- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de l'instant marketing communication. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de recevoir Frédéric Fougera, la figure emblématique du monde de la communication en France, mais aussi dans le monde. Classé parmi les leaders d'opinion et les décideurs les plus influents, Frédéric a su s'imposer comme une voix incontournable. Notamment en occupant des postes de haut niveau dans des groupes prestigieux. Communiquant, auteur et penseur stratégique, il est connu pour sa vision engagée, élégante de la communication comme du management. Valeur qu'il détaille dans son dernier ouvrage, Question de Management, l'élégance n'est pas une option. Disponible depuis le 16 octobre. Aujourd'hui, il nous fait l'immense plaisir de partager son expérience et ses... perspectives uniques. Installez-vous confortablement et préparez-vous à une discussion riche avec des insights exclusifs sur la communication et l'élégance professionnelle. Un autre sujet qui me passionne chez toi, c'est ton engagement, ton engagement associatif depuis de nombreuses années et pour une communication éthique et engagée. Alors, tu as souvent pris des... position pour des causes qui te tiennent à cœur. Et cela fait écho auprès des communicants d'aujourd'hui qui cherchent à donner un vrai sens aussi à leur travail. Alors selon toi, les entreprises peuvent-elles s'engager de manière, alors je n'aime pas le mot parce qu'il est galvaudé, authentique, mais pourtant je n'en ai pas trouvé de mieux, sans tomber dans le piège du washing ?
- Speaker #1
Mais le mot authenticité me paraît être le meilleur mot, ou alors sincérité, honnêteté. et ce qui d'ailleurs n'est pas incompatible avec la communication ce qui est certain c'est qu'il ne faut pas s'engager en étant guidé par la communication qu'est-ce que je pourrais faire pour avoir une bonne image ou une bonne communication là je pense qu'il ne peut pas y avoir d'authenticité et de sincérité, en tout cas le lien va être compliqué et le résultat ne va pas être fabuleux, en revanche si j'ai une envie de m'engager et que c'est authentique et honnête, là il n'y a pas aucun problème, et aussi exploiter en communication ou pas, parce que parfois on peut vouloir faire les choses discrètement ou parfois on peut vouloir les utiliser. Je vois aucun problème non plus. Parfois on dit, non, non, mais si on communique dessus, c'est pas sincère. Non, ça n'a rien à voir. Il y a l'action sincère et il y a la communication qu'on peut en faire ou pas. Mais il ne faut pas que ce soit la communication qui dicte les engagements. Et de façon générale, même si je suis certain qu'on peut trouver des exceptions, je pense que les engagements doivent avoir un sens avec le... L'organisation dans laquelle on travaille, l'histoire, l'activité, alors on peut soutenir une cause qui n'a absolument rien à voir avec soi, mais je pense que c'est plus fort de décider, je ne sais pas si on reprend mes engagements, comme tu dis, en travaillant dans les ressources humaines, dans l'intérim et les ressources humaines, mais j'ai beaucoup travaillé pour des bourses pour favoriser l'égalité dans l'accès à l'emploi. Voilà, ça avait du sens. Quand j'ai travaillé dans le pétrole, on exploitait, on participait à des exploitations prêtes. pétrolière dans des pays plutôt pauvres, on avait quand même pour principe de se dire, on ne doit pas être une entreprise qui vient seulement faire son business, même si elle donne de l'emploi et crée un peu de richesse locale, et puis repartir, une fois qu'elle a fait son business, et quel rôle on peut jouer sur place. Par exemple, on a financé le peuplement d'Orang-Utan à Borneo, qui est une grande cause nationale, et on avait des activités à Borneo en Indonésie. En Indonésie, on a financé un orphelinat de jeunes filles. Au Brésil, on a financé la scolarité d'enfants pauvres. Donc, on venait mener notre activité professionnelle sur un territoire et en même temps, on participait à l'éducation, au développement de l'éducation ou de l'environnement sur ces territoires sur lesquels on œuvrait. Donc, voilà, chez Elior, dans la restauration, on a financé, on a créé une association qui s'appelait Elior Solidarité et on finançait, par exemple, un festival de réfugiés, de chefs. de cuisine et de chefs réfugiés pour essayer de les réinsérer et leur permettre de rentrer à nouveau dans la vie active en France, une fois arrivés sur le territoire. De la solidarité, de l'engagement, mais en essayant d'avoir un lien avec l'activité de l'entreprise pour que ça puisse avoir un sens. Chez Foncia, je crois que l'opération a vite capoté après mon départ, mais on avait initié la même chose. une activité pour créer du logement d'urgence et du logement social, notamment pour les parents isolés suite à un divorce, suite à des violences, quand il faut tout d'un coup trouver un logement, soit un papa, soit une maman et ses enfants. On avait imaginé œuvrer avec des associations pour soutenir ce type d'activité. J'ignore si ça a été poursuivi ou pas. Mais voilà, toujours une activité de solidarité, un engagement en lien avec l'activité. professionnel, l'activité métier de l'organisation dans laquelle on travaille.
- Speaker #0
Même ici, donner du sens et avoir du sens.
- Speaker #1
Oui, mais parce qu'on est tout d'un coup plus crédible, parce qu'on sait pourquoi on le fait, on sait le faire aussi tout simplement. On peut soutenir une fondation, une activité, une association qui n'a rien à voir avec le métier, mais ça sera difficile de rapprocher l'activité, ça me paraît plus compliqué. Je suis plutôt pour que l'activité, les engagements aient un sens. Il faut se creuser, mais il ne faut pas se creuser beaucoup. Trouver un sens avec le métier ou le secteur d'activité de l'entreprise ou de l'organisation dans laquelle on travaille.
- Speaker #0
Je partage complètement l'idée.
- Speaker #1
Je suis sûr qu'il doit y avoir de très beaux exemples au contraire, mais moi ça me paraît plus facile et plus cohérent.
- Speaker #0
Pour moi ça me paraît non seulement plus cohérent, mais surtout donner du sens permet aussi d'embarquer toute l'entreprise dans évidemment une activité, une association ou autre qui est proche de leurs préoccupations quotidiennes. Parce qu'on l'oublie souvent, mais c'est toute une entreprise aussi. On parle beaucoup du démarche RSE, mais c'est toute une entreprise qui s'engage. Donc là aussi, en termes d'animation, de communication employeur, ça fait sens, à mon sens, évidemment.
- Speaker #1
100% d'accord.
- Speaker #0
Pour revenir sur ton expérience, tu as vécu quelques transformations, des changements, avec des mutations majeures. dans les attentes du public et les technologies. Alors selon toi, quels sont les plus grands défis auxquels les communicants d'aujourd'hui sont confrontés ou vont être confrontés ?
- Speaker #1
Je ne sais pas si ce sont les plus grands, mais moi je vois quatre défis auxquels les communicants sont déjà confrontés aujourd'hui et le seront demain. Il y a celui de la crise. Et la crise, c'est une chance, la crise, je pense, pour les communicants, parce que c'est aussi une façon de montrer un professionnalisme. qu'il est plus difficile de montrer dans d'autres aspects du métier. Quand on vous demande de créer une affiche, d'organiser un événement, il y a toujours des gens qui la ramènent, qui n'ont aucune compréhension des enjeux, aucune connaissance de votre métier, mais qui vont vous donner leur avis en imaginant que c'est une compétence. Quand il s'agit de communication de crise, ces gens-là, ces touristes de la com, comme je les appelle, souvent disparaissent en disant « Non, mais ça, c'est le boulot de la com, évidemment, parce que là, il y a plus de risques et il y a des coûts à prendre. » Donc, je pense que la crise, c'est un de ces enjeux. est un des grands défis des communicants de demain. Et ça va avec aussi le temps de l'immédiateté. Et ce temps de l'immédiateté, l'accélération de la crise, il passe aussi par la maîtrise des réseaux sociaux, par la maîtrise des rythmes de l'information qui ont changé, qui sont maintenant de l'information continue, on est abreuvé de fondations continues. Donc j'ai envie de dire, un, la crise. Deux, c'est la bataille de l'intérêt. Je pense qu'avec la multiplication des supports de communication et des opportunités de communication, il est... C'est étonnant, mais c'est la réalité. De plus en plus difficile de toucher ces cibles, parce qu'elles sont touchées par énormément d'autres personnes, d'autres contacts. Donc, toucher ces cibles, c'est très compliqué. C'est très vrai en communication publique, mais je pense que c'est vrai de façon générale dans toute la communication. Donc, la bataille de l'intérêt, à mon avis, c'est le deuxième défi. La guerre de l'information. Maintenant, tout le monde peut produire une information, et il est de plus en plus difficile de contrôler. La véracité d'une information, je pense que ça c'est un réel défi. Comment on va faire demain pour rendre assurément crédible ce que l'on produit comme information au sein de notre propre communication ? Et puis les évolutions technologiques. L'intelligence réelle est de plus en plus challengée par l'intelligence artificielle. Comment notre intelligence réelle va trouver sa place à côté de cette intelligence artificielle ? Comment on va garder la maîtrise de notre communication et de notre intelligence réelle ? en sachant utiliser cette intelligence artificielle, donc comment faire de cet outil un plus et non pas un moins, je pense que la crise, la bataille de l'intérêt, la guerre de l'information et les évolutions technologiques, c'est peut-être ça les quatre grands défis auxquels il va falloir s'intéresser, avec lesquels il va falloir avancer, contre lesquels il va peut-être en partie falloir lutter ou qu'il va falloir dominer pour garder la maîtrise de sa communication.
- Speaker #0
Alors justement, comment vois-tu le rôle du communicant ? Alors c'est davantage un guide ? Un gardien en or ou autre ?
- Speaker #1
Quand on me demande de définir la communication, parfois je la définis par quatre verbes qui sont valoriser et promouvoir. Et ça peut-être que c'est la fonction traditionnelle de la communication. Donc valoriser, c'est mettre en lumière, c'est mettre en exergue quelque chose qu'on a envie de montrer, de mettre en avant. Promouvoir, c'est la suite logique, c'est promouvoir un service, promouvoir une personne. Mais c'est aussi de plus en plus protégé et préservé, et là on rentre plutôt dans l'aspect communication de crise, ou protection de l'information, ou contrôle de l'information. Je pense que le communicant de demain, il ne doit pas avoir peur. de devoir tout réinventer. Mais en revanche, il va toujours devoir s'appuyer sur un socle, le socle de nos fondamentaux. La communication, c'est de l'écriture. La communication, c'est avoir des idées. Donc ces fondamentaux, on ne peut pas les perdre. Je ne pense pas qu'on puisse les perdre. Je ne pense pas qu'on puisse s'en passer. Donc ça, c'est vraiment le socle solide sur lequel on peut s'appuyer. Mais je pense que nos métiers, il ne faut pas en avoir peur. Je pense qu'on le fait souvent sans s'en rendre compte. Comme l'arrivée de l'intelligence artificielle, certains disent au secours, qu'est-ce qui va nous arriver, qu'est-ce qui va se passer ? Je pense qu'il y a beaucoup de choses dont on ne s'en rend même pas compte. Il ne faut pas avoir peur de tout réinventer. Et autre chose, souvent on me demande quel va être le rôle du communicant demain par rapport aux nouvelles attentes, par rapport aux nouvelles exigences du public. Je pense que notre rôle, ce n'est pas un rôle de service. Nous, c'est un rôle d'intelligence. Souvent, je dis que la communication, ce n'est pas un service support. c'est une fonction stratégique. Parce que notre rôle, ce n'est pas de produire des outils, ce n'est pas de rendre un service, c'est de produire de l'intelligence. Je dis ça pour dire une chose très simple, c'est que je ne pense pas que notre boulot, ce soit de répondre à des attentes. Je pense que notre boulot, c'est d'inventer des nouvelles choses. Et parce qu'on inventera des nouvelles choses, indirectement, on va satisfaire des attentes. Mais si on se met en position de « Quelle est votre attente ? Je vais y répondre. » Alors, je pense qu'on ne sera plus tellement dans la création. peut-être qu'on sera un peu inventif On ne sera plus tellement dans la création. Donc c'est nous de créer les nouvelles voies de communication demain et qui serviront les attentes ou les objectifs de certains. Mais on ne doit pas se mettre dans une position de prestataire de service, sinon on va encore retourner, pour ceux qui n'en sont pas sortis, dans une fonction purement de service. Et pour moi, la communication, ce n'est pas une fonction support, c'est vraiment une fonction stratégique. Donc il faut qu'on soit dans cette intelligence et dans cette créativité permanente.
- Speaker #0
Alors, pour citer un slogan automobile célèbre, à nous d'inventer la vie qui va avec.
- Speaker #1
Exactement, exactement. Et pas de la suivre. On doit être devant, en fait. Nous, on est des prescripteurs de tendance, les communicants, quelque part. On a une qualité d'intuition qui fait que, d'ailleurs, beaucoup s'imaginent communicants parce que comme ils ont une idée ou un avis, ils pensent que c'est une intuition. Non, l'intuition professionnelle du communicant, c'est de sentir avant les autres que telle formule va fonctionner. Tel visuel va attirer l'attention plus qu'un autre, tel mot va toucher et va susciter l'émotion qu'on veut susciter chez nos cibles. Donc cette intuition, qui part de quoi ? L'intuition, elle ne vient pas de nulle part. Elle vient justement de notre capacité d'écoute, d'attention, d'observation. C'est parce qu'on voit des gens, des jeunes, des vieux, peu importe, qui se comportent d'une certaine façon, qui réagissent d'une certaine façon. Moi, je me nourris souvent en étant assis à la terrasse d'un café sur un trottoir, en regardant les gens passer. Et c'est en percevant la façon dont les gens vivent, évoluent, que tout à coup on... naît en nous l'intuition de c'est ça qu'il faut faire, c'est cette formule-là qu'il faut utiliser, c'est à ce moment-là qu'il faut agir. La question du timing est très importante en communication. La même opération qui sort un lundi, un vendredi, un samedi, un week-end ou en semaine, le matin, le soir ou la nuit, n'aura pas du tout le même effet. Ça, c'est des intuitions qu'on a professionnellement et qui jouent un rôle très important. Ça n'existe plus si on se met juste en situation de servir une commande.
- Speaker #0
Allez, je vais la faire. Donc la communication...
- Speaker #1
C'est un métier. Merci. La communication, c'est un métier. Même si toutes les qualités ne sont pas professionnelles et toutes ne s'apprennent pas, il y a des qualités du communicant qui ne s'apprennent pas, mais elles peuvent se développer, elles peuvent se travailler. Mais au final, la communication, c'est un métier. Personne ne naît avec expert en communication. Ça, ça n'existe pas.
- Speaker #0
Surtout, c'est un métier, c'est de la curiosité et c'est de l'apprentissage au quotidien. de pouvoir toujours, tu parlais d'inspiration, c'est de pouvoir, comme tu le disais, être à une terrasse d'un café, de regarder le passant qui passe, voir tout ce qui nous entoure, écouter, et l'inspiration elle vient toute seule. Mais ça en fait, l'Emmanuel ne nous les apprend pas, et ça aussi c'est notre vécu.
- Speaker #1
Emmanuel et Manuel vont partager des expériences, vont partager des techniques. Donc ça a son rôle, ça a son utilité, mais ça ne suffit pas. La pratique, elle est essentielle. Et moi qui parle beaucoup de communication de crise, même chose. Souvent, on me dit, est-ce que vous avez une présentation pour que je devienne communicant de crise ? Non, je n'ai pas de présentation. Ça n'existe pas une présentation pour devenir communicant de crise. Il faut manger de la crise pour avoir une expérience et pour devenir un communicant de crise. personnes, devient un communicant de crise. à 18 ans, ça n'existe pas. Par la force des choses, on en vit une et on la travaille. Mais c'est parce qu'on a vu des morts, parce qu'on a vu des accidents, parce qu'on a vu des catastrophes financières, juridiques. On les a travaillés, on a eu des succès, on a eu des échecs. Tout ça permet de se construire. Et à un moment, on devient plus apte à gérer une communication de crise qu'une personne qui ne l'a jamais fait. C'est juste normal, c'est l'expérience. C'est l'expérience qui amène à l'expertise. L'expertise, elle n'est ni innée, ni dans les bouquins.
- Speaker #0
C'est dommage parce que j'allais justement te demander un petit powerpoint sur comment gérer une crise.
- Speaker #1
Ça m'arrive souvent, indirectement. Je reçois des messages qui, indirectement, disent « Tiens, pour me passer de vos services, est-ce que vous pourriez me donner une présentation pour PowerPoint pour que je puisse faire votre boulot à votre place ? » Je trouve ça délicieux que des gens puissent s'imaginer pouvoir faire ça. Je leur explique juste que c'est un peu plus compliqué que ça.
- Speaker #0
C'est en tout cas élégant.
- Speaker #1
Pas de leur part, en tout cas.
- Speaker #0
Alors, j'aimerais revenir sur un point de ton livre que je trouve particulièrement inspirant. Tu parles... des managers toxiques, de l'impact négatif qu'ils peuvent avoir sur une entreprise. Comment l'élégance, telle que tu l'as décrite, peut-elle être une antidote à cette toxicité ? Et quelle première part un manager peut-il faire pour évoluer vers un style, disons, plus élégant ?
- Speaker #1
Alors, il y a plusieurs questions dans la même question. Déjà, face aux managers toxiques, je pense qu'il y a une seule attitude à avoir, qui n'est pas toujours simple, c'est la fuite. Il ne faut pas rester proche d'un manager toxique, donc il faut fuir, il faut partir, il faut se détacher. C'est parfois compliqué, parfois on ne peut pas perdre son job, parfois on a des factures à payer, on a un loyer, un crédit à payer, mais ça ne peut pas être au prix de sa santé mentale et physique. Donc le manager toxique, il faut le fuir. L'élégance, c'est pour ta question, face au manager toxique, je pense que la seule élégance qu'on puisse avoir, elle est d'abord vis-à-vis de soi-même, c'est de rester digne. Et quand on est face à une ordure, la solution c'est pas de devenir une ordure soi-même. Donc je pense qu'il faut fuir et rester digne, je crois que c'est essentiel pour sa bonne santé mentale. Donc je pense que c'est ça l'essentiel qu'il faut retenir de ce sujet. Et les managers toxiques malheureusement, beaucoup en ont croisé, en ont rencontré. Certains ont la chance de ne pas avoir... eu affaire à ce genre d'individus, c'est pas toujours simple de les identifier. Là, je ne m'étendrai pas davantage, mais je vous donne quelques conseils dans mon ouvrage pour comprendre, percevoir comment tout d'un coup une relation toxique peut s'installer, comment on peut essayer de devenir faible par rapport à ces personnes qui cherchent à vous affaiblir, à vous détruire, à vous dominer. Mais c'est un vrai sujet et c'est quand même primordial parce que... Ça ne sert à rien de lutter si c'est pour s'achever. Je pense qu'il y a d'autres façons de survivre, mais pas de lutter contre les personnes toxiques, qui ne sont pas toujours négatives d'ailleurs pour l'entreprise. Parfois, elles permettent à l'entreprise de performer, alors peut-être pas sur le long terme, peut-être avec des dégâts terribles. C'est aussi pour ça que certaines entreprises qui sont avant tout managées par la finance ou le social n'ont aucune valeur, aucun rôle. On laisse en conscience des managers toxiques. faire leurs basses œuvres, mais ça fait beaucoup de dégâts et ça fait beaucoup de mal. Et je pense qu'au final, ça dessert quand même l'entreprise.
- Speaker #0
Ce sont des conseils très précieux. Merci beaucoup Frédéric. Et finalement, si tu avais un message à transmettre à tous les jeunes communicants qui nous écoutent, qui débutent dans ce si beau métier et cherchent à se frayer un chemin dans un monde parfois rude, qu'est-ce que tu leur dirais aujourd'hui ?
- Speaker #1
Alors je leur dirais peut-être que la com c'est un métier, c'est un merveilleux métier, c'est pas une occupation, c'est un métier qui devient une vocation, ou alors une vocation qui devient un métier, mais c'est vraiment un métier, donc c'est vraiment aussi du travail. C'est un travail original si on peut dire, c'est pas un travail administratif où on commence à 9h et on finit à 18h, c'est possible de commencer à 9h et de finir à 18h, mais c'est un métier dans lequel il y a beaucoup d'imprévus, il y a rarement une journée qui se déroule. comme on avait pu l'imaginer ou la programmer. C'est aussi parfois travailler tôt le matin, parfois travailler très tard le soir, parfois souvent travailler le week-end. Il y a plein de raisons, il y a des imprévus, il y a des crises. Il n'y a pas d'urgence en communication, parce que l'urgence c'est pour les pompiers et l'hôpital, mais il y a quand même des imprévus, il y a quand même des accidents. Les métiers de l'événementiel, c'est aussi des horaires décalés, des situations différentes, mais c'est un métier passionnant puisqu'il n'y a pas de monotonie, on ne peut pas s'embêter en communication. Le skin faut pas. c'est faire de la communication pour de mauvaises raisons. D'abord, la communication, ça reste un métier de création. Qu'il s'agisse de créer un site web, de dessiner un logo, d'écrire un communiqué de presse, c'est toujours l'idée, il faut toujours avoir des idées à la base. Donc si vous n'êtes pas très imaginatif, très créatif, et que vous manquez d'idées, peut-être que la communication, ce n'est pas fait pour vous. Il ne faut pas non plus la faire pour de mauvaises raisons. La communication... On ne fait pas de la communication par exemple dans le luxe parce qu'on a envie de s'acheter des sacs à main. Il vaut mieux avoir un bon job où on a une bonne paye et on pourra s'acheter des vêtements luxe ou des sacs à main luxe plutôt que juste de faire de la com dans le luxe parce qu'on s'imagine tout d'un coup qu'on aura accès à des prix avantageux dans des soldes de presse. Donc il ne faut pas faire de la com pour de mauvaises raisons, il ne faut pas fantasmer sur ce métier. Après voilà c'est un métier fabuleux, je ne dirais pas que c'est le meilleur métier du monde parce que chacun doit imaginer que... Son métier, quand il l'aime, c'est le meilleur métier du monde et tant mieux. Mais c'est un métier fabuleux. C'est un métier de rencontre, c'est un métier de relation. C'est un métier très humain. On rencontre énormément de gens, on travaille avec beaucoup de gens. On peut aussi travailler de façon isolée. Ça dépend. Là, comme c'est un écosystème de métier, il y a des gens qui travaillent de façon plus isolée, d'autres qui travaillent plus en équipe. Mais il y a quand même toujours de l'interaction entre beaucoup de gens. Donc voilà, il faut avoir envie d'écouter, il faut avoir envie d'observer, Il faut avoir envie de collaborer, de participer, d'échanger. communiquer, c'est créer de la relation. Déjà, en faisant ce travail, on crée beaucoup de relations. C'est un métier fabuleux. Il faut juste le faire pour de bonnes raisons.
- Speaker #0
Je signe où, là ?
- Speaker #1
Tu signes en bas de la feuille.
- Speaker #0
J'adore, en tout cas. Juste avant de finir, évidemment, ce n'est pas très podcast, parce que c'est de l'audio, mais j'ai tous les bouquins, en tout cas, une partie des...
- Speaker #1
J'en vois quatre.
- Speaker #0
J'ai mon fils qui a la com' et ta métier. Je ne l'ai toujours pas récupéré. Et justement, on va parler... Moi,
- Speaker #1
j'aime bien quand les enfants piquent mes livres à leurs parents. Je trouve ça quand même assez cool.
- Speaker #0
C'est bien la première fois, en fait, où je ne dis rien. Je ne dis absolument rien. Au contraire. Justement, je suis avec l'anthologie de la com. Alors, j'ai mis quelques petits post-it. Et je voudrais qu'on termine sur une citation. Alors, volontairement, la com est un métier. Je ne vais pas le donner.
- Speaker #1
Avant que tu m'interroges, je te dis juste une situation incroyable dans laquelle je me suis retrouvé un jour dans une matinale radio. où un journaliste prend un livre comme tu es en train de le faire, avec quelques post-its, et puis il prend une page et il dit à la page temps, vous dites ça. Donc, livre que j'avais écrit, qui était sorti peut-être un an avant, avec des textes qui avaient deux, trois, quatre ans. Je ne me souvenais pas exactement d'avoir dit ça, où je ne voyais plus trop le contexte. Et là, le journaliste dit, mais c'est vraiment vous qui l'avez écrit ? Oui, c'est moi qui l'ai écrit, mais je ne me souviens pas mot à mot de ce qui est écrit page par page. Alors maintenant, je me prête au jeu. On va voir si je suis capable de répondre à ta question.
- Speaker #0
En fait, moi, je te parle différemment. Moi, je te le donne. Et tu choisis parmi les post-it.
- Speaker #1
Il y a quatre post-it. Oui, alors,
- Speaker #0
au pif ou au pif.
- Speaker #1
C'est toi qui vois. Au pif, c'est intéressant. Page 89. Il n'y a pas de considération dans la com sans respect de la communication interne. Et je reprends une phrase que parfois le communicant entend. C'est juste de la com interne. Comme si la com interne, c'était de la sous-com, comme si c'était moins important. de partager une bonne communication en interne par rapport à l'externe. La com interne, c'est un travail essentiel. C'est peut-être là où j'ai le moins brillé, à supposer que j'ai brillé quelque part, mais en tout cas, je pense que la com interne, c'est là où j'étais le moins bon, dans le sens où je n'ai jamais trouvé les bonnes formules, les bons moyens, les bons canaux pour faire une bonne ou en tout cas une communication interne différente, nouvelle. Souvent, on a l'impression qu'on met les moins bons dans la com interne, alors que quelque part, on devrait mettre les meilleurs. Ce à quoi j'ai toujours veillé, c'est que jamais, jamais, l'interne n'apprenne une information par l'externe. Toujours qu'il y a vraiment une grande coordination dans les communications. Et notamment, c'est compliqué dans les groupes cotés, où l'information doit être diffusée partout en même temps. Donc, il n'est pas possible d'informer l'interne en amont. Mais en revanche, il n'est pas possible que ce soit sur Google ou dans la presse, que des collaborateurs apprennent ce qui se passe dans leur entreprise. Donc la communication interne, c'est super important. Et c'est pour ça que je parle de respect de la communication interne, parce que c'est quand même quelque chose de très important.
- Speaker #0
Alors justement, la communication interne, moi j'aime bien une phrase, la révolution est interne avant d'être externe. C'est-à-dire que concrètement, traiter la communication interne comme la communication externe avec les mêmes moyens, les mêmes personnes, moi j'ai eu vraiment la chance dans ma carrière d'avoir justement cette opportunité. Et je peux te dire que oui, on s'éclate. Moi, j'ai entendu, ça ne marchera jamais. Ça ne marchera jamais quand on anime un réseau de plus de 1400 garages. Eh bien, 90% se connectent tous les jours ou plusieurs fois par semaine à un site interne où ils peuvent benchmarker, où ils peuvent aussi interagir avec nous, avec les uns et les autres. Clairement, en fait, je ne veux pas dire que c'est le kiff, mais concrètement, ça fait partie vraiment d'une de mes meilleures expériences professionnelles. L'interne, de pouvoir justement communiquer, de pouvoir avoir... ses propres ambassadeurs. Il y a un côté vraiment assez extraordinaire. Et je dirais peut-être pas que c'est plus difficile que la com' externe, mais en fait, il y a des enjeux qui sont complètement différents. Et emmener un réseau, emmener des collaborateurs, emmener l'ensemble... On parle beaucoup de conduite de changement. La conduite de changement sans communication interne, sans marketing de projet interne, vous pouvez avoir le meilleur logiciel de CRM du monde. Ce n'est pas pour ça qu'ils fonctionnent.
- Speaker #1
On est bien d'accord. Et quand je te dis que c'est là où j'ai le moins réussi, j'ai quand même deux exemples intéressants que je peux partager parce qu'ils peuvent servir à d'autres. Qui, en ayant en charge la communication interne, n'a jamais entendu dire aux gens qu'on n'est pas informé, qu'on n'est pas au courant, alors que les informations ont été diffusées sur un intranet, sur des newsletters ? C'est comme ça. Les gens n'ont pas le temps forcément d'aller sur tous ces supports, même si l'information vient à eux. dans la masse des mails qu'ils reçoivent dans la journée, ce n'est pas la newsletter qu'ils vont forcément ouvrir en premier. Et du coup, elle va vite être noyée par les dizaines, les centaines d'autres mails qui arrivent. Donc, c'est très difficile de toucher ces cibles. Tout à l'heure, je parlais dans les défis de la bataille de l'intérêt. La question de l'intérêt et comment intéresser les gens à la communication, c'est un vrai sujet. J'ai une réussite dans ce domaine. C'est un grand groupe dans lequel j'ai bossé. Et c'est là où je me suis mis sur LinkedIn. C'est là où j'ai commencé à être actif sur LinkedIn parce que je ne l'étais pas avant. Je me suis rendu compte qu'assez rapidement, dès mon arrivée, il y avait à peu près un tiers des collaborateurs du groupe qui me suivaient sur LinkedIn. Je me suis dit, puisqu'ils me suivent sur LinkedIn et puisqu'ils vont volontairement sur LinkedIn, ce n'est pas une information qu'ils doivent ouvrir et qui va à eux, c'est eux qui vont chercher l'information. Donc après, ils donnent plus d'intérêt à ce qui est publié sur LinkedIn. Il y a beaucoup d'informations internes, je les passais via LinkedIn. Alors c'est limité parce que c'est public et tu ne peux pas tout dire. Mais finalement, il y avait un grand partage de l'information et une circulation de l'information interne qui était plus forte grâce à mes publications sur LinkedIn, parce que les gens me suivaient sur LinkedIn. Donc ça, ça peut être un point intéressant. Et une autre chose qui a été vraiment un succès, d'abord chez Altran, que je n'ai pas reproduit de mémoire chez Elio, mais que j'ai ensuite reproduit chez Foncia, c'est de créer un blog. J'ai souvenir que chez Altran, la création de ce blog m'a coûté 32 euros, donc ce n'est pas une question de budget. C'est très précis, mais je vais vous dire que ça avait coûté 32 euros. Ça devait être juste l'achat d'une licence, d'un hébergement, de quelque chose. Ça n'avait vraiment rien coûté. Et un blog sur lequel on faisait des portraits de collaborateurs. Des portraits de collaborateurs, un peu façon questionnaire de Proust. Avec une ligne éditoriale très simple, on ne parlait pas de l'entreprise. On ne parlait que du collaborateur. Donc, le collaborateur lui parlait de son métier, parlait de son job, de son service. Mais il n'y avait aucun discours corporate. d'entreprise, c'était vraiment des portraits de collaborateurs. Chez Altran, ça s'appelait de mémoire One of Us. C'était d'ailleurs un nom que j'avais piqué dans une de nos filiales qui avait un système un peu équivalent et que j'ai appliqué au niveau du groupe, au niveau mondial. Et donc, toutes les semaines, on dressait le portrait d'un collaborateur. Là, les gens y allaient parce que les gens, ils avaient envie de voir de qui on parlait, ils avaient envie de voir qui s'exprimait. Quel pays, quelle nationalité, quelles fonctions ? C'était un groupe d'ingénieurs. J'ai commencé par le cuisinier, le premier portrait, c'était le chef cuisinier d'une cantine au UK, justement pour montrer que parmi toutes les équipes, il n'y avait pas que des ingénieurs, des mathématiciens. Et donc, il y avait plein de plein de fonctions. Ça a remporté un succès de folie.
- Speaker #0
J'ai fait la même chose chez Foncia, alors je crois que ça a été supprimé depuis que je suis parti, un blog qui s'appelait Belle Personne, même chose parce que ça permettait en partie aussi de redorer l'image de ces collaborateurs de l'administration de biens qui ne sont pas toujours des fonctions, des métiers qui ne sont pas bien perçus, pas toujours à tort mais beaucoup à tort quand même. Et donc ça permettait de redorer l'image de ces collaborateurs, de ces gestionnaires d'immeubles. à qui on ne réserve pas toujours le meilleur accueil quand ils viennent visiter un immeuble ou pendant une réunion de copropriété. Ça permettait de participer aussi à l'image employeur et essayer d'attirer des gens vers ces métiers qui ne sont pas les plus glamour, les plus sexy. Et puis, ça permettait aussi de créer de la confiance interne, de la satisfaction et de, j'ose pas dire de fidéliser les colorateurs, mais en tout cas, créer un sentiment d'appartenance. Même chose avec des portraits qui ont... qui ont super cartonné de façon incroyable. Donc, toujours des photos. Donc, chacun donne une photo, un portrait, comme il l'entend. Ça peut être un portrait corporate, en situation de travail, en vacances, vraiment comme il l'entend. Donc, les gens choisissent l'illustration de leur portrait. Un grand questionnaire où chacun répond aux questions qu'il souhaite. Certains répondent à tout, certains pas à tout. Ou on demande aussi des choses un peu décalées, comme la fois où ils ont eu le... une situation professionnelle la plus embarrassante ou leur succès professionnel. Après, tu réponds ou tu réponds pas, c'est comme tu veux. Mais ça crée un discours très authentique. Il n'y a aucune réécriture, si ce n'est une éventuelle faute de français qui peut traîner ici ou là. Donc, il y a un discours très authentique. Il n'y a vraiment aucune connotation corporate. Ça donne une très, très, très bonne image à l'entreprise. Ça participe à la valorisation des collaborateurs. C'est bon pour l'image employeur et c'est aussi bon vis-à-vis du business parce que les clients, finalement... Au lieu de voir l'administrateur de biens qui vient leur parler de factures et de bilan comptable, finalement, ils voient que derrière, il n'y a rien d'humain, qu'il y a une personne qui est souvent dans l'urgence, parce qu'elle gère beaucoup d'immeubles, pour revenir sur l'exemple foncière, qu'elle doit traiter des priorités. Un jour, j'ai eu une personne qui a pris un exemple très intéressant, c'est que c'est comme quand tu stationnes dans une rue, alors que tu es en train de faire ton créneau, il y a dix voitures derrière qui classent, qui classent, qui viennent pour passer. Et quelque part, l'administrateur de biens, dans son quotidien, c'est un peu ça. Pendant qu'il est en train de répondre à un client, il y en a 10 qui s'excitent parce qu'on ne leur répond pas. Quand la personne partage son quotidien comme ça, ça participe tout d'un coup à mieux comprendre quel est son métier, sa réalité. Ça permet d'être un peu plus tolérant avec la personne qui est en face. Ça n'empêche pas d'être très exigeant, mais ça donne une autre vision. C'est bon pour tout le monde, pour tous les aspects de la boîte. Et ça, c'est de la com' interne aussi. Un exemple de com' interne sympa, réussi et qui ne coûtera rien. si ce n'est un petit peu de jus de cerveau et un petit peu de temps, mais ce n'est pas un énorme travail, et vraiment les effets sont super bons.