallu rien lâcher, tenir bon. Mais c'est vrai que le dernier tour, 23 millions. 23 millions, c'est 10 millions de dettes à cette BAC, ce que personne quasiment n'a fait à notre échelle. C'est 13 millions d'equities et au total, c'est quasi 18 mois de roadshow. Oui,

  • Paul-Adrien (Pony)

    c'est ça. C'est vrai que pour avoir vécu les coulisses de la dernière levée, effectivement, on était aussi sur une phase à un moment où les levées de fonds étaient complexes. Il faut remettre tout ça vraiment dans... vraiment dans le contexte. Je t'entends beaucoup parler du territoire. Pour toi, c'est quoi la vision du territoire, de la mobilité ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    La voiture est en train de s'effacer du centre-ville. C'est le sens de l'histoire. Et si on enlève les voitures, il faut une alternative, il faut permettre aux gens de se déplacer. Et elle s'efface parce qu'on se rend compte qu'elle n'est pas très efficace. Quand la densité augmente, l'efficacité de la voiture chute. Les villes, elles augmentent tous en densité. Et donc, elles se font remplacer par les transports en commun. Et les transports en commun, ce n'est pas porte à porte. Les horaires, la plupart des villes, ça continue à 20h, il n'y a plus de bus. Des fois, s'il y a un tram, c'est jusqu'à minuit. Et bon, quand vous rentrez du bar, voilà. Mais même, vous fermez la boutique, si vous n'habitez pas près de la voie de tram, vous êtes quand même coincé dans votre voiture, qui n'est pas si pratique que ça à utiliser la journée. Et donc, il y a ce besoin de rajouter un nouveau maillon, une nouvelle brique dans l'offre de transport. Et c'est ça qu'on construit. On construit ce premier kilomètre, dernier kilomètre. C'est le mode de transport le plus rapide, le plus fiable sur les trajets de moins de 5 km en centre-ville, quelle que soit la ville. Et 5 km, dans la plupart des grandes villes françaises, vous faites 90% de vos trajets. Et donc, c'est ça qu'on est en train de construire. L'objectif, c'est de créer une marque qui est... C'est la Poste, c'est la SNCF, c'est vous arrivez dans n'importe quelle ville de France, vous sortez pogné. Et c'est ça la vision.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Donc tu parles de très grandes marques. Moi j'ai la sensation... Dans notre domaine des startups, de voir de moins en moins de capitaines d'industrie. Souvent les gars, une belle exécution avec leur startup, puis effectivement l'opportunité de vendre, de faire le cash-out qui va bien. Est-ce que c'est ton sentiment ? Est-ce que toi tu te vois justement comme un capitaine d'industrie de la mobilité ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Là c'est la question piège parce que... un point qu'il faut comprendre sur la levée, c'est que dans la levée, un élément clé quand même, c'est l'excit. Et quand tu lèves avec des fonds, et j'ai eu du mal à l'accepter, et ça a été aussi une des raisons pour laquelle j'ai probablement eu du mal à lever, c'est que moi, je venais pas réellement pour faire une vraie exit, je venais pour construire Renault. Moi, je veux avoir des usines de vélo, je veux être RATP, du vélo. Mais du coup les gens ils se demandent ok mais si j'investis quand est-ce que je gagne de l'argent ? Et moi je me dis on verra plus tard, quand on aura un énorme truc on trouvera bien un moyen. Et en fait c'est vrai que cette question de l'excit elle est compliquée parce que là ça fait quand même 7 ans maintenant, il y a des fonds qui nous suivent depuis un bon moment, qui ont eux des enjeux de liquidités. Et donc à la fois on est partagé entre cette conviction qu'on est quelque chose sur quelque chose d'énorme, quelque chose de très long terme. à la fois il y a des enjeux de liquidité donc il va falloir voir comment le marché il évolue moi, nous on est prêt à jouer ce rôle de capitaine d'industrie et on est déjà aujourd'hui un des gros donneurs d'or dans le monde du vélo sur les batteries, on pousse notamment Gouache qui est un fabricant bordelais de batteries réparables et on est leur plus gros client et ça fait 4 ans qu'on pousse leur développement on fait la même chose sur les... les modules IoT. Aujourd'hui, on travaille avec un acteur qui n'est pas français, mais qu'on a considérablement aidé à se développer, mais qui est européen. Et on travaille avec des acteurs français pour les aider à construire un nouveau produit qui est adapté à nos besoins. Il y a des discussions en cours avec un fabricant de contrôleurs à Grenoble. Ça fait depuis 2017 qu'on discute. Finalement, ça n'aboutit pas. Mais on avance, on avance, on avance. Et j'espère bien qu'un jour, on va y arriver. On fait faire nos roues en France maintenant. donc les pièces en alu qui font les roues sont faites à côté d'Annecy elles sont assemblées en France et donc petit à petit comme ça on relocalise, on construit on aide des gens, on donne de la visibilité et donc ça j'espère bien qu'on arrivera à continuer à jouer ce rôle maintenant la question de l'excit je pense que nous on la pense en se disant il y a peut-être un moment où le meilleur moyen d'être au service de notre vision c'est de s'adosser à... quelqu'un qui la partage et qui a les moyens d'aller là où nous on ne peut pas aller seul.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et justement, tu parles de bosser telle ou telle structure en France. Tiens, j'aurais peut-être un sujet du côté de Van pour toi, des jeunes qui ont inventé un truc pour remplacer la chaîne, transmission par cardan.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Une ici ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Exactement. Bref, c'est des sujets intéressants. Justement, est-ce que tu prends le temps ? de transmettre un peu tout ce savoir à la jeune génération où tu étais bourbourg sur tes focus.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    On est dans l'exécution là.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et on arrive à la fin de l'interview. Quelle question t'aimerais que l'on te pose et que l'on ne te pose jamais ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Alors là, écoute, je pense une question qu'on ne pose pas souvent. C'est finalement comment ça va ? Je pense que les gens ne se rendent pas compte à quel point être entrepreneur, c'est quand même un sacrifice. Alors, ce n'est pas le cas pour tous, il y a des boîtes, ça se passe, voilà. Mais c'est un sacerdoce quand même, c'est un investissement. Aujourd'hui, même si avec la dernière levée de fonds, mon salaire augmente de 40%, il reste plus bas que celui que j'avais à la BNP il y a 8 ans. J'ai fait plusieurs années avec... pas de revenus et du jour au lendemain tout peut s'arrêter et donc tu es face à énormément d'incertitudes maintenant j'ai un fils qui a deux ans bon bah c'est vrai que je l'envoie à la crèche je rentre le soir il est couché donc il y a ce truc de je pense effectivement bien c'est une question qu'on ne pose pas si souvent que ça et en fait quand tu es jeune tu exécutes tu pousses et tout et puis Et puis tu te rends compte quand même que ça s'accumule et c'est vrai que c'est un investissement.

  • Paul-Adrien (Pony)

    C'est étonnant que tu dises comment ça va parce que tu es le troisième ou quatrième interviewé à me dire mais on ne me pose jamais la question comment ça va. Donc tu vois c'est un truc qui revient assez régulièrement. Dernière question, es-tu d'accord avec moi pour qualifier la destinée de Pony d'Epic ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Ah ouais, je pense que franchement, il y a une série Netflix sur tout ce qui s'est passé. Le combat contre Ofo, quand on est lancé à Oxford, les mecs étaient rodés autour de notre staff. On avait embauché des meufs pour distribuer les flyers qui travaillaient avec nous de chez Sibérie. Donc des petites filles toutes mignonnes et tout machin. Et c'était que des anciens de l'armée qui les intimidaient. On a commencé comme ça en arrivant en Chine. Les immenses trucs, les milliers de vélos, les... piles, les trottinettes à Paris, les luttes dans les ministères pour faire changer les lois. On a écrit des... J'ai écrit, moi, personnellement, des amendements. Alors que... Et puis construire le truc, construire des vélos, relocaliser... Non, ça a été... C'est une sacrée histoire.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Merci, Paul-Adrien. C'était l'épopée de Pony. par Sébastien Le Corfeig. N'hésitez pas à réagir et à partager ce podcast qui est disponible sur nos sites web ainsi que sur Apple Podcasts, Spotify ou Deezer. Avec Épopée Gestion et Explore, nous ambitionnons de créer des champions sur l'arc atlantique avec nos véhicules d'investissement et d'accélération dédiés aux PME et aux entreprises innovantes du territoire. Merci Paul-Adrien.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Merci à toi.

Chapters

  • Introduction à l'épisode et présentation de Paul-Adrien Cormoré

    00:34

  • Genèse de Pony et son développement depuis 2017

    00:40

  • Parcours personnel de Paul-Adrien et ses débuts entrepreneuriaux

    02:15

  • Expérience à la BNP et transition vers l'entrepreneuriat

    04:36

  • Moments clés et défis rencontrés dans l'histoire de Pony

    10:41

  • Lancement à Oxford et compétition avec Ofo

    15:19

  • Expansion à Angers et le succès du modèle Pony

    22:02

  • Adoption du modèle 'Adopte un Pony' et implication des usagers

    29:01

  • Perspectives d'avenir et innovations au sein de Pony

    37:11

  • Réflexions sur la levée de fonds et la vision à long terme de Pony

    41:41

Description

Dans cet épisode captivant de "L'épopée de...", Sébastien Le Corfec nous plonge dans l'univers inspirant de Paul-Adrien Cormerais, cofondateur de Pony, une entreprise française qui redéfinit la mobilité partagée. Ce podcast met en lumière le parcours exceptionnel de Paul-Adrien qui a su allier son éducation en ingénierie à son désir d'entreprendre. Dès son plus jeune âge, il a nourri l'ambition de créer un impact positif dans le domaine de la mobilité, et c'est avec Clara Vaisse qu'il a fondé Pony en 2017.


L'épopée de Pony ne se limite pas à une simple aventure entrepreneuriale. En tant qu'acteur clé dans le secteur des vélos et trottinettes électriques en libre-service, l'entreprise se distingue par son approche participative et son réseau étendu qui touche 21 villes françaises. Paul-Adrien partage avec nous les défis qu'ils ont rencontrés lors des levées de fonds, offrant un aperçu précieux sur l'investissement dans le secteur de la mobilité. Il évoque également les leçons apprises sur le marché, soulignant l'importance de la qualité du service dans leur stratégie, un aspect crucial pour séduire les usagers et bâtir une relation de confiance.


Alors que l'épisode se déroule, Paul-Adrien nous fait découvrir la vision de Pony pour l'avenir de la mobilité urbaine. Il parle de la relocalisation de la production en France, une initiative qui fait écho aux aspirations du territoire, et qui vise à renforcer l'économie locale. La transmission de valeurs et l'intégration des usagers dans le modèle économique de Pony sont également au cœur de leur démarche, illustrant un entrepreneuriat responsable et durable.


Cet épisode de "L'épopée de..." est une véritable ode à l'innovation et à l'entrepreneuriat. Que vous soyez un dirigeant en quête d'inspiration, un passionné de mobilité ou simplement curieux des initiatives qui émergent dans l'Ouest de la France, vous trouverez dans cette discussion des éléments qui résonneront avec vous.


Ne manquez pas cette opportunité d'explorer l'épopée de Pony, une entreprise qui incarne l'avenir de la mobilité durable et qui s'inscrit dans la dynamique de Xplore et d'Epopée. Écoutez cet épisode pour comprendre comment l'entrepreneuriat peut transformer des défis en opportunités, et comment, grâce à des initiatives comme Pony, nous pouvons tous contribuer à un avenir plus vert et plus connecté. Rejoignez-nous pour cette aventure enrichissante !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Je suis Sébastien Le Corfec, associé de l'entreprise d'investissement Épopée. Nous nous sommes mis en quête des grands dirigeants de l'Arc Atlantique. Tout comme la saison 3, nous gardons les mêmes fondamentaux pour cette saison 4. Vous racontez leur épopée entrepreneuriale avec un focus sur la nouvelle génération suite au classement l'Épopée des 40. Ce classement recense les 40 personnalités de moins de 40 ans les plus influentes de l'Arc Atlantique. Quels ont été leurs parcours ? Comment ont-ils innové ? Quelle est leur vision pour leur territoire ? L'Épopée de Paul-Adrien Cormoré, cofondateur de Pony, c'est maintenant. Paul-Adrien, bonjour.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Bonjour.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Depuis 2017, toi et Clara Vaisse, développé depuis Angers et Bordeaux, l'opérateur de mobilité partagé Pony, vous êtes le seul acteur français proposant des trottinettes électriques et des vélos en libre-service avec un système participatif. Aujourd'hui, Pony est présent en 21 villes dont vous venez de lever dernièrement 23 millions d'euros et au cours des six derniers mois, plus de 300 000 utilisateurs ont ainsi enfourché un Pony pour se déplacer. Et toi, Paul-Adrien, comment tu pitcherais Pony en une minute ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Eh bien Pony, c'est un service de vélo électrique, trottinette électrique en libre-service, c'est-à-dire que c'est des vélos qui sont disponibles dans la rue, à la location, au trajet, au moyen d'une application mobile, et qui vous permettent de faire des trajets de façon très rapide, pratique, fiable, en centre-ville, soit pour aller d'un point A à un point B, soit en combinaison avec la voiture que vous avez dû laisser un peu loin, ou le train, parce que vous revenez de votre destination de vacances.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Je parlais de 21 villes en intro, tu peux en citer quelques-unes ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Oui, effectivement, on couvre l'ensemble du territoire, on est l'opérateur avec le meilleur maillage, le plus gros maillage de très très loin en France. Et on fait des villes, des très grandes villes comme par exemple Nice, Bordeaux, Tours, des villes un peu plus petites comme La Roche-sur-Yon, Bourges. Et entre les deux, il y a des villes comme Beauvais, comme Évry, comme Lorient.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Ok, on va revenir à toute façon sur tous ces points-là dans le podcast. Mais avant, on va essayer de parler de la genèse d'Oxford, des levées de fonds, des défis à venir. Mais tout d'abord, qui se cache derrière la startup, ta jeunesse, tes études ? Comment se passe ton enfance ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Moi, je suis Toulousain d'origine. On est trois. J'ai une petite soeur, un petit frère. J'ai eu une enfance assez normale avec ma mère qui est vétérinaire, mon pet qui est cadre commercial dans les travaux publics. Et parcours un peu classique, prépa, école d'ingé. Et finalement, par contre, avec un truc qui est toute ma vie et depuis toujours, la volonté absolue d'entreprendre et de créer quelque chose. Et ça, c'est... Tu vois, si je dois dire, je vois autour de moi les entrepreneurs, il y a toute une catégorie d'entrepreneurs qui ont presque un peu la même flamme que les artistes, c'est-à-dire ce besoin d'entreprendre, tu vois, ce truc de... C'est pas je fais un choix parce que, intelligemment, je me dis c'est mieux que d'être dans un grand groupe, quoi. Non, c'est juste, t'as le besoin de le créer, t'as besoin d'être à la tête de ton truc. Et ça, c'est un truc que j'ai ressenti très très tôt, l'envie de... Tu vois, de... Face à... n'importe quel problème, l'envie de trouver la solution à ce problème, l'envie de le créer, de le make it happen en fait. Et ça, ça m'est venu très tôt. Finalement, dans mes études, ça s'est matérialisé avec plusieurs projets que j'ai montés, des projets associatifs, des projets un peu business. J'ai tenté de monter une boîte en prépa, ce qui est une très mauvaise idée, je ne le recommande à personne. Et ensuite...

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Qu'est-ce que c'était cette boîte-là ? Même si ça a été un échec.

  • Paul-Adrien (Pony)

    C'était plus... Ça n'a pas abouti, si tu veux, mais... Je me suis lancé dans toute une réflexion sur comment on pourrait recréer du lien entre les générations, déplacer les personnes âgées dans les centres-villes. Excellent. Un truc, vraiment l'immaturité totale de la jeunesse. Mais en tout cas, je n'arrivais pas à me concentrer sur mes études. Et j'étais toujours attiré vers les choses qui pouvaient me marquer au quotidien. Et où je me disais, ça, je pense que je peux faire quelque chose. Et immédiatement, mon cerveau, il part. Et puis ça y est, les solutions se mettent en place, je commence à réfléchir, je commence à me documenter. Et puis bon, ça n'a pas vraiment abouti jusqu'à Pony, même si Pony, ce n'est pas notre premier projet. Mais voilà, finalement, je suis quand même allé au bout de mes études. J'ai même continué plus loin parce qu'après mon école d'ingé en France, je suis parti faire une spécialisation en mathématiques financières à Londres, à l'Imperial. Et une chose entraînant une autre, je me suis retrouvé chercheur en salle de marché, spécialisé sur les dérivés de taux. Donc je travaillais sur les modèles financiers de pricing et de calcul de risque des dérivés de taux d'intérêt. Et ça,

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    ça t'a stimulé ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et ouais, alors en fait, j'avoue, j'ai pris ce job un peu à la base pour valider mes études. J'étais en mode, de toute façon, je ne vais jamais faire ça, je vais créer ma boîte, j'avais déjà mes projets, etc. Et en fait, je devais faire un stage pour valider mes études et le mec qui m'a recruté a démissionné entre le moment où il m'a recruté et le moment où je suis arrivé. Et quand je suis arrivé, le mec était en train de partir et ils m'ont fait Bon, écoute, mets-toi là dans un coin Je me suis retrouvé dans la salle de marché de la BNP à Londres. Pendant à peu près trois semaines, je n'ai rien eu à faire. J'étais plus ou moins en train de me maintenir Roland Garros en attendant qu'on me donne un truc à faire. Et au bout d'un moment, ils m'ont fait Bon, écoute, oublie le sujet de stage. Le mec part. essaye de voir ce que tu peux faire de son scope. Et je me suis retrouvé propulsé sur un truc hyper intéressant, hyper exposé, avec des mecs à côté de moi qui étaient des gens extraordinaires, d'un niveau... Moi, j'étais le seul mec de l'équipe qui n'avait pas fait de thèse. Et le mec assis à ma droite, Chris Hunter, c'est le prof de Calculsto et le prof de physique des trous noirs de Cambridge. Et donc, en parallèle de son job à la BNP. Et donc, c'est des mecs... Incroyable. Incroyable. Et donc, effectivement, ça a été... J'avais un manager extraordinaire, Cyril Tankwe. Malheureusement, on s'est perdu de vue depuis Pony. Ça a été tellement intense. Mais un manager extraordinaire qui m'a vraiment poussé, qui m'a fait grandir, qui m'a fait grandir en maturité énormément. Et finalement, je suis resté 5 ans et demi tiré par cette énergie. Mais avec quand même cette conscience que... fondamentalement je ne suis pas un chercheur en mathématiques il y a des gens qui sont meilleurs que moi à faire ça et moi mon truc c'est l'entrepreneuriat et donc la bascule c'est à 26-27 ans ouais c'est ça exactement donc je fais 5 ans et demi et puis à un moment je me dis en fait j'étais à un stade où en fait au bout d'un moment t'apprends moins et puis et puis voilà j'avais ce besoin en fait d'être plus en maîtrise de ce que je faisais et j'étais sur un truc où j'avais atteint un niveau de spécialisation dans un domaine très particulier sur des sujets bien précis où en fait il y avait moi, mon boss et 2-3 autres mecs qui comprenaient ce qu'on faisait mais bon j'avais peur moi à la fois de pas être le meilleur là-dedans et à un moment de me retrouver bloqué et à la fois et en plus c'était pas vraiment donc je me suis dit J'avais tous ces projets, j'avais tous ces projets. Et en fait, la petite histoire, c'est que je suis allé voir mes collègues de la BNP. Moi, je travaillais beaucoup avec les traders, qui sont des gens qui ont un appétit au risque particulier. Et je leur ai dit, les gars, j'ai une idée. Je monte une boîte, je vais faire des vélos partagés. À l'époque, je n'avais pas pensé aux trottinettes pour être transparent. Ça s'appelait Pony Bikes. Et je leur ai dit, on va prendre des vélos. On va mettre un cadenas. Maintenant, avec le Bluetooth Low Energy, ça coûte quelques... 20 balles, voilà. Et en fait, on va pouvoir remplacer des centaines de millions d'euros d'infrastructures de parking Vélib par quelques dizaines d'euros par vélo de station mobile. Et en faisant ça, on a un réseau beaucoup plus fin, beaucoup moins cher, avec des parkings à tous les coins de rue. C'est Game Changer. Et en une après-midi, on fait notre seed de 200 000 pounds à l'époque. Excellent. Et là, je pose ma dème. Et puis c'est parti.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et à quel moment tu croises Clara, ta cofondatrice ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Alors Clara c'est ma cofondatrice, mais c'est aussi ma femme. Et on s'est rencontrés à la deuxième soirée de mon école d'ingénieur. D'accord. Donc c'est l'histoire de toute une vie. Donc on s'est rencontrés très jeunes et on a toujours été ensemble. Elle était dans une autre école, puis on s'est retrouvés à Londres, elle est venue à Londres. On a monté une autre boîte avant, Sibérie.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Donc ça c'était avant tes 25-26 ans que t'as...

  • Paul-Adrien (Pony)

    Ouais, ouais, ouais. Une marque de boissons, on faisait de la sève de bouleau. D'accord. Et donc on était les premiers à faire... On surfait un peu sur ce qu'était l'idée de... Il y a eu le Coconut Water qui était la grande traîne des boissons. On s'est dit, est-ce qu'il n'y a pas un truc plus healthy, meilleur pour l'environnement ? On est tombés sur l'eau de... boulot, avec une approche qui était je pense pas la bonne maintenant, mais on le savait pas à l'époque qui était de on était pas driveé vraiment par le produit, on était pas nous-mêmes à la base passionnés et convaincus du truc, mais on cherchait plus une opportunité business et maintenant je sais que c'est il faut quand même avoir une passion dans ce qu'on fait pour arriver au bout, c'est dur, mais bon malgré tout on s'est quand même lancé là-dedans et on a créé effectivement Siberi qui a été une des plus grosses croissances food and drinks au UK à l'époque À l'époque, c'était... quoi, 2013, 2014, quelque chose comme ça, avec Clara et du coup un autre associé, Mehdi, qui était un de mes meilleurs potes d'école aussi, qui lui aussi était en finance. Mehdi et Clara ont quitté leur job pour se mettre en plein sur Sibérie, et moi je suis resté à la BNP, et c'est là que j'ai commencé à... Après j'ai passé la main sur Sibérie, et j'ai commencé à bosser sur Pony, et après on a vendu Sibérie, et Clara m'a rejoint.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    D'accord, et elle te rejoint au bout de combien de temps ? Parce que tu as l'idée du côté de la...

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et le tout début. En fait, il se trouve que le calendrier a parfaitement matché. Donc, j'ai posé ma dème en avril et en mai, elle était avec moi.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et par rapport du coup à cette histoire de Pony, donc on comprend un peu la genèse, mais est-ce que tu peux revenir sur 3, 4 moments forts qui t'ont marqué, des phases clés du début jusqu'à maintenant ? Certes, il y a eu la levée de... de 23 millions et de nouveaux acteurs qui sont rentrés, sans parler que de financement, des moments forts dans cette histoire de

  • Paul-Adrien (Pony)

    Pony. Une histoire comme Pony, c'est des moments forts les uns après les autres, forcément. Je pense que les moments les plus forts, c'est les moments du début où tu te lances avec rien, avec une intuition de quelque chose, une envie profonde au fond de toi de te dire ce truc-là, ça me saoule. Moi, j'avais un... Un scoot à Londres, que je me suis fait voler, je me suis fait voler avec un vélo, et je voulais en fait une autre solution pour se déplacer, j'avais envie de travailler sur cette question. Donc tu pars avec un truc, mais tu sais pas trop comment tu vas y arriver. Et ce qui est assez choquant au début, c'est la vitesse à laquelle, finalement, en quelques mois, t'arrives à passer de zéro à presque un, et en tout cas, tu vois, un démonstrateur et quelque chose. Et donc ça, j'avoue que c'est une... période, la période du début qui est dingue. Donc moi, je suis parti en avril. Je suis parti un mois. Moi, j'avais fait que de la... J'étais que dans... J'étais chercheur mathématique en banque. J'étais en costume. Je ne connaissais rien au monde physique. Donc je faisais un peu d'électronique le week-end avec un pote pour... Comme mon hobby. Donc voilà. Bon, c'était quand même... Mais du coup, je suis parti en Chine comme ça. Il y avait un salon, il se trouve, le premier week-end de mai. il y a un salon du vélo à Shanghai je ne savais pas donc on est en quelle année ? mai 2017 je pars au salon de Shanghai le salon de Shanghai t'arrives et il y a la salle du salon des expos de Shanghai c'est un trèfle à 4 feuilles et chaque feuille du trèfle c'est 2 fois le stade de France donc le truc t'arrives le tour tu le fais en golfette, tu ne peux même pas le faire à pied c'est un délire et donc je rentre dans le truc tout le salon c'est pas le haut mais il y a quand même 2 feuilles et je me dis donc l'équivalent de 4 fois le stade de France c'est dédié au vélo sur 2 niveaux donc c'est genre délirant et on arrive nous on se dit on va faire du vélo sans station, on avait une idée vaguement que ça existait en Chine mais on avait pas trop réalisé et dis-toi, toute la surface du bâtiment il y a une banderole jaune qui doit faire du coup plusieurs centaines de mètres de long c'est le nom de Ofo qui se lance sur le vélo sans station en Chine donc là on est en mode la pancarte là C'est probablement 10 fois notre funding.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Oui, d'accord. Oui, oui, c'est ça. Donc,

  • Paul-Adrien (Pony)

    tu arrives et tu fais... Ah ouais, ouais, ouais. Donc là, on arrive et effectivement, on est dans un truc où 2017, 10% de la production mondiale de vélos, c'est du vélo sans station, qui n'existait pas en 2016. Ah ouais, c'est ça. C'est genre un délire. C'est des milliards qui sont cramés en deux ans. Donc là, on arrive sur un truc où on se dit, ah ouais, en fait, on pensait être les premiers. En fait, en Asie, ils sont déjà dans un autre monde. et en fait l'intuition qu'on a eu en fait on réalise que tout le monde a la même c'est à dire que tu prends le problème de la mobilité en ville tout le monde le comprend le problème de le vélo c'est cool tout le monde le comprend c'est chiant d'avoir un vélo chez soi parce que si t'as pas de parking où est-ce que tu le gares et tu te le fais voler et le vélo partagé avec station c'est pas très pratique ça coûte très très cher du coup c'est souvent contraint dans les hypercentres avec très peu de dispo comment tu fais ça à très grande échelle pour le plus grand nombre pour pas cher... Et donc tu te dis je vais mettre des cadenas bluetooth sur des vélos et donc au final tout le monde a l'idée donc on arrive et donc le choc de voir que ouais en fait ça a vraiment déjà explosé et le choc aussi de voir à quelle vitesse du coup en ce salon en trois jours on prend un rendez-vous tous les jours sur le mois qui suit et pendant un mois on fait une visite d'usine Parchaud sur toute la Chine et on passe trois commandes chez trois fournisseurs différents.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et des commandes de combien de ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    De 200 vélos pour tester à l'origine. Mécaniques parce qu'à l'époque notre ambition c'était du vélo électrique mais on ne savait pas le faire, c'était trop loin. Donc on commence par tester sur du vélo mécanique. Et une commande qu'on n'a jamais reçue, une commande qu'on a reçue avec un an de retard, et une commande qu'on a reçue fin août. Donc on passe la commande en mai, fin août on a les vélos, et on lance en septembre.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et tu lances en septembre à Londres ou t'étais déjà revenu en France ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    À Oxford, à l'origine. Là, à ce moment-là, on se dit c'est quoi les villes en Angleterre où ça a du sens ? On se dit on va classer par par modal vélo. En fait, en Angleterre, il n'y a pas de culture vélo. Il y a maintenant, ça a vachement changé, mais à l'époque, il n'y avait pas du tout. Il n'y a que deux villes qui sortent du lot, en fait il y a les villes universitaires, notamment Cambridge et Oxford. Oxford, il faut savoir que le gros du centre-ville, les bâtiments ont plus de 1000 ans, donc c'est vraiment pas fait pour la voiture. C'est interdit d'ailleurs de rentrer avec sa voiture personnelle. Et donc en fait, t'as pas trop le choix quoi. Et donc on contacte Cambridge et Oxford. Cambridge s'était déjà fait contacter par Ofo, ils étaient hyper défensifs, ils nous ont envoyé bouler. Et Oxford était en mode, mais génial ! Allons-y.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et du coup, Oxford, la première location s'opère quel mois ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Septembre, début septembre. Premier septembre, la rentrée, je ne sais plus, premier ou le deux, on lance. Et qu'est-ce qui se passe ? Le même jour, Opho lance à Oxford. C'est une de leurs premières villes dans le monde en dehors de Chine.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    D'accord. C'est fou, du coup, la probabilité. Est-ce qu'ils avaient... Parce que tu t'étais fourni auprès de cette...

  • Paul-Adrien (Pony)

    Non, c'est parce qu'en fait, en Chine, le marché a explosé. Ils ont vu qu'un de leurs problèmes sur leur marché domestique, c'est qu'il y a eu trop de boîtes qui se sont créées. Avec un cadre réglementaire qui, à l'époque, était hyper permissif. Donc, tu ne demandais pas aux villes d'autorisation officiellement. La réglementation, c'était tu as le droit de lancer.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Oui, c'est ça.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et du coup, en fait, tu te retrouvais avec 20, 30, 40 marques dans une ville. Les gens se battent, les mecs se battent pour... occuper l'espace le plus possible et c'est là que tu te retrouves avec les fameuses pyramides de vélo. Et donc pour éviter ça, le but c'était de lever très vite, d'être le premier sur le marché et d'étouffer les concurrents. Et donc quand au Foulence en fait ils ne sont pas prêts, dans l'app il n'y a pas la fonction paiement. Donc l'app elle te permet d'ouvrir les vélos mais tu ne peux pas payer, c'est gratuit. Et donc on est sur un truc où le mec il vient... Josie Driver qui finalement maintenant est devenu quelqu'un avec qui on s'entend très bien mais qui à l'époque est arrivé pas commode, c'est un rugbyman lui-même d'ailleurs diplômé d'Oxford, ancien general manager de Zipcar, ancien general manager de Cherno, la filiale de BMW et qui vient et qui fait écoute moi j'ai un mandat, c'est de buter les mecs comme toi pour éviter d'avoir trop de compétiteurs. Donc de toute façon, nous où que tu ailles, on va se mettre en face. Et on va mettre dix fois plus de vélos et gratuit.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et donc là, tu dis, c'est l'ascenseur émotionnel. C'est génial de recevoir ces vélos, mais tu as le concurrent qui arrive en face. Donc à partir de là, à un moment fort, tu dois décider, j'imagine, d'aller ailleurs.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Là, on a une première décision, c'est est-ce qu'on rend l'argent aux actionnaires ? Est-ce qu'en fait, trop tard ? Et on a une analyse qui vient à l'époque finalement de notre... expérience précédente sur les fast moving consumer goods, c'est-à-dire sur notre marché de l'eau, on se rend compte qu'en fait on n'est pas sur un truc qui est vraiment winner takes all. On est sur un marché hyper local, donc c'est-à-dire en fait, s'il n'y a pas le vélo en bas de chez toi, tu ne vas pas le louer. Et le fait d'être très gros à Shanghai, ça ne va pas t'aider à Oxford. Donc à chaque ville, le combat va repartir. Et donc le but, c'est d'avoir le même nombre de vélos que les concurrents. Et quand les gens, ils n'ont qu'un vélo, ils prennent en face deux. Mais quand ils en ont plusieurs, ils vont faire un choix. Et ce choix, c'est comme dans la grande distribution. Finalement, le trottoir, ça devient le rayon de supermarché. Et donc, tu vas faire ton choix sur trois critères qui sont le prix, le produit et la brande. Le prix dans le rayon de supermarché, c'est critique parce qu'il est affiché. Et les produits sont classés par prix. En fait, les trucs pas chers sont en bas, les trucs chers sont en haut. Donc, tu as les gens pas chers, ils veulent la cristalline, ils prennent en bas la cristalline. Et les gens qui veulent le truc un peu bien, ils prennent Evian en haut. Et puis, entre les deux, tu as Volvic qui est fonctionnel, produit, etc. Et donc, nous, on fait cette analyse sur notre marché. Et on se rend compte que finalement, comme le prix n'est pas visible, il n'y a pas de sensibilité au prix. Et tu es sur un truc impulse. De toute façon, tu es tellement moins cher que les autres options qui sont le taxi. Et le bus, en fait, en Angleterre, coûte très, très cher. Donc, à l'époque, nous, on est face au bus qui a 4 euros le trajet à peu près à Oxford. Donc, c'est genre vraiment cher. Et nous, on le faisait à 80 centimes. Donc, si tu veux... Et donc, en fait, en vrai, on est sur un truc zéro sensibilité prix. Donc là, on se dit, mais en fait, au faux... Le seul truc où ils peuvent nous tuer, c'est de déployer trop de vélos. Et donc là, immédiatement, on lance une opération finalement de lobbying pour dire aux villes en Angleterre, et en France ensuite très vite, l'élément réglementaire que vous devez mettre en place, c'est au minimum de faire que tous les opérateurs aient le même nombre de vélos. Sinon, c'est la guerre à celui qui met le plus de vélos de mauvaise qualité, plutôt que la guerre sur la qualité de service. Et on a du mal à obtenir gain de cause en France, c'est pour ça qu'on lance pas Paris à l'époque, c'est pour ça qu'on lance pas Lyon, qu'on se lance pas dans cette course en France très tôt, mais on obtient gain de cause en Angleterre, et donc au faux, et Pony, et après Mobike nous rejoint, on a tous les trois 500 vélos, et là on valide en fait toute notre compréhension situe des fondamentaux de marché, et qui sont encore aujourd'hui ce qui drive énormément notre stratégie et la façon dont on opère, c'est... Un, c'est la distrib, donc il faut que tu sois présent pour que les gens puissent t'acheter. Il ne faut pas que tu sois moins bien distribué que la compétition. Et deux, ensuite, il faut que tu tailles te battre sur ton triptyque prix-produit-qualité en comprenant qu'il y aura différents segments de marché. Il y a des gens qui vont être sensibles au prix, il y a des gens qui vont être sensibles à la vente, il y a des gens qui vont être sensibles à différents éléments produits. En comprenant que nous, sur notre marché, il y a peu de sensibilité prix. Et donc, c'est brand... produits et c'est là dessus qu'on va travailler on va énormément investir dans la brand et on fait rentrer dans notre capital un qui est dans le top 3 des plus grosses agences de branding mondial en fast moving consumer goods qui est JKR qui est donc la brand qui a fait Domino's Pizza Ains, M&M's tu vois c'est des gens qui savent faire des produits qui se vendent tout seul sur un rayon de supermarché qui est exactement notre produit donc c'est eux qui ont fait toute la brand Pony Et après, on travaille à fond sur le produit. Et c'est là qu'on fait le double pony, notre vélo de place.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et alors, à quel moment, en quelle année, tu arrives en France ? Ça se passe comment ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et bien, comment on arrive en France ? En fait, tout de suite, parce que pour valider notre théorie, donc nous, on voyait qu'en fait, donc on cherchait à... Tu comprends que tu n'es pas une boîte tech. Tu comprends qu'en réalité, tu es une boîte fast-moving consumer goods, tech-enabled. Et tu dois du coup réfléchir à ce... à cette segmentation de marché, quels sont les différents segments, quel est le segment le plus intéressant, où est-ce qu'il faut attaquer. Tu vas appliquer le textbook de la stratégie FMCG et donc le premier truc que tu testes, c'est la sensibilité prix. Et donc tu fais des campagnes de promo et tu vois un peu comment les gens répondent. Et nous, on avait zéro réponse, mais en même temps, les gens qui sont sensibles au prix, ils avaient Ofo qui était gratuit. Donc forcément, les gens qui utilisent Ponis et qui ne sont pas sensibles au prix. Et donc très vite, on comprend qu'en fait, Ofo... tous les jeunes un peu du bon qui traînent ils prennent les hauts faux qui partent dans les quartiers machin et pony basse et les vélos qui sont à la gare en parfait état fonctionnel et tous les gens qui viennent à oxford pour travailler les profs à l'université machin bam ils arrivent ils descendent du train ils savent qu'il ya les bonnes et 80 centimes de toute façon qui se prend la tête pour 80 centimes et hop c'est parti et donc et donc voilà donc on on avait cette première ce premier retour d'expérience à oxford mais on était dans un environnement concurrentiel complètement distordue par l'excès de capital en Chine, parce qu'au fond, à l'époque, il y avait 2 milliards quasi en 6 mois d'existence. Et donc, il nous fallait un terrain d'expérimentation. Et à ce moment-là, on est contacté par Angers. Le fils du président de l'agence de développement économique est en stage de langue.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Que j'ai croisé il y a un mois de ça à Angers, et qui m'a raconté l'histoire, que je n'avais pas ce bout de l'histoire, mais vas-y.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et donc, il est... Il est en stage de langue à Anglais, à Oxford. Il a l'air de ne pas trop savoir comment s'occuper. Il nous contacte, il fait Les gars, je vois que vous lancez ça, je trouve ça trop bien. Est-ce que je peux travailler pour vous ? Mais sans savoir qu'on était français. Et en fait, il en parle à son père, qui en parle à Christophe Béchut qui venait, qui est le maire d'Angers, qui venait de rentrer d'Asie, où il avait vu le truc, il s'est dit Ça, c'est génial. Et il nous contacte en mode Est-ce que vous pouvez lancer à Angers ? Et nous, on avait besoin d'un autre marché. avec un peu des garanties sur le fait qu'on allait pouvoir avoir un terrain d'expérimentation. Et Angers, c'est leur truc, l'expérimentation. Ils se brandent comme le terrain d'expérimentation de plein de choses. Et donc, c'était le match, en fait. C'est l'alchimie qui est tombée parfaitement. Et donc, on a lancé avec la garantie d'une exclusivité de six mois. Et voilà, c'était parfait. Et c'est devenu, en fait, finalement... Une énorme success story. Angers c'est une des meilleures performances mondiales aujourd'hui sur le marché du vélo en libre-service. Et c'est grâce à ce hasard de concours aux circonstances.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et c'est à Angers que tu commences à réfléchir à cette histoire de Pony Angel ? Oui. Alors ça c'est intéressant. Quand Westphal Valley Explore et Epope a investi chez vous, moi, c'est ce qui m'avait fait vraiment vibrer, de se dire, il a craqué un truc par rapport à la communauté.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et donc, du coup, on lance Angers, à l'époque, avec une logique, on va acheter des véhicules, on va les louer. Et en fait, il y a eu une telle, au niveau mondial, Le marché de ce qu'on appelle en France le free-floating, et qui pour la petite anecdote n'est pas un mot anglais, le free-floating, ça s'appelle dockless dans le monde anglo-saxon, et en fait free-floating c'est que les français qui appellent ça free-floating, en croyant que c'est anglais, mais en fait non, c'est un mot inventé par le ministère des Transnord. Et du coup, ce qu'on appelle le free-floating, en fait il y a eu un excès d'infusion de cash colossal, des milliards qui sont tombés d'un seul coup, avec... Un truc qui est très dur à opérer, qui demande vraiment de l'exécution très fine. Et du coup, si tu vas vite et fort, l'exécution ne suit pas. Et donc, effectivement, un gâchis absolu.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Les limes, les bolts.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Exactement. Les birds, notamment. Les mecs, ils lancent à Paris. Ils ont un gars, deux stagiaires, 3000 trottinettes. Pas d'entrepôt, pas d'employés. On est dans le full système des juceurs. C'est la gamme J. C'est la... C'est vraiment la course à l'hypercroissance dans ce qu'elle a eu de plus malsain.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Et c'est cette analyse, cette perception où tu dis, ah bah tiens.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et en fait, ce truc-là, on le subit. C'est-à-dire qu'en fait, c'est tellement fort et tellement violent que ça crée un rejet vraiment de la population sur les gens. Ils n'ont pas envie de ça, en fait. Ils n'ont pas envie d'avoir des trottinettes à 800, 900 balles jetées comme ça au milieu des trottoirs qui t'empêchent de marcher, qui prennent l'eau, qui se cassent. C'est pas ça le... alors que fondamentalement ce que nous on proposait c'était de dire c'est quand même contraignant d'avoir chacun un vélo chez soi, ça prend de la place, si t'as de la chance que t'as un parking ou que t'es dans une ville en province qui craint pas trop, bon très bien, mais quand t'es dans le centre-ville d'une grande ville, si tu laisses ton vélo sur les arceaux, tu sais qu'au bout de 12 mois il faudra en racheter un autre. Et donc tous ces gens-là ont essayé d'apporter un nouveau maillon finalement dans l'offre de transport et on s'attendait à être très très bien reçus. Et il y a eu en fait un vrai rejet. de tout le système du fait effectivement des excès. Et donc, on a eu besoin de se dire, on avait du coup ce problème, à la fois de problème de financement, puisqu'on était en mode, bon, il faut financer ces flottes, qui va le faire ? Sachant que tout le monde avait cette intuition que c'était, que les unités économiques étaient catastrophiques, parce qu'ils regardaient des gros qui avaient énormément levé, et il y a un peu ce réflexe, si tu as levé beaucoup, c'est que tu es très bon, alors qu'en fait, pas du tout, c'était un outil stratégique, la levée. Donc cette intuition que l'unité économique, ce n'était pas bon. Et en plus, un peu ce rejet au fond des gens de se dire, ce n'est pas ça l'avenir dont j'ai envie. Et donc, il nous a fallu retourner complètement le système. Et à Angers, en fait, au contraire, nous, on avait notre petit bonhomme de chemin avec une gestion bon père de famille, très, très attentif sur la qualité du service, sur la qualité de l'entretien. On passait un temps fou. Moi, j'ai fait toutes les ops moi-même, déplacer les vélos, les réparer, etc. vraiment mener le truc aux petits oignons, les gens l'ont senti et puis on a sorti un nouveau modèle de vélo

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    très BMX avec des roues bâtons, hyper brandés, hyper beaux, et qui a fait un carton. Et les gens, ils m'ont appelé, ils m'ont dit est-ce que je peux en acheter ? Et j'étais là, ben non, c'est des vélos de partage, je suis vraiment désolé et tout. Et à un moment, c'est là que ça a fait tilt. Je me suis dit, mais en fait, mais si c'est ça le truc, c'est tous ces gens, ils adorent ce qu'on fait, ils ont envie de nous soutenir, ils adorent le produit, et en plus, nous, on a un problème de financement, et ben en fait, tout ça, ça a du sens. Et en fait, on va... on va faire que le système appartient aux usagers. Et donc, on a cherché un peu le moyen le plus simple de faire ça. Et le meilleur moyen le plus simple, c'est ce qu'on a appelé Adopt un pony. C'est t'achètes un pony, c'est le tien, tu peux le privatiser si tu veux. Donc, c'est vraiment tu l'achètes, tu payes la TVA. Et après, tu le laisses en partage sur la plateforme si tu veux ou pas. Si tu le laisses, dès que quelqu'un le loue, on te refile 50% du revenu. Et nous, avec le reste, on s'occupe de la maintenance.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et tu as combien aujourd'hui de pony angels ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Ouais, c'est un peu presque... plus de 3000 et c'est quand même plus de la moitié de la flotte, c'est plusieurs millions d'euros qui ont été investis comme ça, ça a fait toute notre croissance si tu veux jusque là, la dernière opération où on commence en fait à avoir une échelle qui permet en fait de trouver ce mode de financement il est top mais quand même un peu cher donc il a plein d'avantages et bien sûr ça va rester au coeur de notre ADN mais et là on commence seulement effectivement à avoir

  • Paul-Adrien (Pony)

    un autre mode de financement qui est de la dette infrastructure voilà qui se déploie mais jusqu'à présent toute notre présence a été portée par adopte un pognon et donc les villes se sont enchaînés après angers donc ce sont des appels d'offres auxquels tu as répondu et donc à chaque fois le même accueil attendait tu gagnais énormément d'appels d'offres parce que là il y avait le supplément d'âme qui fonctionnait bien oui ouais en fait ça a pris ça a pas été tout de suite ça a pris un peu de temps nous en fait on a

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Là, à ce moment-là, on s'est dit, en fait, il faut réguler. En fait, on a compris très tôt qu'on n'allait pas réussir si on ne travaillait pas main dans la main avec les villes. Et on a fait une petite erreur, on a tenté, d'ailleurs, à Nantes, de forcer un peu le passage, et ça s'est très, très mal passé. On a compris que la mobilité, c'était tellement stratégique et tellement au cœur de ce qui est une des responsabilités les plus essentielles, finalement, de la ville, que de toute façon... Il fallait qu'on s'inscrive dans ce que les villes cherchaient à construire et le seul moyen de grossir, c'était d'être partenaire. Et donc, en fait, on s'est mis complètement de côté de cette guerre à la croissance qui a poussé à Paris, Lyon, Marseille,

  • Paul-Adrien (Pony)

    les grandes métropoles,

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    les très grosses villes. Et au contraire, on a lobby pour expliquer que ce modèle-là, il n'allait pas aboutir. Qu'en fait, tu n'étais pas sur un marché qui allait avec une dynamique. On a expliqué notre truc de fast-moving consumer goods, du coup, de la distrib, c'est la distrib qui est là avec l'extra. Et que du coup, tu n'avais pas des dynamiques qui allaient arriver à une situation stable où c'est la qualité qui l'emportait, la qualité de service pour l'usager, la qualité des véhicules, etc. Et donc, on a fait un énorme travail d'explication auprès du régulateur de dire non, il faut trouver un cadre qui pousse à la qualité de service. Et ça, ça a fait que ça a été intégré dans la loi d'orientation des mobilités qui était en discussion à ce moment-là en 2019. L'arbitrage final n'est pas du tout... tout celui auquel on s'attendait. Mais bon, au final, aujourd'hui, le marché est régulé. Et cette régulation, elle a eu pour effet quand même de bloquer le marché pendant deux ans. 2019, la loi de l'augmentation est en discussion. Les villes se disent tant que ce n'est pas voté, on attend. 2020, le Covid. Sorti de Covid, on a un peu autre chose à faire. Et finalement, c'est que fin 2021 que le marché se rouvre. Donc, on a quelques villes en France qui ont lancé. Il y en avait que six, en fait, avant le Covid. C'est les grandes métropoles et Angers. Donc en fait, c'est Paris, Lyon, Lille, Marseille, Grenoble, Angers. C'était les 6 villes. Nous, on avait Bordeaux, Angers. Angers, la seule ville qui était en monopole. Et après ça, la France prend énormément de retard par rapport à ses voisins européens. Sauf qu'en revanche, 2021, nous, on a depuis eu le temps de faire nos preuves. eu le temps de trouver le bon modèle, le modèle opérationnel, comment on fait pour les bonnes règles de parking, qu'est-ce qu'on doit dire aux gens. Quand Bird lance à Paris, ils n'ont même pas de consignes sur le stationnement. Et ils n'arrivent pas à travailler avec la ville pour les mettre en place, parce que si la ville donne des recommandations, c'est qu'elle a double le service, ce qu'elle ne veut pas faire. Si les opérateurs se mettent ensemble d'accord, il y a cet énorme problème du passager clandestin, où celui qui ne le fait pas, il se retrouve avec un énorme avantage d'avoir un truc qui est plus permissif. Et donc c'est le chaos absolu. Donc tout le monde se crame sur ces villes à perdre des quantités énormes d'argent, de véhicules avec des trucs gérés n'importe comment, etc. Nous, On se concentre au contraire sur travailler le produit, travailler l'expérience client, travailler les processus opérationnels, travailler la conception des véhicules, travailler la relation avec la ville. Et quand le marché finalement, 2021, les villes se disent Ok, on se réengage dans cette thématique vélo, comment on retravaille la mobile, ça redevient un sujet clé. Là, on est là, on a un track record, on a un soutien de poids. Deux qui sont la ville de Bordeaux, la ville d'Angers, qui sont très généreuses dans leur soutien depuis toujours pour dire on a Pony, ça se passe super bien, c'était super partenaire, ça devient nos meilleurs ambassadeurs et effectivement, sur les deux dernières années, il y a eu 20 appels d'offres, on en gagne 17 et les 3 qu'on perd, c'est des villes qui renouvellent les acteurs en place 100% des villes qui lancent un service pour la première fois, 100% de la croissance du marché,

  • Paul-Adrien (Pony)

    c'est Pony Et justement, c'est énorme ton histoire, tu parles beaucoup de qualité de service, justement Comment vous êtes structuré côté RH, que ce soit par ville, au siège ? Comment ça se passe ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Écoute, finalement, contre toute attente, c'est assez efficace. C'est-à-dire qu'en fait, en réalité, on arrive à avoir une, deux personnes par ville sur la partie maintenance. Après, on a des équipes sur la partie déplacement, les équipes vraiment terrain, déplacement, recharge. Ça, en général, c'est quelque chose qu'on sous-traite beaucoup. On travaille avec des opérateurs de cyclo-logistique. On travaille depuis récemment avec La Poste, qui est rentrée dans notre capitale justement pour développer cette activité au niveau national. Et après, on a vachement travaillé sur les process pour pouvoir créer un maximum de synergie entre les villes et du coup, pouvoir travailler un maximum depuis le siège. Et donc, tout ça, c'est géré après depuis le siège.

  • Paul-Adrien (Pony)

    D'accord, ok. Et sur l'aspect innovation ? Donc... Tu nous dis au début que tu avais été sourcé en Chine. Je crois que tu as une vraie volonté par rapport à tes engagements sociétaux de rapatrier la production en France. Comment tu gères tout ça au quotidien, tes indicateurs,

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    tout ça ? Oui, c'est la difficulté de notre métier. C'est qu'en fait, notre entreprise, elle demande d'avoir effectivement plusieurs métiers en même temps. que ce soit la conception des véhicules, l'exploitation de la flotte, la tech, le travail avec les villes sur la stratégie de mobilité, etc. Et ce que je disais, c'est que très très tôt, on comprend cette dimension produit dès le tout début. Le produit, ça va être un élément clé dans la façon dont les gens vont prendre la décision. Et on investit très tôt dans la création d'une équipe hardware. Ce qui à l'époque choque les gens. Ils sont en mode, les gars, vous êtes 15, pourquoi vous faites vos propres vélos ? Parce qu'en fait, c'est le nerf de la guerre. Et ça, personne n'a voulu le comprendre jusqu'à très tard. Et donc, on fait vraiment l'effort d'être en maîtrise de ce qui va faire la différence. Et donc, parmi lesquels la conception du vélo. Donc, notre premier vélo, le premier badge de 200 est fait sur étagère, mais le deuxième, il est déjà conçu chez nous, à l'époque le vélo MECA. Ensuite, on passe quand même 18 mois sur le vélo ELEC. Ça a été très, très dur. Et on fait le premier long tail, donc premier vélo de place. en libre-service dans le monde, toujours le seul à date, c'est-à-dire le seul vélo partagé qui vous permet de prendre un passager, et ce dès 6 ans, et ça c'est game changer. Et donc voilà, on travaille sur ça, et donc effectivement en parallèle des process opérationnels, de toute la partie tech, donc il y a un siège qui est assez costaud, avec une équipe qui est restreinte, donc ça veut dire effectivement des gros horaires.

  • Paul-Adrien (Pony)

    J'imagine bien, et les prochaines étapes du coup ? pour Pony, l'histoire de batterie, tout ça. C'est quoi les grandes étapes suite à cette fabuleuse levée de fonds ? On reviendra tout à l'heure sur la partie un peu investissement, mais voilà, les grandes étapes à venir.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    En gros, là, on est à une étape où le modèle fonctionne. Toutes les villes sont rentables. Il y a quelques exceptions, des villes qui sont en train de lancer ou des villes qui sont... notamment tout ce qui est station balnéaire, le modèle est très saisonnier, il y a encore des petits ajustements à faire. Mais au global, toutes les villes gagnent de l'argent. Maintenant, c'est qu'une question de grossir pour absorber le siège et de consolider. Améliorer la qualité des véhicules, améliorer la qualité des op'', certifier ISO, etc. Relocaliser la production des vélos. Relocaliser la production des vélos, on le fait à la fois pour des enjeux sociétaux. mais aussi pour des enjeux commerciaux vis-à-vis des collectivités. Et enfin, surtout, et ça, c'est la très bonne nouvelle, pour des questions de unité économique. En fait, la réalité, c'est que produire en Asie, c'est cher. Le transport, c'est hors de prix. Il y a une volatilité incroyable à la fois sur le coût du transport et surtout sur les délais des transports. Donc, tu immobilises un BFR colossal. Tu as peu de vision, finalement, sur la date de délivrer. Et aujourd'hui, on peut faire en France... pas tout, une partie, et en Europe la totalité, mieux et moins cher. Et c'est ça la bonne nouvelle, c'est qu'en fait la relocalisation, elle ne vient pas simplement pour des enjeux RSE qui sont cools, mais qui ne sont pas, elle vient pour des vrais drivers business, et nous on est en train de s'en rendre compte, je pense que beaucoup de gens vont s'en rendre compte bientôt, et je m'attends à ce qu'effectivement on voit beaucoup de choses se rapprocher, et ça c'est cool.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et les coulisses, donc tu as enchaîné quelques levées de fonds. Est-ce que tu peux nous en parler, justement, cette danse du ventre que tu as dû faire pour convaincre les uns et les autres, que ce soit sur la dernière levée ou les précédentes ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Les levées de fonds, c'est une histoire. Nous, on a été sur un secteur qui a été très sexy. Mais on a raté le coche finalement des méga levées. Les méga levées, elles ont été faites par des gens qui avaient des méga CV. Donc c'était Dot, l'ancien head du Europe de Uber. Bird, c'est un des mecs du Comex de Lyft et de Uber. Thiers, c'est le CEO, le fondateur de l'équivalent de Back Market en Allemagne. Donc c'est des gens qui étaient avec un... un pédigré qui leur permettait de faire des seeds à 20, 30 millions. Alors que bon, moi, je sortais de nulle part. On a raté ce coche-là. Ces gars-là, ils ont appliqué textbook la stratégie hypercroissance qui, en fait, ne fonctionne pas sur notre marché pour les raisons qu'on a évoquées. Les dynamiques de marché n'amènent pas naturellement à une situation stable quand tu appliques cette stratégie. Elles ne te permettent pas de consolider des vraies barrières à l'entrée. Et donc, en fait, tu brûles du cash sans limite. Et donc en fait, c'était compliqué pour nous d'expliquer comment avec quelques millions, on va battre TIRC à 600 millions. Et donc ça a été un énorme travail de conviction, ça a pris vraiment énormément de temps. Et en fait, à la fin, c'est une rencontre humaine, d'abord avec Demeter, ensuite avec Épopée Gestion, avec Vlad qui avait poussé le dossier, et ça a été un Vlad, un énorme feat. Et ensuite, plus récemment, avec dans notre nouveau tour, les équipes de La Poste, les équipes de l'ADEME, la communauté Blast, les équipes de Colam. Et donc, à chaque fois, finalement, il a fallu vraiment faire un travail, je pense, du fait de la nature de notre marché, peut-être vraiment plus important que d'autres boîtes, mais à la fin. Ce qui nous a permis de réussir, c'était la profondeur d'analyse et de compréhension de notre marché, la clarté stratégique. Et puis après, effectivement, des gens qui ont cette fibre entrepreneuriale, qui voient le problème et qui ont envie de le résoudre à nos côtés. Et voilà, il a fallu rien lâcher, tenir bon. Mais c'est vrai que le dernier tour, 23 millions. 23 millions, c'est 10 millions de dettes à cette BAC, ce que personne quasiment n'a fait à notre échelle. C'est 13 millions d'equities et au total, c'est quasi 18 mois de roadshow. Oui,

  • Paul-Adrien (Pony)

    c'est ça. C'est vrai que pour avoir vécu les coulisses de la dernière levée, effectivement, on était aussi sur une phase à un moment où les levées de fonds étaient complexes. Il faut remettre tout ça vraiment dans... vraiment dans le contexte. Je t'entends beaucoup parler du territoire. Pour toi, c'est quoi la vision du territoire, de la mobilité ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    La voiture est en train de s'effacer du centre-ville. C'est le sens de l'histoire. Et si on enlève les voitures, il faut une alternative, il faut permettre aux gens de se déplacer. Et elle s'efface parce qu'on se rend compte qu'elle n'est pas très efficace. Quand la densité augmente, l'efficacité de la voiture chute. Les villes, elles augmentent tous en densité. Et donc, elles se font remplacer par les transports en commun. Et les transports en commun, ce n'est pas porte à porte. Les horaires, la plupart des villes, ça continue à 20h, il n'y a plus de bus. Des fois, s'il y a un tram, c'est jusqu'à minuit. Et bon, quand vous rentrez du bar, voilà. Mais même, vous fermez la boutique, si vous n'habitez pas près de la voie de tram, vous êtes quand même coincé dans votre voiture, qui n'est pas si pratique que ça à utiliser la journée. Et donc, il y a ce besoin de rajouter un nouveau maillon, une nouvelle brique dans l'offre de transport. Et c'est ça qu'on construit. On construit ce premier kilomètre, dernier kilomètre. C'est le mode de transport le plus rapide, le plus fiable sur les trajets de moins de 5 km en centre-ville, quelle que soit la ville. Et 5 km, dans la plupart des grandes villes françaises, vous faites 90% de vos trajets. Et donc, c'est ça qu'on est en train de construire. L'objectif, c'est de créer une marque qui est... C'est la Poste, c'est la SNCF, c'est vous arrivez dans n'importe quelle ville de France, vous sortez pogné. Et c'est ça la vision.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Donc tu parles de très grandes marques. Moi j'ai la sensation... Dans notre domaine des startups, de voir de moins en moins de capitaines d'industrie. Souvent les gars, une belle exécution avec leur startup, puis effectivement l'opportunité de vendre, de faire le cash-out qui va bien. Est-ce que c'est ton sentiment ? Est-ce que toi tu te vois justement comme un capitaine d'industrie de la mobilité ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Là c'est la question piège parce que... un point qu'il faut comprendre sur la levée, c'est que dans la levée, un élément clé quand même, c'est l'excit. Et quand tu lèves avec des fonds, et j'ai eu du mal à l'accepter, et ça a été aussi une des raisons pour laquelle j'ai probablement eu du mal à lever, c'est que moi, je venais pas réellement pour faire une vraie exit, je venais pour construire Renault. Moi, je veux avoir des usines de vélo, je veux être RATP, du vélo. Mais du coup les gens ils se demandent ok mais si j'investis quand est-ce que je gagne de l'argent ? Et moi je me dis on verra plus tard, quand on aura un énorme truc on trouvera bien un moyen. Et en fait c'est vrai que cette question de l'excit elle est compliquée parce que là ça fait quand même 7 ans maintenant, il y a des fonds qui nous suivent depuis un bon moment, qui ont eux des enjeux de liquidités. Et donc à la fois on est partagé entre cette conviction qu'on est quelque chose sur quelque chose d'énorme, quelque chose de très long terme. à la fois il y a des enjeux de liquidité donc il va falloir voir comment le marché il évolue moi, nous on est prêt à jouer ce rôle de capitaine d'industrie et on est déjà aujourd'hui un des gros donneurs d'or dans le monde du vélo sur les batteries, on pousse notamment Gouache qui est un fabricant bordelais de batteries réparables et on est leur plus gros client et ça fait 4 ans qu'on pousse leur développement on fait la même chose sur les... les modules IoT. Aujourd'hui, on travaille avec un acteur qui n'est pas français, mais qu'on a considérablement aidé à se développer, mais qui est européen. Et on travaille avec des acteurs français pour les aider à construire un nouveau produit qui est adapté à nos besoins. Il y a des discussions en cours avec un fabricant de contrôleurs à Grenoble. Ça fait depuis 2017 qu'on discute. Finalement, ça n'aboutit pas. Mais on avance, on avance, on avance. Et j'espère bien qu'un jour, on va y arriver. On fait faire nos roues en France maintenant. donc les pièces en alu qui font les roues sont faites à côté d'Annecy elles sont assemblées en France et donc petit à petit comme ça on relocalise, on construit on aide des gens, on donne de la visibilité et donc ça j'espère bien qu'on arrivera à continuer à jouer ce rôle maintenant la question de l'excit je pense que nous on la pense en se disant il y a peut-être un moment où le meilleur moyen d'être au service de notre vision c'est de s'adosser à... quelqu'un qui la partage et qui a les moyens d'aller là où nous on ne peut pas aller seul.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et justement, tu parles de bosser telle ou telle structure en France. Tiens, j'aurais peut-être un sujet du côté de Van pour toi, des jeunes qui ont inventé un truc pour remplacer la chaîne, transmission par cardan.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Une ici ?

  • Paul-Adrien (Pony)

    Exactement. Bref, c'est des sujets intéressants. Justement, est-ce que tu prends le temps ? de transmettre un peu tout ce savoir à la jeune génération où tu étais bourbourg sur tes focus.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    On est dans l'exécution là.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Et on arrive à la fin de l'interview. Quelle question t'aimerais que l'on te pose et que l'on ne te pose jamais ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Alors là, écoute, je pense une question qu'on ne pose pas souvent. C'est finalement comment ça va ? Je pense que les gens ne se rendent pas compte à quel point être entrepreneur, c'est quand même un sacrifice. Alors, ce n'est pas le cas pour tous, il y a des boîtes, ça se passe, voilà. Mais c'est un sacerdoce quand même, c'est un investissement. Aujourd'hui, même si avec la dernière levée de fonds, mon salaire augmente de 40%, il reste plus bas que celui que j'avais à la BNP il y a 8 ans. J'ai fait plusieurs années avec... pas de revenus et du jour au lendemain tout peut s'arrêter et donc tu es face à énormément d'incertitudes maintenant j'ai un fils qui a deux ans bon bah c'est vrai que je l'envoie à la crèche je rentre le soir il est couché donc il y a ce truc de je pense effectivement bien c'est une question qu'on ne pose pas si souvent que ça et en fait quand tu es jeune tu exécutes tu pousses et tout et puis Et puis tu te rends compte quand même que ça s'accumule et c'est vrai que c'est un investissement.

  • Paul-Adrien (Pony)

    C'est étonnant que tu dises comment ça va parce que tu es le troisième ou quatrième interviewé à me dire mais on ne me pose jamais la question comment ça va. Donc tu vois c'est un truc qui revient assez régulièrement. Dernière question, es-tu d'accord avec moi pour qualifier la destinée de Pony d'Epic ?

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Ah ouais, je pense que franchement, il y a une série Netflix sur tout ce qui s'est passé. Le combat contre Ofo, quand on est lancé à Oxford, les mecs étaient rodés autour de notre staff. On avait embauché des meufs pour distribuer les flyers qui travaillaient avec nous de chez Sibérie. Donc des petites filles toutes mignonnes et tout machin. Et c'était que des anciens de l'armée qui les intimidaient. On a commencé comme ça en arrivant en Chine. Les immenses trucs, les milliers de vélos, les... piles, les trottinettes à Paris, les luttes dans les ministères pour faire changer les lois. On a écrit des... J'ai écrit, moi, personnellement, des amendements. Alors que... Et puis construire le truc, construire des vélos, relocaliser... Non, ça a été... C'est une sacrée histoire.

  • Paul-Adrien (Pony)

    Merci, Paul-Adrien. C'était l'épopée de Pony. par Sébastien Le Corfeig. N'hésitez pas à réagir et à partager ce podcast qui est disponible sur nos sites web ainsi que sur Apple Podcasts, Spotify ou Deezer. Avec Épopée Gestion et Explore, nous ambitionnons de créer des champions sur l'arc atlantique avec nos véhicules d'investissement et d'accélération dédiés aux PME et aux entreprises innovantes du territoire. Merci Paul-Adrien.

  • Sébastien Le Corfec (Epopée)

    Merci à toi.

Chapters

  • Introduction à l'épisode et présentation de Paul-Adrien Cormoré

    00:34

  • Genèse de Pony et son développement depuis 2017

    00:40

  • Parcours personnel de Paul-Adrien et ses débuts entrepreneuriaux

    02:15

  • Expérience à la BNP et transition vers l'entrepreneuriat

    04:36

  • Moments clés et défis rencontrés dans l'histoire de Pony

    10:41

  • Lancement à Oxford et compétition avec Ofo

    15:19

  • Expansion à Angers et le succès du modèle Pony

    22:02

  • Adoption du modèle 'Adopte un Pony' et implication des usagers

    29:01

  • Perspectives d'avenir et innovations au sein de Pony

    37:11

  • Réflexions sur la levée de fonds et la vision à long terme de Pony

    41:41

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