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La Cheftaine : le podcast

4. Anne-Leïla : décider de changer le monde et s'en donner les moyens !

4. Anne-Leïla : décider de changer le monde et s'en donner les moyens !

51min |07/01/2025
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Description

Comment transformer la recherche scientifique en action concrète pour protéger les océans et le monde de demain ?


Dans cet épisode, je reçois Anne-Leila, Docteure en biologie marine et fondatrice de la société Plastic@Sea 🌊


De prime abord, elle ne fait rien de glamour : de la recherche scientifique sur les matières plastiques dans les océans… je fais un gros raccourci, elle en parle bien mieux que moi, tu verras ! Mais l’idée est là, dans un secteur ULTRA masculin, où les moyens financiers sont ULTRAS limitées, la recherche scientifique en France, Anne-Leila a décidé de prendre la tangente : ne plus courir après les financements pour réaliser des études qui aboutirons PEUT ETRE à un changement POTENTIEL dans 10 ans... Elle a décidé de créer sa boîte pour avoir un impact sur le monde maintenant, en faisant évoluer son rôle de chercheuse vers celui d'entrepreneuse.


Avec elle, on explore :

  • Quelles limites du monde académique l’ont poussée à se lancer dans l’entrepreneuriat ?

  • Comment les compétences de chercheur peuvent-elles s’appliquer au monde des affaires ?

  • Comment l'étude des organismes marins inspire des solutions concrètes contre la pollution plastique ?

  • Pourquoi travailler avec les industriels est essentiel pour un impact durable sur le monde de demain ?

  • Comment elle allie pragmatisme et vision à long terme dans sa mission ?


Son parcours montre que l’audace et la science peuvent changer les règles du jeu. Aujourd’hui, c’est le plastique qui n’a qu’à bien se tenir, mais demain ce seront les métaux lourds, les pesticides, et bien d’autres fléaux pour lesquels une solution existe quelque part !


🎧 Écoute cet épisode pour découvrir comment science et entrepreneuriat peuvent s'allier pour créer un avenir meilleur.


_________________________________________

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Intro

    Si tu écoutes cet épisode au moment de sa sortie, nous sommes en janvier 2025 et je t'adresse donc mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Quoi de mieux pour la démarrer que d'adresser un message d'espoir pour le monde de demain ? Eh bien justement, le parcours qui va suivre est dans cette veine. Une nana qui s'est accrochée à son objectif, celui de rendre le monde meilleur et de sauver notre planète, tout en gagnant en stabilité professionnelle. Avoir en ligne de mire la préservation de notre environnement, la sauvegarde de l'intérêt commun, tout en créant une entreprise et gagner sa vie, ça n'a rien de contradictoire. Je m'explique. Anne Leila va changer le monde. Sa révolution est d'ailleurs déjà en marche. Si tu ne sais pas encore comment, reste avec nous et écoute bien l'épisode jusqu'au bout, car il y a beaucoup à dire. De prime abord, Anne Leila ne fait rien de glamour. De la recherche scientifique sur les matières plastiques dans les océans. Oui. Je fais un gros raccourci, elle en parle bien mieux que moi, tu verras. Mais l'idée est là, dans un secteur ultra masculin, où les moyens financiers sont ultra limités, la recherche scientifique en France. Anne Leila a décidé de prendre la tangente, ne plus courir après les financements pour réaliser des études qui aboutiront peut-être à un changement potentiel dans 10 ans, et elle a créé sa boîte pour avoir un impact sur le monde maintenant. Aujourd'hui, c'est le plastique qui n'a qu'à bien se tenir, mais demain, ce seront les métaux lourds, les pesticides et bien d'autres fléaux pour lesquels une solution existe quelque part. Ensemble, nous avons évidemment parlé écologie, mais aussi économie, recherche scientifique, milieu universitaire, représentativité des femmes et un meilleur monde pour demain, entre autres. PS, nous avons enregistré cet épisode dans une pièce située au-dessus d'une avenue qui est assez passante. Malgré nos efforts, tu entendras parfois quelques imperfections. Merci de ton indulgence. La Chafetaine, le podcast. Nouvelle épisode, c'est parti !

  • Audrey

    Bonjour Leïla ! Bienvenue sur le podcast de la Cheftaine. Je te remercie d'avoir accepté mon invitation pour nous présenter un petit peu plus ton parcours parce que tu as des ambitions à la hauteur de ta personne, tu veux sauver le monde sur le principe Le monde est l'océan Voilà, et donc je me suis dit que c'est bien de porter cette parole, de diffuser justement au plus grand nombre. Donc pour ceux qui ne te connaissent pas, Leïla, présente-toi, dis-nous qui tu es, d'où tu viens et ce que tu fais. Alors, je suis le docteur. Anne Leila Meisterzheim. Je suis docteure en biologie marine. J'ai eu mon doctorat à l'Université de Bretagne occidentale, mais à la base, je venais de Paris. À 10 ans, j'ai découvert que j'étais une scientifique. Je l'ai su très tôt. Je savais ce que je voulais faire. Et quand j'ai choisi, quand j'ai dû monter dans les différents niveaux d'études, au moment de passer, je suis rentrée dans des classes préparatoires, biologie, chimie, physique, sciences et vie de la Terre. Le total des classes prépa pour les biologistes, j'ai envie de dire. On m'a demandé de créer un projet. Et je devais créer un projet de recherche avec un groupe de certaines de mes... Enfin, des copines qui étaient à côté, voilà, dans ma classe. Et on a eu l'idée de travailler sur l'homochromie des sèches. Et à Paris, tu n'en vois pas beaucoup. Eh bien, à Paris, il n'y en avait pas. Alors déjà, ma mère, elle m'avait dit Mais c'est super gentil ce que tu veux faire. Mais tu veux travailler sur le milieu marin. Mais là, la mer, à Paris... J'ai dit Ah oui, ben non. Alors du coup, pour faire ce travail-là, j'ai dû monter à Boulogne-sur-Mer. Je suis allée visiter l'aquarium de Nozica. Et là, pareil, révélation. C'était génial, je me suis dit, ok, c'est bon. C'est banco. Moi, je vais partir à Brest et je vais aller faire mes études à Brest parce qu'à Brest, il y a la mer. Oui, classique. Classique. Et puis là-bas, il y a l'Institut universitaire européen de la mer qui est reconnu. Et en fait, en dernière année de mon cursus, donc le Master 2, à l'époque, c'était le DEA. On m'a dit, en fait, c'est un DEA qui est partagé entre l'Université de Perpignan, l'Université de Brest, et Paris. Retour à la classe départ. Et comme je venais finalement de l'Université de... Bretagne. Quand j'ai dû chercher mon stage, je suis revenue là-bas tout simplement. Tu es retournée en Bretagne. Je suis retournée en Bretagne. J'ai fini mon cursus Master 2 à l'EA de l'époque et j'ai postulé là-bas une thèse, une thèse ministérielle. Et pendant trois ans et demi, j'ai travaillé sur les capacités d'adaptation de l'huître que tu manges à Noël. Et après ça, j'ai travaillé, je suis devenue docteur en biologie marine. Et j'ai travaillé pour d'autres personnes sur, par exemple, des maladies qui touchaient leur mot. Et puis, après, j'ai travaillé pour d'autres projets et je suis devenue une sériale post-doc. Alors, une sériale post-doc, c'est quoi ? En gros, c'est un CDD à répétition. Je changeais souvent de laboratoire parce qu'ils n'ont pas beaucoup de moyens. Oui, bien sûr. Donc, en fait, c'était des petits contrats. On essayait de remplir les trous. Oui, quand il y avait le financement qui tombait, il dégageait un contrat et tu prenais la place. C'était un peu ça l'idée. C'était complètement ça. Des fois, j'ai même créé des laboratoires. Je faisais des petits bouts de chandelles. Et à l'époque, on me reprochait le fait de ne pas être allée à l'étranger. Et donc, du coup, je me suis dit, pas de problème, je vais aller à l'étranger. J'ai créé des super projets avec l'Afrique du Sud. J'étais prête à y aller. J'emmène à l'époque mon mari, parce que j'en ai rien avec moi, qui a malheureusement... On va dire un défaut terrible, il est chercheur dans le domaine de la biologie marine. Voilà, donc en fait, lui, il est lié à Sorbonne Université, ce qui veut dire qu'il ne peut pas aller n'importe où non plus. D'accord. Et donc, on a dû chercher un endroit où c'était intéressant pour lui, où c'était intéressant pour moi. Un compromis, quoi. Un petit compromis. Donc, on s'est créé chacun un projet pour aller en Afrique du Sud. Lui, sur... Enfin, moi, sur l'impact de parasites sur des tortues, donc très bien. Et lui, l'impact des plastiques sur des coraux tropicaux. Ah, donc moi, le mien, je ne l'ai pas lu. Je me suis dit, de toute façon, il faudra bien que tu embauches quelqu'un pour faire le travail d'impact sur les plastiques. Donc, tu n'as qu'à m'embaucher. Et c'est moi qui vais faire le job. Donc, j'ai commencé à travailler pour mon mari, ce qui était une catastrophe terrible pour moi, parce qu'il ne fallait surtout pas faire ça. Je ne peux pas imaginer que ça devait être sportif. Ça a été sportif. Moi, je travaillais, j'essayais d'éviter Bannou sur mer. Mon but, c'était d'éviter Bannou sur mer. Oui, parce que du coup, moi, je suis restée, vous étiez à Brest, mais vous êtes arrivée à Paris aussi. Moi, j'ai postulé à un poste de maître de conférence à Perpignan. Je suis arrivée deuxième. Mais sauf que deuxième, c'est deuxième. Tu ne peux pas pousser le numéro un dans les escaliers. Ça ne te plaît pas ? Non, parce que tu es mal vue. Et donc, deuxième, j'étais quand même arrivée à Perpignan et j'avais déménagé. Et du coup, j'étais bloquée. Sauf que lui, il a été pris pour le poste de maître de conférence. Du coup, j'ai commencé à postuler sur des laboratoires de recherche qui étaient en local. Celui pour lequel j'avais postulé pour maître de conférence m'a proposé un CD list. J'ai démarré mon travail comme ça à Perpignan. Et du coup, pendant plus de dix ans quand même, j'ai été encore une serial postdoc. Et en fait, c'était presque surprenant, parce que normalement, ça n'existe pas. Dans le milieu de la recherche, les gens qui font des petits contrats d'aussi longue durée, en général, partent à l'étranger, sont bouchés ailleurs et ne reviennent pas. Oui, c'est assez évident. C'était la problématique de la recherche en France. C'était la problématique de la recherche en France. Mais moi, j'y arrivais. J'arrivais systématiquement à créer mes projets, avoir des projets, avoir de l'argent, à m'en sortir. Et dans mon dernier contrat, du coup, où j'étais embauchée, où je devais être embauchée par mon mari, quelqu'un m'a fait une contre-proposition. Il m'a dit, plutôt que de tester l'impact des plastiques sur des organismes marins, je te propose de regarder des micro-organismes qui dégradent la matière plastique dans le milieu marin. C'était Jean-François Guiglione qui m'avait proposé ça. J'ai dit oui. Et plutôt qu'avoir un contrat de trois mois avec mon mari, j'en ai eu un de un an avec Jean-François Grigion. Je suis désolée, j'ai fait un choix sur la durée. Quand on est chercheur, on a bien gardé un peu son... Son espace à soi, oui. On peut que les chercheurs, je t'en rassure. Ah non, oui, je pense qu'il y a ses parts. Mais voilà, du coup, ça a quand même fonctionné. Et à la fin de ce contrat, le directeur de l'Observatoire Océanologique de Bagnos est venu me voir et m'a dit, maintenant, ça suffit. Ça fait dix ans. que tu essaies d'aider, ça fait 10 ans que tu postules, ça fait 10 ans que tu crées des contrats, que tu crées des projets. Donc, c'est pas un problème de compétence, puisque tu le fais. Donc, c'est pas un problème de compétence. C'est parce que t'as pas de chance. Et en gros, ce qu'il me disait, c'est Je pense que tu t'es trompée sur la vision du chef d'entreprise, enfin en fait sur le monde de l'entrepreneuriat. Je pense que tu as une très très mauvaise vision de ce monde-là et que tu te trompes, vraiment. Parce qu'un chef d'entreprise, c'est quelqu'un qui crée des projets, qui crée de l'innovation, qui gère une équipe, qui gère en fait sa partie comptable. Et bien ça correspond très exactement… À ce que tu fais ? Au travail d'un chercheur. Un chercheur écrit un projet, gère une équipe, gère un budget. Ce ne sont juste pas les mêmes mots. Donc c'est un problème de sémantique. Mais c'était très exactement le même travail. Donc il m'a dit, je pense vraiment que tu as une vision qui est tronquée, parce que tu es dans le monde de la science, et du coup tu as l'impression que le monde est différent dans le monde économique, mais en fait c'est le même. Et peut-être qu'il faudrait juste que tu te tendes ta chance. Et là il t'a allumé la lumière. Complètement. Il m'a dit, j'ai dit, mais moi, je ne sais pas faire, je ne sais pas comment on fait ça. Et en fait, à l'époque, il m'a proposé d'être accompagnée dans le cadre de la création de l'incubateur Aragone, qui se trouve à l'Observatoire Océanologique de Bagnoules. C'était en 2018. Donc, j'ai créé en 2018. Et c'est Daniel Christian, qui était directeur de l'incubateur à l'époque, qui m'a accompagnée. Et pendant deux ans, on a changé les mots. C'est-à-dire que... au lieu de parler à des scientifiques ou de parler au public, parce que les scientifiques sont quand même missionnés aussi pour la partie sensibilisation. Donc, on sait parler. Même à des tout-petits, on sait parler. Mais par contre, quand il s'agit de mots comme business plan, là, il y a un grand flou artistique. Et tout le monde se regarde. Mais de quoi on parle ? Et en fait, une fois que les mots ont été traduits dans un sens que je comprends, là, ça allait beaucoup mieux. Et donc, on a pu démarrer nos activités en janvier 2019. Et en septembre, je recrutais déjà trois personnes. Et donc, le nom de ta société ? Le nom de ma société, c'est Plastique Atsi. Alors, je sais que c'est perturbant, parce que beaucoup de gens me disent ça veut dire que vous mettez les plastiques dans la mer Et bien, en fait, oui. Non, mais il n'y a pas d'erreur. C'est bien ce que je fais. Alors, en fait, c'est un petit peu… Ce n'est pas la première idée qu'on pourrait avoir, mais en gros, ce que je fais, c'est que je fais rentrer la mer dans mes aquariums ouverts. Voilà. Toute la biodiversité rentre à l'intérieur de mes aquariums ouverts. Et là, je… met les plastiques dedans. Et la mer continue de passer sur ces plastiques, on continue, et ça me permet de voir la vie s'attacher à ces plastiques, et à partir de cette vie, je vais ensuite la détacher et en milieu fermé, cette fois-ci, je vais regarder si cette vie est capable de dégrader les matières. D'accord. Et à côté de ça, je vais regarder si cette matière va avoir un impact toxique, cette fois-ci, sur des organismes vivants que je vais pêcher dans la baie de Bagnoules. Donc on va les pêcher les péchés, on va dire plutôt les prélever pour être exact. On va tester des matières. Est-ce que c'est toxique ? Combien ? Et on va le comparer à des poisons qui sont identifiés, qui permettent de classer tous les produits chimiques solubles selon la classification du riche. Et ça nous permet de dire, telle matière est plus vertueuse parce qu'elle n'a pas d'impact, en fait. Et ça nous permet d'identifier des matières selon deux labels, le label biodégradable non toxique ou... le label juste non toxique et la matière n'est pas biodégradable. Parce que dans la réalité, on perd trop de nos déchets plastiques sur la Terre. Du coup, on a besoin de vérifier que si jamais on les perd, parce qu'on les perd beaucoup. Bien sûr, oui, c'est un fléau de plastique. Mais parce que nos méthodes de gestion ne sont pas adaptées. Et ce n'est pas que de l'incivilité, ce n'est pas juste des gens qui jettent. C'est les poubelles qui se renversent, c'est le vent, c'est les tempêtes, les anciennes déchetteries, il y a plein de choses comme ça. En fait, on a quand même essayé, on est obligé de pousser déjà à la réduction de l'usage des plastiques. Oui, il n'y en a pas besoin. Il faut s'arrêter. Et pour ceux où on est obligé de les mettre pour des règles de lutte contre le gaspillage ou d'hygiène, de respect de l'hygiène, pour ceux-là, il faut qu'il y ait des plastiques biodégradables, non toxiques, et sachant que s'ils sont biodégradables en milieu marin, ils seront compostables à la maison. Vachement. Donc, ça veut dire que si tu fais le pire, tu peux faire tout le mieux. C'est ça. Donc, l'idée, c'est de tester le pire systématiquement pour se dire... Pour avoir le mieux. pour avoir le mieux à la fin. Et le top du top, dans mon monde idéal, j'aurai des plastiques biodégradables en milieu marin et non toxiques qui seront du coup potentiellement compostables à la terre et qui rentreraient dans la poubelle des biodéchets, tout simplement, qui ne seraient pas un déchet. Oui, pêcheur. Ce n'est pas un déchet, c'est du cat-bombe. C'est l'avenir, le travail sur demain. Moi, je travaille sur des plastiques alternatifs et sur les plastiques du futur. J'espère que j'arriverai à en trouver, non pas un, mais... Oui. De sens, ça me semblerait pas mal. Oui, parce qu'aujourd'hui, les plastiques, comme je disais, c'est un fléau, on en a partout. Et si demain, on avait du plastique biodégradable, c'est un peu ça l'idée, ça révolutionnerait complètement les vagues de déchets. Ça changerait tout. Et tu as beaucoup de gens qui pensent que le plastique biodégradable n'est pas une solution parce que les gens vont forcément le jeter. Moi, je ne suis pas du tout convaincue de ce point-là. Et je pense que quand on pense que les gens vont le jeter, on part du principe qu'on part d'un Européen. Un européen qui a un modèle de gestion des déchets où il y a la bonne poubelle, il y a la poubelle jaune, il y a la poubelle ménager, c'est bon, toi tu tries bien, tu fais ton job, RAS. Ce n'est pas le cas partout dans le monde. Mais ce n'est pas le cas partout. Et il y a des endroits où il y a des problématiques d'eau potable. Et on ne peut pas se dire, ah oui, mais alors en fait, le plastique là-bas, c'est un problème, ça a généré une contamination des eaux. Du coup, on ne peut pas prendre l'eau. Du coup, on est obligé d'aller chercher de l'eau et c'est dans des bouteilles en plastique. Et la bouteille en plastique, on ne la gère pas. Tu t'en sors plus. Tu t'en sors plus, bien sûr. Tu t'en sors plus. Donc, dans ces environnements-là, dans ces zones-là, on doit penser à des usages comme ça où le futur, c'était l'ancien, en fait. Et l'ancien, c'était biodégradable. L'élément déclencheur, tu me dis que tu avais 12 ans, tu voulais être scientifique et puis ensuite, il y a eu cette espèce d'opportunité professionnelle, c'est un peu ça, où tu as toujours voulu changer le monde. Alors oui, moi, j'étais une chercheuse. Mon but, c'était le rat de laboratoire qui change les choses. Dans ma vision d'enfant, le RAL Laboratoire avec la jolie blouse blanche. En fait, je pensais vraiment que la science permettait au monde d'avancer. C'était ma vision. En fait, il y a une forme de lenteur. Entre le moment où tu identifies un problème, le moment où tu lances l'étude, le moment où tu obtiens les résultats, le moment où le résultat est à l'origine d'une modification, d'une réglementation. Et cette réglementation va enfin impacter l'industrie. C'est trop long. c'est beaucoup trop long et un industriel pour changer aujourd'hui ses matières, il a besoin de 5 ans ça veut dire qu'il faut pas loin d'une dizaine d'années entre le moment où il y a l'idée et le moment où elle se concrétise c'est trop long si tu fournis directement ce service aux industriels tu dis directement aux industriels ok maintenant on a un problème avec vos plastiques on va changer vos plastiques tout de suite il nous faut un an il nous faut un an, pas 10 ans un an un an pour démarrer et commencer quelque chose où vous, vous pourrez tout de suite dire dans mon process de fabrication j'en utilise 3 ou 4 que j'ai choisis sur des critères financiers sur des critères des fois d'ACV ce critère qui arrive maintenant, c'est très bien je suis ravie, sauf que dans les analyses de cycles de vie, il y a l'impact environnemental qui est considéré et qui aujourd'hui ne considère que l'empreinte carbone c'est bien l'empreinte carbone, je suis ravie mais l'impact final, il n'y a pas Et donc, quand tu passes dans des analyses de cycles de vie, tu compares un t-shirt en plastique VS un t-shirt fait en laine de mouton, très sérieusement, il te dit que le t-shirt en plastique est meilleur. Oui, il n'impacte plus le carbone. Oui, parce qu'à aucun moment est prise en considération la fin de vie de l'objet lui-même. C'est la conception uniquement qui est... Les 200 ans de cet objet qui va terminer dans l'environnement, VS, le 10 ans, 5 ans, 12 ans, il va se faire détruire, lui. Oui, mais ce n'est pas pris en considération. Aujourd'hui, on essaie d'accompagner nos clients pour que dans l'impact environnemental, soit considéré le poids carbone, ce n'est pas notre job, c'est les autres qui font, mais nous, on va regarder surtout l'empreinte, combien de temps va durer la fin de vie de cet objet environnement, quels seront ses impacts toxiques, est-ce qu'il est biodégradable ou pas, toute cette considération sur un objet, et on va même jusqu'à quantifier les flux. C'est-à-dire qu'on regarde depuis là-là, en bas de la rue, jusqu'à la mer, combien de sons d'objets à lui j'ai retrouvés. On te sent vraiment animée dans ce que tu présentes. C'est extrêmement clair. Moi, à l'habitude, je ne suis pas une scientifique. Et justement, c'est une transition parfaite parce que les femmes, dans la recherche scientifique, est-ce qu'on en parle ? Est-ce que tu devais être très seule dans tes études ? Ce n'est pas une matière où c'est assez genré ? Oui. Je ne vais pas dénigrer mes collègues. Non, mais il y a du travail. Mais c'est évident pour moi que si j'avais été un homme, ce ne serait pas passé comme ça. En même temps, dans le monde de la biologie, il y a plein de femmes. Il y a énormément de femmes dans le monde de la biologie. On est majoritaire. D'accord. Dans la réalité, il y a plus de femmes. En fait, si quelqu'un avait fait une étude sur le sexe ratio, donc homme-femme dans les études scientifiques, Donc, elle avait vu que jusqu'au master 2 et l'après. Donc, en gros, jusqu'au master 2, tu avais un pour un. C'était pas mal. Sexe ratio était comme un petit peu instable. Elle avait considéré toutes les matières confondues de la science. Donc, ça incluait la biologie, où il y a beaucoup plus de femmes, et les mathématiques, où il y a beaucoup plus d'hommes. Donc, ça s'équilibrait assez bien. Arrivé en thèse, donc, ceux qui obtiennent des financements, c'est 24 ans. Donc, du coup, sur ce après, bon, déjà, vous avez... une petite réduction. Ce n'était pas significatif, tu avais un 45-50. D'accord. Et après, au moment des postes, alors là, la claque. Ah oui. Ah oui, elles disparaissent. Les femmes disparaissent, les femmes scientifiques disparaissent. Pourquoi ? Parce que quel âge tu as ? Tu as 25 ans. T'as 25 ans, et les femmes, elles sont étudiantes depuis des années. En tant que docteur, en tant que doctorante, pardon, c'est une formation de la recherche par la recherche. En gros, c'est un CDD de 3 ans. Donc, normalement, t'es dans le monde du travail. Sauf que tu es toujours considérée comme une étudiante. D'accord. Parce qu'on te voit comme ça, comme une étudiante. Tu n'es pas une chercheuse. Tu es une chercheuse en formation. Donc, tu n'es pas encore une chercheuse. Oui, bien sûr. Bref, tu deviens une chercheuse. Très bien. au bout de ces 3 ans t'es contente ça y est tu rentres enfin dans l'avis actif réel et puis en fait non on te dit qu'il faut faire des post-docs tu pars tu dois partir entre 1 à 2 ans dans un autre pays et revenir en France tu pars t'emmènes tes enfants avec toi t'as eu des enfants entre temps non parce que c'est pas prévu et bien non c'est pas prévu que pendant ta thèse si jamais t'as des enfants pendant ta thèse il faut déplacer la femme à la thèse et après on te posera cette question pourquoi la durée de votre thèse est de plus que 3 ans Ok. T'as vu ce que j'allais dire ? J'ai eu des enfants. Ah d'accord. Donc t'es en train de dire que t'as mis ta famille avant ta carrière en avant. C'est ce que t'es en train de dire. Et ça c'est terrible. Mais vraiment c'est terrible. Et moi on m'a même... Après j'en ai eu trois des enfants. C'est pour ça que j'ai réussi à m'émaner. T'es pas découragée. C'est bien. Je me suis dit que j'allais pas. Si j'attendais d'être en poste j'aurais 40 balais le jour où je croise les enfants. Du coup j'ai cumulé. Et c'est pour ça que j'ai été... contractueux à la répétition, c'est parce que je ménageais mes chômages et je ménageais mes congés maternités on calculait tout ça j'étais obligée de bien faire les choses bon j'y arrivais à chaque fois, donc c'était faisable c'est très gymnastique quand même oui et puis c'est un peu désagréable parce que tu changes le labo, tu cherches la stabilité aussi tu oublies la stabilité il n'y a pas de stabilité moi qui suis très angoissée, je n'aurais pas été chercheuse ah non la stabilité c'est en tant que chercheur tout de suite Sauf si tu as beaucoup de chance et que tu as un boucher dans la foulée, tant mieux pour toi Mais en fait ça représente que d'aller La plupart des gens ils partent Donc selon toi le fait que les fables disparaissent du monde scientifique C'est qu'ils font tout Parce que leur carrière n'a pas été valorisée parce qu'elles avaient des temps d'attente relativement longs Du coup le chiffre se restreint et tu es jugé sur les compétences identiques évidemment, sans ce qu'à aucun moment on t'enlève les 9 mois que tu as perdu Donc, tu es élu en incluant le retard. Donc, tu es forcément moins bon, en fait, moins bonne. Sauf si tu n'as mis ta carrière seulement en avant, ça veut dire que tu n'as pas eu de vie d'à côté. Oui, voilà. Ça peut être un choix aussi qui est fait par certaines. Oui, il y en a certaines qui l'ont fait. Et alors après, pire de pire, dans les autres postes, les postes après le recrutement, après le poste de permanent, donc directeur de unité, tu as un laboratoire. Ouh là là, ça descend, ça descend tout en bas. Je crois qu'on était à moins de 20%, 10% je crois, quelque chose comme ça. Et la raison pour laquelle elles ne sont pas là, c'est parce que c'est une question de chiffres. Si tu n'en avais pas beaucoup à l'entrée, elles sont heureuses sur des postes de responsabilité, c'est une logique implacable. Et malgré le fait que maintenant, on demande la parité, il y a eu des obligations légales, mais on était obligés de faire des femmes qui passent. En fait, il y a beaucoup de femmes auxquelles on demande de se mettre, d'avoir des mandats, d'avoir plein de mandats différents. Donc, elles ne sont plus capables de gérer la totalité de leur mandat. Oui, ce n'est pas possible. Non, c'est totalement impossible. Humainement, ce n'est pas possible. Et après, on vient leur reprocher le fait qu'elles n'ont pas été capables de faire le job. Mais en fait, c'est un cercle. Alors, c'est en train de changer, parce que maintenant, justement, avec cette obligation légale, on espère qu'il y en aura plus qui seront demandées. Donc, on fera plus d'attention dans les recrutements pour faire qu'il y ait plus de femmes aussi. Mais est-ce que ce chiffre de neuf mois, tu vois, il sera enfin intégré quelque part ? Et qu'on comparera les gens ? On ne le parera pas, simplement. Mais jusqu'à présent, être une femme dans le milieu de la recherche, c'est une sinecure. Il faut être ultra motivée, il ne faut pas avoir peur de rien. Je comprends qu'il y en ait qui se découragent du coup et qui pensent à autre chose. Alors tu vois, c'est peut-être la force de mon mental qui fait que je suis restée. Et moi, je ne voyais pas de rien faire. Quand j'étais au bord de la mer, quand j'avais 12 ans, d'où est venu ce déclic ? C'est parce que, en fait, quand je n'étais pas au bord de la mer, j'étais à Paris. J'étais à Paris, à ma fenêtre, je regardais le ciel et ma mère venait de m'offrir un télescope et me dit vas-y, normalement, tu devrais pouvoir voir la Lune Et en fait, la pollution lumineuse était tellement forte, le nuage au-dessus de ma tête était tellement violent, j'étais en 94, c'était tellement épais que je n'ai pas réussi à voir le ciel. Et pendant deux mois, j'ai attendu de voir le ciel. Et tous les jours, je pleurais comme une… c'était terrible. Et ma mère venait me voir, elle me disait mais pourquoi tu pleures, bon sang ? Je lui disais mais tu te rends compte, je n'arrive pas à voir le ciel Avec vos parents, je ressens cette douleur terrible. Et c'était violent pour moi. Quand j'avais que 12 ans, je me disais, mais comment ? Il faut vraiment un jeu de ne pas voir le ciel. C'était un décor, je pense, tout de suite. Et je me suis dit, ce n'est pas possible. Je ne vais pas pouvoir regarder ça comme ça. Et tu penses qu'en tant que femme, il y a une sensibilité un petit peu différente dans la recherche scientifique justement ? Je pense que oui. En fait, de manière très générale, quand tu es une scientifique, tu as besoin d'être objective. Donc, on te demande d'être ultra pragmatique. Et les femmes sont ultra pragmatiques. Dans les grandes généralités qui sont ultra vraies, les femmes sont ultra pragmatiques parce que quand elles arrivent dans un espace, ça c'est nos gènes néandertaliennes qui sont. On a besoin de gérer l'espace, on a besoin de gérer les plannings, la nourriture, l'exemple. On est capable de faire trois, quatre choses en même temps parce que dans notre tête, c'est déjà acquis. C'est déjà comme ça, c'est déjà en route. C'est plus difficile pour un homme, du coup. C'est plus dur pour un homme, oui. Ils disent souvent qu'ils ne peuvent pas faire deux ou trois choses en même temps. Ce n'est pas faux, ils souffrent quand même. Je pense qu'ils souffrent en vrai. Et je pense qu'une femme a une vision de prise en considération du contexte qui est beaucoup plus importante. Par contre, on est ultra pragmatique, mais on n'est pas très audacieuse. Voilà. Syndrome de l'imposteur. Oui, complètement. Et ça, je pense qu'il faut se l'assumer. J'ai des hommes, des fois, qui me disent qu'ils ont également le syndrome de l'imposteur et qui remettent en question le fait que oui, peut-être que ça marchait, mais peut-être que c'était juste de la chance, tu vois. Je les entends dire ça, donc c'est très bien. Même chez les hommes, ça existe. Mais c'est vrai que c'est assez marqué chez les femmes. Oui. Et on est obligé des fois, et moi j'ai même mes conseils dans le cadre de ma société, qui me disent est-ce que vous pourriez proposer deux scénarios ? La version la vôtre, c'est-à-dire la version objective, votre vision pragmatique des choses telles qu'elles sont dans la réalité, et je voudrais que vous puissiez nous proposer une version audacieuse. C'est ma fonction de femme qui me bloque sur ce point-là. Je pense que c'est vrai dans le monde de l'entrepreneuriat, je pense que c'est encore plus vrai dans le monde de la science. Et tu as beaucoup de femmes qui ont beaucoup de mal à se dire Allez, allons-y, je mets tout sur la table, la notion de risque, je la prends. Ah non, la notion de risque, je ne la prends pas. Elles ont trop peur. Elles ont trop peur de se dire Oui, mais je fais quoi demain ? Oui, mais c'est exactement ça. On réfléchit peut-être beaucoup trop. Et du coup, Plastic Hatsik, structure juridique, tu es en quoi ? Tu es un SAS ? Donc oui, Plastic Hatsik, une SAS. Et en 2022, j'ai fait une levée de fonds. Le VETFON, après deux ans de recherche de qui seront mes actionnaires, l'idée c'était qu'ils rentrent et qu'ils ne soient pas que de l'argent, qu'ils soient plus que de l'argent, qu'ils soient une vision. Bien sûr, compléter ce sonnage. Compléter ce que moi je faisais à Bagnou sur mer, c'est-à-dire très loin de Paris. Ça nous a permis aujourd'hui de créer la structure, enfin le site technique, d'aménager le site technique du pôle d'économie bleu pour nous. Donc on est passé en termes de surface d'exploitation liée à nos activités. On n'est pas assez d'un espace qui faisait 7 mètres carrés. Je ne présente pas 7 mètres carrés. Ah, un placard. 150 ans. Oui, un placard. Alors, un placard au plateau. C'est ça. Tout en conservant notre interaction avec les plateaux techniques de l'Occitane. Le futur de Plasticatis, ce sont des filiales. Des filiales en Atlantique, des filiales… Donc, tu as une vision quand même sur le long terme. Oui, moi j'aimerais aller à Marseille, j'aimerais aller en Atlantique, j'aimerais faire d'autres choses. Parce que je sais que les gens se poseront tous des questions et que moi mon but ultime, il est assez simple, c'est que la pollution plastique soit résorbée. Et une fois que j'aurai fini de m'attaquer à la pollution plastique, je m'attaquerai aux autres. Donc aux pesticides, aux requins en buvant, mais plus loin. Tenez-vous bien, gaffe, l'éleveur arrive. Le champ des possibles, il roule. On voit bien que l'environnement est en train de changer. Et maintenant quand on voit des requins blancs en Méditerranée, tout le monde panique. Quand il y a des orques qui attaquent les bateaux à la sortie du Gibraltar, tout le monde panique, ce qui est normal, moi aussi je paniquerai. Et en fait tout ce retournement de situation provient du fait qu'on n'est pas tout seul dans notre milieu. On est également soumis à la pollution plastique, on est complètement impacté, donc il faut vraiment partir du principe qu'en soignant, surtout en évitant de polluer ce qui se passe juste à côté de nous, à terme, ce sera pour nous. Sur le plan financier, parlons de choses qui fâchent, maintenant que ta boîte est bien installée, est-ce que tu considères que tu gagnes correctement ta vie ? Oui, on a cette image que la science ne fait pas vivre, finalement. En fait, depuis le début, ma société a des résultats... La première année, j'avais des résultats de 30%. Et mon chiffre d'affaires a augmenté quasiment tous les ans.

  • Intro

    C'est génial !

  • Audrey

    On peut vivre en faisant de l'écologie et de la recherche scientifique. C'est formidable !

  • Intro

    C'est extraordinaire !

  • Audrey

    Mais les gars, allez dans la recherche scientifique finalement !

  • Intro

    Beaucoup de gens me disaient Vous êtes payés par des institutions, des tarifs, des payes, par des subventions ? Non, absolument pas ! Non, non, non ! J'étais payée par des industriels qui se posaient des vraies questions et qui avaient envie de changer le monde et à leur échelle. Oui, parce que eux, quand on vient leur voir, il faut se mettre à leur place un petit peu. Je pense que quand tu as quelqu'un qui part en vacances… sur un bateau. Tu vois,

  • Audrey

    tu prends un grand chef d'entreprise qui a plein de moyens.

  • Intro

    Génial. Il part en vacances, il va, je sais pas, sur les baléares ou n'importe où, et puis il est à son bateau, puis d'un seul coup, il voit un de tous les objets à lui flotter à la surface de la mer ou poser sur la plage. La mauvaise, je pense. Et du coup, une fois, deux fois, il y a un moment donné où cette personne, qui est déjà ultra convaincue, en fait, finalement, se dit ça va pas être possible et il y a une sensibilité et toi tu arrives à appuyer sur ce point là en fait c'est même au début c'est eux qui sont venus me voir c'est eux qui ont même été à l'initiation en fait du projet de Plasticatip parce que j'étais encore en contrat CNRS quand ils sont venus au Camaport en me disant depuis le début vous nous dites qu'on est un problème et on a bien compris les plastiques sont un problème et vous êtes donc des chercheurs qui mettez en avant vous êtes des donneurs d'alerte, vous mettez en avant une problématique, on a bien compris ça c'est bon... Mais on fait quoi, nous ?

  • Audrey

    On fait quoi, maintenant ? On est en train de chômage.

  • Intro

    Et on dit, bah, tant pis.

  • Audrey

    J'arrête de te dire. Tu les as juste liées, mais finalement, il y a quand même une conscience derrière.

  • Intro

    Évidemment. Et tous mes clients, je n'ai pas besoin de les convaincre, ils sont tous ultra convaincus. Ils sont tous ultra impliqués. Et s'ils viennent pour que moi, je teste la toxicité ou la biodégradabilité de leur matière, c'est qu'ils sont investis d'une mission. Et eux, ils ont envie de se dire... au-delà de juste mettre des panneaux photovoltaïquiques sur mon toit demain. Je vais gérer mieux mon eau, je ferai des économies aussi, tant mieux pour moi, c'est des investissements simples. Certains sont subventionnés par l'État, donc ça, je peux améliorer mon élection en science, ça, je peux le faire, c'est facile. Par contre, les objets que je fabrique et que j'utilise sont toujours un problème et je ne peux pas contrôler du tout. Entre le moment où je l'ai mis dans le magasin et le moment où il arrive en mer, c'est un flou artistique.

  • Audrey

    Donc, ce n'est pas juste du greenwashing, c'est vraiment des gens... impliqués qui veulent faire évoluer. Je trouve ça génial parce qu'on a toujours cette image de l'industriel qui pollue, qui prend un bloc de pognon et puis derrière...

  • Intro

    On est très très loin.

  • Audrey

    Tu me redonnes espoir en humanité. J'ai bien fait de venir jusqu'à Banu.

  • Intro

    Tu serais étonnée de voir pour qui je travaille. Très étonnée. Tu vois, typiquement, mon premier grand client, c'est les bricadiques. Ils ont regardé combien je perds de briquets, combien je peux en retrouver, est-ce que je peux les collecter, est-ce que je peux remettre la consigne, est-ce qu'il faut que je change les matières ?

  • Audrey

    Il y a une vraie réflexion dans tout leur process.

  • Intro

    Ah oui, ce sont des pensées et des pensées. C'est comme la réduction, la consigne, la matière autre.

  • Audrey

    Il y a une vraie sensibilité. Donc, on peut dire quand même que les industriels réfléchissent aussi.

  • Intro

    Moi, de mon point de vue, ceux qui viennent me voir, on est très loin du grand Roi Chimien.

  • Audrey

    En quelques mots, quelle a été ta plus grosse erreur dans la conduite de ce projet ? Et quels enseignements en as-tu tiré ? La création de Plasticatzi.

  • Intro

    Alors, en fait, je suis très embêtée face à cette question.

  • Audrey

    Parce que tu n'as pas fait d'erreur ?

  • Intro

    Non, ce n'est pas ça.

  • Audrey

    Tu es trop pragmatique pour ça.

  • Intro

    Ben oui, je suis trop pragmatique pour ça. En fait, je considère que la totalité des erreurs que j'ai commises m'ont été... Mais alors,

  • Audrey

    il y en a une tellement énorme que tu as pris... Tu te dis, je ne veux pas, je referai différemment, mais j'ai pris une leçon de vie. Partage-nous quelque chose. Ne nous laisse pas comme ça.

  • Intro

    Alors, si, si, si, quand même. Je dirais que j'ai fait des erreurs dans des choix parfois de recoupement.

  • Audrey

    Ah ! Voilà.

  • Intro

    Et qu'à cette époque-là, j'étais relativement tolérante et que je laissais passer beaucoup de choses que peut-être qu'aujourd'hui, je ne laisse plus passer, en fait.

  • Audrey

    C'est un player qui commence.

  • Intro

    Tout à fait. Et je pense que, oui, peut-être que je ferais différemment aujourd'hui, mais en vrai, toutes les personnes que j'ai vraiment embauchées, j'ai recruté énormément de gens que moi, j'appelle des sauveurs. En général, les gens qui viennent postuler chez moi sont déjà des sauveurs à la base. Ils arrivent et te disent...

  • Audrey

    Ils ont une sensibilité.

  • Intro

    Complètement. Ils arrivent et te disent moi je sais faire ça et ça, mais ce qui m'intéresse surtout c'est la mission de la société Je leur dis alors toi dans ton job, tu vas mettre des chaussures de montagne, des gants et on va aller nettoyer les déchets à la sortie d'une rivière Et en fait, ils sont d'accord.

  • Audrey

    C'est génial. Ils sont motivés.

  • Intro

    Et donc,

  • Audrey

    tu as plus grande réussite, à contrario, c'est de réussir à mobiliser peut-être autant derrière un...

  • Intro

    Je crois que c'est ma plus grande réussite. J'ai fait le diagnostic RSE de la CCI de Perpignan et j'ai été très impressionnée par le résultat de ce diagnostic parce que quand on regardait mon interaction sociétale... Alors là, j'ai explosé les chiffres. Là, j'ai explosé tous les chiffres parce que, oui, nous avons des actions de sensibilisation avec des associations où on ne compte pas nos heures. Parce que pour nous, le but, c'est qu'on ait réussi à la sortie à avoir 10 personnes qui auront changé leur façon de penser. Vous voyez,

  • Audrey

    vous avez gagné.

  • Intro

    C'est gagné. J'ai eu la pire semaine de ma vie. C'était très très drôle, mais ultra représentatif de mon interaction avec la société. Le lundi, je faisais sept classes d'élémentaires. Le mardi, j'étais sur le terrain avec des journalistes. On devait faire la même scène trois ou quatre semaines. Ensuite, j'ai été appelée en urgence. On m'a demandé de revenir le lendemain matin pour être absolument à Bagnoult, parce qu'il y avait la secrétaire d'État de la maire qui était là.

  • Audrey

    Vous allez rencontrer quelqu'un ?

  • Intro

    J'ai dû rouler, on a dû rouler toute la nuit. Et puis le vendredi ? j'étais re de nouveau avec des journalistes. Et la journaliste du vendredi me demande Quelle a été pour vous la journée la plus difficile de votre semaine ? Je réponds Le lundi. Les sept classes d'élémentaire, ça a été l'horreur. L'horreur, pourquoi ? Parce qu'ils posent plein de questions. C'est ça. Ils posent plein de questions. Je ne sais pas comment font les maîtresses. Non,

  • Audrey

    mais c'est très dur.

  • Intro

    Non, maîtresse, parce que franchement, c'est vraiment dur. Je sais pourquoi, ce n'est pas moi qui le sais. Très bien. Parce que je leur parlais de la pollution plastique avec leur nom à eux. J'ai parlé de petite fessure, c'est simple. J'ai parlé avec ça, mais ils avaient plein d'idées. Oui, et ça fut bien dans tous les sens.

  • Audrey

    C'est génial.

  • Intro

    Et toutes les heures, tu changeais, tu changeais. C'était super dur. Moi, humainement, c'était ultra dur de tenir ce rythme-là, mais ils étaient tellement impliqués, tellement volontaires. Tu sentais toute l'énergie qui était là dans cette classe de 30. J'étais épuisée à la fin de la journée. Donc, ma pire journée, c'était celle-ci. Et le journaliste, la journaliste me demande, quelle a été pour vous la journée où vous pensez avoir eu le plus d'impact ? Évidemment. C'est ma journée de lundi avec mes sept classes d'élémentaires. Parce que les sept classes d'élémentaires que j'avais faites à ce moment-là, aujourd'hui, ils sont au collège. Ils ont créé une association qui s'appelle l'association Biodirette. Ils participent avec moi à mes actions de sensibilisation, de nettoyage et de sciences participatives. Ils ont même gagné des concours nationaux. Ils ont 13-14 ans. T'en es connue ?

  • Audrey

    Ça a marqué leur vie.

  • Intro

    J'ai marqué des gens qui, d'un seul coup, ont créé une vocation,

  • Audrey

    une prise de conscience.

  • Intro

    Peut-être. que demain, c'est peut-être pas moi qui changerai les choses, c'est peut-être eux qui changeraient les choses. La transmission aussi. La transmission de la sensibilisation, de préserver son environnement, c'était tellement dans un monde où on est tout le temps en train de dire que les jeunes sont collés à leur téléphone portable. J'avais réussi à les décoller. J'avais réussi à leur dire, il va falloir nettoyer la cour, les gars. Il va falloir ramasser les déchets qui sont dans la cour. Ce n'est pas possible, il va falloir les jeter. C'est ça, ça va dans les...

  • Audrey

    Et derrière, il y a quand même eu des actions. Les gammettes sont embarquées, c'est génial. Qu'est-ce que tu as gagné à te lancer dans ce projet entrepreneuriale ?

  • Intro

    Alors, ce que j'ai gagné, numéro un, un job, puisque je rappelle que je n'en avais pas. Enfin, que je n'en avais pas assez, j'en avais, mais avec l'instabilité du travail.

  • Audrey

    Donc, tu as gagné l'instabilité.

  • Intro

    J'ai gagné la stabilité de mon travail, la reconnaissance. Parce qu'à l'époque, quand je postulais au CNRS et qu'on me disait votre travail est totalement infaisable et irréalisable, et la pollution plastique n'est pas un problème c'était dans les années… c'était 2014. la dernière fois que j'ai postulé. Évidemment, c'était à l'époque par un problème. Moi, quand je le présentais, je disais c'est un vrai problème. Aujourd'hui, quand je parle de pollution plastique, c'est bon, tout le monde m'y est prêt.

  • Audrey

    On a compris, bien sûr.

  • Intro

    Et surtout, les gens qui viennent me voir, ils viennent en vrai pour changer les choses. Donc, déjà, la reconnaissance de ce travail-là. Et après, ce que j'ai gagné le plus, et c'est pour moi et pour toute l'équipe, c'est tout à fait vrai, c'est quand on arrive dans un supermarché, dans un magasin, et que l'un des objets sur lesquels on a travaillé, et dans le supermarché et dessus c'est écrit que c'est un objet qui n'a pas d'impact sur l'environnement marin mais qu'il faut le jeter dans la bonne poubelle parce que ça veut pas dire qu'il faut le jeter dans la mauvaise poubelle et que quand tu le vois et que tu te dis c'est mon travail ça c'est moi ça, et bien ça fait plaisir ça fait très plaisir d'avoir un objet sur lequel tu as travaillé d'avoir eu un impact sur le monde sur la société qui t'entoure alors que moi en tant que rat de laboratoire Là-bas, quand j'étais chercheure, finalement, mon impact, il fallait que j'attende 10 ans pour réussir peut-être, à avoir quelque chose de changé.

  • Audrey

    Tu dois où d'ici 5 ans, voire 10 ans ? La société, toi ?

  • Intro

    C'est une bonne question. Alors, dans les prochaines années, moi je vois, si c'est facile, dans 2 ans, je vois un peu l'économie bleue, là, à Banous-sur-Mer. qui serait un hôtel d'entreprise pour toutes les sociétés qui sortiraient de l'incubateur arago et d'autres. et que ce pôle d'économie bleue reste en contact encore une fois avec la communauté scientifique pour faire que la science soit pas vue comme quelque chose qui sert à rien mais bien que la science soit au service de l'humanité et pas l'inverse à 5 ans, enfin même dans 2-3 ans je vois des filiales en Atlantique à Marseille à l'Université de Toulouse j'aimerais bien les tropiques, ce serait pas mal parce qu'il y a énormément de problématiques là-bas et Même si nous, on a des concepts européens sur la pollution plastique en Europe.

  • Audrey

    Mais c'est bien de la décliner.

  • Intro

    Oui, marcher les mêmes là-bas. Ce serait bien que là-bas, on fasse des solutions très rapides. Ça crée des problèmes de société. Ça crée une différenciation entre des populations humaines qui sont violentes. Ça, ce n'est pas acceptable.

  • Audrey

    Oui, bien sûr.

  • Intro

    Ce n'est pas acceptable. Sachant que tu pourrais dire, Ah oui, mais ça, c'est leur déchet, ils ne les ont pas bien créés. Non, non, non, non. C'est les nôtres. C'est nos déchets.

  • Audrey

    Qui sont envoyés là-bas.

  • Intro

    Et donc, du coup, eux, ça a contaminé leur environnement. Ils n'ont plus d'eau potable. Ils n'ont plus rien. Ils ont flingué leur rizière en pensant que ça allait les sauver, et ça a fait exactement l'opposé.

  • Audrey

    Oui, les conséquences sont dramatiques derrière.

  • Intro

    C'était dans un autre monde.

  • Audrey

    On sent vraiment ton animation viscérale. Tu vas te prendre au tri.

  • Intro

    Parce qu'eux aussi, ils ont droit. Oui, mais en réalité. Toi, tu l'as fait pendant des années, tu en as bien profité. Tu leur as envoyé leur poubelle. Mais eux aussi, ils ont droit. Oui, mais en fait, non.

  • Audrey

    C'est très frustrant pour ces populations qui montent aussi en compétence, comme nous, j'ai dit.

  • Intro

    Et à qui tu vas expliquer qu'en fait, ce qu'ils avancent, c'est précurseur par rapport à nous.

  • Audrey

    Dans 10 ans, tu as sauvé le monde.

  • Intro

    Oui, j'adorais. Tu sais, au moment où j'ai créé la société, je m'étais dit le but ultime de Plasticati, c'est de disparaître.

  • Audrey

    Oui, parce qu'on n'aura plus besoin de toi.

  • Intro

    Ben non. C'est ça.

  • Audrey

    C'est formidable.

  • Intro

    Ce serait génial.

  • Audrey

    En fait, finalement, c'est ça. Tant qu'on a besoin de plastique à tisser,

  • Intro

    c'est qu'il y a un problème. Du coup, j'adorerais pouvoir venir demain.

  • Audrey

    Je liquide. Allez tout faire voir, il n'y a plus besoin de moi. Il n'y a plus besoin,

  • Intro

    il n'y a plus de plastique en mer, il n'y a plus de pesticides. C'est pour ça que je parlais aussi des pesticides. Oui,

  • Audrey

    mais il y a plein de déclinaisons.

  • Intro

    Ce serait top. Bien sûr. Ce serait top. Et en tant que chercheuse, j'avais travaillé là-dessus, sur les pesticides. Je venais toujours. Donc, je m'étais dit, un jour, j'essaierai de trouver des solutions. Le pire, c'est que je suis sûre qu'elles existent. Comme pour le plastique. Oui, il faut s'y mettre. On a tous envie d'aider que ça n'existe pas. Mais ça existe déjà.

  • Audrey

    C'est la preuve. Je veux dire, c'est la question première.

  • Intro

    Je teste les matières et je n'ai pas rien à faire. Donc, j'ai plein de matières qui sont plus dégradables, plus toxiques, comme le marin. Elles existent. Et comme elles existent, maintenant, il faut juste les pousser en avant. Pour qu'elles sortent du marché, pour que tout le monde puisse les connaître.

  • Audrey

    On arrive à la fin des questions que je t'ai envoyées. Donc là, on a cinq questions que je ne t'ai pas envoyées. C'est du réponse au tac-au-tac. Si vraiment il y a un truc qui ne t'inspire pas, c'est comme dans les jeux télé. Tu dis Joker et on passe à l'influence. Quelle est ton héroïne dans l'histoire et pourquoi ? Héroïne dans l'histoire avec un grand chien.

  • Intro

    C'est Marie Curie.

  • Audrey

    J'en étais sûre que tu allais dire Marie Curie.

  • Intro

    C'était facile. J'aurais pu dire Rosenberg. Je l'aime bien. Alors Rosenberg. Allez,

  • Audrey

    voilà. Allez, dans ta face.

  • Intro

    Marie Curie, ça va bien aussi. Alors Rosenberg, pourquoi ? Je ne me rappelle même pas de son prénom, mais c'est une femme. C'est celle qui a créé la théorie de la relativité. que tu connais, et pas sous ce nom-là. Toi, tu le connais sous le nom d'Einstein.

  • Audrey

    Tout à fait.

  • Intro

    Eh oui, parce que Rosenberg...

  • Audrey

    Elle a été balayée par Einstein. Ben,

  • Intro

    parce que tu comprends que c'était une femme.

  • Audrey

    Donc, c'est Rosenberg et Einstein qui ont pensé à la théorie de la relativité.

  • Intro

    Il était deux à avoir travaillé sur la théorie de la relativité et un seul nom, il restait. Alors, comme c'est curieux, c'est bizarre quand même. Donc, Rosenberg qui s'est battu pendant longtemps pour faire avancer la science, pour faire que ça fonctionne, pour réussir les choses. Et en fait, de sa théorie, de ce que moi j'en comprends, je ne suis pas une physicienne, c'est la physique quantique,

  • Audrey

    c'est un autre domaine que le mien,

  • Intro

    et d'un point de vue pratique, en tout cas, moi, de ce que j'ai compris de son travail, en gros, c'était la bombe H. Mais en fait, c'était d'autres concepts qui, en fait, demain, pourraient vraiment faire changer les choses. Donc, c'était une grande scientifique, absolument terrible. J'aurais pu te citer des femmes qui ont travaillé sur le milieu marin, comme des grandes aventurières, des grandes navigatrices. des grandes femmes de ce type-là. En vrai, je suis nulle en culture G. Et donc, du coup, on me dit souvent,

  • Audrey

    si tu dis des figures féminines, c'est méconnu.

  • Intro

    En fait, elles sont assez rares.

  • Audrey

    Non, je pense qu'il y a eu autant de femmes que d'hommes qui ont eu un impact dans l'histoire. Mais comme l'exemple de Rosenberg et avec Einstein,

  • Intro

    c'est Einstein qui est resté.

  • Audrey

    C'est la moustache, sans doute. On a peut-être moins de moustache. Quelle faute t'inspire le plus d'indulgence ?

  • Intro

    La ponctualité, oui. C'est une faute qui, pour moi, n'est plus... pas enfin c'est pas une vraie victoire voilà tu peux pas tu as tué quelqu'un parce qu'il est ce qu'il a retard non plus je suis donc de l'intérêt en fait là oui oui je suis très tolérante sur les horaires en plus c'est vrai que chez moi tous mes sauveurs la vie sans réaction à la société bon général ils sont malheurs c'est pas le problème et de toute façon il s'autogère Donc s'ils sont arrivés en retard, ils repartent en retard. Il n'y a pas de planteuse chez moi. On est open. Par contre, il faut du courage pour être motivé comme ça. Des fois, c'est vraiment une question de courage. Je pense par exemple à mon équipe actuellement. J'ai quatre personnes de mon équipe qui sont sur le Rhône, alors qu'ils annoncent des températures à 1°C. Ils annoncent de la neige, je crois, à un moment donné. Ils ont les mains dans l'eau.

  • Audrey

    dans l'eau du Rhône. Donc, ils sont courageux pour changer la mode.

  • Intro

    Ils sont courageux pour réussir à aller chercher tes échantillons sur lesquels tu travailles pour voir les communautés de l'eau douce que tu vas faire avec les plastiques. C'est toujours un lien avec ce qu'on fait.

  • Audrey

    Donc, s'ils ne sont pas ponctuels, ce n'est pas un drame.

  • Intro

    Mais non. Ah, voilà.

  • Audrey

    Est-ce que tu as un mantra, une devise, un dicton ou même une citation qui te motive ?

  • Intro

    Ah oui. Hier et derrière, demain est un mystère, aujourd'hui est un cadeau. C'est pour ça qu'on l'appelle le présent.

  • Audrey

    On dirait un truc du Père Fouras dans Fort Bea. c'est de qui ?

  • Intro

    c'est un proverbe chinois je suis sûre qu'ils l'ont passé dans Pompoya référence pour tout plein de gens qui connaîtront,

  • Audrey

    qui reconnaîtront ça c'est Kung Fu Panda ça sent les trois enfants qu'est-ce que tu dirais à une jeune fille qui hésiterait à se lancer dans des études de science ?

  • Intro

    alors j'ai beaucoup de jeunes femmes qui viennent me voir avec cette question et moi la seule chose que je leur dis c'est en fait ma vision du monde féminin dans le milieu scientifique est en train de changer. Ma vision est certainement aujourd'hui fausse. Il faut pouvoir continuer à faire ce qu'on aime. Et tant qu'on arrive à se lever le matin, à aller faire son job sans la boule au ventre, et à rentrer chez soi sans la boule au ventre, mais oui, on est fatigué. Et parce qu'on a l'impression d'avoir passé une journée super complète, il faut y aller. Et en vrai, il y a plein de fois où je fais des expériences, ça ne marche pas, ça ne marche pas. une semaine que ça marche pas ou un mois que ça marche pas et t'as envie de te prendre et de jeter par la fenêtre le jour où ça marche tout ce que t'as fait juste avant les deux mois là, érasole, y'a plus rien t'es tellement contente enfin ça marche t'as trouvé pourquoi, où, quand, comment t'es tellement contente que ça y est tu peux avancer et en fait ce sentiment de satisfaction de réussite que t'as à ce moment là personne te voit, t'es toute seule dans ton truc donc ça me comprend Je ne comprends rien de ce que tu fais de toute façon. En vrai, le milieu de la science, pour moi, la science, ce n'était pas une option. Ce n'était pas Ah, c'est flou, je ne comprends rien Non, ce n'était pas ça. Mais en fait, c'est partout autour de nous. Quand je me suis rendue compte que dans une pomme, tu avais un modèle mathématique, et que Pi a été créé à partir d'un truc comme ça, je me suis dit Mais en fait, le monde des maths, le monde de la physique, le monde de la bio, tout se touche. Comme si c'était fait ensemble. Moi, je suis dans un monde où les interrelations sont permanentes et où je vis dans des choses où je suis plus en admiration. Ça, c'est vrai. Je suis plus en admiration devant un animal, devant un poulpe, devant une méduse.

  • Audrey

    L'admiration du poulpe, je comprends,

  • Intro

    évidemment. Que devant des gens ultra connus. Et des fois, c'est un peu désagréable, peut-être pour les autres. Pour moi, c'est un monde où je ne m'ennuie jamais, où je n'ai jamais la boule au ventre. pendant le travail. En fait, j'y vais toujours de manière très, très sereine et j'essaye de faire en sorte que pour tous mes collaborateurs, ce soit exactement comme ça. Je n'en veux aucun chez moi qui arrive le matin avec un casque. C'est ce que je fais là. Parce que si jamais j'en ai un qui est dans cette case-là, c'est qu'il y a un truc qui ne colle pas. Et j'en ai eu. J'ai vu des personnes qui sont arrivées...

  • Audrey

    Tu ne peux pas être en phase avec tout le monde,

  • Intro

    bien sûr. Non, non, je ne peux pas être en phase avec tout le monde. Et en fait, c'était vrai que... Tu as vu, quand tu es arrivée, Bagnos-sur-Mer est loin de tout. Parce que la qualité de la mer, elle est là. C'est pour ça qu'on y est. Sinon, on ne serait pas. On serait à Perpignan, c'est plus facile de venir. Il n'y a pas la mer à Perpignan. Et puis, tu n'as pas la réserve naturelle. Tu n'as pas l'observatoire sélogique de Banouls qui est là depuis 1882. Il n'y a pas tout ça.

  • Audrey

    Pour terminer, quelle est la chanson qui te motive quand tu as le moral dans les chaussettes et alors si en plus tu la fredonnes, tu es la roi du pétrole ?

  • Intro

    Non. Aimer jusqu'à l'impossible. Aimer, se dire que c'est possible, aimer...

  • Audrey

    C'est une arénard, ça y est je l'ai !

  • Intro

    Moi ce que j'aimais, en fait c'était pas quelqu'un, c'était quelque chose en fait, c'était ça. En fait tu sais, je suis comme la case du Thier, je sais pas si tu le sais, mais en fait le chercheur qui a créé l'Observatoire Cynologique de Banlieues, il s'appelait la case du Thier, et quand il a créé le laboratoire, c'était un biologiste marin, un des premiers à faire des illustrations magnifiques. c'est presque un artiste ce monsieur, qui décrivait le milieu marin. Par contre, il avait le mal de mer. Pas de bol. Pas de bol. En fait, je suis comme lui. Je fais partie de ces gens qui ont le mal de mer en permanence. Dès qu'ils sont sur un bateau, dans l'émission scénographique, c'est compliqué pour moi. Mais par contre, c'est... Pas parce que j'ai le mal de mer que je n'ai pas fait ce choix. Parce que moi, en vrai, quand j'ai découvert la mer, j'étais sous l'eau. Je n'étais pas sur l'eau. J'étais dans l'eau. Et en fait, quand je vais dans le milieu marin, moi, j'y vais replongée. En fait, je ne vois plus l'air. Je ne vois que l'eau. Et quand je trouve que c'est beau, c'est parce qu'il y a plein d'animaux dans le coin et que je m'extasie à la moindre bestiole toute petite. C'est parce que ça m'attire et ça m'apaise. Je pense que je suis une hyperactive.

  • Audrey

    Je pense aussi.

  • Intro

    Depuis longtemps, c'est pour ça que ma mère a essayé de me trouver...

  • Audrey

    Un poste à Brest, oui,

  • Intro

    je comprends. Elle a tout tenté, la musique, la danse, j'ai tout fait. C'était bien. En fait, en vrai, mon choix de la science, j'avais deux choix au moment de faire ce choix final, en terminale. On m'a demandé de choisir le conservatoire de musique de Paris, parce que j'avais passé le concours et je pouvais y aller. D'accord. les classes préparatoires biologie, chimie, physique, science et vie de la Terre où j'avais passé la pré-audition pour moi ce que je voulais c'était changer tout de suite pas changer les gens et les aider à aller mieux je voulais changer mon univers merci Leïla pour tout ce partage c'est pas mal de matière là va faire couper merci beaucoup

  • Leila

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère que tu repars avec de l'inspiration et de nouvelles perspectives pour avancer avec confiance. Si cet épisode t'a plu, pense à t'abonner pour ne rien manquer des prochains. Et surtout, n'hésite pas à laisser un avis plein d'étoiles sur ta plateforme d'écoute. C'est le meilleur moyen de soutenir le podcast et de faire grandir notre belle communauté. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode, toujours aussi décliné et inspirant. A bientôt dans la Chef'Fed !

Description

Comment transformer la recherche scientifique en action concrète pour protéger les océans et le monde de demain ?


Dans cet épisode, je reçois Anne-Leila, Docteure en biologie marine et fondatrice de la société Plastic@Sea 🌊


De prime abord, elle ne fait rien de glamour : de la recherche scientifique sur les matières plastiques dans les océans… je fais un gros raccourci, elle en parle bien mieux que moi, tu verras ! Mais l’idée est là, dans un secteur ULTRA masculin, où les moyens financiers sont ULTRAS limitées, la recherche scientifique en France, Anne-Leila a décidé de prendre la tangente : ne plus courir après les financements pour réaliser des études qui aboutirons PEUT ETRE à un changement POTENTIEL dans 10 ans... Elle a décidé de créer sa boîte pour avoir un impact sur le monde maintenant, en faisant évoluer son rôle de chercheuse vers celui d'entrepreneuse.


Avec elle, on explore :

  • Quelles limites du monde académique l’ont poussée à se lancer dans l’entrepreneuriat ?

  • Comment les compétences de chercheur peuvent-elles s’appliquer au monde des affaires ?

  • Comment l'étude des organismes marins inspire des solutions concrètes contre la pollution plastique ?

  • Pourquoi travailler avec les industriels est essentiel pour un impact durable sur le monde de demain ?

  • Comment elle allie pragmatisme et vision à long terme dans sa mission ?


Son parcours montre que l’audace et la science peuvent changer les règles du jeu. Aujourd’hui, c’est le plastique qui n’a qu’à bien se tenir, mais demain ce seront les métaux lourds, les pesticides, et bien d’autres fléaux pour lesquels une solution existe quelque part !


🎧 Écoute cet épisode pour découvrir comment science et entrepreneuriat peuvent s'allier pour créer un avenir meilleur.


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Transcription

  • Intro

    Si tu écoutes cet épisode au moment de sa sortie, nous sommes en janvier 2025 et je t'adresse donc mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Quoi de mieux pour la démarrer que d'adresser un message d'espoir pour le monde de demain ? Eh bien justement, le parcours qui va suivre est dans cette veine. Une nana qui s'est accrochée à son objectif, celui de rendre le monde meilleur et de sauver notre planète, tout en gagnant en stabilité professionnelle. Avoir en ligne de mire la préservation de notre environnement, la sauvegarde de l'intérêt commun, tout en créant une entreprise et gagner sa vie, ça n'a rien de contradictoire. Je m'explique. Anne Leila va changer le monde. Sa révolution est d'ailleurs déjà en marche. Si tu ne sais pas encore comment, reste avec nous et écoute bien l'épisode jusqu'au bout, car il y a beaucoup à dire. De prime abord, Anne Leila ne fait rien de glamour. De la recherche scientifique sur les matières plastiques dans les océans. Oui. Je fais un gros raccourci, elle en parle bien mieux que moi, tu verras. Mais l'idée est là, dans un secteur ultra masculin, où les moyens financiers sont ultra limités, la recherche scientifique en France. Anne Leila a décidé de prendre la tangente, ne plus courir après les financements pour réaliser des études qui aboutiront peut-être à un changement potentiel dans 10 ans, et elle a créé sa boîte pour avoir un impact sur le monde maintenant. Aujourd'hui, c'est le plastique qui n'a qu'à bien se tenir, mais demain, ce seront les métaux lourds, les pesticides et bien d'autres fléaux pour lesquels une solution existe quelque part. Ensemble, nous avons évidemment parlé écologie, mais aussi économie, recherche scientifique, milieu universitaire, représentativité des femmes et un meilleur monde pour demain, entre autres. PS, nous avons enregistré cet épisode dans une pièce située au-dessus d'une avenue qui est assez passante. Malgré nos efforts, tu entendras parfois quelques imperfections. Merci de ton indulgence. La Chafetaine, le podcast. Nouvelle épisode, c'est parti !

  • Audrey

    Bonjour Leïla ! Bienvenue sur le podcast de la Cheftaine. Je te remercie d'avoir accepté mon invitation pour nous présenter un petit peu plus ton parcours parce que tu as des ambitions à la hauteur de ta personne, tu veux sauver le monde sur le principe Le monde est l'océan Voilà, et donc je me suis dit que c'est bien de porter cette parole, de diffuser justement au plus grand nombre. Donc pour ceux qui ne te connaissent pas, Leïla, présente-toi, dis-nous qui tu es, d'où tu viens et ce que tu fais. Alors, je suis le docteur. Anne Leila Meisterzheim. Je suis docteure en biologie marine. J'ai eu mon doctorat à l'Université de Bretagne occidentale, mais à la base, je venais de Paris. À 10 ans, j'ai découvert que j'étais une scientifique. Je l'ai su très tôt. Je savais ce que je voulais faire. Et quand j'ai choisi, quand j'ai dû monter dans les différents niveaux d'études, au moment de passer, je suis rentrée dans des classes préparatoires, biologie, chimie, physique, sciences et vie de la Terre. Le total des classes prépa pour les biologistes, j'ai envie de dire. On m'a demandé de créer un projet. Et je devais créer un projet de recherche avec un groupe de certaines de mes... Enfin, des copines qui étaient à côté, voilà, dans ma classe. Et on a eu l'idée de travailler sur l'homochromie des sèches. Et à Paris, tu n'en vois pas beaucoup. Eh bien, à Paris, il n'y en avait pas. Alors déjà, ma mère, elle m'avait dit Mais c'est super gentil ce que tu veux faire. Mais tu veux travailler sur le milieu marin. Mais là, la mer, à Paris... J'ai dit Ah oui, ben non. Alors du coup, pour faire ce travail-là, j'ai dû monter à Boulogne-sur-Mer. Je suis allée visiter l'aquarium de Nozica. Et là, pareil, révélation. C'était génial, je me suis dit, ok, c'est bon. C'est banco. Moi, je vais partir à Brest et je vais aller faire mes études à Brest parce qu'à Brest, il y a la mer. Oui, classique. Classique. Et puis là-bas, il y a l'Institut universitaire européen de la mer qui est reconnu. Et en fait, en dernière année de mon cursus, donc le Master 2, à l'époque, c'était le DEA. On m'a dit, en fait, c'est un DEA qui est partagé entre l'Université de Perpignan, l'Université de Brest, et Paris. Retour à la classe départ. Et comme je venais finalement de l'Université de... Bretagne. Quand j'ai dû chercher mon stage, je suis revenue là-bas tout simplement. Tu es retournée en Bretagne. Je suis retournée en Bretagne. J'ai fini mon cursus Master 2 à l'EA de l'époque et j'ai postulé là-bas une thèse, une thèse ministérielle. Et pendant trois ans et demi, j'ai travaillé sur les capacités d'adaptation de l'huître que tu manges à Noël. Et après ça, j'ai travaillé, je suis devenue docteur en biologie marine. Et j'ai travaillé pour d'autres personnes sur, par exemple, des maladies qui touchaient leur mot. Et puis, après, j'ai travaillé pour d'autres projets et je suis devenue une sériale post-doc. Alors, une sériale post-doc, c'est quoi ? En gros, c'est un CDD à répétition. Je changeais souvent de laboratoire parce qu'ils n'ont pas beaucoup de moyens. Oui, bien sûr. Donc, en fait, c'était des petits contrats. On essayait de remplir les trous. Oui, quand il y avait le financement qui tombait, il dégageait un contrat et tu prenais la place. C'était un peu ça l'idée. C'était complètement ça. Des fois, j'ai même créé des laboratoires. Je faisais des petits bouts de chandelles. Et à l'époque, on me reprochait le fait de ne pas être allée à l'étranger. Et donc, du coup, je me suis dit, pas de problème, je vais aller à l'étranger. J'ai créé des super projets avec l'Afrique du Sud. J'étais prête à y aller. J'emmène à l'époque mon mari, parce que j'en ai rien avec moi, qui a malheureusement... On va dire un défaut terrible, il est chercheur dans le domaine de la biologie marine. Voilà, donc en fait, lui, il est lié à Sorbonne Université, ce qui veut dire qu'il ne peut pas aller n'importe où non plus. D'accord. Et donc, on a dû chercher un endroit où c'était intéressant pour lui, où c'était intéressant pour moi. Un compromis, quoi. Un petit compromis. Donc, on s'est créé chacun un projet pour aller en Afrique du Sud. Lui, sur... Enfin, moi, sur l'impact de parasites sur des tortues, donc très bien. Et lui, l'impact des plastiques sur des coraux tropicaux. Ah, donc moi, le mien, je ne l'ai pas lu. Je me suis dit, de toute façon, il faudra bien que tu embauches quelqu'un pour faire le travail d'impact sur les plastiques. Donc, tu n'as qu'à m'embaucher. Et c'est moi qui vais faire le job. Donc, j'ai commencé à travailler pour mon mari, ce qui était une catastrophe terrible pour moi, parce qu'il ne fallait surtout pas faire ça. Je ne peux pas imaginer que ça devait être sportif. Ça a été sportif. Moi, je travaillais, j'essayais d'éviter Bannou sur mer. Mon but, c'était d'éviter Bannou sur mer. Oui, parce que du coup, moi, je suis restée, vous étiez à Brest, mais vous êtes arrivée à Paris aussi. Moi, j'ai postulé à un poste de maître de conférence à Perpignan. Je suis arrivée deuxième. Mais sauf que deuxième, c'est deuxième. Tu ne peux pas pousser le numéro un dans les escaliers. Ça ne te plaît pas ? Non, parce que tu es mal vue. Et donc, deuxième, j'étais quand même arrivée à Perpignan et j'avais déménagé. Et du coup, j'étais bloquée. Sauf que lui, il a été pris pour le poste de maître de conférence. Du coup, j'ai commencé à postuler sur des laboratoires de recherche qui étaient en local. Celui pour lequel j'avais postulé pour maître de conférence m'a proposé un CD list. J'ai démarré mon travail comme ça à Perpignan. Et du coup, pendant plus de dix ans quand même, j'ai été encore une serial postdoc. Et en fait, c'était presque surprenant, parce que normalement, ça n'existe pas. Dans le milieu de la recherche, les gens qui font des petits contrats d'aussi longue durée, en général, partent à l'étranger, sont bouchés ailleurs et ne reviennent pas. Oui, c'est assez évident. C'était la problématique de la recherche en France. C'était la problématique de la recherche en France. Mais moi, j'y arrivais. J'arrivais systématiquement à créer mes projets, avoir des projets, avoir de l'argent, à m'en sortir. Et dans mon dernier contrat, du coup, où j'étais embauchée, où je devais être embauchée par mon mari, quelqu'un m'a fait une contre-proposition. Il m'a dit, plutôt que de tester l'impact des plastiques sur des organismes marins, je te propose de regarder des micro-organismes qui dégradent la matière plastique dans le milieu marin. C'était Jean-François Guiglione qui m'avait proposé ça. J'ai dit oui. Et plutôt qu'avoir un contrat de trois mois avec mon mari, j'en ai eu un de un an avec Jean-François Grigion. Je suis désolée, j'ai fait un choix sur la durée. Quand on est chercheur, on a bien gardé un peu son... Son espace à soi, oui. On peut que les chercheurs, je t'en rassure. Ah non, oui, je pense qu'il y a ses parts. Mais voilà, du coup, ça a quand même fonctionné. Et à la fin de ce contrat, le directeur de l'Observatoire Océanologique de Bagnos est venu me voir et m'a dit, maintenant, ça suffit. Ça fait dix ans. que tu essaies d'aider, ça fait 10 ans que tu postules, ça fait 10 ans que tu crées des contrats, que tu crées des projets. Donc, c'est pas un problème de compétence, puisque tu le fais. Donc, c'est pas un problème de compétence. C'est parce que t'as pas de chance. Et en gros, ce qu'il me disait, c'est Je pense que tu t'es trompée sur la vision du chef d'entreprise, enfin en fait sur le monde de l'entrepreneuriat. Je pense que tu as une très très mauvaise vision de ce monde-là et que tu te trompes, vraiment. Parce qu'un chef d'entreprise, c'est quelqu'un qui crée des projets, qui crée de l'innovation, qui gère une équipe, qui gère en fait sa partie comptable. Et bien ça correspond très exactement… À ce que tu fais ? Au travail d'un chercheur. Un chercheur écrit un projet, gère une équipe, gère un budget. Ce ne sont juste pas les mêmes mots. Donc c'est un problème de sémantique. Mais c'était très exactement le même travail. Donc il m'a dit, je pense vraiment que tu as une vision qui est tronquée, parce que tu es dans le monde de la science, et du coup tu as l'impression que le monde est différent dans le monde économique, mais en fait c'est le même. Et peut-être qu'il faudrait juste que tu te tendes ta chance. Et là il t'a allumé la lumière. Complètement. Il m'a dit, j'ai dit, mais moi, je ne sais pas faire, je ne sais pas comment on fait ça. Et en fait, à l'époque, il m'a proposé d'être accompagnée dans le cadre de la création de l'incubateur Aragone, qui se trouve à l'Observatoire Océanologique de Bagnoules. C'était en 2018. Donc, j'ai créé en 2018. Et c'est Daniel Christian, qui était directeur de l'incubateur à l'époque, qui m'a accompagnée. Et pendant deux ans, on a changé les mots. C'est-à-dire que... au lieu de parler à des scientifiques ou de parler au public, parce que les scientifiques sont quand même missionnés aussi pour la partie sensibilisation. Donc, on sait parler. Même à des tout-petits, on sait parler. Mais par contre, quand il s'agit de mots comme business plan, là, il y a un grand flou artistique. Et tout le monde se regarde. Mais de quoi on parle ? Et en fait, une fois que les mots ont été traduits dans un sens que je comprends, là, ça allait beaucoup mieux. Et donc, on a pu démarrer nos activités en janvier 2019. Et en septembre, je recrutais déjà trois personnes. Et donc, le nom de ta société ? Le nom de ma société, c'est Plastique Atsi. Alors, je sais que c'est perturbant, parce que beaucoup de gens me disent ça veut dire que vous mettez les plastiques dans la mer Et bien, en fait, oui. Non, mais il n'y a pas d'erreur. C'est bien ce que je fais. Alors, en fait, c'est un petit peu… Ce n'est pas la première idée qu'on pourrait avoir, mais en gros, ce que je fais, c'est que je fais rentrer la mer dans mes aquariums ouverts. Voilà. Toute la biodiversité rentre à l'intérieur de mes aquariums ouverts. Et là, je… met les plastiques dedans. Et la mer continue de passer sur ces plastiques, on continue, et ça me permet de voir la vie s'attacher à ces plastiques, et à partir de cette vie, je vais ensuite la détacher et en milieu fermé, cette fois-ci, je vais regarder si cette vie est capable de dégrader les matières. D'accord. Et à côté de ça, je vais regarder si cette matière va avoir un impact toxique, cette fois-ci, sur des organismes vivants que je vais pêcher dans la baie de Bagnoules. Donc on va les pêcher les péchés, on va dire plutôt les prélever pour être exact. On va tester des matières. Est-ce que c'est toxique ? Combien ? Et on va le comparer à des poisons qui sont identifiés, qui permettent de classer tous les produits chimiques solubles selon la classification du riche. Et ça nous permet de dire, telle matière est plus vertueuse parce qu'elle n'a pas d'impact, en fait. Et ça nous permet d'identifier des matières selon deux labels, le label biodégradable non toxique ou... le label juste non toxique et la matière n'est pas biodégradable. Parce que dans la réalité, on perd trop de nos déchets plastiques sur la Terre. Du coup, on a besoin de vérifier que si jamais on les perd, parce qu'on les perd beaucoup. Bien sûr, oui, c'est un fléau de plastique. Mais parce que nos méthodes de gestion ne sont pas adaptées. Et ce n'est pas que de l'incivilité, ce n'est pas juste des gens qui jettent. C'est les poubelles qui se renversent, c'est le vent, c'est les tempêtes, les anciennes déchetteries, il y a plein de choses comme ça. En fait, on a quand même essayé, on est obligé de pousser déjà à la réduction de l'usage des plastiques. Oui, il n'y en a pas besoin. Il faut s'arrêter. Et pour ceux où on est obligé de les mettre pour des règles de lutte contre le gaspillage ou d'hygiène, de respect de l'hygiène, pour ceux-là, il faut qu'il y ait des plastiques biodégradables, non toxiques, et sachant que s'ils sont biodégradables en milieu marin, ils seront compostables à la maison. Vachement. Donc, ça veut dire que si tu fais le pire, tu peux faire tout le mieux. C'est ça. Donc, l'idée, c'est de tester le pire systématiquement pour se dire... Pour avoir le mieux. pour avoir le mieux à la fin. Et le top du top, dans mon monde idéal, j'aurai des plastiques biodégradables en milieu marin et non toxiques qui seront du coup potentiellement compostables à la terre et qui rentreraient dans la poubelle des biodéchets, tout simplement, qui ne seraient pas un déchet. Oui, pêcheur. Ce n'est pas un déchet, c'est du cat-bombe. C'est l'avenir, le travail sur demain. Moi, je travaille sur des plastiques alternatifs et sur les plastiques du futur. J'espère que j'arriverai à en trouver, non pas un, mais... Oui. De sens, ça me semblerait pas mal. Oui, parce qu'aujourd'hui, les plastiques, comme je disais, c'est un fléau, on en a partout. Et si demain, on avait du plastique biodégradable, c'est un peu ça l'idée, ça révolutionnerait complètement les vagues de déchets. Ça changerait tout. Et tu as beaucoup de gens qui pensent que le plastique biodégradable n'est pas une solution parce que les gens vont forcément le jeter. Moi, je ne suis pas du tout convaincue de ce point-là. Et je pense que quand on pense que les gens vont le jeter, on part du principe qu'on part d'un Européen. Un européen qui a un modèle de gestion des déchets où il y a la bonne poubelle, il y a la poubelle jaune, il y a la poubelle ménager, c'est bon, toi tu tries bien, tu fais ton job, RAS. Ce n'est pas le cas partout dans le monde. Mais ce n'est pas le cas partout. Et il y a des endroits où il y a des problématiques d'eau potable. Et on ne peut pas se dire, ah oui, mais alors en fait, le plastique là-bas, c'est un problème, ça a généré une contamination des eaux. Du coup, on ne peut pas prendre l'eau. Du coup, on est obligé d'aller chercher de l'eau et c'est dans des bouteilles en plastique. Et la bouteille en plastique, on ne la gère pas. Tu t'en sors plus. Tu t'en sors plus, bien sûr. Tu t'en sors plus. Donc, dans ces environnements-là, dans ces zones-là, on doit penser à des usages comme ça où le futur, c'était l'ancien, en fait. Et l'ancien, c'était biodégradable. L'élément déclencheur, tu me dis que tu avais 12 ans, tu voulais être scientifique et puis ensuite, il y a eu cette espèce d'opportunité professionnelle, c'est un peu ça, où tu as toujours voulu changer le monde. Alors oui, moi, j'étais une chercheuse. Mon but, c'était le rat de laboratoire qui change les choses. Dans ma vision d'enfant, le RAL Laboratoire avec la jolie blouse blanche. En fait, je pensais vraiment que la science permettait au monde d'avancer. C'était ma vision. En fait, il y a une forme de lenteur. Entre le moment où tu identifies un problème, le moment où tu lances l'étude, le moment où tu obtiens les résultats, le moment où le résultat est à l'origine d'une modification, d'une réglementation. Et cette réglementation va enfin impacter l'industrie. C'est trop long. c'est beaucoup trop long et un industriel pour changer aujourd'hui ses matières, il a besoin de 5 ans ça veut dire qu'il faut pas loin d'une dizaine d'années entre le moment où il y a l'idée et le moment où elle se concrétise c'est trop long si tu fournis directement ce service aux industriels tu dis directement aux industriels ok maintenant on a un problème avec vos plastiques on va changer vos plastiques tout de suite il nous faut un an il nous faut un an, pas 10 ans un an un an pour démarrer et commencer quelque chose où vous, vous pourrez tout de suite dire dans mon process de fabrication j'en utilise 3 ou 4 que j'ai choisis sur des critères financiers sur des critères des fois d'ACV ce critère qui arrive maintenant, c'est très bien je suis ravie, sauf que dans les analyses de cycles de vie, il y a l'impact environnemental qui est considéré et qui aujourd'hui ne considère que l'empreinte carbone c'est bien l'empreinte carbone, je suis ravie mais l'impact final, il n'y a pas Et donc, quand tu passes dans des analyses de cycles de vie, tu compares un t-shirt en plastique VS un t-shirt fait en laine de mouton, très sérieusement, il te dit que le t-shirt en plastique est meilleur. Oui, il n'impacte plus le carbone. Oui, parce qu'à aucun moment est prise en considération la fin de vie de l'objet lui-même. C'est la conception uniquement qui est... Les 200 ans de cet objet qui va terminer dans l'environnement, VS, le 10 ans, 5 ans, 12 ans, il va se faire détruire, lui. Oui, mais ce n'est pas pris en considération. Aujourd'hui, on essaie d'accompagner nos clients pour que dans l'impact environnemental, soit considéré le poids carbone, ce n'est pas notre job, c'est les autres qui font, mais nous, on va regarder surtout l'empreinte, combien de temps va durer la fin de vie de cet objet environnement, quels seront ses impacts toxiques, est-ce qu'il est biodégradable ou pas, toute cette considération sur un objet, et on va même jusqu'à quantifier les flux. C'est-à-dire qu'on regarde depuis là-là, en bas de la rue, jusqu'à la mer, combien de sons d'objets à lui j'ai retrouvés. On te sent vraiment animée dans ce que tu présentes. C'est extrêmement clair. Moi, à l'habitude, je ne suis pas une scientifique. Et justement, c'est une transition parfaite parce que les femmes, dans la recherche scientifique, est-ce qu'on en parle ? Est-ce que tu devais être très seule dans tes études ? Ce n'est pas une matière où c'est assez genré ? Oui. Je ne vais pas dénigrer mes collègues. Non, mais il y a du travail. Mais c'est évident pour moi que si j'avais été un homme, ce ne serait pas passé comme ça. En même temps, dans le monde de la biologie, il y a plein de femmes. Il y a énormément de femmes dans le monde de la biologie. On est majoritaire. D'accord. Dans la réalité, il y a plus de femmes. En fait, si quelqu'un avait fait une étude sur le sexe ratio, donc homme-femme dans les études scientifiques, Donc, elle avait vu que jusqu'au master 2 et l'après. Donc, en gros, jusqu'au master 2, tu avais un pour un. C'était pas mal. Sexe ratio était comme un petit peu instable. Elle avait considéré toutes les matières confondues de la science. Donc, ça incluait la biologie, où il y a beaucoup plus de femmes, et les mathématiques, où il y a beaucoup plus d'hommes. Donc, ça s'équilibrait assez bien. Arrivé en thèse, donc, ceux qui obtiennent des financements, c'est 24 ans. Donc, du coup, sur ce après, bon, déjà, vous avez... une petite réduction. Ce n'était pas significatif, tu avais un 45-50. D'accord. Et après, au moment des postes, alors là, la claque. Ah oui. Ah oui, elles disparaissent. Les femmes disparaissent, les femmes scientifiques disparaissent. Pourquoi ? Parce que quel âge tu as ? Tu as 25 ans. T'as 25 ans, et les femmes, elles sont étudiantes depuis des années. En tant que docteur, en tant que doctorante, pardon, c'est une formation de la recherche par la recherche. En gros, c'est un CDD de 3 ans. Donc, normalement, t'es dans le monde du travail. Sauf que tu es toujours considérée comme une étudiante. D'accord. Parce qu'on te voit comme ça, comme une étudiante. Tu n'es pas une chercheuse. Tu es une chercheuse en formation. Donc, tu n'es pas encore une chercheuse. Oui, bien sûr. Bref, tu deviens une chercheuse. Très bien. au bout de ces 3 ans t'es contente ça y est tu rentres enfin dans l'avis actif réel et puis en fait non on te dit qu'il faut faire des post-docs tu pars tu dois partir entre 1 à 2 ans dans un autre pays et revenir en France tu pars t'emmènes tes enfants avec toi t'as eu des enfants entre temps non parce que c'est pas prévu et bien non c'est pas prévu que pendant ta thèse si jamais t'as des enfants pendant ta thèse il faut déplacer la femme à la thèse et après on te posera cette question pourquoi la durée de votre thèse est de plus que 3 ans Ok. T'as vu ce que j'allais dire ? J'ai eu des enfants. Ah d'accord. Donc t'es en train de dire que t'as mis ta famille avant ta carrière en avant. C'est ce que t'es en train de dire. Et ça c'est terrible. Mais vraiment c'est terrible. Et moi on m'a même... Après j'en ai eu trois des enfants. C'est pour ça que j'ai réussi à m'émaner. T'es pas découragée. C'est bien. Je me suis dit que j'allais pas. Si j'attendais d'être en poste j'aurais 40 balais le jour où je croise les enfants. Du coup j'ai cumulé. Et c'est pour ça que j'ai été... contractueux à la répétition, c'est parce que je ménageais mes chômages et je ménageais mes congés maternités on calculait tout ça j'étais obligée de bien faire les choses bon j'y arrivais à chaque fois, donc c'était faisable c'est très gymnastique quand même oui et puis c'est un peu désagréable parce que tu changes le labo, tu cherches la stabilité aussi tu oublies la stabilité il n'y a pas de stabilité moi qui suis très angoissée, je n'aurais pas été chercheuse ah non la stabilité c'est en tant que chercheur tout de suite Sauf si tu as beaucoup de chance et que tu as un boucher dans la foulée, tant mieux pour toi Mais en fait ça représente que d'aller La plupart des gens ils partent Donc selon toi le fait que les fables disparaissent du monde scientifique C'est qu'ils font tout Parce que leur carrière n'a pas été valorisée parce qu'elles avaient des temps d'attente relativement longs Du coup le chiffre se restreint et tu es jugé sur les compétences identiques évidemment, sans ce qu'à aucun moment on t'enlève les 9 mois que tu as perdu Donc, tu es élu en incluant le retard. Donc, tu es forcément moins bon, en fait, moins bonne. Sauf si tu n'as mis ta carrière seulement en avant, ça veut dire que tu n'as pas eu de vie d'à côté. Oui, voilà. Ça peut être un choix aussi qui est fait par certaines. Oui, il y en a certaines qui l'ont fait. Et alors après, pire de pire, dans les autres postes, les postes après le recrutement, après le poste de permanent, donc directeur de unité, tu as un laboratoire. Ouh là là, ça descend, ça descend tout en bas. Je crois qu'on était à moins de 20%, 10% je crois, quelque chose comme ça. Et la raison pour laquelle elles ne sont pas là, c'est parce que c'est une question de chiffres. Si tu n'en avais pas beaucoup à l'entrée, elles sont heureuses sur des postes de responsabilité, c'est une logique implacable. Et malgré le fait que maintenant, on demande la parité, il y a eu des obligations légales, mais on était obligés de faire des femmes qui passent. En fait, il y a beaucoup de femmes auxquelles on demande de se mettre, d'avoir des mandats, d'avoir plein de mandats différents. Donc, elles ne sont plus capables de gérer la totalité de leur mandat. Oui, ce n'est pas possible. Non, c'est totalement impossible. Humainement, ce n'est pas possible. Et après, on vient leur reprocher le fait qu'elles n'ont pas été capables de faire le job. Mais en fait, c'est un cercle. Alors, c'est en train de changer, parce que maintenant, justement, avec cette obligation légale, on espère qu'il y en aura plus qui seront demandées. Donc, on fera plus d'attention dans les recrutements pour faire qu'il y ait plus de femmes aussi. Mais est-ce que ce chiffre de neuf mois, tu vois, il sera enfin intégré quelque part ? Et qu'on comparera les gens ? On ne le parera pas, simplement. Mais jusqu'à présent, être une femme dans le milieu de la recherche, c'est une sinecure. Il faut être ultra motivée, il ne faut pas avoir peur de rien. Je comprends qu'il y en ait qui se découragent du coup et qui pensent à autre chose. Alors tu vois, c'est peut-être la force de mon mental qui fait que je suis restée. Et moi, je ne voyais pas de rien faire. Quand j'étais au bord de la mer, quand j'avais 12 ans, d'où est venu ce déclic ? C'est parce que, en fait, quand je n'étais pas au bord de la mer, j'étais à Paris. J'étais à Paris, à ma fenêtre, je regardais le ciel et ma mère venait de m'offrir un télescope et me dit vas-y, normalement, tu devrais pouvoir voir la Lune Et en fait, la pollution lumineuse était tellement forte, le nuage au-dessus de ma tête était tellement violent, j'étais en 94, c'était tellement épais que je n'ai pas réussi à voir le ciel. Et pendant deux mois, j'ai attendu de voir le ciel. Et tous les jours, je pleurais comme une… c'était terrible. Et ma mère venait me voir, elle me disait mais pourquoi tu pleures, bon sang ? Je lui disais mais tu te rends compte, je n'arrive pas à voir le ciel Avec vos parents, je ressens cette douleur terrible. Et c'était violent pour moi. Quand j'avais que 12 ans, je me disais, mais comment ? Il faut vraiment un jeu de ne pas voir le ciel. C'était un décor, je pense, tout de suite. Et je me suis dit, ce n'est pas possible. Je ne vais pas pouvoir regarder ça comme ça. Et tu penses qu'en tant que femme, il y a une sensibilité un petit peu différente dans la recherche scientifique justement ? Je pense que oui. En fait, de manière très générale, quand tu es une scientifique, tu as besoin d'être objective. Donc, on te demande d'être ultra pragmatique. Et les femmes sont ultra pragmatiques. Dans les grandes généralités qui sont ultra vraies, les femmes sont ultra pragmatiques parce que quand elles arrivent dans un espace, ça c'est nos gènes néandertaliennes qui sont. On a besoin de gérer l'espace, on a besoin de gérer les plannings, la nourriture, l'exemple. On est capable de faire trois, quatre choses en même temps parce que dans notre tête, c'est déjà acquis. C'est déjà comme ça, c'est déjà en route. C'est plus difficile pour un homme, du coup. C'est plus dur pour un homme, oui. Ils disent souvent qu'ils ne peuvent pas faire deux ou trois choses en même temps. Ce n'est pas faux, ils souffrent quand même. Je pense qu'ils souffrent en vrai. Et je pense qu'une femme a une vision de prise en considération du contexte qui est beaucoup plus importante. Par contre, on est ultra pragmatique, mais on n'est pas très audacieuse. Voilà. Syndrome de l'imposteur. Oui, complètement. Et ça, je pense qu'il faut se l'assumer. J'ai des hommes, des fois, qui me disent qu'ils ont également le syndrome de l'imposteur et qui remettent en question le fait que oui, peut-être que ça marchait, mais peut-être que c'était juste de la chance, tu vois. Je les entends dire ça, donc c'est très bien. Même chez les hommes, ça existe. Mais c'est vrai que c'est assez marqué chez les femmes. Oui. Et on est obligé des fois, et moi j'ai même mes conseils dans le cadre de ma société, qui me disent est-ce que vous pourriez proposer deux scénarios ? La version la vôtre, c'est-à-dire la version objective, votre vision pragmatique des choses telles qu'elles sont dans la réalité, et je voudrais que vous puissiez nous proposer une version audacieuse. C'est ma fonction de femme qui me bloque sur ce point-là. Je pense que c'est vrai dans le monde de l'entrepreneuriat, je pense que c'est encore plus vrai dans le monde de la science. Et tu as beaucoup de femmes qui ont beaucoup de mal à se dire Allez, allons-y, je mets tout sur la table, la notion de risque, je la prends. Ah non, la notion de risque, je ne la prends pas. Elles ont trop peur. Elles ont trop peur de se dire Oui, mais je fais quoi demain ? Oui, mais c'est exactement ça. On réfléchit peut-être beaucoup trop. Et du coup, Plastic Hatsik, structure juridique, tu es en quoi ? Tu es un SAS ? Donc oui, Plastic Hatsik, une SAS. Et en 2022, j'ai fait une levée de fonds. Le VETFON, après deux ans de recherche de qui seront mes actionnaires, l'idée c'était qu'ils rentrent et qu'ils ne soient pas que de l'argent, qu'ils soient plus que de l'argent, qu'ils soient une vision. Bien sûr, compléter ce sonnage. Compléter ce que moi je faisais à Bagnou sur mer, c'est-à-dire très loin de Paris. Ça nous a permis aujourd'hui de créer la structure, enfin le site technique, d'aménager le site technique du pôle d'économie bleu pour nous. Donc on est passé en termes de surface d'exploitation liée à nos activités. On n'est pas assez d'un espace qui faisait 7 mètres carrés. Je ne présente pas 7 mètres carrés. Ah, un placard. 150 ans. Oui, un placard. Alors, un placard au plateau. C'est ça. Tout en conservant notre interaction avec les plateaux techniques de l'Occitane. Le futur de Plasticatis, ce sont des filiales. Des filiales en Atlantique, des filiales… Donc, tu as une vision quand même sur le long terme. Oui, moi j'aimerais aller à Marseille, j'aimerais aller en Atlantique, j'aimerais faire d'autres choses. Parce que je sais que les gens se poseront tous des questions et que moi mon but ultime, il est assez simple, c'est que la pollution plastique soit résorbée. Et une fois que j'aurai fini de m'attaquer à la pollution plastique, je m'attaquerai aux autres. Donc aux pesticides, aux requins en buvant, mais plus loin. Tenez-vous bien, gaffe, l'éleveur arrive. Le champ des possibles, il roule. On voit bien que l'environnement est en train de changer. Et maintenant quand on voit des requins blancs en Méditerranée, tout le monde panique. Quand il y a des orques qui attaquent les bateaux à la sortie du Gibraltar, tout le monde panique, ce qui est normal, moi aussi je paniquerai. Et en fait tout ce retournement de situation provient du fait qu'on n'est pas tout seul dans notre milieu. On est également soumis à la pollution plastique, on est complètement impacté, donc il faut vraiment partir du principe qu'en soignant, surtout en évitant de polluer ce qui se passe juste à côté de nous, à terme, ce sera pour nous. Sur le plan financier, parlons de choses qui fâchent, maintenant que ta boîte est bien installée, est-ce que tu considères que tu gagnes correctement ta vie ? Oui, on a cette image que la science ne fait pas vivre, finalement. En fait, depuis le début, ma société a des résultats... La première année, j'avais des résultats de 30%. Et mon chiffre d'affaires a augmenté quasiment tous les ans.

  • Intro

    C'est génial !

  • Audrey

    On peut vivre en faisant de l'écologie et de la recherche scientifique. C'est formidable !

  • Intro

    C'est extraordinaire !

  • Audrey

    Mais les gars, allez dans la recherche scientifique finalement !

  • Intro

    Beaucoup de gens me disaient Vous êtes payés par des institutions, des tarifs, des payes, par des subventions ? Non, absolument pas ! Non, non, non ! J'étais payée par des industriels qui se posaient des vraies questions et qui avaient envie de changer le monde et à leur échelle. Oui, parce que eux, quand on vient leur voir, il faut se mettre à leur place un petit peu. Je pense que quand tu as quelqu'un qui part en vacances… sur un bateau. Tu vois,

  • Audrey

    tu prends un grand chef d'entreprise qui a plein de moyens.

  • Intro

    Génial. Il part en vacances, il va, je sais pas, sur les baléares ou n'importe où, et puis il est à son bateau, puis d'un seul coup, il voit un de tous les objets à lui flotter à la surface de la mer ou poser sur la plage. La mauvaise, je pense. Et du coup, une fois, deux fois, il y a un moment donné où cette personne, qui est déjà ultra convaincue, en fait, finalement, se dit ça va pas être possible et il y a une sensibilité et toi tu arrives à appuyer sur ce point là en fait c'est même au début c'est eux qui sont venus me voir c'est eux qui ont même été à l'initiation en fait du projet de Plasticatip parce que j'étais encore en contrat CNRS quand ils sont venus au Camaport en me disant depuis le début vous nous dites qu'on est un problème et on a bien compris les plastiques sont un problème et vous êtes donc des chercheurs qui mettez en avant vous êtes des donneurs d'alerte, vous mettez en avant une problématique, on a bien compris ça c'est bon... Mais on fait quoi, nous ?

  • Audrey

    On fait quoi, maintenant ? On est en train de chômage.

  • Intro

    Et on dit, bah, tant pis.

  • Audrey

    J'arrête de te dire. Tu les as juste liées, mais finalement, il y a quand même une conscience derrière.

  • Intro

    Évidemment. Et tous mes clients, je n'ai pas besoin de les convaincre, ils sont tous ultra convaincus. Ils sont tous ultra impliqués. Et s'ils viennent pour que moi, je teste la toxicité ou la biodégradabilité de leur matière, c'est qu'ils sont investis d'une mission. Et eux, ils ont envie de se dire... au-delà de juste mettre des panneaux photovoltaïquiques sur mon toit demain. Je vais gérer mieux mon eau, je ferai des économies aussi, tant mieux pour moi, c'est des investissements simples. Certains sont subventionnés par l'État, donc ça, je peux améliorer mon élection en science, ça, je peux le faire, c'est facile. Par contre, les objets que je fabrique et que j'utilise sont toujours un problème et je ne peux pas contrôler du tout. Entre le moment où je l'ai mis dans le magasin et le moment où il arrive en mer, c'est un flou artistique.

  • Audrey

    Donc, ce n'est pas juste du greenwashing, c'est vraiment des gens... impliqués qui veulent faire évoluer. Je trouve ça génial parce qu'on a toujours cette image de l'industriel qui pollue, qui prend un bloc de pognon et puis derrière...

  • Intro

    On est très très loin.

  • Audrey

    Tu me redonnes espoir en humanité. J'ai bien fait de venir jusqu'à Banu.

  • Intro

    Tu serais étonnée de voir pour qui je travaille. Très étonnée. Tu vois, typiquement, mon premier grand client, c'est les bricadiques. Ils ont regardé combien je perds de briquets, combien je peux en retrouver, est-ce que je peux les collecter, est-ce que je peux remettre la consigne, est-ce qu'il faut que je change les matières ?

  • Audrey

    Il y a une vraie réflexion dans tout leur process.

  • Intro

    Ah oui, ce sont des pensées et des pensées. C'est comme la réduction, la consigne, la matière autre.

  • Audrey

    Il y a une vraie sensibilité. Donc, on peut dire quand même que les industriels réfléchissent aussi.

  • Intro

    Moi, de mon point de vue, ceux qui viennent me voir, on est très loin du grand Roi Chimien.

  • Audrey

    En quelques mots, quelle a été ta plus grosse erreur dans la conduite de ce projet ? Et quels enseignements en as-tu tiré ? La création de Plasticatzi.

  • Intro

    Alors, en fait, je suis très embêtée face à cette question.

  • Audrey

    Parce que tu n'as pas fait d'erreur ?

  • Intro

    Non, ce n'est pas ça.

  • Audrey

    Tu es trop pragmatique pour ça.

  • Intro

    Ben oui, je suis trop pragmatique pour ça. En fait, je considère que la totalité des erreurs que j'ai commises m'ont été... Mais alors,

  • Audrey

    il y en a une tellement énorme que tu as pris... Tu te dis, je ne veux pas, je referai différemment, mais j'ai pris une leçon de vie. Partage-nous quelque chose. Ne nous laisse pas comme ça.

  • Intro

    Alors, si, si, si, quand même. Je dirais que j'ai fait des erreurs dans des choix parfois de recoupement.

  • Audrey

    Ah ! Voilà.

  • Intro

    Et qu'à cette époque-là, j'étais relativement tolérante et que je laissais passer beaucoup de choses que peut-être qu'aujourd'hui, je ne laisse plus passer, en fait.

  • Audrey

    C'est un player qui commence.

  • Intro

    Tout à fait. Et je pense que, oui, peut-être que je ferais différemment aujourd'hui, mais en vrai, toutes les personnes que j'ai vraiment embauchées, j'ai recruté énormément de gens que moi, j'appelle des sauveurs. En général, les gens qui viennent postuler chez moi sont déjà des sauveurs à la base. Ils arrivent et te disent...

  • Audrey

    Ils ont une sensibilité.

  • Intro

    Complètement. Ils arrivent et te disent moi je sais faire ça et ça, mais ce qui m'intéresse surtout c'est la mission de la société Je leur dis alors toi dans ton job, tu vas mettre des chaussures de montagne, des gants et on va aller nettoyer les déchets à la sortie d'une rivière Et en fait, ils sont d'accord.

  • Audrey

    C'est génial. Ils sont motivés.

  • Intro

    Et donc,

  • Audrey

    tu as plus grande réussite, à contrario, c'est de réussir à mobiliser peut-être autant derrière un...

  • Intro

    Je crois que c'est ma plus grande réussite. J'ai fait le diagnostic RSE de la CCI de Perpignan et j'ai été très impressionnée par le résultat de ce diagnostic parce que quand on regardait mon interaction sociétale... Alors là, j'ai explosé les chiffres. Là, j'ai explosé tous les chiffres parce que, oui, nous avons des actions de sensibilisation avec des associations où on ne compte pas nos heures. Parce que pour nous, le but, c'est qu'on ait réussi à la sortie à avoir 10 personnes qui auront changé leur façon de penser. Vous voyez,

  • Audrey

    vous avez gagné.

  • Intro

    C'est gagné. J'ai eu la pire semaine de ma vie. C'était très très drôle, mais ultra représentatif de mon interaction avec la société. Le lundi, je faisais sept classes d'élémentaires. Le mardi, j'étais sur le terrain avec des journalistes. On devait faire la même scène trois ou quatre semaines. Ensuite, j'ai été appelée en urgence. On m'a demandé de revenir le lendemain matin pour être absolument à Bagnoult, parce qu'il y avait la secrétaire d'État de la maire qui était là.

  • Audrey

    Vous allez rencontrer quelqu'un ?

  • Intro

    J'ai dû rouler, on a dû rouler toute la nuit. Et puis le vendredi ? j'étais re de nouveau avec des journalistes. Et la journaliste du vendredi me demande Quelle a été pour vous la journée la plus difficile de votre semaine ? Je réponds Le lundi. Les sept classes d'élémentaire, ça a été l'horreur. L'horreur, pourquoi ? Parce qu'ils posent plein de questions. C'est ça. Ils posent plein de questions. Je ne sais pas comment font les maîtresses. Non,

  • Audrey

    mais c'est très dur.

  • Intro

    Non, maîtresse, parce que franchement, c'est vraiment dur. Je sais pourquoi, ce n'est pas moi qui le sais. Très bien. Parce que je leur parlais de la pollution plastique avec leur nom à eux. J'ai parlé de petite fessure, c'est simple. J'ai parlé avec ça, mais ils avaient plein d'idées. Oui, et ça fut bien dans tous les sens.

  • Audrey

    C'est génial.

  • Intro

    Et toutes les heures, tu changeais, tu changeais. C'était super dur. Moi, humainement, c'était ultra dur de tenir ce rythme-là, mais ils étaient tellement impliqués, tellement volontaires. Tu sentais toute l'énergie qui était là dans cette classe de 30. J'étais épuisée à la fin de la journée. Donc, ma pire journée, c'était celle-ci. Et le journaliste, la journaliste me demande, quelle a été pour vous la journée où vous pensez avoir eu le plus d'impact ? Évidemment. C'est ma journée de lundi avec mes sept classes d'élémentaires. Parce que les sept classes d'élémentaires que j'avais faites à ce moment-là, aujourd'hui, ils sont au collège. Ils ont créé une association qui s'appelle l'association Biodirette. Ils participent avec moi à mes actions de sensibilisation, de nettoyage et de sciences participatives. Ils ont même gagné des concours nationaux. Ils ont 13-14 ans. T'en es connue ?

  • Audrey

    Ça a marqué leur vie.

  • Intro

    J'ai marqué des gens qui, d'un seul coup, ont créé une vocation,

  • Audrey

    une prise de conscience.

  • Intro

    Peut-être. que demain, c'est peut-être pas moi qui changerai les choses, c'est peut-être eux qui changeraient les choses. La transmission aussi. La transmission de la sensibilisation, de préserver son environnement, c'était tellement dans un monde où on est tout le temps en train de dire que les jeunes sont collés à leur téléphone portable. J'avais réussi à les décoller. J'avais réussi à leur dire, il va falloir nettoyer la cour, les gars. Il va falloir ramasser les déchets qui sont dans la cour. Ce n'est pas possible, il va falloir les jeter. C'est ça, ça va dans les...

  • Audrey

    Et derrière, il y a quand même eu des actions. Les gammettes sont embarquées, c'est génial. Qu'est-ce que tu as gagné à te lancer dans ce projet entrepreneuriale ?

  • Intro

    Alors, ce que j'ai gagné, numéro un, un job, puisque je rappelle que je n'en avais pas. Enfin, que je n'en avais pas assez, j'en avais, mais avec l'instabilité du travail.

  • Audrey

    Donc, tu as gagné l'instabilité.

  • Intro

    J'ai gagné la stabilité de mon travail, la reconnaissance. Parce qu'à l'époque, quand je postulais au CNRS et qu'on me disait votre travail est totalement infaisable et irréalisable, et la pollution plastique n'est pas un problème c'était dans les années… c'était 2014. la dernière fois que j'ai postulé. Évidemment, c'était à l'époque par un problème. Moi, quand je le présentais, je disais c'est un vrai problème. Aujourd'hui, quand je parle de pollution plastique, c'est bon, tout le monde m'y est prêt.

  • Audrey

    On a compris, bien sûr.

  • Intro

    Et surtout, les gens qui viennent me voir, ils viennent en vrai pour changer les choses. Donc, déjà, la reconnaissance de ce travail-là. Et après, ce que j'ai gagné le plus, et c'est pour moi et pour toute l'équipe, c'est tout à fait vrai, c'est quand on arrive dans un supermarché, dans un magasin, et que l'un des objets sur lesquels on a travaillé, et dans le supermarché et dessus c'est écrit que c'est un objet qui n'a pas d'impact sur l'environnement marin mais qu'il faut le jeter dans la bonne poubelle parce que ça veut pas dire qu'il faut le jeter dans la mauvaise poubelle et que quand tu le vois et que tu te dis c'est mon travail ça c'est moi ça, et bien ça fait plaisir ça fait très plaisir d'avoir un objet sur lequel tu as travaillé d'avoir eu un impact sur le monde sur la société qui t'entoure alors que moi en tant que rat de laboratoire Là-bas, quand j'étais chercheure, finalement, mon impact, il fallait que j'attende 10 ans pour réussir peut-être, à avoir quelque chose de changé.

  • Audrey

    Tu dois où d'ici 5 ans, voire 10 ans ? La société, toi ?

  • Intro

    C'est une bonne question. Alors, dans les prochaines années, moi je vois, si c'est facile, dans 2 ans, je vois un peu l'économie bleue, là, à Banous-sur-Mer. qui serait un hôtel d'entreprise pour toutes les sociétés qui sortiraient de l'incubateur arago et d'autres. et que ce pôle d'économie bleue reste en contact encore une fois avec la communauté scientifique pour faire que la science soit pas vue comme quelque chose qui sert à rien mais bien que la science soit au service de l'humanité et pas l'inverse à 5 ans, enfin même dans 2-3 ans je vois des filiales en Atlantique à Marseille à l'Université de Toulouse j'aimerais bien les tropiques, ce serait pas mal parce qu'il y a énormément de problématiques là-bas et Même si nous, on a des concepts européens sur la pollution plastique en Europe.

  • Audrey

    Mais c'est bien de la décliner.

  • Intro

    Oui, marcher les mêmes là-bas. Ce serait bien que là-bas, on fasse des solutions très rapides. Ça crée des problèmes de société. Ça crée une différenciation entre des populations humaines qui sont violentes. Ça, ce n'est pas acceptable.

  • Audrey

    Oui, bien sûr.

  • Intro

    Ce n'est pas acceptable. Sachant que tu pourrais dire, Ah oui, mais ça, c'est leur déchet, ils ne les ont pas bien créés. Non, non, non, non. C'est les nôtres. C'est nos déchets.

  • Audrey

    Qui sont envoyés là-bas.

  • Intro

    Et donc, du coup, eux, ça a contaminé leur environnement. Ils n'ont plus d'eau potable. Ils n'ont plus rien. Ils ont flingué leur rizière en pensant que ça allait les sauver, et ça a fait exactement l'opposé.

  • Audrey

    Oui, les conséquences sont dramatiques derrière.

  • Intro

    C'était dans un autre monde.

  • Audrey

    On sent vraiment ton animation viscérale. Tu vas te prendre au tri.

  • Intro

    Parce qu'eux aussi, ils ont droit. Oui, mais en réalité. Toi, tu l'as fait pendant des années, tu en as bien profité. Tu leur as envoyé leur poubelle. Mais eux aussi, ils ont droit. Oui, mais en fait, non.

  • Audrey

    C'est très frustrant pour ces populations qui montent aussi en compétence, comme nous, j'ai dit.

  • Intro

    Et à qui tu vas expliquer qu'en fait, ce qu'ils avancent, c'est précurseur par rapport à nous.

  • Audrey

    Dans 10 ans, tu as sauvé le monde.

  • Intro

    Oui, j'adorais. Tu sais, au moment où j'ai créé la société, je m'étais dit le but ultime de Plasticati, c'est de disparaître.

  • Audrey

    Oui, parce qu'on n'aura plus besoin de toi.

  • Intro

    Ben non. C'est ça.

  • Audrey

    C'est formidable.

  • Intro

    Ce serait génial.

  • Audrey

    En fait, finalement, c'est ça. Tant qu'on a besoin de plastique à tisser,

  • Intro

    c'est qu'il y a un problème. Du coup, j'adorerais pouvoir venir demain.

  • Audrey

    Je liquide. Allez tout faire voir, il n'y a plus besoin de moi. Il n'y a plus besoin,

  • Intro

    il n'y a plus de plastique en mer, il n'y a plus de pesticides. C'est pour ça que je parlais aussi des pesticides. Oui,

  • Audrey

    mais il y a plein de déclinaisons.

  • Intro

    Ce serait top. Bien sûr. Ce serait top. Et en tant que chercheuse, j'avais travaillé là-dessus, sur les pesticides. Je venais toujours. Donc, je m'étais dit, un jour, j'essaierai de trouver des solutions. Le pire, c'est que je suis sûre qu'elles existent. Comme pour le plastique. Oui, il faut s'y mettre. On a tous envie d'aider que ça n'existe pas. Mais ça existe déjà.

  • Audrey

    C'est la preuve. Je veux dire, c'est la question première.

  • Intro

    Je teste les matières et je n'ai pas rien à faire. Donc, j'ai plein de matières qui sont plus dégradables, plus toxiques, comme le marin. Elles existent. Et comme elles existent, maintenant, il faut juste les pousser en avant. Pour qu'elles sortent du marché, pour que tout le monde puisse les connaître.

  • Audrey

    On arrive à la fin des questions que je t'ai envoyées. Donc là, on a cinq questions que je ne t'ai pas envoyées. C'est du réponse au tac-au-tac. Si vraiment il y a un truc qui ne t'inspire pas, c'est comme dans les jeux télé. Tu dis Joker et on passe à l'influence. Quelle est ton héroïne dans l'histoire et pourquoi ? Héroïne dans l'histoire avec un grand chien.

  • Intro

    C'est Marie Curie.

  • Audrey

    J'en étais sûre que tu allais dire Marie Curie.

  • Intro

    C'était facile. J'aurais pu dire Rosenberg. Je l'aime bien. Alors Rosenberg. Allez,

  • Audrey

    voilà. Allez, dans ta face.

  • Intro

    Marie Curie, ça va bien aussi. Alors Rosenberg, pourquoi ? Je ne me rappelle même pas de son prénom, mais c'est une femme. C'est celle qui a créé la théorie de la relativité. que tu connais, et pas sous ce nom-là. Toi, tu le connais sous le nom d'Einstein.

  • Audrey

    Tout à fait.

  • Intro

    Eh oui, parce que Rosenberg...

  • Audrey

    Elle a été balayée par Einstein. Ben,

  • Intro

    parce que tu comprends que c'était une femme.

  • Audrey

    Donc, c'est Rosenberg et Einstein qui ont pensé à la théorie de la relativité.

  • Intro

    Il était deux à avoir travaillé sur la théorie de la relativité et un seul nom, il restait. Alors, comme c'est curieux, c'est bizarre quand même. Donc, Rosenberg qui s'est battu pendant longtemps pour faire avancer la science, pour faire que ça fonctionne, pour réussir les choses. Et en fait, de sa théorie, de ce que moi j'en comprends, je ne suis pas une physicienne, c'est la physique quantique,

  • Audrey

    c'est un autre domaine que le mien,

  • Intro

    et d'un point de vue pratique, en tout cas, moi, de ce que j'ai compris de son travail, en gros, c'était la bombe H. Mais en fait, c'était d'autres concepts qui, en fait, demain, pourraient vraiment faire changer les choses. Donc, c'était une grande scientifique, absolument terrible. J'aurais pu te citer des femmes qui ont travaillé sur le milieu marin, comme des grandes aventurières, des grandes navigatrices. des grandes femmes de ce type-là. En vrai, je suis nulle en culture G. Et donc, du coup, on me dit souvent,

  • Audrey

    si tu dis des figures féminines, c'est méconnu.

  • Intro

    En fait, elles sont assez rares.

  • Audrey

    Non, je pense qu'il y a eu autant de femmes que d'hommes qui ont eu un impact dans l'histoire. Mais comme l'exemple de Rosenberg et avec Einstein,

  • Intro

    c'est Einstein qui est resté.

  • Audrey

    C'est la moustache, sans doute. On a peut-être moins de moustache. Quelle faute t'inspire le plus d'indulgence ?

  • Intro

    La ponctualité, oui. C'est une faute qui, pour moi, n'est plus... pas enfin c'est pas une vraie victoire voilà tu peux pas tu as tué quelqu'un parce qu'il est ce qu'il a retard non plus je suis donc de l'intérêt en fait là oui oui je suis très tolérante sur les horaires en plus c'est vrai que chez moi tous mes sauveurs la vie sans réaction à la société bon général ils sont malheurs c'est pas le problème et de toute façon il s'autogère Donc s'ils sont arrivés en retard, ils repartent en retard. Il n'y a pas de planteuse chez moi. On est open. Par contre, il faut du courage pour être motivé comme ça. Des fois, c'est vraiment une question de courage. Je pense par exemple à mon équipe actuellement. J'ai quatre personnes de mon équipe qui sont sur le Rhône, alors qu'ils annoncent des températures à 1°C. Ils annoncent de la neige, je crois, à un moment donné. Ils ont les mains dans l'eau.

  • Audrey

    dans l'eau du Rhône. Donc, ils sont courageux pour changer la mode.

  • Intro

    Ils sont courageux pour réussir à aller chercher tes échantillons sur lesquels tu travailles pour voir les communautés de l'eau douce que tu vas faire avec les plastiques. C'est toujours un lien avec ce qu'on fait.

  • Audrey

    Donc, s'ils ne sont pas ponctuels, ce n'est pas un drame.

  • Intro

    Mais non. Ah, voilà.

  • Audrey

    Est-ce que tu as un mantra, une devise, un dicton ou même une citation qui te motive ?

  • Intro

    Ah oui. Hier et derrière, demain est un mystère, aujourd'hui est un cadeau. C'est pour ça qu'on l'appelle le présent.

  • Audrey

    On dirait un truc du Père Fouras dans Fort Bea. c'est de qui ?

  • Intro

    c'est un proverbe chinois je suis sûre qu'ils l'ont passé dans Pompoya référence pour tout plein de gens qui connaîtront,

  • Audrey

    qui reconnaîtront ça c'est Kung Fu Panda ça sent les trois enfants qu'est-ce que tu dirais à une jeune fille qui hésiterait à se lancer dans des études de science ?

  • Intro

    alors j'ai beaucoup de jeunes femmes qui viennent me voir avec cette question et moi la seule chose que je leur dis c'est en fait ma vision du monde féminin dans le milieu scientifique est en train de changer. Ma vision est certainement aujourd'hui fausse. Il faut pouvoir continuer à faire ce qu'on aime. Et tant qu'on arrive à se lever le matin, à aller faire son job sans la boule au ventre, et à rentrer chez soi sans la boule au ventre, mais oui, on est fatigué. Et parce qu'on a l'impression d'avoir passé une journée super complète, il faut y aller. Et en vrai, il y a plein de fois où je fais des expériences, ça ne marche pas, ça ne marche pas. une semaine que ça marche pas ou un mois que ça marche pas et t'as envie de te prendre et de jeter par la fenêtre le jour où ça marche tout ce que t'as fait juste avant les deux mois là, érasole, y'a plus rien t'es tellement contente enfin ça marche t'as trouvé pourquoi, où, quand, comment t'es tellement contente que ça y est tu peux avancer et en fait ce sentiment de satisfaction de réussite que t'as à ce moment là personne te voit, t'es toute seule dans ton truc donc ça me comprend Je ne comprends rien de ce que tu fais de toute façon. En vrai, le milieu de la science, pour moi, la science, ce n'était pas une option. Ce n'était pas Ah, c'est flou, je ne comprends rien Non, ce n'était pas ça. Mais en fait, c'est partout autour de nous. Quand je me suis rendue compte que dans une pomme, tu avais un modèle mathématique, et que Pi a été créé à partir d'un truc comme ça, je me suis dit Mais en fait, le monde des maths, le monde de la physique, le monde de la bio, tout se touche. Comme si c'était fait ensemble. Moi, je suis dans un monde où les interrelations sont permanentes et où je vis dans des choses où je suis plus en admiration. Ça, c'est vrai. Je suis plus en admiration devant un animal, devant un poulpe, devant une méduse.

  • Audrey

    L'admiration du poulpe, je comprends,

  • Intro

    évidemment. Que devant des gens ultra connus. Et des fois, c'est un peu désagréable, peut-être pour les autres. Pour moi, c'est un monde où je ne m'ennuie jamais, où je n'ai jamais la boule au ventre. pendant le travail. En fait, j'y vais toujours de manière très, très sereine et j'essaye de faire en sorte que pour tous mes collaborateurs, ce soit exactement comme ça. Je n'en veux aucun chez moi qui arrive le matin avec un casque. C'est ce que je fais là. Parce que si jamais j'en ai un qui est dans cette case-là, c'est qu'il y a un truc qui ne colle pas. Et j'en ai eu. J'ai vu des personnes qui sont arrivées...

  • Audrey

    Tu ne peux pas être en phase avec tout le monde,

  • Intro

    bien sûr. Non, non, je ne peux pas être en phase avec tout le monde. Et en fait, c'était vrai que... Tu as vu, quand tu es arrivée, Bagnos-sur-Mer est loin de tout. Parce que la qualité de la mer, elle est là. C'est pour ça qu'on y est. Sinon, on ne serait pas. On serait à Perpignan, c'est plus facile de venir. Il n'y a pas la mer à Perpignan. Et puis, tu n'as pas la réserve naturelle. Tu n'as pas l'observatoire sélogique de Banouls qui est là depuis 1882. Il n'y a pas tout ça.

  • Audrey

    Pour terminer, quelle est la chanson qui te motive quand tu as le moral dans les chaussettes et alors si en plus tu la fredonnes, tu es la roi du pétrole ?

  • Intro

    Non. Aimer jusqu'à l'impossible. Aimer, se dire que c'est possible, aimer...

  • Audrey

    C'est une arénard, ça y est je l'ai !

  • Intro

    Moi ce que j'aimais, en fait c'était pas quelqu'un, c'était quelque chose en fait, c'était ça. En fait tu sais, je suis comme la case du Thier, je sais pas si tu le sais, mais en fait le chercheur qui a créé l'Observatoire Cynologique de Banlieues, il s'appelait la case du Thier, et quand il a créé le laboratoire, c'était un biologiste marin, un des premiers à faire des illustrations magnifiques. c'est presque un artiste ce monsieur, qui décrivait le milieu marin. Par contre, il avait le mal de mer. Pas de bol. Pas de bol. En fait, je suis comme lui. Je fais partie de ces gens qui ont le mal de mer en permanence. Dès qu'ils sont sur un bateau, dans l'émission scénographique, c'est compliqué pour moi. Mais par contre, c'est... Pas parce que j'ai le mal de mer que je n'ai pas fait ce choix. Parce que moi, en vrai, quand j'ai découvert la mer, j'étais sous l'eau. Je n'étais pas sur l'eau. J'étais dans l'eau. Et en fait, quand je vais dans le milieu marin, moi, j'y vais replongée. En fait, je ne vois plus l'air. Je ne vois que l'eau. Et quand je trouve que c'est beau, c'est parce qu'il y a plein d'animaux dans le coin et que je m'extasie à la moindre bestiole toute petite. C'est parce que ça m'attire et ça m'apaise. Je pense que je suis une hyperactive.

  • Audrey

    Je pense aussi.

  • Intro

    Depuis longtemps, c'est pour ça que ma mère a essayé de me trouver...

  • Audrey

    Un poste à Brest, oui,

  • Intro

    je comprends. Elle a tout tenté, la musique, la danse, j'ai tout fait. C'était bien. En fait, en vrai, mon choix de la science, j'avais deux choix au moment de faire ce choix final, en terminale. On m'a demandé de choisir le conservatoire de musique de Paris, parce que j'avais passé le concours et je pouvais y aller. D'accord. les classes préparatoires biologie, chimie, physique, science et vie de la Terre où j'avais passé la pré-audition pour moi ce que je voulais c'était changer tout de suite pas changer les gens et les aider à aller mieux je voulais changer mon univers merci Leïla pour tout ce partage c'est pas mal de matière là va faire couper merci beaucoup

  • Leila

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère que tu repars avec de l'inspiration et de nouvelles perspectives pour avancer avec confiance. Si cet épisode t'a plu, pense à t'abonner pour ne rien manquer des prochains. Et surtout, n'hésite pas à laisser un avis plein d'étoiles sur ta plateforme d'écoute. C'est le meilleur moyen de soutenir le podcast et de faire grandir notre belle communauté. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode, toujours aussi décliné et inspirant. A bientôt dans la Chef'Fed !

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Description

Comment transformer la recherche scientifique en action concrète pour protéger les océans et le monde de demain ?


Dans cet épisode, je reçois Anne-Leila, Docteure en biologie marine et fondatrice de la société Plastic@Sea 🌊


De prime abord, elle ne fait rien de glamour : de la recherche scientifique sur les matières plastiques dans les océans… je fais un gros raccourci, elle en parle bien mieux que moi, tu verras ! Mais l’idée est là, dans un secteur ULTRA masculin, où les moyens financiers sont ULTRAS limitées, la recherche scientifique en France, Anne-Leila a décidé de prendre la tangente : ne plus courir après les financements pour réaliser des études qui aboutirons PEUT ETRE à un changement POTENTIEL dans 10 ans... Elle a décidé de créer sa boîte pour avoir un impact sur le monde maintenant, en faisant évoluer son rôle de chercheuse vers celui d'entrepreneuse.


Avec elle, on explore :

  • Quelles limites du monde académique l’ont poussée à se lancer dans l’entrepreneuriat ?

  • Comment les compétences de chercheur peuvent-elles s’appliquer au monde des affaires ?

  • Comment l'étude des organismes marins inspire des solutions concrètes contre la pollution plastique ?

  • Pourquoi travailler avec les industriels est essentiel pour un impact durable sur le monde de demain ?

  • Comment elle allie pragmatisme et vision à long terme dans sa mission ?


Son parcours montre que l’audace et la science peuvent changer les règles du jeu. Aujourd’hui, c’est le plastique qui n’a qu’à bien se tenir, mais demain ce seront les métaux lourds, les pesticides, et bien d’autres fléaux pour lesquels une solution existe quelque part !


🎧 Écoute cet épisode pour découvrir comment science et entrepreneuriat peuvent s'allier pour créer un avenir meilleur.


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Transcription

  • Intro

    Si tu écoutes cet épisode au moment de sa sortie, nous sommes en janvier 2025 et je t'adresse donc mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Quoi de mieux pour la démarrer que d'adresser un message d'espoir pour le monde de demain ? Eh bien justement, le parcours qui va suivre est dans cette veine. Une nana qui s'est accrochée à son objectif, celui de rendre le monde meilleur et de sauver notre planète, tout en gagnant en stabilité professionnelle. Avoir en ligne de mire la préservation de notre environnement, la sauvegarde de l'intérêt commun, tout en créant une entreprise et gagner sa vie, ça n'a rien de contradictoire. Je m'explique. Anne Leila va changer le monde. Sa révolution est d'ailleurs déjà en marche. Si tu ne sais pas encore comment, reste avec nous et écoute bien l'épisode jusqu'au bout, car il y a beaucoup à dire. De prime abord, Anne Leila ne fait rien de glamour. De la recherche scientifique sur les matières plastiques dans les océans. Oui. Je fais un gros raccourci, elle en parle bien mieux que moi, tu verras. Mais l'idée est là, dans un secteur ultra masculin, où les moyens financiers sont ultra limités, la recherche scientifique en France. Anne Leila a décidé de prendre la tangente, ne plus courir après les financements pour réaliser des études qui aboutiront peut-être à un changement potentiel dans 10 ans, et elle a créé sa boîte pour avoir un impact sur le monde maintenant. Aujourd'hui, c'est le plastique qui n'a qu'à bien se tenir, mais demain, ce seront les métaux lourds, les pesticides et bien d'autres fléaux pour lesquels une solution existe quelque part. Ensemble, nous avons évidemment parlé écologie, mais aussi économie, recherche scientifique, milieu universitaire, représentativité des femmes et un meilleur monde pour demain, entre autres. PS, nous avons enregistré cet épisode dans une pièce située au-dessus d'une avenue qui est assez passante. Malgré nos efforts, tu entendras parfois quelques imperfections. Merci de ton indulgence. La Chafetaine, le podcast. Nouvelle épisode, c'est parti !

  • Audrey

    Bonjour Leïla ! Bienvenue sur le podcast de la Cheftaine. Je te remercie d'avoir accepté mon invitation pour nous présenter un petit peu plus ton parcours parce que tu as des ambitions à la hauteur de ta personne, tu veux sauver le monde sur le principe Le monde est l'océan Voilà, et donc je me suis dit que c'est bien de porter cette parole, de diffuser justement au plus grand nombre. Donc pour ceux qui ne te connaissent pas, Leïla, présente-toi, dis-nous qui tu es, d'où tu viens et ce que tu fais. Alors, je suis le docteur. Anne Leila Meisterzheim. Je suis docteure en biologie marine. J'ai eu mon doctorat à l'Université de Bretagne occidentale, mais à la base, je venais de Paris. À 10 ans, j'ai découvert que j'étais une scientifique. Je l'ai su très tôt. Je savais ce que je voulais faire. Et quand j'ai choisi, quand j'ai dû monter dans les différents niveaux d'études, au moment de passer, je suis rentrée dans des classes préparatoires, biologie, chimie, physique, sciences et vie de la Terre. Le total des classes prépa pour les biologistes, j'ai envie de dire. On m'a demandé de créer un projet. Et je devais créer un projet de recherche avec un groupe de certaines de mes... Enfin, des copines qui étaient à côté, voilà, dans ma classe. Et on a eu l'idée de travailler sur l'homochromie des sèches. Et à Paris, tu n'en vois pas beaucoup. Eh bien, à Paris, il n'y en avait pas. Alors déjà, ma mère, elle m'avait dit Mais c'est super gentil ce que tu veux faire. Mais tu veux travailler sur le milieu marin. Mais là, la mer, à Paris... J'ai dit Ah oui, ben non. Alors du coup, pour faire ce travail-là, j'ai dû monter à Boulogne-sur-Mer. Je suis allée visiter l'aquarium de Nozica. Et là, pareil, révélation. C'était génial, je me suis dit, ok, c'est bon. C'est banco. Moi, je vais partir à Brest et je vais aller faire mes études à Brest parce qu'à Brest, il y a la mer. Oui, classique. Classique. Et puis là-bas, il y a l'Institut universitaire européen de la mer qui est reconnu. Et en fait, en dernière année de mon cursus, donc le Master 2, à l'époque, c'était le DEA. On m'a dit, en fait, c'est un DEA qui est partagé entre l'Université de Perpignan, l'Université de Brest, et Paris. Retour à la classe départ. Et comme je venais finalement de l'Université de... Bretagne. Quand j'ai dû chercher mon stage, je suis revenue là-bas tout simplement. Tu es retournée en Bretagne. Je suis retournée en Bretagne. J'ai fini mon cursus Master 2 à l'EA de l'époque et j'ai postulé là-bas une thèse, une thèse ministérielle. Et pendant trois ans et demi, j'ai travaillé sur les capacités d'adaptation de l'huître que tu manges à Noël. Et après ça, j'ai travaillé, je suis devenue docteur en biologie marine. Et j'ai travaillé pour d'autres personnes sur, par exemple, des maladies qui touchaient leur mot. Et puis, après, j'ai travaillé pour d'autres projets et je suis devenue une sériale post-doc. Alors, une sériale post-doc, c'est quoi ? En gros, c'est un CDD à répétition. Je changeais souvent de laboratoire parce qu'ils n'ont pas beaucoup de moyens. Oui, bien sûr. Donc, en fait, c'était des petits contrats. On essayait de remplir les trous. Oui, quand il y avait le financement qui tombait, il dégageait un contrat et tu prenais la place. C'était un peu ça l'idée. C'était complètement ça. Des fois, j'ai même créé des laboratoires. Je faisais des petits bouts de chandelles. Et à l'époque, on me reprochait le fait de ne pas être allée à l'étranger. Et donc, du coup, je me suis dit, pas de problème, je vais aller à l'étranger. J'ai créé des super projets avec l'Afrique du Sud. J'étais prête à y aller. J'emmène à l'époque mon mari, parce que j'en ai rien avec moi, qui a malheureusement... On va dire un défaut terrible, il est chercheur dans le domaine de la biologie marine. Voilà, donc en fait, lui, il est lié à Sorbonne Université, ce qui veut dire qu'il ne peut pas aller n'importe où non plus. D'accord. Et donc, on a dû chercher un endroit où c'était intéressant pour lui, où c'était intéressant pour moi. Un compromis, quoi. Un petit compromis. Donc, on s'est créé chacun un projet pour aller en Afrique du Sud. Lui, sur... Enfin, moi, sur l'impact de parasites sur des tortues, donc très bien. Et lui, l'impact des plastiques sur des coraux tropicaux. Ah, donc moi, le mien, je ne l'ai pas lu. Je me suis dit, de toute façon, il faudra bien que tu embauches quelqu'un pour faire le travail d'impact sur les plastiques. Donc, tu n'as qu'à m'embaucher. Et c'est moi qui vais faire le job. Donc, j'ai commencé à travailler pour mon mari, ce qui était une catastrophe terrible pour moi, parce qu'il ne fallait surtout pas faire ça. Je ne peux pas imaginer que ça devait être sportif. Ça a été sportif. Moi, je travaillais, j'essayais d'éviter Bannou sur mer. Mon but, c'était d'éviter Bannou sur mer. Oui, parce que du coup, moi, je suis restée, vous étiez à Brest, mais vous êtes arrivée à Paris aussi. Moi, j'ai postulé à un poste de maître de conférence à Perpignan. Je suis arrivée deuxième. Mais sauf que deuxième, c'est deuxième. Tu ne peux pas pousser le numéro un dans les escaliers. Ça ne te plaît pas ? Non, parce que tu es mal vue. Et donc, deuxième, j'étais quand même arrivée à Perpignan et j'avais déménagé. Et du coup, j'étais bloquée. Sauf que lui, il a été pris pour le poste de maître de conférence. Du coup, j'ai commencé à postuler sur des laboratoires de recherche qui étaient en local. Celui pour lequel j'avais postulé pour maître de conférence m'a proposé un CD list. J'ai démarré mon travail comme ça à Perpignan. Et du coup, pendant plus de dix ans quand même, j'ai été encore une serial postdoc. Et en fait, c'était presque surprenant, parce que normalement, ça n'existe pas. Dans le milieu de la recherche, les gens qui font des petits contrats d'aussi longue durée, en général, partent à l'étranger, sont bouchés ailleurs et ne reviennent pas. Oui, c'est assez évident. C'était la problématique de la recherche en France. C'était la problématique de la recherche en France. Mais moi, j'y arrivais. J'arrivais systématiquement à créer mes projets, avoir des projets, avoir de l'argent, à m'en sortir. Et dans mon dernier contrat, du coup, où j'étais embauchée, où je devais être embauchée par mon mari, quelqu'un m'a fait une contre-proposition. Il m'a dit, plutôt que de tester l'impact des plastiques sur des organismes marins, je te propose de regarder des micro-organismes qui dégradent la matière plastique dans le milieu marin. C'était Jean-François Guiglione qui m'avait proposé ça. J'ai dit oui. Et plutôt qu'avoir un contrat de trois mois avec mon mari, j'en ai eu un de un an avec Jean-François Grigion. Je suis désolée, j'ai fait un choix sur la durée. Quand on est chercheur, on a bien gardé un peu son... Son espace à soi, oui. On peut que les chercheurs, je t'en rassure. Ah non, oui, je pense qu'il y a ses parts. Mais voilà, du coup, ça a quand même fonctionné. Et à la fin de ce contrat, le directeur de l'Observatoire Océanologique de Bagnos est venu me voir et m'a dit, maintenant, ça suffit. Ça fait dix ans. que tu essaies d'aider, ça fait 10 ans que tu postules, ça fait 10 ans que tu crées des contrats, que tu crées des projets. Donc, c'est pas un problème de compétence, puisque tu le fais. Donc, c'est pas un problème de compétence. C'est parce que t'as pas de chance. Et en gros, ce qu'il me disait, c'est Je pense que tu t'es trompée sur la vision du chef d'entreprise, enfin en fait sur le monde de l'entrepreneuriat. Je pense que tu as une très très mauvaise vision de ce monde-là et que tu te trompes, vraiment. Parce qu'un chef d'entreprise, c'est quelqu'un qui crée des projets, qui crée de l'innovation, qui gère une équipe, qui gère en fait sa partie comptable. Et bien ça correspond très exactement… À ce que tu fais ? Au travail d'un chercheur. Un chercheur écrit un projet, gère une équipe, gère un budget. Ce ne sont juste pas les mêmes mots. Donc c'est un problème de sémantique. Mais c'était très exactement le même travail. Donc il m'a dit, je pense vraiment que tu as une vision qui est tronquée, parce que tu es dans le monde de la science, et du coup tu as l'impression que le monde est différent dans le monde économique, mais en fait c'est le même. Et peut-être qu'il faudrait juste que tu te tendes ta chance. Et là il t'a allumé la lumière. Complètement. Il m'a dit, j'ai dit, mais moi, je ne sais pas faire, je ne sais pas comment on fait ça. Et en fait, à l'époque, il m'a proposé d'être accompagnée dans le cadre de la création de l'incubateur Aragone, qui se trouve à l'Observatoire Océanologique de Bagnoules. C'était en 2018. Donc, j'ai créé en 2018. Et c'est Daniel Christian, qui était directeur de l'incubateur à l'époque, qui m'a accompagnée. Et pendant deux ans, on a changé les mots. C'est-à-dire que... au lieu de parler à des scientifiques ou de parler au public, parce que les scientifiques sont quand même missionnés aussi pour la partie sensibilisation. Donc, on sait parler. Même à des tout-petits, on sait parler. Mais par contre, quand il s'agit de mots comme business plan, là, il y a un grand flou artistique. Et tout le monde se regarde. Mais de quoi on parle ? Et en fait, une fois que les mots ont été traduits dans un sens que je comprends, là, ça allait beaucoup mieux. Et donc, on a pu démarrer nos activités en janvier 2019. Et en septembre, je recrutais déjà trois personnes. Et donc, le nom de ta société ? Le nom de ma société, c'est Plastique Atsi. Alors, je sais que c'est perturbant, parce que beaucoup de gens me disent ça veut dire que vous mettez les plastiques dans la mer Et bien, en fait, oui. Non, mais il n'y a pas d'erreur. C'est bien ce que je fais. Alors, en fait, c'est un petit peu… Ce n'est pas la première idée qu'on pourrait avoir, mais en gros, ce que je fais, c'est que je fais rentrer la mer dans mes aquariums ouverts. Voilà. Toute la biodiversité rentre à l'intérieur de mes aquariums ouverts. Et là, je… met les plastiques dedans. Et la mer continue de passer sur ces plastiques, on continue, et ça me permet de voir la vie s'attacher à ces plastiques, et à partir de cette vie, je vais ensuite la détacher et en milieu fermé, cette fois-ci, je vais regarder si cette vie est capable de dégrader les matières. D'accord. Et à côté de ça, je vais regarder si cette matière va avoir un impact toxique, cette fois-ci, sur des organismes vivants que je vais pêcher dans la baie de Bagnoules. Donc on va les pêcher les péchés, on va dire plutôt les prélever pour être exact. On va tester des matières. Est-ce que c'est toxique ? Combien ? Et on va le comparer à des poisons qui sont identifiés, qui permettent de classer tous les produits chimiques solubles selon la classification du riche. Et ça nous permet de dire, telle matière est plus vertueuse parce qu'elle n'a pas d'impact, en fait. Et ça nous permet d'identifier des matières selon deux labels, le label biodégradable non toxique ou... le label juste non toxique et la matière n'est pas biodégradable. Parce que dans la réalité, on perd trop de nos déchets plastiques sur la Terre. Du coup, on a besoin de vérifier que si jamais on les perd, parce qu'on les perd beaucoup. Bien sûr, oui, c'est un fléau de plastique. Mais parce que nos méthodes de gestion ne sont pas adaptées. Et ce n'est pas que de l'incivilité, ce n'est pas juste des gens qui jettent. C'est les poubelles qui se renversent, c'est le vent, c'est les tempêtes, les anciennes déchetteries, il y a plein de choses comme ça. En fait, on a quand même essayé, on est obligé de pousser déjà à la réduction de l'usage des plastiques. Oui, il n'y en a pas besoin. Il faut s'arrêter. Et pour ceux où on est obligé de les mettre pour des règles de lutte contre le gaspillage ou d'hygiène, de respect de l'hygiène, pour ceux-là, il faut qu'il y ait des plastiques biodégradables, non toxiques, et sachant que s'ils sont biodégradables en milieu marin, ils seront compostables à la maison. Vachement. Donc, ça veut dire que si tu fais le pire, tu peux faire tout le mieux. C'est ça. Donc, l'idée, c'est de tester le pire systématiquement pour se dire... Pour avoir le mieux. pour avoir le mieux à la fin. Et le top du top, dans mon monde idéal, j'aurai des plastiques biodégradables en milieu marin et non toxiques qui seront du coup potentiellement compostables à la terre et qui rentreraient dans la poubelle des biodéchets, tout simplement, qui ne seraient pas un déchet. Oui, pêcheur. Ce n'est pas un déchet, c'est du cat-bombe. C'est l'avenir, le travail sur demain. Moi, je travaille sur des plastiques alternatifs et sur les plastiques du futur. J'espère que j'arriverai à en trouver, non pas un, mais... Oui. De sens, ça me semblerait pas mal. Oui, parce qu'aujourd'hui, les plastiques, comme je disais, c'est un fléau, on en a partout. Et si demain, on avait du plastique biodégradable, c'est un peu ça l'idée, ça révolutionnerait complètement les vagues de déchets. Ça changerait tout. Et tu as beaucoup de gens qui pensent que le plastique biodégradable n'est pas une solution parce que les gens vont forcément le jeter. Moi, je ne suis pas du tout convaincue de ce point-là. Et je pense que quand on pense que les gens vont le jeter, on part du principe qu'on part d'un Européen. Un européen qui a un modèle de gestion des déchets où il y a la bonne poubelle, il y a la poubelle jaune, il y a la poubelle ménager, c'est bon, toi tu tries bien, tu fais ton job, RAS. Ce n'est pas le cas partout dans le monde. Mais ce n'est pas le cas partout. Et il y a des endroits où il y a des problématiques d'eau potable. Et on ne peut pas se dire, ah oui, mais alors en fait, le plastique là-bas, c'est un problème, ça a généré une contamination des eaux. Du coup, on ne peut pas prendre l'eau. Du coup, on est obligé d'aller chercher de l'eau et c'est dans des bouteilles en plastique. Et la bouteille en plastique, on ne la gère pas. Tu t'en sors plus. Tu t'en sors plus, bien sûr. Tu t'en sors plus. Donc, dans ces environnements-là, dans ces zones-là, on doit penser à des usages comme ça où le futur, c'était l'ancien, en fait. Et l'ancien, c'était biodégradable. L'élément déclencheur, tu me dis que tu avais 12 ans, tu voulais être scientifique et puis ensuite, il y a eu cette espèce d'opportunité professionnelle, c'est un peu ça, où tu as toujours voulu changer le monde. Alors oui, moi, j'étais une chercheuse. Mon but, c'était le rat de laboratoire qui change les choses. Dans ma vision d'enfant, le RAL Laboratoire avec la jolie blouse blanche. En fait, je pensais vraiment que la science permettait au monde d'avancer. C'était ma vision. En fait, il y a une forme de lenteur. Entre le moment où tu identifies un problème, le moment où tu lances l'étude, le moment où tu obtiens les résultats, le moment où le résultat est à l'origine d'une modification, d'une réglementation. Et cette réglementation va enfin impacter l'industrie. C'est trop long. c'est beaucoup trop long et un industriel pour changer aujourd'hui ses matières, il a besoin de 5 ans ça veut dire qu'il faut pas loin d'une dizaine d'années entre le moment où il y a l'idée et le moment où elle se concrétise c'est trop long si tu fournis directement ce service aux industriels tu dis directement aux industriels ok maintenant on a un problème avec vos plastiques on va changer vos plastiques tout de suite il nous faut un an il nous faut un an, pas 10 ans un an un an pour démarrer et commencer quelque chose où vous, vous pourrez tout de suite dire dans mon process de fabrication j'en utilise 3 ou 4 que j'ai choisis sur des critères financiers sur des critères des fois d'ACV ce critère qui arrive maintenant, c'est très bien je suis ravie, sauf que dans les analyses de cycles de vie, il y a l'impact environnemental qui est considéré et qui aujourd'hui ne considère que l'empreinte carbone c'est bien l'empreinte carbone, je suis ravie mais l'impact final, il n'y a pas Et donc, quand tu passes dans des analyses de cycles de vie, tu compares un t-shirt en plastique VS un t-shirt fait en laine de mouton, très sérieusement, il te dit que le t-shirt en plastique est meilleur. Oui, il n'impacte plus le carbone. Oui, parce qu'à aucun moment est prise en considération la fin de vie de l'objet lui-même. C'est la conception uniquement qui est... Les 200 ans de cet objet qui va terminer dans l'environnement, VS, le 10 ans, 5 ans, 12 ans, il va se faire détruire, lui. Oui, mais ce n'est pas pris en considération. Aujourd'hui, on essaie d'accompagner nos clients pour que dans l'impact environnemental, soit considéré le poids carbone, ce n'est pas notre job, c'est les autres qui font, mais nous, on va regarder surtout l'empreinte, combien de temps va durer la fin de vie de cet objet environnement, quels seront ses impacts toxiques, est-ce qu'il est biodégradable ou pas, toute cette considération sur un objet, et on va même jusqu'à quantifier les flux. C'est-à-dire qu'on regarde depuis là-là, en bas de la rue, jusqu'à la mer, combien de sons d'objets à lui j'ai retrouvés. On te sent vraiment animée dans ce que tu présentes. C'est extrêmement clair. Moi, à l'habitude, je ne suis pas une scientifique. Et justement, c'est une transition parfaite parce que les femmes, dans la recherche scientifique, est-ce qu'on en parle ? Est-ce que tu devais être très seule dans tes études ? Ce n'est pas une matière où c'est assez genré ? Oui. Je ne vais pas dénigrer mes collègues. Non, mais il y a du travail. Mais c'est évident pour moi que si j'avais été un homme, ce ne serait pas passé comme ça. En même temps, dans le monde de la biologie, il y a plein de femmes. Il y a énormément de femmes dans le monde de la biologie. On est majoritaire. D'accord. Dans la réalité, il y a plus de femmes. En fait, si quelqu'un avait fait une étude sur le sexe ratio, donc homme-femme dans les études scientifiques, Donc, elle avait vu que jusqu'au master 2 et l'après. Donc, en gros, jusqu'au master 2, tu avais un pour un. C'était pas mal. Sexe ratio était comme un petit peu instable. Elle avait considéré toutes les matières confondues de la science. Donc, ça incluait la biologie, où il y a beaucoup plus de femmes, et les mathématiques, où il y a beaucoup plus d'hommes. Donc, ça s'équilibrait assez bien. Arrivé en thèse, donc, ceux qui obtiennent des financements, c'est 24 ans. Donc, du coup, sur ce après, bon, déjà, vous avez... une petite réduction. Ce n'était pas significatif, tu avais un 45-50. D'accord. Et après, au moment des postes, alors là, la claque. Ah oui. Ah oui, elles disparaissent. Les femmes disparaissent, les femmes scientifiques disparaissent. Pourquoi ? Parce que quel âge tu as ? Tu as 25 ans. T'as 25 ans, et les femmes, elles sont étudiantes depuis des années. En tant que docteur, en tant que doctorante, pardon, c'est une formation de la recherche par la recherche. En gros, c'est un CDD de 3 ans. Donc, normalement, t'es dans le monde du travail. Sauf que tu es toujours considérée comme une étudiante. D'accord. Parce qu'on te voit comme ça, comme une étudiante. Tu n'es pas une chercheuse. Tu es une chercheuse en formation. Donc, tu n'es pas encore une chercheuse. Oui, bien sûr. Bref, tu deviens une chercheuse. Très bien. au bout de ces 3 ans t'es contente ça y est tu rentres enfin dans l'avis actif réel et puis en fait non on te dit qu'il faut faire des post-docs tu pars tu dois partir entre 1 à 2 ans dans un autre pays et revenir en France tu pars t'emmènes tes enfants avec toi t'as eu des enfants entre temps non parce que c'est pas prévu et bien non c'est pas prévu que pendant ta thèse si jamais t'as des enfants pendant ta thèse il faut déplacer la femme à la thèse et après on te posera cette question pourquoi la durée de votre thèse est de plus que 3 ans Ok. T'as vu ce que j'allais dire ? J'ai eu des enfants. Ah d'accord. Donc t'es en train de dire que t'as mis ta famille avant ta carrière en avant. C'est ce que t'es en train de dire. Et ça c'est terrible. Mais vraiment c'est terrible. Et moi on m'a même... Après j'en ai eu trois des enfants. C'est pour ça que j'ai réussi à m'émaner. T'es pas découragée. C'est bien. Je me suis dit que j'allais pas. Si j'attendais d'être en poste j'aurais 40 balais le jour où je croise les enfants. Du coup j'ai cumulé. Et c'est pour ça que j'ai été... contractueux à la répétition, c'est parce que je ménageais mes chômages et je ménageais mes congés maternités on calculait tout ça j'étais obligée de bien faire les choses bon j'y arrivais à chaque fois, donc c'était faisable c'est très gymnastique quand même oui et puis c'est un peu désagréable parce que tu changes le labo, tu cherches la stabilité aussi tu oublies la stabilité il n'y a pas de stabilité moi qui suis très angoissée, je n'aurais pas été chercheuse ah non la stabilité c'est en tant que chercheur tout de suite Sauf si tu as beaucoup de chance et que tu as un boucher dans la foulée, tant mieux pour toi Mais en fait ça représente que d'aller La plupart des gens ils partent Donc selon toi le fait que les fables disparaissent du monde scientifique C'est qu'ils font tout Parce que leur carrière n'a pas été valorisée parce qu'elles avaient des temps d'attente relativement longs Du coup le chiffre se restreint et tu es jugé sur les compétences identiques évidemment, sans ce qu'à aucun moment on t'enlève les 9 mois que tu as perdu Donc, tu es élu en incluant le retard. Donc, tu es forcément moins bon, en fait, moins bonne. Sauf si tu n'as mis ta carrière seulement en avant, ça veut dire que tu n'as pas eu de vie d'à côté. Oui, voilà. Ça peut être un choix aussi qui est fait par certaines. Oui, il y en a certaines qui l'ont fait. Et alors après, pire de pire, dans les autres postes, les postes après le recrutement, après le poste de permanent, donc directeur de unité, tu as un laboratoire. Ouh là là, ça descend, ça descend tout en bas. Je crois qu'on était à moins de 20%, 10% je crois, quelque chose comme ça. Et la raison pour laquelle elles ne sont pas là, c'est parce que c'est une question de chiffres. Si tu n'en avais pas beaucoup à l'entrée, elles sont heureuses sur des postes de responsabilité, c'est une logique implacable. Et malgré le fait que maintenant, on demande la parité, il y a eu des obligations légales, mais on était obligés de faire des femmes qui passent. En fait, il y a beaucoup de femmes auxquelles on demande de se mettre, d'avoir des mandats, d'avoir plein de mandats différents. Donc, elles ne sont plus capables de gérer la totalité de leur mandat. Oui, ce n'est pas possible. Non, c'est totalement impossible. Humainement, ce n'est pas possible. Et après, on vient leur reprocher le fait qu'elles n'ont pas été capables de faire le job. Mais en fait, c'est un cercle. Alors, c'est en train de changer, parce que maintenant, justement, avec cette obligation légale, on espère qu'il y en aura plus qui seront demandées. Donc, on fera plus d'attention dans les recrutements pour faire qu'il y ait plus de femmes aussi. Mais est-ce que ce chiffre de neuf mois, tu vois, il sera enfin intégré quelque part ? Et qu'on comparera les gens ? On ne le parera pas, simplement. Mais jusqu'à présent, être une femme dans le milieu de la recherche, c'est une sinecure. Il faut être ultra motivée, il ne faut pas avoir peur de rien. Je comprends qu'il y en ait qui se découragent du coup et qui pensent à autre chose. Alors tu vois, c'est peut-être la force de mon mental qui fait que je suis restée. Et moi, je ne voyais pas de rien faire. Quand j'étais au bord de la mer, quand j'avais 12 ans, d'où est venu ce déclic ? C'est parce que, en fait, quand je n'étais pas au bord de la mer, j'étais à Paris. J'étais à Paris, à ma fenêtre, je regardais le ciel et ma mère venait de m'offrir un télescope et me dit vas-y, normalement, tu devrais pouvoir voir la Lune Et en fait, la pollution lumineuse était tellement forte, le nuage au-dessus de ma tête était tellement violent, j'étais en 94, c'était tellement épais que je n'ai pas réussi à voir le ciel. Et pendant deux mois, j'ai attendu de voir le ciel. Et tous les jours, je pleurais comme une… c'était terrible. Et ma mère venait me voir, elle me disait mais pourquoi tu pleures, bon sang ? Je lui disais mais tu te rends compte, je n'arrive pas à voir le ciel Avec vos parents, je ressens cette douleur terrible. Et c'était violent pour moi. Quand j'avais que 12 ans, je me disais, mais comment ? Il faut vraiment un jeu de ne pas voir le ciel. C'était un décor, je pense, tout de suite. Et je me suis dit, ce n'est pas possible. Je ne vais pas pouvoir regarder ça comme ça. Et tu penses qu'en tant que femme, il y a une sensibilité un petit peu différente dans la recherche scientifique justement ? Je pense que oui. En fait, de manière très générale, quand tu es une scientifique, tu as besoin d'être objective. Donc, on te demande d'être ultra pragmatique. Et les femmes sont ultra pragmatiques. Dans les grandes généralités qui sont ultra vraies, les femmes sont ultra pragmatiques parce que quand elles arrivent dans un espace, ça c'est nos gènes néandertaliennes qui sont. On a besoin de gérer l'espace, on a besoin de gérer les plannings, la nourriture, l'exemple. On est capable de faire trois, quatre choses en même temps parce que dans notre tête, c'est déjà acquis. C'est déjà comme ça, c'est déjà en route. C'est plus difficile pour un homme, du coup. C'est plus dur pour un homme, oui. Ils disent souvent qu'ils ne peuvent pas faire deux ou trois choses en même temps. Ce n'est pas faux, ils souffrent quand même. Je pense qu'ils souffrent en vrai. Et je pense qu'une femme a une vision de prise en considération du contexte qui est beaucoup plus importante. Par contre, on est ultra pragmatique, mais on n'est pas très audacieuse. Voilà. Syndrome de l'imposteur. Oui, complètement. Et ça, je pense qu'il faut se l'assumer. J'ai des hommes, des fois, qui me disent qu'ils ont également le syndrome de l'imposteur et qui remettent en question le fait que oui, peut-être que ça marchait, mais peut-être que c'était juste de la chance, tu vois. Je les entends dire ça, donc c'est très bien. Même chez les hommes, ça existe. Mais c'est vrai que c'est assez marqué chez les femmes. Oui. Et on est obligé des fois, et moi j'ai même mes conseils dans le cadre de ma société, qui me disent est-ce que vous pourriez proposer deux scénarios ? La version la vôtre, c'est-à-dire la version objective, votre vision pragmatique des choses telles qu'elles sont dans la réalité, et je voudrais que vous puissiez nous proposer une version audacieuse. C'est ma fonction de femme qui me bloque sur ce point-là. Je pense que c'est vrai dans le monde de l'entrepreneuriat, je pense que c'est encore plus vrai dans le monde de la science. Et tu as beaucoup de femmes qui ont beaucoup de mal à se dire Allez, allons-y, je mets tout sur la table, la notion de risque, je la prends. Ah non, la notion de risque, je ne la prends pas. Elles ont trop peur. Elles ont trop peur de se dire Oui, mais je fais quoi demain ? Oui, mais c'est exactement ça. On réfléchit peut-être beaucoup trop. Et du coup, Plastic Hatsik, structure juridique, tu es en quoi ? Tu es un SAS ? Donc oui, Plastic Hatsik, une SAS. Et en 2022, j'ai fait une levée de fonds. Le VETFON, après deux ans de recherche de qui seront mes actionnaires, l'idée c'était qu'ils rentrent et qu'ils ne soient pas que de l'argent, qu'ils soient plus que de l'argent, qu'ils soient une vision. Bien sûr, compléter ce sonnage. Compléter ce que moi je faisais à Bagnou sur mer, c'est-à-dire très loin de Paris. Ça nous a permis aujourd'hui de créer la structure, enfin le site technique, d'aménager le site technique du pôle d'économie bleu pour nous. Donc on est passé en termes de surface d'exploitation liée à nos activités. On n'est pas assez d'un espace qui faisait 7 mètres carrés. Je ne présente pas 7 mètres carrés. Ah, un placard. 150 ans. Oui, un placard. Alors, un placard au plateau. C'est ça. Tout en conservant notre interaction avec les plateaux techniques de l'Occitane. Le futur de Plasticatis, ce sont des filiales. Des filiales en Atlantique, des filiales… Donc, tu as une vision quand même sur le long terme. Oui, moi j'aimerais aller à Marseille, j'aimerais aller en Atlantique, j'aimerais faire d'autres choses. Parce que je sais que les gens se poseront tous des questions et que moi mon but ultime, il est assez simple, c'est que la pollution plastique soit résorbée. Et une fois que j'aurai fini de m'attaquer à la pollution plastique, je m'attaquerai aux autres. Donc aux pesticides, aux requins en buvant, mais plus loin. Tenez-vous bien, gaffe, l'éleveur arrive. Le champ des possibles, il roule. On voit bien que l'environnement est en train de changer. Et maintenant quand on voit des requins blancs en Méditerranée, tout le monde panique. Quand il y a des orques qui attaquent les bateaux à la sortie du Gibraltar, tout le monde panique, ce qui est normal, moi aussi je paniquerai. Et en fait tout ce retournement de situation provient du fait qu'on n'est pas tout seul dans notre milieu. On est également soumis à la pollution plastique, on est complètement impacté, donc il faut vraiment partir du principe qu'en soignant, surtout en évitant de polluer ce qui se passe juste à côté de nous, à terme, ce sera pour nous. Sur le plan financier, parlons de choses qui fâchent, maintenant que ta boîte est bien installée, est-ce que tu considères que tu gagnes correctement ta vie ? Oui, on a cette image que la science ne fait pas vivre, finalement. En fait, depuis le début, ma société a des résultats... La première année, j'avais des résultats de 30%. Et mon chiffre d'affaires a augmenté quasiment tous les ans.

  • Intro

    C'est génial !

  • Audrey

    On peut vivre en faisant de l'écologie et de la recherche scientifique. C'est formidable !

  • Intro

    C'est extraordinaire !

  • Audrey

    Mais les gars, allez dans la recherche scientifique finalement !

  • Intro

    Beaucoup de gens me disaient Vous êtes payés par des institutions, des tarifs, des payes, par des subventions ? Non, absolument pas ! Non, non, non ! J'étais payée par des industriels qui se posaient des vraies questions et qui avaient envie de changer le monde et à leur échelle. Oui, parce que eux, quand on vient leur voir, il faut se mettre à leur place un petit peu. Je pense que quand tu as quelqu'un qui part en vacances… sur un bateau. Tu vois,

  • Audrey

    tu prends un grand chef d'entreprise qui a plein de moyens.

  • Intro

    Génial. Il part en vacances, il va, je sais pas, sur les baléares ou n'importe où, et puis il est à son bateau, puis d'un seul coup, il voit un de tous les objets à lui flotter à la surface de la mer ou poser sur la plage. La mauvaise, je pense. Et du coup, une fois, deux fois, il y a un moment donné où cette personne, qui est déjà ultra convaincue, en fait, finalement, se dit ça va pas être possible et il y a une sensibilité et toi tu arrives à appuyer sur ce point là en fait c'est même au début c'est eux qui sont venus me voir c'est eux qui ont même été à l'initiation en fait du projet de Plasticatip parce que j'étais encore en contrat CNRS quand ils sont venus au Camaport en me disant depuis le début vous nous dites qu'on est un problème et on a bien compris les plastiques sont un problème et vous êtes donc des chercheurs qui mettez en avant vous êtes des donneurs d'alerte, vous mettez en avant une problématique, on a bien compris ça c'est bon... Mais on fait quoi, nous ?

  • Audrey

    On fait quoi, maintenant ? On est en train de chômage.

  • Intro

    Et on dit, bah, tant pis.

  • Audrey

    J'arrête de te dire. Tu les as juste liées, mais finalement, il y a quand même une conscience derrière.

  • Intro

    Évidemment. Et tous mes clients, je n'ai pas besoin de les convaincre, ils sont tous ultra convaincus. Ils sont tous ultra impliqués. Et s'ils viennent pour que moi, je teste la toxicité ou la biodégradabilité de leur matière, c'est qu'ils sont investis d'une mission. Et eux, ils ont envie de se dire... au-delà de juste mettre des panneaux photovoltaïquiques sur mon toit demain. Je vais gérer mieux mon eau, je ferai des économies aussi, tant mieux pour moi, c'est des investissements simples. Certains sont subventionnés par l'État, donc ça, je peux améliorer mon élection en science, ça, je peux le faire, c'est facile. Par contre, les objets que je fabrique et que j'utilise sont toujours un problème et je ne peux pas contrôler du tout. Entre le moment où je l'ai mis dans le magasin et le moment où il arrive en mer, c'est un flou artistique.

  • Audrey

    Donc, ce n'est pas juste du greenwashing, c'est vraiment des gens... impliqués qui veulent faire évoluer. Je trouve ça génial parce qu'on a toujours cette image de l'industriel qui pollue, qui prend un bloc de pognon et puis derrière...

  • Intro

    On est très très loin.

  • Audrey

    Tu me redonnes espoir en humanité. J'ai bien fait de venir jusqu'à Banu.

  • Intro

    Tu serais étonnée de voir pour qui je travaille. Très étonnée. Tu vois, typiquement, mon premier grand client, c'est les bricadiques. Ils ont regardé combien je perds de briquets, combien je peux en retrouver, est-ce que je peux les collecter, est-ce que je peux remettre la consigne, est-ce qu'il faut que je change les matières ?

  • Audrey

    Il y a une vraie réflexion dans tout leur process.

  • Intro

    Ah oui, ce sont des pensées et des pensées. C'est comme la réduction, la consigne, la matière autre.

  • Audrey

    Il y a une vraie sensibilité. Donc, on peut dire quand même que les industriels réfléchissent aussi.

  • Intro

    Moi, de mon point de vue, ceux qui viennent me voir, on est très loin du grand Roi Chimien.

  • Audrey

    En quelques mots, quelle a été ta plus grosse erreur dans la conduite de ce projet ? Et quels enseignements en as-tu tiré ? La création de Plasticatzi.

  • Intro

    Alors, en fait, je suis très embêtée face à cette question.

  • Audrey

    Parce que tu n'as pas fait d'erreur ?

  • Intro

    Non, ce n'est pas ça.

  • Audrey

    Tu es trop pragmatique pour ça.

  • Intro

    Ben oui, je suis trop pragmatique pour ça. En fait, je considère que la totalité des erreurs que j'ai commises m'ont été... Mais alors,

  • Audrey

    il y en a une tellement énorme que tu as pris... Tu te dis, je ne veux pas, je referai différemment, mais j'ai pris une leçon de vie. Partage-nous quelque chose. Ne nous laisse pas comme ça.

  • Intro

    Alors, si, si, si, quand même. Je dirais que j'ai fait des erreurs dans des choix parfois de recoupement.

  • Audrey

    Ah ! Voilà.

  • Intro

    Et qu'à cette époque-là, j'étais relativement tolérante et que je laissais passer beaucoup de choses que peut-être qu'aujourd'hui, je ne laisse plus passer, en fait.

  • Audrey

    C'est un player qui commence.

  • Intro

    Tout à fait. Et je pense que, oui, peut-être que je ferais différemment aujourd'hui, mais en vrai, toutes les personnes que j'ai vraiment embauchées, j'ai recruté énormément de gens que moi, j'appelle des sauveurs. En général, les gens qui viennent postuler chez moi sont déjà des sauveurs à la base. Ils arrivent et te disent...

  • Audrey

    Ils ont une sensibilité.

  • Intro

    Complètement. Ils arrivent et te disent moi je sais faire ça et ça, mais ce qui m'intéresse surtout c'est la mission de la société Je leur dis alors toi dans ton job, tu vas mettre des chaussures de montagne, des gants et on va aller nettoyer les déchets à la sortie d'une rivière Et en fait, ils sont d'accord.

  • Audrey

    C'est génial. Ils sont motivés.

  • Intro

    Et donc,

  • Audrey

    tu as plus grande réussite, à contrario, c'est de réussir à mobiliser peut-être autant derrière un...

  • Intro

    Je crois que c'est ma plus grande réussite. J'ai fait le diagnostic RSE de la CCI de Perpignan et j'ai été très impressionnée par le résultat de ce diagnostic parce que quand on regardait mon interaction sociétale... Alors là, j'ai explosé les chiffres. Là, j'ai explosé tous les chiffres parce que, oui, nous avons des actions de sensibilisation avec des associations où on ne compte pas nos heures. Parce que pour nous, le but, c'est qu'on ait réussi à la sortie à avoir 10 personnes qui auront changé leur façon de penser. Vous voyez,

  • Audrey

    vous avez gagné.

  • Intro

    C'est gagné. J'ai eu la pire semaine de ma vie. C'était très très drôle, mais ultra représentatif de mon interaction avec la société. Le lundi, je faisais sept classes d'élémentaires. Le mardi, j'étais sur le terrain avec des journalistes. On devait faire la même scène trois ou quatre semaines. Ensuite, j'ai été appelée en urgence. On m'a demandé de revenir le lendemain matin pour être absolument à Bagnoult, parce qu'il y avait la secrétaire d'État de la maire qui était là.

  • Audrey

    Vous allez rencontrer quelqu'un ?

  • Intro

    J'ai dû rouler, on a dû rouler toute la nuit. Et puis le vendredi ? j'étais re de nouveau avec des journalistes. Et la journaliste du vendredi me demande Quelle a été pour vous la journée la plus difficile de votre semaine ? Je réponds Le lundi. Les sept classes d'élémentaire, ça a été l'horreur. L'horreur, pourquoi ? Parce qu'ils posent plein de questions. C'est ça. Ils posent plein de questions. Je ne sais pas comment font les maîtresses. Non,

  • Audrey

    mais c'est très dur.

  • Intro

    Non, maîtresse, parce que franchement, c'est vraiment dur. Je sais pourquoi, ce n'est pas moi qui le sais. Très bien. Parce que je leur parlais de la pollution plastique avec leur nom à eux. J'ai parlé de petite fessure, c'est simple. J'ai parlé avec ça, mais ils avaient plein d'idées. Oui, et ça fut bien dans tous les sens.

  • Audrey

    C'est génial.

  • Intro

    Et toutes les heures, tu changeais, tu changeais. C'était super dur. Moi, humainement, c'était ultra dur de tenir ce rythme-là, mais ils étaient tellement impliqués, tellement volontaires. Tu sentais toute l'énergie qui était là dans cette classe de 30. J'étais épuisée à la fin de la journée. Donc, ma pire journée, c'était celle-ci. Et le journaliste, la journaliste me demande, quelle a été pour vous la journée où vous pensez avoir eu le plus d'impact ? Évidemment. C'est ma journée de lundi avec mes sept classes d'élémentaires. Parce que les sept classes d'élémentaires que j'avais faites à ce moment-là, aujourd'hui, ils sont au collège. Ils ont créé une association qui s'appelle l'association Biodirette. Ils participent avec moi à mes actions de sensibilisation, de nettoyage et de sciences participatives. Ils ont même gagné des concours nationaux. Ils ont 13-14 ans. T'en es connue ?

  • Audrey

    Ça a marqué leur vie.

  • Intro

    J'ai marqué des gens qui, d'un seul coup, ont créé une vocation,

  • Audrey

    une prise de conscience.

  • Intro

    Peut-être. que demain, c'est peut-être pas moi qui changerai les choses, c'est peut-être eux qui changeraient les choses. La transmission aussi. La transmission de la sensibilisation, de préserver son environnement, c'était tellement dans un monde où on est tout le temps en train de dire que les jeunes sont collés à leur téléphone portable. J'avais réussi à les décoller. J'avais réussi à leur dire, il va falloir nettoyer la cour, les gars. Il va falloir ramasser les déchets qui sont dans la cour. Ce n'est pas possible, il va falloir les jeter. C'est ça, ça va dans les...

  • Audrey

    Et derrière, il y a quand même eu des actions. Les gammettes sont embarquées, c'est génial. Qu'est-ce que tu as gagné à te lancer dans ce projet entrepreneuriale ?

  • Intro

    Alors, ce que j'ai gagné, numéro un, un job, puisque je rappelle que je n'en avais pas. Enfin, que je n'en avais pas assez, j'en avais, mais avec l'instabilité du travail.

  • Audrey

    Donc, tu as gagné l'instabilité.

  • Intro

    J'ai gagné la stabilité de mon travail, la reconnaissance. Parce qu'à l'époque, quand je postulais au CNRS et qu'on me disait votre travail est totalement infaisable et irréalisable, et la pollution plastique n'est pas un problème c'était dans les années… c'était 2014. la dernière fois que j'ai postulé. Évidemment, c'était à l'époque par un problème. Moi, quand je le présentais, je disais c'est un vrai problème. Aujourd'hui, quand je parle de pollution plastique, c'est bon, tout le monde m'y est prêt.

  • Audrey

    On a compris, bien sûr.

  • Intro

    Et surtout, les gens qui viennent me voir, ils viennent en vrai pour changer les choses. Donc, déjà, la reconnaissance de ce travail-là. Et après, ce que j'ai gagné le plus, et c'est pour moi et pour toute l'équipe, c'est tout à fait vrai, c'est quand on arrive dans un supermarché, dans un magasin, et que l'un des objets sur lesquels on a travaillé, et dans le supermarché et dessus c'est écrit que c'est un objet qui n'a pas d'impact sur l'environnement marin mais qu'il faut le jeter dans la bonne poubelle parce que ça veut pas dire qu'il faut le jeter dans la mauvaise poubelle et que quand tu le vois et que tu te dis c'est mon travail ça c'est moi ça, et bien ça fait plaisir ça fait très plaisir d'avoir un objet sur lequel tu as travaillé d'avoir eu un impact sur le monde sur la société qui t'entoure alors que moi en tant que rat de laboratoire Là-bas, quand j'étais chercheure, finalement, mon impact, il fallait que j'attende 10 ans pour réussir peut-être, à avoir quelque chose de changé.

  • Audrey

    Tu dois où d'ici 5 ans, voire 10 ans ? La société, toi ?

  • Intro

    C'est une bonne question. Alors, dans les prochaines années, moi je vois, si c'est facile, dans 2 ans, je vois un peu l'économie bleue, là, à Banous-sur-Mer. qui serait un hôtel d'entreprise pour toutes les sociétés qui sortiraient de l'incubateur arago et d'autres. et que ce pôle d'économie bleue reste en contact encore une fois avec la communauté scientifique pour faire que la science soit pas vue comme quelque chose qui sert à rien mais bien que la science soit au service de l'humanité et pas l'inverse à 5 ans, enfin même dans 2-3 ans je vois des filiales en Atlantique à Marseille à l'Université de Toulouse j'aimerais bien les tropiques, ce serait pas mal parce qu'il y a énormément de problématiques là-bas et Même si nous, on a des concepts européens sur la pollution plastique en Europe.

  • Audrey

    Mais c'est bien de la décliner.

  • Intro

    Oui, marcher les mêmes là-bas. Ce serait bien que là-bas, on fasse des solutions très rapides. Ça crée des problèmes de société. Ça crée une différenciation entre des populations humaines qui sont violentes. Ça, ce n'est pas acceptable.

  • Audrey

    Oui, bien sûr.

  • Intro

    Ce n'est pas acceptable. Sachant que tu pourrais dire, Ah oui, mais ça, c'est leur déchet, ils ne les ont pas bien créés. Non, non, non, non. C'est les nôtres. C'est nos déchets.

  • Audrey

    Qui sont envoyés là-bas.

  • Intro

    Et donc, du coup, eux, ça a contaminé leur environnement. Ils n'ont plus d'eau potable. Ils n'ont plus rien. Ils ont flingué leur rizière en pensant que ça allait les sauver, et ça a fait exactement l'opposé.

  • Audrey

    Oui, les conséquences sont dramatiques derrière.

  • Intro

    C'était dans un autre monde.

  • Audrey

    On sent vraiment ton animation viscérale. Tu vas te prendre au tri.

  • Intro

    Parce qu'eux aussi, ils ont droit. Oui, mais en réalité. Toi, tu l'as fait pendant des années, tu en as bien profité. Tu leur as envoyé leur poubelle. Mais eux aussi, ils ont droit. Oui, mais en fait, non.

  • Audrey

    C'est très frustrant pour ces populations qui montent aussi en compétence, comme nous, j'ai dit.

  • Intro

    Et à qui tu vas expliquer qu'en fait, ce qu'ils avancent, c'est précurseur par rapport à nous.

  • Audrey

    Dans 10 ans, tu as sauvé le monde.

  • Intro

    Oui, j'adorais. Tu sais, au moment où j'ai créé la société, je m'étais dit le but ultime de Plasticati, c'est de disparaître.

  • Audrey

    Oui, parce qu'on n'aura plus besoin de toi.

  • Intro

    Ben non. C'est ça.

  • Audrey

    C'est formidable.

  • Intro

    Ce serait génial.

  • Audrey

    En fait, finalement, c'est ça. Tant qu'on a besoin de plastique à tisser,

  • Intro

    c'est qu'il y a un problème. Du coup, j'adorerais pouvoir venir demain.

  • Audrey

    Je liquide. Allez tout faire voir, il n'y a plus besoin de moi. Il n'y a plus besoin,

  • Intro

    il n'y a plus de plastique en mer, il n'y a plus de pesticides. C'est pour ça que je parlais aussi des pesticides. Oui,

  • Audrey

    mais il y a plein de déclinaisons.

  • Intro

    Ce serait top. Bien sûr. Ce serait top. Et en tant que chercheuse, j'avais travaillé là-dessus, sur les pesticides. Je venais toujours. Donc, je m'étais dit, un jour, j'essaierai de trouver des solutions. Le pire, c'est que je suis sûre qu'elles existent. Comme pour le plastique. Oui, il faut s'y mettre. On a tous envie d'aider que ça n'existe pas. Mais ça existe déjà.

  • Audrey

    C'est la preuve. Je veux dire, c'est la question première.

  • Intro

    Je teste les matières et je n'ai pas rien à faire. Donc, j'ai plein de matières qui sont plus dégradables, plus toxiques, comme le marin. Elles existent. Et comme elles existent, maintenant, il faut juste les pousser en avant. Pour qu'elles sortent du marché, pour que tout le monde puisse les connaître.

  • Audrey

    On arrive à la fin des questions que je t'ai envoyées. Donc là, on a cinq questions que je ne t'ai pas envoyées. C'est du réponse au tac-au-tac. Si vraiment il y a un truc qui ne t'inspire pas, c'est comme dans les jeux télé. Tu dis Joker et on passe à l'influence. Quelle est ton héroïne dans l'histoire et pourquoi ? Héroïne dans l'histoire avec un grand chien.

  • Intro

    C'est Marie Curie.

  • Audrey

    J'en étais sûre que tu allais dire Marie Curie.

  • Intro

    C'était facile. J'aurais pu dire Rosenberg. Je l'aime bien. Alors Rosenberg. Allez,

  • Audrey

    voilà. Allez, dans ta face.

  • Intro

    Marie Curie, ça va bien aussi. Alors Rosenberg, pourquoi ? Je ne me rappelle même pas de son prénom, mais c'est une femme. C'est celle qui a créé la théorie de la relativité. que tu connais, et pas sous ce nom-là. Toi, tu le connais sous le nom d'Einstein.

  • Audrey

    Tout à fait.

  • Intro

    Eh oui, parce que Rosenberg...

  • Audrey

    Elle a été balayée par Einstein. Ben,

  • Intro

    parce que tu comprends que c'était une femme.

  • Audrey

    Donc, c'est Rosenberg et Einstein qui ont pensé à la théorie de la relativité.

  • Intro

    Il était deux à avoir travaillé sur la théorie de la relativité et un seul nom, il restait. Alors, comme c'est curieux, c'est bizarre quand même. Donc, Rosenberg qui s'est battu pendant longtemps pour faire avancer la science, pour faire que ça fonctionne, pour réussir les choses. Et en fait, de sa théorie, de ce que moi j'en comprends, je ne suis pas une physicienne, c'est la physique quantique,

  • Audrey

    c'est un autre domaine que le mien,

  • Intro

    et d'un point de vue pratique, en tout cas, moi, de ce que j'ai compris de son travail, en gros, c'était la bombe H. Mais en fait, c'était d'autres concepts qui, en fait, demain, pourraient vraiment faire changer les choses. Donc, c'était une grande scientifique, absolument terrible. J'aurais pu te citer des femmes qui ont travaillé sur le milieu marin, comme des grandes aventurières, des grandes navigatrices. des grandes femmes de ce type-là. En vrai, je suis nulle en culture G. Et donc, du coup, on me dit souvent,

  • Audrey

    si tu dis des figures féminines, c'est méconnu.

  • Intro

    En fait, elles sont assez rares.

  • Audrey

    Non, je pense qu'il y a eu autant de femmes que d'hommes qui ont eu un impact dans l'histoire. Mais comme l'exemple de Rosenberg et avec Einstein,

  • Intro

    c'est Einstein qui est resté.

  • Audrey

    C'est la moustache, sans doute. On a peut-être moins de moustache. Quelle faute t'inspire le plus d'indulgence ?

  • Intro

    La ponctualité, oui. C'est une faute qui, pour moi, n'est plus... pas enfin c'est pas une vraie victoire voilà tu peux pas tu as tué quelqu'un parce qu'il est ce qu'il a retard non plus je suis donc de l'intérêt en fait là oui oui je suis très tolérante sur les horaires en plus c'est vrai que chez moi tous mes sauveurs la vie sans réaction à la société bon général ils sont malheurs c'est pas le problème et de toute façon il s'autogère Donc s'ils sont arrivés en retard, ils repartent en retard. Il n'y a pas de planteuse chez moi. On est open. Par contre, il faut du courage pour être motivé comme ça. Des fois, c'est vraiment une question de courage. Je pense par exemple à mon équipe actuellement. J'ai quatre personnes de mon équipe qui sont sur le Rhône, alors qu'ils annoncent des températures à 1°C. Ils annoncent de la neige, je crois, à un moment donné. Ils ont les mains dans l'eau.

  • Audrey

    dans l'eau du Rhône. Donc, ils sont courageux pour changer la mode.

  • Intro

    Ils sont courageux pour réussir à aller chercher tes échantillons sur lesquels tu travailles pour voir les communautés de l'eau douce que tu vas faire avec les plastiques. C'est toujours un lien avec ce qu'on fait.

  • Audrey

    Donc, s'ils ne sont pas ponctuels, ce n'est pas un drame.

  • Intro

    Mais non. Ah, voilà.

  • Audrey

    Est-ce que tu as un mantra, une devise, un dicton ou même une citation qui te motive ?

  • Intro

    Ah oui. Hier et derrière, demain est un mystère, aujourd'hui est un cadeau. C'est pour ça qu'on l'appelle le présent.

  • Audrey

    On dirait un truc du Père Fouras dans Fort Bea. c'est de qui ?

  • Intro

    c'est un proverbe chinois je suis sûre qu'ils l'ont passé dans Pompoya référence pour tout plein de gens qui connaîtront,

  • Audrey

    qui reconnaîtront ça c'est Kung Fu Panda ça sent les trois enfants qu'est-ce que tu dirais à une jeune fille qui hésiterait à se lancer dans des études de science ?

  • Intro

    alors j'ai beaucoup de jeunes femmes qui viennent me voir avec cette question et moi la seule chose que je leur dis c'est en fait ma vision du monde féminin dans le milieu scientifique est en train de changer. Ma vision est certainement aujourd'hui fausse. Il faut pouvoir continuer à faire ce qu'on aime. Et tant qu'on arrive à se lever le matin, à aller faire son job sans la boule au ventre, et à rentrer chez soi sans la boule au ventre, mais oui, on est fatigué. Et parce qu'on a l'impression d'avoir passé une journée super complète, il faut y aller. Et en vrai, il y a plein de fois où je fais des expériences, ça ne marche pas, ça ne marche pas. une semaine que ça marche pas ou un mois que ça marche pas et t'as envie de te prendre et de jeter par la fenêtre le jour où ça marche tout ce que t'as fait juste avant les deux mois là, érasole, y'a plus rien t'es tellement contente enfin ça marche t'as trouvé pourquoi, où, quand, comment t'es tellement contente que ça y est tu peux avancer et en fait ce sentiment de satisfaction de réussite que t'as à ce moment là personne te voit, t'es toute seule dans ton truc donc ça me comprend Je ne comprends rien de ce que tu fais de toute façon. En vrai, le milieu de la science, pour moi, la science, ce n'était pas une option. Ce n'était pas Ah, c'est flou, je ne comprends rien Non, ce n'était pas ça. Mais en fait, c'est partout autour de nous. Quand je me suis rendue compte que dans une pomme, tu avais un modèle mathématique, et que Pi a été créé à partir d'un truc comme ça, je me suis dit Mais en fait, le monde des maths, le monde de la physique, le monde de la bio, tout se touche. Comme si c'était fait ensemble. Moi, je suis dans un monde où les interrelations sont permanentes et où je vis dans des choses où je suis plus en admiration. Ça, c'est vrai. Je suis plus en admiration devant un animal, devant un poulpe, devant une méduse.

  • Audrey

    L'admiration du poulpe, je comprends,

  • Intro

    évidemment. Que devant des gens ultra connus. Et des fois, c'est un peu désagréable, peut-être pour les autres. Pour moi, c'est un monde où je ne m'ennuie jamais, où je n'ai jamais la boule au ventre. pendant le travail. En fait, j'y vais toujours de manière très, très sereine et j'essaye de faire en sorte que pour tous mes collaborateurs, ce soit exactement comme ça. Je n'en veux aucun chez moi qui arrive le matin avec un casque. C'est ce que je fais là. Parce que si jamais j'en ai un qui est dans cette case-là, c'est qu'il y a un truc qui ne colle pas. Et j'en ai eu. J'ai vu des personnes qui sont arrivées...

  • Audrey

    Tu ne peux pas être en phase avec tout le monde,

  • Intro

    bien sûr. Non, non, je ne peux pas être en phase avec tout le monde. Et en fait, c'était vrai que... Tu as vu, quand tu es arrivée, Bagnos-sur-Mer est loin de tout. Parce que la qualité de la mer, elle est là. C'est pour ça qu'on y est. Sinon, on ne serait pas. On serait à Perpignan, c'est plus facile de venir. Il n'y a pas la mer à Perpignan. Et puis, tu n'as pas la réserve naturelle. Tu n'as pas l'observatoire sélogique de Banouls qui est là depuis 1882. Il n'y a pas tout ça.

  • Audrey

    Pour terminer, quelle est la chanson qui te motive quand tu as le moral dans les chaussettes et alors si en plus tu la fredonnes, tu es la roi du pétrole ?

  • Intro

    Non. Aimer jusqu'à l'impossible. Aimer, se dire que c'est possible, aimer...

  • Audrey

    C'est une arénard, ça y est je l'ai !

  • Intro

    Moi ce que j'aimais, en fait c'était pas quelqu'un, c'était quelque chose en fait, c'était ça. En fait tu sais, je suis comme la case du Thier, je sais pas si tu le sais, mais en fait le chercheur qui a créé l'Observatoire Cynologique de Banlieues, il s'appelait la case du Thier, et quand il a créé le laboratoire, c'était un biologiste marin, un des premiers à faire des illustrations magnifiques. c'est presque un artiste ce monsieur, qui décrivait le milieu marin. Par contre, il avait le mal de mer. Pas de bol. Pas de bol. En fait, je suis comme lui. Je fais partie de ces gens qui ont le mal de mer en permanence. Dès qu'ils sont sur un bateau, dans l'émission scénographique, c'est compliqué pour moi. Mais par contre, c'est... Pas parce que j'ai le mal de mer que je n'ai pas fait ce choix. Parce que moi, en vrai, quand j'ai découvert la mer, j'étais sous l'eau. Je n'étais pas sur l'eau. J'étais dans l'eau. Et en fait, quand je vais dans le milieu marin, moi, j'y vais replongée. En fait, je ne vois plus l'air. Je ne vois que l'eau. Et quand je trouve que c'est beau, c'est parce qu'il y a plein d'animaux dans le coin et que je m'extasie à la moindre bestiole toute petite. C'est parce que ça m'attire et ça m'apaise. Je pense que je suis une hyperactive.

  • Audrey

    Je pense aussi.

  • Intro

    Depuis longtemps, c'est pour ça que ma mère a essayé de me trouver...

  • Audrey

    Un poste à Brest, oui,

  • Intro

    je comprends. Elle a tout tenté, la musique, la danse, j'ai tout fait. C'était bien. En fait, en vrai, mon choix de la science, j'avais deux choix au moment de faire ce choix final, en terminale. On m'a demandé de choisir le conservatoire de musique de Paris, parce que j'avais passé le concours et je pouvais y aller. D'accord. les classes préparatoires biologie, chimie, physique, science et vie de la Terre où j'avais passé la pré-audition pour moi ce que je voulais c'était changer tout de suite pas changer les gens et les aider à aller mieux je voulais changer mon univers merci Leïla pour tout ce partage c'est pas mal de matière là va faire couper merci beaucoup

  • Leila

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère que tu repars avec de l'inspiration et de nouvelles perspectives pour avancer avec confiance. Si cet épisode t'a plu, pense à t'abonner pour ne rien manquer des prochains. Et surtout, n'hésite pas à laisser un avis plein d'étoiles sur ta plateforme d'écoute. C'est le meilleur moyen de soutenir le podcast et de faire grandir notre belle communauté. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode, toujours aussi décliné et inspirant. A bientôt dans la Chef'Fed !

Description

Comment transformer la recherche scientifique en action concrète pour protéger les océans et le monde de demain ?


Dans cet épisode, je reçois Anne-Leila, Docteure en biologie marine et fondatrice de la société Plastic@Sea 🌊


De prime abord, elle ne fait rien de glamour : de la recherche scientifique sur les matières plastiques dans les océans… je fais un gros raccourci, elle en parle bien mieux que moi, tu verras ! Mais l’idée est là, dans un secteur ULTRA masculin, où les moyens financiers sont ULTRAS limitées, la recherche scientifique en France, Anne-Leila a décidé de prendre la tangente : ne plus courir après les financements pour réaliser des études qui aboutirons PEUT ETRE à un changement POTENTIEL dans 10 ans... Elle a décidé de créer sa boîte pour avoir un impact sur le monde maintenant, en faisant évoluer son rôle de chercheuse vers celui d'entrepreneuse.


Avec elle, on explore :

  • Quelles limites du monde académique l’ont poussée à se lancer dans l’entrepreneuriat ?

  • Comment les compétences de chercheur peuvent-elles s’appliquer au monde des affaires ?

  • Comment l'étude des organismes marins inspire des solutions concrètes contre la pollution plastique ?

  • Pourquoi travailler avec les industriels est essentiel pour un impact durable sur le monde de demain ?

  • Comment elle allie pragmatisme et vision à long terme dans sa mission ?


Son parcours montre que l’audace et la science peuvent changer les règles du jeu. Aujourd’hui, c’est le plastique qui n’a qu’à bien se tenir, mais demain ce seront les métaux lourds, les pesticides, et bien d’autres fléaux pour lesquels une solution existe quelque part !


🎧 Écoute cet épisode pour découvrir comment science et entrepreneuriat peuvent s'allier pour créer un avenir meilleur.


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Transcription

  • Intro

    Si tu écoutes cet épisode au moment de sa sortie, nous sommes en janvier 2025 et je t'adresse donc mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Quoi de mieux pour la démarrer que d'adresser un message d'espoir pour le monde de demain ? Eh bien justement, le parcours qui va suivre est dans cette veine. Une nana qui s'est accrochée à son objectif, celui de rendre le monde meilleur et de sauver notre planète, tout en gagnant en stabilité professionnelle. Avoir en ligne de mire la préservation de notre environnement, la sauvegarde de l'intérêt commun, tout en créant une entreprise et gagner sa vie, ça n'a rien de contradictoire. Je m'explique. Anne Leila va changer le monde. Sa révolution est d'ailleurs déjà en marche. Si tu ne sais pas encore comment, reste avec nous et écoute bien l'épisode jusqu'au bout, car il y a beaucoup à dire. De prime abord, Anne Leila ne fait rien de glamour. De la recherche scientifique sur les matières plastiques dans les océans. Oui. Je fais un gros raccourci, elle en parle bien mieux que moi, tu verras. Mais l'idée est là, dans un secteur ultra masculin, où les moyens financiers sont ultra limités, la recherche scientifique en France. Anne Leila a décidé de prendre la tangente, ne plus courir après les financements pour réaliser des études qui aboutiront peut-être à un changement potentiel dans 10 ans, et elle a créé sa boîte pour avoir un impact sur le monde maintenant. Aujourd'hui, c'est le plastique qui n'a qu'à bien se tenir, mais demain, ce seront les métaux lourds, les pesticides et bien d'autres fléaux pour lesquels une solution existe quelque part. Ensemble, nous avons évidemment parlé écologie, mais aussi économie, recherche scientifique, milieu universitaire, représentativité des femmes et un meilleur monde pour demain, entre autres. PS, nous avons enregistré cet épisode dans une pièce située au-dessus d'une avenue qui est assez passante. Malgré nos efforts, tu entendras parfois quelques imperfections. Merci de ton indulgence. La Chafetaine, le podcast. Nouvelle épisode, c'est parti !

  • Audrey

    Bonjour Leïla ! Bienvenue sur le podcast de la Cheftaine. Je te remercie d'avoir accepté mon invitation pour nous présenter un petit peu plus ton parcours parce que tu as des ambitions à la hauteur de ta personne, tu veux sauver le monde sur le principe Le monde est l'océan Voilà, et donc je me suis dit que c'est bien de porter cette parole, de diffuser justement au plus grand nombre. Donc pour ceux qui ne te connaissent pas, Leïla, présente-toi, dis-nous qui tu es, d'où tu viens et ce que tu fais. Alors, je suis le docteur. Anne Leila Meisterzheim. Je suis docteure en biologie marine. J'ai eu mon doctorat à l'Université de Bretagne occidentale, mais à la base, je venais de Paris. À 10 ans, j'ai découvert que j'étais une scientifique. Je l'ai su très tôt. Je savais ce que je voulais faire. Et quand j'ai choisi, quand j'ai dû monter dans les différents niveaux d'études, au moment de passer, je suis rentrée dans des classes préparatoires, biologie, chimie, physique, sciences et vie de la Terre. Le total des classes prépa pour les biologistes, j'ai envie de dire. On m'a demandé de créer un projet. Et je devais créer un projet de recherche avec un groupe de certaines de mes... Enfin, des copines qui étaient à côté, voilà, dans ma classe. Et on a eu l'idée de travailler sur l'homochromie des sèches. Et à Paris, tu n'en vois pas beaucoup. Eh bien, à Paris, il n'y en avait pas. Alors déjà, ma mère, elle m'avait dit Mais c'est super gentil ce que tu veux faire. Mais tu veux travailler sur le milieu marin. Mais là, la mer, à Paris... J'ai dit Ah oui, ben non. Alors du coup, pour faire ce travail-là, j'ai dû monter à Boulogne-sur-Mer. Je suis allée visiter l'aquarium de Nozica. Et là, pareil, révélation. C'était génial, je me suis dit, ok, c'est bon. C'est banco. Moi, je vais partir à Brest et je vais aller faire mes études à Brest parce qu'à Brest, il y a la mer. Oui, classique. Classique. Et puis là-bas, il y a l'Institut universitaire européen de la mer qui est reconnu. Et en fait, en dernière année de mon cursus, donc le Master 2, à l'époque, c'était le DEA. On m'a dit, en fait, c'est un DEA qui est partagé entre l'Université de Perpignan, l'Université de Brest, et Paris. Retour à la classe départ. Et comme je venais finalement de l'Université de... Bretagne. Quand j'ai dû chercher mon stage, je suis revenue là-bas tout simplement. Tu es retournée en Bretagne. Je suis retournée en Bretagne. J'ai fini mon cursus Master 2 à l'EA de l'époque et j'ai postulé là-bas une thèse, une thèse ministérielle. Et pendant trois ans et demi, j'ai travaillé sur les capacités d'adaptation de l'huître que tu manges à Noël. Et après ça, j'ai travaillé, je suis devenue docteur en biologie marine. Et j'ai travaillé pour d'autres personnes sur, par exemple, des maladies qui touchaient leur mot. Et puis, après, j'ai travaillé pour d'autres projets et je suis devenue une sériale post-doc. Alors, une sériale post-doc, c'est quoi ? En gros, c'est un CDD à répétition. Je changeais souvent de laboratoire parce qu'ils n'ont pas beaucoup de moyens. Oui, bien sûr. Donc, en fait, c'était des petits contrats. On essayait de remplir les trous. Oui, quand il y avait le financement qui tombait, il dégageait un contrat et tu prenais la place. C'était un peu ça l'idée. C'était complètement ça. Des fois, j'ai même créé des laboratoires. Je faisais des petits bouts de chandelles. Et à l'époque, on me reprochait le fait de ne pas être allée à l'étranger. Et donc, du coup, je me suis dit, pas de problème, je vais aller à l'étranger. J'ai créé des super projets avec l'Afrique du Sud. J'étais prête à y aller. J'emmène à l'époque mon mari, parce que j'en ai rien avec moi, qui a malheureusement... On va dire un défaut terrible, il est chercheur dans le domaine de la biologie marine. Voilà, donc en fait, lui, il est lié à Sorbonne Université, ce qui veut dire qu'il ne peut pas aller n'importe où non plus. D'accord. Et donc, on a dû chercher un endroit où c'était intéressant pour lui, où c'était intéressant pour moi. Un compromis, quoi. Un petit compromis. Donc, on s'est créé chacun un projet pour aller en Afrique du Sud. Lui, sur... Enfin, moi, sur l'impact de parasites sur des tortues, donc très bien. Et lui, l'impact des plastiques sur des coraux tropicaux. Ah, donc moi, le mien, je ne l'ai pas lu. Je me suis dit, de toute façon, il faudra bien que tu embauches quelqu'un pour faire le travail d'impact sur les plastiques. Donc, tu n'as qu'à m'embaucher. Et c'est moi qui vais faire le job. Donc, j'ai commencé à travailler pour mon mari, ce qui était une catastrophe terrible pour moi, parce qu'il ne fallait surtout pas faire ça. Je ne peux pas imaginer que ça devait être sportif. Ça a été sportif. Moi, je travaillais, j'essayais d'éviter Bannou sur mer. Mon but, c'était d'éviter Bannou sur mer. Oui, parce que du coup, moi, je suis restée, vous étiez à Brest, mais vous êtes arrivée à Paris aussi. Moi, j'ai postulé à un poste de maître de conférence à Perpignan. Je suis arrivée deuxième. Mais sauf que deuxième, c'est deuxième. Tu ne peux pas pousser le numéro un dans les escaliers. Ça ne te plaît pas ? Non, parce que tu es mal vue. Et donc, deuxième, j'étais quand même arrivée à Perpignan et j'avais déménagé. Et du coup, j'étais bloquée. Sauf que lui, il a été pris pour le poste de maître de conférence. Du coup, j'ai commencé à postuler sur des laboratoires de recherche qui étaient en local. Celui pour lequel j'avais postulé pour maître de conférence m'a proposé un CD list. J'ai démarré mon travail comme ça à Perpignan. Et du coup, pendant plus de dix ans quand même, j'ai été encore une serial postdoc. Et en fait, c'était presque surprenant, parce que normalement, ça n'existe pas. Dans le milieu de la recherche, les gens qui font des petits contrats d'aussi longue durée, en général, partent à l'étranger, sont bouchés ailleurs et ne reviennent pas. Oui, c'est assez évident. C'était la problématique de la recherche en France. C'était la problématique de la recherche en France. Mais moi, j'y arrivais. J'arrivais systématiquement à créer mes projets, avoir des projets, avoir de l'argent, à m'en sortir. Et dans mon dernier contrat, du coup, où j'étais embauchée, où je devais être embauchée par mon mari, quelqu'un m'a fait une contre-proposition. Il m'a dit, plutôt que de tester l'impact des plastiques sur des organismes marins, je te propose de regarder des micro-organismes qui dégradent la matière plastique dans le milieu marin. C'était Jean-François Guiglione qui m'avait proposé ça. J'ai dit oui. Et plutôt qu'avoir un contrat de trois mois avec mon mari, j'en ai eu un de un an avec Jean-François Grigion. Je suis désolée, j'ai fait un choix sur la durée. Quand on est chercheur, on a bien gardé un peu son... Son espace à soi, oui. On peut que les chercheurs, je t'en rassure. Ah non, oui, je pense qu'il y a ses parts. Mais voilà, du coup, ça a quand même fonctionné. Et à la fin de ce contrat, le directeur de l'Observatoire Océanologique de Bagnos est venu me voir et m'a dit, maintenant, ça suffit. Ça fait dix ans. que tu essaies d'aider, ça fait 10 ans que tu postules, ça fait 10 ans que tu crées des contrats, que tu crées des projets. Donc, c'est pas un problème de compétence, puisque tu le fais. Donc, c'est pas un problème de compétence. C'est parce que t'as pas de chance. Et en gros, ce qu'il me disait, c'est Je pense que tu t'es trompée sur la vision du chef d'entreprise, enfin en fait sur le monde de l'entrepreneuriat. Je pense que tu as une très très mauvaise vision de ce monde-là et que tu te trompes, vraiment. Parce qu'un chef d'entreprise, c'est quelqu'un qui crée des projets, qui crée de l'innovation, qui gère une équipe, qui gère en fait sa partie comptable. Et bien ça correspond très exactement… À ce que tu fais ? Au travail d'un chercheur. Un chercheur écrit un projet, gère une équipe, gère un budget. Ce ne sont juste pas les mêmes mots. Donc c'est un problème de sémantique. Mais c'était très exactement le même travail. Donc il m'a dit, je pense vraiment que tu as une vision qui est tronquée, parce que tu es dans le monde de la science, et du coup tu as l'impression que le monde est différent dans le monde économique, mais en fait c'est le même. Et peut-être qu'il faudrait juste que tu te tendes ta chance. Et là il t'a allumé la lumière. Complètement. Il m'a dit, j'ai dit, mais moi, je ne sais pas faire, je ne sais pas comment on fait ça. Et en fait, à l'époque, il m'a proposé d'être accompagnée dans le cadre de la création de l'incubateur Aragone, qui se trouve à l'Observatoire Océanologique de Bagnoules. C'était en 2018. Donc, j'ai créé en 2018. Et c'est Daniel Christian, qui était directeur de l'incubateur à l'époque, qui m'a accompagnée. Et pendant deux ans, on a changé les mots. C'est-à-dire que... au lieu de parler à des scientifiques ou de parler au public, parce que les scientifiques sont quand même missionnés aussi pour la partie sensibilisation. Donc, on sait parler. Même à des tout-petits, on sait parler. Mais par contre, quand il s'agit de mots comme business plan, là, il y a un grand flou artistique. Et tout le monde se regarde. Mais de quoi on parle ? Et en fait, une fois que les mots ont été traduits dans un sens que je comprends, là, ça allait beaucoup mieux. Et donc, on a pu démarrer nos activités en janvier 2019. Et en septembre, je recrutais déjà trois personnes. Et donc, le nom de ta société ? Le nom de ma société, c'est Plastique Atsi. Alors, je sais que c'est perturbant, parce que beaucoup de gens me disent ça veut dire que vous mettez les plastiques dans la mer Et bien, en fait, oui. Non, mais il n'y a pas d'erreur. C'est bien ce que je fais. Alors, en fait, c'est un petit peu… Ce n'est pas la première idée qu'on pourrait avoir, mais en gros, ce que je fais, c'est que je fais rentrer la mer dans mes aquariums ouverts. Voilà. Toute la biodiversité rentre à l'intérieur de mes aquariums ouverts. Et là, je… met les plastiques dedans. Et la mer continue de passer sur ces plastiques, on continue, et ça me permet de voir la vie s'attacher à ces plastiques, et à partir de cette vie, je vais ensuite la détacher et en milieu fermé, cette fois-ci, je vais regarder si cette vie est capable de dégrader les matières. D'accord. Et à côté de ça, je vais regarder si cette matière va avoir un impact toxique, cette fois-ci, sur des organismes vivants que je vais pêcher dans la baie de Bagnoules. Donc on va les pêcher les péchés, on va dire plutôt les prélever pour être exact. On va tester des matières. Est-ce que c'est toxique ? Combien ? Et on va le comparer à des poisons qui sont identifiés, qui permettent de classer tous les produits chimiques solubles selon la classification du riche. Et ça nous permet de dire, telle matière est plus vertueuse parce qu'elle n'a pas d'impact, en fait. Et ça nous permet d'identifier des matières selon deux labels, le label biodégradable non toxique ou... le label juste non toxique et la matière n'est pas biodégradable. Parce que dans la réalité, on perd trop de nos déchets plastiques sur la Terre. Du coup, on a besoin de vérifier que si jamais on les perd, parce qu'on les perd beaucoup. Bien sûr, oui, c'est un fléau de plastique. Mais parce que nos méthodes de gestion ne sont pas adaptées. Et ce n'est pas que de l'incivilité, ce n'est pas juste des gens qui jettent. C'est les poubelles qui se renversent, c'est le vent, c'est les tempêtes, les anciennes déchetteries, il y a plein de choses comme ça. En fait, on a quand même essayé, on est obligé de pousser déjà à la réduction de l'usage des plastiques. Oui, il n'y en a pas besoin. Il faut s'arrêter. Et pour ceux où on est obligé de les mettre pour des règles de lutte contre le gaspillage ou d'hygiène, de respect de l'hygiène, pour ceux-là, il faut qu'il y ait des plastiques biodégradables, non toxiques, et sachant que s'ils sont biodégradables en milieu marin, ils seront compostables à la maison. Vachement. Donc, ça veut dire que si tu fais le pire, tu peux faire tout le mieux. C'est ça. Donc, l'idée, c'est de tester le pire systématiquement pour se dire... Pour avoir le mieux. pour avoir le mieux à la fin. Et le top du top, dans mon monde idéal, j'aurai des plastiques biodégradables en milieu marin et non toxiques qui seront du coup potentiellement compostables à la terre et qui rentreraient dans la poubelle des biodéchets, tout simplement, qui ne seraient pas un déchet. Oui, pêcheur. Ce n'est pas un déchet, c'est du cat-bombe. C'est l'avenir, le travail sur demain. Moi, je travaille sur des plastiques alternatifs et sur les plastiques du futur. J'espère que j'arriverai à en trouver, non pas un, mais... Oui. De sens, ça me semblerait pas mal. Oui, parce qu'aujourd'hui, les plastiques, comme je disais, c'est un fléau, on en a partout. Et si demain, on avait du plastique biodégradable, c'est un peu ça l'idée, ça révolutionnerait complètement les vagues de déchets. Ça changerait tout. Et tu as beaucoup de gens qui pensent que le plastique biodégradable n'est pas une solution parce que les gens vont forcément le jeter. Moi, je ne suis pas du tout convaincue de ce point-là. Et je pense que quand on pense que les gens vont le jeter, on part du principe qu'on part d'un Européen. Un européen qui a un modèle de gestion des déchets où il y a la bonne poubelle, il y a la poubelle jaune, il y a la poubelle ménager, c'est bon, toi tu tries bien, tu fais ton job, RAS. Ce n'est pas le cas partout dans le monde. Mais ce n'est pas le cas partout. Et il y a des endroits où il y a des problématiques d'eau potable. Et on ne peut pas se dire, ah oui, mais alors en fait, le plastique là-bas, c'est un problème, ça a généré une contamination des eaux. Du coup, on ne peut pas prendre l'eau. Du coup, on est obligé d'aller chercher de l'eau et c'est dans des bouteilles en plastique. Et la bouteille en plastique, on ne la gère pas. Tu t'en sors plus. Tu t'en sors plus, bien sûr. Tu t'en sors plus. Donc, dans ces environnements-là, dans ces zones-là, on doit penser à des usages comme ça où le futur, c'était l'ancien, en fait. Et l'ancien, c'était biodégradable. L'élément déclencheur, tu me dis que tu avais 12 ans, tu voulais être scientifique et puis ensuite, il y a eu cette espèce d'opportunité professionnelle, c'est un peu ça, où tu as toujours voulu changer le monde. Alors oui, moi, j'étais une chercheuse. Mon but, c'était le rat de laboratoire qui change les choses. Dans ma vision d'enfant, le RAL Laboratoire avec la jolie blouse blanche. En fait, je pensais vraiment que la science permettait au monde d'avancer. C'était ma vision. En fait, il y a une forme de lenteur. Entre le moment où tu identifies un problème, le moment où tu lances l'étude, le moment où tu obtiens les résultats, le moment où le résultat est à l'origine d'une modification, d'une réglementation. Et cette réglementation va enfin impacter l'industrie. C'est trop long. c'est beaucoup trop long et un industriel pour changer aujourd'hui ses matières, il a besoin de 5 ans ça veut dire qu'il faut pas loin d'une dizaine d'années entre le moment où il y a l'idée et le moment où elle se concrétise c'est trop long si tu fournis directement ce service aux industriels tu dis directement aux industriels ok maintenant on a un problème avec vos plastiques on va changer vos plastiques tout de suite il nous faut un an il nous faut un an, pas 10 ans un an un an pour démarrer et commencer quelque chose où vous, vous pourrez tout de suite dire dans mon process de fabrication j'en utilise 3 ou 4 que j'ai choisis sur des critères financiers sur des critères des fois d'ACV ce critère qui arrive maintenant, c'est très bien je suis ravie, sauf que dans les analyses de cycles de vie, il y a l'impact environnemental qui est considéré et qui aujourd'hui ne considère que l'empreinte carbone c'est bien l'empreinte carbone, je suis ravie mais l'impact final, il n'y a pas Et donc, quand tu passes dans des analyses de cycles de vie, tu compares un t-shirt en plastique VS un t-shirt fait en laine de mouton, très sérieusement, il te dit que le t-shirt en plastique est meilleur. Oui, il n'impacte plus le carbone. Oui, parce qu'à aucun moment est prise en considération la fin de vie de l'objet lui-même. C'est la conception uniquement qui est... Les 200 ans de cet objet qui va terminer dans l'environnement, VS, le 10 ans, 5 ans, 12 ans, il va se faire détruire, lui. Oui, mais ce n'est pas pris en considération. Aujourd'hui, on essaie d'accompagner nos clients pour que dans l'impact environnemental, soit considéré le poids carbone, ce n'est pas notre job, c'est les autres qui font, mais nous, on va regarder surtout l'empreinte, combien de temps va durer la fin de vie de cet objet environnement, quels seront ses impacts toxiques, est-ce qu'il est biodégradable ou pas, toute cette considération sur un objet, et on va même jusqu'à quantifier les flux. C'est-à-dire qu'on regarde depuis là-là, en bas de la rue, jusqu'à la mer, combien de sons d'objets à lui j'ai retrouvés. On te sent vraiment animée dans ce que tu présentes. C'est extrêmement clair. Moi, à l'habitude, je ne suis pas une scientifique. Et justement, c'est une transition parfaite parce que les femmes, dans la recherche scientifique, est-ce qu'on en parle ? Est-ce que tu devais être très seule dans tes études ? Ce n'est pas une matière où c'est assez genré ? Oui. Je ne vais pas dénigrer mes collègues. Non, mais il y a du travail. Mais c'est évident pour moi que si j'avais été un homme, ce ne serait pas passé comme ça. En même temps, dans le monde de la biologie, il y a plein de femmes. Il y a énormément de femmes dans le monde de la biologie. On est majoritaire. D'accord. Dans la réalité, il y a plus de femmes. En fait, si quelqu'un avait fait une étude sur le sexe ratio, donc homme-femme dans les études scientifiques, Donc, elle avait vu que jusqu'au master 2 et l'après. Donc, en gros, jusqu'au master 2, tu avais un pour un. C'était pas mal. Sexe ratio était comme un petit peu instable. Elle avait considéré toutes les matières confondues de la science. Donc, ça incluait la biologie, où il y a beaucoup plus de femmes, et les mathématiques, où il y a beaucoup plus d'hommes. Donc, ça s'équilibrait assez bien. Arrivé en thèse, donc, ceux qui obtiennent des financements, c'est 24 ans. Donc, du coup, sur ce après, bon, déjà, vous avez... une petite réduction. Ce n'était pas significatif, tu avais un 45-50. D'accord. Et après, au moment des postes, alors là, la claque. Ah oui. Ah oui, elles disparaissent. Les femmes disparaissent, les femmes scientifiques disparaissent. Pourquoi ? Parce que quel âge tu as ? Tu as 25 ans. T'as 25 ans, et les femmes, elles sont étudiantes depuis des années. En tant que docteur, en tant que doctorante, pardon, c'est une formation de la recherche par la recherche. En gros, c'est un CDD de 3 ans. Donc, normalement, t'es dans le monde du travail. Sauf que tu es toujours considérée comme une étudiante. D'accord. Parce qu'on te voit comme ça, comme une étudiante. Tu n'es pas une chercheuse. Tu es une chercheuse en formation. Donc, tu n'es pas encore une chercheuse. Oui, bien sûr. Bref, tu deviens une chercheuse. Très bien. au bout de ces 3 ans t'es contente ça y est tu rentres enfin dans l'avis actif réel et puis en fait non on te dit qu'il faut faire des post-docs tu pars tu dois partir entre 1 à 2 ans dans un autre pays et revenir en France tu pars t'emmènes tes enfants avec toi t'as eu des enfants entre temps non parce que c'est pas prévu et bien non c'est pas prévu que pendant ta thèse si jamais t'as des enfants pendant ta thèse il faut déplacer la femme à la thèse et après on te posera cette question pourquoi la durée de votre thèse est de plus que 3 ans Ok. T'as vu ce que j'allais dire ? J'ai eu des enfants. Ah d'accord. Donc t'es en train de dire que t'as mis ta famille avant ta carrière en avant. C'est ce que t'es en train de dire. Et ça c'est terrible. Mais vraiment c'est terrible. Et moi on m'a même... Après j'en ai eu trois des enfants. C'est pour ça que j'ai réussi à m'émaner. T'es pas découragée. C'est bien. Je me suis dit que j'allais pas. Si j'attendais d'être en poste j'aurais 40 balais le jour où je croise les enfants. Du coup j'ai cumulé. Et c'est pour ça que j'ai été... contractueux à la répétition, c'est parce que je ménageais mes chômages et je ménageais mes congés maternités on calculait tout ça j'étais obligée de bien faire les choses bon j'y arrivais à chaque fois, donc c'était faisable c'est très gymnastique quand même oui et puis c'est un peu désagréable parce que tu changes le labo, tu cherches la stabilité aussi tu oublies la stabilité il n'y a pas de stabilité moi qui suis très angoissée, je n'aurais pas été chercheuse ah non la stabilité c'est en tant que chercheur tout de suite Sauf si tu as beaucoup de chance et que tu as un boucher dans la foulée, tant mieux pour toi Mais en fait ça représente que d'aller La plupart des gens ils partent Donc selon toi le fait que les fables disparaissent du monde scientifique C'est qu'ils font tout Parce que leur carrière n'a pas été valorisée parce qu'elles avaient des temps d'attente relativement longs Du coup le chiffre se restreint et tu es jugé sur les compétences identiques évidemment, sans ce qu'à aucun moment on t'enlève les 9 mois que tu as perdu Donc, tu es élu en incluant le retard. Donc, tu es forcément moins bon, en fait, moins bonne. Sauf si tu n'as mis ta carrière seulement en avant, ça veut dire que tu n'as pas eu de vie d'à côté. Oui, voilà. Ça peut être un choix aussi qui est fait par certaines. Oui, il y en a certaines qui l'ont fait. Et alors après, pire de pire, dans les autres postes, les postes après le recrutement, après le poste de permanent, donc directeur de unité, tu as un laboratoire. Ouh là là, ça descend, ça descend tout en bas. Je crois qu'on était à moins de 20%, 10% je crois, quelque chose comme ça. Et la raison pour laquelle elles ne sont pas là, c'est parce que c'est une question de chiffres. Si tu n'en avais pas beaucoup à l'entrée, elles sont heureuses sur des postes de responsabilité, c'est une logique implacable. Et malgré le fait que maintenant, on demande la parité, il y a eu des obligations légales, mais on était obligés de faire des femmes qui passent. En fait, il y a beaucoup de femmes auxquelles on demande de se mettre, d'avoir des mandats, d'avoir plein de mandats différents. Donc, elles ne sont plus capables de gérer la totalité de leur mandat. Oui, ce n'est pas possible. Non, c'est totalement impossible. Humainement, ce n'est pas possible. Et après, on vient leur reprocher le fait qu'elles n'ont pas été capables de faire le job. Mais en fait, c'est un cercle. Alors, c'est en train de changer, parce que maintenant, justement, avec cette obligation légale, on espère qu'il y en aura plus qui seront demandées. Donc, on fera plus d'attention dans les recrutements pour faire qu'il y ait plus de femmes aussi. Mais est-ce que ce chiffre de neuf mois, tu vois, il sera enfin intégré quelque part ? Et qu'on comparera les gens ? On ne le parera pas, simplement. Mais jusqu'à présent, être une femme dans le milieu de la recherche, c'est une sinecure. Il faut être ultra motivée, il ne faut pas avoir peur de rien. Je comprends qu'il y en ait qui se découragent du coup et qui pensent à autre chose. Alors tu vois, c'est peut-être la force de mon mental qui fait que je suis restée. Et moi, je ne voyais pas de rien faire. Quand j'étais au bord de la mer, quand j'avais 12 ans, d'où est venu ce déclic ? C'est parce que, en fait, quand je n'étais pas au bord de la mer, j'étais à Paris. J'étais à Paris, à ma fenêtre, je regardais le ciel et ma mère venait de m'offrir un télescope et me dit vas-y, normalement, tu devrais pouvoir voir la Lune Et en fait, la pollution lumineuse était tellement forte, le nuage au-dessus de ma tête était tellement violent, j'étais en 94, c'était tellement épais que je n'ai pas réussi à voir le ciel. Et pendant deux mois, j'ai attendu de voir le ciel. Et tous les jours, je pleurais comme une… c'était terrible. Et ma mère venait me voir, elle me disait mais pourquoi tu pleures, bon sang ? Je lui disais mais tu te rends compte, je n'arrive pas à voir le ciel Avec vos parents, je ressens cette douleur terrible. Et c'était violent pour moi. Quand j'avais que 12 ans, je me disais, mais comment ? Il faut vraiment un jeu de ne pas voir le ciel. C'était un décor, je pense, tout de suite. Et je me suis dit, ce n'est pas possible. Je ne vais pas pouvoir regarder ça comme ça. Et tu penses qu'en tant que femme, il y a une sensibilité un petit peu différente dans la recherche scientifique justement ? Je pense que oui. En fait, de manière très générale, quand tu es une scientifique, tu as besoin d'être objective. Donc, on te demande d'être ultra pragmatique. Et les femmes sont ultra pragmatiques. Dans les grandes généralités qui sont ultra vraies, les femmes sont ultra pragmatiques parce que quand elles arrivent dans un espace, ça c'est nos gènes néandertaliennes qui sont. On a besoin de gérer l'espace, on a besoin de gérer les plannings, la nourriture, l'exemple. On est capable de faire trois, quatre choses en même temps parce que dans notre tête, c'est déjà acquis. C'est déjà comme ça, c'est déjà en route. C'est plus difficile pour un homme, du coup. C'est plus dur pour un homme, oui. Ils disent souvent qu'ils ne peuvent pas faire deux ou trois choses en même temps. Ce n'est pas faux, ils souffrent quand même. Je pense qu'ils souffrent en vrai. Et je pense qu'une femme a une vision de prise en considération du contexte qui est beaucoup plus importante. Par contre, on est ultra pragmatique, mais on n'est pas très audacieuse. Voilà. Syndrome de l'imposteur. Oui, complètement. Et ça, je pense qu'il faut se l'assumer. J'ai des hommes, des fois, qui me disent qu'ils ont également le syndrome de l'imposteur et qui remettent en question le fait que oui, peut-être que ça marchait, mais peut-être que c'était juste de la chance, tu vois. Je les entends dire ça, donc c'est très bien. Même chez les hommes, ça existe. Mais c'est vrai que c'est assez marqué chez les femmes. Oui. Et on est obligé des fois, et moi j'ai même mes conseils dans le cadre de ma société, qui me disent est-ce que vous pourriez proposer deux scénarios ? La version la vôtre, c'est-à-dire la version objective, votre vision pragmatique des choses telles qu'elles sont dans la réalité, et je voudrais que vous puissiez nous proposer une version audacieuse. C'est ma fonction de femme qui me bloque sur ce point-là. Je pense que c'est vrai dans le monde de l'entrepreneuriat, je pense que c'est encore plus vrai dans le monde de la science. Et tu as beaucoup de femmes qui ont beaucoup de mal à se dire Allez, allons-y, je mets tout sur la table, la notion de risque, je la prends. Ah non, la notion de risque, je ne la prends pas. Elles ont trop peur. Elles ont trop peur de se dire Oui, mais je fais quoi demain ? Oui, mais c'est exactement ça. On réfléchit peut-être beaucoup trop. Et du coup, Plastic Hatsik, structure juridique, tu es en quoi ? Tu es un SAS ? Donc oui, Plastic Hatsik, une SAS. Et en 2022, j'ai fait une levée de fonds. Le VETFON, après deux ans de recherche de qui seront mes actionnaires, l'idée c'était qu'ils rentrent et qu'ils ne soient pas que de l'argent, qu'ils soient plus que de l'argent, qu'ils soient une vision. Bien sûr, compléter ce sonnage. Compléter ce que moi je faisais à Bagnou sur mer, c'est-à-dire très loin de Paris. Ça nous a permis aujourd'hui de créer la structure, enfin le site technique, d'aménager le site technique du pôle d'économie bleu pour nous. Donc on est passé en termes de surface d'exploitation liée à nos activités. On n'est pas assez d'un espace qui faisait 7 mètres carrés. Je ne présente pas 7 mètres carrés. Ah, un placard. 150 ans. Oui, un placard. Alors, un placard au plateau. C'est ça. Tout en conservant notre interaction avec les plateaux techniques de l'Occitane. Le futur de Plasticatis, ce sont des filiales. Des filiales en Atlantique, des filiales… Donc, tu as une vision quand même sur le long terme. Oui, moi j'aimerais aller à Marseille, j'aimerais aller en Atlantique, j'aimerais faire d'autres choses. Parce que je sais que les gens se poseront tous des questions et que moi mon but ultime, il est assez simple, c'est que la pollution plastique soit résorbée. Et une fois que j'aurai fini de m'attaquer à la pollution plastique, je m'attaquerai aux autres. Donc aux pesticides, aux requins en buvant, mais plus loin. Tenez-vous bien, gaffe, l'éleveur arrive. Le champ des possibles, il roule. On voit bien que l'environnement est en train de changer. Et maintenant quand on voit des requins blancs en Méditerranée, tout le monde panique. Quand il y a des orques qui attaquent les bateaux à la sortie du Gibraltar, tout le monde panique, ce qui est normal, moi aussi je paniquerai. Et en fait tout ce retournement de situation provient du fait qu'on n'est pas tout seul dans notre milieu. On est également soumis à la pollution plastique, on est complètement impacté, donc il faut vraiment partir du principe qu'en soignant, surtout en évitant de polluer ce qui se passe juste à côté de nous, à terme, ce sera pour nous. Sur le plan financier, parlons de choses qui fâchent, maintenant que ta boîte est bien installée, est-ce que tu considères que tu gagnes correctement ta vie ? Oui, on a cette image que la science ne fait pas vivre, finalement. En fait, depuis le début, ma société a des résultats... La première année, j'avais des résultats de 30%. Et mon chiffre d'affaires a augmenté quasiment tous les ans.

  • Intro

    C'est génial !

  • Audrey

    On peut vivre en faisant de l'écologie et de la recherche scientifique. C'est formidable !

  • Intro

    C'est extraordinaire !

  • Audrey

    Mais les gars, allez dans la recherche scientifique finalement !

  • Intro

    Beaucoup de gens me disaient Vous êtes payés par des institutions, des tarifs, des payes, par des subventions ? Non, absolument pas ! Non, non, non ! J'étais payée par des industriels qui se posaient des vraies questions et qui avaient envie de changer le monde et à leur échelle. Oui, parce que eux, quand on vient leur voir, il faut se mettre à leur place un petit peu. Je pense que quand tu as quelqu'un qui part en vacances… sur un bateau. Tu vois,

  • Audrey

    tu prends un grand chef d'entreprise qui a plein de moyens.

  • Intro

    Génial. Il part en vacances, il va, je sais pas, sur les baléares ou n'importe où, et puis il est à son bateau, puis d'un seul coup, il voit un de tous les objets à lui flotter à la surface de la mer ou poser sur la plage. La mauvaise, je pense. Et du coup, une fois, deux fois, il y a un moment donné où cette personne, qui est déjà ultra convaincue, en fait, finalement, se dit ça va pas être possible et il y a une sensibilité et toi tu arrives à appuyer sur ce point là en fait c'est même au début c'est eux qui sont venus me voir c'est eux qui ont même été à l'initiation en fait du projet de Plasticatip parce que j'étais encore en contrat CNRS quand ils sont venus au Camaport en me disant depuis le début vous nous dites qu'on est un problème et on a bien compris les plastiques sont un problème et vous êtes donc des chercheurs qui mettez en avant vous êtes des donneurs d'alerte, vous mettez en avant une problématique, on a bien compris ça c'est bon... Mais on fait quoi, nous ?

  • Audrey

    On fait quoi, maintenant ? On est en train de chômage.

  • Intro

    Et on dit, bah, tant pis.

  • Audrey

    J'arrête de te dire. Tu les as juste liées, mais finalement, il y a quand même une conscience derrière.

  • Intro

    Évidemment. Et tous mes clients, je n'ai pas besoin de les convaincre, ils sont tous ultra convaincus. Ils sont tous ultra impliqués. Et s'ils viennent pour que moi, je teste la toxicité ou la biodégradabilité de leur matière, c'est qu'ils sont investis d'une mission. Et eux, ils ont envie de se dire... au-delà de juste mettre des panneaux photovoltaïquiques sur mon toit demain. Je vais gérer mieux mon eau, je ferai des économies aussi, tant mieux pour moi, c'est des investissements simples. Certains sont subventionnés par l'État, donc ça, je peux améliorer mon élection en science, ça, je peux le faire, c'est facile. Par contre, les objets que je fabrique et que j'utilise sont toujours un problème et je ne peux pas contrôler du tout. Entre le moment où je l'ai mis dans le magasin et le moment où il arrive en mer, c'est un flou artistique.

  • Audrey

    Donc, ce n'est pas juste du greenwashing, c'est vraiment des gens... impliqués qui veulent faire évoluer. Je trouve ça génial parce qu'on a toujours cette image de l'industriel qui pollue, qui prend un bloc de pognon et puis derrière...

  • Intro

    On est très très loin.

  • Audrey

    Tu me redonnes espoir en humanité. J'ai bien fait de venir jusqu'à Banu.

  • Intro

    Tu serais étonnée de voir pour qui je travaille. Très étonnée. Tu vois, typiquement, mon premier grand client, c'est les bricadiques. Ils ont regardé combien je perds de briquets, combien je peux en retrouver, est-ce que je peux les collecter, est-ce que je peux remettre la consigne, est-ce qu'il faut que je change les matières ?

  • Audrey

    Il y a une vraie réflexion dans tout leur process.

  • Intro

    Ah oui, ce sont des pensées et des pensées. C'est comme la réduction, la consigne, la matière autre.

  • Audrey

    Il y a une vraie sensibilité. Donc, on peut dire quand même que les industriels réfléchissent aussi.

  • Intro

    Moi, de mon point de vue, ceux qui viennent me voir, on est très loin du grand Roi Chimien.

  • Audrey

    En quelques mots, quelle a été ta plus grosse erreur dans la conduite de ce projet ? Et quels enseignements en as-tu tiré ? La création de Plasticatzi.

  • Intro

    Alors, en fait, je suis très embêtée face à cette question.

  • Audrey

    Parce que tu n'as pas fait d'erreur ?

  • Intro

    Non, ce n'est pas ça.

  • Audrey

    Tu es trop pragmatique pour ça.

  • Intro

    Ben oui, je suis trop pragmatique pour ça. En fait, je considère que la totalité des erreurs que j'ai commises m'ont été... Mais alors,

  • Audrey

    il y en a une tellement énorme que tu as pris... Tu te dis, je ne veux pas, je referai différemment, mais j'ai pris une leçon de vie. Partage-nous quelque chose. Ne nous laisse pas comme ça.

  • Intro

    Alors, si, si, si, quand même. Je dirais que j'ai fait des erreurs dans des choix parfois de recoupement.

  • Audrey

    Ah ! Voilà.

  • Intro

    Et qu'à cette époque-là, j'étais relativement tolérante et que je laissais passer beaucoup de choses que peut-être qu'aujourd'hui, je ne laisse plus passer, en fait.

  • Audrey

    C'est un player qui commence.

  • Intro

    Tout à fait. Et je pense que, oui, peut-être que je ferais différemment aujourd'hui, mais en vrai, toutes les personnes que j'ai vraiment embauchées, j'ai recruté énormément de gens que moi, j'appelle des sauveurs. En général, les gens qui viennent postuler chez moi sont déjà des sauveurs à la base. Ils arrivent et te disent...

  • Audrey

    Ils ont une sensibilité.

  • Intro

    Complètement. Ils arrivent et te disent moi je sais faire ça et ça, mais ce qui m'intéresse surtout c'est la mission de la société Je leur dis alors toi dans ton job, tu vas mettre des chaussures de montagne, des gants et on va aller nettoyer les déchets à la sortie d'une rivière Et en fait, ils sont d'accord.

  • Audrey

    C'est génial. Ils sont motivés.

  • Intro

    Et donc,

  • Audrey

    tu as plus grande réussite, à contrario, c'est de réussir à mobiliser peut-être autant derrière un...

  • Intro

    Je crois que c'est ma plus grande réussite. J'ai fait le diagnostic RSE de la CCI de Perpignan et j'ai été très impressionnée par le résultat de ce diagnostic parce que quand on regardait mon interaction sociétale... Alors là, j'ai explosé les chiffres. Là, j'ai explosé tous les chiffres parce que, oui, nous avons des actions de sensibilisation avec des associations où on ne compte pas nos heures. Parce que pour nous, le but, c'est qu'on ait réussi à la sortie à avoir 10 personnes qui auront changé leur façon de penser. Vous voyez,

  • Audrey

    vous avez gagné.

  • Intro

    C'est gagné. J'ai eu la pire semaine de ma vie. C'était très très drôle, mais ultra représentatif de mon interaction avec la société. Le lundi, je faisais sept classes d'élémentaires. Le mardi, j'étais sur le terrain avec des journalistes. On devait faire la même scène trois ou quatre semaines. Ensuite, j'ai été appelée en urgence. On m'a demandé de revenir le lendemain matin pour être absolument à Bagnoult, parce qu'il y avait la secrétaire d'État de la maire qui était là.

  • Audrey

    Vous allez rencontrer quelqu'un ?

  • Intro

    J'ai dû rouler, on a dû rouler toute la nuit. Et puis le vendredi ? j'étais re de nouveau avec des journalistes. Et la journaliste du vendredi me demande Quelle a été pour vous la journée la plus difficile de votre semaine ? Je réponds Le lundi. Les sept classes d'élémentaire, ça a été l'horreur. L'horreur, pourquoi ? Parce qu'ils posent plein de questions. C'est ça. Ils posent plein de questions. Je ne sais pas comment font les maîtresses. Non,

  • Audrey

    mais c'est très dur.

  • Intro

    Non, maîtresse, parce que franchement, c'est vraiment dur. Je sais pourquoi, ce n'est pas moi qui le sais. Très bien. Parce que je leur parlais de la pollution plastique avec leur nom à eux. J'ai parlé de petite fessure, c'est simple. J'ai parlé avec ça, mais ils avaient plein d'idées. Oui, et ça fut bien dans tous les sens.

  • Audrey

    C'est génial.

  • Intro

    Et toutes les heures, tu changeais, tu changeais. C'était super dur. Moi, humainement, c'était ultra dur de tenir ce rythme-là, mais ils étaient tellement impliqués, tellement volontaires. Tu sentais toute l'énergie qui était là dans cette classe de 30. J'étais épuisée à la fin de la journée. Donc, ma pire journée, c'était celle-ci. Et le journaliste, la journaliste me demande, quelle a été pour vous la journée où vous pensez avoir eu le plus d'impact ? Évidemment. C'est ma journée de lundi avec mes sept classes d'élémentaires. Parce que les sept classes d'élémentaires que j'avais faites à ce moment-là, aujourd'hui, ils sont au collège. Ils ont créé une association qui s'appelle l'association Biodirette. Ils participent avec moi à mes actions de sensibilisation, de nettoyage et de sciences participatives. Ils ont même gagné des concours nationaux. Ils ont 13-14 ans. T'en es connue ?

  • Audrey

    Ça a marqué leur vie.

  • Intro

    J'ai marqué des gens qui, d'un seul coup, ont créé une vocation,

  • Audrey

    une prise de conscience.

  • Intro

    Peut-être. que demain, c'est peut-être pas moi qui changerai les choses, c'est peut-être eux qui changeraient les choses. La transmission aussi. La transmission de la sensibilisation, de préserver son environnement, c'était tellement dans un monde où on est tout le temps en train de dire que les jeunes sont collés à leur téléphone portable. J'avais réussi à les décoller. J'avais réussi à leur dire, il va falloir nettoyer la cour, les gars. Il va falloir ramasser les déchets qui sont dans la cour. Ce n'est pas possible, il va falloir les jeter. C'est ça, ça va dans les...

  • Audrey

    Et derrière, il y a quand même eu des actions. Les gammettes sont embarquées, c'est génial. Qu'est-ce que tu as gagné à te lancer dans ce projet entrepreneuriale ?

  • Intro

    Alors, ce que j'ai gagné, numéro un, un job, puisque je rappelle que je n'en avais pas. Enfin, que je n'en avais pas assez, j'en avais, mais avec l'instabilité du travail.

  • Audrey

    Donc, tu as gagné l'instabilité.

  • Intro

    J'ai gagné la stabilité de mon travail, la reconnaissance. Parce qu'à l'époque, quand je postulais au CNRS et qu'on me disait votre travail est totalement infaisable et irréalisable, et la pollution plastique n'est pas un problème c'était dans les années… c'était 2014. la dernière fois que j'ai postulé. Évidemment, c'était à l'époque par un problème. Moi, quand je le présentais, je disais c'est un vrai problème. Aujourd'hui, quand je parle de pollution plastique, c'est bon, tout le monde m'y est prêt.

  • Audrey

    On a compris, bien sûr.

  • Intro

    Et surtout, les gens qui viennent me voir, ils viennent en vrai pour changer les choses. Donc, déjà, la reconnaissance de ce travail-là. Et après, ce que j'ai gagné le plus, et c'est pour moi et pour toute l'équipe, c'est tout à fait vrai, c'est quand on arrive dans un supermarché, dans un magasin, et que l'un des objets sur lesquels on a travaillé, et dans le supermarché et dessus c'est écrit que c'est un objet qui n'a pas d'impact sur l'environnement marin mais qu'il faut le jeter dans la bonne poubelle parce que ça veut pas dire qu'il faut le jeter dans la mauvaise poubelle et que quand tu le vois et que tu te dis c'est mon travail ça c'est moi ça, et bien ça fait plaisir ça fait très plaisir d'avoir un objet sur lequel tu as travaillé d'avoir eu un impact sur le monde sur la société qui t'entoure alors que moi en tant que rat de laboratoire Là-bas, quand j'étais chercheure, finalement, mon impact, il fallait que j'attende 10 ans pour réussir peut-être, à avoir quelque chose de changé.

  • Audrey

    Tu dois où d'ici 5 ans, voire 10 ans ? La société, toi ?

  • Intro

    C'est une bonne question. Alors, dans les prochaines années, moi je vois, si c'est facile, dans 2 ans, je vois un peu l'économie bleue, là, à Banous-sur-Mer. qui serait un hôtel d'entreprise pour toutes les sociétés qui sortiraient de l'incubateur arago et d'autres. et que ce pôle d'économie bleue reste en contact encore une fois avec la communauté scientifique pour faire que la science soit pas vue comme quelque chose qui sert à rien mais bien que la science soit au service de l'humanité et pas l'inverse à 5 ans, enfin même dans 2-3 ans je vois des filiales en Atlantique à Marseille à l'Université de Toulouse j'aimerais bien les tropiques, ce serait pas mal parce qu'il y a énormément de problématiques là-bas et Même si nous, on a des concepts européens sur la pollution plastique en Europe.

  • Audrey

    Mais c'est bien de la décliner.

  • Intro

    Oui, marcher les mêmes là-bas. Ce serait bien que là-bas, on fasse des solutions très rapides. Ça crée des problèmes de société. Ça crée une différenciation entre des populations humaines qui sont violentes. Ça, ce n'est pas acceptable.

  • Audrey

    Oui, bien sûr.

  • Intro

    Ce n'est pas acceptable. Sachant que tu pourrais dire, Ah oui, mais ça, c'est leur déchet, ils ne les ont pas bien créés. Non, non, non, non. C'est les nôtres. C'est nos déchets.

  • Audrey

    Qui sont envoyés là-bas.

  • Intro

    Et donc, du coup, eux, ça a contaminé leur environnement. Ils n'ont plus d'eau potable. Ils n'ont plus rien. Ils ont flingué leur rizière en pensant que ça allait les sauver, et ça a fait exactement l'opposé.

  • Audrey

    Oui, les conséquences sont dramatiques derrière.

  • Intro

    C'était dans un autre monde.

  • Audrey

    On sent vraiment ton animation viscérale. Tu vas te prendre au tri.

  • Intro

    Parce qu'eux aussi, ils ont droit. Oui, mais en réalité. Toi, tu l'as fait pendant des années, tu en as bien profité. Tu leur as envoyé leur poubelle. Mais eux aussi, ils ont droit. Oui, mais en fait, non.

  • Audrey

    C'est très frustrant pour ces populations qui montent aussi en compétence, comme nous, j'ai dit.

  • Intro

    Et à qui tu vas expliquer qu'en fait, ce qu'ils avancent, c'est précurseur par rapport à nous.

  • Audrey

    Dans 10 ans, tu as sauvé le monde.

  • Intro

    Oui, j'adorais. Tu sais, au moment où j'ai créé la société, je m'étais dit le but ultime de Plasticati, c'est de disparaître.

  • Audrey

    Oui, parce qu'on n'aura plus besoin de toi.

  • Intro

    Ben non. C'est ça.

  • Audrey

    C'est formidable.

  • Intro

    Ce serait génial.

  • Audrey

    En fait, finalement, c'est ça. Tant qu'on a besoin de plastique à tisser,

  • Intro

    c'est qu'il y a un problème. Du coup, j'adorerais pouvoir venir demain.

  • Audrey

    Je liquide. Allez tout faire voir, il n'y a plus besoin de moi. Il n'y a plus besoin,

  • Intro

    il n'y a plus de plastique en mer, il n'y a plus de pesticides. C'est pour ça que je parlais aussi des pesticides. Oui,

  • Audrey

    mais il y a plein de déclinaisons.

  • Intro

    Ce serait top. Bien sûr. Ce serait top. Et en tant que chercheuse, j'avais travaillé là-dessus, sur les pesticides. Je venais toujours. Donc, je m'étais dit, un jour, j'essaierai de trouver des solutions. Le pire, c'est que je suis sûre qu'elles existent. Comme pour le plastique. Oui, il faut s'y mettre. On a tous envie d'aider que ça n'existe pas. Mais ça existe déjà.

  • Audrey

    C'est la preuve. Je veux dire, c'est la question première.

  • Intro

    Je teste les matières et je n'ai pas rien à faire. Donc, j'ai plein de matières qui sont plus dégradables, plus toxiques, comme le marin. Elles existent. Et comme elles existent, maintenant, il faut juste les pousser en avant. Pour qu'elles sortent du marché, pour que tout le monde puisse les connaître.

  • Audrey

    On arrive à la fin des questions que je t'ai envoyées. Donc là, on a cinq questions que je ne t'ai pas envoyées. C'est du réponse au tac-au-tac. Si vraiment il y a un truc qui ne t'inspire pas, c'est comme dans les jeux télé. Tu dis Joker et on passe à l'influence. Quelle est ton héroïne dans l'histoire et pourquoi ? Héroïne dans l'histoire avec un grand chien.

  • Intro

    C'est Marie Curie.

  • Audrey

    J'en étais sûre que tu allais dire Marie Curie.

  • Intro

    C'était facile. J'aurais pu dire Rosenberg. Je l'aime bien. Alors Rosenberg. Allez,

  • Audrey

    voilà. Allez, dans ta face.

  • Intro

    Marie Curie, ça va bien aussi. Alors Rosenberg, pourquoi ? Je ne me rappelle même pas de son prénom, mais c'est une femme. C'est celle qui a créé la théorie de la relativité. que tu connais, et pas sous ce nom-là. Toi, tu le connais sous le nom d'Einstein.

  • Audrey

    Tout à fait.

  • Intro

    Eh oui, parce que Rosenberg...

  • Audrey

    Elle a été balayée par Einstein. Ben,

  • Intro

    parce que tu comprends que c'était une femme.

  • Audrey

    Donc, c'est Rosenberg et Einstein qui ont pensé à la théorie de la relativité.

  • Intro

    Il était deux à avoir travaillé sur la théorie de la relativité et un seul nom, il restait. Alors, comme c'est curieux, c'est bizarre quand même. Donc, Rosenberg qui s'est battu pendant longtemps pour faire avancer la science, pour faire que ça fonctionne, pour réussir les choses. Et en fait, de sa théorie, de ce que moi j'en comprends, je ne suis pas une physicienne, c'est la physique quantique,

  • Audrey

    c'est un autre domaine que le mien,

  • Intro

    et d'un point de vue pratique, en tout cas, moi, de ce que j'ai compris de son travail, en gros, c'était la bombe H. Mais en fait, c'était d'autres concepts qui, en fait, demain, pourraient vraiment faire changer les choses. Donc, c'était une grande scientifique, absolument terrible. J'aurais pu te citer des femmes qui ont travaillé sur le milieu marin, comme des grandes aventurières, des grandes navigatrices. des grandes femmes de ce type-là. En vrai, je suis nulle en culture G. Et donc, du coup, on me dit souvent,

  • Audrey

    si tu dis des figures féminines, c'est méconnu.

  • Intro

    En fait, elles sont assez rares.

  • Audrey

    Non, je pense qu'il y a eu autant de femmes que d'hommes qui ont eu un impact dans l'histoire. Mais comme l'exemple de Rosenberg et avec Einstein,

  • Intro

    c'est Einstein qui est resté.

  • Audrey

    C'est la moustache, sans doute. On a peut-être moins de moustache. Quelle faute t'inspire le plus d'indulgence ?

  • Intro

    La ponctualité, oui. C'est une faute qui, pour moi, n'est plus... pas enfin c'est pas une vraie victoire voilà tu peux pas tu as tué quelqu'un parce qu'il est ce qu'il a retard non plus je suis donc de l'intérêt en fait là oui oui je suis très tolérante sur les horaires en plus c'est vrai que chez moi tous mes sauveurs la vie sans réaction à la société bon général ils sont malheurs c'est pas le problème et de toute façon il s'autogère Donc s'ils sont arrivés en retard, ils repartent en retard. Il n'y a pas de planteuse chez moi. On est open. Par contre, il faut du courage pour être motivé comme ça. Des fois, c'est vraiment une question de courage. Je pense par exemple à mon équipe actuellement. J'ai quatre personnes de mon équipe qui sont sur le Rhône, alors qu'ils annoncent des températures à 1°C. Ils annoncent de la neige, je crois, à un moment donné. Ils ont les mains dans l'eau.

  • Audrey

    dans l'eau du Rhône. Donc, ils sont courageux pour changer la mode.

  • Intro

    Ils sont courageux pour réussir à aller chercher tes échantillons sur lesquels tu travailles pour voir les communautés de l'eau douce que tu vas faire avec les plastiques. C'est toujours un lien avec ce qu'on fait.

  • Audrey

    Donc, s'ils ne sont pas ponctuels, ce n'est pas un drame.

  • Intro

    Mais non. Ah, voilà.

  • Audrey

    Est-ce que tu as un mantra, une devise, un dicton ou même une citation qui te motive ?

  • Intro

    Ah oui. Hier et derrière, demain est un mystère, aujourd'hui est un cadeau. C'est pour ça qu'on l'appelle le présent.

  • Audrey

    On dirait un truc du Père Fouras dans Fort Bea. c'est de qui ?

  • Intro

    c'est un proverbe chinois je suis sûre qu'ils l'ont passé dans Pompoya référence pour tout plein de gens qui connaîtront,

  • Audrey

    qui reconnaîtront ça c'est Kung Fu Panda ça sent les trois enfants qu'est-ce que tu dirais à une jeune fille qui hésiterait à se lancer dans des études de science ?

  • Intro

    alors j'ai beaucoup de jeunes femmes qui viennent me voir avec cette question et moi la seule chose que je leur dis c'est en fait ma vision du monde féminin dans le milieu scientifique est en train de changer. Ma vision est certainement aujourd'hui fausse. Il faut pouvoir continuer à faire ce qu'on aime. Et tant qu'on arrive à se lever le matin, à aller faire son job sans la boule au ventre, et à rentrer chez soi sans la boule au ventre, mais oui, on est fatigué. Et parce qu'on a l'impression d'avoir passé une journée super complète, il faut y aller. Et en vrai, il y a plein de fois où je fais des expériences, ça ne marche pas, ça ne marche pas. une semaine que ça marche pas ou un mois que ça marche pas et t'as envie de te prendre et de jeter par la fenêtre le jour où ça marche tout ce que t'as fait juste avant les deux mois là, érasole, y'a plus rien t'es tellement contente enfin ça marche t'as trouvé pourquoi, où, quand, comment t'es tellement contente que ça y est tu peux avancer et en fait ce sentiment de satisfaction de réussite que t'as à ce moment là personne te voit, t'es toute seule dans ton truc donc ça me comprend Je ne comprends rien de ce que tu fais de toute façon. En vrai, le milieu de la science, pour moi, la science, ce n'était pas une option. Ce n'était pas Ah, c'est flou, je ne comprends rien Non, ce n'était pas ça. Mais en fait, c'est partout autour de nous. Quand je me suis rendue compte que dans une pomme, tu avais un modèle mathématique, et que Pi a été créé à partir d'un truc comme ça, je me suis dit Mais en fait, le monde des maths, le monde de la physique, le monde de la bio, tout se touche. Comme si c'était fait ensemble. Moi, je suis dans un monde où les interrelations sont permanentes et où je vis dans des choses où je suis plus en admiration. Ça, c'est vrai. Je suis plus en admiration devant un animal, devant un poulpe, devant une méduse.

  • Audrey

    L'admiration du poulpe, je comprends,

  • Intro

    évidemment. Que devant des gens ultra connus. Et des fois, c'est un peu désagréable, peut-être pour les autres. Pour moi, c'est un monde où je ne m'ennuie jamais, où je n'ai jamais la boule au ventre. pendant le travail. En fait, j'y vais toujours de manière très, très sereine et j'essaye de faire en sorte que pour tous mes collaborateurs, ce soit exactement comme ça. Je n'en veux aucun chez moi qui arrive le matin avec un casque. C'est ce que je fais là. Parce que si jamais j'en ai un qui est dans cette case-là, c'est qu'il y a un truc qui ne colle pas. Et j'en ai eu. J'ai vu des personnes qui sont arrivées...

  • Audrey

    Tu ne peux pas être en phase avec tout le monde,

  • Intro

    bien sûr. Non, non, je ne peux pas être en phase avec tout le monde. Et en fait, c'était vrai que... Tu as vu, quand tu es arrivée, Bagnos-sur-Mer est loin de tout. Parce que la qualité de la mer, elle est là. C'est pour ça qu'on y est. Sinon, on ne serait pas. On serait à Perpignan, c'est plus facile de venir. Il n'y a pas la mer à Perpignan. Et puis, tu n'as pas la réserve naturelle. Tu n'as pas l'observatoire sélogique de Banouls qui est là depuis 1882. Il n'y a pas tout ça.

  • Audrey

    Pour terminer, quelle est la chanson qui te motive quand tu as le moral dans les chaussettes et alors si en plus tu la fredonnes, tu es la roi du pétrole ?

  • Intro

    Non. Aimer jusqu'à l'impossible. Aimer, se dire que c'est possible, aimer...

  • Audrey

    C'est une arénard, ça y est je l'ai !

  • Intro

    Moi ce que j'aimais, en fait c'était pas quelqu'un, c'était quelque chose en fait, c'était ça. En fait tu sais, je suis comme la case du Thier, je sais pas si tu le sais, mais en fait le chercheur qui a créé l'Observatoire Cynologique de Banlieues, il s'appelait la case du Thier, et quand il a créé le laboratoire, c'était un biologiste marin, un des premiers à faire des illustrations magnifiques. c'est presque un artiste ce monsieur, qui décrivait le milieu marin. Par contre, il avait le mal de mer. Pas de bol. Pas de bol. En fait, je suis comme lui. Je fais partie de ces gens qui ont le mal de mer en permanence. Dès qu'ils sont sur un bateau, dans l'émission scénographique, c'est compliqué pour moi. Mais par contre, c'est... Pas parce que j'ai le mal de mer que je n'ai pas fait ce choix. Parce que moi, en vrai, quand j'ai découvert la mer, j'étais sous l'eau. Je n'étais pas sur l'eau. J'étais dans l'eau. Et en fait, quand je vais dans le milieu marin, moi, j'y vais replongée. En fait, je ne vois plus l'air. Je ne vois que l'eau. Et quand je trouve que c'est beau, c'est parce qu'il y a plein d'animaux dans le coin et que je m'extasie à la moindre bestiole toute petite. C'est parce que ça m'attire et ça m'apaise. Je pense que je suis une hyperactive.

  • Audrey

    Je pense aussi.

  • Intro

    Depuis longtemps, c'est pour ça que ma mère a essayé de me trouver...

  • Audrey

    Un poste à Brest, oui,

  • Intro

    je comprends. Elle a tout tenté, la musique, la danse, j'ai tout fait. C'était bien. En fait, en vrai, mon choix de la science, j'avais deux choix au moment de faire ce choix final, en terminale. On m'a demandé de choisir le conservatoire de musique de Paris, parce que j'avais passé le concours et je pouvais y aller. D'accord. les classes préparatoires biologie, chimie, physique, science et vie de la Terre où j'avais passé la pré-audition pour moi ce que je voulais c'était changer tout de suite pas changer les gens et les aider à aller mieux je voulais changer mon univers merci Leïla pour tout ce partage c'est pas mal de matière là va faire couper merci beaucoup

  • Leila

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère que tu repars avec de l'inspiration et de nouvelles perspectives pour avancer avec confiance. Si cet épisode t'a plu, pense à t'abonner pour ne rien manquer des prochains. Et surtout, n'hésite pas à laisser un avis plein d'étoiles sur ta plateforme d'écoute. C'est le meilleur moyen de soutenir le podcast et de faire grandir notre belle communauté. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode, toujours aussi décliné et inspirant. A bientôt dans la Chef'Fed !

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