- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans cet nouvel épisode de l'État d'esprit. Aujourd'hui, je reçois Louise Lespar, fondatrice du podcast La Clé des Chants et de l'agence de communication du centre de formation du même nom. Louise crée des ponts entre la ville et les champs, entre ceux qui produisent et ceux qui consomment. Bonjour Louise.
- Speaker #1
Bonjour Olivier.
- Speaker #0
Première question, on va se tutoyer, c'est pas simple. Qu'as-tu ressenti entendant ton micro pour la première fois à un agriculteur quand tu as démarré ce podcast ?
- Speaker #1
Ah ouais, on démarre direct comme ça. Écoute, c'est une très bonne question parce que je me souviens très bien de cette fois-là. En fait, j'ai lancé le podcast pendant le Covid. Donc les premiers, je les ai fait en visio. Bon, c'était hyper cool. D'ailleurs, les trois premières qui m'ont fait confiance, j'avais rien. Et d'ailleurs, au bout d'un moment, il y en a une qui m'a dit « Mais Louise, en fait, t'as jamais enregistré de podcast ? » Je dis « Non, en fait, j'ai que l'intro et j'ai rien. » Mais la première fois que je suis sortie après le confinement, C'était pour aller chez Manon, qui est en Copain, en Jean Basta. qui est éleveur de blonde d'Aquitaine à Arzac-Araziguet, par chez toi d'ailleurs, dans le Véarn. Et en fait, je suis partie chez Jean l'interviewer, et je me souviens du moment où je suis dans la voiture au retour. Je me dis, tiens, ma grand-mère était agricultrice, mon père a fait sa carrière à la Chambre d'agriculture des Landes, et je me dis, je suis un peu à ma manière la troisième génération, et plus parce que celle du dessus, mais des générations que je connais, la troisième génération qui travaille à ma manière, certes, mais qui travaille dans l'agriculture.
- Speaker #0
Où est venue cette idée ?
- Speaker #1
En fait, j'ai passé. Donc moi, je suis issue d'une famille d'agriculteurs. Mes grands-parents étaient éleveurs laitiers des deux côtés, les uns en Ausha à Pomares et les autres dans le Pays Basque à Bardos à côté de Bayonne. Et mon père a fait toute sa carrière, j'ai dit, à la Chambre d'agriculture des Landes. Donc notamment, il s'occupait de l'organisation des concours bovins. Il s'occupe toujours d'ailleurs du Salon de l'agriculture de Bordeaux. Donc moi, j'ai toujours, entre les vacances scolaires et les week-ends, accompagné mon père sur les concours. à tenir la vache avec mes coffines sur le ring et tout ça, j'ai toujours baigné plus ou moins là-dedans. Après, je m'en suis éloignée. J'ai fait une prépa à Bordeaux, une école de commerce à Toulouse. Et ensuite, je suis partie à Paris travailler. Et j'ai travaillé pendant huit ans à des postes de direction marketing. Et à ce moment-là, je me suis aperçue de la quasi totale des connexions qui s'étaient opérées entre monde agricole, mais je dirais même monde rural, parce que c'est une thématique qui me tient aussi à cœur, le monde rural et la culture qui y est associée, et le monde urbain. Et pour la petite anecdote, ça m'est notamment venu parce que j'ai une collègue hyper sympa, brillante, elle rentre de Normandie et elle me dit « moi je bois plus de lait » . Je dis « ah bon, pourquoi tu veux plus boire de lait ? » Elle me dit « tu sais comment elles tombent enceintes les vaches ? » Je dis « oui, elles sont inséminées par l'inséminateur » . Et bien voilà, elles sont violées par le vétérinaire. Et là je me suis dit « punaise, si elle, elle pense ça, avec toute son éducation, puis c'est vraiment quelqu'un de bien et tout » . On est, excuse-moi de vite terme, on est vraiment dans la merde. La discussion finit par « Mais Steph, t'as un lapin dans ton appartement. » C'est là que le gros paradoxe de tout ça. Bref, du coup, je me dis qu'il y a un truc à faire, je me le garde en tête. Et finalement, le Covid arrive, on est confinés. Et en fait, un matin, je me lève, vraiment, ça se passe comme ça. Je dis « Tiens, je vais faire un podcast d'agriculteur » . J'écoutais beaucoup de podcasts, un média qui est très citadien, très urbain. Les gens ont l'habitude d'écouter des épisodes longs, donc ça permet d'expliquer la complexité de travailler avec le vivant. Et je trouvais qu'on n'entendait pas assez les agriculteurs dans les médias. Donc je voulais offrir aux citadins un accès direct à la voix des agriculteurs. C'était vraiment ça l'objectif du podcast.
- Speaker #0
Et alors au départ, parce que ce n'est pas évident de créer un podcast, je sais de quoi je parle, comment tu as fait ?
- Speaker #1
J'avais du temps parce que j'étais au chômage partiel, parce que j'étais directrice marketing d'une startup dans le tourisme. Ça s'appelle One Park, on faisait de la réservation de parking partout en Europe autour des gares et des aéroports. Donc autant dire qu'on avait tout faux. La période était difficile parce que j'ai fait partie des gens qui ont dû licencier des gens de leurs équipes. Fallait se battre pour savoir de qui on se séparait ou pas, c'était compliqué. Donc j'avais du temps, j'avais besoin de me changer les idées. et après, ben... On rentre vite dans le pratique au pratique. C'était mon anniversaire en ce moment-là, ma soeur m'a offert une formation pour comment monter son podcast. J'ai fait une vidéo avec des copains pour faire un brainstorm sur le nom, d'où a popé la clé des champs. Et puis après, j'ai contacté les agricultrices et les premières, je les ai faites en visio, en attendant de recevoir le matériel un peu le même que ce que tu as là. Mon Zoom qui ne me quitte plus et qui a fait maintenant 200 exploitations quasiment, et que je tremble partout.
- Speaker #0
Alors tu l'as dit, tu es issue d'une famille d'agriculteurs landais. Quel souvenir tu as de cette enfance ? Et finalement, qu'est-ce que cette famille t'a apporté, cet univers t'a apporté ?
- Speaker #1
Alors basco-landais, parce que j'ai passé beaucoup de temps chez mes grands-parents au Pays Basque, j'y étais toutes les vacances scolaires quasiment. Bon alors évidemment, j'ai eu une enfance de ouf, c'était génial, on était cinq cousins-cousines, on s'appelait le club des cinq. Il y avait Pétiane, c'était le berger qui avait ses brebis, on bataillait avec lui, il y avait les vaches laitières, c'était l'époque aussi où il y avait des blondes d'Aquitaine, qu'on allait construire des cabanes, enfin bref, l'enfance idéale quoi. Donc ça c'était, déjà en ça, ça t'apporte des bases quand même hyper saines. Ça m'a aussi apporté... Une vision très claire de la vie, de la mort, de la place de l'homme par rapport à l'animal, ça m'a inculqué ça et j'ai beaucoup de chance de ne poser aucune question aujourd'hui sur le fait de consommer. J'estime que c'est une chance parce que quand on rentre dans ces... de se demander quel est son impact environnemental sur le bien-être animal, de manger de la viande et tout ça, je suis bien contente de ne pas me poser toutes ces questions. Pour moi, c'est assez naturel qu'on élève un animal pour qu'on puisse manger, mais que par contre, il faut respecter l'animal parce qu'on l'a tué pour manger. Donc ça veut dire bien cuisiner le produit, tout manger. et que pour moi c'est une forme de respect de l'animal qu'on a élevé et qu'on a aimé, puisque je rappelle que les éleveurs, pour la grande majorité, aiment leurs animaux. Donc ça m'a apporté ça aussi, et je trouve que c'est pas anodin. Bon, après voilà, quand on tuait le cochon chez mes grands-parents, c'est sûr qu'âmes sensibles savent se tenir, quoi. À l'époque... C'est pas le porc, ouais. Oui, pas les détails, mais c'est sûr qu'après, bon, ça nous vaccine un peu. Ça m'a ancrée... Et ça, je m'en suis aperçue en arrivant à Paris, que j'étais ancrée. Je sais d'où je viens, j'ai des appuis solides. J'ai eu beau être dans des startups, dans des directions marketing, etc. Un exemple tout bête, c'est que tous mes collègues avaient des femmes de ménage. À Paris, on est dans 40 mètres carrés. Moi, je me disais, si je prends une femme de ménage, mes tantes qui, là, dans la maison basque, c'est des grands corps de ferme et tout, se tuent à la tâche à faire le ménage. Si j'arrive au repas de famille et que je dis que j'ai une femme de ménage pour 40 mètres carrés, c'est pas possible. Donc c'est des choses comme ça où ça permet de rester à sa juste place et de se rappeler qu'il y a aussi des gens qui bossent dur pour qu'on mange. Je vais être un peu sévère avec moi-même, mais ça a quand même... Je brasse un peu de l'air. Ça a moins de valeur ce que je fais que ce qu'eux y font. Donc je trouve que ça, c'est important de toujours l'avoir en tête. Et dernière chose, après ça m'a appris plein de choses, mais c'est aussi que... parfois la vie c'est difficile et c'est comme ça et c'est pas grave il faut avancer, il faut faire le doron et ça ira mieux plus tard et la vie elle est faite d'épreuves et de travail et de rigueur et que tout n'est pas toujours tout beau, tout rose mais que il faut prendre les bons moments quand il se présente quoi. Et ça aussi c'est important parce qu'on peut vite paniquer maintenant quand on a un petit coup de moins bien dans la vie ou quoi alors que les coups de moins bien font partie de la vie et ça je l'ai appris à la ferme je pense.
- Speaker #0
Quand on arrive à Paris qu'on est plutôt attaché, on voit dans Le sud-ouest, on va dire, qu'est-ce qu'on se dit ? On se dit, qu'est-ce que je fais là ? Ou au contraire, on profite de la vie parisienne ?
- Speaker #1
Au début, on prend le train à Dax, on fait que pleurer dans le train, dans la première heure. Je pense que ça a duré au moins deux ans où je faisais que pleurer en repartant. Parce qu'en plus, je suis avec un conjoint qui est prof de PS, qui est landais aussi. Évidemment, les landais ne se mettent qu'avec des landais, grosso modo. Et en fait, lui, les vacances scolaires, il restait à la maison. Et moi, je remontais toute seule. Je n'allais pas le garder enfermé dans le 40 mètres carrés juste pour l'avoir le soir quand je rentre. Donc non, le début, ça a été dur. Surtout, j'ai démarré chez Total, le grand groupe que tout le monde connaît. C'est apprendre la vie professionnelle et le cadrage de la vie professionnelle et toutes les règles qu'il y a de bonne tenue, de respect de règles politiques et tout ça. Honnêtement, je les ai appris un peu dans la violence. Moi j'arrive demain de mars 1, j'ai un truc à dire, je le dis Après c'est super, j'ai appris à ne pas faire de la politique C'est être intelligente, qu'il y a des moments de dire les choses Des manières de les dire et tout ça Mais quand tu arrives demain de mars 1 et que tu es catapultée directement à la défense chez Total Après c'est une expérience, je suis tellement contente C'est hyper enrichissant, j'y ai passé 8 ans,
- Speaker #0
c'était exceptionnel La clé des champs c'est quoi exactement ? Et pourquoi cette idée, cette volonté de créer sa propre entreprise ?
- Speaker #1
Alors, la clé des champs, déjà, ça a pour mission de rendre l'agriculture accessible. Donc, effectivement, ça passe par le podcast où on donne accès à la voix des agriculteurs. Ensuite, on a une partie agence de communication et une partie formation. Je vais démarrer par la partie formation, parce que c'est celle-là où j'ai eu l'idée quand j'ai passé un an et demi au chômage partiel après le Covid. Et du coup, j'ai développé la clé des champs comme ça. Et puis, à un moment, je me suis dit, il y a peut-être un truc à faire. Il avait été lu coup de cœur de l'année par Apple Podcast. Et donc là, je réfléchis, je réfléchis et je me dis, mais en fait, il y a un vrai sujet pour les gens qui sont catapultés au contact du monde agricole, mais qui n'ont pas la culture agricole. Parce qu'on le sait, le monde agricole, il a un mode de fonctionnement qui est très particulier. Je veux dire, aller dire bonjour à un agriculteur, c'est passer le baptême du feu. Parce qu'ils se font le malin plaisir d'être froid en plus au démarrage. Donc, il y a quand même un truc à avoir dans la manière d'être et dans le vocabulaire qu'on emploie pour briser cette glace et réussir après à faire du commerce. à faire un partenariat, etc. Et du coup, je me suis dit, mais comment font les gens qui ont le même profil que moi, donc en l'occurrence, prépa, école de commerce, mais peu importe, fac, etc., qui se retrouvent catapultés au contact du monde agricole sans avoir aucun passif, soit dans le cadre de leur éducation, soit personnel, avec l'agriculture. Et donc, l'idée m'est venue de faire une formation accélérée pour les acculturer au monde agricole. Avec une partie en e-learning et une immersion à la ferme, maximum par groupe de 5 pour faire un vie ma vie d'agriculteur. Et vraiment, on met les bottes, rendez-vous 7h du mat, on va soigner les animaux, etc. Et on a un accès direct, encore une fois, avec l'agriculteur pour échanger avec lui et lui poser toutes les questions. Donc c'est ça que j'ai voulu faire au début, ça y est, maintenant ça a bien décollé, on a formé 250 personnes, beaucoup de secteurs bancaires, des énergies, agroalimentaires et des services aux agriculteurs, grosso modo. Et donc ça, c'était mon idée de base. Et en fait, quand je me suis lancée, j'ai eu la chance d'avoir des demandes en train, c'est pour la partie agence de communication, parce que le monde agricole me connaissait pour le podcast. Et donc j'ai reçu, par exemple, le Salon de l'agriculture de Paris m'a proposé de faire leur podcast officiel dès la première année de mon lancement. Donc c'est ce qui m'a permis de lancer la boîte, l'agence de com, pour développer en parallèle les formations, où c'était plus de travail, parce que les e-learning et tout ça créé, c'est beaucoup de boulot. Et donc depuis, les deux vivent en parallèle et les deux ont la même importance chez la Clé des Champs. Voilà, donc on a ces deux activités-là.
- Speaker #0
À un moment donné, on se dit, on regrette ?
- Speaker #1
De les avoir lancé sa boîte ? Oui. Ah non, on ne regrette pas. Alors des fois, on se dit, il faut peut-être aménager certains trucs. Mais non, on ne regrette pas. En fait, j'ai eu aussi la chance que dans ma startup One Park, Gilles et David, qui étaient les fondateurs et qui sont toujours à la tête de One Park, Déjà, ils m'ont toujours partagé énormément de choses de leur quotidien d'entrepreneur à eux. Donc ça m'a donné le goût d'entreprendre, ils m'ont toujours beaucoup responsabilisé. Jamais sinon j'aurais eu l'idée de lancer une boîte à l'époque à la sortie d'études. Il y en a qui ont tout de suite ça dans le sein. Ils lancent une boîte, ils en amènent deux-un. Alors là, moi, vraiment pas du tout. C'était le schéma, je vais aller travailler dans un grand groupe, je vais travailler dans un grand groupe. Après, je suis allée à la start-up et après j'ai monté ma boîte. Ça s'est vraiment fait petit à petit. mais non on ne regrette pas parce que c'est alors c'est beaucoup d'exigence quand même C'est beaucoup de travail, parce que je ne compte pas mes heures comme tout entrepreneur. Mais par contre, c'est une liberté. Je veux une entreprise rentable et qui n'a pas besoin de financement extérieur. Donc, ça prend du temps à se développer. Et en fait, il y a des moments où pour embaucher, il faut rentrer de l'argent. Mais le temps de rentrer de l'argent pour embaucher la personne d'après, il y a un petit moment où il y a un peu trop de boulot en un peu surdimensionné. Donc là, ça y est, ça fait bientôt 4 ans que la clé des champs existe. Donc j'arrive dans une phase de plus de structuration. On automatise des choses. On regarde où c'est qu'on peut gagner du temps. Je m'entoure un peu plus. J'ai fait le choix de tester le modèle avec des freelances plutôt que des salariés, qui est plus flexible et puis moins coûteux, parce que c'est une réalité quand on est entrepreneur et qu'encore une fois, on n'a pas des millions qui sortent des poches. Quand on veut payer quelqu'un de 2 000 euros net, qui est un peu le minimum quand je veux embaucher des gens que j'ai besoin à Bordeaux, ça coûte autour de 45 000 euros brut chargé avec les charges, 45 000 euros de chiffre d'affaires. Vous faites vite le calcul, il faut que l'argent rentre. Ce n'est pas la même pression derrière. Mais en tout cas, regret, je m'éclate. Franchement, c'est le kiff. C'est un mode de vie. C'est pour ça qu'il faut que ça dure.
- Speaker #0
Tu as beaucoup parlé du lien. qui était important entre le monde rural et le monde urbain, on va dire. Pourquoi c'est important pour toi ? Et est-ce que tu considères que ce lien, il n'y a plus ?
- Speaker #1
Déjà, c'est important pour moi parce que je viens des deux mondes. Je trouve que c'est une chance parce que je suis à la fois très rurale comme fille. C'est pour ça que je dis que le monde rural me chère. Je suis landaise avec tout ce qui ne va pas. Il n'y a rien qui va chez nous en termes de culture, mais les corridas, la course landaise. le foie gras, avec la chasse. Bon, je ne chasse pas pour le coup, mais je suis très empreinte de tout ça. Mon père a lancé une association qui s'appelle Esprit du Sud 40 pour défendre les cultures locales. Je suis dans une association qui s'appelle Chez les Landais, qui représente les agriculteurs landais. Donc, moi, plus je grandis, plus je m'aperçois que je suis quand même très rurale. Et à la fois, je me sens très bien dans les grandes villes. Je me suis éclatée à Paris. Là, on est à Bordeaux. Voilà, donc... Je me nourris de ces demandes. Et c'est important pour moi d'essayer de travailler pour qu'ils se parlent, à ma petite mesure. Parce que si on ne se parle pas, on ne trouvera pas les solutions de demain pour l'agriculture. Et en fait, je trouve que là, le plus grand malheur de l'agriculture, c'est l'incompréhension qui s'est installée vis-à-vis du métier d'agriculteur. Et puis la simplification des messages. Les débats, on est complètement à côté de la plaque. Le sujet est hyper intéressant, c'est comment on fait pour nourrir une population qui est croissante en respectant, en ayant un impact positif sur l'environnement, c'est même pas en le dégradant, c'est en ayant un impact positif sur l'environnement, à des prix accessibles. Bon, moi la solution, un claquement de doigts, je ne l'ai pas. Mais par contre, le sujet est hyper intéressant. Mais sauf qu'on passe à côté, parce qu'on est tout le temps en train de vulgariser tout, de simplifier, il y a des histoires de posture aussi. Ah oui, mais moi je suis contre les phytos, les pesticides. Ah oui, merci, tout le monde est contre les pesticides, ça d'accord, mais du coup, comment on fait, qui finance la transition, comment on aide les agriculteurs, et donc c'est ça le vrai sujet aujourd'hui, et on passe totalement à côté, et tant qu'on passera à côté, on ne trouvera pas les bonnes solutions pour concilier production et environnement.
- Speaker #0
Comment ta démarche a été appréciée, vue par le monde agricole, justement, qui, comme tu le disais au début, est un monde... parfois un peu fermé, mais dès qu'on le découvre, il est plutôt très ouvert.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Donc, comment a été perçue cette arrivée, cette approche ?
- Speaker #1
Franchement, plutôt bien. Je n'ai vu que des retours positifs parce que le monde agricole a quand même conscience qu'il a un peu péché par manque de communication à un moment. C'était pour vivre heureux, vivre en cachet. Et ça, pour moi, c'est le tort du monde agricole. C'est qu'en fait, le métier a énormément évolué. dans les fermes, dans les innovations, dans l'agrandissement des exploitations. Sauf qu'en fait, à la population, on a toujours montré l'image bucolique de l'agriculture qu'on a envie de voir. C'est souvent des tiers qui ont véhiculé cette image, pas les agriculteurs eux-mêmes, puisque eux, après, ce n'est pas leur métier, ils ne peuvent pas tout gérer, ils ne communiquaient pas. Mais par exemple, l'agroalimentaire, etc., avait envie de montrer aux consommateurs ce qu'il a envie de boire, encore aujourd'hui. Il y a une publicité en ce moment qui circule d'un distributeur que je ne citerai pas, où l'éleveur est en train de faire écouter de la musique à ses vaches. C'est insupportable, il faut arrêter. Après, on ne peut pas en vouloir aux gens de tomber de haut quand ils arrivent sur une exploitation et qu'ils découvrent comment ça se passe. Alors qu'il y a plein d'angles positifs de communication sur l'agriculture à prendre, notamment par exemple le fait que les agriculteurs sont des entrepreneurs, il y a plein de mecs brillants, que de montrer à un éleveur qui écoute de la musique à ses vaches, un gars avec ses trois carottes et ses deux poules à côté. On peut le regretter, mais le monde a évolué, l'agriculture a changé, le métier d'agriculteur a changé. À chaque fois que le monde agricole ne communique pas, ça lui revient en boomerang derrière, à un moment donné. Parce qu'il y a des gens qui se sentent... Il n'y a pas de problème de légitimité pour certains à prendre la parole sur un sujet qu'ils ne connaissent absolument pas et dire n'importe quoi. Le podcast a été plutôt bien accueilli, surtout que l'objectif, c'est vraiment d'expliquer la complexité du métier, surtout pas éluder les sujets qui fâchent. au contraire de demander à la grille pourquoi tu utilises des pesticides et pourquoi tu n'arrives pas à t'en passer là tout de suite ? Qu'est-ce qui fait que tu continues d'en utiliser ? Pour moi, c'est essentiel parce que je n'ai pas de légitimité. Si les agriculteurs ne valident pas ce que je fais, je n'ai pas de légitimité à le faire. Je ne suis pas agricultrice, je ne peux pas prendre la parole pour eux s'ils ne valident pas derrière.
- Speaker #0
Imaginons qu'on refasse une nouvelle interview dans cinq ans, tu seras où ?
- Speaker #1
Alors dans les Landes, j'espère, ou à Bayonne. Voilà, et après, j'espère que j'aurai structuré la boîte. Moi, j'ai envie de faire une TPE ou une PME qui tourne. Que je sois tranquille pour payer les salaires à la fin du mois. J'ai la chance que ça soit le cas déjà actuellement. Mais déjà, que ça, ça continue. Et puis que moi, par contre, je cours un peu moins partout. Que la boîte dépend de moins de moi. Que je puisse faire les trucs un peu cool. La politique et tout ça. La série des fins. La hausse en agriculture, etc. Mais que j'ai pris un peu de hauteur. que je puisse peut-être développer d'autres activités, m'investir. Là, je t'ai dit, je suis au bureau de Chez les Landais. C'est une association, c'est génial. Il y aurait mille trucs à faire. Il y a une équipe de foule. J'aimerais bien y passer plus de temps. Sur des trucs comme ça, ça m'éclaterait. Donc voilà, c'est vraiment structurer la boîte et que la clé des champs puisse un peu plus tourner sans Louis L'Espard dans cinq ans. C'est ça l'objectif, en plus que d'être redescendue un peu plus bas encore.
- Speaker #0
Ce podcast s'appelle L'État d'Esprit. quel est l'état d'esprit qui t'anime au quotidien ?
- Speaker #1
Alors j'essaie d'être le plus positif possible, j'ai la chance que ça soit assez naturel, et après dans le partage, moi ce qui m'anime c'est de rencontrer des gens, de batailler, je m'enrichis vachement de tous les agriculteurs que je rencontre, de tout ce que j'apprends sur le monde agricole, en plus c'est un puissant fond, enfin je veux dire, j'y connais encore rien quoi, ça fait 5 ans que je bosse tous les sujets et tout, j'exagère quand je dis que j'y connais rien, je commence à avoir compris 2-3 trucs, mais je veux dire, t'as toujours une filière à découvrir, etc. C'est vraiment d'être positive dans le partage et puis d'apprendre, de me nourrir de tout ça, aussi bien professionnellement que personnellement. Parce qu'encore une fois, ça m'apporte tellement de côtoyer tous ces agriculteurs. D'ailleurs, je ne l'ai pas dit, mais j'ai lancé la boîte. C'est ce qui m'a donné le courage de lancer la boîte. Je me suis dit, quand je vois les investissements qu'ils ont, avec le peu de visibilité économique et l'instabilité politique et climatique, Je me suis dit, bon, je peux bien acheter un ordinateur, ça va bien se passer, et tester le truc et on verra. Donc, ça me motive pas mal au quotidien de les côtoyer.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a des surprises qui vont apparaître dans le podcast de la Clé des Chambres dans les semaines, dans les mois qui viennent ?
- Speaker #1
On lance un nouveau format qui s'appelle « Que sont-ils devenus ? » . Parce qu'en fait, il y a des agrées, ça fait déjà cinq ans que je les ai interviewées. Donc, du coup, je repars un peu à leur rencontre pour... pour qu'ils nous donnent des nouvelles et qu'ils nous racontent ce qu'ils font actuellement. Donc ça, c'est la dernière surprise en date. Les prochaines, je ne les connais pas encore. C'est la petite surprise. Oui, et puis c'est l'avantage d'une petite boîte, c'est que franchement, des fois, il faut un peu me gérer parce que j'ai un peu une minute à la minute. Donc pour mes collaboratrices, ça peut ne pas toujours être simple. Mais bon, oui, en tout cas, c'est un peu action-réaction. On est trois, à la clé des champs. donc euh Il y en a une qui a une idée, dans les 15 jours, c'est en place. C'est génial.
- Speaker #0
Merci beaucoup, Louise Lespar. Je vous encourage à écouter le podcast La Clé des Chants. Merci beaucoup, en tout cas.
- Speaker #1
Merci, Olivier. J'étais ravie d'être là. À très vite.
- Speaker #0
Merci.