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La graine inspirante - Réseau GERME

L'entreprise à mission - Lauriane Recouvrot

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25min |08/09/2025
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Description

Bienvenue sur la chaîne de La graine inspirante, des podcasts du management.

David Rival reçoit Lauriane Recouvrot, qui dirigeante d’une société à mission pour parler de ce mode de gouvernance inspirant.

Elle est membre du Conseil d’Administration de GERME et fondatrice d'Explorissima.


Comment définir l'entreprise à mission ?

Une société à mission, c'est un nouveau modèle d'entreprise. C'est une autre façon d'entreprendre où en fait, la finalité de l'entreprise, c'est une partie business certes, pour assurer sa pérennité. Mais c'est avant tout mettre en avant et en priorité le bien commun, le bien de tous, que ce soit sociétal ou environnemental. Dans une société à mission, il y a un cadre juridique où l'on pose des engagements.


Par quoi on commence quand on veut devenir entreprise à mission ?

Pour une entreprise existante, ça peut venir de valeurs personnelles et de la part :

  • soit du dirigeant qui se dit « On est dans un monde qui évolue. On ne peut plus entreprendre comme il y a 20 ans."

  • soit ça peut venir des collaborateurs, qui peuvent avoir des idées

  • voire même dans le cas d'Amicio, c'est venu du client qui a dit “pourquoi vous ne passez pas entreprise à mission ? Il faut plus d'inclusion, de diversité.”


Quel cadre juridique et audit pour les entreprises à mission ?

La loi de pacte date de 2019 dit : "les entreprises peuvent se doter d'une raison d'être, qu'elles vont inscrire dans leurs statuts". C'est une finalité, et en une phrase assez courte, tournée vers le bien commun. En fonction d’elle, on se fixe des objectifs environnementaux et sociétaux, qui seront déclinés opérationnellement.


Quand tu es entreprise à mission, tous les 18-24 mois à 3 ans, tu es audité par un organisme tiers indépendant qui vérifie. C’est un peu un suivi de :

  • comment tu as formulé ta raison d'être et comment tu l’incarnes

  • comment tu as décliné les objectifs, voir si ils sont suffisamment ambitieux

  • comment concrètement tu traduis ça en action (processus de production revu etc.)


Un exemple d'entreprise à mission ?

Par exemple, j'ai discuté avec Edwige, qui est responsable du suivi de la mission chez Maison Pontier. Comme ils sont en société à mission, ils ont travaillé avec leurs équipes sur comment retravailler le processus de fabrication de purée de fruits pour ne plus avoir de fruits avec des traces de pesticides, pour consommer moins d'eau…


Une entreprise à mission, est-ce bien raisonnable économiquement ?

J'ai envie de dire que c'est un chemin. C'est-à-dire qu'on a une finalité. Et ce que me disait une fois Benoît d’Amicio, c'est qu’il a perdu à un moment des clients.Mais il en a gagné d'autres qui étaient plus alignés dans ces valeurs-là.Donc oui, on peut perdre du business sur certains aspects, mais d'un autre côté, vu les valeurs incarnées, on va gagner d'autres clients, fournisseurs, prestataires parce qu'on se retrouve sur certaines valeurs.


Raconte-nous la création de ton entreprise à mission.

Explorissima, c'est un site web, une application qui vous permet d'avoir tous vos guides de voyage en poche, avec un carnet de voyage pour partager vos pépites à vos proches. Le tourisme, c'est quand même 11% des gaz à effet de serre dans le monde. On va de plus en plus vers le locatourisme, donc partir pas très loin de chez soi, découvrir des petites pépites dans les territoires. C'était évident. Ma raison d'être, c'est promouvoir un tourisme durable et créer un impact local positif. Donc typiquement, je vais éviter de répertorier une activité de type jet-ski qui saccage les fonds marins.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Permettre à chacun de vivre pleinement des expériences sans laisser d'autres empreintes que celles de ses pas.

  • Speaker #1

    Apporter la santé par l'alimentation au plus grand nombre.

  • Speaker #0

    Proposer des produits et services pour la maison au bénéfice de l'homme avec un grand H et de la planète.

  • Speaker #1

    Défendre le fruit gourmand, sain et responsable.

  • Speaker #0

    Révéler la noblesse des métiers de la relation client pour la mettre au service de l'homme et de la société. C'est quoi le point commun entre ces jolies formules ?

  • Speaker #1

    C'est tout simplement les raisons d'être. de plusieurs sociétés à mission. Donc, il y a Aigle, Danone, Camif, Maison Pontier et Amicio, par exemple.

  • Speaker #0

    Maison Pontier et Amicio particulièrement, parce que tu connais bien ces exemples-là.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'ils font partie de l'ambassade de la communauté des entreprises à mission de Nouvelle-Aquitaine. Et je connais personnellement Edwige et Benoît.

  • Speaker #0

    Et tu vas nous en parler. Une société à mission, c'est quoi ? C'est un label ? C'est une estampille ? C'est un agrément ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Une société à mission, c'est un nouveau modèle d'entreprise. C'est une autre façon d'entreprendre où en fait, la finalité de l'entreprise, c'est oui de faire du business bien évidemment pour assurer sa pérennité et croître. Mais c'est avant tout mettre en avant et en priorité le bien commun, le bien de tous, que ce soit sociétal ou environnemental.

  • Speaker #0

    C'est une déclaration d'intention d'abord.

  • Speaker #1

    Exactement. Tout d'abord, et c'est ce qu'on appelle dans la raison d'être, c'est vraiment... une intention, un cap qu'on se fixe. Donc l'entreprise se fixe un cap, une finalité première et qui est d'apporter ce bien commun au niveau sociétal et environnemental. Et cette raison d'être, on le verra après, elle est inscrite, vraiment elle va venir guider toute la stratégie de l'entreprise et va venir se retrouver incarnée au quotidien dans toutes les décisions stratégiques ou opérationnelles, dans la façon de gérer ses collaborateurs, dans la façon d'interagir. avec son écosystème, que ce soit ses clients, ses fournisseurs et autres. Ça vient vraiment soit asseoir, si on était déjà dans cette dynamique, soit renforcer, soit donner un nouvel élan, mais ça vient vraiment toucher l'ADN même de l'entreprise en fait.

  • Speaker #0

    Mais il y a des dirigeants d'entreprise qui nous écoutent, il y a des managers qui nous écoutent et qui se disent mais on a déjà ça, on le fait déjà, sauf qu'on ne l'a pas nommé raison d'être.

  • Speaker #1

    Oui, peut-être, sûrement. Sûrement, et d'ailleurs... D'ailleurs, il y a des grosses entreprises qui se disent, tiens, je vais inscrire dans mes statuts une raison d'être. Donc, ce cap, cette finalité, sans pour autant devenir société à mission. Parce que société à mission, on va le voir juste après, c'est quand même un cadre. Il y a un cadre juridique qui permet de vraiment asseoir aussi la crédibilité de ce modèle, qui peut être perçu comme contraignant et pour autant qui, derrière, délivre beaucoup de valeur et va venir asseoir les objectifs que la société à mission se fixe. Merci. que ce soit au niveau sociétal, environnemental, le fait de décider, je prends le statut de société à mission, qui est le nom juridique, ça vient poser des engagements forts. Une raison d'être, ce n'est pas un slogan publicitaire qu'on met en bas de ses panneaux 4x4 ou sur son site internet. Oui,

  • Speaker #0

    il y a l'IA pour ça. L'IA peut me fabriquer une raison d'être.

  • Speaker #1

    Exactement. Quand on passe entreprise à mission, il y a entre 6 mois quand on est une toute petite entreprise jusqu'à 18 mois quand on est une grosse entreprise, de réflexion. C'est-à-dire que...

  • Speaker #0

    On commence par quoi ? Donne-nous des exemples. Tu connais bien Pontier et Amicio. Qu'est-ce qui se passe chez eux ce jour-là ? On commence par quoi ?

  • Speaker #1

    Si tu veux bien, je vais te donner le cas général, puis je vais illustrer avec l'exemple d'Amicio. Pour une entreprise existante, la dynamique peut venir soit du dirigeant qui se dit « Tiens, on est quand même dans un monde qui évolue. On ne peut plus entreprendre comme on entreprenait il y a 10-20 ans. Et j'ai foi en... Il faut qu'on fasse... » du business autrement. Donc ça veut dire que ça vient vraiment toucher, j'ai envie de dire, le dirigeant ou l'équipe dirigeante, mais vraiment au plus profond de soi, il faut que mon entreprise se développe différemment par rapport à ce qu'elle faisait avant. Donc soit ça vient de l'équipe dirigeante, soit des fois les premières réflexions, on sent que c'est un peu sa trémousse, c'est dans les collaborateurs qui peuvent avoir des idées, ou voire même dans le cas d'Amissio, ça je vais vous le dire après, c'est venu carrément du client qui a dit, tiens pourquoi vous ne passez pas entreprise à mission. Les ressources ne sont pas illimitées, il faut plus d'inclusion, plus de diversité, il y a quelque chose à faire.

  • Speaker #0

    C'est d'abord une affaire de valeur personnelle,

  • Speaker #1

    c'est ça que j'entends. C'est une valeur personnelle.

  • Speaker #0

    Chez Amicio, ça ressemble à quoi ?

  • Speaker #1

    Chez Amicio, Benoît, ce qu'il m'expliquait, c'est qu'en fait, dans le cadre d'une fusion, les équipes dirigées étaient en train de réfléchir, retravailler les valeurs communes. Dans le cadre d'une fusion, il faut bien rassembler tout ça pour créer un nouvel élan constructif et positif, j'ai envie de dire. Dans le cadre de la fusion, bien évidemment, les collaborateurs étaient associés, mais aussi, ils ont été interviewés des clients pour voir comment leurs clients allaient vivre cette nouvelle entreprise, la nouvelle offre, etc. Et c'est deux de leurs clients qui, dans le cadre des échanges, leur ont dit « Mais en fait, vous mettez l'amour du client au centre même de votre business. » Mais vous êtes déjà une entreprise à mission. Et en fait, l'entreprise à mission, elle date de pas longtemps. La loi de pacte date de 2019.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'elle nous dit en 2019, cette loi ?

  • Speaker #1

    Cette loi, c'est justement ce que je suis en train d'expliquer. C'est de se dire, les entreprises peuvent se doter d'une raison d'être, qu'elles vont aller inscrire dans leur statut. Donc vraiment, tu déposes tes statuts au greffe, tu as une raison d'être. Et cette raison d'être, qui est une finalité, un cap, qui est une phrase en général assez courte, mais qui est très tournée vers... le bien commun vers l'extérieur, tu vas te dire, ok, dans tes statuts, on va suivre, on va se fixer des objectifs environnementaux et sociétaux. En général, il y en a deux ou trois, tout dépend de la taille de l'entreprise, qui sont assez stratégiques, assez généraux, parce que ça reste dans les statuts. Et ensuite, opérationnellement, on va les décliner. Ça veut dire quoi ? Dès que tu es entreprise à mission, tous les 18-24 mois à 3 ans, tu es audité par un organisme tiers indépendant. Qui va venir vérifier comment tu as formulé ta raison d'être, comment tu as décliné ça en objectifs environnementaux et sociétaux qui sont cohérents, suffisamment ambitieux par rapport à ton entreprise, où est-ce qu'elle en est dans sa maturité, et comment tu pilotes tout ça et qu'est-ce que tu mets concrètement en œuvre sur le terrain.

  • Speaker #0

    C'est une vitalité tout ça.

  • Speaker #1

    J'irais dire que c'est plutôt du suivi de comment tu incarnes. Comment tu t'es doté de cette raison-là, de ce cap et comment tu dis ok, je vais revoir mon processus de production, je vais produire en respectant par exemple plus l'environnement, en respectant plus mes collaborateurs, plus mes clients, etc. Comment concrètement tu traduis ça en action et comment tu avances ? J'ai vécu mon premier OTI fin 2024, c'est vraiment un audit, OTI, organisme tiers indépendant. C'est vraiment très challengeant, c'est-à-dire qu'ils vont regarder, celle qui m'a audité m'a dit, Moi, les entreprises, si c'est pour dire j'ai mis du café à grains au lieu de café en capsule, non, ce n'est pas ça être une société à mission. Il faut être ambitieux.

  • Speaker #0

    Ça ne peut pas être du greenwashing ou du social washing.

  • Speaker #1

    Non, c'est ce qui fait aussi la force du modèle. C'est-à-dire qu'il y a une contrainte, puisqu'il y a ce cadre qu'on doit respecter, mais d'un autre côté, c'est des engagements forts. On a un comité de mission qui se réunit 3-4 fois par an avec des membres internes, ça peut être des salariés, mais des experts externes qu'on choisit. Et ils vont venir regarder comment tu mets en œuvre tout ça sur le terrain. Par exemple, là, j'ai discuté avec Edwige, de la Maison Pontier, qui est responsable du suivi de la mission chez Maison Pontier. Comme ils sont en société à mission, ils ont travaillé avec leurs équipes sur comment retravailler notre processus de fabrication de purée de fruits pour, par exemple, ne plus avoir de fruits avec des traces de pesticides, pour consommer moins d'eau, etc. Donc, c'est vraiment très concret. Benoît, par exemple, chez Amicio, me disait Merci. Nous, par exemple, tous nos collaborateurs sont 100% localisés en France. En termes de prix, c'est quand même un choix. C'est parce qu'on a cette finalité de faire notre travail de cette façon-là, ça a des implications économiques et stratégiques.

  • Speaker #0

    Pour le coup, c'est très subjectif tout ça. Certains vont considérer qu'on est dans... Quelque chose de supérieur à seulement une démarche RSE quand on fait ça. D'autres se disent, oui, mais si on fait ça, ça ne va pas rapporter. Comment on trouve le juste compromis ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire que c'est un chemin. C'est-à-dire qu'on a une finalité. Et ce que me disait une fois Benoît, c'est que du coup, il a perdu un moment des clients. Forcément. Mais il en a gagné d'autres qui étaient plus alignés dans ces valeurs-là. Là, il me disait, typiquement, on a revu tout notre système de prévoyance pour nos collaborateurs. On a pris quelqu'un en local. C'est marrant parce que cette entreprise d'assurance en local va devenir elle-même entreprise à mission finalement. Donc oui, on peut perdre du business sur certains aspects, mais d'un autre côté, vu qu'on affiche ces valeurs-là et qu'on incarne ça, on va gagner d'autres clients ou d'autres fournisseurs ou d'autres prestataires parce qu'on se retrouve sur certaines valeurs. C'est challengeant au quotidien, on est chahuté.

  • Speaker #0

    Toi, tu l'as été.

  • Speaker #1

    Moi, je le suis.

  • Speaker #0

    Tu l'es au quotidien, tu diriges Explorissima. et dès le départ... dès le moment où tu décides de créer cette startup, tu décides d'aller sur l'entreprise à mission. D'abord, le pitch d'Explore SEMA en quelques secondes.

  • Speaker #1

    Alors, Explorissima, c'est un site web, une application qui révolutionne la façon de partir en vacances. C'est un compagnon de voyage tout en un. Vous avez tous vos guides de voyage dans votre poche. Et quand vous trouvez ce que vous aimez, vous l'enregistrez dans votre carnet de voyage que vous partagez avec vos proches.

  • Speaker #0

    Ça, c'était le pitch. On est en 2022. Tu quittes un emploi que tu occupes depuis de nombreuses années pour créer Explorissima. Et dès le départ, tu as cette envie de créer Explorissima en société à mission. C'est quand même se rajouter des sérieuses contraintes ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne me suis pas posé la question, est-ce que ça allait me rajouter des contraintes ? Pour moi, c'était évident. Le tourisme, c'est quand même 11% des gaz à effet de serre dans le monde. Le tourisme, on va de plus en plus vers ce qu'on appelle le locatourisme, donc partir pas très loin de chez soi, moins prendre l'avion. Donc pour moi, je ne me voyais pas... Alors déjà, je suis anti-surtourisme. J'aime bien tout ce qui est tourisme authentique, aller découvrir des petites pépites dans les territoires. C'était évident. Ma raison d'être, c'est promouvoir un tourisme durable et créer un impact local positif. Et pour moi, c'est ce qui me guide au quotidien, et c'est valable pour toutes les sociétés à mission, c'est vraiment une boussole, en fait. Donc typiquement, je ne vais pas aller répertorier une activité de type, j'en sais rien, jet-ski qui saccage les fonds marins autour de la France ou même ailleurs. Ça, pour moi, ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    Comment on détermine ce qui est bon, ce qui est juste, ce qui est respectueux de l'environnement ? Parce que par exemple, des scooters de mer électrique, ça tu pourrais le promouvoir ?

  • Speaker #1

    Ça, justement, ça veut dire que ça, il faut que j'aille regarder sur place ou que j'aille quelqu'un qui m'aide à dire, est-ce que ça, ça s'accajoue ou pas ? Parce que même si sur la surface, c'est électrique, qu'est-ce qui se passe en dessous ? Est-ce que les gens respectent ou pas ? Par défaut, je vais dire non au début, et puis si la personne revient à la charge, je vais aller regarder comment elle le fait.

  • Speaker #0

    L'éthique, ça reste quand même assez discutable. particulièrement dans cette période où parfois des politiques, des entrepreneurs peuvent remettre en cause certaines pratiques, certains usages en disant non, mais il n'y a pas de raison de nous taxer, d'être dépollueurs. Tout ça, on est quand même dans une vaste nébuleuse avec ces histoires de respect de l'environnement et de la démarche sociale.

  • Speaker #1

    Oui, mais après, c'est tout l'intérêt. D'ailleurs, dans cette nébuleuse où on ne sait plus trop qui dit quoi, qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui n'est pas vrai, et c'est valable pour tout, je trouve que le fait de se dire, OK, moi, je crois en ça, je veux développer mon entreprise comme ça, et entre guillemets, c'est à prendre ou à laisser, et il y a des trucs que je laisse de côté, ce n'est pas grave, en fait. Parce que moi, au moins, le matin, quand je me regarde dans la glace, je n'ai pas à rougir parce que je développe mon entreprise comme... Qu'est-ce qui, pour moi, au fond de mon ventre, vraiment mon intime conviction, c'est comme ça qu'il faut faire. C'est comme ça que j'ai envie de le faire. Après, quelqu'un pourrait faire complètement différemment. Moi, c'est important pour moi que mon visiteur, alors je suis encore une jeune start-up, j'ai encore plein de trucs à développer, mais il soit, moi j'appelle ça consomme-acteur, donc que je puisse lui mettre à disposition des informations pour trouver les petits producteurs locaux, qu'il soit carbone-acteur, et je suis en partenariat avec une entreprise d'ailleurs du Bairn, euh... pour décarboner tes nuités, tes trajets. Et l'argent collecté va, et j'ai été visiter une exploitation, à des agriculteurs qui mettent en place des techniques vertueuses. Et puis, patrimacteur, ça c'est mon rêve ultime, c'est qu'on puisse contribuer à la restauration du patrimoine français quand on est touriste sur un territoire.

  • Speaker #0

    Ça vient chercher quoi chez toi, chez Lauriane, tout ça ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas seulement, tiens, ça va être... Un argument de vente supplémentaire, ça parle de quoi dans ton histoire ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça touche au plus profond de mes valeurs personnelles, d'authenticité. Ça me fait tellement mal au cœur quand je vois des bouts de notre patrimoine français qui par manque d'argent par exemple ne peut pas être entretenu. Pour moi c'est l'histoire, on a un si beau pays, on a une telle histoire que ça doit être respecté, ça doit être entretenu, préservé. Donc, je ne sais pas, ça doit toucher cette valeur d'authenticité, de transmission aussi à nos générations futures. Et à l'heure où on est toujours un peu dans l'immédiateté, je trouve qu'avoir ce patrimoine qui passe de génération en génération et qui nous survit finalement, moi, je trouve qu'il n'y a rien de plus beau. Et ça vaut aussi pour la nature. Je dis patrimoine, les pierres, mais je parle aussi de la nature. Oui,

  • Speaker #0

    le très, très ancien patrimoine.

  • Speaker #1

    Oui, le très ancien, oui.

  • Speaker #0

    L'entreprise à mission, est-ce que c'est une façon d'emprunter l'écoute ? codes de l'économie sociale et solidaire, en tout cas d'en emprunter encore davantage, de les mettre au profit d'une entreprise, on va dire, capitalistique, notamment avec ce comité de mission composé de gens qui réfléchissent en permanence à performer sur des sujets qui ne sont pas ceux qui rapportent directement les sujets environnementaux et les sujets sociaux.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si on emprunte. Oui, bien évidemment, rien n'est cloisonné. J'ai envie de dire, l'entreprise se donne cette raison d'être, se fiche des objectifs sociétaux et environnementaux. Ça, c'est ce qui est vraiment marqué dans la loi. Et après, ceux qui vont venir travailler sur la déclinaison opérationnelle, ce sont des gens en interne et en externe. Et bien évidemment, ils vont aller puiser dans ce qui se fait le meilleur, comme tu dis, dans l'économie sociale et solidaire, dans toutes les démarches RSE. Finalement, peu importe. Pour moi, il n'y a pas de cloison, alors il faut faire comme si, il faut faire... Non, c'est de se dire, finalement, comment, c'est ce que Benoît Namissio me disait hier, comment nous, on souhaite que nos collaborateurs, par exemple, ils aient un degré d'autonomie quand ils répondent à leurs clients. Il dit, nous, on refuse. Enfin, on est en train, ce qui n'est pas facile à faire passer à leurs clients. On refuse d'avoir des trucs complètement scriptés. Parce que le client, ça l'agace en plus, ce qui est vrai. Les trucs tous scriptés où la personne reste dans son script, moi ça tombe m'agacer. Il récite le truc et il répond d'un côté. C'est comme quand tu effaces un chatbot qui ne répond jamais à ta question. Bref. Et donc là, lui, il essaye de former ses collaborateurs pour qu'ils aient cette latitude et qu'ils correspondent et qu'ils répondent vraiment à la demande du client et pas un truc scripté. Tout ça, par contre, ça décontrainte. C'est tellement plus facile de dire, je signe un client, tu me donnes le script, et puis après, moi, j'ai des téléconseillers qui vont réciter le script. C'est tellement plus intéressant de former des collaborateurs à avoir cette latitude pour vraiment être au service du client. Tout comme il m'a dit, on a, je crois qu'il s'était fixé 15% de premier emploi et de ce qu'il appelle rebond professionnel, donc entre guillemets des seniors. C'est important pour eux. d'offrir une première chance à ceux qui arrivent sur le marché, qui démarrent, et à ceux qui sont malheureusement les seniors, laissés de côté. Ils se sont fixés cet objectif et ils l'ont atteint.

  • Speaker #0

    Pour agir propre, pour être propre, il faut se fixer des contraintes. C'est ça l'idée de l'entreprise à mission ?

  • Speaker #1

    Moi, je n'appelle pas ça contrainte, j'appelle ça objectif.

  • Speaker #0

    Pourtant, tu dis contrainte à plusieurs reprises.

  • Speaker #1

    Oui, forcément. Quand tu te dis, je vais mettre tous mes téléopérateurs en France, tu ne cèdes pas à la facilité. Forcément, tu pourrais le faire plus simple. Donc, ce n'est plus, entre guillemets, effectivement contraignant. Mais parce que tu te fixes des objectifs ambitieux mais réalistes, les fameux SMART, objectifs SMART, tu arrives pas à pas. En fait, l'organisme tiers indépendant qui t'audite ne va pas te sanctionner si tu as échoué à 98%. Eux, ce qui est important, c'est est-ce que tu es dans la philosophie de ta raison d'être ? Est-ce que... tu es en chemin.

  • Speaker #0

    Sauf qu'entre temps, j'ai croisé une pandémie, j'ai croisé une guerre en Ukraine qui fait que les produits, les matériaux sont devenus beaucoup plus chers, donc je n'ai pas pu atteindre...

  • Speaker #1

    Eh bien, c'est pas grave.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sanctionné par l'audit ? Non.

  • Speaker #1

    Sinon, on va avoir toute cette tendance à se faire des objectifs plus faciles. Pour être sûr de l'atteindre, ce n'est pas le but. Moi, pour Explorissima, je me suis fixé des objectifs de référencer... tous les points d'intérêt touristiques en France. Finalement, ça prend un peu plus de temps parce que j'ai souhaité partir en face pilote, en no-code, etc. En no-code ? En no-code. Donc, je me suis formée pour développer la plateforme en no-code parce que je ne sais pas coder. C'est quoi le code ? Que je ne sais pas coder, donc. Les écrans noirs et des écritures dans tous les sens, ça me... Je comprends. Donc, voilà. Le site et l'application. le site et l'application, on l'appartient nos codes pour faire le pilote. Mais ça, tu l'expliques, tu dis voilà. Par contre, il y a tout le travail de la base de données, il y a tout ce travail-là qui est en train d'être fait. Donc, tu expliques pourquoi. En fait, tu expliques le chemin que tu prends. Tu vois ?

  • Speaker #0

    Je me mets à la place du dirigeant qui sait se fixer des objectifs, sait réaliser et remettre en question sa vision d'entreprise et se dit mais c'est bien joli tout ça, mais moi je le fais déjà, je n'ai pas besoin d'être en entreprise à mission.

  • Speaker #1

    Ben oui, et alors ? Oui, on peut toujours rester dans sa zone de confort et de faire toujours comme avant.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça m'apporte de plus, pourrait nous dire ce dirigeant ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas s'il faut réfléchir dans qu'est-ce que ça va m'apporter. Là, j'ai l'impression d'entendre encore un truc, ok, je vais le faire parce que ça me fait ramener plus de business. En fait, ce n'est pas du tout là. Là, on touche à l'âme de l'entreprise. Et des dirigeants. Et des dirigeants. C'est qu'est-ce que moi, est-ce que j'ai toujours envie de mener mon entreprise, de la diriger ? comme je fais jusqu'à présent, ou est-ce que j'ai envie peut-être de lui donner une autre dimension, de contribuer à plus grand que soi, donc c'est presque spirituel, de faire quelque chose de plus grand que soi parce qu'on ne peut plus entreprendre comme on entreprenait jusqu'à présent, et de se dire finalement mon entreprise elle va me survivre. Elle va me survivre mon entreprise. Donc, quelle dimension je lui donne pour qu'avec mes collaborateurs, finalement, on ait une super belle boîte dans laquelle on se sent bien, on fait des beaux produits ou des beaux services, et en plus, on contribue à faire un monde meilleur autour de nous, à notre juste mesure. On ne va pas révolutionner le monde entier, ce n'est pas possible. Mais travailler avec des fournisseurs locaux, faire attention à ne pas gaspiller de l'eau, peu importe, c'est vraiment ça l'état d'esprit.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on se dit quand on se retrouve entre entreprises à mission ? Parce que tu fais partie de réseau. On parle de quoi très concrètement ?

  • Speaker #1

    Oui, je fais partie de l'ambassade de la Nouvelle-Aquitaine, de la communauté des entreprises à mission. Peut-être pour te redonner quelques chiffres, en France, on vient de passer la barre des 2000 sociétés à mission. Et ça représente plus de 1 million de collaborateurs en France qui travaillent dans une société à mission. Donc, ça ne fait depuis 2019 que de monter. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai que les sociétés à mission, ce n'est pas que les entreprises du CAC 40. Ah non,

  • Speaker #1

    moi, je suis une startup, je suis en solopreneur toute seule. Ça va du solopreneur à l'entreprise du CAC 40. Il y a même des banques qui sont entreprises à mission. Qu'est-ce qu'on se dit ? Bon, on parle classiquement, comme dans tout réseau d'entreprises ou autre. Mais pour autant, là, on avait organisé un gros événement à la Cité du Vin de Bordeaux. l'année dernière. Et c'était le thème, par exemple, il y avait une table ronde, c'était le pouvoir transformatif de la qualité de société à mission. Et c'était vraiment de dire, ben oui, en fait, quand on se dote d'une raison d'être et d'objectif, on va venir transformer. Déjà soi-même en tant que dirigeant, parce qu'on fait des prises de conscience, on avance. On transforme son codire, on transforme toutes ses équipes, la façon dont elles vont travailler et collaborer ensemble. On transforme un petit peu aussi son écosystème autour. Donc on discute de ce genre de choses, tu vois, sans être trop non plus dans les trucs ésotériques ou phytosanatiques. Mais on se dit concrètement comment on fait.

  • Speaker #0

    La philo-pragmatique.

  • Speaker #1

    Voilà, comment on... On a associé les collaborateurs pour travailler sur la mission. Comment concrètement on l'incarne au quotidien ? Comment on embarque les collaborateurs dans cette démarche ?

  • Speaker #0

    Oui, et c'est ma question d'après. En quoi ça impacte le management et même le rapport au travail ?

  • Speaker #1

    Bien évidemment, tu vas dans une entreprise à mission prendre soin de comment je traite mes collaborateurs.

  • Speaker #0

    Donne-nous des exemples.

  • Speaker #1

    Alors, exemple. Comme disait Benoît... ils ont créé des groupes de travail sur voilà, certains veulent faire la semaine de 4 jours, ok testez, ceux qui peuvent je vais dire qui peuvent le faire vraiment et qui ont envie, testez-le et si ça marche, il n'y a pas de soucis ça y est, ça s'est mis en place donc ça va avoir des impacts sur la montée en compétences des collaborateurs leur rythme de travail peut-être même leur cadre de travail tu vois en fonction des tenues de sécurité, je ne sais quoi. Donc oui, ça a un impact sur le collaborateur. Pas à pas, on va en créer de nouvelles façons de faire, de nouvelles façons de manager, peut-être plus souples, peut-être plus participatives, peut-être plus orientées dans le bien-être de tous dans l'entreprise.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que ce ne sont pas, en temps de crise, je reviens à l'augmentation des matériaux avec l'Ukraine, je reviens à la pandémie, est-ce que ce ne sont pas des choses qui deviennent... plus facilement et rapidement accessoires en temps de crise ?

  • Speaker #1

    Ah oui, je pense que oui, oui. Quand l'environnement extérieur se durcit, je pense qu'on peut, pareil, encore une fois, céder la facilité en disant « Ok, on revient au truc bien hiérarchique, bien directif, qu'on connaît ou qu'on a connu. » Du coup,

  • Speaker #0

    comment provoquer un changement beaucoup plus profond et durable ?

  • Speaker #1

    Alors, mais justement, je pense que quand tu es entreprise à mission et que tu as mis en place une façon de travailler comme ça, pour moi, ça développe quand même ta résilience. Parce que du coup, si tu as une façon de gérer tes équipes, si tu crées vraiment un écosystème autour de toi avec tes fournisseurs et tes clients, quand ça bouge, il y a plus, je pense, plus d'entraide, plus de solidarité. Je pense qu'on est plus résilient. Tu te retrouves sur des valeurs profondes.

  • Speaker #0

    Dernière question, Lauriane. Quelle différence tu observes entre ton intention de départ ? il y a trois ans, quand tu créais Explorissima, et la réalité aujourd'hui. Qu'est-ce que tu aurais envie de dire à Lauriane d'il y a trois ans qui se lance dans cette démarche de société à mission en créant Explorissima ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais, tu as raison de te lancer en entreprise à mission. Le chemin va être plus long que ce que tu pensais. Moi qui suis un peu impatiente, voilà. Mais c'est un beau chemin qui fait que tu matures. Vas-y fonce, ça va ! Ça va secouer un peu, ça va mettre plus de temps que prévu, mais tu es dans la bonne direction. Tu es dans le vrai. C'est ça.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il dit Franck Maurice ?

  • Speaker #1

    Alors justement, lui il accompagne les entreprises pour devenir entreprise à mission. Et c'est un acolyte de la communauté des entreprises à mission Nouvelle-Aquitaine. Et alors lui, j'adore sa citation, on ne changera pas le monde avec de l'eau tiède, mais avec de l'audace. Et donc c'est exactement ça. Si vous avez envie d'aller plus en avant, que vous avez cette conviction intime que vous pouvez aller plus loin dans votre entreprise et contribuer à plus grand, allez-y, lancez-vous.

  • Speaker #0

    Et j'entends l'audace de chercher à l'intérieur de soi ce pourquoi aussi.

  • Speaker #1

    Voilà, se re-questionner.

  • Speaker #0

    Pas autant de temps dans la vie professionnelle.

  • Speaker #1

    Et de se dire, je me re-questionne et en fait, allez, j'y vais. Je sens qu'il y a quelque chose à faire, j'y vais.

  • Speaker #0

    Bon, nous, on est arrivés pour le coup.

  • Speaker #1

    On a vu nos magnifiques Pyrénées, nos Pyrénées.

  • Speaker #0

    Nos Pyrénées, exactement. Notre mission est accomplie. Est-ce que la montagne te donne une raison d'être et pas seulement de faire ?

  • Speaker #1

    Toujours en permanence et on repart en rando ?

  • Speaker #0

    C'est parti.

  • Speaker #1

    C'est parti.

  • Speaker #0

    Merci Lauriane.

  • Speaker #1

    Merci David.

Chapters

  • Une définition de l’entreprise à mission selon toi ?

    00:51

  • Des auditeurs peuvent se dire "Mais j’ai déjà fixé un cap. Quelle différence avec une entreprise classique ?"

    02:07

  • On commence par quoi quand on veut devenir entreprise à mission ?

    03:17

  • Un exemple concret d’une transition d’une entreprise classique vers une entreprise à mission ?

    04:26

  • Et au-delà de la vision, comment juridiquement on peut devenir entreprise à mission ?

    05:10

  • Il existe des contrôles ou audits obligatoires pour les entreprises à mission ?

    05:50

  • Un exemple concret d’une société à mission qui a retravaillé ses processus de production ?

    07:11

  • Certains peuvent se dire “oui, mais je deviens entreprise à mission, ça ne va pas rapporter”. Comment trouver le juste compromis ?

    08:24

  • Raconte-nous le parcours d’Explorissima et comment c'est devenu une entreprise à mission ?

    09:10

  • Comment on détermine ce qui est bon, ce qui respecte l'environnement dans ton cas, ce qui est juste pour son entreprise ?

    10:53

  • L'entreprise à mission, c'est une façon d’emprunter les codes de l'ESS et de les mettre au profit d'une entreprise capitalistique ?

    14:04

  • Quels risques si on atteint pas les objectifs fixés de l'entreprise à mission ? Il y a des sanctions d'audit ?

    16:30

  • Qu'est-ce que ça apporte de plus aux dirigeants de devenir entreprise à mission ?

    18:48

  • Vous échangez, vous vous conseillez entre entreprises à mission ?

    20:06

  • En quoi ça impacte le management et même le rapport au travail ?

    21:47

  • En temps de crise,est-ce que l’entreprise à mission ne devient pas plus facilement “accessoire” ? Comment opérer un changement durable ?

    22:39

Description

Bienvenue sur la chaîne de La graine inspirante, des podcasts du management.

David Rival reçoit Lauriane Recouvrot, qui dirigeante d’une société à mission pour parler de ce mode de gouvernance inspirant.

Elle est membre du Conseil d’Administration de GERME et fondatrice d'Explorissima.


Comment définir l'entreprise à mission ?

Une société à mission, c'est un nouveau modèle d'entreprise. C'est une autre façon d'entreprendre où en fait, la finalité de l'entreprise, c'est une partie business certes, pour assurer sa pérennité. Mais c'est avant tout mettre en avant et en priorité le bien commun, le bien de tous, que ce soit sociétal ou environnemental. Dans une société à mission, il y a un cadre juridique où l'on pose des engagements.


Par quoi on commence quand on veut devenir entreprise à mission ?

Pour une entreprise existante, ça peut venir de valeurs personnelles et de la part :

  • soit du dirigeant qui se dit « On est dans un monde qui évolue. On ne peut plus entreprendre comme il y a 20 ans."

  • soit ça peut venir des collaborateurs, qui peuvent avoir des idées

  • voire même dans le cas d'Amicio, c'est venu du client qui a dit “pourquoi vous ne passez pas entreprise à mission ? Il faut plus d'inclusion, de diversité.”


Quel cadre juridique et audit pour les entreprises à mission ?

La loi de pacte date de 2019 dit : "les entreprises peuvent se doter d'une raison d'être, qu'elles vont inscrire dans leurs statuts". C'est une finalité, et en une phrase assez courte, tournée vers le bien commun. En fonction d’elle, on se fixe des objectifs environnementaux et sociétaux, qui seront déclinés opérationnellement.


Quand tu es entreprise à mission, tous les 18-24 mois à 3 ans, tu es audité par un organisme tiers indépendant qui vérifie. C’est un peu un suivi de :

  • comment tu as formulé ta raison d'être et comment tu l’incarnes

  • comment tu as décliné les objectifs, voir si ils sont suffisamment ambitieux

  • comment concrètement tu traduis ça en action (processus de production revu etc.)


Un exemple d'entreprise à mission ?

Par exemple, j'ai discuté avec Edwige, qui est responsable du suivi de la mission chez Maison Pontier. Comme ils sont en société à mission, ils ont travaillé avec leurs équipes sur comment retravailler le processus de fabrication de purée de fruits pour ne plus avoir de fruits avec des traces de pesticides, pour consommer moins d'eau…


Une entreprise à mission, est-ce bien raisonnable économiquement ?

J'ai envie de dire que c'est un chemin. C'est-à-dire qu'on a une finalité. Et ce que me disait une fois Benoît d’Amicio, c'est qu’il a perdu à un moment des clients.Mais il en a gagné d'autres qui étaient plus alignés dans ces valeurs-là.Donc oui, on peut perdre du business sur certains aspects, mais d'un autre côté, vu les valeurs incarnées, on va gagner d'autres clients, fournisseurs, prestataires parce qu'on se retrouve sur certaines valeurs.


Raconte-nous la création de ton entreprise à mission.

Explorissima, c'est un site web, une application qui vous permet d'avoir tous vos guides de voyage en poche, avec un carnet de voyage pour partager vos pépites à vos proches. Le tourisme, c'est quand même 11% des gaz à effet de serre dans le monde. On va de plus en plus vers le locatourisme, donc partir pas très loin de chez soi, découvrir des petites pépites dans les territoires. C'était évident. Ma raison d'être, c'est promouvoir un tourisme durable et créer un impact local positif. Donc typiquement, je vais éviter de répertorier une activité de type jet-ski qui saccage les fonds marins.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Permettre à chacun de vivre pleinement des expériences sans laisser d'autres empreintes que celles de ses pas.

  • Speaker #1

    Apporter la santé par l'alimentation au plus grand nombre.

  • Speaker #0

    Proposer des produits et services pour la maison au bénéfice de l'homme avec un grand H et de la planète.

  • Speaker #1

    Défendre le fruit gourmand, sain et responsable.

  • Speaker #0

    Révéler la noblesse des métiers de la relation client pour la mettre au service de l'homme et de la société. C'est quoi le point commun entre ces jolies formules ?

  • Speaker #1

    C'est tout simplement les raisons d'être. de plusieurs sociétés à mission. Donc, il y a Aigle, Danone, Camif, Maison Pontier et Amicio, par exemple.

  • Speaker #0

    Maison Pontier et Amicio particulièrement, parce que tu connais bien ces exemples-là.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'ils font partie de l'ambassade de la communauté des entreprises à mission de Nouvelle-Aquitaine. Et je connais personnellement Edwige et Benoît.

  • Speaker #0

    Et tu vas nous en parler. Une société à mission, c'est quoi ? C'est un label ? C'est une estampille ? C'est un agrément ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Une société à mission, c'est un nouveau modèle d'entreprise. C'est une autre façon d'entreprendre où en fait, la finalité de l'entreprise, c'est oui de faire du business bien évidemment pour assurer sa pérennité et croître. Mais c'est avant tout mettre en avant et en priorité le bien commun, le bien de tous, que ce soit sociétal ou environnemental.

  • Speaker #0

    C'est une déclaration d'intention d'abord.

  • Speaker #1

    Exactement. Tout d'abord, et c'est ce qu'on appelle dans la raison d'être, c'est vraiment... une intention, un cap qu'on se fixe. Donc l'entreprise se fixe un cap, une finalité première et qui est d'apporter ce bien commun au niveau sociétal et environnemental. Et cette raison d'être, on le verra après, elle est inscrite, vraiment elle va venir guider toute la stratégie de l'entreprise et va venir se retrouver incarnée au quotidien dans toutes les décisions stratégiques ou opérationnelles, dans la façon de gérer ses collaborateurs, dans la façon d'interagir. avec son écosystème, que ce soit ses clients, ses fournisseurs et autres. Ça vient vraiment soit asseoir, si on était déjà dans cette dynamique, soit renforcer, soit donner un nouvel élan, mais ça vient vraiment toucher l'ADN même de l'entreprise en fait.

  • Speaker #0

    Mais il y a des dirigeants d'entreprise qui nous écoutent, il y a des managers qui nous écoutent et qui se disent mais on a déjà ça, on le fait déjà, sauf qu'on ne l'a pas nommé raison d'être.

  • Speaker #1

    Oui, peut-être, sûrement. Sûrement, et d'ailleurs... D'ailleurs, il y a des grosses entreprises qui se disent, tiens, je vais inscrire dans mes statuts une raison d'être. Donc, ce cap, cette finalité, sans pour autant devenir société à mission. Parce que société à mission, on va le voir juste après, c'est quand même un cadre. Il y a un cadre juridique qui permet de vraiment asseoir aussi la crédibilité de ce modèle, qui peut être perçu comme contraignant et pour autant qui, derrière, délivre beaucoup de valeur et va venir asseoir les objectifs que la société à mission se fixe. Merci. que ce soit au niveau sociétal, environnemental, le fait de décider, je prends le statut de société à mission, qui est le nom juridique, ça vient poser des engagements forts. Une raison d'être, ce n'est pas un slogan publicitaire qu'on met en bas de ses panneaux 4x4 ou sur son site internet. Oui,

  • Speaker #0

    il y a l'IA pour ça. L'IA peut me fabriquer une raison d'être.

  • Speaker #1

    Exactement. Quand on passe entreprise à mission, il y a entre 6 mois quand on est une toute petite entreprise jusqu'à 18 mois quand on est une grosse entreprise, de réflexion. C'est-à-dire que...

  • Speaker #0

    On commence par quoi ? Donne-nous des exemples. Tu connais bien Pontier et Amicio. Qu'est-ce qui se passe chez eux ce jour-là ? On commence par quoi ?

  • Speaker #1

    Si tu veux bien, je vais te donner le cas général, puis je vais illustrer avec l'exemple d'Amicio. Pour une entreprise existante, la dynamique peut venir soit du dirigeant qui se dit « Tiens, on est quand même dans un monde qui évolue. On ne peut plus entreprendre comme on entreprenait il y a 10-20 ans. Et j'ai foi en... Il faut qu'on fasse... » du business autrement. Donc ça veut dire que ça vient vraiment toucher, j'ai envie de dire, le dirigeant ou l'équipe dirigeante, mais vraiment au plus profond de soi, il faut que mon entreprise se développe différemment par rapport à ce qu'elle faisait avant. Donc soit ça vient de l'équipe dirigeante, soit des fois les premières réflexions, on sent que c'est un peu sa trémousse, c'est dans les collaborateurs qui peuvent avoir des idées, ou voire même dans le cas d'Amissio, ça je vais vous le dire après, c'est venu carrément du client qui a dit, tiens pourquoi vous ne passez pas entreprise à mission. Les ressources ne sont pas illimitées, il faut plus d'inclusion, plus de diversité, il y a quelque chose à faire.

  • Speaker #0

    C'est d'abord une affaire de valeur personnelle,

  • Speaker #1

    c'est ça que j'entends. C'est une valeur personnelle.

  • Speaker #0

    Chez Amicio, ça ressemble à quoi ?

  • Speaker #1

    Chez Amicio, Benoît, ce qu'il m'expliquait, c'est qu'en fait, dans le cadre d'une fusion, les équipes dirigées étaient en train de réfléchir, retravailler les valeurs communes. Dans le cadre d'une fusion, il faut bien rassembler tout ça pour créer un nouvel élan constructif et positif, j'ai envie de dire. Dans le cadre de la fusion, bien évidemment, les collaborateurs étaient associés, mais aussi, ils ont été interviewés des clients pour voir comment leurs clients allaient vivre cette nouvelle entreprise, la nouvelle offre, etc. Et c'est deux de leurs clients qui, dans le cadre des échanges, leur ont dit « Mais en fait, vous mettez l'amour du client au centre même de votre business. » Mais vous êtes déjà une entreprise à mission. Et en fait, l'entreprise à mission, elle date de pas longtemps. La loi de pacte date de 2019.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'elle nous dit en 2019, cette loi ?

  • Speaker #1

    Cette loi, c'est justement ce que je suis en train d'expliquer. C'est de se dire, les entreprises peuvent se doter d'une raison d'être, qu'elles vont aller inscrire dans leur statut. Donc vraiment, tu déposes tes statuts au greffe, tu as une raison d'être. Et cette raison d'être, qui est une finalité, un cap, qui est une phrase en général assez courte, mais qui est très tournée vers... le bien commun vers l'extérieur, tu vas te dire, ok, dans tes statuts, on va suivre, on va se fixer des objectifs environnementaux et sociétaux. En général, il y en a deux ou trois, tout dépend de la taille de l'entreprise, qui sont assez stratégiques, assez généraux, parce que ça reste dans les statuts. Et ensuite, opérationnellement, on va les décliner. Ça veut dire quoi ? Dès que tu es entreprise à mission, tous les 18-24 mois à 3 ans, tu es audité par un organisme tiers indépendant. Qui va venir vérifier comment tu as formulé ta raison d'être, comment tu as décliné ça en objectifs environnementaux et sociétaux qui sont cohérents, suffisamment ambitieux par rapport à ton entreprise, où est-ce qu'elle en est dans sa maturité, et comment tu pilotes tout ça et qu'est-ce que tu mets concrètement en œuvre sur le terrain.

  • Speaker #0

    C'est une vitalité tout ça.

  • Speaker #1

    J'irais dire que c'est plutôt du suivi de comment tu incarnes. Comment tu t'es doté de cette raison-là, de ce cap et comment tu dis ok, je vais revoir mon processus de production, je vais produire en respectant par exemple plus l'environnement, en respectant plus mes collaborateurs, plus mes clients, etc. Comment concrètement tu traduis ça en action et comment tu avances ? J'ai vécu mon premier OTI fin 2024, c'est vraiment un audit, OTI, organisme tiers indépendant. C'est vraiment très challengeant, c'est-à-dire qu'ils vont regarder, celle qui m'a audité m'a dit, Moi, les entreprises, si c'est pour dire j'ai mis du café à grains au lieu de café en capsule, non, ce n'est pas ça être une société à mission. Il faut être ambitieux.

  • Speaker #0

    Ça ne peut pas être du greenwashing ou du social washing.

  • Speaker #1

    Non, c'est ce qui fait aussi la force du modèle. C'est-à-dire qu'il y a une contrainte, puisqu'il y a ce cadre qu'on doit respecter, mais d'un autre côté, c'est des engagements forts. On a un comité de mission qui se réunit 3-4 fois par an avec des membres internes, ça peut être des salariés, mais des experts externes qu'on choisit. Et ils vont venir regarder comment tu mets en œuvre tout ça sur le terrain. Par exemple, là, j'ai discuté avec Edwige, de la Maison Pontier, qui est responsable du suivi de la mission chez Maison Pontier. Comme ils sont en société à mission, ils ont travaillé avec leurs équipes sur comment retravailler notre processus de fabrication de purée de fruits pour, par exemple, ne plus avoir de fruits avec des traces de pesticides, pour consommer moins d'eau, etc. Donc, c'est vraiment très concret. Benoît, par exemple, chez Amicio, me disait Merci. Nous, par exemple, tous nos collaborateurs sont 100% localisés en France. En termes de prix, c'est quand même un choix. C'est parce qu'on a cette finalité de faire notre travail de cette façon-là, ça a des implications économiques et stratégiques.

  • Speaker #0

    Pour le coup, c'est très subjectif tout ça. Certains vont considérer qu'on est dans... Quelque chose de supérieur à seulement une démarche RSE quand on fait ça. D'autres se disent, oui, mais si on fait ça, ça ne va pas rapporter. Comment on trouve le juste compromis ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire que c'est un chemin. C'est-à-dire qu'on a une finalité. Et ce que me disait une fois Benoît, c'est que du coup, il a perdu un moment des clients. Forcément. Mais il en a gagné d'autres qui étaient plus alignés dans ces valeurs-là. Là, il me disait, typiquement, on a revu tout notre système de prévoyance pour nos collaborateurs. On a pris quelqu'un en local. C'est marrant parce que cette entreprise d'assurance en local va devenir elle-même entreprise à mission finalement. Donc oui, on peut perdre du business sur certains aspects, mais d'un autre côté, vu qu'on affiche ces valeurs-là et qu'on incarne ça, on va gagner d'autres clients ou d'autres fournisseurs ou d'autres prestataires parce qu'on se retrouve sur certaines valeurs. C'est challengeant au quotidien, on est chahuté.

  • Speaker #0

    Toi, tu l'as été.

  • Speaker #1

    Moi, je le suis.

  • Speaker #0

    Tu l'es au quotidien, tu diriges Explorissima. et dès le départ... dès le moment où tu décides de créer cette startup, tu décides d'aller sur l'entreprise à mission. D'abord, le pitch d'Explore SEMA en quelques secondes.

  • Speaker #1

    Alors, Explorissima, c'est un site web, une application qui révolutionne la façon de partir en vacances. C'est un compagnon de voyage tout en un. Vous avez tous vos guides de voyage dans votre poche. Et quand vous trouvez ce que vous aimez, vous l'enregistrez dans votre carnet de voyage que vous partagez avec vos proches.

  • Speaker #0

    Ça, c'était le pitch. On est en 2022. Tu quittes un emploi que tu occupes depuis de nombreuses années pour créer Explorissima. Et dès le départ, tu as cette envie de créer Explorissima en société à mission. C'est quand même se rajouter des sérieuses contraintes ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne me suis pas posé la question, est-ce que ça allait me rajouter des contraintes ? Pour moi, c'était évident. Le tourisme, c'est quand même 11% des gaz à effet de serre dans le monde. Le tourisme, on va de plus en plus vers ce qu'on appelle le locatourisme, donc partir pas très loin de chez soi, moins prendre l'avion. Donc pour moi, je ne me voyais pas... Alors déjà, je suis anti-surtourisme. J'aime bien tout ce qui est tourisme authentique, aller découvrir des petites pépites dans les territoires. C'était évident. Ma raison d'être, c'est promouvoir un tourisme durable et créer un impact local positif. Et pour moi, c'est ce qui me guide au quotidien, et c'est valable pour toutes les sociétés à mission, c'est vraiment une boussole, en fait. Donc typiquement, je ne vais pas aller répertorier une activité de type, j'en sais rien, jet-ski qui saccage les fonds marins autour de la France ou même ailleurs. Ça, pour moi, ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    Comment on détermine ce qui est bon, ce qui est juste, ce qui est respectueux de l'environnement ? Parce que par exemple, des scooters de mer électrique, ça tu pourrais le promouvoir ?

  • Speaker #1

    Ça, justement, ça veut dire que ça, il faut que j'aille regarder sur place ou que j'aille quelqu'un qui m'aide à dire, est-ce que ça, ça s'accajoue ou pas ? Parce que même si sur la surface, c'est électrique, qu'est-ce qui se passe en dessous ? Est-ce que les gens respectent ou pas ? Par défaut, je vais dire non au début, et puis si la personne revient à la charge, je vais aller regarder comment elle le fait.

  • Speaker #0

    L'éthique, ça reste quand même assez discutable. particulièrement dans cette période où parfois des politiques, des entrepreneurs peuvent remettre en cause certaines pratiques, certains usages en disant non, mais il n'y a pas de raison de nous taxer, d'être dépollueurs. Tout ça, on est quand même dans une vaste nébuleuse avec ces histoires de respect de l'environnement et de la démarche sociale.

  • Speaker #1

    Oui, mais après, c'est tout l'intérêt. D'ailleurs, dans cette nébuleuse où on ne sait plus trop qui dit quoi, qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui n'est pas vrai, et c'est valable pour tout, je trouve que le fait de se dire, OK, moi, je crois en ça, je veux développer mon entreprise comme ça, et entre guillemets, c'est à prendre ou à laisser, et il y a des trucs que je laisse de côté, ce n'est pas grave, en fait. Parce que moi, au moins, le matin, quand je me regarde dans la glace, je n'ai pas à rougir parce que je développe mon entreprise comme... Qu'est-ce qui, pour moi, au fond de mon ventre, vraiment mon intime conviction, c'est comme ça qu'il faut faire. C'est comme ça que j'ai envie de le faire. Après, quelqu'un pourrait faire complètement différemment. Moi, c'est important pour moi que mon visiteur, alors je suis encore une jeune start-up, j'ai encore plein de trucs à développer, mais il soit, moi j'appelle ça consomme-acteur, donc que je puisse lui mettre à disposition des informations pour trouver les petits producteurs locaux, qu'il soit carbone-acteur, et je suis en partenariat avec une entreprise d'ailleurs du Bairn, euh... pour décarboner tes nuités, tes trajets. Et l'argent collecté va, et j'ai été visiter une exploitation, à des agriculteurs qui mettent en place des techniques vertueuses. Et puis, patrimacteur, ça c'est mon rêve ultime, c'est qu'on puisse contribuer à la restauration du patrimoine français quand on est touriste sur un territoire.

  • Speaker #0

    Ça vient chercher quoi chez toi, chez Lauriane, tout ça ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas seulement, tiens, ça va être... Un argument de vente supplémentaire, ça parle de quoi dans ton histoire ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça touche au plus profond de mes valeurs personnelles, d'authenticité. Ça me fait tellement mal au cœur quand je vois des bouts de notre patrimoine français qui par manque d'argent par exemple ne peut pas être entretenu. Pour moi c'est l'histoire, on a un si beau pays, on a une telle histoire que ça doit être respecté, ça doit être entretenu, préservé. Donc, je ne sais pas, ça doit toucher cette valeur d'authenticité, de transmission aussi à nos générations futures. Et à l'heure où on est toujours un peu dans l'immédiateté, je trouve qu'avoir ce patrimoine qui passe de génération en génération et qui nous survit finalement, moi, je trouve qu'il n'y a rien de plus beau. Et ça vaut aussi pour la nature. Je dis patrimoine, les pierres, mais je parle aussi de la nature. Oui,

  • Speaker #0

    le très, très ancien patrimoine.

  • Speaker #1

    Oui, le très ancien, oui.

  • Speaker #0

    L'entreprise à mission, est-ce que c'est une façon d'emprunter l'écoute ? codes de l'économie sociale et solidaire, en tout cas d'en emprunter encore davantage, de les mettre au profit d'une entreprise, on va dire, capitalistique, notamment avec ce comité de mission composé de gens qui réfléchissent en permanence à performer sur des sujets qui ne sont pas ceux qui rapportent directement les sujets environnementaux et les sujets sociaux.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si on emprunte. Oui, bien évidemment, rien n'est cloisonné. J'ai envie de dire, l'entreprise se donne cette raison d'être, se fiche des objectifs sociétaux et environnementaux. Ça, c'est ce qui est vraiment marqué dans la loi. Et après, ceux qui vont venir travailler sur la déclinaison opérationnelle, ce sont des gens en interne et en externe. Et bien évidemment, ils vont aller puiser dans ce qui se fait le meilleur, comme tu dis, dans l'économie sociale et solidaire, dans toutes les démarches RSE. Finalement, peu importe. Pour moi, il n'y a pas de cloison, alors il faut faire comme si, il faut faire... Non, c'est de se dire, finalement, comment, c'est ce que Benoît Namissio me disait hier, comment nous, on souhaite que nos collaborateurs, par exemple, ils aient un degré d'autonomie quand ils répondent à leurs clients. Il dit, nous, on refuse. Enfin, on est en train, ce qui n'est pas facile à faire passer à leurs clients. On refuse d'avoir des trucs complètement scriptés. Parce que le client, ça l'agace en plus, ce qui est vrai. Les trucs tous scriptés où la personne reste dans son script, moi ça tombe m'agacer. Il récite le truc et il répond d'un côté. C'est comme quand tu effaces un chatbot qui ne répond jamais à ta question. Bref. Et donc là, lui, il essaye de former ses collaborateurs pour qu'ils aient cette latitude et qu'ils correspondent et qu'ils répondent vraiment à la demande du client et pas un truc scripté. Tout ça, par contre, ça décontrainte. C'est tellement plus facile de dire, je signe un client, tu me donnes le script, et puis après, moi, j'ai des téléconseillers qui vont réciter le script. C'est tellement plus intéressant de former des collaborateurs à avoir cette latitude pour vraiment être au service du client. Tout comme il m'a dit, on a, je crois qu'il s'était fixé 15% de premier emploi et de ce qu'il appelle rebond professionnel, donc entre guillemets des seniors. C'est important pour eux. d'offrir une première chance à ceux qui arrivent sur le marché, qui démarrent, et à ceux qui sont malheureusement les seniors, laissés de côté. Ils se sont fixés cet objectif et ils l'ont atteint.

  • Speaker #0

    Pour agir propre, pour être propre, il faut se fixer des contraintes. C'est ça l'idée de l'entreprise à mission ?

  • Speaker #1

    Moi, je n'appelle pas ça contrainte, j'appelle ça objectif.

  • Speaker #0

    Pourtant, tu dis contrainte à plusieurs reprises.

  • Speaker #1

    Oui, forcément. Quand tu te dis, je vais mettre tous mes téléopérateurs en France, tu ne cèdes pas à la facilité. Forcément, tu pourrais le faire plus simple. Donc, ce n'est plus, entre guillemets, effectivement contraignant. Mais parce que tu te fixes des objectifs ambitieux mais réalistes, les fameux SMART, objectifs SMART, tu arrives pas à pas. En fait, l'organisme tiers indépendant qui t'audite ne va pas te sanctionner si tu as échoué à 98%. Eux, ce qui est important, c'est est-ce que tu es dans la philosophie de ta raison d'être ? Est-ce que... tu es en chemin.

  • Speaker #0

    Sauf qu'entre temps, j'ai croisé une pandémie, j'ai croisé une guerre en Ukraine qui fait que les produits, les matériaux sont devenus beaucoup plus chers, donc je n'ai pas pu atteindre...

  • Speaker #1

    Eh bien, c'est pas grave.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sanctionné par l'audit ? Non.

  • Speaker #1

    Sinon, on va avoir toute cette tendance à se faire des objectifs plus faciles. Pour être sûr de l'atteindre, ce n'est pas le but. Moi, pour Explorissima, je me suis fixé des objectifs de référencer... tous les points d'intérêt touristiques en France. Finalement, ça prend un peu plus de temps parce que j'ai souhaité partir en face pilote, en no-code, etc. En no-code ? En no-code. Donc, je me suis formée pour développer la plateforme en no-code parce que je ne sais pas coder. C'est quoi le code ? Que je ne sais pas coder, donc. Les écrans noirs et des écritures dans tous les sens, ça me... Je comprends. Donc, voilà. Le site et l'application. le site et l'application, on l'appartient nos codes pour faire le pilote. Mais ça, tu l'expliques, tu dis voilà. Par contre, il y a tout le travail de la base de données, il y a tout ce travail-là qui est en train d'être fait. Donc, tu expliques pourquoi. En fait, tu expliques le chemin que tu prends. Tu vois ?

  • Speaker #0

    Je me mets à la place du dirigeant qui sait se fixer des objectifs, sait réaliser et remettre en question sa vision d'entreprise et se dit mais c'est bien joli tout ça, mais moi je le fais déjà, je n'ai pas besoin d'être en entreprise à mission.

  • Speaker #1

    Ben oui, et alors ? Oui, on peut toujours rester dans sa zone de confort et de faire toujours comme avant.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça m'apporte de plus, pourrait nous dire ce dirigeant ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas s'il faut réfléchir dans qu'est-ce que ça va m'apporter. Là, j'ai l'impression d'entendre encore un truc, ok, je vais le faire parce que ça me fait ramener plus de business. En fait, ce n'est pas du tout là. Là, on touche à l'âme de l'entreprise. Et des dirigeants. Et des dirigeants. C'est qu'est-ce que moi, est-ce que j'ai toujours envie de mener mon entreprise, de la diriger ? comme je fais jusqu'à présent, ou est-ce que j'ai envie peut-être de lui donner une autre dimension, de contribuer à plus grand que soi, donc c'est presque spirituel, de faire quelque chose de plus grand que soi parce qu'on ne peut plus entreprendre comme on entreprenait jusqu'à présent, et de se dire finalement mon entreprise elle va me survivre. Elle va me survivre mon entreprise. Donc, quelle dimension je lui donne pour qu'avec mes collaborateurs, finalement, on ait une super belle boîte dans laquelle on se sent bien, on fait des beaux produits ou des beaux services, et en plus, on contribue à faire un monde meilleur autour de nous, à notre juste mesure. On ne va pas révolutionner le monde entier, ce n'est pas possible. Mais travailler avec des fournisseurs locaux, faire attention à ne pas gaspiller de l'eau, peu importe, c'est vraiment ça l'état d'esprit.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on se dit quand on se retrouve entre entreprises à mission ? Parce que tu fais partie de réseau. On parle de quoi très concrètement ?

  • Speaker #1

    Oui, je fais partie de l'ambassade de la Nouvelle-Aquitaine, de la communauté des entreprises à mission. Peut-être pour te redonner quelques chiffres, en France, on vient de passer la barre des 2000 sociétés à mission. Et ça représente plus de 1 million de collaborateurs en France qui travaillent dans une société à mission. Donc, ça ne fait depuis 2019 que de monter. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai que les sociétés à mission, ce n'est pas que les entreprises du CAC 40. Ah non,

  • Speaker #1

    moi, je suis une startup, je suis en solopreneur toute seule. Ça va du solopreneur à l'entreprise du CAC 40. Il y a même des banques qui sont entreprises à mission. Qu'est-ce qu'on se dit ? Bon, on parle classiquement, comme dans tout réseau d'entreprises ou autre. Mais pour autant, là, on avait organisé un gros événement à la Cité du Vin de Bordeaux. l'année dernière. Et c'était le thème, par exemple, il y avait une table ronde, c'était le pouvoir transformatif de la qualité de société à mission. Et c'était vraiment de dire, ben oui, en fait, quand on se dote d'une raison d'être et d'objectif, on va venir transformer. Déjà soi-même en tant que dirigeant, parce qu'on fait des prises de conscience, on avance. On transforme son codire, on transforme toutes ses équipes, la façon dont elles vont travailler et collaborer ensemble. On transforme un petit peu aussi son écosystème autour. Donc on discute de ce genre de choses, tu vois, sans être trop non plus dans les trucs ésotériques ou phytosanatiques. Mais on se dit concrètement comment on fait.

  • Speaker #0

    La philo-pragmatique.

  • Speaker #1

    Voilà, comment on... On a associé les collaborateurs pour travailler sur la mission. Comment concrètement on l'incarne au quotidien ? Comment on embarque les collaborateurs dans cette démarche ?

  • Speaker #0

    Oui, et c'est ma question d'après. En quoi ça impacte le management et même le rapport au travail ?

  • Speaker #1

    Bien évidemment, tu vas dans une entreprise à mission prendre soin de comment je traite mes collaborateurs.

  • Speaker #0

    Donne-nous des exemples.

  • Speaker #1

    Alors, exemple. Comme disait Benoît... ils ont créé des groupes de travail sur voilà, certains veulent faire la semaine de 4 jours, ok testez, ceux qui peuvent je vais dire qui peuvent le faire vraiment et qui ont envie, testez-le et si ça marche, il n'y a pas de soucis ça y est, ça s'est mis en place donc ça va avoir des impacts sur la montée en compétences des collaborateurs leur rythme de travail peut-être même leur cadre de travail tu vois en fonction des tenues de sécurité, je ne sais quoi. Donc oui, ça a un impact sur le collaborateur. Pas à pas, on va en créer de nouvelles façons de faire, de nouvelles façons de manager, peut-être plus souples, peut-être plus participatives, peut-être plus orientées dans le bien-être de tous dans l'entreprise.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que ce ne sont pas, en temps de crise, je reviens à l'augmentation des matériaux avec l'Ukraine, je reviens à la pandémie, est-ce que ce ne sont pas des choses qui deviennent... plus facilement et rapidement accessoires en temps de crise ?

  • Speaker #1

    Ah oui, je pense que oui, oui. Quand l'environnement extérieur se durcit, je pense qu'on peut, pareil, encore une fois, céder la facilité en disant « Ok, on revient au truc bien hiérarchique, bien directif, qu'on connaît ou qu'on a connu. » Du coup,

  • Speaker #0

    comment provoquer un changement beaucoup plus profond et durable ?

  • Speaker #1

    Alors, mais justement, je pense que quand tu es entreprise à mission et que tu as mis en place une façon de travailler comme ça, pour moi, ça développe quand même ta résilience. Parce que du coup, si tu as une façon de gérer tes équipes, si tu crées vraiment un écosystème autour de toi avec tes fournisseurs et tes clients, quand ça bouge, il y a plus, je pense, plus d'entraide, plus de solidarité. Je pense qu'on est plus résilient. Tu te retrouves sur des valeurs profondes.

  • Speaker #0

    Dernière question, Lauriane. Quelle différence tu observes entre ton intention de départ ? il y a trois ans, quand tu créais Explorissima, et la réalité aujourd'hui. Qu'est-ce que tu aurais envie de dire à Lauriane d'il y a trois ans qui se lance dans cette démarche de société à mission en créant Explorissima ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais, tu as raison de te lancer en entreprise à mission. Le chemin va être plus long que ce que tu pensais. Moi qui suis un peu impatiente, voilà. Mais c'est un beau chemin qui fait que tu matures. Vas-y fonce, ça va ! Ça va secouer un peu, ça va mettre plus de temps que prévu, mais tu es dans la bonne direction. Tu es dans le vrai. C'est ça.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il dit Franck Maurice ?

  • Speaker #1

    Alors justement, lui il accompagne les entreprises pour devenir entreprise à mission. Et c'est un acolyte de la communauté des entreprises à mission Nouvelle-Aquitaine. Et alors lui, j'adore sa citation, on ne changera pas le monde avec de l'eau tiède, mais avec de l'audace. Et donc c'est exactement ça. Si vous avez envie d'aller plus en avant, que vous avez cette conviction intime que vous pouvez aller plus loin dans votre entreprise et contribuer à plus grand, allez-y, lancez-vous.

  • Speaker #0

    Et j'entends l'audace de chercher à l'intérieur de soi ce pourquoi aussi.

  • Speaker #1

    Voilà, se re-questionner.

  • Speaker #0

    Pas autant de temps dans la vie professionnelle.

  • Speaker #1

    Et de se dire, je me re-questionne et en fait, allez, j'y vais. Je sens qu'il y a quelque chose à faire, j'y vais.

  • Speaker #0

    Bon, nous, on est arrivés pour le coup.

  • Speaker #1

    On a vu nos magnifiques Pyrénées, nos Pyrénées.

  • Speaker #0

    Nos Pyrénées, exactement. Notre mission est accomplie. Est-ce que la montagne te donne une raison d'être et pas seulement de faire ?

  • Speaker #1

    Toujours en permanence et on repart en rando ?

  • Speaker #0

    C'est parti.

  • Speaker #1

    C'est parti.

  • Speaker #0

    Merci Lauriane.

  • Speaker #1

    Merci David.

Chapters

  • Une définition de l’entreprise à mission selon toi ?

    00:51

  • Des auditeurs peuvent se dire "Mais j’ai déjà fixé un cap. Quelle différence avec une entreprise classique ?"

    02:07

  • On commence par quoi quand on veut devenir entreprise à mission ?

    03:17

  • Un exemple concret d’une transition d’une entreprise classique vers une entreprise à mission ?

    04:26

  • Et au-delà de la vision, comment juridiquement on peut devenir entreprise à mission ?

    05:10

  • Il existe des contrôles ou audits obligatoires pour les entreprises à mission ?

    05:50

  • Un exemple concret d’une société à mission qui a retravaillé ses processus de production ?

    07:11

  • Certains peuvent se dire “oui, mais je deviens entreprise à mission, ça ne va pas rapporter”. Comment trouver le juste compromis ?

    08:24

  • Raconte-nous le parcours d’Explorissima et comment c'est devenu une entreprise à mission ?

    09:10

  • Comment on détermine ce qui est bon, ce qui respecte l'environnement dans ton cas, ce qui est juste pour son entreprise ?

    10:53

  • L'entreprise à mission, c'est une façon d’emprunter les codes de l'ESS et de les mettre au profit d'une entreprise capitalistique ?

    14:04

  • Quels risques si on atteint pas les objectifs fixés de l'entreprise à mission ? Il y a des sanctions d'audit ?

    16:30

  • Qu'est-ce que ça apporte de plus aux dirigeants de devenir entreprise à mission ?

    18:48

  • Vous échangez, vous vous conseillez entre entreprises à mission ?

    20:06

  • En quoi ça impacte le management et même le rapport au travail ?

    21:47

  • En temps de crise,est-ce que l’entreprise à mission ne devient pas plus facilement “accessoire” ? Comment opérer un changement durable ?

    22:39

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Description

Bienvenue sur la chaîne de La graine inspirante, des podcasts du management.

David Rival reçoit Lauriane Recouvrot, qui dirigeante d’une société à mission pour parler de ce mode de gouvernance inspirant.

Elle est membre du Conseil d’Administration de GERME et fondatrice d'Explorissima.


Comment définir l'entreprise à mission ?

Une société à mission, c'est un nouveau modèle d'entreprise. C'est une autre façon d'entreprendre où en fait, la finalité de l'entreprise, c'est une partie business certes, pour assurer sa pérennité. Mais c'est avant tout mettre en avant et en priorité le bien commun, le bien de tous, que ce soit sociétal ou environnemental. Dans une société à mission, il y a un cadre juridique où l'on pose des engagements.


Par quoi on commence quand on veut devenir entreprise à mission ?

Pour une entreprise existante, ça peut venir de valeurs personnelles et de la part :

  • soit du dirigeant qui se dit « On est dans un monde qui évolue. On ne peut plus entreprendre comme il y a 20 ans."

  • soit ça peut venir des collaborateurs, qui peuvent avoir des idées

  • voire même dans le cas d'Amicio, c'est venu du client qui a dit “pourquoi vous ne passez pas entreprise à mission ? Il faut plus d'inclusion, de diversité.”


Quel cadre juridique et audit pour les entreprises à mission ?

La loi de pacte date de 2019 dit : "les entreprises peuvent se doter d'une raison d'être, qu'elles vont inscrire dans leurs statuts". C'est une finalité, et en une phrase assez courte, tournée vers le bien commun. En fonction d’elle, on se fixe des objectifs environnementaux et sociétaux, qui seront déclinés opérationnellement.


Quand tu es entreprise à mission, tous les 18-24 mois à 3 ans, tu es audité par un organisme tiers indépendant qui vérifie. C’est un peu un suivi de :

  • comment tu as formulé ta raison d'être et comment tu l’incarnes

  • comment tu as décliné les objectifs, voir si ils sont suffisamment ambitieux

  • comment concrètement tu traduis ça en action (processus de production revu etc.)


Un exemple d'entreprise à mission ?

Par exemple, j'ai discuté avec Edwige, qui est responsable du suivi de la mission chez Maison Pontier. Comme ils sont en société à mission, ils ont travaillé avec leurs équipes sur comment retravailler le processus de fabrication de purée de fruits pour ne plus avoir de fruits avec des traces de pesticides, pour consommer moins d'eau…


Une entreprise à mission, est-ce bien raisonnable économiquement ?

J'ai envie de dire que c'est un chemin. C'est-à-dire qu'on a une finalité. Et ce que me disait une fois Benoît d’Amicio, c'est qu’il a perdu à un moment des clients.Mais il en a gagné d'autres qui étaient plus alignés dans ces valeurs-là.Donc oui, on peut perdre du business sur certains aspects, mais d'un autre côté, vu les valeurs incarnées, on va gagner d'autres clients, fournisseurs, prestataires parce qu'on se retrouve sur certaines valeurs.


Raconte-nous la création de ton entreprise à mission.

Explorissima, c'est un site web, une application qui vous permet d'avoir tous vos guides de voyage en poche, avec un carnet de voyage pour partager vos pépites à vos proches. Le tourisme, c'est quand même 11% des gaz à effet de serre dans le monde. On va de plus en plus vers le locatourisme, donc partir pas très loin de chez soi, découvrir des petites pépites dans les territoires. C'était évident. Ma raison d'être, c'est promouvoir un tourisme durable et créer un impact local positif. Donc typiquement, je vais éviter de répertorier une activité de type jet-ski qui saccage les fonds marins.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Permettre à chacun de vivre pleinement des expériences sans laisser d'autres empreintes que celles de ses pas.

  • Speaker #1

    Apporter la santé par l'alimentation au plus grand nombre.

  • Speaker #0

    Proposer des produits et services pour la maison au bénéfice de l'homme avec un grand H et de la planète.

  • Speaker #1

    Défendre le fruit gourmand, sain et responsable.

  • Speaker #0

    Révéler la noblesse des métiers de la relation client pour la mettre au service de l'homme et de la société. C'est quoi le point commun entre ces jolies formules ?

  • Speaker #1

    C'est tout simplement les raisons d'être. de plusieurs sociétés à mission. Donc, il y a Aigle, Danone, Camif, Maison Pontier et Amicio, par exemple.

  • Speaker #0

    Maison Pontier et Amicio particulièrement, parce que tu connais bien ces exemples-là.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'ils font partie de l'ambassade de la communauté des entreprises à mission de Nouvelle-Aquitaine. Et je connais personnellement Edwige et Benoît.

  • Speaker #0

    Et tu vas nous en parler. Une société à mission, c'est quoi ? C'est un label ? C'est une estampille ? C'est un agrément ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Une société à mission, c'est un nouveau modèle d'entreprise. C'est une autre façon d'entreprendre où en fait, la finalité de l'entreprise, c'est oui de faire du business bien évidemment pour assurer sa pérennité et croître. Mais c'est avant tout mettre en avant et en priorité le bien commun, le bien de tous, que ce soit sociétal ou environnemental.

  • Speaker #0

    C'est une déclaration d'intention d'abord.

  • Speaker #1

    Exactement. Tout d'abord, et c'est ce qu'on appelle dans la raison d'être, c'est vraiment... une intention, un cap qu'on se fixe. Donc l'entreprise se fixe un cap, une finalité première et qui est d'apporter ce bien commun au niveau sociétal et environnemental. Et cette raison d'être, on le verra après, elle est inscrite, vraiment elle va venir guider toute la stratégie de l'entreprise et va venir se retrouver incarnée au quotidien dans toutes les décisions stratégiques ou opérationnelles, dans la façon de gérer ses collaborateurs, dans la façon d'interagir. avec son écosystème, que ce soit ses clients, ses fournisseurs et autres. Ça vient vraiment soit asseoir, si on était déjà dans cette dynamique, soit renforcer, soit donner un nouvel élan, mais ça vient vraiment toucher l'ADN même de l'entreprise en fait.

  • Speaker #0

    Mais il y a des dirigeants d'entreprise qui nous écoutent, il y a des managers qui nous écoutent et qui se disent mais on a déjà ça, on le fait déjà, sauf qu'on ne l'a pas nommé raison d'être.

  • Speaker #1

    Oui, peut-être, sûrement. Sûrement, et d'ailleurs... D'ailleurs, il y a des grosses entreprises qui se disent, tiens, je vais inscrire dans mes statuts une raison d'être. Donc, ce cap, cette finalité, sans pour autant devenir société à mission. Parce que société à mission, on va le voir juste après, c'est quand même un cadre. Il y a un cadre juridique qui permet de vraiment asseoir aussi la crédibilité de ce modèle, qui peut être perçu comme contraignant et pour autant qui, derrière, délivre beaucoup de valeur et va venir asseoir les objectifs que la société à mission se fixe. Merci. que ce soit au niveau sociétal, environnemental, le fait de décider, je prends le statut de société à mission, qui est le nom juridique, ça vient poser des engagements forts. Une raison d'être, ce n'est pas un slogan publicitaire qu'on met en bas de ses panneaux 4x4 ou sur son site internet. Oui,

  • Speaker #0

    il y a l'IA pour ça. L'IA peut me fabriquer une raison d'être.

  • Speaker #1

    Exactement. Quand on passe entreprise à mission, il y a entre 6 mois quand on est une toute petite entreprise jusqu'à 18 mois quand on est une grosse entreprise, de réflexion. C'est-à-dire que...

  • Speaker #0

    On commence par quoi ? Donne-nous des exemples. Tu connais bien Pontier et Amicio. Qu'est-ce qui se passe chez eux ce jour-là ? On commence par quoi ?

  • Speaker #1

    Si tu veux bien, je vais te donner le cas général, puis je vais illustrer avec l'exemple d'Amicio. Pour une entreprise existante, la dynamique peut venir soit du dirigeant qui se dit « Tiens, on est quand même dans un monde qui évolue. On ne peut plus entreprendre comme on entreprenait il y a 10-20 ans. Et j'ai foi en... Il faut qu'on fasse... » du business autrement. Donc ça veut dire que ça vient vraiment toucher, j'ai envie de dire, le dirigeant ou l'équipe dirigeante, mais vraiment au plus profond de soi, il faut que mon entreprise se développe différemment par rapport à ce qu'elle faisait avant. Donc soit ça vient de l'équipe dirigeante, soit des fois les premières réflexions, on sent que c'est un peu sa trémousse, c'est dans les collaborateurs qui peuvent avoir des idées, ou voire même dans le cas d'Amissio, ça je vais vous le dire après, c'est venu carrément du client qui a dit, tiens pourquoi vous ne passez pas entreprise à mission. Les ressources ne sont pas illimitées, il faut plus d'inclusion, plus de diversité, il y a quelque chose à faire.

  • Speaker #0

    C'est d'abord une affaire de valeur personnelle,

  • Speaker #1

    c'est ça que j'entends. C'est une valeur personnelle.

  • Speaker #0

    Chez Amicio, ça ressemble à quoi ?

  • Speaker #1

    Chez Amicio, Benoît, ce qu'il m'expliquait, c'est qu'en fait, dans le cadre d'une fusion, les équipes dirigées étaient en train de réfléchir, retravailler les valeurs communes. Dans le cadre d'une fusion, il faut bien rassembler tout ça pour créer un nouvel élan constructif et positif, j'ai envie de dire. Dans le cadre de la fusion, bien évidemment, les collaborateurs étaient associés, mais aussi, ils ont été interviewés des clients pour voir comment leurs clients allaient vivre cette nouvelle entreprise, la nouvelle offre, etc. Et c'est deux de leurs clients qui, dans le cadre des échanges, leur ont dit « Mais en fait, vous mettez l'amour du client au centre même de votre business. » Mais vous êtes déjà une entreprise à mission. Et en fait, l'entreprise à mission, elle date de pas longtemps. La loi de pacte date de 2019.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'elle nous dit en 2019, cette loi ?

  • Speaker #1

    Cette loi, c'est justement ce que je suis en train d'expliquer. C'est de se dire, les entreprises peuvent se doter d'une raison d'être, qu'elles vont aller inscrire dans leur statut. Donc vraiment, tu déposes tes statuts au greffe, tu as une raison d'être. Et cette raison d'être, qui est une finalité, un cap, qui est une phrase en général assez courte, mais qui est très tournée vers... le bien commun vers l'extérieur, tu vas te dire, ok, dans tes statuts, on va suivre, on va se fixer des objectifs environnementaux et sociétaux. En général, il y en a deux ou trois, tout dépend de la taille de l'entreprise, qui sont assez stratégiques, assez généraux, parce que ça reste dans les statuts. Et ensuite, opérationnellement, on va les décliner. Ça veut dire quoi ? Dès que tu es entreprise à mission, tous les 18-24 mois à 3 ans, tu es audité par un organisme tiers indépendant. Qui va venir vérifier comment tu as formulé ta raison d'être, comment tu as décliné ça en objectifs environnementaux et sociétaux qui sont cohérents, suffisamment ambitieux par rapport à ton entreprise, où est-ce qu'elle en est dans sa maturité, et comment tu pilotes tout ça et qu'est-ce que tu mets concrètement en œuvre sur le terrain.

  • Speaker #0

    C'est une vitalité tout ça.

  • Speaker #1

    J'irais dire que c'est plutôt du suivi de comment tu incarnes. Comment tu t'es doté de cette raison-là, de ce cap et comment tu dis ok, je vais revoir mon processus de production, je vais produire en respectant par exemple plus l'environnement, en respectant plus mes collaborateurs, plus mes clients, etc. Comment concrètement tu traduis ça en action et comment tu avances ? J'ai vécu mon premier OTI fin 2024, c'est vraiment un audit, OTI, organisme tiers indépendant. C'est vraiment très challengeant, c'est-à-dire qu'ils vont regarder, celle qui m'a audité m'a dit, Moi, les entreprises, si c'est pour dire j'ai mis du café à grains au lieu de café en capsule, non, ce n'est pas ça être une société à mission. Il faut être ambitieux.

  • Speaker #0

    Ça ne peut pas être du greenwashing ou du social washing.

  • Speaker #1

    Non, c'est ce qui fait aussi la force du modèle. C'est-à-dire qu'il y a une contrainte, puisqu'il y a ce cadre qu'on doit respecter, mais d'un autre côté, c'est des engagements forts. On a un comité de mission qui se réunit 3-4 fois par an avec des membres internes, ça peut être des salariés, mais des experts externes qu'on choisit. Et ils vont venir regarder comment tu mets en œuvre tout ça sur le terrain. Par exemple, là, j'ai discuté avec Edwige, de la Maison Pontier, qui est responsable du suivi de la mission chez Maison Pontier. Comme ils sont en société à mission, ils ont travaillé avec leurs équipes sur comment retravailler notre processus de fabrication de purée de fruits pour, par exemple, ne plus avoir de fruits avec des traces de pesticides, pour consommer moins d'eau, etc. Donc, c'est vraiment très concret. Benoît, par exemple, chez Amicio, me disait Merci. Nous, par exemple, tous nos collaborateurs sont 100% localisés en France. En termes de prix, c'est quand même un choix. C'est parce qu'on a cette finalité de faire notre travail de cette façon-là, ça a des implications économiques et stratégiques.

  • Speaker #0

    Pour le coup, c'est très subjectif tout ça. Certains vont considérer qu'on est dans... Quelque chose de supérieur à seulement une démarche RSE quand on fait ça. D'autres se disent, oui, mais si on fait ça, ça ne va pas rapporter. Comment on trouve le juste compromis ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire que c'est un chemin. C'est-à-dire qu'on a une finalité. Et ce que me disait une fois Benoît, c'est que du coup, il a perdu un moment des clients. Forcément. Mais il en a gagné d'autres qui étaient plus alignés dans ces valeurs-là. Là, il me disait, typiquement, on a revu tout notre système de prévoyance pour nos collaborateurs. On a pris quelqu'un en local. C'est marrant parce que cette entreprise d'assurance en local va devenir elle-même entreprise à mission finalement. Donc oui, on peut perdre du business sur certains aspects, mais d'un autre côté, vu qu'on affiche ces valeurs-là et qu'on incarne ça, on va gagner d'autres clients ou d'autres fournisseurs ou d'autres prestataires parce qu'on se retrouve sur certaines valeurs. C'est challengeant au quotidien, on est chahuté.

  • Speaker #0

    Toi, tu l'as été.

  • Speaker #1

    Moi, je le suis.

  • Speaker #0

    Tu l'es au quotidien, tu diriges Explorissima. et dès le départ... dès le moment où tu décides de créer cette startup, tu décides d'aller sur l'entreprise à mission. D'abord, le pitch d'Explore SEMA en quelques secondes.

  • Speaker #1

    Alors, Explorissima, c'est un site web, une application qui révolutionne la façon de partir en vacances. C'est un compagnon de voyage tout en un. Vous avez tous vos guides de voyage dans votre poche. Et quand vous trouvez ce que vous aimez, vous l'enregistrez dans votre carnet de voyage que vous partagez avec vos proches.

  • Speaker #0

    Ça, c'était le pitch. On est en 2022. Tu quittes un emploi que tu occupes depuis de nombreuses années pour créer Explorissima. Et dès le départ, tu as cette envie de créer Explorissima en société à mission. C'est quand même se rajouter des sérieuses contraintes ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne me suis pas posé la question, est-ce que ça allait me rajouter des contraintes ? Pour moi, c'était évident. Le tourisme, c'est quand même 11% des gaz à effet de serre dans le monde. Le tourisme, on va de plus en plus vers ce qu'on appelle le locatourisme, donc partir pas très loin de chez soi, moins prendre l'avion. Donc pour moi, je ne me voyais pas... Alors déjà, je suis anti-surtourisme. J'aime bien tout ce qui est tourisme authentique, aller découvrir des petites pépites dans les territoires. C'était évident. Ma raison d'être, c'est promouvoir un tourisme durable et créer un impact local positif. Et pour moi, c'est ce qui me guide au quotidien, et c'est valable pour toutes les sociétés à mission, c'est vraiment une boussole, en fait. Donc typiquement, je ne vais pas aller répertorier une activité de type, j'en sais rien, jet-ski qui saccage les fonds marins autour de la France ou même ailleurs. Ça, pour moi, ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    Comment on détermine ce qui est bon, ce qui est juste, ce qui est respectueux de l'environnement ? Parce que par exemple, des scooters de mer électrique, ça tu pourrais le promouvoir ?

  • Speaker #1

    Ça, justement, ça veut dire que ça, il faut que j'aille regarder sur place ou que j'aille quelqu'un qui m'aide à dire, est-ce que ça, ça s'accajoue ou pas ? Parce que même si sur la surface, c'est électrique, qu'est-ce qui se passe en dessous ? Est-ce que les gens respectent ou pas ? Par défaut, je vais dire non au début, et puis si la personne revient à la charge, je vais aller regarder comment elle le fait.

  • Speaker #0

    L'éthique, ça reste quand même assez discutable. particulièrement dans cette période où parfois des politiques, des entrepreneurs peuvent remettre en cause certaines pratiques, certains usages en disant non, mais il n'y a pas de raison de nous taxer, d'être dépollueurs. Tout ça, on est quand même dans une vaste nébuleuse avec ces histoires de respect de l'environnement et de la démarche sociale.

  • Speaker #1

    Oui, mais après, c'est tout l'intérêt. D'ailleurs, dans cette nébuleuse où on ne sait plus trop qui dit quoi, qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui n'est pas vrai, et c'est valable pour tout, je trouve que le fait de se dire, OK, moi, je crois en ça, je veux développer mon entreprise comme ça, et entre guillemets, c'est à prendre ou à laisser, et il y a des trucs que je laisse de côté, ce n'est pas grave, en fait. Parce que moi, au moins, le matin, quand je me regarde dans la glace, je n'ai pas à rougir parce que je développe mon entreprise comme... Qu'est-ce qui, pour moi, au fond de mon ventre, vraiment mon intime conviction, c'est comme ça qu'il faut faire. C'est comme ça que j'ai envie de le faire. Après, quelqu'un pourrait faire complètement différemment. Moi, c'est important pour moi que mon visiteur, alors je suis encore une jeune start-up, j'ai encore plein de trucs à développer, mais il soit, moi j'appelle ça consomme-acteur, donc que je puisse lui mettre à disposition des informations pour trouver les petits producteurs locaux, qu'il soit carbone-acteur, et je suis en partenariat avec une entreprise d'ailleurs du Bairn, euh... pour décarboner tes nuités, tes trajets. Et l'argent collecté va, et j'ai été visiter une exploitation, à des agriculteurs qui mettent en place des techniques vertueuses. Et puis, patrimacteur, ça c'est mon rêve ultime, c'est qu'on puisse contribuer à la restauration du patrimoine français quand on est touriste sur un territoire.

  • Speaker #0

    Ça vient chercher quoi chez toi, chez Lauriane, tout ça ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas seulement, tiens, ça va être... Un argument de vente supplémentaire, ça parle de quoi dans ton histoire ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça touche au plus profond de mes valeurs personnelles, d'authenticité. Ça me fait tellement mal au cœur quand je vois des bouts de notre patrimoine français qui par manque d'argent par exemple ne peut pas être entretenu. Pour moi c'est l'histoire, on a un si beau pays, on a une telle histoire que ça doit être respecté, ça doit être entretenu, préservé. Donc, je ne sais pas, ça doit toucher cette valeur d'authenticité, de transmission aussi à nos générations futures. Et à l'heure où on est toujours un peu dans l'immédiateté, je trouve qu'avoir ce patrimoine qui passe de génération en génération et qui nous survit finalement, moi, je trouve qu'il n'y a rien de plus beau. Et ça vaut aussi pour la nature. Je dis patrimoine, les pierres, mais je parle aussi de la nature. Oui,

  • Speaker #0

    le très, très ancien patrimoine.

  • Speaker #1

    Oui, le très ancien, oui.

  • Speaker #0

    L'entreprise à mission, est-ce que c'est une façon d'emprunter l'écoute ? codes de l'économie sociale et solidaire, en tout cas d'en emprunter encore davantage, de les mettre au profit d'une entreprise, on va dire, capitalistique, notamment avec ce comité de mission composé de gens qui réfléchissent en permanence à performer sur des sujets qui ne sont pas ceux qui rapportent directement les sujets environnementaux et les sujets sociaux.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si on emprunte. Oui, bien évidemment, rien n'est cloisonné. J'ai envie de dire, l'entreprise se donne cette raison d'être, se fiche des objectifs sociétaux et environnementaux. Ça, c'est ce qui est vraiment marqué dans la loi. Et après, ceux qui vont venir travailler sur la déclinaison opérationnelle, ce sont des gens en interne et en externe. Et bien évidemment, ils vont aller puiser dans ce qui se fait le meilleur, comme tu dis, dans l'économie sociale et solidaire, dans toutes les démarches RSE. Finalement, peu importe. Pour moi, il n'y a pas de cloison, alors il faut faire comme si, il faut faire... Non, c'est de se dire, finalement, comment, c'est ce que Benoît Namissio me disait hier, comment nous, on souhaite que nos collaborateurs, par exemple, ils aient un degré d'autonomie quand ils répondent à leurs clients. Il dit, nous, on refuse. Enfin, on est en train, ce qui n'est pas facile à faire passer à leurs clients. On refuse d'avoir des trucs complètement scriptés. Parce que le client, ça l'agace en plus, ce qui est vrai. Les trucs tous scriptés où la personne reste dans son script, moi ça tombe m'agacer. Il récite le truc et il répond d'un côté. C'est comme quand tu effaces un chatbot qui ne répond jamais à ta question. Bref. Et donc là, lui, il essaye de former ses collaborateurs pour qu'ils aient cette latitude et qu'ils correspondent et qu'ils répondent vraiment à la demande du client et pas un truc scripté. Tout ça, par contre, ça décontrainte. C'est tellement plus facile de dire, je signe un client, tu me donnes le script, et puis après, moi, j'ai des téléconseillers qui vont réciter le script. C'est tellement plus intéressant de former des collaborateurs à avoir cette latitude pour vraiment être au service du client. Tout comme il m'a dit, on a, je crois qu'il s'était fixé 15% de premier emploi et de ce qu'il appelle rebond professionnel, donc entre guillemets des seniors. C'est important pour eux. d'offrir une première chance à ceux qui arrivent sur le marché, qui démarrent, et à ceux qui sont malheureusement les seniors, laissés de côté. Ils se sont fixés cet objectif et ils l'ont atteint.

  • Speaker #0

    Pour agir propre, pour être propre, il faut se fixer des contraintes. C'est ça l'idée de l'entreprise à mission ?

  • Speaker #1

    Moi, je n'appelle pas ça contrainte, j'appelle ça objectif.

  • Speaker #0

    Pourtant, tu dis contrainte à plusieurs reprises.

  • Speaker #1

    Oui, forcément. Quand tu te dis, je vais mettre tous mes téléopérateurs en France, tu ne cèdes pas à la facilité. Forcément, tu pourrais le faire plus simple. Donc, ce n'est plus, entre guillemets, effectivement contraignant. Mais parce que tu te fixes des objectifs ambitieux mais réalistes, les fameux SMART, objectifs SMART, tu arrives pas à pas. En fait, l'organisme tiers indépendant qui t'audite ne va pas te sanctionner si tu as échoué à 98%. Eux, ce qui est important, c'est est-ce que tu es dans la philosophie de ta raison d'être ? Est-ce que... tu es en chemin.

  • Speaker #0

    Sauf qu'entre temps, j'ai croisé une pandémie, j'ai croisé une guerre en Ukraine qui fait que les produits, les matériaux sont devenus beaucoup plus chers, donc je n'ai pas pu atteindre...

  • Speaker #1

    Eh bien, c'est pas grave.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sanctionné par l'audit ? Non.

  • Speaker #1

    Sinon, on va avoir toute cette tendance à se faire des objectifs plus faciles. Pour être sûr de l'atteindre, ce n'est pas le but. Moi, pour Explorissima, je me suis fixé des objectifs de référencer... tous les points d'intérêt touristiques en France. Finalement, ça prend un peu plus de temps parce que j'ai souhaité partir en face pilote, en no-code, etc. En no-code ? En no-code. Donc, je me suis formée pour développer la plateforme en no-code parce que je ne sais pas coder. C'est quoi le code ? Que je ne sais pas coder, donc. Les écrans noirs et des écritures dans tous les sens, ça me... Je comprends. Donc, voilà. Le site et l'application. le site et l'application, on l'appartient nos codes pour faire le pilote. Mais ça, tu l'expliques, tu dis voilà. Par contre, il y a tout le travail de la base de données, il y a tout ce travail-là qui est en train d'être fait. Donc, tu expliques pourquoi. En fait, tu expliques le chemin que tu prends. Tu vois ?

  • Speaker #0

    Je me mets à la place du dirigeant qui sait se fixer des objectifs, sait réaliser et remettre en question sa vision d'entreprise et se dit mais c'est bien joli tout ça, mais moi je le fais déjà, je n'ai pas besoin d'être en entreprise à mission.

  • Speaker #1

    Ben oui, et alors ? Oui, on peut toujours rester dans sa zone de confort et de faire toujours comme avant.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça m'apporte de plus, pourrait nous dire ce dirigeant ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas s'il faut réfléchir dans qu'est-ce que ça va m'apporter. Là, j'ai l'impression d'entendre encore un truc, ok, je vais le faire parce que ça me fait ramener plus de business. En fait, ce n'est pas du tout là. Là, on touche à l'âme de l'entreprise. Et des dirigeants. Et des dirigeants. C'est qu'est-ce que moi, est-ce que j'ai toujours envie de mener mon entreprise, de la diriger ? comme je fais jusqu'à présent, ou est-ce que j'ai envie peut-être de lui donner une autre dimension, de contribuer à plus grand que soi, donc c'est presque spirituel, de faire quelque chose de plus grand que soi parce qu'on ne peut plus entreprendre comme on entreprenait jusqu'à présent, et de se dire finalement mon entreprise elle va me survivre. Elle va me survivre mon entreprise. Donc, quelle dimension je lui donne pour qu'avec mes collaborateurs, finalement, on ait une super belle boîte dans laquelle on se sent bien, on fait des beaux produits ou des beaux services, et en plus, on contribue à faire un monde meilleur autour de nous, à notre juste mesure. On ne va pas révolutionner le monde entier, ce n'est pas possible. Mais travailler avec des fournisseurs locaux, faire attention à ne pas gaspiller de l'eau, peu importe, c'est vraiment ça l'état d'esprit.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on se dit quand on se retrouve entre entreprises à mission ? Parce que tu fais partie de réseau. On parle de quoi très concrètement ?

  • Speaker #1

    Oui, je fais partie de l'ambassade de la Nouvelle-Aquitaine, de la communauté des entreprises à mission. Peut-être pour te redonner quelques chiffres, en France, on vient de passer la barre des 2000 sociétés à mission. Et ça représente plus de 1 million de collaborateurs en France qui travaillent dans une société à mission. Donc, ça ne fait depuis 2019 que de monter. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai que les sociétés à mission, ce n'est pas que les entreprises du CAC 40. Ah non,

  • Speaker #1

    moi, je suis une startup, je suis en solopreneur toute seule. Ça va du solopreneur à l'entreprise du CAC 40. Il y a même des banques qui sont entreprises à mission. Qu'est-ce qu'on se dit ? Bon, on parle classiquement, comme dans tout réseau d'entreprises ou autre. Mais pour autant, là, on avait organisé un gros événement à la Cité du Vin de Bordeaux. l'année dernière. Et c'était le thème, par exemple, il y avait une table ronde, c'était le pouvoir transformatif de la qualité de société à mission. Et c'était vraiment de dire, ben oui, en fait, quand on se dote d'une raison d'être et d'objectif, on va venir transformer. Déjà soi-même en tant que dirigeant, parce qu'on fait des prises de conscience, on avance. On transforme son codire, on transforme toutes ses équipes, la façon dont elles vont travailler et collaborer ensemble. On transforme un petit peu aussi son écosystème autour. Donc on discute de ce genre de choses, tu vois, sans être trop non plus dans les trucs ésotériques ou phytosanatiques. Mais on se dit concrètement comment on fait.

  • Speaker #0

    La philo-pragmatique.

  • Speaker #1

    Voilà, comment on... On a associé les collaborateurs pour travailler sur la mission. Comment concrètement on l'incarne au quotidien ? Comment on embarque les collaborateurs dans cette démarche ?

  • Speaker #0

    Oui, et c'est ma question d'après. En quoi ça impacte le management et même le rapport au travail ?

  • Speaker #1

    Bien évidemment, tu vas dans une entreprise à mission prendre soin de comment je traite mes collaborateurs.

  • Speaker #0

    Donne-nous des exemples.

  • Speaker #1

    Alors, exemple. Comme disait Benoît... ils ont créé des groupes de travail sur voilà, certains veulent faire la semaine de 4 jours, ok testez, ceux qui peuvent je vais dire qui peuvent le faire vraiment et qui ont envie, testez-le et si ça marche, il n'y a pas de soucis ça y est, ça s'est mis en place donc ça va avoir des impacts sur la montée en compétences des collaborateurs leur rythme de travail peut-être même leur cadre de travail tu vois en fonction des tenues de sécurité, je ne sais quoi. Donc oui, ça a un impact sur le collaborateur. Pas à pas, on va en créer de nouvelles façons de faire, de nouvelles façons de manager, peut-être plus souples, peut-être plus participatives, peut-être plus orientées dans le bien-être de tous dans l'entreprise.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que ce ne sont pas, en temps de crise, je reviens à l'augmentation des matériaux avec l'Ukraine, je reviens à la pandémie, est-ce que ce ne sont pas des choses qui deviennent... plus facilement et rapidement accessoires en temps de crise ?

  • Speaker #1

    Ah oui, je pense que oui, oui. Quand l'environnement extérieur se durcit, je pense qu'on peut, pareil, encore une fois, céder la facilité en disant « Ok, on revient au truc bien hiérarchique, bien directif, qu'on connaît ou qu'on a connu. » Du coup,

  • Speaker #0

    comment provoquer un changement beaucoup plus profond et durable ?

  • Speaker #1

    Alors, mais justement, je pense que quand tu es entreprise à mission et que tu as mis en place une façon de travailler comme ça, pour moi, ça développe quand même ta résilience. Parce que du coup, si tu as une façon de gérer tes équipes, si tu crées vraiment un écosystème autour de toi avec tes fournisseurs et tes clients, quand ça bouge, il y a plus, je pense, plus d'entraide, plus de solidarité. Je pense qu'on est plus résilient. Tu te retrouves sur des valeurs profondes.

  • Speaker #0

    Dernière question, Lauriane. Quelle différence tu observes entre ton intention de départ ? il y a trois ans, quand tu créais Explorissima, et la réalité aujourd'hui. Qu'est-ce que tu aurais envie de dire à Lauriane d'il y a trois ans qui se lance dans cette démarche de société à mission en créant Explorissima ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais, tu as raison de te lancer en entreprise à mission. Le chemin va être plus long que ce que tu pensais. Moi qui suis un peu impatiente, voilà. Mais c'est un beau chemin qui fait que tu matures. Vas-y fonce, ça va ! Ça va secouer un peu, ça va mettre plus de temps que prévu, mais tu es dans la bonne direction. Tu es dans le vrai. C'est ça.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il dit Franck Maurice ?

  • Speaker #1

    Alors justement, lui il accompagne les entreprises pour devenir entreprise à mission. Et c'est un acolyte de la communauté des entreprises à mission Nouvelle-Aquitaine. Et alors lui, j'adore sa citation, on ne changera pas le monde avec de l'eau tiède, mais avec de l'audace. Et donc c'est exactement ça. Si vous avez envie d'aller plus en avant, que vous avez cette conviction intime que vous pouvez aller plus loin dans votre entreprise et contribuer à plus grand, allez-y, lancez-vous.

  • Speaker #0

    Et j'entends l'audace de chercher à l'intérieur de soi ce pourquoi aussi.

  • Speaker #1

    Voilà, se re-questionner.

  • Speaker #0

    Pas autant de temps dans la vie professionnelle.

  • Speaker #1

    Et de se dire, je me re-questionne et en fait, allez, j'y vais. Je sens qu'il y a quelque chose à faire, j'y vais.

  • Speaker #0

    Bon, nous, on est arrivés pour le coup.

  • Speaker #1

    On a vu nos magnifiques Pyrénées, nos Pyrénées.

  • Speaker #0

    Nos Pyrénées, exactement. Notre mission est accomplie. Est-ce que la montagne te donne une raison d'être et pas seulement de faire ?

  • Speaker #1

    Toujours en permanence et on repart en rando ?

  • Speaker #0

    C'est parti.

  • Speaker #1

    C'est parti.

  • Speaker #0

    Merci Lauriane.

  • Speaker #1

    Merci David.

Chapters

  • Une définition de l’entreprise à mission selon toi ?

    00:51

  • Des auditeurs peuvent se dire "Mais j’ai déjà fixé un cap. Quelle différence avec une entreprise classique ?"

    02:07

  • On commence par quoi quand on veut devenir entreprise à mission ?

    03:17

  • Un exemple concret d’une transition d’une entreprise classique vers une entreprise à mission ?

    04:26

  • Et au-delà de la vision, comment juridiquement on peut devenir entreprise à mission ?

    05:10

  • Il existe des contrôles ou audits obligatoires pour les entreprises à mission ?

    05:50

  • Un exemple concret d’une société à mission qui a retravaillé ses processus de production ?

    07:11

  • Certains peuvent se dire “oui, mais je deviens entreprise à mission, ça ne va pas rapporter”. Comment trouver le juste compromis ?

    08:24

  • Raconte-nous le parcours d’Explorissima et comment c'est devenu une entreprise à mission ?

    09:10

  • Comment on détermine ce qui est bon, ce qui respecte l'environnement dans ton cas, ce qui est juste pour son entreprise ?

    10:53

  • L'entreprise à mission, c'est une façon d’emprunter les codes de l'ESS et de les mettre au profit d'une entreprise capitalistique ?

    14:04

  • Quels risques si on atteint pas les objectifs fixés de l'entreprise à mission ? Il y a des sanctions d'audit ?

    16:30

  • Qu'est-ce que ça apporte de plus aux dirigeants de devenir entreprise à mission ?

    18:48

  • Vous échangez, vous vous conseillez entre entreprises à mission ?

    20:06

  • En quoi ça impacte le management et même le rapport au travail ?

    21:47

  • En temps de crise,est-ce que l’entreprise à mission ne devient pas plus facilement “accessoire” ? Comment opérer un changement durable ?

    22:39

Description

Bienvenue sur la chaîne de La graine inspirante, des podcasts du management.

David Rival reçoit Lauriane Recouvrot, qui dirigeante d’une société à mission pour parler de ce mode de gouvernance inspirant.

Elle est membre du Conseil d’Administration de GERME et fondatrice d'Explorissima.


Comment définir l'entreprise à mission ?

Une société à mission, c'est un nouveau modèle d'entreprise. C'est une autre façon d'entreprendre où en fait, la finalité de l'entreprise, c'est une partie business certes, pour assurer sa pérennité. Mais c'est avant tout mettre en avant et en priorité le bien commun, le bien de tous, que ce soit sociétal ou environnemental. Dans une société à mission, il y a un cadre juridique où l'on pose des engagements.


Par quoi on commence quand on veut devenir entreprise à mission ?

Pour une entreprise existante, ça peut venir de valeurs personnelles et de la part :

  • soit du dirigeant qui se dit « On est dans un monde qui évolue. On ne peut plus entreprendre comme il y a 20 ans."

  • soit ça peut venir des collaborateurs, qui peuvent avoir des idées

  • voire même dans le cas d'Amicio, c'est venu du client qui a dit “pourquoi vous ne passez pas entreprise à mission ? Il faut plus d'inclusion, de diversité.”


Quel cadre juridique et audit pour les entreprises à mission ?

La loi de pacte date de 2019 dit : "les entreprises peuvent se doter d'une raison d'être, qu'elles vont inscrire dans leurs statuts". C'est une finalité, et en une phrase assez courte, tournée vers le bien commun. En fonction d’elle, on se fixe des objectifs environnementaux et sociétaux, qui seront déclinés opérationnellement.


Quand tu es entreprise à mission, tous les 18-24 mois à 3 ans, tu es audité par un organisme tiers indépendant qui vérifie. C’est un peu un suivi de :

  • comment tu as formulé ta raison d'être et comment tu l’incarnes

  • comment tu as décliné les objectifs, voir si ils sont suffisamment ambitieux

  • comment concrètement tu traduis ça en action (processus de production revu etc.)


Un exemple d'entreprise à mission ?

Par exemple, j'ai discuté avec Edwige, qui est responsable du suivi de la mission chez Maison Pontier. Comme ils sont en société à mission, ils ont travaillé avec leurs équipes sur comment retravailler le processus de fabrication de purée de fruits pour ne plus avoir de fruits avec des traces de pesticides, pour consommer moins d'eau…


Une entreprise à mission, est-ce bien raisonnable économiquement ?

J'ai envie de dire que c'est un chemin. C'est-à-dire qu'on a une finalité. Et ce que me disait une fois Benoît d’Amicio, c'est qu’il a perdu à un moment des clients.Mais il en a gagné d'autres qui étaient plus alignés dans ces valeurs-là.Donc oui, on peut perdre du business sur certains aspects, mais d'un autre côté, vu les valeurs incarnées, on va gagner d'autres clients, fournisseurs, prestataires parce qu'on se retrouve sur certaines valeurs.


Raconte-nous la création de ton entreprise à mission.

Explorissima, c'est un site web, une application qui vous permet d'avoir tous vos guides de voyage en poche, avec un carnet de voyage pour partager vos pépites à vos proches. Le tourisme, c'est quand même 11% des gaz à effet de serre dans le monde. On va de plus en plus vers le locatourisme, donc partir pas très loin de chez soi, découvrir des petites pépites dans les territoires. C'était évident. Ma raison d'être, c'est promouvoir un tourisme durable et créer un impact local positif. Donc typiquement, je vais éviter de répertorier une activité de type jet-ski qui saccage les fonds marins.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Permettre à chacun de vivre pleinement des expériences sans laisser d'autres empreintes que celles de ses pas.

  • Speaker #1

    Apporter la santé par l'alimentation au plus grand nombre.

  • Speaker #0

    Proposer des produits et services pour la maison au bénéfice de l'homme avec un grand H et de la planète.

  • Speaker #1

    Défendre le fruit gourmand, sain et responsable.

  • Speaker #0

    Révéler la noblesse des métiers de la relation client pour la mettre au service de l'homme et de la société. C'est quoi le point commun entre ces jolies formules ?

  • Speaker #1

    C'est tout simplement les raisons d'être. de plusieurs sociétés à mission. Donc, il y a Aigle, Danone, Camif, Maison Pontier et Amicio, par exemple.

  • Speaker #0

    Maison Pontier et Amicio particulièrement, parce que tu connais bien ces exemples-là.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'ils font partie de l'ambassade de la communauté des entreprises à mission de Nouvelle-Aquitaine. Et je connais personnellement Edwige et Benoît.

  • Speaker #0

    Et tu vas nous en parler. Une société à mission, c'est quoi ? C'est un label ? C'est une estampille ? C'est un agrément ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Une société à mission, c'est un nouveau modèle d'entreprise. C'est une autre façon d'entreprendre où en fait, la finalité de l'entreprise, c'est oui de faire du business bien évidemment pour assurer sa pérennité et croître. Mais c'est avant tout mettre en avant et en priorité le bien commun, le bien de tous, que ce soit sociétal ou environnemental.

  • Speaker #0

    C'est une déclaration d'intention d'abord.

  • Speaker #1

    Exactement. Tout d'abord, et c'est ce qu'on appelle dans la raison d'être, c'est vraiment... une intention, un cap qu'on se fixe. Donc l'entreprise se fixe un cap, une finalité première et qui est d'apporter ce bien commun au niveau sociétal et environnemental. Et cette raison d'être, on le verra après, elle est inscrite, vraiment elle va venir guider toute la stratégie de l'entreprise et va venir se retrouver incarnée au quotidien dans toutes les décisions stratégiques ou opérationnelles, dans la façon de gérer ses collaborateurs, dans la façon d'interagir. avec son écosystème, que ce soit ses clients, ses fournisseurs et autres. Ça vient vraiment soit asseoir, si on était déjà dans cette dynamique, soit renforcer, soit donner un nouvel élan, mais ça vient vraiment toucher l'ADN même de l'entreprise en fait.

  • Speaker #0

    Mais il y a des dirigeants d'entreprise qui nous écoutent, il y a des managers qui nous écoutent et qui se disent mais on a déjà ça, on le fait déjà, sauf qu'on ne l'a pas nommé raison d'être.

  • Speaker #1

    Oui, peut-être, sûrement. Sûrement, et d'ailleurs... D'ailleurs, il y a des grosses entreprises qui se disent, tiens, je vais inscrire dans mes statuts une raison d'être. Donc, ce cap, cette finalité, sans pour autant devenir société à mission. Parce que société à mission, on va le voir juste après, c'est quand même un cadre. Il y a un cadre juridique qui permet de vraiment asseoir aussi la crédibilité de ce modèle, qui peut être perçu comme contraignant et pour autant qui, derrière, délivre beaucoup de valeur et va venir asseoir les objectifs que la société à mission se fixe. Merci. que ce soit au niveau sociétal, environnemental, le fait de décider, je prends le statut de société à mission, qui est le nom juridique, ça vient poser des engagements forts. Une raison d'être, ce n'est pas un slogan publicitaire qu'on met en bas de ses panneaux 4x4 ou sur son site internet. Oui,

  • Speaker #0

    il y a l'IA pour ça. L'IA peut me fabriquer une raison d'être.

  • Speaker #1

    Exactement. Quand on passe entreprise à mission, il y a entre 6 mois quand on est une toute petite entreprise jusqu'à 18 mois quand on est une grosse entreprise, de réflexion. C'est-à-dire que...

  • Speaker #0

    On commence par quoi ? Donne-nous des exemples. Tu connais bien Pontier et Amicio. Qu'est-ce qui se passe chez eux ce jour-là ? On commence par quoi ?

  • Speaker #1

    Si tu veux bien, je vais te donner le cas général, puis je vais illustrer avec l'exemple d'Amicio. Pour une entreprise existante, la dynamique peut venir soit du dirigeant qui se dit « Tiens, on est quand même dans un monde qui évolue. On ne peut plus entreprendre comme on entreprenait il y a 10-20 ans. Et j'ai foi en... Il faut qu'on fasse... » du business autrement. Donc ça veut dire que ça vient vraiment toucher, j'ai envie de dire, le dirigeant ou l'équipe dirigeante, mais vraiment au plus profond de soi, il faut que mon entreprise se développe différemment par rapport à ce qu'elle faisait avant. Donc soit ça vient de l'équipe dirigeante, soit des fois les premières réflexions, on sent que c'est un peu sa trémousse, c'est dans les collaborateurs qui peuvent avoir des idées, ou voire même dans le cas d'Amissio, ça je vais vous le dire après, c'est venu carrément du client qui a dit, tiens pourquoi vous ne passez pas entreprise à mission. Les ressources ne sont pas illimitées, il faut plus d'inclusion, plus de diversité, il y a quelque chose à faire.

  • Speaker #0

    C'est d'abord une affaire de valeur personnelle,

  • Speaker #1

    c'est ça que j'entends. C'est une valeur personnelle.

  • Speaker #0

    Chez Amicio, ça ressemble à quoi ?

  • Speaker #1

    Chez Amicio, Benoît, ce qu'il m'expliquait, c'est qu'en fait, dans le cadre d'une fusion, les équipes dirigées étaient en train de réfléchir, retravailler les valeurs communes. Dans le cadre d'une fusion, il faut bien rassembler tout ça pour créer un nouvel élan constructif et positif, j'ai envie de dire. Dans le cadre de la fusion, bien évidemment, les collaborateurs étaient associés, mais aussi, ils ont été interviewés des clients pour voir comment leurs clients allaient vivre cette nouvelle entreprise, la nouvelle offre, etc. Et c'est deux de leurs clients qui, dans le cadre des échanges, leur ont dit « Mais en fait, vous mettez l'amour du client au centre même de votre business. » Mais vous êtes déjà une entreprise à mission. Et en fait, l'entreprise à mission, elle date de pas longtemps. La loi de pacte date de 2019.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'elle nous dit en 2019, cette loi ?

  • Speaker #1

    Cette loi, c'est justement ce que je suis en train d'expliquer. C'est de se dire, les entreprises peuvent se doter d'une raison d'être, qu'elles vont aller inscrire dans leur statut. Donc vraiment, tu déposes tes statuts au greffe, tu as une raison d'être. Et cette raison d'être, qui est une finalité, un cap, qui est une phrase en général assez courte, mais qui est très tournée vers... le bien commun vers l'extérieur, tu vas te dire, ok, dans tes statuts, on va suivre, on va se fixer des objectifs environnementaux et sociétaux. En général, il y en a deux ou trois, tout dépend de la taille de l'entreprise, qui sont assez stratégiques, assez généraux, parce que ça reste dans les statuts. Et ensuite, opérationnellement, on va les décliner. Ça veut dire quoi ? Dès que tu es entreprise à mission, tous les 18-24 mois à 3 ans, tu es audité par un organisme tiers indépendant. Qui va venir vérifier comment tu as formulé ta raison d'être, comment tu as décliné ça en objectifs environnementaux et sociétaux qui sont cohérents, suffisamment ambitieux par rapport à ton entreprise, où est-ce qu'elle en est dans sa maturité, et comment tu pilotes tout ça et qu'est-ce que tu mets concrètement en œuvre sur le terrain.

  • Speaker #0

    C'est une vitalité tout ça.

  • Speaker #1

    J'irais dire que c'est plutôt du suivi de comment tu incarnes. Comment tu t'es doté de cette raison-là, de ce cap et comment tu dis ok, je vais revoir mon processus de production, je vais produire en respectant par exemple plus l'environnement, en respectant plus mes collaborateurs, plus mes clients, etc. Comment concrètement tu traduis ça en action et comment tu avances ? J'ai vécu mon premier OTI fin 2024, c'est vraiment un audit, OTI, organisme tiers indépendant. C'est vraiment très challengeant, c'est-à-dire qu'ils vont regarder, celle qui m'a audité m'a dit, Moi, les entreprises, si c'est pour dire j'ai mis du café à grains au lieu de café en capsule, non, ce n'est pas ça être une société à mission. Il faut être ambitieux.

  • Speaker #0

    Ça ne peut pas être du greenwashing ou du social washing.

  • Speaker #1

    Non, c'est ce qui fait aussi la force du modèle. C'est-à-dire qu'il y a une contrainte, puisqu'il y a ce cadre qu'on doit respecter, mais d'un autre côté, c'est des engagements forts. On a un comité de mission qui se réunit 3-4 fois par an avec des membres internes, ça peut être des salariés, mais des experts externes qu'on choisit. Et ils vont venir regarder comment tu mets en œuvre tout ça sur le terrain. Par exemple, là, j'ai discuté avec Edwige, de la Maison Pontier, qui est responsable du suivi de la mission chez Maison Pontier. Comme ils sont en société à mission, ils ont travaillé avec leurs équipes sur comment retravailler notre processus de fabrication de purée de fruits pour, par exemple, ne plus avoir de fruits avec des traces de pesticides, pour consommer moins d'eau, etc. Donc, c'est vraiment très concret. Benoît, par exemple, chez Amicio, me disait Merci. Nous, par exemple, tous nos collaborateurs sont 100% localisés en France. En termes de prix, c'est quand même un choix. C'est parce qu'on a cette finalité de faire notre travail de cette façon-là, ça a des implications économiques et stratégiques.

  • Speaker #0

    Pour le coup, c'est très subjectif tout ça. Certains vont considérer qu'on est dans... Quelque chose de supérieur à seulement une démarche RSE quand on fait ça. D'autres se disent, oui, mais si on fait ça, ça ne va pas rapporter. Comment on trouve le juste compromis ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire que c'est un chemin. C'est-à-dire qu'on a une finalité. Et ce que me disait une fois Benoît, c'est que du coup, il a perdu un moment des clients. Forcément. Mais il en a gagné d'autres qui étaient plus alignés dans ces valeurs-là. Là, il me disait, typiquement, on a revu tout notre système de prévoyance pour nos collaborateurs. On a pris quelqu'un en local. C'est marrant parce que cette entreprise d'assurance en local va devenir elle-même entreprise à mission finalement. Donc oui, on peut perdre du business sur certains aspects, mais d'un autre côté, vu qu'on affiche ces valeurs-là et qu'on incarne ça, on va gagner d'autres clients ou d'autres fournisseurs ou d'autres prestataires parce qu'on se retrouve sur certaines valeurs. C'est challengeant au quotidien, on est chahuté.

  • Speaker #0

    Toi, tu l'as été.

  • Speaker #1

    Moi, je le suis.

  • Speaker #0

    Tu l'es au quotidien, tu diriges Explorissima. et dès le départ... dès le moment où tu décides de créer cette startup, tu décides d'aller sur l'entreprise à mission. D'abord, le pitch d'Explore SEMA en quelques secondes.

  • Speaker #1

    Alors, Explorissima, c'est un site web, une application qui révolutionne la façon de partir en vacances. C'est un compagnon de voyage tout en un. Vous avez tous vos guides de voyage dans votre poche. Et quand vous trouvez ce que vous aimez, vous l'enregistrez dans votre carnet de voyage que vous partagez avec vos proches.

  • Speaker #0

    Ça, c'était le pitch. On est en 2022. Tu quittes un emploi que tu occupes depuis de nombreuses années pour créer Explorissima. Et dès le départ, tu as cette envie de créer Explorissima en société à mission. C'est quand même se rajouter des sérieuses contraintes ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne me suis pas posé la question, est-ce que ça allait me rajouter des contraintes ? Pour moi, c'était évident. Le tourisme, c'est quand même 11% des gaz à effet de serre dans le monde. Le tourisme, on va de plus en plus vers ce qu'on appelle le locatourisme, donc partir pas très loin de chez soi, moins prendre l'avion. Donc pour moi, je ne me voyais pas... Alors déjà, je suis anti-surtourisme. J'aime bien tout ce qui est tourisme authentique, aller découvrir des petites pépites dans les territoires. C'était évident. Ma raison d'être, c'est promouvoir un tourisme durable et créer un impact local positif. Et pour moi, c'est ce qui me guide au quotidien, et c'est valable pour toutes les sociétés à mission, c'est vraiment une boussole, en fait. Donc typiquement, je ne vais pas aller répertorier une activité de type, j'en sais rien, jet-ski qui saccage les fonds marins autour de la France ou même ailleurs. Ça, pour moi, ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    Comment on détermine ce qui est bon, ce qui est juste, ce qui est respectueux de l'environnement ? Parce que par exemple, des scooters de mer électrique, ça tu pourrais le promouvoir ?

  • Speaker #1

    Ça, justement, ça veut dire que ça, il faut que j'aille regarder sur place ou que j'aille quelqu'un qui m'aide à dire, est-ce que ça, ça s'accajoue ou pas ? Parce que même si sur la surface, c'est électrique, qu'est-ce qui se passe en dessous ? Est-ce que les gens respectent ou pas ? Par défaut, je vais dire non au début, et puis si la personne revient à la charge, je vais aller regarder comment elle le fait.

  • Speaker #0

    L'éthique, ça reste quand même assez discutable. particulièrement dans cette période où parfois des politiques, des entrepreneurs peuvent remettre en cause certaines pratiques, certains usages en disant non, mais il n'y a pas de raison de nous taxer, d'être dépollueurs. Tout ça, on est quand même dans une vaste nébuleuse avec ces histoires de respect de l'environnement et de la démarche sociale.

  • Speaker #1

    Oui, mais après, c'est tout l'intérêt. D'ailleurs, dans cette nébuleuse où on ne sait plus trop qui dit quoi, qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui n'est pas vrai, et c'est valable pour tout, je trouve que le fait de se dire, OK, moi, je crois en ça, je veux développer mon entreprise comme ça, et entre guillemets, c'est à prendre ou à laisser, et il y a des trucs que je laisse de côté, ce n'est pas grave, en fait. Parce que moi, au moins, le matin, quand je me regarde dans la glace, je n'ai pas à rougir parce que je développe mon entreprise comme... Qu'est-ce qui, pour moi, au fond de mon ventre, vraiment mon intime conviction, c'est comme ça qu'il faut faire. C'est comme ça que j'ai envie de le faire. Après, quelqu'un pourrait faire complètement différemment. Moi, c'est important pour moi que mon visiteur, alors je suis encore une jeune start-up, j'ai encore plein de trucs à développer, mais il soit, moi j'appelle ça consomme-acteur, donc que je puisse lui mettre à disposition des informations pour trouver les petits producteurs locaux, qu'il soit carbone-acteur, et je suis en partenariat avec une entreprise d'ailleurs du Bairn, euh... pour décarboner tes nuités, tes trajets. Et l'argent collecté va, et j'ai été visiter une exploitation, à des agriculteurs qui mettent en place des techniques vertueuses. Et puis, patrimacteur, ça c'est mon rêve ultime, c'est qu'on puisse contribuer à la restauration du patrimoine français quand on est touriste sur un territoire.

  • Speaker #0

    Ça vient chercher quoi chez toi, chez Lauriane, tout ça ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas seulement, tiens, ça va être... Un argument de vente supplémentaire, ça parle de quoi dans ton histoire ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça touche au plus profond de mes valeurs personnelles, d'authenticité. Ça me fait tellement mal au cœur quand je vois des bouts de notre patrimoine français qui par manque d'argent par exemple ne peut pas être entretenu. Pour moi c'est l'histoire, on a un si beau pays, on a une telle histoire que ça doit être respecté, ça doit être entretenu, préservé. Donc, je ne sais pas, ça doit toucher cette valeur d'authenticité, de transmission aussi à nos générations futures. Et à l'heure où on est toujours un peu dans l'immédiateté, je trouve qu'avoir ce patrimoine qui passe de génération en génération et qui nous survit finalement, moi, je trouve qu'il n'y a rien de plus beau. Et ça vaut aussi pour la nature. Je dis patrimoine, les pierres, mais je parle aussi de la nature. Oui,

  • Speaker #0

    le très, très ancien patrimoine.

  • Speaker #1

    Oui, le très ancien, oui.

  • Speaker #0

    L'entreprise à mission, est-ce que c'est une façon d'emprunter l'écoute ? codes de l'économie sociale et solidaire, en tout cas d'en emprunter encore davantage, de les mettre au profit d'une entreprise, on va dire, capitalistique, notamment avec ce comité de mission composé de gens qui réfléchissent en permanence à performer sur des sujets qui ne sont pas ceux qui rapportent directement les sujets environnementaux et les sujets sociaux.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si on emprunte. Oui, bien évidemment, rien n'est cloisonné. J'ai envie de dire, l'entreprise se donne cette raison d'être, se fiche des objectifs sociétaux et environnementaux. Ça, c'est ce qui est vraiment marqué dans la loi. Et après, ceux qui vont venir travailler sur la déclinaison opérationnelle, ce sont des gens en interne et en externe. Et bien évidemment, ils vont aller puiser dans ce qui se fait le meilleur, comme tu dis, dans l'économie sociale et solidaire, dans toutes les démarches RSE. Finalement, peu importe. Pour moi, il n'y a pas de cloison, alors il faut faire comme si, il faut faire... Non, c'est de se dire, finalement, comment, c'est ce que Benoît Namissio me disait hier, comment nous, on souhaite que nos collaborateurs, par exemple, ils aient un degré d'autonomie quand ils répondent à leurs clients. Il dit, nous, on refuse. Enfin, on est en train, ce qui n'est pas facile à faire passer à leurs clients. On refuse d'avoir des trucs complètement scriptés. Parce que le client, ça l'agace en plus, ce qui est vrai. Les trucs tous scriptés où la personne reste dans son script, moi ça tombe m'agacer. Il récite le truc et il répond d'un côté. C'est comme quand tu effaces un chatbot qui ne répond jamais à ta question. Bref. Et donc là, lui, il essaye de former ses collaborateurs pour qu'ils aient cette latitude et qu'ils correspondent et qu'ils répondent vraiment à la demande du client et pas un truc scripté. Tout ça, par contre, ça décontrainte. C'est tellement plus facile de dire, je signe un client, tu me donnes le script, et puis après, moi, j'ai des téléconseillers qui vont réciter le script. C'est tellement plus intéressant de former des collaborateurs à avoir cette latitude pour vraiment être au service du client. Tout comme il m'a dit, on a, je crois qu'il s'était fixé 15% de premier emploi et de ce qu'il appelle rebond professionnel, donc entre guillemets des seniors. C'est important pour eux. d'offrir une première chance à ceux qui arrivent sur le marché, qui démarrent, et à ceux qui sont malheureusement les seniors, laissés de côté. Ils se sont fixés cet objectif et ils l'ont atteint.

  • Speaker #0

    Pour agir propre, pour être propre, il faut se fixer des contraintes. C'est ça l'idée de l'entreprise à mission ?

  • Speaker #1

    Moi, je n'appelle pas ça contrainte, j'appelle ça objectif.

  • Speaker #0

    Pourtant, tu dis contrainte à plusieurs reprises.

  • Speaker #1

    Oui, forcément. Quand tu te dis, je vais mettre tous mes téléopérateurs en France, tu ne cèdes pas à la facilité. Forcément, tu pourrais le faire plus simple. Donc, ce n'est plus, entre guillemets, effectivement contraignant. Mais parce que tu te fixes des objectifs ambitieux mais réalistes, les fameux SMART, objectifs SMART, tu arrives pas à pas. En fait, l'organisme tiers indépendant qui t'audite ne va pas te sanctionner si tu as échoué à 98%. Eux, ce qui est important, c'est est-ce que tu es dans la philosophie de ta raison d'être ? Est-ce que... tu es en chemin.

  • Speaker #0

    Sauf qu'entre temps, j'ai croisé une pandémie, j'ai croisé une guerre en Ukraine qui fait que les produits, les matériaux sont devenus beaucoup plus chers, donc je n'ai pas pu atteindre...

  • Speaker #1

    Eh bien, c'est pas grave.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas sanctionné par l'audit ? Non.

  • Speaker #1

    Sinon, on va avoir toute cette tendance à se faire des objectifs plus faciles. Pour être sûr de l'atteindre, ce n'est pas le but. Moi, pour Explorissima, je me suis fixé des objectifs de référencer... tous les points d'intérêt touristiques en France. Finalement, ça prend un peu plus de temps parce que j'ai souhaité partir en face pilote, en no-code, etc. En no-code ? En no-code. Donc, je me suis formée pour développer la plateforme en no-code parce que je ne sais pas coder. C'est quoi le code ? Que je ne sais pas coder, donc. Les écrans noirs et des écritures dans tous les sens, ça me... Je comprends. Donc, voilà. Le site et l'application. le site et l'application, on l'appartient nos codes pour faire le pilote. Mais ça, tu l'expliques, tu dis voilà. Par contre, il y a tout le travail de la base de données, il y a tout ce travail-là qui est en train d'être fait. Donc, tu expliques pourquoi. En fait, tu expliques le chemin que tu prends. Tu vois ?

  • Speaker #0

    Je me mets à la place du dirigeant qui sait se fixer des objectifs, sait réaliser et remettre en question sa vision d'entreprise et se dit mais c'est bien joli tout ça, mais moi je le fais déjà, je n'ai pas besoin d'être en entreprise à mission.

  • Speaker #1

    Ben oui, et alors ? Oui, on peut toujours rester dans sa zone de confort et de faire toujours comme avant.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça m'apporte de plus, pourrait nous dire ce dirigeant ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas s'il faut réfléchir dans qu'est-ce que ça va m'apporter. Là, j'ai l'impression d'entendre encore un truc, ok, je vais le faire parce que ça me fait ramener plus de business. En fait, ce n'est pas du tout là. Là, on touche à l'âme de l'entreprise. Et des dirigeants. Et des dirigeants. C'est qu'est-ce que moi, est-ce que j'ai toujours envie de mener mon entreprise, de la diriger ? comme je fais jusqu'à présent, ou est-ce que j'ai envie peut-être de lui donner une autre dimension, de contribuer à plus grand que soi, donc c'est presque spirituel, de faire quelque chose de plus grand que soi parce qu'on ne peut plus entreprendre comme on entreprenait jusqu'à présent, et de se dire finalement mon entreprise elle va me survivre. Elle va me survivre mon entreprise. Donc, quelle dimension je lui donne pour qu'avec mes collaborateurs, finalement, on ait une super belle boîte dans laquelle on se sent bien, on fait des beaux produits ou des beaux services, et en plus, on contribue à faire un monde meilleur autour de nous, à notre juste mesure. On ne va pas révolutionner le monde entier, ce n'est pas possible. Mais travailler avec des fournisseurs locaux, faire attention à ne pas gaspiller de l'eau, peu importe, c'est vraiment ça l'état d'esprit.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on se dit quand on se retrouve entre entreprises à mission ? Parce que tu fais partie de réseau. On parle de quoi très concrètement ?

  • Speaker #1

    Oui, je fais partie de l'ambassade de la Nouvelle-Aquitaine, de la communauté des entreprises à mission. Peut-être pour te redonner quelques chiffres, en France, on vient de passer la barre des 2000 sociétés à mission. Et ça représente plus de 1 million de collaborateurs en France qui travaillent dans une société à mission. Donc, ça ne fait depuis 2019 que de monter. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai que les sociétés à mission, ce n'est pas que les entreprises du CAC 40. Ah non,

  • Speaker #1

    moi, je suis une startup, je suis en solopreneur toute seule. Ça va du solopreneur à l'entreprise du CAC 40. Il y a même des banques qui sont entreprises à mission. Qu'est-ce qu'on se dit ? Bon, on parle classiquement, comme dans tout réseau d'entreprises ou autre. Mais pour autant, là, on avait organisé un gros événement à la Cité du Vin de Bordeaux. l'année dernière. Et c'était le thème, par exemple, il y avait une table ronde, c'était le pouvoir transformatif de la qualité de société à mission. Et c'était vraiment de dire, ben oui, en fait, quand on se dote d'une raison d'être et d'objectif, on va venir transformer. Déjà soi-même en tant que dirigeant, parce qu'on fait des prises de conscience, on avance. On transforme son codire, on transforme toutes ses équipes, la façon dont elles vont travailler et collaborer ensemble. On transforme un petit peu aussi son écosystème autour. Donc on discute de ce genre de choses, tu vois, sans être trop non plus dans les trucs ésotériques ou phytosanatiques. Mais on se dit concrètement comment on fait.

  • Speaker #0

    La philo-pragmatique.

  • Speaker #1

    Voilà, comment on... On a associé les collaborateurs pour travailler sur la mission. Comment concrètement on l'incarne au quotidien ? Comment on embarque les collaborateurs dans cette démarche ?

  • Speaker #0

    Oui, et c'est ma question d'après. En quoi ça impacte le management et même le rapport au travail ?

  • Speaker #1

    Bien évidemment, tu vas dans une entreprise à mission prendre soin de comment je traite mes collaborateurs.

  • Speaker #0

    Donne-nous des exemples.

  • Speaker #1

    Alors, exemple. Comme disait Benoît... ils ont créé des groupes de travail sur voilà, certains veulent faire la semaine de 4 jours, ok testez, ceux qui peuvent je vais dire qui peuvent le faire vraiment et qui ont envie, testez-le et si ça marche, il n'y a pas de soucis ça y est, ça s'est mis en place donc ça va avoir des impacts sur la montée en compétences des collaborateurs leur rythme de travail peut-être même leur cadre de travail tu vois en fonction des tenues de sécurité, je ne sais quoi. Donc oui, ça a un impact sur le collaborateur. Pas à pas, on va en créer de nouvelles façons de faire, de nouvelles façons de manager, peut-être plus souples, peut-être plus participatives, peut-être plus orientées dans le bien-être de tous dans l'entreprise.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que ce ne sont pas, en temps de crise, je reviens à l'augmentation des matériaux avec l'Ukraine, je reviens à la pandémie, est-ce que ce ne sont pas des choses qui deviennent... plus facilement et rapidement accessoires en temps de crise ?

  • Speaker #1

    Ah oui, je pense que oui, oui. Quand l'environnement extérieur se durcit, je pense qu'on peut, pareil, encore une fois, céder la facilité en disant « Ok, on revient au truc bien hiérarchique, bien directif, qu'on connaît ou qu'on a connu. » Du coup,

  • Speaker #0

    comment provoquer un changement beaucoup plus profond et durable ?

  • Speaker #1

    Alors, mais justement, je pense que quand tu es entreprise à mission et que tu as mis en place une façon de travailler comme ça, pour moi, ça développe quand même ta résilience. Parce que du coup, si tu as une façon de gérer tes équipes, si tu crées vraiment un écosystème autour de toi avec tes fournisseurs et tes clients, quand ça bouge, il y a plus, je pense, plus d'entraide, plus de solidarité. Je pense qu'on est plus résilient. Tu te retrouves sur des valeurs profondes.

  • Speaker #0

    Dernière question, Lauriane. Quelle différence tu observes entre ton intention de départ ? il y a trois ans, quand tu créais Explorissima, et la réalité aujourd'hui. Qu'est-ce que tu aurais envie de dire à Lauriane d'il y a trois ans qui se lance dans cette démarche de société à mission en créant Explorissima ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais, tu as raison de te lancer en entreprise à mission. Le chemin va être plus long que ce que tu pensais. Moi qui suis un peu impatiente, voilà. Mais c'est un beau chemin qui fait que tu matures. Vas-y fonce, ça va ! Ça va secouer un peu, ça va mettre plus de temps que prévu, mais tu es dans la bonne direction. Tu es dans le vrai. C'est ça.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il dit Franck Maurice ?

  • Speaker #1

    Alors justement, lui il accompagne les entreprises pour devenir entreprise à mission. Et c'est un acolyte de la communauté des entreprises à mission Nouvelle-Aquitaine. Et alors lui, j'adore sa citation, on ne changera pas le monde avec de l'eau tiède, mais avec de l'audace. Et donc c'est exactement ça. Si vous avez envie d'aller plus en avant, que vous avez cette conviction intime que vous pouvez aller plus loin dans votre entreprise et contribuer à plus grand, allez-y, lancez-vous.

  • Speaker #0

    Et j'entends l'audace de chercher à l'intérieur de soi ce pourquoi aussi.

  • Speaker #1

    Voilà, se re-questionner.

  • Speaker #0

    Pas autant de temps dans la vie professionnelle.

  • Speaker #1

    Et de se dire, je me re-questionne et en fait, allez, j'y vais. Je sens qu'il y a quelque chose à faire, j'y vais.

  • Speaker #0

    Bon, nous, on est arrivés pour le coup.

  • Speaker #1

    On a vu nos magnifiques Pyrénées, nos Pyrénées.

  • Speaker #0

    Nos Pyrénées, exactement. Notre mission est accomplie. Est-ce que la montagne te donne une raison d'être et pas seulement de faire ?

  • Speaker #1

    Toujours en permanence et on repart en rando ?

  • Speaker #0

    C'est parti.

  • Speaker #1

    C'est parti.

  • Speaker #0

    Merci Lauriane.

  • Speaker #1

    Merci David.

Chapters

  • Une définition de l’entreprise à mission selon toi ?

    00:51

  • Des auditeurs peuvent se dire "Mais j’ai déjà fixé un cap. Quelle différence avec une entreprise classique ?"

    02:07

  • On commence par quoi quand on veut devenir entreprise à mission ?

    03:17

  • Un exemple concret d’une transition d’une entreprise classique vers une entreprise à mission ?

    04:26

  • Et au-delà de la vision, comment juridiquement on peut devenir entreprise à mission ?

    05:10

  • Il existe des contrôles ou audits obligatoires pour les entreprises à mission ?

    05:50

  • Un exemple concret d’une société à mission qui a retravaillé ses processus de production ?

    07:11

  • Certains peuvent se dire “oui, mais je deviens entreprise à mission, ça ne va pas rapporter”. Comment trouver le juste compromis ?

    08:24

  • Raconte-nous le parcours d’Explorissima et comment c'est devenu une entreprise à mission ?

    09:10

  • Comment on détermine ce qui est bon, ce qui respecte l'environnement dans ton cas, ce qui est juste pour son entreprise ?

    10:53

  • L'entreprise à mission, c'est une façon d’emprunter les codes de l'ESS et de les mettre au profit d'une entreprise capitalistique ?

    14:04

  • Quels risques si on atteint pas les objectifs fixés de l'entreprise à mission ? Il y a des sanctions d'audit ?

    16:30

  • Qu'est-ce que ça apporte de plus aux dirigeants de devenir entreprise à mission ?

    18:48

  • Vous échangez, vous vous conseillez entre entreprises à mission ?

    20:06

  • En quoi ça impacte le management et même le rapport au travail ?

    21:47

  • En temps de crise,est-ce que l’entreprise à mission ne devient pas plus facilement “accessoire” ? Comment opérer un changement durable ?

    22:39

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