- Speaker #0
Oublie les règles du jeu classique. Ici, on écrit l'histoire autrement. Et la meilleure façon d'y arriver, c'est d'écouter celles et ceux qui l'ont fait avant toi. Je suis Marina Dato, et tu écoutes La Légende Personnelle, le podcast qui t'aide à comprendre une chose essentielle. Dans ce monde hyper connecté, ton plus grand pouvoir, c'est ton identité. Il voulait avoir une vie extraordinaire. Il ne voulait pas la rêver, il voulait la vivre. La vivre en montant sur scène. La vivre en accédant à des émotions exacerbées. Pour ça, il a plaqué un job bien payé avec un statut social. Il a donné raison à la passion au détriment de la raison. Il a écouté son étincelle viscérale. Il a tenté la pop. Il voulait devenir Robbie Williams. C'était déjà pris. Il a eu une révélation, il a pivoté, il a créé une légende. Ce délire satirique l'a propulsé au plus haut. Il a incarné un personnage qui s'autorise tout. Il a chanté devant des centaines de milliers de personnes. Il a gagné un Energy Music Award, il a été nommé victoire de la musique, il a écrit un livre. Il est devenu une légende qui vit encore 15 ans après. Dans ce format en trois épisodes, je vous parle de tranche de vie, je vous parle de vibrer. De vibrer au rythme de son rêve. Faut-il se travestir pour réussir ? Pourquoi être soi-même ne suffit pas toujours ? Ceux qui réussissent sont-ils des produits pensés et marketés ? Comment trouver son alignement ? Elliot, Helmut, Geronimo, Remo. C'est une histoire de détermination et de témérité, celle d'un homme qui a toujours rêvé grand. Un homme qui a créé une légende personnelle pour suivre la sienne. Salut Eric Greff.
- Speaker #1
Salut Marie Nolato.
- Speaker #0
Alors, une fois n'est pas boutime, j'ai eu envie de faire cet échange. avec toi dans le cadre d'un format long. Donc, on se lance dans une série, une mini-série en trois épisodes, car il y a beaucoup, beaucoup de choses à raconter, je trouve, à partager, et puis surtout à apprendre de son parcours de vie. Ces épisodes sont dispos sur toutes les plateformes de podcast, mais aussi sur YouTube et Dailymotion, et ils sont très documentés, donc si vous les regardez sur les plateformes vidéo, vous aurez le plaisir de découvrir ou de redécouvrir des images qui jalonnent le parcours de mon invité. Enfin, pour clore cette intro, je voulais remercier mon partenaire Binaratif.io grâce à qui nous réalisons cette série inédite et surtout Emmanuel Quenin aux manettes. Maintenant que le décor est planté, Eric, je te propose d'ouvrir le bal avec la question qui est à la base de tout, c'était quoi ton grand rêve ?
- Speaker #1
Mon grand rêve, c'était de, tu l'as dit tout à l'heure, d'avoir une vie extraordinaire en décomposant le mot, c'est-à-dire une vie qui soit... pas celle de tout le monde, et qui puisse m'inspirer et me faire dire au quotidien que je suis dans le vrai et que c'est un peu la phrase de Robin Williams dans Les Poètes Disparus, au soir de la vieillesse, ne pas me retourner pour découvrir que je n'avais pas vécu, en fait. Tu vois, voilà.
- Speaker #0
C'est joli, ça.
- Speaker #1
C'est ça, l'idée.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui a déclenché ça ?
- Speaker #1
Je ne peux pas te le timer dans le temps. Je pense que c'est quelque chose qui a grandi en moi au fur et à mesure des années. C'est quelque chose d'assez intérieur. Je pense qu'en voyant ce qu'est le monde, comment il fonctionne, comment il est régi, comment la société est construite, avec malheureusement une façon assez robotique. Tu vois, j'ai l'image de The Wall qui me vient, là, avec tout le monde qui fait la même chose, tout le monde est au pas, en fait. J'avais pas envie d'être dans cette norme. La norme me fait chier, en fait. Et donc, il fallait que je sois en dehors des clous. Je me voyais pas vivre autrement.
- Speaker #0
Depuis toujours ?
- Speaker #1
Pas depuis toujours. C'est venu assez tard. Enfin, j'avais l'idée de quelque chose d'extraordinaire, mais comment le concrétiser, ça, c'est venu tard. et j'ai quand même crampé l'orteil, on va dire, dans la vie académique. Et je me suis vite rendu compte que l'eau était trop froide pour moi. Donc, je n'y suis pas allé. Et ça, c'est venu un peu plus tard, mais on va en parler.
- Speaker #0
Alors, dans ce cas, on parle de légendes personnelles et des méthodes aussi des invités pour ceux qui créent des légendes personnelles. Toi, tu crées des personnages uniques. Helmuth, Elliot, Remo, j'en ai parlé en introduction. Quoi créer ces personnages ?
- Speaker #1
Je crois qu'il y a plusieurs raisons. Alors ça tient peut-être au fait que... Déjà... J'ai commencé par le théâtre quand j'avais 8 ans, donc quand t'es dans la peau de personnage sur scène, c'est pas toi. Donc t'as un rôle à jouer, t'as un texte à apprendre, t'as quelque chose à restituer. Donc tu empruntes à ta personne de ta petite expérience de vie, à 8 ans t'as pas vécu grand chose. Mais en même temps tu joues des enfants. Mais du coup tu peux aller assez loin, parce que c'est pas toi, donc c'est une sorte de carapace. Je pense que ça, ça m'est resté. Et puis, je ne sais pas. Helmuth, c'est le mieux naturellement, parce que c'était un projet humoristique. Pour l'incarner, pour le porter, il fallait un personnage assez singulier. Je ne pouvais pas signer Eric Greff un truc comme ça, puisque je ne parle pas comme ça dans la vie, n'est-ce pas ? Donc, il fallait ça. Et après, sur Geronimo, Remo, ça s'est imposé avec les styles musicaux, mais de manière peut-être un peu inconsciente. Il fallait qu'il y ait un... blase un peu différent. Déjà parce que Eric Greff, je trouve que ça ne sonne pas. On s'en est parlé déjà, mais je trouve que ça ne sonne pas rockstar, ça ne sonne pas artiste. Et puis finalement, quand je regarde autour de moi, même dans la pop ou dans le rap, ils ont tous des personnages. Tu regardes Aurel San, c'est un personnage. Tu vois Aurélien, il s'est créé Aurel San. Paul, il a créé Stromae. avec tout un univers visuel, graphique, vestimentaire, etc. Donc c'est assez commun, finalement, de se mettre en scène. Et puis je finirais par te dire qu'avec les années, la réflexion qui me vient, c'est peut-être de me dire que je suis un acteur de la chanson plus qu'un chanteur, en fait. Et donc j'endosse des rôles comme ça, comme un acteur. Alors je ne vais pas faire de grandes comparaisons, parce que je ne fais pas du tout de cinéma, mais tu vois... Le grand écart entre Helmut et Remo, dont on parlera tout à l'heure, c'est un grand écart que peut faire un Dujardin quand il fait Brice de Nice et après il va faire The Artist. Donc ça n'a rien à voir et pourtant il va se permettre d'interpréter les deux.
- Speaker #0
C'est vrai qu'on ne voit pas forcément comme ça, on n'a pas toujours cette façon de comparer la musique et les acteurs. C'est très juste en fait ce que tu dis, un acteur de la musique finalement.
- Speaker #1
peut-être.
- Speaker #0
Regardant en arrière, c'est quelque chose que tu as fait de manière très intuitive.
- Speaker #1
Oui, complètement.
- Speaker #0
C'est intéressant. Et tes inspirations, donc on va parler tout à l'heure de Helmut, mais le reste, en fait, Eliott, Remo, Géronimo, à chaque fois, ça vient aussi de toi, mais tu vas chercher l'inspiration ailleurs. Comment tu fais ? Comment ça te vient ?
- Speaker #1
C'est... Géronimo par exemple c'est très perso Puisque c'est Il y a eu une expérience assez ésotérique pour moi J'étais dans les montagnes italiennes On était parti avec ma famille Pour faire un dernier au revoir à ma tante Et pour laisser ses cendres s'en aller On a vécu un moment assez beau, assez intense Avec une cascade etc Sublime, l'eau a emporté les cendres C'était bouleversant Et je ne sais pas, au retour de ce périple, j'avais l'impression d'entendre des chants à taches. C'est très bizarre, des trucs qui résonnaient mais qui n'existaient pas. C'est un peu parti de là. Et puis, quelques temps après, j'étais dans le train et je vois une quatrième de couvre de TGV Magazine qui propose l'expo indien des plaines au Quai Branly à Paris. Donc j'y vais et là, je prends une gifle monumentale à cette expo. où je rentre dans l'histoire des Amérindiens, le génocide atroce, mais tout ce qu'eux font de magnifique, les valeurs qu'ils portent, leur esthétique, etc. Et donc arrive Géronimo, comme ça, et je commence à créer cet univers country-pop un peu, et avec de nouveau un peu une carapace amérindienne, mais quand même moins poussée que Helmut.
- Speaker #0
en fait. On en reviendra tout à l'heure. Donc en fait, ça vient à toi, c'est ça aussi. Finalement, tu as cette capacité d'observation de ce qui arrive à toi. Plusieurs fois, là tu captes, c'est marrant, c'était les magazines. Oui, c'est vrai. Voilà. C'est le vogue du pauvre. C'est le vogue du voyageur. Du voyageur. Donc c'est ça, tu as aussi cette capacité à observer ce qui est autour de toi, à capter. Les éléments. Je crois. Et derrière, aller continuer pour te créer des personnages.
- Speaker #1
Oui, c'est bien dit. Et puis, à me laisser faire ensuite par la façon dont je vais restituer le truc. C'est ce que tu dis, c'est très intuitif. Et à chaque fois, c'est le cas. Après, Géronimo, je pense qu'on séquencera les personnages, mais il y a eu Remo. Remo, ça vient d'un recueil de poèmes. Et ce recueil, je l'ai écrit pendant deux ans parce que c'était une phase de ma vie où j'avais besoin d'être plus dans la sensibilité, plus dans la douceur. d'essayer de me remplir d'amour en réaction peut-être aussi au monde tel qu'il est, tel qu'il fonctionne, tu vois, c'était une protection. Donc c'est des choses qui arrivent naturellement.
- Speaker #0
C'est des moments de vie. Et donc, Elliot, on va passer rapidement parce que c'est finalement pas une très grande phase. On va y aller, mais on va en parler. Mais ce Elliot aussi, il a un rapport avec toi, ton enfance ?
- Speaker #1
Oui, complètement. Peter et Elliot, oui. Il a un rapport toonesque de dessin animé. Il y a aussi Elliot dans E.T. C'est le premier film que j'ai vu au cinéma avec mon père. Et donc, ce nom d'Elliot m'est resté, en fait. Et puis, vie extraordinaire, E.T. l'extraterrestre, tu vois, le truc pas normal, le truc que tu n'es pas censé vivre ou que tu n'es pas censé voir. Je crois que tout ça est lié, en fait. Et donc, j'avais emprunté le nom d'Eliott pour le premier projet, parce que celui-là aussi, je trouvais qu'il sonnait mieux qu'Eric. Tu vois, à chaque fois, il y a un complexe du nom, finalement, ou peut-être un complexe du costume. Parce que là,
- Speaker #0
tu n'avais pas créé le costume pour Eliott.
- Speaker #1
Non, je n'avais pas.
- Speaker #0
C'était un plus, un mindset, un nom.
- Speaker #1
Oui, oui. J'avais les cheveux blonds peroxydés. J'avais quand même une tête... Je pensais avoir une tête de punk rocker. Et quand je revois les photos aujourd'hui, on dirait un vieux fan de Rod Stewart dans Confessions intimes. Donc, ça ne marchait pas trop. Mais il faut toujours se revoir avec du recul et quelques années. Mais non, il n'y avait pas de personnage. Mais il y avait une tentative de look, déjà, à la base.
- Speaker #0
OK. Et donc ça, ça te permet, tu l'as dit précédemment, ça te permet aussi d'aller plus loin, de t'autoriser plus de choses.
- Speaker #1
parce que finalement c'est pas Eric que t'exposes c'est ton personnage c'est ça t'es dédié à la création aux chansons et à ce que tu incarnes sur scène et c'est toujours beaucoup plus flamboyant et beaucoup plus intéressant ce qu'on peut montrer sur scène en tout cas pour ma part que dans la vie où t'es plus calme je veux pas dire neutre mais pas exubérant alors c'est marrant ce que tu dis parce que
- Speaker #0
Et là, je vais te demander qui est Eric Greff. Et moi, je trouve que tu es quand même quelqu'un de flamboyant.
- Speaker #1
Ok, c'est gentil.
- Speaker #0
Vraiment, dans ta façon d'être, dans ta façon de vivre les choses, tu es très sensible. Tu reçois toutes les informations, tu ressens tout très fort. Donc, tu as quand même cette flamboyance en toi. Mais donc... par rapport à tous ces personnages que tu as créés, qui sont peut-être aussi des extrêmes, des facettes.
- Speaker #1
C'est qui Eric Greff ? Merci. Alors moi, je ne me trouve pas flamboyant dans la vie. Je me trouve plutôt inquiet et anxieux et en recherche permanente, en doute permanent de ce que je fais. Et justement, je suis un peu l'outil au service de ces personnages. C'est-à-dire qu'Eric, c'est le... L'outil au service de la création, c'est celui qui doit observer, absorber, travailler et restituer les personnages, les différents styles musicaux que j'ai pu explorer. C'est un peu comme ça que je me vois. Après, qui je suis ? Je suis surtout quelqu'un en dehors de mon travail et de la musique. Je suis un père de famille, je suis un mari, je suis un pote, donc j'ai un peu la vie de Monsieur Tout-le-Monde et j'aime bien cette vie de Monsieur Tout-le-Monde. Pour revenir à la question de tout à l'heure, pourquoi les personnages, il y a peut-être aussi cette envie absolue de garder une forme d'anonymat pour ma vie de tous les jours. Je suis très heureux quand on partage un resto ou quand on va en vacances ensemble avec des potes, de ne pas être celui qu'on remarque sur la plage, qu'on va venir emmerder pour faire 12 000 selfies ou que les paparazzis vont traquer, ça ne m'intéresse pas. En fait, ça ne m'intéresse pas et je suis très content de ne pas être là-dedans. Parce que j'ai envie d'avoir une vie à côté de la scène et de la création très normale.
- Speaker #0
C'est ça. Vive l'extraordinaire. Oui. Vive des sensations fortes, des connexions. Et quand tu rentres chez toi, tu raccroches.
- Speaker #1
Oui, je coupe.
- Speaker #0
Tu t'y mets, t'es tranquille.
- Speaker #1
Comme quelqu'un qui a un boulot plus normal. C'est ça,
- Speaker #0
c'est mon job. Et c'est intéressant. Donc, tu dis, Eric, c'est l'instrument au service d'eux. Et tu ne dis pas, c'est le créateur d'eux.
- Speaker #1
Si c'est le créateur mais après celui qui propose la création, qui la montre aux gens, c'est le personnage. Donc oui, je suis créateur mais je suis toujours celui qui amène finalement le... C'est horrible parce qu'on parle de produit mais le produit fini, tu vois, Helmut ou Géronimo ou autre, j'amène la version finale de l'artiste qui fait sa proposition. Finalement, c'est comme si j'étais... D'ailleurs, je suis mon propre producteur sur mes disques, mais c'est comme si j'étais un peu le marionnettiste des personnages que je vais montrer. Donc, il y a une sorte de détachement. Et ça, c'est assez intéressant.
- Speaker #0
Oui. Mais c'est bon, parce que tu ne conscientises pas mon corps. Je fais de la psychologie de confort, pardon. En fait, tu ne conscientises pas le fait que tu sois au-dessus de tout ça. Tu vois, quand on dit au service d'eux et pas créateur, parce que tu captes tout, tu captes les sons, tu captes ce que tu vois, ce que tu ressens, etc. Et ensuite, tu crées. Et c'est ça aussi qu'on va explorer aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, la création, quelle qu'elle soit, que ce soit de l'écriture, de la musique, de la peinture, c'est avant tout réussir à capter des choses pour pouvoir être inspiré et s'inspirer au quotidien. Et c'est souvent le premier frein de chacun qui te dit Non mais moi, je ne sais pas écrire, je ne sais pas quoi dire, etc. Et explorer, regarder ce qu'il y a autour de soi finalement et réussir à capter ça pour en faire quelque chose. C'est faisable pour toute personne qui a pris conscience de ça.
- Speaker #1
Ok, je vois. Moi, je suis peut-être plus le scénariste de ce que je vais faire que le réalisateur, finalement, tu vois. De la façon dont je le sens, en fait. Parce qu'en plus, tout part des mots pour moi. Je suis d'abord un auteur, même dans la musique. Je pense que ce qui est le plus intéressant, en tout cas, j'espère, ce sont mes textes. Pour moi, le mot, le verbe, c'est très important. Et tout part toujours d'une idée écrite, en fait. Que ce soit une chanson, un synopsis de clip, un bon livre, ou le recueil de poèmes sur Rémo, c'est à chaque fois le mot en premier. Et tout part de là, en fait.
- Speaker #0
Donc, moi, je te propose de revenir en arrière. D'accord. Parce que, donc, mon observation, j'ai beaucoup fouillé.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Mon observation... de ta vie, ça me fait vraiment penser à cette fameuse quête du héros, avec des cliffhangers, avec des moments de doute, de désespoir, des moments d'extase, etc. Et donc, ça a commencé, en tout cas cette prise de conscience, parce que tu disais que tu avais mis le doigt à l'orteil dans une vie normale, mais finalement tu as suffoqué super vite entre ta vie dans les bouchons. parce que tu avais ton job qui était un job avec un statut social et il t'a aimé en fait aller là-bas. Au début,
- Speaker #1
oui.
- Speaker #0
Et puis tu t'es mis à suffoquer et puis il y a eu une soirée. Oui. Où tout a basculé.
- Speaker #1
Où tout a basculé.
- Speaker #0
Voilà. Vas-y, raconte.
- Speaker #1
Alors, c'est mon deuxième job en tant que cadre chez BMW France et on fait une convention à Munich où c'est un lancement de voiture. Donc il y a... tous mes collègues, il y a tout le board BMW, même allemand, c'est un peu la soirée high level où il faut être en représentation et ne pas faire de conneries. Et c'est au bout de deux ans d'activité, et là je suis au bout de cette histoire, je commence à avoir la fibre artistique qui me chatouille profondément, donc je suis très malheureux finalement dans ce job. J'étais heureux au début et là je ne peux plus comme tu disais. Et au bout de quelques moritos, avec modération, il y a un groupe qui est là et qui joue des reprises pop sur scène. Et je ne sais pas, je pète un câble et je monte sur scène et je dis au mec, vas-y, file-moi ton micro, il est très choqué, mais je lui dis, t'inquiète, ça fait partie du truc. Pas du tout, en fait. Et je lui dis, je dis au mec, vous savez jouer Robbie Williams ? Ouais, ouais, ouais, on a Phil dans le... répertoire etc on a les séquences et tout et ils se mettent à jouer ça et moi je me mets à chanter ça et j'oublie complètement où je suis quoi je viens ma veste ma cravate et je fais le fou pendant cinq minutes et je me prends pour robbie williams pendant cinq minutes devant tout le bord de bmw et c'était donc je comprends à l'issue de ce truc là que je ne fais plus partie de ce monde là que c'est que je viens moi même de de faire exploser enfin de marquer vraiment la frontière entre les deux univers de faire exploser mon taf ma place mon poste et qu'il faut que je m'en aille quoi et donc je démissionne le lendemain voilà je me barre tu ne parles pas et donc
- Speaker #0
Je suis perdu je suis perdu je suis perdu ok ok donc tu pars la démission pour vivre ta vie d'artiste sauf que
- Speaker #1
C'est ce que je crois.
- Speaker #0
C'est ce que tu crois. C'est ce que je crois. Parce que le plan ne va pas se passer comme prévu.
- Speaker #1
Ah ben non.
- Speaker #0
Jacques, qu'est-ce que tu fais ? La première chose, tu te dis, ça y est, tu deviens un yacht.
- Speaker #1
Oui, la première chose, déjà, je cherche des gens pour essayer de faire de la musique avec moi. Parce que comme je ne sais que écrire des chansons et trouver des mélodies, mais que je ne suis pas instrumentiste, j'ai besoin de gens qui travaillent avec moi, qui composent. Et ensuite, des gens qui vont pouvoir enregistrer. Des ingé-sons, des beatmakers. À ce moment-là, je n'y connais rien en fait. J'ai un rêve, j'ai un fantasme. Et j'ai une certitude au fond de moi, c'est que je suis fait pour cette vie extraordinaire dont on a parlé en préambule et qu'il faut que je me bouge les fesses pour qu'elle arrive. Donc je commence à... Je trouve des gens, je commence à faire des maquettes et à démarcher des maisons de disques. Et à côté de ça, je commence à faire des petits boulots assez difficiles pour l'ego. Quand tu sors d'une boîte où tu es cadre et où tu as utilisé ta formation école de commerce et tout, là finalement tu relis tout. C'est-à-dire que tu fais un 180 quoi. Donc c'est très compliqué et ça va durer trois ans. Trois ans de petits boulots et trois ans de démarchage porte à porte des maisons de disques avec des chansons pop qui n'intéressent personne.
- Speaker #0
Là, ça fonctionne. Là, je casse la figure.
- Speaker #1
Bien, quoi. Je suis au bout. Je me dis, en fait, non, tu t'es gouré. Ce n'est pas pour toi. Personne ne veut tes chansons. Tu as rêvé ton talent. Tu n'es pas un entertainer. Tu n'es peut-être même pas un auteur. Et va arriver une bouée de sauvetage inattendue. un soir en regardant un reportage sur Karl Lagerfeld. Et je vais voir ce génie de la mode, finalement, montrer aux gens que lui-même s'est créé un personnage complètement...
- Speaker #0
De A à Z.
- Speaker #1
De A à Z. Son outfit, son accent, qui est forcé. Ça, je le saurai beaucoup plus tard en lisant sa bio. Tu l'as jamais vu sur une... une plage paparazzi à poil, ça n'existe pas. Karl Lagerfeld, c'est un personnage presque imaginaire. Pourtant, il était bien réel. Paix à son âme, ce grand monsieur. Et donc, ça va m'inspirer une espèce de caricature inattendue. Je me dis, il faut que je parodie ce mec-là dans la musique. Il faut que je crée un avatar, un sosie, mais un peu coloré de Karl Lagerfeld dans la musique. pour faire un buzz.
- Speaker #0
Tu penses au buzz à ce moment-là ?
- Speaker #1
Oui, alors je pense au buzz parce que je me dis qu'il faut que je fasse un truc fou, fort et fou, pour que les maisons de disques se disent qui est ce mec et qu'il s'intéresse à moi et que je puisse leur proposer mes vrais sons derrière. Au départ, c'est ça la démarche. C'est-à-dire que c'est une fente. C'est un hack. Un hack, exactement. Le hack. Et je ne m'attends pas à ce que ça marche. aussi fort et à ce que ça change, que ça fasse bouger toutes les lignes de ma vie, en fait.
- Speaker #0
Et tu vois, je reviens là-dessus parce que c'est marrant. Tout à l'heure, tu disais, Géronimo, t'as entendu, t'es dans l'observation, etc. Karl Lagerfeld, l'accent allemand, en tout cas, toi, tu viens de l'Est de la France, tu sais le faire. Karl Lagerfeld, souvent, tu l'imitais aussi, mais c'est en voyant ce reportage que ça te saute vraiment au pied. Et tu te dis, mais... Mais bien sûr, évidemment, je peux le faire. Je m'amuse tout le temps à faire l'accent allemand. C'est facile parce que quand on crée un personnage, il est complexe, ce personnage. Il faut tenir sur la durée. Toi, en l'occurrence...
- Speaker #1
Sur la durée.
- Speaker #0
Tu l'as tenu quand même assez longtemps. Oui. Donc, tu te dis, il faut que je fasse ce personnage. Et là, à ce moment-là, tu travailles avec d'autres personnes sur la pop. Oui. Tu travailles avec ton pote Momo, c'est ça ? Oui, absolument. Tu ne fais pas du tout d'électro ?
- Speaker #1
Pas du tout. Il déteste même cette musique. Parce que lui, c'est un vrai musicien. Quand je lui dis qu'il faut qu'on fasse un morceau électro et qu'on essaie de faire un buzz, il ne comprend pas. Il me dit que ça fait des mois et des mois qu'on travaille sur des chansons pop, qu'on se fait chier à ciseler des textes. Moi, je trouve des mélodies au clavier parce qu'il a fait American School, donc il est super doué, etc. Et je lui dis, tu vois bien qu'on n'y arrive pas, ça ne prend pas, donc il faut juste qu'on ruse un petit peu. Et donc, on va maqueter un truc pseudo-électro, quand j'écoute la maquette aujourd'hui, je me dis que c'était quand même bien improbable. Il y avait déjà le texte, l'intention était là, la mélodie du refrain était là, et il y avait un son qui n'était pas possible. Et ensuite, avec les rencontres, tout a changé.
- Speaker #0
C'est ça. Vous faites la maquette, tu la postes sur MySpace. Oui.
- Speaker #1
Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Je l'envoie à Bob Sinclar, à David Guetta, à plein de DJs. Et c'est un autre qui va répondre, qui s'appelle Laurent Conrad, qui avait fait un an avant un succès qui s'appelait Disco Beach, et qui n'arrivait pas à créer la suite. Et donc, il m'appelle et il me dit, j'adore ce texte, moi je sais faire du son. Je suis plugué chez Sony Music. Est-ce que ça t'intéresse qu'on se rencontre et qu'on travaille ensemble ? Et la version finale de la chanson va naître de cette rencontre, en fait.
- Speaker #0
OK. Et donc, la version finale, ça donne ça. Magnifique.
- Speaker #1
J'en fais quoi ? Je bois un verre, mais la serveuse me fait plaire. Je n'ai pas la réservation. Je ressors, je l'ai à temps. Ça m'énerve. Oui, ça m'énerve. Wow. Donc, ça donne ça. C'est pas moi. Ça m'énerve.
- Speaker #0
On ne t'en reconnaît pas.
- Speaker #1
On ne te reconnaît pas.
- Speaker #0
C'est dingue. Tu as un costume. Tu n'en pouvais plus du snobisme parisien. Tu as écrit Ça m'énerve Tu ne voulais pas d'Eliott. Tu as écrit Helmut. Donc, tu as parlé de ce fameux hack. Ce qui est intéressant aussi, c'est que tu as créé une case qui n'existait pas. Il n'y avait pas de personnage comme le tien, aussi acerbe. qui passe tout le monde au crime, c'est aussi un peu dangereux. C'est-à-dire que là, tu t'en prends un peu à tout le monde, toute la société parisienne, etc. En même temps, sur le ton de l'humour, en même temps avec une musique qui est super tendance, bien écrite, je veux dire, ce n'est pas un truc débile.
- Speaker #1
Il y avait un peu Fatal Bazooka, tu vois, qui était sur le... Mais qui n'était pas dans ce texte...
- Speaker #0
Qui n'était pas sur du texte. On reste quand même, c'est là, c'est fort. C'est qu'on reste... sur la chanson à texte. J'ai envie de dire, je fais exprès. Tu vois, je grossis très. Mais quand on le lit, il y a une vraie histoire, il y a une vraie revendication.
- Speaker #1
Ah ben, il y a une revendication. Et puis, si on doit parler, si on doit aller sur le terrain du marketing, tu te rends compte que finalement, c'est une chanson, c'est anti-consumériste, anti-snobisme parisien, mais c'est aussi une chanson qui parle de l'expérience client. Parce que t'es un client qui est déçu partout. Au coste, on te jette. Chez Zadig, il y a une rupture de stock. Chez Weston, c'est le client qui est con, qui envoie chier la vendeuse en disant non. Donc, c'est que de l'expérience client, finalement. Donc, c'est assez drôle parce qu'il y a une passerelle quand même vers le commerce. Oui, c'est ça. Oui. Et alors, ça prend. Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
- Speaker #0
Il se passe que…
- Speaker #1
J'écris la maquette en octobre 2008, je la signe avec Sony en février 2009 et qu'en mars 2009, je fais mon premier Energy Tour devant 8000 personnes déguisées en Helmut Fritz avec une queue de pied, des lunettes monstrueuses, un look improbable. Mais à ce moment-là, je m'en fous complètement de ne pas être dans ma peau de chanteur. pop, lover, qui est mon fantasme de base, l'étincelle pour entrer dans ce métier. Là, je suis une caricature, mais je suis une caricature flamboyante, un peu super-héros, c'est-à-dire que je vais brûler la scène. Littéralement, je vais entrer, je suis attendu, parce que le titre passe déjà en boucle sur NRJ, donc les gens connaissent. À ce moment-là, très rapidement, ça atteint la première place des charts, et donc on m'attend. et je sais qu'on m'attend et donc je suis galvanisé. Et donc j'arrive, je prends la scène et enfin je retrouve mes sensations organiques de la scène de mes premières années de théâtre avec des gens qui hurlent, qui lèvent les bras et je me dis ça y est, me voilà à ma place.
- Speaker #0
En fait c'est ça, depuis toujours tu recherches ce moment que tu avais ressenti quand tu avais 8 ans.
- Speaker #1
C'est ça, c'est exactement ça.
- Speaker #0
Est-ce que tu crois ? Parce qu'à l'époque, il n'y avait pas TikTok. Mais est-ce que tu crois que si en 2009, il y avait TikTok, Samenaf aurait donné ça ? Open Gangnam Style !
- Speaker #1
Gangnam Style ! Open Gangnam Style ! Gangnam Style ! Alors comme je dis, ça aurait donné ce que tu vois au niveau de l'écho,
- Speaker #0
la portée. J'en sais rien, j'en sais rien du tout. Je pense que ça m'énerve d'être arrivé à une époque où on n'attendait pas. ce personnage improbable, ce format musical humoristico-électro, enfin on l'appelle comme on veut quoi. Cette nouvelle case. Cette nouvelle case, aujourd'hui il y a beaucoup plus d'offres, il y a beaucoup plus de choses, peut-être que ça n'aurait pas pris du tout, ou peut-être qu'effectivement avec cette ouverture de TikTok sur le monde et cette rapidité de propagation des musiques, des vidéos, de la création finalement, Ça aurait pu donner ça. Mais d'ailleurs, c'est drôle que tu aies passé cet extrait, parce que, je vais le dire sans orgueil mal placé, un peu quand même, je pense que Psy, avant de créer son personnage, a dû voir le clip de Sam Nerv, parce qu'on en a beaucoup parlé, il y a quand même beaucoup de similitudes dans le look, dans les attitudes, dans ce côté rageux. Je ne peux pas croire que ce soit un hasard, en fait. Mais tant mieux.
- Speaker #1
Parce que ça a quand même mis une portée mondiale, Sam Nair.
- Speaker #0
Oui, enfin, beaucoup moins que
- Speaker #1
Gunterside. On n'était pas à l'époque exponentielle des réseaux sociaux. Lui, je crois que c'était en 2014, c'était en 2009. Ce n'était pas tout à fait la même chose. Donc là, on arrive au moment où tu es hyper successful. Ça arrive comme ça. C'est-à-dire, ça arrive comme ça. Tu as bossé avant et tu l'as tenté. Mais ça arrive vite. Comment est-ce que tu gères ça ? Parce qu'en fait... Du jour au lendemain, passer du parfait inconnu à celui qui est invité partout, on n'est quand même pas câblé pour gérer ça ?
- Speaker #0
Non, on n'est pas câblé, mais on rentre dans une espèce de spirale où finalement, très rapidement, c'est drôle, mais on ne se pose plus de questions. C'est-à-dire que comme on a une équipe, des attachés de presse, pour la radio, pour la presse écrite, pour la télé, on a un planning qui se remplit extrêmement vite, on est un peu comme une boule de flipper. et on va là où ça tire. Il faut aller là, lundi c'est là, mardi c'est là, mercredi c'est Ruquier, jeudi c'est le Grand Journal. Ce n'est pas que tu trouves ça normal, c'est que finalement tu te dis Ah ok, c'est comme ça, bon ben t'y vas et puis tu n'as pas le temps de réfléchir. Et tu prends plus tard, beaucoup plus tard, la mesure de tout ça, de ces émissions énormes, des audiences qu'il y a pu y avoir, de pourquoi on t'a fait venir, etc. Mais sur le coup, juste t'enchaînes, Et tu te stabilises quand tu peux rentrer chez toi avec ta femme et quand tu peux aller boire un coup avec tes potes et dire, ok, je débranche, mais putain, quel job quand même. C'est ouf, tu vois. J'ai passé ma journée à discuter avec Michel Deniso plutôt qu'à vendre des bagnoles comme je le faisais avant.
- Speaker #1
C'est assez fou. Mais tu arrives à ne pas péter les plombs. En fait, tu arrives à rester suffisamment ancré.
- Speaker #0
Oui, parce que j'ai 34 ans en ce moment-là. Donc, oui, oui, oui, mais je veux dire, j'ai quand même vécu certaines choses. J'ai fait mon école de commerce, j'ai taffé dans pas beaucoup de boîtes, mais j'ai bossé vraiment. Ensuite, il y a eu des années où c'était difficile. Et donc là, j'ai juste envie de savourer, mais de savourer avec un peu de raison.
- Speaker #1
Oui, c'est un choix.
- Speaker #0
C'est un choix, voilà. Donc, je ne m'enflamme pas, je ne fais pas le con. je préserve ma famille et je m'enflamme même pas sur l'oseille parce que aussi très rapidement tu rentres d'un seul coup beaucoup d'argent et tu peux faire de la merde, tu peux faire n'importe quoi. Là c'était big up encore une fois à ma copine de l'époque qui est devenue ma femme après qui m'a dit fais attention les impôts vont arriver, ça va faire mal donc fais gaffe et je pense que j'ai fait gaffe et que j'ai géré ça.
- Speaker #1
plutôt bien. Pendant quasiment deux ans, tu fais des concerts.
- Speaker #0
À part l'alcool.
- Speaker #1
C'est vrai que ça, c'était un peu le démon. Mais parlons-en maintenant. C'est la seule chose que tu as eu du mal à...
- Speaker #0
Helmut est un démon, en fait. Helmut, c'est ce que je dis dans mon bouquin, c'est le doppelganger. D'ailleurs, c'est drôle parce que en plus, ça vient du folklore allemand. Le doppelganger, c'est le jumeau maléfique. Le jumeau maléfique. Le jumeau maléfique, qui est de très mauvais conseils. et qui t'induit en erreur, et qui... C'est très perturbant quand j'ai découvert cette histoire de doppelganger, parce que c'est vraiment... Ouais, c'est le sosie, mais qui n'a pas d'ombre, qui n'a pas de reflet dans le miroir, mais qui est là, et qui t'incite, tu vois. Et donc moi, ce jumeau maléfique, pendant toute la période de Successful sur scène en club, déjà c'est très particulier le club, parce que tu passes très tard, les showcase c'est à 2h30 du matin. Donc il faut tenir jusque là. Et comme je suis dans une spirale de succès, où à ce moment-là, je me dis, il y a une petite voix qui me dit, ça ne s'arrêtera jamais. C'est la voix du doppelganger, tu vois. Donc je fais la fête. Et avec ceux qui veulent bien m'accueillir. Je ne prends pas de drogue. J'aurais pu. Mais je pense que mon instinct de survie m'a empêché d'aller sur les drogues. Mais par contre, je m'alcoolise pas mal. parce que c'est le contexte, en fait. J'arrive à l'heure des balances à 20h, apéro, on picole, on va au resto, on repicole. Entre deux, il faut attendre, c'est ultra festif. Et puis, ça m'aide à me désinhiber aussi, tu vois. Ça m'aide à rentrer dans le personnage, à être fou. Et comme j'ai des scènes qui sont très... Un public qui est très électrique, des très jeunes gens en boîte qui, eux aussi, ont fait la fête, sont bien chauds, ça hurle. ça m'énerve, ils la connaissent par coeur ils la chantent il faut que j'arrive avec une folie un peu rockstar je peux pas arriver tranquillement et juste dérouler mon morceau donc je me mets en condition et je me mets en condition et en me mettant en condition je bois un peu trop et je m'abîme un petit peu je sais pas la gueule qu'a mon foie aujourd'hui mais je me suis bien calmé depuis mais je me fais pas que du bien pour être clair et c'est finalement
- Speaker #1
la seule pente sur laquelle tu as un peu...
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
C'est ça. Et tout seul aussi, tu as réussi...
- Speaker #0
Je me suis raisonné, oui. Tu as raisonné ? Oui, parce que c'est toujours très compliqué de se dire est-ce qu'on est alcoolo ou pas. Je n'ai jamais senti le besoin absolu de boire à un moment donné de la journée. Mais par contre, quand tu es tous les week-ends à faire apéro, dîner, aller boire un verre après, dans la loge... enfin, pour donner tes alcoolos, par rapport à la quantité que tu bois, tout simplement. Même pas par rapport au fait d'avoir envie d'eux, mais par rapport à la quantité que tu ingurgites, c'est colossal.
- Speaker #1
Mais c'est limité, de toute façon. On t'en donne toujours plus. Alors, donc, pendant deux ans, tu fais des concerts, tu fais des radios, tu vas partout,
- Speaker #0
tu es vraiment à l'aise.
- Speaker #1
C'est la folie. Et donc, tu l'as dit tout à l'heure, depuis le début, Helmut, c'est un hack. un hack pour accéder au succès à la notoriété pour avoir un hack qui dure et pour avoir le bon network pour derrière pouvoir te lancer et donc en 2011 tu te dis ça y est la blague elle a suffisamment duré c'était sympa mais c'est le moment quand même de passer à la suite de ton plan c'est ça et ton plan c'était ça
- Speaker #0
Putain, j'ai pas réécouté cette chanson depuis des années. Ouais. Mais vraiment.
- Speaker #1
Alors... Cette chanson, en plus, tu l'avais, je crois, d'abord sortie sous Elliot. Oui,
- Speaker #0
c'est ça.
- Speaker #1
Et puis, tu t'es dit, elle est belle, cette chanson.
- Speaker #0
Oui, et puis je me laisse convaincre bêtement par mon chef de projet d'utiliser mon vrai nom, ce que je ne voulais jamais faire, en fait.
- Speaker #1
Donc, tu avais quand même ton chef de projet avec toi, parce que...
- Speaker #0
Nouveau chef de projet. Nouveau label.
- Speaker #1
C'est ça. En fait, à ce moment-là, tu te dis, transition Elmout.
- Speaker #0
et regressent donc je change de label chez Sony je passe de
- Speaker #1
Smart qui est le label marketing à Columbia qui est un label plus noble et plus artiste donc je suis super content et donc je propose cette première chanson Soumons au ranoum ok mais donc ça veut dire que chez Sony ils étaient ok pour comment dire pour travailler avec toi sur cette plus ou moins
- Speaker #0
C'est-à-dire qu'en fait, ils me sortent cette chanson un peu comme service rendu pour le succès d'Elmout. Ils ne sont pas ultra enthousiastes, ils ne sont pas au taquet, sauf que moi j'insiste énormément. Et à un moment donné, on me dit bon, ok, on va sortir un single. Et je leur dis mais vous allez voir, ça va cartonner. Après derrière, c'est vous qui allez me supplier de vous ramener l'album. Et puis, c'est un four monumental. Ça ne marche pas.
- Speaker #1
Ça ne marche pas. Pas du tout. Et en fait, à ce moment-là, pourquoi tu... Enfin, tu es dégoûté. Je suis dégoûté, c'est ça. Pourquoi les gens ne te suivent pas ? Pourquoi le public ne te suit pas ?
- Speaker #0
Parce qu'en fait, je suis à ce moment-là extrêmement naïf. Et je me dis, ça y est, les gens ont découvert Edmood Fritz. Ils vont vouloir savoir qui est Eric. greffe et quelle est la suite de l'aventure, qu'est-ce qu'il va vouloir proposer. Sauf que pas du tout, en fait. À ce moment-là, je pense qu'il y a un manque de discernement parce que comme j'ai tout vécu dans cette spirale, j'ai même pas le temps de réfléchir, tu vois. J'ai juste envie très vite de passer à la suite. Mais je comprends pas une chose, c'est que Helmut Fritz, ça m'énerve. C'est une chanson, c'est un jouet. pour les gens, c'est un moment de divertissement absolu, à aucun moment ils se disent est-ce qu'il y a un artiste derrière c'est qui le mec, qu'est-ce qu'il a à proposer d'ailleurs est-ce que c'est un vrai artiste ou est-ce que c'est un truc complètement orchestré par une maison de disques, est-ce que le type est pas même juste un visuel, ils savent pas qu'à ce moment là je sors de 3 ans de galère, que je fais ce hack que je l'écris, que je l'invente, etc ils en savent rien et à la limite ils s'en foutent parce que eux ce qu'ils veulent c'est consommer ça m'énerve, se marrer, exulter... dans une séance photo ou dans un camping. Donc là, je me dis, mais si, ils vont vouloir savoir qui je suis. Et en fait, non, ils ne sont pas réceptifs, mais ils ne le sont pas aussi parce que je n'arrive pas à passer la barrière des médias, radio notamment.
- Speaker #1
Pourquoi ?
- Speaker #0
Parce qu'on ne me suit pas. Parce que les radios, quand l'attaché de presse arrive et dit, tiens, c'est un nouvel artiste de chez Columbia. mais très vite ça se sait que c'était Helmut Fritz les mecs disent mais non c'est pas possible en fait c'est là où il y a une vraie fracture par rapport au monde du cinéma dont on parlait tout à l'heure c'est que dans la musique en tout cas en France on ne te laisse pas aller sur plusieurs terrains et on ne veut pas alors je fais une analyse plus globale parce que je viens de dire qu'ils s'en foutaient c'était normal puisqu'ils ne me connaissaient que sur Helmut mais j'ai aussi compris avec le temps... que quand tu vas sur plusieurs terrains, dans la musique, les médias, on a du mal à te laisser faire parce que ils sont rassurés quand ils connaissent quelque chose de toi. Ils n'ont pas forcément envie que tu leur vendes autre chose. Donc, pour eux, reste dans ta case et puis tout ira bien. Ils sauront quoi vendre à leurs auditeurs et comment le vendre. Donc, si tu veux citer Moodfritz et que tu as une chanson électro-humoristique et que tu arrives en égrève avec une chanson pop, rock, guitare avec un texte sensible, T'es à contre-courant donc ils comprennent pas. Donc là on est pas dans le cinéma. On dit pas, tiens j'ai joué... J'ai été Coluche, maintenant je veux faire mon Tchao Pantin quoi. C'est pas possible en fait.
- Speaker #1
Et alors, à ce moment-là, t'as une conversation avec le boss de Sony. Il va te faire changer la vie sur la suite. Et tu vas tout remettre en question.
- Speaker #0
Ouais, il veut me faire revenir à Helmuth. Et il me dit, mais tu n'as pas tout donné, ton Switch, il est beaucoup trop tôt. Il est de bons conseils, mais c'est aussi un conseil qui va dans le sens de Sony. C'est-à-dire que lui, il se dit, la marionnette, on ne l'a pas encore assez pressée, on peut encore en faire quelque chose. Mais quand même, il voit bien que je suis abattu par l'insuccès de Il est temps. Et donc, il me dit, tu veux faire quoi ? Enfin, ton personnage, il a encore une vie, quoi. Et là, je suis donc dans cette fameuse naïveté de ne pas comprendre à ce moment-là qu'Elmout, c'est le personnage d'une chanson. Et je me dis, il a peut-être raison, il faut que je le fasse encore perdurer. Mais il faut que je le fasse à ma façon. Il faut que je fasse une sorte de transition plus douce d'Elmout à Eric pour que les gens comprennent que je suis un artiste à texte, sensible, etc. Et donc, je vais proposer un double album. Première galette. je dis galette parce que c'était encore des CD physiques, de compos originales électro, donc Brandé-Helmuth, et un deuxième disque de duo avec des artistes, chanteurs, acteurs, un peu plus, on va dire, avec une volonté de crédibilité artistique supérieure, pour dire, ben voilà, là je chante un peu, vous voyez, là c'est ma vraie voix sur les refrains, etc. Et je m'embrouille dans un truc. que finalement, j'intellectualise beaucoup trop la démarche et c'est absolument pas compris, absolument pas reçu et là encore, mur total.
- Speaker #1
J'espère que tu as été inspiré par cet épisode. S'il t'a plu, partage-le autour de toi. Laisse-moi un commentaire et abonne-toi. En attendant le prochain, retrouve le contenu vidéo de La Légende Personnelle sur YouTube, Facebook, TikTok et Instagram. Merci de nous avoir écoutés et n'oublie pas, ta marque personnelle est ton super pouvoir.