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L'Oreille qui lit

Exemples BAC PHILO : John RAWLS, Théorie de la justice

Exemples BAC PHILO : John RAWLS, Théorie de la justice

06min |02/06/2025|

27

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Description

La théorie de la justice de John Rawls, un philosophe qui propose une approche basée sur l'équité et l'impartialité. Il présente des concepts clés tels que la position originelle et le voile d'ignorance, des dispositifs hypothétiques pour garantir des principes de justice équitables. Le texte décrit ensuite les deux principes fondamentaux de justice de Rawls, concernant l'égale liberté et la gestion des inégalités pour le bénéfice des moins avantagés. Enfin, il aborde la justice comme équité en s'opposant à l'utilitarisme et en listant les biens premiers, tout en présentant certaines critiques majeures de sa théorie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, aujourd'hui on s'attaque à un monument, John Rawls et sa théorie de la justice, un livre de 71 qui a vraiment, vraiment secoué la pensée politique.

  • Speaker #1

    Absolument, son but c'était immense, réconcilier liberté et égalité, mais pas n'importe comment, via l'équité.

  • Speaker #0

    C'est ça, alors on va essayer de décortiquer un peu les idées clés, la position originelle, ce fameux voile d'ignorance et puis les principes de justice. Oui,

  • Speaker #1

    c'est... C'est essentiel pour saisir sa démarche. Ok,

  • Speaker #0

    alors, déballons ça. Par où on commence pour bien comprendre son approche ?

  • Speaker #1

    On commence par son point de départ. C'est assez original par rapport aux anciens contrats sociaux. Il imagine ce qu'il appelle la position originelle.

  • Speaker #0

    Une sorte de situation de départ, mais complètement imaginaire ?

  • Speaker #1

    Exactement, une expérience de pensée. Imagine des gens qui doivent choisir les règles de base de leur future société. C'est ça, la position originelle.

  • Speaker #0

    D'accord. Mais le truc, c'est qu'ils ne savent pas qui ils seront dans cette société. C'est bien ça, le fameux voile d'ignorance.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça. C'est la clé. Sous ce voile, tu ignores tout. Ton sexe, ta classe sociale, tes talents naturels, si tu seras en bonne santé, même tes convictions profondes.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même. C'est radical.

  • Speaker #1

    Ça l'est. Et c'est ça qui est fascinant. Cette ignorance forcée, elle pousse à être impartiale. Forcément.

  • Speaker #0

    Comment ça ?

  • Speaker #1

    Comme tu pourrais te retrouver tout en bas de l'échelle, la seule stratégie rationnelle C'est de choisir des règles qui protègent tout le monde, surtout les plus vulnérables. On maximise la position minimale en quelque sorte.

  • Speaker #0

    D'accord, je vois. C'est une façon de neutraliser les égoïsmes, les biais personnels. C'est malin.

  • Speaker #1

    Très malin. Et de cette situation, Rawls pense qu'on tomberait d'accord sur deux grands principes.

  • Speaker #0

    Ok, alors le premier principe, c'est sur les libertés, je crois.

  • Speaker #1

    Oui, le premier principe, c'est « égale liberté pour tous » . Le système le plus étendu de liberté de base, compatible avec le même système pour les autres.

  • Speaker #0

    Les libertés classiques, quoi. Expression, conscience, vote.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et point crucial, ces libertés sont prioritaires. Absolument prioritaires. On ne peut pas les sacrifier pour plus de richesses collectives, par exemple.

  • Speaker #0

    Jamais.

  • Speaker #1

    Jamais. Sauf pour protéger d'autres libertés fondamentales. La liberté prime.

  • Speaker #0

    D'accord, ça c'est clair. Liberté d'abord. Mais alors, quid des inégalités ? Les inégalités économiques, sociales, c'est souvent là que ça coince pour l'égalité.

  • Speaker #1

    Justement, c'est l'objet du deuxième principe qui est un peu plus technique. Rawls dit, ok, des inégalités peuvent exister, mais attention, sous deux conditions très précises.

  • Speaker #0

    Lesquelles ?

  • Speaker #1

    Premièrement, elles doivent tourner à l'avantage des plus défavorisés de la société. C'est le principe de différence.

  • Speaker #0

    Attends, ça veut dire que si certains s'enrichissent, c'est juste ? Seulement si les plus pauvres en profitent aussi.

  • Speaker #1

    Exactement. L'idée, c'est que l'inégalité n'est juste que si elle améliore le sort de ceux qui ont le moins. Pense aux impôts progressifs qui financent des services publics pour tous.

  • Speaker #0

    Ok, principe de différence. Et la deuxième condition ?

  • Speaker #1

    La juste égalité des chances. Les postes, les positions qui donnent accès à ces avantages, eh bien, ils doivent être ouverts à tous, et pas juste en théorie.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Ça veut dire qu'il faut une réelle égalité des chances d'y accéder, peu importe d'où tu viens. Donc ça implique, par exemple... Un système éducatif qui corrige les inégalités de départ.

  • Speaker #0

    D'accord. Liberté, puis égalité sous conditions très strictes. Et là où ça devient vraiment intéressant, c'est cette idée de priorité du juste sur le bien. Peux-tu nous éclairer là-dessus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un point central contre par exemple l'utilitarisme. Pour Rawls, les principes de justice, les droits, l'équité, passent avant toute idée de ce qu'est une bonne vie ou le bonheur du plus grand nombre.

  • Speaker #0

    Donc on ne peut pas sacrifier les droits d'une personne, même une minorité, au nom du bien-être général ?

  • Speaker #1

    Jamais. C'est ça la priorité du juste. Et pour que ça marche, il s'appuie sur les « biens premiers » , des choses dont on suppose que tout le monde a besoin pour mener sa vie, quels que soient ses objectifs persos.

  • Speaker #0

    Comme quoi, par exemple ?

  • Speaker #1

    Les libertés, bien sûr, les opportunités, un certain niveau de revenus et de richesses, et aussi, très important, les bases sociales du respect de soi. La société juste doit répartir ça équitablement.

  • Speaker #0

    C'est une construction théorique vraiment impressionnante. Mais j'imagine qu'elle n'a pas fait l'unanimité ?

  • Speaker #1

    Ah non, loin de là. Ça a suscité énormément de débats, de critiques.

  • Speaker #0

    Par exemple ?

  • Speaker #1

    Amartya Sen, par exemple. Il a dit « Ok, les biens premiers, c'est bien beau. Mais ce qui compte vraiment, c'est ce que les gens peuvent faire avec. Leur capabilité réelle. Avoir un vélo, c'est bien, mais si tu ne peux pas l'utiliser. »

  • Speaker #0

    Oui, la capacité concrète de transformer les ressources en liberté d'action. Logique. Et du côté des libertariens, ça a dû grincer les dents, non ?

  • Speaker #1

    Ah oui ! Robert Nozick, surtout. Pour lui... Le principe de différence, cette redistribution pour aider les plus faibles, c'est une violation des droits de propriété. Si tu as gagné ton argent honnêtement, L'État n'a pas le droit de te le prendre pour le donner à d'autres. C'est une sorte de travail forcé, selon lui.

  • Speaker #0

    Une critique radicale, effectivement. Et il y a aussi des critiques qui trouvent Rawls pas assez radicales, justement.

  • Speaker #1

    Oui, du côté marxiste, par exemple. On lui reproche de ne s'attaquer qu'aux symptômes, les inégalités, sans remettre en cause la racine du problème, le système capitaliste lui-même, qui produirait structurellement ces inégalités.

  • Speaker #0

    En gros, il aménagerait le capitalisme pour le rendre plus juste en surface. Sans toucher au fond.

  • Speaker #1

    C'est un peu l'idée, oui. Ça pose une question importante. Une théorie de la justice peut-elle rester neutre sur le système économique ?

  • Speaker #0

    Bon, alors, qu'est-ce qu'on retient de tout ça ? Si on devait synthétiser ?

  • Speaker #1

    On retient une tentative majeure, vraiment fondamentale, de penser la justice comme équité, d'articuler liberté et égalité de manière rationnelle, exigeante. Et cet outil incroyable qu'est le voile d'ignorance.

  • Speaker #0

    Un exercice mental puissant ?

  • Speaker #1

    Exactement. Même si la théorie est abstraite. Même avec toutes les critiques, elle nous donne des outils pour réfléchir. Le voile d'ignorance, ça reste un moyen très fort pour évaluer si nos sociétés, nos lois, nos pratiques sont équitables.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça oblige à se décentrer.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Et pour finir, peut-être une petite question pour emporter. Si on jouait le jeu là, maintenant, avec ce voile d'ignorance, comment ça nous ferait voir certaines inégalités bien présentes aujourd'hui dans nos débats ?

  • Speaker #1

    Ah, bonne question. Ça pourrait secouer pas mal de nos certitudes, je pense.

  • Speaker #0

    De quoi réfléchir, en effet. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à toi.

Description

La théorie de la justice de John Rawls, un philosophe qui propose une approche basée sur l'équité et l'impartialité. Il présente des concepts clés tels que la position originelle et le voile d'ignorance, des dispositifs hypothétiques pour garantir des principes de justice équitables. Le texte décrit ensuite les deux principes fondamentaux de justice de Rawls, concernant l'égale liberté et la gestion des inégalités pour le bénéfice des moins avantagés. Enfin, il aborde la justice comme équité en s'opposant à l'utilitarisme et en listant les biens premiers, tout en présentant certaines critiques majeures de sa théorie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, aujourd'hui on s'attaque à un monument, John Rawls et sa théorie de la justice, un livre de 71 qui a vraiment, vraiment secoué la pensée politique.

  • Speaker #1

    Absolument, son but c'était immense, réconcilier liberté et égalité, mais pas n'importe comment, via l'équité.

  • Speaker #0

    C'est ça, alors on va essayer de décortiquer un peu les idées clés, la position originelle, ce fameux voile d'ignorance et puis les principes de justice. Oui,

  • Speaker #1

    c'est... C'est essentiel pour saisir sa démarche. Ok,

  • Speaker #0

    alors, déballons ça. Par où on commence pour bien comprendre son approche ?

  • Speaker #1

    On commence par son point de départ. C'est assez original par rapport aux anciens contrats sociaux. Il imagine ce qu'il appelle la position originelle.

  • Speaker #0

    Une sorte de situation de départ, mais complètement imaginaire ?

  • Speaker #1

    Exactement, une expérience de pensée. Imagine des gens qui doivent choisir les règles de base de leur future société. C'est ça, la position originelle.

  • Speaker #0

    D'accord. Mais le truc, c'est qu'ils ne savent pas qui ils seront dans cette société. C'est bien ça, le fameux voile d'ignorance.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça. C'est la clé. Sous ce voile, tu ignores tout. Ton sexe, ta classe sociale, tes talents naturels, si tu seras en bonne santé, même tes convictions profondes.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même. C'est radical.

  • Speaker #1

    Ça l'est. Et c'est ça qui est fascinant. Cette ignorance forcée, elle pousse à être impartiale. Forcément.

  • Speaker #0

    Comment ça ?

  • Speaker #1

    Comme tu pourrais te retrouver tout en bas de l'échelle, la seule stratégie rationnelle C'est de choisir des règles qui protègent tout le monde, surtout les plus vulnérables. On maximise la position minimale en quelque sorte.

  • Speaker #0

    D'accord, je vois. C'est une façon de neutraliser les égoïsmes, les biais personnels. C'est malin.

  • Speaker #1

    Très malin. Et de cette situation, Rawls pense qu'on tomberait d'accord sur deux grands principes.

  • Speaker #0

    Ok, alors le premier principe, c'est sur les libertés, je crois.

  • Speaker #1

    Oui, le premier principe, c'est « égale liberté pour tous » . Le système le plus étendu de liberté de base, compatible avec le même système pour les autres.

  • Speaker #0

    Les libertés classiques, quoi. Expression, conscience, vote.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et point crucial, ces libertés sont prioritaires. Absolument prioritaires. On ne peut pas les sacrifier pour plus de richesses collectives, par exemple.

  • Speaker #0

    Jamais.

  • Speaker #1

    Jamais. Sauf pour protéger d'autres libertés fondamentales. La liberté prime.

  • Speaker #0

    D'accord, ça c'est clair. Liberté d'abord. Mais alors, quid des inégalités ? Les inégalités économiques, sociales, c'est souvent là que ça coince pour l'égalité.

  • Speaker #1

    Justement, c'est l'objet du deuxième principe qui est un peu plus technique. Rawls dit, ok, des inégalités peuvent exister, mais attention, sous deux conditions très précises.

  • Speaker #0

    Lesquelles ?

  • Speaker #1

    Premièrement, elles doivent tourner à l'avantage des plus défavorisés de la société. C'est le principe de différence.

  • Speaker #0

    Attends, ça veut dire que si certains s'enrichissent, c'est juste ? Seulement si les plus pauvres en profitent aussi.

  • Speaker #1

    Exactement. L'idée, c'est que l'inégalité n'est juste que si elle améliore le sort de ceux qui ont le moins. Pense aux impôts progressifs qui financent des services publics pour tous.

  • Speaker #0

    Ok, principe de différence. Et la deuxième condition ?

  • Speaker #1

    La juste égalité des chances. Les postes, les positions qui donnent accès à ces avantages, eh bien, ils doivent être ouverts à tous, et pas juste en théorie.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Ça veut dire qu'il faut une réelle égalité des chances d'y accéder, peu importe d'où tu viens. Donc ça implique, par exemple... Un système éducatif qui corrige les inégalités de départ.

  • Speaker #0

    D'accord. Liberté, puis égalité sous conditions très strictes. Et là où ça devient vraiment intéressant, c'est cette idée de priorité du juste sur le bien. Peux-tu nous éclairer là-dessus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un point central contre par exemple l'utilitarisme. Pour Rawls, les principes de justice, les droits, l'équité, passent avant toute idée de ce qu'est une bonne vie ou le bonheur du plus grand nombre.

  • Speaker #0

    Donc on ne peut pas sacrifier les droits d'une personne, même une minorité, au nom du bien-être général ?

  • Speaker #1

    Jamais. C'est ça la priorité du juste. Et pour que ça marche, il s'appuie sur les « biens premiers » , des choses dont on suppose que tout le monde a besoin pour mener sa vie, quels que soient ses objectifs persos.

  • Speaker #0

    Comme quoi, par exemple ?

  • Speaker #1

    Les libertés, bien sûr, les opportunités, un certain niveau de revenus et de richesses, et aussi, très important, les bases sociales du respect de soi. La société juste doit répartir ça équitablement.

  • Speaker #0

    C'est une construction théorique vraiment impressionnante. Mais j'imagine qu'elle n'a pas fait l'unanimité ?

  • Speaker #1

    Ah non, loin de là. Ça a suscité énormément de débats, de critiques.

  • Speaker #0

    Par exemple ?

  • Speaker #1

    Amartya Sen, par exemple. Il a dit « Ok, les biens premiers, c'est bien beau. Mais ce qui compte vraiment, c'est ce que les gens peuvent faire avec. Leur capabilité réelle. Avoir un vélo, c'est bien, mais si tu ne peux pas l'utiliser. »

  • Speaker #0

    Oui, la capacité concrète de transformer les ressources en liberté d'action. Logique. Et du côté des libertariens, ça a dû grincer les dents, non ?

  • Speaker #1

    Ah oui ! Robert Nozick, surtout. Pour lui... Le principe de différence, cette redistribution pour aider les plus faibles, c'est une violation des droits de propriété. Si tu as gagné ton argent honnêtement, L'État n'a pas le droit de te le prendre pour le donner à d'autres. C'est une sorte de travail forcé, selon lui.

  • Speaker #0

    Une critique radicale, effectivement. Et il y a aussi des critiques qui trouvent Rawls pas assez radicales, justement.

  • Speaker #1

    Oui, du côté marxiste, par exemple. On lui reproche de ne s'attaquer qu'aux symptômes, les inégalités, sans remettre en cause la racine du problème, le système capitaliste lui-même, qui produirait structurellement ces inégalités.

  • Speaker #0

    En gros, il aménagerait le capitalisme pour le rendre plus juste en surface. Sans toucher au fond.

  • Speaker #1

    C'est un peu l'idée, oui. Ça pose une question importante. Une théorie de la justice peut-elle rester neutre sur le système économique ?

  • Speaker #0

    Bon, alors, qu'est-ce qu'on retient de tout ça ? Si on devait synthétiser ?

  • Speaker #1

    On retient une tentative majeure, vraiment fondamentale, de penser la justice comme équité, d'articuler liberté et égalité de manière rationnelle, exigeante. Et cet outil incroyable qu'est le voile d'ignorance.

  • Speaker #0

    Un exercice mental puissant ?

  • Speaker #1

    Exactement. Même si la théorie est abstraite. Même avec toutes les critiques, elle nous donne des outils pour réfléchir. Le voile d'ignorance, ça reste un moyen très fort pour évaluer si nos sociétés, nos lois, nos pratiques sont équitables.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça oblige à se décentrer.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Et pour finir, peut-être une petite question pour emporter. Si on jouait le jeu là, maintenant, avec ce voile d'ignorance, comment ça nous ferait voir certaines inégalités bien présentes aujourd'hui dans nos débats ?

  • Speaker #1

    Ah, bonne question. Ça pourrait secouer pas mal de nos certitudes, je pense.

  • Speaker #0

    De quoi réfléchir, en effet. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à toi.

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La théorie de la justice de John Rawls, un philosophe qui propose une approche basée sur l'équité et l'impartialité. Il présente des concepts clés tels que la position originelle et le voile d'ignorance, des dispositifs hypothétiques pour garantir des principes de justice équitables. Le texte décrit ensuite les deux principes fondamentaux de justice de Rawls, concernant l'égale liberté et la gestion des inégalités pour le bénéfice des moins avantagés. Enfin, il aborde la justice comme équité en s'opposant à l'utilitarisme et en listant les biens premiers, tout en présentant certaines critiques majeures de sa théorie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bonjour, aujourd'hui on s'attaque à un monument, John Rawls et sa théorie de la justice, un livre de 71 qui a vraiment, vraiment secoué la pensée politique.

  • Speaker #1

    Absolument, son but c'était immense, réconcilier liberté et égalité, mais pas n'importe comment, via l'équité.

  • Speaker #0

    C'est ça, alors on va essayer de décortiquer un peu les idées clés, la position originelle, ce fameux voile d'ignorance et puis les principes de justice. Oui,

  • Speaker #1

    c'est... C'est essentiel pour saisir sa démarche. Ok,

  • Speaker #0

    alors, déballons ça. Par où on commence pour bien comprendre son approche ?

  • Speaker #1

    On commence par son point de départ. C'est assez original par rapport aux anciens contrats sociaux. Il imagine ce qu'il appelle la position originelle.

  • Speaker #0

    Une sorte de situation de départ, mais complètement imaginaire ?

  • Speaker #1

    Exactement, une expérience de pensée. Imagine des gens qui doivent choisir les règles de base de leur future société. C'est ça, la position originelle.

  • Speaker #0

    D'accord. Mais le truc, c'est qu'ils ne savent pas qui ils seront dans cette société. C'est bien ça, le fameux voile d'ignorance.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça. C'est la clé. Sous ce voile, tu ignores tout. Ton sexe, ta classe sociale, tes talents naturels, si tu seras en bonne santé, même tes convictions profondes.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même. C'est radical.

  • Speaker #1

    Ça l'est. Et c'est ça qui est fascinant. Cette ignorance forcée, elle pousse à être impartiale. Forcément.

  • Speaker #0

    Comment ça ?

  • Speaker #1

    Comme tu pourrais te retrouver tout en bas de l'échelle, la seule stratégie rationnelle C'est de choisir des règles qui protègent tout le monde, surtout les plus vulnérables. On maximise la position minimale en quelque sorte.

  • Speaker #0

    D'accord, je vois. C'est une façon de neutraliser les égoïsmes, les biais personnels. C'est malin.

  • Speaker #1

    Très malin. Et de cette situation, Rawls pense qu'on tomberait d'accord sur deux grands principes.

  • Speaker #0

    Ok, alors le premier principe, c'est sur les libertés, je crois.

  • Speaker #1

    Oui, le premier principe, c'est « égale liberté pour tous » . Le système le plus étendu de liberté de base, compatible avec le même système pour les autres.

  • Speaker #0

    Les libertés classiques, quoi. Expression, conscience, vote.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et point crucial, ces libertés sont prioritaires. Absolument prioritaires. On ne peut pas les sacrifier pour plus de richesses collectives, par exemple.

  • Speaker #0

    Jamais.

  • Speaker #1

    Jamais. Sauf pour protéger d'autres libertés fondamentales. La liberté prime.

  • Speaker #0

    D'accord, ça c'est clair. Liberté d'abord. Mais alors, quid des inégalités ? Les inégalités économiques, sociales, c'est souvent là que ça coince pour l'égalité.

  • Speaker #1

    Justement, c'est l'objet du deuxième principe qui est un peu plus technique. Rawls dit, ok, des inégalités peuvent exister, mais attention, sous deux conditions très précises.

  • Speaker #0

    Lesquelles ?

  • Speaker #1

    Premièrement, elles doivent tourner à l'avantage des plus défavorisés de la société. C'est le principe de différence.

  • Speaker #0

    Attends, ça veut dire que si certains s'enrichissent, c'est juste ? Seulement si les plus pauvres en profitent aussi.

  • Speaker #1

    Exactement. L'idée, c'est que l'inégalité n'est juste que si elle améliore le sort de ceux qui ont le moins. Pense aux impôts progressifs qui financent des services publics pour tous.

  • Speaker #0

    Ok, principe de différence. Et la deuxième condition ?

  • Speaker #1

    La juste égalité des chances. Les postes, les positions qui donnent accès à ces avantages, eh bien, ils doivent être ouverts à tous, et pas juste en théorie.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Ça veut dire qu'il faut une réelle égalité des chances d'y accéder, peu importe d'où tu viens. Donc ça implique, par exemple... Un système éducatif qui corrige les inégalités de départ.

  • Speaker #0

    D'accord. Liberté, puis égalité sous conditions très strictes. Et là où ça devient vraiment intéressant, c'est cette idée de priorité du juste sur le bien. Peux-tu nous éclairer là-dessus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un point central contre par exemple l'utilitarisme. Pour Rawls, les principes de justice, les droits, l'équité, passent avant toute idée de ce qu'est une bonne vie ou le bonheur du plus grand nombre.

  • Speaker #0

    Donc on ne peut pas sacrifier les droits d'une personne, même une minorité, au nom du bien-être général ?

  • Speaker #1

    Jamais. C'est ça la priorité du juste. Et pour que ça marche, il s'appuie sur les « biens premiers » , des choses dont on suppose que tout le monde a besoin pour mener sa vie, quels que soient ses objectifs persos.

  • Speaker #0

    Comme quoi, par exemple ?

  • Speaker #1

    Les libertés, bien sûr, les opportunités, un certain niveau de revenus et de richesses, et aussi, très important, les bases sociales du respect de soi. La société juste doit répartir ça équitablement.

  • Speaker #0

    C'est une construction théorique vraiment impressionnante. Mais j'imagine qu'elle n'a pas fait l'unanimité ?

  • Speaker #1

    Ah non, loin de là. Ça a suscité énormément de débats, de critiques.

  • Speaker #0

    Par exemple ?

  • Speaker #1

    Amartya Sen, par exemple. Il a dit « Ok, les biens premiers, c'est bien beau. Mais ce qui compte vraiment, c'est ce que les gens peuvent faire avec. Leur capabilité réelle. Avoir un vélo, c'est bien, mais si tu ne peux pas l'utiliser. »

  • Speaker #0

    Oui, la capacité concrète de transformer les ressources en liberté d'action. Logique. Et du côté des libertariens, ça a dû grincer les dents, non ?

  • Speaker #1

    Ah oui ! Robert Nozick, surtout. Pour lui... Le principe de différence, cette redistribution pour aider les plus faibles, c'est une violation des droits de propriété. Si tu as gagné ton argent honnêtement, L'État n'a pas le droit de te le prendre pour le donner à d'autres. C'est une sorte de travail forcé, selon lui.

  • Speaker #0

    Une critique radicale, effectivement. Et il y a aussi des critiques qui trouvent Rawls pas assez radicales, justement.

  • Speaker #1

    Oui, du côté marxiste, par exemple. On lui reproche de ne s'attaquer qu'aux symptômes, les inégalités, sans remettre en cause la racine du problème, le système capitaliste lui-même, qui produirait structurellement ces inégalités.

  • Speaker #0

    En gros, il aménagerait le capitalisme pour le rendre plus juste en surface. Sans toucher au fond.

  • Speaker #1

    C'est un peu l'idée, oui. Ça pose une question importante. Une théorie de la justice peut-elle rester neutre sur le système économique ?

  • Speaker #0

    Bon, alors, qu'est-ce qu'on retient de tout ça ? Si on devait synthétiser ?

  • Speaker #1

    On retient une tentative majeure, vraiment fondamentale, de penser la justice comme équité, d'articuler liberté et égalité de manière rationnelle, exigeante. Et cet outil incroyable qu'est le voile d'ignorance.

  • Speaker #0

    Un exercice mental puissant ?

  • Speaker #1

    Exactement. Même si la théorie est abstraite. Même avec toutes les critiques, elle nous donne des outils pour réfléchir. Le voile d'ignorance, ça reste un moyen très fort pour évaluer si nos sociétés, nos lois, nos pratiques sont équitables.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça oblige à se décentrer.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Et pour finir, peut-être une petite question pour emporter. Si on jouait le jeu là, maintenant, avec ce voile d'ignorance, comment ça nous ferait voir certaines inégalités bien présentes aujourd'hui dans nos débats ?

  • Speaker #1

    Ah, bonne question. Ça pourrait secouer pas mal de nos certitudes, je pense.

  • Speaker #0

    De quoi réfléchir, en effet. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à toi.

Description

La théorie de la justice de John Rawls, un philosophe qui propose une approche basée sur l'équité et l'impartialité. Il présente des concepts clés tels que la position originelle et le voile d'ignorance, des dispositifs hypothétiques pour garantir des principes de justice équitables. Le texte décrit ensuite les deux principes fondamentaux de justice de Rawls, concernant l'égale liberté et la gestion des inégalités pour le bénéfice des moins avantagés. Enfin, il aborde la justice comme équité en s'opposant à l'utilitarisme et en listant les biens premiers, tout en présentant certaines critiques majeures de sa théorie.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, aujourd'hui on s'attaque à un monument, John Rawls et sa théorie de la justice, un livre de 71 qui a vraiment, vraiment secoué la pensée politique.

  • Speaker #1

    Absolument, son but c'était immense, réconcilier liberté et égalité, mais pas n'importe comment, via l'équité.

  • Speaker #0

    C'est ça, alors on va essayer de décortiquer un peu les idées clés, la position originelle, ce fameux voile d'ignorance et puis les principes de justice. Oui,

  • Speaker #1

    c'est... C'est essentiel pour saisir sa démarche. Ok,

  • Speaker #0

    alors, déballons ça. Par où on commence pour bien comprendre son approche ?

  • Speaker #1

    On commence par son point de départ. C'est assez original par rapport aux anciens contrats sociaux. Il imagine ce qu'il appelle la position originelle.

  • Speaker #0

    Une sorte de situation de départ, mais complètement imaginaire ?

  • Speaker #1

    Exactement, une expérience de pensée. Imagine des gens qui doivent choisir les règles de base de leur future société. C'est ça, la position originelle.

  • Speaker #0

    D'accord. Mais le truc, c'est qu'ils ne savent pas qui ils seront dans cette société. C'est bien ça, le fameux voile d'ignorance.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça. C'est la clé. Sous ce voile, tu ignores tout. Ton sexe, ta classe sociale, tes talents naturels, si tu seras en bonne santé, même tes convictions profondes.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même. C'est radical.

  • Speaker #1

    Ça l'est. Et c'est ça qui est fascinant. Cette ignorance forcée, elle pousse à être impartiale. Forcément.

  • Speaker #0

    Comment ça ?

  • Speaker #1

    Comme tu pourrais te retrouver tout en bas de l'échelle, la seule stratégie rationnelle C'est de choisir des règles qui protègent tout le monde, surtout les plus vulnérables. On maximise la position minimale en quelque sorte.

  • Speaker #0

    D'accord, je vois. C'est une façon de neutraliser les égoïsmes, les biais personnels. C'est malin.

  • Speaker #1

    Très malin. Et de cette situation, Rawls pense qu'on tomberait d'accord sur deux grands principes.

  • Speaker #0

    Ok, alors le premier principe, c'est sur les libertés, je crois.

  • Speaker #1

    Oui, le premier principe, c'est « égale liberté pour tous » . Le système le plus étendu de liberté de base, compatible avec le même système pour les autres.

  • Speaker #0

    Les libertés classiques, quoi. Expression, conscience, vote.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et point crucial, ces libertés sont prioritaires. Absolument prioritaires. On ne peut pas les sacrifier pour plus de richesses collectives, par exemple.

  • Speaker #0

    Jamais.

  • Speaker #1

    Jamais. Sauf pour protéger d'autres libertés fondamentales. La liberté prime.

  • Speaker #0

    D'accord, ça c'est clair. Liberté d'abord. Mais alors, quid des inégalités ? Les inégalités économiques, sociales, c'est souvent là que ça coince pour l'égalité.

  • Speaker #1

    Justement, c'est l'objet du deuxième principe qui est un peu plus technique. Rawls dit, ok, des inégalités peuvent exister, mais attention, sous deux conditions très précises.

  • Speaker #0

    Lesquelles ?

  • Speaker #1

    Premièrement, elles doivent tourner à l'avantage des plus défavorisés de la société. C'est le principe de différence.

  • Speaker #0

    Attends, ça veut dire que si certains s'enrichissent, c'est juste ? Seulement si les plus pauvres en profitent aussi.

  • Speaker #1

    Exactement. L'idée, c'est que l'inégalité n'est juste que si elle améliore le sort de ceux qui ont le moins. Pense aux impôts progressifs qui financent des services publics pour tous.

  • Speaker #0

    Ok, principe de différence. Et la deuxième condition ?

  • Speaker #1

    La juste égalité des chances. Les postes, les positions qui donnent accès à ces avantages, eh bien, ils doivent être ouverts à tous, et pas juste en théorie.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Ça veut dire qu'il faut une réelle égalité des chances d'y accéder, peu importe d'où tu viens. Donc ça implique, par exemple... Un système éducatif qui corrige les inégalités de départ.

  • Speaker #0

    D'accord. Liberté, puis égalité sous conditions très strictes. Et là où ça devient vraiment intéressant, c'est cette idée de priorité du juste sur le bien. Peux-tu nous éclairer là-dessus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un point central contre par exemple l'utilitarisme. Pour Rawls, les principes de justice, les droits, l'équité, passent avant toute idée de ce qu'est une bonne vie ou le bonheur du plus grand nombre.

  • Speaker #0

    Donc on ne peut pas sacrifier les droits d'une personne, même une minorité, au nom du bien-être général ?

  • Speaker #1

    Jamais. C'est ça la priorité du juste. Et pour que ça marche, il s'appuie sur les « biens premiers » , des choses dont on suppose que tout le monde a besoin pour mener sa vie, quels que soient ses objectifs persos.

  • Speaker #0

    Comme quoi, par exemple ?

  • Speaker #1

    Les libertés, bien sûr, les opportunités, un certain niveau de revenus et de richesses, et aussi, très important, les bases sociales du respect de soi. La société juste doit répartir ça équitablement.

  • Speaker #0

    C'est une construction théorique vraiment impressionnante. Mais j'imagine qu'elle n'a pas fait l'unanimité ?

  • Speaker #1

    Ah non, loin de là. Ça a suscité énormément de débats, de critiques.

  • Speaker #0

    Par exemple ?

  • Speaker #1

    Amartya Sen, par exemple. Il a dit « Ok, les biens premiers, c'est bien beau. Mais ce qui compte vraiment, c'est ce que les gens peuvent faire avec. Leur capabilité réelle. Avoir un vélo, c'est bien, mais si tu ne peux pas l'utiliser. »

  • Speaker #0

    Oui, la capacité concrète de transformer les ressources en liberté d'action. Logique. Et du côté des libertariens, ça a dû grincer les dents, non ?

  • Speaker #1

    Ah oui ! Robert Nozick, surtout. Pour lui... Le principe de différence, cette redistribution pour aider les plus faibles, c'est une violation des droits de propriété. Si tu as gagné ton argent honnêtement, L'État n'a pas le droit de te le prendre pour le donner à d'autres. C'est une sorte de travail forcé, selon lui.

  • Speaker #0

    Une critique radicale, effectivement. Et il y a aussi des critiques qui trouvent Rawls pas assez radicales, justement.

  • Speaker #1

    Oui, du côté marxiste, par exemple. On lui reproche de ne s'attaquer qu'aux symptômes, les inégalités, sans remettre en cause la racine du problème, le système capitaliste lui-même, qui produirait structurellement ces inégalités.

  • Speaker #0

    En gros, il aménagerait le capitalisme pour le rendre plus juste en surface. Sans toucher au fond.

  • Speaker #1

    C'est un peu l'idée, oui. Ça pose une question importante. Une théorie de la justice peut-elle rester neutre sur le système économique ?

  • Speaker #0

    Bon, alors, qu'est-ce qu'on retient de tout ça ? Si on devait synthétiser ?

  • Speaker #1

    On retient une tentative majeure, vraiment fondamentale, de penser la justice comme équité, d'articuler liberté et égalité de manière rationnelle, exigeante. Et cet outil incroyable qu'est le voile d'ignorance.

  • Speaker #0

    Un exercice mental puissant ?

  • Speaker #1

    Exactement. Même si la théorie est abstraite. Même avec toutes les critiques, elle nous donne des outils pour réfléchir. Le voile d'ignorance, ça reste un moyen très fort pour évaluer si nos sociétés, nos lois, nos pratiques sont équitables.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça oblige à se décentrer.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Et pour finir, peut-être une petite question pour emporter. Si on jouait le jeu là, maintenant, avec ce voile d'ignorance, comment ça nous ferait voir certaines inégalités bien présentes aujourd'hui dans nos débats ?

  • Speaker #1

    Ah, bonne question. Ça pourrait secouer pas mal de nos certitudes, je pense.

  • Speaker #0

    De quoi réfléchir, en effet. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à toi.

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